un pas vers soi

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Pourquoi et comment se faire accompagner.

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A Marika

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Un pas vers Soi

Pourquoi et comment vous faire accompagner ?

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SOMMAIRE

AVANT PROPOS ........................................................................................................................... 9

LE FONCTIONNEMENT DE L’ETRE HUMAIN ........................... 27

Le cerveau ............................................................................................................................................. 27

Structure du cerveau humain : 3 cerveaux ..................................... 28

Le cerveau émotionnel versus le cerveau rationnel .................... 32

Le conscient et L'inconscient ....................................................................................... 37

Le déveLoppement psycho-affectif de L'être humain ....................... 41

Pulsions et représentant psychiques .......................................................... 41

La transmission psychique inconsciente .............................................. 42

La théorie de l’attachement .................................................................................... 46

Les terreurs du bébé ............................................................................................................ 50

L’identité, la personnalité ............................................................................................ 52

La connexion cerveau-corps-esprit ............................................................. 55

Qu'est-ce qu'un symptôme ...................................................................................... 56

LA PSYCHOTHERAPIE ................................................................................................... 69

une thérapie : pourquoi ? ............................................................................................... 69

une thérapie : comment ? ............................................................................................... 74

- Exemple d'une séance avec Jean ......................................................... 74

- Avec l’énergétique .......................................................................................................... 83

- Avec la respiration .......................................................................................................... 85

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- Avec le “mindfulness” ou “pleine conscience” ......................... 86

- Avec la sophrologie ...................................................................................................... 86

- Avec la “maieusthésie” ............................................................................................. 87

- A l’aide du langage métaphorique de l’inconscient par

opposition à la pensée analytique du conscient ..................... 88

- Dans un état de conscience modifié ou “hypnose” ...... 91

une expérience qui exige une bonne dose de courage et

queLques efforts ........................................................................................................................... 91

La thérapie, avec qui ? ..................................................................................................... 92

Les principaux freins à la thérapie ................................................................ 93

diverses approches .................................................................................................................... 98

Thérapies analytiques et thérapies “brèves” ................................... 99

Présentation de techniques de thérapies brèves ................. 103

L'HYPNOTHERAPIE ........................................................................................................ 123

Les phases d'une séance ................................................................................................. 126

que se passe t-iL en vous pendant une séance ? .................................. 128

iLLustration avec des cas cLiniques .................................................................. 131

CONCLUSION ........................................................................................................................... 141

BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................. 145

REMERCIEMENTS ............................................................................................................ 149

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AVANT PROPOSL'humain est un être complexe, produit de l'interac-tion de son patrimoine génétique et de ses condition- nements affectifs et sociaux. Pour s'y adapter, son “mental” s'arme de défenses tandis que son “ego” se berce d'illusions, l'empêchant d'être vraiment lui-même : un individu autonome, responsable, serein.

Heureusement, nous disposons tous de ressources et de compétences pour découvrir qui nous sommes vraiment, pour nous “réaccorder” avec notre vérité affective, singulière et unique ; nous ne sommes pas obligés de subir notre vie. Mais pour soulager des souffrances psychiques, avoir accès à une plus grande liberté individuelle et renforcer notre autonomie, nous avons besoin d'aide. C'est le but d'une psychothérapie.

Connaître le fonctionnement du cerveau, découvrir différentes thérapies qui permettent l'accès à ses propres ressources et lire quelques témoignages vous incitera et vous aidera, j'espère, à faire un premier pas vers la découverte de vous-mêmes.

Les idées que je présente dans cet ouvrage sont le fruit de lectures d'auteurs dont je me suis inspirée, ainsi que des nombreuses discussions que nous avons ensemble avec Jean Schumacher, mon compagnon hypnothérapeute, à propos de nos pratiques.

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Mon parcours

C'est au bout d'un parcours émotionnel très doulou-reux, mais aujourd'hui apaisé, que j'écris ce livre. Je peux enfin observer avec recul mon enfance trauma-tique, avec mes parents incapables de prendre leur place auprès de moi (mais... sincèrement aimants !), puis le divorce difficile d'avec un mari bi-polaire et la relation pathologique que nous entretenions.

A 40 ans, cette crise de vie m'a amenée à entamer une démarche psycho-thérapeutique en même temps qu'une reprise d'études qui ont débouché sur un diplôme de “Psychologue Clinicienne Spécialisée en Neuropsychologie”. J'exerce mon métier de psycho-logue-psychothérapeute dans le sud de la France depuis un peu plus de dix ans maintenant.

Les origines de ma mère, à la fois juive d'Oran (par sa mère algérienne d'origine modeste) et chrétienne d'Anvers (par son père belge, d'une famille bour-geoise), ainsi que mon beau-père Uruguayen et les nombreuses petites amies de mon père de tous âges et de toutes origines (espagnoles, yougoslaves, fran-çaises) expliquent qu'aujourd'hui je me sente autant citoyenne européenne et du monde que “française” ! Sans racines, je me sens libre comme l'air, à l'aise par-tout... mais ancrée nulle part !

Mon enfance, entre maltraitance paternelle et ab-sence maternelle, fut désastreuse : ma mère est partie quand j'avais 4 ans avec mon frère âgé de 2 ans sous le bras, fuyant ce mari violent et manipulateur (qui a réussi à la convaincre de lui laisser un des deux en-fants, et ce fut moi puisqu'il avait été si heureux de ma naissance et ne voulait pas de celle de mon frère), pour aller se réfugier dans une militance sectaire

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typique des années 70, ce qui explique que je n'ai jamais eu de “maman” très disponible.

Mon père, juif allemand, est le descendant d'une fa-mille connue de rabbins obligée de fuir le nazisme. Il s'est retrouvé en France à 4 ans avec ses parents, séparés du reste de la famille. La mort prématurée de son père d'un infarctus et celle de sa mère schizo-phrène dans un hôpital psychiatrique à Paris (six mois avant ma naissance) l'ont profondément traumatisé.

Ma mère a elle aussi été traumatisée par la guerre (enfant, elle a vu des horreurs dans le Vercors où ma grand-mère juive l'avait cachée avec mon oncle), ainsi que par son père absent qui ne les a pas reconnus, ni elle ni son frère : malgré son amour pour ma grand- mère, mon grand-père n'a pas pu ou eu le courage de l'imposer à sa famille qui l'a rejetée (on comprend que ma mère se soit lancée dans la lutte des classes...).

Aujourd'hui, ma fille me “remercie” pour toutes les casseroles familiales que je lui lègue ! En toute com-plicité et en toute dérision, car elle aussi fait son “travail” et qu'elle ne s'y dérobe pas me comble de bonheur et d'espoir pour les futures générations, au moins de notre petite famille !

Bien sûr, ma trajectoire difficile me semble anec-dotique quand j'entends le vécu parfois empreint de maltraitances, d'humiliations, de tortures mentales de certain(e)s de mes patient(e)s. Un parcours traumatique est toujours spectaculaire à entendre, mais il faut savoir qu'un “goutte-à-goutte” quotidien, chronique, un bain toxique nour-ricier administré par un ou des parents angoissés, et/ou dépressifs, et/ou psycho-rigides, voire “malades” psychiquement, est tout aussi empoisonnant pour

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les futurs adultes qui auront, paradoxalement, une représentation de leur enfance ‘normale” : pas de violence, des parents bien présents, une intégration sociale “normale”, etc.

Ils ne pourront ainsi pas comprendre d'où peuvent venir ces blocages qu'ils ressentent, pourquoi ils se retrouvent dans des situations dommageables pour eux, entre dysfonctionnements et échecs. Et c'est la porte ouverte à toutes les culpabilités, parfois autant qu'un enfant maltraité peut en avoir, bizarrement. En effet, les personnes traumatisées se sentent tou-jours coupables ; chez toutes les victimes on constate l'émergence de ce qu'on appelle une cognition irrationnelle, négative, des erreurs de jugement. Moi-même je pensais que j'étais “méchante” pour mériter une telle négligence.

Ces empreintes bloquantes, engrammées dans la petite enfance et sur lesquelles on se structure, générant la répétition de situations pénibles, désordres relationnels, inconstance de l'humeur, demandent un gros travail de reconstruction.

Il est important de se connaître et de se transformer soi-même

J'écris cela, moi fille de militants, descendante échau-dée par l’échec des combats révolutionnaires. Car je pense que si la société a une chance, c'est celle d'être composée un jour de personnes conscientes à la fois de ce qui se joue au niveau du système économique et politique au sein duquel elles vivent, ce qui relève plutôt de la pédagogie, mais surtout conscientes de ce qui se joue à l'intérieur d'elles-mêmes, ce qui relève de la thérapie.

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Pour qu'“individualisme” ne soit pas synonyme d'“égoïsme” ou d'“égocentrisme” aller bien ne doit pas n'être qu'un but en soi, mais permettre de mieux agir sur le monde. L'individualisme ne doit pas signifier délitement du lien social, mais qualifier une autre manière de vivre ensemble où l'autonomie et la res-ponsabilité individuelles permettent de décider par nous-mêmes ce qui est bon pour nous, en bonne intelligence avec les autres.

Qui peut dire qu'une partie de la solution des défis auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui ne viendra pas d'une accumulation de changements microscopiques des comportements individuels ? Connaissez-vous la légende amérindienne du colibri ? Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant cher-cher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : “Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !”. Et le colibri de lui répondre : “Je le sais, mais je fais ma part.”

Comment lier souci de soi et conscience du monde ?

Au 19ème siècle, le philosophe allemand Friedrich Nietzche a rejeté l'idée de Dieu, ainsi que toutes les formes de “surnaturalisme” (moral ou religieux) plaçant l’esprit au-dessus de la nature et faisant de lui un principe explicatif des phénomènes humains par une causalité spirituelle. Selon lui, les valeurs qui règnent en Occident depuis la naissance du christianisme, néfastes, ont été des instruments de domination qui ont rendu l’humanité malade.

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A la fin du même siècle, le psychanaliste Sigmund Freud a proposé de mettre le sujet humain aux prises avec son propre désir. Il a jeté ce pavé dans la mare d'une Europe dévastée par la disparition de la croyance que seule la religion sait répondre à la question de la finalité de la vie et cherchant une transcendance sociale sous forme de “religions” de remplacement en “isme” ; on connaît aujourd'hui les résultats barbares de ces tentatives...

Dans son livre “Malaise dans la civilisation”, il note que la culture est édifiée sur du renoncement person-nel, la vie en commun supposant une restriction de la liberté individuelle. Il se demande si la civilisation tend vers un progrès à même de surmonter les pul-sions destructrices qui l'animent : “le progrès de la civilisation saura-t-il, et dans quelle mesure, dominer les perturbations apportées par les pulsions humaines d'agression et d'autodestruction ?”.

Si on ajoute aux “maîtres” dé-constructeurs du 20ème

siècle (Nietzsche donc, mais également Marx et Freud, pour qui le sujet n'est pas libre, maître de ses actes, auteur conscient de son existence, mais une marion- nette gouvernée par ses pulsions inconscientes), les catastrophes morales et politiques de ce même siècle (colonialismes, génocides, totalitarismes, fantasmes de race supérieure...), on peut comprendre qu'il soit difficile aujourd'hui de rester convaincu d'une gran-deur de l'homme.

Pour s'arracher à la dépression morale engendrée par ces tragédies du siècle passé, pour rester “humaniste”, il reste à l'individu occidental post-moderne, face à ce qu'il vit comme un vide angoissant, à remplacer l'obéissance à une autorité extérieure par l'écoute de sa vérité intérieure. Envers et contre son petit ego

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pulsionnel qui n'a pas encore dit son dernier mot et l'amène tout droit vers une catastrophe écologique…

Ni fanatique, ni consommateur, donc, pour que le monde devienne enfin... humain ! Contester l'hypo-thèse de Dieu, renoncer à chercher un dessein au monde ne doit pas être une raison pour renoncer à toute transcendance : on peut être athée religieux, avoir une foi adulte.

La vie spirituelle commence là où l'individu a le sentiment d'être relié à quelque chose de supérieur, de transcendant, et il s'agit de trouver la puissance créatrice que nous portons TOUS en nous-mêmes. Il se trouve qu'aujourd'hui, nous sommes au cœur d'un mouvement planétaire vers l'individualisme “psy”, dont les grandes valeurs sont l'autonomie, l'indé-pendance, la liberté, l'expression de soi, de son être profond, de ses richesses et de sa singularité.

L'individu est en règle générale tellement inconscient de ses réelles possibilités de décision qu'il recherche anxieusement des règles et des lois extérieures aux-quelles il puisse se référer.

Mais avec la perte des repères subjectifs, la fin du patriarcat, le brouillage des identités sexuelles, la dépolitisation des dernières décennies, le consensus mou et la promotion du consommateur, à quoi peut-il se raccrocher aujourd'hui ? Ce face-à-face avec lui-même, cette liberté de choix, le tout dans une période de grands changements, peut générer de douleureuses interrogations.

En outre le style de vie actuel en Occident industrialisé, exagérément fixé sur la productivité et l'action, est contraire au bien-être psychique. Et tous ces appareils

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qui permettent “d'aller plus vite” l'entraînent dans un tourbillon culturel et communicationnel qui favorise la dispersion mentale. Ce déséquilibre d'énergies est la source de nombreuses maladies liées au stress. La consommation de masse et la révolution des mœurs ont généré des individus préoccupés d'eux mêmes et de la satisfaction de leurs désirs, rompant ainsi le lien entre bonheur individuel et bien commun.

Jean-Jacques Rousseau, déjà, avait remarqué que l'homme s'habitue très vite au confort que permet le progrès technique ; que ce qui étaient, au départ, de simples commodités devenaient rapidement des besoins. Et qu'on “est malheureux de les perdre, sans être heureux de les posséder”.

La société marchande ne lutte plus contre la pulsion, elle l'alimente, l'encourage. Les vieilles instances de régulation ne jouent plus leur rôle. Nous sommes ainsi passés d'un extrême à l'autre, la loi morale n'ayant plus aucune force à opposer aux caprices de la pulsion. Les cadres sociétaux, qui donnaient des repères, assuraient les liens sociaux et neutralisaient certaines névroses individuelles, ont sauté.

Adieu, au passage, les grands idéaux collectifs et l'intérêt pour la chose publique. L'égocentrisme, l'indifférence aux autres et au monde deviennent la norme. Quelle est l'alternative, aujourd'hui, à ces logiques destructrices ?

Et si nous réinventions l'humain ?

Jusqu'à présent, l'humanité n'a fait que contribuer à la survie de l'espèce, en toute inconscience. Malgré le mal-être, la frustration et le non- accomplissement d'elle-même, elle a engendré d'autres humains et les

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a nourris. Plus ou moins “écologiquement” (surtout si l'on parle des nourritures affectives), elle a perpétué l'espèce, entre deux guerres et trois massacres…

Tout le monde est bon… à condition d'être soi ! Et l'art d'être soi-même est de ne pas être ce que l'on croit, justement.

Car nous sommes conditionnés : nous nous sommes identifiés à un personnage qui nous a assuré un sentiment de sécurité - en adaptation aux messages conscients et inconscients que nous a envoyé notre environnement - mais nous empêche d'être vraiment qui nous sommes, au fond.

Je sais qu'il existe mille et une manières d'aspirer au bonheur sans mettre en œuvre les moyens néces-saires pour y accéder. Mais la quête identitaire n'est-elle pas consubstantielle à l'humain ? Je vous propose donc de prendre le risque de déstabiliser ce moi bien trop connu...

Je ne veux pas alimenter la moderne et obsessive injonction sociétale d'être “heureux”. Je parle sim-plement d'ouverture du cœur et d'esprit, d'harmonie de et avec notre monde intérieur ; de sortie de ce cycle d'insatisfaction qui nous fait courir de désir en désir, de cette croyance qu'il faut que le monde se plie à nos désirs.

Pour nous faire enfin désirer “ce qui est” et “faire les choses avec le sérieux d'un enfant qui joue”, pour reprendre l'expression de l'écrivain argentin Jorge Luis Borges ; pour que notre vie corresponde enfin à notre “essence”, notre nature profonde.

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La pyramide de Maslow

Le psychologue humaniste Abraham Maslow est à l'origine du grand mouvement de “développement personnel” né dans les années 40. Il a élaboré une théorie de la motivation avec pour objectif “l'actua-lisation du moi”, sur la base d'une étude qu'il a effec-tuée sur les gens plus heureux que les autres.

Recherchant ce qui se cache derrière les motivations humaines, il a mis au jour cinq (groupes de) besoins fondamentaux :- physiologiques,- de sécurité,- d'appartenance et d'amour,- d'estime de soi- et, à la pointe en haut de la pyramide, d'accom-plissement de soi, d'authenticité, même au risque de déplaire au groupe dans lequel nous vivons.

“Sa” pyramide est donc une représentation de la hié-rarchie des besoins de l'homme, selon lui, universelle. Elle a malheureusement souvent abusivement été utilisée dans le champ de l'économie et du marketing pour identifier des “besoins” consuméristes.

Derrière chaque motivation ou chaque objet de désir se cache un besoin fondamental. Le caractère particulier d'une motivation a pour origine les nombreux déterminismes tels que la culture, le mi-lieu social ou l'éducation. Ainsi une personne peut satisfaire son estime d'elle-même en étant recon-nue comme un bon chasseur par ses pairs, et une autre en possédant du pouvoir, par exemple. Tous les besoins sont continuellement présents, mais certains se font plus sentir que d'autres à un moment donné.

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De façon simplificatrice, lorsqu'un groupe de besoins est satisfait, un autre va progressivement prendre sa place selon l'ordre hiérarchique. Et lorsqu'un besoin précédant n'est plus satisfait, il redevient prioritaire, l'un des besoins humains les plus pres-sants et les plus vifs étant celui d’être enraciné dans un foyer (une maison) et dans une vocation (une mis-sion à faire, à être). L'insatisfaction répétée ou à long terme d'un besoin peut devenir pathologique.

Selon ce schéma, dans nos sociétés occidentales, (relativement) riches et (relativement) démocratiques, et pour ceux qui ont le privilège de ne pas vivre dans la précarité, tant matérielle qu'intellectuelle, nous arrivons à notre époque à l'ère des questions existen-tielles et identitaires (“qui suis-je”, “où vais-je”…). Nous avons affaire, maintenant, à des individus réflexifs qui agissent par motivation, autonomie et projet personnel plutôt que par injonctions et contraintes imposées. Bref, nous arrivons à la pointe de la pyramide, c'est-à-dire au besoin d'accomplissement de soi.

Mais l'être humain est-il doué pour être heureux ?

Comment expliquer que certains peuples sont plus optimistes que d'autres ? Les Français sont réputés pour figurer parmi les plus pessimistes, les moins heureux au monde. Les habitants d'Amérique Latine se disent, eux, très satisfaits alors que leurs condi-tions de vie sont plus difficiles que les nôtres.

Le bonheur a donc une dimension culturelle. Les Français ont un niveau d'exigence très élevé, une vision du bonheur tellement idéaliste, irréaliste, que cela les fait souffrir (râler, à tout le moins). Les Danois, qui ont des aspirations réalistes et une morale de la

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responsabilité individuelle, trouvent normal d'avoir à se débrouiller pour contribuer au bien commun.

Que le verre soit à moitié plein ou à moitié vide est également un choix relevant d'une attitude, puisque les deux points de vue sont vrais. “Il y a des per-sonnes qui pleurent en apprenant que les roses ont des épines. D’autres se réjouissent quand ils savent que les épines portent des roses ” est l'une des nom-breuses citations de Confucius qui avait la croyance en la capacité de l'homme ordinaire à modifier son propre destin.

Nous sommes tous plus ou moins heureux, notre im-pression de bonheur fluctuant avec le temps. Mais il est vrai qu'il y a des personnes plus prédisposées que d'autres au bonheur. C'est injuste, mais c'est ain-si, certaines personnes naissent avec un capital-bon-heur supérieur aux autres : la sérotonine est un neuromédiateur naturel qui joue un rôle important dans le bien-être. Plus on en produit, mieux on se sent dans sa peau. Inversement, un déficit de séroto-nine est associé à la déprime.

Il existe des gens heureux qui mènent une vie har-monieuse, alors même qu'ils ont connu des échecs, des déceptions, des moments difficiles. Ils ont simple-ment la capacité de mieux négocier les obstacles, de rebondir face à l'adversité, de donner un sens à leur vie, ce que les Américains nomment le “coping”.

Cette “intelligence émotionnelle” consiste en un équilibre entre l'émotion et la raison. Et permet entre autres la “résilience”, notion qui a été largement médiatisée à la suite du livre “Un merveilleux mal-heur” du psychiatre et éthologue Boris Cyrulnik. Il s'agit de la capacité qu'ont certains enfants - qu'il

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a eue, lui, en tant qu'enfant de parents déportés - à triompher des différents traumatismes qu'ils ont subis (deuil précoce, abandon, maltraitance, violence sexuelle, guerre, etc.), et ce entre autres grâce à des rencontres décisives.

J'ai moi-même franchi des paliers dans ma capacité d'être heureuse. Mais cette évolution subjective, cette transformation intérieure, je la dois à un travail psycho- thérapeutique. Et pour que je fasse cette démarche, il a fallu que je me casse la figure, que je n'aie plus d'autre solution pour avancer, bref que mes illusions (donner à mon enfant ce que je n'avais pas eu : une famille unie, un papa toujours présent, une maman stable) se soient complètement envolées suite à mon divorce. Pourtant la relation était tellement patho-logique avec mon mari que j'aurais pu réagir avant. C'était flagrant pour tout le monde mais pas pour moi !

Quoi qu'il en soit, “gros porteur” ou “petit porteur”, dans la mesure où l'on attribue aujourd'hui la part d'inné à 20-25 % et d'acquis à 75 % (éducation, événements de vie), chacun peut transformer ses pré-dispositions physiologiques, son héritage biologique.

“Qu'est-ce que je serais heureux si j'étais heureux !” (Woody Allen)

Le bonheur est une expérience intime… que l'on recon- naît “au bruit qu'il fait en partant”, a écrit Jacques Prévert. Il “se nourrit de la conscience d'être heureux”, ajoute le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir.

De son côté, Christophe André (psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne à Paris) remarque que le bonheur, bien que fragile, n'est pas un luxe, ni une option, mais une nécessité pour pouvoir affronter l'adversité inhérente

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à l'existence ; que, sans lui, notre vie nous apparaî-trait comme une suite d'adversités, de souffrances, de deuils, de maladies, de malchances parfois (en plus, à la fin, on meurt !).

Sans nier toutefois que les petits pépins permettent parfois de recalibrer notre vision du monde...

Mais ne confondons pas plaisir et bonheur. Le plaisir, toujours partiel et éphémère, s'érode dès sa satisfac-tion. Beaumarchais notait déjà que ce qui distingue les hommes des bêtes est de boire sans soif et de faire l'amour tout le temps ! Le rapport sexuel par exemple se compose de plaisir, mais c'est le type de lien que j'ai avec mon partenaire qui me rend “heureux”. Le bonheur n'est donc pas une simple suite de moments de satisfaction.

Et nos modernes scientifiques, s'ils arrivent à appré-hender le plaisir à travers des études biochimiques et l'imagerie cérébrale, ne réussissent toujours pas à mesurer le bonheur ! De l'ordre de l'accomplissement, de la plénitude, du sens de la vie, d'une sensation de bien-être intérieur (physique, émotionnel et men-tal), il consiste à vivre selon sa nature profonde, en développant sa personnalité, intimement liée à sa sensibilité, à son caractère.

Ni le talent, ni la gloire, ni la puissance, ni l'argent, ni l'adoration des femmes ou des hommes ne rendent la vie fondamentalement plus facile. La liste est longue des personnes connues, reconnues, qui ont “réussi” avec leur créativité ou leur intelligence et dont la vie affective fut un désert ou une longue suite de frustrations, quand ce ne fut pas purement et simplement des comportements autodestructeurs.

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Il n'existe pas de “recette” valable pour tous, mais ce dont nous sommes certains malgré tout, c'est que les humains sont fondamentalement interdépendants et que leur bonheur ne peut se construire qu'avec les autres ; l'isolement n'est jamais une solution. Ce peut être un refuge dans un premier temps (on “a la paix”), mais la solitude qui en découle devient vite insuppor-table. Car l'homme est un animal grégaire.

Toutes les études sociologiques montrent que l'amour, l'amitié, la communication, les liens affec-tifs constituent un des principaux piliers du bonheur, quels que soient l'âge, le sexe, la culture et le milieu socio-économique. C'est tellement vrai que les humains arrivent à se sentir heureux, “transcendés” lorsqu'ils portent un projet commun. Partager des rêves et des objectifs aide à neutraliser la névrose, à l'empêcher de prendre des formes symptomatiques destructrices ou auto-destructrices ; au moins le temps que le rêve dure...

N'oublions pas non plus la santé ! Le philosophe Schopenhauer a écrit qu'“un mendiant en bonne santé est plus heureux qu'un roi malade”… Ni le travail, un moyen d'accomplissement personnel quand il correspond à nos attentes. Ni l'altruisme, car, nous le savons maintenant, les gens les plus heureux sont les plus ouverts aux autres, se sentant tout autant concernés par le sort des autres que par le leur. Nous sommes des animaux sociaux pour lesquels l'amour, l'amitié, l'attachement sont de très bons médica-ments antistress.

Tout bonheur ne paraît-il pas haïssable s'il s'obtient aux dépens d'autrui ? Et peut-on être réellement heureux quand on ne l'est pas, avant tout, avec soi-même ?

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Un sens à la vie

Le monde dans lequel nous pénétrons en nais-sant est brutal et cruel et, en même temps, d'une grande beauté. Croire à ce qui l'emporte du non-sens ou du sens est une question de tempérament. Les deux sont probablement vrais.

L'amour, la beauté, la justice, la vérité, la dignité, l'honneur sont comme des boussoles qui nous guident à chaque pas. Sans ces repères, nous sommes incapables de choisir en fonction de ce qui nous im-porte véritablement. A moins d'être un… “imbécile heureux”, sans distance réflexive. Ou de souhaiter vivre dans la peau d'un fou qui aurait le sentiment d'être le plus heureux des hommes !

Le sens que l'on accorde à sa vie dépend de trois dimensions : les relations interpersonnelles, les convic-tions et les valeurs et l'action (ce que l'on aime faire). Mais harmoniser ces trois registres n'est pas chose aisée. Seule la thérapie, à mon sens, peut permettre de les aligner, en nous unifiant intérieurement, en résolvant nos conflits internes.

La vie d'un humain a du sens lorsqu'elle exprime son être profond. Le bonheur et le malheur, tous deux contagieux, ne dépendent pas tant des causes extérieures que de notre “état d'être” : une personne malheureuse sera une personne malheureuse partout et une personne qui a trouvé le bonheur en elle sera heureuse partout, quel que soit son environnement, en accord permanent avec elle-même, avec autrui et avec l'univers.

Nous avons tous des objectifs que nous espérons atteindre, lesquels vont bientôt se ranger dans notre

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placard mental “des choses à réaliser dans ma vie”. Comment alors prendre soin de notre motivation ?

Entre les grandes évidences que ressassent les sages et les philosophes depuis des millénaires (“fais ceci”, “ne fais pas cela”, “vis en paix”, “prends soin de toi”, etc.) et les psychanalystes qui dédaignent s'intéres-ser au bonheur, il existe la thérapie telle que nous la concevons avec mon compagnon ainsi que de nom-breux autres thérapeutes.

Dans un premier temps, je vais vous présenter ce qu'est le support neuro-physiologique de ce qu'on appelle “la psyché” et dans un deuxième temps la psyché elle-même, pour ensuite mieux aborder le développement psycho-affectif du petit humain. Dans une dernière partie, je décrirai différents moyens d'intervenir sur cette psyché complexe et parfois si fragile.

Que peut-on attendre d'une psychothérapie ? Et comment s'y prendre ?

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LE FONCTIONNEMENT DE L'ETRE HUMAIN

LE CERVEAU

L'astrophysique (l'infiniment grand), la physique quantique (l’infiniment petit), les sciences de la vie ont été les vecteurs de grandes découvertes. Mais il reste un domaine encore quasiment inexploré : le cerveau humain (et notre vie émotionnelle, psy-chique). Il est l'étage le plus élevé dans la hiérarchie fonctionnelle du système nerveux central, le centre de contrôle de tout le corps. C'est une masse blanche et grise composée de milliards de cellules nerveuses, qui permet de percevoir, bouger, penser, apprendre et se souvenir.

Les informations sont transportées entre notre cer-veau, notre corps et l'extérieur par un énorme réseau de nerfs semblables à des fils électriques. Lorsque des informations atteignent notre cerveau, celui-ci les trie et décide si une action doit être prise en compte. Si c'est le cas, il commande cette action au corps. Nous l'utilisons pour tous les gestes que nous faisons et pour enregistrer tout ce que nous voyons, entendons, sentons, goûtons et touchons. Les cellules de notre cerveau emmagasinent et mémorisent les informations comme un ordinateur.

En fait, ce que nous appelons “le” cerveau est com-posé de trois cerveaux. Quatre, même, si l'on prend en compte le tube digestif : dans le documentaire “Le ventre, notre deuxième cerveau”, de Cécile Denjean, il est démontré que notre ventre est tout sauf une simple tuyauterie inerte, les intestins renfermant autant de neurones que la moelle épinière et échan-geant de façon incessante des informations avec le

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cerveau via le nerf vague. Notre humeur serait en partie dictée par nos intestins qui produisent 95 % de la sérotonine de notre organisme (neurotransmetteur impliqué dans l'anxiété, le stress, la dépression…). Notre ventre serait donc le plus gros organe endo-crine de l’organisme !

Structure du cerveau humain : 3 cerveaux

Dans le cadre de l'évolution progressive de la vie, trois cerveaux se sont superposés. Nous vivons avec le cerveau des animaux qui nous ont précédés dans l'évolution phylogénétique:

- le cerveau reptilien, le plus archaïque et que nous partageons avec les animaux à sang froid, gère nos comportements instinctifs

- Au dessus, le système limbique, que nous avons en commun avec les mammifères, est le siège des émotions et de l'affectivité.

- Enfin, englobant le tout, le néo-cortex (“nouvelle écorce”) est la structure la plus récente et le siège du mental, composé entre autre des lobes frontaux, spécifiques à l'être humain.

Cette théorie des trois cerveaux est un modèle vul-garisé par l'écrivain hongrois Arthur Koestler qui a représenté le cerveau humain en analogie avec un empilement de trois couches géologiques qui seraient des structures cérébrales héritées de l'évolution. La totale indépendance de trois cerveaux clairement distincts est aujourd'hui rejetée par de nombreux scientifiques, ceux-ci préférant considérer les aires cérébrales comme des ensembles en interaction.

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Le cerveau reptilien (tronc cérébral et moelle épinière) ou “centre instinctif” (les “tripes”)

Lieu de l'énergie, il fonctionne par réactivation rapide de réflexes conditionnés, pour assurer la sécurité et la survie, tout en permettant la créativité dans l'action, la spontanéité, la coordination physique. On y trouve ce qui est l'essence d'un individu, son “Moi” profond.

Le commun des mortels n'est pas conscient d'être connecté à ce centre instinctif (de nombreuses personnes mettent leur génie créatif sur le compte de Dieu), et n'est pas non plus conscient de lire cette énergie dans l'autre. De plus, notre culture oc-cidentale ne met pas en valeur cette compétence instinctive, primitive.

Lourd héritage de l'évolution, on trouve également dans ce cerveau primitif “l'angoisse fondamentale” dont parlent les philosophes et les psys. Il a une façon très particulière de considérer nos stress et nos peurs puisqu'il réagit comme si nous étions toujours confrontés aux dures réalités et dangers de la vie sauvage.

Le fait est que nos maladies physiques ou psychiques, nos blocages psychologiques, nos comportements dys-fonctionnels et nos difficultés existentielles sont bien souvent la conséquence d'un épouvantable malentendu entre la pensée humaine et ce cerveau archaïque, la “pensée” s'étant construite sur la base des vécus subjectifs tant émotionnels que sensoriels du bébé et de l'enfant que nous étions. De plus, le temps de la construction de ce cerveau complexe est très long, les lobes frontaux finissant d'être formés vers l'âge de 25 ans.

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La période d’immaturité et de dépendance vis-à-vis des adultes permet et même favorise l’apprentis-sage. Après la naissance, le nouveau-né humain a beaucoup à apprendre et il doit développer de nom-breuses fonctions : la station debout, la marche, le langage parlé, l’habileté manuelle, les relations avec autrui, la conscience de soi et des autres, etc…

Notre vision inconsciente du monde, de nous-même et d'autrui, que nous passons notre temps à justifier et qui agit à notre insu, nous fait répéter sempiternel-lement un ou des schémas de vie dans l'un ou l'autre des registres affectif, social, professionnel. Cette vision est basée sur un schéma de pensée primaire d'enfant composé d'identifications diverses à tout ce dont il était dépendant (environnement affectif, sco-laire, culturel, géographique, etc.). Je reviendrai sur cette notion d'“identification”.

Le cerveau limbique ou “centre émotionnel” (le “cœur”)

Ce cerveau place la relation avec les autres au cœur de la vie. Il permet au bébé, dans un premier temps et grâce à la relation à l'autre, de se définir, de mettre en place une perception de ce qui est soi et de ce qui ne l'est pas. Il se ressent exister à travers l'émotion générée par l'interaction aux autres.

Ce centre émotionnel est donc le support du senti-ment premier d'identité (ce qui reste identique, qui ne change pas).

Si ce sentiment d'identité s'est construit comme une fixation sur la problématique associée à un point particulier du développement de l'individu, le défi sera de s'en dégager pour construire un autre

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niveau d'identité en se connectant à sa dimension essentielle (qui se trouve dans le centre intuitif, le cerveau reptilien). Pour certains, le défi va consister à oser se manifester, prendre sa place dans le monde. Pour d'autres, il s'agira d'apprendre à faire confiance et à se faire confiance, à lâcher-prise. Pour d'autres encore, de parvenir à entrer en contact avec leurs besoins et leurs désirs profonds.

Dans un second temps, cette conscience “inconsciente” (l'enfant ne faisant que ressentir et sentir dans les premières années de sa vie) va devenir consciente, réflexive, avec l'apparition du centre mental.

Le néocortex ou “centre mental” (la “tête”)

Apanage de l'humanité, siège du langage et de la pensée, le néocortex cherche à rationaliser la vie afin de donner un sens au monde et à soi-même par le biais de l'analyse logique, du raisonnement logico-déductif.

Il comprend les lobes frontaux qui sont une compo-sante essentielle de notre humanité, avec les capa-cités d'attention, de concentration, de réflexion, de changements de stratégie, de planification, de com-portement moral (grâce à la capacité d'inhibition), ce qu'on appelle “les fonctions exécutives” en neuro- psychologie. Ils sont à l'origine du front bombé de l'Homo Sapiens qui le distingue du visage de ses ancêtres, plus proches des grands singes.

En vertu de ses facultés de réflexion, avec ce miracle que représente la conscience réfléchie et la pensée symbolique, l'homme, le plus sociable des mam-mifères, s'est élevé hors du monde animal ; c'est grâce

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à ce développement qu'il a pu s'emparer de la nature.Ce néo-cortex porte un réseau de connaissances, d'informations et d'apprentissages qui se connectent les uns aux autres pour former une représentation de la réalité. En fonction des vécus, certains éléments seront au fil du temps remis en cause et ajustés pour maintenir un réseau cohérent. C'est ainsi que s'ins-tallent des croyances (et des valeurs) qui sont prises pour des vérités, jusqu'à ce que les circonstances les invalident peut-être un jour.

Le défi qui se pose aujourd'hui à l'homme est celui de remettre ce centre mental à sa place, comme élément indispensable dans la construction de la conscience, mais pas comme aboutissement ; de ne plus laisser la pensée dominer le vécu émotionnel et instinctif. Comme l'a si bien dit Albert Einstein : “Ton intellect te mènera de A à D. Ton imagination te mènera partout”.

Le cerveau émotionnel versus le cerveau rationnel

Quelle est notre réaction par rapport à une pensée interne ou un événement externe ? Le système ins-tinctif, tel un pilote automatique, réagit rapidement, sans se poser trop de questions. Il analyse vite, avec peu de données. Vite saturé en informations, il peut induire en erreur facilement. Il croit en ce qui lui est familier et aura vite tendance à généraliser.

Le système pensant, celui qui raisonne et qui ne prend pas ce qu’il voit ou ressent pour argent comptant, prend son temps pour acquérir de l’information.

Ces différents systèmes aident à prendre une décision. Par exemple, c’est dimanche et je me réveille. Je pense à ma journée à venir et je suis tendu. Puis, je me rends

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compte que c’est dimanche. Alors, je me détends et décide de rester au lit : je suis parti en automatique, j'ai réfléchi suite à ma tension interne et j'ai décidé de ne rien faire !

Il existe une interaction permanente entre des affects et des pensées, lesquels se conditionnent mutuelle-ment. Parfois l'émotion précède la pensée, parfois c'est l'inverse. En général, le cerveau cognitif contrôle l'attention consciente et la capacité de tempérer les réactions émotionnelles avant qu'elles ne deviennent disproportionnées. Cette régulation des émotions par le cognitif nous libère de ce qui pourrait être une tyrannie des émotions et une vie pilotée par des ins-tincts et des réflexes, même si l'être humain reste essentiellement mû par ses affects (joie, tristesse, amour, colère, envie, ambition, orgueil, crainte, peur, haine, mépris, générosité, espoir, contentement, indignation, humilité…), et que le cœur a souvent le dernier mot.

Sous l'effet d'un stress important, quand la survie est en jeu, le cerveau qui gère les émotions a la capacité de “débrancher” le cortex préfrontal qui ne peut ainsi plus guider le comportement ; les réflexes et les actions instinctives prennent alors le dessus.

Lors d'un désordre psychologique, le conscient aban-donne partiellement ses prérogatives au profit de l'inconscient. Les ordres sont alors mal transmis. On trouve ce “court-circuit émotionnel” dans les états de stress post-traumatique (suite à un viol, un braquage, un accident, toutes situations où le sujet a cru mou-rir...) et dans les cas de crise de panique (cœur bat à toute vitesse, vagues de chaleur dans tout le corps, impression d’étouffer), ce dont il semble qu'une per-sonne sur vingt souffre.

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Selon les situations de vie, il est adéquat qu'un centre agisse plutôt qu'un autre et l'idéal serait que la triade soit équilibrée dans son fonctionnement, de telle sorte que le centre instinctif (cerveau reptilien) soit aux commandes quand il est le plus approprié, le centre émotionnel (cerveau limbique) quand c'est lui qui sait le mieux gérer les circonstances et le centre mental (néo-cortex avec les lobes frontaux) quand son domaine de compétences est en jeu.

Il en va malheureusement différemment pour la plupart des êtres humains. En effet, les rôles respec-tifs de ces cerveaux et la compétition qu’ils se livrent entre eux mènent parfois à une guérilla intérieure, faisant souvent avorter les tentatives de faire des choix plus libres.

L'Ennéagramme (du grec ennea qui signifie neuf et gramma, figure) est un modèle de compréhension des différentes personnalités, 9 donc, et de leurs mécanismes inconscients qui privent chacun d'entre nous de la liberté d'exprimer son “essence”. Selon cette grille de lecture nous avons tous, en situation de stress, une hiérarchie de ces centres, avec :

- un centre préféré, que nous avons tendance à sur-utiliser

- un centre réprimé, que nous sous-utilisons

- et un centre de support, jouissant d'un statut intermédiaire

C'est ainsi que, témoin d'une agression dans la rue par exemple, “l'instinctif” va agir avant de penser, “l'émotionnel” va être pris par une émotion et “le mental” va rester froid et analyser la situation.

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La séparation entre les cerveaux génère une incapacité à percevoir les petits signaux d'alarme des systèmes limbique et reptilien par le néo-cortex. C'est ainsi que nous trouvons toujours de bonnes raisons de nous enfermer dans un mariage ou une profession qui nous font souffrir en faisant chaque jour violence à nos “valeurs” les plus profondes.

Cet aveuglement à une détresse sous-jacente se tra-duit inévitablement par des symptômes physiques, psychiques et/ou comportementaux.

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LE CONSCIENT ET L'INCONSCIENTJe suis deux

Déjà Saint-Augustin avait remarqué que ce que nous voulons, nous ne le voulons pas d'une volonté totale. Le philosophe chrétien y reconnaissait le signe du mal, du péché originel. Puis Freud est passé par là avec la notion d'inconscient ayant ses raisons que la raison ne connaît pas (pour Pascal, c'était le cœur...).

C'est ainsi que l'homme accomplit une action en croyant poursuivre et atteindre tel ou tel objectif. En fait, à son insu, c'est une tout autre partie qui se joue ; pas plus qu’œdipe (qui a tué son père et s'est marié avec sa mère sans le savoir), nous ne sommes libres de décider : nous croyons être libres car nous sommes conscients des choix que nous faisons, mais nous n'en connaissons pas la raison profonde, la motivation cachée.

Notre existence psychique a donc deux pôles, deux parties fonctionnant l'une avec l'autre, formant un tout indissociable, mais pas toujours d'accord entre elles ! Et selon Freud, qui a tenté une cartographie de l'appareil psychique, la conscience, comme siège du langage, de l'attention, de la mémoire et des émo-tions est à la merci de l'inconscient.

Le conscient

“La conscience règne mais ne gouverne pas” (Paul Valéry)

Le Conscient, rationnel, logique, analytique, abstrait, conceptuel, verbal, prend en charge tout ce qui est connu. Il permet de réfléchir, de faire des compa-

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raisons, des suppositions, de raisonner, d'analyser, de faire la synthèse et de prendre des décisions. Le mot “conscient” a ici une signification littérale dans le sens où l'on est conscient d'utiliser son esprit pour faire quelque chose. Vous aurez compris que son sup-port neurophysiologique est le néo-cortex.

Le monde occidental véhicule la croyance que notre conscient peut tout contrôler, peut maîtriser les en-jeux de notre vie, bref tout comprendre ! Et qu'il suffit de vouloir pour pouvoir…

L'inconscient

“Une puissance immense qui nous veut du bien” (Milton Erickson)

Au-dessous du seuil de la conscience, la partie rep-tilienne, primitive de notre cerveau englobe tout ce qui est inconscient, spontané, non verbal ; une sorte de pilote automatique, plus rapide et plus adapté à des réactions essentielles liées à la survie que le néocortex, régularisant les fonctions biologiques telles que les systèmes immunitaire et neurovégétatif (respiration, digestion…).

Ce système mémoriel, inconscient, siège de l'instinct et de l'intuition, ne raisonne pas. Il garde en mémoire les savoirs, les apprentissages, les compétences, les vécus dont nous ne nous souvenons plus consciem-ment. Quand l'un d'eux est “non traité”, il est figé dans le temps : trop douloureux pour que la psyché puisse le “digérer”, les connexions mémorielles (faites d'émotions, de sensations et de cognitions négatives) génèrent alors des réactions irrationnelles, non adap-tées au contexte. C'est ainsi que le passé est encore présent, le temps ne pouvant refermer toutes les

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blessures. La façon dont nous percevons et concevons le monde, celle que nous avons d'interagir avec les autres se font sur la base de nos expériences indivi-duelles stockées dans ces réseaux mémoriels.

C'est également l'inconscient qui s'exprime dans nos rêves, nos actes manqués, nos lapsus et nos symp-tômes ; lui encore qui s'exprime quand nous nous éloignons un instant de la réalité que nous sommes en train de vivre (rêveries, oubli de passer au vert, “hypnotisés” devant une émission de télévision, à moitié réveillé, ou endormi, dans notre lit…).

Selon la théorie freudienne, c’est dans l'inconscient que se forgent les angoisses, qui sont le substitut d'une satisfaction pulsionnelle qui n'a pas eu lieu. Ce qui aurait dû être plaisir devient déplaisir. Égale-ment “berceau” des mécanismes de défense et des solutions mises en place pour résoudre un problème, il influence constamment le comportement. C'est la partie immergée de l'iceberg, pôle pulsionnel de la personnalité dirigé par le principe du plaisir et com-portant les processus qui, par les mécanismes de refoulement, sont maintenus hors de la conscience.

Mais l'inconscient n'est pas uniquement ce vivier de pulsions meurtrières et libidinales, de désirs refoulés décrit par Freud. Il est aussi le lieu des apprentissages oubliés et automatisés, ainsi que des qualités, des ressources, des réactions appropriées, adaptatives, des élans créateurs d'un individu, de l'ensemble des capacités et de la sagesse souvent ignorées de notre pensée. C'est à lui que les chamans “demandent” les guérisons (un peu comme à un Dieu).

Carl Gustav Jung, médecin, psychiatre et psychologue suisse, contemporain de Freud, a eu énormément de

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lucidité, de loyauté et de courage en rencontrant son propre inconscient dans les profondeurs de son monde intérieur. Il explique ce parcours fait d'intuitions magistrales et d'expériences intérieures dans son livre “Ma vie”. Il n'était pas d'accord avec l'hypothèse de Freud selon laquelle toutes les névroses auraient pour cause le refoulement d'un trauma sexuel (vécu ou fantasmé).

Pour les deux cliniciens cependant, il s'agissait, grâce à la psycho-analyse, d'instaurer une harmonie entre le cerveau primitif, qui donne l'énergie et la direction, et le cerveau cognitif, qui organise l'exécution.

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LE DEVELOPPEMENT PSYCHO-AFFECTIF DE L'ÊTRE

HUMAIN“Ce qui élève l’homme par rapport à l’animal, c’est la conscience qu’il a d’être un animal…

Du fait qu’il sait qu’il est un animal, il cesse de l’être.” (Friedrich Hegel)

Autrement dit, je pense, donc je suis... un homme ! Et ce dernier restera encore et pour longtemps sans doute une énigme et un objet d’étude passionnant pour… lui même !

Pulsions et représentants psychiques

Le corps a une préhistoire anatomique de millions d'années. Il en est de même en ce qui concerne le système psychique. La conscience commence dans un état quasi animal auquel nous donnons la valeur d'inconscience. La psyché d'un enfant est indivi-duellement préformée, équipée de tous les instincts spécifiquement humains, ainsi que des fondements des fonctions supérieures, ce qui va lui permettre de s'emparer du monde extérieur.

Alors que l'instinct, génétiquement inscrit, est de na-ture exclusivement biologique, ce qu'on appelle, en psychologie, “la pulsion” n'existe qu'à travers une variété indéfinie de représentants psychiques. Il n'y a pas, chez l'homme, de purs besoins, c'est-à-dire des forces biologiques qui ne seraient que physiques et court-circuiteraient le travail de la pensée. La pul-sion est donc un concept limite entre le psychique et le somatique : c'est au départ une excitation organique que l’appareil psychique va se représenter et prendre en charge en la dérivant sans cesse vers

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des réalisations socialement plus valables. Déviée, la pulsion, à la différence du symptôme névrotique et loin d'impliquer angoisse et culpabilité, est ainsi associée à une satisfaction esthétique, intellectuelle et sociale (la “sublimation”, en langage freudien).

A la différence de l'animal, même la pulsion brutalement ressentie (faim, soif, besoin sexuel - et dans ce cas on parle de “libido” -) est passée au crible de tout un ensemble de représentations, composé entre autres d'imaginaire, d'influences socioculturelles, et impacté par la sensorialité et par les événements de la vie.

Les formes primitives de l'imaginaire s’organisent en imagos, schèmes ou structures fantasmatiques qui prennent une forme stable au fil du temps et se manifestent dans d'innombrables formes de la pen-sée imaginative et fantasmatique (rêves, rêveries…), ainsi que dans les symptômes. Ces “imagos” sont composées d'images, de sons, d'odeurs, de touchers, de rythmes : il s'agit de la saisie primaire/archaïque de la réalité. Non seulement, on constate ces phéno-mènes chez nos patients, mais l'idéal, pour remanier la psyché, est de partir de ces imagos.

Il faut donc faire la distinction entre les phénomènes mentaux conscients, faisant l’objet d’une expérience, et le niveau représentationnel, inconscient. Une partie du psychisme au sens où l’entend la psychanalyse, c’est-à-dire ce qui explique les conduites affectives et relationnelles chez l'humain, est supportée par ce niveau représentationnel.

La transmission psychique inconsciente

C'est via le cerveau reptilien, le seul que nous pos-sédons durant toute la grossesse et durant les

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quelques mois après la naissance (avant que les deux autres cerveaux, en germe, ne se développent), que se transmettent tous les conflits familiaux non réglés, les “programmes” transgénérationnels, ainsi que les éventuelles émotions négatives de la maman pen-dant qu'elle porte son bébé. C'est une particularité de la condition humaine : la souffrance se transmet.

L'empreinte transgénérationnelle agit véritablement comme un programme de vie qui meut les descen-dants directs ou indirects, comme une patate chaude que l'on se passe de génération en génération, jusqu'à ce qu'un événement imprévu ou un travail sur soi en interrompe le cours.

A la lumière de ses études éthologiques (l'observation du comportement des êtres vivants dans leur univers naturel), le psychiatre Boris Cyrulnik jette un regard nouveau sur les liens naturels qui unissent une famille. Il découvre ainsi que l'histoire affective du bébé com-mence bien avant la naissance : la force des liens bébé-père-mère pèse sur l'individu dès la formation de la cellule embryonnaire et l'influence toute sa vie durant.

“Tout ce qui ne remonte pas à la conscience revient sous forme de destin”, disait déjà C.G. Jung il y a une centaine d'années. Notre corps et notre psyché sont composés d'éléments qui tous ont déjà existé dans la lignée des ancêtres. Le “nouveau” est une recom-binaison, variée à l'infini, de composantes extrê-mement anciennes. La psyché, à la naissance, n'est donc pas une “tabula rasa”. Et quand la transmission de souffrances refusées, refoulées, déniées atteint un seuil critique, alors la violence, individuelle ou col-lective, peut se déchaîner, les douleurs de l'âme se transformant en douleurs de chair.

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Nicolas Abraham, un psychiatre d'origine hongroise, a publié en 1978 avec sa compagne Maria Torok un ouvrage intitulé “L'écorce et le noyau”, dans lequel ils ont théorisé les “secrets de famille”, si importants dans le développement de la psycho-généalogie. Ces faits cachés prennent une importance d'autant plus grande que la personne aura fait beaucoup d'efforts pour les cacher. En s'appropriant l'indicible, elle n'aura de cesse d'incarner le secret de manière manifeste dans sa vie, ses actes et même ses maladies…, l'in-conscient les laissant surgir comme autant de lapsus révélateurs des non-dits de l'histoire familliale.

Par exemple l’oubli des noms d’ancêtres à l’histoire non avouable remontera dans le conscient familial grâce à un enfant qui portera justement, par “hasard”, sans que ses parents le sachent au niveau conscient, le même prénom que l’ancêtre “maudit” ou oublié.

Cette “transmission psychique inconsciente” a pour support ce cerveau reptilien, l'ADN de la personne. Mais, outre les programmes familiaux transmis dans et par le cerveau reptilien qui gère les sensations liées à la survie, il faut également prendre en compte toutes les peurs fœtales de mourir, de disparaître, d'être aspiré, par exemple à la mort d'un jumeau (cf. le livre “TIPI” de Luc Nicon). Car nous savons main-tenant que bien des phobies, des dépressions et des troubles anxieux généralisés sont liés à un vécu fœtal, donc totalement inconscient.

Mais le programme génétique n'est pas une inscrip-tion dans le marbre (contrairement à ce qu'en pense La Médecine). Il est prouvé aujourd'hui qu'il existe une plasticité des gênes, de même qu'il existe une plasti-cité neuronale. Que tout peut être à tout moment programmé, déprogrammé et… “reprogrammé”. On a

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prouvé qu'un viol laisse des traces dans l'ADN ! Et que, lorsqu'un patient règle un conflit émotionnel relié à un symptôme physiologique (cf. la psychosomatique), c'est parfois d'une maladie soit-disant “génétique” qu'il guérit. Mais, dans ces cas-là, les médecins qui ont eu affaire à ce patient pensent toujours que les analyses précédentes ne pouvaient qu'être fausses, puisque selon eux, si c'est génétique, c'est pour la vie…

Idem pour les émotions négatives maternelles épon-gées par le fœtus ou le bébé (en langage freudien, on parle de “refoulé originaire” : le lieu d'avant l'ac-quisition du langage où sont déposées les premières expériences du nourrisson) : tout cela peut se dépro-grammer. Brutes et totales d'anéantissement ou, au contraire, de jouissance dans la réplétion alimentaire, ces expériences ont donc fait l'objet d'un premier re-foulement avec l'acquisition du langage.

En thérapie, on cherche à contacter ce vécu primaire, à l'époque de “l'infans”, avant l'acquisition du langage, sous forme de sensations, d'émotions et/ou d'images. Aucun mot provenant de notre conscient n'y fera rien puisque le langage de l'inconscient est métaphorique, imagé, sensoriel, symbolique (vous y comprenez quelque chose, vous, à vos rêves ? Vous savez toujours pourquoi vous tombez malade ?). La pensée symbo-lique, analytique, consciente est par contre une res-source (appartenant à la partie adulte) une fois le vécu primaire contacté.

Notre capacité naturelle d'auto-régulation et d'au-to-guérison, nichée dans notre “noyau vivant” ou “per-sonnalité primaire”, est souvent cachée sous une “personnalité secondaire” que l'enfant développe afin de s'adapter à son environnement.

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La théorie de l'attachement

Aujourd'hui, nous avons la preuve qu'un nourrisson nourri et langé mais pas touché, stimulé, aimé et câliné… peut mourir ! Et nous savons que les soins donnés durant ses premiers mois de vie influent sur la production d'hormones cruciales dans la régulation de ses comportements sociaux.

On raconte qu'au 13ème siècle, un roi d’Allemagne a tenté une affreuse expérience : se demandant quelle était la “langue de Dieu”, cet homme cultivé, qui parlait couramment le latin, l'allemand, le français, le grec, le sicilien, le normand, l'hébreu ainsi que l'arabe, aurait isolé des enfants, interdisant de leur parler, pour savoir quelle langue originelle allait être la leur. Il se serait aperçu non seulement que ces enfants ne parlaient pas, qu’ils ne se comportaient pas “humainement”, mais qu’ils mouraient très vite faute du minimum indispensable de communication et d'amour humain les entourant. Ce qui prouverait que la génétique ne suffit pas à notre espèce, même pour survivre. Pour devenir humain, il faut la relation. On ne naît pas humain. On naît avec des potentialités humaines, ce qui est très différent.

Dans les années 30, le psychiatre américain René Spitz a observé des nourrissons dans des orphelinats sou-mis à une carence affective totale et de longue durée. Ses études, connues sous le nom d' “hospitalisme”, lui ont permis de constater l'ensemble des perturbations somatiques et psychiques graves consécutives à cette carence et démontrer l’impact de la relation mère-en-fant sur leur séparation. Il y parle pour la première fois de symptômes dépressifs du nourrisson et démontre que plus la relation mère-enfant a été chaleureuse et aimante, plus la rupture sera dramatique.

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John Bowlby, psychiatre et psychanalyste anglais du début du 20ème siècle, célèbre pour ses travaux sur l'attachement, a constaté que les besoins fondamen-taux, innés du nouveau-né d'entrer en relation avec autrui passent par les contacts physiques. Le nour-risson, puis le jeune enfant, doit expérimenter une relation chaleureuse, intime et continue avec sa mère, dans laquelle les deux trouvent satisfaction et plaisir. La mère biologique est habituellement la principale figure d'attachement, mais ce rôle peut être tenu par toute personne qui adopte un comportement “maternel” cohérent et constant sur une certaine période de temps.

L'absence d'une telle relation peut avoir des consé-quences significatives et irréversibles sur la santé mentale de l'enfant, la mère, ou son substitut, consti-tuant une base de sécurité pour lui.

En ce sens, Bowlby s’éloigne de Freud pour lequel les seuls besoins primaires sont ceux du corps, l’attache-ment de l’enfant n’étant qu’une pulsion secondaire qui s’étaye sur le besoin primaire de nourriture.

Quand il s'agit du lien affectif d'un enfant avec une personne qui prend soin de lui, le résultat biologique est un accroissement des chances de survie de l'en-fant, et le résultat psychologique, un sentiment de sécurité. La qualité de cet engagement relationnel est plus importante que la quantité de temps passé.

Dans les années 70, la psychologue du dévelop- pement Mary Ainsworth, une collègue de J. Bowlby, a démontré que les enfants en bas âge s'attachent ins-tinctivement aux adultes qui se montrent sensibles et attentionnés aux interactions sociales avec eux d'une façon stable, au moins plusieurs mois durant

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la période qui va de l'âge de six mois environ jusqu'à deux ans. Vers la fin de cette période, les enfants commencent à utiliser les “figures d'attachement” (l'entourage familier) comme base de sécurité à partir de laquelle ils vont explorer le monde. Avant l'âge de 18 mois, l’enfant va intérioriser la relation en fonction des réponses de l'entourage à ses com-portements. Au fil de ses interactions avec sa figure parentale privilégiée se créera chez lui un “schème d’attachement”, c'est-à-dire des représentations mentales, conscientes et inconscientes, du monde extérieur, ainsi que de lui à l’intérieur de ce monde, à partir desquelles il percevra les événements et entreverra le futur.

Ces schèmes seront ainsi la base de la mise en place des modèles internes qui régiront ses sentiments, ses pensées et ses attentes par rapport à ses relations, et ce dès l'enfance. Il existe quatre types de schèmes :

- L'attachement “sécurisé”, quand les réponses aux besoins de l'enfant sont appropriées, rapides et cohérentes, ce qui lui permet de développer une image positive de soi et, en miroir, d'anticiper des réactions positives de la part d'autrui. Adulte, il se sentira à l'aise dans l'intimité comme dans l'in-dépendance, équilibrant les deux.

- L'attachement “anxieux” ou “ambivalent-résis-tant”, quand les réponses sont incohérentes, parfois appropriées, parfois négligentes. Si par exemple une mère manifeste de l'agacement et du rejet lorsque son enfant recherche son contact et qu'en même temps elle exprime verbalement de l'amour pour lui, l'enfant ne peut être que confus et désorienté face à ce message “paradoxal” et répondre par de l'angoisse, de l'agressivité ou un repli sur lui-même.

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- L'attachement “évitant”, c'est-à-dire peu affectif, dans les cas de découragement des pleurs et d'en-couragement de l'indépendance.

- Et l'attachement “désorganisé”, dans les cas de maltraitance par exemple. Par la suite, les relations avec les pairs pourront être caractérisées par une réaction de lutte ou de fuite, alternant agression et retraite. On sait également que les enfants mal-traités ont plus de risque de devenir eux-mêmes des parents maltraitants.

Si la figure d'attachement est indisponible ou ne répond plus, une détresse apparaît chez le jeune enfant, la séparation physique pouvant provoquer anxiété et colère, puis détresse et désespoir. Vers l'âge de trois ou quatre ans, l'enfant peut supporter sans détresse la séparation physique avec la figure d'attache-ment. Sa sécurité affective n'est menacée qu'en cas d'absence prolongée, de rupture de communication, d'indisponibilité émotionnelle, ou de signe de rejet ou d'abandon.

Nous comprenons donc que les expériences précoces avec les figures d'attachement permettent l'émergence progressive d'un système composé de pensées, de souvenirs, de croyances, d'attentes, d'émotions et de comportements à propos du Moi et des autres. Ce “système” continue à se développer avec le temps et l'expérience, régulant, interprétant, influençant et prédisant les choix en matière de relations amicales, conjugales et parentales.

De récentes recherches suggèrent dans quelle mesure le schème d'attachement d'un parent est prédictif de celui de son enfant, cet effet ayant été observé sur trois générations successives.

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Les terreurs du bébé

La psychanalyse parle d'“angoisses primitives”. Chaque nouvelle angoisse, liée à une perte, et la probléma-tique qui en découle, doit être surmontée. Quand l'individu trouve des solutions, il intériorise l'obstacle, se le représente et le maîtrise. La maturation psy-chique se fait donc sur la base de l’intégration puis de la diminution des angoisses archaïques. Mais il reste toujours une trace de ces angoisses primitives (nichées dans le cerveau reptilien).

Le pédiatre anglais Donald Woods Winnicott, dans le cadre de ses recherches sur l'émergence de la vie psychique, fait de la mère le premier rempart qui per-met à l’enfant d’élaborer et de dépasser ses angoisses archaïques. Il éclaire ainsi le rôle des angoisses primitives dans la construction psychique du sujet : un environnement suffisamment bon et adapté aux soins du bébé, stable, ferme et capable de porter psy-chiquement et physiquement l'enfant, est nécessaire au développement de l'enfant pour qu'il sorte de son monde d'angoisses.

La thèse soutenue par Otto Rank, psychologue et psychanalyste autrichien, exclu de l'association in-ternationale de la psychanalyse en 1930 par Freud, développe l’idée selon laquelle l’angoisse résulte du bouleversement physiologique que constitue la nais-sance : Rank fait de la naissance un choc non seule-ment somatique mais aussi psychologique. Pour lui la naissance constitue le traumatisme initial, toutes les situations périlleuses ultérieures étant calquées sur cette première et terrible expérience.

Quoi qu'il en soit, la peur est l’émotion de base, pré-sente au moins depuis la naissance, comme nous le

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montre la clinique de l’attachement et des liens pre-miers, attrapant le corps jusqu’au plus profond des tripes, à une époque où rien d’autre n’existe qu’un petit être hurlant sa pulsion de vie et sa terreur de disparaître. Le problème est que nous la dénions au quotidien, car elle nous renvoie trop à l’humiliation de la dépendance totale.

Nous vérifions souvent dans nos cabinets cette hypo-thèse de l'angoisse de la naissance comme prototype d'angoisses ultérieures.

Prenons l'exemple d'une autre angoisse archaïque, celle du manque : imaginez un bébé entre 3 et 6 mois qui a faim ; cette douleur tend tout son corps vers quelque chose dont il ressent la nécessité vitale, il rage de n'être pas comblé, angoisse d'être abandonné à lui-même. Pour un être en situation de totale dé-pendance comme lui, le manque est vécu comme un danger de néant, de “rien” noir et béant, une ter-reur sans nom de mourir.

Il n'est pas d'adultes qui ne soient restés des enfants et il est très important de comprendre que cet état d'indicible souffrance, quand il a été ressenti, existe encore dans le psychisme d'un adulte. Notre enfance n'est pas seulement du passé révolu et presque entièrement oublié, elle est aussi une dimension de notre Moi actuel. Le refus absolu (inconscient, la plupart du temps) de contacter à nouveau cette terreur du manque, insupportable, est derrière le moindre de nos comportements automatiques et derrière ce qu'on appelle “les résistances” dans le cadre d'une psychothérapie.

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L'identité, la personnalité

La construction du petit humain passe par un état de dépendance absolue, puis relative, jusqu'à une indépendance progressive.

L'identité (de idem qui signifie “le même” en latin) est constituée de ce qui se répète en soi. La personnalité est un ensemble de comportements habituels et prévisibles auxquels nous nous identifions. Chaque expérience de notre vie devient au fil du temps un élément de construction de notre monde intérieur stocké au sein de réseaux de cellules cérébrales (les neurones) et qui va commander nos réactions à tous les événements et à toutes les rencontres.

L'“identification” est le processus par lequel une personne se transforme, de façon provisoire ou per-manente, en assimilant un trait ou un attribut, partiel ou total, d'une autre personne. C'est le processus par excellence de la formation de la personnalité.

L'enfant pense que ce qu'il vit est normal. Il a besoin de croire à la bienveillance de son entourage, car il ne pourrait pas se développer s'il pensait se trou-ver dans un environnement hostile. C'est ainsi que l'adulte a toujours raison…

Pour devenir ce que l'on est vraiment, il faut aban-donner cette personnalité qui s'est construite sur une peur fondamentale (du manque, de la séparation, de la solitude, de la trahison…), vécue ou fantasmée, nous appartenant en propre ou appartenant à nos as-cendants, ancrée dans l'enfance. Nos perceptions sont conditionnées par les messages, les croyances et les comportements auxquels nous avons été confrontés depuis la période prénatale et probablement même

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depuis la période précédant la conception jusqu'à l'adolescence. Autrement dit, ce n'est pas ce qui se produit effectivement qui donne sa réalité au vécu de l’événement, mais notre perception de celui-ci et l'interprétation que nous en faisons. Souvent, pour que des sentiments vécus tels qu'abandon ou peur, trahison ou humiliation aient du sens aux yeux de l'enfant, ce dernier va en déduire que quelque chose de fondamental ne doit pas aller chez lui ou alors qu'il a dû faire quelque chose de mal pour être (mal) traité ainsi.

Ce type de croyances profondes, en conflit avec les schémas naturels d'équilibre et d'harmonie du corps et de l'esprit, en conflit avec la vie tout court, influenceront inévitablement ses choix dysfonc- tionnels, voire pathologiques, qui viendront à leur tour conforter ses croyances.

Freud a une jolie métaphore pour parler de cette fragilité inhérente à l'homme : dans ses “Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse” (1933), il explique que si nous laissons tomber sur le sol un bloc de cristal, il se brise mais pas de façon aléatoire : les cassures, bien qu’invisibles extérieurement jusque-là, sont déterminées de façon originelle et immuable par le mode de structure préalable du cristal.

Peu à peu, à partir de la naissance (et sans doute avant), en fonction de déterminants biologiques et environnementaux, de l’hérédité et du mode de relation aux parents dès les tout premiers moments de la vie, des (inévitables) frustrations, des trauma-tismes et des conflits rencontrés, le psychisme indivi-duel s’organise, se “cristallise”, tout comme le cristal minéral, avec des lignes de clivage ne pouvant plus varier par la suite.

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On aboutirait ainsi à une véritable structure stable, dont les deux modèles sont représentés par la struc-ture névrotique et la structure psychotique, mais là n'est pas notre sujet. Tant qu’un individu n’est pas soumis à de trop fortes épreuves intérieures ou exté-rieures, à des traumatismes affectifs, à des frustrations ou des conflits trop intenses, il ne sera pas “malade”, le “cristal” tiendra bon.

Nous l'avons vu plus haut, dès notre petite enfance, nous nous sommes adaptés à un monde que nous percevions, à tort ou à raison, comme difficile ou par-fois hostile. Pour cela, nous avons mis en place toute une série de comportements (par identifications primaires) que, s'ils ont été efficaces, nous avons eu tendance à répéter encore et encore. Ils sont devenus des automatismes que nous ne savons plus remettre en cause et qui limitent notre faculté de sentir, de penser et d'agir.

C'est ainsi que nous sommes prisonniers d'habitudes que nous avons nous-mêmes créées et qui façonnent notre personnalité apparente en y ayant toujours un peu plus recours, ou autrement dit, “en faisant toujours plus de la même chose” !

Notre façon de voir les choses nous semble “nor-male”. C'est pourquoi nous la justifions à tout bout de champ, à nous-mêmes et aux autres. La thérapie doit nous aider à identifier cette représentation interne de la réalité et ces schémas répétitifs. Elle doit surtout aider à déprogrammer les motivations inconscientes qui ont abouti à leur mise en place.

L'homme n'est pas libre, il ne naît pas libre. Mais il peut le devenir, en explorant en profondeur ses désirs et ses émotions, en découvrant ce qui lui est appro-

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prié ou pas, ce qui est bon ou mauvais pour lui. Et pour lui seul. Car “chacun porte son univers dans son cœur” (morale d'un conte soufi).

L'enfant doit, de la façon la plus naturelle qui soit, soulager la souffrance existentielle de ses parents (est-ce pour cela que nous disons que nos enfants nous “comblent” ?). C'est en fonction de cette souf-france des deux figures parentales, d'autant plus in-consciente qu'intense, que va se forger la personnalité de l'enfant. Le bébé reçoit donc, en même temps que leur amour, en général immense, leurs conflits non résolus.

Tout accueil d'un enfant se fait sous conditions. Inconscientes, bien sûr, car nous sommes tous convaincus d'aimer nos enfants inconditionnellement (il faut vraiment ne pas être “accordé” à l'enfant pour parler de “troubles de l'attachement” patholo-giques). Et aucun être humain, s'il ne s'est pas senti accueilli inconditionnellement par l'existence, ne peut accueillir inconditionnellement la vie sans un travail intérieur. Tant que le piège affectif dans lequel il est n'est pas déprogrammé, ses symptômes persistent et il reste loin de lui même.

La connexion cerveau-corps-esprit

Le corps : impossible de s'en passer, mais impossible de le contrôler !

Des milliers de gens souffrent de symptômes qui font penser à une maladie classique. Certes, le centre de contrôle du corps est dans le cerveau, à l'origine de toutes ses réactions. Ajoutons qu'aucune thérapie psy ne pourra soigner une maladie purement phy-sique mais nous savons aujourd'hui que le stress

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psychologique affecte les systèmes cardiaque respi-ratoire et immunitaire.

Lorsque les psychologues parlent de problèmes“ psychosomatiques”, ils font allusion aux effets de l'esprit (la “psyché”) sur le corps (“soma”) : chaque émotion, chaque choc, chaque frustration a une conséquence psychologique ET physiologique. Nous incarnons ainsi littéralement nos névroses au plus profond de nos corps.

Des sensations émotionnelles et physiques peuvent provenir de souvenirs non traités, des fardeaux du passé, d'un stockage mémoriel inadapté. Celles-ci ne sont alors pas “dans la tête” mais bien dans le cer-veau et sont ressenties dans le corps. C'est pourquoi des douleurs corporelles inexpliquées peuvent disparaître en guérissant les vestiges d'anciens souvenirs. Encore faut-il pouvoir les contacter…

Qu'est-ce qu'un symptôme ?

Le symptôme, un trouble somatique, psychique et/ou comportemental, est un message qui exprime un conflit psychique. Selon Freud, il est une stratégie face à l'angoisse : alors que le besoin (instinctif) dit “assez !”, le désir (pulsionnel) crie “encore !”.

Et qu'advient-il du désir insatisfait ? Toujours selon Freud, ou bien il est refoulé ou bien il est sublimé. S'il est entravé, il peut resurgir sous forme de symp-tôme, le refoulement mettant à mal la machine humaine.La sublimation, qui consiste à investir des objets socialement valorisés, est une solution idéale, car elle déplace vers le haut le désir en le satisfaisant sur un plan supérieur (création littéraire, artistique, intellectuelle, etc.).

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Les symptômes révèlent la nature spontanément symbolique de l'inconscient : derrière le phénomène physique ou comportemental constatable, il y a un sens attaché à nos désirs refoulés. A l'instar des rêves, des lapsus ou des actes manqués, ils ne sont “man-qués” que pour la conscience, mais ils ne sont que trop bien réussis pour l'inconscient !

Quelques exemples :

- L'addiction : répétition d'actes susceptibles de provoquer du plaisir et de soulager de façon im- médiate un malaise intérieur, ce triomphe illusoire sur le “manque à être” débouche toujours sur la dépen-dance à un produit/une substance, un objet matériel ou une situation donnée et se caractérise par les conséquences négatives qui peuvent en découler.

La dépendance ne provient pas tant de l'objet “toxique” lui-même que du soulagement qu'il va procurer l'espace d'un instant, les angoisses étant ainsi mises à distance. Mais lorsque les effets de l'ad-diction s'estompent, les angoisses reviennent et le cerveau, avec le circuit de la récompense sur-sollicité, réclame à nouveau sa dose.

- Les troubles du comportement alimentaire : ils sont liés en général à une déficience affective et émotionnelle. La nourriture devient un substitut à l'amour qu'on souhaiterait recevoir, les “nourritures terrestres” symbolisant les “nourritures affectives” dans le cerveau d'un bébé. On trouve une faible estime de soi et de l'impulsivité dans les cas de boulimie, et le perfectionnisme dans les cas d'anorexie. L'origine multifactorielle de ces troubles est aujourd'hui lar-gement reconnue (facteurs biologiques, psycholo-giques, culturels, sociaux, familiaux, etc.).

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- Le manque de confiance en soi : douter de ses capacités et ne pas reconnaître ses qualités, chaque personne en fait l'expérience à certains moments de sa vie. Mais une personne qui est systématiquement en manque de confiance souffre également d'une faible estime de soi.

- Les troubles du sommeil : près de 20 % de la population présenterait des troubles du sommeil.Cherchez les angoisses…

- L'anxiété et l'angoisse : l'anxiété est une émotion qui fait partie intégrante de notre vie. Elle stimule la créativité et permet de nous adapter aux difficultés de la vie, nous protégeant des dangers qui menacent notre existence. Nous sommes donc tous anxieux. Si l'homo erectus avait été cool et décontracté, il n'aurait pas survécu face aux dangers qui le guettaient. Cette nature inquiète lui est toujours nécessaire dans le monde moderne (peur d'échouer à ses examens, de perdre son emploi, de tomber malade...).

Cette tendance à l'inquiétude a donc sa raison d'être en termes évolutifs, est constitutive de la nature humaine ; celui qui n'éprouverait aucune dose d'angoisse face à son avenir, vivant sans soucis au jour le jour, serait inapte à la vie sociale, incompétent pour gérer cor-rectement son budget, sa sécurité ou sa santé.

Est-ce cela qui explique notre goût immodéré pour les mauvaises nouvelles, notre tendance à nous in-téresser à ce qui va mal chez l'autre ? Ce mécanisme nous permettrait-il de mieux gérer nos propres angoisses ? Toujours est-il que nous avons hérité d'une tendance à relever les choses négatives plutôt que les positives. Des recherches viennent de démontrer qu'une attitude agressive envers autrui génère chez

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la personne agressée un déficit de sérotonine (qui joue un rôle important dans les changements d'état émotionnel) pendant plus de vingt heures, alors qu'un compliment provoque chez elle une montée d’ocytocine (hormone du bonheur) pendant seule-ment… quelques minutes !

Par ailleurs, l'être humain est la seule créature consciente de son être et consciente aussi qu’à tout moment elle peut le perdre, menacée par le non-être (mort, isolement, maladies, rejets, pertes de considération et toutes souffrances et misères qui réduisent sa vitalité). Kierkegaard, un philosophe danois du 19ème, a relié l'angoisse à cette expérience de la possibilité de la mort, au moment précis où l'on découvre qu'on est mortel.

Freud, dans une première théorie sur l'angoisse, a parlé, lui, d'un excès d'excitation pulsionnelle qui se transformerait en angoisse, quand la psyché n'a pas pu donner une représentation et une solution à ces pulsions, orales ou sexuelles, par exemple.

Dans le langage courant, “peur”, “anxiété” et “angoisse” veulent dire la même chose. Mais, d'un point de vue psychologique, ces trois mots désignent des réalités bien distinctes.

La peur, précieuse quand elle déclenche des méca-nismes de défense (fuite ou riposte) face au danger, est l’une des émotions primaires provenant de l’aver-sion naturelle à la menace, présente aussi bien chez les animaux que chez les êtres humains. Sous la pers-pective de la biologie, la peur est donc un schéma adaptatif et constitue un mécanisme de survie et de défense qui permet à l’individu de répondre rapide-ment et efficacement à des situations adverses.

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Du point de vue de la psychologie, elle est est un état affectif et émotionnel nécessaire et maturant (quand elle n'est ressentie que de manière ponctuelle) afin que l’organisme puisse s’adapte à l’environnement. Selon son intensité, nous parlerons d'“inquiétude” (une impression d'insécurité inexprimable), de “soucis” (se rapportant à une chose, un événement) ou de “peur” (une sensation immédiate, spontanée, liée à l'instinct de conservation).

L'anxiété et l'angoisse recouvrent des vécus très dif-férents : problème ponctuel mais très intense d’un côté (tout à coup, en cas de crise, la personne se sent envahie par un malaise physique incontrôlable, a le sentiment qu’elle va mourir sur le champ ou devenir folle), plus diffus mais constant de l’autre côté (on redoute un danger avant qu'il ne survienne), la souf-france n’est pas la même ; alors que l’angoisse, aiguë, rend en général impossible la continuation de ses activités, l’anxiété, chronique, reste compatible avec la vie quotidienne.

Il existe de nombreux troubles anxieux, dont les phobies, qui sont un mode de transformation d'une angoisse antérieure, diffuse, indéfinissable, souvent sans objet, liée à quelque chose que le sujet ne peut nommer, qui n'a pas de représentation (cf. les an-goisses archaïques du bébé). Si l'on peut donc dire que la phobie est une peur sécurisante (“je n'aurai peur qu'en présence des serpents”), l'angoisse par contre ne permet pas la représentation de la peur et est dramatique pour celui qui la vit.

L'anxiété est donc l’émotion, existentielle ou névro-tique, appropriée ou exagérée, de l’identité. Elle est positive si elle demeure à l’intérieur de ses limites qui sont de protéger notre existence en tant qu'individu,

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de nous rendre vigilant par rapport à ce qui nous menace. Négocier les contingences de notre mort, in-tégrer les souffrances de l’isolement qui accompagnent le développement de toute individualité, rencontrer les conséquences de notre liberté, la fragilité de notre corporéité suscitent autant d'occasions d’être anxieux.

Si nous ne pouvons donc pas éliminer toute anxiété, nous pouvons toutefois la réduire à un niveau ac-ceptable et ensuite nous en servir pour élargir notre conscience et notre vigilance. Elle devient patholo-gique lorsque nous avons un blocage, une réaction d'attente ou une absence de réaction adaptée à une situation difficile. Elle est comme la fièvre du corps : elle indique qu’il y a un conflit quelque part en nous qui demande à être résolu, ou au moins atténué.

- La dépression : on parle également de “douleur morale”, le sujet éprouvant un sentiment de culpa-bilité, d'incapacité, de déchéance. Il perd tout espoir, ne trouve plus de goût à rien et sa vision négative de l'avenir, de lui-même et du monde s'accompagne très souvent d'angoisses et/ou d'idées suicidaires.

Cette panne pulsionnelle arrive quand ce qui le faisait tendre vers un “objet ” extérieur lui est enlevé (un partenaire qui le quitte, un être cher qui meurt...) et on parle dans ce cas de “dépression réactionnelle”, ou lorsque tout désir et toute énergie se retirent d'eux-mêmes dans le cadre d'une “dépression endogène”. Tout à coup, il n'est plus rien.

Que doit faire un psy ? Simplement remettre le moteur en marche ? Ce serait alors ignorer le paradoxe de la dépression qui contient en elle, pas uniquement l'aspect crise, mais également l'occasion de naître à soi-même et donc à une vie nouvelle pour le sujet

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déprimé. Cela implique de contacter les douleurs de son âme que ses façons de fonctionner jusqu'à cette dépression maintenaient à distance.

- Le burn-out : il s'agit d'un syndrome qui s'ex-prime par un ensemble de symptômes particuliers (épuisement émotionnel et mental, désinvestissement de la relation à autrui et diminution du sentiment d'efficacité personnelle).

Le sujet est usé. Longtemps considéré comme une psychopathologie du travail, on sait que les facteurs prédictifs (relations chroniques stressantes, mal-saines, cyniques, agressives) peuvent se rencontrer dans toutes sortes de contextes.

- Le couple qui va mal : en général, la fratrie se distend à l'âge adulte (“on ne choisit pas sa famille”), alors que la relation conjugale reste un facteur essentiel de bien-être, car elle procède d'un choix. Nous sommes actuellement nombreux à être à la recherche de nouvelles manières de vivre en couple et en famille. Mais qui sait aimer véritablement ? C'est à dire être sensible au bien d'autrui tout en étant dégagé(e) de préoccupations égocentriques et de pouvoir ?

Bien des amours naissent d'une transaction entre inconscients : tu me sauves/je te sauve ou tu me rassures/je te rassure. Mais personne ne peut sauver personne ! Ce pacte mutuel inconscient de réassu-rance est un marché de dupes qui, de plus, alimente l'irresponsabilité : je souffre, mais ce n'est pas de ma faute. J'espère obtenir réparation, donc soulagement de mes souffrances, en trouvant un coupable. La vic-time a ainsi trouvé son bourreau (après avoir souvent projeté sur lui... un sauveur !).

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Nous avons tous reçu, enfant, des blessures qui n'ont pas été reconnues, voire niées. Et il est difficile d'en assumer à présent la responsabilité. Pourtant la cause de notre souffrance est en nous et il nous appartient de nous en libérer plutôt que de prendre en otage notre partenaire, de le manipuler (inconsciemment) pour obtenir l'amour qui nous a manqué ou qui nous a été mal donné.

L'amour, le vrai, est un oui inconditionnel à l'autre, celui qui n'est pas moi, ni comme moi, qui m'échappe, qui a son mystère, et qui n'a pas à correspondre à mes attentes fondées sur tous mes manques passés. Dans le soulagement de la fusion, on nie la distinction, cet espace (“intime”) où l'autre n'existe pas pour nous, et inversement, où je n'existe pas pour l'autre.

Un autre problème peut être celui de la routine. Après un moment, l'ardeur des débuts de la relation s'estompe. Il faut une vigilance constante pour gar-der l'amour conscient et vivant, savoir savourer la nouveauté de chaque instant au sein de la relation pour qu'une sorte de torpeur ne s'installe pas. Mais plus que la vigilance, c'est le bien-être intérieur de chacun des membres du couple qui sera le garant de la joie d'être ensemble longtemps, en toute autono-mie et respect de soi et de l'autre.

Ceci dit, et comme l'écrit mon confrère le psychologue québécois Guy Corneau, “vivre en couple n’est pas une obligation” ! On sait cependant que les gens heureux en couple, ayant une sexualité satisfaisante, vivent de sept à neuf ans plus longtemps que les gens malheureux en couple ou célibataires...

- La plupart des maladies : on dit souvent que la santé est une question d'équilibre entre, d'une part,

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nos états physique, émotionnel et mental et d'autre part, entre ces états et notre environnement. La mé-decine conventionnelle s'occupe de la partie visible de l'iceberg en ne traitant que l'infime partie de la ré-alité, qui est le symptôme, l'atteinte physique et trau-matique. Toute la question du pourquoi et du sens est laissée aux patients, éventuellement aux psy.

Mais depuis le début des années 80, quelques cher-cheurs ont réalisé et compilé de nombreuses études et ont eu l'audace de proposer une vision totalement différente de la maladie que celle universitaire : le corps ne mentirait pas, ni ne dirait n'importe quoi. Les pathologies disent quelque chose d'un conflit psychique. On parle ainsi de “somatisation” (soma = corps) pour désigner le processus par lequel un désordre psychique se manifeste sous la forme d'un trouble organique.

Mais la Médecine officielle, même si elle admet (depuis peu!) que le stress affaiblit le système im-munitaire, continue de considérer la maladie comme une fatalité touchant uniquement le corps physique, oubliant que l'homme ne se résume pas à des cellules ou des organes, mais vit aussi d'émotions. Aussi longtemps que les médecins continueront à ne soi-gner que le corps, ils persisteront dans une médecine de symptômes sans comprendre l'origine et le sens des maladies.

Or, la maladie n’est pas un hasard. Encore moins une fatalité. Selon la psychosomatique, lorsqu'un besoin “vital” n’a pas été satisfait à un moment don-né de notre existence, le cerveau biologique choisit l’organe dont la fonction correspond symbolique-ment exactement au besoin pour compenser cette “insatisfaction”. Et si la maladie est un programme

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biologique de survie déclenché par le cerveau, il est parfois possible d'effacer ce programme.

L'eczéma est un exemple qui peut illustrer mon propos : la fonction première de la peau, outre de protéger l'intérieur du corps et de l'envelopper, consiste à permettre des expériences sensitives avec les autres. Si ce contact est perdu, elle peut s'ulcérer. Symboliquement, l'eczéma non seulement réduit la distance, mais il facilite le contact en rendant la peau plus sensible, plus réceptive au contact qui est re-cherché ; le corps fait en sorte de diminuer (virtuelle-ment) la distance entre la chose (objet ou sentiment) ou la personne dont il est séparé en retirant de la peau.

Le psychanalyste Didier Anzieu, dans son livre “Le Moi-Peau”, a établi un rapport entre la fonction bio-logique et la fonction psychique : tout comme la peau est l’enveloppe du corps, la conscience tend à envelopper l’appareil psychique.

Durant les premières semaines après la naissance et dans le cadre de la construction psychique du Moi, c'est toujours le corps de la mère, les interactions qu'elle a avec son bébé par les peaux respectives qui vont étayer, soutenir l'adulte en devenir en lui ser-vant d'appui extérieur.

Pour guérir d'un eczéma, il faudra donc chercher la séparation dans la vie du patient ou de celles de ses ascendants, afin de résoudre le stress psychique que cette séparation a occasionné : mort d'un bébé ou peur maternelle de perdre son bébé pendant la gros-sesse ? une disparition soudaine ? un divorce ? etc.

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Conclusion

Il existe donc de nombreuses façons, psychiques, comportementales et somatiques, de symptomatiser un conflit psychique intérieur, de manifester subjec-tivement un trouble.

Prisonniers de nos habitudes, nous accumulons des rancœurs, des ressentiments, nous restons bloqués dans des impasses, sentant que quelque chose ne nous convient pas, mais sans savoir comment en sortir. Les choses qui nous arrivent sont souvent inacceptables, mais nous les acceptons quand même, parce que nous ne connaissons même pas les limites de ce que nous sommes prêts à vivre ou pas.

Réapprendre à écouter nos émotions pour mieux les reconnaître et les accepter, les remercier même pour le travail de vigilance qu’elles opèrent pour nous, est une première étape pour sombrer moins souvent dans des conflits et des stress destructeurs. Si nous arrivons à exprimer nos émotions de manière adap-tée, en en prenant toute la responsabilité, sans en rendre les autres responsables, alors nous pouvons retrouver notre équilibre.

Il s’agit de changer son regard sur les événements, en ne les considérant ni comme bons ni comme mau-vais, mais plutôt de considérer tout ce qui nous arrive comme des opportunités offertes pour apprendre quelque chose de nouveau sur nous, sur la vie en nous.

Car notre réalité ne correspond pas toujours à celle du monde extérieur, elle n'en est bien souvent qu'une représentation intérieure (partielle ? obsolète ?). Soyons flexibles, changeons de réalité et nous intera-girons différemment avec le monde extérieur !

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LA PSYCHOTHERAPIEUNE THERAPIE : POURQUOI ?

Dans la vie de la plupart des gens, les grands change-ments et les transformations se produisent à la suite d'une crise, parfois d'une maladie physique. Qui, sinon, spontanément réfléchit au bien fondé et au pourquoi de ses actes quand tout va bien ? Pas grand monde… Quand tout coule de source (ou presque) et même quand cela va moins bien, il est démontré que nous possédons des capacités énormes à vivre avec nos conflits, nos incohérences et même une bonne dose de mal-être.

La vie est trop dure pour nous. Selon Freud, pour la supporter, nous avons recours à trois sortes de remèdes : puissantes diversions ou satisfactions substitutives ou encore stupéfiants qui nous rendent insensibles à notre misère ou nous permettent d'y attacher peu d'importance. Il n'y a pas de solution universelle, chacun cherche la sienne : en privilégiant les relations de sentiment avec d'autres personnes ou en cherchant en soi les satisfactions essentielles ou bien encore en éprouvant sa force en agissant sur le monde éxtérieur.

Parmi les moyens les plus répandus qui contribuent à nous faire accepter les contraintes, deux excellent : le premier consiste en une rationalisation après-coup de nos actions même les plus involontaires, automa-tiques, néfastes ou incohérentes auxquelles on va trouver une excellente raison logique, justifiant que c'était la seule solution possible. Une telle attitude venant d'une autre personne nous semblerait le comble de la mauvaise foi, mais venant de nous, cela paraît logique !

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Le second moyen est de projeter sur l'extérieur la cause de nos problèmes ; sur “l'autre”, quel qu'il soit : conjoint, enfant, parent, supérieur, etc. ou, de manière plus large, la malchance, la fatalité, le destin…

A quel point de malheur faut-il donc arriver avant d'entreprendre des soins ? Il convient déjà de réaliser que le problème est à l'intérieur de soi, qu'on l'em-porte avec soi, partout où l'on va. Malheureusement, il faut en général subir une escalade de souffrance émotionnelle pour admettre que l'on a besoin d'aide; ou alors il faut un degré élevé de lucidité pour prendre l'initiative de faire une thérapie. La plupart des gens se contentent de chercher à combler leurs désirs et ne sont tout simplement pas intéressés à percer le voile de l'illusion, de leur fausse identité, pensant que tout provient de leur intention et d'“eux-même”.

L'écrivain naturaliste Guy de Maupassant écrit dans “Une vie” : “Quel enfantillage (…) de croire à la réalité puisque nous portons chacun la nôtre dans notre pensée et dans nos organes. Nos yeux, nos oreilles, notre odorat, notre goût différents crééent autant de vérités qu'il y a d'hommes sur la terre (…). Chacun de nous se fait donc simplement une illusion du monde, illusion poétique, sentimentale, joyeuse, mélanco-lique, sale ou lugubre suivant sa nature”.

Jung propose que le but de la vie soit le dévelop- pement psychique et la réalisation de son “Soi”, grâce à un processus d'“individuation” par lequel un être devient un “in-dividu” psychologique, une unité autonome et indivisible, incluant l'univers, avec toute sa créativité et son amour (ce bon fond de la nature humaine que nous vérifions chaque jour dans nos cabinets). Devenir soi-même par-delà les sché-mas culturels et éducatifs qui ont pu nous détourner

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de ce que nous sommes vraiment, retrouver le “oui à la vie” qui nous a mis au monde et nous y maintient en dépit, parfois, de la douleur d'être.

Au cours du développement psycho-affectif d'un in-dividu, un émotionnel négatif s'est enkysté dans l'un des trois “centres”: l'instinctif (lieu de l'énergie et de la créativité dans l'action), l'émotionnel (qui place la relation au “cœur” de la vie), le mental (pour penser et réfléchir, rationaliser la vie, lui donner un sens). Quelques exemples de problématiques originelles : “je n'ai pas le droit d'exister” ou “je dois être conforme à ce qu'on attend de moi”. Autre exemple d'injonction, “paradoxale”, qui peut mettre l'individu en position d'indécidabilité : “quand je possède quelque chose, je le perds”ou “quand j'affirme mes désirs, je perds tout”.

Nos croyances ont tendance à se transformer en prophéties se réalisant d'elles-mêmes. En effet, nous vivons dans le monde extérieur des expériences qui renforcent nos croyances intimes. Nous choisissons parmi les nombreuses possibilités de l'existence humaine celles qui apportent de l'eau à notre mou-lin, qui confirment nos perceptions intimes. Ce que nous voyons est en fait ce que nous croyons avoir vu et non ce que nous avons effectivement vu. Nous “projetons” constamment et inconsciemment sur le monde un “film” constitué de nos expériences pas-sées, ce qui a un effet en retour sur le monde qui nous entoure.

L'homme hérite de prédispositions à toutes sortes de fragilités, mais la majorité des problèmes qu'il ren-contre ne sont pas dus au seul patrimoine génétique. Nous en trouvons souvent l'origine dans les douleurs d'enfance. Il faut chercher la cause. La thérapie doit permettre de repérer les éléments centraux dans

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l'organisation de la psyché névrosée du sujet, son langage de base, puis de libérer l'ensemble de ses potentialités, pour lui permettre de devenir un être libre, efficace, complet, débarrassé des automatismes qui constituent sa fausse personnalité. Sortir de la souffrance, c'est bien. Ne pas y retomber, c'est encore mieux.

“Nous sommes tous névrosés !”

Quand Freud a écrit cela, tout le monde n'était pas prêt à l'entendre !

Je fais parfois la comparaison entre notre psyché et notre voix : quand on a l'occasion de l'entendre, on ne l'apprécie pas, en général. Cela nous déplaît. Moi-même, je ne me suis pas “reconnue” dans certaines séances : trop triste, trop plaintive, trop pleureuse, moi “la marrante”, l'extravertie, l'enthousiaste. D'où sortait cette Danièle insoupçonnée (qui me faisait honte parfois face au/à la thérapeute) ?

Ce manque de cohérence interne entraîne de nom-breuses insatisfactions, voire des dysfonctionnements psychologiques. On peut espérer un déblocage rapide lorsqu'il s'agit d'inhibitions, d'impossibilité de passer à l'action, de croyances limitantes inconscientes, dans le domaine social et/ou professionnel (non em-preints d'affect) ; par contre, en ce qui concerne le registre affectif, lorsqu'il est dysfonctionnel (et il l'est souvent), c'est malheureusement une autre paire de manches ! Car les ancrages affectifs sont des plus archaïques : vieux, anciens (fœtaux et/ou situés dans la très petite enfance) et constitués d'enjeux vitaux.

Notre “fonctionnement” est alors en jeu. Un état de désunion avec soi-même (ce qu'on appelle la

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“névrose”), oppose besoins instinctifs et impératifs extérieurs ; ce que l'on pourrait également appeler “un acte d'adaptation manqué”, dont l'origine et le terreau sont toujours une souffrance d'ordre affectif, à l'époque où l'enfant est totalement dépendant de son environnement. Ces symptômes qui nous gênent tant découlent de choix stratégiques protecteurs, rassurants, qui ont eu leur utilité dans le passé infantile, ont été “écologiques” pour notre adaptation dans un environnement donné, spéci-fique, et ont conditionné notre cerveau (et tout le système neurologique) via des schémas neuronaux, des “autoroutes” neuronales. Accéder aux souvenirs qui ont été, depuis, remaniés par des fantasmes, des reconstructions, des mécanismes de défense peut demander du temps. Et “on ne sait pas ce que le passé nous réserve” comme l'a dit si bien Françoise Sagan.

Se dégager d'une répétition transgénérationnelle, ces histoires non terminées qui se rejouent sur plusieurs générations, peut également impliquer un long travail de reconstruction. En effet, les problèmes non résolus dont nous héritons inconsciemment de nos aïeux peuvent avoir une influence déterminante sur nos propres vies. Le travail thérapeutique doit permettre d’intégrer ces héritages que nos parents auront eux-mêmes parfois aussi reçus de leurs propres aïeux, il doit libérer le présent de ce passé qui l’encombre.

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UNE THERAPIE : COMMENT ?

Trois conditions sont nécessaires au changement : être disposé (a-t-on vraiment envie de changer ?), s'en sentir capable et être prêt (gestion des priorités). Par ailleurs, il existe chez l'être humain un besoin fon-damental de se sentir autodéterminé, c'est-à-dire de se percevoir comme la principale cause de son com-portement. Ce qui implique que le thérapeute devra créer un contexte permettant à la personne de s'en-gager dans l'exploration de ses ressources propres, afin qu'elle ressente les décisions de changement comme venant d'elle, plutôt que de l'extérieur.

Exemple d'une séance avec Jean

Pour sa première séance, Serge vient avec deux problématiques : “Je viens d'avoir 40 ans, je n'ai pas eu envie de les fêter, et je n'arrive pas à m'en sortir avec ma fille de 10 ans”.

Suite à différentes questions, on obtient comme réponses “Je ne suis pas bien dans ma vie”, “Je me vois comme une merde” “A l'école, j'étais différent des autres” “J'ai vécu une grande solitude, je me suis senti abandonné”. Le thérapeute demande alors à “la pensée” ce qu'elle voit comme image susceptible de “protéger” Serge (les questions du thérapeute vont rester ouvertes, car il s'agit d'induire le moins pos-sible afin que la personne réponde le plus librement possible). Une image de lion arrive.

- “Pourquoi le lion ?” - “Il m'apporte la force, la puissance, la sécurité et la chaleur” - “Installez l'image de petit Serge et regardez le lion. Comment c'est pour petit Serge quand il

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regarde le lion ?” - “Il y a une patte qui est rassurante et l'autre patte qui écrase”

Interprétation : la pensée des mots, celle de l'adulte, “écrase” (cf. ce qui s'est passé à l'école. On apprendra plus tard que Serge est dyslexique et a souffert de troubles de l'apprentissage). Interprétation à vérifier :

- “Est-ce que petit Serge a envie d'aller avec le lion ?” - “Non”. - “Mais comment fait-on alors pour protéger petit Serge s'il n'est pas bien avec le lion ?” - “Ça ne peut pas être un lion” - “Quelle image faudrait-il mettre, alors, pour que petit Serge soit rassuré ?” - “Un singe-soleil” - “Dans l'image, qu'est-ce que représente le singe-soleil ?” - “Il représente la chaleur , la vie, la lumière, le calme, la douceur et le bien-être”.

Le thérapeute comprend que cette réponse provient des deux parties de S., l'adulte et l'enfant.

- “Quel mot pouvez-vous mettre sous l'image du singe-soleil ?” - “Bien-être” - “Est-ce que petit S. a envie d'aller avec le singe-soleil ?” - “Oui” - “Pourquoi ?” - “Parce que je vais me sentir en sécurité avec lui” - “Est-ce qu'il peut le faire ?” - “Oui”

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- “Est-ce qu'il le fait ?” - “Oui” - “Comment c'est quand il s'approche du singe-soleil ?” (pour vérifier s'il n'y a pas de peur) - “C'est chaud” - “Est-ce que cette chaleur est bonne ?” - “Oui” - “Est-ce qu'il peut donc continuer de s'approcher du singe-soleil ?” - “Oui” - “Voit-il quelque chose dans les yeux du singe ?” - “De la douceur” (hypothèse : la sécurité qu'il n'a pas eu enfant est contactée au plus profond de lui) - “Avec cette douceur dans ses yeux, petit S. a envie de faire quoi ?” - “Se mettre au chaud dans ses poils” - “Est-ce qu'il peut le faire ?” - “Oui” - “C'est comment pour lui quand il est au chaud dans les poils du singe ?” - “Chaud” - “Elle est comment cette chaleur ?” - “Elle procure du bien-être” - “Est-ce que petit S. a envie de rester dans ce bien-être ?” - “Oui” - “Est-ce que le singe a son mot à dire ?” - “Oui” - “Il faudrait lui demander s'il est d'accord ?” - “Oui” - “Est-ce qu'on peut lui poser la question ?” - “Oui” - “Posez-lui la question” - “Il est d'accord” - “Comment est la réponse du singe pour S. ?” - “Sécurisante”

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On a validé que petit S. est avec le singe-soleil. On va continuer à construire l'image “Serge” :

- “Y'a-t-il dans l'image autre chose que le singe-soleil ?” - “La nature (les arbres, les prairies, l'eau, le soleil)” - “Où est installé le singe-soleil dans cette nature ?” - “Dans un arbre” - “Il est comment, cet arbre ?” - “Il est grand et il est puissant. C'est un chêne”. - “Petit S. a-t-il envie d'aller dans l'arbre avec le singe-soleil ?” - “Oui” - “Pourquoi ?” - “Parce que c'est sécurisant” - “Est-ce que le singe a envie de rester dans l'arbre ?” - “Non, il a envie de se promener dans la nature” - “Est-ce que petit S. a envie de se promener avec singe-soleil ?” - “Oui” - “Pourquoi ?” - “Parce qu'il se sent en sécurité avec lui” - “Où est singe-soleil ?” - “Dans la prairie” - “Et petit S., avec singe-soleil, voit quoi ?” - “Des fleurs, des papillons et des oiseaux” - “C'est comment pour petit S. quand il voit tout ça ?” - “C'est gai” - “Est-ce qu'il a envie de se promener avec le singe ?” - “Oui” - "Où va le singe ?” - "Vers la lumière” - "Est-ce que c'est bien pour petit S. ?” - "Oui, c'est moins sombre” - "Est-ce que petit S. a envie de mettre de la lumière dans le sombre ?”

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- "Oui” - "Il y va tout seul ou avec le singe-soleil ?” - "Avec le singe” - "C'est comment quand le singe-soleil s'approche du sombre ?” - "C'est plus lumineux” - "Le singe-soleil s'approche, s'approche... Que fait le sombre ?” - “Il n'est plus là” - "Est-ce qu'il reste du sombre quelque part ?” - "Non” - "C'est comment pour petit S. quand il n'y a plus de sombre ?” - "C'est calme” - "Est-ce que là, quelque part, il y a de la peur ?” - "Non” - "Est-ce que petit S. a envie de rester là ?” - "Oui, au chaud” - "Qui est l'arbre et le singe-soleil ?” - "Moi” (après une longue hésitation...)

“Moi”représente son cerveau primitif, le reptilien et le limbique.

- "Est-ce que ça plaît à Serge adulte d'être un arbre et un singe-soleil ?” - "Oui, c'est rassurant” - "Est-ce que petit S. et Serge adulte ont envie de rester ensemble dans ce calme sécurisant?” - "Oui” - "Est-ce que Serge peut revenir avec petit S., le singe-soleil et l'arbre dans ce fauteuil ?” - "Oui” - "Est-ce que quelque part il y a des appréhensions ?” - "Oui” - "Que disent-elles ?” - "Est-ce que ça va disparaître ?”

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- "On demande au singe-soleil et à l'arbre s'ils ont peur que ça disparaisse. Que répondent-ils ?” - "Non” - "Pourquoi ?” - "Parce qu'on est là” - "Est-ce que la peur est rassurée ?” - "Oui” - "Est-ce que, maintenant, Serge peut revenir avec le singe-soleil, l'arbre et petit S. dans ce fauteuil ?” - "Oui (dans un sourire, il ouvre les yeux)”

L'arbre représente la vie, ancrée, enracinée, représente le cerveau reptilien de Serge dont la problématique est justement de ne pas pouvoir exister, prendre sa place dans la vie. Le singe-soleil, lui, est une partie du cerveau reptilien (instincts) et du cerveau limbique (cerveau des émotions primaires, celui de la mère qui met son bébé au monde). Cette séance restaure donc une souffrance “reptilienne” (les bases de la vie), la maman n'ayant peut-être pas pu procurer la chaleur dont il aurait eu besoin en venant au monde (cf. “le traumatisme de naissance” qu'Otto Rank pensait uni-versel, contre l'avis de Freud). “Serge adulte” a donc remplacé sa maman en se donnant lui-même ce qu'elle n'a pas pu lui apporter en son temps.

C'est dans l'invisible qu'on apprend à voir, dans l'inaudible qu'on se met à écouter

A l'instar de l'artiste qui ne pense pas son œuvre avant de la faire, mais la découvre en l'exécutant, accepte de se laisser surprendre, le patient doit être disponible à l'inspiration, à lui-même, à l'énergie qui le saisira dans les séances. Le peintre et sculpteur Georges Braque disait qu' “il faut descendre jusqu'au chaos primordial et s'y sentir chez soi”.

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Né en Californie, dans les années 60, le mouvement de la Pensée Positive propose de ne voir que le côté positif des choses, de n’utiliser qu’un vocabulaire positif, en bannissant tout ce qui est négatif, dans la forme comme dans le fond. Il s'agirait de chan-ger ses pensées afin de modifier ses conduites. L'art de vivre se cultiverait, donc. Comme les tomates... Déjà, certains philosophes (du grec philo = ami et sophia = sagesse) ont proposé de se dégager des passions et des conventions sociales : les sages Confucius, Lao Tseu ainsi que Siddartha (le Bouddha) ont proposé un modèle de vie spirituel, dirigé par la conscience intérieure, à la même époque que les Stoïciens et Epicuriens en Occident (vers le Vème siècle avant J.C.). Chine, Inde anciennes et Grèce antique, “même combat” au même moment !

Les préceptes philosophiques “deviens ce que tu es”, “connais-toi toi-même” sont le pendant des “vivez l'instant présent” et autres “lâchez prise” de la Pensée Positive, l'art de vivre philosophique, à l'instar des techniques de changement personnel reposant sur le principe d'une transformation intérieure. Mais apprentissage, entraînement, expérience, discipline, maîtrise (plus exactement “tentative de”) ne s'adres- sent qu'à la partie consciente de la psyché. Et aucune stratégie “y'a qu'à” ne peut tenir bien longtemps, car la volonté consciente de changer d'habitude, de manière de penser, d'aimer, d’agir et d’être n'est d'aucun secours face à un “programme” “inversé”, destructeur, saboteur, inconscient et automatisé. Sans parler du fait que si vous n'y arrivez pas, vous risquez d'ajouter de la culpabilité à la souffrance déjà existante !

Tous les psys, de toutes les écoles, s'accordent à affirmer que notre vie est le reflet de nos “croyances”.

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Mais le néophyte n'entend pas le qualificatif implicite qui accompagne ce terme : elles sont avant tout in-conscientes. Si nous oublions cela, alors c'est la porte ouverte à toutes les injonctions, les stratégies, les conseils, les trucs et les astuces quasiment toujours inefficaces à long terme quand elles ne s'adressent qu'à la pensée consciente.

Personne ne peut avoir la clé du changement, ni ne peut devenir acteur de sa vie simplement à l'aide de stratégies conscientes de connaissance de soi ou d'acceptation (de ce qui ne peut pas être changé, de ce qui ne dépend pas de soi). Sans compter que la volonté est fragile. Toux ceux qui prennent des résolutions de début d'année le savent bien…

Et vous n'êtes pas responsable de la manière dont vous réagissez à chaque instant. Même quand vous avez l'impression de faire un choix conscient (de partenaire, de travail, de loisir, d'habitat, de prénom donné à vos enfants, de création...), celui-ci est sou-mis à une logique interne inconsciente. C'est toute la problématique du libre arbitre. Je suis libre de faire et d'être, au mieux, dans le cadre non choisi de mon “programme”. Avec un minimum d'introspection (ne serait-ce qu'analytique), je peux découvrir qu'aucun de mes choix, professionnel, affectif, n'est dû au hasard.

Certes, la discipline qui consiste à noter chaque jour trois choses pour lesquelles on se sent reconnaissant ne peut pas faire de mal à la tendance naturelle de l'humain à être davantage marqué par les éléments négatifs du quotidien même quand et s'ils sont moins fréquents (nous l'avons vu, cette tendance a eu son utilité dans l'évolution adaptative de l'espèce dans un contexte rempli de dangers).

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Une thérapie doit défier le prétendu “bon sens”. Elle doit être un pavé dans la marre du réel… irréel, ce “réel”, cette “réalité” n'étant que la vision (auto justificatrice) de la partie adaptée de notre person-nalité, qui n'a souvent rien à voir avec notre moi profond. Et, plutôt que de traiter un symptôme, il vaut mieux faire une restructuration de toute la personnalité pour la renforcer.

Denis Marquet, philosophe, thérapeute et romancier, écrit joliment dans son livre “Éléments de philosophie angélique” qu'“il faut laisser descendre les questions qui nous travaillent jusqu'à notre cœur, là où nous sommes en relation avec nos frères humains ; et jusqu'à nos viscères, le seul lieu où, en réalité, se décident nos actes et où se situent nos compétences inconscientes”.

Il y a deux sortes de pensée chez l'humain : celle, primitive, des images et celle, langagière, des mots. Nous ressentons les émotions et les sensations dans le corps. Pas dans la tête. Nous comprenons alors que cela ne peut être “dit” que sous forme de symboles, de métaphores, de langage du corps et du cœur (autrement dit, de l'inconscient), celui des rêves.

On part du principe que le problème se rattache à un souvenir bien enfoui dans la mémoire. La technique de “régression” projette le sujet dans son passé, où il peut explorer chaque étape de sa vie jusqu'à la période ou réside l'incident responsable du compor-tement actuel, afin de surmonter le problème.

Changer les automatismes du cerveau émotionnel est chose plus aisée que reprogrammer le cerveau ins-tinctif, car l'ancrage est plus archaïque. Mais dans les deux cas, il est question de court-circuiter la pensée

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en s'adressant principalement au corps, à ses sensa-tions, ainsi qu'à leur représentation métaphorique. Dans la mesure où les “traumatismes” vécus avant l'âge de trois ans ne sont pas stockés en mémoire explicite, on n'a pas d'autre choix que de les re-chercher dans l'inconscient pour en déprogrammer l'émotionnel négatif, et ce, en s'appuyant sur les res-sources de la personne.

La connaissance d'un problème n'est pas toujours in-dispensable pour intervenir et obtenir des résultats durables. Par contre, il ne peut pas y avoir de guérison sans le réveil des souffrances endormies par les répétitions analgésiques que nous avons mises en place inconsciemment.

Comment unir la rapidité de l'instinct (le réflexe juste de l'animal) et les lumières de la sagesse ?

En faisant appel à l'intuition, ainsi qu'à l'énergie, au désir, à l'imagerie qui nous ouvrent les portes sur d’autres niveaux de réalité qui ne se limitent pas à nos cinq sens et nous relient à la nature et au vivant.

Avec l'énergétique

La science commence à reconnaître que nous avons une structure non seulement neurologique, hormo-nale, anatomique et immunologique, mais également “énergétique”. Tout comme nous étions incapables il y a une soixantaine d'années de mesurer la présence de particules subatomiques (un composant de la matière de taille inférieure à un atome), nous ne sommes pas plus en mesure, à l'heure actuelle, de détecter nombre d'énergies subtiles au moyen de nos cinq sens ou de nos instruments scientifiques les plus pointus. Seule notre intuition nous permet de déceler leur présence.

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Qu'est-ce que l'énergie ? Einstein postulait que la matière et l'énergie sont des aspects équivalents et interchangeables d'une même réalité (“champ uni-versel”). Si la matière n'est donc pas autre chose que de l'énergie sous forme de vibrations, cela signifie que ce que nous percevons comme notre corps phy-sique n'est autre qu'un ensemble de champs éner-gétiques qui ont pris une forme particulière. Tout se trouve dans des états variables de vibration et de mouvement. Notre corps, à l'instar des océans, de l'univers, se compose de nombreux champs énergétiques qui pulsent en interaction les uns avec les autres.

Aux yeux de la médecine traditionnelle chinoise, la maladie résulterait de blocages ou de déséquilibres énergétiques et tout son art consiste à rétablir l'har-monie au sein de ces flux d'énergie, sur la base d'une “carte” des centres énergétiques principaux (“méri-diens”, “chakras”) : cf. l'acupuncture.

En physique, on parle d'énergie et de ses manifestations sous forme d'électricité, de lumière, de chaleur, etc. C'est exactement la même chose en psychologie. Jung, par exemple, considérait les pulsions humaines comme des formes analogues à la chaleur, à la lumière, sous lesquelles se manifestent les processus énergé-tiques. Toute énergie procède de deux pôles contraires, inhérente à tout ce qui vit : tension entre le chaud et le froid, le haut et le bas, le masculin et le féminin...

Soubassement de la vie psychique, l'énergie est préexistante à celle-ci et, par conséquent, d'abord inconsciente. En séance, elle affleure souvent sous forme d'images, de métaphores et/ou de sensations. Le monde de l'esprit est-il réductible à une simple activité neuronale ?

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Certains, comme moi, ne ressentent pas toujours ce qui se passe dans leur corps pendant une séance de soin énergétique, mais constatent les effets de la séance dans l'après-coup ; d'autres ressentent non seulement très fortement l'énergie qui circule dans leur corps, mais comprennent sur quoi le thérapeute est en train de travailler.

Dans ma pratique de psy, ce que j'en comprends, c'est que l'énergie psychique reste bloquée tant que la personne ne donne pas libre cours à son besoin d'expression d'une émotion négative. C'est pourquoi je vais l'accompagner et l'encourager à aller au bout du besoin qu'a son cerveau de “régler ses comptes”, même si cela peut lui paraître parfois violent, en lui expliquant que son cerveau traite de la même façon l'imaginaire, le symbolique et le réel ; en effet, nous trouverons la même localisation cé-rébrale et les mêmes processus mentaux pour le souvenir ou la projection d'une scène, qu'elle soit réelle ou imaginaire. La personne pourra s'autoriser à arracher la tête de son bourreau par exemple, tout cela restera dans le cabinet ! Et elle n'aura, concrètement, fait de mal à personne. Mais son cerveau sera soulagé, son corps débloqué (quand l'émotion négative se niche dans une de ses parties), et sa psyché apaisée. Bref, elle aura bouclé une boucle énergético-émotionnelle.

Avec la respiration

La respiration, c'est la vie. Et nous savons que chaque émotion ou pensée est associée à un schéma respira-toire particulier. Ré-apprenons donc à respirer…

En modifiant consciemment le schéma respiratoire, on peut affecter profondément le champ énergétique

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et s'ouvrir ainsi à des états de conscience étendus, permettant de mettre en route un processus naturel de la guérison du système corps-esprit.

“Pulsée”, “abdominale”, “nasale”, avec focalisation de l'attention ou non, le but est d'obtenir, grâce à une res-piration “équilibrante”, un sentiment de paix intérieure et d'unité. Vous trouverez un grand nombre d'exercices dans le livre du Docteur Léonard Laskow “L'amour, énergie subtile de la guérison”.

Avec le “mindfulness“ ou “pleine conscience”

La méditation de pleine conscience, c'est apprendre à être vraiment présent à ce que l'on vit. Au moment où on le vit. Juste maintenant. Avec notre esprit tout entier et notre coeur. Cela permet de résister à la dispersion, d'être moins stressés, plus concentrés, de se relier à toutes les ressources de notre corps et de nos sens. Il s'agit de porter son attention sur l'expérience qui se déroule, émotionnelle, sensorielle et mentale, moment après moment, sans se juger et sans se blâmer.

“Tout est là, juste là”, comme l'écrit la psychologue Jeanne Siaud-Facchin.

Avec la sophrologie

En renforçant la présence du corps dans la conscience, en libérant toutes les sensations ou toutes les ten-sions corporelles (relaxation), le but de la sophrologie est l'intégration de tous les éléments psychologiques et physiques de la personne humaine, c'est-à-dire la force qui l'anime. La technique, yeux fermés, consiste à passer par toutes les phases de la respiration (inspiration, rétention, stimulation ou tension douce,

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expiration, relâchement), chaque série stimulant tour à tour différentes régions corporelles. S'ensuit un temps d'intégration, moment privilégié pour percevoir les zones stimulées intégrées au corps tout entier.

Le schéma corporel est une notion complexe qui recouvre la représentation mentale du corps, son “dessin”, les sensations formes, volumes, posture, etc… et qui permet la conscience de soi. En s'ap-puyant sur les sensations corporelles, il ne s'agit pas tant de se représenter notre corps (schéma) que de le sentir/ressentir, de le vivre tel qu'il est réellement, d'être attentif aux informations perçues dans ses différentes parties, afin de renforcer les structures positives que nous avons tous en nous.

Avec la “maieusthésie”

De Maieutikê (art d’accoucher) et de Aisthanesthai (sensibilité, art de percevoir), la Maïeusthésie est une approche fondée dans les années 70 par le psychothérapeute Thierry Tournebise, qui consiste en l’écoute, l’accueil et l’accompagnement de ces parts en nous qui n’ont jamais été entendues (“déniées”) et attendent depuis toujours d’être reconnues.

Cet “art d'être sensible au processus de naissance de soi” permet de prendre en compte et d'accompagner les émotions, de reconnaître la souffrance sans cher-cher à rassurer ni faire disparaître ou même atténuer ce discours émotionnel, car l'énergie contenue dans cette émotion possède sa part de sagesse et d'en-seignement pour l'individu. Il ne s'agit pas de guérir, mais de mettre au monde la part de soi qui se mani-festait jusqu'alors à travers ses symptômes gênants.

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A l'aide du langage métaphorique de l'inconscient, par opposition à la pensée

analytique du conscient

“Chez tout homme, la conviction intellectuelle s'enracine dans l'émotionnel”

(Milton Erickson)

L'esprit conscient réagit d'une certaine façon, conven-tionnelle et bien établie, alors que l'esprit inconscient permet d'explorer de plus vastes perspectives. Nos chères idées, nos opinions, nos jugements auxquels nous tenons tant, auxquels nous nous sommes identifiés, nous leurrent et nous emprisonnent. Heureusement, nous avons tous la faculté de passer du conscient à l'inconscient, la capacité de voir les choses différemment que par la pensée consciente.

Dans un état de relaxation physique et de concen-tration mentale, la personne peut dépasser la partie de son esprit uniquement régie par la logique, elle peut lâcher prise et mettre son esprit d'analyse de côté, déclenchant ainsi la mise en fonction des processus inconscients qui vont lui permettre de rechercher et explorer ses ressources intérieures pour mieux modifier, voire défaire un schéma patholo-gique fait de sensations, d'images, de pensées et de croyances bien ancrées.

La communication sous forme de métaphores présente l'énorme avantage d'être très facilement acceptée car elle ne présente aucun danger, ne contenant aucun ordre, aucune contrainte de quelque nature que ce soit. Le patient est en mesure de conserver toute son indépendance et son libre-arbitre puisqu'elle s'adresse à ces instances en lui qui sont inconscientes, même si le thérapeute peut lui fournir des explications

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rationnelles. L'esprit, avant même l'apparition des mots, avant la pensée, épouse le mouvement du monde. Souvent archétypales, les métaphores proviennent des pré-conditionnements instinctifs. N'ayant rien à voir avec la raison, elles ont leur auto-nomie et représentent la voie royale pour s'adresser directement à l'inconscient, puisqu'elles en parlent la langue.

Elles ont également l'avantage de permettre des recadrages (surtout par rapport à la pensée persuadée d'avoir raison, justifiant en permanence sa vision déformée de la vie), d'installer des ressources et de pratiquer des interventions en profondeur. Elles per-mettent l'accès à tous les systèmes de représentation sensorielle interne du sujet, ce qui favorise le travail de l'imaginaire. Les adolescents sont souvent preneurs de ce genre d'outil, eux qui en général n'aiment pas aller chez les psys (“pas envie de parler”…).

Nous avons vu que la pensée primitive, avant le langage, est composée d'images et la pensée sym-bolique, de mots. La conceptualisation non verbale est mille fois plus rapide que la conceptualisation verbale, elle tombe dans le subliminal (ce qu'on appelle l'intuition).

Les personnes qui réfléchissent en/avec des images ont un processus mental tellement rapide (32 images par seconde) qu'elles n'en sont même pas conscientes. Leur pensée va entre six et dix fois plus vite que quelqu'un qui utilise un mode verbal (entre 2 et 5 pensées - mots isolés conceptualisés - par seconde).

Lorsqu'on lit, le cerveau convertit des caractères en mots avec des sons et combinent ceux-ci pour qu'ils

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forment un discours. Pour comprendre les mots, lors-qu'elles les lisent ou les écrivent, les personnes qui fonctionnent avec leur cerveau droit (les dyslexiques, par exemple) font des milliers d'opérations mentales en plus des autres, ce qui les rend paradoxalement lentes et explique leurs troubles de l'apprentissage (basé sur le conditionnement). Les enfants dyslexiques, avant l'entrée à l'école, n'ont bien souvent pas intégré le modèle linéaire de la pensée verbale à l'aide des sons du langage, ce qui peut prendre jusqu'à deux ans pour un autre enfant.

Visuelles et kinesthésiques, ces personnes fonction-nant préférentiellement avec leur hémisphère droit sont capables d'imaginer la structure hélicoïdale de l'ADN, mais pas de résoudre un problème de maths de CM2 ! Car elles ne pensent pas à l'aide des sons du langage, ne reconnaissent pas certains symboles (ceux auxquels elles ne peuvent pas rattacher d'image ou d'action), n'ont pas de monologue interne. Elles sont par contre extrêmement conscientes de leur environnement, qu'elles voient comme un film multi -sensoriel en trois dimensions, sont très curieuses et ont une imagination très vive. C'est le cas de mon compagnon, qui a plus de facilités pour parler en “images” à un patient quand cela est nécessaire (pour contacter son vécu primaire) et est d'autant plus “doué” pour ça qu'une pensée intuitive (imagée, donc) est une pensée non consciente.

Il est si dommage que, tous, nous nous spécialisions ! L'idéal serait de penser à la fois de façon verbale ET non-verbale. Depuis que j'ai compris ces phéno-mènes, j'ai coutume de dire que je suis “handicapée de la pensée rapide en images”. Je n'ai pas ce “don perceptif” et parfois cela me manque dans le cadre de mon métier.

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Dans un état de conscience modifié ou “hypnose”

Malgré son nom, issu du grec Hypno, qui veut dire sommeil, et contrairement à ce que pense la majorité des gens, l'état hypnotique n'a pas de relation directe avec le sommeil ordinaire. L'état d'hypnose ne consiste absolument pas à être endormi mais, au contraire, à modifier sa conscience (état de vigilance ordinaire) pour mieux porter son attention sur certains aspects du fonctionnement psychique.

Ce qu'on appelle “transe” est un état naturel que nous expérimentons tous les jours, entre veille et sommeil : un peu fatigué devant la télévision, ou lorsqu'on oublie de passer au feu vert parce que parti dans nos rêveries ; ou encore, au moment où, aux portes du sommeil, nous ne sommes pas tout à fait éveillés ou pas encore endormis, etc. Ce qui permet d'affirmer que toute personne est sensible à l'hypnose, à condi-tion de bien vouloir s'y prêter. Vous trouverez dans le chapitre “L'hypnothérapie” toutes les explications sur le fonctionnement de cet outil merveilleux.

UNE EXPERIENCE QUI EXIGE UNE BONNE DOSE DE COURAGE ET QUELQUES

EFFORTS

En effet, c'est quelquefois exigeant...

Pourquoi pas tout(e) seul(e) ?

Beaucoup de gens demandent s'ils ne peuvent pas trouver la solution tout seuls, changer, en comprenant d'abord, puis en mettant en place, par exemple, des stratégies émotionnelles (“je décide de ne plus me mettre en colère”) ou relationnelles (“je ne me fais plus avoir”) et/ou comportementales (“j'arrête de fumer /

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manger / boire / jouer” ou tout autre comportement compulsif). C'est ignorer la force, la puissance des conditionnements. Sans un guide extérieur, impossible de sortir de notre vision inconsciente du monde, de soi, d'autrui. Impossible de contrer la répétition de schémas automatisés !

La thérapie, avec qui ?

Chaque individu est unique et il convient de lui adap-ter une approche “sur mesure”, en conjuguant flexi-bilité et ouverture d'esprit. On ne peut demander à un patient de faire quelque chose qui serait contre ses règles de morale, ses valeurs ou contre sa propre volonté. Ni maître ni gourou, le thérapeute, même s'il intervient parfois de façon directive, inductive, ne fait qu'émettre des propositions car il ne sait pas, à priori, ce qui conviendra le mieux au sujet.

Ce qu'on appelle “l'alliance thérapeutique” passe par la relation de confiance mutuelle qui doit s'établir entre le psychothérapeute et le patient. Il faut avant tout que le patient accepte de coopérer et, pour le thérapeute, il s'agit de s'adapter à la demande du patient : désire-t-il être soulagé de symptômes exis-tants ? Veut-il simplement connaître l'origine de ses troubles ? Ou bien prévenir le développement ou la résurgence de ses problèmes ? C'est l'objet de la première séance. Le praticien va s'appuyer sur cette relation de confiance pour jouer le rôle de catalyseur de ressources, de guide pour aider le patient à contac-ter sa propre capacité à guérir, à trouver ses outils pour réparer et cicatriser ses blessures psychiques.

La communication existant à deux niveaux – conscient et inconscient -, il est très important que le thérapeute en tienne compte et sache à quel niveau

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de la personne il s'adresse et quel est celui à partir duquel la personne s'exprime.

Tout “bon” (compétent) thérapeute est forcément intuitif, créatif, souple, capable de contourner les résistances des patients, ou de les utiliser quand, por-teuses d'énergie, elles sont la porte qui donne sur un trésor que l'on aurait jusqu'à présent tenté d'ouvrir avec une mauvaise clé. Il doit être également capable de se poser des questions, quand “ça ne fonctionne pas” (derrière chaque obstacle à la thérapie il y a une information à découvrir ; toute résistance a une fonction positive, est une alliée et non une ennemie).

Nous comprenons donc que la personnalité du théra-peute compte pour beaucoup. On parle de charisme, d'empathie, d'un mélange d'assurance, de confiance dans la méthode employée et dans les ressources du patient, d'attention et de délicatesse.

Les principaux freins à la thérapie Une confusion entre être, faire et paraître

Nous l'avons vu, l'identité est constituée d'un en-semble d'éléments qui s'installent et se développent en nous progressivement, en fonction des interac-tions constantes (présentes dès avant la naissance) entre notre environnement et notre noyau dur (“carte génétique”) qui agence à sa façon unique ce qui nous vient de l'extérieur.

Nous sommes tous conditionnés par le contexte, via des identifications et une adaptation à des valeurs qui peuvent nous éloigner de notre noyau naturel. Et nous confondons souvent notre identité avec l'image que nous avons de nous-même (une sorte d'identité par procuration) ou que l'on nous a don-

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née de nous-même. Tous ces amalgames identitaires sont réducteurs et provoquent des méconnaissances importantes sur notre identité indépendante de nos actes, de nos processus internes, de nos émotions, de nos pensées et de notre apparence.

Ce que nous trouvons “normal” (avec notre pensée consciente) est souvent ce qui sous-tend les résis- tances dans la thérapie : des schémas de pensée vision du monde, de soi et d'autrui) et de compor-tements (adaptatifs au départ, puis limitants avec le temps et les contextes qui évoluent) ancrés au plus profond de nous. S'en débarrasser peut prendre du temps, car il s'agit de créer de nouvelles routes neuronales, assez puissantes pour prendre la relève des anciennes.

Parfois, en séance, une révolution a lieu, mais d'an-ciennes croyances reprennent le dessus sur la nouvelle information, qui ne tient donc pas jusqu'à la séance suivante. Il faut continuer, recommencer ! Car ces identifications, plus ou moins dommageables ne sont en général, et heureusement, que partielles. Et si on n'intervient pas à ce niveau d'impasse identitaire, la thérapie reste superficielle.

Par ailleurs et même si, dans l'absolu, toute personne a les ressources pour guérir, dans la réalité ce qui est demandé pour sortir de sa problématique repose sur une souplesse psychique malheureusement parfois absente, la partie saine de l'individu ne pouvant plus être contactée. C'est la raison d'insuccès thérapeu-tiques avec certains patients.

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Mécanismes de défense

Avec sa fille Anna, Freud a repéré et listé les stratégies mentales inconscientes visant à maîtriser l'angoisse générée par les conflits intérieurs, certaines adaptées, d'autres moins, et d'autres encore, pathologiques.

Ces mécanismes sont à respecter car ce sont les seuls moyens dont le patient dispose pour faire face à ses difficultés. Nous avons vu plus haut que l'enfant est très tôt confronté à la peur de mourir. Il s'accroche à la vie au moyen de protections psychiques élémen- taires : il s'agit des premiers "mécanismes de défense" pour maîtriser, contrôler, canaliser les dangers externes et internes.

Adaptatifs, ils peuvent faciliter aussi bien l'homéos-tasie psychique que l'adaptation de la personne à son environnement. Par contre, utilisés de manière trop fréquente ou continue, ils sont pathogènes, mobilisant beaucoup d'énergie, maintenus au prix d'un grand effort psychique.

Quelques exemples :

- Le “refoulement” est un mode de défense privilégié contre les pulsions : un sujet, confronté à une repré-sentation insupportable, la refoule, faute d'avoir les moyens de la lier par un travail de pensée aux autres pensées. Un désir a essayé d'accéder à la conscience et a été renvoyé dans l'inconscient sans avoir pu y accéder, l'effaçant même de la mémoire. Cepen-dant toujours actif, ce désir devient le moteur caché d'actes ou de comportements.

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- La “rationalisation” (à rapprocher du “contrôle par la pensée” ou “intellectualisation”) offre une belle résistance en thérapie : c'est jouer avec les mots et les idées pour mettre de côté les pulsions, les affects. Que d'argumentations compliquées, parfois, pour masquer des intentions sous-jacentes…

- L'un des plus costauds est le “déni”, qui permet de ne pas voir, de refuser de façon inconsciente une partie ou l'ensemble d'une réalité dangereuse ou de banaliser une blessure douloureuse, de nier l'exis-tence d'un fait qui entre trop en contradiction avec ses croyances, ses désirs ou ses valeurs.

- La “dissociation” est également une altération des fonctions d'intégration de la conscience, de la mémoire, du comportement sensorimoteur, de la per-ception de soi ou de l'environnement. Quelqu'un est “dissocié” lorsqu'il est dans l'impossibilité de contac-ter ses émotions et/ou ses sensations, par exemple.

- Le “clivage” est un mécanisme très primitif, considéré comme la défense la plus archaïque face à une menace et contre l'angoisse, où l'“objet” visé par les pulsions libidinales et agressives est scindé en bon et en mauvais objet aux destins indépendants (par exemple une bonne ET une mauvaise mère).

On parle également de “clivage” quand, par exemple, en cas de grave agression physique, la psyché se clive : d'un côté les horreurs que subit le corps, de l'autre l'esprit, qui est ailleurs. C'est un mécanisme de défense très coûteux : quand c'est clivé, c'est clivé, on ne recolle pas les morceaux si facilement.

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Bénéfices primaires et secondaires

Prenons l'exemple d'un patient qui a travaillé long-temps sur lui sans résultat. Une partie dépressive résistait au changement. Il n'a pu avancer que lorsque le thérapeute a compris que cette partie avait pour tâche de lui supprimer l'énergie nécessaire au passage à l'acte... suicidaire ! Car une autre partie en lui, plus ancienne, était homicide. La partie dépressive de cet homme préservait ainsi un bénéfice primaire (protéger l'ensemble du système) et un bénéfice secondaire (en rapport avec l'environnement humain).

Un autre exemple de bénéfice, secondaire celui-ci : une patiente cherchait à résoudre ses problèmes de poids, en vain. La partie d'elle qui l'empêchait de se donner les moyens de perdre les kilos la protégeait contre... des rencontres privilégiées potentielles avec les hommes, dont elle avait en réalité très peur ! Pas d'angoisses, ainsi ! La fonction “écologique” de cette partie jouait à plein…

Nous comprenons avec ces exemples que les bénéfices “primaires” d'un comportement (ou d'une pensée ou d'un sentiment) touchent directement le niveau de l'identité d'une personne, sa perception d'elle-même, ce qu'elle pense d'elle, ses croyances, ses valeurs et ses capacités et ressources. Les bénéfices “secondaires” concernent, eux, l'interaction avec l'environnement (humain et matériel). Lorsque ces deux types de bénéfices sont contradictoires, cette opposition peut devenir un obstacle majeur au bon déroulement d'une thérapie.

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DIVERSES APPROCHES

En raison de l'insuffisance de la médecine officielle à guérir certains troubles, les psychothérapies se sont largement développées et diversifiées. Leur origine remonte à la fin du 19ème siècle, grâce aux travaux de Sigmund Freud. Sa façon d'appréhender l'esprit humain et de comprendre la personnalité humaine, dans un état sain ou pathologique, lui a permis de dévelop-per les techniques de base de la psycho-analyse.

Après la deuxième guerre mondiale, de nouvelles méthodes thérapeutiques permettant des traitements tout aussi efficaces et réalisables sur une durée plus courte que les psychanalyses classiques sont apparues dans les pays anglo-saxons, principalement aux États-Unis. À l'origine, pour des questions de rembourse-ments par les organismes de santé, il fallait pouvoir résoudre les difficultés en moins de dix séances, ce qui suffisait dans la grande majorité des cas.

Des thérapeutes se sont regroupés pour travailler sur l'élaboration de méthodes efficaces qui ont représenté un tournant dans la psychothérapie qui, auparavant, pouvait durer des années. Les travaux cliniques du psychiatre Milton Erickson ont été par-mi les précurseurs de ces méthodes (un bon côté de la culture pragmatique américaine !). Actuellement toutes ces thérapies s'offrent comme des possibilités de traitement, qu'il s'agisse d'insatisfaction sur cer-tains aspects de notre vie ou de notre personnalité ou encore de “détresse émotionnelle” provoquée par un événement particulier (changement de mode de vie, deuil, annonce d'une maladie grave, problèmes conjugaux, traumatismes, etc.) ou de maladie (quand elle est d'origine psychique).

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Thérapies analytiques et thérapies “brèves”

On ne peut pas accomplir un travail identique en quelques semaines, quelques mois, ou plusieurs années. Les processus psychiques évoluent très len-tement et il est parfois impossible de bousculer les patients : en effet, le travail avance en fonction de ce qu’ils peuvent supporter et du temps dont ils ont besoin pour résoudre leur problématique.

- Thérapie analytique, psychanalyse -

Selon Freud, l'être humain est régi par trois entités mentales distinctes, le “ça”, le “moi” et le “sur-moi”.

- Le “ça” se trouve dans l'inconscient, il est la source de désirs, de sentiments et de pulsions les plus élémentaires. - Le “sur-moi” réside principalement dans l'inconscient et a le rôle de censurer et de contrôler nos pensées et nos actes - c'est en quelque sorte la conscience morale. - Le “moi” est la partie consciente, responsable de la pensée, de la conscience de soi, de la prise de décision et du jugement, le tout cependant en partie sous l'emprise de l'inconscient.

Ces trois entités sont animées par une force vitale nommée “libido”. Lorsqu'elles sont en conflit, les problèmes psychiques (névroses) font leur apparition, la plupart étant le résultat d'expériences vécues dans la petite enfance.

Si l'une des trois instances est constamment contre-carrée ou frustrée par l'une des deux autres ou les deux (par exemple un conflit entre les désirs et les in-terdits), le refoulement s'exprimera sous la forme d'un

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trouble émotionnel, comportemental et/ou physique. Toujours selon Freud, l'inconscient ne serait composé que de pulsions et de désirs refoulés, les conflits et les frustrations qui en résultent pouvant resurgir de multiples manières : rêves, lapsus, actes manqués, symptômes divers, tous “retours du refoulé” à partir desquels le patient va pouvoir travailler.

Le dispositif psychanalytique est basé sur deux axiomes essentiels : les associations libres (expression spontanée de tout ce qui vient à l'esprit du patient : images, mots, souvenirs...) ainsi que la neutralité bien-veillante et l'écoute flottante (libre de tous préjugés) du psychanalyste. Le patient doit poursuivre le fil de sa pensée, de ses émotions, de ses visualisations et de ses sensations sans aucune censure. Ce dispositif (d'autant plus lorsque le patient est allongé) permet l'émergence de matériau inconscient grâce à l'état du cerveau qui est en ondes alpha (cf. chapitre sur les ondes corticales), seul rythme cérébral qui permet l'accès aux profondeurs de la psyché.

Un autre élément-clé de l'analyse est le phénomène du transfert : le psychanalyste sert de support au patient qui “transfère” sur lui les émotions et les sentiments refoulés de son enfance dans la relation actuelle afin de s'en délivrer. Pendant le traitement, le patient identifie le psychanalyste à des “objets” d'at-tachement, à des personnages de son passé, aimés ou haïs, souvent membres de sa famille. Ceci peut créer des liens émotionnels forts auxquels l'analyste répond en assumant le rôle qui lui est assigné, élément crucial de la réussite de la thérapie analytique.

Au cours de ce transfert, le patient va revivre tout ce qu'il a vécu ; ces faits réactualisés dans la cure, reconnus et identifiés, il va ainsi pouvoir accéder à la

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vérité qui existe en lui, que quelqu'un pour lui, le psy-chanalyste, connaît. Ce sentiment persiste jusqu'au terme de la cure où il va se rendre compte qu'en fait c'est lui qui savait et que le transfert lui a permis de trouver la clé pour s'en débarrasser.

Le patient doit être motivé pour réaliser cette trans-formation générale de la vie mentale, qui demande de se plier aux contraintes de la cure pour réaliser ces changements internes via un échange continu et intensif avec le psychanalyste. L'essence de la cure est donc la découverte, à deux, des éléments in-conscients et refoulés à travers une exploration ap-profondie du passé du patient, comme une résonance d'inconscient à inconscient.

C'est ce avec quoi je suis le plus en accord : cette proposition de transformation profonde de la per-sonne, sur la base d'un “dialogue” d'inconscient à inconscient. Par contre, c'est la longueur de la cure pour ce faire, la dépendance au psychanalyste que cela génère et le coût de cette démarche qui ne me conviennent pas et me choquent parfois. J'ai moi-même été en analyse pendant cinq ans et je n'y ai pas trouvé le soulagement ni l'évolution dans ma vie affective que j'y cherchais. Cette démarche m'a en outre entretenue dans mon vécu de victime plaintive, dans mon positionnement infantile rebelle vis-à-vis de mes parents. Mais ce n'est que mon expérience et je connais moult personnes très satisfaites de leur analyse.

Je pense néanmoins qu'un psychanalyste “humaniste” peut réussir à mettre un sujet sur un chemin d’in-dividuation. Mais on est alors dans le cadre d'une approche empathique (si importante pour les clients souffrant, par exemple, de blessures narcissiques) et

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dont le modèle développemental est basé sur des dé-ficits plutôt que sur des conflits intrapsychiques ; dans ce cas l'écoute est “active”, on est loin de l'“écoute passive” et de “la neutralité bienveillante” classiques, qui risquent de passer parfois pour de l'indifférence.

Nous connaissons tous des personnes ayant tourné en rond sur leur divan (ou leur fauteuil) pendant des an-nées. Et quand l'écoute “flottante” du psychanalyste frustre tellement le patient que cela réveille parfois des traumatismes chez lui, ou bien encore quand les résistances du patient empêchent les émotions et les sensations d'être convoquées et que sa parole n'est que celle provenant de son cortex pré-frontal, les discours se suivent alors, en se ressemblant désespérément.

La psychanalyse est un discours sur l'inconscient, mais c'est malheureusement souvent la conscience qui le tient. Quand la pensée est enfermée, elle tourne en rond, ne comprend pas l'inconscient, qui lui fait peur. Quand le psychanalyste “comprend” l'inconscient du patient, mais qu'il ne parle pas avec lui, “ça” res-sasse… Car c'est dans et par la pensée que l'homme s'échappe à lui-même, en pensant paradoxalement trouver la solution. Comme l'a dit Descartes, “l'âme pense toujours, et même quand elle pense qu'elle ne pense pas toujours, c'est encore elle qui le pense” ! C'est à cet écueil que se heurte tout thérapeute qui ne sait pas parler le langage de l'inconscient, se met-tant alors dans l'impasse avec ses patients.

Après avoir dominé la psychiatrie pendant 30 ans, la psychanalyse perd du terrain, n'offrant pas suffisam-ment la preuve de son efficacité. Et ses nombreuses écoles (freudienne, lacanienne, jungienne) n'arrivent pas à s'entendre entre elles, quand elles ne se concurrencent pas.

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- Thérapies brèves -

La psychologie s'est longtemps intéressée aux pathologies plutôt qu'au bien-être. Avec les thérapies brèves, on prend soin de soi. On peut déprogrammer des émotions négatives qui nous polluent la vie, ce qui va déjà grandement nous soulager.

Vous connaissez cette blague ? Un patient explique qu'il a commencé une analyse il y a dix ans, à l'âge de 30 ans, parce qu'il faisait encore pipi au lit. Aujourd'hui, à 40 ans, il fait toujours pipi au lit, mais…il sait pourquoi !

Quand je raconte cette histoire, je me dis que les théra-pies brèves ont réellement constitué une révolution au regard de ce qui existait en Europe jusqu'au 20ème siècle dans le champ de la psychothérapie. Même si la théorie psychanalytique prétend (et elle n'a pas tort !) qu'un symptôme éliminé ne peut ensuite que se “déplacer” (prendre une autre forme) si sa cause psychique profonde n'a pas été déprogrammée. Qui ne connaît pas des personnes rattrapées par leurs angoisses suite à un sevrage tabagique, par exemple?

Quelques techniques de thérapies brèves

Toutes proviennent de la psychologie humaniste an-glo-saxonne centrée sur l'épanouissement personnel. Et toutes exploitent, à leur manière, des mécanis- mes d'autoguérison naturels, présents dans le cerveau humain.

Ces techniques permettent d'agir, non pas sur ce que nous avons coutume d'appeler la réalité, mais sur une représentation de celle-ci, qui peut nous induire en

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erreur : nombre de conflits relationnels surgissent parce que nous partons du principe que l'autre possède les mêmes références que nous, utilise les mêmes cheminements de pensée et sait déjà ce que nous voulons dire. Ce qui est loin d'être toujours le cas !

Je vous présente, en les résumant, quelques unes de ces techniques et vous laisse, si cela vous intéresse, vous renseigner plus avant.

L'Analyse Transactionnelle (AT)

Eric Berne, un psychiatre américain, a mis au point cette psychothérapie “humaniste” dans les années 50, en Californie. Il est le premier à avoir proposé la notion d'“enfant intérieur”, dans lequel injonctions, permissions et mots d'ordre se sont assemblés pour y former un scénario de vie, en réaction aux injonc-tions plus ou moins accablantes ou plus ou moins constructrices qu'il a reçues.

L'AT est une grille d'explication du comportement des autres et de soi-même ainsi qu'une méthode d'évolution personnelle. Il est question d'observer comment nous interagissons, de repérer comment des “jeux psychologiques” sont mis en place dans le cadre d'échanges stéréotypés inconscients (entre “victime”, “sauveur” et/ou “persécuteur”).

Le patient apprend à repérer trois facettes de sa per-sonnalité qui le construisent : l'Enfant, le Parent et l'Adulte, facettes qu'il utilise pour échanger avec son entourage. Ces “instances”, avec leurs fonctions, leurs préjugés, leurs messages contraignants, leurs aspects négatifs et positifs sont à la source de toutes sortes de “transactions”, à la fois entre ces différents “États du Moi” et entre les divers interlocuteurs.

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Le type de questions qu'il est censé se poser grâce à l'AT sont les suivantes : quand je pense cela, est-ce le résultat d'une analyse rigoureuse de mon Adulte ? Ou s'agit-il de solides préjugés venant de mon Enfant Adapté ? Ou bien de conseils bienveillants de mon Adulte Nourricier ? Ou alors d'une pensée spontanée de mon Enfant Libre ? Ou bien d'un jugement ve-nant de mon Parent Critique ? De tous ces États, c'est l'Adulte qui permet l'intégration harmonieuse entre les désirs et les valeurs d'un individu, qui lui donne le sentiment d'être à l'aise dans l'existence, d'être authentique, autonome et spontané.

Pour ma part, je n'ai de l'AT qu'une connaissance théorique. Il m'arrive de faire un “egogramme” à mes patients pour leur permettre de réaliser où ils en sont de leur maturité psychique, “l'idéal” représentant l'Adulte à 10, le Parent Nourricier et l'Enfant Libre à 7, le Parent Critique et l'Enfant Adapté à 0.

Les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC)

Le cognitivisme (du latin cognitio = connaître) est une science de la pensée. Ainsi, l'élément essentiel et fondateur de l'approche cognitivo-comportementale est l'analyse des pensées et des croyances, ainsi que des comportements qu'elles provoquent.

Les traitements thérapeutiques cognitifs et com-portementaux ont comme support théorique la démarche scientifique expérimentale et les théories de l'apprentissage. Enrichies par l'apport des ap-proches cognitives, les thérapies ne prennent plus seulement en compte le comportement observable mais l'opinion que l'individu se fait de lui-même et de son environnement. Ces croyances (plus ou moins

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inconscientes) peuvent concerner autrui, le monde et/ou lui-même. Lorsqu'elles sont négatives, par conséquent limitantes, il va attirer inconsciemment et par focalisation les situations négatives redoutées, l'évitement (des “objets” ou des situations) renforçant paradoxalement sa peur (c'est pourquoi la première chose à faire en thérapie est de s'y confronter).

Exemples : si je “crois” que le monde est hostile, je vais émettre des signaux inconscients de victime qui vont m'attirer dans des pièges hostiles ; si je “crois” que “je ne peux compter que sur moi-même dans la vie”, je vais me retrouver avec un partenaire sur lequel je ne peux pas compter (“il ne prend pas d'initiative”, “il est passif”, mais c'est également moi qui ne lui laisse pas prendre sa place… inconsciemment !) ; si j'ai la croyance inconsciente que “les autres vont me juger dès que je parle ou fais quelque chose” (corrélée à une croyance sur soi-même de type “j'ai peur de dire une bêtise, de faire une erreur, de ne pas être à la hauteur”)... pensez-vous que je serai à l'aise pour intervenir en public ?

Et sans un retraitement par le cerveau de ces cognitions inconscientes, pas de changement possible ! Car le pilotage est en automatique, totalement inconscient. Un comportement inadapté a été appris dans cer-taines situations, puis maintenu, notamment par les contingences de l'environnement. L'objectif sera, à travers un nouvel apprentissage, de le remplacer par celui que souhaite la personne.

Les procédures de traitement font l'objet d'une des-cription précise et objective, utilisables auprès de tous les patients ayant des difficultés semblables (phobies diverses, crises d'angoisse, etc.). Les séances (une dizaine en général) consistent à exposer ces derniers

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à des situations anxiogènes de façon imaginaire ou réelle, et de chercher quelle(s) croyance(s) se cachent derrière, pour proposer à la place des cognitions réalistes.

Si, par exemple, le thérapeute débusque avec un patient, derrière sa phobie de parler en public, qu'il porte la croyance “je vais dire une bêtise” ou “les autres vont forcément me juger négativement”, il lui demandera de remplacer cette cognition limitante par une cognition réaliste du type “je fais ce que je peux” ou “je m'accepte comme je suis, avec mon niveau de connaissance tel que et où il en est” ou “j'ai le droit de me tromper” ou “je suis bien comme je suis” ou encore“les autres n'ont pas for-cément le désir de me juger”. L'un des éléments clé de cette Thérapie Cognitive Comportementale est donc la “restructuration cognitive”, ce qui demande au patient une remise en cause de son rapport au monde et pourra être utilisée afin de constituer une stratégie adaptée pour atteindre les objectifs fixés et définis avec lui.

La TCC, qui se distingue en cela des autres psycho-thérapies, met l'accent de préférence sur les causes actuelles du comportement qui pose problème plutôt que sur les causes inconscientes. Elle ne s'intéresse pas à l'histoire passée du sujet, ni même à son enfance, mais à la partie visible et actuelle du trouble. Elle travaille sur les pensées et les comportements en rem-plaçant progressivement les opinions et les croyances négatives ou erronées du patient en souffrance par des croyances réalistes, ce qui débouche sur l'appren-tissage de nouveaux comportements. On peut donc en attendre qu'elle fasse disparaître un symptôme (une phobie, souvent), mais pas qu'elle transforme la personnalité en profondeur.

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Les Constellations Familiales

Nos comportements dysfonctionnels, malaises et autres maladies, seraient le reflet de conflits non réglés des générations précédentes : secrets de famille, ex-clusions, deuils non faits, etc. Dans cette perspective, nous faisons partie d'un système familial constitué de nos parents, frères et sœurs, conjoint(s), enfants, mais également des générations antérieures et de toutes les personnes impliquées dans le destin de notre famille.

Le but des constellations est de rétablir l'ordre dans le système familial et de permettre à chaque membre d'assumer la charge des responsabilités qui lui in-combent, de réintégrer sa place par la mise en lumière des événements que l'on croit oubliés et de leurs im-plications cachées. L'acceptation du passé par des gestes symboliques ou des paroles précises permet-trait à la personne et sa famille de ne pas reproduire les mêmes schémas grâce à l'émergence d'une vision nouvelle et plus harmonieuse du système.

Le principe est de “poser la famille dans l’espace” en choisissant des représentants du système familial parmi les participants qui vont parfois ressentir des émotions intenses, alors qu'ils ne connaissent pas les personnes concernées ! Ce vécu et ces réactions par des inconnus vont pouvoir être interprétés comme une indication sur ce qui a pu se jouer dans le passé ou se joue encore dans le présent entre ces êtres.

La première fois que j'ai fait une constellation fami-liale, avec un groupe de 40 personnes, j'ai tellement pleuré que j'étais épuisée à la fin de la journée ! Je ne peux pas dire si cela m'a aidé personnellement, mais j'ai beaucoup apprécié cette expérience forte,

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très humaine, générant une énorme empathie pour la personne qui vous a désignée pour représenter l'un de ses ascendants, aïeux, ou bien une sœur, une mère ou une fille, avec ce côté “magique” du jeu de rôle… Il se trouve que mes différentes réactions émotionnelles (tristesse, indifférence, colère) et mes positionnements (dans l'espace et par rapport aux autres membres de la famille) ont correspondu à chaque fois aux réactions et positionnements des personnes réelles, au dire de ceux et celles qui m'avaient choisie !

Mais cela reste une méthode qui prête à polé-mique. Certains parlent de manipulation mentale de la part du leader de ces constellations. Quoi qu'il en soit, il faut impérativement que la personne qui les mène sache comment rattraper des situations bloquées ou aider des personnes souffrant parfois de façon spectaculaire. Cette première fois pour moi a été intéressante car la thérapeute, allemande, formée elle-même par l'inventeur de cette méthode (Bert Hellinger), en avait une longue expérience. Les autres fois, avec d'autres thérapeutes, m'ont plutôt mise mal à l'aise : beaucoup d'hystérie et de réactions non canalisées…

“Eye Movement Desensitization and Reprocessing” (EMDR) ou “Désensibilisation

et Retraitement adaptatif de l'information par les Mouvements Oculaires”.

Ce chapitre me donne l'occasion de rendre un hom-mage à David Servan-Schreiber, dont la grande modestie et l'humanisme m'ont marquée, comme elles ont marqué, je pense, tous ses “élèves”, lecteurs et auditeurs (il donnait beaucoup de conférences). Il a expliqué sa “nouvelle médecine des émotions” dans

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son livre “Guérir (le stress, l'anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse)”, dont je me suis en partie inspirée pour certains chapitres de ce livre. Par l'angle de la neurobiologie, il a démontré à quel point certaines techniques pouvaient soulager l'émo-tionnel négatif sous-jacent à nos symptômes. Et a contribué ainsi à faire connaître l'EMDR en France.

Je sortais des cinq années d'études universitaires requises pour obtenir le diplôme de “Psychologue Clinicienne”, pendant lesquelles j'avais été abon-damment abreuvée de théorie psychanalytique, et me retrouvais impuissante à soulager mes premiers patients ! Les écouter, établir une bonne alliance thé-rapeutique, leur demander de revenir parler de leur(s) problème(s)… J'avais fait ça moi-même pendant de longues années, suite à mon divorce douloureux, et j'en étais toujours au même point : mon enfance- difficile-avec-papa-et-maman… Je me suis donc formée à l'EMDR et, dès la première séance avec David (en tant que cobaye devant de nombreux autres psys en formation), j'ai déprogrammé une culpabilité d'enfant totalement inconsciente.

L'intégration neuro-émotionnelle par les mouve-ments oculaires, dont les trois maîtres-mots sont : exposition, désensibilisation et reprogrammation, permet de cicatriser de grandes douleurs en s'ap-puyant sur les capacités naturelles de guérison du cerveau. Cette approche est qualifiée d' “intégrative” car, à l'instar de la psychanalyse, elle favorise les as-sociations libres et réveille de nombreux souvenirs, enfouis dans l'inconscient ; comme dans l'approche centrée sur le patient de Carl Rogers, le psychothé-rapeute s'abstient de toute interprétation ; comme l'hypnose, elle favorise un état de conscience modi-fié et exploite la “dissociation” mentale entre divers

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niveaux de perception de la réalité ; comme en ana-lyse transactionnelle, elle distingue les divers “états du moi”. Et comme les TCC, elle implique des procé-dures précises, une exposition à ce qui fait souffrir et une évaluation chiffrée du vécu subjectif : on cible les “souvenirs sources” non traités qui contiennent les émotions, les sensations et les croyances négatives, afin que ceux-ci soient enfin retraités de façon adap-tative par le cerveau (“digérés”).

Cela explique que nombre de praticiens EMDR ont ajouté cette technique à leur pratique habituelle, à leur méthode de référence.

L'EMDR a pour l'instant surtout fait ses preuves dans les cas d'états de stress post-traumatiques (ESPT) qui rendent la vie parfaitement impossible, les dégâts dans l'organisation psychique étant considérables : l'information non élaborée reste telle qu'elle était initialement, comme si le temps était arrêté, suspendu. Le fait traumatique demeure en permanence présent, non traité, il ne peut pas passer en mémoire profonde. Les distances spatiales et temporelles sont abolies. Le sujet n'a pas de recul, ne peut pas s'en souvenir comme d'un simple événement désagréable, sans les affects, les sons, les odeurs, les sensations physiques. Ces dif-férents éléments sensoriels n'étant pas désactivés, une grande variété de stimuli externes et internes peuvent réactiver à tout instant le vécu initial.

On sait que le simple fait de parler d'un traumatisme n'est pas suffisant. En outre, une personne traumatisée ne souhaite en général pas évoquer le cœur de la scène dans la crainte d'être sur-traumatisée. Le pro-tocole EMDR est sécurisant pour l'accompagner dans son rappel du noyau traumatique, en ne sollicitant pas seulement le registre verbal mais tous les registres

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représentatifs : perceptions, cognitions, émotions, sensations corporelles, le tout en lui permettant de ne pas livrer le contenu de la scène traumatique tant qu'elle ne s'en sent pas le courage.

Les premières études faites pour vérifier et prouver l'efficacité de l'EMDR l'ont été sur des vétérans amé-ricains de la guerre du Vietnam. Non seulement, en trois séances, l'ESPT était résolu, mais on a constaté que la douleur se transformait systématiquement en désir d'aider les autres, comme un résultat naturel du processus thérapeutique. Comme si, dans la balance du bien et du mal, le besoin de remettre les plateaux à niveau générait automatiquement des propositions pleines de sens et de paix pour améliorer le monde.

Parfois, les patients n'ont aucune idée de ce qui provoque leur sentiment de terreur ou d'anxiété, leurs symptômes en général. Ce peut être un sou-venir inconscient tellement perturbant, figé dans le temps, que le système de traitement de l'informa-tion l'a stocké dans un endroit, à l'écart du reste des réseaux mémoriels. L'EMDR peut également aider ces personnes en grande souffrance morale.

Au cours des séances, le patient reste éveillé, il garde le contrôle total de ses facultés (comme dans une séance d'hypnose, du reste). Les mouvements oculaires (ou, plus généralement, les stimulations sensorielles bilatérales alternées) stimuleraient le même genre de connexions biologiques et de processus naturel de guérison psychique que ceux créés dans les phases de sommeil paradoxal pendant lesquelles nous rêvons. Dans ce modèle neurologique, l'activation alternée des hémisphères cérébraux faciliterait un travail de reconnexion de modules de traitement de l'informa-tion, à partir d'une “cible” composée d'une émotion

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négative + une sensation négative + une cognition négative (pensez à faire le lien avec les trois cerveaux).Pour comprendre ce phénomène de retraitement de l'information, je ne saurais trop vous conseiller de lire le dernier livre de Francine Shapiro, qui a “inventé” l'EMDR en se rendant soudainement compte un jour de 1987 que certaines pensées perturbantes disparais- saient quand ses yeux se mettaient à aller et venir très vite, en diagonale : “Dépasser le passé”, qui propose en outre de nombreuses techniques d'auto-contrôle.

Ce que je comprends maintenant, après des années de pratique, c'est qu'il ne suffit pas de déprogrammer l'émotionnel négatif des vécus conscients d'une per-sonne pour qu'elle soit totalement épanouie. Certes l'EMDR soulage, permet d'utiliser mieux l'énergie qui n'est plus mise au service du traitement d'informations traumatiques “gelées”, mais cela ne permet pas d'ac-céder à un réel libre-arbitre, de faire des choix non pas sous le coup de son “programme” familial/trans-générationnel, mais en accord avec son “essence” ; non pas de vivre de façon inconsciemment compen-satoire, réparatrice, réactionnelle, mais de vivre au plus près de son être.

Aujourd'hui des équipes de recherche dans le cadre de l'EMDR font évoluer cette technique en mettant au point des protocoles qui permettent de travailler également sur des traumatismes complexes, des em-preintes précoces, fœtales et néo-natales, ce qui laisse augurer de grands espoirs d'efficacité thérapeutique. De plus, la thérapie EMDR commence à être connue et reconnue dans tous les pays, et donc à faire des émules, tant du côté patients que du côté des théra-peutes (environ 100 000 thérapeutes formés dans le monde à ce jour).

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“Emotional Freedom Technique” (EFT) ou “Technique de Libération des Emotions

(ou des Energies)”

Egalement appelée “Thérapie Énergétique par les Méridiens”, l'EFT part du principe que la cause de toute émotion négative est une perturbation du système énergétique corporel, suite à un événement traumatisant.

Développée dans les années 80 par le psychologue américain Roger Callahan, c'est un ingénieur de for-mation formé à la PNL, Gary Craig, qui a simplifié la technique sous forme d'un protocole que nous pouvons tous utiliser facilement, même sans avoir de connaissances spécifiques en médecine chinoise concernant les méridiens ou les chakras (points de jonction de canaux d'énergie).

Elle permet de vider l’émotion liée à une croyance : vous partez d'une émotion (ex : “je suis angoissé”) et de son contexte (ex : “quand je suis seul”) que vous transformez en croyance (“je suis angoissé quand je suis seul”). On commence par re forcer l'amour/l'es-time de soi (“même si je suis angoissé quand je suis seul, je m’aime et je m’accepte totalement”) avant de tapoter du bout des doigts sur certains points d'acu-puncture en prononçant sa croyance et/ou sa sensa-tion négative (“je suis angoissé quand je suis seul”) puis de faire, comme dans l'EMDR, des mouvements oculaires. L'application du protocole peut et doit faire baisser l’émotion jusqu’à sa disparition complète.

Une dizaine de séances avec une thérapeute très compétente nous ont énormément aidés, mon com-pagnon et moi. Nous nous sommes ensuite formés à cette technique. Personnellement, je l'utilise quand une personne n'est pas prête à se confronter à ses

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émotions négatives avec l'EMDR, par exemple. Tech-nique à utiliser sans modération à la maison ou ail-leurs ! Moi-même, je l'utilise quand je suis contrariée. Résultat garanti à chaque fois ! Il suffit d'y penser…

Technique d'Identification des Peurs Inconscientes (TIPI)

C'est une approche pratique, simple, rapide et dura-blement efficace pour “déraciner” les peurs qui sont à l'origine de nombreux troubles persistants tels que l'angoisse, l'irritabilité, les phobies, les inhibitions et les états dépressifs.

J'ai découvert cette méthode à priori très simple à mettre en place grâce au livre de Luc Nicon : “TIPI”. Ce fut une révélation (une de plus…). Je l'utilise “au feeling” avec mes patients très angoissés ou très en colère par exemple. Cela fonctionne parfois. Et quand cela fonctionne, c'est toujours un peu “miraculeux”, à l'instar de l'EMDR pour les traumatismes. Il ne peut y avoir de demi-mesure : avec TIPI, c'est tout ou rien ; ça marche ou ça ne marche pas !

La méthode est très simple : il s'agit de permettre à la personne de revivre sensoriellement ce qui, à un moment donné de sa vie, souvent très archaïque, a engendré, par exemple, sa peur. Yeux fermés, on lui demande de se focaliser sur ses sensations corporelles à partir de l'émotion négative ; celle qui, incons- ciente, oubliée, évitée, se réactive et se manifeste automatiquement face à certaines situations pour la stopper dans son élan, l'emplir d'angoisse, la rendre furieuse ou confuse, lui donner envie de fuir, ou encore la maintient depuis des mois dans un état dépressif.

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Nous disons bien “sensoriellement”, et non pas émo-tionnellement, ni dans une analyse intellectuelle des causes, ni dans une savante manipulation pour remplacer ce qui fait souffrir par une forme de bien-être : c'est cela qui différencie TIPI des autres ap-proches. Nul besoin de comprendre ce qui est revécu sensoriellement (du reste, du point de vue de celui qui le vit, cela n'a souvent ni queue ni tête).

Une fois “l'événement traumatique” revécu, il n'y a plus aucune manifestation symptomatique de la peur qui provoquait angoisse, colère, inhibition ou qui maintenait dans un état dépressif. La peur n'est définitivement plus active. Car TIPI n'apporte pas une amélioration, mais supprime les manifestations des peurs inconscientes, non pas en les masquant et encore moins en les contrôlant, mais en agissant à leur source corporelle.

A travers leur manifestation, il s'agit de rechercher le danger qui les a générées. Dans les cas de phobie, par exemple, c'est toujours une confrontation directe avec la mort à la période pré-natale ou autour de la naissance à laquelle on va assister, qu'il s'agisse d'un manque d'oxygène, d'un apport nutritionnel insuf-fisant, d'une intoxication, d'un dysfonctionnement interne ou bien d'une gêne extérieure.

Dans d'autres cas (dépressions par exemple), ce peut être la disparition d'un jumeau qui apparaît comme un événement violent qui a mis en jeu la survie physique de celui qui reste. Côté psychologique, cette disparition est surtout considérée comme un manque affectif difficile à surmonter. Il faut aller jusqu'au ressenti physique de cette perte, en “écoutant” son corps, cette reconnexion physique étant déterminante pour la désactivation définitive de l'émotion négative.

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Avec TIPI, il n'y a rien à faire, rien à vouloir, rien à comprendre, rien à interpréter, juste à ressentir phy-siquement et se laisser porter par ce ressenti. Être le spectateur passif de ses ressentis, laisser agir sa mé-moire sensorielle, bref, laisser faire (déjà tout un pro-gramme pour les grands angoissés…).

Il y a malheureusement encore trop peu de théra-peutes formés à cette technique nouvelle (et très peu de formateurs en France). Luc Nicon est en train de réaliser un film qui permettra de diffuser le protocole auto-TIPI au plus grand nombre, sur internet.

La Programmation Neuro-Linguistique (PNL)

La PNL a été créée aux USA dans les années 70 par John Grinder et Richard Bandler qui ont observé des personnes considérées comme des modèles d'excel-lence en matière de communication interperson-nelle, d’apprentissage et de changement. Ils en ont identifié les schémas comportementaux, cognitifs et linguistiques, puis ont conçu des techniques pour permettre à d’autres personnes de s’approprier de façon simple et rapide des schémas comportemen-taux associés à cette excellence.

Qu'est-ce que la PNL ? Simplement apprendre ; en prenant le temps d'examiner notre logiciel interne afin de le reprogrammer. On est bien loin de la vision freudienne de l'inconscient, avec sa partie maso-chiste, ses pulsions de mort… “J'ai un problème” se traduit en PNL par “je manque de choix” puisqu'on fait toujours le meilleur choix possible en fonction de ce que l'on sait à un moment donné. Il y a toujours une intention positive derrière chaque comporte-ment, même le plus (auto)destructeur.

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J'ai obtenu le diplôme de “Maître-Praticien en PNL” après deux années d'enseignement vraiment pas-sionnantes. A mon sens, la PNL, qui s'intéresse à la manière dont nous percevons l’événement et non pas à l’événement lui-même, est la mère théorique de toutes les psychothérapies non analytiques : c'est au travers de représentations sensorielles (les aspects sensoriels de la pensée et les réactions émotionnelles) que nous mémorisons nos vécus subjectifs.

Ce fut une découverte enthousiasmante de com-prendre comment, concrètement, le cerveau traite les informations et de réaliser qu'il suffit d'agir sur cette structure sensorielle de l'information pour soulager très rapidement quelqu'un en souffrance.

La dénomination de “Programmation Neuro-Linguis-tique” explique les fondements épistémologiques de cette technique :

- Le mot “Programmation” fait référence à l’ensemble des automatismes (ou apprentissages) tant cognitifs, émotionnels que comportementaux.

- Le mot “Neuro” fait référence aux neurones, au sys-tème nerveux central qui établissent des corrélations, utiles ou nuisibles, entre les perceptions et les émotions et qui conditionnent les réactions.

- Le mot “Linguistique” souligne, lui, l'importance du langage chez l'humain, qui fournit des informations sur ses représentations mentales.

Quelques uns des présupposés théoriques importants de la PNL :

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- On ne peut pas ne pas communiquer : même lorsque rien n'est dit, l'homme communique. Tout est donc communication, y compris un comportement de refus de communiquer. Nous ne pouvons pas éviter que nos paroles ou les messages non verbaux que nous émettons aient une influence sur autrui.

- Il y a toujours deux niveaux de communication : le niveau verbal et le niveau non verbal et la façon de dire les choses importe davantage que le sens des mots. Lorsqu’il y a dissonance entre la com- munication verbale et non verbale, l’interlocuteur devient confus.

- Communiquer, c'est rencontrer l’autre dans son modèle du monde. Ce qu'une personne croit être le monde n'est en réalité que sa représentation person-nelle du monde, et non pas LA vérité. Ainsi, il existe autant de représentations de cette réalité qu'il existe d'êtres humains, et aucune n'est plus vraie ou réelle qu'une autre.

- Toute personne a en elle les ressources nécessaires pour accomplir son objectif. Ce présupposé invite chacun à reprendre du pouvoir sur sa vie. Il consi-dère que les limites d’une personne ne sont que la représentation qu’elle s’en fait, en restant prisonnière d’elle-même, de l'image qu’elle se fait d’elle-même et de l'image d’elle-même qui lui a été donnée.

À condition que l’objectif à atteindre soit réaliste et dépende d'elle, toute personne possède déjà toutes les ressources nécessaires (au moins potentiellement) à une action efficace. Le changement sera la consé-quence de la libération et du déclenchement des ressources appropriées à un contexte donné, ce qui va enrichir son modèle du monde. Car, nous l'avons

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vu, toute personne fait toujours le meilleur choix possible compte tenu du contexte et des ressources dont elle dispose. Un des objectifs de la PNL est donc de donner aux individus plus d’options, plus de choix, de les rendre plus flexibles.

- L’écoute et la communication, basées sur trois prin-cipaux systèmes de représentation sensorielle (visuel, auditif et kinesthésique), sont des compétences qui s’apprennent.

Ensemble de techniques destinées à faciliter les relations humaines, la PNL est “l'art” d'influencer l'autre… Très efficace dans le domaine marketing et publicitaire, nous la préférons, bien sûr, lorsqu'elle est mise au service de la belle cause de l'aide à l'autre.

L'Hypnose Eriksonienne

“Faites confiance à votre inconscient” (M.H. Erickson)

C'est la suite logique de la PNL, modélisée à partir de l'observation de personnes compétentes en commu-nication telles que le psychiatre Milton Erickson.

Cet homme, daltonien, dyslexique et atteint de poliomyélite qui le cloua d'abord dans son lit, puis dans un fauteuil de paraplégique, fit preuve d'une extraordinaire ingéniosité humaine pour pallier ses nombreux handicaps et aider autrui à faire de même d'un point de vue psychologique.

Cette technique d'hypnose non conventionnelle mise au point par cette personnalité géniale et unique, armée de sa confiance illimitée dans le potentiel de chaque être humain, permet de rendre les patients

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plus aptes à exécuter des instructions par rapport à leur motif de consultation, en contournant leurs habitudes mentales, en sollicitant les ressources de leur inconscient pour régler leur problème par des suggestions positives, l'imagerie mentale et la visualisation.

Un cycle d'Hypnose Ericksonienne comporte l'induc-tion, la relaxation, la découverte de l’inconscient, le traitement du problème, les suggestions positives et les suggestions post-hypnotiques. Cette immersion dans le monde intérieur du sujet permet de moduler sa mémoire, sa volonté, ses perceptions sensorielles, sa perception de la douleur ou du temps.

Mais “Ericksonienne” ou pas, l'hypnose, quand elle pratiquée par un thérapeute (un guide) compétent, est l'outil de changement le plus puissant et le plus rapide connu dans le monde actuellement, capable de répondre à la fois à une souffrance somatique et à une souffrance psychique.

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L'HYPNOTHERAPIEIl est important de comprendre que l'état d'hypnose en lui-même n'est pas curatif. La valeur de l'hypnose repose entièrement dans son utilisation comme moyen de faciliter les processus de guérison en déclenchant des réponses qui amènent au bien-être de la personne tout entière.

Mais pour que le patient puisse travailler de façon op-timale, il est absolument nécessaire qu'il soit accom-pagné d'un guide qui “danse” avec son inconscient, le suive dans les moindres de ses méandres psychiques, soit connecté avec lui, lise, voire ressente ses émotions. Et ces compétences (“dons” ?) ne sont pas données à tous les thérapeutes. J'écris cela, non pas en tant que thérapeute, mais en tant que patiente ayant expéri-menté des séances d'hypnothérapie bien menées.

Selon le travail thérapeutique et en fonction des per-sonnes, l'état de conscience modifié est induit pour provoquer soit une dissociation entre différentes parties du corps et le psychisme, soit entre la partie consciente et la partie inconsciente. L'important est que la personne se sente “confortable”, protégée et en sécurité ; beaucoup plus, paradoxalement, qu'en état de veille ordinaire puisqu'elle n'est plus influen-çable, son inconscient (son guide) étant alors aux commandes. C'est “l'hypnotisé” qui tient les ficelles, car son inconscient est en mesure de refuser ce qui est en contradiction avec sa personnalité profonde !

Ainsi conçue, l'hypnose thérapeutique est un échange entre deux personnes, sans rituel particulier. Aider autrui de façon réellement efficace ne consiste pas à lui apporter une solution mais à lui permettre d'en trouver

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une lui-même. La communication est donc à double sens et le sujet y participe activement. La première tâche de l'hypnothérapeute consiste à révéler à la personne la présence de son guide intérieur, afin qu'elle l'écoute, le consulte, lui demande aide et savoir, “lui” qui se tient à son entière disposition.

L'hypnothérapie redonne donc la parole à l'in-conscient. Que le thérapeute n’interprète pas, car il ne prétend pas savoir ce que pense et ressent le sujet : il ne fait qu'émettre des propositions. Le travail théra-peutique se fait grâce aux compétences inconscientes du patient, qui détient le pouvoir de changement, le praticien ne faisant qu'organiser la rencontre, dévoiler un secret à celui qui en est porteur, dans le cadre d'une relation de confiance et d'échange et par l'intermédiaire de l'imagerie mentale, la visualisation et des suggestions positives.

Le thérapeute et le patient unissent donc leurs res-sources pour que l'inconscient de ce dernier, la partie la plus profonde de son être pleine de sagesse s'ex-prime, elle qui EST dans la réalité de l'être humain et le protège de façon bienveillante, contrairement à la pensée (le conscient) qui, lui, n'y est pas !

Un état modifié de conscience

Nous l'avons vu, sans un état particulier de vigilance, de semi-conscience qui permet d'entrer en contact directement avec l'inconscient, d'augmenter la ca-pacité à répondre à des suggestions, le cerveau ne peut pas retraiter les informations. Il est constitué de plusieurs milliards de cellules (les neurones) qui échangent en permanence des informations, s’ac-tivent ensemble, plus ou moins, comme une pulsa-tion, puis se calment, puis s’activent de nouveau. Ces

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échanges provoquent l'émission de courants élec-triques faibles (les ondes corticales) que l'on peut capter grâce à l'électro-encéphalogramme. Le rythme de ces ondes (mesuré en cycles par secondes) désigne l’influx nerveux dans les différentes zones du cerveau, qui varie selon notre activité : éveil, apprentissage, repos, relaxation, sommeil léger, sommeil profond…

Les rythmes cérébraux dépendent également de l'état psychologique de la personne, de son état de vigilance (concentré, distrait…), de son état émotion-nel (joyeux, triste, neutre…) et plus généralement, de tous les paramètres pouvant influencer l'activité cérébrale (stimulations, heures de la journée, etc.). Les caractéristiques de ces rythmes, tous naturels, sont les suivantes :

En Ondes Beta : c'est l'état du cerveau en période de vigilance normale (en veille). Elles apparaissent en période d’activité, de concentration ou d’anxiété.

En Ondes Delta et Thêta (selon la profondeur du sommeil) : on les trouve dans les états de somnolence (sommeils léger, paradoxal, profond).

En Ondes Alpha : dans un état de conscience apaisé (“modifié”), elles sont émises lorsque le sujet est en méditation, dans ses rêveries, sort ou entre dans le sommeil. C'est cet état neurophysiologique que l'on recherche dans les séances d'hypnose légère. Les yeux fermés, le rythme cérébral change au bout de quelques minutes : on passe de l'état de vigilance or-dinaire (ondes bêta) à un état de conscience modifiée (ondes alpha). C'est également cet état que l'on trouve dans des séances d'EMDR ou de PNL, de Mindfulness, de sophrologie et… même allongé sur un divan avec pour consigne de “laisser venir tout ce qui vient”.

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LES PHASES D'UNE SEANCE

L'induction

Toute séance d'hypnothérapie commence par une in-duction qui va permettre le passage de la vigilance restreinte à la vigilance généralisée, c'est-à-dire une mise en relaxation du patient lui permettant d'entrer en transe, par des méthodes inductives variables.

A chaque hypnothérapeute ses moyens d'induction, le but étant toujours de diriger progressivement l'at-tention de la personne vers l'intérieur d'elle-même (“absorption interne”), sur ses sensations par exemple.

Cette dissociation entre esprit et corps peut s'obtenir par la fixation visuelle d'un objet, placé à 25 cm, par l'utilisation d'un métronome ou le plus souvent par de simples suggestions verbales qui proposent au patient de se détendre, de se relaxer, en fixant son attention sur différentes parties de son corps. Ou tout simplement en fermant les yeux.

Le patient se met lui-même en état agréable d'hyp-nose, limitant à son gré, et avec l'aide du théra-peute, son état d'attention afin de mettre son esprit conscient en veilleuse et privilégier le fonctionne-ment du subconscient.

Mené à son espace intime de changement, où peut se reconstituer son rapport au monde et aux choses, développant une conscience sélective et restant en communication constante avec le thérapeute, dont le ton de la voix accompagne la détente et la dé-contraction, il entre de plus en plus en lui-même, se déconnecte de son mode de pensée habituel et de certains mécanismes de défense.

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Le fait de se focaliser de façon interne va aider à changer l'orientation à la réalité, va permettre de s'ouvrir à de nouvelles possibilités d'évolution : promouvoir ses capacités créatrices et son potentiel d'auto-guérison, développer ses ressources, communiquer directement avec son inconscient, accéder à des souvenirs oubliés, se dissocier de ses émotions négatives, supprimer des douleurs, etc.

Mais attention, il n'est pas inconscient ! Au contraire, la vigilance qu'il éprouve pour l'environnement est augmentée et il n'acceptera de faire ou de dire que ce qu'il souhaite vraiment. Les patients se souviennent en général de tout ce qui s'est passé pendant la séance (cf. témoignages).

Les suggestions

Représentations sensorielles, d'imageries mentales, de pensées positives et même d'affirmations, elles se font par communication verbale dans une atmos-phère relaxante.

Il ne s'agit pas de donner des ordres ni de prescrire directement le changement, mais d'accompagner le patient là où il a envie d'aller, de suggérer des images ou des métaphores congruentes avec son univers mental, de le laisser se connecter avec ses sensations et ses émotions, de suggérer des associations nou-velles, et parfois d'induire une confusion transitoire qui permet la déconnexion de la logique consciente.

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QUE SE PASSE-T-IL EN VOUS PENDANT UNE SEANCE ?

Notre moi le plus vrai, le plus profond, est entièrement libre. Il n'est pas diminué ni compromis par des actions passées, ni concerné par des questions d'identité ou de statut. Il sait qu'il n'a aucun besoin d'avoir peur. Nous avons vu qu'il faut se trouver dans un état neu-rologique particulier, un état de conscience modifié, pour permettre le retraitement d'informations. Mais une “transe” n'est pas de la relaxation, la différence tenant dans l'existence ou non d'une dissociation entre conscient et inconscient, qui s'exprime entre autre dans la distorsion du temps : la personne est souvent étonnée de la durée réelle de la séance, qui lui a paru beaucoup plus courte que le temps réel.

Dans un premier temps, les yeux fermés, elle est ins-tallée dans un “lieu sûr” à partir de mots chargés de symboles ou d'une image, le plus souvent un souvenir qui, en l'évoquant, lui apporte du bonheur, de la paix, du calme, du bien-être, bref un confort corporel. Le thérapeute va ancrer et renforcer ce confort avec des mouvements oculaires lents pour les praticiens EMDR, avec un toucher à un endroit particulier du corps du patient pour les praticiens PNL, avec des mots et des images pour les hypnothérapeutes. Ce peut être l'ob-jet unique de la première séance.C'est sur cette base de ressources, de ressenti positif que, dans un deuxième temps, il pourra s'agir de favoriser l'émergence d'images, de sons, d'odeurs et sensations exprimant la problématique de la per-sonne, via des vécus restés parfois inconscients pour elle. Faire l'expérience de la pensée subliminale revient à entrer dans un monde de connexions instantanées qui font de la pensée ordinaire un processus labo-rieux par comparaison.

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L'installation et/ou le renforcement de ressources

“C'est en s'oubliant qu'on se trouve, en refusant d'agir qu'on exerce une influence,

en redevenant enfant qu'on accède à la sagesse, en acceptant sa faiblesse qu'on devient fort (…)”

(Frédéric Lenoir)

Chaque être humain possède la plupart des ressources qui lui sont nécessaires pour vivre comme il l'entend ; après tout, même dans les pires existences, il y a eu des moments heureux. Il peut cependant être bénéfique d'en créer/acquérir d'autres, généralement pour les emporter dans le passé, afin de revivre en tant qu'adulte certaines expériences de vie avec toutes les ressources que désormais la personne possède. Pour cela, il est préférable que la personne ait les yeux fermés et laisse venir spontanément des images. Les représentations des “guides intérieurs” ou les métaphores de la partie saine et forte qui détient la connaissance et la sagesse, celle qui nous permet d'être en vie, sont aussi variées que nombreuses. Elles correspondent à la vie symbolique de chacun. L'im-portant est que l'éprouvé positif remplace l'éprouvé négatif, que la personne y accède par la rêverie ou par le corps.

Une négociation entre les différentes parties

“C'est plus fort que moi, je sais que je ne dois pas faire cela, mais je le fais quand même”. Ce type de phrase révèle un désaccord entre deux tendances de nous qui coexistent, deux parties qui s'opposent. Si certaines parties interagissent (dans le cas ci-dessus, de façon conflictuelle), d'autres ne se connaissent même pas ! Et toutes ces instances qui existent en

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dehors du territoire de l'identité fondamentale peuvent finir par constituer des traits de caractère.

Ce modèle des parties est couramment utilisé en PNL et en Analyse Transactionnelle. Ce sont elles qui doivent être réintégrées dans l'identité profonde, pour que les automatismes n'existent plus et que d'autres choix soient enfin possibles.

A moins d'être d'emblée confronté à quelque chose de particulièrement dramatique - un traumatisme, par exemple -, le thérapeute va induire une négociation entre la partie adulte consciente et la/les partie(s) infantile(s) blessée(s) inconsciente(s) qui agissent de façon autonome et automatisée. Pour réconcilier ces différentes parties, la régression en âge est parfois utile, ce qui permet d'accomplir un travail considérable en profondeur. Les patients sont souvent inconscients de ce qui se trame à l’intérieur d'eux…

L'autoreparentage

Il arrive que la partie adulte de la personne se retrouve en train de consoler sa partie enfant, de lui fournir les explications qui lui ont manqué à l'époque. Nombre de patients sont rebutés à l'idée d'aller contacter cette partie infantile qui a parfois tellement souffert et les fait encore souffrir. Ils la traitent comme ils ont été traités par leur entourage, par “internalisation” des injonctions et des modèles parentaux. Il s'agit alors, pour retrouver une unité interne, de désactiver les expériences chargées d'émotions bloquantes ou limitantes, en sachant les reconnaître et les accepter. Puis de changer des croyances, des scénarios fami-liaux et/ou culturels profondément ancrés.

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ILLUSTRATION AVEC DES CAS CLINIQUES

Tous les cas exposés sont tirés de l'expérience clinique de Jean. Pour des raisons évidentes,

les prénoms ont été changés.

CORINNE (37 ans, environ 10 séances d'hypnose)

MOTIF DE CONSULTATION : “Mon mec a commencé sa thérapie et je sentais que j'allais être en décalage. Je me doutais bien qu'il y avait des choses à régler”

Ce qui m'a étonnée, dans le cadre de la séance avec les métaphores animales, c'est la capacité à me contacter Moi enfant avec une facilité incroyable, en passant non pas par Corinne (ce que je n'aurais pas réussi à faire), mais par le biais d'un animal (un aigle et une louve la première fois, puis une mouflonne et une marmotte les séances suivantes).

Dès la première séance, j'ai revécu symboliquement toute mon enfance qui était à l'opposé de ce que j'imaginais avoir vécu. Avec du verbal, j'aurais délivré des informations totalement à l'inverse de ce que j'ai dit dans cette séance : tristesse et solitude alors que je pensais avoir été une petite fille joyeuse très aimée de sa mère (je me trouvais privilégiée par rapport à mes frère et sœur). J'ai du reste toujours eu une réputation d'enfant rigolote et dynamique. J'ai commencé à comprendre que j'avais mis des mécanismes de défense en place, et qu'il fallait que je les déprogramme pour me trouver, moi.

Dans l'une des séances, j'ai pu relire l'histoire de ma vie et de ma famille “honnêtement”, c'est-à-dire en décalage avec mes croyances. Une des séances les

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plus hallucinantes pour moi. En une seule séance, et de manière limpide, ce fut fascinant de voir com-ment j'ai réussi à diagnostiquer ma famille, toujours à travers des métaphores (c'est-à-dire le langage sym-bolique de l'inconscient). On aurait pu me l'expliquer mille fois, je n'aurais pas compris, je n'aurais pas fait le lien, pas « percuté », et donc, pas accepté…

Au milieu de la thérapie, j'ai pris conscience de tout ce que je n'avais plus envie de ressentir : émotions négatives énergivores, improductives, inutiles, du type énervements pour des sujets anecdotiques (genre chaussettes sales qui traînent…). Je me suis explicitement dit “ça ne m'intéresse plus de ressentir de l'agacement, de la colère… Le problème, c'est pas les autres, c'est moi”. C'est ce qui m'a donné envie de continuer la thérapie.

Ma vision du fonctionnement des humains a radica-lement changé. J'ai une plus grande tolérance envers les dysfonctionnements humains, une meilleure com-préhension, lucidité, mais également une frustration de ne pouvoir convaincre tout mon entourage de se faire soigner. Je continue les séances aujourd'hui. Elles sont moins vitales, mais elles font tellement de bien. Elles me permettent de régler à chaque fois un problème de plus. Et je suis chaque fois un peu plus apaisée. Très simplement, sans cette thérapie, je n'en serais pas là de ma vie…

DORIS (57 ans, 10 ans de thérapie, 4 séances d'hypnose)

MOTIF DE CONSULTATION : dépression réactionnelle

Pendant cinq ans, deux fois par semaine, je me suis retrouvée à parler de mes malheurs (mon enfance

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traumatique, la “trahison” de mon mari, mes illusions perdues de famille unie) et à pleurer comme une madeleine. Mes premières séances d'EMDR, au cours desquelles j'ai compris que j'étais complètement traumatisée, m'ont énormément soulagée.

J'ai continué avec une excellente thérapeute qui, elle, utilisait l'EFT. J'ai adoré ce travail que j'ai trouvé doux tout en étant très efficace. Les premières séances ont encore porté sur les traumas (“avec papa”) et les suivantes sur des problématiques plus chroniques (tristesses, hontes, manques affectifs...).

Aujourd'hui, je me sens vraiment heureuse, privilégiée même. Ce que j'attends encore de la thérapie, c'est une capacité d'amour universelle pour les êtres humains, une foi en l'homme que je n'ai pas. Pour l'instant, je suis plutôt attristée, “plombée” par l'histoire tragique de l'humanité. J'ai conscience que c'est lié au pro-gramme transgénérationnel que je porte encore.

Quelques exemples frappants de ce que j'ai vécu en séances : au cours de ma première séance d'hypnose, j'étais en train de visualiser un homme mort-vivant, quand la douleur d'une tendinite du bras droit que j'avais depuis une dizaine d'années s'est tellement réveillée que j'ai dit, toujours les yeux fermés : “il faut qu'on arrête là, j'ai trop mal au bras”. Le thérapeute m'a proposé de prendre ma douleur dans la main gauche et de la poser à côté de moi (!?). C'est ainsi que je me suis retrouvé à prendre dans ma main gauche une sorte de cœur verdâtre et gluant que j'ai posé délicatement sur une table. Depuis cette séance, je n'ai plus jamais eu mal à cette épaule droite !

Lors d'une autre séance d'hypnose, je me suis retrouvée (en visualisation) à genoux, au niveau de cette petite

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fille de 8 ans en souffrance qui n'était autre que moi, je l'ai consolée et lui ai apporté ce qu'elle avait toujours attendu, de l'amour compréhensif, de la tolérance pour son immaturité, de la prise en compte de ses besoins, de son rythme… Puis je l'ai prise dans mes bras, lui ai donné de l'amour, lui ai expliqué que ce n'était pas normal qu'on la traite comme ça, que, moi, je serai toujours là pour elle. Ce ne fut pas facile. Ce qui m'a aidé, c'est que j'ai une fille et qu'étant capable de lui donner cet amour, cela m'a encouragé à le donner à mon “moi-enfant”.

Une autre séance importante s'est déroulée avec une métaphore animale. Je me sentais chienne-louve protégeant son chiot-loup (rassuré, enfin, par cette maman). Je me sentais bien, mais dès que le thérapeute me demandait ce qu'en pensait ma pensée, je me mettais à pleurer. Tellement, que parfois il m'obligeait à me lever du fauteuil pour me ré-ancrer dans la réalité en ouvrant les yeux pour réaliser que j'étais en sécurité, ici et maintenant. Mes larmes s'arrêtaient instantanément (ce qui n'avait jamais été le cas avec les premières séances d'EMDR où je m'étais parfois retrouvée en train de pleurer pendant trois heures, sans pouvoir m'arrêter. Question d'outil ? De thérapeute ? De manière de faire ? Ou bien étais-je beaucoup plus fragile à l'époque ?).

Je vous passe le déroulement détaillé de la suite de la séance (avec une meute de chiens, une prairie, un passage “frontalier” tout noir, le chiot qui peut enfin s'éloigner de sa mère pour aller faire sa vie avec la meute…), mais elle m'a permis de comprendre qu'une seule partie de moi était dans le bien-être, et pas l'autre. J'en suis sortie tout de même soulagée… même si, pour l'instant, le chiot-loup n'est toujours pas moi puisque je me vois encore comme un ourson

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sur la banquise cavalant comme il peut derrière sa mère ourse polaire (mon petit frère accroché à son cou !) et regardant de loin, et avec envie, cette ma-man chien-loup avec son chiot heureux.

C'est ainsi que j'ai compris qu'il y avait un troisième palier dans la thérapie : après le nettoyage des trauma-tismes, après la rencontre avec la capacité à s'attirer de belles choses dans la vie, doit venir la capacité à… SE rencontrer. C'est le plus difficile : nous sommes tellement porteurs des injonctions parentales et transgénérationnelles, nous sommes tellement iden-tifiés à celles-ci, que nous nous sommes perdus de vue. Il s'agit d'unifier toutes les parties internes, la “pensée” restant dissociée des deux autres parties même quand, et c'est mon cas, elles sont sereines et heureuses… Le thérapeute doit se “battre” avec mon mental, avec ma vision désespérée du monde, avec mes interdictions inconscientes d'être heureuse (papa) et d'être moi-même (maman).

On en a jamais vraiment fini d'aller encore et toujours mieux…

JEANNE (38 ans, environ 10 séances d'hypnose)

MOTIF de CONSULTATION : eczéma et crises d'angoisse

C'est un eczéma purulent qui m'a poussée à entre-prendre un travail avec Jean. J'en ai depuis que je suis gamine, mais je considérais jusque là qu'il faisait partie de moi… (c'est dingue comme on peut s'habituer à vivre avec ce qui nous fait souffrir !), mais il y a 2 ans, pendant la grossesse de mon fils, c'est devenu insupportable ! J'avais déjà fait plusieurs thérapies en face à face, puis une psychanalyse pendant 4 ans, car je faisais des crises d'angoisse qui me laissaient dans une

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détresse et une solitude qui me faisaient beaucoup souffrir. Je ne voulais donc pas reprendre un travail de ce type, long et fastidieux.

J'ai essayé l'EFT, qui m'a soulagé les crises d'angoisse, mais n'a pas “réussi” à “guérir” l'eczéma. Donc j’ai voulu essayer l’hypnose. Mon idée, quand j’ai commencé à chercher un praticien, c’était qu'il m’endorme, fasse ce qu’il avait à faire avec mon inconscient et que je me réveille, guérie, une femme toute neuve, sans plus aucuns maux, merci, au revoir, combien je vous dois…

J’ai donc été un peu déçue suite à ma première séance, puisqu’il ne m’avait pas endormie, et que je n’étais pas guérie comme par magie trois heures plus tard ! Par contre, et ça doit faire une dizaine de séances que je fais avec Jean, à raison d’une tous les deux mois, je sens que je me rapproche de moi, et que je reprends vie surtout. Je découvre mon monde intérieur, moi qui pensais être une enveloppe vide, maintenant je peux ressentir mes organes vivre en moi, et pour moi!

J'ai toujours été très frileuse, mais lors d'une séance, où j'avais vraiment très froid, grâce à l'aide et à la patience de Jean, j'ai ressenti pour la première fois la chaleur de mon corps, la vie à l'intérieur, ce qui a pour moi été une découverte immense ! Et depuis je ne fais quasiment plus de crises d'angoisse… Avec lui, j'apprends à écouter mes ressentis, moi qui suis (devenue ?) une pure cérébrale entièrement tournée vers ma pensée, toujours à chercher l'explication… Parce que derrière toute cette logique, ce pragmatisme, je me rends compte que je ne sais pas qui je suis, ce que je ressens, et que je transmets à mes enfants très exactement ce dont je voulais les protéger le plus !

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SOPHIE (50 ans, une vingtaine de séances d'hypnose)

MOTIF DE CONSULTATION : “Je ne fonctionne pas intellectuellement et je suis enfermée dans moi-même”

Cette thérapie a été pour moi un cataclysme. Que dire lorsqu’un “épouvantable” secret de famille ar-rive à la conscience avec une telle précision ? Que dire lorsqu’il vous faut des semaines, voire des mois pour en mesurer toute l’abomination ? Lorsque tout d’un coup, tout s’imbrique et tout s’explique dans les moindres détails. C’était il y a quelques mois.

Aujourd’hui, nous réparons tout cela, l’enfant que j’étais a subi de nombreux traumatismes sans pouvoir jamais se défendre, l’adulte que j’étais devenue était absente, brisée, détruite, dans l’antichambre d’une douce folie, d’une absence permanente, d’une grande solitude et d’un profond désarroi.

C’est par l’intermédiaire des métaphores que j’ai pu remonter de mon enfer intérieur, allant chercher dans les capacités d’un rapace, la possibilité de voir au loin et sur un large spectre, rassurant ainsi l’enfant intérieur sur tous les dangers potentiels, puis chez d’autres, toute la panoplie de besoins que j’avais pu accumuler au fil de mon enfance. Au fil des séances, j’ai pu aller chercher chez chacun ce qui m’avait manqué, et combler ces vides que rien n’aurait jamais pu combler.

Ce travail permet de se connecter pleinement avec son sentiment d’enfant, à sa réalité intrinsèque avec une telle précision, une telle force, une telle éclatante cer-titude qu’à un moment tout s’éclaire, la vérité surgit

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dans toute sa réalité, dans toute son évidence, et cela devient comme un baume pour son cœur d’enfant et vient panser son cœur d’adulte. C’est le pansement de l’âme, une vraie réparation.

Pour ma part, je suis restée comme “enfermée”, malgré 25 années de thérapies diverses et ininterrom-pues avant d’arriver dans le cabinet de Jean S. Je me pensais quasiment “guérie” (!) J’avais réglé le problème de la souffrance et de la dépression, et je peaufinais le “travail”, je ne fonctionnais pas en-core normalement, pas de vie sociale, pas de pré-sence réelle, intellect en berne. Il me restait à trouver le sens, je ne le savais pas, mais lui le savait, et sans même raconter mon histoire (quasiment accessoire dans ce type de thérapie), il m’a conduite doucement, je dirais “amicalement”, vers ma vraie réalité, au fil de séances d’hypnose, sans jamais brusquer l’enfant détruit, ni l’adulte dévasté.

Il m’a laissé mûrir à mon rythme, jusqu’au jour où j’ai compris qu’il y avait autre chose qu’une enfance bafouée et violentée, que cela ne justifiait pas un tel état de détresse, de non fonctionnement de mon intellect, de mon dénuement social, j’ai compris au fil des séances qu’il y avait autre chose que ce que ma mémoire me rappelait sans cesse, autre chose qui sortait de moi ponctuellement par des mots très forts, choquants de force et de violence, disproportionnés par rapport aux situations vécues (massacres…).

J’avais ouvert la porte de la deuxième facette de ma thérapie, nous y sommes allés, nous sommes allés chercher les images qui stagnaient dans mon subconscient, et là, j’ai traversé l’horreur absolue. Ce fut une incroyable révélation, violente, j’étais

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abasourdie devant ce qui pour moi, par la suite, est devenu une évidence.

Nous avions trouvé la source du malheur de ma famille, l’explication des 45 années de folie de ma mère, nous avions trouvé le secret de famille, celui qui vous condamne sur plusieurs générations, dont ma fille adulte est également victime, et que nous avons évité à une petite blondinette qui mord la vie à pleine dent et me récompense ainsi de cette grande traversée.

ALAIN (36 ans, 4 séances d'hypnose)

MOTIF DE CONSULTATION : “Ma femme avait entrepris un travail avec Jean, et en discuter ensemble m'a incité à essayer ce type de thérapie pour m'aider à me libérer de mes entraves...”

Difficile et peut-être paradoxal, voire vain d'exprimer avec des mots la force de la thérapie par l'image. Ce qui est sûr, c'est que quelques séances d'hypnose et de plongée dans les images de l'inconscient m'ont plus fait avancer que deux années de psychanalyse et deux autres de thérapie comportementale (de groupe). Ce dont je ne parvenais pas à me délester avec des mots ou avec mon corps, je sens que j'arrive à l'extérioriser par le voyage vers les images intérieures.

C'est à la fois fascinant, bouleversant et réjouissant !

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CONCLUSIONAprès la déstructuration, la reconstruction. Quand le conscient coopère avec l'inconscient, les habitudes changent. L'émotionnel négatif et les croyances limi-tantes laissent place à des croyances positives sur le monde, sur soi-même et sur autrui. Vous n'êtes plus limité par un manque de choix dû à des réponses comportementales dysfonctionnelles automatisées. Car vos pensées, vos paroles et vos actions déter-minent et affichent au monde et à vous-mêmes comment vous “voulez” (inconsciemment) qu’on se comporte avec vous. En modifiant de façon adap- tative votre vision de la vie, toutes les cellules de votre corps retrouvent leurs énergies et leurs vigueurs et peuvent envoyer des “ondes” (messages psychiques inconscients) positives !

Et, tout comme l'inconscient agit sur vous, l'accrois-sement de votre conscience a une action en retour sur l'inconscient. Résultat, vous (re)trouvez une énergie, une légèreté et une clarté d'action jamais connues jusque-là ; vous percevez/ressentez le flot de la vie. Les principes masculin et féminin s'unissent dans la psyché au sein de l'équilibre de leurs énergies respec-tives. Le mouvement pulsionnel qui était ancré dans vos manques et vous incitait à chercher hors de vous-même (amour, amitié, reconnaissance…) peut enfin être remplacé par une autonomie intérieure.

L'état d'esprit d'une personne ayant accédé à la conscience d'elle-même, ayant retrouvé son noyau identitaire profond, dont l'inconscient ne génère plus d'affabulations, est tout à fait différent de l'état mental de la personne captive du scénario quotidien de la vie. Elle a gagné une liberté, un libre-arbitre, une sécurité intérieure. Elle n'a plus de stratégies

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pour fuir l'expérience intérieure qui l'enfermaient dans une fausse sécurité de personnalité condition-née et l'empêchaient d'aimer vraiment et de créer. Elle pense différemment, agit en prenant soin d'elle. Attirée par de nouvelles expériences, de nouvelles activités, ses relations évoluent, attirant des person- nes plus en paix avec elles-mêmes.

Consciente de façon durable qu'elle a intégré la certitude de posséder en elle toutes les ressources nécessaires pour vivre “bien”, c'est-à-dire en accord avec elle et en bonne relation avec les autres, la personne, capable non seulement de ne plus subir sa vie, mais de la créer, peut mettre un terme à la théra-pie, dans le cadre d'une nouvelle perspective, adulte et responsable, fondée sur le respect et l'amour de soi. Comme l'a écrit Hermann Hesse : “(…) un homme en éveil est celui qui (…) se connaît lui-même, avec ses forces et ses faiblesses intimes qui échappent à la raison et sait compter avec elles”.

Le progrès de l'humanité suppose des savoirs et des pratiques transmissibles, ce qui permet à l'élève/l'en-fant de partir du point où son maître/son parent est arrivé. Malheureusement cela n'est pas pos-sible en ce qui concerne la créativité et l'amour qui demandent à chaque nouvelle génération une trans-formation personnelle. Le savoir (et son mode le plus accompli, la démarche scientifique) n'y suffit pas. Car la beauté et la création sont inexplicables. Et le sens de la vie contient toujours une part de mystère… Par contre, et dans le cadre de l'hérédité des caractères acquis, si je guéris, je transmets ma guérison ! Oserai- je, pour finir, reprendre le jeu de mots de D. Marquet ?

“Quand je ne suis plus possédé par le “ça-tend”, je suis le lieu du “ça-créé””.

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GRINDER, John, BANDLER, Richard, Les secrets de la communication : les techniques de la PNL, Les éditions de l'homme, 2005

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LENOIR, Frédéric, Du bonheur : un voyage philosophique, Fayard, 2013

MARQUET, Denis, Elements de philosophie angélique, Albin Michel, 2010

NICON, Luc, Tipi, Emotion forte, 2007

PALMER, Helen, Le guide de l'ennéagramme, Intereditions, 2009

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SERVAN SCHREIBER, David, Guérir le stress, l'anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse, Pocket, 2011

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TENNENBAUM, Sylvie, L'hypnose ericksonienne, un sommeil qui éveille, Intereditions, 1997

TOROK, Maria, ABRAHAM, Nicolas, L'Ecorce et le Noyau, Flammarion, 1987

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WINICOTT, Donald Woods, Le bébé et sa mère, Payot, 1992, La capacité d'être seul, Payot, 2012”

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REMERCIEMENTSOutre les patientes et les patients qui ont partagé avec moi leurs expériences souvent empreintes de souffrances et ceux qui ont accepté d'apporter leur témoignage pour illustrer mon propos,

je tiens à remercier mes amis et amies chers (décidément, ce masculin qui l'emporte sur le féminin) et… mes grandes copines (non, mais !) et grands copains, qui ont lu et relu toutes les moutures de ce livre, sans se décourager et en me faisant tous de judicieuses remarques :

Jean-Marie et Joëlle, mes premiers lecteurs, qui m'ont permis de m'approprier ce livre,

Sandra, Marie-Laure et Jean-Baptiste qui m'ont aidé à trouver le titre,

Carol et son savoir universitaire qui m'a aidé à affiner certaines théories de la psychologie,

Caroline et Jean-Pierre qui imprimaient chaque fois trop tard la Pièce Jointe, puisqu'une autre variante était arrivée entre-temps dans leur boîte mail (!),

Anne-Pierre et ses remarques percutantes de prof (de la tenue littéraire, de la cohérence, de la cohérence, et encore de la cohérence !),

Laurence qui a corrigé les premières coquilles,

Garance qui a endossé le rôle de la néophyte, m'obligeant ainsi à clarifier mon propos et expliciter certaines notions,

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Lotus et Rachel pour leurs observations intéres-santes de dernière minute,

Francis, la perle de l'infographie,

sans oublier Clémence, la reine du PDF (elle comprendra...),

ainsi que mon compagnon que j'aime tant, Jean, qui “fait le boulot” et m'a inspiré cet ouvrage !

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Les titres (douteux) auxquels vous avez echappé

- La psychothérapie par une ex-nulle -

- Un petit pas pour vous,

un grand pas pour vos enfants -

- A la recherche du Soi perdu -

- A la conquête de Soi :

soyez votre propre Christophe Collomb -

- Trois p'tits soi, trois p'tits soi… -

- Les Tontons thérapeutes -

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Dépôt légal : mars 2015

Imprimeur numérique depuis 1995Achevé d’imprimer en mars 2015 par www.copy-media.net CS 20023 - 33693 MÉRIGNAC CEDEX