ukraine, l'autre crise qui menace l'europe

87
vendredi 29 août 2014 - N 5532 www.latribune.fr France Métropolitaine CAC 40 : 4366,04 pts -0,66% FTSE (6 806 / -0,36%) 1 = 1,3179$ (-0,08%) BRENT (102,7$ / -0,02%) OR (1 289,6$ / +0,48%) Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe Kiev a demandé aux Occidentaux une aide militaire "d'envergure" face à l'entrée de troupes russes dans l'est séparatiste, faisant craindre une guerre ouverte entre la Russie et l'Ukraine. Jeudi, à la demande de la Lituanie, le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu une réunion d'urgence sur la crise en Ukraine. FRANCE-ALLEMAGNE MOBILE AÉRIEN Merkel presse Hollande de tenir ses promesses de réformes structurelles Bouygues Telecom a "toutes les chances de réussir" en solo Air France va regrouper une partie de son activité avec Hop Interrogée mercredi, la chancelière met en avant l'exemple de son pays qui dans les années 2000 avait engagé des réformes. L'opérateur continue de progresser dans le fixe et la 4G mais ses résultats sont encore en perte au premier semestre. Le projet d'organisation de son activité point-à-point sera présenté aux instances représentatives du personnel d'ici à fin octobre.

Upload: others

Post on 16-Jun-2022

5 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

vendredi 29 août 2014 - N 5532 www.latribune.fr France Métropolitaine

CAC 40 : 4366,04 pts -0,66%

FTSE (6 806 / -0,36%)

1 = 1,3179$ (-0,08%)

BRENT (102,7$ / -0,02%)

OR (1 289,6$ / +0,48%)

Ukraine, l'autre crise quimenace l'Europe

Ukraine, l'autre crise quimenace l'Europe

Kiev a demandé auxOccidentaux une aidemilitaire "d'envergure" face àl'entrée de troupes russesdans l'est séparatiste, faisantcraindre une guerre ouverteentre la Russie et l'Ukraine.Jeudi, à la demande de laLituanie, le Conseil desécurité de l'ONU a tenu uneréunion d'urgence sur la criseen Ukraine.

FRANCE-ALLEMAGNE MOBILE AÉRIEN

Merkel presse Hollandede tenir ses promessesde réformes structurelles

Bouygues Telecom a"toutes les chances deréussir" en solo

Air France va regrouperune partie de son activitéavec Hop

Interrogée mercredi, la chancelièremet en avant l'exemple de son paysqui dans les années 2000 avaitengagé des réformes.

L'opérateur continue de progresserdans le fixe et la 4G mais ses résultatssont encore en perte au premiersemestre.

Le projet d'organisation de son activitépoint-à-point sera présenté auxinstances représentatives du personneld'ici à fin octobre.

Page 2: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

Sommaire 29/08/2014

Edition du 29/08/2014 page 2/87

ÉCONOMIE

L'habileté de M.Valls

On attendait une prise de position tonitruante des députés PSfrondeurs, contre la ligne libérale du nouveau gouvernement: cesont au contraire 200 députés soutenant l’exécutif qui prennent laparole

Le gouvernement Valls II pourra-t-il disposer d'une majorité àl'Assemblée nationale ?

Macron entend autoriser les entreprises à déroger aux 35 heures

Matignon rectifie le tir sur les 35 heures, qui "relèvent dediscussions entre partenaires sociaux"

La "dérogation" aux 35 heures évoquée par Macron crée lapolémique

Le déficit des Etats-Unis passe sous les 3% de PIB... et devrait yrester jusqu'en 2018

200 patrons britanniques répondent aux 130 qui s'opposent àl'indépendance de l'Écosse

200 députés socialistes disent leur soutien à Hollande et Valls

Travailler avec Montebourg ? "Pourquoi pas" (Mélenchon)

Alain Juppé jugé meilleur agent anticrise, selon un sondage

Ces sept cracks français "façonnent" la pensée économique dumonde (selon le FMI)

Merkel presse Hollande de tenir ses promesses de réformesstructurelles

France-Allemagne : le dialogue de sourds va continuer

L'inflation se stabilise en Allemagne et poursuit son recul enEspagne

Qui sera le successeur de Herman van Rompuy à la présidence duconseil européen ?

L'Ukraine demande une aide militaire "d'envergure" aux Occidentaux

Page 3: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

Sommaire 29/08/2014

Edition du 29/08/2014 page 3/87

Air France va regrouper une partie de son activitéavec Hop

Air France a annoncé vouloir réorganiser son activitépoint-à-point, aujourd’hui réalisée par Air France et par HOP.Lionel Guérin, PDG de HOP, doit mettre en place cette entité puisla diriger.

Air France, les pilotes déposent un préavis de grève du 15 au 22septembre (SNPL)

Veolia ne remettra "pas un euro" dans la SNCM

Bouygues Telecom a « toutes les chances de réussir » en solo selonMartin Bouygues

Vente de GVT: Vivendi entre en négociations exclusives avecTelefonica

Fire Phone: premières ventes décevantes pour Amazon

Samsung dévoile une montre connectée autonome à écran incurvé

+29,5%: la croissance des recettes de Zalando en six mois

Eiffage affiche sa confiance pour 2014 après un premier semestresolide

Pernod-Ricard supprime 900 postes dans le monde

BANQUE & FINANCE

Les États-Unis renforcent les règles de contrôleinterne des agences de notation

Le gendarme boursier américain a annoncé mercredi avoiradopté une quinzaine de nouvelles règles visant à améliorer laqualité et la transparence des notes attribuées par ces agences.Elles complètent la législation...

Warren Buffett, un "super-investisseur" pour les entreprises endifficultés

Le FBI enquête sur de possibles cyberattaques contre des banques

SÉRIE D'ÉTÉ

Page 4: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

Sommaire 29/08/2014

Edition du 29/08/2014 page 4/87

Les grands inconnus de l'histoire (4/4) : PierreSudreau, l'homme qui a voulu réinventer le dialoguesocial

Sous la présidence de Giscard d’Estaing, Pierre Sudreau, ungaulliste, fut le premier à proposer des pistes de réflexions pourréformer les relations dans l’entreprise.

Vendeur à l'ère digitale: demain, tous beaux? (4/5)

OPINIONS

Vers une Europe financière, malgré la City?

Sans trop de bruit, l’Europe financière se construit. Mais la Citypourrait bloquer le processus. par Howard Davies, professeur àSciences Po

L'iPhone 6 et la stratégie industrielle chinoise

La concurrence crée de l'emploi, même dans les télécoms!

Page 5: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

5 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

COMMENTAIRE > On attendait une prise de position tonitruante des députés PSfrondeurs, contre la ligne libérale du nouveau gouvernement: ce sont aucontraire 200 députés soutenant l’exécutif qui prennent la parole

Ivan Best

L'habileté de M.Valls

Manuel Valls a d'abord été un pro de la communication politique. Et cela se voit en cette rentrée.Après, le jour de la présentation du gouvernement,  la surprise Macron, la nomination de cet exsecrétaire général adjoint de L'Elysée, ex banquier, masquée par un rideau de fumée toute lajournée -radios et télés ont été alimentées avec des rumeurs diverses sur l'arrivée des radicaux degauche, des Verts, de Robert Hue...- vient une gestion habile des élus socialistes. On attendaitbien sûr une prise de position tonitruante des "frondeurs", ces députés PS -une quarantaine-réclamant dès le printemps dernier une politique plus à gauche, après l'annonce du nouveaugouvernement et la déclaration d'amour de Manuel Valls au patron. Une prise de position d'autantplus évidente que s'annonce l'université d'été du PS, ce week end à La Rochelle, qui risque pour lepouvoir d'être lieu de tous les déballages.

On imagine bien qu'en ce jeudi matin, les frondeurs phosphorent sur un texte.

Les frondeurs pris de vitesse

Mais le gouvernement leur a coupé l'herbe sous le pied. Dans Le Monde, 200 députés PS -pasmoins!- signent une tribune de soutien au président de la République, et donc à l'ensemble del'exécutif. 200 députés qui dénoncent non pas les débats et désaccords, mais la méthode des

Page 6: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

6 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

frondeurs, conduisant à une mobilisation conte le gouvernement.

Le problème n'est pas qu'il y ait des désaccords, il en a déjà existé. Rappelons-nous les votes dedéputés socialistes contre la première guerre du Golfe ou contre l'amnistie des généraux félons, lors desseptennats de François Mitterrand. Le problème réside dans la permanence d'une défiance a priori àl'égard de l'exécutif, qui a conduit à une mobilisation de socialistes contre d'autres socialistes ou allantjusqu'à mobiliser d'autres groupes pour battre le gouvernement. Le débat entre godillots et déloyaux n'apas de sens. Si ce n'est notre affaiblissement collectif.

Et d'appeler à

"un rassemblement, car c'est ce qui fait notre force, nous permet de convaincre et d'entraîner avec nousles Français. Ce n'est pas l'argument pour éviter les débats, c'est la condition pour être audibles etcrédibles, et donc un jour entendus.

Pour enfoncer le clou, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, estime dans LeMonde qu'aucun ne peut donc souhaiter une « dissolution » , dit-il, et la gauche doit « dialoguer, mais ne pas s'affronter » : « Collectivement, il faut être à la hauteur de la conjoncturehistorique. »

Les frondeurs peuvent toujours intervenir: Manuel Valls leur opposera les 200 députés favorables àla ligne gouvernementale. Habile.

Page 7: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

7 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

POLITIQUE > Le gouvernement Valls II n’est pas assuré de pouvoir compter surune majorité absolue pour mener sa politique. Mais une majorité relative serasuffisante pour gouverner.

Romaric Godin

Le gouvernement Valls II pourra-t-il disposerd'une majorité à l'Assemblée nationale ?

Les divisions de la majorité créées par à la création du gouvernement Valls II amènent évidemmentcette question : un gouvernement français peut-il se contenter d'une majorité relative à l'Assembléenationale ? Pour le moment, en effet, l'exécutif dirigé par Manuel Valls n'est pas certain de disposerdes 289 sièges constituant la majorité absolue à l'Assemblée. Dans Le Monde daté du 29 août, 200députés socialistes sur 290 affirment leur fidélité au gouvernement. Le gouvernement peutégalement compter sur les voix des 16 députés du groupe RRDP, majoritairement radicaux degauche, puisque le parti de Jean-Michel Baylet participe au gouvernement.

Un gouvernement minoritaire ?

La majorité « sûre » du gouvernement serait donc de 216 sièges, soit moins que l'opposition dedroite qui compte 236 élus (189 UMP et 30 UDI ainsi que les 7 non-inscrits de droite (1 Modem, 3divers droite et 3 FN ou alliés)). Sans compter l'opposition de gauche des 15 élus du Front degauche qui pourraient être tentés par un vote-sanction contre le gouvernement. Il pourrait doncmanquer de 20 à 35 sièges (en cas de vote négatif du Front de gauche) à Manuel Valls pourdisposer d'une majorité relative.

Page 8: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

8 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Combien de députés déçus par le départ d'Arnaud Montebourg

Évidemment, ce chiffre est très suspect, car entre ne pas voter un texte dans Le Monde et voter ous'abstenir contre le gouvernement, il y a une marge importante. Pour s'appuyer sur une majoritérelative, Manuel Valls devra donc convaincre de 21 à 36 des 108 députés de gauche qui n'ont pasaffirmé leur soutien au gouvernement (90 socialistes et les 18 écologistes). La tâche paraîtréalisable puisque lors des votes sur le plan de stabilité du gouvernement, 41 députés socialistesseulement se sont abstenus, ce qui laisse en théorie 49 élus socialistes potentiellement favorablesau gouvernement. Avec un bémol : lors du vote, Arnaud Montebourg était toujours augouvernement. Si l'on considère que les 41 qui se sont abstenus confirmeront cette position, lavraie question est de savoir s'il y aura plus ou moins de 14 députés socialistes qui rejoindront leursrangs. Si les nouveaux frondeurs sont 14, alors la majorité est en danger en cas d'opposition desdéputés du Front de gauche. Sinon, elle ne sera en danger qu'en cas de ralliement de 29 députéssocialistes aux mécontents. Rappelons que les députés frondeurs étaient 90 en avril dernier lorsqu'ils ont signé un texte contre la politique du gouvernement.

La majorité relative suffisante dans la plupart des cas

Mais si Manuel Valls parvient à obtenir cette majorité relative, sera-t-elle suffisante ? Dans laplupart des cas, oui. Dans l'immense majorité des cas, l'Assemblée adopte les textes à la majoritédes exprimés. Les abstentions et les absences ne sont pas prises en compte. Mais il existequelques exceptions d'importance prévue par la Constitution. Le vote des lois organiques nécessiteainsi la majorité absolue des sièges effectivement pourvus. De même, pour renverser legouvernement dans le cadre d'une motion de censure, il faut obtenir la majorité des siègespourvus. En revanche, ni la loi de Finances, ni même l'engagement de la responsabilité dugouvernement dans le cadre des articles 49-1 et 50-1 de la Constitution n'exigent que legouvernement dispose d'une majorité absolue des sièges, une majorité relative (majorité desexprimés) suffit. Sauf donc à envisager une alliance consciente, baroque et aujourd'hui peuprobable de la droite, du centre, des Verts, des Frondeurs du PS et du Front de gauche contre lui,le gouvernement Valls II peut donc espérer tenir longtemps.

L'usage limité du 49-3

S'il n'est pas très sûr d'un soutien suffisant, Manuel Valls pourra toujours user de l'article 49-3 quipermet l'adoption d'un texte sans vote. Le seul recours est alors de déposer une motion de censurequi, comme on l'a vu, doit obtenir la majorité absolue des sièges pourvus. Ce procédé avait étélargement utilisé lors de la période 1988-1993 où le PS et ses alliés ne disposaient que de lamajorité relative. Mais l'usage de ce procédé a été largement limité par la réforme constitutionnellede 2008. Désormais, le gouvernement ne peut l'utiliser qu'une fois par session parlementaire, ainsique lors du vote des projets de lois de finance et de financement de la sécurité sociale. Il n'y auradonc pas de gouvernement « par le 49-3 », mais si ce dernier reste un outil utile pourgouvernement en cas de textes difficiles à faire passer.

Page 9: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

9 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Un recours aux ordonnances ?

Quant aux ordonnances, ce ne sont pas des moyens de contourner le parlement, mais ce sont desmoyens d'aller plus vite. Selon l'article 38 de la Constitution , le gouvernement doit en effetdemander au parlement le droit de gouverner par ordonnances pour un délai limité. Lesordonnances doivent cependant être ratifiées par le parlement ensuite. Le tout, à la majorité desexprimés, bien sûr. C'est un outil qui peut permettre d'éviter des lenteurs, mais pas de contournerune absence de majorité.

La majorité de Valls II n'est donc pas certaine, mais le Premier ministre dispose d'une marge demanœuvre assez confortable. Intenable dans un régime parlementaire, sa position dans le régimeprésidentiel français est bien plus assurée.

La composition de l'Assemblée nationale.

Page 10: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

10 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Le nouveau ministre de l’Économie, EmmanuelMacron, a indiqué dans une interview au Point qu’il souhaitait permettre auxentreprises et aux branches professionnelles de "déroger aux règles de temps detravail et de rémunération."

latribune.fr

Macron entend autoriser les entreprises àdéroger aux 35 heures

Les pieds dans le plats. Deux jours après sa nomination à Bercy Emmanuel Macron remets encause la règle des 35 heures de travail hebdomadaire. Dans une interview parue dans Le Point cejeudi, il affirme:

"Nous pourrions autoriser les entreprises et les branches dans le cadre d'accords majoritaires, à dérogeraux règles de temps de travail et de rémunération. C'est déjà possible pour les entreprises en difficulté.Pourquoi ne pas étendre à toutes les entreprises, à condition qu'il y ait un accord majoritaire avec lessalariés ?"

"Ce piège"

L'ancien banquier de Rothschild estime qu'une telle souplesse permettrait de "sortir de ce piège oùl'accumulation des droits donnés aux travailleurs se transforme en autant de handicaps pour ceuxqui ne travaillent pas. " À Bercy, il sera notamment chargé du dossier de la simplificationadministrative, que la veille, le Premier ministre Manuel Valls a promis de défendre devant les

Page 11: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

11 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

patrons d'entreprise réunis à l'université du Medef.

>> Valls aime l'entreprise, et ne le cache pas

Justifiant la nécessité de réaliser 50 milliards d'économies en trois ans ("il ne sera pas nécessaired'aller plus loin"), le ministre affirme qu'il "y a toujours un doute sur la parole de la France" qui ademandé des délais en 2003 et 2007 pour atteindre l'objectif de 3% de PIB de déficit.

" Les tout premiers rendez-vous qu'Emmanuel Macron va avoir seront avec les organisationssyndicales, qu'il va rencontrer dans les tout prochains jours", ont indiqué des sources à l'AFP aprèsl'indignation suscitée dans les rangs des responsables syndicaux par cette remise en question des35 heures.

Page 12: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

12 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

POLITIQUE > La réaction du cabinet de Manuel Valls intervient après la parutiond’une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle le nouveau ministre del’Economie se dit favorable au fait d’autoriser "les entreprises et les branches àdéroger" aux 35 heures.

latribune.fr

Matignon rectifie le tir sur les 35 heures, qui"relèvent de discussions entre partenairessociaux"

Le gouvernement "n'a pas l'intention de revenir sur la durée légale du travail à 35 heures", dont lamodification éventuelle "relève de discussions entre partenaires sociaux" que l'exécutif "respectera", a assuré jeudi Matignon à l'AFP.

La réaction du cabinet de Manuel Valls intervient après la parution dans Le Point d'une interviewd'Emmanuel Macron, réalisée avant sa nomination comme ministre de l'Économie, dans laquelle ilse dit favorable au fait d'autoriser "les entreprises et les branches à déroger" aux 35 heures, en casd'accords avec les organisations syndicales.

Rencontre avec les syndicats "dans les tous prochains jours"

Une source proche du ministre de l'Economie Emmanuel Macron a par ailleurs indiqué à l'AFP que celui-ci rencontrera "dans les tout prochains jours" les organisations syndicales.

Page 13: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

13 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Ces rencontres, organisées "au plus tard en début de semaine prochaine" , devraient permettred'entrer dans "une logique de concertation et de dialogue social".

Page 14: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

14 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

POLITIQUE > La "dérogation aux règles de temps de travail et de rémunération"évoquée par le nouveau ministre de l’Économie Emmanuel Macron a relancé ledébat sur les 35 heures.

latribune.fr

La "dérogation" aux 35 heures évoquée parMacron crée la polémique

Remettre en cause les 35 heures ? La proposition d' Emmanuel Macron, nouveau ministre del'Économie qui s'est déclaré dans une interview accordée au Point  la veille de sa nomination àBercy, favorable au fait d'autoriser "les entreprises et les branches à déroger" aux 35 heures, encas d'accords avec les organisations syndicales, n'a pas manqué de faire réagir syndicats etpolitiques.

"Pas une bonne idée"  pour la CFDT

Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a estimé jeudi sur Europe 1 que déroger aux 35heures n'était "pas une bonne idée" et surtout n'est "pas à l'ordre du jour".

"Ceci étant, il y a une négociation qui va s'ouvrir autour du dialogue social, qu'il nous laisse discuteravec l'entreprise" , a toutefois expliqué le numéro un de ce syndicat, qui a validé la plupart desréformes sociales mises en place depuis l'élection de François Hollande (loi de sécurisation del'emploi, retraites, formation...).

Les regrets de Fillon

Page 15: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

15 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

L'idée semble davantage plaire à l'UMP. Son co-président par intérim François Fillon l'estime eneffet "excellente" et a regretté au micro de BFM TV et RMC "l'erreur" de son gouvernement quand ilétait Premier ministre "de ne pas s'être attaqué aux 35 heures" , Nicolas Sarkozy ayant "préféré l'option de la défiscalisation des heures supplémentaires".

Des propos appuyés par le député UMP, Eric Ciotti, qui apporte le plein soutien du parti.

<cms:widget xmlns:cms="latribunecms" type="twitter"url="https://twitter.com/ECiotti/statuses/504894137767047168" author="Eric Ciotti ?" nickname="ECiotti"date="2014-08-28">

Si la proposition de #Macron d'assouplir les 35h, dans le sens de ce que nous proposons avec @FrancoisFillon, arrive à l'AN nous la voterons

— Eric Ciotti ? (@ECiotti) 28 Août 2014 </cms:widget>

Le patronat en faveur de plus de souplesse

C'est également la position adoptée par le vice-président délégué du Medef, Geoffroy Roux deBézieux. Interrogé sur  France  Info , il estime que "la question ne doit pas être taboue"  et sepositionne en faveur d'une "démontage progressif".

Pour autant, "le thème des 35 heures n'est pas un thème essentiel pour les grandes entreprises", juge le PDG d'Orange Stéphane Richard, invité de France Inter . Même s' "il est clair par contrequ'en France [...] il y a un problème de quantité de travail qui peut être traité en apportant plus desouplesse et notamment par rapport aux 35 heures".

"Pas de remise en cause de la durée légale du travail"

Dans tous les cas, une suppression des 35 heures ne figure pas dans les projets du gouvernement.Harlem Désir, depuis peu secrétaire d'État aux Affaires européennes, est monté au créneau sur i>Télé pour éteindre la polémique avant que Matignon ne rectifie le tir.

" Il y a une volonté de développer la négociation sociale dans les entreprises, la négociation sur ladéfense de l'emploi, sur l'aménagement du temps de travail, sur les seuils sociaux, mais pas de remettreen cause la durée légale du travail."

Page 16: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

16 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

PRÉVISIONS > Le déficit budgétaire de l’année fiscale 2014, qui se termine enseptembre, devrait atteindre 506 milliards de dollars. Il atteindra toutefoispresque 4% du PIB entre 2022 et 2024 notamment à cause du vieillissement de lapopulation.

latribune.fr

Le déficit des Etats-Unis passe sous les 3%de PIB... et devrait y rester jusqu'en 2018

Un plus bas depuis 2007. Le déficit budgétaire des États-Unis devrait s'améliorer pour glisser sousla barre des 3% du produit intérieur brut  (PIB), selon les prévisions du Bureau du budget duCongrès (CBO) publiées mercredi.

"En représentant 2,9% du PIB, le déficit de cette année s'est nettement réduit par rapport à son niveaudes années précédentes, qui a presque atteint 10% du PIB en 2009", affirme l'institution.

Le déficit budgétaire de l'année fiscale 2014, qui se termine en septembre, devrait ainsi atteindre506 milliards de dollars, un peu plus que le chiffre de la dernière prévision du CBO (462 milliards dedollars en avril) mais 170 milliards de moins qu'en 2013.

Explosion de la dette fédérale

Le déficit budgétaire demeurera sous la barre des 3% jusqu'en 2018 mais atteindra presque 4%

Page 17: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

17 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

entre 2022 et 2024, notamment du fait des coûts du vieillissement de la population, del'assurance-maladie et des intérêts de la dette, estime le CBO dans son rapport.

La dette fédérale a en effet continué d'augmenter pour atteindre 74% du PIB fin 2014, "plus dedeux fois son niveau de 2007 et un sommet depuis 1950", et atteindra 77% du PIB en 2024.

3,4% de croissance en 2015 et 2016

Le CBO a par ailleurs réduit ses prévisions de croissance pour l'année, affirmant que le PIB réel,ajusté de l'inflation, ne croîtra pas de plus de 1,5% entre le quatrième trimestre 2013 et lequatrième trimestre 2014. L'expansion devrait repartir après 2014 et jusqu'en 2016 pour s'établir enmoyenne à 3,4% par an, puis ralentir à 2,2% par an entre 2018 et 2024.

Comme la Réserve fédérale (Fed), le Bureau du budget du Congrès estime qu'il y a unesous-utilisation des ressources du marché du travail qui ne devrait disparaître qu'à la fin de 2017.Le taux de chômage de 6,2% actuellement devrait alors glisser vers 5,6% au quatrième trimestre2017, un niveau proche du plein emploi.

Page 18: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

18 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

LA POLÉMIQUE > L’indépendance de l’Ecosse a ses détracteurs parmi lesdirigeants d’entreprises outre-Manche. Mais elle a aussi ses soutiens écossais,en apparence un peu plus nombreux.

latribune.fr

200 patrons britanniques répondent aux 130qui s'opposent à l'indépendance de l'Écosse

Aux abords du mur d'Hadrien, les patrons britanniques s'affrontent à coups de pétitions. L'Écossedoit-elle prendre son indépendance? Quelque 130 responsables d'entreprise ont répondu "non" publiquement mercredi. Le lendemain, 200 autres répliquent par un grand "yes" dans une lettrepubliée par le Herald Scotland adressée au Premier ministre David Cameron.

Fer de lance de ces défenseurs de l'indépendance, Tony Banks, président du groupementBusiness for Scotland, affirme que " de plus en plus de personnes dans le monde des affairespenchent pour le 'oui' après avoir regardé de près les faits et les chiffres".

Le patron de Stagecoach contre celui de HSBC

Des patrons d'hôtels, de restaurants, de distilleries, le fondateur du groupe de transportStagecoach, Brian Souter, mais aussi Jim McColl, PDG de l'entreprise d'ingénierie Clyde Blowersfigurent parmi les signataires.

En face, le camp du "non" compte notamment dans ses rangs le président du géant bancaire

Page 20: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

20 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

POLITIQUE > Coupant l’herbe sous le pied des frondeurs, 200 députés PSappellent au rassemblement et au soutien de François Hollande. Le premiersecrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avertit qu’il ne tolérera pas dedébats contre le gouvernement

latribune.fr

200 députés socialistes disent leur soutien àHollande et Valls

Plus de 200 des 290 députés socialistes appellent, dans une tribune publiée par Le Monde jeudisur son site internet, au "rassemblement" derrière François Hollande, et demandent auxparlementaires dits "frondeurs" d'être "pleinement responsables de l'intérêt général de la gauche etdu pays".

"Le président de la République a indiqué le calendrier de cette seconde moitié du quinquennatdans son entretien télévisé du 14 juillet. Nous nous inscrivons dans ce chemin", écrivent lessignataires, dont le président de l'Assemblée Claude Bartolone et celui du groupe socialiste BrunoLe Roux.

Le cap est fixé

"Le cap de la politique économique a été fixé, et nous l'assumons (...) On ne peut redonnerconfiance à un pays qui doute par des coups de volant brusques et répétitifs", ajoutent-ils.

Page 21: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

21 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Après le changement de gouvernement et à la veille de l'ouverture de l'université d'été du PS à LaRochelle, le texte s'en prend directement aux "frondeurs", un groupe d'une quarantaine de députéssocialistes qui depuis plusieurs mois ne votent pas les textes budgétaires du gouvernement.

"Le débat entre godillots et déloyaux n'a pas de sens"

"Le problème n'est pas qu'il y ait des désaccords, il en a déjà existé (...) Le problème réside dans lapermanence d'une défiance a priori à l'égard de l'exécutif, qui a conduit une mobilisation desocialistes contre d'autres socialistes ou allant jusqu'à mobiliser d'autres groupes pour faire battrele gouvernement", jugent-ils. "Le débat entre godillots et déloyaux n'a pas sens. Si ce n'est notreaffaiblissement collectif", ajoutent-ils. Le groupe doit être plus que jamais le lieu de l'élaboration (...)La majorité, le mode de régulation. Nous ne pèserons dans les débats que collectivement",insistent-ils.

L'avertissement de Cambadélis

Quant à Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, il assure jeudi que lesocial-libéralisme ne fait partie ni du "vocabulaire" ni de la "tradition" de son camp. Histoire derassurer. Mais c'est aussitôt pour mettre en garde les élus PS,  avertissant qu'il s'opposerait à desdébats au PS qui auraient "pour but de renverser le gouvernement", dans une interview au Mondedaté de vendredi.

Jeudi matin, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, a appelé les parlementaires"sincèrement de gauche" de refuser la confiance au nouveau gouvernement de Manuel Valls.

Page 22: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

22 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

LA CITATION > Jean-Luc Mélenchon, qui a quitté la coprésidence du Parti degauche (PG), s’est déclaré mercredi "intéressé" par les positions sur l’économied’Arnaud Montebourg, exclu du gouvernement.

latribune.fr

Travailler avec Montebourg ? "Pourquoi pas"(Mélenchon)

Jean-Luc Mélenchon et Arnaud Montebourg main dans la main ? En tout cas, le premier, qui vientde quitter la coprésidence du Parti de gauche (PG), s'est déclaré mercredi sur Europe 1 "intéressé"par les positions économiques de l'ancien locataire de Bercy, fraîchement exclu du gouvernement:

"Ce qui m'a beaucoup intéressé dans l'attitude de Montebourg, c'est que pour la première fois, il abordeun sujet qui le place directement sur mon terrain, c'est la question de la citoyenneté dans l'entreprise etdans le domaine économique : qui décide?". "Jusqu'à présent il n'évoquait la VIe République que surses aspects institutionnels, c'est-à-dire le Parlement, le Sénat"

A tel point que l'ancien président du PG s'est dit " d'accord pour travailler avec tous ceux quiassurent la rupture", et "pourquoi pas" l'ancien ministre de l'économie.

Rassembler les citoyens et donner la parole au peuple

Au sujet de son avenir politique, Jean-Luc Mélenchon a rappelé son aversion pour les querelles declocher, tout en prédisant un avenir des plus funestes à la politique menée par le Premier ministre:

Page 23: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

23 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

"Je n'ai pas l'intention de me laisser enfermer dans les chicayas des fractions de la gauche et chaquesemaine soupeser lequel de celui-ci ou de celui-là se rapproche de moi ou s'éloigne de moi". "Je penseque je perds mon temps à faire ça et encore plus à commenter la trajectoire du corbillard que dirigeMonsieur Valls".

En revanche, a-t-il poursuivi, " je dois me donner tous les moyens pour réussir l'objectif que je mesuis fixé". "J'ai besoin d'aller convaincre les gens qui ne sont pas membres de mon parti de formerensemble un mouvement pour que le peuple ait la parole et que ça soit la VIe République".

Page 24: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

24 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Le maire de Bordeaux, candidat à la primaire UMPpour la présidentielle de 2017, est le responsable politique jugé le plus capablede sortir la France de la crise économique, devant Manuel Valls et NicolasSarkozy à égalité, selon un sondage Ipsos-Le Point publié mercredi 27 août.François Hollande arrive loin derrière.

latribune.fr

Alain Juppé jugé meilleur agent anticrise,selon un sondage

C'est un sondage qui doit conforter Alain Juppé dans son choix de se porter candidat à la primaireUMP pour la présidentielle de 2017 . Un Français sur deux estime qu'il est capable de sortir laFrance de la crise économique, devant Manuel Valls et Nicolas Sarkozy tous deux crédités de 40%de jugements favorables, selon les résultats du sondage Ipsos-Le Point publié mercredi 27 août.

 François Hollande arrive dernier de ce banc d'essai concernant dix personnalités.16% desinterrogés qui lui font confiance pour y parvenir, et 82% qui ne lui font pas confiance.

Alain Juppé, également le plus populaire

Alain Juppé est par ailleurs en tête du palmarès de popularité publié par le même institut lundi 25août, avec 55% d'avis favorables.

François Fillon arrive deuxième, inspirant confiance à 33% des sondés. Marine Le Pen suit en 7e

Page 25: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

25 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

position à 27% devant Arnaud Montebourg (22%), et Jean-Luc Mélenchon (19%). FrançoisHollande, à 17% d'avis favorables, atteint un record d'impopularité.

<cms:widget xmlns:cms="latribunecms" type="html">Ce sondage Ipsos-Le Point a été réalisé par téléphone les 22 au 23août auprès d'un échantillon de 974 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. </cms:widget>

Page 26: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

26 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

MATIÈRE GRISE > Plus d’un tiers des économistes de moins de 45 ansdistingués par des chercheurs et des journalistes interrogés par une chercheusedu Fonds monétaire international (FMI) sont français.

latribune.fr

Ces sept cracks français "façonnent" lapensée économique du monde (selon le FMI)

Certains sont déjà des"stars" comme Esther Duflo et Thomas Piketty. Les autres sont peut-être unpeu moins dans la lumière, mais leur influence dans le monde des idées n'en serait pas moinsforte. En tout, sept jeunes économistes "frenchy" ont été distingués avec 18 autres chercheurs demoins de 45 ans qui, selon le Fonds monétaire international (FMI) "façonnent la manière dont nouspensons l'économie mondiale".

Ces membres de la "future génération" (" Generation Next ") sont listés dans le numéro d'unepublication trimestrielle  du FMI datée de septembre et déjà parue en ligne . Carmen Rollins,chercheuse travaillant pour l'organisation, a réuni les avis d'économistes internationaux mais ausside rédacteurs en chef et de lecteurs de la revue à laquelle elle participe (Finance andDeveloppment).

Outre la dizaine d'Américains (et des bi-nationaux comme Esther Duflo, Franco-américaine), unArgentin, un Russe, un Canadien et un Britannique, cette galerie de grands esprits compte doncune brochette de Français, dont voici la liste exhaustive.

● Ester Duflo (42 ans)

Page 27: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

27 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Formée à l'Ecole normale supérieure, cette enseignante du Massachusetts Institute of Technology(MIT) fait partie des conseillers économiques de Barack Obama. Elle est spécialiste dudéveloppement.

>> Barack Obama s'attache les services d'une économiste française

● Emmanuel Farhi (35 ans)

Professeur d'économie à Harvard,  ce normalien titulaire d'un doctorat du MIT étudie notammentl'économie internationale et les finances publiques. Il a reçu plusieurs prix dont celui de la banquede France en 2013.

● Xavier Gabaix (43 ans)

Xavier Gabaix enseigne quant à lui à la New York University (NYU), il est spécialiste desrémunérations de patrons d'entreprise et, plus largement adepte des modèles behavioristes (étudedes comportements).

● Thomas Philippon (40 ans)

Collègue de Xavier Gabais à NYU , Thomas Philippon  est l'auteur, entre autres, d'un ouvrageintitulé Le Capitalisme d'héritier: La crise française du travail (Seuil, 2007). Sa thèse? Des rigiditésinstitutionnelles ou un coût élevé n'expliquent qu'en (faible) partie la crise de l'emploi dans les paysdéveloppés en général et en France en particulier. Il faudrait plutôt en rechercher les causes ducôté des facteurs socio-culturels, notamment dans une certaine propension à confier la directiondes grands groupes et des administrations publiques aux membres d'une caste évoluant en vaseclos.

● Thomas Piketty (43 ans)

Faut-il encore présenter le nouveau champion français des études économiques? L'auteur  du "Capital au XXIe siècle", qui explore le thème des inégalités, à la fois succès de librairie et sujet decontroverse a eu droit aux honneurs de la Maison Blanche... et aux railleries de l'agenceBloomberg.

>> Thomas Piketty est-il vraiment sérieux?

● Hélène Rey (44 ans)

Professeur à la London School of Economics, Hélène Rey est spécialiste des échanges decapitaux et des systèmes monétaires. Elle est avec Esther Duflo l'autre Française de cette liste, quicompte sept femmes en tout (les autres sont Melissa Dell , Amy Finkelstein , Kristin Forbes, GitaGopinath, Emi Nafamura).

Page 28: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

28 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

● Emmanuel Saez (41 ans)

Les cerveaux français s'exportent jusqu'à la côte Ouest des Etats-Unis. Directeur du "center forequitable growth" (centre pour la croissance équitable) à l'université californienne de Berkeley, Emmanuel Saez est diplômé du MIT. Il a collaboré avec Thomas Piketty dans ses recherches surles inégalités. Il a également abordé le thème du taux d'imposition optimal.

- - -

A lire aussi:

>> Ce Français lit l'avenir de l'économie américaine mieux que quiconque

>> Découvrez qui est l'économiste le plus influent aux yeux des internautes

Page 29: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

29 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

FRANCE-ALLEMAGNE > La chancelière, interrogée mercredi soir par unmagazine allemand, met en avant l’exemple de son pays qui dans les années2000 avait engagé des réformes.

latribune.fr

Merkel presse Hollande de tenir sespromesses de réformes structurelles

Le départ à Bercy d'Arnaud Montebourg - qui a critiqué la position de Berlin face à la crise. Etl'arrivée d'Emmanuel Macron, qui a incarne le tournant libéral pris par le gouvernementsocialiste, elle ne les commente pas directement. Angela Merkel a toutefois glissé:

"En France, il s'agit de savoir si l'on fait de véritables réformes structurelles. Cela, le président françaisaussi l'avait annoncé."

Invitée par le magazine allemand Cicero mercredi, la chancelière allemande a estimé que comptetenu de la situation économique, les pays européens doivent " soutenir la croissance"  tousensemble et "pas uniquement par une augmentation des dépenses".

Début août, François Hollande avait appelé Berlin à soutenir la croissance en Allemagne. Il n'avait obtenu qu'une fin de non recevoir.

>> Austérité : pourquoi Berlin durcit le ton

Page 30: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

30 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Le souvenir des réformes Hartz

" En 2000, l'Allemagne était l'homme malade de l'Europe, vilipendé de toutes parts ", ajoute lachancelière, avant d'évoquer les réformes du marché du travail notamment engagées par sonprédécesseur Gerhard Schröder sur les conseils de l'industriel Peter Hartz.

Mi-juillet, la chancelière, réticente à la nomination de Pierre Moscovici à la Commissioneuropéenne, demandait en contrepartie que ses objectifs budgétaires soient respectés par laFrance.

>> Berlin fixe ses conditions à la nomination de Pierre Moscovici à Bruxelles

"Hausser le ton"

Le 23 août, l'ex-ministre de l'Économie Arnaud Montebourg avait appelé publiquement dans Le Monde à "hausser le ton" face aux exigences allemandes:

"Nous ne pouvons plus nous laisser faire. Si nous devions nous aligner sur l'orthodoxie la plusextrémiste de la droite allemande, cela  (...)  signifierait que, même quand les Français votent pour lagauche française, en vérité ils voteraient pour l'application du programme de la droite allemande."

Une incartade parmi d'autres qui ont coûté son poste à l'ancien occupant de Bercy.

Page 31: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

31 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

ZONE EURO > C’est désormais clair : la France, avec le gouvernement Valls 2,adopte un ton plus conciliant pour convaincre l’Allemagne de relancer lademande européenne. Mais c’est méconnaître l’étendue du fossé entre les deuxpays.

Romaric Godin

France-Allemagne : le dialogue de sourds vacontinuer

En 1970, Michel Audiard réalisait son premier film, « Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas,mais... elle cause.  » Bernard Blier y joue le rôle d'un employé de banque qui se voit adresser cereproche par Monsieur Grusson, son caissier principal : « Lorsque vous m'adressez une suppliqueconcernant votre avancement, soyez assez aimable de ne rien "soumettre à mon équité", mais de "solliciter de ma haute bienveillance ." J'aimerais ne pas avoir à vous le redire. » Toute la crisedu gouvernement français pourrait se résumer à la résolution des deux possibilités présentées parle caissier principal. Arnaud Montebourg souhaitait être légèrement plus ferme avec l'Allemagneque Manuel Valls sur la question de la relance européenne.

Le Premier ministre l'a confirmé mercredi lors de l'université d'été du Medef  : il demande aussi àl'Allemagne d'agir sur la demande, mais il le fait sans « montrer du doigt » ce pays. Il entend laconvaincre par la méthode douce. «  Solliciter de la haute bienveillance  » de Berlin une actioneuropéenne, en somme... Voici donc la question de forme réglée. Mais pour le fond, rien n'aréellement avancé.

Poursuite de la stratégie menée depuis 2012

Page 32: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

32 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Car s'il y a un « tournant » dans le langage du gouvernement français vis-à-vis des entreprises, iln'y en a aucun sur la question franco-allemande. Cette clarification est en fait une confirmation dela ligne menée depuis 2012 et qui consiste à donner des gages de bonne volonté à l'Allemagnepour obtenir au mieux une action de relance, au pire sa simple tolérance sur la question desdéficits.

Réformer pour séduire Berlin

Or, le bilan de cette action est évident. Depuis 2012, François Hollande n'a guère obtenu de sastratégie européenne que des délais pour réduire le déficit. Son « pacte de croissance » de juin2012 a fini sa vie dans les placards poussiéreux de Bruxelles. Il n'y a pas eu de relance et, dureste, l'économie de la zone euro demeure sous la menace de la déflation, faute de demande.C'est qu'en réalité, le « couple franco-allemand » ne se comprend guère et parle deux langagesdifférents. De ce côté-ci du Rhin, on estime que l'Allemagne, impressionnée par la volonté deréforme du gouvernement, va aider la France à retrouver la croissance en stimulant la demande.

L'Allemagne ne veut pas de relance

Mais de l'autre côté du Rhin, on estime, comme le précisait le ministre fédéral des FinancesWolfgang Schäuble en juillet, que la France souffre de deux maux : une crise de confiance et unecrise de compétitivité. Pour dépasser ces deux crises, il faut des « réformes structurelles » et uneréduction du déficit. C'est uniquement ainsi que, dans la logique allemande, la France retrouvera lacroissance, la « vraie », celle qui doit « durer. »  Or, en Allemagne, on craint que toute relance« artificielle » (entendez fondée sur une action de l'État) ne vienne ralentir - en faisant revenir lacroissance - la volonté réformatrice de la France. C'est la fameuse peur de « l'aléa moral. » Cellequi a conduit aux politiques d'austérité des pays périphériques depuis 2010. A Berlin, on fait ceconstat : la stagnation de l'économie française a du mal à convaincre Paris d'agir. Que sera-ce si lacroissance revient ? Dans la logique économique ordolibérale, la récession a une fonction, celle deconduire à la correction. Et c'est ce que l'on refuse de voir en France où l'on pense que l'Allemagnene peut se permettre une récession française...

Fossé entre deux logiques

On comprend donc le fossé entre les deux logiques : d'un côté, on veut faire des réformes pourobtenir une relance. De l'autre, on refuse toute relance qui freinerait les réformes. Au final, onn'avance donc pas. Ou plutôt, on avance dans le chemin tracé par les institutions européennes,celui du Semestre européen. Or, ce chemin, qui n'offre  à la France que d'obtenir plus ou moins detemps, ne permet pas de sortir de l'ornière du risque déflationniste qui menace de plus en plus lazone euro. L'impuissance de la BCE à contrer ce risque, l'apathie de la croissance européenne,l'affaissement des taux d'inflation, tout montre qu'il faudrait un choc de demande. Mais le blocagefranco-allemand le rend impossible. En réalité, ce bocage permet aux institutions européennes

Page 33: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

33 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

issus de la crise d'assurer le maintien de la logique "allemande" et de rendre la relance au mieuxlimitée au pire illusoire.

Pas de contrepoids à l'Allemagne

D'autant qu'il existe un autre inconvénient à la stratégie choisie par Paris, celui de l'absence derésistance réelle à l'Allemagne au sein de la zone euro. Matteo Renzi, le président du conseilitalien, qui était prêt au printemps à montrer de la fermeté vis-à-vis de Berlin, et qui, en juillet,pouvait lancer à la tribune du parlement européen un « pas de leçons » à un député conservateurallemand qui réclamait plus de réformes dans son pays, est désormais isolé. Lors du sommeteuropéen des 28 et 29 juin, il n'a obtenu sur la question de la flexibilité des règles budgétairesqu'un rappel des traités. Lâché par la France et les sociaux-démocrates allemands, il en est réduitdésormais ou à entrer seul en conflit avec Berlin, ce qu'il ne peut se permettre, ou à s'aligner sur lastratégie française dont on a vu les tares. Parallèlement, Berlin renforce ses positions en resserrantses liens avec Madrid. Autrement dit, il ne faut rien attendre de l'initiative franco-italienne « contrel'austérité » qu'on annonce à Bruxelles. Pas davantage que du nouveau sommet européen sur lesujet demandé par François Hollande lors de la Conférence des ambassadeurs jeudi. La zone euroest encore dans l'ornière pour longtemps...

Page 34: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

34 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

MENACE DÉFLATIONNISTE > Les prix se sont stabilisés en Allemagne en août,mais ils ont continué à baisser en Espagne. La BCE ne devrait pas agir enseptembre.

latribune.fr

L'inflation se stabilise en Allemagne etpoursuit son recul en Espagne

A la veille de la première estimation de l'inflation de la zone euro pour le mois d'août, les premièresdonnées demeurent préoccupantes. Ainsi, la baisse des prix à la consommation s'est accélérée cemois-ci en Espagne à -0,5 % sur un an, après un premier recul de 0,3 % en juillet. Certes, l'institutnational de statistiques (INE) précise que cette baisse est en grande partie due à l'effet du reculdes prix des carburants depuis un an, mais sur un mois, l'inflation n'est que de 0,1 %, soit 20 pointsde base de moins qu'entre juillet et juin. Et reste un fait : jamais les prix n'avaient autant baissé enEspagne en août depuis octobre 2009, voici presque cinq ans.

Stabilité en Belgique

En Belgique, autre pays révélant traditionnellement avec précocité ses chiffres d'inflation, la haussedes prix a été quasiment nulle en août à 0,02 % sur un an contre 0,34 % en juillet. C'est le plusfaible taux depuis novembre 2009. Hors énergie, les prix continuent également de s'affaisser enpassant de 1,30 % à 0,97 %. Autrement dit, outre-quiévrain également, les prix marquent le pas.

L'Allemagne se stabilise

Page 35: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

35 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Restait l'Allemagne. Ce jeudi matin, les premiers Länder ont révélé leurs chiffres d'inflation. Aufinal, ils relèvent une légère hausse mensuelle de 0,1 % contre une stabilité attendue. Maisl'inflation annuelle est demeurée stable à 0,8 % au niveau national en août, selon la premièreestimation de Destatis.

Que va faire la BCE ?

L'inflation au niveau de la zone euro devrait donc continuer à s'effriter, mais modérément. Cecipermettra à la BCE de gagner du temps avant d'annoncer un programme d'assouplissementquantitatif qui, compte tenu de la faiblesse des perspectives européennes, paraît inévitable. Mais, comme il l'a signalé dans son discours de Jackson Hole, Mario Draghi souhaiterait coordonnerson action avec les gouvernements. Une ambition qui n'est pas à l'ordre du jour pour le moment.Désormais, le marché table sur un statu quo pour la réunion du Conseil des gouverneurs jeudiprochain.

Page 36: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

36 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

SOMMET EUROPÉEN DU 30 AOûT > Il reste deux candidats à la présidence duconseil européen : la danoise Helle Thorning-Schmidt et le polonais Donald Tusk.La course s’annonce indécise.

Romaric Godin

Qui sera le successeur de Herman vanRompuy à la présidence du conseil européen?

Selon le Financial Times , il ne reste plus, avant le sommet européen de ce samedi, que deuxcandidats à la présidence du conseil européen. Deux actuels chefs du gouvernement : la danoiseHelle Thorning-Schmidt et le polonais Donald Tusk seraient ainsi encore sur les rangs. On seraitainsi passé de six candidats potentiels à deux.

Des différences politiques minces

Les deux personnalités représentent en théorie les deux spectres politiques de la majorité politiqueeuropéenne : Helle Thorning-Schmidt est sociale-démocrate, Donald Tusk, libéral membre du partipopulaire européen. Mais en réalité, il n'y a pas de divergences fondamentales entre ces deuxcandidats sur le plan politique. Ce sont deux alliés assez proches d'Angela Merkel. HelleThorning-Schmidt, notamment, a été très vivement critiquée après son arrivée au pouvoir en 2011pour avoir oublié ses promesses de relance et de politique sociale et avoir mené une politiquebudgétaire très stricte. Quant à Donald Tusk, orthodoxe en matière économique, il a toujours été undéfenseur de l'amitié avec son voisin occidental contre les tentations nationalistes de la droite

Page 37: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

37 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

représentée par le parti des frères Kasczynski.

Deux sociaux-démocrates à la tête de l'Europe ?

Certes, la nomination quasi certaine de l'italienne Federica Mogherini au poste de hautreprésentant aux Affaires Etrangères donne un avantage à Donald Tusk afin que la paritéPPE-PSE soit respectée. Sauf que le premier ministre polonais n'est pas soutenu par une partiedes Conservateurs européens, notamment David Cameron qui, après son échec concernant lanomination de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission, voudra être entendu. MêmeAngela Merkel semble plutôt pencher pour la social-démocrate danoise.

Helle Thorning-Schmidt, meilleure pour forger des compromis

Le choix du successeur de Herman van Rompuy se fera donc sur d'autres critères. D'abord, lacapacité à trouver et forger des compromis. De ce côté, l'avantage va plutôt à HelleThorning-Schmidt, ancienne conseillère des syndicats danois, qui dispose des habitudes des paysnordiques dans ce domaine. Surtout, elle peut aussi s'appuyer sur sa bonne connaissance descultures européennes. Mariée au fils de l'ancien leader travailliste britannique Neil Kinnock, elle estdiplômée de l'université de Bruges, parle parfaitement l'anglais et le français et se défend ennéerlandais et en allemand. Quoique très europhile, Donald Tusk n'est pas réputé pour sa maîtrisedes langues étrangères et ne dispose sans doute pas de la même aisance que sa concurrentedanoise pour forger des compromis.

L'atout de Tusk : le soutien de l'Europe centrale

Mais Donald Tusk dispose d'un atout : sa nomination, dix ans après le grand élargissement de l'UE,serait une reconnaissance apportée à l'ensemble des 13 pays qui ont adhéré après 2004. D'autantque dans un contexte très trouble en raison de la crise ukrainienne, beaucoup de pays d'Europecentrale serait conforté et rassuré par une telle nomination. Le premier ministre polonais peut donccompter sur un bloc de soutien des pays se situant derrière l'ancien rideau de fer. La France, quis'est rapproché de la Pologne sur la question des travailleurs détachés (où Varsovie et Londres sesont déchirés) soutient aussi Donald Tusk. Mais si Berlin et Londres décident de soutenir laDanoise, y aura-t-il une épreuve de force ? François Hollande insistera-t-il pour nommer à laprésidence du conseil un conservateur contre une candidate du PSE ? Pourra-t-il assumer sonrefus de nommer une femme de son camp à ce poste ? Et que fera Matteo Renzi ?

Deux candidats mal en point dans leurs pays

Les deux candidats ont un dernier point commun : ils sont fort impopulaires en ce moment dansleur pays et pourraient perdre les élections prévues l'an prochain. Au Danemark, le gouvernementd'alliance entre Sociaux-démocrates et Socialistes a attisé les déceptions et le mécontentement.

Page 38: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

38 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

Deux camps en profitent : les populistes du Parti du Peuple danois (Df), actuellement donnés àplus de 20 % des intentions de vote et l'extrême-gauche (donnée à près de 10 %). La coalition deHelle Thorning Schmidt accuse un retard de 15 points dans les sondages face à l'alliance de droiteavec un parti social-démocrate sous les 20 %, du jamais vu depuis 1901 ! Donald Tusk, lui, a été fragilisé par les révélations concernant les relations de son parti avec la banque centrale en juin. Aux élections européennes, son parti et celui des Conservateurs ont fait jeu égal, mais il accuse désormais du retard.

La clé à Londres ?

Les jeux seront donc serrés entre ces deux chefs de gouvernement en difficulté. L'enjeu n'est pasmince, car le président du Conseil européen est une pièce discrète, mais importante, du dispositifde décision de l'UE. Comme Berlin peut être tranquille sur la fidélité des deux candidats, la clé dela décision résidera certainement à Londres. Car le Royaume-Uni abrite une forte communauté dePolonais. Le locataire de Downing Street, va donc devoir choisir entre l'anglophile Danoise ou lesoutien au premier ministre polonais pour s'attacher les Anglo-polonais. S'il se rallie à Donald Tusk,rien ne pourra sans doute empêcher ce dernier de présider le conseil européen.

Page 39: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

39 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

CONFLIT > Le Conseil de sécurité et de défense ukrainien a affirmé jeudi 27 aoûtque la ville de Novoazovsk, dans le sud-est de l’Ukraine, était passée sous lecontrôle de l’armée russe. Moscou dément.

latribune.fr

L'Ukraine demande une aide militaire"d'envergure" aux Occidentaux

Kiev a demandé ce jeudi 28 août aux Occidentaux une aide militaire "d'envergure" face à l'entréede troupes russes dans l'est séparatiste, faisant craindre une guerre ouverte entre la Russie etl'Ukraine. Le Conseil de sécurité et de défense ukrainien a affirmé que la ville de Novoazovsk, dansle sud-est de l'Ukraine, était tombée sous le contrôle de l'armée russe et que l'offensive desséparatistes et des troupes russes dans le sud-est de l'Ukraine se poursuivait

Aussi le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, dont le pays préside actuellement l'Unioneuropéenne, a-t-il appelé le président russe, Vladimir Poutine, pour dénoncer "l'entrée" des troupesrusses en Ukraine, qualifiée d'"escalade intolérable". Mais Moscou a démenti toute présencemilitaire.

Porochenko annule une visite en Turquie

Le président ukrainien, Petro Porochenko, a annulé une visite en Turquie, comme il l'explique dansun communiqué de la présidence :

Page 40: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

40 ÉconomieLA TRIBUNE 29/08/2014

"J'ai pris la décision d'annuler une visite de travail en République de Turquie en raison de la dégradationrapide de la situation dans la région de Donetsk, notamment dans les secteurs d'Amvrossiyivka et deStarobecheve, alors même que des troupes russes ont été acheminées en Ukraine."

3.000 volontaires russes selon les séparatistes

Alexander Zakhartchenko, l'un des chefs séparatistes ukrainien, a reconnu jeudi matin 27 août que3.000 volontaires russes servent actuellement dans les rangs des séparatistes ukrainiens.

Dans une interview mise en ligne sur Vesti.ru , site Internet d'une chaîne de télévision nationalerusse, il a ainsi déclaré que  "parmi nous se trouvent des soldats, qui, plutôt que de passer leurspermissions sur les plages, nous ont rejoints, et qui combattent pour la liberté de leurs frères"

Cela avait fait réagir Arseni Iatseniouk, le Premier ministre ukrainien, qui a demandé en représaillesaux États-Unis, à l'Union Européenne et au G7 de geler les avoirs russes jusqu'à ce qu'ils retirentleurs troupes d'Ukraine.

"Un nombre croissant de troupes russes dans les combats"

L'ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt a accusé jeudi matin 28 août la Russie d'être "directement impliquée" dans les affrontements entre rebelles prorusses et forcesgouvernementales dans l'Est du pays.

"Un nombre croissant de troupes russes interviennent directement dans les combats sur le territoireukrainien" , a écrit Geoffrey Pyatt sur Twitter, ajoutant que Moscou était "désormais directementimpliquée dans les affrontements" et avait envoyé "son système de défense anti-aérien le plusrécent, qui comprend le Pantsir-S1" dans l'Est.

"Intolérable et inacceptable" pour François Hollande

François Hollande a souligné qu'une éventuelle présence de soldats russes dans l'est de l'Ukraineserait "intolérable et inacceptable" , lors d'un discours devant les ambassadeurs français réunis àParis, jeudi 28 août.

"Les Européens ont dû renforcer les sanctions et, forcément, elles seront maintenues voireaugmentées si l'escalade se poursuit, et je le dis nettement, je ne souhaite pas en arriver là" , adéclaré le président.

Page 41: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

41LA TRIBUNE 29/08/2014

AÉRIEN > Air France a annoncé vouloir réorganiser son activité point-à-point,aujourd’hui réalisée par Air France et par HOP. Lionel Guérin, PDG de HOP, doitmettre en place cette entité puis la diriger.

Fabrice Gliszczynski

Air France va regrouper une partie de sonactivité avec Hop

Regrouper l'activité court et moyen courrier point-à-point d'Air France et de HOP. Lionel Guérin,aujourd'hui PDG de HOP l'avait clairement mentionné dans le rapport d'experts qu'il a piloté, remisà la direction en juin. Aujourd'hui il doit la mettre en œuvre et demain il la dirigera.

"Comme annoncé en juillet et faisant suite au rapport remis à Frédéric Gagey (PDG d'Air France, ndlr)fin juin 2014, Air France va réorganiser son activité point-à-point, aujourd'hui réalisée par Air France etpar HOP (l'entité qui regroupe les filiales régionales Regional, Britair et Airlinair)", a indiqué lacompagnie dans un communiqué.

"A compter du 8 septembre 2014, Lionel Guérin, actuel PDG de HOP, est nommé chef de projet encharge de la définition détaillée et de la mise en place de cette nouvelle unité regroupantl'ensemble de l'activité point-à-point du groupe Air France", poursuit la compagnie.

Près de 120 appareils?

En gros, «Lionel Guérin devra préciser quels seront les outils de revenue management, comment il

Page 42: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

42LA TRIBUNE 29/08/2014

va gérer le programme de vols, comment les flottes seront-elles croisées... », explique un prochedu dossier.

Car tous ces sujets (le programme de vols, le revenue management, le marketing, lecommercial,...) seront commun comme le préconisait le rapport. Ce dernier proposait de regroupercela sous une marque commune, la marque Hop étant jugée la plus pertinente.

Pour les experts, la flotte de cette entité s'élèverait à environ 120 avions. Les vols d'alimentation duhub de Roissy resteraient quant à eux sous marque Air France.Selon la compagnie "cette nouvelle organisation devra permettre de clarifier le périmètre dechacune des marques, de rapprocher les fonctions clés dans la définition de l'offre et del'expérience client et de faciliter le pilotage économique global de l'activité pour continuer àretrouver une structure de coûts compétitive".

Départ de Florence Parly

Le projet d'organisation sera présenté aux instances représentatives du personnel d'ici à finoctobre. Cette annonce intervient alors que la directrice générale adjointe d'Air France en chargede cette activité, Florence Parly, va quitter la compagnie le 8 septembre "pour s'engager dans unenouvelle phase de son parcours professionnel".

En parallèle de ce regroupement, Air France veut développer sa filiale à bas coûts Transavia versl'Europe au départ d'Orly et de quelques grands aéroports de province.Les pilotes d'Air France réfutent l'idée d'aller piloter chez Transavia aux conditions de cettedernière. Ils prônent au contraire la mise en place d'un groupe unique de pilotes pour les avions deplus de 100 places qui leur accorderait la souplesse pour voler sur n'importe quelle compagnie. Cesujet est au cœur du préavis de grève déposé par le SNPL ce jeudi.

Page 43: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

43LA TRIBUNE 29/08/2014

AÉRIEN > Ce jeudi, le SNPL d’Air France a déposé un préavis de grève du 15 au22 septembre pour faire entendre sa voix sur la réforme de l’activitémoyen-courrier que prépare la direction.

latribune.fr

Air France, les pilotes déposent un préavis degrève du 15 au 22 septembre (SNPL)

Le compte à rebours est lancé pour éviter un conflit très lourd. Ce jeudi, le puissant syndicat depilotes de ligne d'Air France, le SNPL, majoritaire a déposé un préavis de grève du 15 au 22septembre, pour "faire entendre" sa voix dans la réorganisation à venir des réseaux court etmoyen-courrier du groupe, a déclaré le président du syndicat Jean-Louis Barber.

Reconductible, ce préavis de grève concerne une plage de 5H00 du matin à 23H00 heures". Pourque le syndicat retire son préavis, il faudrait que "la direction change de philosophie" et explique"concrètement" et "comment" elle compte réorganiser ses réseaux court et moyen-courrier, aajouté Jean-Louis Barber.

Groupe unique de pilotes

Le syndicat réfute l'idée d'un transfert des pilotes d'Air France au sein de la filiale low-costTransavia aux conditions de celle-ci. Il préconise au contraire un groupe "un groupe unique depilotes pour les avions de plus de 100 places capable de faire voler toutes les marques" du groupeAir France. Selon le SNPL, cette proposition apporte une très grande agilité d'exploitation pour le

Page 44: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

44LA TRIBUNE 29/08/2014

groupe et permettrait de mettre en œuvre les conclusions d'un rapport d'experts transmis en juin àla direction.

Page 45: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

45LA TRIBUNE 29/08/2014

TRANSPORTS MARITIMES > Le PDG du groupe, Antoine Frérot, a réaffirmé quela seule solution pour sauver la compagnie maritime restait un redressementjudiciaire. Dans le même temps, la multinationale française annoncé jeudi uneforte amélioration de ses performances au premier semestre avec une explosionde son bénéfice net.

latribune.fr

Veolia ne remettra "pas un euro" dans laSNCM

Antoine Frérot, le PDG de Veolia, a maintenu sa position. Le groupe ne remettra "pas un euro"dans la SNCM, a-t-il déclaré jeudi lors d'une conférence téléphonique, en ajoutant que la seulesolution pour sauver la compagnie maritime restait un redressement judiciaire.

Le 10 juillet 2014, un compromis avait été trouvé entre les salariés de la SNCM et la directionautour d'un texte excluant l'option du redressement judiciaire jusqu'au 31 octobre , le temps definaliser un nouveau plan pour sauver la compagnie. Il avait mis fin à 16 jours de grève.

Veolia, co-actionnaire de Transdev, elle-même actionnaire principal de la SNCM (60%), n'avait pascaché sa position sur ce moratoire de quatre mois. "Cela fait perdre du temps, et surtout, celagaspille de l'argent" qui "aurait pu être utilisé pour mieux indemniser les salariés qui devront partir àla fin", avait déclaré Antoine Frérot le 10 juillet.

Le bénéfice net de Veolia explose au premier semestre 2014

Page 46: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

46LA TRIBUNE 29/08/2014

Dans ses résultats pour le premier semestre 2014, publiés jeudi , Veolia annonce par ailleurs unbénéfice net au premier semestre 2014 de 151 millions d'euros. Celui-ci a explosé comparé à celuide la même prériode en 2013 (1 million d'euros). L'année dernière le groupe avait en effet étépénalisé par des éléments exceptionnels.

Le chiffre d'affaires de la multinationale a atteint 11,2 milliards d'euros, en hausse de 1,4% endonnées publiées et de 3% à change constant, grâce notamment à une augmentation de l'activitéde 5,6% au second trimestre.

Désendettement et réduction des coûts, deux priorités

"L'année 2014 est celle du tournant pour Veolia", a commenté Antoine Frérot, PDG du groupe, lorsde la conférence téléphonique.

"Le groupe tire les fruits, et de plus en plus fortement, de son plan de transformation, qui repose surquatre éléments: le désendettement, la réduction des coûts, une réorganisation du groupe et l'évolutionde notre stratégie commerciale", a-t-il expliqué.

Veolia maintient ses objectifs pour 2014

Veolia a maintenu les objectifs du groupe pour 2014, à savoir une croissance du chiffre d'affaires,du résultat net récurrent et de la capacité d'autofinancement opérationnelle de l'ordre de 10% (àchange constant), et une baisse des frais financiers.

Le groupe a par ailleurs confirmé son objectif de réduction de sa dette autour de 8 milliards d'eurosd'ici la fin de l'année.

Page 47: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

47LA TRIBUNE 29/08/2014

MOBILE > L’opérateur continue de progresser dans le fixe et la 4G mais sesrésultats sont encore en perte au premier semestre. L’actionnaire affirme qu’il n’apas « reçu d’offre » d’Orange ou de Free cet été.

Delphine Cuny

Bouygues Telecom a « toutes les chances deréussir » en solo selon Martin Bouygues

« Nous avons souffert » mais Bouygues Telecom « déploie avec succès sa stratégie offensive » assure son actionnaire Martin Bouygues. Pourtant, le patron du groupe de BTP, qui a présentéses résultats semestriels ce jeudi matin, a constaté que le chiffre d'affaires de sa filiale télécom aencore reculé de 5% et que son résultat opérationnel est en perte. Mais voyant le verre à moitiéplein, le candidat déçu au rachat de SFR est convaincu que Bouygues Telecom «  dispose desatouts nécessaires pour retrouver une compétitivité accrue sur un marché à quatre acteurs. » Oubliés, les rêves de mariage, improbable voire impossible avec Free ou Orange ? Lorsqu'onl'interroge sur les raisons de l'échec des discussions, évoquées par le PDG d'Orange StéphaneRichard, lui-même - notamment le prix - Martin Bouygues a balayé le sujet qualifié de « rumeurs. »

« Nous n'avons pas reçu d'offre, il ne s'est rien passé pendant l'été » a déclaré Martin Bouygues,préférant dénoncer à nouveau « l'immense traquenard » de la quatrième licence accordée à Free. « Ilnous appartient d'en sortir. Le gros du travail a été accompli » assure-t-il.

> Voir le détail des résultats du groupe Bouygues

"Carnage" et cure minceur

Page 48: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

48LA TRIBUNE 29/08/2014

Dans le cadre d'un plan d'économies de 300 millions d'euros, Bouygues Telecom est en effet encours de discussions avec les représentants du personnel pour la mise en place d'un plan dedéparts portant sur 1.516 postes , près de 17% des effectifs. «  C'est le grand carnage de latéléphonie en France » a lancé Martin Bouygues, avançant même que « 50.000 Français ont perduleur job dans cette aventure  » du quatrième opérateur, un chiffre hautement sujet à caution. Lespremiers départs sont «  envisageables début novembre  » et les coûts de ce plan (environ 344millions d'euros), provisionnés au premier semestre, ont été compensés par le règlement de litigesavec ses concurrents pour 429 millions d'euros (principalement Orange pour 300 millions selon leCanard Enchaîné et 100 millions de SFR selon BFM Business). L'opérateur aura ensuite «  lastructure la plus compétitive du marché » a prévenu Martin Bouygues.

Cette cure minceur redonnera à sa filiale télécoms ses effectifs de 1998, deux ans après sonlancement commercial. L' ex-troisième opérateur, dépassé par Free désormais en nombre declients cumulés (fixe et mobile) et en chiffre d'affaires, compte miser sur l'explosion des usagesnotamment en 4G (il revendique 1,8 million de clients) et poursuivre son offensive dans le fixe, quilui a permis de gagner 202.000 clients dans le haut débit (2,2 millions) au premier semestre, ce quidevrait le placer devant Free en termes de conquête (42.500 seulement chez SFR)

 « Dans le fixe, les opérateurs français ont vendu des offres avec de très fortes marges. Nous pensonsque l'on peut vendre des produits de qualité avec des marges plus raisonnables » a déclaré le patron dugroupe de BTP.

 « Chaque opérateur devra assumer ses choix industriels »

Mais les « atouts » mis en avant par Martin Bouygues sont en fait ses actifs. « Dans la téléphoniemobile, un opérateur, c'est un réseau et un portefeuille de fréquences. Nous avons l'un et l'autre.Ceux qui n'ont pas voulu investir ne peuvent pas se plaindre », a-t-il lancé, visant Free qui a moinsdépensé en fréquences et dont le réseau en propre ne couvre pas toute la population. Il a soulignéque Bouygues dispose de 27% des fréquences en France en ayant investi 1,5 milliard d'euros,alors qu'il a « près de deux fois moins de clients qu'Orange, ce qui nous permet d'offrir une qualitéde service inégalée. » Un « patrimoine » d'autant plus précieux que les opérateurs pourront utilisertoutes leurs fréquences pour la technologie qu'ils souhaitent sans contrainte (2G-3G-4G) à lami-2016. C'est d'ailleurs l'horizon que se fixe le propriétaire de Bouygues Telecom : il espère leretour à « une croissance significative de l'Ebitda » (résultat brut d'exploitation) dans deux ans.

En attendant, le groupe Bouygues ne descend pas de son cheval de bataille : la fin de l'itinéranceoctroyée à Free sur le réseau d'Orange. « A partir du moment où la compétition à quatre se fera demanière équitable, équilibrée, avec les mêmes règles pour tous, Bouygues Telecom aura toutes leschances de réussir  » a avancé Martin Bouygues, faisant référence à la demande réitérée del'Autorité de la concurrence à l'Arcep, le gendarme des télécoms, de préparer l'extinctionprogressive par plaques de ce contrat d'itinérance. « Chaque opérateur devra assumer ses choix

Page 49: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

49LA TRIBUNE 29/08/2014

industriels passés  », a prévenu Martin Bouygues. En matière de choix industriels, la concurrencefait valoir que c'est Bouygues qui a tardé à se lancer sur le fixe pour devenir un opérateurconvergent... « Notre business plan n'est pas bâti sur l'hypothèse de l'amélioration des conditionsde concurrence, si cela se produit ce sera du bonus  » a précisé Olivier Roussat, le PDG deBouygues Telecom.

Interrogé sur les ambitions d'Iliad, la maison-mère de Free, aux Etats-Unis, prête à débourser 15milliards de dollars en cash pour s'offrir T-Mobile USA , Martin Bouygues n'avait «  pas decommentaire. Je leur souhaite bonne chance, c'est tout ! »

Page 50: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

50LA TRIBUNE 29/08/2014

TÉLÉCOMS > Le groupe français n’a pas retenu l’offre de Telecom Italia quiproposait 7 milliards d’euros pour acquérir sa filiale brésilienne mais seulement1,7 milliard en cash. Vivendi va réaliser une plus-value de plus de 3 milliardsd’euros.

latribune.fr

Vente de GVT: Vivendi entre en négociationsexclusives avec Telefonica

Vivendi a jugé le prix de Telefonica "particulièrement attractif". Ainsi, le groupe français a annoncéjeudi 28 août être entré en négociations exclusives avec l'opérateur espagnol pour la vente deGVT, sa filiale télécom brésilienne.

Telefonica, qui avait présenté officiellement une première offre début août, propose désormais 7,45milliards d'euros, au lieu de 6,7 milliards initialement. Son offre a été préférée à celle de TelecomItalia, qui proposait moins de cash, à savoir 1,7 milliard sur une offre à 7 milliards.

Plus-value supérieure à 3 milliards d'euros

Si les négociations aboutissent, Vivendi dégagera de cette vente une plus-value supérieure à 3milliards d'euros, a ajouté le groupe dans un communiqué. Il parachèvera aussi son recentrage surles médias et les contenus puisque GVT était son dernier actif télécom, après la vente de MarocTélécom et celle de SFR, en passe d'être fusionné avec Numericable, le groupe conservant 20%du nouvel ensemble. Officiellement, le groupe n'était plus vendeur de sa pépite brésilienne, dont il

Page 51: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

51LA TRIBUNE 29/08/2014

n'avait pas obtenu un prix suffisant lors de précédentes discussions à l'automne 2012 (autour de 6milliards à l'époque) mais l'opérateur rentrait difficilement dans le nouveau pôle médias de Vivendià côté de Canal Plus et Universal Music.

"Développer des projets communs dans le domaine des médias".

Vivendi estime en outre que l'offre de l'espagnol Telefonica limite "au strict minimum le risqued'exécution de l'opération" et permettra de "développer des projets communs dans le domaine descontenus et des médias." Telecom Italia aussi avait inclus dans son offre  " des propositions departenariat dans les contenus."

Vivendi précise viser désormais un développement "par la croissance organique de ses filiales etleur étroite collaboration, tout en ne s'interdisant pas de détenir des positions minoritaires dans dessociétés alliées pour distribuer des contenus".

Telefonica plus forte que Telecom Italia financièrement

Telecom Italia, très endettée, ne proposait qu'une faible proportion de cash et n'a pas pu s'alignersur l'offre de Telefonica sur ce point crucial pour Vivendi. Plus solide financièrement, le géantespagnol des télécoms a relevé la partie en numéraire de son offre précédente de plus de 700millions d'euros (3,9 milliards au départ). Mais in fine, Vivendi pourrait devenir actionnaire deTelecom Italia : en effet, Telefonica, qui est indirectement le plus gros actionnaire de l'opérateuritalien, offre au groupe français une option pour convertir la partie en titres en une participation de5,7% au capital de Telecom Italia.

Déjà candidat au rachat en 2009

Le dynamisme de GVT, opérateur alternatif de l'Internet fixe, lui a valu le surnom de "Freebrésilien". La filiale a généré 1,71 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2013. Cette acquisitionrenforcerait le marché des telecoms brésilien de Telefonica, déjà présent avec Vivo. Telefonicaavait déjà cherché à s'offrir GVT en 2009, mais c'est Vivendi qui l'avait emporté à l'issue d'une rudebataille de surenchères.

Page 52: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

52LA TRIBUNE 29/08/2014

SMARTPHONE > Le smartphone lancé par Amazon fin juillet connait undémarrage difficile sur le marché américain et canadien, avec 35.000 exemplairesvendus selon des estimations du journal britannique The Guardian.

Jonathan Baudoin

Fire Phone: premières ventes décevantespour Amazon

La société dirigée par Jeff Bezos n'a pas encore communiqué les premières ventes de sonsmartphone, le Fire Phone, sur le marché nord-américain (États-Unis et Canada).

Mais le quotidien britannique The Guardian a estimé que 35.000 Fire Phone ont été vendus depuisson lancement le 25 juillet. Ce premier résultat montre un début timide du groupe sur le marché dela téléphonie mobile aux États-Unis et au Canada.

Amazon pèse 0,015% du marché en août 2014

The Guardian s'est basé sur deux études. Chitika, une entreprise publicitaire en ligne a publié la semaine dernière un rapport sur le Fire Phone d'Amazon  et sa place sur le marchénord-américain. Selon Chitika, Amazon pèse 0,015% du marché en août 2014.

Mais pour connaître la taille du marché, le quotidien britannique a analysé les statistiques del'agence ComScore, qui fournit des analyses de marché. Dans son rapport de juin 2014, ComScores'est focalisée sur le marché américain, et compte 173 millions d'utilisateurs de smartphones. Soit

Page 53: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

53LA TRIBUNE 29/08/2014

4% de plus qu'en mars dernier. Donc, le marché en août représente 177 millions de personnes.

Selon la part de marché d'Amazon, 26.550 Fire Phone auraient été vendus en moyenne. Maisd'après le Guardian , en acceptant les marges d'erreurs, on atteindrait les 35.000 téléphonesvendus. Son concurrent sud-coréen LG a vendu environ 106.000 modèles LG G3 sur la mêmepériode.

Optimisme chez Bezos

Pourtant Jeff Bezos demeure serein. Dans une interview, le PDG d'Amazon appelle à la patience, rappelant sa stratégie sur le long terme, et sous-entend une possibilité de vendre son Fire Phoneà l'international.

Page 54: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

54LA TRIBUNE 29/08/2014

OBJETS CONNECTÉS > Le géant sud-coréen de l’électronique presse son rivalApple en sortant sa troisième montre connectée en un an, capable cette fois-ci depasser et de recevoir des appels sans l’aide d’un téléphone mobile.

latribune.fr

Samsung dévoile une montre connectéeautonome à écran incurvé

Elle pourra passer et recevoir des appels sans l'aide d'un smartphone. La montre connectée "GearS" dévoilée jeudi par Samsung Electronics serait la la première au monde à être entièrementautonome selon la firme coréenne. Jusqu'ici ce type d'appareil avait besoin d'être relié sans fil à unsmartphone pour accéder au réseau téléphonique et à internet.

Un écran plus grand

Autre nouveauté, cette montre connectée, la troisième en un an pour Samsung, est équipée d'unécran "Super AMOLED" incurvé, là où les autres modèles de smartwatch présentent un écran plat.En plus de s'adapter à la forme du poignet, l'écran d'affichage est également plus grand (2 pouces,soit 5 cm, contre 1,6 pouces pour la Galaxy Gear, la précédente montre connectée Samsung sousAndroid) et permet de jouer sur la luminosité.

La Gear S embarque en outre des connexions 3G, Bluetooth et WiFi pour la navigation ou lesappels vocaux. Vendue à partir du mois d'octobre (aucun prix n'a été communiqué), elle seraéquipée du système d'exploitation Tizen développée par le Sud-coréen et Intel.

Page 55: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

55LA TRIBUNE 29/08/2014

     Lire Smartphone: Samsung renvoie Tizen dans les cordes

Le premier fabricant mondial de combinés cherche depuis plusieurs mois à se diversifier dans lesobjets connectés et a publié au deuxième trimestre un bénéfice d'exploitation en baisse de 24,6% à7.200 milliards de wons (5,2 milliards d'euros), son plus bas niveau depuis deux ans.

Forte concurrence

Des analystes s'attendent à ce qu'Apple, son éternel rival, lance cette année sa propre montreconnectée en septembre d'après le site spécialisé Re/Code. LG Electronics a de son côté dévoiléjeudi, après avoir présenté un teaser sur Youtube en début de semaine, une nouvelle montre, la GWatch R dotée d'un écran souple circulaire de technologie OLED, d'un cadre en acier inoxydable etd'un bracelet en cuir.

Les experts du secteur sont toutefois partagés quant au succès de ces montres intelligentes, quecertains estiment encore comme objet de niche. Près de deux millions de montres connectées ontnéanmoins été vendues dans le monde en 2013 et le marché devrait progresser de plus de 500%cette année, selon le cabinet d'études Strategic Analytics.

Page 56: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

56LA TRIBUNE 29/08/2014

E-COMMERCE > La croissance du groupe allemand spécialisé dans lee-commerce reste largement supérieure à celle du marché.

Marina Torre

+29,5%: la croissance des recettes de Zalandoen six mois

Plus d'un milliard d'euros en seulement six mois. La stratégie du groupe Zalando, qui déploiedepuis plusieurs mois une campagne marketing intense, semble continuer à payer. Les ventes duchampion allemand du e-commerce ont progressé de près de 30% au cours du premier semestre,lui permettant de franchir la barre du milliard d'euros de recettes dès le mois de juin.

Retour des bénéfices

De quoi renouer avec les bénéfices. Le groupe a engrangé 12 millions d'euros de bénéfices avantintérêts et impôts au cours des six premiers mois de l'année, alors qu'il en avait perdu 72 millionsun an plus tôt à la même période. La société attribue le passage à la rentabilité par des gainsd'efficacité dans tous les domaines, dont la logistique, le marketing et les sélections de produits.

"Historiquement, notre performance au premier semestre tendait à être plus faible qu'au second", apointé Rubin Ritter, directeur exécutif du groupe, cité dans un communiqué.

Polémique

Page 57: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

57LA TRIBUNE 29/08/2014

Visiblement, la polémique ayant suivi la diffusion outre-Rhin d'un documentaire dénonçant lesconditions de travail de certains salariés n'a donc pas empêché le distributeur en ligne de continuerà vendre chaussures, accessoires ou vêtements.

>> Zalando, le champion allemand du e-commerce, accusé de maltraiter ses salariés

Sur un tout autre sujet, au cours du deuxième trimestre, l'application mobile fraîchement lancée acontribué à faire grimper le nombre d'utilisateurs actifs du site (qui passent à 13,7 millions audeuxième trimestre 2014 contre 11,6 millions à la même période un an plus tôt).

Plus vite que le marché

Pour l'instant, cette croissance reste bien plus rapide que celle du marché. Les ventes de vêtementpar des sites d'e-commerce (catégorie à laquelle appartient Zalando), devraient ainsi augmenter de17% cette année, d'après le cabinet Euromonitor, cité par le Wall Street Journal.

Plus généralement, les ventes totales de biens au détail sur internet dans les principaux marchéseuropéen devraient atteindre 155 milliards d'euros selon des prévisions du Centre d'étude sur ladistribution ( Center for retail research ), un organisme britannique. Les ventes combinées auRoyaume-Uni, en Allemagne, en France, en Espagne en Italie, aux Paus-Bas, en Suède et enPologne croîtraient de 18,1%.

Page 58: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

58LA TRIBUNE 29/08/2014

VALEURS > Le groupe de BTP Eiffage (FGR.FR) signe l’une des plus fortesprogressions du SBF 120 après avoir rassuré sur ses marges malgré leralentissement du secteur du BTP en France.

MonFinancier.com

Eiffage affiche sa confiance pour 2014 aprèsun premier semestre solide

Le groupe de BTP Eiffage (FGR.FR) signe l'une des plus fortes progressions du SBF 120 aprèsavoir rassuré sur ses marges malgré le ralentissement du secteur du BTP en France. Le groupe apublié des résultats en hausse au premier semestre et confirmé s'attendre à une nouvelleprogression de son résultat net et de son résultat opérationnel sur l'ensemble de l'année. 

Le troisième groupe français de BTP a dégagé un résultat net de 68 millions d'euros, en hausse de17% sur un an. Le résultat opérationnel a pour sa part augmenté de 7,3%, à 556 millions d'euros,dans un contexte de redressement des marges dans la branche travaux et de nouvelle progressionde la rentabilité des concessions, notamment autoroutières. 

Déjà publié, le chiffre d'affaires semestriel de la maison mère d'Autoroutes Paris-Rhin-Rhône, ouAPRR, est stable à 6,5 milliards d'euros, malgré un repli de 1,7% de l'activité à périmètre etchanges constants. Le groupe a expliqué avoir subi un contexte défavorable aux travaux publics,évoquant "une activité traditionnellement moindre au sortir d'élections municipales". 

Autre point positif, le carnet de commandes qui s'élevait à 12,3 milliards d'euros à la fin juin, en

Page 59: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

59LA TRIBUNE 29/08/2014

hausse de 4,8% par rapport au début de l'année, grâce notamment à des contrats liés au "GrandParis", qui ont gonflé le carnet de commandes. La publication ainsi que les perspectives sontsaluées par le marché. Le titre s'adjuge 3,6%, à 48,90 euros.

Plus d'actualités Bourse sur MonFinancier.com

Pour aller plus loin, suivez le cours des marchés en direct 

Page 60: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

60LA TRIBUNE 29/08/2014

SOCIAL > Moins d’une centaines de postes seront supprimés en France par legéant des vins et spiritueux, a affirmé son PDG Pierre Pringuet ce jeudi. Le siègemarseillais devrait être renforcé au détriment de celui de Créteil, en régionparisienne.

latribune.fr

Pernod-Ricard supprime 900 postes dans lemonde

Le patron de Pernod-Ricard avait prévenu. Ses projets de " simplification, priorisation etmutualisation" auront un impact social. Celui-ci est désormais chiffré. Le groupe français prévoit desupprimer 900 postes dans le monde, principalement en Thaïlande et au Venezuela, a indiqué cejeudi son PDG Pierre Pringuet lors de la publication de ses résultats annuels. Fin juin 2013, lamultinationale spécialisée dans la vente de vins et spiritueux employait 18.972 personnes dans lemonde.

"Moins de cent emplois" menacés en France

En France, cette réduction d'effectifs devrait particulièrement concerner le site de Créteil, près deParis dont une partie des activités sera transférée au siège de Marseille. Cette décision aura un "impact net largement inférieur à 100 personnes", a affirmé Pierre Pringuet.

Forte chute en Chine

Page 61: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

61LA TRIBUNE 29/08/2014

Les ventes du groupe dirigé par ce dernier ont crû de 2% l'an dernier pour atteindre 7,95 milliardsd'euros, hors effet de change. En prenant compte des fluctuations du marché des devises, elles ontchuté de 7%. Surtout, en Chine où des lois ont fortement limité son activité, les ventes ont diminuéde 23%.

      Lire Pourquoi les autorités chinoises s'attaquent plus fermement à la corruption

En février, le groupe a officialisé son projet de réorganisation, baptisé "Allegro" qui "doit permettrede maximiser [la]  croissance future tout en générant 150 millions d'euros d'économies, chiffreconfirmé", indique Pierre Pringuet, cité dans un communiqué.

 >> Pernod Ricard qui trinque en Chine veut économiser 150 millions d'euros

Page 62: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

62 Banque & FinanceLA TRIBUNE 29/08/2014

NOTATION > Le gendarme boursier américain a annoncé mercredi avoir adoptéune quinzaine de nouvelles règles visant à améliorer la qualité et la transparencedes notes attribuées par ces agences. Elles complètent la législation adoptée dès2008 pour répondre aux dysfonctionnements à l’origine de la crise financière.

latribune.fr

Les États-Unis renforcent les règles decontrôle interne des agences de notation

Elles étaient réclamées depuis fin 2010, afin de répondre aux problèmes qui ont pu générer la crisefinancière mondiale de 2008. De nouvelles règles de fonctionnement et de contrôle des agences denotation ont été adoptées mercredi par le gendarme boursier américain, a annoncé la Security andExchange Commission (SEC) dans un communiqué.

La réforme concerne une dizaine d'agences de notation chargées d'évaluer le risque denon-remboursement de la dette d'un État, d'une entreprise ou d'une collectivité locale, a précisé laSEC. Parmi celles-ci, les trois plus grandes: Moody's, Standard and Poor's et Fitch.

Les structures de contrôle interne devront être renforcées

Il leur est désormais demandé de renforcer leurs structures de contrôle interne et d'établir desrègles plus strictes pour éviter les conflits d'intérêts. Le personnel participant aux processus denotation devra dorénavant répondre à des normes "de formation, d'expérience et de compétence", et toute nouvelle méthodologie statistique utilisée dans les notes devra être évaluée par des

Page 63: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

63 Banque & FinanceLA TRIBUNE 29/08/2014

salariés ne participant pas à la détermination de ces notes.

Les procédures de contrôle interne et la responsabilité de l'encadrement dans leur applicationdevront donner lieu à des bilans annuels et les agences seront également dans l'obligation depublier les données et l'historique de leurs notations "afin de permettre aux utilisateurs de ces notesd'en évaluer l'exactitude et de comparer entre les agences".

La plupart de la quinzaine de nouvelles règles entreront en vigueur 60 jours après leur publicationau Registre fédéral.

Protéger les investisseurs des dysfonctionnements à l'origine de la crise

À l'issue du vote, la présidente de la SEC, Mary Jo White, a expliqué:

"Cet important volet de réformes va renforcer la qualité des évaluations de crédits, améliorer latransparence des agences de notation et accroître leur responsabilité." Elles "vont aider à protéger lesinvestisseurs et les marchés contre la répétition d'une conduite et de pratiques qui ont été au centre dela crise financière".

"L'émission de notations défectueuses par certaines agences avait été une contribution-clé à lacrise" financière, a en effet rappelé Mary Jo White lors de la tenue du vote.

"Les investisseurs ont acheté des titres appuyés sur des actifs en se fiant aux notes qu'ils croyaient êtreattribuées selon des analyses méthodiques, indépendantes et solide. Mais comme on le sait, bien tropsouvent ce n'était pas le cas", a-t-elle ajouté.

Dès 2010, le législateur avait tenté de répondre à ces dysfonctionnements par la loi Dodd-Frank deréforme de Wall Street. Ce texte prévoyait justement l'adoption de ces nouvelles règles, dont lesgrandes lignes avaient été soumises à consultation publique par le gendarme de la Bourse en mai2011.

Page 64: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

64 Banque & FinanceLA TRIBUNE 29/08/2014

INVESTISSEMENT > L’aide de Warren Buffett à a chaîne de restauration BurgerKing n’est pas une première. Le célèbre investisseur américain a déjà aidé bonnombre d’établissements... Revue de détail.

Jérémy Hébras

Warren Buffett, un "super-investisseur" pourles entreprises en difficultés

Ce mardi, le Wall Street Journal annonce que Warren Buffett va aider la chaîne de restaurationrapide Burger King à acquérir Tim Hortons, chaîne canadienne qui exploite 4.546 restaurants. Lafusion devrait donner lieu à une entité capitalisée à hauteur de 18 milliards de dollars. Cetinvestissement n'est pas le premier pour l'"oracle d'Omaha", qui -via sa holding BerkshireHathaway - n'a pas hésité à se présenter en recours pour certains établissements tout au long desa carrière, et pas toujours pour des motivations purement philanthropiques. En voici six exemplesmarquants.

Warren Buffett prêt à investir en zone euro ?

En 2011, Warren Buffett émet des critiques à l'égard de la zone euro, qui subit alors la crise deplein fouet. Pourtant, cette même année, le milliardaire américain augmente son exposition enEurope. Il rachète une société espagnole de cosmétiques de luxe, prend des part à hauteur de 3%dans Tesco, le groupe britannique de grande distribution. Warren Buffet intègre aussi le capital duréassureur Munich Re (10.5%) et celui de Swiss Re (3.1%).

Page 65: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

65 Banque & FinanceLA TRIBUNE 29/08/2014

100 millions de dollars dans Level 3 : un changement de stratégie

Cet investissement  est l'un des plus surprenants réalisés par Warren Buffett. En 2008, l'hommealors le plus riche du monde selon Forbes décide d'investir 100 millions de dollars dans l'opérateuroptique Level 3. Un choix étonnant pour le "sage d'Omaha", qui s'est toujours tenu à l'écart de laNouvelle Economie. Il s'était surtout tenu jusqu'alors à faire des investissements dans des secteursd'activité classiques avec des barrières à l'entrée élevées.

Pour 300 millions de dollars, Warren Buffett "ne reconnaît plus personne"

En février 2009 et toujours via le fond d'investissement Bershire Hathaway, Warren Buffett renflouela célèbre marque de motos Harley Davidson à hauteur de 300 millions de dollars. Pourl'entreprise, alors en manque de cash, l'occasion est trop belle : cet argent va permettre derembourser les clients. Quant au milliardaire, son aide n'a rien de philanthropique: il négocie unremboursement avec des intérêts de 15%.

Buffett casse sa tirelire pour le secteur pétrolier

40.1 millions d'actions pour 3.5 milliards de dollars: voici l'investissement colossal à l'automne 2013de Warren Buffett dans ExxonMobil, première capitalisation boursière du secteur pétrolier. Letiming de cet investissement est minutieusement calculé selon un analyste pétrolier chezOppenheimer & Co : " l'action (d'ExxonMobil, NDLR) a pris du retard sur le marché au cours destrois à cinq dernières années. C'est pourquoi c'est un exemple typique" de la stratégie de WarrenBuffett.

5. 10 milliards pour les banques américaines

"Les temps difficiles représentent une opportunité pour les investisseurs." Tel doit être l'adage deWarren Buffett. En 2008 puis en 2011, l'homme d'affaire américain se porte au secours de deuxétablissements financiers majeurs en difficulté. Le premier, Goldman Sachs, au plus fort de la crisefinancière en 2008, bénéficie d'un apport de 5 milliards de dollars. Le second n'est autre que Bankof America, récemment sanctionné à propos de la crise des subprimes , qui a également profitéd'un investissement de 5 milliards, sous forme d'achat d'actions. Berkshire Hathaway a obtenu unintérêt annuel de 6% sur cette négociation.

28 milliards de dollars pour acquisition historique dans l'agro-alimentaire

A l'hiver 2013, "le potentiel de croissance fort et soutenable, basé sur des standards élevés dequalité, une innovation continue, un excellent management et de grands produits de goût" de Heinzsuffisent à convaincre Warren Buffett de s'allier au fonds 3G Capital pour racheter le célèbregroupe connu pour son ketchup pour la modique somme de 28 milliards de dollars . Berkshire

Page 66: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

66 Banque & FinanceLA TRIBUNE 29/08/2014

Hathaway se renforce donc dans le secteur agro-alimentaire, où il détient déjà des parts chez KraftFoods et Coca-Cola.

Page 67: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

67 Banque & FinanceLA TRIBUNE 29/08/2014

VOL DE DONNÉES > La sophistication de l’attaque laisserait penser qu’elleémane d’un gouvernement, et les enquêteurs n’excluent pas une implication de laRussie.

latribune.fr

Le FBI enquête sur de possiblescyberattaques contre des banques

Des pirates à l'assaut des banques.Le FBI enquête sur une possible cyber-attaque contre desinstitutions bancaires, qui pourrait émaner de pirates informatiques russes ou originaires d'Europede l'Est, a affirmé mercredi 27 août l'agence Bloomberg en citant des sources proches du dossier.

"Nous travaillons avec le 'Secret Service' pour déterminer l'étendue des cyberattaques qui auraient étémenées contre des institutions financières américaines", a déclaré dans un communiqué JoshuaCampbell, porte-parole du FBI.

La sophistication de l'attaque laisserait penser qu'elle émane d'un gouvernement, et les enquêteursn'excluent pas une implication de la Russie, cible de sanctions économiques de la part des paysoccidentaux en raison de la crise ukrainienne, indique encore l'agence.

JP Morgan visée ?

Si le FBI n'a pas donné plus de précisions, selon deux sources qui ont demandé à resteranonymes, JPMorgan fait partie des institutions visées et enquête en interne pour faire la lumière

Page 68: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

68 Banque & FinanceLA TRIBUNE 29/08/2014

sur cet incident.

Ces informations sont corrélées par le New York Times qui dit s'appuyer sur plusieurs sources etavance que des des pirates informatiques ont infiltré ce mois-ci les réseaux de JPMorgan et d'aumoins quatre autres banques américaines. L'agence américaine Bloomberg fait également part deplusieurs gigaoctets de données sensibles volées à JP Morgan.

"Les entreprises de notre taille subissent malheureusement des cyber-attaques presque tous lesjours. Nous avons de multiples niveaux de défense pour contrer les menaces et surveillons demanière constante le niveau des fraudes" , a indiqué pour sa part un porte-parole de JPMorgan,sans confirmer un incident en particulier.

Page 69: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

69 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

SÉRIE D'ÉTÉ > Sous la présidence de Giscard d’Estaing, Pierre Sudreau, ungaulliste, fut le premier à proposer des pistes de réflexions pour réformer lesrelations dans l’entreprise.

Jean-Christophe Chanut

Les grands inconnus de l'histoire (4/4) : PierreSudreau, l'homme qui a voulu réinventer ledialogue social

29 juillet 2014, le ministre du Travail François Rebsamen envoie au patronat et aux syndicats undocument d'orientation leur demandant d'ouvrir à la rentrée de septembre une négociationnationale et interprofessionnelle sur la «  qualité et l'efficacité du dialogue social dans lesentreprises ». Cette négociation visera « à améliorer la représentation des salariés, en particulierdans les petites et moyennes entreprises, à rendre plus stratégiques et efficaces les consultationsdes institutions représentatives du personnel, et à mieux organiser les parcours des militantssyndicaux ».

Or, déjà, il y a 40 ans, presque jour pour jour, le président de la République Valéry Giscardd'Estaing commandait à une commission présidée par l'ancien ministre Pierre Sudreau un rapportsur « la réforme de l'entreprise » pour mieux associer les salariés à la vie de l'entreprise. « VGE » aété élu il y a quelques mois seulement, il reste soucieux de son image de modernité et cherche à« décrisper » la France. Il sait aussi que, depuis Mai 68, de nouvelles revendications se font jourdans les entreprises, notamment. Il cherche à y répondre. Pour lui, Pierre Sudreau, un anciengaulliste opposé à la réforme constitutionnelle de 1962, est l'homme de la situation.

Page 70: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

70 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

Le Petit Prince de Saint-Exupéry... c'est lui

Pierre Sudreau est né en mai 1919. Son père meurt alors qu'il avait 4 ans. Il est placé en pensionau prestigieux lycée Hoche de Versailles. Il s'ennuie ferme et se réfugie dans la lecture. À douzeans, après la lecture de « Vol de nuit », il écrit à Saint-Exupéry pour lui faire part de son émotion. Àsa grande surprise, « Saint-Ex » lui répond et s'en suit une correspondance. La légende veut queSaint-Exupéry se soit alors inspiré du jeune Pierre pour son personnage du Petit Prince.

Après ses études de droit, il est mobilisé en 1940 dans l'aviation. Très vite, après l'armistice, ilsouhaite continuer le combat. Il entre en contact avec le réseau de résistance Brutus et se livre àdes activités de renseignements. En 1943, il est arrêté et torturé, puis déporté à Buchenwald en1944 en même temps que Stéphane Hessel.

À la Libération, en mai 1945, il est tout de suite remarqué par le Général de Gaulle en raison deson jeune âge. Il fait alors carrière dans la haute fonction publique. Il devient notamment préfet deLoir-et-Cher en 1951, à 32 ans. Le plus jeune préfet de France.

Le « non » à De Gaulle en 1962

En 1958, il est nommé ministre de la Construction du général de Gaulle dans le derniergouvernement de la IVe République, puis de Michel Debré en 1959 quand de Gaulle est devenu lepremier président de la Ve. Il sera aussi un éphémère ministre de l'Éducation nationale dans legouvernement de Georges Pompidou en 1962. Mais opposé à la réforme constitutionnellepermettant au président de la République d'être élu au suffrage universel, il démissionne enoctobre 1962.

Il rejoint alors les formations politiques du centre, soutenant Alain Poher à l'élection présidentiellede 1969. Il siègera ainsi à l'Assemblée nationale comme député du Loir-et-Cher jusqu'en 1981. Ilpréside aussi la région Centre. Il est également maire de Blois de 1971 à 1989, quand il sera battupar... Jack Lang. Il est aussi très concerné par l'aménagement de ce qui deviendra plus tard le« Grand Paris ». Il est également le "père" de la modernisation du réseau ferroviaire français.

<cms:widget xmlns:cms="latribunecms" type="html"></cms:widget>

Une commission pour réformer l'entreprise

Mais sa nouvelle heure de gloire intervient donc en 1974 quand le président Giscard d'Estaing luiconfie la rédaction de ce rapport sur les relations dans l'entreprise.

Page 71: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

71 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

La commission « Sudreau » est composé de 10 membres, dont trois représentants du patronat,parmi eux  deux « vrais » patrons (ceux de Pechiney et de Leroy Somer). Siègent également troisreprésentants des syndicats (CFDT, Force ouvrière et CGC).  Il n'est pas si courant, à cetteépoque, de parvenir à faire assoir à la même table, hors négociation des conventions collectives,des représentants du monde patronal et du monde syndical...  Quatre personnalités indépendantes(haut fonctionnaire, universitaire) complètent le tour de table.

Toutes les parties en présence conviennent qu'il faut une réforme des rapports dans l'entreprise.Jean-Maurice Verdier, Professeur de Droit à l'Université Paris X Nanterre, qui siégea dans lacommission, explique :

Ce n'est pas seulement une crise de confiance entre les syndicats et le patronat, mais une crise deconfiance entre le monde du travail est les employeurs. En conclusion de ce constat, le rapport exposeque la nécessité d'une réforme - sur laquelle les membres du Comité étaient d'accord, au moins dansles limites qu'ils avaient définies - se justifie moins par une déficience du fonctionnement de l'entrepriseque par la mutation rapide qui affecte la société elle-même*.

C'est en lisant les têtes de chapitre du rapport que l'on se rend compte à quel point il était enavance sur son temps : «  Transformer la vie quotidienne dans l'entreprise  », «  Améliorer lesmécanismes de la participation financière des entreprises », « Reconnaître les syndicats commepartenaires »... Nous sommes en 1975 !

Un tiers de salariés dans les conseils d'administration !

Pour autant, la commission écarte d'emblée la notion de cogestion à l'allemande, personne n'envoulait. Le patronat, bien entendu, mais également les syndicats eux-mêmes qui y voyaient un« piège ». En revanche, la notion de co-surveillance de l'entreprise par les actionnaires et lessyndicats représentatifs est retenue. Avec une suggestion phare : faire que les conseils desurveillance ou d'administration des entreprises de plus de 1.000 salariés soient composés d'untiers de représentants des salariés ! Une mesure qui, pour le rapport, nécessitait d'êtreprogressivement expérimentée. À noter que le rapport Gallois de 2012 (sur la compétitivité desentreprises) suggérait la même chose !

Mais le rapport Sudreau ne s'arrêtait pas là, véritablement réformiste, il faisait aussi un certainnombre de propositions :  création de deux nouvelles formes de sociétés civiles ou commerciales :la société des travailleurs associés (les associés sont les salariés et les détenteurs de capitauxn'ont pas de droit de vote ni de place au conseil d'administration) et les sociétés à gestionparticipative ; création de l'entreprise sans but lucratif, à mi-chemin entre la société commerciale etl'association ; création d'une procédure d'alerte par les salariés ; revalorisation des activités detravail manuel ; protection de la vie privée des salariés ; renforcement des moyens d'action dessyndicats représentatifs ; approfondissement de la concertation au sein du comité d'entreprise ;

Page 72: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

72 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

création d'une délégation économique du comité d'entreprise ; élaboration d'un bilan social dansles entreprises.

Que de nouveautés pour l'époque ! A cet égard, à 40 ans d'intervalle, une phrase du rapportSudreau mérité d'être relevée :

Quelle que soit l'issue de la crise, les problèmes économiques se poseront désormais en terme decompétitivité. Il s'agit donc de maintenir, sinon d'améliorer, celle des entreprises françaises**.

Il n'y aurait pas un mot à retirer ou à ajouter en 2014.

Un rapport enterré... en attendant les lois Auroux

Toujours est-il que ce rapport était trop en avance sur son temps. « VGE » le signifia dans unelettre à Pierre Sudreau après la remise du rapport le 7 février 1975 :

Il ne convient pas de se prononcer prématurément sur le fond de vos propositions (...) il faut ques'engage dans l'opinion un vaste débat, car la réforme de l'entreprise concerne la vie de tous (...).Viendront ensuite les dispositions législatives nécessaires.

En réalité, le rapport se perdra dans les méandres de l'administration. Très concrètement, il n'ensortira sous Giscard que la loi Beullac (du nom du ministre du Travail) instituant le bilan social dansles entreprises en 1977. Pierre Sudreau en fut fort marri. Il faut dire que ni le CNPF (l'ancêtre duMedef) - qui trouvait le rapport trop audacieux -, ni la CGT - qui voyait dans les propositionsSudreau un subterfuge pour détourner les salariés des conséquences de la crise économique - nimême l'opposition socialiste - qui jugeait le rapport plein de bonnes intentions, mais sans portéeréelle - ne se sont vraiment battus pour le voir aboutir.

Le rapport Sudreau a eu une seconde vie quelques années plus tard après l'élection de FrançoisMitterrand à la présidence de la République. De fait, les fameuses lois Auroux de 1982 se sontfortement inspirées de ses recommandations en faisant entrer dans la loi, sinon dans les faits, ledroit d'alerte économique pour les institutions représentatives du personnel, le droit d'expressiondes salariés, le renforcement et la sécurisation de la présence syndicale dans les entreprises, lacréation d'une commission économique dans les comités d'entreprise, etc.

Pierre Sudreau, lui, est retourné à ses mandats locaux. Il a consacré les dernières années de savie à faire connaître aux jeunes le rôle de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, via laFondation de la Résistance qu'il a présidée. Il s'est éteint le 22 janvier 2012. Il était jusqu'à cettedate le dernier ministre du premier gouvernement du général de Gaulle en 1958 encore vivant.

______

Page 73: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

73 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

>> Biblio

*« Le rapport Sudreau », par Jean-Maurice Verdier, Revue Internationale de droit comparé (1976),volume 28, numéro 4, pages 771-783 ;** «  Comment Giscard a enterré le rapport Sudreau sur la réforme de l'entreprise  », article deBéatrice Houchard sur le site du quotidien L'Opinion le 19 août 2013.

Pour en savoir plus : «  Pierre Sudreau  » par Christiane Rimbaud, Éditions du Cherche Midi(collection Documents), 2004, 18,25 euros.

Page 74: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

74 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

SÉRIE D'ÉTÉ > Le vendeur en magasin incarne les grands enjeux posés par ledéveloppement du commerce virtuel. Son apparence représente plus que jamaisun élément-clé de “l’expérience” que les marques souhaitent faire vivre. Quitte àrisquer la discrimination à l’embauche.

Marina Torre

Vendeur à l'ère digitale: demain, tous beaux?(4/5)

Son torse nu et musclé a fait scandale. Posté à l'entrée de ses "flagships", le mannequind'Abercrombie & Fitch, fait désormais figure de cas d'école. Tout comme la scénarisation qui vaavec : lumière ultra-tamisée, photo-souvenir etc. Sa présence dans le "magasin amiral" desChamps-Elysées à Paris vaut même à la marque américaine de prêt-à-porter une enquête lancéeen 2013 par le Défenseur des droits pour des pratiques d'embauche potentiellementdiscriminatoires. Celle-ci étant " toujours en cours ", argue l'entreprise auprès de La Tribune , pasquestion pour Abercrombie d'expliquer si, réellement, l'éphèbe booste ses ventes...

Cet exemple de théâtralisation d'un espace commercial correspond à des " stratégies trèsonéreuses qui peuvent poser des problèmes de rentabilité ", pointe Claire Roederer, maître deconférence en marketing à l'Ecole de management de Strasbourg. Elle a fait du cas Abercrombieun sujet de recherches avec sa co-auteure Ulrike Mayrofer, directrice du centre de rechercheMagellan à l'université Lyon-3 ( Abercrombie & Fitch : Le marketing expérientiel à l'international ,2013).

Toute une stratégie sur "l'expérience" en magasin

Page 75: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

75 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

Sur un modèle similaire, d'autres chaînes déclinent " tout l'univers d'une marque " dans un mêmelieu, explique Claire Roederer. Mais Abercrombie a poussé l'expérience à l'extrême, justementparce que sa stratégie publicitaire repose quasi-exclusivement sur " l'expérience " en magasin, audétriment d'autres médias plus classiques comme l'affichage ou les clips vidéo.

Dans certains cas, explique Claire Roederer, le magasin physique n'a quasiment plus pour objectifde réaliser des profits grâce aux ventes. Il est d'abord là pour laisser une trace dans les souvenirsdes clients. C'est le principe du "showrooming", un anglicisme adopté par les détaillants qui renvoieà cette mutation du magasin, devenu davantage une vitrine qu'un lieu d'échange marchand.

Une discrimination ressentie tous métiers confondus

Mais, si le vendeur complète le décor, doit-il pour autant être "beau"? D'abord, fait notable : dans lecas d'Abercrombie, les mannequins embauchés n'ont pas la fonction de vendeur, simplement"d'animateur". Ailleurs, la loi est-elle vraiment contournée afin d'embaucher de préférence "de"beaux" vendeurs? Sollicité, les services du Défenseur des droits n'ont pas pu produire destatistiques sur le nombre de dépôts de requêtes pour discrimination chez les vendeurs en France.

Seul élément disponible: la septième édition du  baromètre sur la perception des discriminationsdans l'emploi réalisée par l'Ifop pour le Défenseur des droits et l'Organisation internationales dutravail (OIT) publiée en février signale que, tous métiers confondus, l'apparence physique était deplus en plus ressentie comme un facteur de discrimination. Elle arrive même en deuxième positionderrière le genre.

En réalité, plus encore que de stricts critères physiques, c'est la "présentation" du candidat(posture, vêtements, etc.) qui constituent un facteur discriminatoire, relevait Jean-François Troglrlicle directeur du bureau de l'OIT en France dans 20 Minutes au mois de février.

"Voir comment elles se déplacent"

Dans la vente en particulier, l'aspect des candidats serait encore inspecté de près au moment del'embauche.  "Les choses évoluent, reconnaît Lionel Deshors, fondateur et dirigeant du cabinet derecrutement CCLD, spécialisé dans la grande distribution. " Les responsables des ressourceshumaines ont accompli un important travail de sensibilisation, mais certains archaïsmes perdurent", admet-il.  " Nous avons déjà entendu des choses assez choquantes de la part de certainsrecruteurs, notamment une directrice qui avait demandé à des candidates de défiler pour voircomment elles se déplaçaient", se souvient-il.

Mais une "présentation" jugée correcte n'était-ce pas déjà l'un des premiers critères de choix dupersonnel des tous premiers magasins de confection dès la fin du XIXe siècle? "C'est ce que décrit

Page 76: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

76 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

Zola dans le Bonheur des Dames quand, dans les dortoirs des vendeuses, des cours de diction etde bonne conduite sont prodigués", rappelle le sociologue Pascal Barbier, auteur d'une étude deterrain sur les grands magasins.

Candidates recalées car... trop minces

Il s'agirait plutôt de faire correspondre une certaine idée que se fait la marque de son image, ou dumoins qu'elle souhaite véhiculer et celle de ses employés en contact direct avec le public. Ainsi,certaines enseignes "refusent les gens avec quelques kilos en trop, des piercings, des tatouages,un look trop marqué... ", pointe Lionel Deshors tandis que d'autres, au contraire, embauchent depréférence des personnes dont l'apparence est censée correspondre à la "cible". Ce spécialiste durecrutement cite ainsi un autre exemple:

"Un ancien client dont les produits étaient destinés aux femmes rondes refusait systématiquement lesfemmes trop fines."

Autre lieu, autre style: à l'étage qu'avait dédié un grand magasin parisien du boulevard Haussmannaux vêtements "sportswear" avant que la concurrence de la chaîne Citadium toute proche nevienne bousculer ses plans, se souvient Pascal Barbier.

Le vendeur ou la présence "tangible" de la marque face à sa cible

Or, ce mouvement qui consiste à faire du vendeur la vitrine du magasin, s'il n'est pas neuf, estrenforcé par la digitalisation des enseignes. "Paradoxalement, l'essor du e-commerce implique quele rôle des magasins physiques revête une importance encore plus capitale car il rend tangible" l'image qu'elle souhaite transmettre. C'est en cela que réside le cœur même de cette fameusenotion "d'expérience" si chère aux professionnels du marketing.

Point commun avec d'autres enseignes également étudiées par Claire Roederer comme Zara,Esprit ou Levi's : "La volonté d'exprimer dans un lieu tout ce que l'on peut dire de l'univers de lamarque ". A cet égard, les petits commerces indépendants ne feraient pas exception. " La quêted'authenticité du consommateur post-moderne le pousse à recherche ce type d'expérience qui neseront peut-être pas proposées de manière consciente par les commerçants mais qui joueront lemême rôle", souligne ainsi l'universitaire.

Des petits à côté...

Poussée à l'extrême dans l'univers du luxe, cette logique consistant à faire primer "l'expérience"conduit certaines grandes marques à offrir des services dignes de palaces.  " Nous pouvonsproposer à un client de se rendre au troisième étage de la tour Eiffel pour faire une déclarationd'amour ou bien réserver un bateau pour une visite privée sur la Seine avec guide parlant coréen et

Page 77: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

77 Série d'étéLA TRIBUNE 29/08/2014

personnel stylé ", confie ainsi Marc Jacheet, directeur général de la filiale française Tiffany & Co.Charge alors au "conseiller de vente" de "sentir" à qui et à quel moment suggérer ces petits à côtéd'exception, sans garantie de conclure une vente pour autant. Une "expérience" ultrahaut-de-gamme qui suppose des conditions de travail et de salaires pour les vendeurs égalementexceptionnelles. Sur ce point, la situation varie selon les enseignes.

Page 78: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

78 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

OPINIONS > Sans trop de bruit, l’Europe financière se construit. Mais la Citypourrait bloquer le processus. par Howard Davies, professeur à Sciences Po

Howard Davies

Vers une Europe financière, malgré la City?

Les difficultés très médiatisées qu'a connues cet été Banco Espírito Santo au Portugal nous ontrappelé que les problèmes financiers de la zone euro ne sont en aucun cas résolus. Il y a, sansaucun doute, certains facteurs spécifiques qui sous-tendent les problèmes de la banque, découlantde son exposition à d'autres parties de l'empire de la famille Espírito Santo. Cependant, lorsque labanque a annoncé une perte de 3,6 milliards d'euros  au premier semestre, l'effondrement soudainde la confiance a été alarmant et les investisseurs nerveux se demandent à présent s'il n'y a pasd'autres bombes à retardement du même genre cachées à d'autres endroits.

Une évaluation globale des banques européennes

Tous les yeux sont maintenant braqués vers l'examen de la qualité des actifs (AQR) de la Banquecentrale européenne, qui devrait être achevé au cours des deux prochains mois. L'AQR estl'élément crucial d'une « évaluation globale » des banques européennes avant que la BCE neprenne officiellement la responsabilité de surveillance de plus de 80% du système bancaire de lazone euro en novembre.

La BCE, de manière assez raisonnable, veut que toutes les horreurs potentielles soient rendues visibles avant sa prise de contrôle - de sorte qu'elle ne puisse pas en être tenue pour responsable.Etant donné que les superviseurs nationaux, qui sont souvent enclins à présenter un tableau

Page 79: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

79 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

idyllique des institutions de leur pays, ne sont plus responsables, on peut espérer que l'évaluationsera plus robuste que les tests de résistance antérieurs menés sous les auspices de l'Autoritébancaire européenne (ABE). Ces tests, contrairement à leurs équivalents aux États-Unis, n'ont pasréussi à rétablir la confiance. Plusieurs banques qui les ont passés avec brio furent plus tardobligées de lever de nouveaux capitaux.

De nouvelles autorités pan-européennes

Mais la création de l'union bancaire européenne n'a pas été le seul changement important dans larégulation financière de l'Europe depuis la crise. Les événements de 2007-2009 ont démontré qu'ily avait de graves lacunes et incohérences qui devaient être solutionnées. Ainsi, suivant lesrecommandations d'un rapport établi en 2009 par l'ancien directeur général du FMI Jacques deLarosière, la Commission européenne a créé trois nouvelles autorités paneuropéennes chargéesd'assurer « l'application cohérente » des directives européennes.

L'accord a été réalisé en grande partie grâce à de nombreuses échappatoires politiques : les troisplus grandes économies de l'Union européenne - le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne - ontaccepté de céder un certain contrôle au profit du centre, mais seulement à condition que chacunpuisse accueillir une autorité. Ainsi, l' ABE a été créée à Londres, l' Autorité européenne desmarchés financiers (AEMF) est située à Paris et l' Autorité européenne des assurances et despensions professionnelles (AEAPP) s'est installée à Francfort. Collectivement, ils sont connuscomme les AES (autorités de contrôle européennes).

D'une harmonisation financière minimale à des règles contraignantes

Le chemin vers une réglementation pan-européenne au cours des deux dernières décennies a étésinueux et accidenté. Dans les premiers stades, il a été supposé que le marché financier uniquepourrait fonctionner sur la base de la reconnaissance mutuelle : chaque pays accepterait larégulation des autres comme largement équivalente à sa propre régulation et permettrait aucommerce transfrontalier de procéder sur cette base. Cela s'est révélé insuffisant, parce que lesnormes et les règles sont restées très différentes d'un pays à l'autre. Par la suite a été adoptée uneapproche fondée sur une harmonisation minimale, au sein de laquelle les règles de base devaientêtre identiques dans toute l'Europe, mais des variations et des ajouts locaux restaient autorisés.

Lorsque cela s'est également avéré inefficace pour promouvoir la concurrence, parce que les paysutilisaient leurs règles nationales pour bloquer les nouveaux entrants, l'accent a été mis sur uneharmonisation maximale, au moyen de directives décrivant exactement comment les règles localesdoivent être appliquées dans toute l'UE. Cela a provoqué une grande inquiétude dans la City deLondres, mais a été accepté à contrecœur. Depuis la crise financière mondiale, Londres a perdu enpartie la capacité à faire valoir son statut particulier et qu'elle doit être laissée à part.

L'étape de l'intégration financière

Page 80: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

80 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

A présent, avec la mise en place des autorités de régulation centrale, l'UE est passée à l'étapesuivante de l'intégration financière. Mais, jusqu'à maintenant, les responsabilités de cesorganismes sont très limitées. L'AEMF supervise directement les agences de notation ; néanmoins,en dehors du secteur bancaire, les autorités nationales conservent leurs responsabilités desupervision au jour le jour.

Les fonctionnaires de la Commission européenne qui ont une inclination pour l'intégration neconsidèrent clairement pas cela comme un état final satisfaisant. En conséquence, ils ontcommandé un examen approfondi des trois autorités européennes de surveillance auprès deMazars, un cabinet d'expertise comptable, qui a été publié plus tôt cette année. Le verdict était, àpeu de choses près, « jusqu'ici, tout va bien ». Aujourd'hui, la Commission a suivi en publiant sa propre évaluation.

Il était sans doute improbable que le Commission soit hypercritique à propos de ses proprescréations, et c'est effectivement le cas. Son rapport soutient que les AES ont « rapidement établides organisations qui fonctionnent bien visant à contribuer à rétablir la confiance dans le secteurfinancier » et que les participants de marché semblent globalement satisfaits de leur travail.

Réduire encore l'influence de autorités nationales

Mais les auteurs du rapport estiment qu'il est nécessaire d'élargir les mandats actuels, dedévelopper une approche globale de protection des consommateurs et de réduire davantagel'influence des autorités nationales. Les AES devraient avoir plus de pouvoir pour imposer leurvolonté dans l'intérêt de l'UE dans son ensemble. Leurs présidents devraient avoir une plus grandelatitude pour agir de leur propre initiative. Les AES doivent aussi disposer de moyens financiersplus importants, qui peuvent sans doute provenir de redevances perçues sur les sociétésfinancières, et il faudrait envisager de les fusionner en un seul endroit, probablement Bruxelles.

La direction générale est claire. À moins que le nouveau commissaire au marché intérieur ne soitd'un autre avis, la Commission européenne prévoit d'aller plus loin sur le chemin d'une véritableréglementation pan-européenne. Le rapport va être remis au Parlement européen, qui devraitprobablement pousser encore plus fort vers une plus grande intégration, comme il le faithabituellement.

Une autorité unique?

Une autorité unique, ou peut-être deux ou trois travaillant en étroite collaboration, est unedisposition logique pour la zone euro, et peut-être pour l'ensemble du marché financier de l'UE. Ilcompléterait utilement le nouveau rôle de supervision de la BCE. Mais est-ce que Londres seraprête à s'aligner cette fois ?

Page 81: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

81 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

Le gouvernement britannique, après tout, a entrepris un chemin qui va exactement dans ladirection opposée - réduire les fonctions des organes centraux et rapatrier les pouvoirs dans lescapitales nationales. Étant donné le rôle central de Londres sur les marchés financiers de l'UE,ainsi que sa sensibilité politique au Royaume-Uni, il est probable qu'il y ait des ennuis à venir.

Traduit de l'anglais par Timothée Demont

Howard Davies, anciennement président de la Financial Services Authority du Royaume-Uni,sous-gouverneur de la Banque d'Angleterre et directeur de la London School of Economics,est professeur à Sciences Po à Paris.

© Project Syndicate 1995-2014

Page 82: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

82 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

PEKIN BUSINESS > Face au géant Apple, les autorités chinoises mettent en placeune stratégie duale. La production de l’Iphone, qui n’apporte que peu de valeurajoutée à la Chine, est réservée aux régions pauvres. Les régions côtières, plusriches, développent leurs propres produits high tech

Jean-François Dufour

L'iPhone 6 et la stratégie industrielle chinoise

Apple a été victime ces derniers mois sur le marché chinois d'attaques officieuses, avec,forcément, l'aval des autorités. Celles-ci  promeuvent un développement de leurs propresfabricants, beaucoup plus rentables pour l'industrie nationale. La production massive de l'iPhone 6,attendu pour septembre, n'en proviendra pas moins de régions chinoises qui se sont donné lesmoyens de la capter. Derrière ce paradoxe apparent, on trouve les besoins très différents desrégions qui coexistent au sein de l' « usine du monde ».

Les difficultés rencontrées par Apple en Chine, avec notamment, en juillet, des appels au boycottde ses produits, présentés comme une menace pour la sécurité nationale pour cause degéolocalisation, tiennent à plusieurs raisons.La mise sous pression des autorités américaines, alors qu'elles devaient se prononcer sur le rachatd'une partie de l'activité serveurs d'IBM par le chinois Lenovo - opération qu'elles ont autorisémi-août -, n'y était ainsi certainement pas étrangère.

Dépasser la sous-traitance

Mais de manière plus générale, les pressions récurrentes sur Apple en Chine s'inscrivent dans une

Page 83: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

83 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

démarche de soutien à ses concurrents chinois - les géants des smartphones que sont égalementen train de devenir Huawei, ZTE ou TCL, et plus récemment Lenovo ou Xiaomi.Les motivations en sont très simples : sur la base des chiffres disponibles pour l'iPhone 5, l'activitéd'assemblage à laquelle se limite l'intervention chinoise - dont la plus grande partie est assurée parHonhai / Foxconn, le principal sous-traitant d'Apple, basé à Taiwan mais producteur en Chinecontinentale -, ne correspond qu'à un peu plus de 1% du prix de vente final du produit d'Apple. Lavaleur ajoutée qui reste à l'industrie chinoise dans ce type d'opération est donc extrêmement faible,et correspond à un modèle de sous-traitance que Beijing aimerait voir dépassé.A l'inverse, lorsque Huawei, ZTE ou TCL, voisins de l'ancienne plus grande base de Honhai àShenzhen, dans la province du Guangdong, produisent leurs propres smartphones, c'estl'ensemble de la valeur ajoutée qui reste à l'industrie chinoise.

Délocalisation interne

Pourtant, c'est toujours de Chine que viendront les 80 à 120 millions d'iPhone 6 qui seraientenvisagés; et le pays s'est donné les moyens de conserver cette production.L'explication tient au fait que le Guangdong, plus riche des provinces du pays, n'est pas toute laChine, loin de là. Et l'essentiel de la production de l'Iphone 6 profitera non pas à Shenzhen, mais àZhengzhou, 1.500 kilomètres plus au nord.La capitale de la province enclavée du Henan a en effet vu Honhai (qui devrait assurer 70% del'assemblage des iPhone 6) y délocaliser l'essentiel de sa production d'iPhones à partir de 2011.L'assembleur taiwanais a installé à Zhengzhou la plus grande base de production de smartphonesau monde, avec une capacité de pointe estimée à un demi-million de téléphones par jour.Ce qui paraît peu souhaitable pour le Guangdong reste en effet une aubaine pour le Henan qui,avec une population comparable, affiche un PIB inférieur de moitié à celui de la riche province dusud.

Investissements stratégiques

Et le Henan, par-delà ses salaires inférieurs de 35% à ceux du Guangdong, s'est donné lesmoyens stratégiques de retenir l'assemblage des iPhones. La province s'est notamment assuré unpositionnement logistique déterminant pour une production à vocation globale.La société créée il y a deux ans seulement par le gouvernement provincial pour investir dans letransport aérien, s'est ainsi montrée fort active depuis.Après s'être associée à China Southern, l'une des trois grandes compagnies aériennes chinoises,pour implanter une filiale spécifique basée sur l'aéroport de Zhengzhou, elle a investi en Europe,acquérant en janvier dernier 35% du capital de Cargolux, la principale compagnie aérienne tout -cargo européenne.

400 tonnes de capacité hebdomadaire pour les avions cargo vers les Etats-Unis

Indépendamment des services déployés par d'autres compagnies, les vols cargo déployés depuis

Page 84: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

84 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

2013 par China Southern depuis Zhengzhou vers Los Angeles et Chicago, assurent 400 tonnes decapacité hebdomadaire disponible pour la desserte rapide du marché américain depuis le Henan.Et les vols assurés depuis juin dernier par Cargolux, entre Zhengzhou et Luxembourg, garantissentune capacité équivalente vers le marché européen. Des arguments qui n'ont pu échapper ni àHonhai ni à Apple, alors que les premiers marchés de l'iPhone sont américain et européen.

Stratégie duale

Le rapport à Apple illustre une stratégie industrielle chinoise qui tient compte de besoinsgéographiques différenciés : développer les industries à plus forte valeur ajoutée dans lesprovinces (côtières) les plus riches du pays, tout en conservant celles à moins forte valeur ajoutée,mais pourvoyeuses d'emplois, dans les provinces (enclavées) moins développées.La Chine, tout en modernisant rapidement son industrie, entend bien rester l'« usine du monde »pour soutenir ses régions moins avancées ; et elle s'en donne les moyens.

Jean-François Dufour, Directeur, DCA Chine-Analyse

Page 85: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

85 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

OPINIONS > Non seulement la concurrence dans les télécoms favorise la baissedes prix, mais elle encourage l’innovation et contribue à la création d’emplois.par Maxime Lombardini, directeur Général, Iliad

Maxime Lombardini

La concurrence crée de l'emploi, même dansles télécoms!

Free apparaît être le produit le plus manifeste d'une vision concurrentielle des télécoms, unauthentique Maverick qui, par l'innovation commerciale et l'audace, a su bousculer des acteursétablis mais de manière ultime, son entrée dans le mobile a été rendue possible par uneintervention réglementaire? N'y-a-t-il pas un paradoxe à finalement être le produit en partied'intervention réglementaire et de se réclamer de la concurrence ? La concurrence ne peut-elleexister que créée et garantie par l'Etat ?

Il est des industries comme la télévision et les télécoms qui reposent sur l'utilisation du domainepublic hertzien, donc sur des autorisations données par l'Etat, par l'intermédiaire d'un régulateursectoriel. C'est parce que la concurrence était défaillante dans le marché à trois opérateursmobiles, lourdement condamnés pour entente en 2005, que la puissance publique, sur larecommandation de multiples acteurs (ARCEP, ADLC, Commission Européenne, CommissionAttali, associations consommateurs...) a pris la décision d'attribuer une quatrième licence en 2009.Ce sont ensuite les régulateurs et le Conseil d'Etat qui ont précisé les modalités d'une concurrenceéquitable. L'existence d'un opérateur de réseau mobile dépend donc bien de la puissance publique.En revanche la capacité à innover, à investir et à dynamiser le marché dépend principalement del'opérateur lui-même.

Page 86: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

86 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

Est-ce que l'objectif ultime de la concurrence est pour vous de faire baisser les prix ?

Notre objectif a toujours été de développer à long terme l'entreprise tout en apportant auxconsommateurs des services innovants au meilleur prix. La baisse des prix est la conséquence decette stratégie. Et n'oublions pas que l'anomalie c'étaient les prix anormalement hauts d'avant FreeMobile, pas les prix raisonnables d'aujourd'hui.

Trop de concurrence peut-elle mettre en cause l'investissement ou l'innovation ?

La concurrence dynamise l'innovation et l'investissement. Les opérateurs cherchent à sedifférencier avec la 4G qui démarre bien plus vite que la 3G en son temps et dans le fixe, de grosinvestissements sont réalisés dans la fibre. L'investissement est au plus haut et malgré cela lessociétés actionnaires des opérateurs servent toujours de copieux dividendes. La concurrenceamène donc les entreprises à se moderniser, à se remettre en cause, à innover sans cesse,beaucoup plus efficacement que l'oligopole.

Que répondez-vous à ceux qui disent que la concurrence dans le mobile cela aurait surtout servi àdétruire les emplois ?

Tout simplement que les chiffres disent le contraire. Depuis 2009, l'emploi dans les télécoms quidepuis 1997 déclinait, est stabilisé. Le nombre global d'abonnés augmente, les investissementsdans les réseaux sont au plus haut, tout cela créé de l'emploi en France.

A quoi peut servir d'avoir quatre opérateurs mobiles en France se livrant concurrence pour separtager 60 millions de clients face à China Mobile qui en a pour elle seule 800 millions ? Faut-ilforcer à une concentration ou la concurrence vous apparaît elle précisément comme le meilleurrempart contre ces mastodontes?

Méfions nous des analogies trop schématiques. En Chine il n'y a qu'un seul parti politique alorsqu'en France il y en a des dizaines ! Il se trouve qu'en France les prix étaient parmi les plus élevésd'Europe. L'arrivée d'un quatrième opérateur a libéré l'usage, répondu à des besoins qui n'étaientpas satisfaits (le « sans engagement » qui représente déjà la moitié du marché), amené unetransparence qui n'existait pas dans les offres, et contribuée à ramener les prix à un niveau plusjuste.

Regardez les prix très élevés et la médiocre qualité des réseaux aux Etats-Unis ou deux opérateursnationaux disposent de la plupart des fréquences mobiles... Il ne faut pas oublier par ailleurs qu'en

Page 87: Ukraine, l'autre crise qui menace l'Europe

87 OpinionsLA TRIBUNE 29/08/2014

France les réseaux, qui sont une part importante des coûts, sont de plus en plus mutualisés. Sur lecuivre pour l'ADSL, nous sommes tous sur le réseau de l'opérateur historique, sur la fibre, sur 75%du territoire, il s'agira d'un réseau unique en co-investissement et sur le mobile, l'accord demutualisation signé entre SFR et BYTEL s'il va à son terme prévoit de faire un réseau unique sur90% du territoire. L'optimisation des investissements n'est donc pas strictement liée au nombred'opérateurs commerciaux.

Est-ce que pour vous la concurrence pourrait avoir une dimension quasi-révolutionnaire ?

Dans notre secteur, il s'agit simplement d'un mode de fonctionnement normal du marché quipermet d'optimiser l'investissement et l'innovation, tout en tenant compte à chaque instant del'intérêt du consommateur. L'opposé de l'oligopole qui ne vise qu'à maximiser la rente.

  Interview écrite et préparée par Olivier Fréget, Cabinet Fréget - Tasso de Panafieu pour "A quoisert la concurrence ?"

Texte extrait de l'ouvrage à paraître  "A quoi sert la concurrence ?" , édité par la revue"Concurrence",  disponible sur aquoisertlaconcurrence.org