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TU PARLES D'UNE PLANQUE !! Comédie en 4 actes de Viviane Tardivel

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TU PARLESD'UNE

PLANQUE !!

Comédie en 4 actes de Viviane Tardivel

TU PARLES D 'UNE PLANQUE !

Personnages: 4 hommes 5 femmes ( environ 1h45) 4 actes

Lucie : ( environ 40 ans) Employée communale

Fernande : ( environ 75 ans) vieille dame très croyante

Charles : ( entre 30 et 50 ans ) Bandit en cavale

Violette : ( entre 30 et 50 ans ) Complice de Charles

Rosalie : ( environ 30 ans ) Accompagnatrice pour personnes âgées

Valentine : ( 70- 80 ans) résidente de la maison de retraite St Thomas, distinguée et cultivée

Désiré : ( 70-80 ans) Résident amoureux de Valentine

Jean : ( 70 -80 ans) Résident qui a tout le temps mal quelque part

Prosper : ( 70-80 ans) Résident ronchon qui s 'exprime en chansons

C'est l'effervescence dans le petit village de Trifouilly Les Bois . Le nouvel abbé va arriver pour prendre ses fonctions. Tout est fin prêt pour le recevoir . Lucie et Fernande ont pensé à tout …. enfin presque ! Elles vont accueillir sans le savoir non pas un abbé mais deux gangsters en cavale: Charles et Violette. Ces derniers n'auront d' autre choix que celui de se faire passer pour l' homme d 'église que tout le monde attend et son assistante. Et si ça ne suffisait pas , l'arrivée de résidents d'une maison de retraite va compliquer encore la situation . Pas facile de changer de métier aussi vite ! Cette reconversion ne sera pas de tout repos …..

Décor: Un intérieur de presbytère. Il vous faudra une table avec au moins 6 chaises , divers meubles dont un avec un tiroir , des décorations sur le thème de la religion, un téléphone , un répondeur ...

4 portes : entrée , toilettes , chambres ,cuisine.

Costumes : Soutane pour Charles , caleçon long pour Jean

TU PARLES D'UNE PLANQUE ! De Viviane Tardivel

ACTE 1

Au lever de rideau, Lucie balaye la pièce, s'arrête un instant et va allumer la radio. On entend alors une musique très rythmée à la mode. Elle improvise une chorégraphie endiablée avec son balai. A la fin de la chanson, elle éteint la radio et essaye de reprendre son souffle ..

Lucie ( en s'asseyant) : Pfff ! C'est plus de mon âge tout ça ! J' suis essoufflée comme un boeuf moi ! Comme dit le proverbe « on a l' âge de ses artères ! » … Bon, c'est pas le tout mais il faudrait peut être que je me remue le popotin si je veux que tout soit en ordre pour ce soir.(Elle termine de balayer et met la poussière sous le tapis ) Et voilà, ni vu, ni connu !! Ca c'est fait , maintenant le linge ! (Elle prend une panière remplie de linge avec un séchoir posé dans un coin ) et commence à étendre le linge et finira par une soutane) puis s'adressant au public : Puisque tout le monde est arrivé... même les retardataires, il faut que je vous explique ce que je fais là ! Voilà : je suis employée communale et Mr Le Maire m'a chargé de faire un peu de ménage ici au presbytère. Faut quand même que je vous dise qu'on a perdu notre curé il y a 3 semaines. Un accident bête : c'était l'enterrement de la mère Cassouille... ( réfléchissant) j'ai toujours dit qu'il manquait une lettre à son nom de famille à celle là . Avec un c en plus, ça aurait été parfait . Vous voyez ce que je veux dire ? Cassec.... ( regardant un spectateur au premier rang) Vous m'avez compris vous Monsieur ?( au public ) Dès que j' ai parlé de cassec... il a regardé sa femme ! Ca veut tout dire !! Je disais donc : le curé sort de l'église pour bénir le corps dans le corbillard et v'là ti pas les freins ont lâché ! Ben si, comme je vous le dis ! Écrabouillé par le corbillard et les 150 kilos de la mère Cassouille notre brave curé ! Ca n' a pas fait d'pli : aplati comme une crêpe ! (soupir ) Donc , on attend demain le remplaçant: un abbé paraît il mais on n 'en sait pas plus. Demain , c' est le pardon de Notre Dame d'en haut et comme tous les ans, y a quelques pensionnaires de la maison de retraite St Thomas qui viennent assister aux festivités et comme d'habitude ils mangent ici au presbytère. Enfin voilà, je vous embête pas plus longtemps avec mes bavardages parce qu'au premier rang là ( choisir une spectatrice), madame commence à bailler … vous avez payé madame, essayez de résister encore un peu , enfin moi j'dis ca, c'est pour vous hein! A vous de voir !

On frappe à la porte

Lucie : Oui ! Entrez !

Fernande ( passant la tête par la porte ) : Y a quelqu'un ?

Lucie : Oui oui entrez !

Fernande : Y a quelqu'un ?

Lucie : OUI Y A QUELQU'UN ! (Fernande entre) . C 'est pas le saint esprit qui vous a dit d'entrer Fernande !

Fernande : Ah , bonjour Lucie, j' viens aux nouvelles. C' est bien demain que le nouveau curé arrive ?

Lucie : Oui Fernande , c'est demain qu'il arrive !! Et c'est pas un curé mais un abbé . Ca fait la troisième fois que vous me posez la question aujourd'hui. Jusque minuit, ca sera la même réponse vous savez ! Par contre , à minuit une , je pourrais vous dire : Non , c'est aujourd'hui qu'il arrive !! (elle rit )

Fernande : Vous vous moquez de moi hein ? Mais je suis tellement impatiente de le rencontrer. Ca fait maintenant 3 semaines que notre brave curé a quitté cette terre. (elle se signe). Paix à son âme ! Moi, je suis toute perdue depuis, je suis comme orpheline voyez vous. La vie n'a plus de goût sans les sermons de notre curé . Ils nous ont bien envoyé un intérimaire pour la grand messe du dimanche mais c'est pas pareil !

Lucie : Ca s'appelle un diacre Fernande. C'est quelqu'un qui a reçu le premier degré du sacrement de l'ordre dans l'église catholique. Mais il a une vie normale comme vous et moi en dehors de l'église !

Fernande : C'est bien ce que j' dis , c'est de l'intérim ! On voit tout de suite que c'est pas un vrai prêtre. Faut pas me la faire à moi, je les reconnais tout de suite, moi , les vrais !

Lucie : Ce sont les mêmes prières pourtant ? Ils ont tous le même bouquin il me semble ?

Fernande : Jésus Marie ! C'est pas un bouquin comme vous dîtes, c 'est la Bible enfin!!

Lucie : En tout cas , c'est barbant à écouter. Je n 'entends ça qu'aux enterrements et ça me suffit amplement.

Fernande : C'est vrai qu'on ne vous voit jamais à la grand messe du dimanche Lucie. Quand vous arriverez devant Saint Pierre, vous comprendrez et là vous vous mordrez les doigts.

Lucie : Je sentirai rien puisque je serai morte !!!

Fernande : Oh ! Comment pouvez plaisanter avec ça Lucie ? Vous savez , le Seigneur voit et entend tout.

Lucie : Quand on voit ce qui se passe sur terre, on peut quand même se demander s'il n'a pas perdu la vue et l'ouie votre Bon Dieu.

Fernande : Comment osez vous ainsi blasphémer ? Je vous rappelle que son fils est mort pour nous.

Lucie : Ben , il aurait mieux fait de rester en vie et de s' éclater un peu le p'tit Jésus. Mourir à 33 ans pour sauver je ne sais quoi , faut vraiment être dérangé !

Fernande : Je ne veux plus rien entendre ! Je prierai pour vous Lucie, vous en avez bien besoin. Mais bon , vous vous souvenez de l'âge du Christ , c'est déjà ça !

Lucie : C 'est à peu près tout ce qui me reste comme souvenir du cathéchisme. J'en ai d'autres mais ils n'ont rien à voir avec la religion. Tenez, c'est au cathé que j'ai eu mon premier baiser sous la table.

Fernande : Taisez vous, je sens que vous allez me dire des horreurs.

Lucie: C'était pas si horrible que ça croyez moi. J'en garde plutôt un bon souvenir. C'était avec Jean François le fils du fossoyeur et ..

Fernande : Je ne veux rien savoir de plus !( un temps) Mais c'est quoi tout ce linge?

Lucie : J' ai vidé les armoires . J 'ai lavé tout ce que j'ai trouvé et je donnerai tout ça à Emmaüs ou au secours populaire. Y a même des vieilleries qui appartenait à Ernestine !

Fernande : Ernestine ?

Lucie : Mais si , souvenez vous ! La bonne du curé ! Mais ça fait bien vingt ans qu'elle est morte au moins !

Fernande : Ah oui , c 'est vrai ! J'avais oublié son prénom à celle là ! De toute façon, je l' aimais pas ! Monsieur le curé ne voyait que par elle ! ( réfléchissant) Ca fera 22 ans le mois prochain qu'elle est morte ; je m'en rappelle c'était le jour de mon anniversaire. Ah ! elle m'a fait un beau cadeau en cassant sa pipe ce jour là ! ( montrant la soutane ) Et ça ? C 'est quoi ? (prenant la soutane sur le séchoir ) Mais ….. c 'est la soutane de notre curé . ( elle se met a genoux et embrasse la soutane )

Lucie : Bon, relevez vous Fernande, ça va pas le faire revenir de vous voir vous traîner par terre comme ça ! On dirait une limace !

Fernande (se relevant ) : Ben … je vous remercie pour la limace ! Ca fait plaisir ! Je ne laisse pas encore de traces derrière moi à ce que je sache !

Lucie : Je plaisantais Fernande, je plaisantais ! ( au public ) Ca n'a aucun sens de l'humour les grenouilles de bénitier ! Vous en pensez quoi vous madame ? ( même spectatrice . Un temps..) Je ne vous ai pas réveillée au moins ?

Fernande : Dîtes Lucie, vous allez en faire quoi de la soutane ?

Lucie (commençant à s'énerver) : J 'en sais rien moi ! Ben …. je la donnerai à l'évêché ! Oui, c'est ça ! Je la donnerai à l'évêché pour le denier du culte . Je ferai une bonne action ! Vous voyez , je ne suis pas si méchante que ça !

Fernande : Oui , c'est bien . Il faut donner à son prochain ! Mais vous savez, moi, je la garderais bien la soutane en souvenir. Je la mettrais dans un cadre et je prierais devant tous les jours pour le repos de son âme..... et puis , non non non ! On sait jamais , si on me la volait... on sait jamais !!

Lucie : Si c'est un habitant du village qui la vole et qui va chercher son pain avec, il va être vite repéré le gars !! (elle rit )

Fernande : Vous ne respectez rien Lucie , vous grillerez en enfer

Lucie : Ca tombe bien , j'adore la chaleur ! ( poussant Fernande vers la sortie ) Allez allez , faut que je termine mon ménage ; alors à bientôt Fernande !

Fernande ( qui ne bouge pas ) : Et à quelle heure il arrive demain ?

Lucie : Dans la matinée sûrement.

Fernande : C'est vague la matinée !

Lucie : Plantez une tente devant le presbytère, comme ça, vous ne le louperez pas.

Fernande : Je ne vais pas pouvoir dormir moi , c'est sûr ! La nuit va être longue.

Lucie : Lisez trois ou quatre pages de la Bible, vous verrez, y'a pas mieux comme somnifère !

Fernande : Pfff . N'importe quoi ! Je vais retourner à l'église pour voir si tout est en ordre pour le pardon de demain. Il faut que tout soit parfait ! Oh ! J'suis toute excitée moi , toute excitée !

Lucie : C'est ça ! Allez à l'église vous désexcitée un peu Fernande ! ( Fernande sort ) Mais, c'est pas possible une sangsue pareille. Elle n'a qu'à aller se tremper les fesses dans le bénitier, ça va la refroidir ! ( un temps, regardant autour d'elle ) Bon, tout semble en ordre. Le repas de demain midi pour les pensionnaires de Saint Thomas est dans le frigo, Il est quelle heure avec tout ça ? ( regardant sa montre) Déjà ? Je mets tout le linge dans la petite pièce à côté pour qu'il sèche et je file .( coup de tonnerre et bruit de pluie) Ben dis donc, y'a le bon Dieu qui joue aux boules là haut ! Qu'est ce qui tombe !!!Allez hop ,je laisse la clé sous le paillasson si toutefois Monsieur Le Maire voulait vérifier mon travail. ( elle éteint la lumière, on entend la clé tourner dans la serrure ) Noir

Au fond de la salle arrivent Violette et Charles avec une cagoule ou un bas sur la tête avec chacun une lampe torche à la main .On entend orage et pluie. Charles porte un sac en bandoulière. Ils sont bien sûr mouillés.

Violette : Charles, j' ai peur ! On est où ?

Charles : Tais toi et avance !

Violette : J'y vois rien moi; attends moi !

Charles: Grouille toi, faut qu'on trouve une planque. Il pleut comme vache qui pisse en plus ! Punaise, mais qu'est ce que j 'ai fait au bon Dieu pour me traîner un boulet pareil ?

Violette : Tu sais ce qu'il te dit le boul... !( on entend un cri étouffé. C'est Violette qui est tombée)

Charles : Mais qu'est ce que tu fous bordel?

Violette : Je suis tombée, j 'ai trébuché sur une vieille souche. ( en éclairant un spectateur)

Charles: Mais c'est pas vrai, c'est pas possible d'être aussi maladroite ! Ahhhh ( Charles vient de s'étaler lui aussi )

Violette (paniquée) : Charles, qu'est ce qu'il y a ?

Charles : RIEN ! Je viens de me vautrer. J'ai glissé .Y a des glands partout ici ! ( en

éclairant quelques spectateurs )

Violette : ah ah !! C'est pas possible d'être aussi maladroit !! AHHHH !! ( cri de peur )

Charles (énervé) : Quoi encore ?

Violette : C'est rien, j'ai eu peur. C'est tout !

Charles : De quoi encore ? De ton ombre peut être ? Remarque, y a de quoi être effrayée !!

Violette : Non ! D'une chouette !

Charles : Madame vient de faire un braquage et a peur d'une chouette ! Ben !! Je suis aidé moi avec une équipière pareille !

Violette ( en éclairant une spectatrice ): Mais elle est toute ébouriffée ! J'te jure , elle fait peur ! Viens voir, je sais ce que c'est comme race mais y 'a du avoir un croisement à un moment !

Charles : J'ai autre chose à penser que d'aller admirer une chouette aussi bizarre soit elle!

Violette( réfléchissant) : Ca doit être un croisement avec un corbeau .

Charles : Tais toi, par pitié , tais toi !! Et avance ! On va bien finir par en sortir de ce bois.

Violette : J'ai peur ! J'ai peur du noir moi !

Charles : Ben , imagine qu'il fait jour !!

Violette: C est ça, prends moi pour une cruche ! Y' a la lune , alors je sais bien que c'est la nuit !!!

Charles: Mon Dieu, quelle bécasse ! T'es une vraie blonde toi!!

Violette : N'importe quoi ! Je suis châtain ! Qu'est ce que tu peux raconter comme conneries toi !

Charles : Allez avance ! Y a une maison là . ( Ils arrivent devant la scène ) Y a pas de lumière; avec un peu de chance c'est peut être inhabité. Reste là, je vais faire le tour pour voir si la voie est libre . Tu ne bouges pas, compris ?

Violette : Je reste pas toute seule ici moi !

Charles : Ramasse des champignons en m'attendant, ça t'occupera !

Violette : J'aime pas les champignons et puis je sais pas les reconnaître. Les seuls que je connaisse, c'est ceux que j'ai entre les doigts de pied.

Charles : T'es une vraie poète toi ! Tu m'attends là et tu ne bouges pas.

Violette : Pas toute seule !

Charles : Mais t'es pas seule : t'as la chouette ébouriffée pour te tenir compagnie. Je suis sûr que vous allez très bien vous entendre... entre bêtes ! Je t'appelle si tout est ok ( il monte sur la scène et rentrera par la porte d 'entrée )

Violette : Dépêche toi, je vais me pisser dessus moi tellement j'ai la trouille ! ( en braquant sa torche sur les spectateurs) Y a des drôles de bêtes la nuit ! Mais mon Dieu, qu'est ce qu'elles sont vilaines ces bestioles ! J'espère que ça mord pas ces trucs ! …. Mais qu'est ce qu'il fabrique ? Je me les caille moi, je vais finir par attraper une pomonie !

On entend la clé tourner dans la serrure, Charles entre sur scène. Il balaye la pièce avec sa lampe torche, jette un oeil dans les autres pièces , revient , allume la lumière et enlève son bas( ou sa cagoule).

Charles : Violette, viens, c 'est bon! Le champ est libre !

Violette : Ah quand même ! C'est pas trop tôt ! Allez les bestioles, je vous laisse ! Au plaisir de ne plus vous revoir !

Violette monte sur scène et entre dans la maison par la porte d'entrée

Violette (inspectant la pièce ): On est où là ? C 'est quoi cette planque ? C'est moche ici en tout cas ! Et c'est quoi toutes ces bondieuseries ? (Violette garde son bas sur la tête)

Charles : J'en sais rien mais en tout cas on est au sec. Y a personne; j'ai vérifié et à mon avis, on est tranquille pour la nuit. La clé était sous le paillasson. Très recherché comme cachette le paillasson ! ...Ca ressemble à un presbytère.

Violette( réfléchissant) : presbytère , presbytère... C'est pas une maladie des yeux ça ?

Charles: Tu confondrais pas par hasard avec la presbytie ?

Violette : Ah oui , c 'est çà ! C'est presque pareil quand même, j'ai toujours eu du mal avec le vocabulaire moi.

Charles : Y'a pas qu'avec le vocabulaire que t'as du mal ! Pour t'expliquer , un presbytère, c'est là où habitent les curés mais il ne doit plus avoir personne à habiter ici. Les curés se font rares de nos jours. Faut dire qu'il faut être sacrément motivé au vingt et unième siècle pour faire don de pauvreté et de chasteté !

Violette : C'est quoi la chasteté ?

Charles : Ben … c'est l'abstinence tu vois ?

Violette : Et c'est quoi la... tinence ?

Charles : L' abstinence pas la tinence !

Violette: Oui ben ça me dit pas ce que c 'est !

Charles : Ben … C'est que t'as pas le droit d'aller à la chasse même avec des balles à

blanc. T'as pas le droit de sortir le fusil de son étui si tu vois ce que je veux dire !

Violette : On serait drôlement embêtés dans notre métier nous si on n'avait pas le droit aux armes !! Les curés sont privés de braquage et de chasse si je comprends bien ?

Charles : Mais non , c'est pas ça Violette ! Les curés n'ont pas le droit de se servir de … leurs bijoux de famille, tu comprends ?

Violette : Ben nous, quand on les vole, on regarde pas s' ils sont de famille ou pas.

Charles : Laisse tomber , t'es complètement analphabète ma pauvre !

Violette : Je sais pas ce que ça veut dire mais je sens que c 'est pas un compliment ! Bête je connais mais c'est analpha qui me pose un problème.

Charles : Violette ? Tais toi, par pitié , tais toi ! Tu me fatigues ! ... Je vais plutôt regarder le butin moi.

Charles vide son sac rempli de bijoux sur la table

Charles : Pas mal, pas mal, on va pouvoir se mettre au vert pendant un bon moment .

Violette : En parlant de verre, je boirais bien un coup moi; j 'ai la glotte toute desséchée. J'ai la dalle et je suis trempée jusque la moëlle .Je vais faire le tour de la maison, je vais voir si je peux trouver quelque chose pour se changer et quelque chose à bouffer. Tu parles d'une journée toi; si on s'était pas embourbé dans ce chemin à cause de l'orage, on serait déjà loin. Et au lieu de ça, on va être obligé de passer la nuit dans ce trou à rat. Tu parles d'une planque ! Et on fait comment demain pour se barrer d'ici , Mr Charles Tise ?

Charles : Pas la peine de crier mon nom de famille sur les toits, t 'es vraiment grave toi ! Pfff ! On va se débrouiller, on dort ici et demain , à la première heure, on déguerpit …... dis, t'as pas oublié d'enlever quelque chose toi ? ( montrant son bas sur la tête )

Violette : Ben si , t'as raison ! J'ai pas enlevé mon blouson dis donc !Heureusement que ma tête est bien accrochée ! Bon... je vais voir si je trouve quelque chose à becqueter et des fringues. ( elle sort )

Charles ( rangeant les bijoux dans le sac ): Quelle misère cette fille ! On peut pas dire qu'elle ait inventé l'eau chaude mais bon.. pour faire le guet, elle assure. Alors,, faut que je réfléchisse pour demain moi …. on pique une bagnole dans ce bled paumé et hop , direction le sud ! Le soleil, les nanas, du pognon plein les poches , la vie quoi !! ( soupir) … Violette, t'as trouvé quelque chose ? Je commence vraiment à me les geler moi !

Violette ( entrant dans la pièce ) : Ouais, y'a de la bouffe pour dix dans la cuisine ! On va se faire péter la panse mon Charlot ! Cochonailles à volonté ! ( elle brandit un saucisson et une andouille ). Par contre , côté fringues, vas pas falloir être difficile ! Attends , je reviens mais je crois que ça va pas te plaire ! ( elle sort)

Charles : Amène toujours, ce sera toujours mieux que d'être trempés comme des soupes !

Violette ( revenant avec les vieux vêtements d' Ernestine et la soutane ): Alors , pour moi ,

ca sera ça ! Pas de commentaires s'il te plait ! C'est tout ce que j 'ai trouvé ! Je vais être à la mode moi ! Je ne sais pas à la mode de quelle année mais au moins c'est sec ! Et pour toi , c'est ….. encore plus spécial ! ( elle lui montre la soutane ) C'est ça ou une robe ! Tu veux quoi?

Charles : T' as pas trouvé quelque chose de plus discret ?

Violette : Y'a rien d'autre , j'y peux rien !

Charles : Là , c'est le pompon .

Violette : Y'a une robe bleu marine si tu préfères

Charles : T'as pas le soutien gorge qui va avec tant qu'à faire ?

Violette : Ah non j'ai pas vu mais je peux retourner vois si tu veux.

Charles : Tu prends tout au pied de la lettre toi !

Violette : Quel pied ? Quelle lettre ? T'es sûr que tu vas bien toi ? T'as peut être de la fièvre ? Tu veux que j'aille voir si je trouve un thermomètre ?

Charles : Cherche plutôt un neuromètre ! T'es pas sortie de la cuisse à Jupiter ma pauvre Violette !

Violette : Ben non , ma mère s'appelle Simone pas Jupiter !

Charles : Bon donne moi ça, à la guerre comme à la guerre ! Allez viens, on va se changer et par pitié , enlève moi ce bas que tu as sur la tête ! Tu ferais avorter une couvée de singes !

Violette : Ah c 'est ça qui me gêne depuis tout à l'heure ! Je me disais bien qu'il y avait quelque chose de pas normal ! Je me sentais compressée !

Charles : Et dans compressée, y'a …?

Violette : Y'a quoi ?

Charles : Laisse tomber ! Allez , viens , on va faire carnaval avant l'heure . ( ils sortent avec le sac de bijoux)

Un instant .le téléphone sonne et le répondeur se met en route : Bonjour, vous êtes bien au presbytère de Triffouilly Les Bois. Personne n'est là pour vous répondre mais laissez votre message après le message sonore ( musique d'église).Oui , bonsoir. Ici l'évêché de Saint Brieuc( ou d'ailleurs) .Excusez nous de vous déranger aussi tard mais on me charge de vous prévenir que l'abbé qui devait prendre ses fonctions demain dans votre paroisse a été victime d'une mauvaise chute et ne pourra donc être présent pour le pardon de Notre Dame D'en Haut . Dès qu'il ira mieux , nous reprendrons contact avec vous . Vraiment désolé pour ce contre temps. Bonne soirée.

Un temps... Entrée de Lucie

Lucie : Mais qu'est ce qui se passe ici ? La lumière est allumée; la porte est ouverte . Y a quelqu'un ? Ouh ouh y'a quelqu'un ? ( elle ouvre toutes les portes et finit par la porte des chambres juste au moment où Violette sort ) AHHHH !!!! Vous êtes qui vous ?

Violette : Ben ….

Lucie : Oui , je vous écoute !!

Violette : Je vais vous expliquer ...

Lucie : Mais je n'attends que çà !

Violette : Comme j'avais peur dans le noir à cause des chouettes croisées avec des corbeaux , on a atterri ici. Mais on a rien fait de mal . On s'est juste changé ; moi j'ai pris une robe et Charles a mis une soutane .

Lucie : Monsieur l'abbé est déjà arrivé ! Mais on ne l 'attendait que demain. Et il est où ?

Violette ( ne comprenant pas) : Oui , oui , il est arrivé . Il est aux …. toilettes ! Je vais le chercher ! ( entrée de Charles )

Charles : Vise un peu la dégain.. (il s'arrête net )

Violette : Mr l abbé , je vous présente euh... madame ?

Lucie : Lucie , je suis employée communale à Triffouilly Les Bois. J'ai vu de la lumière ; alors je suis venue voir. Excusez moi, je pensais que vous n'arriviez que demain.

Violette :( coup de coude à Charles ) Oui , c'est ça qu'était prévu mais ...Mr l'abbé a préféré arriver ce soir pour … pour

Charles :( comprenant très vite la situation) Pour m 'imprégner des lieux .Voilà ! Enchanté Madame !

Lucie : De même Mr l 'abbé! Et votre nom c est ?

Violette : Tise. C'est l 'abbé Tise

Charles : (regard noir vers Violette ) Tisé, c'est Tisé Violette !

Violette : Oui , oui Tisé c'est ça ! J'oublie toujours le chapeau sur le E

Lucie : Eh bien , bienvenus à Triffouilly Les Bois ! Vous avez fait le tour du presbytère ? Vous ne manquez de rien ?

Charles : C'est parfait madame

Lucie : Oh ! Pas de madame entre nous ! Appelez moi Lucie

Charles : Pas de problème Lucie !

Violette : Moi , c'est Violette comme la fleur !

Lucie : Enchantée Violette ! Bien , je vais vous laisser vous installer tranquillement. Juste une question : comment êtes vous rentrés ?

Charles : Euh..... on nous a déposé devant le presbytère et comme il n'y avait personne , j 'ai cherché si la clé était quelque part et … elle était sous le paillasson ! Quelle chance n'est ce pas ? C'est Dieu qui m'a guidé sans doute .

Lucie : Oui je sais, pas très recherché comme cachette ! Mais bon, il n'y a rien à voler ici !

Violette : Maintenant si !! Y a tout un sac de bij… ( coup de coude de Charles ) de .. d'hosties !

Lucie : Bon, je vous laisse. A demain matin . Au fait , les résidents de Saint Thomas arriveront dans la matinée.

Charles : ( un peu paniqué )Les quoi ?

Lucie : On ne vous a pas prévenu à l'évêché ? Tous les ans, pour le pardon, quelques résidents de la maison de retraite Saint Thomas viennent passer la journée ici . Notre ancien curé les confessait ici le matin et tout le monde participait au pardon l'après midi .

Violette : Et ils se font pardonner de quoi? A part d'être vieux et de pomper l'air tout le monde ?

Charles : De leurs pêchers Violette , de leurs pêchers ! ( à part à Lucie ) Excusez la Lucie mais elle est un peu simple d'esprit mais elle m'est très dévouée !

Lucie : C'est pas grave ! J'avais bien remarqué qu'elle n'avait pas la lumière à tous les étages. Elle m'a parlé de chouettes croisées avec des corbeaux. J'avoue que je n 'ai pas saisi ce qu'elle voulait me dire . Mais comme il est dit dans la Bible : « Heureux les simples d'esprit car le royaume des cieux leur appartient »

Violette : Simple d'esprit ! Non mais ohh ! Ca va aller oui !

Charles (coupant court ): C'est une grande joie pour moi de prendre mes fonctions dans votre charmant village. Il me tarde de connaître mes futurs paroissiens qui , je l' espère seront assidus à l'église. Sachez que je suis très heureux d'être parmi vous et il me tarde de rencontrer les habitants de Triffouilly...euh ... Les Bois; je suis certain que nous allons faire de grandes choses ensemble. Comprendre et faire comprendre tout ce que Dieu veut nous dire chaque jour, le prier avec ferveur , lui implorer son pardon pour les misérables pêcheurs que nous sommes .

Violette : ( en aparté à Charles ) T'en fais pas un peu trop là ?

Lucie : Vous aurez dès demain matin je pense la visite de Fernande qui sera sans aucun doute votre paroissienne la plus dévouée. Elle attendait votre arrivée avec une telle impatience.

Violette : Et c'est qui cette Fernande hein ?

Lucie : Elle fleurit l'église, s'occupe de préparer les cérémonies religieuses, elle chante à la chorale,elle nettoie la sacristie. Elle était toute dévouée à notre pauvre curé parti trop vite

Violette: C 'est la sacristaine quoi !

Charles : Et il est parti où votre curé ?

Lucie : On ne vous a pas prévenu non plus ? .… Il est décédé il y a quelques semaines. C 'est la mère Cassouille qui l'a tué.

Charles : Un meurtre ?

Lucie : Ah non pas du tout , elle était morte avant lui !

Violette : Il est mort d'atinence peut être ? Monsieur l'abbé m'a expliqué pour le fusil et les balles à blanc . Il est mort à la chasse ?

Lucie : Pardon?

Charles : ( regard noir vers Violette ) Ne l' écoutez pas Lucie , Violette a quelquefois des absences. Mais , pour en revenir à votre ancien curé ...

Lucie : Ah non , pas de meurtre . Juste un accident de la route . Les freins du corbillard ont lâché avant les obsèques de la mère Cassouille. Il était à bénir le corps qui se trouvait encore dans le corbillard et comme ce brave curé était derrière , couic ! Sans le vouloir , elle l' a quand même zigouillé. Mais je papote, je papote ! Je vous laisse vous installer tranquillement et faire une bonne nuit. Je vous dis à demain. C'est moi qui vient servir le repas aux résidents de St Thomas. Je suis désolée mais je n'ai pas prévu le petit déjeuner; je pensais que vous seriez arrivés que dans la matinée.

Violette : Vous inquiétez pas; y 'a de la cochonaille ! Un bon casse croûte jambon, pâté , cornichons mayonnaise, y 'a rien de tel pour bien commencer une journée ! Hein Monsieur l'abbé ?

Charles : Un bon café me suffira amplement Violette.

Lucie : Je vous laisse et ne vous inquiétez pas pour demain; tout se passera bien ! S'il faut faire quelque chose, dites le moi et je le ferai .

Violette : C'est ça oui ! Il faut laisser Lucie faire ! …. Lucifer ! Ah ah c'est de circonstance non?

Charles : ( gêné) Quel humour Violette ! A demain Lucie et merci pour tout.

Lucie : A demain. ( elle sort )

Charles : Tu peux pas la fermer un peu ? Tu veux qu'on se fasse griller ?

Violette : Tu parles d'une planque ! Tout le village doit déjà être au courant qu'on est là ! Tu vas voir , ils vont appeler les flics . On va se faire choper et retour à la case départ : la taule ! Moi, je veux pas y retourner en taule, t 'entends Charles ? J'aurais jamais du faire

ce coup avec toi ! Pourquoi t'es venu me chercher hein? Et moi, comme une idiote , j 'ai suivi ! Faut qu'on se tire et tout de suite, tu vas voir, ils vont rappliquer illoco preto enfin … très vite quoi! On est cuit , moi j' te le dis , on est cuit. Tu parles d'une pl...

Charles : Stop !!! Tu m'embrouilles là ! Il faut juste réfléchir c'est tout. Ils nous prennent pour d'autres alors ils n'ont aucune raison de prévenir les flics ! On passe la nuit ici et demain matin aux aurores, on pique une bagnole et on se tire avec le magot avant que le vrai abbé arrive. Le temps qu'ils comprennent, on sera déjà loin. Alors, pas de panique ! Compris ? Tu fais sécher nos fringues, on mange , on dort un peu et on se barre c 'est tout ! Alors maintenant tu la fermes et tu vas chercher ta cochonaille qu'on reprenne un peu de force.

Violette : Et pourquoi on se barre pas tout de suite hein ? Moi j'ai les mickettes , j'te le dis !

Charles : Moi en abbé et toi en vamp ! Y'a plus discret comme déguisement ! Non, on fait comme j'ai dit . Allez , vas chercher la bouffe, j'ai la dalle !

Violette : Ok , de toute façon , j'ai pas le choix comme d'habitude. Tu me prends vraiment pour une andouille hein ?

Charles : Tiens, en parlant d'andouille , ramène la de la cuisine, j'adore ça ! Regarde aussi s'il y a de la bière ou une bonne bouteille de pinard.

Violette : J'suis pas ta bonne ! Tu veux pas non plus des couverts en argent et des assiettes en porcelaine tant qu'à faire ? Tu commences à me les briser menu menu !! Je préfère mourir de faim que de mourir de peur !

Charles : Meurs comme tu veux mais meurs en silence !!!!!

Violette : Pauvre type ! Crétin ! Handicapé du slip !

Charles : T'as fini ? Alors , vas chercher l'andouille , tu te sentiras moins seule !

Violette : Tu parles d'une planque ! ( elle sort )

Charles s'assoit sur une chaise et se relève aussitôt

Charles : C'est froid ! J'ai le caleçon trempé moi ! ( jetant un oeil autour de lui ) Allez hop ! J'enlève ça, je s'rai plus à l 'aise. C 'est ce qu'on appelle un curé défroqué non ? ( il soulève sa soutane et enlève son caleçon , il regarde autour de lui , le planque dans un tiroir et revient s'assoir) Ben voilà , on est quand même mieux le cul au sec ! Alors , ça vient cette bouffe ? T'es partie tuer le cochon ou quoi ?

Violette ( entrant ): Ca vient ! Si t'es pas content , bouges toi le slip et vas chercher toi même !

Charles (en aparté) : Ah ah ! Ca risque pas , j 'en ai plus.

Violette ( en jetant la nourriture sur la table ): Voilà , Monsieur est servi !

Ils se servent tous les deux , Charles débouche la bouteille de vin.

Charles : Vises un peu ! Un Saint Emilion grand cru ! Ils ne se refusent rien à l'église, si c'est ça le vin de messe, j'veux bien me faire curé moi !

Violette : T' a déjà la tenue ! .

Charles ( se servant ): Allez, viens dire bonjour à Charles toi ! ( buvant ). Ben dis donc, y'a rien à jeter là dedans, un petit Jésus en culotte de velours ! Tiens Violette , goûte !

Violette : T'as raison mon cochon , c'est du bon ! Ca te réveille les boyaux en douceur un truc pareil ! Ca te fait du bien jusqu'au croupion ce machin là ! Saint Emilion , priez pour nous mais nous, on va pas se faire prier !

Charles : Un bon verre de pinard et la bonne humeur revient , hein Violette ? Faut pas grand chose des fois dans la vie pour être heureux .

Violette : Je préfèrerais être une journée plus vieille et être loin d'ici ; en sécurité avec le magot. Y'en a pour combien de bijoux à ton avis dans le sac ?

Charles : A vue de nez , je dirai 400 000 euros. 250 pour moi et 150 pour toi.

Violette : T'as vu la vierge ou quoi? J' ai pas fait de grandes études mais là , t'es en train de me rouler dans la farine !

Charles : T'as juste fait le guet toi je te le rappelle ! J'ai monté le coup , j'ai pris tous les risques moi. Alors, 150 000 c'est bien payé !

Violette se sert un grand verre de vin

Charles : Vas y , te gêne pas surtout !

Violette : J'ai trouvé la bouteille, je l 'ai ramenée . Alors un verre pour toi pour l'avoir débouchée , c'est bien payé voilà !

Charles : Madame est vexée ?

Violette : Madame est fatiguée et voudrait essayer de dormir quelques heures avant de se barrer d'ici . Alors , bonne nuit Mon Père !

Charles : Tu débarrasses pas ?

Violette : C'est pas prévu dans mon contrat ! Au fait, demain 6 heures debout , j 'ai pas envie de rencontrer la bande de gâteux qui va débarquer, ni de revoir la Lucie, ni de connaître la Fernande. Je veux juste me tirer d'ici et avoir mon pognon. Et après , tu m'oublies ! Ok ?

Charles : Je pense que j 'aurais aucun mal.

Violette : Rassure toi , c'est réprissoque !

Charles : Réciproque , on dit réciproque !

Violette : Ben , c'est que j'ai dit !!!

Charles : T'es de mauvaise foi en plus !

Violette : Je suis pas de mauvaise foi , je suis pas croyante.

Charles : Je ne sais pas si tu crois au Bon Dieu mais le Bon Dieu ne croit pas beaucoup en toi en tout cas. Il ne t ' a pas épargnée.

Violette : Que des gentillesses comme d 'habitude , trop aimable ! En attendant , n'oublie pas de ranger tout ça !

Charles (ironique en joignant les mains ): Dieu vous regarde ma fille !

Violette : A l'âge qu'il a , il doit dormir à cette heure là ce vieux croûton ! Alors toi , tu dors dans la chambre du fond . Y a des photos de Jésus partout, vous pourrez discuter si t 'as des somnies.

Charles : Des quoi ??

Violette : Ben , si tu peux pas dormir ! Un smonie( insomnie) , des smonies. Je sais parler français quand même !

Charles : Pour entrer à l'académie française , c'est mort !!

(Violette hausse les épaules et sort en laissant Charles à la table)

Charles (se levant ) : Elle est pas méchante mais y'a quelques courants d 'air entre les deux oreilles! Bon, je ramène tout ça à la cuisine et au lit. ( il ramasse tout ce qui est sur la table. )

( Il emmène le plateau avec le reste de nourriture dans la cuisine et revient aussitôt)

Charles : Brrr ! Il fait pas chaud dans ces vieilles bicoques. Je sens comme un léger courant d'air sous la soutane. Comme dit Violette , tu parles d'une planque !! (Il éteint la lumière et sort) Noir RIDEAU

ACTE 2

Lendemain matin . La scène est vide .( on peut entendre un coq chanter ou le chant des oiseaux ). On frappe à la porte .

Fernande : Y' a quelqu'un ? Ouh ouh ? Monsieur l'abbé ? Vous êtes là ? C'est Fernande. (elle entre). Monsieur l'abbé ? C'est Fernande ! (un temps) Il ne doit pas être levé encore mais j'ai pas pu résister. Faut que je le voie avant tout le monde ! J'suis peut être un peu tôt.(regardant sa montre ) . C'est vrai que ça fait de bonne heure , c'est pas grave, je vais attendre qu'il se réveille.(elle s'assoit dans un coin de la scène de façon à ce que Charles ne la voit pas quand il entrera). Je vais en profiter pour dire quelques chapelets. ( elle se met à prier)

Charles entre en débardeur ( trop petit ou trop grand pour lui ) et avec une serviette de toilette autour de la taille. Il ne voit pas Fernande.

Charles : J'suis boudiné ( ou je flotte ) là dedans. Il était gaulé comme un sandwich SNCF (ou comme un chaudron) leur curé... Où est ce que je l' ai mis déjà mon cal.... (voyant Fernande). Qu'est ce que vous foutez là vous ? Vous êtes qui ?

Fernande : Oh Monsieur l'abbé, je ne vous ai pas entendu entrer. J'étais en prière , excusez moi.( le scrutant de la tête aux pieds). Je vous réveille sans doute, vu votre tenue. Je vous avoue que c 'est bien la première fois que je vois un membre du clergé en petite tenue. Ca fait bizarre quand même. Quand vous avez la soutane, on n' imagine pas l'homme qui est dessous !

Charles (gêné tirant sur sa serviette ): Vous êtes qui s'il vous plait ?

Fernande : Fernande, Monsieur l'abbé. Lucie m'a dit qu'elle vous a parlé de moi et vous a prévenu que je passerai dans la matinée. Je suis un tantinet matinale je sais mais je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit tellement j'étais impatiente de vous rencontrer. Mais , ne vous dérangez pas pour moi , finissez de vous préparer , je vais attendre c'est pas grave ! Vous cherchez quelque chose peut être ?

Charles : J'étais juste venu récupéré mon cal... mon cal … mon calepin !

Fernande : Vous voulez que je vous aide à le chercher ?

Charles : Non , non . J'ai du l'oublier dans ma chambre .

Fernande : Dîtes voir , votre tricot , il est pas trop petit des fois( ou trop grand) ? Ah , les hommes et la lessive , ça fait deux ! Les hommes ne savent pas trier le linge ; il faut se rendre à l'évidence ! C'est un travail pour les femmes . Si vous voulez , je pourrais m'occuper de votre petit linge. Ca me dérange pas , je vous assure . Quand on peut rendre service …

Charles : Je vous remercie mais pour l'instant , j'aimerais bien aller m'habiller . La journée va être chargée alors ...

Fernande ( le coupant): Vous voulez bien me confesser Monsieur l'abbé ? Je sais bien qu'après vous allez être très occupé avec les résidents de St Thomas et le pardon. Alors, si vous pouviez me confesser de suite, je me sentirais lavée de tous mes pêchers. Cela fait trois semaines que je n'ai pas été à la confesse, depuis le décès de notre brave curé . Paix à son âme ! (elle se signe) Cela ne m'est pas arrivé depuis ma communion alors vous comprenez l'urgence ?

Charles : Certes mais je ne peux pas vous confesser dans cette tenue Fernande.

Fernande : Ca me dérange pas vous savez !

Charles : Moi si , quand même ! Je vais m'habiller et nous reparlerons tout ça tout à l 'heure d'accord ? ( regardant le tiroir où se trouve son caleçon et en aparté ) . Le service trois pièces va être aéré aujourd'hui ! Je vous laisse Fernande , je vais mettre une tenue réglementaire . Vous pouvez revenir dans une petite heure je serai prêt .

Fernande : Non , je vous attends Monsieur l'abbé, prenez votre temps . Je ne suis pas pressée, je vais prier en vous attendant .

Charles : La barbe !

Fernande : Vous dîtes ?

Charles : La barbe ! Il faut que j 'aille me faire … la barbe , enfin me raser quoi ! Je me dois d'être impeccable en ce jour si important.

Fernande ( en le regardant de la tête aux pieds) : Même dans cette tenue , moi je vous trouve très bien Monsieur l'abbé .

Charles (gêné, en mettant ses mains devant la serviette) : Euh … je vais m'habiller Fernande, je reviens. (il sort)

Fernande reprend son chapelet et se remet à prier sur sa chaise . ( Un temps, entrée de Violette )

Violette : BONJOUR !

Fernande (sursautant): Bonjour à vous aussi . Vous êtes ?

Violette : Je suis l'assistante de l'abbé

Fernande : Parce qu'il a une assistante !

Violette : Pourquoi ? Ca vous pose un problème ?

Fernande : En tout cas , vous êtes pas douée pour la lessive hein ?

Violette : Qu'est ce qu'elle m'embrouille celle là avec sa lessive ? De quoi elle me parle la bigote ?

Fernande : Vous vous appelez pas Ernestine j'espère ? Parce que là ça va pas le faire je vous préviens !

Violette : Quelle horreur comme prénom ! Non, moi , c'est Violette comme la fleur .

Fernande : Oh , vous savez , toutes les fleurs ne sont pas jolies . Y en a qui sont moches et qui puent .

Violette : Eh bien sachez Madame que la violette est très très belle et qu'elle sent très bon . Tout moi !

Fernande: Ca reste à prouver !

Violette : Charles m'a annoncé votre présence et il serait préférable que vous repassiez plus tard.

Fernande : De quoi elle se mêle la pâquerette ? Qu'elle retourne dans son vase se faner celle là ! Et pourquoi l'appelez vous Charles ? On dit Monsieur l'abbé. Un peu de respect que diable !

Violette : Pas Pâquerette mais Violette ! Il s'appelle Charles , je vais pas l 'appeler Robert . Elle se calme la pivoine là ?

Fernande ( s'énervant ) : Et moi c'est pas Pivoine mais Fernande Madame !

Violette : Vu la couleur que t' as , pivoine t' irait très bien ! Respire, t'es rouge vif, ca va exploser ! J'ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère . J'ai autre chose à faire.

Fernande : Ce truc me tutoie ; j'y crois pas ! On n'a pas fait notre communion ensemble à ce que je sache .

Violette : Je m 'en souviendrais . Un physique aussi ingrat que le vôtre , on ne peut pas l'oublier.

Fernande : Vous êtes la réincarnation d 'Ernestine ; aussi méchante et aussi possessive qu 'elle ! Je préfère aller me calmer à l'église un moment ; vous ne réussirez pas à me gâcher ma journée. Pauvre abbé ! Quelle vie il doit avoir avec une fleur empoisonnée telle que vous !

Violette : Eh ben , je vais vous dire : La fleur … elle vous dit M.... !!

Fernande : Oh doux Jésus ! Que ne faut il pas entendre ? Je préfère sortir que de vous voir cracher votre venin. Vous grillerez dans les flammes de l' enfer !!

Violette : Je sais pas mais , en tout cas , vu votre couleur, vous vous en êtes trop approchée …. des flammes !

Fernande : Ohhhh ! Il y a des jours où il vaudrait mieux être sourde que d 'entendre des bêtises pareilles ! Mon Dieu, si vous êtes dans le coin, jetez un oeil, ça vaut le détour !! Vous êtes une mégère !

Violette : Eh oh , mémère toi même ! DEHORS !! ( elle empoigne Fernande et la jette dehors ) ( à la porte des chambres) Charles , viens elle est partie ! ( Charles entre en soutane )

Charles : T'as réussi à t'en défaire ? Comment t'as fait ?

Violette : Tout en douceur tu me connais ! Pourquoi t'as remis la soutane toi? Tu comptes faire une reconversion professionnelle ?

Charles : Ca serait le grand écart . Le braqueur devenu abbé. Je pourrais passer à 7 à 8 avec Harry Roselmack .La gloire !

Violette : On n'est pas au pays des Bisounours ; je te rappelle qu'on est en cavale, qu'on est dans la mouise jusqu'au cou et Monsieur rêve de télé ! Redescends sur terre mon bonhomme !!

Charles : Oui , t'as raison; Je m'égare ! Allez, on file se changer et on se barre pendant que la folledingue est partie . (Ils se dirigent vers les chambre ) Je te rejoins ; j'ai un truc à prendre. ( Violette sort ). Je vais enfin pouvoir récupérer mon caleçon. ( Il s'approche du tiroir juste au moment où la porte s'ouvre)

Entrée de Lucie ( avec tout ce qu'il faut pour déjeuner)et Fernande( qui se cache derrière Lucie)

Lucie : Excusez moi de ne pas frapper mais j'ai les mains prises . J'apporte le pain pour les résidents de Saint Thomas et j'ai pris des croissants par la même occasion. J'ai pris de la confiture , de la pâte à tartiner et du café dans un thermos. Ca m'embêtait que vous n'ayez rien pour le petit déjeuner alors j'me suis dit : Je vais y aller plus tôt, comme ça Monsieur l'abbé pourra déjeuner correctement. J'ai rencontré Fernande en venant ici , je lui ai dit de m'accompagner. On vous dérange pas au moins ?

Charles ( remettant discrètement le caleçon dans le tiroir) : Pensez donc, c'est toujours un plaisir d'avoir de la visite. ( En aparté au public) Quelqu'un aurait un caleçon à me prêter s'il vous plait? Non ? Personne ? N'ayez pas peur Monsieur , ne vous agrippez pas à votre dame, je ne vais pas venir vous déshabiller ! Bon ben tant pis, c'est là où l'expression « se geler les ..... » prend tout son sens . On n'imagine pas mais je vous jure que ça change la vie d'avoir un morceau de tissu sur les fesses.

Fernande (toujours cachée derrière Lucie) : Elle est partie l'autre furie ?

Charles : Vous parlez de qui Fernande ?

Fernande : Votre Pâquerette là !

Lucie ( en préparant la table pour le petit déjeuner): C'est Violette qu'elle s'appelle Fernande.

Fernande : C 'est chardon ou ortie qu'on aurait du l'appeler . Elle m'a insultée et jetée dehors Monsieur l'abbé. Vous vous rendez compte ? Je suis traumatisée moi . Il faut vous en débarrasser, je peux la remplacer moi , vous savez !

Charles : Vous m'étonnez Fernande ! Violette est très douce .

Fernande : Oui comme une planche de fakir !

Lucie : Allez , allez , un bon petit déjeuner pour tout le monde et on oublie tout ça.

Violette ( parlant des chambres ): Bon tu te magnes ! Mais qu'est ce que tu fabriques?

Charles( à la porte de la chambre) : Nous avons de la visite Violette et surveillez votre vocabulaire . Vous savez très bien que je ne supporte pas que vous parliez ainsi. Nous vous attendons pour le petit déjeuner . ( refermant la porte des chambres). Il ne faut pas lui en vouloir mais ...elle a eu une enfance douloureuse, parents alcooliques qui la maltraitaient . Elle a vécu dans la rue quelques années et c'est là que je l'ai rencontrée et que j'ai décidé d'essayer de la sortir de la misère . Voilà, vous savez tout mais surtout ne lui en parlez pas ; elle déteste évoquer son passé.

Lucie : C'est tout à votre honneur Monsieur l'abbé

Fernande : Vous auriez mieux fait de la laisser là où elle était. La mauvaise herbe , ça reste toujours de la mauvaise herbe et c'est coriace en plus la mauvaise herbe !

Charles : Aide ton prochain nous a dit le Seigneur.

Fernande : Oui ben des fois , il sort des conneries le Seigneur !

Entrée de Violette

Violette : Oh , quelle surprise ! Que c 'est gentil Lucie de nous amener le petit déjeuner. C'est un vrai plaisir de partager ce moment avec vous . N'est ce pas Monsieur l'abbé ?

Charles : Oui , comme vous dîtes Violette , UN VRAI PLAISIR !

Lucie : Allez, installez vous ! C'est prêt .

Fernande : Je ne me mets pas à côté d 'elle. Elle est bourrée d'épines la Violette ! ( Tout le monde s'assoit et Charles mord dans un croissant). Vous ne dîtes pas le Bénédicité mon père ?

Violette : Le quoi ?

Fernande : Le bénédicité enfin pour remercier le Seigneur pour ce repas !

Violette : C'est pas lui qui l'a préparé à ce que je sache . C'est Lucie non ?

Fernande : Païenne !

Violette : Pas belle toi même ! Mais pour qui elle se prend celle là ?

Charles : Allons, allons Mesdames, nous allons tous joindre les mains et réciter le bécidi … le bédini …le ... enfin la prière en silence. ( au public ) Ouf ! Je m 'en sors pas mal ! ( un temps ou les 4 personnages réciteront la prière « à leur façon »). Bien , bon appétit tout le monde !.

Lucie : Tout le monde trouve son bonheur ?

Fernande : Tout serait parfait si l'autre hystérique n'était pas là ! ( en montrant Violette)

Violette : L'hystérique vous dit bien des choses, espèce de sorcière !

Fernande : Avec des parents pareils, ça ne pouvait rien donner de bon de toute façon !

Charles : Du calme Mesdames , du calme ! Finissons de déjeuner dans le calme s'il vous plait

Violette : Je vais quand même pas me laisser insulter par cette vieille bique . Elle insulte mes parents en plus; elle les connait même pas !

Charles ( voulant couper court ): Vous m'avez dit Fernande que vous vouliez vous confesser n'est ce pas ? Alors , c'est le moment . On débarrasse la table et on s' y met d 'accord ?

Lucie : Non laissez , je vais m 'en charger avec Violette.

Violette : Oui, on va ranger tout ça mais je ne touche pas sa tasse à l 'autre, je risquerai de choper ses microbes !

Fernande : Allez au diable , espèce de dégénérée !

Violette : J'vais me la faire , j'vais me la faire ! Viens ici que je te donne la plus belle raclée de ta vie . ( elle lui donne un coup de pied magistral sur le postérieur ). Ca va te faire remonter les neurones au cerveau …. s'il y en a bien sûr. Ca reste à prouver !

Fernande : Vous avez vu ? Vous êtes témoins ! Elle m'a frappé cette …. cette moins que rien ! Ohh … je ne me sens pas bien , je crois que je vais tomber dans les pommes. ( elle vacille et s'effondre par terre sur le dos )

Lucie ( en lui tapotant les joues ): Fernande , Fernande , répondez moi !

Charles : Violette , vous vous calmez immédiatement ! Lucie, aidez moi à la transporter, on va l'assoir.

Lucie prendra les pieds et Charles les bras. Au moment où il est juste au dessus de Fernande, celle ci reprend ses esprits, relève la tête et a comme unique vision les dessous de la soutane ( prévoyez un caleçon quand même, enfin à vous de voir ….)

Fernande : Je suis morte et je suis au paradis ! Que c'est beau le paradis ! ( elle s'évanouit à nouveau. Charles aidé de Lucie l'assoit sur une chaise )

Lucie : Violette , approchez une chaise et amenez un verre d'eau s'il vous plaît.

Violette : Attendez , je vais la réveiller moi; ça va pas être long ! ( elle attrape un verre d'eau resté sur la table et lui l'envoie à la figure) Ca rafraichit un peu de flotte, hein vieille pie ?

Fernande : Qu'est ce qui se passe ? Où suis je ?

Violette : En enfer !!

Lucie : Mais non Fernande , tout va bien . Vous avez juste fait un petit malaise mais rien de grave. Ca va mieux ?

Fernande ( toujours un peu dans les vapes ) : Oui merci Lucie.

Charles : Lucie , il serait préférable que vous la raccompagniez chez elle afin qu'elle se repose un peu.

Violette : Si vous voulez , je peux la finir !!

Charles : Violette , calmez vous ! Je vais finir par me fâcher ! ( Il l 'entraîne à l'autre bout de la scène ). Tu vas la fermer ! Tu vas nous griller pour de bon , réfléchis un peu ! Tu te tais et tu fais profil bas ok?

Lucie : J'y vais Mon Père , je la raccompagne et je reviens dès que possible. Les résidents de St Thomas ne vont pas tarder à arriver et je voudrais être là pour les accueillir.

Charles : Prenez votre temps Lucie, occupez vous de Fernande. Si les résidents arrivent , je les ferai patienter, ne vous inquiétez pas.

Lucie : A tout à l 'heure

Violette : Donnez lui de la mort aux rats ! Vous rendrez service à l 'humanité .

Charles : Violette , taisez vous !

Lucie et Fernande ( soutenue par Lucie ) sortent .

Charles ( très en colère): Mais c 'est pas vrai ! Je rêve là ! Mais tu peux pas te tenir tranquille toi ? Je te rappelle qu'on est en cavale, qu'il faut qu'on se tire d'ici au plus vite et toi , tu ne trouves rien de mieux à faire que de te prendre le chou avec une petite vieille …

Violette : Je vais quand même pas me laisser insulter par ce truc ! J'ai ma dignité moi !

Charles : Ta dignité , tu l'as met dans ta poche avec un mouchoir dessus

Violette : C est bête , j ai pas de mouchoir !!

Charles : Grouille toi , on se change et on se casse pendant qu'elles sont parties et avant que le club Parkinson arrive . Allez , oust , du balai !

Violette et Charles sortent vers les chambres. Un temps .. Charles réapparait et se dirige vers le tiroir où se trouve son caleçon. A ce moment là , on entend des bruits derrière la porte. Ce sont les résidents de St Thomas qui arrivent avec leur accompagnatrice.

Charles : Mais c 'est pas vrai ! C' est pire qu' à l 'Elysée ici ! Je vais encore rester le matériel à l air moi ! ( il sort côté chambre )

Entrée de Rosalie , Valentine , Jean et Désiré.

Rosalie : Entrez, entrez ! On est arrivé .

Jean : Ben , c'est pas trop tôt. Qu'est ce que vous conduisez mal Rosalie ! J'ai envie de vomir depuis qu'on est parti .

Désiré : Arrêtes de te plaindre Jean, t 'as toujours un pet de travers !

Jean : Tu peux pas comprendre toi , t' as la santé toi . Moi, chaque jour est un calvaire .

Désiré : Pour nous aussi , il faut qu'on te supporte !

Valentine : Arrêtez de vous chamailler tous les deux. Un peu de politesse s'il vous plait . Vous n 'avez aucune éducation : à peine arrivés, c'est reparti ! Vous ne pouvez pas faire une trêve une fois dans l 'année ?

Désiré : Si c 'est vous qui me le demander ma douce Valentine , je veux bien essayer.

Valentine : Une bonne fois pour toute Désiré , je ne suis pas votre douce Valentine.

Jean : Et v'lan ! Un vent !

Rosalie : Vous avez bientôt fini ? Mais c 'est pas vrai ! On se croirait en primaire. Allez, donnez moi vos manteaux que je vous débarrasse .

Jean : Je préfère le garder. S'il y a un courant d'air qui traîne , ca sera encore pour moi.

Rosalie : Pas question, vous m'enlevez ça ! Il fait bon ici .

Jean : Vous voulez ma mort ; c 'est ça ?

Désiré : On n 'a rien contre mais ça tarde à venir .

Valentine : Et c 'est reparti de plus belle .

Rosalie : Allez, installez vous ! Mais il m'en manque un là !!! Il est où Prosper ???

Valentine : Dehors . Il chante comme d'habitude . Il a vu des roses et il est parti leur pousser la chansonnette .

Rosalie : Mais c 'est pas vrai ! ( sur le pas de la porte ) Prosper , Prosper , où êtes vous ? Venez ici de suite ! Il fait froid dehors , entrez vous mettre au chaud.

Entrée de Prosper ( en chantant )

Prosper : « Voici des roses blanches , tiens ma jolie maman , c'est aujourd'hui dimanche ... » ( Berthe Sylva)

Valentine : Je sens que la journée va être longue avec Tino Rossi !

Prosper : J 'ai rencontré de magnifiques roses blanches, je n 'ai pas pu résister à la tentation de leur chanter quelques mots.

Jean : Il va encore nous bassiner avec ses chansons toute la journée . Je sens que je vais avoir très vite mal à la tête moi et des bourdonnements dans les oreilles. Ah , je vous jure , ça va encore être ma fête !

Prosper : « Tiens, tout a changé ce matin , je n 'y comprends rien , c'est la fête , la fête ! » ( Michel Fugain)

Rosalie : On se calme Prosper ! Venez vous assoir. Si vous pouviez nous dispenser de vos éternelles chansons, ça serait bien ; et pas de grossièretés non plus . Vous m'avez compris Prosper ?

Prosper : C'est pas une gamine comme toi qui va me dire ce que je dois faire !

Rosalie : Qu'est ce que je viens de dire Prosper ? Pas d'insultes ou je vous prive de gâteaux pendant une semaine !

Jean : Ca te fera les pieds !

Prosper : Toi , je t 'ai pas sonné vieux macaque !

Valentine : Mon Dieu , qu'est ce qu'il ne faut pas supporter !

Rosalie : Ca suffit maintenant . On se tait d'accord ? … Bon , vous savez tous que le curé est décédé il y a quelques semaines et nous allons faire connaissance de son remplaçant. Je compte sur vous pour lui faire un bon accueil et être agréable avec lui.

Valentine : Mais bien sûr , j'ai eu une certaine éducation et je sais me montrer bienveillante .

Jean : Madame veut nous montrer qu'on n'est pas du même monde comme d 'habitude. Sans vouloir vous offenser, quand on est sur le trône , on a tous la même position, qu'on soit fils de prolétaire ou fils de bonne famille.

Désiré : Cessez d'importuner , cette chère Valentine !

Prosper : « Elle avait de tout petits petons Valentine Valentine » (M Chevalier)

Valentine : Arrêtez avec cette chanson idiote Prosper !!

Prosper : « Prosper , yop la boum , c est le roi du macadam » ( M Chevalier )

Rosalie : Asseyez vous Prosper et par pitié , arrêtez de chanter ! Ou alors chantez dans votre tête mais pas à tue tête s'il vous plait.

Jean : On va attendre longtemps comme ça ? Déjà que je voulais pas venir à cause de mes vertiges , si je suis contrarié en plus , je vais encore faire caca mou !

Prosper : « Qui a du caca kaki collé au cucu, collé au cucu »

Rosalie : Prosper , je vous préviens , c 'est la dernière fois que je vous le dis : gardez vos chansons pour la maison de retraite , pas ici !

Valentine : On ne dit pas« caca mou » mais diarrhée Jean ! Vous êtes vraiment un primitif.

Prosper : J 'ai pas de chanson avec le mot diarrhée moi . Caca mou c est bien !

Désiré : Rosalie , on pourrait avoir un verre d 'eau , j'ai soif .

Prosper : « Chef, un p'tit verre , on a soif , chef , un p'tit verre , on a soif ... » (Licence IV)

Rosalie : Je vais voir dans la cuisine si je trouve quelque chose . Restez assis , je reviens. ( elle sort)

Désiré : Quelle corvée ce pardon ! Je vais louper mon jeu favori : Motus

Prosper : « Mo mo motus » (jingle de l'émission)

Jean : A part la télé , rien ne vous intéresse de toute façon !

Désiré : Si , cette très chère Valentine !

Valentine : Oui, c 'est exactement ça : très chère ! Vous n 'avez pas les moyens de m'entretenir mon ami !

Désiré : Je n'ai certes pas la même retraite que votre défunt mari le colonel mais l'argent ne fait pas tout. Le fait d'être ensemble suffirait à notre bonheur.

Valentine : Parlez pour vous ! Je suis très bien ainsi !

Jean : Et vlan !!

Prosper : « Et vlan , passe moi l'éponge , et vlan ... » ( F Raynaud )

Retour de Rosalie avec un pichet d'eau

Rosalie : Voilà de l 'eau . Qui a soif ?

Jean : Si c'est de l'eau minérale , j'en veux bien. Je peux pas boire l'eau du robinet; cela me donne des boutons , ça me démange partout et il me faut au moins deux jours pour m'en remettre.

Rosalie : Désolée mais c'est du robinet. Qui en veut ? '( Tout le monde lève la main sauf Jean. Elle sert de l 'eau aux 3 autres )

Jean : C'est pas grave ; je vais continuer à me déshydrater en silence .

Désiré : Si vous pouviez mourir en silence aussi, ça nous ferait des vacances !

Jean : Vous allez avoir des choses à vous faire pardonner à la confesse méchant comme vous êtes.

Désiré : J'm en fous , j'suis pas croyant .

Jean : Pourquoi êtes vous là alors ?

Désiré : Pour être avec ma douce Valentine

Prosper : « Elle avait de tout petits petons, Valentine, Valentine ... »

Valentine : Et c'est reparti ! Il est en boucle ! On ne peut pas lui enlever les piles à celui là ? Je vous assure qu'il faut beaucoup de patience pour le supporter. Quand je repense à ma vie d'avant , tout cela me donne la nausée. J'allais de vernissage en cocktail, je rencontrais des artistes, des peintres, des intellectuels et me voilà réduite à supporter une bande de petits vieux gâteux qui ne pensent qu'à bouffer, à se plaindre , à se quereller pour des broutilles et à draguer comme s' ils avaient vingt ans !

Jean : Vous avez la nausée vous aussi ? Je vous l'avait dit qu'elle conduisait comme une chèvre . J'ai des anti vomitif dans ma veste . Vous en voulez un?

Rosalie : Je vous remercie pour la chèvre Jean !!! La prochaine fois , vous viendrez à pied

Prosper : « Pose tes deux pieds en canard , c'est la chenille qui redémarre ... »

Tous : La ferme !!!!!

Rosalie : Vous allez arrêter un peu oui ! Mais c 'est pas possible ! Je vous préviens que si vous ne vous calmez pas , tout le monde retourne dans le mini bus et retour à St Thomas. Alors silence ! Vous allez me faire tourner chèvre.

Jean : C 'est bien ce que je disais tout à l 'heure : une chèvre !

Rosalie : Bon...Vous voulez faire une activité avant que quelqu'un arrive ? J'ai amené un scrabble avec moi. On fait une petite partie histoire de passer le temps et surtout calmer les esprits ?

Jean : Moi , je joue pas . Ca me donne mal aux yeux, les lettres sont trop petites. Et je n 'ai pas amené mon collyre ; alors je préfère être prudent .

Désiré : On a qu'à faire deux équipes ! Moi, je joue avec Valentine. Elle est tellement cultivée que vous n'avez aucune chance, n'est ce pas très chère ? Valentine : Je jouerai donc seule ! Vous avez un Q.I d' huître mon pauvre Désiré et encore je suis méchante avec les huîtres !

Désiré : Vous aimez bien me taquiner petite coquine !

Rosalie ( en installant le jeu): On va jouer ensemble Prosper ; vous êtes content ?

Prosper : « J'suis content , j'suis content, j'suis cocu mais … content » '( S Lama)

Jean : Ca risque pas , il a jamais eu de femme ! Valentine , ça ne vous intéresse pas ? C'est du neuf , le matériel n'a jamais servi ! Vous faîtes une affaire croyez moi !

Valentine : Allez prendre vos pilules et oubliez moi ! Rosalie, faites le taire ou je lui en mets une ; il aura de bonnes raisons de se plaindre !

Rosalie : Chuttt !! On joue ! A vous de jouer !

Valentine et Désiré se concentrent sur leur jeu .

Désiré : J 'ai un 7 lettres : copuler !

Jean : Espèce d 'obsédé ! Il ne pense qu'à ça ! Mais vous ne pouvez plus mon pauvre à moins de tremper le tout dans l 'amidon !

Désiré : Parlez pour vous ! Tout va bien de ce côté là pour moi !

Rosalie (coupant court): A nous Prosper , vous avez trouvé quelque chose ?

Prosper : « On a tous quelque chose en nous de Tennessee » ( J Hallyday)

Rosalie : Allez , cherchez un peu Prosper !

Prosper : Ca me pète les rognons votre jeu débile !

Rosalie : Au moins , quand il chante , il reste poli ! C'est pas grave , je vais jouer seule .

On frappe à la porte. Lucie entre .

Lucie : Vous êtes déjà arrivés ? Bonjour tout le monde . Excusez moi , j'étais chez Fernande. Elle a fait un léger malaise mais rien de grave. Alors , quoi de neuf depuis l'année dernière ? Tout le monde va bien ? Vous semblez tous en pleine forme, cela fait plaisir à voir.

Rosalie : Bonjour Lucie ; ravie de vous revoir . Tout le monde va bien merci. Rien n'a changé depuis l'année dernière. Prosper chante toujours hélas et est toujours aussi grossier ! Désiré compte toujours fleurette à Valentine et Jean se croit toujours malade. Vous voyez, les années se suivent et se ressemblent . Alors ,qu'est ce qu'on dit à Lucie ?

Tous : Bonjour Lucie !

Prosper : « Lucie, Lucie c'est moi je sais , il y a des soirs comme ça ... » (P Obispo)

Lucie : En pleine forme en effet ! Il ne changera jamais ce cher Prosper. Bon , je vous explique le déroulement de la journée. Comme d'habitude , Mr l'abbé va confesser ceux qui le souhaitent. Et cet après midi, le pardon de Notre Dame D'en Haut comme tous les ans. Vous ne le connaissez pas encore mais vous allez voir il est charmant, je compte sur vous pour le mettre à l 'aise . C'est sa première journée ici et je pense , même s'il ne le dit pas , qu'il est un peu stressé. Vous ne l 'avez pas vu c 'est bizarre ! Violette non plus ?

Jean : C'est qui Violette ?

Prosper : « L'amour est un bouquet de violettes... »

Lucie : Son assistante; un peu brut de décoffrage mais tout se passera bien j'en suis sûre. Je vais aller voir où ils sont : ils ne vous ont sans doute pas entendu arriver. Je reviens . ( Elle sort côté chambre )

Rosalie : Bon , on la finit cette partie de scrabble ?

Désiré : Oui , on continue ! J 'ai un mot à placer !

Valentine : Et c 'est quoi cette fois ci ? Quéquette ? Zizi ?

Prosper : « Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le zizi ! » (P Perret)

Désiré : Chère Valentine , pour qui me prenez vous ?

Valentine : Pour ce que vous êtes , un vieux cochon !

Rosalie : On ramasse tout, vous m'énervez tous ! Vous êtes des vrais gamins ! Alors, vous restez assis et on attend sagement comme à l'école.

Jean: Rosalie , j 'ai envie de faire … enfin vous comprenez . Dès qu'on me bouleverse dans mes habitudes, ça me tombe sur les intestins et ça se tord là dedans . Ca me fait un mal de chien .

Rosalie : Ben allez aux toilettes au lieu de nous raconter votre transit intestinal ! C'est cette porte là!

Jean : Vous voulez bien déboutonner mon pantalon ? Avec mon arthrose dans les doigts, j'y arrive pas .

Rosalie : Pff, venez par ici , je vais vous aider . ( elle déboutonne le pantalon de Jean et le conduit aux toilettes )

Prosper : Moi, je voudrais me moucher ! Donnez moi un mouchoir et que ça saute !

Rosalie : Et le s'il vous plaît, il est où ?

Prosper : Dans ton ...

Rosalie : Prosper , ca suffit maintenant. Là, vous dépassez les limites, on règlera ça à la maison de retraite mais vous n'allez pas vous en tirer comme ça, je vous préviens .

Désiré : Valentine et moi , on est sage , hein Rosalie ?

Valentine : Ecoutez moi ce fayot !

Rosalie : STOP ! J'en peux plus ! Tout le monde se calme ou c 'est retour à Saint Thomas illico. Vous avez compris ? ( Tous se tiennent a carreau) . Bien , vous devenez enfin raisonnables, c'est pas trop tôt !

Jean sort des toilettes en caleçon long , le pantalon baissé avec un rouleau de papier toilette dans les mains.

Jean : Rosalie, j'ai fini mais vous voulez bien venir m'essuyer. J'y arrive pas avec mon arthrose.

Rosalie : Mais c 'est pas vrai ; c 'est un vrai cauchemar cette journée ! Retournez dans les toilettes , j'arrive . ( Jean obéit)

Prosper : Fermez la porte, ca pue !

Valentine : C'est vrai que ça sent !

Prosper : « Ca se sent , ca se sent , ca se sent que c 'est toi... » (Téléphone)

Désiré : Il a le derrière pourri , c'est pas possible cette odeur !

Rosalie : Bon , on se motive Rosalie , on se motive ! C'est juste un mauvais moment à passer .

Tous : Bon courage ! ( Rosalie entre dans les toilettes)

Retour de Lucie

Lucie : Monsieur l'abbé arrive. C'est bien ce que je disais ; il ne vous a pas entendu arriver. Qu'est ce qui pue comme ça ici ? Et Rosalie, elle est où ?

Désiré : Aux toilettes , avec Jean . C ' est lui qui embaume la pièce. Elle a du mérite notre Rosalie !

Prosper : « Rosalie , Rosalie oh, Rosalie, Rosalie ah » (Carlos)

Valentine : Et c'est reparti !

Désiré : Vous n 'avez pas la télé par hasard ? Ca va bientôt être l'heure de Motus et ça m'embête de louper !

Lucie : Ah non , désolée. Y a pas de télé ici . Mais même si vous loupez une fois , ça ne vous empêchera de comprendre demain . C 'est pas les feux de l'amour !

Désiré : Mais je ne vais pas voir les feux de l'amour non plus ! On ne sera pas rentrés, je ne vais plus rien comprendre demain !

Valentine : Mon Dieu, quelle tristesse d'en arriver là !

Rosalie et Jean sortent des toilettes.

Jean : Ca fait du bien ! Mon dieu que ça soulage !

Rosalie : Parlez pour vous, j'ai cru mourir asphyxiée ! Ahhh , un peu d'air frais, ça fait du bien .

Lucie : Ca va aller Rosalie ? je vous sens ….

Prosper : Oui , ça sent toujours !

Lucie : Je vous sens tendue non ?

Rosalie : On le serait à moins; ils sont insupportables aujourd'hui. Monsieur l'abbé arrive bientôt ? Que je sois un peu tranquille! Ils m'ont mis à bout de nerfs. J'ai de la patience mais là … ça dépasse l' imaginable !

Prosper : J'attends toujours mon mouchoir moi ! On vous paye à quoi faire ?

Rosalie : Alors , vous, un petit conseil , mettez la en veilleuse si vous voulez pas passer votre journée dans le mini bus ! Mais pourquoi vous êtes méchant comme ça Prosper ?

Lucie : C'est vrai Prosper , soyez sympa avec Rosalie ! Elle est gentille Rosalie !

Prosper : Vous , je ne vous ai pas sonné ! JE VEUX UN MOUCHOIR !!!

Valentine (fouillant dans son sac): Tenez, en voilà . ( Elle lui tend un paquet de mouchoirs en papier) . Servez vous !

Prosper : J' aime pas les mouchoirs en papier , je veux un mouchoir en tissu !

Désiré : Allez vous faire voir vieux débris ! Venez vous assoir chère Valentine, vous êtes trop bonne avec lui .

Entrée de Charles et de Violette

Charles( pas très à l'aise ): Bonjour à tous, ravi de vous rencontrer. Je me présente : je suis l'abbé Tisé ; je suis le nouvel abbé de la paroisse et je suis très heureux de faire votre connaissance. On ne va pas changer les habitudes. Lucie m'a informé que l'ancien curé vous confessait avant le pardon. Alors , allons y ! Qui commence?

Personne ne dit rien.

Violette : Ben , vas falloir vous décider, on va pas y passer le réveillon !

Valentine : Et vous Madame , vous êtes qui ?

Violette : Violette , comme la fleur ! Je suis l'assistante de l'abbé.

Rosalie : Enchanté Mon Père, enchanté Violette. Moi, c'est Rosalie. J' accompagne les résidents . Je vous présente Valentine , Désiré , Jean et Prosper.

Prosper : « Prosper , youp la boum ... »

Violette : Il a pété un fusible le vieux ?

Rosalie : Ne faites pas attention, il est toujours comme ça .

Valentine : Vous n 'avez pas fini de l 'entendre , c 'est du matin au soir qu'il nous importune avec ses ritournelles.

Violette : Faudrait peut être le piquer ? Il doit bien avoir un véto dans le coin non ?

Charles : Violette enfin ! On ne plaisante pas avec de tels sujets. Et nous sommes tous les enfants de Dieu, ne l 'oubliez pas !

Valentine : Ne me dîtes pas que cet olibrius est mon frère , mon Père ?

Jean : Votre frère ou votre père , faudrait choisir.

Désiré : Ne vous inquiétez pas , très chère Valentine , ce n 'est pas la même branche

Jean : Cette branche là , faut la couper !

Rosalie : On arrête les chamailleries s'il vous plait !! Que va t' on penser de vous ?

Lucie : Ils ne changent pas d 'une année sur l 'autre. Je les ai toujours vu se quereller.

Charles : Ne vous inquiétez , j'ai l'habitude avec les personnes âgées. Bien , qui commence la confesse ?

Entrée de Fernande en trombe

Fernande : On nous a trompé , Jésus Marie Joseph , on nous a menti !

Lucie : Calmez vous Fernande !

Prosper : « Quand je pense à Fernande , je b... » G Brassens

Lucie : Qu'est ce qui vous arrive ?

Fernande : Je sais tout !! Moi qui disais que je les reconnaissais à coup sûr, je me suis faîte avoir comme tout le monde.

Lucie : Mais , expliquez vous Fernande ! Personne ne comprend là ! Vous êtes sure d 'aller mieux ? Retournez vous allonger un moment . On ira vous chercher pour le pardon .

Fernande : En parlant de pardon , il y en a ici qui ont beaucoup de choses à se faire pardonner.

Rosalie : Mais de qui parlez vous ? Mes pensionnaires ont fait quelque chose de mal?

Fernande : non , non pas eux .

Valentine : Mais qui alors ? Respirez un bon coup et …

Désiré : Oui , c'est ça , pétez un bon coup et vous irez mieux .

Fernande : Oh mon Dieu , quelle imposture ! Je n'aurais jamais pu imaginer ça !

Tous (sauf Charles et Violette) : Mais quoi ?

Fernande ( en montrant Charles et Violette ): Je vous présente deux beaux menteurs !!!!!! Oh mon Dieu ! ( elle s'évanouit ) Rideau

Si vous voulez connaître la suite , veuillez me contacter à cette adresse :[email protected] je me ferai un plaisir de vous envoyer la fin de la pièce.Veuillez m'indiquer le nom de la troupe , sa localisation ainsi que la personne à contacter. Vous pouvez également me laisser un numéro de téléphone ( c'est tellement plus sympa de se parler de vive voix non ? )