troisieme partie etude comparative des deux...
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TROISIEME PARTIE
ETUDE COMPARATIVE DES DEUX SITUATIONS
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CHAPITRE XII
POINTS COMMUNS ET DIVERGENCES ENTRE LES DEUX PAYS
L'examen des situations au Brésil et en France
nous permet d'en dégager les traits communs et les diver
gences, afin de savoir s'il est possible de faire bénéficier
le Brésil de l'expérience française.
L'étude du problème est restée purement descrip
tive quanta ce premier point. Il s'agit d'ailleurs d'un
travail isolé effectué par une seule personne ne disposant
pas de moyens très importants. D'autre part, le problème
de la langue, le manque de temps indispensable à une rela
tion suivie nous ont empêchée d'avoir des contacts directs
avec les jeunes délinquants français, avec leur entourage
et leur famille. Cela a été aussi un choix devant la né
cessité de limiter notre sujet de thèse à la rééducation
des jeunes délinquants. Cependant, notre propos consiste à
justifier cette recherche afin d'apporter une réponse à la
seconde question.
L'étude du contexte social de la délinquance juvé
nile dans les deux pays nous permet d'en conclure que ces
mineurs se trouvent confrontés plus ou moins aux mêmes pro
blèmes, quoique les causes indirectes en soient différentes.
Au Brésil comme en France, deux principaux facteurs
jouent sur l'inadaptation du milieu familial :
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1) La mobilité : géographique, professionnelle,
technologique, sociale, qui perturbent le fonctionnement
du groupe familial, cette mobilité pouvant être génératrice
d'inadaptation, et
2) L'élévation du niveau d'exigences qui ébranle
la stabilité et l'équilibre des groupes de vie dans le cadre
desquels le jeune se socialise.
Ces phénomènes apparaissent nettement :
- En France, dans les familles étrangères qui
viennent s'y installer pour des raisons économiques, surtout
les jeunes maghrébiens qui constituent une sub-culture,
provoquent des conflits avec la culture établie. Dans les
grandes villes, cette non-intégration est mise en évidence
par des indices de participation sociale très bas : fréquen
tation scolaire irrégulière, niveau de qualification très
inférieur, chômage, instabilité de l'emploi, salaires in
suffisants, etc...
Ces familles, mal intégrées, provoquent aussi
des conflits de culture au sein de la société ; problèmes
qui se manifestent par des conflits de génération. En allant
à l'école, les jeunes des familles étrangères entrent en
contact avec la culture française et ils sont partagés entre
deux modes de vie très différents, voire contradictoires :
celui qu'ils apprennent et celui de leurs parents qui con
servent leurs coutumes.
- Au Brésil, les familles des zones moins développées
qui viennent s'installer dans les grands centres industrialisés,
également pour des raisons économiques, posent plus ou moins
les mêmes problèmes : changement de mode de vie et augmentation
du nombre de sous adaptées. Cependant, la situation est plus
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grave au Brésil car les contrastes sociaux sont plus forts
et s'ajoutent aux fortes disparités régionales.
Au Brésil comme en France, le développement éco
nomique exerce une influence sur les comportements des dé
linquants à travers le fonctionnement des groupes de socia
lisation primaire.
On peut voir dans les deux pays que :
1 - Les jeunes délinquants subissent des influences familiales
négatives :
- au Brésil, soit les familles ont des problèmes
financiers qui privent le foyer de la présence de la
mère, celle-ci étant obligée de travailler. L'enfant est
donc livré à lui-même. Soit les parents (pour les fa
milles plus aisées) se désintéressent des enfants ou
leur donnent de mauvais exemples, ce qui manifeste dans
les deux cas une certaine irresponsabilité de leur part.
- En France, on assiste au même processus en ce
qui concerne les familles d'immigrés. Les enfants sont
également soumis à des influences éducatives négatives
car le niveau de vie de ces familles est extrêmement bas
et leur intégration sociale et culturelle n'est pas réa
lisée .
- D'une façon générale, l'aptitude éducative fami
liale se caractérise par l'impuissance et l'abandon des
responsabilités.
2 - L'importance des groupes de jeunes dans le processus
actuel de mutation sociale et les conséquences de la
"société des jeunes" sont vitales.
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Bien que la vie de groupe ne soit pas toujours
synonyme de délinquance, car elle consiste dans le fait
banal d'être ensemble, elle favorise néanmoins le déve
loppement d'infractions connexes.
En France, les jeunes constituent presque "une
société dans la société" avec ses modèles et ses valeurs
propres qui ne correspondent plus aux valeurs des adultes
comme par exemple les "emprunts" de voiture. ;î
25 - La délinquance juvénile est parfois liée à l'inadaptation
scolaire.
. Au Brésil, l'école ne réussit pas sa mission
socialisante parce qu'elle n'est pas attentive aux besoins
des enfants et, par conséquent, se trouve incapable de
les motiver. Le manque d'autorité familiale, l'indifférence
des professeurs créent un type de situation particuliè
rement perturbante pour les enfants.
. En France, l'inadaptation scolaire manifestée
par l'absentéisme ou par "l'école buissonnière" est un
symptôme de l'inadaptation sociale qui peut parfois aboutir
à la délinquance.
Un autre trait commun a déjà été signalé : les
facteurs sociaux et les situations favorisantes sont va
lables pour les deux pays :
Quel que soit l'individu, le comportement délin
quant est le point de rencontre d'une personnalité et d'une
situation.
En ce qui concerne le facteur social, il peut
s'agir d'un mauvais fonctionnement du groupe familial,
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d'une inadaptation scolaire ou d'une mauvaise influence
de l'environnement. Parmi les situations favorisantes,
les mauvaises conditions de logement, les moyens de
communications, les mass-media constituent autant d'exemples
néfastes.
Ainsi, à quelques nuances près, le problème est
le même dans les deux pays.
Dans le domaine des loisirs, au Brésil il n'existe
presque pas d'organisation comme en France.
Dans le domaine juridique, au Brésil, le mineur
n'est pas considéré comne un délinquant ou un criminel :
il est l'auteur d'une infraction. Le juge ne prévoit pas
l'application d'une peine mais des mesures d'assistance
et de protection. Il ne s'agit pas d'une sentence, mais
d'une décision ou d'une résolution. Parmi les mesiires habi
tuelles, la plus sévère est l'internement dans un établis
sement de rééducation. En France, la législation prévoit
dans les cas plus graves des condamnations pour les mineurs
de plus de 13 ans.
Mais, au-delà de cette diversité, il ressort que
dans les deux pays, le souci d'une solide valorisation de
la personnalité du jeune prime et que tous les modes d'in
tervention sont animés par le principe fondamental : "pas
question de punir, il faut rééduquer".
Dans les deux pays, les principaux délits commis
par les jeunes citadins concernent avant tout les biens,
avec des nuances un peu différentes. En France, les vols ont
lieu dans les grands magasins (chapardage) ; au Brésil, il
s'agit de pickpockets.
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En France, la relation est étroite entre le niveau.
de développement régional et le taux de délinquance des
garçons, et il s'agit plutôt de délits contre les biens,
commis non seulement par les garçons, mais également par
des filles, dans ce de.rnier cas plus liés à l'aspect indus
triel qu'à l'aspect proprement urbain. On remarque même,
en France, un appauvrissement de la notion de l'honnêteté
chez les jeunes. Par exemple, les "emprunts" de voiture ne
sont plus perçus par les jeunes comme des actes vraiment
délictuels.
Au Brésil, la plupart des infractions commises
par les mineurs concernent également les biens. Les vols
sont commis par des jeunes issus des classes pauvres et
aussi par ceux des familles plus aisées. Les premiers sont
de parfaits pickpockets : ils volent des portemonnaies et
des bijoux avec une telle habileté qu'il est impossible de
s'en apercevoir, c'est pourquoi plus personne ne se sent
en sécurité dans la rue. Les seconds ont surtout tendance
à voler des véhicules et des pièces d'automobiles. Chaque
jour, plusieurs personnes sont victimes de tels vols.
Au Brésil, comme en France, le vol pratiqué par
la jeunesse ne cesse d'augmenter. Selon les statistiques,
celui-ci s'observe beaucoup plus chez les garçons que chez
les filles. Ainsi, dans les deux pays, le phénomène est
plus caractéristique chez les garçons de 16 à 18 ans.
Mais ces similitudes entre les deux pays étant
mises à part, il faut noter qu'au Brésil les statistiques
ne donnent pas une vision claire du problème de la délin
quance juvénile. Toutes les données de la question ne sont
pas fournies de façon précise. Aucune statistique générale
n'aide à cerner les dimensions de la problématique.
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Au Brésil, les auteurs qui se sont préoccupés
du problème, ne peuvent donc l'approfondir correctement,
et même plusieurs fois les auteurs français nous ont servi
de référence pour expliquer des phénomènes propres à notre
pays.
En France par contre, le progrès de la recherche
fournit des bases scientifiques plus solides à la réédu
cation. Enrichi par les études et les recherches faites,
le progrès a été très rapide en France. La bibliographie
est très riche et il existe un centre de recherches et
d'études à Yaucresson. La législation mais aussi l'orien
tation donnée à la rééducation des jeunes délinquants ont
donc considérablement progressé en France.
Ainsi, au Brésil, l'internat constitue une forme
de rupture avec la famille ou ce qui en reste. Les enfants
placés en internat deviennent encore plus inadaptés. C'est
pourquoi il est indispensable de remplacer les internats
par des solutions moins artificielles, moins anti-sociales
et plus humaines, et avant de penser à la solution de l'in
ternat, il faut tienser que la famille est le meilleur moyen
de rééducation de l'enfant.
Il est souvent question d'une politique préventive
au sein même de la famille. Les débuts se font de façon
incertaine, par tentatives isolées, sans ligne directrice.
Par comparaison, la France apparaît comme un pays
où un très grand effort a été réalisé depuis quelques années
pour favoriser la réadaptation sociale des mineurs délinquants.
En fait, les mesures de rééducation sont préférées aux sanc
tions pénales. La rééducation prend également en charge les
enfants et les adolescents "en danger" qui, probablement, ont
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commis ou risquent de commettre des infractions. Le système
coercitif des anciennes maisons de correction est définiti
vement abandonné.
Les structures actuelles sont plus souples et
mieux adaptées que les anciennes. L'enfant est laissé à
sa famille le plus souvent possible. Ainsi se développent
les mesures d'action éducative en milieu ouvert : A.E.M.O.
(Aide Educative en Milieu Ouvert) et D.P.L.S. (Délégué
Permanent à la Liberté Surveillée). La première, A.E.M.O.,
pour les enfants et les jeunes "en danger" et la seconde,
D.P.L.S., confiée à un service spécialisé auprès des mineurs
qui font l'objet d'une sanction pénale.
Les éducateurs suivent non seulement les jeunes
mais mènent auprès d'eux une action hautement sociale et
éducative.
Le délégué permanent à la liberté surveillée est
le collaborateur immédiat du juge : il joue un rSle pri
mordial auprès de lui grâce à une action essentiellement
éducative et sociale. Le service d'éducation en milieu ouvert
est en même temps un service d'observation et de rééducation.
Les jeunes vivent dans leur milieu naturel où l'éducateur
pénètre et étudie leur comportement et va nécessairement les
influencer.
Mais la rééducation en milieu ouvert soulève de
grandes difficultés. Les bons sentiments ne suffisent pas
pour obtenir le traitement des jeunes délinquants. Il faut
connaître leurs problèmes et le mécanisme de leur inadapta
tion et ensuite élaborer des méthodes d'intervention adé
quates : entreprise complexe et délicate.
En France, une impulsion nouvelle a été donnée à
ce secteur actuellement en plein essor.
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POINTS COMMUNS ET DIVERGENCES ENTRE LES DEUX PAYS
Contexte social
Mo b ili té gé o graphique, professionnelle, technologique.
Elévation du niveau d'exigences.
Fonctionnement des groupes de socialisation primaire.
BRESIL
-Famille des zones moins développées qui viennent s'installer dans les grands centres industrialisés.
- Ebranlement de la stabilité et de l'équilibre des groupes de vie.
- Contrastes sociaux.
- Portes disparités régionales.
-Influences familiales négatives
. problèmes financière de la famille.
. absence de la mère obligée de travailler.
. enfant dans la rue (oisiveté la plus complète).
. irresponsabilité, désintéressement, mauvais exemple des parents dans les familles plus favorisées matériellement.
- Vie en groupe favorisant les infractions .
- Inadaptation scolaire
. l'école ne réussit pas sa mission socialisante.
. incapacité de motiver les enfants.
FRANCE
-Famille d'étrangers qui viennent s'installer pour des raisons économiques.
-Ebranlement de la stabilité et de l'équilibre des groupes de vie.
-Influences familiales négatives
. bas niveau de vie économique
. mauvaise situation sociale et culturelle.
. impuissance ou abandon des responsabilités par les parents.
-Société de jeunes
-Inadaptation scolaire
. l'absentéisme scolaire
. l'école buisson-nx ère.
•
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Facteurs de la délinquance
Facteurs de la personnalité
Facteurs sociaux
Situations favorisantes Aspect juridique
Mesures
Principaux délits
BRESIL
Rencontre d'une personnalité et d'une situation,
- Mauvais fonctionnement
. du groupe familial
. du groupe scolaire
- Inadaptation du milieu résidentiel
- Manque de loisirs organisés
- Mauvaises conditions de logement
- Mass-media néfastes.
BRESIL
- Aucune application de peine
- Assistance et protection
- Valorisation de la personnalité du jeune
- Bééducation sans punition
- Plutôt des délits contre les biens :
. les jeunes issus des classes pauvres volent partout
. les jeunes des familles plus aisées volent des véhiculée et des pièces d'automobiles .
FRANCE -
Rencontre d'une personnalité et d'une situation.
- Mauvais fonctionnement
. du groupe familial
. du groupe scolaire
- Inadaptation du milieu résidentiel
- Des clubs et des équipes de prévention
- Mauvaises conditions de logement
- Mass-média néfastes
FRANCE
- Mesures éducatives
- Condamnations dans les cas plus graves (plus de 13 ans)
- Valorisation de la personnalité du jeune
- Rééducation sans punition
- Délinquance des jeunes en ville
5 avant tout délit contre les biens : "emprunts" de voiture, vols dans les magasins.
3
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Rééducation
Internat
Education en
milieu ouvert
BRESIL
- Tentatives pour remplacer les internats par des solutions moins artificielles.
- La famille, meilleur moyen de rééducation.
- Quelques expériences isolées, de façon incertaine, sans ligne directrice.
FRANCE
- Système coercitif des anciennes maisons de correction définitivement abandonné.
- Préférence et utilisation de mesures de rééducation en milieu ouvert.
- Mesures d'action éducative en milieu ouvert :
. A.E.M.O. (enfants et jeunes en danger)
. D.P.L.S. (action essentiellement éducative et sociale du collaborateu du juge).
- Professionnels spécialisés .
Recherches et Documentation
Statistiques
Publi cations
BRESIL
- Aucune statistique générale.
- Les documentations ne donnent pas une vision claire du problème.
- Très peu de publications .
FRANCE
- Richesse de publications reposant sur des bases solides et scientifiques.
- Centre de Recherche et d'Etude à Vaucresson.
- 229 -
Ainsi, nous nous proposons d'étudier principa
lement le rôle des éducateurs spécialisés en France, assurés
que nous pourrons ainsi mieux travailler au Brésil, pays
dont la problématique ne présente en définitive que de faibles
différences .
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CHAPITRE XIII
TRAVAUX DES EDUCATEURS EN MILIEU OUVERT
1 - DELIMITATION DE L'ETUDE
Cette partie consistera essentiellement en une
recherche auprès des spécialistes du secteur public et privé
qui travaillent avec un mandat du juge dans la rééducation
en milieu ouvert à Lyon.
Nous voudrions rechercher :
a) quels sont les principes méthodologiques employés
au cours de la rééducation des jeunes voleurs.
b) Comment l'éducateur favorise la resocialisation du
jeune placé sous sa responsabilité.
c) Si les éducateurs ont tous la même attitude vis à
vis des délinquants au cours de la rééducation.
Il existe deux tendances par rapport à l'expérience
de l'éducateur. La première considère que les éducateurs
doivent être jeunes eux-mêmes pour comprendre les jeunes ;
la deuxième, au contraire, met au premier plan, pour la
bonne réalisation du travail d'éducateur, la valeur de l'ex
périence acquise.
Face à ces deux courants d'idées, nous avons pensé
qu'il serait très intéressant de voir si l'expérience de
- 2
l'éducateur a une influence quelconque sur son attitude et
sur la nature de ses relations avec les délinquants. On
sait que la notion de cause ne s'attache pas toujours à
un fait simple mais, souvent, à tout un ensemble de facteurs
en inter-action.
En recherchant ce qui pourrait influencer le
travail de l'éducateur, nous ne supposons pas un détermi
nisme mécanique mais plutôt une corrélation de faits, les
uns par rapport aux autres. C'est seulement à ce niveau
qu'un effort sera fait.
- 2
REPRESENTATION GRAPHIQUE DES CORRELATIONS
ATTITUDES
affectueuse
permissive
CONCEPTION DE LA REEDUCATION
opxnion sur la rééducation
et sur les délinquants
RELATION
EDUCATIVE
Qualité
Fréquence
Influence
EXPERIENCE
Par le graphique ci-dessus, nous essayons de
représenter les relations que nous voulons analyser :
a) les conceptions des éducateurs sur la rééducation des
jeunes et les attitudes de ceux-ci vis à vis d'eux.
b) les attitudes des éducateurs vis à vis des jeunes et
leurs relations éducatives.
c) l'expérience des éducateurs e-fc les relations éducatives.
d) l'expérience des éducateurs et les attitudes de ceux-ci
vis à vis des jeunes.
e) l'expérience des éducateurs et leurs conceptions de la
rééducation.
3 - HYPOTHESES DE TRAVAIL
1 - Les éducateurs ont la même attitude vis à vis des
délinquants au cours de la rééducation.
2 - Les relations éducatives des éducateurs vis à vis
des délinquants ont les mêmes caractéristiques.
3 - Il s'établit une corrélation entre l'expérience de
l'éducateur et son attitude vis à vis des délinquants.
4 - L'expérience de l'éducateur a une influence sur sa
relation éducative vis à vis des délinquants.
5 - L'expérience de l'éducateur influence sa conception
de la rééducation.
6 - La conception que l'éducateur a de la rééducation
contribue à modifier son attitude vis à vis des délinquants.
7 - L'attitude de l'éducateur vis à vis des délinquants
contribue à modifier sa relation avec eux.
4 - METHODOLOGIE
L'étude de rapports sur la délinquance juvénile
exige de la personne qui l'effectue une définition de l'objet
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de sa recherche et de la méthode qu'il envisage d'employer.
Cette méthode s'est limitée aux services sociaux
et aux services d'éducation spécialisée en milieu ouvert
dans la ville de Lyon ; services sociaux publics (dépen
dant de la justice) et services sociaux privés (qui ont
une convention avec le Ministère de la Justice).
Quelques entrevues préparatoires nous ont permis
d'utiliser notre méthode de travail. Elles ont eu lieu avec :
- Mademoiselle Chantai PIAT, assistante sociale, conseillère
au service de sauvegarde de l'enfance,- qui nous a mise en
contact avec l'équipe "Adolescentes", l'équipe de Vénis-
sieux et l'équipe de Vaulx-en-Velin.
- Monsieur RIVIERE qui nous a présentée à son équipe de
A.E.M.O. appartenant au secteur public.
- Monsieur CARLIN, directeur de l'équipe du service de
l'éducation surveillée du Palais de Justice.
Grâce à leur compréhension et leur obligeance,
il nous a été possible d'entrer en contact avec les membres
des équipes.
4.1 - Définition des concepts
Nous avons retenu comme variables pour mesurer
l'expérience des éducateurs, leur âge et leur ancienneté dans
la rééducation. ^
Par éducateur, nous entendons toute personne
qui possède un diplôme d'éducateur spécialisé ou d'assistant
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social et une fonction d'éducateur, ayant un contact direct
et constant avec les jeunes délinquants, ou en danger de le
devenir, quelle que soit la modalité rééducative en milieu
ouvert.
Pour étudier les attitudes des éducateurs vis à vis
des délinquants, nous avons retenu deux variables, à savoir :
l'attitude affectueuse et l'attitude permissive.
- attitude permissive : encouragement à l'autonomie des jeunes,
confiance dans leurs capacités. Valorisation de l'expression
et de leurs découvertes personnelles (l).
- attitude affectueuse : acceptation et compréhension des
jeunes, sensibilité à leurs besoins, leurs intérêts et
leurs activités., valorisation et même idéalisation du monde
des jeunes (2),
Pour étudier la nature des relations entre éduca
teurs et élèves, nous avons choisi trois variables : la
qualité des relations, la fréquence de leurs rencontres
spontanées et 1'influence des éducateurs sur les jeunes.
4.2 - Instruments_pour obtenir les données
Nous avons utilisé trois questionnaires pour
obtenir les données (voir annexe l ) .
Pour mesurer les aspects affectifs et permis
sifs de l'attitude de l'éducateur, nous avons cru bon, tout
en tenant compte de nos limites,, d'adopter l'approche de
LAFLAMME CUSSON (3). Et nous avons repris son instrument
(1) ESTEVAO RTJTH - "Les éducateurs" p. 76.
(2) LAELAMME CUSSON - "Les éducateurs" p. 27
(3) LAELAMME CUSSON - op. cit. p. 27.
- 2
d'étude pour sa recherche "Les éducateurs", au Canada,
également utilisé en Belgique dans une recherche limitée
à deux institutions (l).
Nous avons changé certains termes de ce question
naire pour obtenir un rapprochement avec le vocabulaire
employé par les éducateurs français.
Pour obtenir des données sur les relations des
éducateurs avec les jeunes, nous demanderons aux premiers
de remplir un questionnaire. Ce questionnaire comporte dix
questions, les sept premières touchant à quatre variables :
- les questions n° 1, 3, 4 ont été utilisées pour obtenir
des données sur la variable "qualité des relations".
- les questions n° 2 et 5 nous ont fourni des données sur
la variable fréquence des rencontres entre éducateurs
et élèves.
Pour étudier 1'influence. nous nous reporterons
aux questions 7 et 13. Enfin, les questions 8, 9, 10, 11, 12
du deuxième questionnaire nous ont fourni des données sur
la variable "conception sur la rééducation" : opinion sur
la rééducation 8 et 9, opinion sur le délinquant : 10, 11 et
Les éducateurs ont été invités à répondre aussi à
un troisième questionnaire qui porte sur leurs variables
personnelles : âge et ancienneté dans la rééducation.
Pour la rédaction des questionnaires, nous sommes
allée à Vaucresson où nous avons bénéficié de l'aide de
chercheurs et où nous avons eu également la possibilité de
tester les questions avec un groupe d'éducateurs qui se
trouvait là.
(l) ESTEVAO RTJTH - op. cit. p. 111.
- 237 -
4.3 - Le questionnaire comme méthode de travail
Le questionnaire a été choisi comme méthode
de travail pour plusieurs raisons. Il semblait être, à pre
mière vue, la méthode la mieux adaptée pour obtenir faci
lement et rapidement les réponses à nos questions. Le fait
de répondre à des questions fermées (c'est-à-dire auxquelles
il suffisait de répondre par "oui" ou "non") était la for
mule la plus simple pour les éducateurs. Cette méthode
permet d'obtenir des réponses plus précises et plus faciles
à évaluer.
D'autre part, ce moyen nous semblait le
mieux adapté compte tenu des difficultés que présente le
fait de travailler dans une langue étrangère. Cette méthode
évite également d'influencer en quelque façon que ce soit
les réponses. Cependant, certaines difficultés sont apparues
lors de l'emploi de ce questionnaire ; celles-ci ont été
notées sous le titre : "difficultés rencontrées et seront
présentées ultérieurement.
Nous avons remis personnellement trois ques
tionnaires aux différentes équipes. Au cours d'une réunion
avec les membres de chaque équipe, nous avons expliqué et
justifié le but de notre recherche. Nous avons ainsi sol
licité une réponse personnelle. Les réponses étaient ano
nymes, c'est-à-dire qu'il n'était pas demandé de signer les
questionnaires. D'autre part, si quelqu'un voulait développer
son point de vue, il en avait la possibilité soit en notant
ses remarques (sur une feuille libre), soit grâce à quelques
lignes laissées après chaque question dans ce but.
Une deuxième rencontre avec les équipes a eu
lieu pour reprendre les questionnaires, ce qui nous a permis
d'obtenir des informations supplémentaires.
- 238 -
Le questionnaire a donc été l'élément de base
de notre travail. Mais nous avons pu aussi tirer profit
d'informations complémentaires données par les équipes au
cours de rencontres et au cours d'observations faites pen
dant les visites de ces centres.
Une troisième rencontre a eu lieu pour re
mercier les équipes d'avoir répondu aux questionnaires.
4.4 - Démarches pour mesurer les données obtenues
Le questionnaire 1 comporte des énoncés parmi
lesquels 20 correspondent à l'attitude affectueuse et 28 à
l'attitude permissive.
Les énoncés du questionnaire n° 1, pour cha
cune des attitudes, sont les suivants :
- attitude affectueuse : 1, 2,3, 5, 9, 12, 13, 15, 17, 21,
30, 33, 34, 37, 39, 40, 41, 43,46, 47,
- attitude permissive : 4, 6, 7, S, 10, 11, 14, 16, 18, 19,
20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29,
31, 32, 35, 36, 38, 42, 44, 45.
A chacune des 4 réponses possibles à chaque
section, nous avons donné une valeur de 1 à 4. Mais, pour
les questions 2, 12, 13, 18, 20, 23, 28, 31, 35 et 39 la
réponse "Désaccord marqué" a reçu la valeur 4 au lieu de la.
valeur 1 ; "Désaccord faible", 3 au lieu de 2 ; pour "Accord
faible", 2 au lieu de 3 ; pour "Accord marqué", la valeur 1
au lieu de 4.
Ainsi, le total le plus élevé pour l'attitude
affectueuse est de 80 points. Donc, plus l'éducateur aurœ
- 239 -
une attitude affectueuse, plus son score sera proche des
80 points.
Pour l'attitude permissive, le maximum est de
112 points. Ainsi, plus l'éducateur aura une attitude per
missive, plus son score sera proche de 112 points.
Pour le questionnaire n° 2 et à chacune des
réponses possibles aux questions 1, 2, 4, 5, 6, 7, 9 et 13,
nous avons donné une valeur arbitraire décroissante. Par
exemple, la question 1 : "En général, comment cela se passe-
t-il avec eux ?"
- très bien 4
- plutôt bien 3
- parfois bien, parfois mal 2
- plutôt mal 1
Pour les variables 3, 6, 8, 10, 11, 12, nous
avons mis des lettres car il s'agissait de réponses quali
tatives et non quantitatives.
5 - DIFFICULTES RENCONTREES
Parmi les obstacles rencontrés, nous distinguons
ceux qui étaient prévus dès le départ et ceux qui sont ap
parus au cours de la recherche.
5.1 - Difficultés potentielles
Nous avons envisagé l'obtention de ces données,
conscients de la difficulté et des limites qui nous atten
daient. A notre avis, cela est dû à plusieurs raisons :
- 2
- les problèmes du mineur délinquant s'insèrent dans un
système social global dont nous n'avons vu qu'une partie.
Il faudrait donc tenir compte de toute une série de va
riables qui ne sont pas prises en considération ici et
qui, sans doute, sont susceptibles de compléter, de rendre
plus subtile notre analyse, voire de la modifier.
- Nous n'ignorons pas non plus les difficultés inhérentes
à ce type de réflexion qui prend nécessairement appui sur
la théorie. Notre propos est celui d'un éducateur qui se
pose des questions et recherche des explications.
5 . 2 - Autres difficultés
Malgré l'accueil favorable généralement
réservé à ces questionnaires par les différentes équipes
contactées, il faut néanmoins noter qu'une équipe a refusé
de répondre. Les motifs allégués ont été les suivants :
a) méfiance quant à l'utilisation de cette enquête par les
services officiels du Brésil en relation à un usage idéo
logique qui pourrait en être fait : les études pourraient
servir pour justifier une politique répressive.
b) la pratique des éducateurs européens d'un pays développé
ne peut servir de référence à un pays tel que le Brésil.
c) tous les problèmes de rééducation au Brésil proviennent
d'une situation sociale, économique et politique défec
tueuse qui ne procure pas les conditions sociales et
institutionnelles nécessaires à l'éducation. Il faut donc
d'abord s'attaquer aux causes du problème avant de com
mencer n'importe quel travail de rééducation.
- 241
d) les questionnaires n'abordent pas la réalité économique
et sociale de la fonction des éducateurs. Ceux-ci manquent
donc de motivation pour répondre à une étude centrée
uniquement sur un point psychologique et moral, faisant
abstraction de la réalité économique et sociale et n'a
bordant pas le rô*le politique de l'éducateur.
A part cela, nous sommes obligée de reconnaître que
1°) notre questionnaire présente certains défauts ; le vo
cabulaire employé est ancien et ne correspond pas tota
lement à la façon de penser desr éducateurs actuels. Par
exemple : l'expression "se faire obéir" doit être rem
placée par le terme "influencer".
2°) les questions sont trop fermées et ne permettent pas
aux éducateurs de s'exprimer spontanément.
Finalement, il nous faut reconnaître que l'enquête
n'est pas le meilleur moyen pour connaître le point de vue
des éducateurs français. En effet, ceux-ci n'aiment pas ré
pondre à des questions très précises et se sentent beaucoup
plus motivés pour rendre compte librement de leur expérience
en donnant des exemples. En outre, ils se méfient de l'uti
lisation des réponses, comme les raisons fournies par l'équipe
qui a refusé de remplir le questionnaire nous l'ont fait
constater.
5.3 - Aspects positifs
Néanmoins, certains points ont été très posi
tifs : par exemple, l'accueil chaleureux que nous ont réservé
les directeurs de chaque organisme. Ils ont accepté de nous
ouvrir les portes de leur établissement et ont facilité la
prise de contact avec les équipes.
- 242 -
Malgré les difficultés rencontrées, nous possédons
des informations intéressantes quant au travail réalisé en
matière de rééducation et quant à l'opinion des éducateurs.
Selon nous, même ceux qui ont refusé de répondre aux ques
tionnaires, nous ont donné leur opinion. Bien que celles-ci
n'apparaissent pas dans le traitement statistique, elles
constituent des éléments valables pour l'analyse et l'inter
prétation des données obtenues.
Les éducateurs ont accordé beaucoup d'importance
à nos questionnaires. Enfin, les équipes ont porté un vif
intérêt à notre travail effectué au Brésil. Certains nous
ont même fait part de leurs idées, suggestions, e t c . dont
nous avons bien profité pour notre plan de travail au Brésil,
surtout en ce qui concerne l'éducation surveillée et l'édu
cation en milieu ouvert. Ces réflexions nous ont particu
lièrement été utiles pour l'élaboration de notre conclusion
générale.
Nous croyions être déjà un peu familiarisée avec
le problème de la délinquance en France après nos études
préliminaires, mais nous le sommes encore davantage après
cette recherche.
- 243 -
CHAPITRE XIV
DONNEES FOURNIES PAR LES QUESTIONNAIRES
1 - PRESENTATION
Le présent travail auprès des quatre équipes
(2 du secteur privé et 2 du secteur public) nous a permis
d'obtenir des réponses à 29 questionnaires.
, Nous présentons dans un même tableau les réponses
de tous les éducateurs.
TABLEAU_1 : Répartition des éducateurs selon l'âge
Age
2 0 a n s e t m o i n s
2 1 à 30
3 1 à 40
4 1 à 50
5 1 à 60
6 1 e t p l u s
T o t a l
E d u c a t e u r s
0
9
1 1
4
5
0
2 9
P o u r c e n t a g e
0
3 1 , 0
3 7 , 9
1 3 , 9
1 7 , 2
0
1 0 0 , 0
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses au questionnaire n° 3. La première observation que
nous pouvons faire, à ce niveau, est la suivante : .
l'âge des éducateurs varie de 21 à 60 ans, la plus forte
concentration se situant dans la tranche de 31 à 40 ans (il sujets)
- 244 -
TABLEAU_2 : Répartition des éducateurs selon leur ancienneté
dans l'équipe
A n c i e n n e t é
d a n s l ' é q u i p e
( m o i s )
EPoins de 12
12 à 59
60 à 119
120 à 179
180 à 239
2 4 0 à 299
300 à 359
360 à 419
T o t a l
E d u c a t e u r s
3
12
8
5
1
2 9
P o u r c e n t a g e
1 0 , 3
4 1 , 4
2 7 , 6
1 7 , 3
3 , 4
1 0 0 , 0 !
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses obtenues au questionnaire n° 3.»
Dans le tableau 2, nous pouvons voir la répartition
des éducateurs selon leur ancienneté dans l'équipe.
Nous constatons que seulement :
- 3 éducateurs travaillent dans leur équipe depuis moins de
douze mois,
- 12 d'entre eux (la plupart) ont de 12 à 59 mois d'ancienneté,
- 13 d'entre eux ont 60 à 179 mois d'ancienneté.
Par contre, un seul a déjà 359 mois d'ancienneté
dans l'équipe.
- 245 -
TABIJEAtr_3 : Répartition des éducateurs selon l'ancienneté
comme éducateurs spécialisés
Ancienneté
comme éducateur
spécialisé (mois)
Moins de 12
12 à 59
60 à 119
120 à 179
180 à 239
240 à 299
300 à 359
360 à 419
Total
Educateurs
0
5
4
12
1
2
0
3
27
Pourcentage
0
18,3
14,7
43,3
4,5
7,9
0
11,3
100,0
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses au questionnaire n° 3.
Dans le questionnaire n° 3, nous voyons que le
temps de travail comme éducateur spécialisé (en ce qui con
cerne ceux qui ont répondu au questionnaire) varie de 12 à
179 mois. L'un d'eux seulement travaille comme éducateur
depuis plus de 359 mois.
Nous constatons aussi que la plus forte concen
tration est située dans la tranche de 120 à 179 mois (l2 sujets,
43,3 f°) , ce qui diffère donc du tableau précédent (tableau 2)
où la plus forte concentration est située entre 12 et 59 mois
(12 sujets, 41,4 $ ) .
- 246 -
TÂBLEAU_4 i Répartition des éducateurs selon leur formation
professionnelle.
F o r m a t i o n
p r o f e s s i o n n e l l e
A s s i s t a n t s o c i a l
E d u c a t e u r s p é c i a
l i s é
T o t a l
E d u c a t e u r s
6
2 3
2 9
p o u r c e n t a g e
2 0 , 6 9
7 9 , 3 1
1 0 0 , 0 0
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses obtenues au questionnaire n° 3.
Le tableau n° 4 nous montre que moins d'un quart
des éducateurs a pour formation professionnelle le service
social (20,69 f°) et que pourtant, la grande majorité a une
formation spécialisée (79,31 fo) .
- 247 -
TABIîEAU 5 : Répartition des éducateurs selon la structure
et la nature de leur travail.
Structure et nature
du travail
Privé Sectorisé A.E.M.O.
Privé Adolescent A.E.M.O.
Publique Préventive A.E.M.O.
Publique Corrective D.P.L.S.
Total
Educateurs
5
5
11
8
29
Pourcentage
17,24
17,24
37,94
27,58
100,00
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses au questionnaire n° 3.
Le tableau n° 5 donne la composition des 4 équipes
qui ont répondu aux questionnaires. Deux équipes appartiennent
au secteur privé et deux autres au secteur public.
Sur ces quatre équipes, trois sont rattachées à
l'A.E.M.O. (Aide Educative en Milieu Ouvert) et une se
compose de D.P.L.S. (Délégués Permanents à la Liberté Sur
veillée ) .
- 248 -
TABLEAU 6 : Répartition des éducateurs selon le total de
points obtenus pour l'attitude affectueuse
A t t i t u d e a f f e c t u e u s e
( t o t a l de p o i n t s )
40 à 49
50 à 59
60 à 69
70 à 79
T o t a l
E d u c a t e u r s
5
16
8
0
2 9
P o u r c e n t â g e
1 7 , 2 4
5 5 , 1 7
2 7 , 5 9
1 0 0 , 0 0
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses au questionnaire n° 1.
Média 55,690 Minimum 43
Moda 55,000 Maximum 67
Moyenne 43,000
Le tableau n° 6 montre que pas un seul éducateur
n'atteint le total de 80 points qui est le maximum possible
pour l'attitude affectueuse dans notre échelle.
Le total le plus élevé, sur cette question a été 67
et le minimum 43.
La plus forte concentration se situe entre 50 et
59 points.
- 249 -
TABLEAU_7 '• Répartition des éducateurs selon le total de
points obtenus pour l'attitude permissive
Attitude permissive
60 à 69
70 à 79
80 à 89
90 à 99
100 à 109
110 à 112
* Total - — •
Educateurs
1
15
13
0
0
0
29
Po urc e n tâge
3,48
51,72
44,80
0
0
0
100,00
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses au questionnaire n° 1.
Media 78,517 Minimum 64
Moda 72,000 Maximum 89
Moyenne 78,2 50
Dans ce tableau, les plus fortes concentrations
sont situées dans les tranches 70 à 79 (51,72 %) et 80 à 89
(44,80 fo) . Un seul éducateur a obtenu entre 60 et 69 Points.
Le minimum a été 64 et le maximum 89. Aucun édu
cateur n'a obtenu 112 points (maximum pour l'attitude per
missive ) .
Les résultats des tableaux 6 et 7 permettent de se
demander si les éducateurs qui ont répondu aux questionnaires
n'ont pas un troisième type d'attitude qui consiste à combiner
des doses de permissivité et d'affection selon les besoins du
jeune.
- 250 -
TABLEAU 8 î Répartition des éducateurs selon leur relation
avec les .jeunes
Comment se passent
leurs relations
avec les jeunes
Très bien
Plutôt bien
Parfois bien Parfois mal
Plutôt mal
Total
Educateurs
0
15
14
0
29
Pourcentage
0
51,7
48,3
100,0
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses obtenues à la question 1 du questionnaire 2.
Le tableau n° 8 nous indique que les relations
des éducateurs avec les jeunes se passent "plutôt bien"
pour une partie, et "parfois bien, parfois mal" pour l'autre
moitié .
Par contre, personne n'a répondu que ces relations
se passent "très bien", ni "plutôt mal".
Les observations qui complètent ces résultats nous
permettent de constater que les relations entre l'éducateur
et le jeune varient selon la conduite de ce dernier et qu'une
relation de confiance est primordiale pour que le jeune puisse
dialoguer avec l'éducateur.
Dans la plupart des cas, les difficultés pour établir
une bonne relation viennent du milieu naturel où évolue le
jeune qui freine l'action de l'éducateur. De plus, les édu
cateurs pensent que leur action est trop tardive pour être
efficace.
- 251 -
TABLEAU 9 î Répartition des éducateurs selon la fréquence
de leurs rencontres avec les .jeunes
Rencontres
Très souvent
Souvent
De temps de temps
Rarement
Jamais
Sans réponse
Total
Educateurs
2
3
19
4
0
1
29
Pourcentage
6,9
10,3
65,5
13,9
3,4
100,0
Cette répartition a été élaborée à partir des réponses
à la question 2 du questionnaire 2.
L'examen du tableau n° 9 nous montre que sur le
plan des rencontres avec les jeunes, la fréquence indiquée
est plutôt "de temps en temps" (65,5 f°) . Il n'y a que 5
éducateurs qui rencontrent les jeunes "souvent".
Les remarques qui suivent ces données nous montrent
que ceux qui ont répondu "rarement" se justifient en invo
quant les conditions matérielles qui entravent les rencontres
spontanées avec les jeunes.
De même, les visites à domicile les empêcheraient
d'établir réellement des relations approfondies avec les
jeunes.
D'autres éducateurs déclarent que la fréquence des
rencontres spontanées dépend de la façon dont l'action édu
cative est présentée aux jeunes.
- 252 -
Ceux qui ont des rencontres "souvent" ou "très
souvent" pensent que les jeunes viennent les voir sponta
nément par besoin de dialogue, pour être écoutés ou pour
obtenir une solution à leurs problèmes.
TABLEAU_10 : Répartition des éducateurs selon le vécu du
jeune par rapport à leur action
Action
Agréable
Déterminante pour 1!avenir
Utile pour réduire les peines
Autre chose
Sans réponse
Total
Educateurs
1
1
21
4
2
29
Pourcentage
3,4
3,4
72,4
13,8
6,9
100,0
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses à la question 3 du questionnaire 2.
Ce tableau nous révèle ce que pensent les éducateurs
sur la façon dont leur action est ressentie par le jeune. La
grande majorité a répondu que cette action est vécue comme
utile pour le jeune. Ceux qui ont donné comme réponse "autre
chose" pensent que(le jeune la considère comme agréable et
utile en même temps ou encore contraignante au départ, utile
ensuite et peut être éventuellement agréable dans un troisième
temps.
D'autres s'interrogent sur l'utilité de cette action.
La quasi totalité des réponses concerne la mention "utile pour
réduire les peines".
- 253 -
TABLEAU_11 : Répartition des éducateurs selon leur capacité
de compréhension des problèmes d'un .jeune
Compréhension des
problèmes
Très facilement
Facilement
Difficilement
Très difficilement
Sans réponse
Total
Educateurs
5
22
2
29
Pourcentage
17,2
75,9
6,9
100,0
Cette répartition a été élaborée à partir des
réponses à la question 4 du questionnaire 2.
Dans ce tableau, il est significatif que la plupart
des éducateurs considèrent qu'il est très difficile de cerner
les problèmes d'un jeune dans leur ensemble et leur complexité.
Cependant 5 éducateurs ont répondu à cette question "facile
ment" . Ils justifient leur réponse en disant qu'ils sont ca
pables de comprendre le problème à plus ou moins long terme
grâce à l'aide de l'équipe pluri-disciplinaire qui connaît
le cas.
De même, ceux qui ont répondu qu'ils comprenaient
"difficilement", trouvent les problèmes trop complexes car
l'éducateur n'est jamais très sûr de son analyse.
Selon les réponses, les difficultés de compréhension
des cas proviennent de la différence des ethnies et des cul
tures des jeunes, difficultés auxquelles s'ajoutent les pro
blèmes liés autant à leur histoire personnelle qu'au contexte
socio-économique.
- 2 54 -
TABLEAU_12 : Répartition des éducateurs selon la fréquence
des rapports avec les .jeunes à propos de leurs
délits
Fréquence
Très souvent
Souvent
De temps en temps
Rarement
Jamais
Total
Educateurs
1
1
15
8
1
29
Pourcentage
3,4
13,8
51,7
27,6
3,4
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 5 du questionnaire 2.
La plus grande partie des réponses concerne la
tranche "de temps en temps". Cependant, 27,6 % ont répondu
que rarement les jeunes leur parlent de leurs délits ac
complis depuis la prise en charge et 13,8 fo ont répondu
"souvent" et "très souvent" à cette question. Ces derniers
affirment que.dès qu'une relation de confiance est établie,
une progression est possible.
Ils trouvent aussi que cette confidence est pour
le jeune un moyen de se déculpabiliser, autrement dit ceux-ci
savent que l'attitude des éducateurs en général tend à dédra
matiser le délit. En plus, les jeunes ont besoin de compré
hension.
Les éducateurs qui ont répondu que les jeunes parlent
"rarement" de leurs délits, précisent leur point de vue en
expliquant que le jeune considère les éducateurs comme appar
tenant à un système répressif.
- 255 -
Dans les notes explicatives à cette même question,
nous constatons que le fait que les jeunes se confient peut
être un signe de confiance ou de provocation. Il est ainsi
affirmé que chaque délit accompli après la prise en charge,
doit être interprété par l'éducateur comme un symptôme d'une
plus grande difficulté du jeune.
\
- 256 -
TABLEAU_13 : Ré-partition selon la substitution de l'influence
des éducateurs à celle de la famille
Substitution de
l'influence familiale
Très souvent
Souvent
De temps en temps
Rarement
Jamais
Sans réponse
Total
Educateurs
0
9
17
2
0
1
29
Pourcentage
0
31,0
60,7
6,9
0
3,4
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 6 du questionnaire 2.
Le tableau n° 13 révèle que 9 éducateurs (31 f°)
pensent que les jeunes ont souvent tendance à substituer
l'influence de l'éducateur à celle de la famille.
La plupart (60,7 %) trouvent que cette substitution
n'apparaît que de temps en temps et 2 pensent que cela n'ar
rive que rarement.
Ceux qui ont répondu "souvent" à cette question,
essaient d'expliquer le phénomène en disant que, souvent au
début, le jeune semble avoir une mauvaise image des parents
et une bonne image de l'éducateur, plus cohérente et plus
séduisante que celle de la famille précisent certains.
- 257 -
Ceux-ci pensent donc qu'il faut rétablir dans
l'esprit du jeune une autre façon de voir ses parents.
TJn éducateur spécialisé qui travaille auprès des
adolescents ajoute que cette influence est aussi due au fait
que les éducateurs sont plus tolérants et plus enclins à les
écouter que leur propre famille.
Une autre raison de cette plus grande compréhension
de la part des éducateurs est qu'ils sont en dehors du conflit
que ressentent les jeunes.
Cette même idée de la capacité de l'éducateur à
mieux écouter et comprendre le jeune a été exprimée plusieurs
fois sous différentes formes. C'est pourquoi les éducateurs
pourraient servir de lien entre les jeunes, leur famille et
leur milieu.
Un éducateur ajoute que cette substitution arrive
souvent parce que le jeune "cherche en nous un allié contre
la famille'' .
Certains éducateurs ont aussi considéré la question
du point de vue de la famille ; pour les parents, en effet,
l'éducateur passe pour celui qui donne raison au jeune alors
que, selon eux, il aurait dû les soutenir.
Cette substitution n'apparaît que rarement, selon
certains éducateurs, lorsque la famille est inexistante ou
quand l'éducateur représente une autorité bienveillante pour
le jeune, ou encore qu'il donne une image de l'adulte que le
jeune attendait.
- 258 -
TABLEÂU_14 î Répartition des éducateurs selon leur capacité
à se faire écouter des .jeunes
Fréquence de l'écoute
des jeunes
Toujours
Souvent
De temps en temps
Rarement
Jamai s
Sans réponse
Total
Educateurs
0
14
11
1
3
29
Pourcentage
0
48,3
37,9
3,4
10,3
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 7 du questionnaire 2.
Selon le tableau n° 14, aucun éducateur n'est sûr
de se faire toujours écouter des jeunes, cependant 14 (48,3 f°)
affirment que cela arrive souvent.
Une grande partie des éducateurs ont répondu à ces
questions en disant uniquement "de temps en temps" ou même
"rarement".
La justification la plus souvent donnée est qu'une
relation de confiance doit être développée dès le début, par
exemple cette réponse d'un éducateur en milieu ouvert appar
tenant au secteur public : "Si la relation est bonne, on
peut entreprendre quelque chose ensemble".
- 259 -
Presque toutes les explications font apparaître
l'idée d'une bonne relation comme condition indispensable
pour se faire écouter des jeunes. Certains ont répondu que
l'opposition des jeunes est rarement totale et constante.
Aucun n'a répondu "jamais" et un seul "rarement".
D'après, d'autres, il est plus facile d'avoir de
bons rapports lorsque le jeune est conscient de l'effica
cité de l'aide apportée. Un travailleur de l'éducation sur
veillée a répondu qu'il se fait souvent écouter parce qu'il
argumente avec sincérité et parce qu'il y a toujours, chez
la plupart des jeunes, un désir de changer quelque chose
dans leur propre vie.
Un autre éducateur, qui estime se faire écouter
de temps en temps, explique que l'écoute du jeune n'est pas
immédiate mais que l'avis de l'éducateur "fait son chemin".
Par ailleurs, quelques réponses permettent de voir
que cette question n'a pas été suffisamment bien posée.
Cependant, s'adressant à des éducateurs d'expérience, elle
a été souvent bien comprise malgré un défaut de formulation,
et cela révèle peut-être tout simplement l'embarras devant
une question qui pose un problème.
Autrement dit, l'expression "se faire écouter"
n'a pas plu à certains éducateurs. L'un d'eux a même écrit :
"Que veut dire se faire écouter d'un jeune ?", et d'autres
réponses comme : "Je n'ai pas à me faire écouter des jeunes,
je dois les écouter", ou "c'est moi qui les écoute".
TABLEAU_15 : Répartition des éducateurs selon leur opinion
sur le .jeune délinquant
-"' —
Opinion
Un dévoyé à redresser
Un marginal.à réinsérer
socialement
Quelqu'un qui présente des
troubles de comportement
et de personnalité
Un marginal à réinsérer
socialement et qui présente
des troubles de comportement
et de personnalité
Autre chose
Total
Educateurs
0
2
14
6
8
29
Pourcentage
0
3,4
48,4
20,6
27,6
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 8 du questionnaire 2.
Les opinions que les éducateurs ont sur le jeune
délinquant sont réunies dans le tableau 15. Aucun ne voit
le jeune comme "un dévoyé à redresser". Uniquement 2 per
sonnes le voient comme "un marginal à réinsérer socialement"
Ils complètent leurs opinions en déclarant que les troubles
de comportement et les actes anti-sociaux sont les signes
d'une déviation marginale.
Près de la moitié (48,4 %) estiment que le jeune
- 261 -
délinquant est "quelqu'un qui présente des troubles de com
portement et de personnalité" tandis que 20,6 fo pensent
qu'il est plutôt "un marginal à réinsérer socialement" mais
aussi quelqu'un qui présente des troubles du comportement
et de la personnalité.
Huit éducateurs ont préféré donner leur propre
définition, telle que : "un mal aimé", "un jeune qui a des
difficultés personnelles liées à son éducation et son milieu
familial", "quelqu'un qui ne correspond pas aux normes habi
tuelles reconnues" ou finalement "quelqu'un semblable à nous
mais moins privilégié".
D'autres éducateurs ont préféré définir les délin
quants comme des victimes d'une rupture de l'équilibre entre
les différents facteurs de la vie. Un éducateur juge que le
délit en lui-mê*me est un symptôme d'un appel à la société
dans laquelle le jeune n'est pas à l'aise.
Toujours en considérant le délit comme conséquence
sociale, nous avons eu comme réponse, le délinquant est "le
cri de toute la population qui est exploitée".
Cette dernière opinion nous rappelle celle de
l'équipe privée qui n'a pas voulu répondre au questionnaire
par écrit, car "tous les problèmes de rééducation sont causés
par les conditions sociales, économiques et politiques dé
fectueuses qui ne favorisent pas l'éducation".
- 262 -
TABLEAU_l6 : Répartition des éducateurs suivant leur avis
sur la délinquance comme l'expression d'un
blocage familial.
Opinion
Très souvent
Souvent
De temps en temps
Rarement
Jamais
Total
Educateurs
9
9
9
2
0
29
Pourcentage
31,0
31,0
31,0
6,9 ~ %
0
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 9 du questionnaire 2.
Les opinions des éducateurs sur la relation entre
délinquance et blocage familial sont bien partagées entre
les tranches "très souvent", "souvent" et "de temps en temps"
représentant chacune 31 % du total.
Seuls deux éducateurs pensent que "rarement" la
délinquance des jeunes est l'expression d'un blocage fami
lial. Une éducatrice d'un secteur privé sectorisé, assistante
sociale de formation a répondu que la délinquance des jeunes
est plutôt un déblocage socio-politico-économique personnalisé.
- 263 -
TABLEAU 17 J Répartition des éducateurs selon leurs opinions
sur la rééducation
Opinion
Une action corrective
appropriée
Une action de re-sociali-
sation
Une action qui porte sur
la personnalité du jeune
Autre chose
Total
Educateurs
0
6
16
7
•29
Pourcentage
0
20,7
55,2
24,1
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 10 du questionnaire 2.
le tableau n° 17 montre que la moitié des éduca
teurs sont d'avis que la rééducation est plutôt "une action
qui porte sur la personnalité du jeune".
Ces réponses sont bien cohérentes si l'on se reporte
au tableau 15 où la plupart des éducateurs ont répondu que
"le jeune délinquant présente des troubles du comportement et
de la personnalité". Plusieurs d'entre eux ont ajouté que
l'action éducative porte sur la personnalité du jeune et sur
son milieu, ou bien qu'elle est un moyen pour faire acquérir
au jeune son autonomie et pour lui faire choisir son mode de
vie .
Un travailleur de l'éducation surveillée, apparte
nant au secteur public, pense que l'action éducative se situe
entre le psychique et le social et que cette action est très
dépendante de l'individu ainsi que du groupe social.
- 2
TABLEAU_18 : Répartition des éducateurs selon leur démarche
habituelle après un incident grave
Démarche habituelle
Dialogue
Remo nt r anc e
Menace de placement
Dialogue et remon
trance
Autre chose
Total
Educateurs
21
2
0
5
1
29
Pourcentage
72,4
6,9
0
17,2
3,4
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 11 du questionnaire 2.
Il s'agit de la répartition des éducateurs selon
leur démarche habituelle après un incident grave.
La majorité (72,4 f°) préfère le dialogue. D'autres
(7,2 fo) discutent aussi, mais avec des remontrances. Ainsi
presque tous les éducateurs (89,6 fo) utilisent le dialogue
après un incident grave.
La menace de placement n'est pas employée par les
éducateurs qui hésitent aussi à faire des remontrances.
Un des éducateurs qui emploie la remontrance assure
que le dialogue doit succéder à celle-ci ou à la menace de
placement. Plusieurs ont déclaré que dialogues et sanctions
- 265 -
ne sont pas incompatibles et même que le dialogue peut être
accompagné d'une solution de placement.
Certains jugent que la sentence appartient à
d'autres instances tandis que le dialogue est du ressort de
l'éducateur, pour amener le jeune à une prise de conscience.
Plusieurs ont justifié et précisé l'emploi du
dialogue : "essayer de comprendre et amener le jeune à
s'exprimer et s'analyser lui-même", dialogue visant à faire
prendre conscience de son acte au jeune pour qu'il puisse
réfléchir sur celui-ci et sur la solution à apporter.
Trois éducateurs, dont deux du secteur privé et
un du secteur public, ont remarqué la nécessité de savoir
comment le jeune ressent ce qui s'est passé avant de prendre
une sanction.
Un autre révèle la nécessité de montrer aux jeunes
que l'on sait ce qui est arrivé, et de leur donner l'occasion
de s'en entretenir.
Enfin, un éducateur a répondu simplement : "je fais
les gros yeux" en parlant de sa réaction après un incident
grave.
- 266 -
TABLEAU_19 : Répartition des éducateurs selon leur opinion
sur la nécessité de la réconciliation du .jeune
avec sa famille
O p i n i o n
Oui
Non
Pas t o u j o u r s
Sans, r é p o n s e
T o t a l
E d u c a t e u r s
19
2
7
1
2 9
P o u r c e n t a g e
6 3 , 5
6 , 9
2 4 , 1
3 , 4
1 0 0 , 0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 12 du questionnaire 2.
le tableau révèle que la plupart des éducateurs
(63,5 f°) sont favorables à la réconciliation du jeune avec
sa famille.
Parmi les arguments qu'ils présentent, il faut
noter la sauvegarde des liens affectifs entre le jeune et
"ses racines". Ainsi cette remarque d'un éducateur de
l'A.E.M.O. de 30 ans : "Un père et une mère, ça se trimbale
toute sa vie !" est significative.
D'autre part, les relations avec la famille ap
paraissant comme le point de départ de toutes les relations
sociales, il est nécessaire de les protéger pour parvenir à
l'équilibre affectif du délinquant.
Cela amène l'éducateur non pas à se substituer à
- 267 -
la famille, comme le fait remarquer un autre, mais à l'épauler
et le guider dans le maintien de ses relations.
Pour un autre éducateur, la réconciliation n'est
pas toujours nécessaire. Cela dépend du cas, notamment du
degré d'autonomie du jeune (âge). Il est en effet nécessaire
de savoir si le jeune pourra se passer de cette réconci
liation. Pour certains, au contraire, il pourra être sou
haitable de prendre un peu d'indépendance.
- 268 -
TABEEAU_20 : Répartition des éducateurs selon leur réussite
dans la réconciliation du .jeune avec son milieu
familial
Réussite dans la réconciliation
du jeune avec son milieu familial
Très facilement
Facilement
Difficilement
Très difficilement
Sans réponse
Total
Educateurs
6
2
15
6
29
Pourcentage
20,7
6,9
51,7
20,7
100,0
Répartition élaborée à partir des réponses à la
question 13 du questionnaire 2.
Ce dernier tableau indique les résultats du tra
vail de l'éducateur quant à la réconciliation du jeune avec
son milieu familial.
la plupart estime que cet idéal est très difficile
à atteindre (51,7 f°) .
Cependant, 6 expliquent que cette rupture est sou
vent due à une absence de dialogue entre le jeune et sa fa
mille ou à une méconnaissance réciproque.
La présence de l'éducateur favorise donc parfois
cette découverte de l'autre (enfant ou parent).
Un autre ajoute que bien souvent, il s'agit d'un
- 269 -
problème normal de l'adolescence, mal vécue par les adultes
et que pourtant, dans la plupart des cas, il est possible
de faciliter les déblocages.
Un autre éducateur, moins optimiste, a répondu
simplement à propos de cette réconciliation possible, "on
pourrait dire qu'on réussit souvent, mais c'est un travail
de plusieurs années".
Ceux qui trouvent que la réussite de cette récon
ciliation avec le milieu familial est obtenue très diffici
lement, avancent les arguments suivants : le climat fami
lial pose toujours un problème à l'éducateur, ou l'amour-
propre gêne les rapprochements, ou encore l'action éducative
intervient souvent trop tard.
Uii éducateur explique que la plupart du temps,
il s'agit d'un conflit circonstanciel, souvent résolu,
malgré une mésentente profonde, toujours vécue par le jeune
comme un "abandon agressif" et qui peut être à l'origine de
troubles pathologiques.
Un éducateur a ajouté que le problème était sou
vent tellement profond qu'on ne peut que donner "des points
de repère" aux jeunes pour mieux vivre. On rencontre également
plusieurs réponses semblables sur l'idée que l'éducateur ne
peut ou ne doit rien faire pour réconcilier le jeune avec son
milieu familial.
"La réconciliation n'est pas un de mes objectifs
mais quelquefois elle arrive à la suite de l'A.E.M.O.". Ou
encore, "ce n'est pas ma réussite ni mon affaire, cela arrive
mais à quoi est-ce dû ?".
Un éducateur va même plus loin en révélant ses dif
ficultés : "J'ai affaire à beaucoup d'étrangers (maghrébins)
et mes normes et mes façons de voir ne correspondent pas
toujours avec les leurs".
- 2
QUESTI0N=14
Cette question, la dernière du questionnaire 2,
ne comporte pas de tableau parce qu'elle devait nous ap
porter des données qualitatives, pour compléter les rensei
gnements fournis par les éducateurs. Les réponses ont d'ail
leurs été très intéressantes et enrichissantes.
Tous ceux qui ont répondu au questionnaire s'ac
cordent sur le fait que l'éducateur doit, dans son travail,
être concerné par l'environnement social du jeune. Une ré
ponse met l'accent sur ce point important : "si on n'a pas
conscience de l'environnement, on ne peut pas prendre en
compte le problème des adolescents". La même idée a été
abordée d'une autre manière : "connaître l'environnement
du mineur est important pour le connaître lui-même, et avoir
une action efficace".
Les mêmes idées se retrouvent, d'une part l'envi
ronnement conditionnant en partie le jeune, d'autre part les
moyens de se socialiser et de s'épanouir qu'il devrait y
trouver, ce qui est le plus important.
Il est bien clair que, pour les éducateurs, la
délinquance des jeunes est toujours liée au milieu ambiant,
qui est parfois même plus déterminant pour sa personnalité
que le noyau familial, lequel se désagrège de plus en plus
dans certains cas.
Quelques-uns se sont montrés également plus atten
tifs aux conséquences de l'environnement sur le jeune. Ainsi
les troubles des jeunes seraient l'expression des carences
d'une société - ou que l'environnement serait toujours porteur
d'idéologies ou de significations qui peuvent, soit favoriser
l'autonomie du jeune, soit le contraindre, d'où l'utilité de
le connaître.
- 271 -
Le problème de l'environnement du jeune est encore
aggravé par une forte concentration d'immigrants dans les
quartiers.
D'autres ont porté plus d'attention sur la façon
d'agir en fonction de cette réalité de fait concernant
l'environnement : en cas de réinsertion, c'est le milieu
qui doit offrir une aide. C'est pourquoi, agir sur l'envi
ronnement peut être une forme de réponse aux problèmes des
jeunes. En effet, influencer un individu sans tenir compte
de son contexte, c'est travailler dans l'abstrait.
En dernier liau, une autre idée a été ajoutée,
c'est celle de l'acceptation des organisations : "connaître
les quartiers pour mieux accepter et dialoguer avec les;
organisations diverses".
- 272 -
2 - TRAITEMENT ET STATISTIQUES
Pour la vérification des hypothèses, nous avons
employé le test de corrélation de PEARSON, afin de vérifier
la corrélation entre les variables. Plus précisément, le
test porte sur la troisième hypothèse qui se rapporte à une
corrélation entre l'expérience de l'éducateur et son atti
tude vis à vis des délinquants. Pour les autres hypothèses,
nous avons eu recours à une analyse de variances.
Dans l'analyse des tableaux suivants, une impor
tante constatation s'impose : il n'est pas question d'avoir
aucune liaison de "cause" à "effet". Nous ne parlons que de
facteurs d'intervention, autrement dit de plusieurs éléments
diversifiés sans dépendance rigoureuse entre eux.
Tableau 21
Corrélation entre l'expérience de l'éducateur et son attitude
vis à vis des délinquants
Expérience
- Age
- Ancienneté dans l'équipe
- Ancienneté comme éducateur
Attitude
Affectueuse
0,02
0,01
0,01
_—____________
Permissive
0,24
0,07
0,02
non significatif
- 273 -
Le tableau ci-contre nous indique que les atti
tudes des éducateurs ne sont pas liées à leur expérience.
Cela veut dire que l'âge, l'ancienneté dans l'équipe et
l'ancienneté comme éducateur ne sont pas en corrélation
avec leurs attitudes affectueuses, ni avec une attitude
permissive.
Nous sommes donc en présence d'une hypothèse
(la troisième de notre recherche) non confirmée statisti
quement .
Cette constatation nous amène à nous demander si
les attitudes ne sont pas plutôt liées aux traits de carac
tère personnels ou si elles dépendent d'autres types
d'expérience extra-professionnels.
- 2 7 4 -
TABLEAU 22 s = = = = = = =:= =
Attitude des éducateurs des trois équipes vis à vis des
délinquants au cours de la rééducation
Attitude affectueuse
N
5c
Os
Equipe A.E.M.O.
Secteur privé
10
55,689
7,151
Equipe A.E.M.O.
secteur public
11
56,364
5,464
Equipe D.P.I^S.
Secteur public
8
53,250
5,523
P = 0,70 NQn significatif
Attitude permissive
N
5c.
Os
Equipe A.E.M.O.
Secteur privé
10
78,517
5,322
Equipe A.E.M.O.
Secteur public
11
77,636
7,474
Equipe D.P.L.S.
Secteur public
8
80,375
6,435
F s 0,44 Non significatif
- 275 -
Ce tableau montre que l'attitude affectueuse des
éducateurs des trois équipes, l'une du secteur privé et les
deux autres du secteur public, ne présente aucune différence
significative.
Quant à l'attitude permissive, la situation est
identique pour les "trois équipes. En se rapportant donc à
notre première hypothèse, nous pouvons dire que l'attitude
des éducateurs vis à vis des délinquants, au cours de la
rééducation, ne présente aucune différence statistiquement
prouvé e.
Evidemment les éléments qui nous sont parvenus
ne nous permettent pas en eux-mêmes d'avoir une idée plus
approfondie de la question. En effet, les effectifs n'étaient
pas assez nombreux et ils présentaient une diversité trop
grande. Il faudrait donc pousser plus loin la recherche
pour mieux évaluer ces hypothèses.
En examinant les caractéristiques des relations
éducatives des éducateurs vis à vis des délinquants (ce qui
répond à notre deuxième hypothèse), les résultats statis
tiques ci-après nous amènent à dire qu'il n'existe aucune
différence significative entre les trois équipes.
Voyons d'abord la variable : "qualité des rela
tions" représentée par la question sur les relations avec le
jeune et la capacité de comprendre les problèmes d'un jeune
(questions 1 et 4 du questionnaire 2 ) .
- 276 -
TABLEAU=2|
Qualité des relations éducatives des éducateurs
des trois équipes
Comment se passent
Equipe A.E.M.O.
Secteur privé
N = 10
5c. = 2,4
<x = 0,50
les relations éducatives avec
Equipe A.E.M.O.
Secteur public
N = 11
5E. = 2,4
O* = 0,75
Equipe
les jeunes
D.P.L.S.
Secteur public
N m
"X. =
O N =
8
2,75
0,58
non significatif
Equipe
Compréhension des problème
d'un jeune
A.E.M.O.
Secteur privé
N =
5c =
cx=
10
2,1
0,22
Equipe A.E.M.O.
Secteur public
N = 9
5.= 2,2
CV= 0,18
s
Equipe D.P.L.S.
Secteur public
N =
55.=
C\=
8
2,25
0,18
non significatif
Ici aucune différence statistique ne peut être retenue entre
les trois équipes.
- 277 -
En deuxième lieu, voyons la variable : "fréquence
des relations" représentée par les questions sur la fré
quence des rencontres entre les éducateurs et les jeunes,
et par la question concernant la fréquence des explications
sur les délits accomplis depuis la prise en charge (questions
2 et 5 du questionnaire 2 ) ,
TABLEAU=24
Fréquence des relations éducatives des éducateurs des trois équipes
Fréquence di
Equipe A.E.M.O.
Secteur privé
N = 10
ÔC= 3
CX= 0,471
as rencontres spontanées avec
Equipe A.E.M.O.
Secteur public
N a 10
6c-= 3
O» = 0,471
* Equipe
les jeunes
D.P.L.S.
Secteur public
N =
-5c. =
c^ =
8
3
0,494
Fréquence des rapports faits
Equipe A.E.M.O.
Secteur privé
N = 10
^-= 2,7
CX= 0,823
par le s
Equipe A.E.M.O.
Secteur
N =
-5c.»
Os. S
public
11
2,9
1,045
jeunes à propos de leurs délits
Equipe D.F.E.S.
Secteur public
N = 8
OC= 3
<X= 0,494
F = 0,25 F = 0,31 Non significatif
Nous avons obtenu F = 0,25 et F = 0,31, ce qui si
gnifie que la fréquence des relations ne présente aucune dif
férence statistique entre les trois équipes.
- 278 -
Finalement, prenons la variable : "influence des
éducateurs sur le jeune", dernier traitement statistique de
notre deuxième hypothèse ; elle concerne la question sur la
capacité de se faire écouter du jeune ainsi que celle sur
la réussite des éducateurs dans la réconciliation du jeune
avec son milieu familial (questions 7 et 13 du questionnaire 2 ) .
TABLBAU-25
Influence des éducateurs des trois équipes sur les .jeunes
Capaci
Equipe A.E.M.O.
Secteur privé
N = 10
55- = 2,7
0.= 0,823
té de se faire écouter
Equipe A.E.M.O.
Secteur public
N = 11
^-= 2,9
CX = 1,045
des jeunes
Equipe D.P.L.S.
Secteur public
N = 8
5î= 3
(7s= 0,494
Réussite dans la réconciliation
N = 9
5c. = 3,2
CX = 0,919
N =
5c =
cx =
du jeune avec son milieu familial
9
5,5
6,773
N = 8
5c= 3,62
cx.= 0,736
F = 0,49 F = 0,61 Non significatif
Notons qu'aucune différence significative au niveau
statistique n'est vérifiée entre les trois équipes concernant
cette dernière variable.
Cependant, il nous faut reconnaître l'insuffisance
- 279 -
de données permettant d'aboutir à une conclusion sur les
relations éducatives des éducateurs des trois équipes -vis
à vis des délinquants. Il nous paraît donc nécessaire
d'entreprendre de nombreuses recherches et observations
pour discuter avec plus de sûreté, point par point, des
éléments obtenus.
En nous rapportant à notre quatrième hypothèse,
considérons ensuite la corrélation entre l'expérience de
l'éducateur et ses relations éducatives vis à vis des dé
linquants .
Notre étude sur l'expérience de l'éducateur s'est
portée d'abord sur l'âge, puis sur l'ancienneté dans l'équipe
et finalement sur l'ancienneté comme éducateur.
Par rapport à la relation éducative, nous avons
considéré successivement la qualité, la fréquence et l'in
fluence .
TABLEAU 26
Corrélations entre l'âge de l'éducateur et la qualité de sa
relation éducative
Questions
Comment se passent les relations éducatives avec les jeunes
Compréhension des problèmes d'un jeune
Vécu du jeune par rapport à l'action de l'éducateur
P
0,26
0,15
0,08
N.S.
N.S.
N.S.
Ici aucune relation ne peut être retenue entre l'âge
et la qualité de relation des éducateurs. Ce résultat peut-il
appuyer la thèse de ceux qui affirment, que seuls de jeunes
éducateurs peuvent mieux comprendre les jeunes ?
- 280 -
TABLEAU 27
Corrélation entre l'âge de l'éducateur et la fréquence des
relations éducatives
Questions
Fréquence de rencontres avec les jeunes
Fréquence des rapports faits par les
jeunes à propos de leurs délits
F
27,68
0,86
Significatif
N.S.
La corrélation positive entre les deux variables
ne concerne que la fréquence des relations avec les jeunes,
qui est donc associée à l'âge de l'éducateur. Par contre,
l'âge n'intervient pas à propos des explications données
par les jeunes.
TABLEAU_28
Corrélation entre l'âge de l'éducateur et son influence sur les
jeunes
Questions
Capacité de se faire écouter des
jeunes
Réussite dans la réconciliation avec
le milieu familial
F
0,21
0,003
N.S.
N.S.
Ce tableau ne nous donne aucun indice sur l'asso
ciation, positive ou négative, de l'âge de l'éducateur et
l'influence qu'il pourra exercer sur le jeune.
- 281 -
TABLEAU 2 9
Corrélation entre l'ancienneté de l'éducateur dans l'équipe
et la qualité de sa relation éducative
Questions
Comment se passent les relations
éducatives avec les jeunes
Compréhension des problèmes d'un
j eune
Vécu du jeune par rapport à l'action
de l'éducateur
F
0,58
3,98*
0,04
N.S.
S.
N.S.
* T = 1,99 P = 0,06
Nous ne trouvons pas de corrélation entre l'an
cienneté dans l'équipe et le vécu du jeune par rapport à
l'action de l'éducateur, ni par rapport à la façon dont
se passent les relations éducatives.
Par contre, nous trouvons une corrélation posi
tive entre l'ancienneté dans l'équipe et la compréhension
des problèmes d'un jeune. Cela signifie que plus l'éducateur
reste présent dans l'équipe, plus il arrive à cerner les
problèmes d'un jeune dans leur ensemble et leur complexité.
- 282 -
TABLEAU=30
Corrélation entre l'ancienneté de l'éducateur dans l'équipe
et la fréquence de relations éducatives
•
Questions
Fréquence de rencontres avec les jeunes
Fréquence des rapports faits par les
jeunes à propos de leurs délits
F
9,211*
0,921
S.
N.S.
* P = 0,001 significatif
De ce tableau, il ressort que la fréquence des
rencontres avec les jeunes est plus importante chez les
éducateurs les plus anciens de l'équipe.
TABLEAU 31
Corrélation entre l'ancienneté de l'éducateur dans l'équipe
et leur influence sur les jeunes
Questions
Capacité de se faire écouter des jeunes
Réussite dans la réconciliation avec
le milieu familial
F
2,086*
0,192
N.S.
N.S.
* P «s 0,16 pas significatif
De ce tableau, il ressort qu'aucune corrélation
ne se manifeste entre l'ancienneté de l'éducateur dans l'équipe
et l'influence qu'il peut exercer sur le jeune.
- 283 -
TABLEAU 32
Corrélation entre l'ancienneté comme éducateur et la
qualité éducative
Questions
Comment se passent les relations
éducatives avec les jeunes
Compréhension des problèmes d'un
jeune
Vécu du jeune par rapport à l'action
de l'éducateur
P
1,769
0,638
0,921
N.S.
N.S.
N.S.
Il est significatif ici que l'ancienneté de
l'éducateur n'est pas associée à la qualité des relations.
TABLEAU 33
Corrélation entre l'ancienneté comme éducateur et la fréquence
de relations avec les jeunes
Questions
Préquence des rencontres avec les
j eune s
Préquence des rapports faits par les
jeunes à propos de leurs délits
P
1,76
0,87
N.S.
N.S.
Ce tableau ne fait apparaître aucun lien entre le
temps de travail en qualité d'éducateur et la fréquence des
relations de celui-ci avec les jeunes.
ÏABEEAU 34
Corrélation entre l'ancienneté en qualité d'éducateur et
l'influence sur les .jeunes
Questions
Capacité de se faire écouter
des jeunes
Réussite dans la réconciliation
avec le milieu familial
F
1,97
0., 097
N.S.
N.S.
lie dernier tableau se rapportant à notre quatrième
hypothèse, nous amène à déclarer qu'aucune relation n'existe
entre l'ancienneté en qualité d'éducateur et son influence
sur le jeune, ni avec la capacité de se faire écouter, ni
même avec la réussite dans la réconciliation avec le milieu
familial.
Ainsi, les données obtenues par notre recherche
nous permettent d'affirmer que la relation éducative de
l'éducateur n'est pas en corrélation avec son expérience.
Nous pouvons alors nous demander si des recherches
futures auprès d'autres équipes donneraient des réponses
identiques.
Notre hypothèse concernant l'influence de l'édu
cateur sur les délinquants et ses relations avec eux, est
représentée par le tableau suivant.
- 285 -
|ABEEAU=35>
Corrélation entre l'attitude permissive de l'éducateur et
la qualité de sa relation éducative
Questions
Comment se passent les relations
éducatives avec les jeunes
Compréhension des problèmes
d'un j eune
Vécu du jeune par rapport à
l'action de l'éducateur
F
0,78
X *
0,15
N.S.
N.S.
N.S.
as x L'analyse de variances n'a pas été faite car la moyenne
des options était 77,63 et 78,6.
De l'analyse de ces données, il ressort qu'aucune
corrélation n'existe entre les trois questions sur la qua
lité des relations et l'attitude permissive de l'éducateur.
Quant à la question sur la compréhension des problèmes d'un
jeune, les moyennes semblables des réponses obtenues nous
dispensent d'en faire l'analyse des variances.
- 2
TABLEAU 36
Corrélation entre l'attitude permissive de l'éducateur et
la fréquence de relations éducatives
Questions
Fréquence de rencontres avec les
jeunes
Fréquence des rapports faits par
les jeunes à propos de leurs délits
F
0,38
X *
N.S.
H.S.
Ce tableau est également significatif de l'absence
de corrélation entre la fréquence des relations éducatives
et l'attitude permissive de l'éducateur.
- 287 -
TABLEAU 37
Corrélation entre l'attitude permissive de 1*éducateur et
son influence sur les .jeunes
Questions
Capacité de se faire écouter des
jeunes
Réussite dans la réconciliation
avec le milieu familial
Substitution de l'influence des 3ï
éducateurs à celle de la famille
F
0,10
1,76
6,26
/
N.S.
ff.S.
Significatif
_ _ _ _ _ _ _
* F = 6,2 6 P = 0 , 0 2 - permissif = souvent
Quant à la relation entre l'influence sur le jeune
et l'attitude permissive de l'éducateur, une corrélation
s'observe seulement lors de la troisième question qui con
cerne la substitution de l'influence des éducateurs à celle
de la famille. (L'attitude moins permissive entraîne le plus
fréquemment une forte influence de l'éducateur qui se subs
titue à celle de la famille).
Aucune corrélation n'est manifeste entre les deux
autres questions du tableau 37.
- 288 -
TABLEAU 3&
Corrélation entre l'attitude affectueuse de l'éducateur et
la qualité de sa relation éducative
Questions
Comment se passent les relations
éducatives avec les jeunes
Compréhension des problèmes d'un
jeune
Vécu dû jeune par rapport à
l'action de l'éducateur
P
1,66
2,53*
1,51
N.S.
Significatif
N.S.
* P = 2,53 P = 0,12
L'attitude affectueuse de l'éducateur est liée,
au niveau statistique, à la compréhension des problèmes
d'un jeune. Plus précisément, les éducateurs dont l'attitude
est plus affectueuse semblent avoir moins de difficultés
à cerner les problèmes d'un jeune. Cependant il n'y a pas
d'indice de corrélation entre l'attitude affectueuse et
les deux autres questions.
- 289 -
TABIEAU_39
Corrélation entre l'attitude affectueuse de l'éducateur et
la fréquence de relations éducatives
Questions
Fréquence de rencontres avec les
j eune s
Fréquence de rapports faits par
les jeunes à propos de leurs délits
F
X *
X *
N.S.
H.S.
Ce tableau ne permet d'envisager aucune corrélation,
ni quant à la fréquence des rencontres avec les jeunes, ni
quant à la fréquence des justifications données par les jeunes
à propos de leurs délits, par rapport à l'attitude affec
tueuse de l'éducateur.
TABLEAU 40
Corrélation entre l'attitude affectueuse de l'éducateur et
son influence sur les .jeunes
I
Questions
Capacité de se faire écouter des
jeunes
Substitution de l'influence des
éducateurs à celle de la famille
Réussite dans la réconciliation
avec le milieu familial
F
* *
* *
* *
N.S.
N.S.
N.S.
Le dernier tableau se rapportant à notre 7e hypo
thèse nous révèle l'absence de corrélation entre l'attitude
affectueuse de l'éducateur et son influence sur le jeune.
Notre 6e hypothèse prévoit que la conception de
l'éducateur sur la rééducation contribue à modifier ses
attitudes vis à vis des délinquants. Cette affirmation peut
être niée compte tenu de l'analyse des variances dont les
résultats sont enregistrés aux tableaux 41, 42, 43 et 44
et dont les explications suivent ci-après.
- 291 -
TABLEAU 41
Corrélation entre l'attitude permissive de l'éducateur et
son opinion sur la rééducation
Questions
Opinion sur la rééducation
Démarche habituelle après un inci
dent grave au cours de la réédu
cation
Opinion sur la nécessité de la
réconciliation du jeune avec sa
famille
F
1,66
1,95
* *
N.S.
H.S.
N.S.
Aucune corrélation ne se manifeste entre l'atti
tude permissive de l'éducateur et son opinion sur la réédu
cation.
TABLEAU 42
Corrélation entre l'attitude permissive de l'éducateur et
son opinion sur les délinquants
Questions
Opinion sur le jeune délinquant
Opinion sur la délinquance comme
l'expression d'un blocage familial
F
0,64
0,73
N.S.
N.S.
L'attitude permissive de l'éducateur n'est pas
liée à son opinion sur le délinquant.
- 292 -
TABIEAU 43
Corrélation entre l'attitude affectueuse de l'éducateur et
son opinion sur la rééducation
Questions
Opinion sur la rééducation
Démarche habituelle après un inci
dent grave au cours de la réédu
cation
Opinion sur la nécessité de la
réconciliation du jeune avec sa
famille
F
2,04
* *
* *
N.S.
N.S.
N.S.
Selon les statistiques, les réponses obtenues aux
trois questions de ce tableau nous révèlent que la concep
tion de l'éducateur sur la rééducation n'a aucun rapport
avec l'attitude affectueuse qu'il adopte.
TABLEAU 44
Corrélation entre l'attitude affectueuse de l'éducateur et
son opinion sur les délinquants
Questions
Opinion sur le jeune délinquant
Opinion sur la délinquance comme
l'expression d'un blocage familial
F
0,05
0,63
N.S.
N.S.
Ce tableau permet de constater que l'attitude
affectueuse n'est pas liée à l'opinion de l'éducateur sur
le délinquant.
- 293 -
En poursuivant l'observation des tableaux statis
tiques résultant des données obtenues, nous pouvons obtenir
les réponses à notre 5e hypothèse, réunies dans les tableaux
45 à 50.
TABLEAU_45
Corrélation entre l'âge de l'éducateur et son opinion sur
la rééducation
Questions
Opinion sur la rééducation
Démarche habituelle après un in
cident grave au cours de la
rééducation
Opinion sur la nécessité de la
réconciliation du jeune avec
sa famille
F
0,40
1,22
0,52
N.S.
N.S.
N.S.
Aucune corrélation n'est constatée entre l'âge
de l'éducateur et son opinion sur la rééducation.
- 294 -
TABES AU 46
Corrélation entre l'âge de l'éducateur et son opinion sur
les délinquants
Questions
Opinion sur le jeune délinquant
Opinion sur la délinquance comme
l'expression d'un blocage fami
lial
P
0,35
0,90
N.S.
N.S.
De ce tableau, il ressort que l'âge de l'éduca
teur et son opinion sur le délinquant ne sont pas liés.
TABLEAU 47
Corrélation entre l'ancienneté de l'éducateur dans l'équipe
et son opinion sur la rééducation
Questions
Opinion sur la rééducation
Démarche habituelle après un in
cident grave au cours de la
rééducation
Opinion sur la nécessité de la
réconciliation du jeune avec sa
famille
P
1,35
0,845
0,40
N.S.
N.S.
N.S.
Encore une fois aucune liaison n'a été établie.
- 2
TABLEAU 48
Corrélation entre l'ancienneté de l'éducateur dans l'équipe
et l'opinion de l'éducateur sur les délinquants
Questions
Opinion sur le jeune délinquant
Opinion sur la délinquance comme
l'expression d'un blocage fami
lial
F
0,903
1,123
N.S.
N.S.
Ce t ableau ne nous permet pas d'affirmer que
l'ancienneté de l'éducateur dans l'équipe ait une influence
sur son opinion à propos des délinquants.
TABLEAU_49
Corrélation entre l'ancienneté de l'éducateur et son opinion
sur la rééducation
Questions
Opinion sur la rééducation
Démarche habituelle après un inci
dent grave au cours de la réédu
cation
Opinion sur la nécessité de la ré
conciliation du jeune avec sa
famille
F
0,77
1,75
1,461
N.S.
N.S.
N.S.
Le résultat statistique révèle que l'ancienneté de
l'éducateur ne va pas de pair avec son opinion sur la réédu
cation.
- 2
TABLEAU_50
Corrélation entre l'ancienneté de l'éducateur et son opinion
sur le délinquant
Questions
Opinion sur le jeune délinquant
Opinion sur la délinquance comme
l'expression d'un blocage familial
P
1,063
0,703
N.S.
N.S.
Finalement, le tableau 50, le dernier se rappor
tant à notre 5e hypothèse, ne nous signale aucune liaison
entre les deux variables :
- ancienneté de l'éducateur et opinion de ce dernier sur
le délinquant.
Nous sommes donc devant une autre hypothèse non
confirmée statistiquement.
- 297 -
Après avoir pris connaissance des résultats du
traitement statistique, nous concluons que :
1°) aucune différence significative n'apparaît entre les trois
équipes, ni entre l'attitude des éducateurs vis à vis
des délinquants ou de la rééducation, ni entre les ca
ractéristiques des relations éducatives des éducateurs
vis à vis des délinquants.
2°) Cinq corrélations significatives ont été relevées :
- l'ancienneté de l'éducateur favorise la compréhension
des problèmes d'un jeune.
- l'ancienneté de l'éducateur va de pair avec des ren
contres spontanées plus fréquentes avec les jeunes.
- l'attitude moins permissive entraîne la substitution
de l'influence des éducateurs à celle de la famille.
- il semble que la facilité de compréhension des pro
blèmes d'un jeune se rencontre chez les éducateurs
qui adoptent une attitude plus affectueuse.
- la fréquence des rencontres avec les jeunes augmente
avec l'âge de l'éducateur.
Toutefois, les résultats ne nous permettent
d'établir aucun autre lien entre les variables correspondant
aux points suivants :
- l'expérience de l'éducateur et les relations éduca
tives .
- l'attitude permissive et les relations éducatives.
)
)>
- 298 -
3 - REFLEXIONS SUGGEREES PAR LES RESULTATS OBTENUS
Cette recherche permet de mieux comprendre que
la relation éducative constitue l'une des exigences fonda
mentales de la méthode de travail de l'éducateur. Il est
indispensable que l'éducateur se fasse admettre par le
jeune et sa famille et gagne sa confiance. Cette relation j
met en présence d'un côté un adulte équilibré ayant reçu
une formation d'éducateur et qui cherche à comprendre les
problèmes du jeune, de façon à savoir comment les résoudre,
et, de l'autre, un jeune ayant des problèmes qui nécessitent
l'intervention de la société. La qualité de cette relation
éducative ainsi que la fréquence des rencontres varient en
fonction de multiples éléments, à savoir : affinités per
sonnelles, nature de l'inadaptation et autres circonstances.
Les rencontres peuvent être tantôt plus fréquentes, tantôt
plus espacées.
Cette recherche permet également de constater que
le problème des attitudes permissives et affectives n'est
pas défini. Selon les cas, les moments, les types de réaction
des jeunes, les attitudes à adopter seront plus ou moins
directives ou plus ou moins permissives.
Il faut insister sur l'importance de l'acceptation
du jeune dans un premier temps tel qu'il.est. Dès qu'il se
sentira vraiment accepté, une intervention visant à modifier
son comportement pourra être envisagée. Néanmoins, accep
tation ne veut pas dire approbation du comportement.
Cependant, rééduquer ne signifie pas toujours mo
difier fondamentalement et il ne faut pas chercher à repartir
sur des bases entièrement nouvelles. Il est nécessaire de
découvrir ce qui ne va pas, mais il faut aussi admettre qu'il
existe toujours des points positifs, même s'ils ne corres-
- 299 -
pondent pas exactement aux convictions personnelles de l'édu
cateur.
Il est indispensable que tout éducateur, quel qu'il
soit, ait des principes de base car ce sont les points de
repère de tout travail cohérent. Mais les difficultés sur
gissent au moment où les éducateurs pensent que l'idéologie
actuellement en place suffit à rendre compte de leur inef
ficacité .
A notre avis, l'éducateur spécialisé doit aussi
agir sur l'environnement, afin de pouvoir donner une réponse
aux problèmes des jeunes. Il doit connaître et chercher à
modifier le contexte socio-culturel, afin que celui-ci per
mette aux jeunes d'exprimer leurs aptitudes personnelles.
Ainsi, la personnalité des jeunes se révélera et pourra
s'épanouir, protégée de toute réaction répressive.
Il est nécessaire que l'éducateur ait au départ
un projet à la fois précis et cohérent, à réaliser : projet
qui doit être également susceptible d'évoluer et de s'a
dapter. Il doit prévoir son développement ultérieur dans
un cadre souple permettant une intervention progressive
selon chaque cas.
Nous abordons ici un point important qui se détache
nettement de cette recherche. Il faut accepter le fait que
la rééducation puisse, dans certains cas, être très longue.
Une très grande importance doit être accordée au problème
du personnel. L'équipe d'intervention doit avoir un caractère
pluri-disciplinaire. Au terme de cette brève considération,
nous ne pouvons que constater la complexité des problèmes à
résoudre et une relative impuissance à apporter des solutions.
Nous sommes loin de pouvoir fournir un modèle d'intervention.
- 300 -
Il s'agit non seulement de problèmes complexes à
résoudre, mais également de l'action à mener, toujours très
longue et très difficile. Quelle que soit la catégorie de
jeunes concernés, leur comportement délinquant est d'une
part la conséquence d'une existence de handicaps extrêmement
lourds qui ont pesé ou qui pèsent encore sur eux et, d'autre
part, le résultat d'une longue évolution qui a le plus
souvent débuté dès la petite enfance.
Mais la délinquance juvénile ne peut être consi
dérée seulement comme un objet d'étude en soi. L'inadaptation
chez les jeunes se présente comme un problème individuel et
social, trop grave pour qu'il ne se limite qu'à des travaux
statistiques ou analytiques. Notre travail doit donc dé
boucher sur des suggestions pratiqués. Dans le prochain
chapitre, nous trouverons donc des enseignements pour appli
quer les solutions françaises au Brésil.
- 501 -
CHAPITRE XV
SUGGESTION POUR L'APPLICATION
DES SOLUTIONS FRANÇAISES AU BRESIL
L'étude comparative de la rééducation au Brésil
et en France, et la recherche entreprise auprès des éduca
teurs spécialisés, nous permettent de suggérer quelques
idées susceptibles de servir de points de réflexion pour
l'élaboration d'un avant-propos du travail à accomplir
au Brésil.
Il ne s'agit d'ailleurs que d'une ébauche de
réflexion car nous savons très bien que tout plan doit
tenir compte de chaque situation particulière et seul un
groupe de professionnels peut le faire. Nous présentons
donc seulement des suggestions qui mettront modestement
en évidence les principaux points de rééducation apparus
au cours de cette étude et dont nous dégagerons la base et
les limites. Ces réflexions doivent reposer sur deux con
ditions de base :
- l'éducation en milieu naturel
- la recherche.
En ce qui concerne la première condition, nous
avons d'abord examiné particulièrement les possibilités
offertes par la liberté surveillée, notion qui se rapproche
de notre activité au Brésil, puis nous avons vu d'autres
- 302
types d'éducation en milieu naturel tels que les clubs de
prévention.
1 - L'EDUCATION SURVEILLEE
La lé gislation brésilienne pour la protection de
l'enfance est manifestement tutélaire quand elle prévoit
plutôt des solutions de non internement mais de rééducation.
En cas de liberté surveillée, l'action éducative menée
auprès des jeunes et de leurs familles prend un aspect très
significatif. Pour obtenir un meilleur résultat dans ce
type de rééducation, nous considérons que :
- les solutions exigent une connaissance du pro
blème et des techniques spécifiques. En effet, nous nous
trouvons souvent en présence de cas graves et complexes.
- une analyse des différents facteurs intervenant
dans la vie familiale est indispensable pour connaître le
développement de la problématique.
- la compréhension de certains éléments est né
cessaire ï la nature des déficiences présentées par le mineur,
la définition des limites du traitement et la relation
éducateur-éduqué fondée sur la compréhension de la situation
du jeune délinquant et la confiance dans sa possibilité
d'évoluer.
Entrer en relation avec le délinquant ne signifie
pas être de connivence avec lui, ni se laisser guider par
lui, mais plutôt de magner sa confiance. Ceci devient pos
sible à mesure que le délinquant apprend à avoir confiance
en son éducateur, et qu'il prend conscience de cette situation.
- 303 -
Un autre aspect consiste dans la mise en évidence
du fait que le délinquant est un "symptôme" des troubles du
milieu familial. Il est donc important de travailler aussi
avec les parents, de façon à obtenir un'changement d'atti
tude de leur part. L'expérience vécue, tant par les parents
que par les adolescents, quand ils comparaissent devant le
juge, mérite une étude approfondie, ainsi qu'un examen
attentif des effets possibles des mesures qui seront prises
alors. Les décisions doivent, autant que possible, être étu
diées soigneusement avec les parents.
Le travail de l'éducateur doit donc être habile,
de façon à diminuer le sentiment de culpabilité ressenti par
les parents et celui d'insécurité ressenti par l'adolescent.
C'est par l'analyse de chaque situation spécifique que seront
déterminées les règles à suivre, les limites à respecter.
Celles-ci ne doivent pas être fixées au préalable.
1.1 - Aspects significatifs du travail avec le
mineur
Dans le travail auprès du mineur délinquant,
certains aspects devront toujours être pris en compte pour
traiter un cas.
Les délinquants sont en général dotés d'une
faible personnalité, mal structurée, et sont donc incapables
de dominer leurs propres impulsions et de s'adapter à la
réalité. Ils tentent généralement d'éluder la solution de
leurs problèmes.
Le mineur qui a des problèmes se sent frustré.
Il désire être aimé et cru, et comme il ne trouve pas les
- 304 -
appuis nécessaires, il devient hostile. Les crises d'hostilité
coïncident généralement avec des liens familiaux mal struc
turés .
La conduite anti-sociale est donc seulement
un symptôme apparent de potentialité, d'énergie et de moti
vations mal canalisées. La méconnaissance de ses potentia
lités et la non-acceptation de ses propres limites amènent
le mineur délinquant à prendre des attitudes d'auto-affir
mation, nées d'un orgueil mal orienté. L'instabilité de
caractère est significative du mineur délinquant, qui est
tantôt exaspéré, tantôt contrarié, tantôt profondément
blessé, craignant sincèrement ce qui peut lui arriver,
peureux et méfiant, incapable d'avoir confiance en un adulte
inconnu, mais ayant un besoin désespéré d'être tranquillisé.
De tels traits de caractère, assez courants
chez les délinquants, ne doivent cependant pas amener à se
préoccuper exagérément des aspects négatifs, bien que ceux-ci
soient prépondérants. L'éducateur doit rechercher les aspects
positifs de la personnalité de l'adolescent en les faisant
apparaître au cours des relations éducatives.
Bien que les problèmes soient apparemment sem
blables, le délinquant doit être considéré comme une personne
en difficulté, placée dans une situation biologique, psycho
logique et sociale spécifique. Comme il réagit différemment
au milieu, son cas exige une étude individualisée.
1.2 - Etapes du travail
Comme tout travail scientifique, la méthodo
logie de la rééducation nécessite un rassemblement des données
et la recherche des faits, une évaluation ou interprétation,
la formulation d'hypothèses, une vérification ou expérimen
tation, une conclusion ou une planification et une exécution,
et ce que nous connaissons déjà c'est-à-dire : "voir, juger
et agir".
D'autre part, ces opérations, si elles sont
conceptuellement distinctes, se retrouvent de façon concom-
mitante dans la pratique et non pas en étapes successives ;
l'une de ces opérations prédomine cependant.
A la suite de la mise au point d'un traitement
efficace, nous pouvons commencer le travail et la recherche
d'une meilleure compréhension de la personnalité du délin
quant, ainsi que des circonstances spécifiques au cas. Pen
dant cette phase, il est très important d'obtenir des données
sur : les principales attitudes du mineur face à son problème
et ce qu'il prétend faire pour le solutionner, les personnes
ayant eu un rôle actif dans la gen^e—de ces difficultés,
comment a débuté le problème, les facteurs qui l'ont préci
pité, le comportement passé et actuel du mineur.
Bien que d'autres sources soient acceptées,
comme par exemple les parents, le mineur doit être la source
d'information la plus importante et il doit participer de
façon active.
Le recours à d'autres moyens peut favoriser
une compréhension plus précise. Les mineurs peuvent subir
des tests psychologiques, des tests d'intelligence, des
examens psychiatriques.
Au cours de cette première phase, on élabore
l'historique. L'historique doit comprendre l'étude de la
- 306 J.
famille, des relations entre ses membres, et comprendre des
données relatives à la santé, aux symptômes de comportements
anti-sociaux, aux mécanismes de défense, aux aspects de
comportement, aux expériences et attitudes. L'éducateur peut
formuler une première conclusion grâce à ces informations.
L'avis professionnel de l'éducateur sur le
problème et sur sa nature constitue l'essentiel du travail.
Celui-ci consiste en la compréhension des nécessités obser
vées. Il constitue une affirmation sur la "personne en si
tuation", prenant en compte les relations interpersonnelles.
L'avis professionnel donné sur le mineur délinquant doit
donc tenir compte de ses caractéristiques personnelles, de
son environnement social et des groupes sociaux qui l'en
tourent, à l'intérieur de son contexte socio-économique.
Une action efficace repose avant tout sur
une connaissance précise.
L'éducateur tente toujours de mobiliser les
aptitudes existant dans l'individu et les ressources exis
tant dans la communauté, et compte naturellement avec l'ac
quiescement et la participation du jeune.
Au cours du travail, le jeune doit apprendre
à développer sa capacité de réflexion et à acquérir le
discernement lui permettant de prendre ses propres décisions.
Il doit aussi être amené à assumer ses responsabilités, envers
lui-même et envers sa famille.
Le délinquant apprendra à supporter difficultés
et pressions avec une dépense d'énergie moindre, en modifiant
des habitudes d'indépendance excessive, en réduisant les sen
timents de frustration et de culpabilité. Grâce à la compré-
hension et l'appui qui lui seront prodigués, le mineur sera
en mesure de mieux métaboliser son agressivité et son an
xiété, ce qui rendra plus positives ses relations sociales.
Il parviendra donc à améliorer son auto-image, en dévelop
pant les aspects positifs de sa personnalité.
^-" En utilisant non pas la punition, mais des
/ méthodes adéquates d'orientation et d'aide, l'éducateur
amènera le mineur à découvrir les ressources de la commu
nauté et les utiliser dans le sens de son développement
intégral. Celui-ci doit évoluer de l'auto-intérêt de l'en
fance jusqu'à des centres d'intérêt plus larges, parmi les
quels sont inclus : la participation à des activités édu
catives et sociales, la canalisation de son énergie physique
vers des activités sportives, l'autorité dans le sens de
modification des aspects négatifs du milieu ambiant.
Le mineur doit affronter le choix d'une pro
fession en accord avec ses aspirations, ses tendances et
ses capacités réelles.
Ces nouvelles expériences le prépareront à
se dévouer aux autres et à aimer son prochain conformément
à ses potentialités.
Tout le travail avec le mineur délinquant
trouve son fondement dans la croyance que : les énergies
créatives de chaque individu, stimulées par 1*action éduca
tive, sont de puissantes forces regénératrices de la per
sonnalité .
Pour l'évaluation des résultats obtenus, on
doit compter aussi avec la participation du jeune et les
mesures permettant de résoudre son cas doivent être discutées
avec lui. Les résultats ainsi obtenus, tout comme le processus
de développement du cas, doivent être soigneusement notés.
- 308 -
1.3 - Le travail avec les parents
On connaît l'importance du comportement des
parents sur le développement émotionnel de l'enfant, ainsi
que la qualité des relations existant entre les parents et
les enfants et principalement de la relation mère-enfant.
La tâche de la famille consiste en la socialisation de
1'enfant.
En fait, le père a un rô*le aussi important
que la mère dans le développement émotionnel de l'enfant
et dans son éducation. Toute action positive avec le mineur
délinquant doit tenir compte d'un élément d'une telle im
portance. L'orientation des parents vise à changer leur
attitude vis à vis de leurs enfants, afin d'éviter que
l'impéritie des parents n'annule les aspects positifs du
travail.
Les relations entre l'éducateur et les parents
est donc fondamentale. Celles-ci permettent aux parents de
revoir leurs attitudes vis à vis de leurs enfants, et de les
modifier. C'est uniquement s'il existe un climat d'accepta
tion que les parents pourront parler de leurs sentiments
négatifs et de l'ambivalence de leur relation avec leurs
enfants. S'ils ne se sentent pas menacés, leurs sentiments
de culpabilité diminueront et, de ce fait, les relations fa
miliales s'amélioreront.
Le travail avec les parents doit être réalisé
initialement au travers d'entrevues individuelles, au cours
desquelles les particularités de chaque cas seront abordées.
Il est important de connaître tout nouvel événement survenu
dans la vie du mineur, car celui-ci omet beaucoup de données
significatives. C'est aussi au cours de l'entrevue individuelle
- 309 -
que sera abordé le problème de la permanence ou de la dispa
rition de certains symptômes, ainsi que celui de la proba
bilité d'apparition de certains autres-. Ceci permet en outre
d'ajouter des données importantes sur l'histoire de la vie
du mineur omises lors du premier contact. Au cours, de la
seconde étape, les entrevues continuent, mais sont cepen
dant plus espacées ; c'est l'orientation en groupe qui joue
alors le rôle prépondérant. Le travail en groupe avec les
parents, dans un climat favorable, permet à ceux-ci d'échanger
leurs expériences, tout en se soutenant mutuellement et en
bénéficiant des suggestions du groupe.
Pour l'utilisation continuelle de cette tech
nique du soutien, l'éducateur manifeste son intérêt, son
désir.-à'aider les autres, sa compréhension, exprime sa con
fiance dans les capacités des parents. La technique du
soutien est utilisée tant individuellement qu'en groupe ;
son intensité varie selon les cas et les circonstances. Au
cours des premières entrevues, il est donc particulièrement
important d'apaiser l'anxiété des parents et leur méfiance
vis à vis de l'éducateur, ce qui facilite le début du travail.
Le travail en groupe avec les parents comporte
trois phases :
Le groupe sera d'abord amené à discuter les
sentiments positifs ou négatifs que les parents ressentent
envers leurs enfants, sans porter de jugement de valeur,
mais dans un but d'analyse et de compréhension. Cette pre
mière phase est très importante car, une fois qu'ils se
seront acceptés et le seront également par leurs compagnons
de groupe, les parents pourront trouver d'eux-mêmes beaucoup
des réponses au cours des phases suivantes.
- 310 -
Nous débattrons ensuite des sentiments et
des besoins des enfants. Cet aspect, lui aussi, est fonda
mental. Cependant il ne pourra être abordé franchement par
les parents qu'au moment où ils seront certains d ' é*tre
acceptés et respectés par le groupe et par l'éducateur.
Une fois cette condition remplie, la troisième phase pourra
être abordée. Elle consiste en un plus grand éclaircissement
de la dynamique parents-enfants, ce qui implique la compré
hension des mécanismes psychologiques et qui aboutit à la
modification des attitudes et des comportements.
Aucun conseil n'est donné au cours du travail
en groupe avec les parents. Il s'agit d'un échange d'opinions
et d'expériences mutuelles. Comme ils se sentent encouragés,
les parents apportent des suggestions au groupe, participent
auz expériences, communiquent leur évolution et tirent des
conclusions pratiques du travail réalisé au cours de chacune
des réunions. Pour cela, ils doivent être entraînés à l'art
d'écouter les autres, de se mettre à leur place, indispen
sable dans la relation avec leurs enfants.
Au cours du travail, par l'échange des sug
gestions, une compréhension mutuelle et une tolérance réci
proque se développent. L'approbation de l'éducateur et l'appui
des autres parents stimulent la révision des idées et des
attitudes. Certains aspects de la personnalité non révélés
jusqu'alors, des ressources latentes sont exploitées et le
résultat de ce travail commencé en groupe se fera sentir au
dehors.
Ponde sur la dynamique de l'ensemble des pro
blèmes à résoudre, grâce à un climat de spontanéité et de
recherche de la vérité, s'analyse le développement mental,
social et moral des membres du groupe ; ceux-ci en arrivent
- 311 -
à comprendre, de par eux-même, la relation parents-enfants,
et cherchent à l'améliorer.
Le travail en groupe avec les parents constitue
un exercice bien plus valable que la simple transmission des
connaissances au moyen de la mémoire. Cependant, quelques
difficultés courantes sont à signaler et doivent être prises
en compte dans un travail de ce type. Beaucoup des diffi
cultés existant dans la relation parents-enfants proviennent
de conceptions erronnées au sujet du rôle des parents dans
le développement des enfants. Comme les parents méconnaissent
les besoins réels des enfants au cours des différentes étapes
de leur développement, beaucoup considèrent leurs enfants
comme de simples objets. Et ils exigent l'obéissance des
enfants en utilisant des méthodes punitives, parfois brutales ;
ils considèrent que les enfants mineurs ne doivent avoir ni
individualité, ni autonomie ; ils ignorent les effets néfastes
de leur despotisme et de leur cruauté sur l'avenir de leurs
enfants. Beaucoup de parents pensent qu'ils doivent élever
leurs enfants de façon à ce qu'ils s'identifient à eux et,
plus tard, à la société.
la difficulté qu'éprouvent les parents à com
prendre l'immaturité propre des jeunes, dont la pensée ré-
flexive n'est pas encore complètement développée, les amène
à adopter des attitudes d'impatience et d'irritation.
Une autre difficulté provient du fait que les
parents ignorent les besoins de protection et de tendresse
de leurs enfants. Parfois ils se montrent sévères, peu affec
tueux, car ils pensent ainsi rendre leurs enfants (principa
lement les garçons) plus forts. Cette attitude révèle l'im
maturité du père pour ce qui est de sa propre masculinité ;
elle découle du stéréotype social qui dit : "le petit garçon
n'a pas peur* et ne pleure pas" .
La non-acceptation des sentiments négatifs
ressentis par les parents envers leurs enfants constitue
une source de difficulté dans les relations parents-enfants.
Ceci se traduit par une attitude d'hyper-protection ou se
manifeste par des contrôles, des manipulations, des exi
gences exagérées, des comportements impulsifs, des dis
tractions provoquant des accidents graves.
La relation du couple avec ses autres enfants
constitue aussi une difficulté d'orientation. Certains en
fants connaissent plus de problèmes que d'autres et peu de
parents savent reconnaître ce fait.
De plus, d'autres aspects de la relation
parents-enfants sont abordés dans les livres que nous avons
consultés et doivent être pris en compte au cours des re
cherches. Nous pensons cependant avoir présenté ici les
aspects les plus significatifs pour la partie concernant
le Brésil.
2 - L'EDUCATION EN MILIEU OUVERT
En ce qui concerne le milieu ouvert, nous nous
sommes bornés à présenter des données qui n'auront d'autre
but que d'aidea? ceux qui veulent faire un plan de travail
dans ce domaine.
Il s'agit pour ce type d'éducation d'une interven
tion socio-pédagogique confiée à des spécialistes ; elle doi
être appliquée î
Ï. 2. - dans les zones urbaines où la fréquence de
l'inadaptation juvénile est élevée.
- 313 -
2 - en priorité en ce qui concerne les loisirs,
situation plus propice à la délinquance.
3 - surtout auprès des enfants et des adolescents
qui courent le plus grand danger de devenir inadaptés et
auprès de ceux qui se sont déjà manifestés comme tels.
4 - au niveau également de la famille, du quartier
et des personnalités responsables.
Ce type d'éducation a pour but de normaliser le
comportement des jeunes en supposant une modification des
conditions d'environnement ; d'agir de manière,constante à
la fois préventivement en évitant l'inaction chez les jeunes
et de manière curative en leur appliquant un traitement par
ticulier Ï de réduire les risques à la fois sur le plan fa
milial et sur le plan du quartier.
Nous reconnaissons cependant les limites de ce
type de rééducation, les organismes sont peu structurés et
les méthodes de travail se modifient constamment en demeurant
à un niveau de recherche. En revanche, certaines techniques
d'investigation deviennent difficiles et inopportunes devant
les modalités de participation des jeunes. Dès lors, nous
pouvons seulement utiliser des moyens limités comme la sup
position, l'hypothèse pour nous rendre compte des modifi
cations apportées par l'action éducative et préventive. Ces
méthodes d'investigation doivent donc reposer entièrement
sur l'expérience et la maturité professionnelle de l'éducateur.
Ce travail exige donc une collaboration étroite
des éducateurs à tous les échelons, de l'élaboration du pro
gramme jusqu'à la vérification des résultats, et nous compre
nons alors l'importance primordiale de la qualification des
éducateurs.
2 . 1 - Les clubs de prévention
Une solution qui n'est encore qu'au stade de
projet et qui, à notre avis, a toutes les chances de réussite
au Brésil, réside dans la création des clubs de prévention,
Bn se modifiant et en cherchant constamment de nouvelles
améliorations et de nouvelles adaptations aux différentes
circonstances, ils auront sûrement toutes les chances
d'apporter une aide non négligeable surtout pour les jeunes
qui courent un grand danger de devenir inadaptés.
Les clubs sont une des modalités de l'édu
cation en milieu ouvert comme les équipes de rues ou d'autres
expériences analogues, mais ils se caractérisent par leur
volonté d'avoir un local personnel qui constitue leur base
matérielle. Le club est cependant plus qu'un lieu de ren
contre et de refuge. "... C'est un lieu de socialisation,
en ce sens qu'il permet l'apprentissage de rapports sociaux
coopératifs et actifs par le moyen d'activités collectives
et qu'il est l'occasion d'une ouverture sur le monde exté
rieur ; c'est, en mé*me temps, un moyen de transformation
progressive d'une attitude passive, asthénique, caractérisée
par le désoeuvrement et l'ennui, en une activité orientée
et comme telle, à la fois récréative et compensatrice, qui
peut être un levier sur lequel on s'appuiera pour modifier,
d'une façon concrète et vécue et non par une démonstration
verbale, un ensemble de comportements sociaux ; c'est aussi
et enfin, par les situations vécues qu'il propose, un lieu
de résolution des conflits individuels et psycho-sociaux
dans le cadre d'une "règle du jeu" qui leur enlève leur ca
ractère explosif et non contrôlé" (l).
(l) Yicent PETRE et autres - Clubs de prévention p. 135.
2 .2 - Justification
Le Brésil, pays en voie de développement,
connaît donc des difficultés économiques, le "club" repré
sente un moyen de rééducation peu coûteux. Par sa modestie
mé*me, il doit être directement accessible aux jeunes et
faire partie du quartier.
In se proposant aussi de résoudre les pro
blèmes liés aux conditions de vie, aux méthodes éducatives
qui font naître et entretiennent l'inadaptation, les clubs
sont les solutions les mieux adaptées au Brésil où les pro
blèmes du milieu urbain défavorisé révèlent l'inégalité du
développement économique et culturel.
Génératrice de crises plus ou moins ouvertes,
la société a quelquefois une influence défavorable sur le
développement et la maturation psychologique et sociale des
jeunes. Des difficultés, des conflits, des déséquilibres
que subissent les familles plus ou moins misérables, aggravés
quelquefois par une transplantation récente, comme nous
l'avons vu au chapitre VI, se traduisent souvent par l'agres
sivité, la violence, les conduites déviantes à caractère
délictueux.
Les clubs permettent aux jeunes de se dégager
de ces conditionnements et des traumatismes antérieurs en
établissant une communication entre eux et la société grâce
à l'éducateur (modèle adulte accessible) qui provoque une
relation interpersonnelle positive.
Les actions sur le groupe et par le groupe
sont toujours présentes car elles font évoluer les rapports
spontanés des jeunes vers des liens d'amitié, de respect de
- 316
l'autonomie de chacun, en favorisant l'acquisition d'une
qualification professionnelle qui permettra l'insertion
stable dans le milieu du travail, ceci dans des conditions
moins défavorables et plus valorisantes, afin que le jeune
puisse devenir adapté.
PEYRE en citant M.J. LANGEVELD, dit î "Est
adapté celui qui se dirige vers un avenir qui impose l'ac
ceptation de tâches et de nécessités qu'il n'a pas choisies
ou prévues. L'inadaptation se montre dans la non-acceptation
des responsabilités objectives et non dans le refus de sou
mission aux autorités conventionnelles. Si un enfant, souf
frant de ces difficultés (d'adaptation), vit dans un milieu
qui manque de perspective objective, il devient impossible
de l'aider sans changement de milieu". L'auteur complète
la citation de LANGEVELD en précisant "qu'il peut s'agir
aussi d'un changement du milieu ou des rapports avec le
milieu" (l).
Un des résultats positifs qu'il est possible
d'attendre de l'expérience des clubs est qu'ils s'opposent
à des attitudes marginales en prenant des mesures appropriées
pour que les processus de marginalisation ne se forment pas
dans des zones défavorisées.
Nous avons vu que le surpeuplement du logement,
les écoles surchargées,: le manque de disponibilité des adultes,
sont des maux graves dont souffrent les jeunes. En leur pro
posant autre chose que la rue ou le terrain vague voisin, en
proposant des activités neuves et attrayantes, le "club" est
(l) M.J. LANGEVELD, Directeur de l'Institut Pédagogique de l'Université d'Utrecht. La question de l'inadaptation de la jeunesse des milieux ouvriers non qualifiés, du point de vue socio-pédagogique, in PEYRE op. cit. p. 163
et 164.
- 317 -
déjà un bon résultat, car il permet aux jeunes de s'exprimer
dans un climat spontané et détendu, climat nouveau pour eus:
qui combat l'instabilité et favorise la discipline de groupe.
Les activités en groupe favorisent l'affir
mation et la valorisation de la personnalité et peuvent
conduire à une plus grande autonomie et finalement à un
début d'épanouissement personnel, même pour ceux qui se
sentaient infériorisés.
Bien que le club n'ait pas les moyens.suf
fisants pour faire face à certains problèmes : insuffisance
du logement, niveau de vie familial ou problèmes profes
sionnels des adultes, le club peut contribuer à l'adoption
d'une attitude plus positive et plus active, face à ces
problèmes.
2.3 - La méthodologie du travail
Du fait même de son objet et de sa forme,
l'éducation en milieu naturel se doit de conserver une très
grande souplesse dans ses structures et ses fonctions pour
garder son intérêt et son originalité.
"Adaptation aux conditions socio-géographiques
propres à chaque région d'application".
Tout d'abord, nous devons connaître les champs
de travail, c'est-à-dire :
- les structures démographiques du quartier.
- les cadres et les logements.
- la population, son style de vie, ses activités
professionnelles, son niveau social.
- les principaux problèmes d'éducation.
- 318 -
Une telle étude vise à mettre en lumière tous
les obstacles à une action préventive et les éléments posi
tifs sur lesquels nous pouvons compter. Pour ce faire, point
n'est besoin d'une discussion exhaustive et complète mais
rien ne doit non plus être fait de manière improvisée et
sans avoir été préalablement préparé. Les connaissances
qu'auront les éducateurs leur permettront d'intervenir effi
cacement et durablement.
"Appliquer une mesure préventive revient, en
quelque sorte, à ordonner un médicament que nous connaissons
mal pour une maladie dont nous ignorons tout" (l).
"Une connaissance réaliste et objective des difficultés du
quartier et des forces sur lesquelles on pourra s'appuyer
pour contribuer à leur résorption s'impose donc" (2).
"Il ne peut donc exister de modèle défini à
priori. Il est nécessaire dans chaque cas de procéder à une
création originale en partant d'une étude préalable des exi
gences propres du quartier, avec la participation de l'édu
cateur qui doit s'y installer. De plus, il faut accepter
dès le départ une évolution, qui peut être rapide, tant des
installations matérielles que des modalités pratiques de
l'action. La part de l'initiative spontanée, de 1' "inventdLonw-
personnelle doit toujours être préservée (3).
(1) L'efficacité des programmes en cours concernant la prévention de la délinquance juvénile. Conseil de l'Europe. Strasbourg, 1963, in PEYRE Vicent et autres, Clubs de Prévention, Vaucresson. Editions Cujas, 1964, p. 155.
(2) PEYRE Vicent et autres, op. cit. p. 155.
(3) PEYRE Vicent et autres, op. cit. p. 164.
- 319 -
Une étude du -terrain d'action que constituera
le club est également primordiale car la partie matérielle
est bien entendu indispensable• La situation géographique
doit faciliter la venue des jeunes du quartier. Quant à
l'installation proprement dite, elle ne se complétera qu'avec
la participation des jeunes et selon leurs besoins.
Un autre point important consiste à entrer
en contact avec les gens, jeunes ou adultes et parmi eux,
à discerner celui ou ceux qui sont le plus acceptés, les
"chefs", à chercher à connaître leur influence de façon à
pouvoir soit la neutraliser, soit l'orienter.
Il faut également intervenir dans différentes
directions, soit individuellement, soit collectivement.
- Collectivement, l'action de l'éducateur doit être au départ,
plus une présence disponible avec un contrôle diffus qu'une
intervention directe.
Cette présence discrète est essentielle pour
maintenir le comportement général des jeunes et du groupe
dans des limites acceptables. D'ailleurs, il ne doit y avoir
aucune restriction à la fréquentation du club par les jeunes
du quartier sauf quelques règles générales de fonctionnement.
Les jeunes peuvent y venir librement ; ils
seront acceptés tels qu'ils sont et ne seront amenés à changer
que progressivement, plutôt de façon indirecte que par des
interventions directives. On ne leur demandera pas de venir
à des jours et heures indiqués ou de participer à telle ou
telle activité, ni même d'abandonner le comportement qu'ils
ont dans la rue.
L'éducateur ne devra pas employer des moyens
- 320 -
de correction pour éviter que les jeunes quittent le club.
Toutefois, il doit trouver un intermédiaire de façon à
éviter aussi que des incidents toujours possibles ne prennent
des proportions trop graves.
Peu à peu, l'éducateur doit s'efforcer
d'amener le jeune à une utilisation moins banale du temps
dont il dispose. "On ne peut pas brûler les étapes"... ne
pas chercher à forcer les évolutions, ne proposer que ce
qui est actuellement accessible et susceptible de provoquer
une adhésion dépourvue de réticence" (l).
Mais le plus important, c'est l'esprit dans
lequel l'activité est pratiquée et non le résultat propre
ment dit de cette activité. Celle-ci devient un moyen et
non un but.
En ce qui concerne l'intervention individuelle,
la première attitude à adopter avant tout est une attitude
de sympathie envers chacun considéré comme un cas unique.
Cette attitude accompagnée d'un "non-jugement" constitue
l'une des démarches essentielles de l'action éducative ou
rééducative en prévention. Elle est même indispensable à la
résorption des conflits générateurs d'inadaptation.
Le jeune doit se sentir accepté tel qu'il est
sans ê"tre jugé ; ce qui exige une attitude de tolérance de
la part de l'éducateur. Cependant, cette attitude ne doit
pas être confondue avec la passivité qui risque de mettre
en échec toute l'action éducative.
lia deuxième étape commence avec le dialogue
lorsque le jeune se sent accepté. Alors le jeune s'exprime
et se raconte, évoquant les situations familiales conflic
tuelles qui l'ont marqué et perturbé.
(l) Vicent PBYHE et autres, op. cit. p. 135.
- 321 -
Ces confidences expriment la confiance du
jeune vis à vis de l'éducateur.
Par le dialogue commence la seconde phase.
L'éducateur s'efforce d'aider le garçon en
diminuant la tension émotionnelle de celui-ci et en l'ame
nant à assumer une attitude plus réflexive. Peu à peu, le
jeune acquiert une perception plus objective de ses pro
blèmes et arrive à les dominer et à accepter son passé.
Le rôle de l'éducateur dans cette phase consiste surtout
à aider le jeune à interpréter son comportement en lui ex
pliquant quelle a été sa situation.
L'éducateur ne doit pas imposer ses idées
mais provoquer chez le jeune une attitude critique et ré-
flexive.
En lui donnant un minimum de confiance en
lui, le jeune commence à s'accepter. Ceci est nécessaire
pour qu'il se sente capable de modifier son comportement,
de se situer par rapport aux autres en orientant son exis
tence vers un avenir qui tienne compte du groupe et de la
société.
En effet, il prend conscience de sa respon
sabilité et devient progressivement autonome.
"Quand nous parlons d'acceptation, il ne
s'agit évidemment pas de l'apprentissage d'un conformisme
social qui amènerait les jeunes à supporter passivement ce
qui dans leur situation n'est pas tolérable, mais bien de
faire en sorte qu'ils sachent, éprouvent et admettent
qu'une part de la vie est faite de conflits, qu'ils appren
nent à vivre avec des sentiments ambivalents et parviennent,
- 322 -
avec leur personnalité et dans le cadre des groupes dont ils
font partie, à trouver à ces conflits des expressions et des
solutions individuellement et socialement positives" (l).
Il paraît important de souligner que durant
toute la durée de son intervention, l'éducateur doit soi
gneusement éviter le déroulement d'un processus de dépen
dance de la part du jeune envers lui. Le jeune est soutenu
par la disponibilité de l'éducateur ; celle-ci démontre
qu'il vaut la peine qu'un adulte s'occupe de lui. Cependant
l'éducateur doit l'aider peu à peu à se passer de son sou
tien et de ses encouragements.
Le jeune doit être aussi soutenu par ses
camarades qu'il retrouve dans une ambiance détendue et pro
tégée où il peut jouer un rô*le social positif conformément
à sa situation dans le groupe.
Quelque temps après, le jeune pourra se
mêler sans gêne à d'autres groupes, en entrant en contact
amical avec des jeunes de son âge, vivant ainsi sa réin
sertion sociale. Leur part de responsabilités sera donc
augmentée et celle de l'éducateur diminuée ; ce qui constitue
un progrès non négligeable dans le processus de rééducation.
En même temps, il est très important de
remarquer que les jeunes qui fréquentent des clubs, vivent
dans leurs familles. Ces familles exercent donc sur eux une
influence quotidienne. Il est donc nécessaire d'aider les
parents, le plus souvent possible, à faire face à leurs
responsabilités.
(l) Vicent PETRE et autres, op. cit. p. 136.
- 323 -
L'éducateur ne doit pas vouloir substituer
son influence à celle de la famille. Au contraire, il faut
tout faire pour associer les parents au club en les consul
tant le plus souvent possible.
Le jeune doit prendre conscience que l'édu
cateur collabore avec ses parents en les aidant à mieux
l'éduquer, de la même façon qu'il l'aide lui, à comprendre
ses parents.
En effet, l'aide aux familles doit être très
variée et parfois même s'étendre aux difficultés matérielles.
Cette aide peut consister en conseils, démarches dont la
complexité est souvent décourageante, ou en cours divers,
bien que ceux-ci fassent déjà partie du domaine de l'anima
tion sociale du quartier.
L'action de l'éducateur peut donc être résumée
ainsi :
- établissement d'une relation, d'un dialogue amical et
compréhensif avec le jeune qui lui donnera des références
normatives sur lesquelles il pourra s'appuyer.
- diminution d'aide et de contrôle pour que le jeune acquière
progressivement une autonomie plus grande sur tous les plans :
économique, professionnel, socio-culturel.
- aide non limitée au jeune mais devant bénéficier à tout le
groupe en en modifiant l'équilibre.
- action qui tend à modifier les conditions d'environnement
qui se sont révélées pathogènes et à favoriser l'adoption
des mesures adéquates par les organismes qualifiés.
- 324 -
2 .4 - la recherche active
L'absence d'un mode de recherche approfondi
et de données statistiques précises rendent difficile la
solution du problème des mineurs au Brésil. Pour utiliser
un mode de recherche approprié, il est nécessaire de dé
finir clairement ce qu'on attend de celle-ci. De la défini
tion claire des objectifs de la recherche va dépendre le
choix des instruments, les délais, le rythme de réalisation,
etc...
Le processus de planification propre à un
problème déterminé permet de conclure que, pendant un certain
laps de temps, il est ni possible, ni souhaitable de réa
liser d'autres actions, si ce n'est la recherche de la vérité
elle-même. Dans ce cas, le plan serait un simple plan de
recherche, préalable à la prise de décisions relatives à
l'action effective restant à planifier.
Il n'est pas non plus nécessaire que la for
mulation des programmes ait lieu seulement après la réali
sation de la recherche idéale. La planification et la re
cherche peuvent être concommittantes, interdépendantes,
auto-réflexives. De cette façon, de nombreux programmes
seront plus efficaces en pouvant être reformulés à mesure
que la recherche atteint une plus grande objectivité et une
plus grande précision.
Selon nous, la recherche sur le problème du
mineur au Brésil doit contribuer à l'élaboration des lignes
directrices pour l'action à mener. Elle doit aider à définir
des méthodes d'action et doit essayer, dans la mesure du
possible, de déterminer la cause et l'effet pour les résul
tats obtenus.
- 325 -
Une étude dont les données seraient conservées
depuis longtemps dans les archives ne présenterait aucune
utilité. De plus, nous avons vu que de telles données pouvant
fournir une vue d'ensemble du problème, n'existent pas au
Brésil. La méthode la plus efficace consiste donc à examiner
les conséquences immédiates du travail à réaliser. C'est pour
cette raison qu'à notre avis, la forme recherche-action serait
la plus appropriée. Comme son nonr l'indique implicitement,
cette recherche doit être orientée vers l'action et doit
même viser à forcer à l'action. Elle comporte une orientation
vers les problèmes, non seulement dans leur dimension intel
lectuelle, mais aussi dans leurs conséquences sociales, et
embrasser leur complexité d'un point de vue pratique et non
seulement théorique. La "recherche-action" tient compte du
temps réel ; elle utilise les données fournies par des cas
concrets, en essayant de comprendre les relations qui appa
raissent. Une telle forme de connaissance doit tenir compte
du dynamisme de la réalité brésilienne, et donc être atten
tive aux données de l'évolution constante. Comme elle opère
dans le temps réel, elle est orientée vers le présent et
de nouvelles données apparaissent au cours du développement.
D'autre part, il ne s'agit pas simplement de
connaître la réalité pour elle-même, mais de l'analyser en
cherchant à porter un diagnostic sur ses problèmes, afin
que l'action engagée, qui vise à modifier une situation
existante, soit dirigée essentiellement vers les points fon
damentaux permettant les modifications recherchées.
En suggérant la "recherche-action", notre
intention est de rechercher un moyen pour identifier les
besoins d'information, pour analyser les matériaux collectés
et élaborer des solutions aux problèmes soulevés.
- 326 -
Ce type de recherche aidera à déterminer de
nouvelles alternatives d'actions possibles, à savoir quels
sont les points qui demandent une recherche approfondie,
une action immédiate ou moins urgente, à partir des données
recueillies. Pour ce faire, il faudrait élaborer et diffuser
dans toutes les régions du Brésil des questionnaires pour
les entrevues et le travail en groupe, répondant à un grand
nombre de propositions, très utiles au cours du déroulement
de la recherche-action.
Ces questionnaires, utilisés au cours du tra
vail :
- aideraient dans la recherche, l'identification et l'analyse
des données importantes.
- fourniraient des bases concrètes et objectives pour l'étude
et le débat des différents problèmes.
- contribueraient à la délimitation de nouveaux objectifs.
Construite sur ces bases, la "recherche-action"
ne viserait pas seulement à recueillir des informations, mais
à élaborer, créer, construire des solutions avec la partici
pation de tous les intéressés. Elle serait un indicateur des
résultats et serait de plus utilisée comme facteur de cor
rection des déviations et distorsions constatées dans 1'exé
cution du programme.