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1 TRIP WARRIOR EN INDE Avril 2011 Le « Teub » Mahal.

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Récit de voyage en Inde en mode routard

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Page 1: Trip warrior en Inde

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TRIP

WARRIOR

EN

INDE

Avril 2011

Le « Teub » Mahal.

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Préambule

L’Inde, ça faisait un moment que je voulais y aller. Je vais pas dire que j’en rêvais,

mais ça me bottait bien. Alors, comme mon cousin Henri y travaille depuis un petit

moment maintenant, et comme mon petit frère qui fait ses études à Hong Kong

était motivé aussi, je me suis dit que c’était le moment ou jamais. Et puis, comme

dit l’autre, « on ne peut pas ignorer 1 milliard 200 millions d’Indiens », hein. Donc,

direction India !

Ce petit récit est fait pour le fun, mais il a aussi une vocation pratique, pour ceux

qui voudraient aller là bas. Je donne donc un certain nombre de prix, à titre

indicatif.

06 avril

Charles de Gaulle

C’est enfin les vacances, je vais pouvoir oublier toutes les misères du travail.

Dernier jour de boulot, donc, je suis en déplacement à La Hague avec Ludo, il fait

beau et chaud (étonnant, d’ailleurs, pour la région), bref, ça commence plutôt bien.

3h de train pour rentrer à Paris, je ne repasse même pas par chez moi, car mon

avion décolle tellement tôt demain matin que je suis obligé de dormir à l’aéroport

comme un clodo.

Bon, en réalité, j’aurais pu prendre un hôtel à 100€ et mal dormir à cause d’un réveil

forcément très matinal quoiqu’il arrive, mais quitte à mal dormir, et en guise de

préparation aux 2,5 semaines de warrior qui vont suivre, je préfère me la jouer clodo

à Charles de Gaulle 1 et ainsi économiser 100€.

J’arrive tard, l’aéroport est quasiment désert, pas moyen de dîner (Mc Do est fermé,

à chaque fois ça me fait le coup, c’est super rageant). Pas étonnant que l’aéroport

soit si mal classé au niveau mondial, quand on voit comment les voyageurs sont

abandonnés la nuit…

Je dors donc plié en quatre sur des chaises boulonnées, bercé par le doux bruit des

marteaux piqueurs. Aéroports de Paris, je vous aime (« Le monde entier est notre

invité », qu’ils disent. Quel sens de l’hospitalité !).

07 avril

Charles de Gaulle => Francfort => New Delhi

J’ai étrangement bien dormi (les boules Quiès sont mes amies). Je crève la dalle,

alors je fonce au Mc Do, mais pas moyen d’avoir un burger et des frites, car ils ne

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servent que des Mc Morning. J’avoue être un peu excédé, et je me ferais bien un

remake inversé de Chute Libre (film de Joel Schumacher, 1993), mais non.

Vol très rapide pour Francfort sur un A320, 3h de transit, puis vol sans encombre

vers New Delhi, sur un B747. La compagnie (Lufthansa) est plutôt bien.

08 avril

New Delhi

J’arrive à Delhi un peu après minuit. Brice et Henri m’attendent à la sortie de

l’aéroport (Brice est arrivé de Hong Kong via Jet Airways une petite heure avant

moi).

Henri est en moto, il nous met dans un pre-paid taxi (service de pré-paiement avec

prix fixés et honnêtes, à utiliser sans modération en Inde, pour éviter arnaques et

négociations fatigantes). On met une vingtaine de minutes à rallier l’appartement

d’Henri, dans Amar Colony, tout près du Vikram Hotel (qui a pas l’air trop mal). Le

trajet nous donne une première vue de l’Inde : polluée, un peu crade, et surtout une

anarchie totale sur les routes. C’est assez folklo.

Il ne fait pas trop chaud, je suis content, car ça me faisait un peu peur. Mais en fait,

c’est la nuit, et on est au Nord, donc c’est normal (les prochains jours dans le Sud

seront autrement plus éprouvants).

Arrivés au Vikram Hotel, un vigile inspecte le dessous du véhicule avec un miroir,

sans doute pour repérer une éventuelle bombe (bonjour l’ambiance, mais en ne

vérifiant que sous le pare-chocs avant, m’est avis que toutes ces pseudo précautions

sont complètement stupides). Le mec charge nos sacs et tout, mais on lui explique

qu’en fait on ne descend pas du tout au Vikram, on loge chez un ami. Le type a un

peu de mal à comprendre, mais bon.

Petite nuit chez Henri, qui vit dans une coloc plutôt sympa, avec un roof top et tout.

Puis, première journée en Inde, donc, que l’on consacre à se mettre dans le bain et

à visiter un peu Delhi pendant qu’Henri est au boulot.

Le matin, première chose : tirer de l’argent. La carte de Brice fonctionne, mais pas

la mienne. Ça commence bien ! Enfin, on verra plus tard, du moment que la sienne

marche, hein…

On visite Old Delhi. C’est un bordel monstre : poussières, ordures, pas de trottoir,

circulation fouttoiresque, etc.

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Dans les rues de Old Delhi.

On se pose dans un Mc Do. C’est pas super local, mais c’est toujours intéressant de

voir les Mc Do étrangers, et puis, on aura tout le temps de se flinguer les intestins

plus tard, alors… Bon, bah, c’est pas cher du tout, pas mauvais bien que super

épicé, et très lent (vive le slow food).

On passe devant le Red Fort sans entrer dedans, faut avouer que ça a de la gueule.

Devant le Red Fort.

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On va ensuite à la Jama Masjid, la grande mosquée.

On arrive à un moment où la visite n’est pas possible. C’est impressionnant, mais

bon, avec toutes ces ordures, cette chaleur et cette pauvreté, on n’a pas forcément

très envie d’y aller. Et puis les Indiens qui passent leur temps à nous dévisager, ça

rend mal à l’aise, aussi (on finit par s’y habituer, mais au début c’est bizarre). Les

hauts parleurs hurlent un message qu’on ne comprend évidemment pas, mais ça

ressemble plus à un appel au Djihad sanglant qu’à un message de paix et d’amour,

c’est super fort et vindicatif, bref, ça donne pas envie.

Au fond, la Grande Mosquée de Delhi.

On repart en regardant les dizaines de rapaces qui volent au-dessus de nous et les

quelques fouines qui courent sur le devant de la mosquée…

On passe vite fait sur la Connaught Place, qui n’a pas grand intérêt, donc on

poursuit vers les bâtiments du Gouvernement.

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Devant les bâtiments du Gouvernement.

Puis, en rickshaw, on part vers un parc qui a l’air sympa. Il fait super chaud et plutôt

sec, du coup on a super soif, mais pas un seul vendeur dans le parc. On se demande

bien pourquoi, il y a pourtant du bizness à faire, ici. Qu’on ne me dise pas que c’est

pour la propreté, il y a déjà des bouteilles et des papiers partout, alors… Au final, le

parc est loin d’être transcendant.

Des Indiens nous demandent à être pris en photo avec eux. Apparemment, être sur

une photo avec un Occidental, c’est la classe ultime. Des fois, on se demande ce

qu’ils prennent en photo, au juste : le temple, où l’Occidental juste devant… Plutôt

amusant !

On ressort pour se boire un gigantesque coca glacé. Bonheur simple et intense.

On va visiter la tombe d’Humayun. Ça, c’est super beau. Le parc est propre, joli,

bien entretenu. La lumière est magnifique, il y a des écureuils tout mimi et des

perruches partout, c’est vraiment sympa. L’architecture du bâtiment est classe. Bref,

c’est à voir, vraiment !

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La Tombe d’Humayun.

On retrouve Henri au Lotus Temple. C’est assez cosmique comme truc, mais

amusant. Ensuite, on visite un temple de Kryshna complètement kitsch avec de la

musique à fond façon dancefloor…

De retour chez Henri, petit tour au marché, pour boire des jus frais (excellents et

pas chers : 10 roupies). Petite bouffe locale aussi, des pani puri (que je renomme

direct pourri pourri ^_^), cuisinés à l’eau (le truc à ne surtout pas faire quand on est

touriste et qu’on veut éviter d’être malade). Mais Henri nous assure que c’est safe.

En tous cas, au goût, c’est plutôt bon !

On va acheter de la binouze (grandes bouteilles de KingFisher, 60 roupies l’unité) et

on se fait livrer de la bouffe. C’est super bon et copieux, on n’arrive pas à finir. Et

vraiment pas cher. Il y a des patates super bonnes, appelées Alou Djarra (ou un truc

du genre). Avec Brice, on renomme tout de suite ça Alou Diarra, en référence au

footballeur, bien qu’on ne soit pas forcément des mordus de foot…

Demain, départ pour les plages de Goa !

09 avril

On our way to Goa

On se lève tôt, on part en taxi à l’aéroport (400 roupies pour 3, un peu cher, mais le

taxi est en bas de l’immeuble à l’heure, tôt). Attention, en Inde, que ce soit pour un

vol intérieur ou international, il faut absolument avoir imprimé son billet

électronique, sinon, on ne peut pas rentrer dans l’aéroport, et donc on loupe son

avion. Les compagnies n’ont pas besoin du billet au guichet, mais la police va vous

le demander pour pouvoir entrer.

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Bref, vol Air India pour Goa en A320, via Mumbai (ex-Bombay). La compagnie est

bien, il y a des boissons et des (petits) plateaux repas gratuits, contrairement aux

compagnies low cost (IndiGo par exemple).

Le touchdown à Mumbai est correctement exécuté, mais on ne peut pas en dire

autant du touchdown à Goa, où le pilote y est allé tellement fort qu’on a rebondi sur

la piste, et pas qu’un peu. Je crois que tous les estomacs de la cabine se sont

retournés…

Pour info, Air India est célèbre pour le crash de Mangalore, avec une sortie de piste

improbable et un très lourd bilan (158 morts).

Arrivés à Goa, on prend un pre-paid taxi (900 roupies, relativement cher, mais sinon

rejoindre Anjuna Beach aurait été très long et compliqué en bus, et puis on est en

vacances, quand même !). Le conducteur roule comme un fou furieux, il attaque en

permanence, fait des dépassements super risqués… j’avoue avoir serré les fesses un

bon paquet de fois ! Sur les petites routes ça passe, mais sur la nationale, c’est de la

folie pure.

Arrivés à destination, on trouve une piaule tout de suite pour pas trop cher (600

roupies pour 3 et par nuit). C’est pas super bon marché mais bon, on est à Goa. Et

quand on est français, ça reste super cheap. On loue des scooters pour un prix qui

ne cesse de m’étonner, 150 roupies par jour (à peine plus de 2€…).

Goa, c’est l’équivalent indien d’Ibiza. Bon, Ibiza, moi, c’est pas mon truc, c’est pour

ça qu’on est pas allé à Baga ou Calangute (tout de suite renommée « langue de

pute » par mes soins, ne me demandez pas pourquoi, c’est juste débile), où Goa

prend toute son ampleur. On a donc préféré se mettre en retrait à Anjuna, et c’est

très sympa, l’ambiance boîte de nuit sur la plage est très modérée, le coin est beau,

bref c’est nickel.

On se fait une petite session plage bien sympa, c’est mon premier bain dans la mer

d’Arabie. Ma connaissance des mers du globe est en constante progression ! L’eau

est bonne, limite trop chaude, il y a quelques vagues, c’est cool. Des vaches

glandent tranquillement sur la plage, des chiots tout chou s’amusent dans le sable,

on se boit des grandes KingFisher au coucher du soleil.

La glande absolue. Ça fait du bien. Seul bémol : en Inde, pollution ou pas,

l’atmosphère est toujours très trouble, du coup on ne voit jamais vraiment très loin,

et le soleil disparaît dans la brume bien avant de se coucher derrière l’océan.

Dommage.

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La plage de Goa.

Des vaches.

Petite session scooter de nuit pour aller faire de l’essence et repérer d’éventuels

salons de massage. Ensuite, petit resto. Pas extraordinaire du tout, mais le lassi à la

mangue est très bon (attention au special lassi, à la majijuana, qui peut vous emmener

très [trop ?] haut).

Je décide de nommer notre trio de scooters Les Anges de la Nuit.

Dodo.

10 avril

Easy Rider

Journée très sympa à base de scooter. Ça commence par un petit déjeuner à

l’auberge, où le jus de fruit ressemble plus à de la mousse à raser qu’à du jus, mais

c’est pas mauvais pour autant. Ensuite, c’est parti pour le marathon des plages du

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nord de Goa, à base de scooter + bain + vagues + coca + pareil sur la page d’à

côté. Les vagues sont correctes pour faire du body, ce qui fait toujours plaisir.

Les Anges de Goa.

Petite ascension d’une colline en plein cagnard pour visiter les restes d’un fort, et

avoir une vue sympa du coin, mais qui se perd encore et toujours dans la brume.

Là-haut sur la colline.

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On mange dans un petit resto local, pour moins de 100 roupies à 3. C’est du thali

classique (riz, curry, pain, poisson). Pas mauvais du tout.

On prend le bac pour aller voir le fort en face de Vagator Beach. C’est sympa. Se

balader sans efforts en scooter sur la côte, c’est vraiment génial (même si rouler à

gauche c’est quand même chelou). Les Anges de la Nuit sont officiellement

renommés Les Anges de Goa. Mon scooter, fidèle destrier, se prénomme désormais

Angelo.

Henri, Brice, et moi, sur le bac pour Vagator Beach.

Plus un Indien, ravi, qui fait du photo-bombing.

Retour de nuit à fond la caisse (heureusement les phares fonctionnent…). On

décide de dépasser notre antre à Anjuna et d’aller au sud pour voir comment c’est à

Baga et Calangute, histoire de. Eh bien, c’est nul, globalement. Ambiance gros

beauf, dancefloor sur la plage, russes bourrés, bref c’est nul, et en plus la bière et la

bouffe sont chers, mais au moins on aura testé. Et puis, quand même, mon butter

chicken était excellent.

Pendant toute la soirée, Brice fait remarquer qu’il y a de drôles de lumières dans le

ciel. Ce à quoi Henri répond très doctement que c’est normal, ce sont les lasers des

boîtes de nuit. Mais en fait, pas du tout : ce sont des éclairs, un méga orage se

prépare ! Et au moment du départ pour retourner à la piaule, ça pète ! Henri :

« J’annonce, on va se prendre une pluie d’enculé ».

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Et, effectivement, ça claque dur. On rentre de nuit, sous l’orage. Il y a beaucoup de

vent, mon scooter se fait secouer. Et puis, avec la pluie, on voit pas grand-chose :

avec la visière c’est le bordel, et sans visière on se fait démonter la gueule par les

gouttes. Quelques éclairs monstrueux illuminent la campagne, c’est super

impressionnant. Les lampadaires s’éteignent, on ne voit plus rien. À un carrefour,

on croise un Indien à terre, en sang. C’est le gros bordel. A-t-il été percuté ?

Apparemment non, il est complètement bourré et est tombé tout seul, mais il

risque effectivement de se faire percuter. Des gens s’occupent de lui, nous on

repart à petite allure, car la route est devenue vraiment glissante. On finit par arriver

à la piaule, sains et saufs, mais complètement trempés. Un cocotier s’est

manifestement pris un éclair et est tombé sur les câbles juste à côté de la guest house.

Du coup, plus d’électricité. Douche et lecture à la bougie, puis dodo après cette

superbe journée.

11 avril

Joyeux anniversaire

Eh ouais. Aujourd’hui, c’est mon annif. 26 ans. Je me sens déjà vieux. Encore une

journée en scooter. Angelo aura tout donné aujourd’hui !

Le matin, on part visiter Old Goa. On roule beaucoup, notamment sur la nationale,

ce qui n’est pas sans faire monter le cardio à quelques sommets, parce que c’est

quand même bien stressant. En effet, les Indiens roulent vraiment comme des

connards, et en scooter face à un camion, on n’en mène pas large. Et puis Henri

attaque en permanence, dès qu’il peut doubler, il y va. Super… À un moment, on a

cru perdre Brice, mais en fait il nous avait doublés en screud par la gauche. On finit

par se retrouver, et on décide d’un ordre de formation : Henri devant, Brice au

milieu et moi derrière. Au moins sur les portions de nationale. Comme ça, si on en

perd un, on aura quelques indices, une espèce de « boîte noire » si j’ose dire. Les

Anges de Goa en « Formation Nationale » !

On visite un certain nombre de cathédrales, on voit la momie de St François

Xavier. On prend un jus de canne. C’est frais et pas mauvais, mais un peu trop

sucré à mon goût. Il fait super chaud.

L’après-midi, encore des cathédrales. Petite bouffe façon thali, puis on visite

quelques temples, dont l’un très cosmique où une bande son hypnotique invite à

répéter « Shivaaaaaa ». Planant. On se crame les pieds sur la pierre en plein soleil,

car il est évidemment obligatoire de se déchausser…

On arrive à un temple assez classe (disons moins kitsch que les autres), avec un

super réservoir à ablutions. Avec cette chaleur, cette eau fraîche dans ce cadre

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sympa, je ne peux pas résister, je plonge ! J’ai vu un serpent se faufiler entre les

pierres, mais bon, c’est pas grave, j’y vais. C’est super agréable.

En sortant de l’eau, énormissime échec. Mes clés de scooter étaient dans ma poche,

et je les ai paumées dans l’eau. Le bassin est gigantesque, l’eau n’est pas

transparente, et au fond il y a de la vase (et sûrement aussi des serpents). Epic Fail.

Je cherche vite fait, en vain. Tu parles d’un 26ème anniversaire !

Le bassin où j’ai offert mes clés de scooter à Shiva.

En plus, j’ai locké le guidon, donc on ne peut même pas me tracter. Bon. On se

renseigne, apparemment il y aurait un garagiste pas loin. Je monte derrière Henri, et

nous voilà la recherche du Parkar Garage dans le village d’à côté. On trouve assez

facilement. On explique notre problème, Brice prend le mécanicien derrière lui, et

on retourne au chevet d’Angelo qu’on avait laissé sur le bord de la route.

Le gars démonte le scooter, délocke le guidon et shunte le démarreur en quelques

minutes. On le ramène au garage. Il débloque mon coffre, comme ça je pourrai

faire de l’essence (sinon on serait tombé en panne sur le retour, façon loose).

L’affaire est pliée en une heure pile, pour moins de 200 roupies. Incredible India,

comme on dit ! Angelo is back !

Par contre, plus de clé, démarrage au kick, donc Angelo peut se faire chourer à

chaque arrêt… Et pour éteindre la bête, je dois me cramer la tong sur le pot. Mais

bon, c’est pas grave.

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On visite une petite mosquée bien classe. Au bord d’une route dégueulasse et d’un

bidonville, mais la mosquée est classe. Classic.

La mosquée du coin.

On fonce sur les hauteurs d’une colline, pour apprécier le coucher de soleil. On

grimpe sur une église en construction, c’est assez fun.

Il commence à faire nuit. On a 50 km à faire pour rentrer, dont l’essentiel sur la

nationale. Il faut partir !

J’aime autant vous dire que 50 km en scooter, de nuit, sur une nationale en Inde,

c’est une sacrée expérience. Mon rythme cardiaque a frôlé des sommets himalayens.

Henri attaquait modérément, mais attaquait quand même. Entre la poussière, la

pollution, les insectes dans la gueule à donf, les pleins phares dans la gueule, les

dépassements sauvages, les klaxons à fond (les Indiens ne freinent jamais, ils

klaxonnent tout du long), les rouleaux compresseurs sans phares à contre sens, les

bus qui te poussent, c’est un combat de chaque instant, et pas un combat de

mauviette. Je confesse avoir serré les fesses tout du long. Ce fut éprouvant.

Retrouver les petites routes fut en revanche un pur bonheur. Là, ça rentrait comme

dans du beurre, malgré la manie des Indiens de marcher en plein milieu d’une route

non éclairée et en dépit des ralentisseurs furtifs. À ce moment là, Brice, lui, était

pris d’une haine pour le genre humain en général.

Je termine lessivé. Henri a l’air d’avoir trouvé ça plutôt fun, tout ce qu’il voulait à la

fin, c’était un paquet de chips, alors que moi j’avais le cardio au plus haut…

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On se fait un petit resto sur la plage d’Anjuna, pour mon annif. La bière fait un

bien fou. Côté bouffe en revanche, je récupère une salade immonde et bien

maigrichonne. Echec, quand tu nous tiens…

Tout à coup, Henri nous fait un malaise à base de crampes et de sueurs froides.

Sacrée ambiance… Un quart d’heure après, c’est passé. Mystère.

Retour à la piaule, je m’endors direct. Brice vomit toute la nuit. Et moi, j’ai la

chiasse…

La classe !

12 avril

Last day in Goa

Dernier jour à Goa, donc. Brice et moi, on est un peu nauséeux. Angelo est parti au

garage pour se faire poser un nouveau démarreur (qui me coûtera 450 roupies).

Pour mon dernier jour, Angelo est donc remplacé par un scooter à clé (que je

surnomme secrètement Donatello).

Le matin, les Anges de Goa reprennent la route. On visite le Fort Aguada. Sur le

chemin, on croise un énorme éléphant. Un gars lui monte dessus en lui chopant les

oreilles et en lui marchant sur la trompe. Impressionnant. Ça doit niquer les

oreilles ^_^ !

On se baigne à une petite plage.

L’après-midi, on visite Panjim. Il y a quelques jolis quartiers de type méditerranéen.

Journée sympa. Henri repart en avion à Delhi. Nous on continue notre périple. En

attendant le départ de notre bus de nuit, je me fais couper les cheveux par un local

pour 60 roupies. À la fin, il me décape le visage avec une brosse métallique, mais

laisse tous les cheveux coupés. Et pas moyen de se doucher, je vais donc passer une

nuit en bus avec des cheveux partout. Niiiice.

On va donc à la gare routière pour prendre notre bus pour Hampi. Il règne un

bordel monstre, à l’indienne.

On monte enfin dans le bus, qui n’aura pas été facile à trouver ! Les sièges sont

pourris, le bordel est total, la nuit est affreuse, mais j’arrive quand même à dormir.

Je me réveille par intermittence car on a le vent de la porte grande ouverte dans la

gueule, parce que le gérant hurle toute la nuit, parce qu’on prend des nouveaux

passagers ou parce qu’on en oublie lors des arrêts techniques, etc. C’est intense.

À un moment, je me réveille avec les pieds écrasés par un sac de riz de 50 kg. Plus

tard dans la nuit, j’ai les pieds dans un bac à poissons qui se décongèlent… Niiiice.

Certains bâtards, qui n’avaient même pas de billets, squattent des couchettes alors

que nous on a le dos pété sur nos sièges…

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13 avril

Hampi

On arrive donc à Hampi, de bon matin. À peine descendu du bus, je suis pris de

spasmes terrifiants qui me tordent le bide. Heureusement, ça ne dure que 30

secondes, mais je crois qu’il est urgent que je trouve des toilettes correctes (les

chiottes turques où tu as l’impression qu’il y a eu un attentat à la bombe fécale, ça

va un moment, mais il faut trouver une solution, à la fin !).

On se trouve rapidement une petite guest house, pour 150 roupies. Il y a plein de guest

houses, presque toutes au même endroit, et pour cause : Hampi, c’est vraiment tout

petit. Et c’est plutôt mignon, dans le genre. On n’a pas forcément choisi la

meilleure piaule, mais bon, le gars est gentil et on a une vraie salle de bain avec des

vraies chiottes et un ventilo (Brice a été très clair sur ce point ^_^). Mais bon, un

ventilo sans électricité, c’est, comment dire ? Inutile ? Et à Hampi, les coupures

d’électricité, ça ne manque pas ! Tous les matins et tous les soirs de façon plus ou

moins automatique, et très souvent entre les 2 !

On prend les devants et on réfléchit tout de suite au départ. Pas parce que c’est nul

Hampi, non, loin de là, mais on veut avoir des places potables et éventuellement

dormir dans le prochain transport de nuit. Le gérant réserve nos places et se prend

une petite commission qui ne nous semble pas pendable (80 roupies, mais les

agences le font pour 50… pas graves, on se bat pour des pouïèmes d’euros, hein).

Il fait une chaleur épouvantable et l’électricité est en rade. Normal.

Le matin, on visite le coin à pieds. C’est sympa, vraiment. En gros, Hampi, c’est un

mini village perdu dans un petit désert, avec plein de vieux temples partout.

Dans un vieux monument à Hampi.

Page 17: Trip warrior en Inde

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On croise un buffle d’eau assez excellent qui court dans tous les sens et semble

jouer comme un chiot. Au loin, un gars en turban lui court après depuis

manifestement quelques heures, sans parvenir à l’attraper… ^_^

Lors de la ballade, un gamin court vers nous, se défroque, et chie par terre juste

devant nous. Niiiice.

L’après-midi, on comate à l’ombre d’une terrasse. Il fait atrocement chaud. Les

sodas et l’eau ne sont pas frais car l’électricité n’est toujours pas revenue. Misère de

misère… Bon, on se lance quand même. On loue un scooter miteux pour deux

(120 roupies). C’est vraiment pas cher. Ce qui est « cher » en fait, c’est l’essence, qui

revient aussi cher que le scooter. Mais bon…

L’intérêt du scooter, c’est qu’avec la sueur et le vent, on a presque la clim ^_^. Bon,

l’engin est poussif, pas moyen de monter la côte à deux sur le scoot. Mais pas grave,

c’est la seule côte, le reste du pays est plat. On visite quelques temples, c’est super

beau et super calme. Les temples sont équipés de tout un tas de système d’eau et de

piscines, mais tout est à sec, hélas. C’est vraiment dommage, parce que c’est très

classe. Et avec cette chaleur, mon dieu, ce serait tellement bon ! On a trop soif, et

personne ne vend d’eau dans le coin. Misère… On visite la stabu des éléphants,

c’est vrai que tout ça a vraiment de la gueule.

Un temple à Hampi.

Page 18: Trip warrior en Inde

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On continue notre épopée en scooter. Un type nous fait payer 10 roupies un droit

d’accès un peu bidon. 2 km plus loin, le flic nous dit qu’on n’aurait pas dû payer,

seules les voitures doivent payer. Il se met en tête de faire régner la justice. Brice

descend du scoot et le flic monte à sa place. Je conduis, on retourne voir le type qui

nous a arnaqués (« This is cheating ! » a dit le flic). Justice est faite, je récupère mes

10 roupies (15 centimes d’euro…) et le flic me donne des leçons de conduite sur le

retour (« Attention, là, il y a souvent des vaches »). Tout ça sur un scooter avec

quasiment pas de frein et personne n’a de casque (même pas le flic). Classic.

J’adore ! Allez, hop, un dernier vieux temple pour la route, encore une fois très

classe. Il y a plein d’écureuils tout mimi et de perruches toute chou.

Retour à donf en scooter.

Dodo.

14 avril

Hampi again

La nuit a été plus que correcte, grâce au ventilo qui a tourné l’essentiel de la nuit.

Sommeil très réparateur. Brice a une petite chiasse. Classic.

Le matin, on visite les temples qui sont au-delà de la rivière. Pour ça, on fout le

scooter sur la barque qui sert de bac, c’est impressionnant de voir combien d’engins

ils mettent sur un aussi petit truc !

Tout ça est toujours aussi beau, la campagne est vraiment chouette. Petite baignade

dans une rivière avec des enfants ravis de nous voir. On se demande toujours

pourquoi et comment on peut susciter de telles réactions !

À l’heure chaude, on entreprend l’escalade des 575 marches (j’ai compté X_X)

jusqu’au temple d’Hanuman. La vue sur le pays environnant est très belle.

Vue depuis le temple d’Hanuman.

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Le temple, en revanche, est à chier et, surtout, diffuse une « musique » (disons

plutôt du bruit) absolument insupportable (à base de « diguiding diguiding

diguiding » et de raclements de gorge… Niiice). Toute la vallée est arrosée de ce

concert affreux. Franchement, certaines choses m’échappent…

On découvre un ersatz du coca, le Thumps Up. Très populaire en Inde, ça ressemble

au coca, mais ça laisse un arrière goût absolument immonde (vu après coup : c’est

censé être un arôme de betel nut).

L’après-midi, grosse glande. On se baigne dans une rivière douteuse mais fraîche.

On prend soin de choisir un endroit à peu près propre et où l’eau ne stagne pas.

On finit par trouver un lac très grand et très classe. L’eau est fraîche mais un peu

tumultueuse, alors on fait attention. Glande et lecture au bord du lac.

En marchant sur un petit chemin, Brice se fait attaquer par une vache… Plus de

peur que de mal, heureusement !

Un troupeau de buffles d’eau.

On retourne à Hampi, on rend le scooter. On avait changé pour un truc

apparemment mieux et moins cher, mais en fait il avait rien dans le bide, mais bon

ça roulait quand même.

On tente un dîner léger (on n’a pas bouffé depuis plus de 24h).

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Petit coup de bus (9 roupies) pour rallier Hospet, d’où l’on doit prendre le bus. On

marche de la gare routière à la gare ferroviaire, et c’est assez terrifiant. Hospet, c’est

moche, sale, glauque, poussiéreux et ça pue la mort. Des énormes cochons traînent

dans les décharges. Heureusement, ce n’est pas l’heure chaude. En attendant le

train, on se pose pour boire une bière, mais apparemment c’est une journée dry,

c’est interdit et tout. Le serveur accepte quand même et nous emmène dans l’arrière

cuisine pour boire en screud une bière (qu’il fait venir en scooter de l’autre bout de

la ville, ça prend 20 minutes et ça triple le prix). L’ambiance dans la cuisine est assez

glauque, tout est suintant, la table colle, des trucs chelou traînent un peu partout.

Sacrée ambiance !

Dans une arrière cuisine, à Hospet.

Le train finit par arriver, avec 40 minutes de retard. Les couchettes sont correctes.

On croise une fille déjà vue à Hampi, qui m’a l’air d’une vraie warrior : elle voyage

seule, boit du thé chaud en plein cagnard (X_X), et se trimballe une tonne de

bagages pas adaptés (genre des valises au lieu d’un sac de rando). Respect…

Petite parenthèse sur la boisson chaude quand il fait chaud : il paraît que c’est ce

qu’il y a de mieux, mais mon avis est que tout ça, c’est une légende urbaine. Par

ailleurs, il y a apparemment un vrai débat à ce sujet, et il faut bien différencier

« hydratation » et « refroidissement », ce qui n’a rien à voir d’un point de vue

physiologique. Et puis, de toute façon j’emm… les intégristes de l’eau chaude, tout

ça c’est éminemment psychologique, et on ne me fera pas croire qu’une soupe

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21

chaude en plein soleil par 35°C fait de ce point de vue plus de bien qu’un coca, une

bière ou de l’eau glacée. Et *BIM*.

15 avril

Misère à Mysore

La nuit en sleeper fut correcte. Mais étrangement j’ai mieux dormi plié en 4 sur le

siège de bus vers Hampi qu’allongé dans ce train. En fait, ce qui fait invariablement

chier, c’est que les Indiens se lèvent à 5h, hurlent, gueulent et crachent. Ils sont

chez eux, on ne va donc pas leur en vouloir, mais, franchement, pour dormir, on a

trouvé mieux…

On arrive à Bangalore, d’où l’on chope notre train matinal pour Mysore. C’est le

bordel le plus total, les Indiens sautent dans le train alors qu’il n’est même pas

encore arrêté, les gens ne peuvent pas descendre, ils se gueulent et se marchent

dessus. Un bonheur. Des petits vieux se retrouvent piégés à l’intérieur alors qu’ils

voulaient descendre. Ils ne sont donc pas horribles juste avec nous mais aussi entre

eux. C’est du beau…

On est compacté dans le wagon à un niveau qui frise l’inimaginable. Je me dis

qu’on ne va jamais survivre. Ça gueule, ça hurle, ça bastonne dans tous les sens,

c’est l’anarchie. Je suis tellement écrasé que ma bouteille d’eau explose. C’est pas

juste le bouchon, non, la bouteille a littéralement explosé. Il fallait le faire. Et là, c’est

panique à bord. Apparemment, les Indiens supportent la pire saleté, mais là, il y a

de l’eau – minérale qui plus est ! –, et ça leur pose un problème manifestement

insurmontable, ils essayent de la contenir comme si c’était une rupture de

confinement à Fukushima… Incroyable.

Et puis, soudainement, ça se tasse. Le train ne s’est pas arrêté, ils n’ont donc pas pu

descendre, et il n’y a personne sur le toit. Où sont-ils donc passés ? Ça s’est

décanté, il y a plein de place maintenant. C’est phénoménal. La loi de conservation

de la masse est apparemment violée dans ce pays o_O…

3h de train sans histoire jusqu’à Mysore. On se prend une piaule correcte, avec

douche au seau et chiottes turques, mais l’ensemble est propre. Seul truc : mes

draps ont apparemment été passés au kérosène. Outre que ça pue, je ne vois pas

bien ce qu’ils ont voulu faire…

On visite le grand palace de Mysore. C’est effectivement impressionnant, voire

même franchement joli par moment. Mais c’est souvent très kitsch, et il y a

énormément de monde. Et puis, il fait super chaud, comme d’habitude. La ville est

salle, puante et agressive (comme d’habitude là aussi).

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On se fait une pizza dans un resto approximativement climatisé. La pizza est

mangeable mais super limite. On se boit un pichet de coca pression glacé. Bonheur

intense.

Le grand palace de Mysore.

On prend le bus jusqu’en haut de la colline de Chamundi. Apparemment,

l’ascension à pied est sympa, mais on a tous les deux la chiasse, alors on cherche à

limiter les dégâts potentiels…

Arrivés en haut, rien que de très classique : on voit rien (vive la brume), c’est moche

et ça pue, il n’y a que des stands qui vendent des jouets chinois, un temple kitsch,

beaucoup de monde et beaucoup d’ordures. Quelques singes jouent dans les

ordures, as usual. Bref, c’est nul, ici.

Gros combat pour monter dans le bus du retour, mais ça devient un classique. On

décide de quitter Mysore, car ça n’a vraiment rien d’extraordinaire. Hampi avait

beaucoup plus de charme. On va acheter nos billets pour Ooty (petite ville perdue

dans la montagne, qui a l’air très sympa). On va au bus stand, mais évidemment c’est

pas le bon bus stand. Après quelques galères, nous voilà au bon endroit. Pour

prendre un billet, c’est le coup classique : une foule inhumaine qui te pousse, où

tout le monde te grille ta place, t’envoie balader, te donne de mauvaises infos, etc.

On finit par avoir nos billets, et à récupérer le change (la fille a essayé de nous

niquer, bien évidemment). Un peu de discipline et d’ordre ne ferait vraiment pas de

mal, sérieux.

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Retour à la piaule. Brice est chiasseux et les chiottes turques se bouchent. Session

Trainspotting pour les remettre en marche. Niiiice.

16 avril

Direction Ooty en mode Bollywood

La nuit à la guest house fut bonne. Aujourd’hui, on part à Ooty, mais on a du temps à

tuer. Du coup, on prend le temps pour le petit déjeuner. Brice commande un thé

qui se révèle immonde et un jus de fruit qui ressemble à un milk shake pourri. Moi,

je commande une espèce de tarte à l’oignon compacté (onion dosa), ça a l’air gore,

mais en fait c’est pas mal du tout.

Ensuite, on visite le marché. Ça sent bon (c’est rare, en Inde), c’est joli, c’est coloré.

Bon, il fait toujours horriblement chaud, mais on finit par s’habituer.

« Peux-tu peindre aux mille couleurs l’air du vent… »

En début d’après-midi, on part pour Ooty. On galère pour trouver notre bus, qui

est super à la bourre, du coup, à l’heure prévue, on embarque dans le bus d’avant,

mais bon, on a des places quand même.

Le trajet est super beau. On entre dans la forêt, c’est vraiment classe, et je vois

même quelques éléphants. Ce qui est insupportable, c’est le film qu’ils nous passent

dans le bus. C’est un Bollywood Tamoul, c'est-à-dire que ce sont des petits gros

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moustachus qui passent leur temps à se taper dessus avec des bruitages absurdes, et

puis les danses sont complètement débiles. Ça irait si le son n’était pas à fond. Mais

là, c’est trop. C’est tellement fort que, même avec des boules Quiès, j’ai les oreilles

défoncées et une migraine carabinée. Et quand le film prend fin au bout de 3h, ils

en mettent un autre. Les Indiens sont morts de rire ou indifférents, tandis que moi

j’ai les oreilles explosées et je commence à vraiment péter les plombs.

Vraiment, je ne comprends pas, pour moi, c’est une forme de torture.

Sur le trajet, on voit que le paysage a vraiment changé. La végétation ferait presque

croire qu’on est en Europe. Et les gamins ne jouent pas au cricket mais au foot. Du

coup, on ne se sent plus vraiment en Inde.

On finit par arriver à Ooty en fin de journée. Il fait frais. Très frais. Ça change de la

fournaise habituelle ! Bon, on cherche une guest house, mais on ne trouve pas. Enfin,

si, on en trouve, mais elles sont toutes complètes. On finit par en trouver une, mais

à un prix super élevé. Du coup, on continue de chercher. On tourne comme ça

pendant 1h30 avec les sacs, il fait nuit, la ville est immonde (comme d’hab… c’est

quand même dingue, l’Inde : le pays est magnifique mais les villes sont

*systématiquement* dégueulasses). On zone, et la réponse est toujours la même :

full, ou hors de prix. C’est pas qu’on n’ait pas les moyens, mais pour l’Inde, les prix

sont vraiment abusés, on ne veut pas abdiquer.

On trouve finalement une piaule pour 600 roupies. Enfin, piaule, c’est vite dit.

C’est une espèce de box en contreplaqué avec plein de mouches et un seul lit. Le

gars installe un lit de camp défoncé en rab, histoire de. Les chiottes et la « salle de

bain » sont à part, sur le palier. Ce sont des chiottes turques où un chapelet de

bombes à merde a explosé.

Les chiottes, et la « douche ».

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La salle d’eau, c’est un truc de 1 m2 avec un seau d’eau immonde, et il n’y a même

pas de trou pour l’évacuation (je soupçonne que le béton soit poreux ou fissuré,

enfin bref ça fait rêver).

Le moral n’est pas au top, donc. La région est belle, mais la ville est super cher,

c’est blindé de monde et c’est *vraiment* crade. Du coup, on décide de mettre les

voiles dès demain, après avoir quand même visité les environs en scooter. Objectif :

rallier la côte, via Chennai (ex-Madras), pour ensuite aller sur Mamallapuram ou

Puducherry (ex-Pondichéry). Ça fait quand même chier de fuir 2 étapes de suite…

17 avril

Running away

Nuit correcte pour ma part. Brice a galéré avec le lit de camp qui a explosé au

milieu de la nuit. En plus, il a eu froid ! De bon matin, c’est déjà le bordel, ça gueule

de partout. Des types tambourinent à la porte pendant 20 minutes, je finis par aller

voir, je tombe sur 3 Indiens qui font une tête pas possible puis se barrent sans un

mot. Manifestement, ils se sont trompés de piaule, et ne s’excusent pas de nous

avoir réveillés à 6h du mat. Je sais bien qu’on n’est pas chez nous et qu’ici les

choses sont différentes, mais bon, ça fait toujours plaisir !

Je tente une excursion aux toilettes. Elles sont munies de loquets fonctionnels mais,

apparemment, personne ne les utilise. En poussant les portes, on tombe donc sur

des Indiens en train de chier et de fumer tranquillement, pieds nus dans un mélange

d’eau et d’excréments très ragoûtants. Bref, c’est glauque. Ça nous renforce dans

notre envie de partir d’ici.

Brice, dans la « chambre ».

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On fout les sacs au cloak room, puis on essaie de prendre des billets pour fuir.

J’attends le gars au guichet pendant 1h. Quand il arrive enfin, des dizaines d’Indiens

prennent d’assaut le guichet et tentent de me déloger, avec leur technique habituelle

et super fair play du TPMG (« Tout Pour Ma Gueule »). Je commence à être rompu

à ce petit exercice de négoce et d’intimidation, alors je ne lâche rien et je me

cramponne au guichet, en faisant obstacle aux grugeurs avec mes bras. Ils ne

passeront pas ! Mais si ! Voyant ma technique, ils contournent carrément le guichet,

ouvrent la porte de service, et entre dans le box du gars par derrière ! Carrément. De

là, ils commandent leur ticket, pendant que quelques cons (dont moi) sont restés à

l’extérieur, là où tout devrait se passer si on était un minimum discipliné… Bref,

c’est la lutte, ça dure des plombes, le type me dit que y a plus de places pour

Chennai, et que les billets pour Pondichéry ne peuvent s’acheter que plus tard.

Misère.

On tente la gare ferroviaire, juste à côté. C’est encore un bordel monstre au guichet,

et là on finit par nous expliquer que la vente est stoppée jusqu’à 18 h. Pour quelle

*foutue* raison ? On ne saura jamais. Ça commence à puer sévèrement du cul, tout

ça.

On fuit, pour essayer de louer un scooter histoire de visiter le coin (quand même !).

On cherche pendant 1h un endroit pour louer un scooter (d’habitude ça se trouve

absolument partout, Ooty serait donc une ville maudite ?). Quand on finit par

trouver, de l’autre côté de la ville bien évidemment, le type nous explique qu’il n’a

pas de scooter. Misère de misère, c’est un full total échec.

Du coup, on retourne à la gare routière. Là, on doit encore attendre. On arrive à

choper des billets. En attendant le départ, on décide d’aller faire un tour au jardin

botanique, histoire de pas partir complètement brecouille. Petite excursion en bus

sightseeing, donc. Très intelligemment, la bande autocollante sightseeing fait tout le tour

du bus, est très large, opaque, et fixée pile à hauteur de visage. Du coup, on ne voit

rien. Un comble pour un bus censé emmener les gens voir le coin. Mais qu’est-ce

qu’ils peuvent être c… des fois !

C’est dans ce bus que j’aurais eu une des discussions les plus cosmiques de mon

séjour :

- (moi) On arrive dans combien de temps ?

- (le contrôleur) 4 km.

- Ok, mais dans combien de temps ?

- Toutes les 30 minutes.

Rendu à ce niveau de la discussion, j’abdique. C’est trop surréaliste.

On perd un temps fou dans la circulation (un énorme bus a cru bon de se jeter à

contresens dans notre rue), on voit que c’est totalement blindé, on passe devant un

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amusement park totalement minable (j’ai rarement vu un truc aussi pathétique), puis

on arrive enfin au jardin botanique. Il y a encore une queue monstrueuse. Je jette

l’éponge, de toute façon il ne nous reste plus beaucoup de temps.

On rentre à la gare en rickshaw, la queue entre les jambes. Là, on récupère les sacs

au cloak room, et on essaie de monter dans un bus pour Coimbatore, d’où l’on

partira sur Pondichéry.

Et là, énorme échec : pas moyen de monter dans un bus. Quand ils arrivent à la

gare, ils sont déjà presque pleins. Les rares sièges encore disponibles sont pris

d’assaut alors que le bus n’est même pas arrêté. Les gens courent, s’accrochent

comme ils peuvent, grimpent, jettent des sacs, des serviettes, n’importe quoi,

pourvu qu’ils mettent quelque chose sur un siège, ce qui vaut plus ou moins

réservation. Du coup, impossible de monter. Même en faisant le forcing, les bus

sont tellement pleins, et nous on est 2 à lutter avec nos gros sacs. Mécaniquement,

physiquement, ça ne rentre pas, tout simplement. Quelle merde !

La photo ne rend pas justice au bordel monstre qui régnait à la gare routière.

Un flic plus ou moins compréhensif nous dit de tenter notre chance dans une gare

en amont, histoire de shunter l’afflux de gens. Un autre type nous suggère de

prendre un taxi collectif. Il nous en montre un déjà presque plein, il reste justement

2 places, et s’apprête à partir pour Coimbatore. Résignés, on choisit cette option

(400 roupies pour 2, ça reste correct). Le gars est cool et nous dépanne bien avec

son tuyau, on lui laisse donc quelques roupies. Et c’est parti pour 3h de routes de

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montagne, compacté à je-sais-même-pas-combien dans un taxico ! Une fois de plus,

les paysages sont magnifiques. En résumé, Ooty, c’est un cloaque dans une région

superbe. Le type conduit évidemment comme un fou furieux, tout en klaxon et en

dépassements acrobatiques. On finit par arriver à Coimbatore, mais on n’est pas au

bus stand d’où l’on doit partir. Un type veut nous emmener en rickshaw pour 200

roupies, on refuse poliment, c’est hors de prix. On préfère monter dans un bus, ça

nous coûte 5 roupies ! En quelques minutes, on y est.

On a quelques temps à attendre, du coup on se pose pour boire un énorme Fanta.

On trouve une buvette qui a l’air sympa avec des chaises, des tables et des ventilos.

Cool. Mais à peine a-t-on fini notre Fanta qu’on est harcelé à la consommation ou

invité à vider les lieux. Enfin, on n’a pas tout compris, mais c’est l’impression très

désagréable qu’on a eu devant tant d’insistance et d’incompréhension mutuelle.

Après une journée pareille, ça fout quand même les boules.

Tout crades et blasés, on finit par se poser sur les marches d’escalier du bus stand,

et on prend notre mal en patience. Brice tente une excursion aux chiottes. Il en

revient dépité. Je n’ai pas trop demandé, mais apparemment ce qu’il a vu ne devrait

pas être vu par un être humain. En tous cas pas par un Occidental non habitué.

Le bus a 1h30 de retard. Et, apparemment (mais on n’a pas tout compris), on aurait

pu le prendre à Ooty directement. On ne saura jamais, tant la vérité (et son

interprétation) est fluctuante dans ce pays…

C’est donc reparti pour une nuit de bus. On est juste derrière le chauffeur, donc

tout près du klaxon, et on prend tous les phares dans la gueule. So lovely.

18 avril

Repos du guerrier à Pondichéry

6h du mat. Nuit de merde. Et le bus tombe en panne. On est donc transféré dans

un autre bus, qui se traîne autant la bite que le premier. On cale tous les 100 mètres,

et on redémarre au marteau (j’avoue ne pas avoir tout compris). Je me dis qu’on

n’arrivera jamais à Pondichéry, mais on avance dans une campagne fort jolie et l’on

finit par atteindre notre destination vers 10h du matin, avec étrangement peu de

retard sur l’horaire prévu. On a quand même pris 20h de transport dans les dents

depuis Ooty…

Arrivés au bus stand, on négocie rudement le rickshaw vers la guest house sélectionnée

dans le Lonely Planet (ou Lonely Echec). On passe ainsi de 150 à 50 roupies (on

apprendra plus tard par des locaux que le ‘vrai’ tarif aurait dû être de 40 roupies, on

ne s’en est donc pas trop mal tiré). La meilleure façon de négocier reste de dire non

au prix demandé et de se barrer. Le prix diminue aussitôt. Enfin bref.

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On arrive dans le coin français de Pondichéry. La guest house indiquée par le Lonely a

en fait déménagé depuis 7 ans (bravo le Lonely !). Pas grave, on en trouve une qui

nous plaît bien (L’escale). Le gérant parle français, ce qui fait toujours plaisir, après

ces quelques jours passés dans la jungle de l’anglais Tamoul qui est, disons-le, une

variation indienne tout à fait cosmique de l’anglais international (absolument

imbitable, donc).

Bon, la piaule est pas donnée du tout (1500 roupies), mais l’endroit est vraiment

propre et classe, on a une douche, des vraies chiottes, un grand lit, la clim, un

ventilo, et il y a un super double roof top avec vue sur la mer et un grand frigo pour

stocker du coca (par exemple ^_^). Et puis, après tout ce temps passé à dormir

dans des bus de merde ou dans des taudis pourris, on prend la chambre. Surtout

que, dans l’absolu, ça ne fait jamais que 12€ par personne la nuit…

On prend une énorme douche (on était *affreusement* crades ^_^). Le gérant nous

loue son scooter (avec le réservoir plein) pour 180 roupies la journée. C’est parti !

Pondichéry.

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On zone dans Pondichéry. La partie « française » est à peu près propre et calme.

L’ambiance est vraiment sympa. Sitôt franchi le canal (un horrible Rio Merdo), on se

retrouve dans une zone plus « classique », c’est-à-dire sale et anarchique. C’est

chiant à dire, mais c’est comme ça. C’est pas pour dénigrer, mais bon, c’est un fait,

les villes indiennes sont crades, point. Ça peut se comprendre, l’objectif n’est pas ici

de jeter la pierre à qui que ce soit, c’est juste un constat.

On s’arrête pour bouffer dans un CKs, une espèce de fast-food indien mi-Mc Do,

mi-KFC. C’est pas donné, mais c’est bon, l’endroit est propre et climatisé, le serveur

(qui fait la cuisine aussi) est super gentil. Petite virée en scooter pépère.

L’après-midi, on part à la plage. Le gérant de la guest house nous a fait un plan. On

fait rugir le scooter, et c’est parti ! On se paume un peu, mais on finit par arriver à

la plage, grande, déserte et bien sympa, avec quelques vagues. Premier bain de ma

vie dans le Golfe du Bengale. Et une mer de plus sur le tableau de chasse !

Après un certain temps, une famille indienne arrive. La plage est immense, mais ils

s’installent juste à côté de nous. Pourquoi pas ? Ça devient plus chiant quand les

gosses se mettent à chier juste à côté de nous… Niiiiice. Ensuite, toute la famille va

se mettre les pieds dans l’eau, ils sont tout habillés et hurlent quand les vagues

viennent leur chatouiller les mollets. C’est dingue, mais en fait, très peu d’Indiens

savent nager, apparemment.

La plage, au sud de Pondichéry.

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On essaie de rentrer coolos, mais sur la route, ça finit toujours en free fight à

l’indienne. On se fait plus ou moins attaquer par une poule dans un village, ce fut

assez épique.

On se pose à la piaule, on va marcher sur le bord de mer une fois la nuit tombée,

en profitant d’un magnifique lever de lune. Couillons comme on est, on a

commencé par se dire que le soleil était quand même tout chelou, avant que, dans

mon immense intelligence, je remarque que côté Est, à cette heure là, ça ne pouvait

tout simplement pas être le soleil. À notre décharge, on était très fatigué, et la lune

avait vraiment une drôle de tronche ce soir là.

On croise un gigantesque éléphant dans un temple, puis, pour nous remettre de nos

émotions du jour, on va s’acheter des Snickers en guise de dîner, une énorme

bouteille de Pepsi à mettre au frigo, puis on va se boire des grandes KingFisher sur

un roof top éminemment sympathique.

Dodo. Enfin. Niiiiice.

Un éléphant dans les rues de Pondichéry.

19 avril.

Pondichéry again.

La nuit fut excellente. Quoiqu’un peu froide. En effet, dans notre piaule « grand

luxe », nous avons la clim. Et Brice est un ayatollah de la clim, il la fout à donf. En

journée, à l’heure chaude, j’apprécie à donf. La nuit, en revanche… Enfin bref, j’ai

pris froid, manifestement j’ai un rhume, un comble !

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Je me lève tôt, et je monte sur le roof top pour lire mon bouquin avec un grand Pepsi

et la vue sur la mer (le bouquin en question, c’est Terreur de Dan Simmons. Ça ne

fait pas peur du tout, mais c’est excellent quand même !).

Brice finit par se lever. On part en scooter jusqu’au jardin botanique. Sympa, mais

pas super bien entretenu, et y a quelques tas d’ordures qui n’ont pas tout à fait leur

place ici… On visite aussi l’aquarium qui est tout à fait banal mais néanmoins

sympathique. Petite virée en scooter dans la ville. On fait une petite pause, je

déjeune d’un litre de glace à l’italienne absolument parfaite, pour 60 roupies.

Brice, devant sa « trouvaille » dans le jardin botanique.

L’après-midi, on fonce à la plage (on ne se refait pas ^_^). Rien à signaler, sauf sur

le retour où un connard de chauffard passe son temps à nous klaxonner. Du coup,

avec Brice, on finit par lui faire un énorme fuck parce qu’il abuse vraiment celui là.

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Il le prend bien évidemment très mal et nous harcèle pendant tout le reste du

trajet : klaxon à donf, queues de poisson, dépassement sauvage, etc. Un vrai

bonheur. Mais comme dit le gérant de la guest house : il faut laisser couler…

Le soir, resto italien sur un roof top sympa, mais on a quand même l’impression

d’être dans une forêt d’antennes relais pour téléphones portables… Bouffe

correcte, sans plus.

On fait le plein du scooter et on rentre à l’hôtel.

Fait marquant : je recommence à chier à une fréquence et avec une consistance

normales (mais ça continue de sentir le rat crevé). Désolé pour la précision, mais les

désordres intestinaux font partie intégrante de tout trip en Inde !

20 avril

Back to Delhi

La nuit a été froide, merci la clim ! Du coup j’ai mal à la gorge. Super. Je suis

réveillé par les cris stridents et malheureusement très classiques des perruches

vertes à collier. Ce sont de très jolis oiseaux, qui ajoutent souvent à la majesté des

temples et autres palaces, mais leur cri est une vraie saloperie…

Bon, ce soir, on prend l’avion à Chennai pour rallier Delhi. Ce n’est pas très loin,

mais étant donnée la lenteur des transports indiens, et comme il faut se pointer 3h

avant le décollage, ça nous fait partir en début d’après-midi.

Mais en attendant, petit-déjeuner à la guest house. C’est notre premier (et unique)

petit-déj ‘occidental’ de tout le périple, et ça fait du bien par où ça passe. Il y a

même des croissants ! En fait, c’est carrément trop copieux, et comme on n’a plus

trop l’habitude de manger, on cale vite. Enfin bref…

Début d’aprem, donc, on prend un rickshaw pour rallier le bus stand, d’où l’on prend

un car pour Chennai. 3h de route sans grand-chose de notable (à part le contrôleur

qui s’est cassé la gueule à cause d’un brise vitesse et qui, en tombant, m’a collé une

énorme patate dans la gueule… Niiiiice !).

La campagne est belle. On traverse Mamallapuram, sur la côte. Ça a l’air très

sympa. Dommage qu’on ait perdu tout ce temps à Ooty, on aurait aimé faire étape

ici. Mais bon, c’est comme ça.

On finit par arriver à Chennai. On descend à un endroit de merde car le chauffeur

ne nous a pas laissé le temps de descendre là où il fallait. This is India. Bon, on

prend un autre bus. Là, le contrôleur est cool et nous indique l’arrêt où descendre.

C’est en plein sur la route, il faut traverser la nationale en freestyle pour entrer dans

l’aéroport international de Chennai, qui est en travaux. On entre, on a pas mal

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d’avance, on mange quelques conneries hors de prix, on s’enregistre, et puis on

attend, on attend, on attend.

On finit par décoller dans un A310 d’IndiGo (compagnie qui a la plus forte

croissance au monde, et qui a réalisé cette année la plus grosse commande de tous

les temps, en achetant 180 Airbus A320 NEO), et on arrive à Delhi assez tard. On

est frappé par la fraîcheur, il fait bien meilleur que dans le Sud où c’était une lutte

permanente contre la chaleur.

On tire de la thune parce qu’on est presque à sec puis on prend un pre-paid taxi

pour rallier l’appart d’Henri.

Arrivés devant la grille, on sonne, mais personne ne vient. Putain… on se demande

si Henri n’est pas en train de nous chercher à l’aéroport, on n’avait pas été très clair

sur ce point. C’te loose ! Je cherche le téléphone portable au fond du sac, j’appelle,

et en fait c’est bon, Henri est là, il avait juste pas entendu la sonnette. Cool !

On mange un coup, on se couche vers 1h30. Je ne m’endors pas avant 3h. Et on se

lève à 5h. C’est horrible. Mais on a un train à prendre pour Agra !

21 avril

Le Taj Mahal

On se lève très tôt, donc. C’est super dur.

On prend le taxi pour aller à la gare ferroviaire de New Delhi. La pire, d’après

Henri, mais on a déjà nos billets, on a juste besoin de repérer de quel quai on part.

Et là, évidemment, quand on arrive, l’écran géant censé annoncer les départs est en

panne ! Putain, mais c’est vraiment pas possible ce foutu pays, y a jamais *rien* qui

fonctionne dans ce pays… On va voir au stand Enquiry, et évidemment c’est noir

de monde et on comprend rien… Un type gentil demande pour nous et obtient

assez vite la réponse : quai n°1. Tout au bout. On pouvait pas faire plus loin. Bon,

bin, c’est parti !

Le train est nickel. On est en 1ère classe, c’est climatisé, ça va vite, et en l’espace des

2 petites heures de voyage, on nous sert 2 plateaux repas, du thé, du café, et des

bouteilles d’eau à volonté. Bon, c’est pas super bon, mais quand même ! 2 plateaux

repas en 2h ! Incredible India… Vraiment.

Brice dort tout du long. Moi, je n’y arrive pas. Dur.

Au passage, voici une petite retranscription d’un dialogue assez cosmique avec le

serveur :

- (moi) Pourrais-je avoir une bouteille d’eau s’il vous plaît ?

- (le serveur) 7h30.

- o_O (manifestement on ne s’est pas *du tout* compris ^_^)

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Bref !

On arrive à Agra, on pose les sacs au cloak room pour pas se les trimballer toute la

journée. Vous allez me dire : « Pourquoi ne pas avoir laissé les sacs chez Henri ? ».

Question censée, mais on n’est pas complètement cons non plus (encore que…).

En fait, on rentre dans la soirée à Delhi, mais sans repasser par l’appart, car on n’a

pas le temps, l’objectif étant de partir directement pour Dharamsala dans

l’Himalaya. Voilà pour l’explication.

Arrivés au cloak room, donc, et habitués à ce pays de fou furieux, on ne fait pas la

queue et on crame tout le monde. Et, surprise, on se fait engueuler dans les grandes

largeurs. À raison car, pour une fois, la queue est réelle, ce n’est pas juste un magma

humain complètement chaotique. Je m’excuse platement, et on fait la queue comme

tout le monde. Quand il y a des règles, on les respecte !

On prend un pre-paid taxi, et c’est parti pour le Taj Mahal. Pour une fois, les Indiens

n’ont pas préservé que le Taj, mais aussi ses alentours (500 m). Du coup il faut

marcher un peu, mais c’est pas grave. Y a des rickshaw à pédales et des calèches à

dromadaires, c’est fun, mais on marche. On arrive, on paye nos entrées au tarif

foreigner, soit une blinde : 750 roupies par tête. Mais bon.

Nous voilà donc sur le site du Taj Mahal, et faut avouer que c’est super beau.

Vraiment. C’est la grande classe. Le Taj en lui-même est somptueux, et le parc qui

va avec est magnifique aussi. Et puis c’est blindé de perruches sympas, ce qui ne

gâche rien !

Devant le Taj Mahal.

Page 36: Trip warrior en Inde

36

Bon, par contre, l’intérieur du Taj, c’est nul, hein. Les tombes (factices) sont

quelconques, et il y a une espèce de palissade ouvragée devant, du genre tellement

ouvragée qu’elle en est moche et surchargée. Aucun intérêt, si ce n’est le fun de n’y

voir absolument rien en entrant, car la luminosité extérieur due au soleil qui tape

comme un connard et au Taj tout blanc qui te re-rayonne tout dans la face, ça fait

que quand tu rentres dans le Taj, tu es aveugle pendant une bonne minute…

On quitte le Taj, et on va à pied au Fort Agra. Très grand, très beau, très classe.

Très impressionnant. Mais il fait une chaleur épouvantable et il n’y a pas moyen

d’acheter quoi que ce soit à l’intérieur. Je n’ai ni casquette (perdue le premier jour)

ni lunettes de soleil (pétées récemment), du coup j’ai les yeux absolument explosés.

Avec Brice, on n’a de cesse de se dire qu’il ne manque qu’un truc pour que ce soit

la classe et le bonheur ultime : des bains gigantesques, des espèces de piscines en

marbre ouvragé, pour se laisser glisser dans l’eau fraîche à l’heure chaude… Ce

serait tellement bon !

Agra Fort. Kolossal !

Page 37: Trip warrior en Inde

37

Après le fort, on part voir le Baby Taj en rickshaw. On aura bataillé super sec pour

obtenir un tarif potable. Le coup est classique, on se met d’accord sur un prix, et

une fois qu’on est parti, le type te propose de t’emmener faire les boutiques et/ou

t’explique que le prix (pourtant convenu après une longue discussion) n’est pas

correct. Bon, on descend du rickshaw. Un autre gars arrive et nous dit : « Je vous

l’avais bien dit que lui c’était un filou ! Venez, je vous emmène ! ». On se met

d’accord sur un prix (processus fatigant), on démarre, et là… le type nous fait

exactement le même coup ! Et il ose dire que l’autre est un filou… On descend, on

finit par trouver un gars réglo, et c’est parti pour le Baby Taj.

Le Baby Taj, donc. Rien à voir avec le Taj, en fait, c’est juste que ça y ressemble

beaucoup (c’est effectivement très beau) et que c’est tout petit.

À l’entrée, Brice tente d’aller aux toilettes, doit payer 5 roupies et doit négocier dur

pour obtenir 2 misérables feuilles de papier toilette…

On visite donc le Baby Taj. Très beau, dans un petit parc entretenu aux petits

oignons, une fois de plus d’une beauté absolue. Mais pas de bol, le Baby Taj n’est

pas aussi protégé que le Taj Mahal, et les environs directs sont immondes. Le Baby

Taj est en effet au bord d’une rivière complètement dégueu, dans laquelle des

enfants, pourtant, se baignent. Eurk. Au loin, on voit la ville, industrielle, crade à

souhait. Encore plus loin, un énorme incendie vomit une fumée noire du plus bel

effet…

Le Baby Taj.

Page 38: Trip warrior en Inde

38

On rentre en rickshaw à la gare ferroviaire, on récupère les sacs, on boit un énorme

Fanta et… on attend. Notre foutu train est à la bourre. Brice en a plein le cul, il

veut se rincer la rondelle, et il se heurte à des chiottes immondes.

Le train arrive, on monte, on a des couchettes (cool), mais on ne part toujours pas.

Putain… On démarre finalement avec 4h de retard. C’est beaucoup, mais c’est

encore jouable pour l’Himalaya. Le contrôleur nous dit qu’on arrivera dans 4 h, soit

la durée prévue. On est confiant. Sauf que non ! En Inde, les retards sont

exponentiels. En fait, quand un train a accumulé un certain seuil critique de retard,

il est tout simplement abandonné, priorité est donnée aux autres trains qui, eux,

n’ont pas encore atteint ledit seuil critique. Nous, on est foutu. Notre train s’arrête

en permanence et se traîne la bite comme c’est pas permis. Henri nous explique

tout ça au téléphone et nous dit qu’on est presque foutu. Brice et Henri discutent

au téléphone des options, le contrôleur continue de mentir en disant qu’on arrivera

à l’heure (n’importe quoi !). Le plus étrange, c’est que les passagers aussi, qui ne

gagnent strictement rien à mentir, disent la même chose. Ou alors ils sont juste

complètement à la masse. Toujours est-il qu’on arrivera effectivement avec des

heures et des heures de retard. Mais moi, n’ayant pas dormi la nuit dernière, je

craque et je m’endors, pendant que Brice reste éveillé, essaye de savoir un peu où

on en est, et discute avec Henri de la marche à suivre en urgence pour trouver une

autre destination pour la suite du périple. Je dors péniblement, systématiquement

réveillé par les vendeurs qui hurlent inlassablement « Chaïïï ! Chaï-chaï-chaï !!! » (il

est question de thé chaï, pour ceux qui n’auraient pas compris) ou « Lassi ! Lassi-

lassi-lassi !!! » ou autres truc du genre…

On finit par sauter du train à Nizamuddin, première gare située dans Delhi. On

abandonne ce train qui avance à une allure absolument improbable, défiant toutes

les lois connues de la lenteur. On négocie à couteaux tirés un rickshaw pour

rejoindre Henri à l’ISBT (Inter State Bus Terminus), à Kashmere Gate. Le conducteur

fume un pétard et conduit comme un connard (normal).

On arrive enfin à l’ISBT. Et là, c’est le choc. On se croirait à Dresde après le

bombardement. L’ISBT, c’est un énorme immeuble dont on ne sait pas s’il est en

construction, en réparation, en démolition ou bien tout ça à la fois. Des gens

dorment au milieu des gravats et des fers à béton, une foule gigantesque se presse

face à une grille pour obtenir un billet de bus, des gens cuisinent de partout,

d’autres vendent des jouets chinois, etc. C’est de la folie pure. On va aux chiottes

où il est indiqué Urinal Free, mais le gars nous demande quand même de payer. On

se laisse pas emmerder et on ne paye pas. De toute façon, ça ne vaut rien. Je n’ai

jamais vu de chiottes aussi immondes, ça pue, ça glisse, c’est crade, c’est pété de

partout, plein de crachats et de merde. C’est pire que les toilettes de Silent Hill, c’est

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dire ! Quand je pense que le dernier Resident Evil se passe en Afrique, je me dis

qu’ils ont intérêt à situer l’action du prochain épisode ici, à l’ISBT, en Inde !

L’Inter State Bus Terminus. La photo ne rend malheureusement pas compte du cauchemar de l’endroit…

Bref, c’est blindé de monde, et on ne sait pas où est Henri. En plus, on n’a plus de

crédit sur le portable : on ne peut plus l’appeler, et lui non plus (le système est bien

conçu, n’est-ce pas ?). Trop cool. On déambule donc dans ce bordel absolu, et on

finit par croiser Henri. Une sacrée chance !

Là, Henri nous dit que, en gros, c’est foutu. Il est illusoire d’espérer acheter un

billet, et les bus qui arrivent sont pris d’assaut avec une telle violence qu’on n’a

rigoureusement aucune chance. On se regarde, ne sachant que faire.

Finalement, un bus arrive, et n’est étrangement pas pris d’assaut (enfin, si, mais ça

semble jouable). Henri se renseigne, le bus va plus ou moins où l’on a choisi d’aller

(Rishikesh, le ‘début’ de l’Himalaya). Je jette nos sacs par la fenêtre pour « réserver »

des sièges pendant que Brice et Henri bastonnent pour monter. Je reste à la fenêtre

pour éviter qu’on nous choure ou qu’on nous éjecte nos sacs. J’essaie de grimper,

mais pas moyen. Henri et Brice prennent place, sécurisent les sacs et un siège pour

moi. À mon tour d’aller bastonner pour monter. Quelques minutes après, l’affaire

Page 40: Trip warrior en Inde

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est pliée, on est en partance pour l’Himalaya (le ‘début’ de l’Himalaya seulement,

pas la haute montagne comme on voulait, mais bon, c’est ainsi).

Il est 2h du matin, le bus fonce dans la nuit, et on fait des bonds de 30 cm sur nos

sièges à chaque ralentisseur. C’est d’une violence inouïe. Contre toute attente, on

dort comme des bébés, le sommeil seulement troublé par de régulières satellisations

aussi brutales que violentes.

Une « zone de crachats ».

22 avril

Himalaya

Il est 6h du matin. On a le cul défoncé et les yeux éclatés. Quelle nuit de folie ! On

change de bus. On rechange de bus. On arrive au parc naturel de Rajaji, dans lequel

on se fait un safari de 2h en 4x4, à peine débarqués du bus. Du coup, c’est un peu

rude ! Le gars conduit un peu comme une merde, les banquettes du 4x4 sont super

mal fichues, il faut super chaud et poussiéreux. C’est un peu dur, mais bon… On

voit quelques bestioles : beaucoup de ‘biches’, des oiseaux, un énorme varan et,

même, des éléphants ! Mais bon, on les voit de loin, ils sont planqués dans les

arbres, tout ça, du coup on voit pas grand-chose, en fait. Mais ce qui est fort, c’est

Page 41: Trip warrior en Inde

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que le guide ne les avait pas vus, les éléphants. C’est Brice qui a dû les lui montrer.

Tu parles d’un guide…

On reprend un bus, direction Rishikesh, donc. On se pose dans une guest house très

sympa, avec vue sur le Gange, des vraies chiottes et une vraie douche. Le bonheur

absolu, en somme !

Une fois installés, on part se balader dans les rues de la ville. C’est très sympa, très

peinard. Bon, il y a évidemment quelques jolis tas d’ordures, et ça klaxonne

toujours autant, mais cette ville est quand même plus peinarde que d’habitude, et

puis il y a le Gange, des vaches sympas qui déambulent, bref, j’aime bien.

Rishikesh, la fusion parfaite des temples et des ordures !

Page 42: Trip warrior en Inde

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On fait une petite pause glace. Henri et Brice tombent sur des trucs absolument

immondes (Choco Fiesta, à éviter) tandis que moi je me suis rabattu sur ma valeur

sûre du séjour (Twister Ninja). Henri et Brice renoncent, c’est trop infâme, ils jettent

leur glace. Quelques mètres plus loin, on tombe sur un singe qui mange une

glace… Tiens, tiens… Apparemment, on n’est pas les seuls à trouver ça

immangeable, d’autres aussi se sont séparés de leur glace, mais au lieu de la jeter, ils

l’ont donnée au singe. Moi, j’ai fini la mienne parce qu’elle était bonne et, comme

un sombre connard, je tends au singe mon bâtonnet tout nu. Le singe le prend puis

le jette et me gueule dessus, faisant carrément mine de m’attaquer ! Il n’a pas aimé

que je me foute de lui, apparemment ^_^.

Un singe qui bouffe une glace, à Rishikesh.

On regarde et on compare les prix pour le rafting, et on réserve nos places pour

demain.

23 avril

Rafting

Aujourd’hui, on part donc pour une grosse session de rafting sur le Gange. On

arrive à l’heure à l’ « agence », on monte dans le 4x4 avec le bateau sur le toit, et

hop ! On longe le Gange, puis on descend le matos. Henri ne rentre pas dans son

casque (il a une énorme tête), du coup c’est super safe.

Page 43: Trip warrior en Inde

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Le « moniteur » est gentil mais un peu stupide, enfin bref, on part à une dizaine

dans le bateau, on est les seuls occidentaux. Les autres sont des Indiens, et, comme

tout Indien qui se respecte, ils ne savent pas nager. Faire du rafting dans les rapides

sans savoir nager, voilà une lumineuse idée !

On n’a pas encore commencé qu’on est déjà trempé, parce que le grand jeu des

Indiens c’est de s’envoyer de l’eau dans la gueule, et aussi paske le « moniteur »

passe son temps à mouiller le bateau. Apparemment, ce serait pour l’empêcher

d’exploser au soleil à cause d’une surpression. Je me trompe peut-être, mais à mon

avis c’est une espèce de légende urbaine qui s’est installée, parce que je ne vois pas

comment les concepteurs de ces embarcations ne les auraient pas conçues pour

résister à ça. Je pense vraiment que c’est un geste qu’ils ont pris l’habitude de faire,

d’ailleurs, même quand le soleil est couché, ils continuent d’arroser régulièrement le

bateau. Même si ça risquait quelque chose en plein cagnard, la nuit, il ne faut pas

déconner… Mais le plus drôle, c’est que dès qu’Henri sortait son appareil photo, le

gars lui mettait une grosse rame de flotte dans la gueule ^_^. Réaction systématique

d’Henri : « Putain, toi, on va pas être copain ! ». J’adore.

Brice et moi, parés pour le rafting sur le Gange !

Enfin bref, on descend le Gange, les rapides secouent bien comme il faut, c’est

vraiment super sympa, en plus l’eau est propre et délicieusement fraîche, voire

glacée, ce qui n’enlève rien. À un moment, on se fout tous à l’eau, c’est sympa mais

ça finit par cailler sec, et le « moniteur » veut prendre un tas de photos avant de

nous remonter. On finit bleu et tremblant de froid X_X …

Page 44: Trip warrior en Inde

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On s’arrête à un spot pour sauter dans l’eau depuis un rocher. C’est sympa, mais

c’est blindé de monde, alors c’est pas évident, et puis on doit slalomer entre tous les

stands improvisés de vendeurs de nouilles Maggy. Ils pourraient vendre des chips ou

des Snickers, mais non, c’est tellement plus simple de faire bouillir des énormes

marmites à noodles au milieu des rochers branlants… Incredible India !

Henri a trop froid et Brice abandonne la queue, mais moi je carotte tout le monde

(à l’Indienne) et je saute. C’est bien sympa !

We did dit !

La session rafting touche à sa fin. On est mis à contribution pour remonter le

bateau en haut de la plage. Le « moniteur », qui n’a cessé de confondre « droite » et

« gauche », continue inlassablement de dire de la merde, et à un moment où il fallait

manifestement aller à droite, il hurle « gauche », et plante tout le monde… Normal.

Enfin bref, après avoir été mis à contribution pour remonter le bateau, on nous

explique que, nous, pour rentrer à la ville, il faut qu’on se démerde, le 4x4 ne

viendra pas pour nous. Niiiice.

Bon, heureusement, la ville n’est pas super loin, mais quand même, ils abusent

grave les mecs.

Pause bouffe. L’aprem, on part se balader pour voir les fameuses water falls, qu’on

ne trouvera jamais, après avoir marché comme des cons sur une route absolument

merdique. Moi, je l’avais dit dès le début, que ça allait se changer en water fail…

Bon, pour réparer ça, on se fait une bonne petite session de glande / baignade sur

la plage au bord du Gange. L’eau est toujours aussi fraîche, c’est un bonheur.

Page 45: Trip warrior en Inde

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Le soir, Henri et moi, on va se faire un full body massage dans un petit centre

Ayurvedic. C’est amusant : on se retrouve à poil, avec un Indien qui te fait craquer

toutes les articulations et qui t’enduit d’une espèce de mazout gras, glissant, collant

et très odorant (pas forcément dans le bon sens). Ça se finit à la bougie paske

l’électricité saute (this is India précise le masseur), et à la fin tu es invité à te rincer la

couche de mazout sous une douche qui ne crache qu’un misérable filet d’eau, et on

te file un savon liquide censé aider, mais qui en pratique se révèle absolument

minable, et qui ressemble étrangement à une émulsion de jaune d’œuf… Niiiiice.

Enfin bref, c’était bien marrant !

Gros dîner, et énorme dodo.

24 avril

Delhi Delhi Delhi !!!

On se lève tôt car on a un bus à prendre pour rentrer à Delhi. En fait, on se serait

levé tôt même sans ça : avec les Indiens qui se lèvent systématiquement à 5 h pour

hurler et cracher (oui, et c’est bien le pire, ces bruits de raclements de gorge…) et

laisser leurs enfants courir et hurler, aucune chance de faire la grasse mâtinée. Enfin

bref. On fait nos sacs et on se tire.

On marche un bon moment car on ne trouve aucun rickshaw à un tarif honnête

pour nous emmener au bus stand. Et là, Brice annonce : « Les mecs, gros échec : j’ai

encore la clé de la piaule dans ma poche ». Putain…

Bon, je m’y colle. Brice et Henri restent là, à chercher un rickshaw correct, pendant

que je me re-farcis le trajet en sens inverse pour rendre la clé. J’en profite pour

m’acheter un Fanta.

Quand je retrouve les deux autres, ils ont trouvé un rickshaw, mais apparemment je

suis à la bourre, le type était prêt à nous dégager. Bon, ça roule, direction le bus

stand !

Journée dans le bus sans trop d’histoires, enfin, rien que du très classique : alors

qu’Henri est occupé à savourer son thé chaï en terrasse, le bus décide de partir sans

lui, il doit donc abandonner son thé et courir pour sauter dans le bus… qui s’arrête

finalement 100 mètres plus loin. Classic. Autre classique : on voit des vélos et des

cyclos se faire cartonner par des bus ou des camions. Normal. On longe le Gange

et on voit surgir une gigantesque statue de Shiva qui, pour une fois, a vraiment la

classe. Ça me fait étrangement penser à la gigantesque statue de Tawaret dans Lost

(même si ça n’a rien à voir, je sais)… À la ‘pause’ de midi, on se fait déposer dans

un endroit improbable où l’on commande dans un coin, on paye dans un autre, et

on se fait servir encore ailleurs. Avec une perte d’information phénoménale à

Page 46: Trip warrior en Inde

46

chaque stage du process (du genre : tu demandes un coca, et à la fin on te file un

Twix fondu). Et on repart en laissant un pauvre type, du coup on râle, on s’arrête,

on envoie Brice chercher le gars, et on repart. Classic. Et puis il y a la panne, aussi :

le bus tousse et cale sans arrêt. On redémarre au marteau (normal). Finalement, on

s’arrête en bord de route, le chauffeur hurle sur un type qui bosse dans un garage,

et ledit type saute dans le camion avec un soudeur électrique. La boucle de courant

est fermée via un assemblage de fers à béton installé par un gamin de 5 ans sur la

carcasse du bus. Arc électrique, lumière bleue, engueulades et odeur d’ozone, et ça

repart. Classic.

Bref, 8h de route sans histoire, du moins selon les normes locales. 8h pour faire

220 km… Classic.

On arrive à l’ISBT en fin de journée. On se fait un bon petit Mc Do. Ça sent la fin.

Retour à l’appart en métro. Je me sers un gigantesque verre de Pepsi, au goût

sublime et à la fraîcheur parfaite. Brice fait de même, savoure par anticipation, mais

au moment de lever son verre, celui-ci se sépare en 2, apparemment brisé net et

sans bavures à cause du choc thermique. Il y a du Pepsi partout, évidemment. Brice

se demande ce qu’il a fait pour mériter ça.

On achète une tonne de bières pour notre dernière soirée en Inde. Brice part en

taxi vers 22h30, il décolle peu après minuit. Il rentre glander à Hong Kong, ce vieux

veinard (ou gros batard, c’est selon). Moi, je décolle demain matin. On continue de

boire des bières avec Henri, puis je me couche.

25 avril

The End

Je me lève à 5h du mat. Le taxi m’attend en bas à 5h30. Le tarif est de 400 roupies,

mais en tendant mon billet de 500, le type me dit merci et se casse. Jusqu’au dernier

moment, il aura essayé de me glisser une quenelle ! Je le rattrape et lui dit non, il me

doit 100 roupies. Je suis pas à ça près, et je n’ai plus besoin de roupies, mais quand

même.

Vol sans histoire jusqu’à Munich, sur un A340-600 de la Lufthansa. C’est le modèle

avec un escalier pour descendre, là où les toilettes et un petit coin buvette sont

installés. Je suis pas sûr qu’ils y gagnent beaucoup de place, car l’escalier lui-même

est assez massif. Enfin, c’est sympa, ça change, et ça a un petit côté A380, je trouve.

Je suis installé juste à la jonction avec la classe Business, je suis donc derrière le

panneau. Beaucoup de place pour les jambes, niiiiice !

Page 47: Trip warrior en Inde

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Je me fais 3 films sur mon écran rabattable : Raiponce de Disney, bien sympa, The

Tourist, vraiment nul (comment peut-on réaliser La Vie des Autres et, ensuite, ça ?)

puis Une famille très moderne, assez bien.

3 h d’escale chiantes et sans histoire à Munich (mais au moins le café est gratos !),

puis petit vol sur un A310 Lufthansa pour Paris.

Ça fait bizarre de retrouver le calme et la ‘civilisation’.

Mais demain je retourne au boulot.

Echec.

Quelques chiffres

Notre trip en Inde, c’est, grosso modo :

- 1020€ pour ma part, dont 530€ de vols internationaux, 145€ de vols intérieurs,

90€ de visa. Soit seulement 255€ pour 2,5 semaines sur place, en comptant tout :

bouffe, piaule, transport et visites. Soit en gros 100€ la semaine. À titre de

comparaison (débile, je sais) : à Tahiti, avec 100€, tu te payes juste une piaule pour

une nuit (mais bon, c’est incomparable).

- Plus de 6650 km sur place, dont 2100 km en bus/train/taxi/scooter/rickshaw.

- Un nombre incalculable de sodas.

- Beaucoup de pétage de câbles.

- … et aussi beaucoup de bonheur (quand même ^_^) ! (je sais, ça, c’est pas un

chiffre !)

Le périple dans le Sud, de Goa à Chennai.