travailler ensemble número 4 - mai 2011

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Travailler Ensemble Le magazine d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services Mai 2011 - Numéro 4 JWCU, l’organisation des coopératives de travail associé fait état d’une situation d’urgence au sein de ses membres après les répliques qui ont touché le pays. Un fond d’urgence a été mis en place afin d’ai- der les coopératives. Dossier complet en page 24. DANS CE NUMÉRO INTERVIEW AVEC ISABELLE DURANT VICE-PRÉSIDENTE DU PARLEMENT EUROPÉEN (page 14) L’EMPLOI DURABLE: UNE CLÉ POUR L’AVENIR DE L’EUROPE (page 7) SIGNES D'ESPOIR POUR LES COOPÉRATIVES EN EGYPTE (page 23) Le Japon se redresse Fonds d’urgence pour les coopératives de travail associé au Japon DES COOPÉRATIVES: DES ENTREPRISES POUR UN MONDE MEILLEUR (page 3) ÉDITORIAL 2 INTERCONTINENTAL 3 EUROPE 7 INTERVIEW 14 AMÉRIQUE DU SUD 16 AMÉRIQUE DU NORD 19 AFRIQUE 22 ASIE 24 ÉDITION SPÉCIALE SUR L’EMPLOI DURABLE

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Publication commune de CICOPA et CECOP -CICOPA Europe

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Page 1: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

Travailler Ensemble

Le magazine d’information mondial sur les coopératives et les entreprises détenues par leurs travailleurs dans le secteur de l’industrie, de l’artisanat et des services

Mai 2011 - Numéro 4

JWCU, l’organisation des coopératives de travail

associé fait état d’une situation d’urgence au sein de

ses membres après les répliques qui ont touché le

pays. Un fond d’urgence a été mis en place afin d’ai-

der les coopératives. Dossier complet en page 24.

DANS CE NUMÉRO

INTERVIEW AVEC ISABELLE DURANT

VICE-PRÉSIDENTE DU PARLEMENT

EUROPÉEN (page 14)

L’EMPLOI DURABLE:

UNE CLÉ POUR

L’AVENIR DE L’EUROPE (page 7)

SIGNES D'ESPOIR POUR

LES COOPÉRATIVES

EN EGYPTE (page 23)

Le Japon se redresse Fonds d’urgence pour les coopératives

de travail associé au Japon

DES COOPÉRATIVES:

DES ENTREPRISES POUR

UN MONDE MEILLEUR (page 3)

ÉDITORIAL 2

INTERCONTINENTAL 3

EUROPE 7

INTERVIEW 14

AMÉRIQUE DU SUD 16

AMÉRIQUE DU NORD 19

AFRIQUE 22

ASIE 24

ÉDITION SPÉCIALE

SUR L’EMPLOI DURABLE

Page 2: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

Lorsque CECOP m’a demandé de

rédiger l’éditorial du magazine que

vous tenez entre les mains, j'ai res-

senti un double sentiment : la respon-

sabilité d'écrire quelques mots qui

rencontreraient l’opinion et la pensée

de toutes les personnes du mouve-

ment coopératif d'une part, et le plai-

sir de parler d'un sujet que je défends

dans tous les domaines possibles

d’autre part.

L'emploi durable est un des piliers

fondamentaux qui soutient notre mo-

dèle entrepreneurial, comme nous le

montrent les principes coopératifs de

l'Alliance Coopérative

Internationale (ACI) :

le septième principe

évoque en effet l'inté-

rêt porté à la commu-

nauté : les coopérati-

ves contribuent au

développement dura-

ble de leur commu-

nauté dans le cadre

d'orientations approu-

vées par leurs mem-

bres. Chacun sait que les coopérati-

ves sont les entreprises qui consen-

tent le plus d'efforts pour maintenir

l'emploi dans le temps et pour l’an-

crer localement.

Dans le traité de Lisbonne, et notam-

ment dans le chapitre II de la charte

des droits fondamentaux qu’il recon-

naît, divers points traitent du libre

choix de la profession, du droit au

travail et de la liberté d'entreprendre

tandis que le chapitre III de la même

charte analyse l'égalité entre les hom-

mes et les femmes. Si nous nous ba-

sons sur les objectifs de l'ACI nous

observons qu’il s’agit, entre autre, de

promouvoir le développement hu-

main durable et de promouvoir le

progrès économique et social de l'in-

dividu.

À COCETA, nous travaillons active-

ment à l'inclusion des clauses socia-

les dans les appels d'offres publics en

nous basant fondamentalement sur la

durabilité de l'emploi et sur son ca-

ractère local. Nous devons nous sou-

venir que la coopérative est le modè-

le entrepreneurial idéal pour travail-

ler avec les administrations publi-

ques : alors que l'entreprise tradition-

nelle occupe du personnel pour le

temps limité du service à exécuter,

les coopératives essaient de mainte-

nir dans la durée les personnes em-

ployées; ainsi, non seulement le pos-

te de travail n’est pas supprimé, mais

les effets se font sentir au niveau lo-

cal, avec tous les avantages que cela

comporte.

Autre concept très

important dans le do-

maine de la durabilité

de l’emploi : la res-

ponsabilité sociale des

entreprises (RSE). Le

conseil mondial des

entreprises pour le

développement dura-

ble définit la RSE

c o m m e é t a n t

« L’engagement continu des entrepri-

ses à adopter un comportement éthi-

que et à contribuer au développement

économique, tout en améliorant la

qualité de la vie des travailleurs et de

leurs familles, ainsi que de la com-

munauté locale et de l’ensemble de la

société ». Ce concept est dynamique,

en évolution constante mais il est

vital et en harmonie totale avec la

durabilité de l'emploi.

J'ose espérer que vous trouverez ce

numéro de Travailler Ensemble inté-

ressant et qu'il vous donnera matière

à approfondir ces thèmes. Bonne

lecture !

Travailler Ensemble Numéro 4 - Mai 2011

Travailler Ensemble est le magazine

de la Confédération mondiale

(CICOPA) et européenne (CECOP-

CICOPA Europe) des coopératives

et des entreprises détenues par leurs

travailleurs dans l’industrie et les

services

CICOPA est une organisation secto-

rielle de l'Alliance coopérative inter-

nationale (ACI).

Avenue Milcamps 105 - BE-1030

Bruxelles, Belgique

Contact: [email protected]

www.cicopa.coop / www.cecop.coop

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

Bruno Roelants

COORDINATION ET RÉDACTION

Olivier Biron et Leire Luengo

COLLABORATEURS

Virginia Pérez et Natalia Acerenza

GRAPHISME

Jorge Cabrera pour jcse

TRADUCTIONS ET RELECTURES DES

TROIS VERSION LINGUISTIQUES

Guy Boucquiaux, Francine Feret,

Arantza Garrido Altuna, Helen Ro-

binson et Celia Martín del Pozo

PHOTOS

Réalisation propre et photos libres de

droit sur flickr.com

La rédaction souhaite remercier tous

les membres de CICOPA et de

CECOP-CICOPA Europe pour leur

contribution .

Édité en anglais, français et espagnol

Manuel Mariscal Sigüenza est vice-

président de CECOP, vice-président de

COCETA (Confédération espagnole

des coopératives de travail associé) et

président de FAECTA (Fédération des

entreprises coopératives d'Andalousie).

« L'emploi durable

est un des piliers

fondamentaux qui

soutient notre

modèle

entrepreneurial... »

2 |

Page 3: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

'Les coopératives, des entreprises

pour un monde meilleur'. Tel sera

le slogan de l’organisation des Na-

tions unies pour 2012, Année Inter-

nationale des Coopératives. Il met

en évidence la contribution des coo-

pératives au développement socio-

économique, reconnaissant en parti-

culier leur impact sur la diminution

de la pauvreté, la création d'emplois

et l'intégration sociale : « Les coo-

pératives rappellent à la commu-

nauté internationale qu'il est possi-

ble d’allier la viabilité économique à

la responsabilité sociale » a déclaré

Ban Ki-moon, secrétaire général des

Nations unies.

La résolution de L'ONU qui a proclamé

cette année internationale invite tous

les États membres à agir en établissant

des mécanismes nationaux, des comités

nationaux par exemple, pour préparer,

observer et suivre l'Année Internationa-

le des Coopératives.

Cette initiative à l’échelle mondiale a

pour objectifs de sensibiliser le public

aux coopératives et à leur contribution

au développement socio-économique et

de promouvoir la création et la crois-

sance de celles-ci. L'Année Internatio-

nale des Coopératives encourage les

gouvernements à établir des politiques,

des lois et des règlements contribuant à

la création, la croissance et le maintien

des coopératives.

Les Nations unies viennent également

de dévoiler le logo de cette année inter-

nationale : il représente sept personnes

unissant leurs forces pour soulever et

soutenir un cube. Il évoque ainsi la

définition même de l’entreprise coopé-

rative comme « association autonome

de personnes volontairement réunies

pour satisfaire leurs aspirations et be-

soins économiques, sociaux et culturels

communs au moyen d'une entreprise

dont la propriété est collective et où le

pouvoir est exercé démocratique-

ment »1. ■

| 3

‘Co-operative Press’ a lancé récem-

ment 'Dash.coop', un site de nouvelles

et de mises à jour issues du web et qui

concernent les coopératives. Cet outil

constitue une source interactive pour

les personnes issues du mouvement

coopératif mais aussi pour toutes celles

qui s’y intéressent, en leur donnant

accès à des informations par sujet ou

via l’outil de recherche avancée.

'Dash.coop' a la particularité d’être

contrôlé par ses utilisateurs. Ainsi,

n’importe qui peut s’enregistrer et

ajouter des nouvelles qui vont alimen-

ter le site. Tous les articles du site peu-

vent être partagés grâce à Twitter, Fa-

cebook, MySpace, Delicious ou par

courrier électronique. De même, on

peut trouver des informations plus dé-

taillées par pays, et sur des sujets plus

généraux comme des conférences et

des évènements.

Le directeur de 'Dash.coop', Anthony

Murray, souligne la richesse de ce mo-

de d’information: « Dash.coop a pour

but de mettre en contact les coopérati-

ves ». Il insiste également sur l'impor-

tance d’une communication constante

entre les coopératives, particulièrement

en raison de la crise mondiale que nous

connaissons et de la célébration en

2012 de l’année internationale des coo-

pératives. ■

Pour plus d'informations :

http://social.un.org/coopsyear

Site internet: http://www.dash.coop

1 Recommandation 193/2002 de l’OIT sur

la Promotion des Coopératives

Page 4: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

e 8 mars dernier, on commé-

morait le centenaire de la

journée internationale des fem-

mes. Pour marquer cet évènement,

Travailler Ensemble revient sur le

rôle crucial des femmes dans les

coopératives de travail associé.

Malgré les signes de progrès constatés

en matière d'égalité des genres au cours

de ces 15 dernières années, le Bureau

International du Travail (BIT), constate

qu’il existe toujours un écart significa-

tif entre les hommes et les femmes en

terme d'offres d'emploi et de qualité de

celui-ci. En revanche, les femmes ont

toujours été présentes en nombre dans

les coopératives de travail associé par-

ce que ce modèle économique combine

viabilité économique et responsabilité

sociale. La coopérative de femmes

d'agrotourisme « To Kastr »', en est un

exemple. Depuis 2000, Anna Darzenta

et 27 femmes au foyer se sont associées

pour lancer leur propre entreprise de

restauration dans l'île grecque de Syros

où l’on note un fort taux de chômage.

Le programme EQUAL pour les entre-

preneurs féminins, financé par le Fonds

social européen, les a aidées.

« Avec une éthique égalitaire, une prise

de décisions participative, la coproprié-

té et la poursuite d’objectifs qui vont au

-delà du profit, les coopératives offrent

des opportunités aux femmes dans les

économies locales et dans les sociétés

du monde entier », a déclaré le secrétai-

re général de L'ONU Ban Ki-moon à

l'occasion de la journée internationale

des coopératives de l’an passé, dont le

slogan était 'Les entreprises coopérati-

ves responsabilisent les femmes'. Au

sujet de l'égalité des genres, il souligne

aussi que l'approche coopérative est

non seulement un modèle économique-

ment durable, mais aussi un système

entrepreneurial dans lequel on trouve

des indicateurs d'égalité entre hommes

et femmes plus importants que dans les

autres types d’entreprises. Selon la

confédération espagnole des coopérati-

ves de travail associé (COCETA), 49

% des personnes employées dans les

coopératives de travail associé sont des

femmes. Parmi celles-ci, 39 % oc-

cupent des postes de direction, alors

que dans d'autres entreprises qui

n'adoptent pas ce modèle, le pourcenta-

ge de femmes qui exercent cette fonc-

tion atteint à peine 6 %.

En Italie, selon ANCPL-LEGACOOP,

la présence des femmes dans les coopé-

ratives de travail associé dans l’indus-

trie de la mode atteint 95 %. La coopé-

rative 'CAPA de Stienta' (Rovigo), en

est un exemple significatif : elle réunit

une centaine de travailleuses, presque

toutes membres, et est la principale

productrice de la gamme Dolce & Gab-

bana, générant un chiffre d'affaires

annuel de plus de trois millions d'euros.

Dans d'autres secteurs où les femmes

sont moins nombreuses, comme la mé-

tallurgie, l’industrie chimique et la pa-

peterie, on constate que 20 % des fem-

mes occupent un poste de direction. De

plus, au cours de ces six dernières an-

nées la présence féminine dans le sec-

teur industriel a augmenté de manière

significative tant du point de vue quali-

tatif que quantitatif.

La New Zealand China Friendship So-

ciety (NZCFS) et le Comité Internatio-

nal pour la Promotion des Coopératives

Industrielles de Chine (ICCIC), ont

lancé un projet avec la fédération des

femmes de la province de Shaanxi,

pour encourager la présence des fem-

mes chinoises dans les coopératives. La

première phase de formation est termi-

née et le vice-président d'ICCIC, Dave

Bromwich, indique que « les coopérati-

ves donnent aux femmes une opportu-

nité d’exercer un rôle de dirigeant et les

aident à développer leur confiance en

elles ».

Tandis que l'économie mondiale fait

face à des défis difficiles, les coopérati-

ves fournissent un service de valeur à

de nombreuses femmes, particulière-

ment à celles des communautés vulné-

rables. Le modèle économique coopé-

ratif est plus résistant en situation de

crise que les entreprises capitalistes en

raison même du fait que les travailleurs

sont propriétaires de l’entreprise et que

ce modèle prévaut sur le capital indivi-

duel puisque les profits sont partagés

dans une approche collective. ■

L

Deux travailleurs de la coopérative espagnole Sherlimp

4 |

Page 5: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

ossano Rimelli a été élu pré-

sident de CECOP-CICOPA

Europe lors de l’assemblée extra-

ordinaire qui s’est tenue le 4 no-

vembre à Bruxelles. Par cette

élection, il devient également vice

-président de CICOPA pour l’Eu-

rope. Expert industriel, diplômé

en économie et en commerce,

Rossano Rimelli est actif dans le

monde de la coopération en Italie

depuis plus de 25 ans.

Il est depuis 2007 Directeur Général

d’ANCPL, l’organisation sectorielle

de Legacoop pour les coopératives

industrielles. Il succède ainsi à Felice

Scalvini, récemment élu co-président

de Cooperatives Europe. Felice Scal-

vini avait été président de CECOP

pendant les 14 dernières années, une

période qui a connu des changements

historiques en Europe, et qui a été

marquée par une profonde transfor-

mation de l’architecture institution-

nelle du mouvement coopératif inter-

national, à laquelle il a lui-même

contribué.

Lors de son élection, Rossano Rimel-

li a déclaré : « Etre président de CE-

COP signifie avoir le devoir impor-

tant de représenter toute l’organisa-

tion. L’activité de l’organisation mê-

me exige l’implication du plus grand

nombre. Je suis également convaincu

qu’au-delà du secteur coopératif dans

lequel on évolue, ce que nous faisons

doit être avant tout perçu comme une

activité entrepreneuriale. L’Italie, la

France, l’Espagne et de nombreux

autres pays européens ont une capaci-

té compétitive importante en ce qui

concerne les coopératives, tant au

niveau national qu’international, et

les faits démontrent que l’on peut

faire de la coopération sous différen-

tes formes. Dans cette période de

crise, les coopératives peuvent faire

la différence face à d’autres formes

d’entreprises plus lucratives ». ■

R

Rossano Rimelli

| 5

n 2010, le réseau Red del Sur

a initié un projet cofinancé

par l'Union européenne pour ren-

forcer la coopération transfronta-

lière. Red del Sur est un forum

d’échange et de développement

constitué par plusieurs organisa-

tions coopératives du Mercosur

(voir article page 16). Les organi-

sations du Brésil et de l'Uruguay, à

savoir UNISOL et FCPU, ont déjà

entrepris des actions importantes

dans ce sens.

En février de cette année, une déléga-

tion brésilienne, composée d’acteurs

du monde coopératif et de représen-

tants du gouvernement de Río Grande

do Sul, ont visité des entreprises uru-

guayennes et ont signé des accords

avec des représentants du gouverne-

ment de ce pays. Il en résulte une col-

laboration qui impliquerait différents

maillons de la chaîne textile à base de

polymères recyclés.

Les coopératives de recyclage au Bré-

sil effectueraient dans un premier

temps le travail de récolte des condi-

tionnements en plastique et les trans-

formeraient en lamelles pures de poly-

éthylène téréphtalate (PET), un type

de plastique transparent. Ces lamelles

serviraient alors de matière première

pour la fabrication de la fibre de po-

lyester par Coopima, une coopérative

uruguayenne. Celle-ci serait alors ren-

voyée au Brésil pour être utilisée par

Coopertextil, une filiale autogérée.

Justa Trama, une chaîne brésilienne de

production de tissu et de confection du

commerce équitable, qui compte six

entreprises, complèterait ce réseau

régional. Une opportunité importante

s’offre ainsi, au départ d’une stratégie

régionale, de créer de l’emploi dans

différents secteurs de l'économie so-

ciale des deux pays. ■

E

Une délégation brésilienne de coopératives

et des autorités visitent Coopima, Uruguay

Page 6: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

a coopérative espagnole m30m

prépare une série documentai-

re sur les coopératives du monde

entier et dont le premier épisode

enregistré au Chili est en cours de

post-production. Elle travaille éga-

lement à la production du deuxiè-

me épisode qui sera tourné en Co-

lombie où la coopérative a mené

une enquête sur le secteur au mois

de novembre.

Les résultats de ces premier contacts

ont été « très positifs », comme le sou-

ligne la porte-parole de m30m, Ana

Sánchez: « Tout d'abord, parce que

nous avons été en contact direct avec le

mouvement coopératif dans ces pays et

que nous avons pu en même temps

partager et échanger des expériences ;

nous sommes persuadés que le mouve-

ment coopératif doit être davantage

interconnecté ».

La série sera d'abord visible sur inter-

net, même si m30m espère trouver

d’autres espaces de diffusion, comme

la télévision publique par exemple. Elle

voudrait également s’associer à d’au-

tres entreprises coopératives d’audiovi-

suel en Europe avec lesquelles elle

pourrait collaborer dans le cadre de ce

projet.

Pour l'instant, la série ne bénéficie pas

d’un soutien financier institutionnel.

M30m est à la recherche de partenaires

potentiels dans les pays où elle va tour-

ner mais également au niveau interna-

tional. Les épisodes tournés au Chili

par exemple sont financés grâce aux

ressources de la coopérative et avec

l'aide du centre international pour l'éco-

nomie socia le et coopérat ive

(CIESCOOP) de l'université de Santia-

go du Chili et de la Fundación Escuela

Andaluza de Economía Social

(organisme de formation dans le do-

maine de l'économie sociale).

Augmentation de la visibilité

Cette série a pour objectifs d’augmen-

ter la visibilité du mouvement coopéra-

tif, de faire connaître les pays et ré-

gions du monde à travers les entrepri-

ses et les organisations coopératives, et

d'afficher les valeurs et les principes de

la coopération dans la pratique. Parallè-

lement, la coopérative veut initier un

espace mondial de rencontre et de pro-

motion de l’identité coopérative.

« Beaucoup d’adeptes de la coopéra-

tion sont conscients de la nécessité de

diffuser plus largement ce que nous

faisons, pour montrer qui nous sommes

et notre mode d’action. Nous nous ins-

crivons peut-être plus dans l'action que

dans la parole, mais nous devons ap-

prendre à l’utiliser pour que le monde

nous connaisse et nous reconnaisse »,

explique Ana Sanchez.

La coopération est un phénomène pré-

sent dans la plupart des pays, qui a sur-

vécu et grandi même si les conditions

n’étaient pas toujours favorables.

« Nous croyons que le partage de ces

expériences dans chaque pays nous

permettra de renforcer le mouvement

coopératif », indique Ana Sanchez.

« C’est une manière participative et

solidaire d’entreprendre qui répond aux

besoins des personnes. Mais la coopé-

ration a aussi quelque chose d'unique

dans chaque territoire et c’est pour cela

que nous sommes convaincus que le

partage de ces expériences nous per-

mettra de renforcer le mouvement coo-

pératif ».

Rendre plus populaire le modèle coo-

pératif

La coopérative m30m, basée en Anda-

lousie depuis neuf ans, a comme ligne

directrice de rendre plus populaire la

coopération et l'économie sociale. Ce

n'est pas la première fois que m30m

réalise ce type de support audiovisuel.

En 2003, elle avait déjà réalisé une

série de 9 documentaires intitulée

'L'économie sociale en Andalousie'

financée par CEPES Andalucía. En

2009, elle avait aussi commencé à pro-

duire une autre série appelée

'Entreprendre dans l'économie sociale'.

« En 2008 nous avons commencé à

considérer l'importance d'aller au-delà

de la sphère de notre région et nous

avons conçu une série autoproduite qui

permettrait de diffuser et d’informer

sur le mouvement coopératif dans le

monde. Nous voulions vivre de nouvel-

les expériences et les diffuser », expli-

que Ana Sanchez. ■

L

La coopérative d’artisan Mundart à Santiago de Chile

6 |

Pour plus d'informations :

http://www.m30m.com/

Page 7: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

ECOP - CICOPA Europe a

initié une campagne sur l'em-

ploi durable qui met en évidence le

fait que les coopératives de travail

associé, les coopératives sociales et

les autres types d'entreprises pro-

priété de leurs travailleurs génè-

rent un type d'emploi plus durable.

Pourquoi ? Parce qu'elles sont

contrôlées par leurs travailleurs

qui sont aussi les propriétaires de

ces entreprises, activement présen-

tes sur les territoires et dont le but

est de satisfaire les besoins écono-

miques, sociaux, culturels et/ou

environnementaux communs et de

les aspirations de ces travailleurs-

propriétaires.

« Je crois vraiment que les personnes

sont responsabilisées si elles font elles-

mêmes les choses, plutôt qu’en les re-

cevant toutes faites » explique Becky

Johnson de la coopérative de travail

associé ‘Who made your pants?’ créée

précisément pour responsabiliser des

femmes marginalisées en leur procu-

rant un emploi flexible, un enseigne-

ment et un espace communautaire de

rencontre. Pour cette campagne, CE-

COP livre les témoignages de membres

de coopératives à travers toute l'Europe

sur le site de la campagne où l'on peut

aussi voir des nouvelles et des vidéos

(www.sustainableemployment.eu).

On a constaté, ces dernières années, un

intérêt croissant pour le modèle écono-

mique des coopératives de travail asso-

cié. C'est un système financier-

économique mondial en grande partie

basé sur le court terme qui a ouvert la

voie à la crise qui a ébranlé le monde

entier et mis des États entiers membres

de l'Union européenne dans une situa-

tion plus que critique. Depuis lors, les

coopératives sont apparues comme

généralement plus résistantes face à la

crise et leur modèle est considéré com-

me une option réaliste pour sauver des

entreprises et des emplois par la res-

tructuration d'entreprises en crise ou

sans héritiers. Néanmoins, les coopéra-

tives en général et les coopératives de

travail associé en particulier souffrent

d'un manque de reconnaissance dans

les politiques européennes en matière

d’emploi. « Un exemple typique de ce

manque de reconnaissance peut être

trouvé dans la stratégie 2020 de l’U-

nion européenne » souligne Bruno

Roelants, le Secrétaire Général de CE-

COP. Cependant, la communication de

la Commission européenne récemment

publiée – Un Acte pour le marché uni-

que - reconnaît réellement que le sec-

teur coopératif est plus vivant que ja-

mais.

Malgré l'enthousiasme récent dont ont

bénéficié les coopératives ces dernières

années, la campagne de CECOP ne

présente pas les coopératives comme la

solution suprême à tous les maux.

Comme tout autre type de société, les

coopératives connaissent de nombreux

problèmes, mais, la plupart du temps,

ceux-ci sont résolus conjointement par

leurs membres. « Il n'est pas facile de

fonctionner comme une coopérative.

L'enthousiasme initial cède vite la pla-

ce à l'individualisme et aux exigences

qui peuvent facilement mettre en péril

la vie de la société. Il est donc absolu-

ment nécessaire que les questions et les

problèmes rencontrés soient partagés

par tous les travailleurs membres avec

la conviction que toutes les actions sont

guidées par l'intérêt commun » expli-

que Elena Purinan de la coopérative

Aussametal du Nord de l'Italie.

Tous les membres ont leur mot à dire et

sont directement intéressés par le suc-

cès de l’entreprise grâce à la redistribu-

tion de l’excédent : « Si davantage

d’entreprises étaient dirigées de cette

manière, avec des travailleurs-

propriétaires fortement motivés, chacun

serait alors mieux loti », dit Scott Muir,

un travailleur de Infinity Food - Royau-

me-Uni.

Récemment, CECOP a adressé une

lettre à plusieurs décideurs de haut ni-

veau de l'Union européenne pour amé-

liorer leur connaissance du modèle

économique des coopératives de travail

associé. La lettre a été envoyée aux

commissaires de l'Union européenne

László Andor (DG Emploi), Antonio

Tajani (DG Entreprises) et Michel Bar-

nier (DG Marché intérieur), ainsi qu’à

plusieurs membres du parlement euro-

péen et à des fonctionnaires de la Com-

mission.

Ainsi qu’il l’est dit dans la lettre, « En

procurant des emplois durables au sein

d’entreprises économiquement viables

et tournées vers le long terme, nous

estimons que nous nous inscrivons

dans une tendance socioéconomique

plus large qui tente de générer et de

distribuer de la richesse à long terme

dans les territoires, allant ainsi à

contresens des tendances qui ont pro-

voqué la crise ». ■

C

1 Communication de la Commission européenne

- COM(2011) 206/4: “Acte pour le marché uni-

que - Douze leviers pour stimuler la croissance

et renforcer la confiance "Ensemble pour une

nouvelle croissance" - http://s.coop/15v6.

| 7

Le texte est disponible sur le site

dédié à la campagne

http://www.sustainableemployment.eu

Page 8: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

a transformation d’entreprises en

coopératives est une option qui,

même si elle est plus fréquente au-

jourd’hui, n'est pas toujours prise en

compte dans le cadre de la restructura-

tion d’entreprises en crise ou sans héri-

tiers. La crise économique mondiale a

démontré le succès de ce statut entre-

preneurial pour un monde plus démo-

cratique et pour des emplois plus dura-

bles. Les exemples couronnés de suc-

cès de reprises d'entreprises en crise

par leurs travailleurs sont nombreux.

Plusieurs guides ont été récemment

publiés à l’attention de ceux qui sou-

haitent rejoindre le bateau de la coopé-

ration et notamment au Royaume-Uni,

en Espagne et en France. Ainsi, la

Confédération espagnole des Coopéra-

tives de Travail Associé (COCETA) et

en France, la Confédération Générale

des Scop [coopératives de travail asso-

cié] (CG Scop) ont publié des guides

très pratiques, qui décrivent les étapes

les plus importantes à suivre par les

futurs entrepreneurs. Chaque organisa-

tion a enrichi son guide de caractéristi-

ques nationales (législation, finance-

ment, environnement des entreprises,

etc.), mais chacune poursuit le même

objectif: faire connaître et promouvoir

l'option coopérative.

Le guide publié par COCETA donne

des informations très pratiques qui

permettent à une future coopérative

d'établir un diagnostic en prenant en

compte sa situation actuelle pour iden-

tifier les domaines dans lesquels la

nouvelle entité devrait s’améliorer afin

d’assurer son succès. La CG Scop et

COCETA incluent dans leurs lignes

directrices des outils qui peuvent aider

les entreprises qui décident de cette

transformation, comme par exemple,

une liste d'entités ou d’institutions

publiques et privées spécialisées dans

la gestion de telles situations. Le guide

de COCETA comprend également la

liste des aides sous forme de subven-

tions publiques et d'assistance techni-

que dont les entrepreneurs d'une coo-

pérative peuvent bénéficier.

Pour sa part, Co-operatives UK a ré-

cemment édité un guide visant à pro-

mouvoir le mouvement coopératif

dans les secteurs de la création. Ce

guide veut ainsi favoriser le rappro-

chement entre professionnels (qui sont

souvent des indépendants) afin qu’ils

travaillent ensemble. Le document

donne les clés nécessaires et indique la

voie à suivre pour créer une coopérati-

ve. De plus, Co-operatives UK a éga-

lement publié en 2008 un guide géné-

rique sur la création de coopératives. ■

L’Acte pour le marché unique

Le commissaire européen en charge du

marché intérieur et des services, Michel

Barnier, a présenté le 13 Avril 'L’Acte

pour le marché unique', un texte présen-

tant douze priorités dont l’objectif est de

stimuler la croissance et de renforcer la

confiance des citoyens. Les actions-clés

liées aux priorités devraient être adoptées

d'ici la fin 2012.

Le texte spécifie que le secteur coopératif

est « plus vivant que jamais » et souligne

l’impact de celui-ci en termes d’emplois

au sein de l’Union européenne.

La position de CECOP sur L’Acte pour

le marché unique peut être lue sur le site

web : http://s.coop/15vq. ■

Restructuration d’entreprises et adaptation au changement

En 2010, CECOP-CICOPA Europe a

mené un projet sur la restructuration d'en-

treprises, financé par l’Union européenne

et intitulé 'Anticipate'. Ce projet s'est pen-

ché sur la restructuration entrepreneuriale

et l’anticipation du changement dans les

coopératives sociales et de travail associé

et dans les entreprises de propriété de

leurs travailleurs en Italie, en Espagne et

en France. Dans ces pays, le phénomène

des travailleurs propriétaires de leur en-

treprise est particulièrement riche en qua-

lité et quantité. En suite de ce projet, un

livre intitulé 'Au-delà de la Crise: Coopé-

ratives, Travail, Finance - Création de

richesse dans la durée' sera prochaine-

ment publié en anglais, français, italien et

espagnol. Cet ouvrage tente d’identifier la

dynamique des coopératives concernées

et leur capacité à s’adapter au change-

ment et à l’anticiper. Un outil particuliè-

rement intéressant dans le contexte de

crise qui touche l’économie mondiale.

Cet ouvrage sera disponible d’ici peu à

l’achat sur le site de CECOP: http://

www.cecop.coop.

« Au-delà de la Crise: Coopératives, Tra-

vail, Finance - Création de richesse dans la

durée » (CECOP Publications) par Alberto

Zevi, Antonio Zanotti, François Soulage et

Adrian Zelaia. ■

Des guides pratiques pour promouvoir la création de coopératives

8 |

L

Pour accéder à ces guides :

ESPAGNE De empresa en crisis a empresa cooperati-

va: Guía para la transformación de empre-sas mercantiles en cooperativas de traba-

jo. COCETA (Télécharger)

FRANCE

Guide ‘Transmission d’entreprise en Scop’.

CG Scop. (Télécharger)

ROYAUME UNI Creative cooperatives. A guide to starting a

cooperative in the creative industries. Co-

operatives UK. (Télécharger)

Guide ‘Starting a Co-operative’. Co-operatives UK. (Télécharger)

Page 9: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

a consolidation des emplois

dans les 'sociedades labora-

les' (SAL) en Espagne est une ré-

alité rendue possible grâce au fait

que les propriétaires de ces entre-

prises en sont aussi les travail-

leurs. « Si quatre personnes s’as-

socient pour créer une entreprise

et qu’elles en sont les propriétai-

res, elles mettront tout en œuvre

pour qu’elle survive dans son en-

vironnement économique », dé-

clare Jose Luis Nuñez, porte-

parole de la Confédération des

Sociedad Laborales (Confesal).

En outre, la loi sur les SAL limite

l'embauche de travailleurs tem-

poraires. Elles doivent ainsi être

en mesure de justifier un nombre

minimum d’emplois à durée indé-

terminée pour pouvoir garder ce

statut : « Cela garantit que ces

sociétés créent des emplois sta-

bles », ajoute José-Luis Nuñez.

Le modèle de gouvernance des SAL

est similaire à celui d’une société

traditionnelle si ce n’est que la majo-

rité du conseil d'administration est

composée de travailleurs membres

(au moins deux tiers). Le secteur des

SAL en Espagne est composé d’envi-

ron 17 000 entreprises et de 100 000

travailleurs, selon les données dispo-

nibles en 2010. Par ailleurs, ces en-

treprises ont engendré un chiffre d'af-

faires de 16 000 millions d'euros au

cours du dernier exercice.

La société galicienne Nor Rubber,

qui fabrique des produits en caout-

chouc, en est une bonne illustration.

En 2001, après la faillite de Gesrub-

ber, la nouvelle société est née,

« avec un petit portefeuille de clients,

et peu de financements, mais avec un

bon produit et une volonté immense

d'aller de l'avant ; dès son lancement,

ce projet de 133 travailleurs a aussi

voulu garantir l’emploi », indique

José Manuel Quintana, président du

conseil d'administration de la société.

Après dix ans d'existence, il est clair

que, si l’entreprise n'avait pas été

reprise sous la forme d’une 'sociedad

laboral', les difficultés auxquelles elle

faisait face auraient été résolues d'une

tout autre façon: « Nous aurions dû

faire appel à un financement externe,

ce qui nous aurait probablement

conduit à une situation plus com-

plexe. Nous aurions davantage souf-

fert et la main-d'œuvre n’aurait pas

été impliquée dans la gestion et les

progrès de la société ».

Zuray Andrea Melgarejo, professeur

à l'université nationale de Colombie

et docteur en administration des en-

treprises à l'université publique de

Navarre, a effectué dans la région de

Navarre, la première étude compara-

tive sur les SAL et les sociétés tradi-

tionnelles. Il en ressort que les SAL

disposent d’une position concurren-

tielle plus favorable par rapport aux

autres sociétés commerciales: « Cette

forme d’entreprise génère un emploi

différent des autres petites et moyen-

nes entreprises et est, entre autre,

caractérisée par un équilibre entre la

durabilité et la solidarité, l'adaptabili-

té à de nouveaux marchés, une plus

grande tendance à la création d'em-

plois permanents et à la flexibilité

salariale et juridique », conclut l’étu-

de réalisée par le professeur Melgare-

jo. ■

L

Des travailleurs de Nor Rubber

« Cette forme

d’entreprise génère

un emploi différent

des autres petites

et moyennes

entreprises... »

| 9

Page 10: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

e nombre des coopératives de

travail associé a augmenté de

7 % l’année passée par rapport à

la même période en 2009, selon la

Confédération Espagnole des Coo-

pératives de Travail Associé

(COCETA). Parallèlement, la

confédération a annoncé qu’elle

avait contribué à la création de

10 .000 postes de travail par an

depuis 1986, avec une moyenne de

500 entreprises créées chaque an-

née.

En ce sens, elle a également participé

à une augmentation de 4,5 % dans la

quantité des emplois créés au cours de

la même période. Le secteur des coo-

pératives de travail associé en Espa-

gne représente aujourd’hui environ

17 000 entreprises qui génèrent un

chiffre d’affaires proche des 54 mil-

lions d’euros. Ces entreprises em-

ploient 205.700 travailleurs contre

70.000 lors de la création de COCE-

TA en 1986.

De plus, selon le dernier annuaire de

COCETA, 49 % des personnes dans

les coopératives de travail associé

sont des femmes. Parmi celles-ci,

39 % occupent des postes de direction

alors que dans les autres entreprises

qui n’adoptent pas ce modèle, le pour-

centage de femmes qui occupent le

même type de fonction est à peine

égal à 6 %.

Lors d’une cérémonie qui s’est tenue

à Valence où l’on inaugurait les acti-

vités du 25ème anniversaire de l’orga-

nisation, son président, Juan Antonio

Pedreño, a souligné les difficultés

financières que traverse le secteur.

« Les coopératives se maintiennent

grâce aux efforts de leurs membres »

a-t-il ajouté en exhortant les pouvoirs

publics à soutenir le modèle coopéra-

tif. « Notre défi pour 2011 sera d'ob-

tenir un plus grand rôle dans le dialo-

gue institutionnel, et pour y parvenir,

nous devons faire connaître notre po-

tentiel aux organes politiques ».

Pedreño a également souligné le rôle

de ces entreprises dans le développe-

ment local et il a déclaré qu’elles re-

présentaient un modèle pour l'avenir:

« Les coopératives obtiennent des

résultats plutôt bons alors que d’au-

tres modèles démontrent leurs limites

et ce à un moment où les emplois

dans le secteur public vont difficile-

ment augmenter ». Le président de

COCETA a également souligné le

rôle de l’organisation dans la création

et le maintien de l'emploi au cours de

ces 25 années d'activité. « Dans des

moments comme ceux que l’on

connait maintenant, les coopératives

se sont engagées à équilibrer les dé-

penses et les recettes et à maintenir

les emplois » souligne-t-il.

Felice Scalvini, co-président de Coo-

peratives Europe, qui a assisté à la

cérémonie de COCETA, a insisté sur

le fait que partout en Europe, les en-

treprises coopératives résistent mieux

à la crise : « Tout le monde dit que les

choses vont mal. Pourtant, en ques-

tionnant nos organisations dans les

différents pays au cours de ces trois

dernières années, j'ai constaté que

même s’il existe des difficultés, la

situation n’est pas dramatique pour

autant. Dans une certaine mesure,

l’histoire nous donne raison ». ■

Co-operatives UK lance une pétition appelant à agir pour réduire les inégalités sociales

En 2010, l’ensemble du secteur coopéra-

tif au Royaume-Uni se mobilisait à l’oc-

casion de la première 'Co-operatives

Fortnight' (Quinzaine des coopératives).

Cette campagne a impliqué 2,3 millions

de personnes ; environ 70 000 coopérati-

ves de tous les secteurs y ont participé

activement sur le web et la couverture

médiatique a touché plus de 43 millions

de personnes.

L'inégalité est à son point le plus haut

depuis le début des études qui lui sont

consacrées : 50 % de la population du

Royaume-Uni ne se partagent qu’1 %

des richesses. Au Royaume Uni tou-

jours, 10 % des personnes les plus riches

détiennent 100 fois plus de richesses que

ce que 10 % des personnes les plus pau-

vres possèdent. La 'Co-operatives Fort-

night' a pour but de sensibiliser la société

au mode de gestion coopératif et notam-

ment aux coopératives de travail associé

dans lesquelles les travailleurs ont un

égal pouvoir de décision et partagent les

profits.

L’édition 2011 se tiendra du 25 juin au 9

juillet sur le thème 'Yours to share' qui

rappelle le partage de la propriété et des

profits qui font des coopératives des

entreprises différentes. Pour montrer

comment les coopératives procèdent à ce

partage, Co-operatives UK espère re-

cueillir 100.000 signatures pour la péti-

tion qui appelle à agir pour réduire le

fossé entre les riches et les pauvres

Co-operative UK invite le gouvernement

britannique à soutenir des actions en

faveur du partage de la propriété et des

richesses à l’instar des coopératives, en

encourageant les entreprises à partager

les profits avec leurs travailleurs comme

c’est le cas dans les coopératives de tra-

vail associé par exemple ou en réduisant

les charges administratives pour qu’une

coopérative soit aussi facile à créer que

tout autre type d’entreprise. ■

10 |

Inauguration des activités du 25ème anniversaire de COCETA

L

Signez la pétition sur

http://www.uk.coop/yourstoshare

Facebook: www.facebook.com/coops14

Twitter: www.twitter.com/CoopsFortnight

Page 11: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

our la première fois de son

histoire, la Confédération

générale des Scop (CG Scop) a

lancé une grande campagne de

publicité sur tout le territoire.

Son but : sensibiliser le monde du

travail au fait que les Scop

(coopératives de travail associé)

sont des entreprises faites pour

notre siècle et qu’elles constituent

un modèle qui mérite d’être pris

en considération.

La campagne de la CG Scop a été

déclinée dans la presse écrite, à la

radio et sur internet. Elle reprenait les

grands principes propres aux entrepri-

ses coopératives représentées par CI-

COPA au niveau mondial: pérennité

et ancrage local, partage des riches-

ses, dirigeants élus par les salariés

associés, le principe d’une personne/

une voix dans les grandes décisions,

etc.

Cette initiative arrive juste un an

après le lancement de la nouvelle

marque ‘Les Scop’ et du slogan ‘La

démocratie nous réussit’.

Une approche originale

Pour les besoins de la campagne, ce

sont les salariés des Scop eux-mêmes

qui ont pris la pose dans leur environ-

nement de travail. Ils sont l’emblème

de cette campagne car qui mieux

qu’eux pouvaient exprimer la dimen-

sion humaine et collective de leur

modèle d’entreprise ? Les photos de

la campagne parue dans la presse

écrite sont accompagnées de diffé-

rents messages comme 'On ne risque

pas de délocaliser leur entreprise. Le

conseil d’administration, c’est eux' ou

encore 'Partager les décisions, les

risques, les joies, les profits, ils trou-

vent ça normal'.

« Il était à la fois logique et pertinent

d'impliquer les coopératives, dont les

membres s'expriment dans la campa-

gne comme ils le feraient naturelle-

ment dans la vraie vie ! Le fait que

plusieurs Scop dans des secteurs d'ac-

tivité très différents aient été mises en

scène a également permis d'illustrer la

diversité et la richesse du mouvement

coopératif » confie Sylvain Cathébras

de la coopérative Alma qui a participé

à la campagne.

Le mouvement des coopératives de

travail associé en France – désormais

dénommées sociétés coopératives et

participatives - représente aujourd’hui

2000 entreprises et plus de 40.000

travailleurs.

« S’ouvrir au grand public »

Patrick Lenancker, le président de la

confédération générale des Scop de-

puis 2006, tire le bilan de cette cam-

pagne inédite en France.

Question : Quel bilan tirez-vous de la

campagne sur les Scop?

Réponse : Les retours que nous avons

sur cette campagne sont très positifs.

Nos interlocuteurs en externe la trou-

vent réussie et la nouvelle marque

plaît beaucoup. En interne, les Scop

affichent leur satisfaction et leur fierté

d’appartenir à notre mouvement. Au

plan quantitatif, notre site internet a

vu son trafic s’accroître de près de

40 %. Bien qu’orientée sur la notorié-

té et l’image, la campagne a permis

aussi de créer des contacts sur des

projets de Scop qui peuvent aboutir

cette année.

Q.-: Concernant la campagne que

CECOP-CICOPA Europe a lancée au

n i v e a u e u r o p é e n ( c f .

www.sustainableemployment.eu),

quel rôle peuvent jouer les coopérati-

ves en terme d’emploi selon vous?

R.- : Il est évident. Par nature, les

coopératives ont vocation à rendre

service à leurs membres et non pas à

faire fructifier le capital des action-

naires. Dans les coopératives de tra-

vail associé, les membres sont les

salariés eux-mêmes avec pour finalité

première de pérenniser l’outil de tra-

vail pour préserver et développer les

emplois. Heureusement, de très nom-

breuses entreprises traditionnelles ont

à cœur de maintenir leur activité et

leurs emplois. Mais avec toujours le

risque que la finalité patrimoniale

finisse par l’emporter. Dans les coo-

pératives de travail, l’emploi est la

finalité même. ■

P

| 11

Des travailleurs du groupe cooperative Acome

Site internet : http://www.les-scop.coop .

Pour lire l’interview complète de Patrick

Lenancker, rendez-vous à l’adresse

http://s.coop/15ws

Page 12: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

ace à la crise qui touche l’éco-

nomie mondiale, une des solu-

tions passe par la cohésion sociale:

les institutions, les entreprises

conventionnelles, les coopératives

et les autres entreprises contrôlées

par leurs travailleurs représentent

le ciment possible pour stimuler la

reprise et le marché du travail. Un

rôle fondamental est assumé par

les travailleurs, acteurs des entre-

prises et des institutions.

Ce réseau de cohésion sociale est ren-

du possible grâce aux affinités et aux

complémentarités entre les divers pro-

tagonistes, à savoir : les entreprises

conventionnelles à travers une meil-

leure organisation interne et une atten-

tion particulière accordée aux inves-

tissements afin de renforcer leur pré-

sence sur le marché ; les institutions,

qui constituent le moteur d’accords

territoriaux avec les forces producti-

ves en présence en favorisant les in-

vestissements; les coopératives et les

autres entreprises détenues par leurs

travailleurs, et en particulier les coo-

pératives sociales, qui, grâce à leur

présence sur le territoire, favorisent la

rencontre entre les divers acteurs et

l’intégration de communautés à tra-

vers les réalités sociales, économi-

ques, culturelles et qui peuvent être

définies comme des « constructeurs de

solidarité » ; et enfin, les travailleurs

qui participent aux efforts pour sur-

passer la crise et qui sacrifient une

partie de leur salaire en acceptant des

contrats de solidarité.

En résumé, chacun devient un maillon

actif de la chaîne de cohésion sociale.

Une étape importante de ce processus

est la stabilité du rapport de cohésion :

les réseaux auxquels appartiennent ces

protagonistes devront évoluer dans le

temps en s’adaptant d’une fois à l’au-

tre aux demandes qui émanent des

territoires : il faut commencer à parler

de « subsidiarité flexible ».

Ces processus dont l’être humain

(travailleurs, entrepreneurs, hommes

politiques, etc.) est au centre connais-

sent un plus grand succès lorsque l’on

informe et que l’on implique tous les

acteurs : on ne peut pas parler de co-

hésion sociale sans parler de

« soutenabilité partagée » tant au ni-

veau des choix que des solutions pro-

posées.

La cohésion sociale passe donc à tra-

vers la connaissance des différents

modes d’action afin de mieux trouver

des solutions partagées. ■

entreprise italienne Italtac est

une coopérative récemment

constituée et spécialisée dans la

production de supports auto-

adhésifs. Elle dispose d’un niveau

d’expertise technique et commer-

ciale important du fait de sa main

d’œuvre hautement qualifiée.

La coopérative dont le siège est situé à

Soliera dans la province de Modena

est née grâce à l’implication des ex-

employés de Diaures, la société entrée

en crise suite à des problèmes finan-

ciers et qui a finalement dû déposer le

bilan. Les 24 travailleurs – après un

an d’arrêt de travail forcé – ont décidé

de sauver leur emploi en créant la

coopérative. Ils ont ainsi investi leurs

deniers personnels dans l’achat des

machines et dans la location des lo-

caux de production. Une telle opéra-

tion a été possible grâce au soutien de

diverses institutions financières liées à

l’organisation coopérative italienne

Legacoop dont CFI, Coopfond et So-

finco. La coopérative 'Italtac-Self-

Adhesive materials & coatings' a vu le

jour le 17 mars 2011.

Italtac propose une vaste gamme de

produits standards et personnalisés

afin de répondre aux exigences tou-

jours plus grandes du marché de l’éti-

quetage. L’entreprise a pour objectif

de renforcer sa présence sur le marché

international en tant que fournisseur

fiable et partenaire à long terme et a la

volonté de développer de fortes allian-

ces commerciales, tant au niveau des

clients que des fournisseurs.

Les 24 travailleurs de la coopérative

Italtac, fortement impliqués dans le

processus de production, sont ainsi en

mesure de garantir à leur clientèle un

service de qualité, efficace et opti-

mal.■

L’

12 |

F

« La cohésion sociale

passe donc à travers

la connaissance des

différents modes

d’action afin de mieux

trouver des solutions

partagées »

Page 13: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

e ministre tchèque du Tra-

vail et des Affaires Sociales,

Jaromír Drábek, a rehaussé de sa

présence la séance d’ouverture du

conseil d’administration de CE-

COP qui s’est tenu à Prague le 29

mars dernier dans les bureaux de

SCMVD, l’organisation tchèque

des coopératives de production.

Le ministre Drábek a ainsi rappelé

l’importance des coopératives lors de

son allocution: « La plateforme des

coopératives ne m’est pas inconnue.

Le mouvement coopératif a une lon-

gue histoire en République tchèque et

est une partie incontournable de l'éco-

nomie et de la société tchèques.

L'Union des coopératives tchèques de

production (SCMVD) est l’un des par-

tenaires de base dans les négociations

entre les administrations publiques et

le secteur coopératif. Le mouvement

coopératif a de grands avantages; les

parties prenantes sont aussi coproprié-

taires de ces entreprises : ils ont donc

des possibilités beaucoup plus larges

de décider de leurs propres activités.

Je crois que la discussion qui se tient

au niveau européen pour renforcer le

rôle du mouvement coopératif est une

bonne manière d’encourager les per-

sonnes à reprendre en main leur propre

vie ».

Le ministre a également souligné qu'il

avait visité deux coopératives de pro-

duction au cours du mois dans son

effort constant d’améliorer l’aide que

le gouvernement national apporte aux

coopératives.

Depuis le 19ème siècle, en effet, le

mouvement coopératif s’est profondé-

ment enraciné dans la société tchèque.

SCMVD affilie 252 coopératives qui

emploient 18.000 travailleurs actifs

dans plusieurs secteurs économiques

comme la production artisanale, l'équi-

pement ménager, la construction,

l'équipement électrique, le bois, les

machines-outils, le textile, l’habille-

ment et les produits chimiques. Leur

chiffre d'affaires global avoisine les

730 millions d’euros. À l'origine, l'or-

ganisation a été créée en 1953 pour

promouvoir et défendre les intérêts des

coopératives de production dans la

r é g i o n t c h è q u e d e l ’ e x -

Tchécoslovaquie. ■

L

ans une interview accordée au

journal 'Viata CM' publié par

UCECOM, l’organisation des coo-

pératives de travail associé de Rou-

manie, Irina Cajal Marin, la sous-

secrétaire d’État auprès du ministè-

re de la Culture et du Patrimoine

national roumain a réaffirmé son

soutien envers la production de

produits artisanaux. Elle s’est dé-

clarée « convaincue que l’inestima-

ble héritage artistique du peuple

roumain devait être protégé et enri-

chi au nom de ceux qui l’aime ».

Irina Cajal Marin participait à une

con fér en ce sur le thèm e de

« L’artisanat traditionnel – les défis du

monde moderne » lors la foire nationa-

le d’art populaire et d’artisanat des

coopératives de travail associé de Rou-

manie. Elle a été interrogée par les

exposants qui se disaient inquiets des

conséquences de la contrefaçon sur

leur commerce. La sous-secrétaire a

suggéré aux coopératives de faire

« des propositions concrètes pour faire

cesser la contrefaçon qui génère des

profits inacceptables et porte atteinte

aux valeurs du patrimoine ». Elle a

proposé de prendre des mesures nor-

matives pour mieux encadrer la pro-

duction artisanale et notamment, de

« déterminer des critères afin d’identi-

fier les produits issus de l’art populaire

et de l’artisanat et qui peuvent être

achetés par les institutions publiques,

culturelles ou liées à l’éducation du

pays ».

En 2009, la contrefaçon en Roumanie

représentait environ 26 % de la pro-

duction totale du marché. Dans cette

situation de crise économique, les coo-

pératives artisanales font partie des

rares entreprises qui parviennent à

maintenir une production artisanale

qui répond aux exigences de tradition

et d’authenticité. ■

Jaromír Drábek (droite) avec le président de

CECOP, Rossano Rimelli, au conseil d’adminis-

tration de CECOP

| 13

D

1 Source: REACT - Le Réseau européen de lutte

contre la contrefaçon (www.react.org).

Page 14: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

14 |

Question: La notion de durabilité de

l’emploi est totalement absente des

politiques européennes. Pour les coo-

pératives et les entreprises détenues

par leurs travailleurs représentées par

CECOP, elle constitue leur mission de

base. Mais selon vous, comment l’em-

ploi durable peut-il être défini?

Réponse: La durabilité d'un emploi

n'est pas qu'une question contractuelle

pour le travailleur qui l'exerce

(idéalement à durée indéterminée)

mais aussi une question d'objet et

d'impact de l'activité à laquelle il

contribue sur son environnement terri-

torial, économique, physique, humain.

Sa durabilité se traduit également dans

le mode de gestion de l'entreprise qui

le crée : une gestion prudente, qui anti-

cipe et qui maîtrise son expansion et

qui investit dans le capital humain, la

Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen et députée européenne (ALE/Verts), a accepté de

répondre aux questions de Travailler Ensemble à l’occasion de ce numéro spécial sur l’emploi durable. Isa-

belle Durant aspire à une Europe plus sociale. Sur son site internet, elle explique comment elle a contribué

à aboutir à un accord avec le Parlement européen et la Commission en 2001 sur le temps de travail des

chauffeurs routiers: « Le social, c’est toujours pour après. On libéralise et dérégule d’abord » dit-elle « et

dans le meilleur des cas, on voit ensuite quelles sont les conséquences pour les travailleurs, leur santé, la

sécurité. C’est ça aussi l’Europe sociale ». Voyons ce qu’Isabelle Durant pense d’une Europe où les entre-

prises seraient plus soucieuses de leurs travailleurs.

« Il est regrettable que

la stratégie 2020, sans

l'exclure formellement,

ne considère cette

formule de reprise par

les travailleurs que

comme un pis-aller… »

Page 15: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

formation de tous ses travailleurs.

Q.: Avez-vous déjà été sensibilisée aux

coopératives, dans votre vie de citoyen-

ne ou bien comme députée européenne

et de quelle manière?

R.: Absolument. Ici au Parlement euro-

péen, diverses coopératives, en particu-

lier dans le domaine de la production

agricole et alimentaire prennent contact

avec nous dans le cadre de certains des

aspects de la future réforme de la politi-

que agricole commune (PAC). Dans un

secteur où le revenu du producteur isolé

est mis en danger de façon structurelle,

l'organisation en coopératives de travail-

leurs, propriétaires de leur entreprise, est

particulièrement indiquée et adéquate.

L'adéquation dans ce secteur en diffi-

culté devrait nous amener à rechercher

comment un tel modèle peut être utilisé

et encouragé non seulement dans les

secteurs en reconversion ou suite à la

fermeture d'entreprises mais aussi dans

les secteurs de petites entreprises inno-

vantes, permettant la création d'emplois

nouveaux.

Q.: La reprise d’entreprises en crise ou

sans héritiers par leurs travailleurs a déjà

permis de sauver de nombreux emplois

en Europe. Selon vous, cette modalité ne

devrait-elle pas être mieux prise en

compte dans les politiques européennes?

R.: Il est regrettable que la stratégie

2020, sans l'exclure formellement, ne

considère cette formule de reprise par

les travailleurs que comme un pis-

aller…

Q.: Dans leur très grande majorité, les

coopératives ont jusqu’ici démontré une

meilleure résistance face à la crise par

comparaison avec la moyenne des entre-

prises dans les mêmes secteurs et les

mêmes pays. Leur mode de gouvernance

et de gestion y sont-ils pour quelque

chose selon vous?

R.: C'est une évidence, ou plus exacte-

ment, les entreprises dans des secteurs

très exposés à la concurrence et qui pour

cette raison ont développé des stratégies

de court terme pour survivre à un dum-

ping sauvage, sont celles qui se sont

bien plus mises en danger.

Q.: Enfin, si vous décidiez de créer une

coopérative, quelle en serait l’activité?

R.: J'ai déjà participé et suis coopératri-

ce d'une coopérative immobilière à visée

sociale, offrant à une dizaine d'associa-

tions actives sur le terrain social des

locaux partagés, une éthique de travail

commun, une plateforme de connaissan-

ce et de services. Si je devais en créer

une autre, ce serait dans le secteur de la

production artistique (cinéma, théâtre,

imagerie, nouvelles technologies) : je

suis convaincue que dans cette matière

qui ne peut se concevoir sans une vraie

implication humaine, sans une ligne

directrice qui donne du sens, il y a un

immense besoin de mise en commun des

stratégies et des moyens. ■

| 15

« Dans un secteur où

le revenu du

producteur isolé est

mis en danger de

façon structurelle,

l'organisation en

coopératives de

travailleurs,

propriétaires de leur

entreprise, est

particulièrement

indiquée et adéquate »

→ 1994-1999 : co-présidente du parti Ecolo en Belgique

→ 1999-2003 : vice-première ministre et ministre de la Mobilité et des Trans-

ports dans le gouvernement belge de Guy Verhofstadt

→ 2004-2009 : réélue en tant que co-présidente du parti Ecolo

→ 2009 : élue députée européenne (groupe ALE/Verts) et vice-présidente du

Parlement européen

BIO

EX

PR

ES

S

Propos recueillis par Olivier Biron, CECOP

http://s.coop/1e4z

http://twitter.com/cicopa

http://www.youtube.com/user/SustainableEmpl

SUIVEZ-NOUS

Page 16: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

16 |

e nouveau contexte politique

et socioéconomique du MER-

COSUR a mis en évidence le rôle

de l’économie sociale et solidaire en

tant qu’alternative pour augmen-

ter l'emploi et l’insertion dans le

monde du travail de grands sec-

teurs sociaux de cette région. Les

coopératives de travail associé ont

non seulement influencé la cons-

truction de cette nouvelle réalité

dans chacun des pays qui consti-

tuent le MERCOSUR, mais elles

ont aussi permis un bond en avant

pour devenir un forum d'expres-

sion politique, social, économique

et culturel, dénommé Red del Sur

(réseau du Sud).

Ce réseau, établi en 2007 par plusieurs

organisations représentant les coopéra-

tives de travail associé de la région, est

formé par la Fédération des Coopérati-

ves de Production d'Uruguay (FCPU),

l'Union Régionale des Coopératives et

des Entreprises Solidaires du Brésil

(UNISOL), la Confédération Nationa-

le des Coopératives (CNCT) d'Argen-

tine (au sein de laquelle il nous faut

souligner le rôle de FECOOTRA,

FACTA et du Réseau des coopératives

métallurgistes) et la Confédération des

C o op é r a t i ve s p a r a g u a ye n n e s

(CONPACOOP).

Les principaux objectifs de ce réseau

consistent à représenter politiquement

les coopératives de travail associé de-

vant les autorités locales, nationales et

du MERCOSUR, ainsi que de déve-

lopper une identité régionale commu-

ne en intégrant la connaissance, les

valeurs et les parcours professionnels.

De plus, Red del Sur aspire également

à une place plus importante pour l'éco-

nomie sociale dans l'économie régio-

nale, et particulièrement pour les coo-

pératives de travail associé, à travers le

développement de réseaux économi-

ques entre les coopératives et en ren-

forçant les coopératives de travail as-

socié dans des secteurs stratégiques.

Coopération internationale avec le

Sud

Red del Sur a pu concrétiser son po-

tentiel grâce au soutien de plusieurs

organisations de coopération au déve-

loppement dans le monde qui ont joué

un rôle décisif pour renforcer le sec-

teur et, plus particulièrement, Coope-

razione per lo Sviluppo dei Paesi

Emergenti (COSPE, Italie), la Fonda-

tion CIDEAL de coopération et de

recherche (Espagne), Istituto Sindaca-

le per la Cooperazione e lo Sviluppo

(ISCOS Nazionale et ISCOS ER, Ita-

lie) et NEXUS (Italie).

La présence de ce réseau dans le

MERCOSUR était essentielle pour

l'adoption par l'Union européenne d'un

projet d’aide à ce processus coopératif

régional qui s’intitule « Promouvoir

les coopératives de travail associé et

renforcer les réseaux d'entreprises

d'économie sociale du Mercosur com-

me une stratégie de lutte contre la pau-

vreté et de construction d’une société

plus démocratique et durable ».

Le projet, lancé en avril 2010 (lire

article page 5), permet la mise en œu-

vre de stratégies pour renforcer la par-

ticipation des entreprises régionales

sur le marché; de développer des ini-

tiatives entre les coopératives en

créant des chaînes de production; et de

mettre en commun les outils pour pro-

mouvoir des politiques publiques et

des programmes de développement

local. Toutes ces lignes sont essentiel-

les pour promouvoir les entreprises

sociales et solidaires à travers une stra-

tégie qui promeut un modèle de déve-

loppement durable et plus humain. ■

L

Cooperativa de Trabajadores Navales, membre de la Fédération des Coopératives

de Travail Associé de l'Uruguay (FCPU) - Photo: Manlio Masucci (ISCOS)

Page 17: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

| 17

à où les usines mettent la clé

sous la porte, les coopérati-

ves de travail associé les rouvrent.

Parmi les 16.000 coopératives ar-

gentines, la moitié d'entre elles

sont des coopératives de travail

associé. Elles ont créé 300.000 em-

plois et 10 % du produit intérieur

brut. Sur les 40 millions d'habi-

tants que compte ce pays d’Amé-

rique du Sud, 10 millions sont di-

rectement ou indirectement liés

aux coopératives et aux mutuelles.

Ces chiffres montrent le défi que doi-

vent relever les coopératives de tra-

vail associé pour améliorer leur visi-

bilité en tant que secteur. De nom-

breux citoyens consomment des pro-

duits et/ou utilisent les services de

coopératives sans en être conscients.

C’est dans cet esprit que Fabián Sil-

veira, le vice-président de la Fédéra-

tion des Coopératives de Travail As-

socié (FECOOTRA) déclare : « une

nouvelle carte de l'économie sociale

se dessine. Les coopératives de travail

associé apparaissent

comme une nouvelle

réalité politique, éco-

nomique et sociale.

Elles font entendre

leur propre voix, la

voix des travailleurs

dans la constellation

de l'économie socia-

le ».

Parmi les réalisations à

prévoir, on peut noter

par exemple la participation au re-

lancement de CICOPA-Americas, la

création de la Confédération nationale

des coopératives de travail associé

(CNCT), l’établissement de réseaux

de gestion commune, la reprise d’usi-

nes ou bien encore la création de coo-

pératives de travail associé de jeunes

professionnels dans différents sec-

teurs (communication, logiciels libres

de droit, graphisme, finances, compta-

bilité et services légaux). La gestion

de programmes d'intégration sociale

au niveau de l’état a aussi été possible

comme par exemple le programme

'Argentina Trabaja' qui a réussi, dans

sa première phase à

retrouver un emploi

pour 1984 chômeurs

grâce à la création de

coopératives de travail

associé.

Les coopératives de

travail associé permet-

tent de retrouver em-

ploi et dignité en ré-

pondant, par exemple,

aux besoins économi-

ques et en valorisant les personnes qui

deviennent des acteurs à part entière,

et en accordant davantage d'importan-

ce aux travailleurs plutôt qu'au capi-

tal. Le défi est de faire en sorte que

cela soit fait de manière durable : tel

est l’objectif des coopératives de tra-

vail associé en Argentine. ■

CICOPA continue de s'étendre sur le continent américain

Depuis novembre 2010, CICOPA comp-

te sept membres en Amérique latine. Les

deux derniers membres à avoir rejoint

CICOPA sont la 'Confederación Nacio-

nal Cooperativa de Actividades Diversas'

de la République du Mexique et la

'Confederación Paraguaya de Cooperati-

vas' (CONPACOOP - Paraguay). L'orga-

nisation mexicaine compte 247 coopéra-

tives affiliées dans des secteurs divers

comme l’exploitation minière, la cons-

truction, la radiodiffusion et les services

portuaires. C'est la seule organisation

mexicaine affiliant des coopératives de

travail associé. CONPACOOP est une

confédération intersectorielle de coopéra-

tives d’agriculteurs et de crédit principa-

lement. Un de ses buts principaux de

cette affiliation est de développer les

coopératives de travail associé au Para-

guay. ■

L'Argentine travaille, enseigne et apprend

Le programme 'Argentina Trabaja' est

destiné au sauvetage de l’emploi de plus

de 150 000 travailleurs par la participa-

tion des salariés concernés dans des coo-

pératives de travail associé. Ce program-

me est géré conjointement par le gouver-

nement national, les coopératives de tra-

vail associé, la Fédération des Coopérati-

ves de Travail Associé FECOOTRA et la

Confédération nationale des coopératives

de travail associé (CNCT).

Dans sa première phase, la constitution

de coopératives a permis à la fédération

de sauver 2000 emplois. Le travail et

plus précisément la réparation d’édifices

municipaux et la réhabilitation d’espaces

publics, est effectué au départ de clubs

sociaux, de centres d'intégration commu-

nautaires, de services mobiles, etc. Les

travailleurs peuvent décider de ce qu’ils

transformeront dans leur communauté.

En gardant à l’esprit un modèle de déve-

loppement global, le ministère du Tra-

vail, le ministère du Développement so-

cial et FECOOTRA ont proposé un pro-

gramme cohérent de formation : école

d’alphabétisation, collèges d'enseigne-

ment général, connaissance des coopéra-

tives et formation professionnelle. ■

L

« Les coopératives

de travail associé

apparaissent com-

me une nouvelle

réalité politique,

économique et

sociale »

Participants au programme

'Argentina Trabaja'

Page 18: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

18 |

n dépit d’une législation en

matière de travail consolidée

depuis le 1er mai 1943, au Brésil, on

constate toujours des difficultés

dans les domaines légaux et socioé-

conomiques. Les coopératives de

travail associé ont cependant joué

un rôle important dans la pérennité

des emplois : conservation de la

main-d'œuvre, promotion de condi-

tions compétitives pour les coopéra-

tives et dignité pour leurs membres.

La coopérative a été établie comme

une troisième voie, moins coûteuse

parce qu'un membre d’une coopérati-

ve est le patron de sa propre entreprise

et qu’il fournit sa propre main-

d'œuvre; et plus digne aussi parce que

le membre coopérateur peut négocier

et établir de meilleures conditions de

travail.

Les coopératives du travail associé ont

consenti un important effort pour ren-

forcer leur organisation et leur identité.

Sous la direction d’OCB a été initié un

processus d'ajout des organisations

coopératives au document intitulé

’Critères pour l'identification de coopé-

ratives de travail associé’ qui donne

des directives pour deux initiatives très

importantes dans le secteur. Par l'éla-

boration d'une législation spécifique

réglementant le travail des coopérati-

ves de travail associé d’une part et par

le programme national de conformité

de celles-ci (PNC-travail).

La nouvelle législation réaffirme la

coopérative de travail associé et est

indépendante de la législation tradi-

tionnelle en matière de droit du travail.

Ce projet législatif est toujours pendant

devant le congrès national mais il est

prêt à être approuvé par le parlement

en 2011 et signé par le président. En-

suite, toutes les coopératives de travail

associé devront répondre aux exigen-

ces de la loi afin d’être reconnues, et

cela établira des normes claires d'iden-

tification des coopératives de travail

associé légitimes.

Le PNC donne à ces entreprises l’op-

portunité de se différencier officielle-

ment sur le marché. Les sociétés qui

font appel aux coopératives de travail

associé participant au PNC auront l'as-

surance que les coopératives observe-

ront les dispositions de la nouvelle

législation. Les coopératives auxquel-

les ce titre a été attribué ont vu le nom-

bre de leurs clients augmenter, leurs

revenus sont en hausse ainsi que leur

nombre de salariés, l’adhésion est éga-

lement en augmentation et elles ont

acquis la crédibilité sur le marché. ■

epuis l’apparition des premiè-

res coopératives au Paraguay,

il y a 80 ans, le secteur n’a cessé de

se développer et de s’organiser. La

confédération paraguayenne des

coopératives (CONPACOOP) re-

groupe près de 700 coopératives,

essentiellement du secteur de l’é-

pargne et du crédit, de la produc-

tion agricole, et dans une moindre

proportion, des coopératives de tra-

vail associé.

Les coopératives de travail associé

sont très peu développées au Paraguay.

CONPACOOP, dans le cadre de son

plan stratégique, s’est donné pour ob-

jectif de développer et de renforcer le

secteur des coopératives de travail as-

socié. Cette ambition a été insufflée,

dans une large mesure, par le mouve-

ment coopératif au MERCOSUR, qui a

encouragé CONPACOOP à opter pour

cette voie. L’engagement de CONPA-

COOP de promouvoir la création et

pérennisation du secteur a conduit l’or-

ganisation à établir des liens avec Red

del Sur, espace régional d’articulation

de ces coopératives dans la région du

MERCOSUR. Dans ce cadre, elle a

reçu l’appui des fédérations de coopé-

ratives de travail associé d’Argentine,

du Brésil et d’Uruguay.

Parmi les difficultés que connaît le

mouvement dans la voie de la réalisa-

tion de cet objectif, il y a certainement

celui du cadre réglementaire défavora-

ble. « La loi ne prévoit que les facilités

normales dont jouissent également les

autres coopératives, mais les coopérati-

ves de travail associé ont besoin, pour

se créer, d’autres mesures de soutien

que des dérogations fiscales » déclare

le président de l’Institut national des

coopératives (INCOOP), Antonio Ortiz

Guanes. À titre comparatif, il faut sou-

ligner qu’au Brésil par exemple, le

nombre obligatoire de membres fonda-

teurs pour la création d’une coopérati-

ve de travail associé est moins élevé,

les coopératives de travail associé re-

çoivent des subsides, paient des taux

d’intérêt moins importants et ont droit

à une aide technique spécialisée gratui-

te de la part de l’État. ■

D

E

Logo du label de qualité ‘PNC- Trabalho’

Pour en savoir davantage sur ce

programme, voir : http://s.coop/1641

Page 19: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

e Québec organisera, du 11 au

15 octobre 2011, deux confé-

rences clé. La première intitulée

'Succession d’entreprise et proprié-

té des travailleurs' se tiendra du 11

au 13 octobre. La seconde Confé-

rence CICOPA Amérique du

Nord : 'Coopération sans frontière-

s' aura lieu du 13 au 15 octobre.

La première conférence aura pour ob-

jectif de faire prendre davantage cons-

cience que les coopératives de travail

associé constituent une alternative

pour les entreprises sans successeurs et

de développer l'expertise des parties

prenantes par l'échange et l'analyse de

leur expérience. Au cours des prochai-

nes années le monde affrontera un

phénomène très significatif aux consé-

quences socioéconomiques majeures :

le départ massif à retraite des entrepre-

neurs de la génération dite du baby-

boom. On estime qu'environ 200 000

entreprises canadiennes changeront de

mains dans les quinze prochaines an-

nées. Le phénomène sera proportion-

nellement comparable aux États-Unis,

en Europe et ailleurs dans le monde.

L’ampleur exceptionnelle de cette

transition peut entraîner la perte de

nombreuses entreprises par absence de

repreneurs ou par leur rachat par la

concurrence. Une récente étude du

département québécois du développe-

ment économique, de l’innovation et

des exportations (MDEIE) a montré

que, bien que déjà engagé, le phéno-

mène n’en est encore qu’à ses débuts

et que les départs devraient être au

plus fort entre 2017 et 2020 et que,

plus nous nous rapprocherons de cette

échéance, moins il y aura de personnes

désireuses d’acheter ces sociétés. Ce

phénomène d’absence d’une succes-

sion pour les entrepreneurs individuels

devrait aussi se manifester beaucoup

plus tôt dans les zones rurales. Le ris-

que social et économique est substan-

tiel et le risque est grand aussi de

connaître de nombreuses fermetures

d’entreprises avec, comme résultat, la

perte possible de dizaines de milliers

d'emplois; des communautés et des

villages entiers pourraient connaître le

déclin.

Face à cette menace de désintégration

des entreprises et les pertes massives

d'emplois qui s’ensuivraient, l'alterna-

tive du transfert de ces sociétés à leurs

salariés par le modèle de la coopérati-

ve de travail semble être de plus en

plus la solution idéale et une grande

opportunité de croissance pour le mou-

vement des coopératives de travail

associé. Le modèle des coopératives

de travail associé (avec des modèles

liés comme les coopératives de multi-

stakeholders) aide à maintenir et à

développer ces entreprises et à permet-

tre aux ouvriers d’exercer un contrôle

local de leur avenir.

La seconde conférence, 'Coopération

sans frontières', a pour objectif de per-

mettre aux mouvements des coopérati-

ves de travail québécoises, du reste du

Canada et des États-Unis de se ren-

contrer et de partager leur expérience.

L'organisation de cette conférence est

un événement historique. Pour la pre-

mière fois, des centaines de membres

des coopératives de travail associé de

toute l'Amérique du Nord se ren-

contreront et partageront leurs expé-

riences pour améliorer leurs pratiques

de gouvernance et de gestion démocra-

tique de leurs entreprises et pour mon-

trer leur solidarité et leur désir com-

mun de construire une économie so-

ciale basée sur la propriété et le

contrôle des entreprises par les travail-

leurs. La conférence est organisée par

CWCF avec le soutien du réseau de la

coopération du travail du Québec, la

fédération américaine des coopératives

de travail associé ainsi que d’autres

partenaires. ■

L

Membre de la coopérative canadienne de transport de marchandises ‘SHIFT Delivery’

| 19

Pour obtenir plus d’information :

http://www.cooperation2011.coop

Page 20: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

ravailler Ensemble’ s’est

entretenu avec Melissa Hoo-

ver sur les réalités des coopératives

du secteur et le regard qu’elle por-

te sur ce moteur d’emploi durable

dans le monde entier.

Melissa Hoover est la directrice de

l’USFWC, la Fédération des Coopérati-

ves de Travail Associé des États-Unis

(USFWC), depuis sa création en 2004.

Cette organisation compte aujourd'hui

75 membres et représente environ 1400

personnes. Mélissa Hoover indique que

leurs adhérents constituent environ un

tiers des coopératives de travail associé

aux États-Unis. L'apport des coopérati-

ves en matière d’emploi durable est

indéniable selon elle : « Je pense que

les coopératives de travail associé en

particulier, sont essentielles dans la

création d’emplois durables, tant du

point de vue des travailleurs que de

celui de la terre dont nous dépendons ».

Pour Mélissa Hoover, la contribution

des coopératives à la création d’em-

plois durables résulte en grande partie

du fait qu’il s’agit d’entreprises régies

par des principes démocratiques. « Les

coopératives sont la combinaison de la

théorie et de la pratique » fait-elle re-

marquer, « en même temps qu’elles

valorisent l'autonomie, la démocratie,

l'éducation et surtout les personnes.

C'est un réquisitoire contre le lucre et

l'individualisme dont le discours public

est très souvent teinté, du moins ici,

aux États-Unis ».

Elle explique qu'au niveau pratique

« pour les personnes qui ont l’expérien-

ce de la gestion d’entreprises qui agis-

sent selon ces valeurs et qui le font

avec succès, il en résulte une plus gran-

de inspiration et une prise de conscien-

ce des problèmes liés à une économie

injuste; il ne s’agit pas seulement d’un

élan de protestation mais aussi d’une

volonté de trouver de réelles solu-

tions ».

Mélissa Hoover considère que les prin-

cipes de coopération entre les coopéra-

tives et d’engagement envers la com-

munauté constituent les piliers de la

durabilité. « Coopérer avec d'autres

coopératives rappelle les initiatives

innombrables qui permettent de contre-

balancer le message dominant qui veut

que la concurrence soit la seule voie de

réussite ». Elle ajoute que les coopéra-

tives de travail associé sont aussi

concernées par les aspects environne-

mentaux, « parce que les travailleurs

membres tendent à vivre dans la com-

munauté dans laquelle ils travaillent et

sont donc moins enclins à prendre des

décisions dommageables pour l’envi-

ronnement ».

D'un autre côté, elle indique qu’au lieu

de licencier les travailleurs, les coopé-

ratives peuvent décider de les réaffecter

à un autre poste de travail ou sur un

autre site. « Elles peuvent partager le

poids d'une crise au lieu de le charger

sur les épaules des plus vulnérables.

L'autogestion propose une dignité face

au travail et offre des opportunités si-

gnificatives de croissance dans la me-

sure où les travailleurs s’impliquent,

non seulement dans leurs tâches quoti-

diennes, mais aussi dans le fonctionne-

ment et dans les décisions stratégiques

de leur coopérative ».

« Je pense que cette sécurité, centrée

sur l'être humain et son développement

personnel à travers l'exercice de la dé-

mocratie est un élément potentiel d’ins-

piration et de transformation pour la

société. Je crois aux coopératives de

travail associé et en leur capacité de

construire une démocratie participative,

de faire de nous de meilleurs citoyens,

de meilleurs voisins, de meilleurs

membres d’une famille et de meilleurs

défenseurs des valeurs durables », sou-

ligne-t-elle. ■

Le groupe coopératif Arizmendi Bakery possède 5 boulangeries aux Etats-Unis

Photo: Myleen Hollero

20 |

« Les coopératives de

travail associé sont

essentielles dans la

création d’emplois

durables, tant du point

de vue des travailleurs

que de celui de la terre

dont nous dépendons »

Pour lire l'interview complète de

Melissa Hoover, rendez-vous sur

le site de CECOP en cliquant ici.

‘T

Page 21: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

n ne dispose pas de chiffres

précis sur le nombre et sur

l'impact des coopératives de tra-

vail associé au Mexique, bien

qu’elles soient loin de représenter

une économie marginale. Ce sec-

teur manque de la reconnaissance

et de la promotion indispensables

à son développement. Un nouveau

projet de loi générale pour les so-

ciétés coopératives tente d’appor-

ter des solutions aux entraves qui

freinent le mouvement.

Dans le secteur des coopératives de

production, il existe une série d'entre-

prises emblématiques très fortes au

Mexique comme Pascual, Cruz Azul,

El Grullo (Jalisco) y Trado qui dé-

montrent qu'il est possible d’accéder à

de très hauts niveaux de succès écono-

mique. Cependant, Il existe aussi un

grand nombre de petites coopératives

qui ne sont ni organisées, ni affiliées

aux organisations de second degré qui

les représentent.

« L'un de nos objectifs est d'obtenir

l'intégration de ces nombreuses coopé-

ratives de production - qui existent

dans tout le pays – dans des cadres

représentatifs plus larges » déclare

Dov Orian, responsable du bureau de

la confédération coopérative intersec-

torielle du Mexique.

La loi qui régit actuellement le secteur

date de 1994 et présente des lacunes

qui ont fait obstacle à son application.

En outre, cette loi s’intéresse davanta-

ge au contrôle et à la gestion des coo-

pératives qu’à leur promotion. « En ce

qui concerne les coopératives de pro-

duction, plusieurs d’entre elles

connaissent d’importantes difficultés

pour accéder au crédit et pour répon-

dre au développement technologique

moderne actuel », a encore précisé

Orian. Ce sont certains de ces aspects

qu’essaye de corriger la proposition

d’une nouvelle loi générale sur les

sociétés coopératives au Mexique que

le conseil supérieur de la coopération

(COSUCOOP) a présenté la semaine

dernière devant la Chambre des dépu-

tés.

L'un des points que ce nouveau projet

de loi souhaite mettre en avant consis-

te en l’obligation du gouvernement de

participer à l'appui, la promotion de

l'idée coopérative tant à l'intérieur

qu’à l’extérieur du mouvement.

Une autre des difficultés auxquelles le

secteur fait face consiste en ce qu'il se

trouve morcelé et qu’il n'existe pas de

données statistiques qui informeraient

sur sa dimension réelle. « Dans un

pays aussi vaste que celui-ci, avec des

distances géographiques importantes,

nous ne connaissons pas toujours

l’existence de certaines coopérati-

ves », a déclaré le chef du bureau de la

confédération mexicaine. La nouvelle

loi prévoit que l'Institut national de

géographie et de la statistique incorpo-

re les coopératives dans ses recense-

ments pour supprimer cette diffi-

culté.■

| 21

O

Dov Orian, responsable du bureau de la

confédération coopérative intersectorielle

du Mexique (CMC)

Une coopérative de journalistes qui travaille avec le New York Times

Lancée en octobre 2009, la 'Chicago

News Cooperative' pratique un journa-

lisme d'intérêt public, particulièrement

centré sur la réalité de Chicago (États-

Unis). La coopérative est composée de

l'ancien directeur de la rédaction du Chi-

cago Tribune, James O'Shea, et d'autres

professionnels reconnus.

Les textes sont publiés deux fois par

semaine dans le 'New York Times'. Elle

est la première agence de presse exté-

rieure à produire des pages entières pour

ce journal américain très en vue. En

2011, 'Chicago News' projette de lancer

un site web qui sera le centre de son

exploitation et qui introduira de nou-

veaux modes de communication pour la

communauté. ■

Colors Restaurant: une coopérative au cœur de New York

Les coopératives de travail associé aux

États-Unis couvrent tous les secteurs

d'activité et la restauration n'est pas une

exception. Colors Restaurant, un restau-

rant organisé en coopérative dans la

ville de New York a démontré comment

la crise pouvait être une opportunité à

saisir.

La coopérative de travail associé Colors

Restaurant a été fondée en 2006 par des

travailleurs qui ont survécu à la tragédie

du World Trade Center du 11 septembre

2001. Le restaurant propose une cuisine

internationale basée sur des ingrédients

produits au niveau local.

Être organisé en coopérative signifie

pour le personnel propriétaire un accès à

de meilleures conditions de travail, un

meilleur salaire et l'égalité raciale, ainsi

qu’une activité économiquement viable.

Les travailleurs membres sont originai-

res de plus d'une douzaine de pays.

Le groupe fait partie du 'Restaurant Op-

portunities Center' (ROC), une organisa-

tion qui se bat pour des conditions de

travail décentes pour les travailleurs de

l’horeca et qui organise aussi des cam-

pagnes pour lutter contre leur exploita-

tion. ■

Page 22: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

010 a été une bonne année

pour les coopératives en Ou-

ganda. Un certain nombre de jalons

ont été franchis, montrant ainsi que,

dans ces derniers temps, des pro-

grès significatifs ont été accomplis

dans la construction d'un nouveau

mouvement coopératif. En 2009 et

2010, un certain nombre de nouvel-

les coopératives ont été créées dans

plusieurs secteurs économiques,

dont des coopératives de travail

associé. Certaines de ces coopérati-

ves créées en dehors du secteur

agricole couvrent les secteurs de

l’énergie, de l’artisanat, de l’ameu-

blement et de l’irrigation.

Cela signifie que de plus en plus de

personnes provenant de domaines dif-

férents continuent à reconnaître le rôle

du modèle coopératif dans l'améliora-

tion de leur niveau de vie.

Le mouvement coopératif a aussi reçu

plus de de soutien de la part du gouver-

nement, à travers la mise en place d’u-

ne nouvelle politique coopérative ini-

tiée en 2010. Elle reconnaît ainsi que

les coopératives font partie du secteur

privé et établit ainsi une bonne base

pour une loi coopérative moderne.

En 2010, l’Alliance Coopérative d’Ou-

ganda (UCA) s’est intéressée au

concept d'intégration horizontale, au

bénéfice des activités des coopératives.

« Cela contribue maintenant à la bonne

réputation et à la fiabilité de nos coo-

pératives aux yeux des grands ache-

teurs. L'intégration horizontale et verti-

cale renforcera tout le système coopé-

ratif en le rendant plus efficace et effi-

cient et en augmentant son pouvoir tant

sur le marché que dans la société toute

entière », a déclaré Léonard Msemak-

weli, secrétaire général de l'UCA. ■

es rachats d’entreprises par les

travailleurs sont devenus une

réalité qui sauve beaucoup d’entrepri-

ses dans le monde entier. On observe

en effet de nombreux exemples en Eu-

rope ou en Amérique du Sud de travail-

leurs qui décident de ne pas laisser dis-

paraître leur entreprise et d’en devenir

les propriétaires. Et ce n’est pas fini !

L'Afrique du Sud, elle aussi, a ouvert la

voie à ces rachats par les travailleurs.

En octobre 2010, les travailleurs de la

SA Mine Line/TAP Engineering facto-

ry (un atelier de construction mécani-

que) à Krugersdorp, une localité proche

de Soweto, ont décidé d’occuper leur

lieu de travail pour empêcher son an-

cien propriétaire d’enlever les machi-

nes et de disposer des autres actifs et de

se battre pour sauver leur emploi.

Ils ont occupé l'usine et lancé une cam-

pagne de solidarité, exigeant que l'état

reprenne l'usine. Aujourd’hui l'atelier a

rouvert : c’est une coopérative de tra-

vail associé gérée démocratiquement.

Cependant, pour réussir, ils ont besoin

de l'assistance de l’Industrial Develop-

ment Cooperation, une institution pu-

blique nationale de développement qui

finance les entreprises et les entrepre-

neurs engagés dans des activités com-

pétitives. « S’il aide vraiment cette

coopérative, le gouvernement ouvrira

la porte à de nombreuses autres coopé-

ratives de travail associé » indique

Athish Kirun de COPAC, une agence

indépendante active dans le développe-

ment de coopératives de travail associé

en Afrique du Sud. « S'il n'aide pas la

coopérative, nous retournerons mani-

fester dans les rues ». ■

22 |

2

Membres de l’Alliance Coopérative d’Ouganda

L

Page 23: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

Égypte a connu une révolu-

tion sans précédent qui a me-

né à la chute du président Hosni

Moubarack. Essam Charaf a été

nommé premier ministre par le

Conseil suprême des forces armées

en attendant la tenue d’élections

présidentielles promises avant la

fin de l’année. Pour l’heure, un

premier pas vers la démocratie a

été franchi avec le référendum sur

les amendements constitutionnels

approuvé par les Égyptiens à

77,2 %.

La révolution égyptienne a modifié

totalement le destin de ce pays jusque-

là aux mains du pouvoir qui ne laissait

guère de place à la liberté de penser ou

d’entreprendre. Durant 30 ans, le pré-

sident déchu s’est appuyé sur un appa-

reil policier et un parti totalement à

son service, dans un pays où plus de

40 % de la population vit avec moins

de 2 dollars par jour et par personne.

« L’Égypte s’est réveillée dotée d’une

nouvelle conscience politique, elle ne

se laissera pas avoir ! » confiait récem-

ment l’écrivain Alaa el-Aswa au jour-

nal français 'Libération'.

Ainsi, la situation chaotique en Égypte

n’est pas sans conséquence sur l’éco-

nomie du pays. On prévoit déjà une

chute de 25 % des revenus issus du

tourisme. A cet égard, les coopératives

représentées par l’Union des Coopéra-

tives de Production (PCU) ne sont pas

épargnées. « L’économie égyptienne a

souffert de la révolution : tout s’est

arrêté. L’insécurité dans les rues n’ar-

range rien. Tous ces facteurs ont affec-

té l’activité des coopératives. Mais ce

qui arrive au pays est une bonne cho-

se », souligne Mounir Shaarawy, se-

crétaire général de PCU.

« Nous sommes très fiers de notre ré-

volution menée avec dignité et nous

sommes optimistes pour les réformes à

venir, particulièrement pour celles qui

concerneront certains aspects des coo-

pératives de travail associé. L’espoir

est bien présent aujourd’hui puisque la

mainmise de quelques grandes entre-

prises sur l’administration égyptienne

a disparu.

Anciennement de grands capitaines

d’affaires contrôlaient les lois et les

décisions ministérielles et sapaient les

efforts des coopératives par leur cor-

ruption des affaires ».

Jusque-là, les coopératives étaient for-

tement contrôlées par le pouvoir en

place. Autant dire que les coopératives

de travail associé qui basent leur fonc-

tionnement sur des principes et valeurs

démocratiques n’y trouvaient pas leur

compte. Aujourd’hui, les choses sem-

blent aller mieux.

« Auparavant le régime ne faisait au-

cune confiance aux coopératives puis-

qu’il allait toujours à l’encontre des

décisions en faveur du bien-être des

travailleurs et des petites entreprises. Il

a maltraité les coopératives en suppri-

mant beaucoup de leurs privilèges

légaux, comme l’exonération fiscale,

de manière à augmenter leurs coûts de

production et rendre le travail plus

difficile » dit Shaarawy. Mounir Shaa-

rawy est confiant en l’avenir : « nous

sommes sur la bonne voie » dit-il,

« nous entrevoyons des signes positifs.

Avec une réforme et une nouvelle ad-

ministration mise en place par le peu-

ple, nous croyons que les nouvelles

lois seront en faveur des coopératives,

des travailleurs.et des syndicats pour

répondre à la demande d’une justice

sociale ».

Aujourd’hui, l’Égypte se réveille tout

doucement de cette révolution. Elle a

encore du chemin à faire., On peut

espérer que les choses reprendront

petit à petit leur cours normal. Avec au

moins la certitude que le peuple égyp-

tien sortira grandi de cette révolution

du Nil. ■

L’

Photographie de Peter Macdiarmid/Getty Images

| 23

Page 24: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

24 |

Six semaines après le tremblement de

terre et le tsunami qui ont frappé le Ja-

pon le 11 mars, des répliques secouent

encore le pays et la situation des centra-

les nucléaires de la préfecture de Fu-

kushima reste très instable. Les autori-

tés ont porté le niveau d’alerte nucléai-

re à 7 : le niveau le plus élevé.

Malgré la pénurie, JWCU, l'organisa-

tion japonaise des coopératives de tra-

vail associé est extrêmement active :

« Nous avançons avec l’aide de nos

membres du monde entier » a déclaré

un porte-parole de l'organisation. Pour

aider le mouvement des coopératives

de travail associé dans les secteurs af-

fectés, JWCU a créé un fonds d’aide

qui lui permettra de fournir à ses mem-

bres des biens de première nécessité et

un soutien financier (voir l’encadré).

Les exemples de solidarité se comptent

par milliers et montrent comment les

coopératives essayent de se remettre du

désastre. À Sendai, la plus grande ville

de la région de Tohoku, deux centres

pour les enfants ont été ouverts en avril

et sont gérés par une coopérative de

travail associé. Les enfants, particuliè-

rement ceux qui ont dû évacuer, ont

vécu des moments particulièrement

pénibles et leur vie quotidienne a été

fortement perturbée. Ils doivent vivre

aujourd’hui en situation instable dans

un tout nouvel environnement. « Nos

membres sont déterminés à leur fournir

un cadre de vie sûr et agréable », a dé-

claré JWCU. Plus de 200 000 yens

Le Japon se redresse

JWCU, l’organisation des coopératives de tra-

vail associé fait état d’une situation d’urgence

au sein de ses membres après les répliques qui

ont touché le pays. Un fond d’urgence a été mis

en place afin d’aider les coopératives.

Yoshiko Yamada, JWCU

JWCU a créé un fond d'urgence

« Les besoins en

vivres et la coordina-

tion sur le terrain

devront s’étendre sur

le long terme »

Page 25: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

| 25

(environ 1700 euros) ont été recueillis

à l’occasion d’un concert de bienfai-

sance organisé à Tokyo le 27 mars

pour venir en aide à la région de To-

hoku. C’est la coopérative de travail

associé 'Art Project' (WAP) composée

de membres de JWCU et d’amis ama-

teurs d’art et de musique qui en a as-

suré l’organisation.

D’importants dégâts parmi les coo-

pératives

JWCU annonce régulièrement d’im-

portants dégâts parmi ses membres.

La situation chaotique rend le travail

de secours encore plus difficile. Mal-

gré ces défis, l'aide s’est organisée et

les gens travaillent ensemble et font

preuve de solidarité.

Le bureau central et les antennes ré-

gionales de JWCU continuent de rece-

voir des produits de première nécessi-

té de la part de tous ses membres na-

tionaux. Dans un message adressé au

mouvement coopératif, JWCU déclare

que « la situation nécessite surtout de

la nourriture et nous concentrons tous

nos efforts pour fournir des aliments

instantanés et des légumes. Les be-

soins en vivres et la coordination sur

le terrain devront s’étendre sur le long

terme ». Les premiers camions venant

de Tokyo sont arrivés dans la région

de Tohoku (dans les villes de Noda,

Ohsaki, Ishinomaki et Onagaw). Les

résidents des régions touchées ont

besoin d’aide pour déblayer les débris

et nettoyer les maisons sinistrées. Plu-

sieurs coopératives ont déjà proposé

d’envoyer des renforts et le bureau

central de JWCU a aussi l’intention de

coordonner des équipes de secours

afin de venir en aide aux zones les

plus touchées. Plusieurs coopératives

de JWCU proposent aussi de mettre à

disposition les camions qui sont né-

cessaires pour nettoyer les zones dé-

vastées. ■

Pour plus d’informations :

http://english.roukyou.gr.jp/

index.html

Le village de Noda a été complètement dévasté

« Les exemples de

solidarité se comptent

par milliers et

montrent comment les

coopératives essayent

de se remettre

du désastre »

Page 26: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

26 |

Fonds d’aide aux coopératives japonaises:

En tant qu’organisation qui a pour vocation de créer des emplois, JWCU est déterminée à soutenir ses

membres afin de sauvegarder leur poste de travail et garantir leurs revenus pour leur permettre ainsi de re-

prendre une vie normale : « Tant qu’il y aura besoin de vivres pour assurer la survie quotidienne de la popu-

lation, nous continuerons à répondre à ces besoins matériels. Certains de nos membres (et beaucoup d’au-

tres personnes) ont perdu leur emploi, leur maison et leurs biens personnels. D’autres ont été évacués vers

d’autres villes et ne savent pas quand ils pourront rentrer chez eux ou s’ils seront installés dans des habita-

tions temporaires. Dans ces conditions extrêmes, il faut malgré tout que la vie continue. Les besoins exis-

tent dans de nombreuses régions dont Tokyo et ses environs, où les personnes évacuées ont trouvé refuge ».

Si vous désirez en savoir plus à propos de ce fonds d’aide ou si vous désirez faire un don, vous pouvez visi-

tez le site de JWCU à l’adresse : http://english.roukyou.gr.jp/JWCU2011Earthquake_Relief_Fund.pdf.

Boîtes alimentaires chargées sur un camion à destination de Tohoku

Concert de bienfaisance à Tokyo le 27 mars Salle pour enfants à Sendai

Le solidarité entre

les membres de

JWCU

Page 27: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

a Corée du Sud dispose d’un

système législatif spécifique

pour les coopératives dans lequel

chaque secteur coopératif est sou-

mis à une réglementation particu-

lière et qui dépend de ministères

différents. Bien qu'il y ait des sec-

teurs coopératifs forts comme

l'agriculture, cela a comme consé-

quence directe que les intérêts du

mouvement coopératif dans son

ensemble ne peuvent pas être pro-

tégés par la législation et seuls les

intérêts des différents secteurs le

sont. C'est particulièrement le cas

pour les coopératives de consom-

mateurs pour lesquelles il est tou-

jours très difficile d'obtenir un sta-

tut juridique de coopérative.

Pour résoudre ce problème, plusieurs

organisations du mouvement coopéra-

tif émergeant, et notamment KASEE,

le membre coréen de CICOPA, ont

lancé une action en faveur de la pro-

mulgation d’une législation qui couvri-

rait les différents types de coopératives

auxquelles il manque un statut juridi-

que approprié. Les coopératives de

travail associé, que KASEE représente,

sont principalement visées par la légi-

slation. Néanmoins, les besoins diffè-

rent aussi. Ainsi, les coopératives de

soins de santé, considérées actuelle-

ment comme faisant partie des coopé-

ratives de consommateurs, devraient

acquérir un nouveau statut juridique

leur permettant de s'ouvrir davantage

aux non-membres en mettant en appli-

cation la contrainte de la non-

distribution des excédents. Plusieurs

associations actives dans le domaine

des soins de santé demandent aussi une

reconnaissance légale qui donnerait à

leurs travailleurs un statut n’étant ni

celui d’un employé ni celui d’un indé-

pendant.

Pour répondre à ces différents besoins,

ces organisations ont finalisé un accord

sur un projet de loi qui couvrirait les

différents types de coopératives qui ne

le sont pas encore par la législation

actuelle. Cette nouvelle législation

aurait la même forme que les lois gé-

nérales sur les coopératives mais elle

reprendrait aussi les types spécifiques

de coopératives. Outre l’organisation

KASEE, plusieurs entités prennent part

au projet dont les coopératives de

consommateur dans le domaine médi-

cal, l'Association coréenne des centres

pour l’insertion par l’activité économi-

que, l'Institut pour la recherche coopé-

rative, la Fondation d'investissement

social et plusieurs associations de tra-

vailleurs du domaine des soins de san-

té. La rédaction de cette nouvelle légi-

slation devrait être finalisée dans le

courant de cette année. ■

Une Entreprise membre de KASEE dans le domaine de la construction

L

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Page 28: Travailler Ensemble Número 4 - Mai 2011

CECOP-CICOPA Europe a lancé une campagne sur l’emploi

durable parce que l’Europe a besoin de manière urgente

d’emplois de qualité afin d’assurer un meilleur futur

pour toutes les entreprises et leurs travailleurs.

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