"travail social et pratiques de la relation d’aide" de michel boutanquoi

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Université de Reims Champagne – Ardenne Faculté des Sciences Economiques, Sociales et de Gestion Institut Régional Universitaire de Sciences Sociales Appliquées (IRUSSA) Guillou Claire Licence Professionnelle Intervention sociale Métiers de l’Insertion et de l’Accompagnement Social Parcours Métiers de l’Urgence Sociale 2008 - 2009 Fiche Fiche de lecture lecture BOUTANQUOI Michel, Travail social et pratiques de la relation d’aide, L’Harmattan, Savoir et Formation, 2001, 287 pages Enseignant : Mr Fourdrignier Marc

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"Travail social et pratiques de la relation d’aide" de Michel BOUTANQUOI

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Page 1: "Travail social et pratiques de la relation d’aide" de Michel BOUTANQUOI

Université de Reims Champagne – Ardenne

Faculté des Sciences Economiques, Sociales et de Gestion

Institut Régional Universitaire de Sciences Sociales Appliquées (IRUSSA)

Guillou ClaireLicence Professionnelle Intervention sociale

Métiers de l’Insertion et de l’Accompagnement Social

Parcours Métiers de l’Urgence Sociale

2008 - 2009

Fiche Fiche de lecture lecture

BOUTANQUOI Michel, Travail social et pratiques de la relation d’aide,

L’Harmattan, Savoir et Formation, 2001, 287 pages

Enseignant : Mr Fourdrignier Marc

UE 1 Sciences sociales appliquées

EC1-1 Introduction aux sciences sociales

Page 2: "Travail social et pratiques de la relation d’aide" de Michel BOUTANQUOI

Semestre 1 Janvier 2009

Page 3: "Travail social et pratiques de la relation d’aide" de Michel BOUTANQUOI

L’auteur : Michel BOUTANQUOIMichel Boutanquoi est maître de conférence et membre du laboratoire de Psychologie

à l'université de Franche-Comté, et chercheur associé au Centre de recherche éducation et

formation, après avoir été éducateur spécialisé. Ses recherches portent sur le lien entre

pratiques et représentations sociales, les pratiques d'évaluation en protection de l'enfance et

l'évaluation des pratiques.

Il est co-auteur du rapport La qualité des pratiques en protection de l'enfance (2005).

Il a notamment publié Travail social et pratiques de la relation d’aide (2001) que nous allons

étudier ; et aussi Les Sciences de l’éducation, Pour l’ère nouvelle (vol. 37, n° 2, 2004) ;

L’évaluation des pratiques dans le champ de la protection de l’enfance avec J.P. Minary

(2008) ; Les pratiques d’auto-formation d’un groupe professionnel en placement familial,

avec Claudine Blanchard-Laville et Dominique Fablet.1

Ses objectifs L’auteur cherche à examiner dans cet ouvrage, la façon dont se construit une

représentation d’autrui à travers la relation d’aide ; il tente de comprendre le développement

du travail social à travers les représentations de l’autre et l’adhésion ou non de ce dernier aux

représentations qui lui sont soumises.

Pour étudier ces représentations, il formalise par plusieurs propositions son parcours

d’interrogations et de réflexions sur le travail social :

1. Le travail social est un travail institutionnel qui œuvre à la définition du rapport de

la norme et de la déviance au travers de définitions de l’inadaptation. (ce qui le distingue en

particulier du travail de régulation de la norme et de la déviance opéré dans le cadre de la

justice pénale).

2. Le travail social s’appuie sur un « processus primaire de renvoi par des instances

non-spécialisées de contrôle social (famille, école…) de personnes désignées comme

déviantes » et sur un « processus secondaire de nomination ».

3. Au niveau de la réintégration des inadaptés, le travail social met en scène une

définition du lien social et de la solidarité ; et au niveau de l’exclusion il en indique les limites

et pose les frontières de l’altérité.

4. Le travail de nomination est avant tout un travail de représentation qui allie un

discours et une pratique dans le cadre d’une relation d’aide.1 Source de cette partie : Sociétés et jeunesse en difficulté : revue pluridisciplinaire de recherche, n°2, automne 2006, consultable sur le site : http://sejed.revues.org/document221.html

Page 4: "Travail social et pratiques de la relation d’aide" de Michel BOUTANQUOI

5. Le travail de nomination, de représentation de l’inadapté effectué par les travailleurs

sociaux apparaît fonction de plusieurs représentations : de soi et du métier, du contexte

social, de l’objet de l’action (la déviance), de l’objet de l’intervention (pop concernée).

6. L’adhésion par l’inadapté à la représentation de lui-même qu’on lui soumet oriente

le sens de la relation d’aide et son devenir en intervenant dans la construction même de la

représentation (p.71-72).

Les propositions 1 à 4 sont des postulats, des manières de situer et de penser

l’environnement. Pour les hypothèses 5 et 6, l’auteur va tenter de les vérifier ; pour cela il a

choisi de s’intéresser à une population particulière : les adolescents, dans un champ

spécifique : la protection de l’enfance.

L’auteur va donc étudier et prendre appui sur deux professions : assistant de service

social et éducateur spécialisé ; et sur cinq terrains d’exercice couvrant le champ de la

protection de l’enfance : le service social en faveur des élèves, les équipes de prévention

spécialisées, les services d’action éducative en milieu ouvert, les services de placements

familiaux et les internats ou foyers éducatifs.

Sa méthodeCe livre est avant tout un travail de recherche : la théorie est mise à l’épreuve sur le

terrain et son « approche s’est élaborée au fil du temps, des réflexions, des discussions, des

confrontations » p.15.

La première partie du livre précise et explicite les références et la problématique.

Boutanquoi met en évidence les différentes composantes de la représentation des inadaptés

par les travailleurs sociaux et expose les discours et les analyses qui ont été produits sur le

travail social depuis une trentaine d’années. Cette partie est une réflexion au travers de la

littérature, surtout sociologique (exemple d’auteurs cités : Bachmann.C, Bourdieu.P, Castel.R,

Donzelot.J, Foucault.M, Ion.J, Touraine.A…) ; afin de poser les repères, situer différentes

approches, proposer une certaine critique avant que l’auteur essaie de dégager sa propre

perspective.

La deuxième partie décrit le développement des recherches de l’auteur, il nous expose

des aspects méthodologiques et techniques puis analyse et discute les principaux résultats.

Page 5: "Travail social et pratiques de la relation d’aide" de Michel BOUTANQUOI

Différents aspects techniques sont mis en œuvre : échantillonnage, choix des variables,

traitements statistiques… L’auteur justifie à chaque fois les sujets et les parties qu’il traite.

La démarche de Boutanquoi s’inscrit dans une logique qui part d’un plan général pour

s’approcher du particulier ; dans le livre il est parti de l’institution pour atteindre les

acteurs sur le terrain, en tant que « lieu où les représentations, qui sont toujours

représentations de quelque chose et de quelqu’un, peuvent être saisies » (p.17). Il s’appuie

d’ailleurs sur un dispositif de recueil de données important : 175 travailleurs sociaux ont

été rencontrés.

De plus, il nous livre 29 entretiens et va nous expliquer toute sa démarche de

traitements de données : analyse thématique afin d’affirmer que l’articulation entre différents

niveaux de représentations retenues lors de l’élaboration des hypothèses (hormis le contexte et

l’objet de l’action) fonctionne et cinq entretiens retranscrits et étudiés qualitativement afin de

décrire comment cela fonctionne et pour mieux comprendre comment agit la question de la

déviance.

Tout au long de son livre, Boutanquoi nous explique pas à pas sa recherche, avec ses

freins et ses difficultés et de ce fait, comment il la réoriente pour qu’elle soit la plus pertinente

possible.

Ses argumentsDans la première partie du livre, Boutanquoi cite plusieurs auteurs avec leurs

différentes pensées sur certaines questions qu’il étudie. Il nous expose certaines recherches

faites et les soutient ou les réfute puis explique pourquoi il retient telle ou telle proposition.

Par exemple, l’auteur essaie de définir le travail social et de ce fait, il réfute plusieurs auteurs,

dont M. Chauvière : « Toutefois, la notion de travail du social qu’il propose n’est pas sans une

certaine difficulté car elle ne permet pas véritablement de différencier et en même temps

d’articuler le social et le travail social ». p.41. Mais Boutanquoi précise qu’il « ne s’agit pas

de s’attaquer à la légitimité de travaux » (p.42) ; c’est pour dégager sa propre opinion.

Ainsi, après avoir pris connaissance des différentes pensées sur les questions qu’il

étudie, Boutanquoi nous donne ses propres définitions ; en voici quelques-unes unes :

Page 6: "Travail social et pratiques de la relation d’aide" de Michel BOUTANQUOI

- la représentation de «   l’inadapté   » dépend de quatre composantes : la représentation

de soi, de la tâche, des autres et du contexte (p.64).

- l’intervention sociale : «  terme qui permettrait la prise en compte des mutations en

cours tant sur le plan des pratiques que sur celui de ceux qui mettent en œuvre, qui ouvrirait la

voie au dépassement des corporatismes au profit de la recherche de compétences qui ne

passent plus alors forcément par la qualification en tant qu’articulation de la technicité et de la

légitimité »2. (p.39).

- le travail social : un moment de la mise en œuvre du contrôle social, le moment de la

désignation, de la nomination de la déviance (= l’inadaptation) dans son rapport à la norme et

sa prise en charge (p.49).

- La relation d’aide : dans son orientation, apparaît alors dépendre d’un partage de

représentations entre celui qui énonce et celui qui est énoncé. Sans doute faut-il dire plus

adhésion que partage compte tenu du caractère inégalitaire de la relation elle-même (p.70).

C’est le lieu où sont mobilisés les différents niveaux de représentations et le lieu de la

négociation sur la représentation de l’autre.

Ses résultatsL’auteur nous soumet plusieurs résultats face à sa problématique, c’est-à-dire, face à la

vérification de ses deux hypothèses. Tout d’abord, une autre définition du travail social

apparaît : c’est un objet indéfinissable qui s’actualise dans de multiples définitions où

l’action s’oppose à l’accompagnement. « A défaut de définir réellement le sens du travail

social, les assistantes sociales et les éducateurs en donnent au moins un contenu : le thème

de la relation apparaît au cœur d’une appréhension ». (p.108).

De plus, s’il existe des représentations communes aux différents travailleurs sociaux,

l’influence des terrains d’exercice et des pratiques est mise en avant pour expliquer la

diversité des représentations du métier, du contexte, de l’objet. Voici des éléments tirés des

résultats de l’auteur qui répondrait à sa problématique :

2 inspiré par Bachmann.M et Chauvière.M

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- Les travailleurs sociaux ne perçoivent pas les métiers de l’aide comme des métiers de

transformation sociale ; mais ils insistent sur la relation qui s’instaure, sur la rencontre avec

autrui dans le cadre d’une réalité sociale non ignorée, avant d’être une rencontre avec des faits

sociaux.

- La représentation du métier croise une dimension identitaire et une dimension

pratique du savoir être et du savoir-faire. « Ecouter, communiquer, s’impliquer, accompagner

relèvent en premier lieu d’une façon d’être pour soi et pour les autres » (p.132).

- La représentation du contexte : le travail social ne serait qu’un ensemble de

techniques et de métiers axés sur la relation, exercés dans un cadre pluridisciplinaire ou

d’équipe. Cette représentation est « limitée à la sphère de l’ici et du maintenant, à un

environnement économique et financier plus ou moins facilitant » (p.135).

- La représentation de l’objet : la déviance n’est pas citée ni identifiée. Elle apparaît

comme une idée quelque peu abstraite et non véritablement comme un objet de

représentation sur le plan professionnel. La déviance est référée en partie à la question de

la norme et de la normalité, et oscille entre être déviant en tant qu’état et avoir des

comportements déviants (p.136).

Par ailleurs, l’auteur tire d’autres résultats des cinq entretiens étudiés :

- La perception d’autrui s’élabore dans un rapport de communication. Il existe une

opposition entre la déviance comme acte de langage qui peut s’interpréter, être travaillée ;

et la déviance comme nature (état) qui apparaît inchangeable. La représentation de la

déviance oriente fortement la relation d’aide.

- L’essentiel repose sur le possible de l’action, le possible de l’évolution : les situations

d’évolution problématique mettent en évidence que l’investissement du travailleur social ne

suffit pas pour provoquer la rencontre. Une relation porteuse d’avenir dépend avant tout de la

manière de se situer de l’adolescent.

- Une part importante des représentations de l’adolescent s’inscrit en premier lieu dans

des aspects idéologiques et culturels. Il existe un lien entre représentation de l’adolescence et

investissement de l’adolescent par le travailleur social. Ainsi, il y a une cohérence dans

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chaque rencontre entre l’idée du métier, de l’objet de l’intervention, de l’objet de l’action et

l’adhésion à cet ensemble par l’adolescent.

- « La mise en œuvre d’une relation d’aide repose (…) sur la possibilité pour le

travailleur social d’un renforcement, et au moins sur la reconnaissance, de l’identité

professionnelle au travers de la possibilité d’exercer son art, l’art de la relation, l’art du soi

comme outil qui inévitablement renvoie sur des questions d’identité personnelle ». p.170

Enfin, pour conclure, selon Boutanquoi, nous pouvons dire que la relation d’aide

apparaît désormais comme un espace qui se construit ou se déchire en fonction de la

représentation d’autrui. Cette dernière correspond à une actualisation qui est renouvelée à

chaque rencontre avec différents niveaux de représentations. La relation d’aide renvoie

probablement plus à l’intime de chacun qu’à des définitions professionnelles.

Et vousJ’ai choisi ce livre car il traite du sujet que j’aimerai aborder dans mon mémoire. En

effet, je m’intéresse à la question de la relation d’aide dans le travail social. L’auteur m’a

donné des idées de lecture en citant et expliquant les démarches de plusieurs auteurs ; dont

Ion.J, Donzelot.J, Foucault.M…

De plus, l’explication de son traitement des données de ces entretiens avec les

travailleurs sociaux m’est très utile, car je compte aussi en entreprendre pour mon mémoire et

il développe son avis pour que les entretiens et les résultats tirés soient le plus objectif et le

plus pertinent possible. L’auteur cherche à savoir comment amener des travailleurs sociaux à

s’exprimer sur leurs pratiques de manière objective, c’est-à-dire autrement que dans une visée

justificatrice. L’auteur en conclut que pour pouvoir étudier un discours pertinent il faut que le

récit soit autour de situations concrètes. Boutanquoi m’a donné des pistes afin de penser la

réalisation de mes propres recherches.

Ce livre est très riche de sources mais on peut se mélanger entre la pensée de l’auteur

et les nombreuses citations qui peuvent se trouver dans une même phrase. De plus, les

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schémas pour analyser les associations de mots sont difficiles à comprendre. Toutefois,

l’auteur formule clairement ses résultats après chaque étude et son écriture est simple.

Les résultats de l’auteur semblent vraisemblables, c’est-à-dire que ce qu’il démontre,

nous pouvons l’observer dans les structures sociales : le fait que la relation d’aide soit avant

tout axée sur l’identitaire des personnes et notamment du travailleur social. Je pense aussi que

cette rencontre entre un travailleur social et un « inadapté » comme le nomme Boutanquoi,

dépend de chaque individu, de sa propre identité. Dans l’interaction de la relation, ce sont

deux mondes qui se rencontrent, remplis de valeurs, de normes, de cultures et de ce fait

remplis de représentations qui ont différents niveaux et ainsi influencent le comportement.

Ce livre peut nous amener à réfléchir sur la pratique professionnelle, par exemple sur

le fait que la personne en face de nous, travailleur social, est constituée aussi de

représentations, de valeurs, de normes qui peuvent être divergentes avec les nôtres et peut-être

que c’est au travailleur social de s’adapter afin qu’un accompagnement social soit possible.