travail emploi quels services rendus aux étudiants par les

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www.strategie.gouv.fr Les universités françaises rendent, à des degrés divers, des services à leurs étudiants visant à améliorer leur réussite. Cette note analyse différents cas étrangers, notamment en Angleterre (Est de Londres et Oxford), au Japon (Hiroshima et Seikei), en Suède (Södertörn et Uppsala) et en Suisse (Genève). Dans ces pays, les services péri-universitaires, c’est-à- dire intrinsèquement liés à la formation, relèvent systématiquement de la responsabilité des universités. En revanche, ces dernières s’impliquent de manière variable dans les services para-universitaires, souvent liés aux conditions de vie des étudiants. Dans le contexte d’une autonomie accrue, les univer- sités françaises pourraient jouer un rôle plus central dans les politiques de vie étudiante. Elles gagneraient à renforcer prioritairement leurs services péri-univer- sitaires, notamment en réorientant leurs moyens vers le développement des services d’accompagnement à la réussite, à l’orientation et à l’insertion. Les uni- versités devraient également s’impliquer davantage dans la conception des services para-universitaires. Enfin, elles pourraient inciter plus fortement leurs étudiants à s’engager dans l’animation, la conception et la gestion de tous ces services. g Quels services rendus aux étudiants par les universités ? Les enseignements d’expériences étrangères LA NOTE D’ANALYSE Octobre 2012 n o 292 Travail Emploi Renforcer par priorité les services péri-universitaires, en particulier l’orientation scolaire, l’accompagnement pédagogique et l’insertion professionnelle. À cette fin, les universités gagneraient à : • mieux connaître les attentes de leurs étudiants ; • centrer leur organisation institutionnelle sur eux ; • cibler ceux qui en ont le plus besoin. Améliorer les services para-universitaires (et particulièrement le logement et la restauration) pour les adapter aux spécificités locales : • déployer plus largement des schémas directeurs de vie étudiante ; • traduire, par une plus grande contractualisation, le renforcement des collaborations entre les acteurs dans l'enveloppe de ces schémas. Orienter davantage les moyens (dotations publiques et ressources propres) des universités vers le développement des services péri-universitaires en envisageant trois options non exclusives : • la poursuite du rattrapage du financement des universités relativement aux autres formations supérieures ; • la différenciation des crédits alloués aux universités en fonction du profil scolaire des étudiants accueillis ; • l’augmentation des financements des collectivités territoriales, des entreprises et des étudiants. Promouvoir l’engagement des étudiants dans l’animation, la conception et la gestion des services qui leur sont rendus par les universités. À titre d'exemple, le développement des emplois étudiants à l’université pourra être amplifié. 1 2 3 4 Centre d’analyse stratégique PROPOSITIONS

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www.strategie.gouv.fr

Les universités françaises rendent, à des degrés divers,des services à leurs étudiants visant à améliorer leurréussite. Cette note analyse différents cas étrangers,notamment en Angleterre (Est de Londres et Oxford),au Japon (Hiroshima et Seikei), en Suède (Södertörnet Uppsala) et en Suisse (Genève).Dans ces pays, les services péri-universitaires, c’est-à-dire intrinsèquement liés à la formation, relèvent systématiquement de la responsabilité des universités.En revanche, ces dernières s’impliquent de manièrevariable dans les services para-universitaires, souventliés aux conditions de vie des étudiants.

Dans le contexte d’une autonomie accrue, les univer-sités françaises pourraient jouer un rôle plus centraldans les politiques de vie étudiante. Elles gagneraientà renforcer prioritairement leurs services péri-univer-sitaires, notamment en réorientant leurs moyens versle développement des services d’accompagnement à la réussite, à l’orientation et à l’insertion. Les uni-versités devraient également s’impliquer davantagedans la conception des services para-universitaires.Enfin, elles pourraient inciter plus fortement leursétudiants à s’engager dans l’animation, la conceptionet la gestion de tous ces services. g

Quels services rendus aux étudiantspar les universités ?Les enseignements d’expériences étrangères

LA NOTED’ANALYSE

Octobre 2012no 292

Travail Emploi

Renforcer par priorité les services péri-universitaires, en particulier l’orientation scolaire,l’accompagnement pédagogique et l’insertion professionnelle. À cette fin, les universitésgagneraient à :• mieux connaître les attentes de leurs étudiants ;• centrer leur organisation institutionnelle sur eux ;• cibler ceux qui en ont le plus besoin.Améliorer les services para-universitaires (et particulièrement le logement et la restauration)pour les adapter aux spécificités locales :• déployer plus largement des schémas directeurs de vie étudiante ;• traduire, par une plus grande contractualisation, le renforcement des collaborations entre

les acteurs dans l'enveloppe de ces schémas.Orienter davantage les moyens (dotations publiques et ressources propres) des universités versle développement des services péri-universitaires en envisageant trois options non exclusives :• la poursuite du rattrapage du financement des universités relativement aux autres

formations supérieures ;• la différenciation des crédits alloués aux universités en fonction du profil scolaire des

étudiants accueillis ;• l’augmentation des financements des collectivités territoriales, des entreprises et des étudiants.Promouvoir l’engagement des étudiants dans l’animation, la conception et la gestion des servicesqui leur sont rendus par les universités. À titre d'exemple, le développement des emplois étudiantsà l’université pourra être amplifié.

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DES DÉFINITIONS ET DES CONCEPTIONS VARIÉES DE LA POLITIQUE DE VIE ÉTUDIANTE

Au-delà de la formation, des champs de services péri et para-universitaires

La vie étudiante ne fait pas l’objet d’une définitionconsensuelle dans les différents contextes nationaux etau sein même des pays. A fortiori, les politiques publiquesen matière de vie étudiante varient aussi fortement dansleur logique de mise en œuvre. En France, elles s’envisa-gent plutôt à partir des contraintes structurelles, écono-miques et sociales, auxquelles les étudiants font face(1).Lorsque les universités sont davantage autonomes, on s’interroge plutôt en termes de services rendus auxétudiants à l’université et par elle(2). Dans un contexted’autonomie croissante accordée aux universités fran-çaises, cette note vise, à la suite de divers travaux(notamment en France(3)), à mettre en perspective lespolitiques de vie étudiante des universités françaises auregard de cas étrangers (encadré 1).

Encadré 1Sept universités analysées dans quatre paysCe travail s’appuie sur plusieurs études de cas nationaux et sur des monographies d’universités en Angleterre (Estde Londres et Oxford), au Japon (Hiroshima et Seikei), en Suède (Södertörn et Uppsala) et en Suisse (Genève). En Suisse, l’analyse porte davantage sur le canton deGenève que sur un “modèle” fédéral dont la réalité est plushétérogène. Les pays ont été choisis en considérant ladiversité de leur organisation politique (État fédéral ouunitaire, plus ou moins centralisé) et de leur mode definancement des études (public ou privé). Le choix desuniversités ne prétend pas être représentatif. Leursélection vise plutôt à analyser à la fois desétablissements prestigieux et d’autres accueillant despublics scolairement et socialement plus diversifiés.

La vie étudiante, au sens large, comprend l’ensemble desactivités des étudiants au-delà de la formation propre-ment dite, de leur premier contact avec l’universitéjusqu’à leur sortie des études supérieures.

Cette note distingue deux types de services rendus aux étu-diants : les services péri-universitaires, c’est-à-dire intrin-sèquement liés à la formation, et les services para-univer-s i t a i r es da van ta ge l i és aux cond i t i ons de v i e . A priori, certains champs d’intervention relèvent totalementde la première catégorie : accueil des nouveaux étudiants,information et orientation, accompagnement pédago-gique, insertion professionnelle, prise en compte de la

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Centre d’analyse stratégique

(1) Voir ainsi les nombreux travaux de l’Observatoire national de la vie étudiante.(2) McInnis C. (2004), “Studies of student life. An overview”, European Journal of Education, vol. 39, n° 4, p. 383-394.(3) Kunian F. et Houzel G. (2009), Politiques de vie étudiante des universités, Paris, La Documentation française.

La vie étudiante occupe, au niveauinternational, une place de plus en plusimportante dans les politiques publiquesrelatives à l’enseignement supérieur. Par ailleurs, celles-ci tendent à accorderune autonomie toujours plus grande auxuniversités, et à renforcer, par là-même,leur responsabilité vis-à-vis des étudiantset de la société.

En France, c’est l’État qui estprincipalement responsable del’organisation et du financement de lapolitique de vie étudiante, si bien que les universités l’ont, jusqu’à récemment,peu intégrée dans leurs préoccupations.Mais, dans le cadre de la loi relative auxlibertés et responsabilités des universités,dite LRU, la quasi-totalité des universitésont accédé aux responsabilités etcompétences élargies le 1er janvier 2012.Avec une plus grande autonomiefinancière, les universités peuventdavantage élargir les champs de servicesrendus aux étudiants, au-delà de la seuleoffre de formation.

L’État s’est fixé l’objectif d’atteindre 50 %de diplômés du supérieur dans unegénération et les profils des étudiantsvont davantage se diversifier avecl’accroissement à venir des effectifs debacheliers professionnels. C’est pourquoil’enjeu essentiel pour les universités estd’améliorer les conditions de réussite deleurs étudiants et, ainsi, renforcer leurattractivité nationale et internationale. À cet égard, l’offre de services auxétudiants constitue un enjeu majeur, en tant qu’élément d’accompagnement à la réussite des parcours d’études.

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diversité des publics (handicap, reprise d’études…), soutien à la mobilité des étudiants, etc. D’autres dépas-sent le seul cadre de l’accompagnement à la formation :vie sociale (logement, restauration, transports…), vieassociative, culturelle et sportive, etc.

Cette frontière entre services péri et para-universitairesest perméable. La plupart de ces champs embrassent unepalette de services, certains proches de la formation,d’autres plus éloignés. Ainsi, en matière de santé et deprévention, certaines dimensions sont directement liéesaux études (stress et conduites à risque) quand d’autresaspects relèvent de problèmes généraux de santé desindividus, étudiants ou non (suivi médical régulier). Cettedistinction dépend aussi du contexte de la formation.Ainsi, pour des étudiants dans les filières de “sciences ettechniques des activités physiques et sportives”, la pra-tique sportive s’inscrit dans le cadre même de la formation.

Les universités s’engagent de manière variable dans ceschamps d’intervention. La formation constitue leur activitéprincipale, mais elles sont aussi systématiquement res-ponsables de services péri-universitaires et développentparfois d’autres services para-universitaires.

Figure 1Typologie des champs d’intervention des universités

Lecture : l’intensité de la couleur reflète le niveau de responsabilité desuniversités.

Source : Centre d’analyse stratégique.

Dans tous les pays étudiés, les universités sontresponsables des services péri-universitaires

Les services péri-universitaires (orientation, accompagne-ment pédagogique, insertion…) forment, autour desétudes, un noyau dur de services offerts par les établisse-ments aux étudiants. Pour ces services intrinsèquementliés à la formation, les universités définissent une stratégieet la mettent en œuvre. Elles en sont ainsi systématique-ment responsables, même si cela n’exclut pas pour autantque d’autres acteurs y participent. Cependant, l’étude apermis de constater la très forte hétérogénéité des types

d’actions menées en fonction du contexte national et desuniversités au sein d’un même pays.

En Angleterre, les services péri-universitaires revêtentune importance très forte compte tenu de l’accent mis surl’objectif général conféré aux études, à savoir d’appren-dre le plus possible de son expérience. La prise en comptede certains critères (notamment le handicap et l’âge) y estaussi très prégnante. En effet, le concept d’inclusion(inclusiveness), devenu central dans les politiquespubliques de ce pays, implique l’adaptation des universi-tés aux diverses populations qu’elles accueillent.

En Suède, le périmètre de responsabilité des universités se limite souvent à l’offre de formation et aux services péri-universitaires. Les universités y valorisent ainsi les ser-vices d’accompagnement académique, d’information etd’orientation. Ces services s’inscrivent dans le cadre d’unsystème pédagogique très inclusif au sein de la formationproprement dite. Quant à l’insertion professionnelle, tradi-tionnellement peu prise en compte, elle est récemmentdevenue une préoccupation des universités. Celles-ciprennent également en charge la diversité des publics (égalité homme/femme, personnes handicapées, etc.) et laprévention spécifique aux étudiants en matière de santé.

Au Japon, les universités, notamment celles de recherche,se concentraient sur les enjeux académiques jusqu’àrécemment. Après un rapport du ministère de l’Éducationen 2000, les services rendus aux étudiants ont gagné enimportance et en visibilité au cours de la dernière décen-nie, avec la volonté de mettre l’étudiant au centre despolitiques universitaires. Les services péri-universitaires,notamment l’orientation, l’insertion et l’accompagnementpédagogique, ont dès lors été développés dans la quasi-totalité des universités.

Dans le canton de Genève, l’université attache une impor-tance particulière aux services péri-universitaires, maiscette évolution est relativement récente. L’information,l’orientation, l’accompagnement académique, l’égalitéhomme/femme ont pris davantage d’importance ces dernières années. Par ailleurs, si la professionnalisationdes étudiants n’est pas une préoccupation majeure desuniversités suisses, la constitution de nouvelles écolesprofessionnelles (hautes écoles spécialisées) les incite às’engager dans ce champ.

Le niveau d’implication des universités dans les services para-universitaires variesensiblement selon les pays

Au-delà de la vie associative et culturelle, que les univer-sités dans les différents pays soutiennent toujours plus oumoins activement, la responsabilité des établissementsdans la mise en place de services para-universitairesvarie fortement en fonction du pays. Si la plupart des uni-

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(4) Department for Business, Innovation & Skills (2011), Students at the Heart of the System, White Paper, Londres. (5) Le Grand J. et Bartlett W. (1993), Quasi-Markets and Social Policy, Basingstoke, Macmillan.

versités étudiées accueillent ces services sur leur site etcollaborent à leur mise en œuvre, peu d’entre elles lesinternalisent. Lorsque la responsabilité des services para-universitaires n’incombe pas aux universités, d’autresacteurs (publics, privés, étudiants) prennent alors lerelais. Il existe ainsi de nombreuses variantes de types etniveaux de responsabilité des universités en matière deservices para-universitaires.

Les universités anglaises proposent une offre de servicesà la fois extensive – aucun champ de la vie étudianten’est négligé – et exhaustive – tous les besoins expriméspar les étudiants sont pris en compte. La majorité des universités gèrent ainsi des résidences étudiantes etgarantissent l’accès à un logement pour les étudiants enpremière année de licence. Responsables du bien-êtrematériel et moral (welfare) de leurs étudiants, elles mettent à leur disposition de nombreux services commer-ciaux (restaurants, commerces, garderie…) et sont encharge de la prévention des risques sanitaires et sociaux.Les universités cherchent à offrir toujours davantage deservices à leurs étudiants, en accord avec la conceptiontraditionnelle des études supérieures dans laquelle tousles services péri mais aussi para-universitaires devraientêtre disponibles sur un même campus.

En Suède, de nombreux services para-universitaires(santé, logement, sport, etc.) ne relèvent pas de la respon-sabilité des universités mais de celle des individus, car ilssont considérés comme sans rapport direct avec lesétudes. Le périmètre d’action limité des universités estcompensé par la place toute particulière qu’occupent lesorganisations représentatives étudiantes (studentkår)auxquelles l’adhésion, si elle n’est plus obligatoire depuisjuillet 2010, reste encore largement répandue. Ces orga-nisations structurent des pans entiers de la politique devie étudiante, en particulier la vie associative et culturelle,les emplois offerts aux étudiants et une partie des servicescommerciaux (logement notamment).

Au Japon, sur le plan juridique, les services para-univer-sitaires relèvent peu de la responsabilité directe des universités. Celles-ci ont des obligations en matière desanté et peuvent prendre en charge d’autres services(logement, restauration, etc.), en propre ou en s’associantà des entreprises privées. Des services commerciaux(agence immobilière, agence de voyage, etc.), hormis lelogement, ont été développés de longue date au traversdes associations dites “Co-op” réunissant les étudiants etles personnels universitaires. Présentes dans la majoritédes universités publiques (et dans 20 % des universitésprivées), elles sont en charge d’améliorer les conditionsde vie de la communauté universitaire dans son ensemble.

En Suisse, les services para-universitaires sont en partieorganisés par les universités. La vie sportive y prend uneplace particulièrement importante. Les universités assu-rent aussi une mission de prévention et d’information enmatière de santé, et proposent, de manière limitée, uneoffre de logement et de restauration. Mais ces questionsrelèvent plutôt de la responsabilité des étudiants.

LE PÉRIMETRE DES POLITIQUESDE VIE ÉTUDIANTE DES UNIVERSITÉSVARIE EN FONCTION DE MULTIPLESFACTEURS

L’autonomie des universités facilite la mise en œuvred’une politique de vie étudiante plus complète. Mais d’autres facteurs historiques et sociologiques expliquentégalement le développement plus ou moins importantdes services dédiés aux étudiants.

L’autonomie se traduit par une plus forteimplication des universités…

Plus une université devient autonome, plus elle a vocationà affirmer une politique de vie étudiante propre. Par ailleurs, l’autonomie financière, à savoir la possibilitéofferte à l’université de fixer ses droits d’inscription et dedisposer de ses ressources, offre un cadre plus ouvertpour développer de nouveaux services.

Le cas anglais illustre cette tendance. Les universités ysont des entités indépendantes de l’État. Ce dernier nedétermine pas le contenu des services, mais incite lesuniversités à les prendre en charge en plaçant “l’étudiantau centre du système”(4). Très autonomes dans la fixationdes frais de scolarité et de leurs moyens organisation-nels, les universités anglaises développent, souvent eninterne, une offre très large de services au-delà du champacadémique. Le secteur de l’enseignement supérieur esten fait un “quasi-marché”(5) dans lequel les servicesofferts aux étudiants constituent un des axes principauxd’attractivité des étudiants, nationaux et étrangers.

… et contribue à différencier le niveau et le type de services offerts aux étudiants par les universités

À mesure que les universités deviennent plus autonomes,le principe de différenciation entre établissements prendle pas sur celui d’un service uniforme quelle que soitl’université, souvent inhérent à une politique nationale devie étudiante. Dès lors, leur périmètre d’intervention et lesactions menées deviennent hétérogènes.

Ainsi, en Angleterre, les actions et les moyens engagésdans l’accompagnement académique varient fortement :

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(6) Harfi M. (2009), “L’investissement dans l’enseignement supérieur en France doit-il augmenter ?”, La note de veille, n° 142, Centre d’analyse stratégique, juin.(7) Note : Analyser les niveaux de dépenses en parité de pouvoir d’achat (PPA) permet de comparer la capacité à acheter dans différentes monnaies.

OCDE (2012), Regards sur l’éducation 2012, Paris.(8) Dayan J.-L. et Harfi M. (2011), “Emploi et chômage des jeunes : un regard comparatif et rétrospectif”, La note d’analyse, n° 224, Centre d’analyse stratégique, mai.

système traditionnel de tutorials (face-à-face d’un ensei-gnant avec un ou deux étudiants) inclus dans la pédagogieà l’université d’Oxford ; services centraux d’aide à la réussite (langue anglaise, méthodes, etc.) à l’universitéde l’Est de Londres. Les universités anglaises les plusanciennes gèrent aussi davantage de résidences étu-diantes que les universités moins prestigieuses.

Au-delà de l’autonomie des universités, l’existence de“campus” unifiés semble favorable à une intégration desservices para-universitaires au sein des universités. Ainsil’existence d’une “ville-campus” (Oxford) ou d’un campusrelativement concentré (Est de Londres) rend pertinent ledéveloppement d’une politique intégrée de vie étudiante,mais n’en constitue pas une condition suffisante. En effet,la dispersion des implantations universitaires n’empêchepas le développement d’une offre de logement et de restauration pour les étudiants (Genève et Hiroshima).

La dépense par étudiant conditionne le niveaude services rendus aux étudiants

L’ampleur de la politique de vie étudiante dépend duniveau global des dépenses (publiques et privées) parétudiant. Ce dernier varie fortement au sein des pays del’OCDE, et en particulier pour les quatre pays étudiés. Il fluctue notamment en fonction de la richesse du pays et du niveau de participation aux études supérieures. Parexemple, le taux relativement faible de poursuite d’étudesen Suisse(6) permet d’investir davantage dans chaqueétudiant (près de 21 577 $PPA par étudiant en Suisse,contre 14 642 $PPA en France)(7). De plus, la ventilationdes moyens affectés aux différentes missions des univer-sités compte tout autant que leur somme globale. Et lesressources investies par un pays dans la vie étudiante nereflètent pas toujours le niveau moyen de ses dépensespar étudiant.

L’accès du plus grand nombre à l’enseignementsupérieur a aussi pu jouer un rôle dans la valorisation de différents types de services au cours du temps

Lorsque les formations étaient dispensées à une popula-tion relativement homogène et au sein d’une communautéuniversitaire réduite, l’accompagnement pédagogique,l’orientation et l’insertion ne nécessitaient aucune for-malisation. Dès lors, les services péri-universitaires,accessoires pour la plupart des étudiants, n’avaient paslieu d’être considérés comme une responsabilité des uni-versités. A contrario, que ce soit dans le cadre du modèlepédagogique (Angleterre) ou d’une norme sociale autourde l’autonomisation de la jeunesse (Suède), nombre de

systèmes universitaires avaient pris en charge relative-ment tôt les conditions de vie des étudiants (logement,restauration, etc.).

Cette priorité des services para-universitaires sur les ser-vices péri-universitaires s’est probablement inverséedans les pays de l’OCDE vers la fin de la période de déve-loppement sans précédent des effectifs étudiants, entre1970 et 2000. Cette expansion s’est accompagnée d’unediversification très forte des populations étudiantes, etdonc de leurs besoins en matière d’accompagnement,mais aussi d’une difficulté croissante à s’insérer sur le mar-ché du travail(8). Dans un premier temps, ces processuscombinés ont d’abord mis sous pression les infrastructuresuniversitaires et le recrutement d’enseignants-chercheurs.Parallèlement, les services para-universitaires dédiés auxétudiants (logement notamment) ont plutôt eu tendance àse raréfier (Angleterre, Japon, France, etc.). Dans unsecond temps, en raison de l’émergence des besoins étudiants en matière d’accompagnement, d’orientationou encore d’insertion, les systèmes universitaires se sontdavantage tournés vers le développement des servicespéri-universitaires, parfois au détriment des servicespara-universitaires.

La place de l’étudiant dans la société expliqueaussi le développement des services dédiésaux étudiants

Lorsque les étudiants sont considérés comme un groupesocial particulier, des politiques publiques les ciblentdirectement. Ainsi, traditionnellement pris en charge demanière exhaustive par les universités, les étudiantsanglais attendent un service global de leur établissement.

À l’inverse, en Suède, les études ne représentent qu’uneactivité sociale parmi d’autres et les étudiants, en moyenneplus âgés qu’ailleurs et parfois déjà parents, sont considé-rés comme plus autonomes. Dès lors, l’Université a pourmission primordiale d’assurer la formation et la vie étu-diante ne relève de sa responsabilité que dans la mesureoù elle n’est pas prise en charge par le système social.

Au Japon, les étudiants étaient traditionnellement considé-rés comme très autonomes. C’est pourquoi les universitésn’ont pas beaucoup développé de services péri-universi-taires, notamment dans les universités de recherche. L’État a également peu reconnu les mouvements étudiants,ce qui explique, par exemple, le développement limité delieux de sociabilité dédiés aux étudiants (notamment peude résidences universitaires publiques) et l’absence dereprésentants étudiants au sein des différents conseils del’Université et de ses composantes.

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DES ÉTUDES DE CAS ÉTRANGERSRICHES D’ENSEIGNEMENTS POUR LA FRANCE

Compte tenu de l’analyse des cas étrangers et du contextefrançais, les propositions envisagées s’articulent autourde quatre orientations :

b les universités françaises auraient intérêt à renforceravant tout leurs services péri-universitaires ;

b elles gagneraient aussi à coopérer davantage avec les autres acteurs pour améliorer les services para-uni-versitaires ;

b la réorientation de l’organisation institutionnelle et des moyens des universités vers le développement desservices péri-universitaires représente une conditionnécessaire de leur mise en œuvre effective ;

b les universités françaises auraient tout intérêt à pro-mouvoir l’engagement des étudiants dans l’animation,la conception et la gestion des services qui leur sontrendus.

Renforcer et améliorer la qualité des servicespéri-universitaires rendus aux étudiants,notamment en matière d’orientation,d’accompagnement pédagogique etd’insertion professionnelle

La dimension académique, réunissant la formation et lesservices péri-universitaires, constitue une préoccupationcommune à toutes les universités étudiées, alors que lesservices para-universitaires n’engagent pas systématique-ment leur responsabilité. Dans les faits, les universités ne s’occupent largement des champs plus éloignés de laformation qu’une fois qu’elles ont pris en charge de manièreeffective les services directement liés à la formation.

En France, des actions ont été entreprises par les univer-sités, impulsées notamment par la politique contractuelleavec l’État. Pour autant, l’appropriation par les universitésdes services péri-universitaires est très progressive. Cesservices ne constituent pas une de leurs priorités, et lesmoyens investis demeurent limités et ne font pas souventl’objet d’une démarche stratégique. La conjonction demultiples facteurs explique ce constat.

Premièrement, la transmission des savoirs par la recherchereste la préoccupation centrale des universités. Même si laquestion de la qualité de l’accueil est de plus en plus priseen compte par les établissements, ils peinent encore àconsidérer l’accompagnement péri-universitaire commeune de leurs missions à part entière.

Deuxièmement, les universités n’ont bénéficié que

récemment d’une plus large autonomie avec la LRU.Aujourd’hui encore, elles restent dans une situation demoindre autonomie par rapport à leurs homologues euro-péennes(9).

Troisièmement, la priorité fixée aux universités a long-temps été de prendre part à la démocratisation de l’enseignement supérieur en accueillant une part essen-tielle de la croissance des effectifs étudiants(10). Mais,contrairement à d’autres formations universitaires (IUT,écoles rattachées) ou non (STS, grandes écoles), leursmoyens ne leur permettent pas d’assurer pleinementleurs missions péri-universitaires.

Quatrièmement, en raison notamment de la multiplicitédes filières d’études supérieures en France, la prise encharge publique des conditions de vie matérielle etsociale des étudiants relève principalement de l’échelonnational, entre autres à travers les aides au logement, lesmutuelles étudiantes et l’action du réseau des œuvresuniversitaires (gestion des bourses, logement et restaura-tion en particulier).

Aujourd’hui, la LRU – qui assigne aux universités unenouvelle mission d’orientation et d’insertion – et le planLicence représentent l’aboutissement d’un élargissementcontinu (théorique et effectif) des missions académiquesdes universités. Ainsi, le plan Licence, dont les objectifssont autant scolaires que péri-universitaires(11), se structureautour de cinq axes : accueillir les nouveaux étudiants, renforcer l’encadrement pédagogique, soutenir les étu-diants en difficulté et favoriser le cas échéant leur réorien-tation, professionnaliser les enseignements, s’engagerdans une démarche qualité. D’ailleurs, un arrêté relatif àla licence intègre de facto une partie de ces objectifs dansle cursus même de la licence (pré-professionnalisation ;enseignant-référent, etc.) et contribue à renforcer le voletformation (1 500 heures d’enseignement obligatoire surles trois années de licence).

Deux raisons expliquent cette tendance à renforcer lechamp de la formation. D’une part, l’encadrement des étu-diants à l’Université est faible comparé à celui existantdans d’autres formations supérieures de premier cycle(STS, IUT, classes préparatoires)(12). D’autre part, l’Univer-sité accueille une diversité forte de bacheliers, notammentprofessionnels et technologiques, dont l’orientation se faitparfois par défaut, compte tenu de la difficulté à accéderaux filières sélectives, même lorsque celles-ci ont étéconçues pour eux (IUT, STS).

Cette évolution vers un encadrement renforcé tend à assi-miler l’orientation, l’accompagnement pédagogique et

(9) Estermann T., Nokkala T. et Steinel M. (2011), L’autonomie universitaire en Europe II, Paris, European University Association.(10) Harfi M. (2012), “L’enseignement professionnel initial dans le supérieur”, La note d’analyse, n° 260, Centre d’analyse stratégique, janvier.(11) IGAENR (2010), Note relative à la mise en œuvre du plan pour la réussite en licence, rapport, n° 2010-091.(12) Observatoire de la vie étudiante (2011), Présentation des principaux résultats de l'enquête Conditions de vie des étudiants 2010, Paris.

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l’insertion à la formation proprement dite. Ce risque ne procède pourtant pas d’un déficit d’heures d’enseignementdans les universités françaises relativement à leurs homo-logues européennes(13), mais de la difficulté à percevoir l’in-térêt propre des services péri-universitaires. C’est pourquoi il s’agit bien de renforcer les services péri-universitaires etnon directement la formation. À ce titre, l’étude des univer-sités étrangères met en évidence l’intérêt, pour la réussitescolaire et l’attractivité des universités, d’améliorer la qualité des services rendus aux étudiants.

PROPOSITION Renforcer par priorité les services péri-universitaires, en particulier l’orientationscolaire, l’accompagnement pédagogique et l’insertion professionnelle. À cette fin, les universités gagneraient à :• mieux connaître les attentes de leurs étudiants ;• centrer leur organisation institutionnelle sur eux ;• cibler ceux qui en ont le plus besoin.

Mieux connaître les besoins des étudiants au niveaulocal. L’amélioration des services péri-universitairespasse par la connaissance des attentes des étudiants. À l’instar de l’université de Genève, les observatoires dela vie étudiante, déjà très actifs dans de nombreuses universités en France, gagneraient, au-delà des enquêtestraditionnelles sur l’orientation et l’insertion profession-nelle, à analyser les besoins des étudiants, par exemple demanière coordonnée à l’échelon des pôles de recherche etd’enseignement supérieur (PRES).

Centrer l’organisation institutionnelle sur les étudiants.Plusieurs universités (en particulier Est de Londres) poursuivent l’objectif de s’adapter prioritairement auxcontraintes de chaque étudiant. Elles visent à augmenterla disponibilité (en différents lieux et à distance ; avec ou sans rendez-vous) et l’amplitude horaire de leurs services. Ainsi, le développement des technologies del’information et de la communication tout comme la poli-tique d’élargissement des plages horaires d’ouverture(bibliothèques, salles informatiques, etc.), déjà amorcésen France, doivent être poursuivis.

D’autres universités (notamment Genève) s’efforcentd’orienter leur administration vers les étudiants en propo-sant des “guichets uniques”, à la fois physique et web, facilement identifiables. Plusieurs universités développentpar exemple des plateformes d’insertion intégrées et

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(13) Eurostudent (2011), Social and Economic Conditions of Student Life in Europe. Synopsis of Indicators, Hannovre, Hochschul- Informations-System GmbH.(14) Conférence des présidents d’université et Caisse des dépôts et consignations (2011), Mettre en place un learning centre. Enjeux et problématiques, rapport d'études, mai.(15) Kunian F. et Houzel G. (2009), op. cit.(16) Borras I., en collaboration avec Lendrin N., Janeau E., Macaire S. et Warin P. (2011), “Évaluation du non-recours au tutorat à l'université”, Net.Doc, n° 85, Marseille, Céreq.

accessibles aux étudiants, aux diplômés, aux profession-nels et aux enseignants-chercheurs. En matière d’accom-pagnement académique, les bibliothèques universitairesgagneraient à évoluer vers un modèle de learning centre(14),visant à regrouper les services documentaires autour d’une offre étendue (langues, informatiques, salles de travail, insertion, accompagnement académique, etc.) (Estde Londres et Södertörn).

Cette organisation axée autour des besoins de l’étudiant nesera effective qu’en coordonnant les actions de l’adminis-tration universitaire centrale avec ses composantes (UFR,départements, etc.) et en mobilisant les enseignants-chercheurs, dont le rôle est primordial dans l’accompa-gnement académique. Leur évaluation en France, quiporte traditionnellement sur la recherche, pourrait, àterme, évoluer en incluant de nouvelles dimensions, sousréserve d’une étude plus approfondie de faisabilité.

Encadré 2Deux programmes originaux à l’université de GenèveL’université de Genève propose deux programmes originauxen matière d’orientation et d’insertion des étudiants : le programme “Boussole” et le mentorat.

Le programme “Boussole” est destiné à mieux orienter les étudiants avant même leur intégration à l’université.Environ 500 lycéens du canton de Genève en bénéficienttous les ans, soit près d’un nouvel inscrit sur quatre (horsétudiants étrangers). Il consiste à faire accompagner,durant une semaine de découverte (cours, visite, etc.),quatre à cinq lycéens par un étudiant dans la filière qu’ilsont choisie. L’étudiant “pilote” est rémunéré parl’université. Pour bénéficier de ce programme, le lycéen doitparticiper à des séances d’orientation dispensées aupréalable par l’office cantonal en charge de l’orientationprofessionnelle. Si le dispositif vise aussi à donner l’envie depoursuivre des études supérieures, son objectif principalest d’aider le lycéen à confirmer son choix d’orientation.

Le mentorat ou “parrainage professionnel” consiste àmettre en relation des étudiants avec des professionnels,diplômés du supérieur, désireux d'accompagner desétudiants dans l’exploration et la réalisation de leur projetprofessionnel. Lors de sa seconde édition (2011/2012), ledispositif a permis de former une cinquantaine de binômes.Peu développé en France, ce type de dispositif a pourintérêt principal d’apporter du capital social à des étudiantsencore en manque de réseau professionnel.

Cibler les étudiants qui en ont le plus besoin. En Francecomme à l’étranger, les dispositifs d’insertion(15) commede tutorat(16) peinent à toucher cette population. Dans les

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Centre d’analyse stratégique

universités étrangères étudiées, la préoccupation du suivide ces étudiants constitue à la fois une priorité et un défià relever. Mais les services péri-universitaires ne sont passouvent intégrés au sein de la formation (inscription dansla maquette de diplôme par exemple). Plutôt que d’orga-niser un service pour tous les étudiants ou pour les plusdemandeurs, il est adapté aux problématiques des étudiants en difficulté. En matière d’accompagnement,ces étudiants sont souvent repérés comme tels par desenseignants-référents. En matière d’insertion profession-nelle, les formations les plus éloignées de l’emploi pour-raient être décelées à partir des enquêtes statistiques desuniversités. Ce travail de repérage gagnerait à bénéficierdes bonnes pratiques, au niveau local comme national,notamment à partir de l’évaluation des actions du planLicence et du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse.

Ce ciblage existe en matière d’orientation et d’insertionprofessionnelle à l’université de Genève. Celle-ci proposeses services jusqu’à deux années après l’obtention dudiplôme, compte tenu de la réflexion tardive de certainsétudiants sur leur projet professionnel. Avec les contribu-tions financières de certaines entreprises cherchant à sefaire connaître auprès des étudiants (dans les forums surl’emploi, etc.), l’université finance la venue d’organisa-tions moins proches du monde universitaire et plusencl ines à embaucher des é tud iants i ssus des formations générales. Elle propose aussi du mentorat auxétudiants, y compris en lettres et sciences humaines,ainsi qu’un programme d’aide au choix d’orientation àdestination des lycéens (encadré 2). L’université de l’Estde Londres mise, quant à elle, sur une communicationomniprésente vers les étudiants (affichage, mailing, etc.)afin de toucher davantage d’étudiants.

Des universités davantage impliquées dans la conception des services para-universitairesau côté des autres acteurs

La politique de vie étudiante des universités ne se résumepas au seul accompagnement à l’orientation, à la réussiteet à l’insertion. Tout comme les universités françaises, les établissements à l’étranger ne font pas toujours unepriorité des services para-universitaires (logement, restauration, vie associative, etc.), mais ils ont intérêt àles voir se développer. Ils regroupent divers champs deservices parmi lesquels le logement, la restauration et letransport sont les plus complexes à mettre en œuvre etles plus coûteux. C’est pourquoi les universités n’en pren-nent pas toujours en charge l’organisation et le finance-ment. Pour autant, elles sont au plus près des étudiantspour les informer et évaluer leurs besoins. À ce titre, ellesdevraient être associées à la conception des servicespara-universitaires.

Dans les pays étrangers étudiés ici, les universités coopè-rent étroitement avec les autres acteurs afin de participerà la conception de ces services et de mieux informer leursétudiants. Par exemple, à Genève, l’université recense dansun guide l’ensemble de l’offre de résidences étudiantesdans l’agglomération. À Uppsala, l’université collaboreavec les organisations étudiantes et une société codéte-nue par une entreprise privée et la municipalité, avec pourobjectif de renseigner les étudiants mais aussi de créerde nouveaux logements.

Dans le contexte français, les acteurs des services para-universitaires sont multiples : universités, réseau des œuvresuniversitaires, organisations étudiantes, collectivités terri-toriales, etc. Leur coopération devrait être approfondie,notamment en développant des schémas directeurs de vieétudiante dont l’objectif est de faire travailler ensemble, à l’échelon pertinent (université, PRES ou région) et pourchaque champ de services, tous les acteurs locaux concer-nés. Le logement et la restauration constituent certes lespremières préoccupations des étudiants, mais les problé-matiques fluctuent considérablement selon les territoires,le niveau d’études, etc. Aussi, les priorités des universitésen matière de services para-universitaires devraient être définies en fonction des spécificités locales. À ce titre,la signature en janvier 2012 d’un accord-cadre entre leCentre national des œuvres universitaires et scolaires(Cnous) et la Conférence des présidents d’université (CPU)représente une avancée à poursuivre.

PROPOSITION Améliorer les services para-universitaires (et particulièrement le logement et larestauration) pour les adapter aux spécificitéslocales :• déployer plus largement des schémas

directeurs de vie étudiante ;• traduire, par une plus grande

contractualisation, le renforcement descollaborations entre les acteurs dansl'enveloppe de ces schémas.

Des moyens tournés vers le développementdes services péri-universitaires

Peu d’éléments sont disponibles sur les dépenses desuniversités en matière de vie étudiante, notamment parceque ce domaine n’est pas souvent considéré comme unepriorité(17). Afin d’inciter les universités à dédier davantagede moyens humains et financiers aux services péri-uni-versitaires, trois options peuvent être mises en œuvre demanière non exclusive.

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(17) Kunian F. et Houzel G. (2009), op. cit.

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Première option : poursuivre le rattrapage du financementdes universités au regard de ce qui est proposé dansd’autres formations supérieures. Depuis 2006, on assisteà une augmentation des dotations publiques aux univer-sités et à une stabilisation des celles accordées aux autresformations. Une première option consisterait donc à pour-suivre ce rattrapage, dans la mesure où les universités sesont vu assigner de nouvelles missions. Il s’agirait alorsd’augmenter les financements publics des universités,dont le niveau actuel ne leur permet pas de rendre des services péri-universitaires adéquats. C’est par exemple lecas en Suède. Les services péri-universitaires sont inclusdans la dotation publique aux universités et les étudiantsne paient ni frais d’inscription ni droit de scolarité.

En France, l’État finance environ 72,4 % des moyens desdépenses d’éducation pour le supérieur en 2009(18) et fixeaux universités des missions de service public de plus enplus larges. Dans ce cadre, la continuité de ces politiquespubliques consisterait à augmenter la dotation financièrede l’État pour financer les services péri-universitaires.Les dépenses publiques par étudiant sont plus élevéesdans les autres types de formations supérieures qui, dèslors, offrent davantage de services à leurs étudiants.Ainsi, sur 65 écoles du service public, le coût moyenannuel de la scolarité atteint environ 24 000 hors traitement des élèves fonctionnaires (47 400 avec)(19),14 850 en classes préparatoires, 13 730 en STS etenviron 10 220 à l’université(20).

Deuxième option : faire varier la dotation publique desuniversités en fonction du profil scolaire des étudiantsaccueillis. Il s’agit de financer les universités en fonctiondu niveau des services péri-universitaires qu’elles doi-vent rendre, et donc selon les besoins de la populationétudiante qu’elles accueillent. En Suisse, compte tenu ducoût additionnel lié à la formation (cours de languesnotamment), 10 % du financement fédéral (représentantenviron un quart du financement des universités ditescantonales, comme Genève) est octroyé aux différentesuniversités selon la part d’étudiants étrangers qu’ellesaccueillent. En Angleterre, dans le budget des universités2010-2011, 40 % provient de ressources publiques.Outre la dotation globale, des crédits spécifiques sontalloués en fonction de la part relative de plusieurs publicsétudiants dans chaque université : les étudiants issus dequartiers dans lesquels peu d’individus poursuivent desétudes, les étudiants handicapés, ou d’autres critèrescomme le type d’établissements dans le secondaire etl’âge. Dans ces deux cas, les universités les plus ouvertes,diverses ou cosmopolites se partagent l’essentiel desfonds.

(18) DEPP et MESR (2010), L’état de l’enseignement supérieur et de la recherche en France, n° 4, Paris.(19) Inspection générale de l'administration (2011), Rapport sur la formation initiale des fonctionnaires de l'État dans les écoles du service public, rapport, n° 11-088-01.(20) DEPP et MESR (2010), op. cit.(21) Morlaix S. et Suchaut B. (2012), “Analyse de la réussite en première année universitaire : effets des facteurs sociaux, scolaires et cognitifs”, Les Documents de travail de

l'IREDU, n° 2012-2.(22) Ainsi, la “valeur ajoutée” des établissements en matière de réussite en licence prend en compte la diversité des publics accueillis.

En France, les universités pourraient se voir attribuerdavantage de dotations dès lors qu’elles accueillent despublics nécessitant des services péri-universitaires plusimportants et donc plus coûteux. L’objectif serait à la foisd’améliorer la réussite des étudiants (diminution dudécrochage, amélioration de l’orientation et de l’insertion,etc.) mais aussi de minimiser, pour l’État, le coût induitpar leurs difficultés de formation, d’orientation et d’inser-tion. Il s’agirait de tenir compte de la différenciation del’activité des universités au regard de la diversité despublics étudiants qu’elles accueillent.

La mise en œuvre de cette politique nécessiterait toutd’abord de définir des indicateurs ouvrant droit à cesfinancements. En tant que facteur principal de la réussiteen première année de licence(21), le parcours scolaire(retard, série du baccalauréat et mention obtenue) consti-tue un critère pertinent, même si d’autres (bourse, voireéchelon de bourse, etc.) pourraient être envisagés.

Divers mécanismes permettraient, principalement auniveau licence, de faire varier la dotation publique desuniversités en fonction de la composition de leur popula-tion étudiante. Par exemple :

b dans le cadre d’une révision du modèle Sympa, un ouplusieurs indicateurs secondaires liés au profil des étu-diants, dont certains sont déjà pr is en compte dans l’évaluation de la performance(22), pourraient êtreajoutés dans l’évaluation de l’activité au critère principaldu nombre d’étudiants inscrits aux examens ;

b un budget spécifique pourrait être alloué aux universitésen fonction d’indicateurs définis au préalable, parexemple dans le cadre de la dotation contractuelle.

Troisième option : affecter aux services péri-universitairesune augmentation des financements des collectivités ter-ritoriales, des entreprises et des étudiants. Compte tenudes contraintes budgétaires en France, une dernièreoption consisterait à mobiliser des financements pour lemoment moins développés que les dotations publiquesnationales. Cela pourrait ainsi passer par une contributionadditionnelle des étudiants ou un engagement financierplus élevé des entreprises et des collectivités territoriales.

En 2011-2012, les droits de scolarité dans les universitésfrançaises atteignent 182 en licence, 250 en masteret 377 en doctorat, auxquels s’ajoutent notamment 203 pour la sécurité sociale. De même, les étudiantsparticipent de manière variable au financement des services péri-universitaires en Suisse, au Japon et enAngleterre. Dans ce dernier pays, les droits d’inscriptionatteignent jusqu’à l’équivalent de 4 000 par an en licence

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(jusqu’en 2011) et 11 000 (avec la réforme entrant envigueur en 2012). Au Japon, la scolarité dans les universi-tés publiques coûte l’équivalent de 8 000 par an. Elle estbeaucoup plus chère dans les universités privées. Cesdroits de scolarité recouvrent une partie (en complémentdu financement public) du coût de la formation et des ser-vices péri-universitaires. En Suisse, les universités fixent,en accord avec le canton, le niveau des frais de scolaritéqui atteint 800 à 1 600 par an. À l’université de Genève,une partie des frais (appelés “taxes fixes”) est fléchée versles activités péri et para-universitaires (bibliothèque, sport,associations, prime d’assurance…).

Les collectivités territoriales et les entreprises ne sont pasen reste. Par exemple, à l’université de Genève, le cantonet les entreprises assument une grande partie desmoyens humains et financiers du département en chargede l’insertion professionnelle. De même, lorsque les orga-nisations coopératives au Japon et étudiantes en Suèdeet en Angleterre rendent des services à leurs adhérents,elles s’appuient souvent sur un soutien financier desentreprises. En France, les entreprises pourraient, au-delà de leurs contributions au travers de la taxe d’appren-tissage, davantage participer au financement de la vieétudiante (fondation, bourses d’entreprise, etc.) maisaussi aux services d’insertion professionnelle (mentorat,bilan de compétences, etc.).

La part des collectivités territoriales (9,8 %), des entre-prises (8,2 %) et des ménages (8,8 %) dans le finance-ment de l’enseignement supérieur n’est pas négligeableen France(23). Les collectivités participent au financementde l’enseignement supérieur alors même qu’elles n’ontpas aujourd’hui de compétence dans ce domaine. Leurengagement supplémentaire pourrait être envisagé dèslors que les actions concernent la réussite et l’insertionprofessionnelle des étudiants. Si la participation finan-cière de l’ensemble de ces acteurs devait augmenter, ellene devrait pas se traduire par une diminution parallèle descrédits publics alloués par étudiant.

Compte tenu de l’autonomie des universités, ces contri-butions pourraient être ciblées non pas sur des actionsmais sur un objectif global de développement d’une poli-tique locale de vie étudiante.

PROPOSITION Orienter davantage les moyens (dotationspubliques et ressources propres) des universités vers le développement desservices péri-universitaires en envisageanttrois options non exclusives :

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(23) Données 2009 issues de DEPP et MESR (2010), op. cit.(24) Conseil d'État, 7 juillet 1993, 144310.

• la poursuite du rattrapage du financementdes universités relativement aux autresformations supérieures ;

• la différenciation des crédits alloués auxuniversités en fonction du profil scolaire des étudiants accueillis ;

• l’augmentation des financements descollectivités territoriales, des entreprises etdes étudiants.

Quelles que soient la ou les options retenues pour financerles services péri-universitaires, le risque que les ressourcessupplémentaires soient assimilées au financement de laformation proprement dite demeure.

Concernant les dotations publiques, la définition des res-ponsabilités des universités en matière de vie étudiantepasse notamment par la délimitation des frontières entrela formation, les services péri-universitaires et les servicespara-universitaires. De plus, le développement de lacomptabilité analytique dans les établissements permet-trait de connaître plus précisément les moyens dédiés à lavie étudiante et de mieux orienter les dotations publiquesvers cet objectif.

De nombreuses universités instaurent des services payantspour leurs étudiants hors frais de scolarité. Certains d’entreeux sont considérés comme illégaux, notamment par desjugements de tribunaux administratifs en vertu d’un arrêt du Conseil d’État(24) qui stipule que ces prestations doiventêtre facultatives et précisément identifiées. Une clarificationpermettrait donc de démêler les droits et les obligationslégales des différents acteurs, et d’envisager de développerdavantage de services pour les étudiants.

Ainsi, pour stabiliser juridiquement les frontières entre les différents champs, l’État pourrait, après concertation,lister précisément les services considérés comme péri et para-universitaires et arbitrer sur leur mode de finan-cement (public, frais de scolarité, contribution addition-nelle). La construction d’un tel référentiel devrait associerl’ensemble des acteurs, notamment les représentantsdes présidents d’université, des étudiants et des person-nels universitaires.

Impliquer davantage les étudiants dans lapolitique de vie étudiante des universités

Les politiques locales de vie étudiante gagnent en efficacitélorsqu’elles impliquent les étudiants. Cette participations’inscrit dans plusieurs logiques différentes applicables enFrance en matière d’animation, de conception et de gestion

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LA NOTED’ANALYSEOctobre 2012

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Nicolas Charles et Mohamed Harfi,département Travail EmploiJun Oba, maître de conférences à l’universitéd’Hiroshima, Japon

LA NOTED’ANALYSE

Octobre 2012no 292

CON

CLU

SION

Cette note met en lumière les pistes de progrèsqui s’offrent à la France dans le développementdes services (notamment péri-universitaires)rendus aux étudiants par les universités. Lespropositions visent à améliorer la réussite desétudiants et l’attractivité des universités auplan national. Plus largement, cet enjeus’inscrit dans la compétition internationaleentre les universités pour attirer les meilleursétudiants. Ce dernier point fera l’objet detravaux futurs du Centre d’analyse stratégique.

b Mots clés : université, vie étudiante, étudiant,enseignement supérieur, orientation, réussite,insertion professionnelle.

des services. Comme pour le financement des services aux étudiants, ces trois volets peuvent être actionnés demanière non exclusive mais ils s’inscrivent tous dans unmême mouvement d’ensemble : associer les étudiantsdans la définition et la mise en œuvre des services quileur sont rendus.

La coanimation des services par les étudiants. Elle reposesur le développement des emplois étudiants au sein del’université. À Genève, outre les emplois traditionnels(accueil, tutorat, bibliothèque), les étudiants participentaussi à des tâches ponctuelles dans l’observatoire de lavie étudiante ou dans des services directement liés à leursétudes (services dentaires, juridiques, psychologiques,etc.). Si le recrutement d’étudiants par les universités enFrance n’est pas nouveau, son extension permettrait unemeilleure adaptation des services rendus.

La coconception de services rendus aux étudiants. Ellerenvoie à la question de la représentation des étudiants ausein des établissements. Au travers de leurs représentants,les étudiants participent à la définition des objectifs et desmoyens que se donne l’université. En Suède et en Angle-terre, ainsi qu’à l’université de Genève, les organisationsreprésentatives étudiantes, souvent uniques, assument,au-delà du niveau national, un rôle essentiel dans la poli-tique de vie étudiante de leur université. Plusieurs étudiantsreprésentent, à temps plein ou à temps partiel et contrerémunération, la population étudiante auprès de l’univer-sité. Ils se partagent diverses responsabilités (questionsacadémiques, conditions de vie, associations, étudiantsétrangers, etc.) en fonction du contexte local. En France, lesétudiants sont déjà représentés, notamment par le vice-président étudiant chargé des questions de vie étudiante.Au regard des cas étrangers, le point de vue des étudiantsfrançais gagnerait à être davantage pris en compte auniveau local, en recherchant notamment des mécanismespour stimuler leur participation.

La cogestion des services par les étudiants. En France,les étudiants, via leurs organisations représentatives,gèrent quelques services au niveau local, mais demanière souvent limitée (reprographie, restaurationlégère, bourses aux livres, etc.). Ils participent aussi à lagestion des mutuelles et administrent encore quelqueslogements ou restaurants étudiants. En Suède, les organi-sations étudiantes vont jusqu’à gérer elles-mêmes lamajorité des services commerciaux pour les étudiants(logement, commerces, etc.). Au Japon, les coopératives,principalement administrées par le personnel universi-taire, offrent de multiples services commerciaux (horslogement) aux étudiants. C’est aussi le cas à Genève pourla crèche qui, au départ réservée au personnel, a étéouverte aux étudiants.

L’Université française est désormais relativement éloignéedu modèle de gestion des services par la communautéuniversitaire en faveur des étudiants. Leur implicationdans la cogestion des services commerciaux à l’universitégagnerait probablement à se développer.

PROPOSITION Promouvoir l’engagement des étudiants dansl’animation, la conception et la gestion desservices qui leur sont rendus par les universités.À titre d'exemple, le développement des emploisétudiants à l’université pourra être amplifié.

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