transparence financière des organisations syndicales et patronales

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La transparence financière des organisations syndicales et patronales Parties 1 &2 : Rémi BOURGUIGNON, IAE de Paris-Sorbonne Mathieu FLOQUET, Université de Lorraine Stéphane LEFRANCQ, CNAM Paris Partie 3 : Karim BANGOURA, associé Cabinet AudiSol Delphine LUBRANI, associée cabinet AudiSol Décembre 2014

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Transparence Financière Des Organisations Syndicales Et Patronales

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  • La transparence financire des organisations

    syndicales et patronales

    Parties 1 &2 :

    Rmi BOURGUIGNON, IAE de Paris-Sorbonne

    Mathieu FLOQUET, Universit de Lorraine

    Stphane LEFRANCQ, CNAM Paris

    Partie 3 :

    Karim BANGOURA, associ Cabinet AudiSol

    Delphine LUBRANI, associe cabinet AudiSol

    Dcembre 2014

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 2

    Table des matires

    Introduction ................................................................................................................................ 3

    Partie 1. Pratiques comptables des confdrations ..................................................................... 5

    Par Rmi BOURGUIGNON, Mathieu FLOQUET & Stphane LEFRANCQ

    1- Mthodologie ............................................................................................................................... 5

    2- Dlais de publication ................................................................................................................... 5

    3- Ressources et financement des organisations syndicales ............................................................ 6

    4- Des lacunes dans linformation publie....................................................................................... 8

    Partie 2. Les finances des fdrations ...................................................................................... 12

    Par Rmi BOURGUIGNON, Mathieu FLOQUET & Stphane LEFRANCQ

    1- Mthodologie ............................................................................................................................. 12

    2- Lhtrognit des fdrations syndicales ............................................................................... 13

    3- Sources de financement et sant financire des fdrations ...................................................... 15

    4- Du ct des organisations professionnelles ........................................................................... 20

    Partie 3. Prconisations ............................................................................................................ 22

    Par Karim BANGOURA & Delphine LUBRANI

    1- Imposer des dlais de publication aux organisations syndicales ............................................... 22

    2- Obliger les confdrations communiquer sur les entits affilies soumises lobligation de

    publication ......................................................................................................................................... 22

    3- Rendre obligatoire la consolidation et supprimer lagrafage ..................................................... 22

    4- Rduire les possibilits dexclusion de certaines entits du primtre de consolidation ........... 23

    5- Le tableau de ressources devrait tre enrichi notamment concernant lorigine des subventions ..... 23

    6- Prciser et enrichir les obligations dinformation sur les mises disposition de personnel ...... 23

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 3

    Introduction

    La loi n 2008-789 du 20 aot 2008 portant rnovation de la dmocratie sociale et rforme du

    temps de travail a profondment modifi les conditions imposes aux organisations syndicales

    pour tre rputes reprsentatives et, ds lors, participer aux ngociations sociales. Elles

    devront en effet remplir sept critres que sont le respect des valeurs rpublicaines,

    l'indpendance, la transparence financire, une anciennet minimale de deux ans, l'audience

    lectorale tablie selon les niveaux de ngociation, l'influence prioritairement caractrise par

    l'activit et l'exprience et enfin les effectifs d'adhrents et les cotisations. Sur le plan

    financier, donc, cette loi introduit au moins deux implications majeures pour les organisations

    syndicales :

    - Une obligation de transparence financire que la loi a traduite en termes de tenue et

    publication de comptes (voir encadr 1.)

    - Un financement qui repose prioritairement sur les cotisations, cela comme gage

    dindpendance et reflet des effectifs adhrents.

    Il est noter, ce stade, que lobligation comptable concernait galement les organisations

    patronales mme sil aura fallu attendre 2014 pour que leurs critres de reprsentativit soient

    arrts.

    Le prsent rapport de recherche a pour objectif de dresser, partir des comptes publis par les

    organisations syndicales et patronales, un bilan de la mise en uvre de ces obligations. Il

    sinscrit en cela dans le prolongement de travaux antrieurs, notamment le rapport

    Audisol/Bec de 2012 ainsi que le dossier publi dans la revue Commentaire au printemps

    2012.

    Encadr 1. Les obligations comptables des organisations syndicales et patronales

    La loi du 20 aot 2008 soumet les organisations syndicales et patronales des obligations

    dtablissement, de certification et de publication de leurs comptes. La nature de ces obligations

    dpend du niveau des ressources de lorganisation. Lorsquelles sont suprieures 230 000 euros, les

    tats financiers doivent tre certifis par un commissaire aux comptes et publis au Journal Officiel.

    En de de ce seuil, les documents sont labors selon un dispositif normatif simplifi et sont dposs

    la DIRECCTE1. Les dates dentre en vigueur de ces nouvelles obligations dpendent de

    lorganisation : 2010 pour les confdrations, les fdrations professionnelles et les syndicats

    nationaux, 2011 pour les unions rgionales et dpartementales, 2012 sinon.

    1 Direction Rgionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de lEmploi.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 4

    Faire un bilan de la loi revient finalement affronter deux grandes questions, en ralit

    distinctes mais traites simultanment tant dans la loi que dans le dbat public.

    Lobligation comptable faite aux organisations syndicales et patronales permet-elle de

    rpondre aux attentes relayes par la notion de transparence financire ?

    Cette question se fait dautant plus pertinente que le rapport Hadas-Lebel (2006) qui a mis la

    question de la transparence financire au cur des ngociations interprofessionnelles semble

    lui-mme empreint dun certain scepticisme :

    [La complexit des structures syndicales] constitue un redoutable obstacle toute

    tentative damlioration de la transparence du financement des organisations syndicales.

    En effet, ces dernires sont marques par une structure fdrale dont les units locales et

    professionnelles sont trs indpendantes entre elles. Dans ce contexte, lchelon

    confdral est peu mme dexercer une centralisation des donnes financires. En tout

    tat de cause, toutes les organisations syndicales nous ont affirm tre dans lincapacit

    dlaborer des comptes consolids qui seuls permettraient pourtant davoir une ide de

    lquilibre global de leurs financements.

    Disons-le tout de suite, ces comptes consolids/combins au sens o ils intgreraient

    lensemble des niveaux dune organisation syndicale nexistent pas et ce ntait, du reste, pas

    lambition de loi. Pour apprhender cet quilibre global , il conviendrait donc danalyser

    successivement les comptes des diffrents niveaux : la confdration, les fdrations, les

    units territoriales et enfin les syndicats.

    Au-del de cette question du primtre de consolidation/combinaison, le prsent rapport

    sattache apprhender les choix comptables oprs par les organisations et leurs effets sur la

    transparence financire.

    Quelles sont les principales sources de financement des organisations syndicales ?

    Les critres dindpendance et dadhrents ont clairement mis laccent sur la part des

    cotisations comme indicateur ultime dans le dbat public. Etre essentiellement financ par les

    cotisations, cest la fois affirmer un nombre consquent dadhrents et garantir quils

    peuvent exercer un contrle sur lorganisation. Les chiffres du poids relatif des cotisations

    dans le financement ou la solidit financire des confdrations sont connus depuis quelles

    publient leurs comptes. En revanche, peu a t dit sur le niveau infrieur des fdrations. Il

    apparaissait donc utile den faire un panorama.

    Aussi, le prsent rapport est organis autour de deux parties. Dans la premire, une analyse

    qualitative des confdrations/unions nationales interprofessionnelles (de salaris et

    patronales) permet de discuter les pratiques comptables adoptes et leurs consquences en

    termes de transparence financire. La seconde partie a pour ambition de dresser un premier

    panorama des finances des structures fdrales de salaris.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 5

    Partie 1. Pratiques comptables des confdrations

    Par Rmi BOURGUIGNON, Mathieu FLOQUET & Stphane LEFRANCQ

    1- Mthodologie

    Ltude porte sur les tats financiers publis et certifis pour les exercices comptables de 2010

    2012 des confdrations syndicales des organisations reprsentatives ou bnficiant des

    dispositifs de financement de la formation professionnelle mis en place en 2014, pour lesquels

    un enjeu de reddition de comptes au titre du bnfice dun accs des ressources publiques

    existe donc. Ces critres nous amnent tudier sept organisations salariales : la CGT, la

    CFDT, la CGT-FO, la CFE-CGC, la CFTC, UNSA et Solidaires, ainsi que trois organisations

    patronales : le MEDEF, la CGPME et lUPA. Nous avons exploit les comptes publis au

    Journal Officiel2.

    Les confdrations ont fait lobjet dune analyse qualitative de leurs tats sur deux exercices,

    permettant didentifier les enjeux inhrents aux mthodes comptables adoptes, aux

    paramtres retenus pour lapplication des options comptables ou des modles mis en uvre

    (engagements de retraite par exemple) mais aussi aux changements de mthodes.

    2- Dlais de publication

    Si les dlais de publication se rduisent, ils demeurent trs importants notamment pour les

    organisations de salaris. En moyenne, en 2012, ce dlai stablit 227 jours pour les

    syndicats de salaris et 152 pour les syndicats demployeurs (tableau 1).

    Cette diffrence significative entre organisations patronales et salariales pourrait sexpliquer

    par un facteur rglementaire. Le dcret 2009/1665 prvoit, en effet, que linformation doit tre

    publie au journal officiel dans les trois mois suivant lapprobation des comptes par lorgane

    de dlibration (assemble gnrale, par exemple). La question de la dlibration des comptes

    renvoie la forme juridique de la confdration. Il peut sagir soit dun syndicat hrit de la

    loi de 1884 soit dune association de loi 1901. Les confdrations de salaris tudies ici ont

    toutes un statut de syndicat, tandis que les confdrations demployeurs ont toutes un statut

    dassociation. Or la loi dite Waldeck-Rousseau ne prvoit pas dobligation de dlibration et

    ni de dlais respecter, en revanche, les associations dpassant deux des trois seuils fixs par

    dcret (50 salaris, 3,1 Meuros de CA ou de ressources, 1,5 Meuros de total bilan) doivent

    faire approuver leurs comptes dans les six mois suivants la clture de lexercice. Ainsi, lcart

    entre le dlai de publication des organisations salariales et patronales peut sexpliquer par une

    diffrence de statut juridique.

    2 Tous les comptes sont prsents sur cette priode pour les organisations tudies, lexception de ceux de la

    CGPME pour lexercice 2011.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 6

    Tableau 1 : Les dlais de publication

    Confdration Anne Date de publication Dlai (jours)

    CGT

    2010 14/11 317

    2011 07/09 249

    2012 17/09 259

    CFDT

    2010 10/06 160

    2011 19/06 169

    2012 31/05 150

    CGT-FO

    2010 19/12 352

    2011 3/12 336

    2012 24/07 204

    CFE-CGC

    2010 15/09 257

    2011 21/09 263

    2012 20/06 170

    CFTC

    2010 03/08 214

    2011 26/10 299

    2012 04/09 246

    Solidaires

    2010 11/10 283

    2011 22/03 81

    2012 11/04 100

    UNSA

    2010 05/12 338

    2011 10/12 344

    2012 11/03 69

    MEDEF

    2010 05/05 124

    2011 23/04 112

    2012 17/04 106

    CGPME

    2010 22/06 172

    2011 ND NC

    2012 17/06 167

    UPA

    2010 21/07 201

    2011 17/07 197

    2012 04/07 184

    3- Ressources et financement des organisations syndicales

    Solidit financire. Les attentes sont grandes lgard de linformation comptable, il sagit de

    disposer dlments pour juger de la solidit des organisations syndicales et comprendre la

    provenance de leurs financements. Lanalyse des comptes montre, tout dabord, que les

    organisations syndicales franaises ont une assise financire stable. Elles ont des fonds

    syndicaux importants allant de 2 107 K pour la CFTC 316 613 K pour la CFDT (tableau

    2), les disparits sont importantes et sexpliquent, en partie, par des choix comptables

    diffrents et des structures organisationnelles distinctes (voir ci-aprs). Deux groupes peuvent

    toutefois tre distingus : dune part, la CGT, la CFDT et le MEDEF se distinguent par des

    fonds syndicaux suprieurs aux ressources dexploitation annuelles ; dautre part, les autres

    confdrations avec des fonds propres moins importants ou fortement endettes comme la

    CFTC.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 7

    Globalement, les confdrations apparaissent trs peu endettes, elles financent leurs

    investissements grce des fonds propres consquents mais galement grce un dgagement

    en fonds de roulement qui peut slever 93 jours de ressources dexploitation dans le cas de

    la CGPME. Cela sexplique en partie par une spcificit du financement de certaines

    confdrations qui collectent les cotisations des adhrents avant de les raffecter aux

    fdrations. Le dcalage de paiement li ces oprations cre une dette envers leurs entits de

    lordre de 5 M pour la CGT ou 2 M pour la CGPME.

    Tableau 2 : Ressources et financement des organisations syndicales

    CGT CFDT FO CGC CFTC Solidaires UNSA MEDEF CGPME UPA

    Fonds syndicaux

    (K) 45 628 316 613 26 392 4 129 2 107 446 (1 176) 53 255 4 960 24 173

    Taux

    d'endettement

    net (%)

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 8

    4- Des lacunes dans linformation publie

    Linformation comptable diffuse par les organisations syndicales comprend un certain

    nombre de lacunes que lon peut recenser en trois groupes :

    - Les options qui compliquent la comparaison

    - Les carts la rglementation

    - Les informations non prvues par la rglementation mais qui auraient leur utilit

    Des options compliquant la comparaison

    Les articles L2135-2 et L2135-3 du code du travail disposent que les organisations syndicales

    doivent prsenter leurs comptes ainsi que ceux des entits quelles contrlent. La lgislation

    donne le choix entre deux solutions de prsentation : la consolidation des comptes ou la mise

    en annexe des comptes des entits contrles. Cette dernire mthode a t baptise

    lagrafage , elle ne prvoit aucune opration dagrgation des comptes et consistent en un

    simple empilement des comptes des entits du primtre de consolidation. Aucune hirarchie

    entre les diffrentes mthodes nest prvue par la rglementation, mme si la mthode de

    lagrafage semble fournir une information plus parcellise et rend complique une vision

    globale de lactivit et des patrimoines des organisations. Parmi les organisations syndicales

    de salaris, cette mthode a t choisie par la CGT et la CFTC. Ds lors, la comparaison entre

    les centrales syndicales, notamment entre la CGT et la CFDT les deux entits les plus

    importantes, devient complique. La CGT a identifi deux entits dans son primtre de

    consolidation (la Nouvelle Vie Ouvrire et lInstitut de lHistoire Sociale) dont les comptes

    sont mis en annexe. Du ct de la CFDT, lorganisation a intgr, dans ses comptes

    consolids, plus dune quinzaine dentits (SCI, groupe de moyens, etc.). Au-del de cette

    diffrence de mthode, lcart entre les fonds syndicaux de la CGT et de la CFDT doit

    pouvoir tre mis en relation avec les modles organisationnels, notamment le degr de

    centralisation. Lanalyse des comptes fdraux permettront dexplorer plus avant cette piste.

    Pour les organisations patronales, seule la CGPME a opt pour la mthode de lagrafage en

    2010 mais lui prfre depuis 2012 la consolidation. Le changement de mthode peut

    interroger plusieurs titres : il nest pas justifi, les comptes de 2011 ne sont pas prsents si

    bien que linformation de lanne 2012 ne peut pas tre compare, enfin, ce changement de

    mthode a permis la CGPME de cesser la diffusion de la provenance de certaines

    subventions. Ainsi, dans ses comptes individuels, la CGPME indique le montant des

    contributions des organismes paritaires collecteurs agrs dans le cadre du financement de la

    formation continue (OPCA), notamment de FONGEFOR et dAGEFOS, avec le passage aux

    comptes consolids, cette information nest plus indique. Elle parat pourtant pertinente

    puisquelle avait t reprise par plusieurs rapports parlementaires, par un rapport de la cour

    des comptes et par la presse.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 9

    Tableau 3 : Mthode de prsentation des comptes

    Comptes consolids Comptes combins Comptes agrafs

    2010 2011 2012 2010 2011 2012 2010 2011 2012

    CGT X X X

    CFDT X X X

    CGT-FO X X X

    CFTC ? X X

    CFE-CGC X X X

    UNSA X X X

    Solidaires

    MEDEF X X X

    CGPME Non-publi X X Non-publi

    UPA X X X

    Au-del de ces approches diffrentes, les mthodes retenues par les confdrations prsentant

    des comptes consolids sont galement sensiblement diffrentes, sans que la raison apparaisse

    de manire trs claire ce stade. Ainsi la CFE-CGC retient-elle un pourcentage dintrt nul

    pour les deux associations constituant son primtre de consolidation, alors que sans

    information sur les dispositions statutaires, la CFDT et la CGPME appliquent quant--elles

    un pourcentage de 100%. Pour les structures associatives, les fonds associatifs apparaissent

    donc en intrts minoritaires pour la CFE-CGC (un montant ngatif reprsentant 23% des

    fonds syndicaux), et dans les fonds propres pour les deux autres. La CGT-FO nest pas

    concerne par cette problmatique, aucune association nappartenant son primtre de

    consolidation.

    Des informations prvues dans la rglementation mais non fournies

    Les organisations syndicales doivent, dune part, satisfaire aux obligations comptables

    gnrales dictes par le plan comptable gnral et les rgles spcifiques de la comptabilit

    des associations et des fondations (rglement 99-01 du CRC) et dautre part, aux rgles

    spcifiques prvues pour les organisations syndicales (rglement 2009-10 du CRC).

    Tableau 4 : Fait gnrateur de comptabilisation des cotisations

    Appel de cotisation Encaissement Non renseign

    CGT X

    CFDT X

    FO X

    CFE X

    CFTC X

    UNSA X

    Solidaires X

    MEDEF X

    CGPME X

    UPA X

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 10

    La comptabilisation des cotisations a t prescrite par le rglement 2009-10, le fait

    gnrateur, par exception au principe dindpendance des exercices, est considr comme

    tant effectif au moment de lencaissement, si lorganisation peut justifier dun droit de

    recouvrement, elle peut les comptabiliser au moment de lappel de cotisation. Lavis ajoute

    que la mthode retenue doit tre dcrite en annexe. Lanalyse des annexes montre que la

    plupart des confdrations utilisent la mthode de lappel cotisation mais galement que

    cette information est absente des annexes dans un cas sur quatre.

    Le subventionnement en nature sous la forme de la mise disposition de personnel fait

    partie des questions souleves sur le financement des syndicats. La rglementation comptable

    sur les organisations syndicales sen est saisie et indique : ces contributions font lobjet

    dune information qualitative approprie et exhaustive dans lannexe portant sur leur nature et

    leur importance . Les organisations syndicales peuvent galement se rfrer la

    rglementation pour les associations et les fondations (CRC 99-01) et peuvent, ce titre,

    utiliser une comptabilisation en utilisant les comptes de la classe 8. Si les attentes du public

    sont importantes et la rglementation prcise, la diffusion dinformation sur ces contributions

    par les organisations apparat assez limite et aucune nutilise loption pour la

    comptabilisation. Seule la CFDT valorise, dans ses annexes, la mise disposition des salaris

    et indique que ces personnels sont majoritairement mis disposition par la fonction publique.

    Toutes les autres organisations fournissent une information partielle. La CFE-CGC indique

    que seuls les lus sont mis disposition mais sans prciser les quotits de travail mises

    disposition. La CFTC prsente un tableau des effectifs mis disposition mais non remplis.

    Les organisations patronales sont galement concernes. La CGPME value le temps de

    travail mis disposition 934 jours sans quil ne soit dautres prcisions. Le MEDEF

    considre quau regard de la diversit des missions accomplies, une valuation quantitative

    ne peut tre effectue (Annexe compte 2012). LUPA ne fait pas mention de ce type

    dinformation.

    Tableau 5 : Contributions volontaires en nature

    CGT CFDT FO CGC CFTC Solidaires UNSA MEDEF CGPME UPA

    Personnel mis

    disposition (hors

    dirigeant)

    23 45 lus

    Personnel mis

    disposition (dirigeant)

    5

    Personnel mis

    disposition (ensemble)

    28 27 29 - 10 50 Aucun 934 jours NC

    Provenance du

    personnel mis

    disposition

    NC Fonction

    publique NC NC Syndicats

    Effectifs

    militants

    Valorisation en K NC 2 131 NC NC NC NC

    Finalement, linformation parat bien mince et il semble, quen fonction des organisations, la

    nature des contributions volontaires en nature est bien diffrente. En effet, la rglementation

    comptable est dabord issue du monde associatif o ces contributions sont souvent

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 11

    attribuables au bnvolat. Dans le cas des organisations syndicales, il sagit de tenir compte

    de la mise disposition de personnel salari du secteur priv ou fonctionnaire qui peut tre

    assimile une forme de subventionnement.

    La question de la rmunration des dirigeants peut galement se poser. Aucune obligation

    particulire nest faite aux organisations syndicales, toutefois, le plan comptable gnral

    indique que la rmunration des dirigeants doit tre mise en annexe. Aucune organisation

    syndicale ne communique ce type dinformation, y compris de faon globale. La CGT estime

    quelle porterait atteinte la vie prive , pour la CFDT, elle aboutirait donner une

    information individuelle , les autres organisations nvoquent pas cette question.

    Une transparence perfectible

    Daprs le rglement 2008-10, les organisations syndicales doivent fournir en annexe les

    ressources de lorganisation ventiles en quelques grandes rubriques (cotisation, subvention,

    produits financiers). Toutes les organisations de salaris remplissent cette obligation. Pour les

    organisations patronales, le MEDEF et lUPA fournissent un tableau assez proche, en

    revanche, la CGPME ne donne pas dindication supplmentaire en annexe.

    Ce document doit permettre de dterminer si le seuil de 230 K de ressources est franchi

    (utile pour certaines sections syndicales ou pour des petites fdrations), il permet en outre de

    dterminer la part des cotisations et des subventions dans lensemble des ressources. Si ces

    deux lments devraient reprsenter la quasi-intgralit des recettes des organisations, nous

    constatons que dautres produits (enregistrs en prestations de services ou autres produits)

    sont loin dtre anecdotiques (jusqu 26 % la CFDT) et ces produits ne sont pas dtaills3.

    Tableau 6 : rpartition des ressources et part des ressources non affectes

    CGT CFDT FO CGC CFTC Solidaires UNSA MEDEF CGPME UPA

    Subventions (%) 54% 22% 63% 58% 73% 47% 47% 34% 81% 43%

    Cotisations (%) 34% 47% 19% 34% 13% 48% 29% 63% 8% 33%

    Non affects (%) 11% 26% 16% 8% 4% 3% 22% 0% 9% 21%

    Le montant des subventions apparat sur une ligne distincte au compte de rsultat, en

    revanche, les principaux contributeurs sont trs peu mentionns ni mme lobjet des

    subventions. LUPA distingue les subventions reues du fait du dialogue social et la CGPME

    indique celles lies au paritarisme. La CGT-FO indique comptabiliser en subventions les

    sommes verses par lIRES sans fournir de montant. Au-del de ces quelques lments

    laconiques, la provenance des subventions nest absolument pas dtaille dans les comptes

    des organisations syndicales, toutefois, les rgles comptables ne prescrivent pas la fourniture

    de ce type dlments.

    3 La CFDT prcise quil sagit des loyers Confdration et SCI, facturation Agi, ventes et publicit Gie Cfdt-Presse, prestations centre de Bierville.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 12

    Partie 2. Les finances des fdrations

    Par Rmi BOURGUIGNON, Mathieu FLOQUET & Stphane LEFRANCQ

    1- Mthodologie

    La seconde partie de ce rapport est plus spcifiquement tourne vers lanalyse de la situation

    financire des fdrations. La dmarche retenue ne consiste pas tant agrger les comptes des

    fdrations, pour approcher une vision consolide par tiquette, qu considrer le niveau

    fdral pour lui-mme. En ce sens, cette note sattache plutt capter des tendances

    moyennes et la diversit quelles recouvrent.

    Pour cela, les comptes 2012 publis au 31 dcembre 2013 au journal officiel ont t

    systmatiquement collects puis saisis sous un format standardis permettant leur exploitation

    dans un logiciel danalyse statistique. Lchantillon reprsente finalement 80 fdrations,

    refltant lensemble des tiquettes syndicales. Il est noter que 28 fdrations ont mis plus

    dune anne publier leur compte et ne sont donc pas intgres cet chantillon.

    Tableau 7. Composition de lchantillon

    Nombre

    Part des

    comptes

    consolids

    Certification

    sans rserve

    ni observation

    Information

    sur tableau de

    ressources

    Information

    sur les mises

    disposition

    CGT 17 0% 69% 12 3

    CFDT 17 42% 23% 16 14

    CGT-FO 15 0% 71% 12 9

    CFE-CGC 7 0% 100% 4 3

    CFTC 11 0% 82% 6 4

    FSU 5 0% 60% 4 2

    Sud 5 0% 33% 3 2

    UNSA 3 0% 33% 3 1

    Total 80 9% 60% 60 38

    Certaines fdrations font le choix de loger des activits dans des entits prives sur lesquelles

    elles exercent un contrle capitalistique. On parle alors dentits contrles dont les comptes

    doivent tre consolids ou agrafs avec ceux de la fdration. Cest notamment le cas dun

    certain nombre de fdrations CFDT (42%) qui font alors le choix de consolider les comptes.

    Les autres fdrations, dans une trs large majorit, ne dclarent pas dentits contrles car

    les activits sont internalises et automatiquement intgres aux comptes sociaux de la

    fdration. Il existe toutefois une incertitude sur lexistence dentits non-capitalistiques (sous

    statut associatif) qui logeraient des activits syndicales mais peuvent tre exclues de

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 13

    lobligation de publication.

    On notera galement, et limage de ce qui a pu tre observ sur les comptes des

    confdrations, que lexercice danalyse des comptes est parfois rendu difficile par les lacunes

    dans linformation. Ainsi, sur les 80 fdrations composant lchantillon, 20 nont pas fait

    apparaitre de tableau de ressources ce qui prive dune information essentielle : les cotisations

    nettes perues par lorganisation. Quant la dlicate question des mises disposition , ces

    salaris rmunrs par leur entreprise dorigine mais exerant pour le syndicat, seules 38

    fdrations sur 80 les communiquent (voir encadr 2).

    Sur les 80 fdrations, une seule a vu ses comptes certifis avec rserve. La qualit des

    comptes des fdrations syndicales est donc reconnue mme si des observations peuvent tre

    mises. Cest notamment le cas de la CFDT qui na ni rserves, ni observations4 dans

    seulement 23% des cas contre 60% des cas dans lensemble de lchantillon. Les observations

    formules, qui concernent 31% de lchantillon (25 occurrences), concernent pour les plus

    frquentes des questions de classement des VMP, retraites en immobilisations financires

    (tableau 8).

    Tableau 8. Nature des observations formules

    Nature des observations Nombre doccurrences

    Reclassement des VMP 10

    Consolidation (primtre, intercos) 5

    Niveau ou nature des dprciations ou provisions 4

    Informations absentes, problmes de prsentation 4

    Incertitude sur la continuit dexploitation 2

    Comptes N-1 non audits 2

    Tenue tardive de lAG 1

    NB : le total est suprieur 25 car plusieurs observations peuvent tre formules pour la mme fdration

    2- Lhtrognit des fdrations syndicales

    Le tableau 9 ci-dessous propose une synthse des comptes publis par les fdrations

    syndicales et donne voir une certaine htrognit de ces organisations. Si le total de bilan

    moyen pour une fdration syndicale est de 2,3 millions deuros, 25% dentre elles sont

    moins de 596 mille euros alors que les fdrations les plus importantes sont plus de 3,4

    millions deuros. Un constat dhtrognit peut galement tre fait au regard du total des

    produits qui slvent en moyenne 1,8 millions deuros mais plus de 3 millions pour 25%

    dentre elles.

    4 Dans le cadre de la mission de certification des comptes, le commissaire aux comptes peut

    soit dclarer que les comptes sont sincres et fidles, soit assortir la certification de rserves,

    soit refuser la certification des comptes. En outre, il a la facult de formuler une observation

    pour attirer le lecteur des comptes sur une information fournie dans lannexe.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 14

    Tableau 9. Synthse des comptes des fdrations syndicales

    Dlai de

    publication

    (en jours)

    Total Bilan

    (K)

    Total

    Produits

    (K)

    Fonds

    Syndicaux

    (K)

    Total

    cotisations

    nettes

    (KE)

    Total

    Ressources

    (K)

    Fonds

    syndicaux/

    total

    produits

    Fonds

    syndicaux

    / Total

    Passif

    Dispos /

    Fonds

    syndicaux

    Part des

    cotisations

    dans les

    ressources

    Moyenne 242 2 338 1 882 1 744 831 1 771 0,964 0.769 2,67 0,55

    1er quartile 177 596 593 415 252 592 0,495 0.734 0,47 0,34

    2me quartile 238 1 500 1 184 1 074 518 1 056 0,879 0.859 0,79 0,54

    3me quartile 323 3 423 3 078 2 548 1 209 3 011 1,265 0.910 1,01 0,81

    CGT 267 2 814 1 598 2 275 798 1 699 1,354** 0.843 0,86 0,53

    CFDT 215 3 026 3 133*** 2 385 1 193** 2 608** 0,763 0.744 1,26 0,56

    CGT-FO 270 1 899 1 396 1 142 679 1 320 0,897 0.717 11,36*** 0,50

    CFE-CGC 255 1 552 1 665 1 324 541 1 064 0,779 0.834 0,89 0,53

    CFTC 223 2 346 1 668 1 465 240* 2 034 1,085 0.770 0,58 0,26***

    FSU 197 2 108 1 753 1 908 1 352 1 551 1,210 0.916 0,73 0,86

    Sud 215 555 615 435 478 737 0,229 0.663 1,83 0,73

    UNSA 258 2 376 1 598 1 282 864 1 143 0,893 0.437 3,02 0,83

    N 80 75 75 75 60 60 75 71 71 60

    Seuil de significativit : * p

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 15

    Ce quil est important de souligner, cest que les tiquettes syndicales expliquent mal cette

    htrognit. En calculant une moyenne par tiquette, on observe une convergence autour de

    la moyenne. Par exemple, le total du bilan, comme indicateur de taille, nest pas

    significativement plus important pour les fdrations affilies la CGT et la CFDT

    (respectivement 2,8 et 3 millions deuros) par rapport la moyenne de lchantillon. Si lon

    se focalise sur les principaux montants (colonnes 2 6 du tableau 10.), une seule diffrence

    significative apparait : les fdrations CFDT ont, en moyenne, un total des cotisations, et plus

    gnralement des produits et ressources, plus important que les autres fdrations. Les

    fdrations CFDT ont donc, en moyenne, un volume dactivit plus important que les autres

    fdrations. Si le volume de cotisations y apparait plus important ce qui sexplique

    notamment par un cot individuel de la cotisation plus lev que dans les autres organisations

    syndicales la part de cotisation rapporte au total des ressources reste proche de la moyenne.

    Cela tmoigne que les autres sources de revenu (produits dactivit, produits financiers,

    subventions) y sont galement plus importants.

    Cette forte disparit parmi les fdrations syndicales nest donc que faiblement explique par

    les tiquettes syndicales et cest bien une htrognit intra-tiquette que nous avons

    affaire. En dautres termes, si la consolidation/combinaison complte des comptes des

    organisations dune mme tiquette apparait hors de porte, comme cela a t indiqu au

    dbut de ce rapport, elle apparait galement manquer de sens. La consolidation des comptes

    aurait pour effet de tendre vers une image moyenne qui ne rendrait pas compte de la diversit

    des fdrations.

    3- Sources de financement et sant financire des fdrations

    Deux indicateurs sont particulirement utiles pour faire lanalyse des comptes des

    organisations syndicales au regard des critres de reprsentativit. Le premier est la part des

    cotisations nettes dans lensemble des ressources de lorganisation. En effet, dpendre des

    cotisations pour une organisation syndicale, cest la fois permettre un contrle des adhrents

    sur la ligne politique adopte par lorganisation et sassurer une certaine indpendance vis-vis

    de lEtat et de linterlocuteur patronal. Car si les organisations syndicales devaient vivre

    essentiellement de subventions publiques ou prives qui peuvent leur tre retires, leur libert

    en serait de toute vidence affecte. Lindicateur est calcul comme le rapport entre les

    cotisations nettes, telles quelles apparaissent dans le tableau de ressources et le total des

    ressources. Une limite ce calcul tient labsence de valorisation des postes mis disposition

    de lorganisation (voir encadr 2.).

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 16

    Comme le laisse apparaitre le graphique 1, lhtrognit est galement de mise au regard de

    la part des cotisations. Sur lensemble des fdrations tudies, et pour lesquelles

    linformation pertinente est disponible, un quart sont finances plus de 80% par les

    cotisations quand un autre quart lest moins de 33%. A lexception notable de la CFTC, on

    observe que les grandes confdrations, reprsentatives au niveau national interprofessionnel

    sont relativement proches, en moyenne entre 50 et 56% du financement assis sur les

    cotisations. Les syndicats autonomes que sont la FSU, SUD et lUNSA se caractrisent par

    une part des cotisations bien plus importante.

    Il convient de prciser, ce stade, que des acteurs syndicaux ont pu nuancer la pertinence de

    la part des cotisations comme indicateur ultime dindpendance. La diversification des

    ressources via les produits financiers issus des placements, les services aux adhrents ou

    encore la diversit des subventions prives et publiques est galement une voie pour se

    prmunir dune dpendance envers un financeur trop important. Cette argumentation montre

    lintrt quil y a considrer plusieurs indicateurs simultanment : la part des cotisation

    refltant la capacit des adhrents sanctionner par leur dpart une ligne politique non

    reprsentative et la diversit des autres sources de financement. En ltat actuel des comptes

    publis, il nest pas possible de connaitre les sources de financement, leur diversit et donc les

    ventuelles dpendances lgard de certains financeurs.

    Un autre indicateur financier mrite dtre analys. Il sagit de la part que reprsentent les

    fonds syndicaux par rapport lensemble des produits. Mesur en nombre de mois, cet

    indicateur traduit la solidit financire de lorganisation. En effet, la disponibilit de fonds

    permet une poursuite de lactivit court ou moyen termes si lorganisation venait perdre

    des financements. Elle indique galement la capacit de lorganisation sengager, si le

    besoin sen faisait sortir, dans une opration qui pourrait se rvler couteuse. En ce sens, le

    ratio fonds syndicaux/total produits se prsente comme une autre source dindpendance,

    mme si un excs peut tre vu comme des ressources financires indument immobilises

    voire comme une source dinsensibilit une baisse des cotisations.

    CFTC

    CFE CGC FO CGT

    CFDT

    SUD

    UNSA FSU

    0%

    20%

    40%

    60%

    80%

    100%

    120%

    Graphique 1. Part des cotisations dans les ressources

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 17

    En moyenne, les fdrations tudies ont prs de 12 mois de produits en fonds syndicaux, un

    quart des fdrations ayant moins de 6 mois et un quart plus de 15 mois. Les fdrations CGT

    sont significativement plus solides sur le plan financier puisquelles ont, en moyenne, 16 mois

    de produits contre 11 mois pour FO et 9 mois pour la CFDT. La CFDT, dailleurs, se prsente

    comme un cas un peu particulier puisque la confdration sest dote dune Caisse Nationale

    dAction Syndicale qui vient en appui des structures qui en ont besoin. Il est alors logique que

    cette fonction ne soit pas remplie de la mme manire par les fdrations et donc que le poids

    relatif des fonds syndicaux soit plus faible.

    Encadr 2. La question des mises disposition

    La mise disposition de salaris rmunrs par un employeur priv ou public auprs

    dune organisation syndicale devrait tre assimile une source de financement.

    Toutefois, la pratique ne gnrant pas de flux financiers, elle na en ralit pas

    dincidence sur les comptes. Nous proposons de nous prter un exercice de

    retraitement partir des 38 fdrations ayant livr linformation sur le nombre de

    salaris mis disposition. Par comparaison de la masse salariale des organisations et

    de leur effectif permanent, il est possible destimer une juste valorisation dETP

    51 851 euros/an (salaire brut et charges sociales patronales).

    Reste alors, pour chacune des 38 fdrations, rintgrer la somme correspondant

    aux mis disposition dans le total des ressources et de mesurer leffet sur la part des

    ressources. On observe de cette manire que le ratio moyen de 53,9% passerait

    29,3% si une telle valorisation tait effectue.

    MAD

    valorises KE

    Cotisations/Ressources

    non retraits

    Cotisations/Ressources

    retraites

    Moyenne 816 0.539 0.293

    1er quartile 138 0.344 0.180

    2me quartile 454 0.506 0.257

    3me quartile 1 296 0.765 0.379

    Effets de la valorisation sur le ratio cotisations / Ressources (N=38)

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 18

    Si les deux ratios se prsentent comme des indicateurs partiels de lindpendance des

    fdrations syndicales, se pose la question de leur confrontation. Et de ce point de vue, nous

    constatons une corrlation ngative. Cela signifie que les fdrations qui font fortement

    reposer leur financement sur les cotisations sont souvent les plus fragiles sur le plan financier

    alors que les fdrations les plus solides sont moins finances par les cotisations. Un effet

    taille semble se dessiner ici comme lindiquent les graphiques ci-dessous. Les plus

    importantes fdrations (mesur par le total bilan) sont souvent les plus solides

    financirement et les moins finances par les cotisations alors quil existe, dans le mme

    temps, un grand nombre de plus petites fdrations qui ont un niveau de fonds syndicaux plus

    modeste et dont le financement repose en grande partie sur les cotisations. Ainsi le modle

    conomique des fdrations les plus solides financirement repose sur un financement par le

    subventionnement ou dautres produits plus que par la cotisation.

    Ce constat change quelque peu le regard que lon porte sur les organisations syndicales dont

    le dbat public tend dresser, tort, un portrait homogne. Il invite aussi pousser plus avant

    la rflexion sur le mode de financement des organisations syndicales. En le faisant reposer sur

    la seule cotisation, ne risque-t-on pas de fragiliser les organisations syndicales ? Cette

    question renvoie celle bien connue du phnomne de passager clandestin. En France, on

    estime quenviron 95% des salaris bnficient de la ngociation collective alors que seuls

    8% dentre eux adhrent un syndicat5. Un dispositif comme celui du chque syndical

    rpondrait en partie ce problme. Ce dispositif mis en place chez Axa depuis le dbut des

    annes 1990 consiste distribuer lensemble des salaris un bon de financement syndical

    quils peuvent retourner ou non aux organisations syndicales de leur choix. Il revient donc

    apporter un financement aux organisations syndicales tout en le faisant dpendre du soutien

    des salaris Il serait pertinent dans cette perspective den tudier les effets dans les entreprises

    layant adopt.

    5 Voir ce sujet : Visser, J. (2006). Union membership statistics in 24 countries. Monthly Lab.

    Rev., 129, 38.

    0

    5

    10

    15

    20

    25

    30

    35

    40

    45

    50

    SUD CFDT FO CFECGC

    CFTC FSU CGT UNSA

    Graphique 2. Sant financire (Fonds syndicaux en nombre de mois de ressources)

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 19

    Graphiques 3 et 4 : situation financire en fonction de la taille

    Graphique 5 : part des cotisations en fonction de la solidit financire

    Seuil de significativit : * p

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 20

    4- Du ct des organisations professionnelles

    Vingt-neuf organisations professionnelles, affilies des organisations patronales

    reprsentatives au niveau interprofessionnel, ont publi leurs comptes au journal officiel pour

    lanne 2013. Le tableau ci-contre indique quune majorit dentre elles sont affilies au

    Medef, 13 dans une logique daffiliation unique, 7 dans une logique de multi-affiliation. En

    effet, une spcificit du syndicalisme patronal est de permettre des entreprises dadhrer

    plusieurs organisations professionnelles et des organisations professionnelles dadhrer

    plusieurs confdrations (voir ce sujet le rapport Combrexelle de 2013). Cest donc le cas ici

    pour 8 fdrations sur 29. Cette divergence forte avec le syndicalisme salari sexplique par

    un sens diffrent donn la notion daffiliation. Dans lunivers des organisations patronales,

    il est admis que ladhsion sexplique plus par la recherche de services que par la recherche

    dune reprsentation ou dun sens politique, ce qui explique quune organisation

    professionnelle choisisse dadhrer simultanment plusieurs confdrations afin de

    disposer de la gamme de services la plus complte (Combrexelle, 2013). Notons au passage

    que cela ne va pas sans poser de problme quant la notion de reprsentativit. Quelle est, par

    exemple, la lgitimit de laccord national interprofessionnel sur la formation professionnelle

    (dcembre 2013), quand il est sign par le Medef et non par la CGPME ? Avec 7 fdrations

    en commun, ces confdrations reprsentent, pour une part non ngligeable, les mmes

    entreprises Si lon en revient la question de la transparence financire, cette situation

    enterre dfinitivement tout espoir de combinaison des comptes par tiquette syndicale.

    Dlai de

    publication

    (en jours)

    Total

    Bilan

    (K)

    Total

    Produits

    (K)

    Fonds

    Syndicaux

    (K)

    Fonds

    syndicaux/

    total

    produits

    Fonds

    syndicaux /

    Total Passif

    Dispos /

    Fonds

    syndicaux

    Part des

    comptes

    consolids

    Certification

    sans rserve ni

    observation

    Moy 221 33812 9986 29768 2,14 0,88 0,75 7% 74%

    N 27 28 28 28 28 28 27 29 23

    Nombre

    MEDEF 13

    CGPME 5

    UPA 3

    Multi-affiliation

    MEDEF &

    CGPME

    6

    Multi-affiliation

    CGPME & UPA 1

    Multi-affiliation

    3 confdrations 1

    Total 29

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 21

    Seules 12 des 29 organisations professionnelles dlivrent linformation utile pour tablir la

    part des cotisations. Il nest donc pas possible de dresser un panorama sur cette question.

    Lindpendance des organisations, si elle passe par leur mode de financement, est donc

    difficile tablir ici puisque quon ne connait pas la provenance de leurs ressources. Il sagit

    l dun dfaut de transparence important.

    Lobservation des tats comptables indique par ailleurs que les fdrations patronales

    possdent des ressources notablement plus importantes que les fdrations syndicales de

    salaris. En effet, les premires prsentent un total de bilan moyen de 33,8 millions deuros

    contre 2,3 millions deuros pour les secondes. Cette situation tient pour partie la plus grande

    concentration des organisations professionnelles puisquelles sont ici au nombre de 29

    comparer aux 80 fdrations syndicales mais pas uniquement puisque le total produits des

    organisations professionnelles est 2 fois plus important que le total produit des organisations

    syndicales. On note enfin une solidit financire importante pour les organisations

    professionnelles qui ont, en moyenne, plus de 2 annes de produits en fonds syndicaux.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 22

    Partie 3. Prconisations

    Par Karim BANGOURA & Delphine LUBRANI

    1- Imposer des dlais de publication aux organisations syndicales

    Aux termes des articles D. 2135-7 et D. 2135-8 du dcret 2009-1665, les organisations

    syndicales et professionnelles sont tenues de publier leurs comptes dans un dlai de trois

    mois compter de lapprobation des comptes par lorgane dlibrant statutaire . En

    revanche, les textes applicables aux organisations syndicales et professionnelles nont pas

    prvu de date limite pour approuver les comptes.

    Au vu des pratiques actuelles, lintroduction dun dlai maximal dans lapprobation des

    comptes par les organisations syndicales apparat ncessaire.

    2- Obliger les confdrations communiquer sur les entits affilies soumises

    lobligation de publication

    Actuellement, il est difficile dapprcier le degr davancement des publications des

    organisations syndicales faute dune information suffisante sur les structures dune

    organisation syndicale dont les ressources sont suprieures 230 K et qui sont donc tenues

    de faire certifier et publier leurs comptes au JO.

    La communication par les confdrations syndicales en annexe de leurs comptes de la liste

    des fdrations professionnelles et des syndicats nationaux professionnels, des Unions

    Rgionales, des Unions Dpartementales et des syndicats dont les ressources sont suprieures

    230 K permettraient dvaluer plus prcisment le respect des obligations de publication

    par chaque organisation.

    3- Rendre obligatoire la consolidation et supprimer lagrafage

    Au niveau des fdrations, les comptes publis rvlent que les fdrations de salaris sont

    des structures juridiques simples. On peut estimer que dans moins de 15 % des cas, elles

    contrlent des entits et sont soumises une obligation de consolidation/agrafage. Ct

    employeurs, les fdrations professionnelles sont souvent des structures juridiques plus

    complexes. Plus de 40 % des fdrations qui ont publi contrlent des entits et sont soumises

    lobligation de consolidation/agrafage. Elles font massivement le choix de lagrafage (dans

    10 cas sur 12 des comptes publis par les employeurs). Lorsquelles ont recours lagrafage,

    dans 50 % des cas les comptes des entits contrles ne sont pas ou partiellement publis. Il

    faut cependant noter que les deux plus grosses fdrations patronales (UIMM et FFB) ont

    prsent des comptes consolids.

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 23

    Afin de donner une image plus complte des ralits conomiques des organisations

    syndicales, il faudrait prvoir, une chance assez brve, de modifier larticle L. 2135-2 du

    code du travail, pour ne retenir que la mthode de consolidation des comptes des

    organisations de salaris et demployeurs.

    4- Rduire les possibilits dexclusion de certaines entits du primtre de

    consolidation

    Il conviendrait de rexaminer le critre dinfluence notable en labsence de liens

    capitalistiques (association) et de rendre obligatoire la consolidation lorsque le contrle

    exclusif est tabli, quel que soit lavantage que lon tire ou non des activits de lentit.

    5- Le tableau de ressources devrait tre enrichi notamment concernant

    lorigine des subventions

    Le tableau de ressources tel quil a t dfini dans le CRC n2009-10 reste trs proche des

    rubriques du compte de rsultat (cotisations, subventions, autres produits, produits financiers).

    Il conviendrait denrichir ces rubriques pour obtenir une information qui permette une

    meilleure comprhension de lorigine des ressources des organisations syndicales et de leur

    affectation tout en favorisant les comparaisons. Ainsi, la ligne de subventions pourrait tre

    dtaille selon les subventions publiques, subventions verses par les organismes paritaires et

    subventions verses par les entreprises.

    6- Prciser et enrichir les obligations dinformation sur les mises disposition

    de personnel

    Concernant les mises disposition de personnel titre gratuit, le rglement devrait

    explicitement prvoir de faire figurer dans lannexe une valuation quantitative en quivalent

    temps plein des moyens humains mis leur disposition titre gratuit en distinguant les

    personnels issus des fonctions publiques et ceux issus du droit priv.

    Par ailleurs, les fdrations professionnelles ou syndicats nationaux bnficiant dune

    enveloppe nationale de droit syndical quils nutilisent quen partie leur niveau devraient

    communiquer dans lannexe une valuation quantitative en quivalent temps plein de la

    rpartition qui a t faite de ces moyens entre les diffrents niveaux de lorganisation

    (Confdration, Fdration, Union Rgionale, Union Dpartementale et Syndicats).

    Enfin, il faudrait galement prvoir une nouvelle obligation de communication portant sur les

    dtachements de personnel (mises disposition titre onreux). Il devrait tre communiqu

    dans lannexe des comptes le montant inclus dans les charges externes correspondant la

    refacturation aux organisations syndicales par les entreprises, du personnel dtach, ainsi

  • Rapport Chaire MAI/Audisol dcembre 2014 24

    quune valuation quantitative en quivalent temps plein de ces moyens humains dans

    lannexe des comptes.