transformations 2011

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TRANS FORMATIONS 2011 TRANSFORMATIONS

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Transformations 2011 - Livre Interfora

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TRANSFORMATIONS2011

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TRANSFORMATIONS2011

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L'Année Internationale de la Chimie (AIC) 2011 met ce secteur d’activité sous les projecteurs d'une manière exceptionnelle. Souvent méconnu, parfois discuté, le monde industriel de la chimie vit une période de mutations propres aux enjeux planétaires, d’ordre environnemental, économique et humain. La résolution présentée aux Nations Unies en décembre 2008 par l'Éthiopie, siège de la Fédération Africaine des Associations de Chimie, donne le ton : « La chimie est essentielle à notre compréhension du monde et du cosmos. Les transformations moléculaires sont au cœur de la production de nourriture, de médicaments, de carburant et d’innombrables produits manufacturés et d’extraction. Tout au long de l’Année Internationale de la Chimie, le monde entier célèbrera cette science et ses apports essentiels à la connaissance, à la protection de l’environnement et au développement économique. » L'AIC représente une formidable opportunité de faire davantage et mieux connaître la chimie auprès du grand public.

Pour Interfora Ifaip, 2011 est également une année charnière avec l'inauguration de ses nouveaux locaux. Nous les avons souhaités à la fois les plus adaptés aux besoins de nos clients, entreprises et apprenants, et les plus innovants, comme reflet du savoir-faire du secteur de la chimie. Moment fort du pôle Interfora Ifaip, cette inauguration marque un élan puissant vers l'avenir.

TransformaTions

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Transformation du secteur de la chimie, transformation des bâtiments et transformation des hommes par nos métiers : tel est le message que nous souhaitons transmettre à cette occasion. Nous avons choisi de le faire à travers un livre, empreinte durable d'un moment éphémère. Cette triple transformation sert de structure à l'ouvrage et en constitue les trois chapitres. Plutôt que de proposer un texte uniquement conçu en interne, nous avons souhaité ouvrir le contenu écrit aux acteurs qui nous environnent en recueillant leurs paroles : organisations institutionnelles, entreprises partenaires, concepteurs du chantier, mais également personnalités qui, sur cette question des transformations, livrent leur analyse et leur point de vue professionnel au fil d’une parole recueillie oralement et simplement transcrite par écrit. Nous avons choisi de privilégier le contenu des messages dans une logique de verbatim plutôt que des textes rédigés afin de garder la dynamique de l’échange. Que tous ici soient remerciés pour leur disponibilité et la confiance qu’ils nous ont accordées.

En contrepoint, l'ouvrage offre un espace visuel au travail photographique mené dès le début du chantier de construction et de rénovation. Le photographe Éric Bernath réalise depuis l’origine du projet des prises de vue, dont une sélection a été choisie pour ce livre. L'iconographie illustre bien sûr les propos écrits. Mais elle porte aussi sa narration propre, celle des différentes phases du chantier (démolition, reconstruction, réhabilitation) pendant que l'activité du pôle continue.

L'édition de cet ouvrage relève d'un objectif similaire à la conception des nouveaux bâtiments d'Interfora Ifaip : mettre en œuvre les savoir-faire d'aujourd'hui pour préparer l'avenir. En offrant une place à ses partenaires, en ouvrant ses portes vers l'extérieur, le pôle souhaite affirmer sa position dans le dispositif d'accompagnement de la chimie. Il en dessine également les lignes de perspective.

martine DumontDirecteur du pôle Interfora Ifaip

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1TransformaTionDu secTeurDe la chimie

chiffres clés

la problémaTique De la chimie esT aujourD’hui De Travailler sur Des logiques De mulTi compéTences.martine Dumont Directeur du pôle Interfora Ifaip

rhône-alpes esT la première région De l’inDusTrie chimique en france. gérard guilpain Président de l’Union des Industries Chimiques Rhône-Alpes - Directeur du Centre de Recherche Rhône-Alpes Arkema France

la chimie n’esT pas le problème mais la soluTion.jean-jacques gillot Délégué général de l’UIC Rhône-Alpes2

TransformaTionDu bâTimenT

chiffres clés

un projeT archiTecTural expression De la chimie Durable.martine Dumont Directeur du pôle Interfora Ifaip

un proToType à l’échelle De l’inDusTrie.hervé vincent Architecte - concepteur du projetAtelier d’architecture Hervé Vincent

un bâTimenT Très largemenT en avancesur son époque.michel perroud Directeur Rhône-Alpes de GCCMandataire du groupement de conception-construction

le processus De TransformaTion De la valléeDe la chimie n’esT pas Terminé.françois Duchêne Chercheur et enseignant à l’ENTPE(École Nationale des Travaux Publiques de l’État)

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3chiffres clés

former pour Transformermartine Dumont Directeur du pôle Interfora Ifaip

iDenTifier les besoins De compéTencesnécessiTe une réflexion prospecTive.jean pelin Directeur général de l’Union des Industries Chimiques

inTerfora ifaip esT un signe exTérieur Des muTaTions De la chimie.gérard guilpain Président de l’UIC Rhône-AlpesDirecteur du Centre de Recherche Rhône-Alpes Arkema France

l’apprenTissage permeT De Développer les compéTencesprofessionnelles eT comporTemenTales.christine rocrelle Responsable de l’Apprentissage sur le pôle Interfora Ifaip

noTre méTier esT le conseil inTégré.stéphane bonzi Responsable d’Interfora Performances sur le pôle Interfora Ifaip

Développer Des parTenariaTs avec un organismeDe formaTion, c’esT en aTTenDre Du conseil. isabelle anzalone Responsable du CSP Formation pour Arkema France

augmenTer le niveau De qualificaTion Des collaboraTeursesT une réflexion Durable.isabelle mallet Responsable Ressources Humaines de BASF Pharma (St Vulbas) SAS

inTerfora ifaip n’arrive pas avec une soluTion TouTe faiTe,mais s’aDapTe à nos besoins.fanny barbier richard Responsable RH de l’usine de Saint-Fons Bluestar Siliconesjérôme brun Responsable processus RH Bluestar Siliconessabrina chabbert Gestionnaire formations Bluestar Silicones

la formaTion ne DoiT plus êTre une variable D’ajusTemenT,elle DoiT avoir Des moyens propres.arnaud chouteau Responsable Formation France de Rhodia

Travailler sur l’organisaTion esT un acTe formaTeur.laurent balas Directeur de l’agence Aravis (Agence Rhône-Alpes pour la Valorisation de l’Innovation Sociale et l’Amélioration des conditions de Travail)

la formaTion a un rôle essenTiel pour que chacun se reconnaissecomme experT Dans les Tâches qu’il a accomplir.philippe meirieu 2e Vice-président du Conseil Régional Rhône-AlpesDélégué à la formation tout au long de la vie

remerciemenTs

TransformaTionDes hommes

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1TransformaTionDu secTeurDe la chimie

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1ère 500

70 %

31 500

400

25 %

région française deproduction

la chimie en rhône-alpes (hors pharmacie) :

de PME et ETI(entreprises de Taille intermédiaire)

millionsd’euros d’investissements dont plus de 20 % en Hygiène, Sécurité et Environnement

salariés des moyens de la Recherche française en chimie

sites implantésen Rhône-Alpes

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la chimie française (hors pharmacie) :

5erangmondialdes paysproducteurs

1er rangd’exportateur en France

2eproducteureuropéen

859entreprisesde plus de 20 salariés

178 000emploisdirects

3erangen termes d’investissements :3,1 milliards, dont 14 % dédiés à la protection de l’environnement

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marTine DumonT

Directeur du pôle interfora ifaip

Je pense que tous les métiers industriels ont un déficit d’image. L’environnement industriel est trop souvent représenté par le bleu de travail, une image de métiers sales et pénibles. Or aujourd’hui, pour une majorité de ces métiers, ce n’est plus le cas. Si je prends l’exemple de la chimie, nous sommes très loin de cet environnement-là. Ce ne sont pas des métiers pénibles, hormis ceux où le fait d’être en poste représente en soi une difficulté particulière. Mais la plupart des situations de type port de charges ont été réglées par une mécanisation et une automatisation qui réduisent les risques corporels. La chimie possède une diversité de champs très large. On peut être sur le site d’une grande entreprise où l’on pratique une chimie avec des processus en continu, avec un niveau d’automatisation et de conduite du procédé très sophistiqué. Le rôle de l’opérateur, suivant les niveaux, est donc un rôle de surveillance du procédé lui-même, avec quelques interventions à certains moments. Dans d’autres secteurs de la chimie, par exemple les domaines de la formulation, de la peinture ou des cosmétiques, le rôle de l’opérateur va être plus interventionniste, plus diversifié, plus manuel. On attend toujours de lui qu'il maîtrise le procédé. L’intervention de rajout de produits, d’opérations manuelles est plus fréquent.Pour accompagner cette diversité, le pôle Interfora Ifaip prend des directions communes avec les axes principaux de la chimie. Aujourd’hui, celle-ci s’inscrit clairement dans une démarche de « chimie durable », c’est-à-dire économisatrice d’énergie, voire fournisseuse d’éventuelles solutions de dépollution, de baisse de la consommation de carbone par exemple. La question que nous sommes amenés à nous poser est en quoi notre rôle est le plus efficace en tant que structure partenaire de la branche chimie. La problématique de la chimie est aujourd’hui de travailler sur des logiques de multi-compétences.

La problématique de la chimieest aujourd’hui de travailler sur deslogiques de multi compétences

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Façade principale avant transformation

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président de l’union des industries chimiques rhône-alpesDirecteur du centre de recherche rhône-alpes arkema france

quelles sont les grandes lignes qui font la spécificité de la région en matière de chimie ? La chimie rhônalpine est un atout pour le territoire national puisque c’est la première région en terme d’activités, à la fois de production ou de recherche et développement. Ses activités sont très diversifiées. Deux tiers de ses produits et de son chiffre d’affaires sont dédiés à l’export.En amont il y a la chimie minérale, dont les fabrications de matières premières sont essentielles à la chimie, comme l’acide sulfurique, le chlore, etc. En aval, on y trouve des spécialités, allant de la chimie fine jusqu’aux produits destinés à de nombreuses utilisations comme la détergence ou les cosmétiques. Nombre d’innovations destinées à l’activité industrielle ou à la mise au point de nouveaux produits, sont dédiées au développement durable. Le développement durable concerne aussi bien les nouveaux produits destinés par exemple aux énergies renouvelables que le cœur des procédés de l’industrie chimique. Comment consommer moins d’électricité, rejeter moins de CO2 dans l’atmosphère, développer les meilleures technologies de production ? Toutes ces thématiques concernent l’ensemble des industriels régionaux. Il y a à la fois un aspect règlementaire et un aspect d’engagement volontaire des industriels face à ces enjeux du XXIe siècle.

concernant la chimie, qu'en est-il de la crise ?Aujourd’hui, on peut considérer que la crise économique et financière de 2008 est derrière nous. Jusqu’à la fin 2010, on se situait à des niveaux de production inférieurs à ce qu’était 2007, année de référence d’avant crise. La dynamique du premier semestre est aujourd’hui à des rythmes légérement supérieurs à ceux de 2007. Nous espérons que cela va perdurer, dans un contexte où l’émergence d’une crise de la dette des États notamment en Europe, risque de peser sur l’activité industrielle.

Rhône-Alpes est la premièrerégion de l’industrie chimiqueen France.

gérarD guilpain

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quel avenir voyez-vous pour la région rhône-alpes ?C’est un avenir positif. Aujourd’hui, il y a une dynamique industrielle. Nous avons passé une crise économique majeure équivalente à celle de 1929. La Région Rhône Alpes, malgré une baisse de chiffres d’affaires très conséquente de l’ordre de 25%, a vu ses emplois ne régresser que de l’ordre de 0,5%, alors qu’au niveau national la baisse était plutôt de 6 à 7%. Ce résultat lié à l’engagement des industriels se double d’une capacité d’investissements représentant en région un demi milliard d’euros. Autre facteur, l’importance des parts à l’exportation. Le fait d’exporter en zone euro, voire au-delà est une marque de compétitivité. Cette compétitivité est essentielle, notamment pour ce qui concerne la maitrise du coût de l’énergie, où le parc d’énergie lié à l’hydraulique ou au nucléaire nous permet de bénéficier d’une électricité à bas coût, du transport de nos marchandises ou du rythme de la réglementation. Ce que nous souhaitons, c’est avoir le même rythme règlementaire que nos concurrents européens. Cela fait partie des choses, qui à l’avenir peuvent nous aider. Pour parler d’avenir, il y a les infrastructures nécessaires à la durabilité de notre industrie et à son attractivité.De manière complémentaire au pôle de compétitivité Axelera chimie–environnement, le gouvernement a récemment décidé de labelliser un « Institut d’Excellence » chimie décarbonée dans le cadre du Grand Emprunt. Ces instituts auront pour objet de mener une recherche coopérative entre industriels, grands groupes, entreprises de taille intermédiaire et PME, avec l’objectif de créer de nouvelles activités et de nouveaux emplois. Cet objectif concerne aussi la volonté de préparer de nouveaux métiers. L’une des caractéristiques de l’industrie chimique est que nous avons une main d’œuvre qualifiée. En Rhône-Alpes, nous avons la chance de bénéficier de la proximité des écoles de chimie, des universités, mais également des organismes de formation, Interfora Ifaip en est un très important, pour former nos futurs opérateurs, ingénieurs, cadres techniques pour manager des installations.

quel rôle doit jouer l’uic rhône-alpes dans l’accompagnement de ces enjeux ?Dès le départ, l’UIC Rhône-Alpes a été à l’initiative de ces enjeux. Une organisation professionnelle se doit d’abord d’être l’interface entre les industriels, ayant leurs préoccupations en termes de compétitivité, de pérennité, d’attractivité, et les services de l’État, ainsi qu’avec d’autres partenaires. Il faut par ailleurs être capable d’attirer les industriels étrangers qui souhaitent s’implanter en Europe. Il est donc important que nous fassions la promotion de la région avec tous ses atouts : formation, coût de l’énergie, infrastructures…

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quelles sont les transformations les plus marquantes du secteur de la chimie ces vingt dernières années?Elles sont à considérer depuis que la chimie existe, depuis 150 à 200 ans en Rhône-Alpes. À Lyon, on se rend immédiatement compte que la chimie appartient au patrimoine de la ville, grâce à la soie qu'il fallait traiter et colorer. Après est arrivée la pharmacie, puis beaucoup d’autres industries. La transformation de la chimie est permanente : elle évolue, elle s’adapte aux besoins des populations, elle invente aussi ce qui sera nécessaire demain. Des sujets d'actualité comme les questions sur l’énergie, les nouveaux matériaux, la réduction de notre impact écologique, doivent faire passer le message que la chimie n’est pas le problème mais la solution.

ce message induit une prise de conscience assez récente. De quand date-t-elle ?On a été confronté à plusieurs niveaux de prise de conscience : politique, grand public et professionnelle. Pendant très longtemps s’est posée la question de communiquer sur nos activités. Le secteur était la cible d'attaques sociétales récurrentes, liées au départ à des accidents, à des questions environnementales. Une des difficultés pour le grand public, c’est de faire le lien entre les usines de Pierre-Bénite ou de Saint-Fons et son quotidien. Lorsque vous passez devant une usine Nestlé ou Danone, cela vous parle. Lorsque vous passez devant une usine Rhodia, Arkema, Gatte Fossé, est-ce que cela intègre votre quotidien ? Pas sûr. Il y a quelques années, le film Une journée sans chimie montrait bien cela. On prenait dans une pièce tout ce qui avait un lien avec la chimie. Les trois quarts des choses disparaissaient...

comment renforcer le lien entre l’industrie et l’utilisateur final en termes d’image et de pédagogie ?La crise a montré que la création de valeur passe par l’industrie. Elle a même renforcé la prise de conscience du besoin de maintenir et de développer l’industrie en France. C’est la position qu’a eue l’Allemagne depuis toujours. Les PME allemandes ont prospéré pour devenir des entreprises intermédiaires alors que chez nous cette transformation n’a pas eu lieu. Deuxième élément : les enjeux planétaires. La population mondiale croît de deux personnes par seconde. Comment répondre aujourd’hui avec des schémas traditionnels aux besoins qui vont se faire sentir dans les années 2050 à 9 milliards d’individus ? Il va falloir les nourrir, leur donner de l’eau potable, traiter leurs déchets, trouver une économie recyclable, les équiper en énergie, s’occuper de leur confort.

Délégué général de l’uic rhône-alpes

jean-jacques gilloT

La chimie n’est pas leproblème mais la solution.

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C’est un enjeu considérable ! Notre capacité d’innovation et de recherche, le côté inventif de la chimie peut répondre à tous ces défis. Il faut réduire les consommations, l’empreinte écologique, les gaz à effet de serres. Comment y arriver ? En allégeant les véhicules, en utilisant des matériaux nouveaux, des technologies nouvelles pour les bâtiments. Nous sommes les mieux placés pour le faire.

redonner une place centrale à la chimie dans les dispositifs environnementaux...?… Faire comprendre quelle est notre contribution, en tordant le cou à des idées reçues. La chimie verte n’est pas que la chimie du végétal. Certains aimeraient que la chimie du pétrole soit terminée, qu'on trouve les ressources dans les plantes. La chimie dite

d’extraction végétale, une voie noble et prometteuse pour l’avenir, sera très limitée. D’une manière générale, la chimie de demain n’existera

que si la chimie d’aujourd’hui continue. Avec comme autre perspective, la révolution dans les procédés, c’est-à-dire les usines qui transforment leur façon de travailler. Des pôles de compétitivité comme Axelera travaillent sur ces questions, les besoins de demain, l'utilisation raisonnée des produits, les moyens de limiter notre impact environnemental.

est-ce qu’il y a des spécificités du secteur en rhône-alpes ?On trouve une bonne partie de la chimie dans notre région, un peu moins de pétrochimie qu'en PACA ou en Normandie. En revanche, nous avons des leaders mondiaux dans le traitement de l’eau, la désinfection, les matériaux de demain. Par exemple, pour l’inauguration de l’Année Internationale de la Chimie, j’ai cité une entreprise installée près de Grenoble qui fabrique des peintures innovantes, sans impact nuisible et qui apporte un confort supplémentaire inédit.

quels peuvent être les freins à l’évolution du secteur ?On se pose toujours la question de l’impact de nos activités par rapport au niveau des connaissances d'aujourd’hui. Le programme REACH prévoit que dès que l’on met une substance sur le marché, l’industriel puisse être en mesure d'en prouver l’inocuité. Très bien. Mais il y a beaucoup de choses déjà sur le marché, des innovations « anciennes » si vous me passez l'expression, dont on nous demande de mesurer l'impact dans 20 ou 50 ans. Comment savoir ? Appliquer le principe de précaution chaque fois qu’on produit quelque chose sans savoir en mesurer l’impact faute de recul, cela finit par signifier qu'on arrête tout ! Le principe de précaution ne s’applique pas aux personnes, ni aux sociétés, qu’à l’État. Il revient donc aux institutions de l’appliquer... Notre devoir en tant que chimiste est d’éduquer davantage ceux qui utilisent nos produits. Il y a besoin d’une chaîne de valeurs de celui qui a imaginé, conçu, innové jusqu’à l'utilisateur.

notre devoir en tant que chimiste est d’éduquer davantage ceux qui utilisent nos produits.

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que représente l’année internationale de la chimie en 2011 ?C'est déjà une reconnaissance. D’autant plus forte que c’est l’Éthiopie, un pays pauvre en chimie qui a milité pour que l’ONU reconnaisse l’Année Internationale de la Chimie. Sans doute ce pays estimait-il que la chimie avait apporté une très forte contribution aux besoins des populations, d’eau, de nourriture. Deuxième point, démontrer que la chimie c’est palpable. Ce n’est pas uniquement le souvenir d’école qui nous a embêté parce que nous n’avons rien compris, cela fait partie intégrante de l’économie, avec 150 000 emplois en Rhône-Alpes. Troisième point, c’est le lien entre les industriels, la production, le grand public, les riverains… Une volonté qui s'est dévoilée dès l’inauguration place des Terreaux avec l’implantation de 120 ballons sondes pour montrer la qualité de l’air. Il n’est pas fréquent que la place des Terreaux soit transformée et nous étions présents là où les gens ne nous attendaient pas.

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est-ce une manière d’aller vers le grand public ?Tout à fait ! Non seulement en utilisant le visuel des ballons, mais aussi par un contact direct. Les gens qui touchaient les ballons venaient ensuite vers les ambassadeurs présents pour leur poser des questions. On a même vu des mariés qui sont venus se faire photographier avec les ballons ! Et le Maire de Lyon a eu cette phrase : « On dit toujours que la chimie est loin dans la Vallée de la Chimie, pour une fois elle est venue en face de la mairie ! ». C’est un symbole très fort.

Façade principale : transformations

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Extérieur des bâtiments avant transformation

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Phases de démolition

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2TransformaTionDes bâTimenTs

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30 %

4 200 m² 15 kWh / m² / an

2 000 m2

2 200 m2

35 m3

de diminutiondu rayonnement thermique par une peinture réfléchissante comme procédé d’isolation de toiture (Innovation Prix Potier 2010)

objectifs de consommation d’énergie de ce bâtiment passif (consommation de chauffage, d’eau chaude sanitaire)

réhabilitationde l’existant

construction neuve

cuvede rétention d’eau pluviale

surface totaledes nouveaux bâtiments

30 à 40 % objectifde réduction de la facture énergétique par la reconstruction du bâtiment sud

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1 000 m3de béton

11 tonnes d’acier

13 000 m²de prémurs

2 000 m² de prédalles

58pieux pour les fondations

120 mde poutres

30 à 40 %

poteaux18

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Directeur du pôle interfora ifaip

en quoi la transformation matérielle du pôle interfora ifaip montre les directions vers lesquelles vous vous tournez ?Le lien n’est pas instantané mais cela contribue à faciliter les choses. Nous avions des locaux qui nécessitaient absolument d’être repensés. Les nouveaux bâtiments sont cohérents avec ce que l’on essaie de mettre en œuvre, en tant que vitrine de la chimie, puisque l’on y intègre des innovations importantes, dont une qui vient d'ailleurs de faire l’objet du prix de l’excellence de la chimie 2010. Ce que nous proposons comme environnement est assez innovant. Nous en attendons beaucoup sur le plan économique : une performance énergétique nous permettant de réduire notre consommation de gaz et d’électricité. Je ne peux pas imaginer le développement durable sans que la composante économique soit présente. Il faut aussi faire en sorte que ce bâti permette aux salariés et aux 9 000 apprenants qui passent dans nos murs chaque année, d’être en situation la plus ergonomique possible pour travailler, apprendre et pouvoir se consacrer à leurs missions.

vous avez travaillé avec l’uic (union des industries chimiques) rhône-alpes sur la conception de ces locaux. quel était le dispositif ?Sans l’UIC Rhône-Alpes, nous n’aurions jamais pu concevoir ce projet, très ambitieux à l’échelle d’Interfora Ifaip. L’ensemble des travaux représente environ 6 millions d’euros, une somme considérable que nous n’étions pas en mesure de lever par nos propres moyens. Nous avons soumis l’idée du projet à l’UIC Rhône-Alpes avant même d’avoir une idée précise et possible de celui-ci. Nos interlocuteurs ont eu l’idée de concevoir ce projet sur la base du développement durable. Des locaux passifs ou hautes qualités environnementales étaient l’occasion pour la chimie d’exprimer ses savoir-faire et sa contribution en matière de développement durable. Notre intention était de transformer le regard porté sur nos locaux. Je rappelle qu'il y a eu reconstruction d'un bâtiment passif, ainsi qu’une réhabilitation de deux bâtiments connexes pour lesquels nous attendons des performances haute qualité environnementale. En termes de réhabilitation de locaux industriels ou tertiaires, je ne suis pas sûre qu’il y ait un autre exemple en France.

marTine DumonT

Un projet architecturalexpression de la chimie durable

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en quoi ce projet architectural est-il lié précisément à vos métiers ?Il y a des parallèles évidents. Pour nos clients, suivre une formation est toujours trop cher. En revanche, si le projet que l’on va mener aboutit à des résultats qui transforment certains enjeux et lui permettent de réussir, il considèrera la formation comme un investissement plutôt qu'un coût. Pour ce projet, c’est la même chose. Nous l’avions prévu moins ambitieux. À partir du moment où cela permettait d’illustrer le savoir-faire de la chimie, les industriels se sont davantage impliqués. L’État et la Région se sont investis dans notre projet pour les mêmes raisons : nous constituons un exemple, le premier à ma connaissance, de centre de formation d’apprentis en Rhône-Alpes qui est construit sur ce schéma.

Chantier extérieur

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architecte - concepteur du projetatelier d’architecture hervé vincent

qu’est-ce qui vous a incité à participer au projet de reconstructiond’interfora ifaip ?L’architecture, c’est une réponse à un besoin social, à la mesure des hommes. Il s’agit d’habiter, habiter dans tous les bâtis, que ce soit pour du logement ou à destination professionnelle. Penser comme cela, c’est aboutir à l’idée de développement durable car on considère alors les hommes dans un environnement. On répond au besoin humain, à une problématique sociale. La réponse se traduit par des formes, des volumes, de la matière, des matériaux, ce que l’on appelle alors le vocabulaire architectural. On crée une réalité construite avec ses dimensions techniques et économiques.Je me bats au quotidien pour faire comprendre que notre devoir d'architecte consiste à trouver des solutions en adéquation avec une réalité économique, en étant attentif à tout ce que l’on peut récupérer dans le cycle de production habituel. Faire un bâtiment passif, c’est consacrer un soin particulier à la construction pour voir ensuite les charges diminuer. On passe de 280-380 kw par an au m2 à 15 kw, en adéquation avec les normes qui seront en vigueur en 2020-2023. Cela sensiblement au même prix d’un bâtiment ordinaire, norme 2005. J’ai vu trois objectifs particulièrement intéressants dans la conception de ces bâtiments. D'abord, la chimie est considérée comme un secteur polluant. Les nouveaux bâtiments sont la démonstration d’une réflexion sur le cycle de production, la récupération de la chaleur, de l’eau. C’est un prototype à l’échelle de l’industrie. Ensuite, l’ensemble des bâtiments comprend une partie à construire élevée entre deux corps de bâti à rénover. Comment rénover pour s’approcher le plus possible des normes 2020 ? Enfin, il y a un côté pédagogique : prendre en compte le stagiaire en tant qu’individu, agir sur sa façon d’être face au milieu industriel. Le cercle est vertueux.

quels sont les points forts des bâtiments ?Qui dit passif, dit enveloppe compacte donc pas de place perdue, afin d'éviter des volumes trop découpés. C’est une modalité de vie. On ne retient que ce qui est nécessaire. Deux exemples : nous nous sommes interrogés sur la nécessité d’installer l’escalier à l’intérieur de l’enveloppe thermique ; pour la verrière, s’il n’y a pas de source lumineuse, on consomme moins. Mais il y a aussi le plaisir de l’homme. Nous avons donc arbitré.

Un prototype à l’échellede l’industrie

hervé vincenT

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Trois entreprises ont travaillé à ce projet. quelles ont été les modalités de cette collaboration ?Chacun des acteurs avait une mission précise. L’entreprise GCC, mandataire de groupement de conception-construction, garantit le projet, le coût, les délais et assure la réalisation du chantier. Le bureau d’étude énergétique et fluide, la société Enertech, travaille sur la consommation électrique, sur l’enveloppe et la non-perméabilité des parois, le chauffage… L’architecte est le concepteur du bâtiment.

Chantier extérieur

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la rénovation d'interfora ifaip est-elle la seule de ce type à l'échelle régionale et nationale ?Elle peut être considérée comme unique dans la région, en ce qu'elle regroupe trois niveaux d’intervention sur une seule opération. D'abord, la démolition et la reconstruction du bâtiment central suivant le concept Passivhaus allemand, pour recevoir l'accueil, les parties administratives et les salles de cours. Ensuite, la rénovation légère du bâtiment nord pour le mettre à un niveau de performances de la règlementation actuelle. Enfin, la rénovation lourde du bâtiment sud pour atteindre un niveau de performance thermique BBC. Il est important de noter que nous ne connaissons pas de locaux de formation en France ayant de telles performances thermiques.

quel a été le parti pris de construction ?La construction du bâtiment passif est la plus contraignante car nous devons conjuguer de nombreux facteurs : une conception bioclimatique, des façades thermiques haute performance, une excellente étanchéité à l’air, une bonne inertie thermique du bâtiment, un système de ventilation double flux avec récupération de chaleur. Il est en effet indispensable de construire un bâtiment très bien isolé qui doit capter l’énergie du soleil, conserver l’énergie produite dans le bâtiment par l’activité des utilisateurs et stocker cette chaleur dans le bâti (murs et dalles).

quelles ont été les principales difficultés ?Elles proviennent de la position du terrain. Un bâtiment bioclimatique doit être tourné vers le sud. Sauf que le nouveau bâtiment devait être inséré entre deux constructions existantes. Il y a donc une partie de la façade sud masquée par le bâtiment existant, ce qui diminue les apports solaires. En revanche, la façade ouest reçoit une quantité importante d’énergie solaire l’après-midi. Cette façade étant l’entrée du bâtiment, nous avons choisi de la protéger avec des brise-soleil orientables.

comment a été gérée la rénovation de l’existant et la construction du nouveau bâtiment ?Dans un premier temps, nous avons démoli l’édifice central. Ensuite a débuté la construction du nouveau bâtiment passif et a été lancée la rénovation du bâtiment nord non utilisé pendant cette phase de travaux. La livraison du nouveau bâtiment a eu lieu fin novembre 2010 et une fois le déménagement des activités réalisé dans les nouveaux locaux, nous avons débuté la rénovation du bâtiment sud.

Directeur rhône-alpes de gccmandataire du groupement de conception-construction

Un bâtiment très largementen avance sur son époque.

michel perrouD

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quels sont les points forts de la construction ?Ils sont nombreux mais je n'en retiendrais que les principaux. Un très grand confort de vie car il n’y a ni courant d’air, ni paroi froide. Un renouvellement permanent de l’air grâce à la ventilation double flux. Un éclairage économique et confortable qui s’adapte en permanence à la luminosité extérieure. Des consommations de chauffage extrêmement faibles. Un bâtiment qui n’a pas besoin de climatisation en période estivale.

quelle organisation du travail a dû être prise en compte ?La conception d’un bâtiment passif demande une organisation particulière, car dès les premières esquisses de l’architecte, le bureau d’études doit réaliser une simulation thermique dynamique permettant de vérifier le fonctionnement énergétique du projet. Un certain nombre de paramètres constructifs doivent donc être choisis par l’entreprise, dès cette phase d’études, en coordination avec la maîtrise d’œuvre. Aucune modification de l’enveloppe ne peut être envisagée pendant toutes les phases d’études sans vérifier avec l’ingénieur fluides la compatibilité avec la simulation thermique. Le travail de l’équipe de conception doit donc se réaliser dans un échange permanent entre les différents acteurs.

quels sont les matériaux utilisés ?Nous avons retenu le béton pour la structure des murs et des planchers intérieurs afin d'augmenter la masse et donc l’inertie du bâtiment. Les façades sont en ossature bois : un système léger et très isolant qui permet de s’affranchir des ponts thermiques. L’isolation est en ouate de cellulose. Au-delà de ses excellentes performances thermiques, ce matériau permet d’assurer un déphasage thermique très intéressant l’été. Les menuiseries sont en bois à l’intérieur pour le confort et en aluminium à l’extérieur pour s’affranchir de l’entretien. Les façades ont été réalisées en bois de douglas autoclavé et en panneaux de fibre ciment. À l’intérieur, le béton est généralement laissé brut pour assurer un transfert rapide de chaleur.

Dans quelles mesures le bâtiment répond-il aux normes actuelles et à venir ?Un bâtiment passif comme celui d’Interfora Ifaip a des performances thermiques bien supérieures à la réglementation actuelle et même à la prochaine réglementation RT 2012 applicable au 1er janvier 2013. Le bâtiment a été conçu suivant les objectifs de la future règlementation 2020. Il est donc très largement en avance sur son époque.

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chercheur et enseignant à l’enTpe(école nationale des Travaux publiques de l’état)

comment définiriez-vous le territoire de la vallée de la chimie ?Pour moi, il y a deux éléments importants dans cette vallée : le fleuve et la chimie. On identifie ainsi pourquoi l’industrie chimique est là : parce qu’il y a un fleuve. L’eau est importante dans le process, à la fois pour son utilisation dans la fabrication, mais aussi pour l’évacuation des effluents, même si au fur et à mesure du temps ces derniers ont été épurés, ce qui n’était pas le cas au départ. L’autre raison de la présence de la chimie à cet endroit réside dans le fait qu’elle ait été chassée du centre ville de Lyon. Fin XVIIIe-début XIXe siècle, toute la chimie lyonnaise était constituée de petites entreprises aux Brotteaux, à Perrache, à la Guillotière. Elles étaient très liées aux soyeux. Mais ces mêmes soyeux qui dirigeaient Lyon ne voulaient plus voir cette industrie polluante « salir » la ville et gêner leur négoce. Elle a donc petit à petit été chassée et s'est regroupée à Saint-Fons autour de 1850, puis à Feyzin, Pierre-Bénite, etc. Le fait qu’il y ait de la production lourde, mais aussi de la chimie fine avec un pôle d’enseignement et de recherche est peu connu. On remarque plus facilement la quinzaine d’établissements classés Seveso et l’on oublie qu’il y a trois pôles de recherche : Arkema, Rhodia et IFP Énergies nouvelles. On oublie aussi le pôle Interfora Ifaip qui est une pièce maîtresse de l’ensemble. L’histoire se poursuit avec le Technopôle de Gerland qui établit la jonction entre l’Université et les centres de production.

les deux expressions qui ont été utilisées pour qualifier ce territoire illustrent cette évolution.On employait le terme « Couloir » de la chimie durant la période de la DATAR, celle des grands aménagements du territoire comme prérogative étatique. L’État essayait de qualifier les différents territoires par rapport à ces aménagements. Le couloir rhodanien est donc devenu rapidement le « Couloir de la Chimie » puisqu’un certain nombre d’entreprises du secteur s’y étaient implantées. Dans les années 1990, peu de temps après la décentralisation, les collectivités locales se sont saisi de cette appellation pour la transformer. Les médias avaient joué avec l’expression « Couloir de la Chimie = Couloir de la Mort ». Les élus locaux ont donc réagi face à un nom vécu localement comme négatif. Il y a eu « Chimie Rhône Vallée » qui faisait penser à Silicon Valley. Cette expression n’a pas pris, contrairement à la « Vallée de la Chimie », dénomination actuelle.

Le processus de transformationde la Vallée de la Chimien’est pas terminé.

françois Duchêne

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Chantier extérieur

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comment voyez-vous l’avenir de ce territoire ?Faire une prospective à 20 ans dans une économie mondialisée relève de la boule de cristal. Cela étant, il y a quelque chose qui se dessine autour du Technopôle où l’on a une chimie « blanche », de laboratoire, de médicaments, bien propre. D’autre part, il y a la chimie lourde, traditionnelle, en train de se transformer, de réfléchir à devenir ce que l’on appelle une chimie « verte », une chimie de l’avenir, sans carbone. Lorsque la partie Silicones de Rhodia a été rachetée par Bluestar et que l’on a vu des capitaux chinois arriver, on a pu craindre une délocalisation. Finalement, non. La mondialisation

peut aussi être un échange. On en a des représentations très liées aux peurs que l’on peut avoir, notamment par rapport à la délocalisation. Mais

on ne voit pas l’apport de capitaux que cela représente. De ce fait, la France est aussi réceptrice d’un certain nombre de capitaux. Nous avons des conditions de production intéressantes, à la fois par rapport au personnel qualifié, notamment grâce à Interfora Ifaip, au pouvoir d’achat des consommateurs et aux conditions de vie agréables, qui incitent les cadres internationaux à venir à Lyon. Tout cela dessine autrement ce spectre de la mondialisation qui souvent nous fait peur. L’exemple de Bluestar démontre qu’une entreprise peut changer de capitaux tout en restant sur place, en continuant à investir.Par ailleurs, il y a un effort de redécouverte du fleuve. Le Rhône a été très instrumentalisé par l’industrie, en particulier durant le XXe siècle. Avec le canal et l’entrée du port qui a été remodelée dans les années 1960, on a affaire à un fleuve très aménagé. J’ai le sentiment que du côté de l’État et des collectivités locales, il y a cette envie de retrouver un lien avec le fleuve. Cela a commencé à se faire rive droite du Rhône à Vernaison. Les collectivités locales se sont battues pour retrouver un débit plus important dans le Rhône. Il y a donc eu tractation avec la Compagnie Nationale du Rhône pour que la chute de Pierre-Bénite utilise moins d’eau et qu’il y en ait une partie qui repasse dans le vrai Rhône, le vieux Rhône. Cela a permis à Vernaison de mettre en œuvre un projet de remise en eau des anciennes lônes du Rhône. J’ai aussi vu qu’Arkema à Pierre-Bénite avait créé une roseraie en bordure du Rhône avec un bassin de décantation. Sur Saint-Fons, cela paraît plus compliqué avec l’autoroute. On a affaire à une voie de circulation rapide qu'il sera difficile de supprimer. Le lien n’est donc pas forcément simple. Mais j’ai le sentiment que c’est dans l’air du temps, aujourd’hui, d’essayer de retrouver un lien.

quelles sont les spécificités de construction dans cette vallée de la chimie ?Le bâti est en relation avec les gens qui y habitent. Il s’agit au départ d’un territoire ouvrier, très lié à ces industries de la chimie. Ce n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui. On constate quand même que ce sont des populations modestes qui habitent à Saint-Fons, Feyzin ou Pierre-Bénite. Je parle d’abord des populations car le bâti va avec. Pendant longtemps, à Saint-Fons, on avait un mélange d’immeubles de rapport et de cités ouvrières. Les immeubles de rapport étaient les plus simples possibles, sans fioriture, balcon ou encorbellement. Ils étaient relativement bas et faits de matériaux peu nobles. Ils permettaient de loger des ouvriers à la semaine, au mois. C’était donc très en relation avec l’activité qu’il y avait à côté.

la mondialisation peut aussi êtreun échange

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Un certain nombre de cités ouvrières sont assez peu visibles aujourd’hui, il faut vraiment avoir l’œil pour les retrouver. Ce serait intéressant que l’on puisse davantage les signifier. Il y a, par exemple à Saint-Fons, une ancienne cité ouvrière récemment rachetée par l’OPAC et en train d’être transformée. Lorsque l’OPAC avait acheté ce logement, nous les avions rencontrés avec un groupe d’étudiants. Ils nous avaient confié que c’était une opération financière et foncière, une opération de démolition / reconstruction. Étant donné que l’on avait affaire à une population vieillissante, cela leur permettait aussi de spéculer à moyen terme sur la disparition de la population existante et de miser sur un renouvellement de celle-ci sans bousculer les gens, sans tout démolir et reloger tout le monde, mais par opération de tiroir. Il n’y avait donc aucune idée de patrimoine historique. En tous cas, il n’y a pas de marqueur particulier sur un patrimoine lié à cette industrie. Pourtant, les habitants peuvent être intéressés par l’histoire de leur territoire. Il ne s’agit pas de faire un musée, mais de montrer que la chimie est profondément liée à ce territoire et inversement. C’est vraiment une histoire ancienne, commune, qui se perpétue et qui passe par différentes phases.

à quand remonte la prise en compte de l’éco-responsabilité de la construction dans la vallée de la chimie ?Au début, on ne l’appelait peut-être pas de cette manière-là. Ce qui est déclencheur de toutes ces réflexions, c’est la loi de 1987 avec la mise en œuvre des premières zone de protection. Cette loi a obligé à inscrire le risque dans les documents d’urbanisme et d’aménagement. Dans la Vallée de la Chimie, cela s’est fait dans les années 1990. On a donc défini les zones à risques à l’intérieur des plans d’occupation des sols. On travaillait uniquement sur l’urbanisation future. On ne touchait pas à l’urbanisation existante et on définissait un certain nombre de prescriptions, d’interdictions de construire à certains endroits. Aujourd’hui, la deuxième génération est en train de se faire. La loi Bachelot de 2003 détermine les plans de prévention des risques technologiques et est en train de les définir : il faut du temps entre le moment où la loi est votée, les décrets d’application produits et le moment où cela s’applique sur le terrain. Dans la Vallée de la Chimie, ce

processus n’est pas terminé. Dans les plans de prévention des risques technologiques, on ne raisonne pas seulement sur l’urbanisation future, mais aussi sur l’urbanisation

existante. On se donne ainsi le droit, voire l’obligation de démolir à certains endroits et de reconstruire de façon solide, de consolider des constructions pour qu’elles puissent être plus résistantes en cas d’explosion. Pour moi, lorsque l’on parle d’éco-responsabilité, en termes de bâtiment, il y a tout un volet autour de la construction qui a généré beaucoup de production, technocratique au début, puis petit à petit, qui s’est inscrite et diffusée. Je me rappelle d’une réhabilitation de HLM derrière l’ancien bâtiment principal d’Interfora Ifaip. Nous étions en zone Z1 et, théoriquement, nous n’avions pas le droit de rajouter un mètre carré habitable. Or, le projet était d’installer des ascenseurs à cet endroit-là, un niveau de confort supplémentaire dans les appartements. Il y a donc eu un bras de fer entre les collectivités locales et la préfecture pour avoir les autorisations dans les années 1995-2000.

il ne s’agit pas de faire un musée, mais de montrer que la chimie est profondément liée à ce territoire...

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quelle est la valeur ajoutée d’un bâtiment comme celui d’interfora ifaip ? Ma première réaction a été de me dire que vous aviez enfin obtenu les autorisations pour pouvoir le refaire. Les lois de 1997 et de 2003 sont des lois protectrices mais en même temps, elles gèlent les avancées. En étant en zone Z1, la logique est de démolir dès que l’on touche à un bâtiment. De fait, je me suis dit que vous étiez enfin sortis de ce gel. Vous avez pu rompre avec cette sorte de malédiction de ne rien pouvoir toucher, sinon détruire. Ce que vous avez pu vivre à Interfora Ifaip, les collectivités locales l’ont aussi vécu, tout comme les organismes HLM, les particuliers, etc. Pour toutes ces zones qui sont à proximité d’un établissement classé Seveso, cela représente une contrainte très lourde et cela pose problème car on ne peut pas arrêter le temps. Or, la vie continue. Je suis donc ravi concernant la construction des nouveaux bâtiments d’Interfora Ifaip, avec toutes les garanties qu’il faut mettre autour. J’entends bien que vous positiviez ces garanties en Écolabel. Derrière cela, il y a le fait de pouvoir cohabiter avec l’industrie chimique.

Chantier intérieur

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Visite de chantier du personnel

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3TransformaTionDes hommes

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5 450

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+ de 300

+ de 90 %

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établissements partenaires (UFA - Unités de formation par apprentissage)

entités pédagogiques de lycées, IUT et Universités, École

de réussiteaux examens pour l’ensembledes formations

sites ou entreprises partenaires

formationsproposées de l’opérateur à l’ingénieur

apprentis

apprenTissage 2010

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9 000apprenantsen 2010

1er acteur régional pour les formations Risques Chimiques

54modules de formation Technique/procédés proposés

57modules de formationsanté-sécurité-environnement proposés

2,5millions d’euros de CA

100 %de formateurs consultantsont travaillé dans l’industrie

5 100

formaTion conTinueeT conseil 2010

100 %de réussite aux formationscontinues diplômantes

74nombre d’entreprises dans lesquelles des projets en intra ont été conduits

45 % des entreprisesdans lesquelles des projets en intra sont conduits se situent hors Rhône-Alpes

109 276 nombre d’heures de formations dispensées

heures de formationRisques Chimiques dispensées

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Directeur du pôle interfora ifaip

Le pôle Interfora Ifaip est un ensemble de structures complémentaires qui concourent à la même vocation : contribuer à la performance industrielle de nos clients en situation professionnelle, en agissant sur les hommes et les organisations, pour atteindre des résultats mesurables. Il comprend des activités d’apprentissage et des activités de formation continue et de conseil. Dans la partie apprentissage, on retrouve deux structures : l'une « dans nos murs » qui conduit à des formations d’opérateur technicien jusqu’au bac, l'autre « hors murs », c’est-à-dire que nous travaillons avec des sites partenaires (écoles d’ingénieurs, universités, établissements scolaires...) qui forment jusqu’au niveau ingénieur. Nous formons donc en apprentissage de l’opérateur à l’ingénieur. En formation continue, nous couvrons un spectre très large dans le champ des métiers de production, c’est-à-dire aussi bien fabrication, laboratoire, maintenance, logistique. Nous avons une activité dite « règlementaire », déclenchée par un cahier des charges prescrit soit par une règlementation, soit par un choix de la branche. Nous avons par ailleurs des activités non prescrites, dans lesquelles on va travailler les compétences soit individuelles, soit collectives d’une équipe ou d’un atelier, voire d’une entreprise complète. Elles s'exercent sur le domaine technique, mais aussi dans le champ managérial.

concernant l’apprentissage, comment faites-vous pour recruter des jeunes ?Il y a deux « familles » de jeunes. Ceux qui sont dans le circuit Bac et les autres. Le baccalauréat représente une charnière majeure, une porte d’entrée obligatoire pour poursuivre des études supérieures. Pour des jeunes du même âge, cela marque des différences de comportement et de détermination face aux métiers de la chimie. Des jeunes avec une scolarité pas forcément linéaire ne choisissent pas délibérément la chimie : ils aspirent à travailler. De facto, ils en ont une représentation complètement faussée. Il y a une diversité énorme de situations. Et ce qui me paraît important lorsque l’on choisit une filière, un métier, c’est toujours de pouvoir changer de métier. Aujourd’hui, on ne fait plus carrière dans une seule entreprise, ni même sur une trajectoire linéaire. On est amené à repenser ses orientations soit selon des choix personnels, soit en fonction de circonstances externes liées à des environnements économiques. Ce phénomène sera encore plus fréquent demain. L’intérêt des métiers de la chimie, c’est que l’on continue d’apprendre. Les métiers de la chimie sont des métiers complexes pour lesquels on ne voit pas grand-chose, ce qui est un peu la difficulté. La production est enfermée dans des tuyauteries, des cuves. Le produit n’est donc visible qu'au moment où il sort... Cela suppose de pouvoir se forger des représentations du procédé lui-même, à l’intérieur des installations. Donc une certaine forme de curiosité.

marTine DumonT

Former pour transformer

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Session de formation

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comment amenez-vous les jeunes à mieux connaître la chimie ?Nous consacrons des moyens extrêmement importants. Une personne à temps plein, tout au long de l’année, mène des actions auprès de l’ensemble des acteurs en lien avec les jeunes. En premier lieu, auprès des établissements scolaires. Nous participons aussi aux manifestations de la région autour de ce qui peut être de nature à attirer les jeunes vers l’apprentissage et vers nos métiers. Il y a le relationnel quotidien de terrain avec tous les acteurs de l’emploi au sens large : les missions locales, les CIO, les agences Pôle Emploi, etc. Un travail de fond. Par exemple, nous avons mis en place un voyage initiatique pour les professionnels de l’emploi, une invitation à venir passer une demi-journée avec nous, au cours de laquelle on leur présente les métiers, avant de les emmener à la rencontre des entreprises. Ils sont donc au contact des métiers qu’on leur a préalablement présentés. Pour intéresser directement les jeunes, nous travaillons actuellement sur la préparation d’un Serious Game, accessible à partir d’un PC ou d'un smartphone, qui permet de jouer en tant qu’expert et conseiller auprès du maire d’une ville pour améliorer le développement durable de celle-ci. Le principe réside dans le fait qu’il faut proposer des solutions, tout en gagnant des points et en étant en compétition avec ses amis. Ce qui est intéressant, c’est qu’on apprend sans s’en rendre compte. C’est une innovation majeure qui est l’occasion pour nous de tester un dispositif pédagogique pour lequel les jeunes générations seront particulièrement sensibles.

concernant la formation continue, quelle est votre démarche commerciale vis-à-vis des entreprises ?Nous avons la chance de bénéficier d’une forte notoriété puisqu’Interfora existe depuis les années 1950. Cependant, ce fait est à double tranchant. Nous sommes repérés par nos acteurs institutionnels classiques, les grands groupes par exemple, mais ils nous voient avec l’image qu’ils ont eu de nous à un moment donné. Nous avons donc un important travail à faire pour mettre à jour la connaissance de nos clients de nos savoir-faire, qui ont considérablement évolué ces dix dernières années. Notre ambition est de pouvoir répondre aux besoins de toute entreprise, quel que soit son lieu géographique. D’abord, il y a une démarche de communication par laquelle on vise à se faire identifier en utilisant des outils variés (site internet, plaquette). Ensuite, la démarche commerciale s'organise autour de plusieurs acteurs. D’abord, avec l'activité règlementaire, notamment « Santé Sécurité Environnement », à partir du moment où le cahier des charges est figé, nous avons un programme de formation imposé. On peut considérer cela comme un produit catalogue. Dans ce cas-là, on procéde à des campagnes de télémarketing, avec une équipe d’assistantes clientèle. Concernant la formation continue, l'intérêt n’est pas de vendre un produit constitué au client, mais de construire une démarche avec lui dans laquelle nous explorons sa problématique avant de rechercher dans notre « boîte à outils » la composition ad hoc pour bien y répondre. Des chargés de relations client ont un rôle de premier contact pour expliciter l’ensemble de nos démarches et faire comprendre la philosophie de nos interventions. Une fois cette première piste établie, des formateurs consultants prennent le relais pour piloter des équipes ou coordonner les interventions tout en ayant une responsabilité commerciale. C'est une phase d'approfondissement des

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Hall demi grand bâtiment sud

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problématiques, qui nécessite que l’on rencontre les acteurs de production, via des visites dans l'entreprise qui permettent de repérer de visu. Lorsqu’on a eu le premier contact et que l’on rentre dans la phase d’approfondissement, nous perdons très peu de projets, ce qui veut dire que notre démarche est cohérente avec notre savoir faire.Notre rôle commence en amont de l’intervention pour définir son contexte, se prolonge pendant l’intervention elle-même avec une attention particulière du maintien du lien avec le projet initial, et se termine en aval pour accompagner le transfert de compétences en situation professionnelle.

les métiers de la formation ont-ils beaucoup évolué ?C'est un casse-tête pour nous. Je considère que la formation devrait évoluer depuis quinze ans. Je connais très peu d’entreprises qui soient en capacité de mesurer le résultat de leur investissement en formation. Comme nous avons pris ce parti-là, nous avons beaucoup de mal à faire comprendre que notre offre n’est pas un catalogue, comme un produit sur une étagère. C’est quelque chose que l’on construit avec nos clients. Un projet peut courir sur des périodes de 18 mois à deux ans. Des multitudes d'éléments dans l’entreprise peuvent venir remettre en cause les décisions prises, y compris un changement de direction. Nous sommes donc très attentifs pendant tout le cursus à garder en tête le point de départ, l'objectif et le cheminement, avec les indicateurs de cette ligne suivie, mais aussi les éléments perturbateurs du système. Voilà comment nous concevons la formation et je pense que ce n’est pas la représentation que l’on en a communément.

quelles grandes directions le pôle interfora ifaip prend-il pour les années à venir ? Interfora Ifaip s’investit dans la démarche de chimie durable. Dans les années 1950, période à laquelle le pôle est né, notre mission était de former le plus possible de collaborateurs aux métiers de la chimie. Nous avons joué ce rôle pendant plusieurs générations. Ce n’est plus du tout la problématique générale de la chimie. C'est désormais de travailler sur des logiques de multi compétences. Comment un opérateur peut-il concilier son métier de surveillance d’installations et son rôle d’acteur dans une équipe sur d’autres aspects (maintenance préventive, surveillance d’autres paramètres...) ? Cette problématique autour de l’élargissement des métiers fait clairement partie des axes d’Interfora Ifaip Ifaip. Ce que l’on développe est un cran au-dessus de cela. Nous ne faisons pas qu’amener les gens dans l’action, il faut aussi que l’on prépare le déploiement de chantiers de ce type-là. Autrement dit, une fonction d'ingénierie par rapport à ces compétences. Nous essayons ainsi de décrypter comment donner de la cohérence d’un atelier à l’autre, comment homogénéiser les pratiques en terme de conduite des ressources humaines. Il y a un enjeu majeur pour les années à venir qui dépasse le domaine de la chimie, qui concerne tous les salariés sur le fait qu'ils puissent devenir propriétaires de leurs compétences, pour les gérer davantage que les subir, voire les ignorer. Nous ne sommes qu’au début de cette prise de conscience. Je pense que petit à petit les salariés se rendront compte de l’importance de cela.

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Délibération de jury

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quelle est la politique de la branche en matière de relations sociales pour accompagner les mutations du secteur ?L’UIC a intégré très tôt le développement des compétences des salariés des industries chimiques dans ses priorités d’actions. Le dialogue social avec les organisations syndicales de salariés s’est structuré au fil des années et a permis de doter la branche de deux outils indispensables sur le champ de l’emploi et de la formation : un OPCA* et un Observatoire prospectif des industries chimiques.L’UIC accompagne les entreprises dans la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), un accord de branche a été signé à cet effet le 27 avril 2010. Identifier les compétences dont nos entreprises ont besoin aujourd’hui et demain nécessite une réflexion prospective sur les métiers compte tenu du contexte économique national et international ainsi que des nouvelles techniques et technologies à l’origine des mutations à l’œuvre dans notre industrie. De nombreux travaux ont été menés avec les partenaires sociaux et l’État pour identifier et accompagner ces mutations : le rapport Garrigue, un contrat d’étude prospectif, les États généraux de l’industrie, les comités de filières, etc. Compte tenu de ces réflexions, l’UIC a mobilisé des financements conséquents pour permettre aux entreprises de former leurs salariés, notamment en signant un engagement de développement des emplois et des compétences (EDEC) avec l’État en juillet 2009. Des actions de formation qualifiantes ambitieuses et un travail en profondeur ont été menés sur les certifications professionnelles. Identifier et reconnaître les compétences acquises dans le cadre d’une activité professionnelle permet de construire des parcours et de développer l’employabilité des salariés tant en interne qu’en externe. Le développement de la validation des acquis de l’expérience (VAE) est à cet égard une voie à développer notamment dans le cadre des tous nouveaux certificats de qualification professionnelle (CQP) créés en 2011. Sous l’impulsion de l’UIC, les partenaires sociaux européens se sont emparés de la problématique des restructurations et des compétences des salariés. Après plusieurs déclarations communes, ils ont signé le 15 avril 2011 le premier accord collectif au niveau européen relatif aux profils de compétences pour les opérateurs et les superviseurs de production de l’industrie chimique. L’accompagnement des mutations doit se faire avec les partenaires sociaux en entreprise et avec l’UIC tant au niveau national qu’au niveau européen.

Directeur général de l’union des industries chimiques

Identifier les besoinsde compétences nécessiteune réflexion prospective.

jean pelin

* OPCA : organisme paritaire collecteur agréé (C2P - chimie - pharmacie - pétrole)

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Test d’étanchéité à l’air

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quelles sont les attentes de l’uic vis-à-vis de structures opérationnelles de formation telles que le pôle interfora ifaip ?Les CFA et les organismes de formation des industries chimiques ont un rôle majeur à jouer dans la mise au point et le déploiement de la politique emploi-formation de l’UIC. En amont, ils participent à l’identification des besoins et des attentes des entreprises avec lesquelles ils sont en contact au quotidien : quels sont les métiers en tension, les nouvelles compétences nécessaires, les nouveaux métiers, les évolutions souhaitées au niveau des diplômes, les recrutements de jeunes, etc. Encore faut-il que cette information collectée remonte aux instances nationales de l’UIC (commission sociale, conseil d’administration) pour alimenter leur réflexion et celle des partenaires sociaux. C’est de l’analyse et de la synthèse de ces remontées du terrain que naîtront les projets de branche.En aval, ils participent à la mise en œuvre des actions décidées dont certaines reposent sur des partenariats avec l’État et les Conseils régionaux notamment en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes. Ils constituent avec les UIC Régionales et l’OPCA de branche le réseau de proximité au service des entreprises grâce à leur capacité de conseil et d’innovation pédagogique.Les CFA et les organismes de formation de la branche doivent donc travailler en lien avec l’UIC et les UIC Régionales afin de participer à la dynamique à l’œuvre au sein de la branche des industries chimiques.L’UIC a signé un accord de branche ambitieux en novembre 2010 prévoyant le doublement du nombre des apprentis d’ici à 5 ans. Un tel objectif ne pourra pas être atteint sans la mobilisation des entreprises et des CFA de la branche dont le pôle Interfora Ifaip en région Rhône-Alpes.

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Injection de ouate de cellulose pour isolation

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président de l’union des industries chimiques rhône-alpesDirecteur du centre de recherche rhône-alpes arkema france

la chimie a une image difficile auprès du grand public. que faudrait-il faire pour attirer les jeunes ?Cela nécessite des efforts de longue haleine. On cite souvent l’Allemagne comme un grand pays industriel d'Europe, avec une image assez positive de sa chimie. Cela n’a pas toujours été le cas. Fin 80, début 90, l’Allemagne avait des soucis importants d’image de marque de la chimie. L’image est d’abord de la responsabilité des industriels. En France, nous avons connu une situation difficile au début des années 2000, avec un accident industriel majeur. La règlementation comme des engagements volontaires des industriels ont amené l’ensemble des acteurs à communiquer autour de la chimie. Nous avions trop l’habitude de le faire de façon technique. La chimie, c’est beaucoup de gens bardés d’expertise qui communiquent autour de leur technicité. Ce n’est pas ce que souhaite le grand public. La crainte du risque nous oblige à mieux informer. C'est un devoir. Depuis dix ans, on a pu s’apercevoir, par des enquêtes d’opinion, que la perception évolue dans le bon sens. En organisant l’opération sur l’Année Internationale de la Chimie, c'est pour nous l’occasion de discuter. Nous nous sommes aperçus que 50 % des personnes interrogées ne contestent pas l’intérêt de la chimie, 30 % sont à l’écoute et 20 % sont moins favorables à notre industrie. Renforcer cette communication, c'est montrer que nous sommes exemplaires. Je comparerais cela au sport cycliste. Le Tour de France est aujourd’hui l’une des compétitions les plus contrôlées dans le monde en matière de lutte anti-dopage. Chaque fois qu’il y a un cas de dopage, c’est l’image du sport cycliste en général qui est dégradée. C’est la même chose dans le domaine de la chimie. On ne sait pas assez que c’est une industrie très sûre. Mais à chaque accident, cela rejaillit sur l’image de notre industrie. C’est notre devoir d’être absolument irréprochable sur le sujet, d’où l’importance d’intégrer ces problématiques dans la formation.

comment percevez-vous les prestations organisées par interfora ifaip autour du domaine de la sécurité ?Nous en avons besoin. Ces prestations sont importantes pour les industriels, particulièrement pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire. En Rhône-Alpes, 20 ou 30 % des salariés de l’industrie émanent de grands groupes, qui sont structurés sur la partie sécurité. Le reste, ce sont des PME et des entreprises de taille intermédiaire. Ces dernières ont besoin de formation sur le sujet. C’est vraiment

Interfora Ifaip est un signe extérieurdes mutations de la chimie.

gérarD guilpain

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fondamental d’accompagner en permanence les salariés, soit avec des notions de base, soit de mise à niveau des connaissances sur la sécurité. La sécurité, c’est un quotidien : des connaissances techniques et un comportement. Petit à petit, notre accidentologie diminue, mais il faut que cela soit des efforts de chaque instant.

quelles sont les caractéristiques d’interfora ifaip en matière de recrutement ?On demande à un jeune que l’on va recruter d’être immédiatement opérationnel. Le fait d’avoir travaillé au sein d’un pôle de formation dont nous reconnaissons la valeur est donc une bonne chose, en particulier concernant l'alternance. C’est très important d’avoir des jeunes formés à la fois à l’extérieur de l’entreprise, au sein d’un organisme reconnu par la profession, mais également en contact avec l’entreprise.

que souhaiteriez-vous pour interfora ifaip dans l’avenir ?Ce que je souhaite, c’est l’excellence. Au-delà du fait d’être reconnu au travers de l’UIC, je pense qu’il peut y avoir des formations qui intéressent d’autres branches. Aujourd’hui, la Région reconnaît Interfora Ifaip comme un centre de référence pour la chimie, puisque elle participe également à la reconstruction des bâtiments. Ce que je souhaite pour Interfora Ifaip, c’est que cette attractivité, comme celle de l’industrie chimique, soit durable. Ce que l’on peut globalement souhaiter, dans le cadre de la mise en place des « Instituts de l’excellence », c’est que le rôle des acteurs de la formation soit bien établi et qu’il y ait des liens, d’une part avec les industriels, mais aussi avec l’ensemble des acteurs des compétences de demain. Interfora Ifaip est un signe extérieur des mutations de la chimie.

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responsable de l’apprentissage sur le pôle interfora ifaip

Sur le pôle Interfora Ifaip, l’apprentissage est porté par deux CFA : le CFA Interfora Alternatives qui forme des apprentis jusqu’au niveau Bac et le CFA Ifaip pour les formations du supérieur, qui a la particularité d’être hors mur d’où la mise en place de partenariats avec différents établissements de la région, lycées, universités et IUT, écoles d’ingénieurs. Sur les deux CFA, des apprentis sont formés du CAP jusqu’à l’ingénieur.

quelle est la concurrence pour les cfa interfora ifaip en rhône-alpes et en france ?Nous possédons deux des trois CFA rattachés à la profession de la chimie dans la région. Dans le champ du supérieur la situation reste cependant concurrentielle. À l’heure actuelle, notre champ d’intervention est essentiellement régional. Les entreprises sont majoritairement situées en Rhône-Alpes, mais aussi dans toute la France puisque nous sommes présents, à travers l’apprentissage, dans une quinzaine de régions. Notre volonté est d’élargir notre offre en Rhône Alpes et pourquoi pas d’établir des partenariats avec d’autres Régions..

avez-vous suffisamment de candidats à l’apprentissage ? quelles sont vos actions pour en recruter ?La situation diffère suivant les niveaux de formation et les métiers visés. Au-delà du Bac, pour les formations de techniciens supérieurs à ingénieurs, nous avons globalement peu de difficultés de recrutement. En revanche, pour les métiers d’opérateurs, pour les formations CAP et Bac Pro Industries de Procédés qui y conduisent, nous avons un manque très important de candidatures au regard des offres de contrat d’apprentissage. Les entreprises qui cherchent à embaucher des opérateurs par la voie de l’apprentissage ont beaucoup de mal à trouver des candidats. Nous conduisons des actions très larges de recherche et de mobilisation des candidats, notamment en partenariat avec les structures de l’emploi (missions locales, pôle emploi), à travers des forums, des salons, des interventions dans les lycées. Nous avons inauguré cette année une journée « portes ouvertes » par semaine. L’insertion au niveau du métier d’opérateur est très bonne, et pourtant nous sommes régulièrement en manque de candidatures.

L’apprentissage permet de développerles compétences professionnelleset comportementales.

chrisTine rocrelle

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Roannaise de l’Eau - STEP de Roanne

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conduisez-vous des actions particulières pour faire connaître les entreprises de la chimie, le contexte de travail, aux apprentis ou aux professionnels de l’emploi ?Oui, nous menons des opérations avec les missions locales notamment, pour apporter l’information auprès des conseillers, qui vont faire passer le message aux jeunes. Pour les aider à se faire une représentation de ces métiers, nous avons mis en place une action originale : un voyage initiatique. Nous organisons une journée ou une demi-journée de visite en collaboration avec plusieurs sites industriels. Les conseillers des missions locales ont l’occasion d’échanger avec des opérateurs sur le site même où ils travaillent. Ils peuvent se faire une meilleure représentation des métiers de la chimie, de l’environnement de travail, pour relayer le message aux jeunes de façon plus efficace. A destination des 18/25 ans, nous venons de lancer Chem Next publié sur Facebook, un « serious game » à la fois ludique et pédagogique fera découvrir les multiples applications de la chimie et son rôle en faveur du développement durable.

constatez-vous une évolution des demandes d’apprentis de la part des entreprises ?Concernant les formations d’opérateurs, les demandes sont permanentes de la part des entreprises, aussi bien au niveau CAP qu’au niveau Bac Pro. S’agissant des formations du supérieur, nous avons une assez forte demande depuis quelques années sur les formations de laboratoire, pour tout ce que l’on appelle chimie durable, pour les métiers qui concernent l’analyse, sur les aspects réglementaires comme REACH ou sur les besoins de double compétence de « chimiste » et de « bio » pour les notions de toxicologie et d’écotoxicologie.

conduisez-vous des partenariats avec les cfa ?Pour l’enseignement supérieur en particulier, nous travaillons en partenariat avec des UFA (Unités de Formation par Apprentissage) du BTS (Chimie, Contrôle industriel et régulation automatique, Peinture encres et adhésifs...) aux formations d’ingénieur (ITECH), en passant par l’Université (IUT et département Génie Chimique de Lyon 1).Le CFA Interfora accueille essentiellement les apprentis dans ses murs, techniciens de traitement des eaux et opérateurs. Pour ces derniers, nous avons deux partenaires de formation : le lycée André Argouges dans le bassin grenoblois et le lycée François Verguin près de Roussillon.

comment répartissez-vous les tâches entre ces ufa et les cfa interfora et ifaip ?Les CFA ont la responsabilité générale de l’apprentissage, de l’ensemble des processus mis en place ; les UFA assurent les enseignements et suivent les apprentis. L’important pour nous est d’établir et de transmettre une culture commune « apprentissage », une culture industrielle et de développer les compétences professionnelles chez les apprentis. Cela se traduit notamment par des actions directement conduites par le CFA, sur les aspects sécurité et prévention. Nous avons également initié une action « développement durable » où les apprentis sont mis en situation à travers des jeux de rôles ce qui permet une représentation élargie du développement durable dans toutes ses dimensions environnementale, sociale/sociétale et économique.

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Lepercq

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quelles sont les valeurs clés portées par les cfa interfora et ifaip ?On s’attache à développer les compétences professionnelles et comportementales. Cela passe par des méthodes pédagogiques particulières, une formation individualisée, de manière à accompagner chacun dans un parcours différencié en fonction de son point de départ et de l’objectif que l’on s’est donné. À travers les dispositifs pédagogiques que nous proposons, nous mettons en place des situations qui favorisent un lien avec le contexte en entreprise et qui nous permettent d’évaluer les apprentis sur les aspects comportementaux.

quelle est la place de l’apprentissage dans la formation en général ?L’apprentissage est une voie de formation reconnue comme conduisant à l’insertion professionnelle. D’une manière générale, les taux d’insertion se situent autour de 80% dans les six mois qui suivent la formation. Ici, suivant les formations, nous avons même des taux de 100 %. Depuis quelques années, les pouvoirs publics soutiennent cette voie, notamment en prenant des mesures complémentaires pour favoriser l’accueil des apprentis dans l’entreprise et le bon déroulement de la formation. Je pense que l’on ne sait pas encore assez que l’apprentissage est non seulement développé jusqu’au niveau du Bac, mais aussi à tous les niveaux de formation et qu’il aboutit à l’obtention du même diplôme que par la voie traditionnelle étudiante.

parlez-nous des perspectives de développement des cfa.La branche professionnelle a signé un accord en faveur du développement de l’apprentissage en novembre 2010, qui a pour objectif de doubler le nombre d’apprentis présents dans la branche d’ici à 2016. Nous avons fait de cet objectif le nôtre puisque nous avons l’ambition de doubler les effectifs dans les cinq ans à venir. Nous sommes en train de créer une filière Production, avec notamment un BTS qui constituera une suite logique au Bac Pro et élargira l’offre pour les différents niveaux de postes d’opérateurs du niveau V au BTS, voire au-delà. Nous sommes en croissance également dans le domaine des métiers de l’eau.

cela aura-t-il un impact sur la formation ?Les évolutions en cours, chimie issue du végétal, amélioration des procédés, recyclage, amélioration de la qualité des eaux sont pour certaines des applications découlant de ces grands axes déjà industrialisées ou en cours de développement. Dans ce que l’on appelle intensification de procédés par exemple les opérateurs auront à contrôler et suivre des procédés déjà connus mais mis en œuvre de manière plus fine et pointue. D’une manière plus générale, même si nous travaillons sur l’acquisition de connaissances et méthodologies nouvelles c’est surtout sur le développement de l’autonomie, sur la dynamique d’apprentissage et sur la capacité à s’adapter que nous mettons l’accent et ceci à tous les niveaux de formation.

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Installation en toiture bâtiment sud

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responsable d’interfora performances sur le pôle interfora ifaip

Interfora Performances réunit les activités de formation continue et de conseil du pôle Interfora Ifaip avec différentes natures de prestations : formation et conseil en matière d’hygiène, sécurité et environnement, formations techniques pour les opérateurs et les techniciens, formation management et accompagnement d’encadrement de proximité, et enfin l’ingénierie RH qui complète et structure l’ensemble.

qu’entendez-vous par accompagnement ?Faire évoluer les comportements professionnels d’un individu par exemple nécessite qu’il prenne conscience de sa pratique, qu’il comprenne les effets qu’il produit sur son entourage, qu’il comprenne également le sens des objectifs qui lui sont fixés. Tout cela est un processus de changement qui prend du temps et nécessite d’avoir une forme de « miroir » pour se voir changer, un guide pour tenir l’effort de la transformation. C’est ce que nous faisons quand nous accompagnons des salariés dans des processus de changement. Nous sommes à leurs côtés, à intervalles réguliers, pour analyser avec eux de leur posture dans différentes situations.

quelle est votre concurrence ?Tout dépend de la nature des activités. Sur notre métier historique des formations techniques pour opérateurs et techniciens, nous disposons d’un positionnement tellement spécifique et ce depuis plus de 60 ans, que nous sommes en situation de leadership en France. Sur les activités management et hygiène, sécurité et environnement, le secteur est beaucoup plus concurrentiel, qu’il s’agisse de grands organismes de formation nationaux ou de petites structures locales.

quels sont vos atouts par rapport à cette concurrence ?Principalement notre connaissance en profondeur des clients et de leur organisation, notamment pour les industries chimiques et de procédés. Nous avons l’expérience de ces métiers et de ces structures. Ces atouts se concrétisent par la combinaison de nos savoirs (connaissances des industries et des référentiels de compétences) et de nos savoir-faire (conseil, ingénierie, pédagogie) au service de la mise en place de processus RH pris en main par le management opérationnel de nos clients. Nous sommes attachés à co-construire avec eux.

Notre métier est leconseil intégré.

sTéphane bonZi

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Accompagnement formation

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quelles sont vos démarches pour être davantage présent sur le terrain de la formation et du conseil ? Nous avons la chance, compte tenu de notre ancienneté, de bénéficier d’une large notoriété et nos clients nous sont souvent fidèles. Nous nous efforçons bien sûr de développer en permanence une offre innovante et pertinente qui renouvèle les pratiques et apporte une valeur ajoutée aux problématiques actuelles et en pointe de nos clients. Pour autant, nous devons élargir notre base de clientèle auprès de nouveaux prospects, qui passe par une proximité dans la relation commerciale pour assurer la continuité. Nous travaillons également notre visibilité par les réseaux professionnels en étant actifs lors de salons, manifestations, interventions en public...

avez-vous constaté une évolution des demandes de la part de vos clients ?La tendance actuelle des grandes entreprises est d’être davantage « propriétaires » des dispositifs de formation qu’elles déploient dans leur structure. Cela signifie par exemple qu’elles font davantage réaliser la formation par des formateurs internes. En revanche, elles nous sollicitent de plus en plus pour le pilotage, l’ingénierie du projet, l’accompagnement à l’élaboration des dispositifs de formation eux-mêmes. C’est un moyen pour l’entreprise de garantir l’adaptation de ces dispositifs à des besoins très précis et avec un discours interne. Notre objectif est alors de préparer les acteurs internes pour qu’ils puissent continuer de faire vivre le projet sans nous. Avec ce type de projet, notre posture a changé. Nous sommes passés du développement de compétences techniques de stagiaires opérateurs/techniciens à un rôle d’accompagnant des collaborateurs pour développer leurs compétences sur la construction de livrables, sur la maîtrise et le pilotage de dispositifs outillés.

quelles sont vos valeurs clés ?Il y a les valeurs que nous transmettons et celles qui animent la vision de nos métiers. Nous avons une manière de conduire les projets profondément inscrite dans le respect de l’humain. Nous ne sommes pas là pour mettre en porte à faux une personne en formation mais pour la rendre plus performante et plus à l’aise dans sa fonction. Pour nous, il est essentiel en interne comme dans nos interventions chez les clients, que les individus comprennent le sens des projets dans lesquels ils doivent se sentir acteurs. Le développement des compétences est également une valeur que nous promouvons comme perspectives d’évolution de tout individu dans sa trajectoire professionnelle afin de garantir son employabilité.

quel est l’intérêt d’être à la fois un organisme de conseil et de formation ?Mettre en œuvre de la formation doit permettre de répondre à des objectifs concrets et mesurables. Or, l’essentiel de la réussite des projets de formation trouve sa réponse non pas seulement dans la transmission de savoir et l’acquisition de savoir-faire, mais aussi dans la mise en place des conditions de réussite : s’assurer que les parties prenantes sont en phase avec ce projet, peuvent y contribuer, que les conditions définies au préalable ne sont pas en train de dériver, qu’à l’issue du projet les garanties prévues sont au rendez-vous, que les conditions de pérennisation du dispositif sont bien présentes... C’est en ce sens que nous parlons de conseil intégré à l’action de formation. L’intérêt d’être organisme de conseil et de formation nous permet d’articuler naturellement l’acte pédagogique avec ses conditions de réussite.

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quelles sont les perspectives de développement d’interfora performances ?Actuellement, nous cherchons à améliorer nos dispositifs de production pour être encore plus efficaces dans l’accompagnement de nos clients sur l’élaboration de dispositifs internes : quels outils, quelles méthodes ou processus pouvons-nous fiabiliser pour permettre un résultat moins artisanal, plus industrialisé. Nous travaillons également sur la thématique des risques psychosociaux. Notre volonté n’est pas de surfer sur un effet de mode, mais d’intégrer cette problématique aux différentes composantes de notre activité. Pour nous, parler des risques psychosociaux revient à traiter de la façon de manager les aspects de prévention des risques. Une autre évolution concerne le développement durable. Nous commençons à construire des réponses non seulement en termes d’offres de formation autour de la thématique « développement durable » en entreprise mais également sur la manière de les conduire. Renforcer les compétences techniques et comportementales des collaborateurs pour les rendre plus performants impacte directement les piliers social et sociétal mais aussi économique du développement durable de l’entreprise. Pour nous, le développement durable n’est pas le thème d’un nouveau module, mais une posture et une manière d’intervenir dans le déploiement de projets clients.

Façade arrière bâtiment centre

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responsable du csp (centre de services partagés)formation pour arkema france

en tant que csp vous centralisez l’ensemble des formations du groupe. quelles évolutions constatez-vous ?Un point revient très souvent, l’aspect SSE (Santé, Sécurité et Environnement). Depuis quelques années, les orientations sont toujours prioritaires sur ce domaine-là. Le contexte règlementaire évolue fortement, avec des contraintes en matière d’environnement et de sécurité, qui nous conduisent à un professionnalisme toujours plus grand. Autre domaine fort : celui du management. De gros efforts ont été faits pour accompagner les encadrants. Généralement, les personnes étaient excellentes techniquement, mais avaient besoin d’être fortement accompagnées pour l’encadrement d’équipe. Par ailleurs, nous avons toujours comme axe prioritaire l’intégration au sein de la société. Nous évoluons désormais dans un groupe international, nous avons davantage besoin que notre personnel connaisse mieux Arkema, qu’il ait une vision plus large. C’est aussi dû à la mobilité qui se développe, pas seulement au niveau de l’encadrement, mais aussi chez les techniciens de maîtrise et chez les opérateurs. Avec une vision plus large d’Arkema, cela facilite les échanges entre les différents établissements. Enfin, le dernier axe porte sur les métiers techniques. Technique, ce n’est pas forcément la fabrication, cela concerne aussi les fonctions support : les achats, les ressources humaines, la maintenance.

il semble y avoir un mouvement de réinternalisation des métiers...Nous allons effectivement réintégrer des fonctions auparavant sous-traitées à des prestataires externes. Dans la maintenance par exemple, cela porte sur cinq domaines principaux, qui vont recouvrir quasiment l’ensemble de nos métiers : électricité, instrumentation, mécanique, bureaux d’études, analyses. C’est à tous les niveaux, pas seulement celui de l’encadrement.

qu’est-ce qui a amené ce changement ?Des études ont été faites sur le sujet pour mesurer le coût, par rapport à la perte de compétences et à l'inverse, ce que ça pouvait apporter. On essaie d’extraire les compétences clés par métier, comme de manière générique, pour l’ensemble des salariés. Chaque établissement n’a pas forcément son propre référentiel de compétences, mais plutôt ses propres descriptions de fonctions. Ce n’est pas écrit de

isabelle anZalone

Développer des partenariats avecun organisme de formation,c’est en attendre du conseil.

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Arkema

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la même manière pour l’opérateur du site X et pour l’opérateur du site Y, mais c’est exactement la même chose. Cela permet d’avoir des données plus objectives, de facto de faciliter la mobilité entre les différents établissements.

comment intervient le csp formation dans cette partie ?Comme souvent, en aval. Une fois les compétences clés déterminées, notre objectif est d’étudier la création d’un parcours formation à piocher en fonction d'une analyse entre les compétences clés du métier et celles déjà acquises par la personne. Auparavant, au sein d’Arkema, nous n’avions pas du tout cette approche. Chaque site gérait ses propres besoins individuels. Aujourd'hui, le parcours des collaborateurs se professionnalise. C’est une tendance qui est en train de se développer. Sans doute pas instantanément pour tous les métiers, puisqu'il faut toujours du temps lorsqu'on est dans la culture du changement.

pensez-vous que le regard que vos collaborateurs portent sur la formation ait changé ?On en est aux prémices. Un gros travail a été fait avec des cartographies assez simples, sur l’ensemble des métiers que l’on peut avoir chez Arkema. L’idée était aussi d’étudier les passerelles. L’intérêt était de dire que l’évolution n’est pas seulement verticale, mais que l’on peut aussi évoluer horizontalement.

quelle lecture faites-vous de la façon dont vous travaillez avec interfora ifaip ? Auparavant, on achetait des prestations de formation sur un catalogue. C’était assez classique. Mais lorsque l’on développe des partenariats avec des organismes de formation, on attend beaucoup plus de conseil d’eux. C’est exactement ce que je retrouve avec Interfora Ifaip, notamment avec tout le travail sur les formations règlementaires. C’est né d’un échange assez libre sur le sujet qui nous a interpellés sur ce que Interfora Ifaip était capable de nous proposer. Et oui, cela nous a intéressé et on s’est lancé dans une analyse de nos formations règlementaires. Il y a des choses que l’on va acheter sur catalogue, toutes faites, qui marchent très bien. En revanche, certaines actions de formation nécessitent d'avoir des échanges et des conseils auprès de l’organisme de formation. Il faut que l’organisme ait une forte expertise. De notre côté, il nous faut être capable de développer de grands programmes, chose plus facile lorsqu'on a une vision plus large.

comment la relation avec interfora ifaip évolue-t-elle ?Nous allons être amenés à travailler davantage sur nos cœurs de métiers chimie. La plupart des personnes recrutées ces dernières années ont des connaissances techniques assez fortes, niveau Bac ou BEP. Dans ce cas, la connaissance de base, les personnes l’ont déjà. L’accompagnement se fera donc sans doute différemment, probablement davantage sur nos capacités de formation en interne. Nous avons une vraie culture de la formation au poste de travail. Mais je pense que nous pouvons encore progresser sur cet aspect-là. Comme les personnes ont les bases techniques, l’important est de les former à nos propres procédés. Pourquoi, puisque l’on a les compétences en interne, ne pas nous-mêmes, directement, dispenser ces formations ? C'est sans doute sur ce terrain que nous aurons besoin d'être accompagnés.

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quel est l'apport d'interfora ifaip sur le plan du recrutement ?Cela passe par un partenariat avec l’alternance, qui va encore se développer, presque comme du pré-recrutement. Depuis la mise en place du CSP, lorsque l’on intègre un jeune, c'est sur certains métiers stratégiques. Le CSP Recrutement fait les entretiens, pré sélectionne, même si la décision finale reste sur le site. Notre attente vis-à-vis d'Interfora Ifaip concerne cette pré sélection, puisque naturellement, les candidats, jeunes ou moins jeunes, se dirigent vers le pôle.

comment peut selon vous se développer votre travail avec interfora ifaip ?Je vois davantage d’accompagnement. Notre partenariat sur l’aspect technique se passe bien, mais il y a moins ce besoin de former notre personnel à partir des bases. Dans le détail, cet accompagnement concerne le terrain de la réglementation, de plus en plus complexe, mais aussi de nouveaux domaines d'expertise comme l'ingénierie financière, et pas uniquement l’ingénierie technique-métier. Si l’on n’a pas quelqu’un pour nous accompagner, cela devient difficile.

Hall d’accueil bâtiment centre

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responsable ressources humaines de basf pharma (st vulbas) sas

à quoi sert la formation dans votre entreprise ?D’abord, au développement du niveau de compétences professionnelles de nos collaborateurs. Également à accompagner les divers changements collectifs que l’on peut avoir au sein d’une entreprise. Enfin, la formation sert au développement des compétences, sous forme de certification ou de formation diplômante.

au fil des années, avez-vous mesuré si la place de la formation avait changé ?Par rapport à la culture d’entreprise, cela a toujours été comme ça. Mais on constate un changement au niveau de la perception de nos collaborateurs de la formation. J’entends par là que, jusqu’à il y a peu, c’était pour eux un exercice imposé. Aujourd’hui, c’est ressenti comme un investissement partagé. Nous avons maintenant beaucoup plus de demandes, qu’elles proviennent du collaborateur ou du manager, de plus en plus proches d’un réel cahier des charges, par rapport à un besoin identifié et à un résultat attendu.

comment se passe l'évaluation des objectifs ?Nous n’avons pas de méthode d’évaluation particulière des acquis, mais c'est quelque chose que l’on doit mettre en place. Cela passe par une évaluation générale du collaborateur. La formation est un point systématiquement abordé dans le cadre des entretiens annuels et des bilans intermédiaires. À partir du moment où il y a un développement identifié et formalisé dans le cadre de cette évaluation, on va le mesurer de nouveau l’année suivante. Le service RH est en position de conseil et d’accompagnement des managers à chacune de ces étapes.

Depuis combien de temps travaillez-vous avec interfora ifaip ?Depuis 16 ou 17 ans, c’est-à-dire depuis la création de notre site, au moment où il a été opérationnel, après sa première phase de construction. Il s’est avéré un besoin crucial de compétences « métiers et chimie » qui a permis le premier fort partenariat entre Interfora et Orgamol à l’époque. Depuis mon arrivée, il y a sept ans, je constate une élévation du niveau de qualification de nos opérateurs qui n’avaient aucune formation initiale dans la chimie. Nous avons monté un programme de développement qui, sur la base du volontariat, leur permet d’accéder à la formation diplômante AFPIC. À l’heure actuelle, un seul de nos opérateurs n’a pas encore bénéficié de cette formation. Au

Augmenter le niveau dequalification des collaborateursest une réflexion durable.

isabelle malleT

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BASF Pharma

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total, une trentaine de personnes a suivi cette formation, échelonnée au fil des années. Un tel dispositif peut être reproduit à l'avenir, sur d'autres niveaux de qualification. C’est un point sur lequel nous sommes en train de réfléchir. On l’a amorcé il y a deux ans avec nos chefs d’équipe, pour les faire bénéficier de la formation Brevet professionnel. Maintenant, nous souhaitons élargir cette formation à des aspects plus comportementaux, notamment par rapport au comportement du manager. C’est une réflexion que l’on aura davantage et en permanence à l’avenir, que ce soit pour nos chefs d’équipe ou pour nos opérateurs vis-à-vis des évolutions du métier. Cette boucle, qui consiste à augmenter le niveau de qualification des collaborateurs, est une réflexion durable.

en matière de budget de formation, quelle est la répartition ?Nous consacrons une large partie du budget au développement des compétences professionnelles des collaborateurs et à l’accompagnement des changements collectifs. Une moindre part est consacrée à la formation individuelle, mais elle intervient en anticipation.

quels changements pouvez-vous d’ores et déjà identifier ?En ce qui nous concerne, les changements vont probablement passer par de plus en plus d’automatisation de nos installations. Cela va engendrer un changement de métier pour nos opérateurs. Sur le fonctionnement même de l’entreprise, les évolutions devraient porter sur nos managers, au niveau de l’implication, du pilotage et de l’animation d’équipe.

vous allez vers une responsabilisation et une autonomisation plus grandes des managers ?Absolument. Comme de l’ensemble des collaborateurs. C’est un mot d’ordre global. Ce qui constitue une vraie évolution. Les profils que nous avons actuellement ne vont pas se trouver en difficulté majeure de compétences. Mais ils doivent trouver un mode d'adaptation.

comment interfora ifaip a contribué à vous accompagner ? Le point principal, c'est l’écoute des interlocuteurs d’Interfora Ifaip et la prise en compte de nos besoins. C'est à mon sens une réelle capacité à les identifier, à les adapter pour construire la formation en cohérence avec ces besoins. Par ailleurs, concernant les recrutements, je note qu'il y a vraiment eu un progrès considérable dans la méthode, dans la capacité à capter les bonnes personnes, notamment sur les aspects comportementaux. C’est une très grande richesse pour nous d’avoir Interfora Ifaip à nos côtés. Nous apprécions les démarches pour trouver des candidats aux formations chimie type Bac Pro et BEP.

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Intérieur bâtiment centre

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fanny barbier richarDresponsable rh de l’usine de saint-fons bluestar siliconesjérôme brunresponsable processus rh bluestar siliconessabrina chabberTgestionnaire formations bluestar silicones

sous quelle forme travaillez-vous avec interfora ifaip ? s.c. : Nous travaillons sur l'apprentissage comme en formation continue. En fabrication, nous avons des Bac Pro Industries de Procédés en formation initiale. Nous faisons régulièrement appel au CFA Interfora pour nos contrats en alternance. Cette année, nous avons monté des formations continues qui s’effectuent en intra entreprise avec des formateurs d’Interfora qui viennent faire des sessions chez nous ou avec notre personnel qui va se former en inter, notamment en management de proximité, pour que le personnel sorte du contexte de travail quotidien. f.b. : Un projet sur la valorisation des compétences a été monté conjointement avec Interfora Ifaip et a duré un an. Les sessions de management de proximité sont plus courtes, sur deux ou trois journées. L'avantage est que Interfora Ifaip n’arrive pas avec une solution toute faite, mais s’adapte à nos besoins. Nous faisons appel au pôle pour monter une ingénierie de formation ensemble. s.c. : Outre les formations en management, nous avons monté une formation « Communication et prise de parole ». L’intervenant est venu rencontrer les participants à cette formation pour savoir ce qu’ils attendaient, en matière d'objectifs et de contenu. Ensuite il a envoyé un programme qui répondait exactement aux attentes des personnes. On peut dire que c’est du sur mesure.f.b. : On ne se tourne pas vers Interfora Ifaip uniquement pour des formations techniques, mais aussi pour des formations en management, par exemple « Communiquer pour convaincre ». Le pôle possède un panel de compétences de plus en plus développé, qui intéresse les industriels aussi bien sur la partie technique que sur la partie humaine.

quel est l’objectif des formations dans le champ professionnel ? s.c. : À la fois garder un niveau de compétence, tout en contruisant un processus d’amélioration continu.j.b. : Selon moi, cela regroupe trois objectifs : l’acquisition, le développement et le perfectionnement.

Interfora Ifaip n’arrive pas avecune solution toute faite, maiss’adapte à nos besoins.

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Îlots mix learning Interfora Ifaip

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en attendez-vous un résultat mesurable ?j.b. : Nous ne le mesurons pas suffisamment. C’est compliqué à mesurer car nous avons beaucoup de formations très techniques. Nous évaluons au jour le jour, mais il faudrait faire plus sur ce sujet. Cette évaluation à chaud permet un retour sur le moment, à l’issue de la formation, pour savoir si l’apprenant a perçu la formation comme efficace, si le formateur était pertinent… Mais nous avons plus de mal ensuite à l'interroger pour savoir ce qu’il reste de cette formation, six mois ou un an plus tard. Il faudrait que l’on puisse développer quelque chose avec Interfora Ifaip à ce sujet. C’est à nous de mesurer, mais pas seuls.

constatez-vous une évolution de vos besoins ?j.b. : Clairement, oui. Les profils que nous recrutons sont un peu différents : des personnes avec un niveau d’études de plus en plus haut qui, paradoxalement, ont des formations de base moins complètes. Auparavant, il y avait le BEP Chimie en formation initiale. Désormais, les installations étant de plus en plus techniques, faisant de plus en plus appel à l’électronique, à tout ce qui est instrumentation, cela nécessite d’autres connaissances. Les cursus de formation à Bac+2 sont orientés en ce sens, du coup un peu moins sur le basique. Nous sommes donc amenés à ajuster les compétences sur les profils très techniques pour qu’ils réapprennent la base, alors qu’avant, on apprenait la technique à ceux qui avaient la base.

est-ce qu'interfora ifaip suit ces évolutions ?f.b. : Sur la formation continue, Interfora Ifaip s’adapte à nous dans la mesure où nous sommes très moteurs dans cette démarche. Concernant la formation initiale, c’est aussi aux industriels d’être plus communicants, de réussir à faire du marketing sur leurs métiers. L’Année Internationale de la Chimie permet d'ailleurs cela.

quelle est la répartition de l’investissement pour l’apprentissage et pour la formation continue ? j.b. : Nous avons une quinzaine de jeunes en alternance chaque année. Concernant la formation continue, nous formons nos adultes par petits modules dans le cadre des plans de formation ou via des CIF pour les formations diplômantes.

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Façade principale

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responsable formation france de rhodia

quelle place a la formation au sein de rhodia ?Pendant les années de difficultés économiques de Rhodia, nous avions tendance à avoir des heures et des budgets de formation plutôt en diminution. Avec l’amélioration de la situation, les heures de formation et les budgets sont repartis à la hausse. Ce phénomène est accentué par la complexification des organisations qui nécessite davantage de personnes compétentes à leur poste de travail, avec des connaissances plus nombreuses du fait du développement de la polyvalence. Ces changements doivent être accompagnés, d’autant plus en période de croissance. Aujourd’hui, c’est un message qui est bien passé au sein de Rhodia, qui est vraiment mis en avant au plus haut niveau de l’entreprise. La formation ne doit plus être une variable d’ajustement, elle doit avoir des moyens propres. Depuis fin 2009, nos budgets formation sont en hausse sans être jamais remis en cause. Dès que l’on change d’organisation, on se pose la question de savoir comment développer les compétences et quels moyens on va associer à cela. Il faut pouvoir accompagner l’évolution des besoins, des métiers utiles chez Rhodia. Par exemple, sur des métiers de maintenance, nous avons besoin de moins d’opérateurs mais plus de techniciens. Il faut des personnes capables de plus d’analyse, et plus uniquement des gens qui ont les mains dans le cambouis.

en matière d’ingéniérie, qu’attendez-vous d’interfora ifaip ?Le métier de formateur est un vrai métier. Même si l’on développe la formation interne, nous souhaitons être accompagnés. En interne, nous pouvons faire un premier travail d’expertise sur le fond, sur le contenu des formations. En revanche, cela pourrait être intéressant d’avoir des référents en matière d’ingénierie pédagogique qui nous aideraient sur la construction d’exercices, le séquençage, le timing. Nos attentes envers le pôle, c’est qu’il puisse construire des supports qui vont nous permettre de déployer nous-mêmes. Par exemple, la formation e-learning sur le changement de réglementation d’étiquetage des produits chimiques a été réalisée en partenariat avec Interfora Ifaip qui a construit les modules en utilisant notre expertise et qui a formé nos formateurs internes pour qu’ils démultiplient. C’est un exemple typique : c’est nous qui menons directement la formation auprès de nos salariés avec l’accompagnement d’Interfora Ifaip. Une entreprise qui se dirait qu’elle fait tout elle-même se tromperait grandement. Il faut donc pouvoir continuer à travailler avec des organismes extérieurs pour répondre au plus grand nombre.

La formation ne doit plus êtreune variable d’ajustement, elle doitavoir des moyens propres.

arnauD chouTeau

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Rhodia

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comment utilisez-vous le savoir-faire des seniors en interne, comme relais de transmission ?Pour les seniors, ce ne seront pas forcément des formateurs, mais plutôt des tuteurs. Ce sont deux choses différentes. Même si la finalité reste le développement des compétences, le transfert du savoir, du savoir-faire et des connaissances ne se font pas sur le même mode. Un formateur est devant une salle de plusieurs personnes auprès desquelles il va faire en sorte d’atteindre un certain nombre d’objectifs de formation et il va évaluer ce processus. Ce n’est pas forcèment le rôle des seniors dans l’entreprise, qui n’ont pas forcément développé les qualités pédagogiques nécessaires pour être à l’aise devant un public. En revanche, lorsque vous les positionnez comme tuteurs, ils sont en relation avec les personnes de manière interindividuelle dans un domaine qu’ils maîtrisent. Ils continuent donc d’exercer leur métier, tout en accompagnant individuellement des personnes qui viennent d’être recrutées, des apprentis ou des contrats de professionnalisation.

comment votre relation avec interfora ifaip a-t-elle évolué ? comment la voyez-vous dans le futur ?J’attends d’avoir avec Interfora Ifaip, et en général avec les organismes de formation, une relation de confiance et de rigueur. Si l’on s’adresse à quelqu’un pour faire de la formation, cela signifie que nous sommes nous-mêmes dans l’incapacité de le faire ou que nous n’avons pas le temps de le faire. On doit avoir mutuellement et totalement confiance. Mon interlocuteur doit être capable de me dire qu’il n’a pas compris les enjeux, comme moi je peux lui dire que cela ne me convient pas. L’objectif étant bien sûr de rectifier le tir. Que l’on me dise : « ce que vous demandez n’est pas possible » ne me pose pas de problème, au contraire, je préfère cela à un « oui » qui nous amène à l’échec. Cela montre que vous avez confiance pour que je revienne vers vous et moi j’ai confiance en vous puisque je vous écoute. C’est vraiment quelque chose de très important.

quels sont les axes sur lesquels s’engager ? Pour moi, Interfora Ifaip, ce sont deux axes. Le premier, c’est l’apprentissage. Il est très important pour nous puisque le pôle forme des personnes qui seront salariés chez nous. La réussite de l’alternance c’est une collaboration forte entre Interfora Ifaip et l’entreprise. Notre complémentarité s’exerce sur la formation technique, mais également sur l’aspect comportemental. Le deuxième axe, c’est de continuer à nous accompagner sur toutes les formations techniques longues. Le pôle a une capacité et des installations techniques qui nous permettent véritablement de lui faire confiance.

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Liaison bâtiment centre – bâtiment sud

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Dans votre rôle vous êtes amené à rencontrer différents types d’entreprises. quelle est l’évolution de la formation ? quelles en sont les perspectives ? Je pense que la formation évolue dans deux directions. Il y a des formations très techniques, notamment autour des nouvelles technologies qui sont de plus en plus présentes dans les métiers. À l’inverse, il existe des formations qui permettent de mieux comprendre l’environnement de travail, nécessité pour pouvoir agir sur celui-ci. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans la logique du simple métier d’exécution, mais dans celle de construire l’organisation dans laquelle on va agir. Et ceci en permanence.

à tous les niveaux de l’organisation ou y en a-t-il de plus impactés ?Tous les niveaux ne sont pas équivalents. Les méthodologies dites « d’amélioration continue du travail », que l’on regroupe sous le terme de « lean et organisation », créent des espaces d’organisation du travail extrêmement contraints. Les personnes n’ont plus de marge de manœuvre. C’est aussi le cas pour des démarches qualité mal interprétées et mal comprises, qui enferment les personnes. Sans oublier celles qui travaillent encore à la chaîne où l’on a là aussi des situations très contraintes. Aujourd’hui, des démarches organisationnelles bien comprises vont plutôt concerner des personnes à des niveaux intermédiaires, notamment tous les métiers à forte production intellectuelle.

comment l’encadrement intermédiaire peut-il rendre l’organisation plus cohérente ?Même si cette expression d’encadrement intermédiaire n’est pas réellement définie, on est à peu près d’accord sur ce qu’il y a derrière. C’est dans ce cas-là que nous avons l’interaction de la formation avec le conseil. Il y a un besoin de compétences managériales pour l’encadrement intermédiaire, puisqu’il est en contact avec son équipe et qu’il doit la faire fonctionner avec un objectif de performance défini. En même temps, il a besoin de comprendre pourquoi ces objectifs lui sont définis et dans quel processus de travail il s’inscrit. Ce sont les opérateurs et l’encadrement intermédiaire qui connaissent la réalité du travail. Entre ce qui est défini par un bureau des méthodes et ce qui est fait, nous savons très bien que c’est l’opérateur qui ajuste au quotidien. S’il n’y a pas de remontée d’information entre le vrai travail et le niveau de décision supérieur, le système coince très vite. Une forme de résistance, « la grève du zèle »,

Directeur de l’agence aravis(agence rhône-alpes pour la valorisation de l’innovation sociale et l’amélioration des conditions de Travail)

Travailler sur l’organisationest un acte formateur.

laurenT balas

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Hall d’accueil bâtiment centre

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où l’on bloque le système tout en travaillant, mais en le faisant « bêtement », traduit le fait que le travail ne se résume pas à exécuter, mais à ajouter de l’intelligence dans les consignes données.

quelle influence peut avoir la formation sur les conditions de travail ?Il y a besoin de connaître, comprendre et savoir, savoir faire et savoir être. Le savoir est nécessaire notamment dans les technologies, les systèmes organisationnels, il y a des choses à apprendre, mais il faut aussi pouvoir répondre à la question : « comment vais-je l’utiliser dans l’organisation ? ». À Aravis, nous avons l’habitude de dire qu’une organisation du travail est un construit social. Nous pouvons en faire la démonstration par l’absurde : des entreprises qui font le même produit et qui sont différentes, ne sont pas organisées de la même façon. Ce construit social est le fruit d’une négociation sociale. Un mot à prendre au sens complet, c’est-à-dire mettre en musique les compétences d’une entreprise, l’histoire et le savoir-faire des personnes en fonction des ressources, de l’objectif et des stratégies qui diffèrent d’une entreprise à l’autre. Cette démarche est nécessaire au pilotage collectif du changement. Le conseil est un tiers catalyseur qui permet à l’équipe de travail de prendre du recul, de s’organiser par rapport à un objectif explicite et déterminé par une stratégie. Nous sommes ainsi dans le domaine du conseil et donc de la formation. Le réseau Anact et Aravis en particulier a développé il y a quelques années le concept de « formation-organisation ». Il signifie que l’on peut faire les deux en même temps. Travailler sur l’organisation est un acte formateur.

comment les changements technologiques, le multimédia impactent la formation ?Récemment, nous avons formé une partie de l’équipe à l’usage d’outils collaboratifs à distance. Un bon exercice qui a globalement bien marché. Cela permet à des entreprises de plus en plus éclatées de faire de la formation et dans certains cas, de réduire les coûts. En revanche, cela ne répond pas à toute la dimension pédagogique. Dans l’acte d’apprendre, il y a une relation affective. Il y a quelque chose qui se passe dans un groupe, entre un groupe et un formateur. C’est plus compliqué à distance. Mais pour certains types d’apprentissage, cela paraît tout à fait intéressant.

le « mix-learning », méthode d’apprentissage associant des réunions de groupe avec l’e-learning pour travailler individuellement, est-ce une bonne chose ? Je pense que oui. Nos collègues de l’Aract de Picardie proposent une formation « e-learning » en ligne sur leur site. Ils associent cela avec des espaces de regroupement des personnes pour donner des bases, partager des éléments communs, pour ensuite échanger et construire ensemble.

quelle est la place de l’apprentissage aujourd’hui dans la formation ?Je suis un fervent défenseur de l’apprentissage. L’alternance permet d’intégrer dans le cursus de formation une compréhension d’un système de travail dans lequel mettre en œuvre les apprentissages. L’apprenti a une réflexivité sur le travail quand il est en phase de formation et une réflexivité sur la formation quand il est en phase de travail. Du coup, cela dope le processus d’apprentissage.

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Façade arrière bâtiment nord

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quelles stratégies et perspectives pour un pôle de formation tel qu’interfora ifaip ? L’an dernier, nous avons réalisé un travail de prospective, symboliquement appelé « Quel travail dans 20 ans ? », qui a fait émerger plusieurs interrogations. Il ne s’agissait pas de dessiner l’avenir du travail, mais d’identifier les enjeux, donc les points d’attention sur lesquels il fallait réfléchir. L’une de ces questions concerne l’évolution du collectif, certains préférant appeler cela l’éclatement du collectif. Nous voyons bien que le mode de fonctionnement des collectifs, construit sur une vision industrielle de l’entreprise issue du siècle dernier, ne correspond plus à notre environnement technologique, social et économique, avec la mondialisation, la financiarisation, etc. La question aujourd’hui est « comment inventer des collectifs de travail qui répondent à ces enjeux économiques et au cadre psychosocial ? ». À mon avis, la formation doit s’emparer de ces questions et, de plus en plus, amener les personnes à réfléchir autour de la question du travailler ensemble. Par exemple,

les principes d’évaluation annuelle sont généralisés dans la majorité des entreprises. Mais connaissez-vous beaucoup

d’entreprises qui ont mis en place des systèmes d’évaluation des groupes de travail ? Pourtant, on l’a dit, ce qui est important n’est pas tant la personne, mais l’organisation dans laquelle on met les personnes. Je ne connais pratiquement pas d’entreprises qui mettent cela en place. Pour tout dire, j’y ai réfléchi pour ma propre entreprise, sans trouver le moyen de le faire. Mais je pense que cette question de la formation du collectif de travail va être quelque chose d’assez important pour des organismes de formation. Si on évalue le groupe, on pense la formation autrement, à deux niveaux : les compétences collectives et les compétences individuelles, et comment elles s’articulent entre elles. Parallèlement, les individus ont besoin de sécuriser leur propre parcours. Leur avenir ne se fait pas simplement dans cette équipe, aujourd’hui, il peut se jouer dans une autre entreprise, voire dans un autre métier. De nos jours, nous sommes amenés à passer dans quatre ou cinq entreprises différentes au cours d’une carrière. Caler une formation sur une organisation n’apporte donc rien. Il faut que le système d’organisation réponde aux préoccupations de performance actuelles, mais aussi futures pour l’individu.On a toujours intérêt à permettre aux personnes de s’arrêter et de prendre conscience de leurs compétences. D’où l’intérêt des VAE (Validation des Acquis de l’Expérience), des phases d’évaluation dans l’entreprise, etc. Cela participe à construire le parcours professionnel de la personne et de l’autonomiser dans ce parcours, lui donner les moyens de le construire.

si on évalue le groupe, on pense la formation autrement...

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Intérieur bâtiment centre

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2e vice-président du conseil régional rhône-alpesDélégué à la formation tout au long de la vie

la formation tout au long de la vie, quelle en est la réalité pour le monde industriel, en particulier pour la chimie ?Je ne suis pas un spécialiste de la chimie. Mais la notion de formation tout au long de la vie est, pour moi, centrale dans tous les domaines. Elle est corrélée à une évolution industrielle, économique, et à une évolution des personnes. Nous vivons dans un univers extrêmement mouvant au sein duquel les changements interviennent à une vitesse considérable, sans même que nous n’ayons pu les prévoir. Il est difficile de se limiter à une formation initiale permettant de reproduire les mêmes gestes professionnels toute une carrière. Il y a donc une dimension d’adaptation à l’évolution du tissu industriel et du monde économique. Il s’agit aussi d’un double défi, philosophique et humaniste, qui consiste à ne pas considérer les personnes comme une simple variable d’ajustement des évolutions économiques, mais plutôt comme des êtres capables de continuer à apprendre sans être enfermés dans les orientations de leur formation initiale. Il s’agit bien d’un vrai enjeu, face aux mutations de l’économie et face à cette revendication légitime de pouvoir rejouer sa vie professionnelle, de pouvoir développer des apprentissages à répercuter dans ses engagements professionnels… La difficulté réside dans le fait que ces deux exigences ne sont pas spontanément compatibles et la formation tout au long de la vie consiste à les rendre progressivement compatibles. Cela passe par le fait de mettre en interaction la formation initiale et la formation continue. Ces deux mondes se sont trop ignorés, alors qu’ils pourraient s’enrichir de leurs compétences réciproques. Il y aurait ainsi une continuité entre la formation initiale et la formation continue, pas nécessairement une rupture. La question du transfert est, me semble-t-il, celle qui exige une collaboration impérative. Le taylorisme est terminé, les gens ne vont pas reproduire en permanence les mêmes gestes techniques. Au-delà de la réussite immédiate de la formation, l’important est désormais la possibilité, pour un individu, de transférer, dans des contextes nouveaux, ce qu’il a appris dans des contextes spécifiques. Ce transfert nécessite une vraie formation.

La formation a un rôle essentielpour que chacun se reconnaisse commeexpert dans les tâches qu’il a accomplir.

philippe meirieu

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Façade principale

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l’alternance est-elle un bon système pour ce type de formation ?Elle la facilite. Au-delà, tout apprentissage doit être inscrit dans cette perspective. Aujourd’hui, la formation doit se centrer sur l’expertise au sens fort du terme, c’est-à-dire la capacité à prendre des décisions dans des contextes imprévus, en faisant appel à des analyses que l’on a eu l’occasion de pratiquer en formation, initiale ou continue. C’est cette expertise qui fait voler en éclats les vieux clivages, comme celui entre travail manuel et travail intellectuel. On a besoin de l’expertise et de l’excellence dans tous les métiers. Je suis très content, lorsque je me fais opérer, que chirurgien soit un métier manuel. Comme je serai extrêmement content, si je confie ma voiture à un garagiste, qu’il soit un intellectuel qui comprenne les circuits électroniques.

comment ces évolutions impactent-elles le métier de formateur ? Elles nécessitent une adaptation, un contact permanent avec les situations professionnelles complexes. La formation initiale est plus sensible aux dimensions de modélisation, elle transmet des modèles d’intelligibilité des situations professionnelles. La formation continue est traditionnellement plus sensibles à une forme d’empirisme de la pratique. Ces deux sensibilités doivent entrer en interaction pour s’enrichir réciproquement. Tout cela peut être accompagné par la mise en place d’outils destinés à assurer la continuité de la formation initiale et de la formation continue. Je souhaite, par exemple, qu’un « portefeuille de compétences et de connaissances » se construise dès la formation initiale pour accompagner le professionnel tout au long de sa formation continue et capitaliser les compétences nouvelles, mais aussi avec des « chefs d’œuvre », au sens des compagnons du Moyen Âge, sur lesquels il aura été particulièrement performant. Cet outil aurait l’avantage d’être un support pour la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). On aurait ainsi trois étages : articulation formation initiale / formation continue, outils d’accompagnement, VAE comme colonne vertébrale de la promotion professionnelle.

comment s’organise l’articulation entre l’individu et le collectif ?On a été longtemps dans une formation individuelle, sous le mode du compagnonnage, du tutorat et du monitorat individuel. À partir du XIXe siècle, on a collectivisé la formation en organisant des groupes de niveaux et de besoins… Aujourd’hui, on revient, à juste titre, à l’individualisation, qui est parfois confondue avec l’individualisme qui pourrait aboutir à un émiettement excessif. On oublie la dimension du collectif. Il faut trouver un équilibre structurant entre la part personnalisée et la part collective. Les sujets ont besoin de groupes structurants, d’architecture psychosociale, de cadres dans lesquels ils ont une place. Sinon nous aurons des entreprises qui seront des collections d’individus.

comment l’individu peut-il s’épanouir dans ce contexte ?Par la construction de l’identité professionnelle. Aujourd’hui, on insiste sur la notion de compétences, qui est intéressante et structurante, parce qu’elle permet d’établir des référentiels, de construire le métier d’une façon pertinente. Mais il ne faut jamais oublier qu’un métier ne se résume pas à la somme des compétences nécessaires pour l’exercer. Au-delà des compétences, il y a la transmission d’une culture de branche,

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d’une culture du métier, qui donne du sens à cette juxtaposition de compétences, un sentiment d’appartenance. Lorsque des gens entrent dans un lieu de formation, ils ne doivent pas être dans un self-service où ils vont acquérir des compétences juxtaposées, indépendamment d’un projet professionnel. Il faut qu’ils aient le sentiment d’entrer dans un lieu qui incarne lui-même la cohérence du projet professionnel dans lequel ils vont s’engager. À côté de la technique du métier, il y a la poétique du métier.

les technologies de l’information contribuent-elles à transformer la formation ?Je fais partie des gens qui se méfient de la totémisation de l’outillage. Il est tout à fait essentiel, mais il ne dit rien sur l’usage que l’on peut en faire. Avec un marteau, on peut fabriquer une magnifique bibliothèque ou tuer son voisin. C’est la même chose avec l’informatique. Les outils en eux-mêmes ne sont ni bons ni mauvais. Tout dépend de l’usage que l’on en fait. L’informatique peut apporter un plus significatif dans tout ce qui est exercice de simulation. Cela permet de faire des choses qui ne se font pas autrement. Avec un simulateur de vol ou de gestion, vous pouvez observer les effets en temps réel de vos décisions. Cela apporte un plus. Mais si l’on fait avec l’informatique seulement un peu plus vite ce que l’on faisait avant, ce n’est pas une révolution. Le diaporama par exemple, enferme. Il formate beaucoup. Il faut utiliser tout cela, sans en faire une sorte de totémisation. Que les formateurs mettent au cœur de leur métier les objectifs et qu’ils aillent chercher les outils pertinents. La parole ou l’écriture sont toujours de bons outils de formation.

Transformer les organisations relève-t-il du métier de la formation continue ?Les organisations sont en train de se transformer de fait. Mais elles ont un peu de mal puisqu’elles ont été pensées à une époque où le taylorisme était dominant. Il faut les faire évoluer. Les formateurs sont dans cette perspective, de bons acteurs. L’interaction entre formateurs et personnes de l’entreprise a un impact positif sur l’entreprise elle-même. L’alternance fait progresser les formés, mais également l’entreprise. La notion d’expertise que j’évoquais est une notion de plus en plus partagée. Beaucoup d’entreprises ont compris que l’on ne pouvait assigner les gens à des places de simples exécutants, que toute place était une place d’expert et devait être considérée et honorée comme telle. Dès lors, tout homme ou toute femme a une richesse à apporter, quelle que soit la tâche, quelle que soit la place qu’il ou elle occupe dans la hiérarchie. La formation a un rôle essentiel pour que chacun se reconnaisse comme expert dans les tâches qu’il doit accomplir.

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94INTeRFORA IFAIppatrick cléret président d'Interforajean-francis spindler président d'Ifaip

Directeur de publicationmartine Dumont directeur du pôle Interfora IfaipCoordinationDominique mansiet chargée de communication du pôle Interfora Ifaip

phOTOgRAphIeéric bernath

ÉdITION

Responsable d'éditionfrédéric blacherAssistanteadeline marconnetDirection artistiqueamandine vernay

IMpReSSIONimprimerie chirat

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ReMeRcIeMeNTS

Union des Industries Chimiquesjean pelin directeur général de l'UICgérard guilpain président de l'UIC Rhône-Alpesdirecteur du centre de recherche Rhône-Alpes Arkema Francejean-jacques gillot délégué général de l'UIC Rhône-Alpes

ATELIER D'ARCHITECTURE HERVÉ VINCENThervé vincent architecte concepteur du projetGCCmichel perroud directeur Rhône-Alpesmandataire du groupement de conception construction

ARkEMA FRANCEisabelle anzalone responsable du Centre de Services Partagés formationBASF PHARMAisabelle mallet responsable Ressources HumainesBLUESTAR SILICONES SAINT-FONSfanny barbier richard responsable RHjérôme brun responsable processus RHsabrina chabbert gestionnaire formationsRHODIAarnaud chouteau responsable formation France

laurent balas directeur de l'Agence Rhône-Alpes pour la Valorisation de l'Innovation Socialeet l'Amélioration des Conditions de Travailfrançois Duchêne chercheur et enseignant à l'École Nationale des Travaux Publics de l'Étatphilippe meirieu professeur des universités en sciences de l'éducation, 2e vice-Président du Conseil Régional Rhône-Alpes, délégué à la formation tout au long de la vie

INTERFORA IFAIPchristine rocrelle responsable de l’apprentissage du pôle Interfora Ifaipstéphane bonzi responsable d’Interfora Performances du pôle Interfora Ifaipmaud cadieu et joanna rabatel pour leur contribution ainsi que l’ensemble du personnel du pôle Interfora Ifaip

Arkema, BASF Pharma, Lepercq, Rhodia, Roannaise de l’Eau - STEP de Roannepour leur autorisation à la prise de vue de leurs installations

Le pôle Interfora Ifaip est constitué d’associations loi 1901.Au titre de l’apprentissage, le chantier a bénéficié de subventions d’investissement de l’Étatet de la Région Rhône-Alpes.Remerciements particuliers à l’Union des Industries Chimiques Rhône-Alpes, la Maison de la Chimie et les industriels pour leur investissement dans le pôle Interfora Ifaip.

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