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Il faut tout d’abord descendre vers la Sarine, en passant devant l’un des plus anciens chalets de la région, occupé au- trefois par une auberge construite au début du 18e siècle. On franchit la rivière à la hauteur de l’usine électrique pour ensuite longer le lac formé par un barrage, légèrement plus en aval. Après quelques centaines de mètres, le chemin se sépare. On peut rejoindre Lessoc en partant tout droit ou grimper à gauche en direction de La Brâ, longeant un ruisseau portant tout simplement le nom de « Le Torrent ». Et ça grimpe ! Quatre cents mètres d’ascension en lacets, à travers bois, avec de rares échappées sur la plaine. On transpire, s’arrêtant d’autant plus volontiers que les bords du sentier regorgent de framboises et de fraises des bois. On s’en goberge avec délectation. Une heure plus tard, on atteint un large chemin partant à flanc de coteau, presque à plat. On renonce à passer par La Brâ, ce qui prolongerait le parcours et contraindrait à une nouvelle montée de 200 mètres. C’est un bonheur de progresser maintenant avec légèreté, oubliant rapidement les efforts consentis pour parvenir sur ces hauteurs. La vue est dégagée et l’on mesure la différence d’altitude qui nous sépare des villages de ce Haut-Intya- mon ; Montbovon, Lessoc, Albeuve, entre autres, dont on aperçoit les maisons quasi lilliputiennes. Un renard, peu farouche, est tranquille- ment assis au milieu du chemin. Il nous regarde, attentivement et longuement, avant de filer avec agilité dans les bois en contrebas. En face, un peu sur la hauteur, un beau chalet semble attendre le randonneur. Peut-être y trouvera-t-on un banc pour se reposer ? Déception, le parcours passe bien en-dessous et il fau- dra attendre les prochaines pierres suffi- samment plates, au milieu d’un pré, pour prendre une courte pause, peu après une bifurcation proposant de partir vers Rossi- nières ou de revenir à Montbovon, ce qui permettra de boucler la boucle. La descente reprend de plus belle, à tra- vers une forêt qui vient d’être entrete- nue. Partout, des branches fraîchement coupées jonchent le sol. Les quelques arbres restant debout arborent des flèches jaunes guidant nos pas sur le sentier qui a presque disparu. Elles sont si nom- breuses qu’il est impossible de s’égarer dans ce dédale forestier. Voici maintenant une vaste clairière. On sort de la forêt pour continuer à perdre de l’altitude, cette fois dans les hautes herbes d’une prairie fleurie. Le soleil tape fort, même si de gros nuages qui s’amoncellent sur les sommets environnants semblent bien menaçants. Altitude 800 mètres. On est presque en bas. Encore quelques pas sur une étroite route goudronnée et l’on se retrouve devant l’usine électrique. Ne reste plus qu’à remonter dans le village, le long de la route. Ce n’est que devant l’église que l’on trouvera enfin le banc tant attendu. On s’y arrête un moment pour se désaltérer. Les nuages se sont dissipés et c’est à nouveau sous un grand soleil que l’on monte dans le train nous ramenant à Montreux, passant en tunnel sous le col de Jaman tout proche. Tour de la Joux Noire La petite gare de Montbovon se trouve à la jonction des voies de chemins de fer en provenance de Montreux, via les Avants, et de Bulle. On peut y voir passer les voitures anciennes du Golden Express qui, au départ de Montreux, va rejoindre l’Oberland bernois. C’est d’ici que l’on part pour une boucle autour de la Joux Noire, grande forêt au sud-est du village. Fribourg Texte et photos de Philippe Lecoultre

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Page 1: Tour de la Joux Noire Fribourg · Tour de la Joux Noire La petite gare de Montbovon se trouve à la jonction des voies de chemins de fer en provenance de Montreux, via les Avants,

Il faut tout d’abord descendre vers la Sarine, en passant devant l’un des plus anciens chalets de la région, occupé au-trefois par une auberge construite au début du 18e siècle. On franchit la rivière à la hauteur de l’usine électrique pour ensuite longer le lac formé par un barrage, légèrement plus en aval. Après quelques centaines de mètres, le chemin se sépare. On peut rejoindre Lessoc en partant tout droit ou grimper à gauche en direction de La Brâ, longeant un ruisseau portant tout simplement le nom de « Le Torrent ».

Et ça grimpe ! Quatre cents mètres d’ascension en lacets, à travers bois, avec de rares échappées sur la plaine. On transpire, s’arrêtant d’autant plus volontiers que les bords du sentier regorgent de framboises et de fraises des bois. On s’en goberge avec délectation. Une heure plus tard, on atteint un large chemin partant à flanc de coteau, presque à plat. On renonce à passer par La Brâ, ce qui prolongerait le parcours et contraindrait à une nouvelle montée de 200 mètres. C’est un bonheur de progresser maintenant avec légèreté, oubliant rapidement les efforts consentis pour parvenir sur ces hauteurs. La vue est dégagée et l’on mesure la différence d’altitude qui nous sépare des villages de ce Haut-Intya-mon ; Montbovon, Lessoc, Albeuve, entre autres, dont on aperçoit les maisons quasi lilliputiennes.

Un renard, peu farouche, est tranquille-ment assis au milieu du chemin. Il nous regarde, attentivement et longuement, avant de filer avec agilité dans les bois en contrebas. En face, un peu sur la hauteur, un beau chalet semble attendre le randonneur. Peut-être y trouvera-t-on un banc pour se reposer ? Déception, le parcours passe bien en-dessous et il fau-dra attendre les prochaines pierres suffi-samment plates, au milieu d’un pré, pour prendre une courte pause, peu après une bifurcation proposant de partir vers Rossi-nières ou de revenir à Montbovon, ce qui permettra de boucler la boucle.La descente reprend de plus belle, à tra-vers une forêt qui vient d’être entrete-nue. Partout, des branches fraîchement coupées jonchent le sol. Les quelques arbres restant debout arborent des flèches jaunes guidant nos pas sur le sentier qui a presque disparu. Elles sont si nom-breuses qu’il est impossible de s’égarer dans ce dédale forestier. Voici maintenant une vaste clairière. On sort de la forêt pour continuer à perdre de l’altitude, cette fois dans les hautes herbes d’une prairie fleurie. Le soleil tape fort, même si de gros nuages qui s’amoncellent sur les sommets environnants semblent bien menaçants.

Altitude 800 mètres. On est presque en bas. Encore quelques pas sur une étroite route goudronnée et l’on se retrouve devant l’usine électrique. Ne reste plus qu’à remonter dans le village, le long de la route. Ce n’est que devant l’église que l’on trouvera enfin le banc tant attendu. On s’y arrête un moment pour se désaltérer. Les nuages se sont dissipés et c’est à nouveau sous un grand soleil que l’on monte dans le train nous ramenant à Montreux, passant en tunnel sous le col de Jaman tout proche.

Tour de la Joux NoireLa petite gare de Montbovon se trouve à la jonction des voies de chemins de fer en provenance de Montreux, via les Avants, et de Bulle. On peut y voir passer les voitures anciennes du Golden Express qui, au départ de Montreux, va rejoindre l’Oberland bernois. C’est d’ici que l’on part pour une boucle autour de la Joux Noire, grande forêt au sud-est du village.

Fribourg

Texte et photos de Philippe Lecoultre