tome 2 résumé de l'étude scientifique

Tome 2 Résumé de l’étude scientifique

ENQUÊTE PUBLIQUEExtension de la

Réserve Naturelle Nationale de la Baie et du Marais d’Yves

Photos de couverture : © Thierry Degen / DREAL Nouvelle-Aquitaine © David Pacaud © Héloïse Maurouard

Projet d’extension Réserve Naturelle Na�onale de la baie et du marais d’Yves – Tome 2 – Résumé de l’étude scien�fique.

Résumé de l’étude scientifique

Table des matières

I. Approche environnementale globale : la zone de marais et la baie d’Yves.......................................4

I.1 Approche physique..........................................................................................................................4

I.2 Approche écologique.......................................................................................................................5

II. Les enjeux écologiques du site......................................................................................................10

II.1 Rappels des enjeux en présence sur la RNN du marais d’Yves...................................................10

II.2 Synthèse des milieux présents sur la zone d’extension................................................................11

II.3 L’estran : un enjeu fort pour la production primaire et les espèces marines................................12

II.4 Les principaux enjeux en présence sur la partie terrestre............................................................14

II.5 Un enjeu transversal des milieux terrestres et de la vasière : l’avifaune.....................................16

III. Complémentarité de la zone d’extension avec la RNN actuelle...................................................17

1


Table des figures

Figure 1 : Evolution du trait de cote de la baie d’Yves.........................................................................4

Figure 2 : Réserves Naturelles Nationales les plus proches d’Yves.....................................................6

Figure 3 : principaux zonages réglementaires environnementaux recensés.........................................8

Figure 4 : Principales protections foncières aux alentours de la zone d’étude.....................................9

Figure 5 : Pelobate cultripède (Pelobates cultripes) à gauche et Cynoglosse des dunes (Omphalodes

littoralis) à droite................................................................................................................................10

Figure 6 : Lagune de la Réserve Naturelle Nationale du Marais d’Yves (crédit photo : David

Pacaud)...............................................................................................................................................11

Figure 7 : Représentativité des habitats naturels en présence sur le périmètre d’extension...............12

Figure 8 : Herbiers à Zoostère (Zoostera noltei)................................................................................13

Figure 9 : Aperçu de la biodiversité sur les estrans rocheux de la côte Nord de Fouras, étages

médiolittoraux supérieur etmoyen – Photos : M. Le Duigou, avril 2019. . (a : Chthamale cerf-

volant ; b : Hermelle ; c : Patelle commune ; d : Anémone asiatique lignée ; e : Petit chiton épineux ;

f : Crabe vert ; g : Petite dynamène ; h : Algue-velours rouge ; i : Caulacanthe brûlée ; j : Fucus

spiralé ; k : Fucus vésiculeux ; l : Ascophylle)...................................................................................13

Figure 10 : Odondite de jaubert (à gauche), Renoncule à feuilles d’Ophioglosse (au milieu), Iris

maritime (à gauche)............................................................................................................................15

Figure 11 : Loutre d'Europe (à gauche), Vison d'Europe (à droite) (INPN).......................................16

Figure 12 : Bernaches cravant en reposoir à marée haute (crédit photo : D.Pacaud).........................17

Figure 13 : Principes de réaménagement écologique de la zone (extraits, édification d’une digue de

défense contre la mer au sein de la RNN d’Yves dossier unique de demande d’autorisation,

Département 17).................................................................................................................................18

Figure 14 : Zones à enjeux et principales complémentarités du périmètre d’extension avec la réserve

actuelle................................................................................................................................................19

2


Préambule

Ce résumé est tiré du dossier d’avant-projet de 2019 établi par Rivière Environnement et Aquabio

(annexe 1). Il est complété par de nouvelles données scientifiques (mention spécifique dans le

document).

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I. Approche environnementale globale : la zone de marais et la baie d’Yves

I.1 Approche physique

La Réserve Naturelle Nationale du marais d’Yves et son périmètre d’extension s’inscrivent au sein

d’un complexe territorial, paysager et écologique composé :

▪ D’un vaste territoire de marais localisé au nord du fleuve Charente incluant les marais de

Rochefort, d’Yves, de Fouras et de Voutron du sud vers le nord et présentant une surface d’environ

15 000 ha.

▪ D’une baie maritime d’environ 20 km² (Yves / Fouras) découverte à marée basse constituée

principalement d’une vasière et d’un herbier à zostère.

Ces deux grandes entités sont directement connectées entre elles et présentent des fonctionnalités

complémentaires notamment pour les oiseaux d’eau, le secteur des pertuis charentais présentant un

enjeu international de halte migratoire et d’hivernage pour de nombreuses espèces.

L’ensemble de la baie d’Yves est en zone submersible et est soumise à la dynamique littorale qui

peut se résumer comme suit:

▪ un phénomène historique d’érosion au nord de la baie (anse des boucholeurs) se traduisant par un

amincissement du cordon dunaire et un recul d’environ 60 m du trait de cote depuis 1950

Figure 1 : Evolution du trait de cote de la baie d’Yves

▪ un phénomène d’accrétion au sud de l’anse des boucholeurs traduite par un ensablement (environ

50 m gagnés sur la mer depuis 1950).

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▪ un phénomène d’érosion au sud de l’anse de Fouras, au niveau de l’ancienne décharge de Pré

Magnou (recul > 100 m depuis 1937)

▪ un maintien du trait de cote sur le reste de la baie.

On ne recense pas de réseau hydrographique dans le périmètre d’extension, à l’exception de fossés

de ceinture sur les parcelles compensatoires Nord du site des Boucholeurs et surtout sur la zone

d’emprunt et de compensation environnementale de la Guillotière. Le fonctionnement hydraulique

local s’appréhende à l’échelle des marais de Voutron (2 100 ha) et de la baie. L’écluse du Rocher

implantée sur le périmètre d’extension au sud de la RNN actuelle fut l’exutoire historique du marais

de Voutron (évacuation vers la mer de l’eau des marais en hiver). La gestion du marais s’effectue

aujourd’hui par le canal de Charras qui conflue avec la Charente vers le sud.

Ainsi, dans la situation actuelle, la baie d’Yves ne reçoit pas d’apport direct d’eau douce en

provenance des marais. Un apport d’eau douce régulier serait favorable à la biodiversité de la

vasière, ainsi qu’aux huîtres et moules élevées dans la baie d’Yves. Le DOCOB des marais de

Rochefort prévoit d’ailleurs une fiche action relative à l’amélioration des potentialités et de la

production biologiques des vasières de la baie par le rétablissement d’apports d’eau douce plus

réguliers via l’écluse du Rocher.

I.2 Approche écologique

En termes d’approche des outils d’inventaires ou de protection environnementale, le territoire

d’étude s’insère au sein d’un maillage de réserves naturelles nationales à l’échelle des Pertuis

charentais (fig. 2) étant donné l’importance internationale de la zone pour la conservation des

oiseaux d’eau.

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Figure 2 : Réserves Naturelles Nationales les plus proches d’Yves

Le site d’étude recoupe 4 périmètres de Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et

Floristique (ZNIEFF), et une Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Il s’agit

d’outils d’inventaires et de porter à connaissance du patrimoine naturel sans portée juridique directe.

Le périmètre d’extension recoupe également deux sites Natura 2000 : la Zone de Protection

Spéciale FR5410013 « Anse de Fouras, baie d’Yves, marais de Rochefort » (directive « oiseaux »)

et la Zone Spéciale de Conservation FR5400429 « marais de Rochefort » (directive habitats faune

flore ») qui font l’objet d’un document d’objectifs unique (13 536 ha). Les activités, projets et

travaux soumis à un régime de déclaration ou d’autorisation administrative notamment doivent faire

l’objet d’une évaluation préalable de leurs incidences au titre de Natura 2000.

La partie maritime du projet d’extension est concernée par le périmètre du Parc Naturel Marin

(PNM) de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis créé en 2015 et dont le plan de gestion a

été approuvé en 2018 et dans lequel la protection de la biodiversité revêt une grande importance.

Une réserve nationale de chasse et de faune sauvage est également présente sur une partie de la baie.

Concernant la protection paysagère, le périmètre du site classé « Estuaire de la Charente »

s’applique à l’ensemble du périmètre d’extension (zonage de protection paysagère). A ce titre, il faut

noter que le secteur est engagé dans une opération Grand Site « Estuaire de la Charente-Arsenal de

Rochefort - Charente-Maritime » qui poursuit trois objectifs :

▪ Restaurer et protéger activement la qualité paysagère, naturelle et culturelle du site ;

▪ Améliorer la qualité de la visite (accueil, stationnements, circuits, information, animations) dans le

respect du site ;

▪ Favoriser le développement socio-économique local dans le respect des habitants.

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Tous ces zonages environnementaux sont représentés figure 3 et disponibles dans le dossier

cartographique (Tome 6).

Le dernier outil de protection environnementale et paysagère recensé sur zone concerne les

acquisitions foncières des organismes ayant vocation à la protection de la nature et du littoral. Ainsi

le périmètre d’extension est intégralement couvert par la zone de préemption du Conseil

départemental (politique des Espaces naturels Sensibles) ou par des propriétés du Conservatoire du

littoral.

Hors site d’étude mais à proximité, le site de la Cabane de Moins (propriété de la Fédération

départementale des chasseurs classée en Réserve de chasse et de faune sauvage et pôle nature ; 150

ha) complète le panel de sites faisant l’objet d’une protection environnementale.

La Ligue de Protection des Oiseaux est également propriétaire de plusieurs parcelles situées entre

l’actuelle réserve et la zone d’emprunt ainsi que d’un ensemble parcellaire de 137ha situé au sein du

Marais de Voutron.

Les outils de la politique foncière sur le secteur sont représentés en figure 4.

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Figure 3 : Principaux zonages réglementaires environnementaux recensés

Figure 4 : Principales protections foncières aux alentours de la zone d’étude


II. Les enjeux écologiques du site

Les enjeux écologiques du site ont été définis à partir d’une synthèse bibliographique des études

existantes sur le secteur, complétée par des relevés de terrain.

II.1 Rappels des enjeux en présence sur la RNN du marais d’Yves

La réserve naturelle du marais d’Yves fait partie intégrante des marais littoraux de la région Centre-

Ouest de la France. L’originalité et la richesse de la réserve réside en sa géomorphologie très

particulière et unique sur le littoral charentais avec une alternance de cordons sableux et de zones

argileuses.

Cette diversité pédologique permet le développement d’habitats et d’espèces très diversifiés. Les

substrats sableux abritent notamment de nombreuses espèces de type méditerranéen rares et

localisées dont l’aire de répartition méditerranéenne-atlantique est souvent disjointe. En cela, la

réserve naturelle joue un rôle de première importance pour la conservation de ces espèces (ex :

Pélobate cultripède). La réserve naturelle abrite également de nombreuses espèces endémiques du

littoral atlantique (ex : Cynoglosse des dunes) inféodées à des habitats circonscrits à de petits

secteurs.

Figure 5 : Pelobate cultripède (Pelobates cultripes) à gauche et Cynoglosse des dunes (Omphalodes littoralis) à droite

Le caractère naturel des habitats présents dans la réserve lui confère également une condition unique

sur la façade atlantique où quasiment partout le littoral a été remanié et aménagé (marais salants,

conchyliculture, polders, urbanisation, etc…). Citons particulièrement la lagune, milieu à caractère

naturel de plus en plus localisé et rare sur le littoral atlantique, reposoir de milliers d’oiseaux

migrateurs.

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Figure 6 : Lagune de la Réserve Naturelle Nationale du Marais d’Yves (crédit photo : David Pacaud)

Rôle fonctionnel de la réserve pour la faune :

▪ Oiseaux : la complémentarité entre la réserve de chasse maritime et la réserve naturelle (partie

terrestre) est favorable au maintien et à l’augmentation de stationnements des oiseaux migrateurs et

hivernants (limicoles et anatidés).

▪ Les autres espèces animales subissent sans aucun doute l’enclavement physique de la réserve. En

effet, bordée par la route 2*2 voies au sud-est, par la voie ferrée à l’est, la route de l’Oasis au nord et

l’océan à l’ouest, la réserve naturelle souffre d’un isolement géographique de type insulaire, et la

colonisation d’individus d’espèces terrestres (amphibiens, reptiles, mammifères) ou volantes à

faible altitude (invertébrés) n’est pas favorisée.

II.2 Synthèse des milieux présents sur la zone d’extension

Comme sur le secteur de l’actuelle RNN, la diversité pédologique en présence sur le périmètre

d’extension permet le développement d’habitats (milieux) diversifiés. Trois grands types de milieux

supports sont présents :

▪ Les vasières de la zone d’estran

▪ Les marais littoraux composés notamment de lagunes

▪ Les milieux plus sableux du bourrelet côtier présentant parfois des affinités méditerranéennes.

Sur le périmètre d’extension étudiés, ce sont 32 habitats naturels et semi-naturels qui ont été

identifiés à partir de la bibliographie existante (et de relevés de terrain sur la partie terrestre).

Le graphique suivant présente la couverture relative des principaux habitats naturels recensés.

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Figure 7 : Représentativité des habitats naturels en présence sur le périmètre d’extension

La baie d’Yves montre une structure sédimentaire relativement hétérogène par rapport aux autres

baies des Pertuis Charentais. Cette diversité de structures sédimentaires et leur distribution

hétérogène au sein de la baie favorisent un grand nombre d’habitats (Bocher et al, 2011).

II.3 L’estran : un enjeu fort pour la production primaire et les espèces marines

La production primaire désigne la production de matière organique végétale (biomasse), issue de la

photosynthèse, par des organismes dits producteurs primaires.

La forte turbidité qui règne dans la baie d’Yves, et globalement dans les Pertuis Charentais, limite la

production de phytoplancton de la colonne d'eau, malgré les apports en nutriments. Par contre, les

microalgues et les plantes aquatiques qui tapissent la surface des vasières représentent la source

majeure de production primaire. Cette production est à la source de la chaîne alimentaire marine et

côtière. L’estran vaseux qui caractérise la baie d’Yves assure l’essentiel de la productivité de la baie.

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La baie d’Yves abrite des herbiers à Zostères sur une superficie significative (environ 205 ha d’après

la couche CARTHAM 2012).

Ces herbiers offrent un habitat à la microfaune de la baie (zones de refuges, zone d’hivernage, sites

de reproduction, nurseries favorables à la biocénose benthique). Cette microfaune sert notamment

de ressource alimentaire à l’avifaune migratrice.

Figure 8 : Herbiers à Zoostère (Zoostera noltei)

Les herbiers ont également un rôle mécanique et physique : ils freinent les phénomènes de houle et

de marée et piègent également les particules fines. En outre, ils contribuent à la réduction de la

turbidité et améliorent la pénétration de la lumière.

Enfin, d'un point de vue chimique, les herbiers contribuent à l'oxygénation de la colonne d'eau et à

la réduction des concentrations de nombreux polluants chimiques par bioaccumulation.

Il convient de noter que les surfaces des herbiers diminuent avec un recul progressif documenté

depuis 2015.

De nombreuses espèces typiques des estrans

rocheux ont été recensées sur le périmètre

d’extension. Elles représentent un enjeu fort d’un

point de vue fonctionnel, en tant que source

alimentaire indispensable à l’avifaune qui

fréquente les baies d’Yves et Fouras, notamment

en période d’hivernage.

Figure 9 : Aperçu de la biodiversité sur les estrans rocheux dela côte Nord de Fouras, étages médiolittoraux supérieur

etmoyen – Photos : M. Le Duigou, avril 2019. . (a : Chthamalecerf-volant ; b : Hermelle ; c : Patelle commune ; d : Anémoneasiatique lignée ; e : Petit chiton épineux ; f : Crabe vert ; g :Petite dynamène ; h : Algue-velours rouge ; i : Caulacanthe

brûlée ; j : Fucus spiralé ; k : Fucus vésiculeux ; l : Ascophylle)

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La zone d’estran du périmètre d’extension offre un milieu favorable aux espèces piscicoles marines

et notamment à des espèces d’intérêt commercial (Sole...). Elles y trouvent refuge, garde-manger et

des zones de frayère et de nourricerie notamment dans les herbiers de zostères.

La baie d’Yves est fréquentée majoritairement par :

• Des espèces à un stade de « juvéniles marins » (lieu jaune, sole commune et tacaud

commun).

• Des « espèces marines occasionnelles » qui fréquentent de manière irrégulière cette zone de

transition.

• Des espèces qui réalisent (généralement au stade adulte) des migrations saisonnières dans les

milieux de transition (sprat et anchois).

• Enfin, des « espèces autochtones » qui résident de manière permanente et qui réalisent donc

l’ensemble de leur cycle biologique dans ce système de transition (espèce dominante, le

gobie buhotte).

II.4 Les principaux enjeux en présence sur la partie terrestre

II.4.1 La flore patrimoniale

Ce sont près de 601 espèces d’intérêt patrimonial qui ont été inventoriées sur 5 grands types de

milieux :

• Le milieu dunaire

• Les prés salés

• Les pelouses (système prairial ras et sec)

• Les prairies au taux de salinité résiduel

• Les friches, très peu représentées sur le périmètre.

Parmi ces espèces, on note la présence de plusieurs espèces protégées au niveau national (PN) et

régional (PR):

L’Asperge maritime, Asparagus maritimus (PR)

L’Iris maritime, Iris reichenbachiana (PR)

L’Odondite de Jaubert, Odontites jaubertianus va.jaub (PN)

La Renoncule à feuilles d'Ophioglosse, Ranunculus ophioglossifolius (PN)

La Trigonelle armée, Trigonella gladiata (PR)

1 Les données de l’étude d’avant projet ont été complétées en 2020 et 2021 par des inventaires du Conservatoire

Botanique National Sud Atlantique

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Figure 10 : Odondite de jaubert (à gauche), Renoncule à feuilles d’Ophioglosse (au milieu), Iris maritime (à gauche)

II.4.2 La faune patrimoniale

En dehors de l’avifaune, l’intérêt patrimonial de la faune se concentre particulièrement sur les

amphibiens et les mammifères semi-aquatiques.

• Les amphibiens

Aux échelles nationales et régionales, ce groupe est en nette régression en lien avec la raréfaction de

ses habitats, et joue un rôle important dans l’équilibre des écosystèmes notamment comme source

de nourriture pour de nombreuses espèces à enjeu (mammifères semi-aquatiques, grands échassiers,

…).

Le périmètre d’étude est constitué de sites particulièrement favorables pour les amphibiens. Les

canaux, fossés, plans d’eau permettent également une importante capacité de dispersion. Ce sont 8

espèces qui sont recensées sur le secteur d’extension.

Le Pélobate cultripède, à fort enjeu local du fait d’une concentration de ses populations entre le

Médoc en Gironde et la Loire-Atlantique, présente une importante population au sein de la réserve

actuelle. Il trouve sur l’aire d’extension des milieux très favorables. En effet, l’association de

lagunes et de milieux dunaires constituent l’habitat de prédilection du Pélobate cultripède qui

s’enterre dans les milieux sableux.

Le Pélodyte ponctué est observé régulièrement dans l’anse de Fouras, très favorable à l’espèce avec

des prairies peu denses, des points d’eau temporaires et permanents.

• Les mammifères semi-aquatiques

C’est essentiellement sur les mammifères semi-aquatiques que porte l’enjeu du site en matière de

conservation.

Parmi les espèces protégées, la Loutre fréquente les marais de Rochefort et le périmètre actuel de la

RNN, de même que le Campagnol amphibie. Le Vison d’Europe, réputé présent sur les marais de

Rochefort, pourrait fréquenter le périmètre d’extension. La présence de la 2*2 voies et de la voie

ferrée notamment déconnecte quelque peu le périmètre d’étude (en dehors de la zone d’emprunt et

de compensation) de la zone d’habitats favorables des bas marais.

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@Thierry Degen


Figure 11 : Loutre d'Europe (à gauche), Vison d'Europe (à droite) (INPN)

II.5 Un enjeu transversal des milieux terrestres et de la vasière : l’avifaune

Situé sur le couloir de migration atlantique des oiseaux du paléantarctique occidental, le secteur de

la baie d’Yves et plus globalement le littoral charentais et son complexe d’îles et de vastes zones de

vasières est fréquenté en migration post-nuptiale et pré-nuptiale par les oiseaux d’eau migrateurs. Le

secteur présente un rôle d’intérêt majeur pour les migrateurs et hivernants. Les seuils d’importance

internationale sont dépassés pour certaines espèces de limicoles ou d’anatidés (Bécasseau maubèche

notamment).

L’estran avec ses vasières et ses herbiers de Zostère naine, ainsi que les vastes zones de marais côté

terre constituent autant d’habitats favorables aux espèces inféodées aux zones littorales et/ou

humides et ce, aux différentes étapes de leur cycle de vie. Sur le périmètre d’extension, la

fonctionnalité de la zone d’estran est majeure pour les limicoles principalement en ce qui concerne

le gagnage et le repos à marée basse. Les canards, les oies et les laridés sont également concernés.

Il a été démontré l’importance de la zone haute d’estran pour l’alimentation des oiseaux limicoles

dans la Baie d’Yves (programme LIMITRACK ; oiseaux équipés de GPS + suivis réalisés par les

agents de la RNN). Cette mise en protection de cette partie de la baie permettrait d’assurer une

protection d’une grande partie de la zone fonctionnelle utilisée par les oiseaux limicoles.

Pour les canards et les oies en hivernage, la RNN actuelle et la zone d’estran de la baie jouent un

rôle primordial, car seuls trois sites d’hivernage présentent la surface et le niveau de quiétude

nécessaires au stationnement d’un grand nombre d’oiseaux en marais nord de Rochefort : la réserve

naturelle du marais d’Yves, la réserve de chasse et de faune sauvage de la cabane de Moins à Breuil

Magné et la station de lagunage de Rochefort (Champion et al., 2005). Pour de nombreuses espèces,

l’enjeu du site est lié à la ressource alimentaire qu’il représente. C’est par exemple le cas de la

Bernache cravant, pour laquelle la baie constitue un important site d’hivernage et dont la présence et

l’importance des effectifs sont directement liées aux herbiers de zostère naine.

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Figure 12 : Bernaches cravant en reposoir à marée haute (crédit photo : D.Pacaud)

Sur la zone terrestre, les enjeux sont plus variés avec tous les groupes d’oiseaux représentés

(passereaux, anatidés, rapaces, …) et une plus grande diversité de fonctions : zones de reproduction

notamment, de repos, de gagnage.

Ainsi, les prairies sont très favorables aux espèces nichant au sol et qui sont en déclin du fait de la

raréfaction des surfaces de prairies naturelles : bruants, busards, alouettes… Au niveau des

Boucholeurs et de l’anse de Fouras, les grandes étendues de roseaux apportent une vaste zone

favorable à la reproduction d’espèces à enjeu fort sur le périmètre d’étude : Rousserolle effarvatte,

Locustelle luscinoïde… La présence de haies de Tamaris est également favorable à la nidification de

la Tourterelle des bois et les fourrés de pruneliers près des points d’eau au Gorgebleue à miroir.

III. Complémentarité de la zone d’extension avec la RNN actuelle

Cinq RNN sont présentes au sein des Pertuis charentais en Vendée et Charente-Maritime. Le secteur

présente un enjeu majeur et international pour la conservation des oiseaux d’eau migrateurs, en

particulier les limicoles du paléantarctique occidental qui nichent en Islande, Groenland, Sibérie....

La réserve naturelle du marais d’Yves constitue un « hot spot » de la façade atlantique pour la halte

migratoire de ces limicoles, en particulier en migration pré-nuptiale (de retour). L’enjeu est d’autant

plus important que les bonnes conditions d’accueil sur les sites de repos utilisés en migration de

retour conditionneraient en partie au moins le succès de reproduction.

Avec la montée des eaux liée au changement climatique et la perte d’habitats liée àl’édification de la digue d’Yves, ce rôle primordial d’accueil des oiseaux d’eau va s’amoindrir.Le projet d’extension vient ainsi conforter ce besoin de quiétude en proposant des zones dereport pour les espèces qui seront impactées.

Après l’arrêt de la maïsiculture, la zone d’emprunt et de compensation environnementale « La

Guillotière » est devenue une zone attractive pour les oiseaux, notamment à marée haute en offrant

une zone de repli, complémentaire à l’actuelle RNN, mais aussi aux autres secteurs favorables des

environs (site de la cabane de Moins…).

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Les travaux d’extraction des matériaux ont débuté en juillet 2021 et sa renaturation se fait de

manière coordonnée. A terme, la recréation de prairies inondables, d’une forêt alluviale, de mares et

de fossés permettra l’accueil des oiseaux d’eau (repos, reproduction, gagnage) mais également un

habitat très favorable aux amphibiens, mammifères semi-aquatiques et aux insectes prairiaux en

particulier sur un secteur en relation directe avec les marais de Rochefort (site Natura 2000).

Figure 13 : Principes de réaménagement écologique de la zone (extraits, édification d’une digue de défense contre la mer ausein de la RNN d’Yves dossier unique de demande d’autorisation, Département 17)

L’extension sur le domaine maritime permettra d’améliorer les fonctionnalités de cet espace littoral

en protégeant l’estran, véritable source d’alimentation pour de nombreuses espèces dont les oiseaux,

et qui offre des zones de nurceries pour la faune marine.

La renaturation des parcelles compensatoires au Nord permettra de recréer des habitats favorables

notamment aux amphibiens, tel que le Pelobate cultripède présent sur la réserve actuelle.

L’intégration de l’anse de Fouras dans le périmètre d’extension permet de couvrir l’ensemble des

zones topographiquement basses de la baie en connexion directe avec l’estran. De ce fait, cela

présente l’avantage d’intégrer à la réserve toute la biodiversité locale et notamment les stations

d’espèces floristiques patrimoniales rares à affinité méditerranéenne, ainsi que les services

écologiques rendus par ce secteur de transition entre terre et mer, situé au premier rang face aux

aléas du changement climatique. En outre, les parcelles actuellement cultivées ont vocation à

devenir des prairies et offriront davantage de conditions favorables pour l’accueil d’une biodiversité

ordinaire ou remarquable.

La figure suivante met en exergue les zones à enjeux et la complémentarité du périmètre

d’extension avec la réserve actuelle.

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Figure 14 : Zones à enjeux et principales complémentarités du périmètre d’extension avec la réserve actuelle

Cette extension va ainsi permettre de désenclaver quelque peu la RNN en renforçant son rôle

fonctionnel, de conservation et de quiétude sur un littoral de plus en plus contraint par les activités

humaines.

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tome 2 résumé de l'étude scientifique

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