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Université Paris Descartes
REFONTE DU SYSTÈME DE SÉCURITÉ INTERAMÉRICAIN SUR LA BASE D'UN
ANALYSE PROSPECTIVE DES MENACES COMMUNES
Doctorat de sciences politiques
Thèse présentée par Carlos OJEDA Sous la direction de Monsieur Bertrand LANG Professeur associé à l'Université Paris Descartes. Membres du jury : Monsieur Pascal CHAIGNEAU, Professeur à l'Université Paris Descartes. Monsieur Thierry GARCIN, Maître de Conférences à H EC, H D R, Rapporteur. Monsieur Jean Jacques ROCHE, Professeur à l'Université Paris 2, Rapporteur.
Carlos OJEDA
REFONTE DU SYSTÈME DE SÉCURITÉ INTERAMÉRICAIN SUR LA BASE D'UN
ANALYSE PROSPECTIVE DES MENACES COMMUNES
3
INTRODUCTION : DU PRÉSENT AU FUTUR
1 LE SYSTÈME INTERNATIONAL POSTÉRIEUR A LA GUERRE FROIDE:
ORIGINE DE LA RECHERCHE
Le concept de “Système International”1 ou Ordre dans les Relations Internationales est
employé, dans le domaine académique occidental, pour identifier, ordonner et définir
l’ensemble des interactions plus ou moins régulières des différents acteurs politiques
internationaux.
La dénomination qu’on assigne au Système International, à chaque période de l’histoire
de l’humanité, a un lien direct avec une forme déterminée de relations de pouvoir entre les
puissances ou acteurs principaux, assumant que le nombre d’acteurs et leurs
caractéristiques ont également été un facteur de grande variabilité dans cet agencement.
1Pearson, Frederic S. y Rochester J. Martin, Relaciones Internacionales, Situación Global en el Siglo XXI, Mc Graw Hill, Bogotá 2000, pp. 35-47.
4
La plupart des opinions des spécialistes des relations internationales coïncident
lorsqu’ils signalent qu’on peut parler de Système International à partir de la Paix de
Westphalie qui, en 1648, a mis fin à la Guerre des 30 Ans en Europe et qui est à l’origine
de l’Etat Moderne.
Depuis lors, le Système International a subi des changements successifs, comme
conséquence directe ou indirecte de grandes guerres ou de révolutions sanglantes qui, en
définitive, réaffirment le conflit, dans toutes ses expressions, comme étant le fil conducteur
dans l’évolution des relations internationales.
Les Relations Internationales et l’étude du Système International sont une discipline
académique, qui a développé une série de sous domaines, comme les études stratégiques,
les études de conflits, les organisations internationales et un nombre important de thèmes
liés à la guerre, comme la souveraineté, les droits et les obligations des Etats, entre autres.
Pour les objectifs de cette recherche, on estime qu’il est important de signaler que le
débat s’oriente à partir de points de vue théoriques, pratiques et un ensemble des deux,
passant, entre autres, par les considérations de John Vásquez2 sur l’Idéalisme et le
Réalisme ; par les grands Débats posés par Arend Lijphard3 et, postérieurement, par
l’incorporation d’une méthodologie scientifique pour l’étude des phénomènes de la
politique internationale, connue comme le « Troisième Grand Débat », et qui a permis
d’incorporer de nouveaux éléments pour l’interprétation et l’analyse de la réalité
internationale.
Parmi d’autres phénomènes d’importance, apparaissent la Transnationalisation – définie
par Robert Keohane et Joseph S. Nye4 comme étant le mouvement d’éléments tangibles et
2 Smith, Steve, International Relations, Theory Today, Ed. Ken Booth y Steve Smith.- Blachwell Pulblishers, Oxford, 1995, p.14.
3 Guerrero R., Gabriel.- Sistema Internacional a Comienzos del Siglo XXI, Seguridad y Cooperación en un Esquema Unipolar, Ponencia institucional en el seminario “La Primera
Guerra del Siglo XXI, ¿Un cambio de lo ya conocido?”, Santiago, Academia de Guerra, Septiembre de 2001.
4Keohane, Robert y Nye, Joseph.- Poder e Interdependencia: La Política Mundial en Transición, Buenos Aires, Grupo Editor Latinoamericano.
5
intangibles à travers les frontières de l’État, quand au moins un acteur n’est pas un agent du
gouvernement ou d’une organisation intergouvernementale - et l’Interdépendance,
identifiée comme étant les effets réciproques entre des pays ou des acteurs de différents
pays, sous la forme d’échanges internationaux, flux de biens, de personnes ou d’intérêts qui
traversent les frontières nationales.
L’aspect important et nouveau de la Transnationalisation et de l’Interdépendance est
l’interprétation que l’on en fait pour caractériser une nouvelle étape de la politique
mondiale.
Luciano Tomassini5, utilise ces deux phénomènes de la globalisation pour revitaliser une
vision idéaliste, argumentant qu’ils créent :
Une tendance à la multipolarité.
L’expansion de la société civile et la pression de cette même société sur l’Etat pour que
celui-ci assume une gamme plus vaste de fonctions.
Les agendas des Etats sont de moins en moins hiérarchisés, donnant une importance
égale à la sécurité, au développement, à la culture, au sport, à la qualité de vie, etc.
L’Etat cesse de monopoliser le maniement des relations extérieures, avec l’apparition
d’agents non gouvernementaux.
Transformation des agents de pouvoir, où la dévaluation du pouvoir militaire est la plus
significative, en apparaissant d’autres de caractère non traditionnel.
Comme contrepartie à la posture Idéaliste, nous mentionnerons Kenneth Waltz6 et sa
position Néoréaliste ou Réalisme Structurel, où il reconnaît que les Etats ne sont pas les
seuls acteurs du Système International, mais par contre les plus importants, et que les
structures, les relations et les résultats du Système International sont régis, en définitive, par
les acteurs les plus importants.
5Tomassini, Luciano.- Teoría y Práctica de la Política Internacional, Santiago, Ediciones Universidad Católica de Chile, 1989.
6Waltz, Kenneth.- Man, the State and War, New York, Columbia University Press, 1959.
6
Finalement, dans cette approche théorique au Système International, David A. Baldwin7
a résumé le débat entre le Néoréalisme et le Néolibéralisme, établissant quelques points clés
dans leurs différences, dont on peut signaler :
Quant à la Coopération Internationale, la tendance Néoréaliste la considère difficile à
atteindre, plus difficile encore à maintenir et absolument dépendante du degré de
pouvoir des Etats.
En ce qui concerne la Sécurité, les Néolibéraux acceptent que la Sécurité Nationale et le
Développement Economique soient importants, mais ils insistent clairement sur le
développement.
Concernant les institutions et les régimes internationaux, on observe également une
différence importante, car la tendance Néolibérale concède une importance de choix à
ces institutions alors que les Néoréalistes acceptent leur existence mais maintiennent la
prééminence des Etats.
Pour continuer d’avancer dans ce débat, il devient nécessaire d’assumer un critère
commun quant au signifié et à la dimension du concept « Sécurité ». Pour cela, il est
important, en premier lieu, de séparer le phénomène du concept proprement dit. En ce
qui concerne le phénomène, la sécurité peut être assumée comme une perception où un
sujet se sent à l’abri d’un danger, quelqu’il soit, c’est-à-dire, où la menace est diminuée
ou contrôlée mais, acceptons-le, en aucun cas éliminée.
Pour cela, un Etat jouit d’une sécurité relative au moment où les sujets ou entités
décisionnaires ne perçoivent pas un danger imminent pour leur souveraineté, leur survie ou
leurs institutions.
7Baldwin A. David.- (editor), Neorealism and Neoliberalism. The Contemporary Debate, New York, Columbia University Press, 1993.
7
Le concept d’Etat et celui de Sécurité ont subi des modifications durant les dernières
années, comme conséquence de l’Interdépendance et de la Transnationalisation. Cependant,
on peut affirmer que l’objectif de la sécurité n’a pas changé. Les changements substantiels
se sont produits quant aux moyens pour atteindre ces objectifs. Parmi les principales
modifications, nous mentionnerons la manière dont s’articulent les facteurs de pouvoir des
Etats, les effets d’un acteur principal sur d’autres, l’action de sujets ou entités supra
étatiques qui rendent plus complexes les relations, les perceptions de menaces et, par
conséquent, le Système de Sécurité à adopter.
Cherchant l’équilibre parmi les points de vue réaliste et idéaliste, nous pourrions
signaler, de façon très simplifiée, que la Sécurité de l’Etat est soutenue par deux piliers
fondamentaux :
La sécurité intérieure pour les citoyens, avec la présence de l’Etat de droit, l’égalité
d’opportunités, l’équilibre entre la société et la protection de l’environnement, entre
autres.
La sécurité extérieure, donnée par une capacité de dissuasion réelle et crédible,
conséquente avec les menaces et en équilibre avec les objectifs nationaux.
Mais, lequel de ces piliers de la sécurité sont-ils affectés par les menaces propres de
notre temps ? Jusqu’à il y a peu, nous aurions signalé immédiatement la sécurité
extérieure. Cependant, aujourd’hui, il semblerait nécessaire que le thème soit affronté
dans une structure qui intègre la sécurité, dans un sens plus vaste, et la défense nationale,
tant en ce qui concerne sa prévention que sa neutralisation.
D’autre part, que se passe-t-il avec l’action coordonnée entre les principaux acteurs
internationaux ? Nous allons traiter ensuite, de manière très succincte l’interaction entre les
Etats, cherchant à rendre plus fort leurs instruments de pouvoir ce qui a été assumé comme
des relations de coopération, dans la théorie des Relations Internationales
8
Par coopération internationale, nous devons comprendre toute relation entre des acteurs
internationaux orientée à la satisfaction mutuelle des intérêts ou des demandes, moyennant
l’utilisation complémentaire de leurs pouvoirs respectifs, avec le développement d’actions
coordonnées et solidaires.
Selon Kalevi J. Holsti8 les éléments ou les étapes qui configurent une relation de
coopération internationale sont :
La perception qu’il existe des intérêts, des valeurs ou des objectifs qui peuvent être
atteints ou satisfaits par deux parties, de manière simultanée.
La perception ou l’expectative d’une des parties que l’action suivie par l’autre ou les
autres parties, pour atteindre leurs objectifs, l’aide à atteindre ses propres intérêts.
L’existence d’un accord, exprimé ou tacite, sur les aspects essentiels des transactions
entre les acteurs, dans le but d’atteindre leurs objectifs communs.
L’application de règles qui domineront les transactions futures.
Le déroulement même des transactions.
En ce qui concerne la théorie proposée, ces relations seront justes ou du moins
équilibrées dans la mesure où les acteurs pourront jouir d’une puissance similaire ou s’il
existe un certain équilibre entre leurs apports et les compensations qu’ils recevront en
échange. Cependant, il faut reconnaître que dans cette société internationale, où ses
membres présentent une remarquable diversité et inégalité de pouvoirs, la première
considération constitue davantage l’expression d’une aspiration qu’une réalité
internationale.
Dans le domaine de la sécurité, la coopération internationale acquiert une connotation
spéciale dans ce nouvel ordre. La Guerre du Golfe Persique de 1991 a présenté une
Organisation des Nations Unies avec une plus importante mobilité et une plus grande
8Molina, J. Carlos.- Cooperación Regional. Potencialidades y Limitaciones desde la Perspectiva de la Defensa Nacional, Santiago, Revista Fuerzas Armadas y Sociedad, Año 15, N° 2, abril - junio de 2000.
9
capacité, légitimant et justifiant son existence et celles d’autres organisations avec des
objectifs similaires. A mesure que les effets de la globalisation se développeront, il
deviendra très difficile pour les Etats de résister au besoin de coopérer pour affronter des
menaces communes.
Un exemple concret est représenté par le Système de Sécurité Interaméricain qui a
évolué tout au long des six dernières décennies, avec :
La Junte Interaméricaine de Défense en 1942.
Le Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque (TIAR) en 1947.
L’Organisation des Etats Américains (OEA) en 1948.
Le Pacte de Bogota, pour des résolutions pacifiques des controverses en 1948
La Commission de Sécurité Hémisphérique de l’OEA en 1995.
Les Sommets des Ministres de la Défense à partir de 1998.
Aujourd’hui, aucune des instances signalées ne semble satisfaire les besoins de sécurité
hémisphérique, c’est du moins ce qui a été soulevé dans les analyses à la suite des attentats
terroristes aux Etats-Unis en 2001. Par conséquent, il est important que les mécanismes de
prévention et d’action restent actualisés en fonction des menaces futures.
Une manière de s’adapter aux changements est la flexibilité dans les prévisions.
Cependant, étant donné qu’aucune disposition de sécurité ne peut s’adapter infiniment, on
doit faire tout ce qui est possible pour anticiper les menaces.
La sécurité au XXIème siècle constituera un défi de plus en plus complexe et
multidimensionnel. Elle nécessitera un équilibre subtil entre la liberté pour le
développement individuel et collectif et les restrictions propres de l’action de l’Etat pour
protéger ses habitants, entre la souveraineté des Etats et la nécessité de respecter les normes
et les demandes d’une société internationale organisée et, finalement, entre les options
10
d’investissement des maigres ressources pour le développement et la sécurité nécessaire
pour que celui-ci se produise.
Les événements survenus le 11 septembre 2001 ont, sans aucun doute, troublé la
conscience du monde en général, celle des autorités et des citoyens. Le pays le plus
puissant du monde, celui qui concède le nom actuel d’Unipolaire au Système International,
a été attaqué au cœur de son système économique, politique et militaire, par un ennemi flou
et résolu, qui a démontré être extrêmement résolu à employer les moyens nécessaires pour
atteindre ses objectifs.
Quant à la problématique que doit affronter la communauté internationale, il est
nécessaire de reposer les structures de Sécurité et de Défense, orientées vers la guerre et la
dissuasion conventionnelle, pour élargir le spectre des menaces, étant donné la capacité
dévastatrice des actions terroristes.
Ce n’est pas nouveau que la diminution des perceptions d’insécurité ou de menaces,
comme conséquence des succès du propre Système de Sécurité, crée sur l’opinion publique,
et malheureusement sur beaucoup de leaders d’opinion, la tendance à questionner l’utilité,
les procédés et jusqu’à l’existence même de parties déterminées du Système ; créant des
dommages difficiles à récupérer à court ou moyen terme.
La Sécurité est un problème d’Etat. Son analyse requiert une maturité civique, des
connaissances de la réalité internationale, une définition des équilibres économiques et un
nombre incalculable d’autres facteurs que seule une appréciation adéquate peut déterminer.
2 ENONCÉ DU PROBLÈME
Les changements dans le système international ont été, à n’en pas douter, le premier
rappel à l’ordre quant à la validité des organisations de sécurité et de défense qui sont
apparues pendant la Guerre froide. A cela, on doit ajouter la mutation qu’ont subie les
11
formes de menaces et la réorientation des préoccupations vers des phénomènes de longue
date, mais qui étaient éclipsés par l’affrontement global, et qui se sont caractérisés comme
étant des problèmes de sécurité.
Etant donné que ce sont les menaces et l’environnement qui sont les conditions de toutes
les réponses pour y faire face, il a été possible d’identifier un questionnement sur ce qui
existait concernant la sécurité, essentiellement parce que les institutions héritées de la
Guerre Froide se devaient à un problème commun, ce qui, de toute évidence, a été
rapidement dépassé par les événements survenus durant la dernière décennie du XXème
siècle et au début siècle présent.
Alors, la question centrale se rattache au besoin de réviser les structures, les régimes, les
accords et les procédés qui existent pour les objectifs de la sécurité hémisphérique, évaluant
leurs capacités pour affronter les menaces et les défis qui sont identifiés actuellement et qui
sont considérés probables pour un futur déterminé.
Si le sens de l’institutionalité de sécurité hémisphérique était basé essentiellement sur
une menace idéologique, dans le contexte de l’affrontement global mené par les Etats-Unis
et l’URSS ; après la chute du Mur de Berlin et le début de la transition vers un nouveau
schéma de Relations Internationales, ses fondements ont perdu peu à peu de leur force,
étant donné qu’elle n’était plus en état d’apporter des solutions efficaces pour les nouveaux
problèmes qui, comme il a déjà été mentionné, étaient dans un état latent, trouvant dans ce
nouvel environnement la possibilité de les rendre visibles et d’occuper une place
d’importance dans la préoccupation des gouvernements et des organismes internationaux de
caractère régional.
Par conséquent, ce travail de recherche se circonscrit à l’analyse de l’état du Système de
Sécurité Hémisphérique, depuis 1826 pour ainsi pouvoir déterminer sa capacité de faire
face à la problématique de la sécurité actuelle qui, comme on la suppose déficitaire,
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fournira les bases pour une vaste proposition qui sera un apport conceptuel aussi bien pour
comprendre son fonctionnement que pour optimiser ses processus.
Par conséquent, il est évident que ce travail de recherche n’est pas une analyse critique
de l’état actuel du Système de Sécurité hémisphérique mais est orienté vers la
détermination des conditions de l’optimisation de son fonctionnement, en étroite relation
avec ses origines, son évolution et sa projection, comme objet d’analyse prospective, dans
un esprit éminemment constructif et de proposition.
3 PERSPECTIVE DE LA RECHERCHE
Dans ce but, ce travail de recherche tend à démontrer que le Système de Sécurité
Hémisphérique doit avoir la capacité d’évoluer de façon synchronisée avec le schéma des
Relations Internationales dominant, évitant ainsi d’être dépassé par les événements. Pour
cela, il devra avoir une structure capable d’articuler politiquement les volontés de ses
membres dans la recherche de solutions aux menaces contre la sécurité qui pourraient
l’affecter.
Cette thèse s’appuie sur le fait que le Système de Sécurité Hémisphérique a ses
précédents dans les prolégomènes de la vie indépendante des Etats Américains mais, au-
delà des altérations dans l’environnement international, il a toujours été conçu comme étant
une réponse à une menace commune, de caractère extracontinental et capable d’affecter
l’ensemble de la région, ce qui a soumis les possibilités de solution à un problème en
particulier, aggravé par le fait d’avoir une puissance mondiale parmi ses membres, dont la
capacité hégémonique s’est faite sentir depuis ses débuts en tant que nation indépendante, à
la fin du XVIIIème siècle.
De ce point de vue, lorsque l’environnement international a affecté sévèrement la
conception de la menace extracontinentale de caractère commun, le Système s’est vu
affaibli en ce qui concerne sa capacité de créer de nouvelles réponses à de nouveaux défis,
13
aussi bien par le fait d’avoir été créé pour un problème spécifique que par le manque
d’adaptabilité à un milieu de plus en plus changeant. Dans les faits, ceci s’est traduit en ce
que le débat pour la correction des organisations et des procédés ait commencé seulement
en 2001, c’est-à-dire plus d’une décennie après la chute du Mur de Berlin, qui marque la fin
de la bipolarité sous laquelle il s’est consolidé en tant que Système de Sécurité
Interaméricain.
Cette recherche contient un élément de caractère historiographique indispensable pour
l’analyse prospective, dans le sens où les origines du système sont antérieures à la Guerre
Froide; étant possible d’identifier l’origine d’une tendance depuis la première moitié du
XIXème siècle ce qui, d’une façon ou d’une autre, a affecté la trajectoire des Etats
américains, comme l’est le fait de la coexistence d’acteurs internationaux de différentes
statures politiques, économiques et stratégiques.
Aussi, cette recherche se situe dans un contexte vaste, même si l’analyse centrale
cherche à établir les portées des menaces qui ont affecté la région, les outils créés pour les
prévenir ou les neutraliser, l’influence des Etats-Unis sur le Système et la capacité pour
s’adapter à de nouvelles variables qui affectent la sécurité hémisphérique.
Les propos spécifiques qui ont été déterminés pour cette recherche sont les suivants :
Déterminer les origines du Système de Sécurité Hémisphérique, dans le sens où la
conception d’une menace commune est un phénomène de longue date dans la région.
Identifier les éléments qui ont soutenu la conception d’une menace commune, avec un
caractère extracontinental et avec la capacité pour affecter l’ensemble, à différents
moments historiques.
Déterminer les options d’adaptabilité du Système pour faire face à des problèmes de
sécurité de natures diverses qui en ont été à l’origine et qui lui ont donné du sens, à partir
de changements importants dans le schéma des Relations Internationales.
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Développer une proposition conceptuelle qui reflète les nécessités de changements dans
le Système, considérant la définition de nouvelles menaces et de problèmes de sécurité,
comme étant des orientations politiques qui régulent son architecture et son
fonctionnement.
Pour le développement des tâches qui tendent à donner une solution aux objectifs posés,
les études particulières qu’il a fallu mener sont organisées en deux parties dans ce texte.
Elles reflètent l’orientation de l’étude et le respect des objectifs fixés, avec leurs
fondements respectifs, à savoir :
Dans une première partie, on abordera ce qu’a été la défense régionale sur le Continent
Américain, considérant l’évolution des menaces, l’évolution des architectures de
sécurité, et les constantes de la sécurité dans la région, dans le but de rendre compte de
la trajectoire de la problématique de sécurité en Amérique et la manière de l’affronter.
Dans une deuxième partie, on examinera les changements dans le Système International,
les menaces et les problèmes de sécurité qui, à l’heure actuelle, frappent la région,
comme fondement direct de la proposition, pour ainsi laisser place à une proposition
conceptuelle pour un nouveau système de sécurité américain, dont l’objectif est d’établir
la cohérence entre les dangers en vigueur, les organisations et les procédés créés et
structurés pour les résoudre.
On estime que le point de vue adopté pour l’analyse et pour la proposition se trouve en
adéquation avec le propos général de la recherche, dans le sens où la critique ne se soutient
pas sur une vision révisionniste ni ne questionne les particularités politiques, géographiques
et stratégiques de la région, mais qu’il est posé à partir de faits incontestables sur lesquels il
reste encore beaucoup à travailler, faits qui trouvent leur origine dans un phénomène
également tangible, comme l’est celui de la fin de la bipolarité qui a imposé des
changements dans l’agenda de sécurité qui ont mis en doute l’efficacité du Système de
Sécurité Hémisphérique, dont la validation et la réadéquation est le thème qui nous
intéresse.
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PREAMBULE
Pour comprendre le rôle que joue l’Amérique Latine dans le schéma actuel des Relations
Internationales, on estime qu’il est essentiel de commencer la recherche par une brève
description géographique qui permette de mettre en évidence les diverses réalités de la
région, en considérant quelques idées sur la réalité latino-américaine et les effets des
variables clés du système international après la fin de la bipolarité, tels que la globalisation,
la transnationalisation et l’interdépendance complexe, la régionalisation et la fragmentation,
entre autres.
Ensuite, et étant donné le contexte de la thématique traitée, il est important de décrire la
notion de conflictivité latino-américaine, sur la base d’une vision de l’état actuel du
problème, du point de vue des Etats-Unis quant aux liens de sécurité avec l’Amérique
Latine et d’un concept sur la matière des principaux ensembles géopolitiques qui nous
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caractérisent, comme le Brésil, le Mexique, l’Amérique Centrale et les Caraïbes, la région
Andine et le Cône Sud de l’Amérique et sa relative stabilité. A cela on doit ajouter une
référence à un des phénomènes qui a un effet majeur sur les relations de pouvoir dans la
région et qui est la coexistence de puissances et de pays de différente taille stratégique.
Tout ce qui précède crée les conditions nécessaires pour commencer à traiter les
menaces, leurs origines et leur évolution ainsi que la manière dont elles ont été traitées,
sans perdre de vue les particularités des relations internationales latino-américaines et leur
gravitation dans le schéma mondial.
1 L’AMERIQUE LATINE DANS LE SCHEMA ACTUEL DES RELATIONS
INTERNATIONALES
Comprendre l’Amérique et sa condition géopolitique est complexe en soi, étant donné la
diversité de sociétés qui la composent et parce que son agroupement territorial la
conditionne en grande mesure. Pour cette raison, la vision qui sera exposée reposera sur le
concept d’ensemble géopolitique, développé par Ives Lacoste dans l’État du Monde, édition
1998, outil approprié pour exprimer une réalité où l’on met en relation différentes formes
d’organisation politique et de capacité économique, qui sont peut-être les variables de
différenciation qui permettent de caractériser la région avec la plus grande clarté et sa
gravitation dans le système international.
1.1 Brève description géographique
En premier lieu, il faut signaler que, sur le continent américain, coexistent 54 pays et
territoires distribués en quatre zones, qui seront décrites sommairement et pour chacune on
signalera les pays qui la composent, à savoir :
Amérique du Nord: Canada, Etats-Unis et Mexique.
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Amérique Centrale : Belize, Guatemala, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica
et Panama.
Amérique Insulaire: les Bahamas, Cuba, Jamaïque, Haïti, République Dominicaine,
Barbades, Trinité et Tobago, Antigua et Barbuda, Grenade, San Kitts et Nevis, Sainte
Lucie, Saint Vincent-et-les-Grenadines et la Dominique.
Amérique du Sud : Colombie, Venezuela, Guyane, Surinam, Brésil, Équateur, Pérou,
Bolivie, Chili, Paraguay, Argentine et Uruguay.
Ainsi, en Amérique, il existe des pays et des territoires qui sont dépendants
politiquement d’autres, comme : les Bermudes, Turcas y Caicos, les Îles Caïmans, les
îles Vierges Britanniques, Anguilla, Montserrat, les Îles Georgias, et Falkland ou
Malouines, qui dépendent de l’Angleterre ; Puerto Rico et les Îles Vierges et Navassa,
qui dépendent des Etats-Unis ; la Guyane, Saint-Pierre et Miquelon, la Guadeloupe, la
Martinique, qui dépendent de la France ; les Antilles Néerlandaises et Aruba, qui
dépendent de la Hollande ; le Groenland, qui dépend du Danemark et l’île Ian Mayen
qui dépend de la Norvège.
1.2 Les diverses réalités de la région
1.2.1 Quelques idées sur la réalité latino-américaine.
Plus qu’un ensemble d’états aux racines communes, l’Amérique Latine est un ensemble
de réalités diverses, unies par le sceau espagnol et portugais hérité de la conquête qui, en
plus de la langue prédominante, a laissé la religion dans un processus qui peut être défini
comme « sous l’épée et la croix ».
Les particularités géographiques qu’il est possible d’identifier dans une diversité de
régions et de sous régions permettent de comprendre la réalité latino-américaine à partir
d’une série d’ensembles géopolitiques qui, de façon naturelle, réunissent certains états. De
la même manière, ils marquent les très nettes différences existantes, aussi bien en ce qui
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concerne leur population, que leurs économies, leurs processus politiques et leurs relations
avec la puissance dominante sur le continent américain, les Etats-Unis.
Même s’il n’existe pas une définition précise du concept d’ensemble géopolitique, les approximations disponibles permettent de le comprendre comme étant un groupement d’États en fonction de leurs caractéristiques communes, parmi lesquelles d’importantes relations se développent; ils partagent aussi des ressemblances culturelles, des difficultés naturelles et la proximité géographique, entre autres facteurs. Cette vision, qui ne nie pas les caractéristiques propres de chaque État, permet de les comparer, facilitant ainsi la comparaison de leurs particularités et de leurs relations mutuelles. 9
D’autre part, et pour renforcer la compréhension de ce qu’est l’Amérique Latine à sa
juste dimension, il est possible d’avoir recours au concept de région géopolitique, définie
comme étant « un groupe d’unités politiques qui sont liées entre elles, beaucoup plus
étroitement qu’avec d’autres ». 10 Il s’agit donc d’une réalité multiétatique intégrée par des
unités politiques, par des groupes humains organisés selon une certaine base territoriale et
qui constituent un marché de multiples biens et services. Ainsi, des processus dynamiques
se développent dans la région, processus qui comprennent des expectatives réciproques
parmi les unités qui la conforment, pouvant être d’ordre économiques, financières, sociales,
diplomatiques ou culturelles ou bien la combinaison de deux ou plus.
De ce point de vue, la diversité des réalités latino-américaines peut être rassemblée
autour de plusieurs ensembles géopolitiques et, malgré la nouveauté relative du concept,
celui-ci est applicable vu que ses fondements sont apparus dans le passé, se maintenant à
peu près intacts jusqu’à présent, tel qu’on essaiera de le détailler ci-dessous :
En premier lieu, le Mexique acquiert un caractère particulier de par sa proximité avec les
Etats-Unis, plus que pour sa condition d’unique pays latin en Amérique du Nord. Cela
9EDICIONES AKAL S.A.- El estado del Mundo, Anuario económico y geopolítico mundial.- Madrid, C+I, S.A., 1998, p.19..
10Kart Deutsch.- El Análisis de las Relaciones Internacionales.- Buenos Aires: Ed. Paidós, 1968, in Cheyre .- La Economía, una Nueva Variable en la Relación Estratégica y Geopolítica del Cono Sur de América.-
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produit divers processus de perméabilité d’un large éventail d’activités publiques et
privées. Cette caractéristique est cruciale, en elle-même, pour marquer une différence
avec ses voisins du sud, ce à quoi on doit ajouter la superficie, la population, le régime
politique, la capacité économique et le poids international, entre autres.
L’Amérique Centrale a développé à travers l’histoire une intense interaction entre les
pays qui la composent, non exempte de rivalités. Elle a partagé quelques phénomènes
transversaux comme l’exploitation de ses ressources naturelles par des entreprises
transnationales, la forte ingérence des Etats-Unis dans la région et la pénétration
marxiste pendant la Guerre Froide.
Les Caraïbes hispanophones, à la différence de l’Amérique Centrale, est une région
fragmentée, étant donné le caractère insulaire de ses membres. Cependant, sa
problématique politique et économique est d’une similitude relative, ce à quoi nous
devons ajouter la présence de Cuba qui est devenu le bastion de Moscou en Amérique,
en pleine zone d’influence nord-américaine et d’où s’est exportée la révolution
communiste au reste du continent, ainsi que divers effets politiques et sociaux vers la
région caribéenne dans son ensemble.
La région des Andes et de l’Amazone, constituée essentiellement par le Vénézuéla, la
Colombie, l’Equateur, le Pérou et la Bolivie qui partagent l’influence de la Cordillère
des Andes et le vaste réseau d’affluents du fleuve Amazone, produisant une immense
jungle froide et élevée. Ceci, en plus d’avoir de l’influence sur l’irradiation de l’action
de chaque état vers ses régions périphériques orientales, conditionne les façons de vivre,
ses habitudes et l’accès à des ressources basiques, lui octroyant un caractère
d’ajournement extrême, faisant place à une zone potentielle d’incubation de terrorisme,
de mouvements subversifs, de production de drogues et de délinquance en général .
Le Cône Sud,11 formé par l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et le Chili, outre partager
certains aspects comme la religion, la langue et la prédominance raciale, partage aussi
une histoire d’interaction permanente, articulée autour de l’Argentine qui, d’un côté,
attire ses voisins du Nord-Est et de l’autre, a une histoire commune particulière -non
11Généralement le Brésil est inclus dans la délimitation du Cône Sud de l’Amérique. Cependant dans ce cas-ci, il sera traité séparément, aussi bien pour son influence portugaise et
africaine, que parce qu’il est considéré un ensemble géopolitique en lui-même.
20
exempte de difficultés non plus- avec le Chili, pays avec lequel historiquement elle a
conduit le développement dans le sous-continent, avec le Brésil.
Le Brésil constitue à lui seul un ensemble géopolitique, en vertu de son extension et de
sa densité de population -8,5 millions de kilomètres carrés et approximativement 170
millions d’habitants- et pour être, depuis ses débuts, une vraie puissance dans les aspects
qui ont caractérisé son économie, comme l’agriculture et les mines au XIXème siècle et
au début du XXème pour passer ensuite à un développement industriel lourd, à partir des
années trente.
Quant au Brésil, il faut signaler qu’avant même son indépendance, il a eu une grande
importance en Amérique du Sud, comme conséquence du transfert de la cour depuis le
Portugal, ce qui a converti la colonie en centre de décision impériale, marquant une
différence importante avec ses voisins hispaniques, spécialement en ce qui concerne le
processus d’émancipation, qui provenait de la métropole.
Comme on peut le supposer, l’installation de la cour à Rio de Janeiro a donné de l’élan à
un développement sans précédent dans la région, raison de la renaissance de sa vie
économique, scientifique et intellectuelle, installant diverses sources de pouvoir interne, du
fait de la permanence d’une partie importante des courtisans qui étaient venus du Portugal.
Ainsi, son importance internationale l’a amené à intervenir dans certains événements
internes des colonies hispaniques, spécialement dans le vice-royaume voisin du Rio de la
Plata, ainsi qu’à étendre ses frontières jusqu’à la Bande Orientale –aujourd’hui l’Uruguay.
Même s’il a été obligé de l’abandonner quelques années plus tard, cela a constitué le début
d’un processus qui lui a permis d’étendre ses frontières vers l’ouest, au-delà de ce qui avait
été stipulé dans le Traité de Tordesillas. 12
12 Traité signé entre l’Espagne et le Portugal en 1494, destiné à préciser la ligne de division entre les territoires des deux empires, en vertu de ce qui avait été stipulé dans de
successives Bull es papales qui leur attribuaient la possession de territoires dans le Nouveau Monde.
21
Une bulle du Pape Alexandre VI a reconnu le droit de l’Espagne à la possession des terres que Christophe Colomb avait découvertes. Une seconde bulle a précisé que ces possessions se trouvaient séparées de celles qui avaient été concédées au Portugal au moyen d’une ligne imaginaire, tracée de pôle à pôle et qui passait à cent lieues à l’ouest de l’île du Cap Vert. Ultérieurement, les deux puissances signent le Traité de Tordesillas, le 7 juin 1494, où il est stipulé de faire passer la ligne imaginaire jusqu’à 370 lieues vers l’ouest, ce qui a transformé les portugais en maîtres du Brésil.13
L’inégalité dans la distribution de la richesse a été un dénominateur commun de la
diversité exposée précédemment. Depuis le temps de la Colonie, la possession des biens a
été concentrée dans les mains de quelques familles de grands propriétaires terriens,
subordonnant une grande partie de la population, avec l’exception relative des pays du
Cône Sud, qui ont maintenu une partie de leurs conditions particulières grâce à l’existence
d’une vaste classe moyenne et aux options d’accéder à de meilleurs niveaux de vie.
D’autres facteurs déterminants dans la caractérisation de l’Amérique Latine sont la
manifestation du sous-développement et l’existence de réalités opposées dans plusieurs
pays qui la composent, ce qui contribue à comprendre la différence qu’il y a entre la
richesse potentielle du sous-continent et la façon précaire sur laquelle se base la vie de la
plupart de sa population.
Probablement, cette différence repose sur le caractère dépendant de l’économie latino-
américaine, ainsi que sur une politique soutenue par la substitution d’importations, ce qui a
provoqué un véritable gaspillage de ressources et l’introduction de l’inefficacité dans
l’activité productive. Cependant la meilleure explication se trouve dans l’instabilité
politique et sociale de la région qui a empêché de mener à bien un développement
harmonieux de chaque pays, provoquant l’incertitude et très peu de développement réel.14
13BIBLIOTECA DOMINICO – VIRTUAL.- Historia de América.- in http://www.bibliotecavirtual. com.do/historia/índicehistoria.htm
14 Holzmann, P., Guillermo.- América Latina frente al conflicto Este – Oeste, Santiago, conferencia presentada en el Instituto de Ciencia Política de la Universidad de Chile, 1987.
22
L’Amérique Latine ne constitue pas une unité en termes de buts et d’objectifs, malgré
les nombreux problèmes communs, spécialement en ce qui concerne le besoin de
développement et d’autodétermination, ce qui s’est exprimé à travers l’absence historique
de stabilité politique, aspect où l’ingérence des Etats-Unis semble directement associée
comme élément créateur d’instabilité.
Bien entendu, la politique des Etats-Unis pour l’Amérique Latine se basait sur le fait que
la stabilité politique serait le résultat naturel et inévitable de la réussite d’un ferme
développement économique pour céder la place à une vaste réforme sociale et
institutionnelle. Toutefois, la dépendance créée dans les années cinquante s’est traduite
justement par le contraire, faisant place à une grave instabilité dans la région
Depuis le moment de leur indépendance, les pays du Nord de l’Amérique ont augmenté
très vite leur importance grâce à une forte immigration européenne, ce qui s’est traduit par
une énorme croissance démographique et économique qui contrastait avec le déséquilibre
politique et les luttes de frontières des républiques hispano-américaines. En plus, les
économies de ces dernières se sont maintenues dans leur état de sous-développement,
basées sur l’exportation de matières premières et avec une forte dépendance économique de
l’Europe.
La nouvelle carte de l’Amérique Latine s’est basée sur le précepte juridique de l’uti
possidetis juris, tracé sur la base des anciennes divisions administratives coloniales, telles
que les « gobernaciones » et les « audiencias reales ». Cependant, cette répartition
territoriale a subi plusieurs interprétations en ce qui concerne ses limites tout au long du
XIXème et du XX ème siècle. Par conséquent, le processus d’émancipation s’est terminé par
une fragmentation en de nouveaux états nationaux, fondée sur le fait de maintenir la
dépendance économique des diverses sources de production et d’exportation par rapport au
marché mondial.
23
Un bon apport pour une meilleure compréhension de ce phénomène est exposé par les historiens américains Thomas E. Skidmore et Peter H. Smith qui soutiennent que l’inexistence d’une communauté économique a été précisément ce qui a marqué la différence entre les Etats-Unis et les états « désunis » du centre et du Sud de l’Amérique. 15
Finalement, l’américanisme encouragé par Simón Bolívar, et partagé par la majorité des
héros américains, va constituer le premier essai de coopération et d’intégration entre les
pays qui ont pris leur indépendance par rapport à l’Espagne, depuis le Río Grande au Nord
et jusqu’à la Terre de Feu. Néanmoins, les difficultés des nouvelles républiques après les
guerres d’indépendance, les différences naturelles entre leurs membres et une succession de
luttes internes entre les « caudillos » ont accentué le désastre économique où se trouvaient
les nouveaux états américains, facteur déjà défini comme étant le plus faible.
1.3 Les variables clés du système international après la fin de la bipolarité et ses
effets dans la région
Pour décrire les principales caractéristiques, phénomènes et processus qui se sont
produits après la chute du Mur de Berlin, on estime qu’il est propice d’envisager la
description à partir de la perspective des changements dans le système international, tant du
point de vue idéologique qu´économique, que des équilibres de pouvoir, de la configuration
de la carte mondiale et de la fin de la course aux armements entre les blocs.
Ainsi, dans le domaine idéologique, les transformations ont déterminé une relation de
cause à effet. L´échec d´une idéologie a laissé un vide dans les systèmes politiques, ce qui a
donné comme résultat une tendance vers la prolifération du système démocratique.
C´est une réalité que les régimes démocratiques procurent une plate-forme pour le
développement et la prospérité des peuples, fournissant aux états nations la légitimité
nécessaire pour se tirer d’affaire dans le domaine international. En Occident, le facteur 15Thomas Skidmore et Meter Smith.- Historia Contemporánea de América Latina.- Barcelona: Ed. Crítica, 1996, pp. 23-52.
24
politique démocratique s´est transformé en un élément articulateur central des liens entre
les acteurs internationaux importants.
C´est ainsi que la démocratie s´est universalisée comme une valeur de la société et
qu´elle représente une condition sine qua non pour tout état qui souhaite agir politiquement
ou économiquement dans le domaine international.
Dans ce contexte, on peut voir comment certaines puissances et certains organismes
internationaux ont exercé un degré de pression important sur d´autres acteurs pour les
convertir à la démocratie, agissant à travers des normes et des mécanismes tels que l´aide
étrangère et la conditionnalité dans le commerce, pour faire accomplir un seul moyen de
pratique domestique, politique et économique.
Même si la démocratie a démontré être le meilleur système de gouvernement, son succès
n’est pas garanti par elle seule. Elle a connu de grandes difficultés pour lutter contre les
problèmes les plus complexes de l´agenda international, particulièrement dans le Tiers
Monde, comme le sont l´inégalité et la pauvreté. Par conséquent, elle favorise difficilement
la paix dans les zones en marge du progrès.
Ainsi, des aspects de participation politique, d´efficacité de l´appareil d´état, la
corruption, la méfiance envers les institutions gouvernementales et d’autres problèmes
sociaux, économiques, d´équité et de distribution d´entrée dans ces mêmes zones, s´ils ne
sont pas bien menés, peuvent provoquer des éclats sociaux qui finissent par nuire à la
solidité et à la continuité des régimes démocratiques.
Quant aux changements économiques avant la chute de l´idéologie communiste, l´échec
de son modèle économique a commencé à se produire, échec dont les causes se basent sur
l´incapacité de donner un bien-être et un développement aux peuples gouvernés par ces
systèmes.
25
De même que la démocratie, le modèle capitaliste et l´économie de marché sans
concurrents se sont étendus rapidement dans le monde entier, au-delà des états de
l´ancienne URSS et de ses satellites. Les transformations vers ce système ont aussi
commencé à s´entrevoir de façon naissante dans des pays qui maintiennent l´idéologie
communiste, comme la Chine, le Vietnam et même Cuba.
Avec le temps, le système de marché a subi aussi quelques variations. En effet, les
inégalités encore persistantes et le maintien de hauts indices de pauvreté dans des pays qui
cherchaient le développement à travers ce système ont mené, dans les années quatre-vingt,
à l’apparition d´une variante au modèle qui promeut un équilibre entre développement et
équité sociale, qui est connu aujourd´hui comme modèle d´économie sociale de marché.
En ce qui concerne les changements dans les relations de pouvoir, la chute de l´URSS et
la dissolution du Pacte de Varsovie ont laissé un vide dans le système international,
déterminant la fin de la bipolarité régnante, et laissant les États-Unis comme l’unique
superpuissance sur le plan militaire. Ainsi, le bilan stratégique qui a caractérisé la période
antérieure a disparu, sans avoir encore été remplacé par un autre mécanisme.
On a ainsi ouvert la voie à une situation de pouvoir général diffus, exercé par de
multiples acteurs dans divers domaines et soutenus par divers attributs, sous la forme d´une
transition depuis un ordre mondial bipolaire –qui a disparu presque abruptement- à une
autre stratification qui devrait provenir du nouveau positionnement des puissances qui ont
survécu, du cadre des nouvelles relations émergentes et des variables politiques,
économiques et sociales résultantes. 16
À partir de cette assertion, on estime convenable de souligner deux aspects: le premier
reflète la prudence qu´il existe parmi les experts en Relations Internationales pour
développer des projections sur le futur du système international; le deuxième conditionne 16Jaime García C.- Una mirada a la Actual Situación Geopolítica.- Cartagena de Indias: conférence présentée au Congrès International “La Enseñanza de la Historia para la
Integración y Cultura de la Paz”, 1996, in Memorial del EJÉRCITO DE CHILE N°453, 1997, pp. 55 – 57.
26
cette nouvelle stratification, parmi d´autres aspects, à des variables économiques et
sociales, c´est-à-dire, aux composantes basiques du pouvoir.
Ce qui vient d´être exposé permet d´inférer que la fin du système bipolaire est associée à
deux transformations. La première a été la désarticulation politique, économique et
militaire d´une des superpuissances, l´URSS. La seconde est que dans le contexte des
éléments du pouvoir, il s´est produit un balancement positif en faveur de l´économique sur
le militaire.
En ce qui concerne la réorganisation de la carte mondiale, elle a été la conséquence de
tous les grands changements que le scénario international a subi, spécialement depuis que
sa configuration a été basée sur l´État.
Un grand nombre des transformations citées ont provoqué des effets sur la configuration
du système actuel, ce qui mérite une description sur la base de processus déterminés, de
relations et d´effets, dont certains, spécialement ceux de caractère économique, se sont
formés avec antériorité et n´ont augmenté leur dynamique qu´en se conjuguant avec les
changements décrits.
1.3.1 La globalisation
La globalisation doit être comprise comme un phénomène de caractère
multidimensionnel qui implique des processus économiques, politiques, sociaux et
culturels, qui opèrent à l’échelle globale, dépassant les limites nationales, réduisant de
façon drastique les barrières spatiales, accélérant et multipliant les contacts entre les
différents acteurs de la société internationale. Cela signifie, entre autres choses, une
tendance pour un déplacement plus facile du capital, des biens et dans certains cas de la
main-d´œuvre même, entre et à l´intérieur des pays.
27
Même s’il est multidimensionnel, ce n’est pas un processus homogène dans tous les domaines des relations internationales. Au contraire, il s´agit d´un processus inégal qui présente des fragmentations ; les phénomènes qui sont présents dans le domaine économique par exemple, comme l´universalisation des marchés, n´ont pas une correspondance exacte dans le domaine de la défense. C´est-à-dire qu’il n´existe pas nécessairement une corrélation automatique entre des processus de complémentation et d’intégration économique, d´un côté, et de résolution de risque et de menaces, de l´autre. 17
Son origine est liée à une diversité de facteurs, parmi lesquels on peut souligner ceux de
caractère économique, associés au capitalisme et à leur capacité expansive, qui a été
capable de créer une économie de caractère mondial. D´autres l´attribuent au
développement technologique et à sa capacité de transformation ; et quelques-uns à des
facteurs politiques, le rattachant à l´intention de certains états de favoriser des modèles
culturels, politiques et économiques occidentaux.
Les théories dominantes de la globalisation suggèrent qu´elle conduit naturellement à de
meilleures relations parce qu´il y a plus d´interaction entre les États et plus de stimuli pour
qu'ils collaborent et oublient les différences en faveur du bien commun. Les avantages sont
vus comme progressivement plus clairs pour eux, depuis la perspective de leurs efforts de
succès conjoints et chaque fois plus nombreux.
L´intégration globale des communications, en même temps qu´elle facilite l´interaction
directe entre les personnes, les institutions et les entreprises ou des groupes d´entre elles,
crée un élargissement et une accélération sans précédent dans la diffusion de la
connaissance humaine. Ainsi, l´augmentation de la vitesse et de la massification des
moyens de transport tridimensionnels, qui reposent sur la technologie spatiale, sont en train
de donner de grandes facilités pour le déplacement rapide des personnes d´un endroit à un
autre de la planète.
17 MINISTERIO DE DEFENSA NACIONAL .- Libro de la Defensa Nacional de Chile.- Valparaíso: Imprenta de la Armada, 1997, p 43.
.
28
Bien qu’il existe un consensus qui reconnaît les bénéfices que ce processus et ces
phénomènes associés ont apporté au monde, diverses vulnérabilités sont aussi apparues,
aussi bien pour les états nationaux, individuellement considérés, que pour toute la société
mondiale, parmi lesquelles nous pouvons citer:
L´expansion et la modernisation des moyens de communication sont en train de donner
origine à une culture universelle qui crée des effets négatifs sur l´identité nationale, la
cohésion sociale et les façons de vivre. Ainsi, l’apparition de conglomérats
internationaux de communications qui monopolisent le maniement de l´information
permettent le contrôle de ces processus, faisant que les cultures dominantes s´imposent.
De la même façon, l´interconnexion des décisions politiques et économiques, la façon
d’agir des nouveaux protagonistes internationaux et les nouvelles règles de jeu créent, en
définitive, une perméabilité des frontières aussi bien réelles que virtuelles, qui a une
incidence sur la structure antérieure de l´état- nation, affectant profondément le concept
de souveraineté.
A ce sujet, il faudrait souligner qu’au sein de l´Union Européenne, le processus
d´intégration le plus avancé du monde, les états, loin de perdre leurs attributions et de se
dissoudre dans l´entité communautaire, ont réussi à contrôler et à participer au processus,
s’y maintenant en tant que pouvoir décideur. 18
La rapidité et la perméabilité des flux et des déplacements, caractéristique essentielle du
phénomène décrit, n’existe pas seulement pour des finalités correctes. La globalisation a
tendance ainsi à diffuser autant le négatif que le positif. La grande expansion du
commerce illégal international de drogues a accompagné les phénomènes les plus vastes
liés aux tendances à la globalisation. On pourrait dire la même chose, probablement, du
commerce illégal d´armes et, sûrement, de la croissance impressionnante des migrations
illégales de personnes, ainsi que de l´expansion du délit international.
18Cristian Garay V.- La Integración Regional y sus Efectos en la Seguridad y Defensa Nacional.- Santiago: Memorial del EJÉRCITO DE CHILE N° 464, 2000, p 25
29
Les bénéfices de la globalisation ne sont pas fréquemment distribués avec équité entre
les régions ou les nations, et les disputes économiques qui en résultent peuvent aggraver
les problèmes sociaux et politiques qui sont déjà fragiles et qui existent dans les pays
individuels, plus encore si l´on considère que la brèche entre les pays globalisateurs et
les pays globalisés augmente, ce qui revitalise les tendances d´opposition au phénomène
et permet que d´anciennes disputes l’emportent sur des opportunités dérivées de la
coopération et de l´intégration.
La globalisation est très intense mais déséquilibrée. Ceci parce qu´il y a des pays capables de globaliser et d´autres qui ont comme seule expectative d´être globalisés, ce à quoi il faut ajouter que l´augmentation de l´interaction produit aussi des tensions, à mesure que le volume et la complexité de la relation augmentent, spécialement si ces tensions apparaissent dans des affaires d´ordre territorial. 19
On peut remarquer qu’on profite du désordre et des désajustements que la globalisation
peut créer pour développer des actes illicites, dû au fait que les flux de marchandises
sont incontrôlables, la contrebande est plus courante et multiforme de ce que l´on peut
en général constater. Il y a des entreprises qui surestiment leurs exportations et évaluent
à moins les ventes, pour ainsi échapper aux charges fiscales, contribuant ainsi à
l´évasion de capitaux.
En ce qui concerne l'environnement, la pollution ne connaît pas non plus de frontières.
Le trou dans la couche d´ozone, l´effet de serre lié à la combustion des matières fossiles
et à la détérioration des grandes forêts tropicales concernent toute la planète. Si dans un
pays une marée noire, des pluies acides se produisent, ou bien une rivière est contaminée
à sa source à cause de résidus chimiques, tous les voisins se voient touchés, sans
mentionner les catastrophes nucléaires, dont les effets peuvent se faire sentir pendant
plusieurs années.
19Jaime García C.- Problemática de Defensa y Seguridad.- Santiago: Journal La Tercera, Juillet 2000.
30
Les mêmes facilités de transports internationaux déjà citées, permettent le déplacement
permanent de réfugiés politiques, réfugiés de la misère et simples immigrants, qui
passent d´un pays à un autre, ce qui a créé d´énormes conflits sociaux et de fortes
tendances xénophobes dans les états développés. La migration illégale vers les États-
Unis depuis l´Amérique Latine, ainsi que d´africains vers les pays d’Europe, en est un
exemple clair.
1.3.2 La transnationalisation et interdépendance complexe
Un autre processus important et caractéristique du système international actuel est
constitué par la transnationalisation et l’interdépendance complexe, concepts qui obéissent
à une construction théorique développée par Robert Keohane et Joseph Nye en 1971 .20
La transnationalisation est par Keohane et Nye définie comme le mouvement d´items
tangibles et intangibles à travers les frontières étatiques, quand au moins un acteur n´est pas
agent de gouvernement ou d´organisation inter-gouvernamentale.
Ils définissent l´interdépendance comme “ces situations caractérisées par des effets
réciproques entre des pays ou entre des acteurs de différents pays. Ces effets-là résultent
d´échanges internationaux, comme les flux d´argent, de biens, de personnes et de messages
qui traversent les frontières nationales. Où il y a des effets de coût réciproque dans les
échanges, il y a interdépendance. Lorsque les interactions n´impliquent pas d´effets de
coûts significatifs il y a tout simplement interconnection”.
Une caractéristique importante définie par cette nouvelle forme de relations est
l´existence de canaux multiples qui connectent les sociétés, constituées par des relations
inter-états, transgouvernementales et transnationales.
20Robert Keohane et Joseph Nye.- Poder e Interdependencia: La Política Mundial en Transición.- Buenos Aires: Grupo Editor Latinoamericano.
31
Outre l´interdépendance économique, il y a une tendance dans l´actualité à favoriser la
concurrence pour la sécurité entre les états, cette interdépendance se définissant comme une
situation où deux états sont mutuellement vulnérables. Chacun devient le prisonnier de
l´autre sur le terrain économique. En d´autres mots, l´interdépendance conduira
probablement à une plus grande concurrence, en ce qui concerne la sécurité.
Il s´agit d´une tendance à la multipolarité, comme effet de la perte d´importance des considérations de caractère militaire; de l’expansion de la société civile et des changements dans sa relation avec l´état ; de la configuration d´un agenda international plus ample, complexe et moins hiérarchisé ; comme conséquence, l´état cesse de monopoliser les relations externes et d´autres facteurs apparaissent. Finalement, consécutivement à la dévaluation du pouvoir militaire, les ressources de pouvoir se transforment, apparaissant celles de caractère commercial, technologique, financier, idéologique ou culturel. 21
Ces phénomènes, même s’ils ont déjà été développés antérieurement, ont une étroite
relation avec la globalisation, plus encore, ils en font partie. On estime qu’il est possible
d´établir que la transnationalisation est l´action qui se produit dans l’environnement
configuré par la globalisation, et l´interdépendance l´effet qui résulte des deux.
1.3.3 La régionalisation
La régionalisation consiste en l´union de plusieurs états dans le but de renforcer la
puissance de leurs possibilités individuelles, pour faire face ainsi à un monde de plus en
plus compétitif et de moins en moins solidaire avec les plus faibles ou avec ceux qui sont
isolés. Aujourd´hui, on observe de fortes tendances régionalisatrices parce que la majorité
des états comprend qu’en dehors d´elles, il est très difficile de rivaliser économiquement et
politiquement, de même que pour faire face à la croissante et diversifiée série de menaces
émergeantes de cet ordre nouveau.
21Luciano Tomassini.- Enfoques Teóricos para el Estudio de la Política Internacional.- in Carlos Molina J.- Cooperación regional. Potencialidades y Limitaciones desde la Perspectiva
de la Defensa Nacional.- Santiago: Revue Fuerzas Armadas y Sociedad, Año 15, N° 2, avril-junio 2000, p. 27.
32
Considérant que les menaces sont tous les éléments, les facteurs, les situations et les actions qui pourront empêcher d’atteindre des objectifs nationaux…, ce à quoi on fait face actuellement a subi un changement remarquable, aussi bien dû à l´apparition d´autres modalités de menace qu’aux nouvelles intensités de celles qui sont en vigueur. Les premières ont reçu la connotation « d´émergeantes » et se caractérisent par le chômage croissant, la marginalité de grands secteurs de la population, le trafic de drogues, le terrorisme dans toutes ses acceptions, le crime organisé, le trafic illégal d´armes et les violations des droits de l’homme, ainsi que la discrimination ethnique, religieuse et politique. 22
Le processus de régionalisation le plus avancé est celui de l´Union Européenne. Son
caractère institutionnel et sa structure politique servent de modèle aux initiatives qui, dans
le même ordre d’idées, se développent dans le reste du monde, atteignant un tel niveau
qu´elle a déjà son propre parlement, avec son exécutif, sa cour et a comme souverain le
Conseil Européen, qui est présidé de façon rotative et pendant six mois par les chefs de
l´exécutif des pays membres.
1.3.4 La fragmentation
Samuel Huntington indique que la diversité culturelle déterminée par les différences d´histoire, de langue, de culture, de tradition et ce qui est le plus important, de religion, constituera les sources de conflit du futur. Dans ce sens, il présente deux théories basiques: la première, celle des pays démembrés, qui sont ceux avec un grand nombre d´habitants de différentes civilisations ; et la deuxième, avec un degré considérable d´homogénéité culturelle, mais qui sont divisés par rapport au fait de savoir si leur société appartient à une civilisation ou à une autre.23
Le soulèvement des indigènes de l´État de Chiapas (Mexique) le premier janvier 1994,
organisés en l´Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), a constitué le début d´une 22 Déclaration officielle de la conférence des Ministres de la Défense d’Amérique.- Bariloche, 1997.
23Ibid.
33
vague de revendications de la part des peuples indigènes dans de vastes territoires de notre
Amérique Latine, parmi lesquels on compte des régions du Brésil, de Colombie, du Chili,
d´Equateur et d´Amérique Centrale.
Cependant, les revendications ne se limitent plus à exiger la non-discrimination. Leurs
pétitions vont bien au-delà et menacent de déséquilibrer les relations qui ont existé pendant
longtemps à l´intérieur de leurs pays respectifs.
Le cas de l´Amérique Latine acquiert une importance spéciale vu qu´il s´agit d´un sous-
continent caractérisé par une présence limitée dans le contexte international, ainsi que par
de profondes différences quant à la distribution de la richesse. Il s’agit d’un aspect qui peut
se concentrer dans deux grandes zones, l´Amérique Centrale et les Caraïbes -qui ont un
degré déterminé d´homogénéité dans leur problématique sociale- et la création d´une zone
potentielle d’ajournement social, politique et économique dans la région des Andes et de
l´Amazone, en Amérique du Sud, comme lien d´expansion et de transnationalisation d´une
problématique d’idée commune, avec l´exception du Chili et de l´Uruguay, autant par leur
situation géographique que par leur degré moindre d´hétérogénéité dans cette matière.
2. LA NOTION DE CONFLICTIVITE VUE DEPUIS L’AMERIQUE LATINE
Pour développer une vision de conflictivité dans la région, il est nécessaire de signaler
que le concept de région s’est élargi, incluant ces états appartenant aux Caraïbes dans son
ensemble, au-delà des hispanophones, étant donné que leur position géopolitique les attire
indéfectiblement vers la problématique latino-américaine, avec les conséquences positives
et négatives que cela implique.
Une fois faite cette remarque essentielle, on développera une vision de l’environnement
stratégique régional, basé sur la conflictivité intra-régionale et sur le cadre pour sa
34
prévention, comme étant des aspects consubstantiels pour commencer la définition des
éléments qui guideront cette recherche vers un nouveau système de sécurité interaméricain.
Pour une telle entreprise, nous avons eu recours à diverses sources spécialisées qui
développent des visions d’ensemble et des visions particulières de la réalité géopolitique
actuelle, parmi lesquelles nous pouvons remarquer des académiciens, des chercheurs et des
autorités politiques de renom qui ont participé au VI Séminaire de Recherche et
d’Éducation sur les Études de Défense et de Sécurité (REDES), qui s’est tenu à Santiago du
Chili entre le 27 et 30 octobre 2003.
Ce séminaire a été réalisé avec le patronage du Centre d’Etudes Hémisphériques de
Défense (CHDS), qui unit une vaste communauté académique interdisciplinaire
d’institutions éducatives civiles et militaires, qui favorise le dialogue continu dans le
domaine de la sécurité, de grande importance pour l’hémisphère, et qui soutient le
développement d’une communauté de défense dans la région.24
2.1. Le caractère conflictuel actuel en Amérique Latine et dans les Caraïbes
Comparativement avec d’autres régions, l’histoire récente de l’Amérique Latine et des
Caraïbes montre une proportion moindre de conflits armés inter-états et interethniques que
d'autres régions du monde, contrairement à ce qui se réfère à des conflits armés internes
provoqués par une combinaison de causes politiques, idéologiques et économiques, qui ont
déjà été analysées dans cette recherche.
La plupart des analystes coïncident dans leur argumentation sur le fait que le nombre
réduit de conflits armés inter-états répond, fondamentalement, à la maturation d’un
24Le sixième séminaire de REDES qui s’est tenu à Santiago au mois d’octobre 2003, a été co-patronné par le Ministère de la Défense et l’Académie Nationale d’Études Politiques et
Stratégiques du Chili, par le Commando Sud (SouthCom) et par la National Defense University (NDU) des États-Unis.
35
entourage de médiation et d’intervention, essentiellement diplomatiques, de la part de pays
de la région à travers différents organismes régionaux, aussi bien établis qu’ad-hoc.
En guise d’illustration, il suffit de citer la résolution du conflit limitrophe entre le Chili et l’Argentine qui s’est terminé par un succès; l’intervention du Groupe Contadora dans la résolution de la crise sous-régionale et des conflits armés en Amérique Centrale ; le rôle de l’OEA dans divers conflits domestiques de la région ; la participation d’états hémisphériques amis dans la distension et dans la résolution de la confrontation frontalière entre l’Équateur et le Pérou ; ou le gel de la réclamation de la Guyane Esequiba de la part du Vénézuéla, avec l’intervention des bons offices d’un représentant du Secrétaire Général de l’ ONU.25
Cependant, il existe encore plus d’une douzaine de conflits territoriaux et frontaliers qui
ne sont pas résolus et qui impliquent dix des dix-neuf pays indépendants d’Amérique du
Sud ou d’Amérique Centrale, et on considère que, dans cinq conflits au moins, un état a
utilisé la force et, dans deux autres au moins, un état a déployé des moyens militaires.
Néanmoins, pour les standards internationaux, les Amériques ont été relativement
exemptes de guerres au XXème siècle, raison pour laquelle l’hémisphère a été signalé pour
la rareté relative de ses guerres, de ses persistants conflits limitrophes, territoriaux et
d’autres types qui, dans certains cas, débouchent sur des conflits militaires, ou l’emploi
récurrent de bas niveaux de force pour déterminer des aspects des relations bilatérales.26
Dans ce sens, tout indique que ce sont les structures du système international
d’Amérique Latine et leurs rapports avec le système global – basiquement périphériques et
distants – ainsi que le répertoire de valeurs communes, de procédures et d’institutions
évidentes dans les relations interaméricaines, qui expliquent cette rare fréquence et la
courte durée des guerres dans la région.
25COORDINADORA REGIONAL DE INVESTIGACIONES ECONOMICAS Y SOCIALES.- Paz, Seguridad y Prevención de Conflictos en América Latina et el Caribe: una
Introducción.- Caracas, Buenos Aires, Managua: Brouillon préliminaire pour la discussion, juillet 2003, p.3.
26Jorge Dominguez.- Seguridad, paz y democracia en América Latina y el Caribe : desafíos para la era de posguerra fría.- p.4
36
Ainsi, ce qui se réfère à l’apparition limitée de conflits armés interethniques significatifs
répond, fondamentalement, à des raisons historiques – liées aux caractéristiques de la
colonisation espagnole et aux mécanismes de subordination de divers groupes aborigènes-,
juridiques et politiques.
Mais cette affirmation semble contrastée par l’émergence de situations de conflit armé
aux caractéristiques ethno-politiques, aussi bien de racine structurelle que d’expression
particulière, dont la racine se trouve dans la lutte des communautés originaires pour la
reconnaissance de leur culture et de leurs droits, ainsi que dans le cadre du processus de
trans-nationalisation des mouvements indigènes. Ceci a donné lieu à leur présence
croissante en tant qu’acteurs dans les systèmes politiques nationaux et régionaux, avec un
potentiel pour le développement de conflits armés, aussi bien de caractère local et national
que, éventuellement, transnational.
Cependant, les changements survenus dans le système international à partir des années
quatre-vingt ont introduit un nouvel ensemble de facteurs qui vont influencer le
développement potentiel de conflits armés, associés à l’affaiblissement de l’état, à
l’irruption de nouveaux acteurs au niveau international et local et à l’apparition de
nouvelles menaces, essentiellement de caractère transnational.
Avec la fin des guerres internes en Amérique Centrale, celle-ci a cessé d’être une région
de crise internationale qui a attiré l’attention tant des pays de la région que des acteurs
extrarégionaux. Dans ce cadre, les changements dans le système international - surtout la
fin de la Guerre Froide- ont eu des conséquences importantes sur les conflits et les
politiques de sécurité en Amérique Latine, à savoir :
Parce que la région a perdu de l’importance stratégique dans l’agenda de sécurité des
États-Unis.
37
Parce qu’il s’est produit un changement thématique dans l’agenda interaméricain,
déplaçant la priorité de la lutte contre le communisme à la lutte contre le trafic de drogue
et le terrorisme, qui lui est normalement associé.
La globalisation des relations économiques a donné de l’impulsion aux diverses
modalités de coopération face à différents problèmes régionaux, dont des problèmes
comme la migration et la protection de l’environnement.
Plus récemment, quelques analystes signalent comme sources de conflit externes et
internes dans la région les problèmes qui seront indiqués par la suite, considérant que cette
typologie admet la possibilité que les conflits émergeants combinent des éléments de
chacune de ces sources :
Les retards de la confrontation idéologique de la Guerre Froide, particulièrement en ce
qui concerne les cas de la Colombie, du Mexique et du Pérou.
La valeur que chaque état assigne aux frontières et aux territoires en dispute,
normalement situés sur des délimitations défectueuses.
L’existence d’états qui favorisent des conduites contre la sécurité d’autres états, tel que
le cas de Cuba et des États-Unis.
Comme sources de conflit interne : les zones hors du contrôle de l’état, la violence
urbaine et l’augmentation de la criminalité, des mafias et du crime organisé, avec le
narcoterrorisme, comme étant sa plus haute expression.
Comme sources potentielles de conflit : l’augmentation de thèmes de sécurité non
militaires, tels que le régionalisme et, en plus grande mesure, les problèmes ethniques et
religieux.
Dans un autre ordre d’idées, des études préliminaires récentes montrent que la tendance
à court et à moyen terme des conflits armés inter-états dans la région, motivés par des
disputes frontalières et des réclamations territoriales, tend à diminuer alors que les conflits
et les tensions domestiques de caractère socio-économique, ainsi que le développement de
nouveaux conflits et de tensions transnationales- basiquement liés au crime organisé, aux
38
migrations, au trafic de drogues, au développement de mouvements ethniques
transfrontaliers et au terrorisme global- sont enclins à augmenter, à court et à moyen
terme.27
Même si les conflits domestiques et les conflits transnationaux ne sont pas, dans la
majorité, des situations qui conduisent nécessairement à des affrontements armés, ils
peuvent devenir potentiellement, dans certain cas, des confrontations armées, ce à quoi
contribue, en plus, la prolifération d’armes de tout type dans la région et leur relation avec
le crime transnational et le trafic de drogue.
Alors que les problèmes de guerre entre les pays latino-américains ont disparu, de même que l’image de l’ennemi externe de la Guerre Froide, le phénomène d’insécurité citoyenne a contaminé toute la région et représente aujourd’hui la menace la plus sérieuse pour l’ordre démocratique, car le nombre annuel de victimes de la violence armée dépasse, dans certains cas, les pertes des conflits inter-états classiques.28
Cependant, il est nécessaire d’émettre une réserve par rapport à ces affirmations de
caractère général sur l’Amérique Latine et les Caraïbes et d’établir clairement que la
dynamique sous-régionale des éventuels conflits potentiels répond, en grande mesure, non
seulement à l’impact des processus globaux et transnationaux, mais aussi aux
caractéristiques culturelles, politiques et socio-économiques et aux dynamiques spécifiques
de chaque sous-région.
En Amérique Latine et dans les Caraïbes, nous remarquons une considérable hétérogénéité entre les différentes régions et les différents pays. Cependant, on nous voit comme une région. Nous avons des différences substantives et dans certains cas elles augmentent. Cependant, il existe une base substantielle pour agir en commun
27Pour plus de précédents, voir les travaux déjà publiés dans le cadre du projet “Carte prospective de conflits en Amérique Latine et dans les Caraïbes » demandés par la
COORDINADORA REGIONAL DE INVESTIGACIONES ECONOMICAS Y SOCIALES, in www.revistafuturos.org
28Klaus Bodemer, Sabine Kurtenbach et Andreas Steinhauf.- Seguridad/inseguridad en las subregiones de América Latina.- Résumé exécutif in Klaus Bodemer (éditeur) El nuevo
escenario de (in) seguridad en América Latina. ¿Amenaza para la democracia?.- Caracas: Nueva Sociedad, 2003 p. 65.
39
qui commence dès la langue et la culture et s’exprime en intérêts communs dans tous les domaines.29
Dans ce sens, les Caraïbes de langue anglaise et hollandaise ont suivi un processus de
décolonisation constitutionnelle et graduelle, en général peu touché par des conflits armés,
dont la tendance à se résoudre dans un cadre institutionnel contraste avec la situation du
reste de l’Amérique Latine.
D’autre part, dans les Caraïbes de langue anglaise, outre celles déjà citées et
éventuellement des persistantes tensions de caractère ethno-politique (comme dans le cas
de la Guyane), des réseaux criminels de caractère international ont exercé leurs activités au
point de pénétrer quelques gouvernements de la région et les systèmes financiers respectifs.
Un cas particulier est représenté par Haïti, ou pendant plus de deux décennies, il n’a pas
été possible d’articuler un système institutionnel capable de contenir diverses
manifestations de violence politique et/ou criminelle, malgré l’intervention d’acteurs
externes.
De son côté, l’Amérique Centrale a réussi à surmonter la crise régionale et les conflits
armés des années quatre-vingt pour se plonger dans la construction d’alternatives politiques
de post-conflits, dans un cadre démocratique et en fonction d’une réactivation du processus
d’intégration sous-régionale, laissant sans résolution, cependant, une série de disputes
territoriales, telle que la dispute pour le Golfe de Fonseca entre le Salvador et le Honduras,
et le différend des limites entre le Nicaragua et le Honduras dans la mer des Caraïbes, entre
autres.
Ainsi, les pays d’Amérique du Sud, grâce à une série de mécanismes diplomatiques
institutionnels, ont incité, en lignes générales, des processus de re-démocratisation et
29Francisco Rojas A.- Introducción. Seguridad humana : concepto emergente de la seguridad del siglo XXI.- in Francisco Rojas A. et Goucha Moufida (éditeurs).- Seguridad humana.
Prevención de Conflictos y Paz.-. Santiago du Chili: UNESCO, FLACSO, p.23
40
d’approfondissement démocratique après les régimes militaires des années précédentes et
une significative distension autour des disputes territoriales. Cependant, ils n’ont pas réussi
à surmonter le manque d’équité et la prolifération de l’exclusion sociale.
De même, les pays andins, avec leurs particularités spécifiques, sont entrés dans un
profond processus de crise politique et sociale qui remet en question les fragiles
démocraties locales, devenant un bouillon de culture pour des situations de conflits armés
domestiques et, éventuellement, régionaux, avec une forte prédominance du trafic de
drogue comme un des éléments à souligner.
Il est important de signaler, dans ce cadre des différences dans les dynamiques sous-
régionales, que la décennie des années quatre-vingt dix a été associée à un processus de
distension marquée entre les tensions et les conflits frontaliers en Amérique du Sud,
fondamentalement en fonction de la mise en place d’une série d’initiatives diplomatiques
qui tendent à développer la coopération, la transparence et la résolution pacifique des
conflits dans la zone.
Pendant ce temps, surmonter les conflits internes et la crise en Amérique Centrale a
contribué à une diminution des conflits entre les états, en même temps que l’émergence de
processus d’insécurité et de violence dans les sociétés de la sous-région, associées à des
phénomènes de crime transnational, que sont les fléaux qui aujourd’hui affectent la plupart
de ces pays.
2.2 Les États-Unis et les rapports de sécurité avec l’Amérique Latine
Introduire une vision sur la réalité actuelle des États-Unis peut être, paradoxalement,
aussi simple que complexe, étant donné la particularité qui la caractérise et son rôle
gravitant dans le devenir mondial, en fonction de leur condition de puissance hégémonique
globale.
41
Pour cette raison, le point de vue des Etats-Unis, en ce qui concerne la sécurité
hémisphérique, sera traité sur la base des objectifs manifestes qui sont identifiés dans les
versions officielles données par des autorités compétentes, ce avec quoi on prétend obtenir
l’identification de leurs liens de sécurité actuels avec l’Amérique Latine.
Une fois le président George W. Bush installé au gouvernement nord-américain, le
Bureau des Affaires de l’Hémisphère Occidental du Département d’État a pris en compte
une série initiale de possibilités d’entente et des domaines de travail pour l’Amérique latine,
qui ont été:
Se consacrer au Mexique car, étant donné sa condition de voisin immédiat au sud, les
affaires bilatérales - immigration, trafic de drogue, commerce, etc.- ont une proéminence
et une urgence spéciale.
Aborder la crise en Colombie, menacée curieusement dans l’hémisphère par la
combinaison des drogues, du terrorisme et de l’insurrection.
Étendre le compromis avec les trois grands du Cône Sud : l’Argentine, le Brésil et le
Chili.
Se préparer pour l’ère post-Castro à Cuba.
S’engager, avec d’autres gouvernements démocratiques de l’hémisphère, à développer
une Zone de Libre Echange des Amériques pour la fin de l’année 2005.
Développer une optique globale et intégrée face aux menaces de la région.
Reconfigurer l’optique vers la région des Caraïbes.
Avec ces prémisses, les États-Unis sont entrés dans le siècle actuel avec des objectifs
politiques différents car la contention du communisme a été remplacée par un effort pour
augmenter la communauté des pays engagés avec les mêmes objectifs et idéaux essentiels.
En premier lieu, un engagement avec la démocratie constitutionnelle, ce qui entraîne des
élections libres et justes, un pouvoir judiciaire indépendant, des libertés individuelles
fondamentales et des forces armées professionnelles, sous le contrôle civil.
42
En deuxième lieu, un engagement avec les économies de marché, le commerce et le
développement, dirigé dans le but d’obtenir de meilleurs associés commerciaux, des voisins
plus pacifiques et des protagonistes plus responsables sur la scène internationale.
Troisièmement, un engagement avec la coopération multinationale. L’ère bipolaire a
terminé et la plupart des problèmes actuels sont de nature multinationale. Il est donc
nécessaire que plusieurs pays travaillent ensemble pour aborder ces défis, que ce soit en
groupes ad hoc ou dans des forums multilatéraux formalisés. Un groupe d’organisations
sous-régionales à la crédibilité croissante a facilité l’action avec l’ensemble, tel que le
MERCOSUR, le Groupe de Rio et le Pacte Andin.
Ces trois attributs – démocratie constitutionnelle, économies de marché et la coopération
multinationale – sont les objectifs positifs que l’on demande à tous les pays d’atteindre car
la plus grande préoccupation pour la sécurité n’est plus le monolithique adversaire
communiste mais plutôt une série de menaces décentralisées, transnationales et non
traditionnelles qui affectent directement l’ensemble.
Selon le point de vue des États-Unis, l’axe central de ces menaces se trouve dans les
problèmes suivants :
Le terrorisme a augmenté en tant que préoccupation internationale avec les attaques au
World Trade Center et au Pentagone, menant le gouvernement nord-américain à déclarer
la guerre contre les terroristes et contre ceux qui les protégent ou les soutiennent.
Le trafic de drogue, industrie de 50 mille millions de dollars par an, qui favorise
l’activité criminelle de tout type, alimente la corruption et compte de grandes pertes
humaines, aussi bien dans les nations consommatrices que productrices, considérant que
la demande des États-Unis est alimentée principalement par ou à travers l’Amérique
Latine.
43
Les migrations, car il s’agit de flux qui peuvent être utiles dans certains cas pour la zone
réceptrice, mais souvent avec des habilités qui peuvent faire du tort.
Dans le cas des États-Unis, le profil de l’immigration a changé de façon dramatique au
cours du siècle dernier. Avant la Deuxième Guerre Mondiale, les immigrants arrivaient
aux États-Unis principalement d’Europe, mais depuis, l’équilibre s’est modifié en
permanence provenant d’Amérique Latine et d‘Asie.
Un exemple de ce qui vient d’être signalé, c’est que l’immigration depuis l’Amérique
Latine est en train de changer le profil démographique des Etats-Unis. Cela peut être
mesuré dans le fait que la population hispanique a augmenté de 2,5% en 1945, jusqu’à
13% en 2002, et on attend 25% pour l’année 2050.
Dans un autre ordre d’idées, et toujours du point de vue nord-américain, en Amérique
Latine il y a un pays qui fait face à tous ces problèmes et qui a acquis une position
importante dans les préoccupations de Washington envers la région : c’est le cas de la
Colombie.
Les guérillas sont favorisées par l’argent de la drogue qui, dans certains cas, leur permet
de dépasser l’armement de l’armée régulière. Elles n’ont aucune réserve pour recourir à des
tactiques terroristes, faisant déborder la situation dans la région, à travers les flux de
réfugiés, l’expansion de la culture de la drogue et, finalement, l’utilisation de secteurs extra
colombiens comme bases de sécurité et de soutien pour leurs groupes paramilitaires.
Comme cela a été présenté, l’apparition d’un changement fondamental dans la manière
dont les États-Unis voient l’Amérique Latine est évidente : les objectifs politiques sont
différents et les menaces contre la sécurité sont principalement non traditionnelles, ce qui
oblige nécessairement à un changement de procédé.
44
Par conséquent, l’Aire de Libre Echange des Amériques (ALCA) est le point principal
de l’agenda commercial des Etats-Unis pour l’Amérique Latine, principalement parce
qu’un grand nombre des menaces dans la région empirent à cause de la pauvreté et le
manque de croissance économique.
Ainsi, la manière la plus directe pour que les Etats-Unis encouragent la croissance
économique en Amérique Latine c’est à travers un régime commercial ouvert qui crée des
opportunités commerciales libres et justes pour tous les pays de l’hémisphère, s’étant
engagé à établir l’ALCA avant janvier 2005.
En ce qui concerne un accord hémisphérique de sécurité, les États-Unis sont pour la
révision de l’architecture régionale et l’évaluation du rôle des instruments et des institutions
de sécurité hémisphérique actuels, ainsi que de leur capacité de réponse aux menaces
traditionnelles et nouvelles dans la région. Alors, quel est fondamentalement du point de
vue nord-américain le futur de la coopération pour la sécurité dans l’Hémisphère
Occidental ?
Comme point de départ, on considère que la présence d’un pouvoir militaire important
devrait être un grand avantage pour l’hémisphère en termes de sécurité. Les États-Unis ont
une capacité de dissuasion nucléaire crédible, une force aérienne puissante et une marine
océanique sans contrepoids dans le monde, ainsi que la capacité de projeter leur pouvoir
partout sur le globe.
Cependant, si l’Amérique Latine doit avoir vraiment un accord de sécurité, les pays de
l’hémisphère doivent être d’accord sur quand et comment les forces des États-Unis
pourraient se déployer dans la région. Actuellement cet accord manque, vu que le TIAR a
été invoqué plusieurs fois pendant son histoire qui date de cinquante ans, mais sa légitimité
a été sapée par la perception d’être un instrument pour des décisions déjà prises par
Washington.
45
A quatre reprises, l’OEA a invoqué la Charte Démocratique, mais à chaque fois l’invocation a été plutôt un exercice de pression face à des homologues qu’un précurseur à l’action militaire coordonnée. Tels qu’ils sont institués aujourd’hui, aucun de ces instruments ne semble avoir la capacité de fournir une structure pour que le plus puissant pouvoir militaire du monde prenne des mesures internationalement approuvées dans leur propre hémisphère. Ou les pays restants de la région décideront d’exclure les ressources des États-Unis et maintiendront un accord de sécurité collective entre eux, ou l’Amérique Latine ne comptera pas sur un accord de sécurité collective30.
Même si les définitions exactes peuvent varier, du point de vue nettement nord-
américain, il y a trois grands modèles pour un accord de sécurité multilatérale : sécurité
collective, alliance et non-intervention. Les trois présentent des défis uniques en Amérique
Latine.
Premièrement, la sécurité collective. Un accord de sécurité collective dispose l’action
sur la base de règles pour combattre l’agression contre n’importe quel membre du groupe.
Il est d’une nature principalement défensive, facilitant une réponse conjointe face à une
attaque qui proviendrait du dehors ou de l’intérieur du groupe, étant plus efficace quand les
membres du groupe correspondent à ce que chaque pays voit comme étant sa sphère
importante de sécurité, de façon à ce que la défense du bien commun soit dans l’intérêt
propre de chaque membre.
L’architecture actuelle de la sécurité en Amérique Latine s’approche d’un accord de
sécurité collective. Les thèmes qui affectent les intérêts nationaux respectifs de la majorité
des pays de l’hémisphère se trouvent dans l’hémisphère même, que ce soit en évitant des
conflits dans la région ou en maintenant l’inviolabilité du Canal de Panamá et les routes des
compagnies de navigation commerciale. De plus, des instruments tels que le Traité de Río
30William Brownfield,.El pasado, presente y futuro de los vínculos entre Estados Unidos y América Latina.- Santiago: Academia Nacional de Estudios Políticos y Estratégicos,
octubre 2002-, p.9
46
et la Charte Démocratique Interaméricaine tracent des règles avec lesquelles l’action
collective sera prise pour le bien du groupe.
La deuxième possibilité d’un accord multilatéral de sécurité est une alliance. Une
alliance est une institution de direction externe créée pour prendre des actions offensives
conjointes contre un ennemi commun hors de l’alliance. Ses membres unissent leurs forces
et projettent une capacité offensive, étant habituel qu’elle devienne effective pour
contrecarrer la menace d’un ennemi spécifique.
Pour l’Amérique Latine, une alliance serait difficile étant donné que la majorité de ses
pays ne voient pas que leur intérêt national s’étende au-delà de l’hémisphère, et n’ont pas
de capacités de projection de forces pour fixer des biens ou des actifs à l’extérieur. Le
résultat est que l’Amérique a un des taux les plus bas au monde dans la participation aux
forces de paix.
Si on prend comme exemple les opérations réalisées en Afghanistan depuis 1991, une cinquantaine de nations ont fait des apports militaires à la campagne : 25 des pays participants étaient de l’Europe, 10 d’Asie Centrale, 6 de l’Asie Orientale et du Pacifique, 4 du Moyen Orient, 4 d’Afrique et zéro d’Amérique Latine. Dans ce sens, il devient difficile de voir la création d’une structure importante pour une alliance dans cet hémisphère.31
Le troisième et dernier accord multinational possible est vraiment plus un non-accord :
une doctrine de non-intervention. Avec cela, les états participants sont d’accord de
respecter pleinement leurs souverainetés respectives lorsqu’ils accordent de ne pas
s’agresser les uns les autres, tendant à une attraction politique superficielle, puisque quand
les intérêts nationaux sont en jeu, ils s’accomplissent rarement.
31Ibid, p.10
47
Avec les défis que présentent tous les possibles accords de sécurité multinationaux, il est
difficile de voir comment on pourra créer un système hémisphérique rigoureux. Peut-être
que l’hémisphère se transformera en un cas spécial, avec un système de sécurité venant de
la pression des pairs.
En effet, pour les Etats-Unis, l’Amérique Latine crée beaucoup de défis tandis qu’elle
avance dans le nouveau siècle, ce qui permet de développer une vision sur son
comportement face aux occasions et aux nouveaux défis pour leur politique extérieure, à
savoir :
Le Mexique maintient son caractère de relation bilatérale cruciale, ayant obtenu des
avancées substantielles dans des domaines comme la migration, la sécurité frontalière,
l’observation de la loi et de l’environnement. Les États-Unis et le Mexique ont un accord
plus fort que jamais pour augmenter la prospérité, élever les niveaux de vie et garantir la
sécurité des deux sociétés.
La Colombie se trouve confrontée à un rapport nuisible entre le commerce de drogue et
l’activité d’insurrection terroriste qui pourrait favoriser l’instabilité ailleurs dans la
région. Les drogues affectent directement les pays andins, diminuant leur
développement économique et soutenant les réseaux criminels et la corruption, ainsi que
dégradant la morale de la population des États-Unis.
Les institutions démocratiques sont sous tension alors que les gouvernements élus
s’efforcent de maintenir un contrôle efficace sur leurs pays et ainsi éviter que la
corruption ne s’étende, produit par l’argent de la drogue. Les principaux composants de
la stratégie des États-Unis pour la Région Andine sont l’éradication des cultures de la
drogue, l’interdiction et le développement alternatif.
Cuba impose de se préparer pour la transition post-Castro, ayant lancé une « Initiative
pour un nouveau Cuba », qui est créée pour obtenir des réformes démocratiques et
économiques, telles que des élections libres pour l’Assemblée Nationale et l’introduction
de mesures pour ouvrir l’économie contrôlée par l’état.
48
Le Vénézuéla, dont le gouvernement –celui de plus importante connotation personnaliste
dans la région, après Cuba- s’est élevé comme un ennemi ouvert de l’administration du
président Bush et a réussi à altérer les équilibres normaux de la région, en maintenant
une politique extérieure agressive qui met les états dans une position de pour ou contre
lui, en fonction de sa relation, plus ou moins importante, avec les Etats-Unis.
Haïti se trouve se trouve sous le mandat de l’ONU et de grands objectifs ont été atteints,
bien que le besoin de mesures urgentes pour aborder des thèmes concernant la sécurité,
la justice, les droits de l’homme, le bon gouvernement et la santé persiste. La corruption,
le trafic de drogue, les abus contre les droits de l’homme, et une économie difficile de
relever sont une menace permanente contre les options de développement de Haïti.
Dans les pays d’Amérique Centrale, le principal défi est d’éviter un recul quant au
progrès déjà atteint. Des conflits violents ont été résolus et des réformes économiques
ont été entreprises, et il y a eu des avancées significatives en matière de libre commerce
avec la région.
Finalement, pour les principaux pays du Cône Sud, l’Argentine, le Brésil et le Chili, le
défi est d’établir une relation mûre en matière de sécurité. Le défi pour ces nations est de
construire sur la base des réussites communes et développer plus encore les relations
bilatérales.
2.3 Le Brésil et sa position de leader régional
Le Brésil constitue un ensemble géopolitique en soi, étant donné sa condition
géographique essentielle et ses caractéristiques géopolitiques, se distinguant en Amérique
Latine non seulement pour son extension territoriale et pour avoir une population
supérieure à tous ses voisins sud-américains conjointement, mais parce que sa politique
extérieure l’a mené à se positionner avec efficacité dans la région.
En contraste, sa pro-activité politique et stratégique, ainsi que sa stature économique
internationale, n’ont pas été suffisantes pour équilibrer une problématique sociale interne
49
qui le maintient dans le tiers monde, étant donné les hauts indices de pauvreté et la pauvreté
extrême d’une considérable partie de sa population, ce qui l’a mené à des processus de
revendication complexes et persistants.
Dans ce sens, la direction politique actuelle a assumé une posture radicale pour trouver
une solution à ses problèmes les plus accablants, sur la base de l’instauration d’une sorte de
ligue progressiste qui l’a conduit à augmenter ses relations avec des pays comme
l’Argentine, le Vénézuéla et Cuba, en vue de créer un pôle de contrepoids à l’hégémonie
nord-américaine dans la région.
Si on prend en compte le poids que le régionalisme a acquis dans la réorganisation du
pouvoir mondial, ainsi que les changements qualitatifs dans le concept de sécurité
internationale dans la post-Guerre Froide, les pays avec des ressources de pouvoir capables
d’exercer un leadership régional ont gagné un nouveau rôle protagoniste.
De plus, avec le déclin du bipolarisme hégémonique, même si les conflits se sont
accentués de façon prédominante dans la région, les perspectives de coopération se sont
également élargies avec l’avancée des processus d’intégration sous-régionale, et dans ce
contexte, la position du Brésil a été marquée par la recherche de la réaffirmation de son
leadership dans le sous-continent d’Amérique du Sud.
Dans l’analyse de la constitution d’un régime hémisphérique de sécurité et de la posture
adoptée par le Brésil sur le sujet, il y a deux questions fondamentales à prendre en compte :
la première se réfère à l’impact du MERCOSUR dans l’équilibre géopolitique continental ;
et la seconde se réfère au renforcement de la présence brésilienne sur la scène géopolitique
amazonienne, versant qui s’ajoute au rôle du pays dans l’agencement du cône sud-
américain, soutenant sa condition d’acteur clé dans la conformation des arrangements
hémisphériques en matière de sécurité.
50
Cette vision permet d’affirmer que l’avancée de la présence du Brésil dans la région,
aussi bien politique qu’institutionnelle, réduit les possibilités de création d’un arrangement
hémisphérique de sécurité dans un sens plus vaste, devenant plus probable le scénario où
cet arrangement se définirait à peine en termes généraux et de façon compatible avec
d’autres accords sous-régionaux aux caractéristiques différenciées.
Avec la fin de la Guerre Froide, il a été possible d’observer un ensemble d’initiatives
convergentes, dans le sens de revitaliser le concept de sécurité régionale, augmentant son
spectre, depuis l’incorporation des nouveaux thèmes de l’agenda - démocratie, commerce
de drogues, migrations et droits de l’homme, entre autres - et de l’adoption du concept de
sécurité coopérative où les pays se disposent à coopérer dans le domaine de sécurité, avec
des mesures de caractère préventif.
En ce qui concerne les objectifs du Brésil par rapport à la politique régionale de sécurité, l’ex-Ministre des Relations Extérieures, Luis Felipe Lampreia, affirmait : « Notre préoccupation doit être orientée au combat du trafic d’armes et la diplomatie Brésilienne a travaillé avec cet objectif à l’OEA et dans les dialogues avec les autres pays de la région. Nous sommes un pays qui jouit de crédibilité et de confiance, produits de haute valeur dans les relations internationales ».32
Dans ce sens, le Brésil estime nécessaire d’accorder plus d’emphase au rôle des nations
non hégémoniques par rapport aux régimes et aux institutions régionales dans le processus
de promotion de la sécurité régionale. Ces changements le conduisent à réorienter sa
stratégie dans deux directions, les deux destinées à étendre les options internationales du
pays : une forte adhésion aux régimes internationaux dans le domaine de la sécurité et la
priorité à la dimension sous-régionale de sa politique extérieure.
32Luis Felipe Lampreia.- Discours du Ministre d’Etat des Relations Extérieures. New York : ouverture de la 52ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU, le 22 septembre 1997,
in Ricardo Sennes, Janina Onuki et Jorge de Oliveira.- La política exterior Brasileña y la Seguridad hemisférica. Santiago, Séminaire Research and Education in Defense and Security
Studies (REDES 2003), Center for Hemispheric Defense Studies, octobre 2003
51
La vision brésilienne soutient que le scénario a ses fondements dans la supériorité du libre marché ainsi que dans les régimes démocratiques, au moins dans la majorité des pays axe d’un ordre polyarchique (…). L’acteur hégémonique militaire unipolaire se retire graduellement, se limitant à composer un système international dont les protagonistes sont les grands blocs régionaux. En d’autres mots, il s’agit de la conformation d’un scénario de multipolarité avec une intégration coopérative ou sélective33.
On devra comprendre l’évolution des options stratégiques internationales du Brésil dans
le contexte des transformations, tant sur le plan domestique que dans son environnement
régional immédiat. Il est nécessaire de rappeler que toutes les conditions vont dans le sens
d’une insertion internationale démilitarisée.
D’un côté, la région sud-américaine était considérée comme étant une zone sans conflits
internationaux conventionnels et il n’y avait pas de justification pour une course à
l’armement. Pour sa part, le parapluie nucléaire hémisphérique étatsunien rendait encore
moins probable une menace externe qui mérite la préoccupation de la part du Brésil. C’est
pourquoi il n’y avait pas de raison pour une politique extérieure belliciste.
La difficulté a toujours été dans le caractère unique du système de sécurité dans la
région, dû à la grande hétérogénéité des pays, aussi bien en termes économiques que
sociaux. Quelques essais importants pour établir un arrangement ont été l’axe du
régionalisme, contenu dans le Compromis de Santiago avec la Démocratie et la Rénovation
du Système Interaméricain, et l’établissement d’un calendrier de réunions périodiques des
Ministres de la Défense, qui a révélé une forme embryonnaire de configuration d’agenda
régionale en matière de Sécurité.
Le contexte dans lequel le Brésil a défini son insertion stratégique internationale se base
sur deux piliers fondamentaux : la démarcation de la région sud-américaine comme zone
d’influence et le multilatéralisme, aussi bien dans le domaine de la sécurité internationale
33 Sennes, Et. Al.- Ibid., p.6
52
que dans les thèmes économiques et commerciaux, comme élément qui servirait de
contrepoids à l’hégémonie hémisphérique nord-américaine.
En même temps et bien que de façon graduelle, le Brésil s’oriente vers l’incorporation
du concept vaste de sécurité, incluant les dimensions non traditionnelles, avec une posture
plutôt sélective que réfractaire. Par exemple, il a avancé dans le traitement régional de
questions telles que le trafic de drogue, mais il a cherché à se maintenir en marge de thèmes
comme le terrorisme.
Actuellement, le front andin représente le plus grand défi pour le Brésil en ce qui
concerne sa politique extérieure régionale, basiquement parce que la région est devenue le
plus grand foyer d’instabilité continentale, sur la base de l’effondrement de l’ordre
constitutionnel dans des pays tels que le Pérou et le Venezuela ; la violation grave des
droits de l’homme, comme dans le cas de la Colombie ; l’intensification du trafic de drogue
dans des pays comme la Colombie, le Vénézuéla, le Pérou, la Bolivie et le Brésil ; la
dégradation de l’environnement ; l’instabilité économique et politique et l’essor des
niveaux de corruption.
Comme les plus grandes marges de manœuvre Brésiliennes sont dans les domaines
politique et diplomatique, pour le moment, une action de caractère purement militaire est
hors de ses options, domaine dans lequel la capacité des Etats-Unis est disproportionnée,
raison pour laquelle des analystes civils et militaires tendent à penser que le Brésil ne
dispose pas de ressources pour participer de façon directe dans des conflits qui le
concernent, comme le cas de la Colombie.
La relation entre le Brésil et les Etats-Unis, en matière d’accords hémisphériques, tend à
se croiser à cause de leur perception divergente en ce qui concerne l’efficacité des
institutions multilatérales de sécurité, non seulement le TIAR mais aussi l’OEA, doutant de
la possibilité que, dans une ambiance de polarisation hégémonique, Washington serait
53
disposé à renoncer à l’efficacité d’actions unilatérales au profit d’un plus grand équilibre
institutionnel.
Cette vision a du sens dans des commentaires par rapport aux changements survenus dans le Cône Sud parmi lesquels on peut citer : « Le Brésil et les autres pays du MERCOSUR sont en train de réaliser une transformation dont les conséquences pourront altérer significativement la manière dont les Etats-Unis exerceront une politique hémisphérique au siècle prochain » ou même, « la capacité supérieure du Brésil et son aspiration latente pour le leadership régional suggèrent une rivalité croissante dans certains aspects avec la politique des Etats-Unis pour l’Amérique du Sud.34
Dans l’agenda hémisphérique des Etats-Unis, le thème de la sécurité internationale est
revenu au premier plan, avec des impacts évidents pour la position Brésilienne, que ce soit
concernant l’hypothèse de rapport entre des opérations illicites sur la triple frontière
(Argentine-Brésil-Paraguay) comme source de financement du terrorisme international, ou
bien concernant la discussion qui est apparue quant au rôle du TIAR dans le système
hémisphérique de défense.
Après les attentats de septembre 2001, face aux pressions des Etats-Unis pour collaborer
dans sa guerre anti-terroriste, le Brésil a résolu de donner une solution diplomatique à ces
demandes, choisissant d’invoquer le TIAR comme l’instrument existant le plus adéquat
pour traiter le thème, cherchant à se valoir de l’inactivité de ce traité pour échapper à tout
nouvel engagement avec Washington .
De l’éventail de questions qui concernent directement l’Amérique du Sud dans la
politique des Etats-Unis pour le combat contre le terrorisme, le Brésil a accepté de
collaborer à un petit nombre d’entre elles. Par exemple, il a été d’accord pour renforcer le
service de renseignements nord-américain dans le pays, spécialement orienté à superviser la
34 G. Fauriol et S. Weintraub.- US Policy, Brazil and the Southern Cone.- Washington: The Washington Quartely, 1995, pp. 124 et 129.
54
région de la triple frontière. Cependant, il n’a pas accepté l’adoption d’une politique de
surveillance sévère dans cette même région et, en même, temps il a refusé, jusqu’à présent,
de classifier les FARC colombiennes comme étant une organisation terroriste.
Les pressions ont été croissantes pour que le Brésil augmente son niveau d’engagement
dans la situation colombienne, principalement avec l’argument que les groupes guérilleros,
les trafiquants d’armes et de drogues et les agents de blanchiment d’argent possèdent de
fortes connexions avec le crime organisé au Brésil. Ce pays continue d’être réticent de se
mêler au conflit colombien, mais doit progressivement accepter quelques fonctions de
médiation, de soutien ou même de fournir des renseignements.
Historiquement, il est évident que le Brésil a cherché un rôle de contrepoids dans le
multilatéralisme hémisphérique dans le domaine de la sécurité, avec une ligne de conduite
anti-hégémonique35, aussi bien au sein de l’OEA que de celui du TIAR, avec une critique
forte et ouverte, restant très réticent pour incorporer les nouveaux thèmes à son agenda de
sécurité, cédant seulement dans la mesure où les problèmes non traditionnels, tels que le
trafic de drogue et le terrorisme, continuent d’être des priorités pour les principaux acteurs
hémisphériques, avec une emphase spéciale pour les Etats-Unis.
De cette façon, il est à espérer que la participation du Brésil dans les accords
hémisphériques de défense, sous le leadership des Etats-Unis, sera assez réduite,
spécialement à cause de la conjoncture actuelle où il prétend consolider sa position de
leader régional, avec un rôle actif dans la formation d’un agencement sud-américain de
caractère coopératif.
35 Antonio Oliveira et Janina Onuki.- Brasil, Mercosul e Segurança Regional.- Brasilia: Revista Brasileira de política Internacional, Nº 43, 2000
55
2.4 Le Mexique : entre le nationalisme, l’Amérique du Nord et l’Amérique
Latine36
Le Mexique est un des états de plus grande importance en Amérique Latine –malgré le
fait de se trouver éclipsé de par sa position géographique de voisinage avec la puissance
hégémonique mondiale– qui synthétise de forts contrastes politiques, économiques et
sociaux, qui traînent dans le temps à cause de son manque de capacité pour s’organiser et
exploiter son énorme potentiel.
En effet, le voisinage avec les Etats-Unis a été historiquement interprété de manière
paradoxale, tant « une malédiction qu’une opportunité »37, d’où il en ressort que cette
relation est un élément inévitable au moment d’évaluer son devenir géopolitique.
De là on comprend que le Mexique est un pays qui n’a pas une situation géopolitique
globale ni n’a fait partie d’alliances stratégiques pendant le long gouvernement du Parti
Révolutionnaire Institutionnel (1929-2000). Sa politique de sécurité nationale et de défense
a été (et continue d’être) nationaliste et défensive. Pendant la Guerre Froide, il s’est isolé
des Etats-Unis, principalement pour ne pas avoir la même politique hémisphérique de
combat contre le communisme, car il a perçu cette politique comme une violation des
principes de cohabitation internationale.
Avec la fin de la Guerre Froide, la géopolitique basée sur la confrontation idéologique a
cessé d’être importante et de nouveaux défis sont apparus, pour lesquels de nouveaux
accords ont été actualisés et mis en place, aussi bien bilatéraux que multilatéraux.
En d’autres mots, la démocratie en ce qui concerne la politique et le libre commerce en
tant que tendance macroéconomique modifie l’ambiance, malgré les faiblesses des
36 Raúl Benítez-Manaut.- México: Desafío existencial en seguridad: entre el nacionalismo, América del Norte y América Latina.- Santiago: Séminaire Research and Education in
Defense and Security Studies (REDES 2003), Center for Hemispheric Defense Studies, octobre 2003.
37 Luís Rubio.- México en la nueva realidad internacional.- in www.cidac.org, juillet 2003.
56
systèmes politiques démocratiques observées dans un grand nombre de pays de
l’hémisphère. Le Mexique suit la tendance latino-américaine d’accepter le libre échange,
accompagnant ce processus de la démocratisation du système politique, mais sans avoir
actualisé sa politique extérieure et de défense.
L’occupation militaire de l’Irak, à partir du 19 mars 2003, est devenue une affaire de
politique interne au Mexique. Le secteur qui a ouvertement exprimé son soutien aux Etats-
Unis, incitant le gouvernement à appuyer l’action militaire, a été la communauté patronale.
Cependant, la plupart de l’élite politique a exigé au président le suivi des principes de
politique extérieure, mais pour s’opposer à Washington .
Le Mexique a une position vitale au Conseil de Sécurité de l’ONU. Il est en train de
décider entre deux options : d’un côté, s’il va continuer à être un pays isolé qui n’affronte
pas les grands débats stratégiques mondiaux à cause d’une interprétation nationaliste et
d’isolement des « principes » ou, au contraire, s’il commence une politique plus active.
Le premier facteur qu’il faut prendre en compte est sa relation avec les Etats-Unis :
parfois ça a coïncidé et en d’autres occasions non. Ceci est normal entre des pays qui ont
une relation complexe et très étroite. La dissidence se présente parce qu’en réalité il existe
une « égalité juridique entre les états », mais différentes priorités entre eux.
Comme conséquence de la guerre contre le terrorisme, depuis septembre 2001, les Etats-
Unis concèdent une grande priorité à leur sécurité territoriale et ils dépendent beaucoup de
la collaboration que, de façon quotidienne, offrent leurs deux voisins pour protéger les
frontières.38 Pour cela, le lien stratégique ne peut pas se détériorer.
De nos jours, la menace terroriste, surtout celle qui provient du Moyen-Orient, grandit
en complexité et centre son action sur des objectifs nord-américains. L’utilisation possible
du territoire mexicain pour entrer aux Etats-Unis, étant donné la porosité de la frontière, ou 38 Accords “Smart Borders” signés avec le Canada en décembre 1991 et avec le Mexique en mars 2002.
57
que des nord-américains dans ce pays soient la cible d’attentats, est pour le moment le
facteur de menace du terrorisme international au Mexique.39
Quant à la sécurité hémisphérique, contrairement à l’époque de la Guerre Froide, les
nouvelles menaces proviennent d’acteurs hors des états. Et il est clair également que celles-
ci augmentent dû au manque de structures gouvernementales solides pour les affronter. En
plus, il est nécessaire de réviser les accords internationaux et de coopération des
gouvernements car un grand nombre d’entre eux sont inadéquats pour les affronter avec
efficacité.
Cette tendance est claire en Amérique du Sud, principalement comme élan de la
politique extérieure du Brésil.40 En Amérique du Nord, le Traité de Libre Echange n’a pas
été le référant des gouvernements en tant que plate-forme pour atteindre des accords supra
commerciaux. De plus, le TLCAN, de façon délibérée, n’a pas inclu une structure
institutionnelle pour son administration.
Une autre dimension quant à la sécurité entre le Mexique et les Etats-Unis a à voir avec
l’actualité du TLCAN dans un grand nombre de ses chapitres. Quoique le traité se
restreigne à l’aspect commercial, il a un impact indirect sur la sécurité, aussi bien à cause
des inégalités évidentes qu’à cause de la question agricole, des thèmes d’énergie (pétrole et
électricité) et ceux de l’environnement (principalement à la frontière), étant donné qu’il y a
une grande quantité d’engagements signés sur ces sujets. En particulier, le Mexique, en plus
d’être un pays frontalier, est également un pays producteur de pétrole et un des principaux
fournisseurs des Etats-Unis.
En matière de sécurité hémisphérique, la période de la Guerre Froide a isolé le Mexique
des Etats-Unis et des pays latino-américains, se maintenant en marge de la coopération
contre le communisme et a critiqué à maintes occasions les politiques nord-américaines et 39 Raúl Benitez et Andrés Ávila A.- Terrorismo y globalización a principios del siglo XXI : dilemas para la seguridad internacional.- in José Luis Valdés U. et Diego Valdés
(coordinateurs).- Globalidad y conflicto. Estados Unidos y la crisis de septiembre.- Mexique : CISAN-UNAM, 2002, pp. 203-244.
40 Clovis Brigagao et Domicio Jr. Proenca.- Concertacao Múltipla. Insercao Internacional de Seguranca do Brasil.- Rio de Janeiro: Francisco Alves Editora, 2002.
58
celles d’un grand nombre de gouvernements d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud
qui ont mis en place des politiques militaires où les droits de l’homme ont été violés et des
gouvernements constitutionnels renversés.
Pour cette raison, le Mexique a accordé peu d’importance à l’OEA comme forum de
débats entre 1948 et 1990, pour faire place à une revalorisation de l’organisation dans la
politique extérieure mexicaine, promouvant la création de la Commission de Sécurité
Hémisphérique. Cependant, il y a des différences remarquables sur la vigueur du TIAR
entre le Mexique et la majorité des pays de l’hémisphère, duquel il s’est retiré entre
septembre 2001 et 2002.
De même, le futur de la relation militaire hémisphérique reste en suspens car il est
essentiellement centré sur le débat concernant la junte Interaméricaine de Défense et sur la
possibilité de resserrer la coopération militaire, en ce qui se réfère à des mesures de
confiance mutuelle, de manœuvres et d’exercices militaires, d’accords de coopération
éducative, d’acquisition d’équipement, etc.
Un des éléments qui est en processus de négociation est la définition du concept de
sécurité hémisphérique, où la posture du Mexique se rapproche plus d’une définition
« intégrale » et « multidimensionnelle », reconnaissant des différences sous-régionales,
considérant même que les tendances dans les pays d’Amérique du Sud, d’Amérique
centrale, des Caraïbes, des Etats-Unis et du Canada sont clairement pour resserrer la
coopération.
La posture mexicaine est celle de garder des précautions par rapport à cette coopération.
Cependant, ceci peut conduire à un isolement au sein des forums multinationaux comme
celui de l’OEA, qui est lié à d’autres domaines fondamentaux de la politique de sécurité,
comme par exemple les actions pour affronter le trafic de drogue, le terrorisme, le
blanchiment d’argent et le crime organisé, parmi d’autres actes illicites.
59
Même si des différences l’emportent en matière de sécurité hémisphérique et
internationale entre le Mexique et les Etats-Unis, l’intensité de la coopération en sécurité ne
s’arrête pas en ce qui concerne le niveau binational. Pour cela, en matière de sécurité, on
doit distinguer le niveau de la relation qu’il maintient avec les politiques internes dans les
deux pays.41 Les nouvelles conditions géopolitiques et d’ (in)sécurité internationale mettent
le gouvernement mexicain dans un conflit existentiel en matière de sécurité.
Ce qui a été dit antérieurement s’affirme dans l’existence d’une série d’éléments qui sont
en friction permanente, affectant les possibilités d’intégrer une définition par rapport à leur
relation avec l’ensemble, caractérisé dans leurs liens avec les Etats-Unis et avec l’Amérique
Latine, à savoir :
Isolement nationaliste versus internationalisation
Politique interne versus politique externe (équation coût-bénéfice et options de gains
zéro)
Principes avant intérêts (politique extérieure face au commerce)
Sécurité internationale classique versus sécurité des migrants
Intérêts économiques versus intérêts politiques
Défense face à politique extérieure
2.5 La situation complexe de l’Amérique Centrale42
L’Amérique Centrale est passée, dans les dernières décennies, de la guerre à la paix.
Aujourd’hui encore, la plupart des pays de la région se débattent pour la recherche de la
consolidation de la démocratie, la gouvernabilité et la paix. La région est affaiblie par deux
conflits encore actifs : Chiapas à la frontière avec le Guatemala, la Colombie à la frontière
avec le Panamá. 41 Les différences d’opinions au Conseil de Sécurité de l’ONU n’ont pas détérioré la relation de coopération binationale en matière de sécurité frontalière contre le trafic de drogue et
la coopération policière et judiciaire.
42 Carmen Rosa de Leon-Escribano.- Centroamérica: nuevos desafíos de seguridad.- Santiago: Séminaire Research and Education in Defense and Security Studies (REDES 2003)
Center for Hemispheric Defense Studies, octobre 2003.
60
La réalité géopolitique de l’Amérique Centrale est complexe en soi, puisqu’il s’agit
d’une communauté dévastée par de longues périodes d’ajournement et de conflits internes
qui ont produit une telle usure sociale et économique que l’axe central de ses efforts actuels
tourne autour de la revendication de la personne humaine, comme corollaire d’une crise
aiguë où elle avait été excessivement dégradée.
Aujourd’hui, il existe un consensus dans la région en ce qui concerne les efforts pour
changer une tendance historique, liée à l’interventionnisme de groupes de pouvoir qui
soumettaient les sociétés complètes. Le renforcement des processus démocratiques a été
choisi comme un pas sine qua non pour chercher des options de développement
économique, ce qui constitue une autre complexité étant donné le manque de ressources
pour créer des activités productives et le bas niveau d’éducation.
En plus des propres conflits internes que produisent les changements de modèles de
sécurité et de développement, l’Amérique Centrale doit aussi lutter contre sa position
géographique puisqu’elle est le canal de circulation vers la Colombie, le Mexique et les
Etats-Unis.
La drogue, le crime organisé, les armes, les émigrants, tous passent par ce grand corridor
en lequel la région s’est convertie. Pour toute cette circulation de choses et de personnes, la
faiblesse institutionnelle des pays est un avantage. Le problème du surarmement croissant
est lié à la détérioration de la sécurité urbaine, à la faiblesse des polices, à l’absence d’une
politique plus coopérative entre les états et au manque de priorités des gouvernements en ce
qui concerne la sécurité.
L’Accord de Esquipulas II43 a été le cadre dans lequel les pays de l’Amérique Centrale
se sont rencontrés pour commencer à résoudre les problèmes régionaux par la voie du
43 L’Accord de Esquipulas II constitue la procédure pour établir une paix ferme et durable dans la région, conformément à la Déclaration de Esquipulas, résultat du premier Sommet
de Présidents d’Amérique Centrale qui s’est tenu au Guatemala, en mai 1986.
61
dialogue et de la concertation, se créant les instruments nationaux pour commencer la
réconciliation interne, comme premier pas vers une réconciliation régionale.
Esquipulas II a été ce qui a poussé à des réunions régulières de présidents de la région et
le précurseur de la modernisation du Système d’Intégration d’Amérique Centrale. Dans ce
cadre, les premiers processus de réintégration de réfugiés et de démobilisés ont été mis en
place, thèmes qui jusqu’à présent continuent d’occuper une place prioritaire dans la
discussion de la pacification régionale.
La transformation des forces de sécurité de la région, ainsi que la prééminence du
pouvoir civil sont les axes fondamentaux de la démocratisation de la région, raison pour
laquelle cet accord est le pionnier des instruments régionaux pour la démocratisation, la
paix et le développement, ainsi que pour la réapparition de la sécurité civile dans une
perspective régionale.
De ce processus se dégagent postérieurement les processus de négociation interne des
pays qui débouchent sur les accords de paix nationaux respectifs, ayant comme corollaire la
création d’un nouveau concept de sécurité régionale, le Traité Cadre de Sécurité, dans
lequel se crée le concept de sécurité démocratique.
Le Traité Cadre de Sécurité Démocratique en Amérique Centrale (TMSDC), a été
souscrit par les présidents des états d’Amérique Centrale, avec l’exception du Costa Rica et
du Panamá, le 15 décembre 1995, à l’occasion du Sommet de San Pedro Sula, où on pose
comme objectif fondamental celui de favoriser l’intégration de la région dans le but de la
consolider comme zone de paix, de liberté, de démocratie et de développement.
Le TMSDC soutient la prémisse que le modèle centre-américain de sécurité
démocratique se base sur la démocratie et le renforcement de ses institutions et de l’Etat de
droit, sur l’existence de gouvernements élus au suffrage universel, libre et secret et sur le
respect illimité de tous les droits de l’homme.
62
Entre autres, une partie des considérations suivantes :
Le développement durable en Amérique Centrale pourra seulement être atteint avec la
conformation d’une communauté juridique régionale qui protège, mette sous tutelle et
fasse la promotion des droits de l’homme et garantisse la sécurité juridique et qui assure
les relations pacifiques et intégrationnistes dans la région.
Les situations qui troubleraient la paix et affecteraient la sécurité de n’importe quel état
centre-américain affectent aussi tous les états de la région et leurs habitants.
La coïncidence entre les objectifs de consolidation démocratique n’est pas incompatible
avec la reconnaissance des particularités de chaque pays de la région, ce qui inclut la
situation spéciale de ceux qui ont décidé l’élimination ou la permanence
constitutionnelle de leurs armées respectives.
Le modèle centre-américain de sécurité démocratique se base sur la suprématie et le
renforcement du pouvoir civil ; le bilan raisonnable de forces ; la sécurité des personnes
et de leurs biens ; l’éradication de la pauvreté et de la pauvreté externe ; la promotion du
développement durable, la protection de l’environnement ; l’éradication de la violence,
de la corruption et de l’impunité ; le terrorisme ; le trafic de drogue et le trafic d’armes,
ainsi que sur l’orientation des ressources pour l’investissement social.
La sécurité démocratique parie pour la sécurité des personnes, la réussite des conditions
de vie qui garantissent la jouissance pleine des droits de l’homme ainsi que pour l’absence
de risques ou de menaces physiques. De là que, dans le contexte d’une nouvelle corrélation
de forces à échelle mondiale, elle redéfinit la conception de sécurité, laissant de côté la
Doctrine de la Sécurité Nationale qui avait prévalu dans le monde occidental depuis la fin
de la Seconde Guerre Mondiale.
Le titre III du TMSDC se réfère à la sécurité régionale où sont stipulés des principes et
des objectifs actuels et cohérents, parmi lesquels on peut souligner :
63
Egalité souveraine entre les états et sécurité juridique dans leurs relations.
La sécurité démocratique de chaque état est étroitement liée à la sécurité régionale ; par
conséquent, aucun état ne fortifiera sa propre sécurité amoindrissant la sécurité des
autres.
Etablir un mécanisme préventif d’alerte pour les menaces contre la sécurité, pour toutes
ses catégories et un programme permanent de mesures d’encouragement de la confiance.
Etablir un équilibre raisonnable de forces militaires et de sécurité publique.
Etablir un mécanisme centre-américain d’information et de communication pour la
sécurité.
Etablir ou renforcer les mécanismes centre-américains de solution pacifique de
controverses et promouvoir la sécurité juridique des frontières, avec des délimitations et
la solution de différends territoriaux non résolus encore.
Même s’il s’agit du premier traité concernant la sécurité régionale, il est assez complet.
Pourtant, jusqu’à présent, on a remarqué qu’il présente aussi des problèmes dans son
application, dont il faut signaler:
Le TMSDC n’est pas né sur des bases politiques réelles puisque chaque pays en
attendait quelque chose de différent.
Malgré son ampleur, le TMSDC a montré plus d’intérêt pour les aspects de sécurité et de
défense régionale que ceux d’aspect politique. C’est ainsi qu’il donne la priorité aux
mesures d’encouragement de la confiance, à la remise des dossiers d’indicateurs sur
effectifs, aux armements et autres qui se réfèrent spécifiquement à la défense.
Ce qui avance le plus rapidement est la partie qui se réfère à la défense militaire. Il a eu,
par essence, basiquement une application dans ce domaine. Dans ce sens, il est séparé de
l’agenda national et, dans cette mesure, il a eu une vigueur et une application assez
étroite qui ne correspond pas au vaste contenu du discours.
Dans ce contexte, apparaît le concept de sécurité humaine, en pleine étape de transition
de la Doctrine de Sécurité Nationale vers la sécurité en démocratie, comme concept qui
64
passe de l’état et de sa sécurité comme objectif, vers la responsabilité de la société à offrir
la sécurité à tous ses intégrants, car c’est la personne et ses droits ce qui constitue l’objectif
de la sécurité.
Le modèle de sécurité latino-américain est marqué par des affrontements armés internes
qui ont profondément altéré le tissu social communautaire et la manière dont les secteurs et
les personnes se mettent en relation. Dans cette étape, un modèle de sécurité a été construit,
basé sur l’autoritarisme, la violence, la force, l’emploi d’armes et le soupçon. Le type de
solutions qui ont été appliquées dans le domaine de la sécurité tend plus à la punition et à la
répression qu’à la prévention du délit.
Les nouveaux agendas de sécurité devaient être créés à partir de la ré conceptualisation
de la sécurité et sur la base de la reconnaissance de l’absence de menaces traditionnelles,
par rapport à l’importance des menaces non traditionnelles qui incluent de nouveaux
risques et des vulnérabilités, étrangers à leur conception antérieure, couvrant l’aspect de
l’environnement, économique et social, primordialement.
Dans l’étape actuelle de mondialisation, il est nécessaire de souligner quatre éléments
substantifs, comme le fait que la sécurité internationale va au-delà des composantes
militaires ; qu’elle est de caractère transnational, global et interdépendant ; qu’elle est
produite par une pluralité d’acteurs et, finalement, qu’elle étend l’agenda et demande une
collaboration et une association plus grandes.
Aujourd’hui, les intérêts se déplacent vers l’interdépendance économique globale,
changeant le centre d’intérêt. Cependant, la doctrine et les modèles de sécurité ont continué
de se focaliser sur la conception d’ennemis internes qui doivent être combattus. Pour cela,
le nouvel agenda que les Etats-Unis proposent aux armées de la région se centre sur le
combat contre le crime organisé, le trafic de drogues, le terrorisme ou narcoterrorisme ainsi
que sur la défense des ressources nationales.
65
Cependant, la prise de conscience de plus en plus importante de l’interdépendance entre
les nations, due à la globalisation économique, amène aussi à développer le concept de
vulnérabilité, précisément parce que l’existence de chaînons faibles dans la chaîne affecte
le système dans son ensemble.
La tendance à continuer d’affronter les sujets de cette nouvelle sécurité humaine avec les
méthodes traditionnelles fait que ces dernières se transforment en menaces pour cette même
sécurité. Vouloir diminuer les indices de violence et de délinquance d’une société post-
conflit par la voie de la force et de la répression non seulement les aggrave mais elle
convertit les institutions qui exécutent les actions en problème central, reproduisant la
violence que l’on veut faire cesser.
De là le besoin de chercher des voies propres, nationales et sous-régionales, qui
conduisent à des modèles basés sur les menaces et les besoins de chaque pays et de ses
voisins. Des modèles qui répondent à une recherche conjointe des acteurs, dans leurs
dimensions locales et nationales, des clés pour affronter les causes des insécurités ou des
menaces et non les effets ou conséquences.
En résumé, la problématique de sécurité actuelle en Amérique Centrale présente divers
problèmes dérivés de la position des Etats-Unis par rapport à la sécurité hémisphérique,
dont il faut signaler :
Retour au renforcement des armées au détriment des forces policières civiles.
Revenir à la conception de l’ennemi interne et de « qui n’est pas avec moi est contre
moi »
Durcissement des politiques migratoires, fermant les frontières sans se préoccuper
d’investir dans les pays d’origine pour arrêter le flux vers le nord.
Privilège des formes répressives de conduite pour contenir le mécontentement et
combattre la délinquance, au-dessus du dialogue et de la prévention.
66
Les actions sont de préférence étatiques, fermant les mécanismes de participation de la
société civile.
Perte de souveraineté par de possibles invasions des Etats-Unis.
Une des dernières tendances dans la région est la proposition qui provient de deux des
présidents d’Amérique Centrale, le Honduras et El Salvador : une méthode pour
reconfigurer la présence militaire en Amérique Centrale, qui consiste à former une armée
régionale avec le soutien des Etats-Unis.
Face à une possible intégration économique basée sur un accord commercial régional, on
part de la thèse qu’une des mesures serait l’intégration des forces armées, accompagnée
d’une réduction dans les dépenses militaires et des aides militaires des Etats-Unis.
Par rapport à cet événement, qui a été suivi d’une réunion, le 12 août 2003, par une
partie de la Commission de Sécurité de la région, nous croyons qu’il faut reprendre des
critères basiques de chaque pays, basés sur le Traité Cadre de Sécurité et fixer des point
clés qui nous permettent la construction de proposition dans le cadre sous-régional à
savoir :
Que toute demande par rapport aux nécessités de sécurité de la puissance ne dérange pas
les processus de démocratisation nationale qui se présentaient jusqu’à présent. La
séparation de fonctions entre les forces armées et les forces policières est un élément clé
pour la démocratisation du pays.
Dans le cas de la région centre américaine, on dispose d’un instrument qui contient le
concept de cette sécurité coopérative et qui, en plus, inclut la participation de la société
civile : le Traité Cadre de Sécurité Démocratique.
D’un point de vue global, le terrorisme peut seulement être combattu dans la mesure où,
dans les milieux locaux, on résout les conflits qui sont apparus de la marginalité, ainsi
que la stabilité mondiale dépend de l’exercice démocratique réel qui se produit dans la
périphérie.
67
Pour cela, il est indispensable d’arriver à la formulation d’une sécurité hémisphérique,
partant de la sous-région qui travaille de façon coopérative et sans confrontations
directes et qui favorise à son tour des accords qui s’orientent vers le renforcement des
démocraties nationales, au lieu d’essayer de profiter des faiblesses institutionnelles pour
pouvoir imposer des formes de réaction étrangères au nouveau modèle de sécurité
démocratique.
2.6 La Problématique de la région Andine 44
La région andine45 attire une partie importante de l’intérêt régional car des processus très
particuliers sont en train de se produire qui affectent l’ensemble, comme ceux dérivés de la
production de drogues et la série d’actes d’illicites associés ; le maintien de mouvement
guérilleros et, de façon spéciale, l’apparition de mouvements politiques radicaux au
Vénézuéla, en Equateur, au Pérou et en Bolivie.
Avec tout cela, la sensation d’instabilité est plus qu’évidente dans cette sous-région.
Ceci ajoute un nouveau facteur de complexité à la discussion sur la sécurité hémisphérique
car une partie importante des nouvelles menaces contre la sécurité s’y concentre. Il s’agit
d’un processus qu’il est difficile de circonscrire géographiquement, sauf en Colombie, et
qui affecte la capacité des états pour orienter leurs efforts vers les problèmes de fond qui se
trouvent dans la marginalisation et le manque d’opportunités pour certains secteurs de
chaque société.
Pendant les années quatre-vingt-dix, des changements significatifs se sont produits dans
le système politique international qui ont eu des conséquences directes sur les capacités de
négociation et d’action des états andins. Essentiellement, dans le milieu régional,
l’influence nord-américaine conditionne maintenant des initiatives politiques et
économiques et détermine l’exécution des agendas de sécurité. 44Adrián Bonilla.- Una Agenda de Seguridad Andina.- Santiago: Séminaire Research and Education in Defense and Security Studies (REDES 2003), Center for Hemispheric Defense
Studies, octobre de 2003.
45 Venezuela, Colombie, Equateur Pérou et Bolivie
68
D’un autre côté, les nouveaux impératifs qui animent le processus de globalisation ont
donné de l’élan à des politiques d’intégration régionale et sous-régionale. Simultanément,
la détérioration des arguments qui ont légitimé l’affrontement et la concurrence entre les
puissances de la Guerre Froide a provoqué la substitution des vieilles propositions
idéologiques qui n’ont plus la capacité agglutinante dans divers régimes internationaux.
Les pays andins assument des processus de gouvernabilité civile qui ne finissent pas de
se consolider et ils sont harcelés par des problèmes économiques et politiques séparés de
leur structure sociale et du projet institutionnel. Les perceptions de menace, par contre, sont
confrontées à des régimes collectifs pensés pour des situations plus stables.
Le discours de la démocratie conduit aux différentes instances de participation des états
dans les organismes et les institutions politiques et sociales, ainsi qu’à la condition qui
légitime l’inclusion ou l’exclusion dans les processus d’intégration politique et économique
à échelle continentale, avec l’aval et l’assentiment de l’OEA et poussés, depuis la seconde
moitié des années quatre-vingt-dix, par les différents Sommets des Amériques.
Dans ce cadre, les processus et les initiatives d’intégration, concrètement les objectifs
ainsi que les plans et les mécanismes qui se dégagent des Sommets Présidentiels de 1994,
1998 et 2001, se dirigent à reconfigurer un espace nouveau d’hégémonie, de même qu’ils
s’orientent à créer ou reconfigurer les points des agendas mutuels sur les plans de la
sécurité, de l’économie et de la politique.
Cette dynamique de redéfinitions provient des initiatives d’intégration des trois derniers
sommets, lesquelles dirigent leurs efforts pour le renforcement de la démocratie, du libre
commerce et du développement durable, ce qui a également provoqué des modifications et
des innovations dans les canaux de participation de la société civile et de ses organisations
comme résultat de l’augmentation de son importance.
69
Quand on se demande : quels sont les thèmes de sécurité présents dans les trois sommets
présidentiels ? Nous trouvons que les anciens thèmes conventionnels sont modifiés par
l’image des menaces transnationales et qu’elles peuvent toutes être représentées dans la
région andine : trafic de drogues, délinquance organisée, « terrorisme » et faiblesse extrême
ou échec des états pour contrôler ses espaces et sa population, avec le risque que le
problème de sécurité s’internationalise.
Ce préambule crée les conditions pour se prononcer sur l’impact des politiques de
sécurité nord-américaine dans la région andine, à propos du conflit colombien et de la lutte
contre le trafic de drogues.
Un objectif supplémentaire est celui de discuter la possibilité que les Etats andins
doivent affronter de manière autonome le problème depuis des instances multilatérales,
particulièrement leur propre système d’intégration : La Communauté Andine de Nations
(CAN).
L’importance de la politique des Etats-Unis est déterminante dans la production
d’agendas sous-régionaux et nationaux dans les Andes, étant donné que l’asymétrie entre
les acteurs est si grande qu’inévitablement les agendas des pays andins opèrent avec des
conduites réactives, indépendamment que tous les objectifs et les emphases ne sont pas
partagés.
Pour discuter la politique des Etats-Unis, on a confronté les objectifs de la stratégie
nord-américaine avec les événements politiques et le contexte de la région andine, avec
l’intention de découvrir s’il y a des changements ou des impacts déterminants après la
nouvelle reformulation globale de Washington , à partir de l’année 2001.
Les thèmes nord-américains évoluent dans la région andine vers l’objectif central :
combattre le terrorisme, lequel apparaît maintenant comme la cause efficace du trafic de
drogues et le motif pour défendre la démocratie et l’économie de libre marché. La stratégie
70
de sécurité des Etats-Unis unit et subordonne les réponses de tous les pays andins,
indépendamment que leurs politiques extérieures et de défense aient d’autres priorités.
Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, tous les états du monde andin ont vécu en
crise politique permanente, définie par une légitimité précaire, produit d’un déficit
chronique de représentation. Ce déficit aurait au moins trois caractéristiques :
La plupart des personnes ne participe pas aux processus de prise de décisions
stratégiques nationales et non plus à ceux qui se réfèrent aux affaires particulières de
leurs communautés.
Il n’existe pas de mécanismes efficaces ni légitimes pour rendre des comptes, raison
pour laquelle les niveaux d’impunité, aussi bien dans la société civile que dans
l’exercice du pouvoir politique, sont extrêmement élevés.
Une partie importante des sociétés manque de qualité de citoyenneté.
La position des pays andins sur la scène internationale en matière de sécurité et de
défense est vulnérable. La turbulence politique de la région et la faiblesse économique,
ajoutée à la complexité des thèmes conflictuels, rendent difficile la formulation de
politiques autonomes.
Tous les conflits centraux de la région andine sont de caractère transnational et il
n’existe pas de régimes qui puissent les aborder au-delà de ceux que Washington a établis.
Le résultat de cette situation est l’absence d’initiative dans la région et la subordination aux
instruments, la vision et la stratégie des Etats-Unis.
Les problèmes de sécurité et de défense les plus importants du monde andin sont le
conflit colombien qui représente une menace comme conséquence de la globalisation
défectueuse de ce pays et du reste de la région, ce qui s’exprime dans l’incapacité de l’état
pour contrôler le territoire et les phénomènes politiques et violents qui s’y produisent.
71
Une menace supplémentaire est la possibilité d’intervenir dans ce conflit comme
conséquence de sa régionalisation sociale et de la politique nord-américaine qui cherche à
augmenter des actions collectives pour soutenir une stratégie qui donne la priorité au
domaine militaire.
Aussi, un sujet supplémentaire est la continuité et la radicalisation de la stratégie anti-
drogues qui se base sur le contrôle, l’interdiction et la répression des activités liées à la
production de psychotropes illégaux dans les pays producteurs et, bien qu’elle ne soit pas
effective, elle a produit une série de conflits sociaux dans la sous-région.
Les politiques de sécurité des états andins ont été réactives, mais elles ont eu une toile de
fond commune qui peut offrir des alternatives à la manière dont est traité le conflit et c’est
la recherche d’espaces multilatéraux qui pourraient affronter certains de ces sujets. L’un
d’eux est l’instance sud-américaine établie après deux sommets présidentiels, sans laisser
de côté les scénarios traditionnels tels que l’OEA et l’ONU.
L’impact du 11 septembre 2001 dans la région andine a été de rendre visible la
possibilité d’inclure les conflits régionaux, particulièrement le colombien, dans une
stratégie globale de sécurité qui envisage l’utilisation d’instruments militaires. Le climat
politique en Colombie s’est transformé et les options négociées ou les visions des sociétés
sur le conflit ont cédé la place à des perspectives conventionnelles et réalistes de sécurité.
Le système d’intégration andin n’apparaît pas pour le moment comme un instrument
viable, ni avec les possibilités de traiter les conflits transnationaux de la région. Ce n’est
pas seulement que les niveaux d’interdépendance économique se sont détériorés dans les
dernières années, ni qu’il existe comme précédent le fait que les problèmes de tarifs
douaniers les plus simples n’aient pas pu être acquittés, mais que politiquement la diversité
des problèmes, le manque de ressources et la différenciation entre les intérêts nationaux de
sécurité de ces pays ont rendu impossible, au-delà de la rhétorique, que la CAN puisse
72
développer des instruments punitifs ou des systèmes d’obligations contrôlées qui
permettent des conduites communes.
Les régimes démocratiques dans la région ont été harcelés par des problèmes constants
qui révèlent un haut degré de participation militaire, très souvent comme conséquence de la
faiblesse des institutions civiles. Mais au-delà de cela, ils manquent d’une légitimité
basique qui s’exprimerait dans un système de représentation et de participation minimale et
dans des instances pour rendre des comptes.
Finalement, le conflit colombien n’a pas aidé à promouvoir des systèmes crédibles pour
rendre des comptes. Une approximation plutôt réaliste informe les politiques de sécurité et
le lien entre les gouvernements. Malgré cela, des avancées importantes ont existé dans les
relations bilatérales, la plus emblématique d’entre elles, est celle de l’Equateur avec le
Pérou.
2.7 Le Cône Sud de l’Amérique et sa stabilité relative 46
Comparée avec d’autres régions du sous-continent, caractérisées par des convulsions
politico-économiques et par une militarisation croissante –comme le cas de la région
andine– ou stagnation, exclusion sociale et insécurité publique croissante –l’isthme centre-
américain– la situation stratégique et géopolitique du Cône Sud est sans aucun doute
meilleure.
La fin de la Guerre Froide a eu un effet très positif pour les pays du Cône Sud de
l’Amérique Latine, spécialement pour les relations entre l’Argentine, le Brésil et le Chili
qui ont avancé de façon soutenue depuis la confrontation vers la coopération, semblant peu
probable la régression vers un scénario conflictuel dans cette région.
46 Francisco Rojas A.- “La agenda de seguridad en el Cono Sur”.- in Klaus Bodemer.- El cuadro de seguridad/inseguridad en las sub-regiones de América Latina: Resumen Ejecutivo.-
Caracas: Recal / IIK / Flacso-Chile / Nueva Sociedad, 2003, p.6.
73
Les variables déterminantes qui ont eu de l’influence sont la stabilité politique,
l’interrelation entre les acteurs principaux et leur degré d’institutionnalisation, le bas degré
de conflit inter-états et les préoccupations partagées, soutenu par les accords et des régimes
internationaux qui ont rendu possible de vieux espoirs.
A cela s’ajoutent le degré de modernisation des forces armées, les demandes de
modernisation en matières stratégiques, la réduction des dépenses militaires, l’assistance et
la coopération externe en matière de défense, la participation à des opérations de maintien
de la paix et dans des régimes de contrôle d’armements et, finalement, l’impact de l’action
internationale de la sous-région.
Avec le processus de démocratisation, se sont ouverts des espaces pour un dialogue
politique et un nouveau type de leadership en matière de défense et de sécurité
internationale qui, en plus d’un plus grand engagement institutionnel, a augmenté son
patrimoine culturel en la matière.
La fin de la confrontation géopolitique entre le Chili, l’Argentine et le Brésil et de la
concurrence stratégique dans le domaine nucléaire entre le Brésil et l’Argentine, ont rendu
possible la coopération politico-stratégique aussi bien entre les états que dans le domaine
international.
Le même effet a trouvé la solution à la plupart des conflits frontaliers entre le Chili et
l’Argentine comme conséquence d’une nette volonté d’entendement, apparue à partir de la
signature du Traité de Paix et d’Amitié de 1985, qui a mis fin au contentieux du Canal
Beagle qui les avaient mis au bord de la guerre en 1978.
Résumant les expériences des vingt dernières années, nous pouvons extraire six leçons
positives dans la résolution de conflits dans le Cône Sud, à savoir :
Rationalité politique dans les décisions pendant des situations de crise.
74
Valeurs partagées.
Dépassement des différences territoriales.
Croissante indépendance économique et coordination politique.
Une perception des risques partagée.
Mesures de confiance mutuelle qui ont produit un processus de transparence croissante.
Ces six leçons ont pu se consolider grâce à l’application d’une série de concepts
articulateurs qui facilitent les relations mutuelles :
Gradualité, au lieu de buts finalistes.
Flexibilité, au lieu du maintien de positions formelles.
Actions réciproques et équilibrées.
Symétrie dans l’accomplissement des engagements.
Traitement préférentiel dans le cadre du concept d’un régionalisme ouvert.
Incorporation d’acteurs non traditionnels dans les relations stratégiques.
Les quatre instruments principaux dans le Cône Sud par rapport au sujet de
l’institutionnalisation –un facteur déterminant par le succès de n’importe quel processus de
coopération, plus encore en matière de défense et sécurité– sont :
La création et le développement de structures formelles de caractère pyramidal.
L’établissement de cadres institutionnels où on planifie, coordonne et donne de l’élan à
des mesures de confiance mutuelle et de sécurité.
L’action concertée des pays du Cône Sud face aux risques partagés.
La création de régimes internationaux de caractère qui rend inaliénable.
Les facteurs ici mentionnés expliquent en grande mesure le fait que le Cône Sud est en
train de se transformer de plus en plus dans une zone de paix et de stabilité, servant ainsi de
modèle pour d’autres régions du sous-continent latino-américain, qui continuent d’être
plongés dans des convulsions politiques, économiques et/ou sociales.
75
2.8 La coexistence de puissances et de pays de différente stature stratégique47
L’Amérique est un continent asymétrique. Dans presque toutes les variables, nous
trouverons une différence marquée entre le potentiel des Etats-Unis et le reste des pays,
même entre eux. Si l’on mesure le potentiel économique, la capacité de production
industrielle et le développement technologique, les niveaux de scolarité et le potentiel
diplomatique, entre autres, nous trouverons cette différence qui, bien entendu, se reflète en
matière stratégique.
On peut argumenter que cette réalité a toujours existé, mais dans les dernières années,
cette asymétrie s’est accentuée aussi bien en matière économique que stratégique.
Considérant le produit interne brut (PIB), nous trouvons une différence marquée entre ce
que sont les Etats-Unis et l’Amérique du Nord en général, par rapport à l’Amérique Latine
et les Caraïbes. Le graphique suivant montre la différence qui existe entre l’économie nord-
américaine et certains des pays latino-américains.
47 Gabriel Gaspar,.- Desafíos y dilemas de la seguridad en América Latina en la Posguerra Fría.- Santiago: Seminario Research and Education in Defense and Security Studies
(REDES 2003), Center for Hemispheric Defense Studies, octobre 2003
76
Illustration 1
Source: F.M.I (2006).
Cette remarquable asymétrie s’exprime évidemment dans une diversité d’intérêts des
différents états dans le domaine international et, par conséquent, dans leurs programmes de
sécurité et de défense.
Depuis que les Étas-Unis ont terminé leur unification territoriale jusqu'à la côte du
Pacifique et résolu les problèmes de la Guerre de Sécession, leur projection géopolitique est
devenue évidente dans le bassin des Caraïbes et dans leurs relations avec le Mexique et
l’Amérique Centrale. Les pays d’Amérique du Sud, en plus grande ou moindre mesure, ont
maintenu durant cette période divers accords avec les puissances européennes de l’époque ;
cependant, après la fin des Deux Guerres Mondiales et la perte de pouvoir des puissances
européennes, le poids stratégique uni à l’influence politique et économique des États-Unis a
profondément pénétré les nations sud-américaines.
PRODUIT INTERNE BRUT 2006
12%
88%
AUTRES PAYS AMÉRICAINES
AMÉRIQUE DU NORD
77
Du point de vue des mécanismes de sécurité, ceci s’est traduit par la signature du TIAR
et l’établissement d’un vaste programme de collaboration bilatérale, ce qu’on appelle PAM
ou Pacte d’Aide Militaire, entre les États-Unis et la majorité des pays latino-américains.
Si le poids de la puissance nord-américaine en temps de Guerre Froide ne pouvait être
dissimulé, dans les jours suivant la fin de l’affrontement bipolaire, il était encore plus
grand. Aujourd’hui, les États-Unis sont la seule superpuissance du globe et, par conséquent,
leurs intérêts de sécurité sont conçus à échelle globale, planétaire. L’Amérique Latine est
une partie de leurs intérêts, mais elle ne sera pas toujours sa priorité.
Dans une moindre mesure, le Canada représente aussi le secteur du continent qui se
préoccupe de ce qui se passe au delà des limites continentales. Il fait partie de l’OTAN et
du Groupe des Sept. Son projet de sécurité, tout comme celui des États-Unis, se projette au
delà du domaine continental.
À l’échelle régionale, il y a deux pays qui possèdent une claire projection régionale, le
Mexique et le Brésil. Tant par leur masse démographique que par la taille de leurs
économies, ces deux pays exercent une influence incontestable sur leur environnement.
Aussi, ils possèdent une tradition diplomatique rigoureuse. Tlatelolco et Itamarati sont
deux des principales chancelleries les plus expérimentées d’Amérique latine. En matière
stratégique, ils présentent quelques différences entre eux : alors que le Brésil s’est efforcé
de préserver un potentiel stratégique en accord avec ses prétentions de participation dans
les affaires globales et régionales,48 le Mexique a subi, durant les dernières décennies du
siècle passé, une progressive diminution de son potentiel militaire. Ce processus a
seulement été renversé partiellement à l’occasion du soulèvement de Chiapas en janvier
48 Le Brésil est aujourd’hui le seul pays latino-américain à posséder des porte-avions, une industrie de défense active et à éter présent sur le marché mundial des armes. Il a le projet
également de faire un profond changement de sa flotte aérienne et il est en train de concrétiser sa nouvelle force terrestre.
78
1994, qui s’est traduit par une augmentation d’effectifs, d’équipements et de capital
politique de l’armée mexicaine.
Ensuite, nous trouvons une diversité de cas nationaux, mais la majorité sont définis en
matière de sécurité par des intérêts localisés principalement dans leur environnement
voisin. Il y a même dans la région beaucoup de pays avec de petites économies, où les
problématiques de sécurité ont peu de rapport avec la défense classique, au point que
beaucoup d’entre eux n’ont pas de forces armées, comme c’est le cas de la majorité des
pays des Caraïbes.
Cette variété de statures stratégiques inégales qui composent la mosaïque américaine
n’est pas nouvelle mais elle s’est accentuée ces dernières années. La diversité en matière
d’intérêts de sécurité permet de se poser une question par rapport à la possibilité de
construire un système de sécurité hémisphérique basé sur une menace commune, de
laquelle se dégage une seconde idée, qui se réfère à ce que serait une menace commune en
temps de post-Guerre Froide.
79
I PARTIE : LA DÉFENSE RÉGIONALE DU CONTINENT AMÉRICAIN
On doit comprendre la défense régionale américaine en considérant que l’équilibre des
pouvoirs dans la zone est marqué, nécessairement, par le rôle central des Etats-Unis, depuis
le début des processus d’émancipation de la fin du XVIIIème et le début du XXème siècle, en
coexistence avec une forte tradition multilatéraliste qui, malgré sa force, n’a pas impliqué
de variations importantes dans l’état des choses.
Déjà en plein XXème siècle, le rôle des Etats-Unis s’accentue en se différenciant de plus
en plus de leurs voisins par leur condition de puissance mondiale croissante, ce qui est
réaffirmé pendant la Guerre Froide. Suite à la chute du Mur de Berlin, le type de relations a
changé mais cela n’a pas affecté de façon significative leur position politique et
économique dans la région, même si des leaderships contraires à leurs intérêts sont apparus.
80
Cette manière de voir facilite la compréhension du traitement qui a été donnée
historiquement aux menaces, depuis les premières définitions apparues précisément des
Etats-Unis, avec leur si célèbre « l’Amérique aux américains » qui, sans aucun doute, a
affecté la conformation du Système Interaméricain et la conception précoce d’une menace
extracontinentale, dont la vision est également touchée par la période de la Guerre Froide et
par les conséquences de la chute du Mur de Berlin.
Le traitement des menaces conçues et assumées comme étant d’impact collectif a été
mené au moyen des institutions créées sur le Système Interaméricain, dont les outils et les
régimes internationaux l’ont doté d’une capacité d’analyse et d’étude de sa provenance et
de ses portées. Ceci a cédé le pas à la souscription de mesures de sécurité collective, dont
l’efficacité a été fortement questionnée dans le schéma actuel des relations internationales,
principalement pour son incapacité à faire face aux défis du présent qui ont changé
substantiellement en matière de sécurité.
Cela a cédé le pas à un intense débat au sujet des structures et des régimes
internationaux qui conforment le Système Interaméricain, ce qui se reflète dans l’analyse
respective comme soutien des changements qu’il est nécessaire d’imposer pour traiter un
problème qui, même s’il nous touche tous, a des portées et des impacts différents selon la
sous-région dont il s’agit.
1 L’EQUILIBRE DES PUISSANCES
1.1 Le rôle central des Etats-Unis
Les impératifs de base, définis comme étant les valeurs déclamées par les dirigeants
politiques, supposément ancrés dans de profondes racines historiques avec leur charge
morale conséquente, et synthétisés dans le Destin Manifeste de 1845, sont :
81
L’exceptionnalisme nord-américain, qui convertit les Etats-Unis en phare pour le monde
et fonctionne comme schéma de justification d’une politique extérieure de « croisade ».
Une morale ascétique, protégée par les principes des « Pères Fondateurs » et par les
expectatives des « pères pèlerins » qui sont arrivés à bord du Mayflower en 1620.
La démocratie libérale, qui est d’abord passée par une période semi directe qui faisait
cesser les disputes dans une assemblée, entre semblables, et s’est ensuite établie comme
un ensemble de procédures qui marquent les règles du régime politique.
Le républicanisme constitutionnel, éloigné de toute forme monarchique, avec un pouvoir
contrôlé qui garantit la liberté individuelle.
Les tendances permanentes, converties en les axes centraux des débats théoriques sur la
politique extérieure nord-américaine.
La première tendance permanente a été l’isolationnisme, qui s’est maintenu en vigueur
jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Il a été succédé par l’interventionnisme, clairement
manifeste pendant la Guerre Froide. Ces deux tendances se manifestent constamment face à
tout changement profond de la situation internationale. A un niveau moindre, dans les
années quatre vingt dix, se sont ajoutées les postures globalistes et régionalistes et
l’ambivalence entre multilatéralisme et bilatéralisme, pour lequel les Etats-Unis ont montré
une claire préférence, spécialement dans la lutte contre le trafic de drogue.
Les doctrines apparaissent tôt au XXème siècle et se réfèrent également à deux postures
dichotomiques : l’idéalisme wilsonien49 et le réalisme politique50. Les deux doctrines
débattent constamment (même les versions néo idéalistes ou néo réalistes) entre les
demandes du pouvoir (intérêt national, sécurité nationale, survie) et les impératifs moraux
(démocratie, ordre juridique, droits de l’homme). Avec l’entrée en crise du paradigme
réaliste dans les Relations Internationales, apparaît l’interdépendance de Keohane et Nye,
49 La perspective idéaliste peut être étudiée in Henry Kissinger.- La diplomacia.- Buenos Aires : FCE, 1999
50 La perspective réaliste peut être étudiée in Hans Morgenthau.- Paz y guerra entre las naciones.- Buenos Aires : GEL, 1996
82
une théorie ad hoc qui, même si elle est apte pour différents scénarios, a été élaborée pour
interpréter la relation Japon- Etats-Unis et, par conséquent, est de courte portée.
Les schémas de pouvoir répondent à une des catégories antérieures, qui ne sont pas
toujours ordonnés de façon logique mais qui sont fixés dans ces catégories. La majorité
sont des composants de la politique extérieure comme l’équilibre de pouvoir (Kissinger), la
sécurité collective (ONU), la politique de containment (Doctrine Truman) dans ses versions
symétrique et asymétrique (John Lewis Gaddis). D’autres font partie de la politique interne,
comme la Doctrine Monroe dans sa version isolationniste (expansion vers l’ouest) alors que
la version interventionniste (Corollaire Roosevelt) fait partie de la politique extérieure.
L’élaboration de politiques représente la construction d’un schéma théorique minimum
dont la finalité est de doter les gouvernants d’outils qui cautionnent ou expliquent des cours
d’action déterminés.
Parmi ces politiques, nous trouvons la politique de « bon voisinage » de Franklin Delano
Roosevelt, la sécurité nationale (Paul Nitze et la directive NSC-68) et son articulation avec
l’intérêt national dans la version de George Kennan, la dissuasion nucléaire, la « détente »
de Nixon- Kissinger, le multilatéralisme assertif (trilatéralisme) de Carter- Brzezinski, le
« grand ennemi » de Reagan, la diplomatie économique de Clinton-Kantor, le Nouvel
Ordre Mondial de Bush-Scowcroft et les « nouvelles menaces » qui ont marqué les dix
dernières années de la politique extérieure nord-américaine et présentent les problèmes
comme étant des impératifs basiques de la politique extérieure (trafic de drogue, droits de
l’homme, dissémination de technologie nucléaire, attaques informatiques).
La terminologie, accompagne chaque schéma de politique extérieure. Dans les relations
Etats-Unis - Argentine, pendant le gouvernement de Perón, nous avons assisté au quid pro
83
quo initial, ensuite à des « cool, but correct relations », en passant par « l’amitié correcte »
et en terminant par la « pression amicale »51.
Quant à la dissuasion nucléaire, nous trouvons la MAD (Destruction Mutuelle Assurée)
et la capacité de Premier Coup. En ce qui concerne les relations avec la Chine, on parle
« d’ambiguïté stratégique » alors qu’on soutient la « sécurité coopérative » comme schéma
d’analyse pour les problèmes mondiaux.
Malgré ces dissonances épistémologiques, les Etats-Unis ont conservé et augmenté leur
pouvoir dans le monde dans les dernières 200 années, aux dépens de puissances beaucoup
plus préparées, comme l’Angleterre. Il y a divers facteurs qui doivent être pris en compte
lorsqu’on étudie cette contradiction.
De ce point de vue, l’ambivalence entre discours et politique trouve une cohérence
interne seulement si on considère le discours comme une politique qui essaie de convaincre,
et la politique comme un discours qui essaie de créer des signifiés.52
Le débat sur la politique extérieure a une intensité académique distinctive aux Etats-
Unis, conformément au niveau que la discipline des Relations Internationales a atteint. La
relation entre le monde académique et les responsabilités de gouvernement est étroite et un
grand nombre de fonctions exécutives sont exercées par des personnalités qui proviennent
des universités.
1.1.1 Origines d’une position historiquement prépondérante
Au début de l’indépendance américaine, la différence entre les Etats-Unis et l’Amérique
Latine était déjà considérable, aussi bien pour les caractéristiques des processus coloniaux
de l’Espagne et du Portugal -extrêmement différents de celui des treize colonies
britanniques- que pour le simple fait que l’intérêt pour légitimer la première « nouvelle 51 Cette terminologie, qui se réfère à l’Argentine, peut se trouver in Mario Rapoport et Claudio Spiguel.- Estados Unidos y el peronismo.- Buenos Aires : Eudeba, 1997.
52 On peut trouver une analyse du discours in David Marsh et Ferry Stocker.- Teoría y métodos de la ciencia política.- Madrid: Alianza, 1997
84
nation » face au monde européen ne tenait pas compte, en aucune façon, de ses voisins du
Sud.53
Cependant, des raisons de sécurité ont provoqué un intéressant changement d’attitude
des Etats-Unis, par rapport à ce que deviendrait l’Amérique Latine, comme conséquence
des premières révolutions indépendantistes des colonies espagnoles voisines, lesquelles
n’ayant pas la capacité de subsistance développée, ne voyaient pas l’annexion comme une
solution négative, ce qui pourrait faire place aux intérêts d’autres puissances européennes.
La première crise entre les Etats-Unis et l’Espagne date de 1811, lorsqu’un petit groupe de révoltés de la Floride de l’Ouest a demandé son annexion aux Etats-Unis. Le Congrès a autorisé le Président James Madison à prendre possession temporairement des territoires espagnols pour éviter que ceux-ci ne passent aux mains des puissances étrangères, ce que l’on peut qualifier comme étant la première décision de politique extérieure “active”en vers une zone qui était à ce moment-là territoire de l’Espagne.54
Peu après, cette politique extérieure est devenue explicite, lorsqu’en 1823, la Doctrine
Monroe a été annoncée, laquelle considérait qu’en Amérique Latine il y avait un système
politique différent de celui en usage dans les monarchies de restauration européennes. C’est
pour cela que les Etats-Unis interpréteraient comme dangereuse pour leur paix et leur
sécurité toute tentative du Vieux Monde pour récupérer ou pour étendre son influence sur le
Nouveau Monde.
En vertu de cette doctrine, l’Union se proclamait protectrice officielle de la région et, par
conséquent, avertissait l’Europe que toute menace contre les nouvelles républiques serait
considérée comme une menace directe contre son territoire, même si ce n’était pas encore
une puissance militaire. Néanmoins, on posait les bases pour le développement d’un
53 Jorge Nef, , Ximena Nuñez,.- El Monólogo Interamericano: Una Visión Histórica.- Santiago: Revista del Instituto de Ciencia Política de la Universidad de Chile Nº 32, 1994, p. 83.
54 Ibid., p. 84.
85
sentiment nationaliste grandement soutenu par tous les secteurs politiques internes, ce qui
se réflèterait plus tard dans le « Destin Manifeste ».
Le concept de Destin Manifeste de 1845 a revitalisé le sens de destin national chez les
nord-américains qui, en général, sentaient que leur mission était d’inculquer chez les autres
“les frontières de la liberté”, distribuant leur idéalisme et leur foi dans les institutions
démocratiques à ceux qui étaient capables de se gouverner eux-mêmes. Ceci excluait les
gens perçus incapables d’un gouvernement autonome, comme les indiens américains et
ceux qui n’était pas d’origine européenne.55
Cette idée a été instaurée comme une posture nettement défensive. Cependant, elle s’est
exprimée par une pratique expansive qui étendrait l’influence et le contrôle territorial nord-
américain à des zones adjacentes, ce qui peut être illustré par quelques événements
importants de l’époque, tels que l’indépendance du Texas, la guerre avec le Mexique et le
gouvernement temporaire au Nicaragua qui cherchait son annexion aux Etats-Unis. 56
Plus tard, alors que les Etats-Unis se débattaient dans une atroce Guerre Civile entre les
États du Nord et ceux du Sud, il a été possible d’apprécier une résurgence de
l’expansionnisme européen, spécialement de la part de la France et de l’Espagne qui s’est
ralliée à la dure tâche que l’expansionnisme nord-américain impliquait. Elle a motivé divers
pays du centre et du Sud de l’Amérique à chercher un rapprochement avec la Grande
Bretagne qui a fini par être le contrepoids des Etats-Unis et le modérateur d’autres intérêts
européens dans la région.
Dans les années 1880, les Etats-Unis s’étaient déjà récupérés des effets de la Guerre de
Sécession. Ils avaient consolidé leurs positions vers l’Ouest et développé une importante
capacité industrielle ce qui faisait qu’ils s’élevaient comme une nation capable de se
comparer avec les puissances européennes, créant le climat adéquat pour légitimer le rôle
55 http://www.pbs.org/kera/usmexicanwar/dialogues/ prelude/manifest/d2asp.html
56 Nef , Nuñez, Op. Cit., p.85.
86
protecteur des pays latino-américains, moyennant l’établissement d’un mécanisme
multilatéral.
À la fin du XIXème siècle, le panaméricanisme soutenu par les Etats-Unis a substitué peu
à peu l’américanisme bolivarien, avec l’idée présentée par Simon Bolivar le 19 juin 1826 à
Panama qui cherchait la création d’une grande nation qui unirait les peuples depuis le Rio
Grande jusqu’au sud. Le panamericanisme pourrait être défini comme un système de
caractère régional ou continental destiné à ce que toute l’Amérique puisse participer
solidairement à la communauté internationale et, à la fois, résoudre à l’intérieur de son
système tous ses problèmes particuliers..57
En 1889, à la demande des Etats-Unis, a eu lieu à Washington la première Conférence
Panaméricaine et on y a établi le Bureau des Républiques Américaines, non sans la
résistance d’un grand nombre de pays convoqués, spécialement l’Argentine, le Brésil et le
Chili –les plus développés d’Amérique du Sud-, parmi lesquels la nouvelle organisation
était perçue comme un instrument du Département d’Etat nord-américain. Ces pays
prétendaient créer des sauvegardes pour éviter des interventions nord-américaines, rendre
plus faciles les arbitrages et construire un système de Droit International pour maintenir la
paix.
Des expériences de cette nature se sont répétées à México en 1901, à Rio de Janeiro en 1906, à Buenos Aires en 1910, à Santiago du Chili en 1923, à la Havane en 1928, à Montevideo en 1933 et à Lima en 1938. Parmi les accords obtenus dans cette succession de conférences, il est possible de souligner la création de l’Union Panaméricaine qui sera chargée de la solution pacifique des controverses avec les arbitrages et un système de consultations.58
57 Fernando Gamboa, S.- Manual de Derecho Internacional Público.- Santiago: Ed. CESOC, 5ª edición, 1992, p. 127, in Juan E Cheyre E.- La Economía, una Nueva Variable en la
Relación Estratégica y Geopolítica del Cono Sur de América.- Santiago: IGM, 2001.
58 Juan E Cheyre E..- La Economía, una Nueva Variable en la Relación Estratégica y Geopolítica del Cono Sur de América.- Santiago: IGM, 2001, p.227.
87
Au début du XXème siècle, les Etats-Unis avaient déjà consolidé leur état national et
renforcé leur destin manifeste. Ils avaient annexé le territoire mexicain, occupé Cuba,
Puerto Rico et le Panama. Ils exerçaient aussi leur pleine hégémonie en Amérique Centrale
et dans les Caraïbes hispanophones. Dans ce contexte, la Doctrine Monroe acquérait une
nouvelle physionomie, en vertu de laquelle elle s’autodéfinissait le gardien et le garant de
l’ordre financier, politique et moral de la région.
Alors, les Etats-Unis ont affirmé que, si un pays de l’hémisphère américain, situé dans
leur zone d’influence menaçait ou mettait en danger les droits ou les propriétés de citoyens
ou d’entreprises de leur pays, le gouvernement nord-américain était obligé d’intervenir dans
les affaires internes de ce pays pour le réorganiser, rétablissant les droits et le patrimoine de
leur citoyenneté ou de leurs entreprises.
Ce corollaire, attribué au Président Théodore Roosevelt en 1904, a transformé la Doctrine Monroe qui disait protéger les états du Nouveau Monde contre l’intervention européenn, en une doctrine d’intervention des Etats- Unis en Amérique Latine et dans les Caraïbes.59
De l’attitude des Etats-Unis, il est possible d’inférer que les pays du sud étaient perçus
comme des entités politiquement, socialement et économiquement instables, gouvernés le
plus souvent par des leaders corrompus, habités par des populations de catégorie mineure
ou « de couleur », tempéramentaux, non enclins à travailler, manquants d’intérêts pour
améliorer leurs conditions de vie, qui ne manifestaient pas de garanties de sécurité pour les
intérêts nord-américains, raison suffisante pour intervenir directement et impudemment
dans leurs affaires internes.
Il faut remarquer qu’à cette époque il y a eu quelques interprétations de la Doctrine
Monroe, cristallisées en des politiques non moins interventionnistes, comme la politique du
59 Alberto J. Sosa, ¿Plan sustentable o Doctrina Monroe?.- http://www.rebelion.org/opinion.htm
88
« gros bâton », appliquée par le propre Roosevelt et qui a renforcé sa vision de « nation
civilisée » avec la responsabilité de se dresser comme une sorte de « police internationale ».
Plus tard, « La Diplomatie du Dollar » s’est mise en place pendant le gouvernement de
William Taft (1909-1913), où la vision stéréotypée de l’Amérique Latine s’est accentuée,
avec un caractère plus organique et permanent.
L’agressive politique nord-américaine envers les états latino-américains, caractérisée
essentiellement par l’interventionnisme, a provoqué quelques animosités qui ont amené à
créer de mesures palliatives, notamment l’organisation du Traité ABC, en 1909, entre
l’Argentine, le Brésil et le Chili, avec le soutien de l’Empire Britannique qui, d’une certaine
manière, a agi comme contrepoids dans la région, contribuant ainsi à atténuer les conditions
du traitement que le Département d’Etat réservait aux pays situés dans sa zone d’influence
américaine.
En effet, même si le traité n’a jamais été ratifié par les signataires, l’existence, quoique informelle, d’un bloc en Amérique du Sud –connu en Europe comme la Triple Entente Latino-américaine- a été vue avec méfiance par le gouvernement du président Woodrow Wilson, alors que le sénat étasunien le qualifiait comme étant le résultat d’une manœuvre européenne pour neutraliser l’expansionnisme nord-américain dans les Caraïbes.60
En réalité, les zèles interventionnistes les plus importants se concentraient au Mexique,
en Amérique Centrale et dans les Caraïbes, avec plus d’emphase dans les deux dernières
sous-régions parce qu’elles étaient considérées essentielles pour le développement du
pouvoir naval nord-américain qui, sous la marque de la pensée d’Alfred Mahan, se
proclamait comme la base vitale pour leur développement et leur suprématie régionale et
mondiale.
60 Cheyre, Op. Cit., p. 228.
89
La présidence de Woolwich Wilson (1913-1921) a imprimé une nouvelle empreinte à la
perception nord-américaine en ce qui concerne les états latino-américains, unissant sa
politique à un style idéaliste et au compromis avec les organismes internationaux, fondés
sur le libre choix, sur la prédominance de la norme dans les relations internationales, sur les
mécanismes d’un ordre international de caractère pacifique. Avec cela, les Etats-Unis ont
acquis une mission plutôt paternaliste, destinée à assurer la constitution et le maintien des
régimes démocratiques.
Cependant, dans la pratique, cela s’est traduit par la continuation de l’interventionnisme
sur le continent, avec la réserve qu’il s’effectuerait sur des bases moins agressives,
changeant le propos original qui était d’éviter les interventions d’autres puissances et de
sauvegarder les intérêts économiques, par un de plus large dimension politique comme la
préservation et l’extension d’un monde sain pour la démocratie.
Cette politique a amené les Etats-Unis à nier la reconnaissance de tout régime qui ne soit
pas clairement soutenu par un processus constitutionnel et électoral, constitué sur les
principes démocratiques les plus essentiels. Jusqu’ici il semblerait n’y avoir rien de
discutable mais, dans les faits, ces principes ont justifié des interventions militaires nord-
américaines à Haïti, en République Dominicaine, au Nicaragua et à Cuba.
Dans un autre ordre d’idées, une succession de convocations à la Conférence
Panaméricaine n’a pas porté ses fruits du côté des états latins puisque les Etats-Unis ont
refusé systématiquement de discuter les propositions venant des membres du Sud, qui
considéraient cette instance comme idéale pour refléter leurs intérêts. Cependant, pendant
plus de trente ans, tout le pouvoir de l’organisme régional tenait grâce au président
Permanent, qui était le Secrétaire d’Etat nord-américain, et était administré par un Directeur
Général de la même nationalité.
Parallèlement, le pacte ABC s’est érodé peu à peu, basiquement à cause de la perte de
pouvoir de la Couronne Britannique après la Première Guerre Mondiale et de
90
l’augmentation du pouvoir nord-américain qui s’élevait déjà au rang de puissance
mondiale. Les gouvernements latino-américains ont cherché à canaliser leurs frustrations
avec la Ligue des Nations, récemment créée, sans obtenir les fruits attendus. En effet, cette
instance n’est pas intervenue, pour une question politique, dans les affaires de l’Hémisphère
Occidental, ce qui a réaffirmé le caractère unilatéral du maniement du système
interaméricain.
Dans les années trente, le gouvernement nord-américain était convaincu que
l’intervention directe en Amérique Latine n’était plus nécessaire puisque leurs intérêts
étaient dûment préservés, grâce au lien intense établi avec la majorité des élites
gouvernantes, spécialement en Amérique Centrale où on avait formé et entraîné les polices
locales et où commençait un grand échange sur le plan militaire. En résumé, le maintien de
l’ordre régional et interne, avec une emphase dans la zone la plus proche des Etats-Unis,
avait déjà été atteint avec les interventions précédentes.
La pratique du rôle messianique des Etats-Unis en Amérique Latine a indéfectiblement provoqué la naissance de sentiments anti-nord-américains et de l’instabilité, ce qui a aidé à configurer un cadre de pauvreté politique et de sous-développement économique et social qui a souvent donné lieu à des systèmes politiques conduits par des leaders corrompus, anti-nationalistes et avec peu de légitimité interne, qui était précisément ce qui voulait être évité. 61
Postérieurement, avec l’arrivée au gouvernement de Franklin D. Roosevelt (1934-1947),
on peut remarquer une nouvelle évolution dans les relations entre les Etats-Unis et
l’Amérique Latine, cette fois-ci tournées vers l’entendement, reportant ainsi les
traditionnelles intimidation et intervention, changeant ceci pour un degré plus important de
coopération et d’acceptation du droit international, sous la dénomination de politique de
« Bon Voisinage » qui, dans une certaine mesure, essayait de rendre compatible l’idée du
destin manifeste avec la non intervention dans les affaires internes d’autres états. 61 Nef et Nuñez, Op. Cit., p. 90.
91
Sans aucun doute, cette réorientation de la politique extérieure a contribué à légitimer la
position des Etats-Unis en tant que leader dans les affaires économiques dans l’hémisphère,
avec la concession de prêts pour divers projets de développement continental –même s’ils
étaient sujets à la condition que les fonds devaient être utilisés pour l’acquisition
d’exportations nord-américaines- ainsi qu’avec la diffusion et le transfert de capital et de
technologie.
Comme cela est compréhensible, cette politique cherchait à ouvrir des marchés et à créer
des alliés stratégiques, étant donné le conflit qui se profilait déjà avec les puissances de
l’Axe, dépassant la sphère de la coopération déjà existante pour établir les bases d’un
contact plus étroit dans le domaine politique, contact qui puisse créer des conditions pour
une future coopération de caractère militaire. Dans ce sens, on a commencé par une
formulation sur la menace qu’impliquaient pour le Continent les puissances fascistes et l’on
est arrivé à proposer la création d’une force hémisphérique.
A mesure que les événements en Europe se déclenchaient, préalablement à la Deuxième
Guerre Mondiale, les Etats-Unis ont agi avec une série d’actions destinées à faire obstacle à
l’influence relative de l’Axe, spécialement de l’Allemagne. Pendant des années, celle-ci
avait été la source principale d’instruction et d’approvisionnement des armées sud-
américaines. C’est pour cela que les États-Unis ont envoyé une multitude d’assesseurs
militaires et augmenté la vente d’armes, faisant place à un transfert important de ressources
financières, d’équipement, d’entraînement et d’infrastructure. Ainsi, les premiers pas ont
été donnés pour la dépendance postérieure des appareils militaires latino-américains, avec
peu d’exceptions.
À la fin de la Deuxiéme Guerre Mondiale, la perception nord-américaine envers
l’Amérique Latine avait changé considérablement, les considérant des pays alliés qui, sous
différentes formes, avaient coopéré à la défense du continent, de même qu’ils avaient
soutenu l’effort de guerre des Etats-Unis. Parmi ces aspects, on peut signaler les facilités de
92
navigation et de contrôle du trafic maritime dans la zone côtière atlantique et du Pacifique
Nord ainsi que les forces que le Brésil a apporté et les conditions privilégiées que certains
pays ont accordé à la vente de matières premières essentielles, autant pour le maintien des
forces que pour la provision de matériaux.
La tendance à la coopération se trouvait dans son meilleur moment et a même atteint le
caractère de vision réciproque, raison pour laquelle les Etats-Unis ont essayé de changer
leur image d’agresseurs et d’interventionnistes, héritée après plus d’un siècle de relations
permanentes. Ils ont prétendu aussi encourager un esprit de panaméricanisme, augmentant
les relations commerciales, techniques et militaires.
1.1.2 Les relations pendant la Guerre Froide
La scène politique mondiale d’après-guerre n’a pas tardé à faire sentir ses effets dans
cette partie de la planète, faisant que les relations entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine
passent du caractère de « spécial », qu’elles avaient atteint dans les dix dernières années, à
celui de globalisme propre du nouveau rôle que la puissance triomphante avait acquis, ce
qui signifiait être le leader du monde occidental.
Les intérêts stratégico-militaires de Washington remplissaient l’agenda, déplaçant sans
plus l’intérêt pour les questions économiques et les problèmes de sous-développement de
ses voisins du Sud. Dans ce contexte, en 1947, a eu lieu une Conférence Panaméricaine
Spéciale, ajournée depuis 1945, dans le but de créer un mécanisme de défense collective,
concrétisé dans le Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque (TIAR), connu également
comme le Traité de Río. Ce mécanisme articulait les intérêts et les discours de la
bureaucratie militaire émergeante aux Etats-Unis.
L’année suivante, l’Union Panaméricaine a été rebaptisée Organisation des États-
Américains (OEA), sans que la plupart de ses intégrants laisse percevoir une sorte de
solution de continuité dans l’administration de l’hégémonie nord-américaine dans la région.
93
Plus encore, certains de ses critiques l’ont cataloguée d’instrument de relations publiques
du TIAR. Mais la croissante polarisation Est-Ouest, qui justifiait pleinement la réalisation
des intérêts des Etats-Unis, faisait taire ces visions.
A partir des accords souscrits, comme le Traité de Río en 1947, et la conférence de
Bogotá en 1948, les relations hémisphériques ont changé radicalement. Depuis lors et
jusqu’à la fin de la Guerre Froide, elles tourneraient autour de la politique de sécurité
collective imposée par les Etats-Unis pour contenir toute possible menace externe ou
interne de l’URSS et de ses satellites dans la région.62
Cependant, les relations entre les états latino-américains étaient en train de changer. Des
forces portées à la revendication d’intérêts sociaux, à la redistribution des revenus et à
d’autres réformes essentielles apparaissaient et, en plus de s’organiser politiquement, elles
exerçaient une pression sur leurs gouvernements respectifs. Cette situation n’a pas tardé à
affecter la perception nord-américaine quant à la région, plus encore si on la comparait au
« fantôme » de la Guerre Froide, qui n’était ni plus ni moins que la menace communiste.
Ainsi, les conditions pour le retour abrupt du style agressif et interventionniste des
relations entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine ont commencé à apparaître. Mais cette
fois-ci, il se présentait, en plus, très porteur d’idéologie, centrant ses efforts sur la
contention du communisme et sur le soutien aux gouvernements qui combattaient
l’insurrection, créée par la pénétration soviétique dans les nations moins développées et
nécessitant davantage de changements.
Parallèlement, et dans le domaine strictement militaire, les Etats-Unis ont convaincu
leurs voisins du Sud de la gravité de la menace soviétique depuis la mer. En 1957, ils ont
commencé des exercices de guerre anti-sous-marins, appelés opérations UNITAS, qui se
déroulaient bilatéralement tous les ans avec chacune des forces navales latino-américaines
et qui constituaient le principal facteur d’influence dans ce domaine. 62 Cheyre, Op. cit., p. 230.
94
Nous pouvons ajouter à ceci le transfert de matériel, en vertu du Pacte d’Assistance
Militaire, qui a assuré l’équilibre stratégique en Amérique, depuis la perspective nord-
américaine, alors que la décision sur le type de matériel terrestre, naval ou aérien qui serait
transféré à chaque pays n’a pas été négociée mais a seulement été résolue unilatéralement.
D’un point de vue critique, il est possible d’affirmer que la lutte contre le communisme a
donné aux Etats-Unis une justification hautement persuasive pour persister dans son
interventionisme historique, transformés cette fois-ci en bastion contre-révolutionnaire, ce
qui a dérivé dans de nombreux efforts pour contrôler la manifestation d’un mécontentement
croissant dans de vastes secteurs de la plupart des états latino-américains.
Cependant, les pressions pour le changement social ont continué à augmenter,
radicalisant le contenu de leurs messages et de leurs actions, sur la base d’un lien fort entre
les mouvements progressistes et les forces politiques soviétiques destinées à opérer sur le
continent, dont les facteurs d’union basiques étaient le caractère militant des organisations
et le sentiment anti-nord-américain. Face à ce scénario, les Etats-Unis ont réagi seulement
après la révolution cubaine avec le lancement d’une instance de coopération appelée
Alliance pour le Progrès, lancée en 1961 lors d’une réunion de chanceliers qui s’est tenue
en Uruguay.
L’objet de l’alliance était de prévenir un éclatement de l’insurrection gauchiste, avec la création de conditions sociales et économiques palliatives au sous-développement de la région, ainsi qu’avec l’incorporation des secteurs les plus pauvres, identifiés comme les plus vulnérables à l’influence des mouvements révolutionnaires.63
63 Jerome Levinson, et Juan De Onis.- The Alliance that Lost its Way: A Critical Report of the Alliance for Progress.- Chicago: Quadrangle Books, 1970, p. 76.
95
Néanmoins, derrière cette politique qui reposait essentiellement sur la promotion du
progrès, se cachait un élément très agressif, plus encore que les pratiques de la période
nettement interventionniste, comme la politique militaire pré-active, destinée à la formation
de forces spéciales organisées et entraînées à la lutte contre l’insurrection des guérillas, qui
n’a pas atteint l’effet voulu face à l’augmentation soutenue de la menace soviétique.
Comme il est évident, les éléments générateurs de développement ont été peu à peu
déplacés par l’intérêt pour la politique militaire, avec un fort retour au modèle
interventionniste, cristallisé dans le soutien flagrant aux mouvements militaires dans
plusieurs pays de la région, ainsi que dans les efforts pour déstabiliser des régimes qui,
d’une certaine façon, impliquaient un risque pour les intérêts nord-américains.
Tant et si bien que les gouvernements de type démocratique ont commencé à
questionner le durcissement de la politique extérieure nord-américaine, à un moment où les
esprits d’un grand nombre d’autorités politiques latino-américaines reflétaient un
mécontentement ouvert, spécialement en ce qui concernait l’aide extérieure supposée,
cataloguée alors comme étant un vrai mythe puisque ce n’était qu’un instrument de
discrimination politique et économique.
Bien entendu, la réponse ne s’est pas faite attendre. Le gouvernement de Richard Nixon
(1969-1974) a officialisé le retour de la tendance interventionniste avec la Doctrine de
Sécurité Nationale. Elle a été conçue comme une manière pratique de faire face, de façon
interne et externe, à la possible ou à la réelle menace communiste dans le cadre de la
Guerre Froide, et aux nouvelles relations entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine. Dans ce
sens, elle a contribué, peut-être plus qu’aucun autre élément, à l’unification du profil
idéologique de la plupart des armées latino-américaines qui, dans le cadre de conceptions
clairement anticommunistes, exerçaient d’ailleurs une fonction stabilisatrice face à la
faiblesse d’autres institutions.64
64 http://www.myrnamack.org.gt/foto_biografia.htm
96
La Doctrine de Sécurité Nationale considérait que le pouvoir national était composé de
quatre éléments : le pouvoir économique, le pouvoir social, le pouvoir politique et le
militaire. Prenant en compte ces quatre composants, et selon une planification stratégique
de sécurité nationale, les gouvernements touchés par le fléau de l’insurrection armée ont
augmenté l’intervention du pouvoir militaire, pour rendre réel l’objectif d’affronter et
d’éliminer la subversion communiste.
Comme on peut le supposer, l’abus de la fonction stabilisatrice que les armées
exerçaient et l’apparition d’un rôle excessivement politique a produit qu’au début des
années trente, un grand nombre de pays latino-américains se retrouvent sous des régimes
militaires, arrivant à quinze en 1975, dans un contexte de sociétés profondément polarisées
depuis la pespective idéologique, sociétés qui n’ont pas été capables de contrôler la spirale
de haine et de décadence politique, sociale et économique, ce qui les a conduit à chercher
une issue à travers la force.
Cette investigation ne prétend pas se prononcer sur la qualification de chaque régime
militaire mais il est possible d’affirmer que la politique nord-américaine envers l’Amérique
Latine n’a pas rapporté en termes d’efficience, étant donné l’ingérence importante en ce qui
concerne la création de climats étranges au devenir démocratique de ces sociétés, au point
que, outre l’incapacité à pouvoir freiner la pénétration idéologique marxiste, beaucoup de
gouvernements de facto ont dérivé dans le contrôle politique des forces de gauche, dans
l’aggravation des problèmes qui ont légitimé leur intervention ou, dans la plupart des cas,
dans une très mauvaise gestion économique de long terme, avec l’honorable exception du
Chili.
On peut identifier deux cas emblématiques dans les processus politiques du Nicaragua et
du Salvador qui, à partir d’actions répressives à grande échelle et d’un esprit anti-nord-
américain fécondé par plus d’un siècle d’intervention impudente, ont divisé leurs sociétés
respectives au point d’arriver à la guerre civile, cruelle en soi et avec des résultats
catastrophiques pour les deux pays, dont les traces resteront latentes pendant de
97
nombreuses générations, puisqu’il n’existe pratiquement aucun secteur qui n’ait pas été
touché de façon réelle par ses effets.
Peu de temps s’est écoulé jusqu’à ce que les Etats-Unis ne s’aperçoivent à nouveau d’un
changement dans leur ligne de relations avec l’Amérique Latine, non sur le plan de la
conduite de fond mais en ce qui se réfère à la solution d’une impasse historique. Comme les
régimes autoritaires apparus sous la protection de la doctrine de sécurité nationale
formaient un modèle en crise, on a résolu à créer des conditions pour imposer un modèle
d’issues de transition vers des régimes démocratiques, basé sur le fait que la « mission » de
contention de l’offensive communiste était déjà accomplie.
Conformément à ce qui vient d’être exposé, on jette les premières bases pour un long
processus de démocratisation qui a trouvé, avec la fin de la Guerre Froide, le contexte
propice pour son impulsion. Alors que la menace idéologique contre la région perdait peu à
peu de sa validité, faisant prévaloir l’intérêt pour la solution de la crise économique que
vivait une grande partie de la région, les divers gouvernements nord-américains, à partir des
années quatre-vingt, collaborent à cet effort, mais sans abandonner leur condition de
pouvoir et de prééminence absolus pour influencer le cours de l’histoire latino-américaine.
1.1.3 Synthèse des principales interventions des Etats-Unis en Amérique Latine
La politique interventionniste nord-américaine s’est manifestée très tôt en Amérique
Latine. Même si elle avait un adversaire de poids dans le domaine –la Grande Bretagne-,
les Etats-Unis ont regardé avec attention les territoires qui, pendant trois siècles, avaient été
soumis à l’Espagne et qui, au début du XIXème siècle –après leur indépendance-, ont connu
de longues périodes d’anarchie, comme résultat des luttes intestines qui ont eu lieu dans
presque toutes les jeunes républiques.
Depuis le début de l’indépendance des pays hispano-américains, les Etats-Unis et
l’Angleterre ont regardé d’un mauvais oeil les essais américanistes de Simón Bolívar. Les
98
deux nations anglo-saxonnes préféraient un continent divisé, séparé par de nombreux
conflits de frontière au lieu d’un seul et puissant pays qui pourrait devenir un adversaire.
En 1826, Bolívar a réuni le Premier Congrès Panaméricain dans le but de traiter l’affaire
de la libération de Cuba et de Puerto Rico, encore entre les mains de l’Espagne à cette
époque-là. Mais les efforts combinés des britanniques et des nord-américains ont réussi à le
boycotter et le Congrès a été un échec.
En 1829, l’ambassadeur Luis de Onís alertait l’Espagne quant aux ambitions nord-américaines: « Ce gouvernement s’est proposé de fixer ses limites dans l’embouchure du Río Norte ou Bravo… traçant une ligne droite jusqu’au Pacifique, prenant les provinces du Texas, du Nouveau Santander, de Cahuilia, du Nouveau Mexique et une partie de la Nouvelle Biscaye et Sonora. Ce projet semblera être un délire pour toute personne sensée mais il n’est pas moins sûr que le projet existe, qu’on a dressé un plan spécial de ces provinces… qui inclut aussi dans ces limites l’île de Cuba comme partie naturelle de la République »65
Des situations comme celles qui ont été décrites vont se produire à plusieurs reprises
pendant le devenir historique du continent. Elles seront synthétisées par ordre
chronologique, décrivant sommairement les principales interventions des Etats-Unis en
Amérique Latine. Avec cela, on prétend refléter l’état et les effets de chaque politique
extérieure appliquée des Etats-Unis à leurs voisins du sud, à savoir :
1.1.3.1 La scission du Texas
Le Texas avait toujours appartenu, depuis l’arrivée des conquérants, à la couronne
espagnole. Puis il a appartenu au Mexique indépendant, en vertu du Uti Posidetis Jure66,
65 Carlos Machado.- Documentos, Estados Unidos y América Latina. Montevideo :Editorial Patria Grande, 1968,p.13
66 Les nouveaux états surgis dans les vingt premières années du XIXème siècle, délimitèrent leurs frontières selon au Uti Possidetis, c’est-à-dire, comme elles avaient été établies les
espagnols dans les vice-royautés (virreinatos) et dans les Etats-Majors des régions militaires (Capitanías)
99
concept d’organisation territoriale qui a primé après les processus indépendantistes en
Amérique Latine.
En 1835, lorsqu’une nouvelle Constitution mexicaine a été proclamée, un conflit entre
des texans à la tendance fédéraliste et centraliste s’est produit, situation dont certains
citoyens locaux ont tiré profit pour proclamer l’indépendance du Texas.
Les Etats-Unis ont profité de cette occasion pour envoyer de l’approvisionnement aux
sécessionnistes, qui voyaient avec sympathie leur annexion au pays voisin du Nord, lequel
ressentait des appréhensions quant à l’abolition de l’esclavage au Mexique, ce qui était en
soi un problème de sécurité. En 1835, le Texas est entré dans l’Union comme état
esclavagiste.
1.1.3.2 L’annexion du Nouveau Mexique et de la Californie
Le Texas, l’ancienne province mexicaine, soutenue par le gouvernement des Etats-Unis,
a commencé à réclamer certains territoires qui avaient toujours appartenu au Mexique.
Ensuite, une fois le Texas annexé par l’Union (1845), ça a été le propre gouvernement
nord-américain qui a provoqué et entrepris la guerre de conquête.
Les hostilités ont duré jusqu’en 1848, date à laquelle le Mexique a dû signer le Traité de
Guadalupe Hidalgo, cédant alors de vastes territoires au Nouveau Mexique et à la
Californie. En dix ans, la moitié de son territoire avait été amputé.67
1.1.3.3 L’agression contre le Paraguay
En 1851, le gouvernement des Etats-Unis a désigné comme Consul à Asunción un des
propriétaires de l’entreprise maritime United States and Paraguay Navigation Company,
domiciliée à Rhode Islands. 67 Leopoldo Martínez C.- La intervención estadounidense en México, 1846-1848.- México: Panorama Editorial, 1985, p.19
100
En 1854, le Paraguay s’est nié à ratifier le Traité de Commerce et de Navigation entre
les deux états, sanctionnant la United States and Paraguay Navigation Company pour avoir
transgressé la législation paraguayenne, lui interdisant toute opération dans le pays dans le
futur.
Une grande campagne de presse et d’intimidation a commencé alors pour obliger le
Paraguay à présenter ses excuses aux Etats-Unis, parvenant même à ce que le Congrès
nord-américain approuve l’envoi d’une expédition qui a levé l’ancre en octobre de cette
année-là. Avec cette intervention, on a réussi à imposer au gouvernement paraguayen le
souhait de présenter des excuses aux Etats-Unis pour l’agression à leurs intérêts.68
1.1.3.4 Corsaires nord-américains en Amérique Centrale et dans les Caraïbes.
Vers la moitié du XIXème siècle, les conflits entre la Grande Bretagne et les Etats-Unis
pour le contrôle des Caraïbes se sont aggravés. Les deux pays ont signé un traité avec
lequel ils déclaraient avoir l’intention de construire un canal inter-océanique en territoire
nicaraguayen, sans en avoir informé le pays concerné. Ils se reconnaissaient mutuellement
des prérogatives pour sa future utilisation, affirmant qu’ils n’avaient pas comme objectif de
construire des fortifications, ni d’occuper le pays, ni d’exercer leur domination sur aucun
territoire d’Amérique Centrale.69
Vers la moitié du siècle passé, le Nicaragua vivait au milieu de continuelles et
interminables guerres civiles, comme beaucoup d’états de la région. En 1854, une dispute
entre libéraux et conservateurs a dégénéré en un conflit international. Les libéraux ont
appelé des mercenaires nord-américains pour leur venir en aide.
68 Max Ynsfran P.- La expedición estadounidense contra el Paraguay, 1858-1856.- Buenos Aires: Editorial Guaranía, 1954, Vol. 2, p.208
69 Eduardo Lemaitre. y su separación de Colombia.-Bogotá: Ediciones Corralito de Piedra, 1972, p.42
101
Parmi eux se trouvait William Walker, partisan acharné de l’esclavage et de son
extension en Amérique Centrale, qui a essayé de s’emparer du Nicaragua, s’auto-
proclamant président en 1856. Malgré la neutralité officielle défendue par les Etats-Unis,
un émissaire de Walker a été reçu par le Président Franklin Pierce. Peu après, les pays
d’Amérique Centrale ont mis un point final à cette aventure.
1.1.3.5 La guerre contre l’Espagne : interventions à Cuba et à Puerto Rico
Dès 1818, les patriotes cubains avaient pris les armes contre le colonialisme espagnol.
Vaincus après dix ans de combat, ils ont repris la guerre en 1895 obtenant quelques
triomphes. La victoire et l’indépendance semblaient être à leur portée. Alors les Etats-Unis
sont intervenus très rapidement car les investissements dans les plantations de sucre et dans
les mines de l’île avaient acquis une importance vitale.
Le prétexte pour intervenir a été l’explosion qui s’est produite sur le cuirassé Maine à la
Havane et qui a provoqué la mort de plus de 250 membres de l’équipage. Face à cette
situation, les Etats-Unis ont déclaré la guerre à l’Espagne le 21 mai 1898. La flotte
espagnole a été anéantie à Santiago de Cuba et les troupes nord-américaines ont débarqué et
consolidé leurs positions dans l’île. Le 10 décembre 1898, le Traité de Paris a été signé,
mettant fin au conflit. De plus, l’Espagne a cédé Puerto Rico et les Philipines.
Cuba, théoriquement indépendant, a été placé sous l’autorité du gouverneur militaire
Leonard Wood, chef des troupes d’occupation, qui resteront dans le pays pendant trois ans,
revenant avec des missions similaires à différentes reprises, comme en 1906, 1912 et
1917.70
70 Machado.- Op.cit., pp.41-43
102
1.1.3.6 La doctrine Drago et les corollaires de la Doctrine Monroe.
En décembre 1902, des navires de guerre britanniques, allemands et italiens se sont
présentés devant les côtes, exigeant le paiement des indemnisations non payées aux sujets
européens, action punitive qui a été approuvée par le président Roosevelt bien qu’il ne soit
pas disposé à accepter que les puissances européennes exercent un rôle de gendarme dans
leur zone d’influence puisque ce droit était seulement réservé aux Etats-Unis.
Le ministre des affaires étrangères argentin, Luis María Drago, a adressé une note au
Département d’Etat, dans laquelle il exigeait l’interdiction de l’utilisation de la force
comme moyen d’encaisser des dettes contractées par un état.
En 1904, le président des Etats-Unis préciserait que les erreurs en matière internationale
pouvaient requérir l’intervention de son pays en Amérique. Un an plus tard, il annonçait
aux nations latino-américaines qu’il ne s’opposerait pas aux actions punitives des
puissances européennes, sauf pour empêcher que la sanction assume la forme d’une
occupation territoriale. Ces annonces serviront de justification pour de futures interventions
au Panama, à Cuba, au Nicaragua, à Haïti et à Santo Domingo.
1.1.3.7 La sécession du Panama
Le Panama s’était déclaré indépendant en 1821, acceptant volontairement de faire partie
de la Colombie. Dix ans après, un mouvement sécessioniste proclamait son autonomie bien
qu’il affirmait appartenir à la Confédération Colombienne. Ultérieurement, entre 1840 et
1855, il y a eu plusieurs essais séparatistes, sans résultat aucun.
Après l’annexion de la Californie, la province colombienne de Panama est devenue un
point vital pour les communications entre l’est et l’ouest des Etats-Unis, comme
conséquence de la ruée vers l’or. Alors, le gouvernement nord-américain a commencé à
déplacer ses troupes à travers le Panama, sans en demander l’autorisation à la Colombie.
103
Alors, malgré les efforts infructueux des Etats-Unis, entre 1878 et 1880, on a accordé à
la Société Civile Internationale, de capitaux français, le privilège exclusif d’exécuter et
d’exploiter, sur son territoire, un canal maritime entre l’Atlantique et le Pacifique. Les
Etats-Unis étaient dans l’embarras et le Président a menacé de procéder à l’ouverture d’un
canal au Nicaragua, réclamant en plus un supposé droit d’exercer un protectorat exclusif sur
le canal que les Français projetaient d’ouvrir en territoire colombien.
Après une série d’essais infructueux pour arriver à un accord avec le Parlement
Colombien, par l’intermédiaire de gestions de quelques privés et de certaines entreprises
transnationales, les Etats-Unis ont provoqué alors la sécession et le soulèvement de la
province colombienne de Panama, qui a été proclamée par une Junte Militaire constituée à
Puerto Colón. Pendant ce temps-là, des troupes américaines débarquaient sur le lieu,
empêchant les forces colombiennes de suffoquer la rébellion. Le 6 novembre 1906,
Washington reconnaissait l’indépendance du Panama.
1.1.3.8 Paix américaine dans les Caraïbes
Les Caraïbes ont été la région où se sont concentrées les interventions armées nord-
américaines. En 1901, a eu lieu la première agression contre le Nicaragua et en 1903 contre
le Panama.
Sous la présidence de Théodore Roosevelt et suivant les lignes de la doctrine Monroe, le Secrétaire d’Etat Elihu Root signalerait que les interventions auraient lieu chaque fois que les capitaux américains seraient en danger.71
En 1905, les Etats-Unis, répondant à l’appel de divers personnages de l’oligarchie
dominicaine, ont installé des receveurs d’impôts nord-américains dans les douanes de Santo 71 Castor Sucy.- La ocupación estadounidense de Haití y sus consecuencias.-La Habana: Casa de las Américas, 1974, p.22
104
Domingo, dont la présence a duré quatre ans. Un nouveau débarquement en 1916
maintiendrait la République Dominicaine sous la domination des Etats-Unis jusqu’en 1924.
Au Nicaragua, une révolte dirigée par des secteurs libéraux a éclaté en 1912. Face à cette
situation, le gouvernement nord-américain a envoyé une force militaire pour protéger le
Président local, raison pour laquelle ces troupes resteront au Nicaragua jusqu’en 1925.
Simultanément, moyennant la souscription d’un traité, les Etats-Unis acquéraient le droit
d’établir une base navale dans le Golfe de Fonseca et la cession de diverses îles et îlots
pendant 99 ans.
Le Salvador a été envahi en 1921 et le Honduras en 1924. L’ingérence des Etats-Unis est
arrivée à un tel point que la désignation d’un président pour le Honduras s’est réalisée, dans
ces années-là, à bord du cuirassé nord-américain USS « TACOMA »
1.1.3.9 Intervention au Mexique
En 1914, dans le tourbillon de la révolution mexicaine, le général Victoriano Huerta a
cherché et obtenu le soutien d’investisseurs anglais. Au même moment, un rapprochement
avec l’Allemagne et le Japon commençait, ce qui a motivé Washington à envoyer une flotte
face aux côtes mexicaines.
Le 20 avril 1914, a eu lieu le débarquement des troupes dans le port de Tampico et, malgré une résistance acharnée, les troupes nord-américaines ont réussi à s’emparer de la ville, emportant avec eux les huit millions de dollars qui se trouvaient dans les coffres de la douane.72
Plus tard, en mars 1916, a eu lieu la fameuse invasion mexicaine aux Etats-Unis, dirigée
par le Général Francisco Villa qui s’est emparé de la ville de Columbus, il semblerait, à
72 Adolfo Gilly.- La Revolución Interrumpida.- México: Ediciones el Caballito, 1977, p.218
105
cause du soutien donné par les nord-américains à leur principal ennemi, le Général
Obregón. Washington a répondu en envoyant une expédition punitive, qui n’a pas atteint
l’objectif imposé.
En juin 1916, l’armée mexicaine a battu en défaite les troupes nord-américaines dans
une escarmouche, raison pour laquelle Washington a décidé de retirer ses troupes en janvier
1917. Plus tard, dans les années vingt, quand le général Obregón a désigné son successeur,
un secteur de l’armée a refusé de le reconnaître comme président et s’est soulevé. Une très
forte répression s’est produite, avec l’appui de troupes nord-américaines pour suffoquer la
rébellion.
1.1.3.10 Invasion de Haïti
En 1914, un intense conflit a eu lieu entre le gouvernement haïtien et des banquiers
américains qui avaient une solide présence dans le pays et une capacité d’influence sur les
activités économiques et politiques les plus importantes ce qui a conduit finalement à une
campagne qui a déchaîné l’intervention militaire nord-américaine. Le 17 décembre 1914,
les Forces Navales de l’USS « Machias » ont débarqué et ont emporté 500.000 dollars qui
appartenaient à la Banque Nationale de Haïti.
Face aux protestations du gouvernement haïtien, le Secrétaire d’Etat Bryan a signalé que
les Etats-Unis devaient « protéger les intérêts nord-américains qui se trouvaient menacés »,
ajoutant par la suite que la confiscation du capital en question n’était qu’un « simple
transfert de fonds ».73
Sous prétexte du chaos et de la guerre civile existants depuis avril 1915, le 28 juillet de
cette-année-là, une force de l’Infanterie de Marine a débarqué de nouveau à Haïti, ce qui
fait que les douanes haïtiennes sont restées sous le contrôle des Etats-Unis. Cette fois-ci
l’occupation durerait 19 ans. 73 Sucy.- Op.cit., p.85
106
1.1.3.11 La troisième intervention au Nicaragua
En août 1925, après le départ des forces d’occupation nord-américaines, qui étaient
restées au Nicaragua pendant treize ans, le Président de la République a été renversé par un
mouvement de type nationaliste qui, pour ne pas être en conditions de résister aux pressions
externes, a dû rendre le pouvoir à un politicien de confiance de Washington, employé d’une
compagnie minière nord-américaine.
En décembre 1926, des membres du même gouvernement ont conduit une force destinée
à rétablir la légalité, qui a été violemment soumise par des troupes nord-américaines,
lesquelles se sont chargées de désarmer les belligérants et les obliger à signer la paix. Ça
n’a été qu’un succès relatif étant donné qu’une partie des insurgés s’était réfugiée dans les
montagnes du nord du pays.
En décembre 1927, le président des Etats-Unis, Calvin Coolidge expliquait que l’intervention nord-américaine était justifiée parce que « aujourd’hui, il y a de grands investissements dans les scieries, les mines, les plantations de café et de bananes, dans le cabotage et dans diverses affaires mercantiles et collatérales… Il n’y a aucun doute que si cette révolution continuait, les investissements nord-américains et leurs intérêts financiers seraient sérieusement touchés… ».74
La résistance, dirigée par le général Augusto Sandino, a eu un succès considérable,
repoussant les troupes d’occupation durant six ans, transformant le combat pour le
rétablissement de la légalité piétinée en une guerre de libération nationale contre l’occupant
étranger. Devant l’impossibilité d’une victoire militaire, les Etats-Unis ont cherché un
accord politique, créant les conditions pour désigner un président de consensus et retirant
leurs forces en janvier 1933. L’année suivante, le chef de la résistance est éliminé et
74 Machado.- Op. Cit., p. 85
107
commence une période d’instabilité qui atteint son sommet en 1936, avec l’arrivée au
pouvoir de Anastasio Somoza, qui obéissait au profil enclin aux intérêts nord-américains.
1.1.3.12 La guerre du Chaco
Entre 1932 et 1935 a eu lieu la guerre du Chaco. Un ancien litige concernant les
frontières entre le Paraguay et la Bolivie s’est aggravé lorsque la compagnie américaine
Standard Oil a cru avoir découvert un riche gisement de pétrole en territoire bolivien. De
son côté, la compagnie anglo-hollandaise Royal Dutch a fait une découverte semblable
dans le Chaco paraguayen.
Alors, dans les deux pays une intense campagne de patriotisme exacerbé a eu lieu,
encouragée par les compagnies pétrolières. La guerre a éclaté en juin 1932 et a été
particulièrement cruelle. Un armistice n’a été signé qu’en juin 1935 et la Bolivie a dû céder
au Paraguay une importante partie de son territoire. Cependant, la présence de pétrole dans
la région était une illusion.
Plus de 130.000 paraguayens et boliviens sont morts, poussés par l’appétit vorace des
compagnies pétrolières. Derrière les intérêts de ces compagnies se trouvait le soutien du
gouvernement, spécialement des Etats-Unis, qui avaient déjà donné des preuves de leur
politique de soutien sans restriction aux activités productives de leurs coopérants en
Amérique Latine.
1.1.3.13 Intervention en Argentine
La discorde entre l’Argentine et les Etats-Unis a augmenté à l’époque de la IIème Guerre
Mondiale. Les gouvernements de Buenos Aires avaient déjà mis en pratique leur méfiance
du discours panaméricaniste de Washington à ce moment-là.
108
Le Général Juan Domingo Perón est arrivé légalement au pouvoir en 1946, défendant
une politique nationaliste qui blessait les intérêts nord-américains, ce qui a amené ces
derniers à intervenir.
L’ambassadeur nord-américain à Buenos Aires a commencé une virulente campagne
anti-péroniste, intervenant dans la campagne présidentielle en cours, publiant le « Livre
Blanc » dont l’axe argumental accusait Perón de nazi. Comme on pouvait s’y attendre,
Perón a répondu en publiant un « Livre Bleu et Blanc » dans lequel il accusait les Etats-
Unis de prétendre installer en Argentine un gouvernement de marionnettes.
Le résultat de l’élection a démontré une nette majorité en faveur de Perón, mettant en
évidence la politique interventionniste dans les affaires argentines, incitée par le
Département d’Etat.
1.1.3.14 L’expérience du Guatemala
En 1944, au Guatemala, une révolte populaire attisée par les étudiants, les paysans et les
officiers de l’Armée a renversé un gouvernement enclin aux intérêts de Washington,
étroitement lié à la compagnie fruitière United Fruit. La nouvelle tendance au pouvoir a
réussi à établir certaines réformes, commençant par une timide redistribution de la terre,
renforcée plus tard par une réforme agraire qui considérait, entre autres, l’expropriation de
85.000 hectares de l’entreprise nord-américaine mentionnée.
Le Département d’Etat a décidé d’intervenir, autorisant les vols d’avions nord-
américains sur le Guatemala et le bombardement des villes de Puerto Barrio et de Puerto
San José. Puis, a eu lieu le débarquement d’une force nationaliste, soutenue par les Etats-
Unis, réussissant à libérer Ciudad de Guatemala du contrôle du gouvernement en exercice
depuis 1944, qui avait démontré un clair penchant pour la gauche et anti-nord-américain,
cédant la place à une violente lutte anti-subversive du côté de l’Armée.
109
1.1.3.15 Baie des Cochons
La révolution cubaine a provoqué un grave problème sur tout le continent. A seulement
quelques kilomètres des côtes nord-américaines, un gouvernement de gauche s’installait,
obéissant à Moscou, ce qui serait un facteur générateur de conflits pratiquement depuis le
début, atteignant son point de non-retour le 17 avril 1961 lorsque la CIA a organisé
l’invasion de l’île, essayant d’établir une tête de plage dans la Baie des Cochons.
Utilisant les cubains anti-castristes et d’autres éléments d’Amérique Centrale, la CIA
espérait que le débarquement allait provoquer une insurrection dans l’île, ce qui n’a pas été
possible car les forces cubaines possédaient une information précieuse de l’action et parce
qu’à la dernière minute, le soutien aérien dont ils avaient besoin a été refusé aux
envahisseurs, soutien fondamental pour une opération de cette nature.
Le président Kennedy a assumé la responsabilité de cet échec en ces termes : « Si la doctrine interaméricaine de non-intervention cache une politique de passivité, si les nations de cet hémisphère échouent dans leur mission contre la pénétration communiste, alors je veux que ce soit très clair que ce gouvernement n’hésitera pas à faire face à ces obligations… si jamais ce moment arrivait, ce n’est pas notre intention de recevoir des leçons sur la non-intervention ».75
1.1.3.16 Le coup d’état au Brésil
Le coup d’état au Brésil contre le président Joao Goulart s’intègre dans une série de
mouvements dans lesquels les Etats-Unis apparaissent directement impliqués, comme
conséquence des événements de Cuba, ce qui les a amenés à soutenir le déroulement
d’interventions militaires sur tout le continent, comme au Salvador en 1961, au Pérou en
1962, au Guatemala, au Honduras et en Equateur en 1963, en Bolivie en 1964 et plus tard,
75 Ibid., p.101
110
en Argentine en 1966, ce que quelques-uns ont appelé le retour de la politique du gros
bâton.
Le gouvernement de Goulart, de claire tendance gauchiste, avait commencé un
programme de réformes qui, selon l’usage de l’époque, touchait nécessairement et de façon
directe les intérêts des personnes et des entreprises qui concentraient la possession des
principaux capitaux, parmi lesquels se trouvaient les terrains agricolement productifs.
Le 31 mars 1964, les Forces Armées renversaient le gouvernement en exercice,
assumant le contrôle total du pays, et ont compté sur l’acceptation publique de la part du
gouvernement nord-américain. Celui-ci a reconnu immédiatement les nouvelles autorités et
a exprimé son admiration pour la volonté décidée de la communauté Brésilienne de
résoudre ces difficultés dans le cadre de la démocratie constitutionnelle.
1.1.3.17 L’intervention en République Dominicaine
Les Etats-Unis avaient occupé la République Dominicaine de 1916 à 1924. Plus tard, en
1930, Rafael Leonidas Trujillo s’est installé au pouvoir et a dirigé le destin du pays
jusqu’en 1961, avec l’approbation de Washington. Cela a fait place à une période de
troubles qui a culminé avec l’appel aux élections en décembre 1962. Un libéral, qui ne
comptait pas sur le consentement de Washington, a été élu, puis renversé en septembre
1963 par un mouvement militaire.
Le Mouvement militaire a nommé comme nouvel exécutif un triumvirat présidé par un
civil de confiance du Département d’Etat. Cela a produit rapidement une insurrection
interne qui a mené à sa chute en avril 1965, proclamant sa volonté de rétablir dans ses
fonctions le président Juan Bosch, mais cela a provoqué que de nombreux affrontements
éclatent.
111
Dans de telles circonstances, le gouvernement nord-américain a décidé de protéger ses
citoyens résidants en République Dominicaine, en envoyant pour cela une force
d’Infanterie de Marine, avec la coopération de troupes de quatre nations qui ont accepté de
collaborer à l’invasion avec Washington: Le Brésil, le Nicaragua, le Paraguay et le
Honduras.
Pour les nord-américains, il s’agissait d’empêcher ce qui, à leurs yeux, serait un autre Cuba sur le continent, ce qui naturellement justifiait les exceptions aux règles prescrites dans la Charte de la OEA, représentant la communauté internationale « il n’y avait pas de temps pour parler, consulter ou s’attarder… Les nations américaines ne peuvent ni ne doivent et ne permettront pas l’établissement d’un autre gouvernement communiste dans l’hémisphère occidental… »76.
1.1.3.18 L’intervention au Chili
L’ingérence des Etats-Unis au Chili date, au moins de 1965, lorsque la CIA a mis en
place une opération à grande échelle destinée à détecter les potentialités révolutionnaires
dans le pays. Ceci a d’ailleurs été unanimement condamné par la classe politique locale.
Face à cette situation, les Etats-Unis ont prudemment opté pour minimiser leur flagrante
intromission.
Après l’élection du socialiste Salvador Allende, le 4 septembre 1970, le gouvernement
nord-américain a mobilisé tous ses agents, collaborateurs et influences. Ils ont conspiré
contre le futur président, avec des plans d’action destinés à empêcher que le Congrès
chilien le proclame Président de la République –puisqu’il n’avait obtenu que 36% des
suffrages- ainsi qu’en essayant d’autres alternatives de force si le scénario se concrétisait,
exceptée une action comme celle qui avait été réalisée à Santo Domingo.
76 Ibid., p. 109
112
Le gouvernement de Allende a fait place à une grave crise institutionnelle, économique
et sociale au Chili qui a culminé avec une intervention militaire en 1973. Un gouvernement
le remplacera, pendant dix-sept ans, et fera des transformations structurelles dans le pays,
malgré une forte opposition internationale, dans laquelle se trouvait Washington.
Dans le contexte décrit, l’ingérence des Etats-Unis est pleinement identifiable, aussi bien
en ce qui concerne les efforts pour empêcher l’arrivée d’un gouvernement socialiste né
d’une élection démocratique, qu’en ce qui concerne la contribution à la déstabilisation de ce
régime, qui a conduit le pays à une des crises les plus profondes dont l’histoire puisse se
rappeler, étant un des facteurs qui a légitimé l’intervention de 1973. De même, plus tard, ils
se sont engagés à soutenir l’opposition au régime militaire.
1.1.3.19 L’intervention au Nicaragua
Après un long processus révolutionnaire, le 19 juillet 1979, les troupes du Front
Sandiniste de Libération Nationale entraient à Managua, concrétisant ainsi la chute du
régime d’Anastasio Somoza, continuateur d’une dynastie qui exerçait le pouvoir au
Nicaragua depuis 1936.
Considérant que ce changement de gouvernement impliquait l’installation d’un régime
marxiste en Amérique Centrale, les Etats-Unis ont déclenché une campagne internationale
accusant le gouvernement de Managua de vouloir s’emparer de la région de l’isthme. Ainsi,
ils ont interdit les crédits, ont encouragé les partis d’opposition, et les finançaient, alors
qu’ils organisaient et armaient les forces contre-révolutionnaires, appelées « les contres ».
L’affaire de la vente illégale d’armes à l’Iran connu comme le « Irangate », a démontré
l’intervention nord-américaine au Nicaragua en tant que fournisseur de fonds et d’armes
des « contres » qui utilisaient le territoire du Honduras comme base principale de leurs
opérations, à la suite d’une cruelle guerre civile, jusqu’à ce qu’en 1990 le gouvernement
113
perde les élections et abandonne le pouvoir, comme résultat d’un processus de
démocratisation, stimulé par de vastes secteurs de la communauté internationale.
1.1.3.20 L’invasion de Grenade
L’invasion de la minuscule île de Grenade, le 25 octobre 1983, a été justifiée par les
Etats-Unis parce que la vie de citoyens américains était en danger. De plus, un groupe de
cubains construisait une piste d’atterrissage dans l’aéroport de Puerto Salinas dans le but de
le préparer pour l’atterrissage d’avions de plus grande envergure. Il faut ajouter également
la demande de cinq pays des Caraïbes : Antigua, Barbuda, Dominique, Sainte Lucie et
Saint Vincent.
Cette opération de libération d’une dictature marxiste avait comme propos de montrer au
monde la détermination des Etats-Unis dans leur lutte contre le communisme,
caractéristique des années quatre-vingt, déployant d’intenses efforts pour éviter toute
intervention soviétique dans sa zone d’influence la plus proche.
1.1.3.21 L’opération « Cause Juste»
Le 2 octobre 1977, un référendum a ratifié au Panama le nouveau traité Torrijos-Carter
avec lequel l’état centre-américain obtiendrait la pleine souveraineté sur le canal et ses
installations, en l’an 2000, non sans avoir auparavant esquivé une série d’obstacles pour
atteindre un objectif tant souhaité.
Un amendement du sénateur De Concini ajoutait une clause qui garantissait à
Washington le droit d’intervenir militairement « si le canal était fermé ou si ses opérations
ne pouvaient se réaliser… les Etats-Unis auront le droit de prendre les mesures
nécessaires…dont l’emploi de la force militaire … ».77
77 Jorge Conte P.- Del Tratado Hay-Buneau Varilla al Tratado Torrijos-Carter.-Panamá: Impresora Panamá, 1982, p.144
114
En 1989, une nouvelle élection présidentielle se réalisait au Panama. L’opposition au
gouvernement du Général Noriega s’est regroupée autour d’un candidat qui a été élu au
premier tour mais, sous la forte pression de la Garde Nationale, on a désigné comme
nouveau président un autre citoyen qui n’avait pas réuni les votes suffisants.78
Étant donné ce scénario où l’anarchie et l’insécurité étaient évidentes, le gouvernement
nord-américain a lancé l’opération « Cause Juste», en décembre 1989. Ses troupes ont
envahi une fois de plus le Panama, contrôlant rapidement le pays et imposant le leader
politique Guillermo Endara comme nouveau président, dans une cérémonie effectuée dans
une base militaire des Etats-Unis, dans la zone du canal.
Après l’intervention et l’instauration d’un nouveau régime, l’ancien président Noriega a
été arrêté et accusé de trafic de drogues, le 3 janvier 1990 et il a été emmené aux Etats-
Unis.
1.1.3.22 Une nouvelle intervention humanitaire à Haïti
Contrairement à une idée très répandue, l’intervention nord-américaine à Haïti dans les
années quatre-vingt-dix ne date pas de septembre 1994 mais de septembre 1991, lorsque le
président Aristide a été renversé par un coup organisé par les forces militaires haïtiennes
avec la collaboration de la CIA et de l’Ambassade des Etats-Unis.
La répression déchaînée par la junte militaire et la misère épouvantable de la majorité
des habitants ont poussé une partie de la population à chercher leur salut en traversant les
dangereuses eaux caribéennes dans de petites embarcations qui essayaient d’accoster sur les
côtes américaines. Les boat people haïtiens avaient fait leur apparition.
Face aux difficultés pour mettre un terme à un tel exode, Washington a décidé, avec
l’autorisation du Conseil de Sécurité de l’ONU, d’effectuer une opération humanitaire, en 78 Ibid.
115
fonction de laquelle les troupes américaines ont contrôlé Port-au-Prince et ont réinstallé au
pouvoir l’ancien président Aristide, qui a été amené dans les navires de la flotte
intervenante, dont les effectifs sur terre ont bientôt été remplacés par des effectifs de la
Mission des Nations-Unies pour Haïti (MINUHA).
1.2 La tradition du multilatéralisme
Quant au discours du multilatéralisme en Amérique, on estime pertinent de refléter
quelques idées qui peuvent être déduites de l’accumulation historiographique existente, qui
se rapportent aux flux qu’on peut identifier autour de la sécurité hémisphérique, parmi
lesquels nous citerons les suivants :
Les essais latino-américains pour articuler un système de défense commune.
L’effort des Etats-Unis pour diriger le système de sécurité.
Le dynamisme du système en fonction des événements provoqués par les Etats-Unis.
Les doctrines nord-américaines de sécurité et leur variabilité pendant deux siècles.
Ces aspects peuvent difficilement être traités de façon isolée, étant donné leur lien
intense, aussi bien de façon conceptuelle que dans les faits, raison pour laquelle nous
esquisserons une ligne de réflexion et de conclusion qui s’appuie sur le devenir historique
des événements les plus importants qui ont marqué cette singulière relation.
Sans aucun doute, le premier élément qui doit être consigné est que l’Amérique Latine
ne constitue pas une unité en termes de finalités et d’objectifs, plus encore si l’on considère
que sa configuration s’est basée sur le précepte juridique du uti possidetis, qui a permis la
continuité de la ligne de partage imposée par l’Espagne et le Portugal, respectivement, qui
correspondait à une conception et à une vision externe très peu liée à une réalité aussi
diverse et complexe que sa géographie et la variété des peuples qui l’habitent.
116
Cette ligne de division a continué en vigueur, aussi bien en ce qui concerne la
démarcation de ces états qui apparaissent à partir des vice-royaumes et des capitanías
générales espagnoles, que pour que le Brésil puisse maintenir sa condition de suprématie
dans la région, que ce soit pour son extension ou sa quantité de population ou pour
l’influence héritée de son processus particulier d’émancipation.
Cette position prépondérante –soutenue dans le temps par l’état naissant d’une vaste
aristocratie européenne qui a contribué à la formation d’une classe dirigeante de meilleur
niveau– a maintenu le Brésil plus distant de l’influence des Etats-Unis. Cela lui a aussi
donné la capacité de diriger le Cône Sud de l’Amérique, qui est précisément la région où
l’influence britannique s’est faite sentir jusqu’aux premières années du XXème siècle, en
plus de devenir la région la plus développée politiquement et économiquement.
Les choses ainsi établies, il est possible d’affirmer que l’Amérique Latine, plus qu’un
ensemble d’états aux racines communes est un véritable groupement de réalités diverses qui
configurent une série d’ensembles géopolitiques, différenciés en ce qui concerne leur
population, leurs économies, les processus politiques et les relations avec la puissance
dominante sur le continent -les Etats-Unis- dont l’influence s’est faite sentir depuis les
débuts des mouvements indépendentistes de la fin du XVIIIème et début du XIXème siècle.
Cependant l’Amérique Latine partage quelques caractéristiques communes, telles que
l’inégalité dans la distribution de la richesse, qui se reflète dans une situation de sous-
développement et dans l’existence de réalités opposées dans plusieurs des pays qui la
composent. Ceci est dû basiquement au fait que sa structure économique a été développée
pour servir de soutien à la puissance européenne dominante quant aux matières premières et
aux richesses minérales, construisant le caractère dépendant de l’économie régionale.
Dans ce contexte, les efforts de Simón Bolivar pour constituer un système de
coopération et d’intégration entre les pays qui ont pris leur indépendance par rapport à
l’Espagne, dans une optique américaniste, ont eu comme inconvénients majeurs le manque
117
d’intérêts communs et les intérêts opposés aux puissances. Ajoutons aussi la politique des
Etats-Unis envers l’Amérique Latine qui, depuis le début du XIXème siècle, s’est faite sentir
comme un référant bien difficile à éviter.
D’ailleurs, depuis le début de l’indépendance des pays hispano-américains, les Etats-
Unis et l’Angleterre ont vu d’un mauvais œil les essais américanistes de Simón Bolívar qui,
en 1826, avait convoqué le Premier Congrès Panaméricain, dans le but de traiter le thème
de la libération de Cuba et de Puerto Rico, à l’époque les seuls à ne pas être parvenus à
devenir indépendants. Mais les efforts conjoints des britanniques et des nord-américains ont
réussi à le boycotter et le congrès a été un échec total.
A propos, il faut souligner que l’intérêt bolivarien n’était pas centré uniquement sur
l’affaire cubaine et portoricaine mais plutôt sur l’intention de former une confédération
entre les anciennes colonies espagnoles d’Amérique, dont l’objectif allait se circonscrire à
la défense commune, la souveraineté et l’indépendance de tous et de chacun des états
membres de la future « Confédération d’Amérique », contre toute domination étrangère.79
Cependant, en Amérique Latine, il y a eu des pays qui, d’une façon ou d’une autre, ont
persisté à rechercher le sentier de l’unité, avec les Congrès de Lima en 1847 et en 1865, de
Santiago en 1856 et du Mexique en 1895. Leur dénominateur commun a été l’illusion créée
par les accords adoptés, illusion partagée par le manque de volonté politique pour les
ratifier, qui en plus de refléter les infructueux résultats, a permis de rendre concrètes la
divergence d’intérêts et l’articulation de manœuvres nord-américaines pour neutraliser tout
vestige d’union entre leurs voisins du Sud.
Au Congrès de Lima ont assisté des représentants de Bolivie, de Colombie, d’Equateur et du Pérou ; à Santiago sont venues des délégations du Pérou et de l’Equateur ; au deuxième rendez-vous de Lima ont assisté la Colombie, le Chili, le
79 L’échec du Congrès est dû, en grande mesure, à l’esprit sécessionniste, au caudillisme exacerbé et au manque de vision des castes dominantes, dont les priorités étaient plus proches
de l’amoncellement de richesses que des affaires politiques de long terme.
118
Vénézuéla, l’Equateur, la Bolivie, le Guatemala, le Salvador et l’Argentine sans qu’un seul pays ne ratifie les accords adoptés à chaque occasion. A la convocation du Mexique, l’invitation a été acceptée par le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa Rica, le Vénézuéla, l’Equateur, le Chili, la Bolivie, le Paraguay et le Pérou, mais finalement, en plus du pays amphitryon, sont seulement arrivés les républiques d’Amérique Centrale et l’Equateur. Ça a été le dernier essai véritable pour articuler un système de défense commune.80
Par contre, depuis le début de leur indépendance, s’était développée aux Etats-Unis une
conception pragmatique sur les impératifs de leur développement futur et de leur grandeur
en tant que nation, parmi lesquels les affaires de sécurité n’ont pas été négligées, bien au
contraire. Ceci marquait une grande différence avec l’Amérique Latine qui, au lieu de
chercher la formule qui lui permettrait de se projeter depuis une position de force, s’est
tournée vers des problèmes internes, dérivés d’intérêts particuliers d’un grand nombre
d’états, ce qui a été opportunément capitalisé par les politiciens visionnaires nord-
américains.
Précisément, ce sont des raisons de sécurité qui ont motivé un intéressant changement
d’attitude des Etats-Unis par rapport à ce que serait l’Amérique Latine. On peut considérer
comme premier fait de référence la crise que les États-Unis ont eu avec l’Espagne en 1811,
lorsqu’un petit groupe de révoltés de Floride de l’Ouest leur a demandé son annexion. Cela
a créé les conditions propices pour commencer la conformation de leur frontière sud dans
des zones qui n’étaient pas sous leur domination, mais qui les intéssaient.
Peu après, la politique extérieure des Etats-Unis est devenue explicite lorsqu’en 1823 on
a énoncé la Doctrine Monroe, en vertu de laquelle l’Union se proclamait protectrice
officielle de la région, soutenue sur l’idée du Destin Manifeste, utilisée pour expliquer
l’expansion continentale des Etats-Unis, ainsi que pour exercer un important degré
d’influence à travers la propagation de leur idéalisme et de leur foi dans les institutions
démocratiques. 80 José Luis García, Horacio Ballester, Carlos Gascón et Augusto Ratembach.- La Seguridad Continental: Historia, Actualidad y Futuro deseable.- Buenos Aires: IV Congreso
Bolivariano, Novembre 2001.
119
Il est clair, alors, que l’hégémonie des Etats-Unis remonte aux premiers essais
indépendantistes, à partir d’une claire définition d’objectifs et sur la base d’une action
persistante qui a contribué de manière significative à consolider leur position internationale
et à garantir leurs options de développement.
Malgré le caractère catégorique de l´affirmation antérieure, ladite consolidation
régionale n’a pas été exempte de difficultés. En effet, à un moment, elle a dû affronter la
réapparition de l’expansionnisme européen, ce qui a aggravé fortement la perception latino-
américaine quant au sujet, si bien que plusieurs pays d’Amérique Centrale et d’Amérique
du Sud ont cherché à se rapprocher de la Grande Bretagne, qui a fini par être le contrepoids
des Etats-Unis et le modérateur d’autres intérêts européens. Cela a débouché sur un relatif
équilibre qui a permis des relations moins dominantes, mais non exemptes de pressions et
d’ingérences.
Comme on peut le supposer, à la fin du XIXème siècle, le panaméricanisme soutenu par
les Etats-Unis a subsistué graduellement l’américanisme bolivarien. Il a réussi à attirer vers
lui non seulement l’assistance des représentants des pays d’Amérique Latine mais, en plus,
il a constitué dans sa capitale le Bureau des Républiques Américaines. C’était le reflet du
succès qu’a impliqué la Première Conférence Panaméricaine en 1889, soutenue par
Washington, menant jusqu’à nos jours le siège de l’organisme recteur du système
interaméricain.
Une fois que les Etats-Unis ont réussi à consolider leur état national et affirmé leur
destin manifeste, à la fin du XIXème et début du XXème siècle, Washington a affirmé qu’il
était légitime qu’ils puissent intervenir dans n’importe quel pays de la région et où se
verraient menacés non seulement leurs intérêts mais aussi tous les droits ou les propriétés
de citoyens ou d’entreprises de leur pays. Ainsi, cela a permis de concrétiser la
manifestation explicite de leur volonté politique interventionniste qui a marqué les relations
120
régionales pendant plus de cent ans, variant en intensité selon la période internationale en
cours, mais sans pour cela abandonner leur style direct et effectif.
Pour comprendre cette posture, il faut se rappeler que, pour les Etats-Unis, les pays du
Sud constituaient des entités politiquement, socialement et économiquement instables, qui
ne donnaient pas de garanties pour la sécurité de leurs intérêts. Cela constituait une raison
suffisante pour intervenir directement et impudemment dans leurs affaires internes,
produisant des animosités diverses dans ces états qui voyaient dans cette attitude un danger
pour leur survie, ainsi qu’une violation à leur dignité nationale.
En effet, parmi les efforts pour créer des mesures palliatives, il est à souligner la
conformation du traité ABC, en 1909, entre l’Argentine, le Chili et le Brésil, avec une
relation forte avec l’Empire Britannique qui, comme il a déjà été mentionné, était le
contrepoids dans la région. Cela a contribué à atténuer les conditions de traitement que le
Département d’Etat réservait aux pays situés dans leur zone d’influence américaine, bien
qu’il ait pleine conscience que le plus grand zèle interventionniste se concentrait au
Mexique, en Amérique Centrale et dans les Caraïbes, d’où un adversaire constituerait une
menace directe.
Avec le changement de politique extérieure pendant la présidence de Woodrow Wilson,
qui visait à assurer la constitution et le maintien des régimes démocratiques, les Etats-Unis
ont nié la reconnaissance de tout régime qui ne soit pas clairement soutenu par un processus
constitutionnel et électoral, ce qui apparemment ferait place à des relations de respect
mutuel. Mais dans les faits, la nouvelle posture a aussi été utilisée pour justifier des
interventions militaires directes et flagrantes, comme dans les cas déjà mentionnés de Haïti,
de la République Dominicaine, du Nicaragua et de Cuba.
Alors, il se dégage que pendant les premières années du XXème siècle l’Amérique Latine
a fini par être soumise à l’intérêt nord-américain, dans son acception la plus ample,
s’appuyant sur le fait que les successives convocations à la Conférence Panaméricaine
121
n’ont pas porté leurs fruits. En effet, les Etats-Unis ont systématiquement refusé de discuter
les positions qui venaient des intégrants du Sud, outre la détérioration indéfectible du pacte
ABC, dont la base de soutien s’est érodée comme conséquence de la perte de pouvoir de la
Couronne Britannique après la Première Guerre Mondiale. Il ne restait aucune possibilité
de contrepoids dans la région.
Cette situation a permis aux Etats-Unis de développer un lien plus intense avec la
majorité des élites politiques gouvernantes. Cela leur a permis de collaborer à la formation
et à l’entraînement de la police locale, ainsi que de commencer un profond échange sur le
plan militaire. Il s’agissait là d’institutions qui leur seraient d’une importance vitale dans les
années à venir, spécialement à partir des années trente, où l’on estimait que l’intervention
directe en Amérique Latine n’était déjà plus nécessaire, puisque leurs intérêts étaient
dûment protégés.
De cette façon, on identifie une nouvelle facette de la consolidation de la pénétration
nord-américaine à des niveaux privatifs de chaque société, créant des conditions propices
pour engager de nouvelles figures d’interventionnisme quand ce serait nécessaire, ceci basé
sur l’influence exercée à différents stades politiques et militaires, qui se déroulent aussi à
différents niveaux des processus de prise de décisions au niveau national.
Cette capacité d’influence se reflète sur la détermination de ce qu’on appelle la politique
du « Bon Voisinage », devenant ostensible l’évolution vers l’entendement dans les relations
entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine. L’entendement était caractérisé par un degré plus
élevé de coopération et d’acceptation du droit international, essayant dans une certaine
mesure de rendre compatible l’idée du Destin Manifeste avec la non-intervention dans les
affaires internes d’autres états. Même si à l’époque cela avait rapporté des bénéfices, cela
entraînait un coût assez élevé dans les perceptions des sociétés latino-américaines.
Evidemment, l’apparition de ce climat a facilité considérablement la transmission de la
sensation de menace qu’impliquaient les puissances fascistes pour le Continent, une autre
122
occasion propice pour que les Etats-Unis s’en prennent avec une série d’actions destinées à
contrecarrer l’influence relative de l’Axe à mesure que les événements se déclenchaient en
Europe, avant la Deuxième Guerre Mondiale.
Ainsi, l’alignement continental a pratiquement été atteint pour leur cause, ce qui en
résumé s’est concrétisé dans la subordination de la plupart des intérêts locaux par rapport à
ceux des Etats-Unis, avec l’exception de l’Argentine qui fournissait des matières premières
à prix de revient, et les forces du Brésil qui ont participé au conflit. Mais ce qu’il y a peut-
être de plus remarquable, c’est que la région s’est maintenue dans un calme relatif, en
ordre, de façon à ne pas perturber l’attention des Etats-Unis, concentrée à soutenir l’effort
de guerre en Europe et en Asie.
Ce qu’il y a peut-être de positif est que, à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, la
perception nord-américaine envers l’Amérique Latine avait nettement changé. Les États-
Unis la considéraient désormais des pays alliés qui, de différentes façons, avaient coopéré à
la défense du continent ainsi que soutenu l’effort de guerre des Etats-Unis. Cela a servi à
maintenir la tendance à la coopération et à ce que Washington essaie de changer son image
d’agresseur et d’interventionniste, favorise un esprit de panaméricanisme et augmente les
relations politiques, commerciales et militaires.
Cependant, l’arrivée de la Guerre Froide a inévitablement affecté ce scénario, déplaçant
sans plus l’intérêt pour les questions économiques et les problèmes de sous-développement
de ses voisins du Sud. En effet, les intérêts stratégiques et militaires de Washington
remplissaient l’agenda et sa principale zone d’intérêt était en Europe, d’où se projetait le
conflit global.
Cette nouvelle situation n’est pas passée inaperçue pour l’Amérique Latine, étant donné
que l’ampleur du conflit a mené à la conformation d’un mécanisme de défense collective,
concrétisé dans le TIAR, où s’articulaient les intérêts et les discours de la bureaucratie
militaire émergente aux Etats-Unis, desquels la région deviendrait la réceptrice de la
123
gamme la plus variée de politiques et d’interventions, sous le prétexte de la défense contre
le communisme.
Les circonstances imposaient un nouveau défi, centré cette fois sur deux aspects
cruciaux, comme la pénétration idéologique et la menace militaire. Cela a mené à réviser et
à renforcer la puissance des structures politiques régionales car il était nécessaire qu’elles
acquièrent un caractère de consensus majeur et représentatif de l’intérêt de l’ensemble.
Ainsi, en 1948, l’Union Panaméricaine a fait place à la toute récente OEA, sans que pour
autant on arrête de la considérer comme un acte plus symbolique qu’effectif, étant donné
que la plupart de ses intégrants avait la conviction qu’il s’agissait d’une sorte de solution de
continuité dans l’administration de l’hégémonie nord-américaine dans la région.
Malgré les réserves faites à ce moment-là, ainsi que malgré les prétentions de maintenir
la sensation d’équilibre atteinte, les relations hémisphériques ont changé radicalement.
Elles sont passées à la politique de sécurité collective imposée par les Etats-Unis, en même
temps qu’il devenait évident qu’en Amérique Latine apparaissaient des forces portées à la
revendication des intérêts sociaux, à la redistribution des revenus et à d’autres réformes
essentielles. Cela a touché sévèrement la perception nord-américaine par rapport à la
région, plus encore si on la comparait à la menace communiste, qui avait déjà atteint un tel
niveau de configuration que ce n’était plus considéré sujet de discussion.
Bien entendu ce nouveau scénario a marqué l’abrupt retour au style agressif et
interventionniste, cette fois-ci grandement marqué par l’idéologie, centrant l’effort sur la
contention du communisme et sur l’appui aux gouvernements qui combattaient
l’insurrection apparue par la pénétration soviétique, précisément dans les nations les moins
développées et qui avaient le plus besoin de changements.
Si jamais on avait senti que les Etats-Unis donneraient à Amérique Latine un espace plus
grand d’autodétermination internationale, une telle sensation a été indubitablement effacée
124
après la révolution cubaine. En effet, il n’était pas acceptable pour eux de permettre le
développement de processus politiques qui affecteraient ouvertement leurs intérêts,
spécialement dans leur zone d’intérêt immédiat, comme l’est le Mexique, l`Amérique
Centrale et les Caraïbes.
Un autre aspect où les Etats-Unis ont assumé un leadership impositif, ça a été dans les
relations de caractère militaire, convainquant leurs voisins du sud de la gravité de la
menace soviétique venant de la mer. Cela a fait place à des instances d’entraînements
prolongés qui sont aujourd’hui encore en vigueur.
Ainsi, ils ont augmenté le transfert de matériel de guerre en vertu du Pacte d’Assistance
Militaire, assurant ainsi l’équilibre stratégique en Amérique, basé sur une considération
unilatérale qui n’a pas respecté les visions intra-régionales. Celles-ci étaient soutenues par
d’anciennes disputes territoriales héritées du temps de la Colonie qui, à l’heure du bilan
individuel, représentaient pour beaucoup d’états une priorité plus importante que la défense
continentale.
Si on peut dire qu’un problème bilatéral n’est pas comparable avec une menace à
l’ensemble de la région, il n’est pas moins sûr qu’une telle perception a été imposée par les
Etats-Unis. Ensuite, il restait le doute sous-jacent de sa liaison effective avec les intérêts
nord-américains, pas nécessairement cohérents avec les intérêts latino-américains car, dans
de vastes sphères d’opinion à Washington, la caractéristique de bienfaiteur ne leur était pas
attribuée.
Voilà peut-être une des expressions les plus claires des implications de
l’interventionnisme nord-américain qui a miné les volontés à travers ses actions qui
poursuivaient des objectifs souvent d’une légitimité douteuse et de moindre intérêt pour
l’Amérique Latine, laissant ainsi la place au doute permanent et facilitant la pénétration
communiste dans plusieurs secteurs mécontents, dans leur majorité, si non de tous les pays
latino-américains.
125
On est même arrivé à soutenir que la lutte contre le communisme a donné aux Etats-Unis
une justification très persuasive pour persister dans son interventionnisme historique, sans
que pour cela les pressions pour le changement social diminuent. À mesure que la Guerre
Froide passait, se radicalisait le contenu de ses messages et de ses actions dont la base de
soutien consistait en l’exploitation, entre autres facteurs, du sentiment anti-nord-américain.
Evidemment, les éléments créateurs de développement ont été peu à peu déplacés par
l’intérêt pour la politique militaire, raison pour laquelle les gouvernements de type
démocratique commencent à questionner le durcissement de la politique extérieure nord-
américaine qui, sous le masque de la contribution au progrès, avait mené à bout une
intervention soutenue de contre-insurrection dont la fin ultime étaient, évidemment, leurs
propres intérêts.
Que pouvait-on attendre alors si le fond de l’affaire avait été découvert ? Il était
impensable d’imaginer à ce stade une retraite de la scène latino-américaine car ce serait
perçu comme une attitude inconséquente avec une histoire de vigilance et d’action, outre
que le fondement de leurs objectifs se maintenait en vigueur, à une époque déjà cristallisée
dans la menace soviétique, qui accentuait le besoin de maintenir un haut degré d’influence.
La réponse est arrivée avec le retour à la tendance interventionniste pendant le
gouvernement de Richard Nixon, avec ce qu’on a appelé la Doctrine de Sécurité Nationale
qui a permis aux armées d’assumer une fonction stabilisatrice, avec un rôle excessivement
politique dont, bien entendu, ils profiteraient pour imposer des régimes militaires de la
gamme la plus variée, caractérisés depuis des mouvements institutionnels et nationalistes
jusqu’à de simples instruments de groupes de pouvoir, passant par une vaste gamme
intermédiaire variée.
Comme la plupart de ces gouvernements ne se sont pas maintenus fidèles aux projets
nord-américains, il a été évident une fois de plus que la politique envers l’Amérique Latine
126
n’a pas rapporté en termes d’efficience, spécialement dans les pays les plus intégrés et les
plus unis, étant donné l’ingérence notoire dans la création de climats étrangers au devenir
démocratique de ces sociétés, ce qui en soi a constitué une contradiction avec certaines des
valeurs qui cimentaient leur intérêt hégémonique dans la région, comme la défense de la
liberté, la démocratie et le libre échange.
Étant donné que les régimes autoritaires apparus comme conséquence de l’application de
la Doctrine de Sécurité Nationale formaient un modèle en crise, on a élaboré une nouvelle
fois une alternative politique pour le rapport nord-américain - latino-américain, dont la
résolution s’est obtenue après la chute du Mur de Berlin et l’arrivée de ce qui serait un
nouvel ordre international.
Le nouveau contexte a permis de clore la « mission » de contention de l’offensive
communiste. On a donc résolu de créer des conditions pour imposer un modèle d’issues de
transition vers des régimes démocratiques, jetant les premières bases d’un long processus
qui n’a pas non plus été exempt de critiques et d’ambiguïtés, s’agissant d’une nouvelle
forme d’intervention.
En résumé, à la fin des années 1990, on a pu démontrer, une fois de plus, que le devenir
de l’Amérique Latine était indéfectiblement lié aux desseins des Etats-Unis après la
culmination d’un cycle d’interventions qui ont guidé le caractère de la politique régionale,
avec une ingérence plus ou moins importante de Washington, de façon directe ou couverte,
agressive ou de consensus mais, de toutes façons, unidirectionnelle et omniprésente.
1.3 Réflexions sur l’équilibre de pouvoirs sur le continent américain
L’inégalité entre les états du nord de l’Amérique et leurs voisins au sud du Río Grande a
été une constante qui s’inversera difficilement. Même s’ils ont atteint la condition de
républiques indépendantes à une période relativement contemporaine, une diversité de
facteurs tels que les caractéristiques des aborigènes, les richesses naturelles, le sceau
127
culturel et religieux des conquérants européens et le caractère des caudillos locaux, entre
autres, ont maintenu la distance.
Ce qui vient d’être signalé a probablement contribué à une vision péjorative des États-
Unis depuis l’époque des colonies anglo-saxonnes. Il faut ajouter à cela que s’est ajoutée la
nécessité d’assurer leur condition d’état-nation naissant qui, dès ses débuts, s’est montré
avide de croissance et qui a finalement opté pour assumer un rôle de protagoniste dans la
région, essentiellement en fonction de leurs intérêts les plus basiques qui étaient loin
d’inclure une idée d’intégration régionale. En résumé, les Etats-Unis ont visualisé leur
puissance sur la base de l’autosuffisance, considérant les états latino-américains plutôt
comme des fournisseurs de matières premières que comme des acteurs liés à leur nécessaire
sécurité.
La manifestation de sous-développement et l’existence de réalités opposées dans
plusieurs pays d’Amérique Latine, présentes depuis leurs origines, ont été un facteur
d’affaiblissement des options de l’ensemble parce que chacun a essayé de trouver une
solution à ses propres problèmes, généralement sans projection à long terme, ainsi que
faisant prévaloir les intérêts pour modifier les frontières originales, comme si la solution de
leur ajournement se devait plus au manque de territoire qu’à la capacité de conjuguer les
efforts et d’identifier le vrai problème qui, en grande mesure, venait de l’interventionnisme
nord-américain.
Des aspects comme ceux que l’on vient de signaler, entre autres, sont ceux qui
permettent d’affirmer que l’Amérique Latine ne constitue pas une unité en termes de
finalités et d’objectifs, malgré ses racines communes contenues essentiellement dans la
langue et la religion. En effet, les intérêts individuels ont toujours prédominé, au point que
l’américanisme préconisé par Simon Bolivar a été graduellement mais continuellement
remplacé par le panaméricanisme nord-américain. Cela a permis à la puissance du Nord
d’imposer une ligne de conduite qui les a maintenus dispersés, sans capacité de
128
négociation, soumis à leurs intérêts, et pire encore, relégués dans leurs options de
développement.
Des raisons de sécurité ont motivé et créé des visions radicales et profondes, comme la
Doctrine Monroe, utile à l’idée de Destin Manifeste, qui ont marqué les relations entre les
Etats-Unis et l’Amérique Latine pendant tout le XIXème siècle. À mesure que la puissance
nord-américaine augmentait, cela devenait un sujet de plus en plus important, concentrant
les zèles interventionnistes les plus importants au Mexique, en Amérique Centrale et dans
les Caraïbes, qui forment une sorte d’anneau de sécurité proche où l’on ne pouvait pas
courir des risques non calculés.
Avec le temps qui passe et étant donné les changements vécus sur la scène
internationale, l’intérêt pour légitimer et institutionnaliser l’intervention des Etats-Unis sur
le continent est très clair. C’est pour cela que la première Conférence Panaméricaine va
s’effectuer et que l’on a établi le Bureau des Républiques Américaines. Ces entités ne
pouvaient avoir d’autre conception que celle de servir les intérêts du pays amphitryon. Ceci
montre la vision que l’on avait des pays du sud que l’on concevait comme des entités
politiquement, socialement et économiquement instables qui avaient besoin d’une direction
supérieure et effective.
La politique nord-américaine agressive envers les états latino-américains, caractérisée
essentiellement par l’interventionnisme, a créé certaines animosités qui, avec le temps, ont
fait place à une organisation politique de plus en plus importante, dérivée du changement
qui se cristallisait dans le type de relations à l’intérieur des états latino-américains, mais
toujours sur le plan individuel, apparaissant alors des forces enclines à la revendication des
intérêts sociaux, à la redistribution des revenus et à d’autres réformes essentielles qui
exerçaient une pression sur leurs gouvernements respectifs.
Au début du XXème siècle, le comportement nord-américain envers l’Amérique Latine a
subi des modifications graduelles, qui s’est prolongé jusqu’à la fin de la Deuxiéme Guerre
129
Mondiale, période où la perception nord-américaine envers l’Amérique Latine avait changé
considérablement, même s’il était évident que les intérêts stratégiques et militaires de
Washington remplissaient l’agenda, ce qui donnerait une autre connotation aux relations.
Cependant, malgré les efforts pour développer des relations sous des modalités plutôt
amicales, la région n’a jamais cessé de percevoir l’ingérence et l’influence nord-
américaine, d’une façon ou d’une autre, dans les affaires internes de chaque état. Cela a
affecté les sociétés respectives si bien qu’avec l’avènement du communisme, il a toujours
existé une masse critique disposée à appuyer les efforts anti-nord-américains, sous
différentes perspectives, mais instrumentales contre la lutte idéologique qui s’est déroulée
dans la région pendant presque un demi-siècle.
C’est ainsi que se sont créées les conditions pour le retour abrupt du style agressif et
interventionniste des relations entre les Etats-Unis et l’Amérique Latine, soutenues par le
fait que la lutte contre le communisme leur a concédé une justification très persuasive pour
continuer dans leur interventionnisme historique, augmentant leurs efforts avec une
politique militaire pré-active qui, dans un grand nombre de cas, est arrivée au niveau de
l’assessorat direct aux gouvernements, ainsi qu’à l’entraînement et à l’équipement des
forces, qui en grande partie ont subi un processus de changements avec le sceau du pays du
Nord, qui persiste jusqu’à nos jours.
Comme on pouvait le supposer, les gouvernements de type démocratique commencent à
questionner le durcissement de la politique extérieure nord-américaine, ainsi que la
diffusion de la Doctrine de Sécurité Nationale, qui donnait à chaque organisation militaire
une condition d’acteur politique important puisqu’il se produisait une altération évidente de
l’ordre interne, spécialement par rapport aux préceptes constitutionnels de chaque état.
Par conséquent, l’intense apparition de régimes militaires en Amérique Latine n’a pas
été un phénomène curieux, excepté que ces mouvements n’aient pas été sous le contrôle des
Etats-Unis. Ils ont été victimes de la plus sévère opposition et, comme on peut le supposer,
130
l’ingérence n’a pas cessé, mais a seulement changé de direction objective pour produire un
nouveau changement.
En résumé, et comme corollaire, outre les inégalités, l’ajournement économique, le
manque d’objectifs communs et sa condition périphérique dans les grands débats et les
affaires mondiales, l’Amérique Latine a eu comme constante une intervention parfois
directe et d’autres déguisées, mais non moins effectives, qui a soumis ses expectatives de
développement à la vision des Etats-Unis et à la capacité d’imposer leurs propres intérêts.
2 LES MENACES EN VIGUEUR CONTRE LA SECURITE REGIONALE ET LES ORIGINES DU SYSTEME INTERAMERICAIN
Pour comprendre avec un certain degré d’exactitude le phénomène des menaces contre
la sécurité en Amérique, on estime qu’il est indispensable de le rattacher à un contexte
historique élargi qui comprend depuis la concrétion des processus indépendantistes des
colonies britanniques et hispaniques jusqu’à la fin de la Guerre Froide et la transition vers
le schéma de relations internationales dominant de nos jours, passant par une série
d’événements transcendants qui ont affecté le devenir des états américains.
Dans ce sens, et comme cela a été déjà vu, la position et l’influence exercée par les
Etats-Unis sur le continent sont importantes pour comprendre un tel phénomène car la
perception de menace changera directement en fonction de l’évolution de leurs intérêts, ce
qui aura une conséquence directe sur la conformation d’un système de défense
hémisphérique, lequel sera un élément consubstantiel du système interaméricain, comme on
le signalera par la suite.
2.1 L’Amérique pour les Américains
Étant donné la condition géopolitique qui est que sur le continent se trouve la plus forte
puissance du monde, la grande interrogation qui nous vient à l’esprit est : dans quelle
131
mesure l’agenda de la sécurité nationale des Etats-Unis est, par définition et inévitablement,
l’agenda de la sécurité hémisphérique à laquelle tous les états latino-américains doivent se
plier ?
En fait, les Etats-Unis ont été les plus grands propagateurs d’une doctrine, d’une
politique et d’une stratégie de sécurité commune. A certains moments de l’histoire,
Washington a presque atteint son objectif qui était d’aligner tous les pays du continent
autour d’une conception unique de sécurité dont la matrice originale est la célèbre phrase
que la Doctrine Monroe synthétise : « l’Amérique aux Américains ».
Ce précédent essentiel qui se soutient sur la doctrine citée, explicitée par le contexte de
la reconnaissance des nouvelles républiques hispano-américaines par les Etats-Unis ainsi
que par la déclaration de la fermeture de la région à la colonisation européenne, a fait place
à diverses interprétations, depuis la différence en ce qui concerne la conception et la
compréhension du nom d’Amérique,81 ce qui a permis son utilisation en fonction des
intérêts régionaux et non régionalistes.
Malgré les visions qui peuvent exister sur cette doctrine, il est nécessaire d’interpréter son essence de deux manières: premièrement, en tant que déclaration unilatérale avec une projection hémisphérique de la politique nord-américaine de l’isolement ; et deuxièmement, en tant que stratégie tendant à éviter toute avancée européenne dans le nouveau monde.82
Donc, de ce point de vue, la menace contre la région au XIXème siècle se concrétisait essentiellement par les puissances européennes qui, plus que représenter un risque pour l´hypothétique récupération de quelque ancienne colonie, pouvaient affecter la sécurité des Etats-Unis, principalement dans leur zone d’influence la plus proche, comme l’Amérique Centrale et les Caraïbes.
81 Henry Taylor L.- Norteamérica y Latinoamérica dos Culturas Diferentes: Un Modelo de Integración y Seguridad Cooperativa.- Fort Lesley J. McNair, Washington D.C.: Travail de
Recherche Académique, Bibliothèque du Collège Interaméricain de Défense, 2003, p.2
82 Andrés Muñoz M.- Política exterior de los Estados Unidos de América. Características Generales.-Buenos Aires: Ed. La Facu, 2002, p.5
132
De là, on pourrait affirmer que les diverses interventions nord-américaines en Amérique Latine se sont orientées vers la sauvegarde de leurs intérêts, inspirées uniquement par la vision unilatérale et pragmatique de la meilleure manière de préserver leurs objectifs et de créer des conditions propices pour atteindre des objectifs à long terme, dont les effets n’irradiaient pas sur leurs voisins du sud.
Comme il peut en être déduit, les objectifs prioritaires de sécurité des Etats-Unis en Amérique Latine ont été d’assurer le maintien de la stabilité et de la démocratie, ainsi que l’adhésion au commerce et à l’échange dans la zone, objectif qui a entraîné l’action diplomatique et, dans certains cas, l’emploi de la force pour empêcher que les rivaux n’affaiblissent leur influence et leur capacité pour ainsi éviter que les événements régionaux échappent à leur contrôle.83
D’autre part, on peut ajouter que l’élément recteur de ladite doctrine est la non-
intervention qui, du point de vue nord-américain, a été proclamée avec un esprit unificateur
alors que le même principe, dans l’esprit des gouvernements latino-américains, est né de la
désunion du continent, due aux processus indépendantistes relativement contemporains,
mais orientés à former autant de républiques qu’il y avait de colonies espagnoles en
Amérique, chacun avec sa propre vision sur le sujet.
Même si la Doctrine Monroe a effectivement dissuadé les nations européennes dans
leurs rêves de reconquête, elle n’a pas empêché l’intervention et l’ingérence de celles-ci
dans de nombreuses occasions. Elle n’a pas non plus inhibé le Royaume-Uni à continuer de
jouer un rôle important dans la région du Río de la Plata, qui a réussi à créer un état-tampon
en 1828, entre le Brésil et l’Argentine, séparant des Provinces Unies la Bande Orientale,
qui est devenue la République Orientale de l’Uruguay.
En effet, les Etats-Unis ont converti les menaces contenues dans la doctrine en lettre
morte puisqu’ils n’ont interposé aucune motion pour la défense continentale face à une
succession de faits de force ou d’agressions qui ont affecté les pays latino-américains,
parmi lesquels nous citerons les plus importants.
83 Hans Binnendijk et John A. Cope.- La seguridad de las Américas.-Washington DC: Airpower Journal, Bibliothèque de l’Université de Défense Nationale, 2001
133
L’invasion britannique aux îles Malouines en 1833.
Le blocus de la marine française contre le port de Buenos Aires en 1837.
L’intervention française à San Juan de Ulúa, Mexique, en 1838.
L’expédition militaire franco-britannique à Río Paraná en 1845.
Le bombardement de Valparaíso et de El Callao en 1866 par une flotte espagnole.
La cession de l’île de Saint Barthélemy de la Suède à la France, en 1876.
L’invasion du Mexique menée par des troupes franco-espagnoles et la tentative d’établir
un empire latin avec Maximilien d’Autriche à la tête.
Le blocus du Vénézuéla en 1902 par les flottes d’Italie, de Grande Bretagne et
d’Allemagne, pour toucher compulsivement la dette publique que ce pays avait avec ces
gouvernements.
Ce dernier fait a motivé la déclaration du Chancelier argentin Luis María Drago du fait
que la dette publique ne peut pas donner lieu à une intervention armée et moins encore à
une occupation matérielle du sol des nations américaines par une puissance européenne, en
référence directe au gouvernement nord-américain, qui avait proclamé ce principe dans la
doctrine déjà mentionnée.
La réponse du gouvernement des Etats-Unis a été qu’ils empêcheraient l’intervention de toute puissance qui voudrait toucher des dettes contractuelles mais qu’ils interviendraient eux-mêmes pour que justice soit faite. Il s’en dégage que l’intérêt n’était pas de protéger un pays dans une situation de menace directe mais d’éviter que l’attitude coercitive puisse servir à l’acquisition d’un territoire par une puissance non-américaine, celui-ci étant le facteur qui pouvait constituer une menace. 84
84 Andrés Muñoz M.- Política exterior de los Estados Unidos de América. Características Generales.-Buenos Aires: Ed. La Facu, 2002, p.6
134
Alors que les Etats-Unis maintenaient une attitude isolationniste, avec un domaine
d’action principal en Amérique Centrale et dans les Caraïbes hispanophones, la Grande
Bretagne avait comme sphère d’influence le reste du sous-continent avec une politique
néocoloniale, basée sur des relations commerciales asymétriques et des investissements.
Cette sorte d’équilibre a augmenté les probabilités d’intervention nord-américaine dans un
état américain car le danger d’une invasion par un état extra-américain devenait effectif,
spécialement si l’action provenait de la Couronne britannique.
Après la Première Guerre Mondiale, les Européens se trouvaient complètement hors du
scénario américain, laissant la voie libre aux Etats-Unis qui, à ce moment-là, s’étaient déjà
convertis en une puissance mondiale, qualité qui leur imposait de prendre parti dans les
affaires internationales dans un environnement déjà établi et non pas dans un climat
démocratique comme ils auraient souhaité.
Le président Roosevelt a été le premier à affirmer que les Etats-Unis devaient faire sentir
globalement leur influence et que si leurs intérêts se heurtaient contre ceux d’autres
puissances, ils devraient utiliser la force. Cela a fait que la Doctrine Monroe est devenue
encore plus interventionniste, ouvrant immédiatement la voie à une série d’interventions
directes, qui ont été déjà mentionnées dans le chapitre précédent.
Aucune autre nation n’a manipulé un pouvoir politique, économique, militaire, technologique, diplomatique et culturel si incontestable sur un territoire aussi vaste dans toute l’histoire de l’humanité. A la fin du XIXème siècle, ils ont commencé à devenir un pouvoir global, d’abord comme partenaire mineur de la Grande Bretagne dirigeant le développement du capitalisme mondial et après, émergeant graduellement au XXème siècle comme pouvoir hégémonique planétaire.85
85 Tom Barry.- El complejo de poder, se acabó “el gringo bueno”.- Silver City, NM: Programme des Amériques del Interhemispheric Resource Center, décembre 2002, p.6
135
2.2 La conformation du Système Interaméricain
Malgré la perception négative qui apparait de l’attitude nord-américaine vis-à-vis de
l’Amérique Latine, l’idée mentionnée d’une menace extracontinentale a été internalisée
comme étant un concept valide et émerge au premier plan des préoccupations
hémisphériques, en fonction des événements qui ont caractérisé le premier tiers du XXème
siècle, avec une emphase plus importante après l’apparition de l’axe Berlin-Rome-Tokyo.
L’interaction entre les états américains remonte aux premiers essais pour configurer un
système interaméricain lesquels datent des efforts de Simón Bólivar en 1826 –obstaculisés
avec efficacité par les Etats-Unis-. Mais ce n’est qu’en 1889 où l’on a réussi à configurer
une organisation avec un relatif caractère régional, avec la création de l’Union
Internationale des Républiques Américaines (UIRA) qui, bien qu’elle soit critiquée pour sa
condition instrumentale de Washington, a réussi à être légitimée comme forum
international hémisphérique exclusif.
Cependant, il y a des opinions contraires qui soutiennent que ce précédent n’est pas valable pour être considéré comme fondement d’un système interaméricain étant donné qu’il n’existe ni n’a jamais existé aucune structure formelle que l’on pourrait cataloguer de telle mais tout simplement un ensemble d’institutions avec des origines communes et avec quelques coïncidences dans leurs propos et dans leurs actions aidant avec cela à une conformation institutionnelle conceptuelle et non opérative.86
Cette observation sera recueillie comme étant un référent pour le traitement postérieur
du sujet, en considération des événements qui sont à l’origine des régimes et des
institutions qui sont la base de ce que l’on appelle système interaméricain, dont la tête
repose sur l’Organisation des Etats Américains (OEA) et qui transcende la sphère de
sécurité et de défense.
86 José Luís Restrepo.- El Sistema Interamericano: Perspectiva Histórica.- en http://www1.udla.mx/ 2003 /biblioteca /digital/derecho/ sistinterame.pdf
136
Presque tout au long du XIXème siècle, les républiques américaines ont encouragé une
vision naissante d’identité hémisphérique, primordialement avec une série de congrès, tels
que les quatre de caractère hispano-américain sur des affaires et des priorités qu’on
considérait vitales pour le Continent : Panama (1826), Lima (1847), Santiago du Chili
(1856) et Lima (1864) où l’on a abordé les questions de la paix, de la sécurité, de
l’abolition de l’esclavage, de l’union fédérale, des menaces externes et une possible
réaction conjointe à la présence espagnole et française à Santo Domingo et au Mexique.
Ultérieurement, en 1889, le gouvernement des Etats-Unis a invité tous les états
indépendants du Continent à participer à la Première Conférence Internationale
Américaine, où s’est créée la UIRA–déjà mentionnée– pour la collecte et la distribution
d’informations sur le commerce et on a créé le Bureau du Commerce des Républiques
Américaines, à Washington D.C., qui servirait de Secrétariat Permanent de l’Union.
Lors de la Quatrième Conférence Internationale Américaine, qui s’est tenue à Buenos
Aires en 1910, les républiques participantes ont utilisé la UIRA en tant que scène pour
l’adoption d’une convention qui a permis la création de l’Union Panaméricaine (UP). A
partir de ce moment, des représentants des états latino-américains et des Etats-Unis se sont
réunis périodiquement pour établir une position commune autour des intérêts régionaux, sur
la base de l’unité de critères que la démocratie accordait comme caractère essentiel de
chaque état participant.87
En même temps, les états latino-américains ont considéré comme étant un moyen
les conférences panaméricaines pour rechercher des consensus qui feraient obstacle à
l’hégémonie des Etats-Unis sur le continent. La Septième Conférence de Montévidéo,
réalisée en 1933, marquerait un fait historique quant au sujet lorsqu’a été approuvé un
article sur le Droit des Etats, qui considérait qu’aucun état n’avait le droit d’intervenir dans
87 Luis K. Harris et Victor Alba.-The Political Culture and Behavior of Latin America.- Kent State University Press, 1990, p. 119
137
les affaires internes d’un autre. Curieusement, cette motion a compté sur le soutien
américain lors du vote.
Il faut signaler que, parallèlement à la réalisation des conférences mentionnées, en 1936
a eu lieu à Buenos Aires la Conférence Interaméricaine pour la Consolidation de la Paix,
s’établissant le principe de solidarité américaine dans tous les conflits extra-continentaux et
on a proposé une réunion en cas de menace contre la paix dans l’hémisphère, cela dans un
contexte de préoccupation dérivé des événements survenus en Europe, qui présageaient
déjà une grave altération de la paix mondiale.
En 1938, lors de la Huitième Conférence qui s’est tenue à Lima et face à la croissante
perception de menace étrangère, on a réaffirmé le concept de solidarité hémisphérique et on
a décidé de réaliser de nouvelles réunions avec les ministres des relations extérieures, dans
le but de rendre effective cette idée de solidarité.
La gravité de la situation en Europe après l’invasion de la Pologne et le début de la
Deuxième Guerre Mondiale crée un climat de grande préoccupation en Amérique,
sensibilisant les différents leaders politiques par rapport à une potentielle agression de la
part d’un état non américain, ce qui finalement se traduit par avancer d’autres réunions
prévues à des dates postérieures.
En 1939 s’est réalisée la première ronde de conversations spécifiques ou Réunion de
Consultation au Panama, de laquelle naît la Déclaration de Panama, conçue pour faire face
aux menaces provenant des pays de l’Axe. Aussi, on a perfectionné un mécanisme de
consultation et de défense réciproque de l’hémisphère.
Lors la Deuxième Réunion de Consultation, qui s’est tenue à la Havane en 1940, connue
sous le nom d’Assistance Réciproque et de Coopération Défensive des Nations
d’Amérique, on a avancé dans la position américaniste, qui coïncidait avec l’intérêt des
Etats-Unis, pour constituer un front commun face à des menaces extra-continentales.
138
De ce qui a été signalé, il est possible d’apprécier que, peut-être à cause de motivations
différentes, l’agression potentielle d’un état extra-continental est un sujet qui demeure en
vigueur, se déplaçant depuis les possibilités de récupération de possessions coloniales –
caractéristique du XIXème siècle– vers l’occupation territoriale pour des affaires
économiques, jusqu’à la menace contre la sécurité hémisphérique comme conséquence du
mouvement en Europe qui a créé les conditions pour la Deuxième Guerre Mondiale.
Comme fil conducteur, il convient de garder en vue l’influence de Washington sur la
naissance de cette idée collective, étant donné que dans cette perception on peut apprécier
que les intérêts des Etats-Unis sont un facteur commun.
Le 10 décembre 1941, et sous le fort impact que l’attaque à Pearl Harbour a provoqué
sur l’opinion publique continentale, le gouvernement des Etats-Unis a dirigé une pétition à
la UP suggérant que la prochaine Réunion de Consultation prévue se tienne à Rio de
Janeiro où on chercherait l’union et la solidarité des gouvernements américains.
Ladite réunion des Ministres des relations extérieures s’est réalisée le 15 janvier 1942, se
dessinant déjà les lignes directrices de la naissante Junte Interaméricaine de Défense (JID),
qui recommandait l’immédiate réunion à Washington d’une commission de techniciens
militaires et navals, désignés par chacun des gouvernements américains, pour étudier et
recommander les mesures nécessaires pour la défense du Continent.
Ainsi, la JID a été formellement établie le 30 mars 1942 lorsque les représentants des 21
républiques, qui faisaient alors partie de la UP, se sont réunis, commençant immédiatement
leur tâche qui consistait à préparer graduellement la défense du Continent, avec la
réalisation d’études et la recommandation des mesures destinées à cet effet, considérant que
ladite organisation serait de caractère permanent et développerait ses fonctions tant que
l’urgence actuelle durerait.88
88 Avec cela, il reste clairement démontré que la conception de cette structure était basée sur la façon de surmonter la menace provenant des pays de l’Axe.
139
En 1947, de nouveau à Río de Janeiro, et comme conséquence du besoin que l’on
ressentait de trouver un mécanisme qui permette la défense collective dans l’hémisphère,
apparaît le Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque (TIAR) appelé aussi Traité de
Río, dont la fonction basique s’est posée pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Mais il a
été approuvé seulement deux ans plus tard, entrant en vigueur en 1948. Depuis lors il s’est
constitué en un pilier important de la défense hémisphérique collective.
En 1948, l’OEA s’est établie à Bogota, sans que cela ne corresponde à une impulsion
soudaine mais à la conséquence naturelle d’un processus commencé en 1889 quand la
Première Conférence Internationale Américaine s’est réunie à Washington. Ainsi, une série
de réunions de négociation commence où on adopte des normes juridiques se référant aux
relations entre les états du continent. On y a aussi établi les noyaux initiaux qui seraient
plus tard des institutions du Système Interaméricain.
Dans le contexte de l’après-guerre et des débuts de la Guerre Froide, la nouvelle
institution américaine a été conçue avant tout avec la vision idéaliste du maintien de la paix
et comme un moyen pour assurer la Sécurité de l’hémisphère qui avait été menacée pendant
la Deuxième Guerre Mondiale et que l’on sentait de nouveau en danger à cause de
l’expansion du communisme international. On lui a assigné également le propos de
promouvoir, avec l’action coopérative, le développement économique, social et culturel.
L’importance du rôle de la sécurité hémisphérique, comme étant un des motifs
principaux qui ont mené les gouvernements d’Amérique à établir l’OEA, est évidente si
l’on considère que l’année antérieure à l’adoption de la Charte le TIAR s’y était souscrit.
Selon ses clauses, une attaque externe contre un des états signataires, qui mettrait en danger
son intégrité, est considéré comme une agression contre tous, à laquelle il faut répondre de
manière collective.
Comme il a été signalé, une fois terminée la Deuxième Guerre Mondiale, la JID a
continué d’exercer ses fonctions en tant que telle, intégrée par les officiers militaires des
140
plus hautes hiérarchies de leurs respectives institutions nationales de défense. Plus tard, en
1949, l’état Major de la JID a été créé, comme organe principal de planification et de
consultation du Conseil de Délégués. En 1962, on fonde le Collège Interaméricain de
Défense pour former du personnel militaire et civil des états américains, en fonction de
leurs futures responsabilités dans le cadre de la défense continentale. Finalement, en 1963,
on institue l’École des Amériques, en tant qu’entité destinée à la formation militaire,
mettant l’emphase sur les opérations de contre-insurrection.
Auparavant, en 1951, à cause de la guerre de Corée, la Réunion de Consultation a
réaffirmé à Washington les principes du Traité de Río et de la Charte comme réaction face
à la politique expansionniste de l’URSS et de ses alliés, critère qui serait à la base d’un
grand nombre de décisions postérieures à l’OEA.
2.3 Brève analyse de la menace extracontinentale
La conformation du système interaméricain se soutient sur l’établissement d’institutions
liées entre elles par trois aspects qui ne sont pas nécessairement unis, mais qui n’empêchent
pas la réalisation de leurs propos originaux, comme ceux qui suivent :
Le cadre juridique qui jette les fondements et légitime leurs existences respectives.
L’intérêt américaniste, malgré les différences entre les états du Continent et l’influence
des régions et des sous-régions qui le conforment, permet de proposer une identité qui
ne peut être ignorée.
L’effet des intérêts des Etats-Unis, qui constituent un facteur transversal aux différentes
périodes qu’il est possible de distinguer dans le cours de l’histoire américaine.
Pour contribuer à expliquer l’évolution des architectures de sécurité sur le continent, on
a élaboré un graphique qui représente divers faits qui ont marqué l’intérêt collectif pour
conjuguer les efforts autour de la problématique de la sécurité continentale. Il reflète
141
l’intime relation entre la perception de menace et les faits concrets qui ont rendu effectif
l’intérêt de l’ensemble en actes, institutions et organismes destinés à la contrecarrer.
142
Evolution du Système Interaméricain
Illustration 2
143
Le graphique exposé contribue à créer une impression en ce qui concerne la variation
dans le dynamisme du système interaméricain, à partir du moment où les Etats-Unis
assument formellement un leadership régional, qui s’identifie avec l’appel à une
conférence interaméricaine, où apparaît l’UIRA.
Si on met en relation la variation de la perception de la menace extracontinentale avec
l'exercice effectif du leadership américain, il est possible de voir l’augmentation de
l’activité dans le système, essentiellement par la conformation d’entités et de régimes
fonctionnels -auxquels on a concédé une valeur similaire en tant qu’événements
transcendants- reflétant ainsi un accroissement exponentiel à partir de 1936.89
En résumé, et comme résultat de l’intérêt élevé qui a permis la conformation effective
du système interaméricain, il est possible d’affirmer qu’il s’agissait, par essence, d’une
zone de sécurité autour d’un des principaux acteurs de la Guerre Froide, qui coïncide dans
le temps avec sa condition de zone à protéger par les Etats-Unis, depuis les débuts de sa vie
indépendante en vue d’éviter la présence des puissances européennes dans la région.
Il s’agit d’un élément incontournable pour traiter les architectures de sécurité
hémisphérique, tant pour une question d’ordre géopolitique que pour le fait que la
coexistence avec une puissance mondiale a eu un impact sur la politique internationale
américaine depuis très longtemps, au point qu’il est difficile de comprendre sa
systématisation d’une manière différente, du moins pour l’instant.
89 Pour réussir à obtenir une mesure effective et refléter le dynamisme du systeme dans le temps, on a assigné une valeur égalitaire à chaque événement important, appelée « unité
d’accroissement», ce qui permet de représenter sur un graphique ce phénomène politique.
144
Cadre Géographique du Système Interaméricain
Illustration 3
Source : TIAR
Il convient de mentionner ce qui est rapporté sur l’illustration Nº 3. En effet, même si
les faits décrits dans cette recherche se déroulent sur le continent américain, Cuba cesse
d’appartenir à l’OEA à partir de 1963, en vertu de la Résolution VI, adoptée lors de la
Huitième Réunion de Consultation des Ministres des Relations Extérieures de l’OEA, qui a
eu lieu à Punta del Este, Uruguay, du 22 au 31 janvier 1962.
145
Résolution VI : « Exclusion de l’actuel gouvernement de Cuba de sa participation au Système Interaméricain » :
1. Que l’adhésion de tout membre de l’OEA au marxisme-léninisme est incompatible avec le Système Interaméricain et l’alignement de tel Gouvernement avec le bloc communiste rompt l’unité et la solidarité de l’Hémisphère.
2. Que l’actuel Gouvernement de Cuba, qui s’est officiellement identifié comme un gouvernement marxiste-léniniste, est incompatible avec les principes et les propos du Système Interaméricain.
3. Que cette incompatibilité exclut l’actuel Gouvernement de Cuba de sa participation au Système Interaméricain.
4. Que le Conseil de l’Organisation des Etats Américains et les autres organes et organismes du Système Interaméricain adoptent sans attendre les providences nécessaires pour exécuter cette résolution.90
2.3.1 La vraie menace extracontinentale
Sans aucun doute, c’est pendant la Guerre Froide que la menace la plus importante et la
plus effective est devenue concrète, la seule vraiment concrète, conçue depuis la
perspective américaine et sous une claire influence nord-américaine.
Pour mieux comprendre la vision de la menace pendant la Guerre Froide, du point de
vue américain et sous une claire influence étasunienne, on utilisera l’information obtenue
dans des documents officiels en vigueur dans les années soixante-dix –en pleine transition
depuis la détente vers la confrontation des années quatre-vingt– et on verra se refléter son
caractère essentiellement idéologique, sa provenance, les manières à travers lesquelles elle
pourrait se concrétiser en Amérique et la probabilité qu’elle ait lieu.
L’objectif pour élaborer une analyse stratégique était de déterminer les hypothèses de
guerre que l’affrontement d’objectifs du Système Interaméricain provoquerait avec ceux du
Groupe Oriental, ainsi que les éléments fondamentaux qui rendraient possible l’élaboration
des plans stratégiques pour la légitime défense collective du Continent Américain.
90 Acte de la Huitième Réunion de Consultation des Ministres des Relations Extérieures, Punta del Este, janvier 1962, in www.oas.org Accès le 21 mai 2006
146
Se basant sur le Résumé Périodique ou Spécial des Services de Renseignements et quand on considérera nécessaire de commencer le cycle de Planification stratégique, le Conseil de Délégués, de lui-même ou dans des situations spéciales sur proposition du Directeur de l’Etat Major, émettra une Directive de Planification afin d’orienter le travail de l’Etat Major. Cette directive contiendra des instructions spécifiques pour la révision, l’actualisation ou la modification de l’Evaluation Stratégique et, en conséquence, du plan ou des plans en vigueur.91
Comme il a déjà été exposé, la menace était centrée sur ce que l’on a appelé le Groupe
Oriental, caractérisé par les principaux pays marxistes léninistes qui, individuellement ou
collectivement, pour les finalités de la planification stratégique et contingente de la JID,
doivent être considérés comme des adversaires potentiels du Système Interaméricain, dû au
conflit entre leur objectif idéologique d’étendre la domination communiste, en opposition
au concept de démocratie libre, avec la légitime défense collective du Continent Américain
contre l’agression.
Ce groupe comprenait l’URSS, la République Populaire de Chine, l’Europe Orientale et
Cuba, c’est-à-dire, ces pays qui démontraient des tendances à l’expansionnisme, qu’elles
soient actives ou en puissance, dû à leur idéologie marxiste-léniniste et qui pourraient
mettre en danger, avec leur objectif commun, la sécurité du monde libre, même celle du
Continent Américain.92
Le fondement pour centrer la menace sur le groupe mentionné se base sur l’analyse des
« Activités communistes et le Système Interaméricain »93, élaboré par la JID.
Selon les contenus de l’analyse stratégique –qui comprend les niveaux politique,
stratégique et opératif– 94, nous ferons référence à des aspects centraux qui servent le
91 JUNTA INTERAMERICANA DE DEFENSA.- Manual de Planeamiento, Documento C-1731.- Washington D.C.: Octobre 1975, pp. 4-5.
92 JUNTA INTERAMERICANA DE DEFENSA.- Análisis Estratégico.- Washington DC: Conseil de Délégués, 26 juillet 1979, p. 1.
93 JUNTA INTERAMERICANA DE DEFENSA C-0376
147
propos de la recherche, transcrivant des parties qui facilitent une meilleure identification de
ces éléments qui soutenaient la légitimité et la crédibilité de la menace, comme les
stratégies et les objectifs du Groupe Oriental, la menace en soi et la façon de la concrétiser,
la possibilité de son exécution, l’hypothèse posée et la probabilité qu’elle ait lieu, avec une
emphase marquée sur le caractère militaire.
2.3.1.1 Stratégies du Groupe Oriental95
Discréditer et affaiblir les organismes internationaux qui constituent les piliers de
cohésion des pays occidentaux.
Avoir une incidence sur le domaine politique international pour obtenir le retrait des
bases et des moyens militaires que les Etats-Unis maintiennent hors de leur territoire.
Obtenir le soutien des masses dans les pays pour leur politique internationale,
développant des stratégies de pression politique, économique, sociale, et si c’était
nécessaire, militaire.
Encourager les mouvements subversifs et les idéologies extrémistes dans les pays
occidentaux.
Profiter des différences qui pourraient apparaître entre les pays du Système
Interaméricain, ceci dû à l’application de la politique des droits de l’homme, pour
produire une séparation entre leurs membres et obtenir ainsi leur démembrement.
Développer au maximum les économies des pays communistes en compétition avec les
économies des pays occidentaux.
Créer des problèmes économiques internationaux pour le monde occidental.
Créer et favoriser la confusion sociale, politique et économique parmi la population des
pays du Système Interaméricain, jusqu’à atteindre le niveau de découragement et de
tension psychologique propice qui facilitera la pénétration idéologique marxiste et la
subversion.
94 L e niveau politique est l'expression de la volonté des responsables politiques; le niveau stratégique est l'expression générale d'un comportement au service d’un but défini par
l’état; et le niveau opératif est l'organisation, les modes d'action et de moyens pour réaliser la stratégie définie. EJÉRCITO DE CHILE, Trabajos preparatorios para las ponencias
institucionales en los talleres de trabajo para la elaboración del Libro de la Defensa Nacional de Chile, edición 2002.- Santiago, ACAGUE, 2001.
95 JUNTA INTERAMERICANA DE DEFENSA.- Análisis Estratégico.- Op. Cit., p.3.
148
Fortifier les organismes militaires du Groupe Oriental et les liens existants entre les
Forces Armées des pays membres ainsi qu’établir de nouveaux pactes ou alliances
militaires, principalement avec des pays non alignés et fournir une aide militaire à ceux
qui en ont besoin.
Augmenter le développement de leur industrie de guerre.
Détruire ou neutraliser les alliances militaires actuelles des Etats-Unis avec d’autres
pays et obtenir le retrait des bases et des moyens militaires que ce pays maintient hors
de son territoire.
Faciliter, avec la participation militaire de Cuba, l’action de ce que l’on appelle les
mouvements de libération et/ou les gouvernements qui puissent favoriser le Groupe
Oriental.
2.3.1.2 Objectifs96
L’objectif final consistait à obtenir l’hégémonie mondiale avec l’implantation du
communisme. Pour cela, des objectifs particuliers dans chaque domaine de pouvoir ont été
définis. On peut signaler ceux qui suivent :
Domaine politique
Maintenir, par n’importe quel moyen, l’unité du Groupe Oriental
Attirer et enrôler des pays du monde occidental et non-alignés dans l’orbite
d’influence communiste et désintégrer la cohésion des nations d’Occident,
particulièrement du Continent Américain.
Domaine économique
Augmenter le potentiel économique du Groupe Oriental.
Désarticuler l’économie des pays dans le monde occidental et empêcher
l’intégration économique au niveau continental ou régional.
96 Ibid., p. 5.
149
Domaine social
Détruire les valeurs traditionnelles des peuples avec des actions contre la morale,
la culture et la religion et semer la méfiance dans leurs gouvernements, créant des
conflits et de fausses expectatives.
Domaine militaire
Atteindre et maintenir une suprématie militaire sur l’Occident.
2.3.1.3 Analyse des menaces contre le Système Interaméricain97
Pour atteindre ses objectifs, le Groupe Oriental essayera de rompre l’unité du Système
Interaméricain avec la subversion et le terrorisme, dans le cadre de la guerre
révolutionnaire, faisant que les partis communistes continuent leur activité permanente,
créant le terrain propice pour la pénétration idéologique et influant aussi politiquement
chaque fois que leur aide serait sollicitée.
Etant donné les objectifs et la pratique expansionniste que le Groupe Oriental poursuit,
il est à supposer que les guerres révolutionnaires vont continuer, ainsi que les guerres
limitées et l’intervention militaire n’importe où dans le monde. Et on ne peut pas exclure la
possibilité, toujours latente, d’un affrontement militaire entre les deux principales
puissances, les Etats-Unis et l’URSS, qui peut dériver en une guerre généralisée, qui
engloberait les autres pays du Continent.
2.3.1.4 Analyse des possibles formes d’agression militaire98
Tenant compte des menaces contre le système déjà analysées, on peut en déduire que,
dans le contexte mondial, celles-ci pourraient être effectuées dans le cadre d’une paix
relative ou d’une guerre généralisée, dont les possibles formes d’agression militaire seront
explicitées ci-dessous. 97 Ibid. , p. 15.
98 Ibid.,p. 18.
150
Dans le cadre d’une paix relative :
Guerre révolutionnaire :
Ce type de lutte peut accompagner toutes les formes connues de guerre, la plus
connue étant la forme subversive et le terrorisme.
La guerre révolutionnaire employée par le Groupe Oriental diffère des guerres du
passé fondamentalement parce que, s’agissant d’un affrontement de deux
idéologies soutenues par deux systèmes politiques, économiques et sociaux,
pratiquement opposés, elle ne pourra pas se terminer par une transaction
définitive.
L’existence de partis communistes ou de partis analogues, de représentations
diplomatiques et d’échanges culturels, commerciaux ou de tout type avec des
pays marxistes, sont les moyens qui lui facilitent atteindre ses objectifs, profitant
du système occidental.
Le schisme idéologique du Groupe Oriental suscité par les divergences entre la
Chine et l’URSS est irréfutable, divergences extériorisées par l’interprétation
doctrinaire différente de la même philosophie, ce qui motive la sectorialisation du
monde oriental. Cependant, nous ne devons pas rejeter l’idée que, dans le cas
d’une menace plus grave contre le Groupe Oriental, ces différences pourraient
disparaître.
On peut en déduire que la guerre révolutionnaire, dans le cadre d’une paix
relative, pratiquée pour obtenir l’expansion de l’impérialisme communiste dans le
monde, constitue une forme d’agression militaire continuelle peu risquée et très
rentable pour eux.
Son expression la plus commune est la subversion et le terrorisme. Cependant,
celle-ci se limite à un nationalisme accentué des peuples américains, à sa tradition
historique, à son idiosyncrasie et à son unité religieuse, à la ferme position
anticommuniste de leurs Forces Armées et à la capacité de celles-ci pour la
contrôler dans ses manifestations actuelles et prévisibles.
151
Intervention militaire
Dans les derniers temps, le Groupe Oriental a apporté un changement important à
sa stratégie, quand il a vérifié que par des moyens qui n’étaient pas la guerre
révolutionnaire, il serait possible de faire valoir son influence avec plus
d’effectivité et de rapidité, même sur des points considérés stratégiques.
Pour cela, il profite des situations dans des régions déterminées, des pays ou des
territoires, telles que des guerres civiles, des conflits internationaux, des
ressentiments entre certains pays, des graves problèmes internes, etc. Grâce à ces
situations, il tente une approche pour pouvoir réaliser une intervention militaire
qui permette de résoudre le conflit en faveur du pays, du territoire ou de la faction
qui a reçu son aide. Avec cela, il est en condition, postérieurement, de faire valoir
toute son influence.
Cette stratégie, plus rapide et décisive que la guerre révolutionnaire, est dans la
politique du Groupe Oriental et elle a été très souvent annoncée par quelques-uns
des pays qui l’intègrent, lorsqu’ils déclarent qu’ils aideront de n’importe quelle
façon, même intervenant militairement, tout gouvernement ou faction de
n’importe quel pays ou territoire qui, sous prétexte de lutter pour sa liberté et son
indépendance, demande une telle aide.
Il est considéré peu probable qu’un pays ou des pays du Groupe Oriental offrent
ou acceptent d’effectuer une intervention militaire de soutien d’une faction dans
sa lutte contre un gouvernement fort, légitimement reconnu, d’un pays ou d’un
territoire sur le Continent Américain.
Il serait bien plus probable qu’une intervention militaire ait lieu dans un pays ou
sur un territoire américain dans le cas où le gouvernement légitimement reconnu
ait perdu le contrôle de la situation interne ou, dans le cas d’un pays récemment
indépendant dont le gouvernement n’a pas eu l’opportunité d’être reconnu
légitimement avant que le conflit ne commence et que ne se produise
l’intervention militaire.
152
On peut dire que cette forme d’agression militaire représente une menace contre le
Système Interaméricain, si l’on considère que ça a été précisément Cuba, agissant
comme pion d’avancée de l’URSS, qui a exécuté ce type d’action en Angola et en
Ethiopie et que, par conséquent, il est en condition de le reproduire contre
n’importe quel pays ou territoire du Continent qui présente les conditions de
susceptibilité adéquates et favorables pour ce type d’intervention.
Guerre limitée
Si le premier cas se produisait, ce serait avantageux pour le Groupe Oriental. Dans
ce cas, on devrait essayer d’atteindre la réconciliation le plus tôt possible afin de
préserver la solidarité continentale, ce qui deviendra une affaire résolutive de
l’organe politique du Système Interaméricain (OEA).
Le deuxième cas est également probable, étant donné la capacité démontrée par le
Groupe Oriental d’utiliser Cuba comme pion d’avancée en Afrique. Ce type
d’action pourrait se produire sur le Continent Américain si les communistes
considèrent qu’il existe des faiblesses qu’il convient d’exploiter rapidement et où
les risques concernés sont moins critiques que les bénéfices à obtenir, ce qui
demandera la réaction politico-militaire du Système Interaméricain.
Dans le cadre d’une guerre généralisée :
Dans une guerre généralisée, la participation des pays qui intègrent le Système
Interaméricain se concrétisera conformément à ce qui est prévu dans le TIAR.
De même, dans une guerre généralisée, la participation des pays qui intègrent le
Système Interaméricain peut se produire comme conséquence de la privation de l’usage
des lignes de communications maritimes du Continent.
Etant donné les circonstances et la situation politique internationale actuelle, il est
considéré peu probable que le Groupe Oriental lance une attaque armée massive contre
le Continent Américain. Cependant, si elle se produisait, ce pourrait être contre
153
n’importe quel objectif vital des zones stratégiques sélectionnées, principalement celles
des Etats-Unis, avec l’utilisation d’armes non conventionnelles.
Comme conclusion de ce qui vient d’être exprimé, il est possible d’établir que le Groupe
Oriental, dans une guerre généralisée, pourrait réaliser contre le Continent Américain ce
qui s’ensuit :
Une augmentation de la guerre révolutionnaire.
Une attaque armée contre le Continent Américain.
Une invasion conditionnée au progrès de l’attaque armée.
Une attaque contre les lignes de communications maritimes.
2.3.1.5 Possibilités du Groupe Oriental pour matérialiser une agression militaire99
Le Groupe Oriental peut, en tant que tel, matérialiser chacune des formes d’agression
militaire déjà mentionnées. Cette appréciation se base fondamentalement sur sa potentialité
et sur l’idéologie communiste qui servent de base pour développer une stratégie
expansionniste pratique et cohérente.
Parmi les divergences existantes, celle qui peut être à l’origine de la limitation la plus
évidente, dans des cas déterminés, est la différence pragmatique-idéologique entre la Chine
et l’URSS.
L’URSS représente le facteur de pouvoir de plus grande gravitation à l’intérieur du
Groupe Oriental. En résumé, l’URSS, considérée de façon isolée dans le Groupe Oriental,
est en condition –dans le cadre de la guerre généralisée– d’accroître la guerre
révolutionnaire, dont l’une des actions, la subversion, a été appliquée aujourd’hui avec un
succès varié sur le Continent Américain. En plus, elle pourra soutenir des actions de guerre
limitée et utiliser également Cuba pour réaliser une intervention militaire.
99 Ibid., p. 26.
154
La République Populaire de Chine, pour l’instant, maintient ses possibilités d’action en
Amérique, selon les formes d’agression militaire considérées, mais pas au-delà de
l’encouragement et du soutien à la subversion et au terrorisme, étant en condition de
développer, selon les formes d’agression militaire considérées, seulement la guerre
révolutionnaire, même si pour l’instant avec moins de possibilités de réussite que l’URSS.
Cuba, bien qu’il soit un membre supplémentaire du Groupe Oriental, assume pour
l’Amérique des caractéristiques singulières, fondamentalement motivées par sa situation
géographique. En effet, cette situation offre de grands avantages malgré le manque de
contact terrestre avec le reste du Continent Américain. Cependant, ces avantages se voient
limités et même annulés dans certains cas, par des causes d’ordre économique et
fondamentalement par la relation de pouvoir, qui lui sont défavorables par rapport au reste
de l’Amérique considérée comme un tout, étant donné qu’il est supérieur militairement en
comparaison à la quasi-totalité des pays latino-américains.
2.3.1.6 L’empreinte de la Guerre Froide dans la région
Pendant la Guerre Froide, l’Amérique Latine allait se convertir en la principale zone de
l’interventionnisme nord-américain. La région était perçue en même temps comme la
principale sphère d’influence des Etats-Unis et, dû à leur proximité géographique, comme
une zone fondamentalement liée à leur sécurité.
La principale source d’assistance dirigée par les Etats-Unis, pour le maintien de la
sécurité et des stabilités internes des pays régionaux, a été l’assistance contre l’insurrection,
dont la fin dernière peut s’identifier dans l’intérêt pour éviter que des forces sociales
radicales questionnent et affectent le statu quo obtenu.
Le contexte peut être circonscrit à ce que l’on appelle la Politique de Containment qui
est apparue comme conséquence de l’intransigeance soviétique dans les négociations de la
155
fin de la guerre et de l’après-guerre, caractérisée par une hostilité manifeste envers les
démocraties.
Une tension avec le non-soviétique, avec le non-communiste était une partie de la
philosophie de l’URSS, ce qui paraissait un politique ferme de contention, comme étant la
seule manière de dépasser cette stratégie qui se structurait mettant une contre-force à son
expansion à chaque point du globe où elle essaierait de se manifester.
Avec l’application de cette politique de containment, la Guerre Froide a revêtu un
caractère militaire, en même temps qu’elle a permis que l’Occident projette une image de
faiblesse, en montrant une patience illimitée face aux persistants défis soviétiques.
En conséquence, les Etats-Unis chercheraient à inoculer le danger soviétique en
Amérique Latine, comme réponse à la préoccupation croissante pour le communisme
international –coïncidant avec l’instauration d’un système socialiste mondial– qui devient
manifeste dans des réunions comme la Conférence des Etats Américains (Bogotá, 1948)
dans laquelle on condamne les méthodes qui tendent à supprimer les droits et les libertés
politiques et civiles, « spécialement l’action du communisme international ».100
La chute du gouvernement du président Arbenz au Guatemala est la conséquence
immédiate de cette époque d’inoculation. Ensuite, le début de la révolution cubaine attirera
une réponse violente, accompagnée de la promesse d’augmenter l’aide économique pour
l’Amérique Latine qui, plus tard, se traduirait en l’Alliance pour le Progrès, incitée par le
président Kennedy pour aider les hommes et les gouvernements libres à fondre les chaînes
de la pauvreté.
Au fond, les Etats-Unis craignaient que des secteurs révolutionnaires capturent les
aspirations d’une Amérique Latine changeante. C’est pour cela que leur politique a été
100 Alonso Aguilar M.-El Panamericanismo.- Buenos Aires: Cuadernos Americanos, 1ª Edición, 1965, p. 119.
156
dirigée à prévenir toute influence et à maintenir une stabilité politique en favorisant le
développement comme levier de changement et de prospérité.
Le but de l’assistance économique a toujours été celui de créer les conditions
nécessaires qui conduiraient à une certaine stabilité sociale alors que le but de l’assistance
militaire était dirigé à devenir le support de la stabilité politique, ce qui donnerait à cet
élément une condition spéciale qui marquerait la période de plus grand interventionnisme
dans la région.
De plus, on essaierait de convertir l’OEA en une alliance anticommuniste, attitude qui se manifeste dans l’accord tacite d’exclure Cuba de sa participation à l’organisme, en 1962, le considérant l’axe de l’action communiste en Amérique.101
Le véhicule de transmission de la pensée nord-américaine pour l’exécution de sa
politique de contention sur le plan militaire a été ce qu’on a appelé la Doctrine de la
Sécurité Nationale (DSN). Elle est comprise comme un ensemble de conceptions dérivées
de principes, de normes et de valeurs qu’un Etat, à travers ses propres expériences ou celles
d’autres Etats, conformément à son ordre constitutionnel et à ses réalités particulières,
considère qu’il doit mettre en pratique pour garantir le développement intégral de l’homme
et de la collectivité nationale, les préservant des interférences et des perturbations
substantielles de toute origine.102
Comme on peut le supposer, cette doctrine a été et continue d’être l’objet des critiques
les plus dures, parmi lesquelles on peut souligner celle qui a présumé être la synthèse totale
de toutes les sciences humaines, capable d’offrir un programme complet pour l’action.
C’est-à-dire qu’avec son application, les Etats-Unis ont essayé d’avoir de l’influence sur la
conduite globale de l’état, à partir de l’organisation militaire qui, comme il a déjà été
101 Pope Atkins, G.- Latin America in the international political system.- New York: Macmillan Publishing Co., 1977, p. 102
102 Edgar Velásquez, R.- Historia de la Doctrina de la Seguridad Nacional.- Bogotá: Revue de l’Université del Cauca Nº 27, 2002, pp. 11-39.
157
mentionné, la considérait un facteur d’équilibre dans les perméables démocraties latino-
américaines.
En tant que synthèse politique, économique, sociale et de stratégie militaire, la DSN a couvert toutes les zones d’action, depuis le développement économique jusqu’à l’éducation ou la religion et a déterminé les critères fondamentaux qui devaient être pris en compte pour, d’une façon intégrée, proposer la consolidation du processus pour combattre l’ennemi interne.103
La DSN s’est basée sur deux postulats basiques : la bipolarité et la guerre généralisée.
La première a été comprise en tant que division du monde en deux grandes forces
opposées : le monde libre et le communisme international. Elle a affirmé l’existence d’une
guerre permanente entre l’occident chrétien et l’orient communiste, dont l’expression en
Amérique Latine s’est présentée avec les révolutions politiques de l’époque, généralement
de type gauchiste.
En ce qui concerne l’affrontement entre l’occident chrétien et l’orient communiste, la
DSN a été réitérative quand elle a affirmée que le monde contemporain était divisé en deux
fractions pratiquement irréconciliables qui, dans le cas de la région, se manifestaient dans
la subversion interne qui permettait le développement du conflit sans le risque d’une guerre
d’anihilement généralisé.
De ce point de vue, les pays latino-américains faisaient l’objet de subversion interne
puisqu’ils faisaient partie du bloc politique occidental. Ensuite, cette subversion provenait
du communisme. La sécurité nationale et la société même étaient en danger, ce qui donnait
le soutien nécessaire pour la participation des Forces Armées pour assumer la conduite
politique de l’état, en défense de ses valeurs essentielles, préservant sa sécurité.
103 Ana María Bidegain de U.- Nacionalismo, Militarismo y Dominación en América Latina.- Bogotá: Universidad de Los Andes, 1983, p. 157.
158
Un autre trait caractéristique de la DSN est en rapport avec la propagation d’une logique
ami-ennemi, sur la base que l’Amérique Latine était pratiquement en état de guerre contre
le communisme mondial et que sa place devait être au côté du monde occidental, dans un
affrontement qui avait un sens total et global, indivisible et permanent, puisque tout était
impliqué et l’agression pouvait venir aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur.
D’un point de vue nettement critique, on peut mentionner que, comme conséquence de la logique ami-ennemi, on est arrivé à comprendre que toutes les activités individuelles ou collectives étaient des actes de guerre pour ou contre la nation. Selon cette doctrine, il n’y avait pas d’actes neutres, et il n’existait pas non plus de différence entre l’état de paix et l’état de guerre. La paix n’était que la suite de la guerre. La paix était la Guerre Froide.104
Selon les théoriciens de la DSN, celle-ci devait répondre aux intérêts vitaux d’une
nation, à son développement et à sa sécurité. Ils ont considéré les forces armées comme un
organisme générateur de développement et de progrès. Ils ont également affirmé que les
interférences et les perturbations substantielles auxquelles il fallait faire face se
rapportaient à des conflits sociaux, et que ceux-ci se divisaient en structuraux,
idéologiques, personnels et inter-états, comme il sera expliqué ci-dessous :
Les conflits structuraux étaient les grèves, les manifestations publiques et les processus
électoraux exaltés qu’il fallait contrôler.
Les conflits idéologiques, quant à eux, étaient ceux qui résultaient de la différence
d’idées, de croyances et de doctrines quand, à travers elles, on prétendait imposer des
règles de comportement étrangères à la forme de vie, aux traditions et aux coutumes de
la nation, c’est-à-dire contraires à certains de ses intérêts les plus appréciés.
Les conflits pour des intérêts personnels ou de groupe se produisaient dans le domaine
économique, entre des personnes et/ou des groupes de pression composés par les divers
secteurs de l’économie : producteurs, exportateurs, importateurs et commerçants. 104 Ibid., p. 160.
159
Finalement, les conflits entre les états étaient ceux qui se déroulent à la chaleur de
disputes régionales pour des limites, pour des exploitations de ressources naturelles aux
frontières et pour des problèmes ethniques ou de communications.
Pour continuer avec l’argumentation sur l’interventionnisme nord-américain en
Amérique Latine, il est possible de soutenir qu’un nombre important de ces conflits, s’ils
n’ont pas été promus par les Etats-Unis, ils n’ont pas non plus trouvé leur opposition. Ceci
dans l’idée de créer des climats adéquats à leurs propos et d’avoir un prétexte pour occuper
un territoire, ainsi que pour mettre des zones clés de production de ressources stratégiques
sous la domination d’un pays ami.
Comme on peut le supposer, il y a eu aussi des aspects qui ont eu une incidence sur
l’apparition d’interférences et de perturbations substantielles pour l’application de la
doctrine signalée, liées à l’existence d’espaces vides dans les territoires nationaux, à des
différences de niveaux de vie des différentes classes sociales, c’est-à-dire marginalité
sociale, économique et régionale ; à des déséquilibres entre les zones urbaines et rurales, à
l’absence d’une infrastructure adéquate, à l’exploitation inadéquate des ressources
naturelles et à l’intolérance politique et religieuse.
D’autres aspects d’intérêt de la DSN sont liés au fait que son efficacité est attachée à un
caractère vraiment national et non pas à être une copie textuelle ou une adaptation
inadéquate de doctrines étrangères ; à répondre, dans le sens politique, aux nécessités et
aux aspirations de la nation ; dans son organisation, aux exigences des problèmes de
sécurité ; dans l’aspect technique, au niveau de développement et dans l’aspect moral, à
une juste cause.
La religion, facteur essentiel dans la conformation latino-américaine, n’a pas été exclue,
se proclamant la défense de la Civilisation Chrétienne Occidentale contre le communisme
et l’athéisme. Cependant, un affrontement prolongé s’est produit dans ce domaine qui a
transcendé l’aspect théologique et a acquis des nuances idéologiques, en trouvant une
160
Eglise compromise avec les grands problèmes structuraux et conjoncturels du peuple
latino-américain.
Depuis les années soixante, on a favorisé l’arrivée d’autres confessions religieuses en
Amérique Latine, en général de caractère protestant. Elles sont devenues plus tard une
importante base sociale des tendances qui s’affrontaient avec l’Eglise progressiste,
pénétrant dans les secteurs sociaux les plus vulnérables, économiquement et politiquement
non compromis dans une lutte idéologique.
Une fois que la DSN a été caractérisée, internalisée et adoptée par la plupart des forces
armées latino-américaines, celle-ci a été transmise à plusieurs générations et on lui a
accordé une sorte de condition patrimoniale, spécialement dans le domaine académique,
créant les conditions pour qu’elle débouche sur le militarisme, avec plus d’emphase dans
les pays considérés plus vulnérables tels que les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes,
avec des processus révolutionnaires embryonnaires.
Dans le cas latino-américain, il est possible de parler de militarisme dans les cas où les institutions militaires, au service de l’état, assument une idéologie spécifique et se projettent comme un super pouvoir enkysté dans la structure institutionnelle locale, se dressant comme un facteur décisif de la politique d’un régime avec des prétentions de contrôler, à travers une méthodologie de guerre, toute la vie nationale.105
Ce militarisme a impliqué, en termes généraux, un mépris identifiable pour les
institutions démocratiques, lesquelles ont été l’objet de diverses actions de force pour les
supplanter ou bien à défaut, pour chercher où se trouvait des personnes adeptes à des postes
stratégiques des administrations nationales, pour feindre une nature démocratique des
gouvernements civils. Mais ce qui était sous-jacent était un suivi de la part des forces
militaires depuis les actes du gouvernement.
105 Edgar Caicedo.- Militares y Militarismo.- Bogotá: Editorial Sudamérica, 1979, p.299.
161
Or, le militarisme ne comprend pas seulement les militaires. En effet, il incombe aussi
aux civils qui pensent que les solutions aux problèmes, et en général à toute la vie sociale,
doivent se régir selon une vision militaire. Ces civils ont constitué l’expression politique du
militarisme armé et ont été son fer de lance dans les diverses corporations publiques et
privées, si caractéristiques du scénario latino-américain en pleine Guerre Froide.
Les Etats-Unis se sont valus d’instruments variés pour mettre en pratique la DSN en
Amérique Latine, tels que la sphère des traités, les accords de coopération, les agrégés
militaires, les missions spéciales, les cours dans des écoles spécialisées, entre autres,
variant en intensité et en degré d’influence en fonction de la valeur stratégique du pays
respectif, plus encore si ce pays se trouve dans la zone d’influence proche, comme
l’Amérique Centrale et les Caraïbes.
Un de ces mécanismes de plus grande transcendance et qui a atteint le caractère
d’emblématique a été la création de l’Ecole des Amériques, qui était située à Fort Gulik,
zone du Canal de Panamá. On y a réalisé un entraînement au personnel latino-américain
choisi afin de donner des niveaux supérieurs de professionnalisme, une meilleure formation
dans le maintien de la sécurité interne et une plus grande collaboration militaire au
développement national.106
Cette école, fondée en 1963, a donné des cours destinés à offrir aux militaires latino-
américains une formation qui leur permettrait de contribuer à la sécurité militaire de leurs
pays respectifs. Elle a constitué le centre d’entraînement le plus important en opérations
d’anti insurrection, entre autres disciplines. Cette école a diplômé jusqu’en septembre 1975
un total approximatif de 33.147 membres des Forces Armées latino-américaines.
Le processus établi à partir de cette instance d’entraînement militaire a été le résultat
partiel d’un lien direct entre les autorités nord-américaines et les forces armées latino- 106 Velásquez.- Op. Cit., p. 17.
162
américaines. Ce lien a pris de la force depuis 1950 grâce à plusieurs accords bilatéraux
souscrits, comme le Pacte d’Aide Mutuelle, les Opérations Unitas, l’assessorat offert par la
JID, le Collège Interaméricain de Défense et la Conférence de Commandants en Chef.
D’autres institutions nord-américaines qui participent à la formation d’officiers et de
sous-officiers latino-américains, sans caractère exclusif, sont l’Académie Interaméricaine
des Forces Aériennes, l’Université de l’Air, l’Université de Défense, l’Ecole de
Commando et l’Etat Major, les académies de Guerre de l’Armée, de la Marine et de la
Force Aérienne.
Toutes ces institutions ont contribué, directement ou indirectement, à une militarisation
croissante de la politique latino-américaine, comme résultat, en grande mesure, d’une
dépendance militaire marquée par rapport aux Etats-Unis et au critère de défense de
l’hémisphère contre la principale menace, le communisme.
Comme on peut le supposer, on attribue un rôle important à ce processus de
militarisation dans la succession de régimes militaires en Amérique Latine qui,
indépendamment des réalités particulières de chaque société, ainsi que des justifications
légitimes de chaque processus –sujet qui n’est pas du ressort de cette investigation– a
laissé, depuis 1960 et dans le devenir historique de la région, une période pleinement
identifiable où on attribue la responsabilité en plus grande ou en moindre mesure à
l’interventionnisme nord-américain.
Citons comme exemple les gouvernements de facto qui se sont exercés en Amérique
Latine à partir de 1962, dans lesquels les organisations militaires respectives ont eu une
participation avec un certain degré d’influence nord-américaine, quelque soit la
caractéristique de chacun d’entre eux: 107
Mars 1962, Argentine. 107 Alain Rouquie.- El Estado Militar en América Latina.- México: Ed. Siglo XXI, 1984.
163
Juillet 1962, Pérou.
Mars 1963, Guatemala.
Juillet 1963, Equateur.
Septembre 1963, République Dominicaine.
Octobre 1963, Honduras.
Avril 1964, Brésil.
Novembre 1964, Bolivie.
Juin 1966, Argentine.
Septembre 1973, Chili.
Décembre 1989, Panamá.
Une autre sphère d’action, pour atteindre leurs objectifs, s’est développée avec des
actions civiques-militaires dans chaque pays. Celles-ci avaient comme objectif d’apporter
l’aide du gouvernement à de vastes secteurs de la population, spécialement dans le
domaine de l’assistance sociale, profitant pour cela de l’organisation militaire de la nation.
Son action se base sur l’idée d’employer les moyens militaires pour mener à bien des
programmes d’amélioration économique et sociale, qui éveillent dans la population qui en
reçoit les bénéfices la confiance et les sympathies envers les autorités et leurs forces
militaires, spécialement dans des zones où l’action de l’état se transmet avec difficulté ou
simplement n’arrive pas.
Malgré le bénéfice qui en ressort, ces actions sont accusées de prétendre obtenir le
soutien et la légitimation populaire envers le régime constitué et les institutions militaires,
ainsi que de démontrer que le bien-être et l’amélioration peuvent arriver par cette voie.
Une autre vision soutient que l’action civique-militaire doit être conçue selon le concept
du rôle que doivent jouer les armées dans les pays sous-développés. En effet, elles
disposent d’une importante capacité oisive qui, lorsqu’elle n’est pas employée en fonction
du maintien de l’ordre, peut collaborer à des programmes de développement.
164
Il faut rappeler deux éléments clés quant à l’origine de l’action civique-militaire, ses
phases et son opérativité. L’action civique-militaire s’articule autour de la croissante
militarisation de la société latino-américaine à partir de la Deuxième Guerre Mondiale et
des secteurs civils les plus réactionnaires qui ont conçu l’armée comme un facteur de
développement économique, soumis au modèle nord-américain.
2.4 L’impact de la chute du Mur de Berlin
La fin de la Guerre Froide a cédé la place à une série de transformations dans la région.
Une des plus importantes a peut-être été le passage vertigineux vers une nouvelle
perception des menaces, étant clair qu’elles se sont déplacées vers d’autres sphères, ne se
limitant plus au milieu militaire. Ainsi, le danger d’agression à la région est devenu diffus,
si on considère les quarante ans d’action et de contention contre le communisme
international.
Par conséquent, on peut déduire que les menaces contre l’État nation devaient être
comprises dans un contexte plus ample, aussi bien pour la variation substantielle en ce qui
concerne l’identification de l’adversaire présumé qu’en ce qui concerne les effets de la
venue d’un nouvel ordre mondial, où l’état nation commençait à perdre de son importance
et nécessitait entrer en compétition avec d’autres acteurs qui, pendant la Guerre Froide,
s’étaient maintenus éclipsés à cause de l’affrontement idéologique.
Ensuite, les menaces et les vulnérabilités auxquelles fait face l’État-nation, lequel est
obligé de surmonter le changement de scénario international, peuvent être classifiées dans
les domaines politico-social, économique et de sécurité comme il s’ensuit : 108
108 Jorge Baravalle.- Amenazas a la Paz y a la Integración en el Continente.-Bogotá: Publications du Département D-2 de l’Etat Major Conjoint: Le Renseignement Stratégique
Militaire: un défi pour le XXIème siècle, Septembre 1988, pp. 11-25 et Laiño.- Op. Cit., pp. 46-53.
165
Dans le domaine politico-social : la pauvreté ; l’instabilité démocratique ; le trafic de
drogues ; le terrorisme ; les différends limitrophes ; les entités supranationales et la perte
de la souveraineté nationale ; la corruption ; le blanchiment d’argent ; la délinquance ; le
crime organisé ; la guérilla ; la subversion ; les mouvements indigènes ; le séparatisme ;
le chômage ; les migrations massives.
Dans le domaine économique : la compétition économique déloyale ; la dépendance
économique ; l’endettement externe ; les crises économiques qui affectent les pays
voisins ; l’inexistence de législation adéquate pour la solution aux controverses
économiques ; le manque de politiques macro-économiques régionales ; la brèche
technologique ; l’inexistence d’un modèle de développement économique qui soit
socialement équitable et écologiquement soutenable.
Dans le domaine de la sécurité : affecter la souveraineté territoriale ; la réapparition
d’anciens intérêts ; le terrorisme ; la subversion ; la guérilla ; la possession ou l’achat
d’armes de destruction massive ; la détérioration de l’environnement.
Concernant ce qui vient d’être exposé et considérant que c’est l’État qui doit faire face
aux menaces qui portent atteinte à son intégrité territoriale, à sa capacité
d’autodétermination et à la condition de liberté d’une nation, on a pu apprécier qu’il y a eu
un changement substantiel concernant le fait que, après longtemps, il devenait nécessaire
de reposer la problématique de la sécurité. Mais on ne disposait pas d’un axe directeur sur
lequel agir, c’est pour cela qu’il était nécessaire de compatibiliser les différentes postures
de chaque état ou de chaque sous-région, sans pour cela se détacher du regard attentif nord-
américain.
Dans ce contexte, il faut bien souligner que la situation de chaque pays est très
particulière. Ainsi, les menaces et les vulnérabilités peuvent être spécifiques pour chaque
pays, raison pour laquelle le schéma des actions pour le traitement et la solution de ces
problèmes sont particuliers également. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les
problèmes et leurs solutions sont circonscrits à un climat plus large et inévitable, qui
compromet d’une façon ou d’une autre le système interaméricain.
166
Cette vision aide à ordonner et à rendre intelligible une énorme quantité de
renseignements et de phénomènes apparemment dispersés et, par conséquent, à mieux
saisir l’impact de la fin de la Guerre Froide en Amérique Latine, sous sa forme de fin d’une
confrontation idéologique ou d’une lutte entre deux grands pouvoirs, ou les deux à la fois.
Depuis 1989, l’environnement international a changé de manière significative pour l’ensemble de l’Amérique Latine. Cependant, le nouveau positionnement individuel et sous-régional n’est pas perçu de la même façon par les protagonistes régionaux ni par les acteurs externes à la région.109
Un des effets les plus évidents a été la diversification des perceptions. Les différences
entre menaces traditionnelles et non traditionnelles commencent à s’exprimer avec clarté,
ce qui s’est manifesté dans le fait que les divers agendas ont eu des expressions diversifiées
dans chacune des sous-régions, dans lesquelles le poids et les instruments des acteurs
varient considérablement.
L’interrelation entre ce qui est local, sous-régional et hémisphérique dans divers
domaines devient de plus en plus diffus. Des problèmes d’ordre domestique deviennent, à
la fois, d’importants problèmes internationaux, ainsi que des situations aux connotations
nationales se transforment en des événements internationaux de manière instantanée.
La différence entre ce qui est externe et interne, spécialement dans les aspects en rapport
avec l’économie et, de façon croissante, en rapport avec les diverses zones de la sécurité,
commence à devenir diffuse, impliquant une difficulté conceptuelle sur comment définir
les zones de souveraineté exclusive quand on est en présence de conditionnements et même
d’intervention depuis l’environnement international.
109 Virginia Gamba-Stonehouse.- Alternativas para el Logro de una Seguridad Colectiva en Sudamérica.- Buenos Aires: Exposition lors de la Reunión Sous-Régionale de
Représentants des Instituts de Recherche et des ONG, novembre 1989, p. 3.
167
Avancer conceptuellement sur cette interrelation a également affecté l’avancée
conceptuelle en ce qui concerne les relations entre la politique et la démocratie, l’économie
et l’ouverture économique ; la sécurité et la sécurité coopérative, et sur la manière dont les
interactions entre chacun de ces domaines rendraient possible une consolidation
substantive dans l’ensemble.
Ainsi, considérant la manière comment les acteurs de chaque région ont perçu et ont
défini les changements globaux et leurs effets régionaux et nationaux, l’Amérique Latine a
eu l’occasion de profiter, sur la base du processus d’ouverture politique et économique, de
l’espace produit par la fin de l’affrontement bipolaire pour chercher une meilleure insertion
internationale.
La globalisation segmentée a obligé à reformuler le projet politico-stratégique. Il a été
nécessaire d’adapter et de concevoir les politiques par rapport aux nouvelles vulnérabilités
et au changement qu’ont subis les anciennes, étant donné que le système international avait
commencé à se déplacer des relations internationales de sécurité aux relations
internationales de marché. Ce changement obligerait aussi à se resituer et à se réajuster
dans les alliances stratégiques.
La région latino-américaine a commencé, en conséquence, une étape pour se resituer par
rapport à la nouvelle situation internationale. De façon simultanée, un processus de
consolidation démocratique et de changement dans le modèle économique dominant est
apparu.
Cette nouvelle réalité, sans aucun doute, a contribué à consolider quelques effets
positifs, comme la légitimation de la démocratie, l’expansion du respect des droits de
l’homme et une tendance à la croissance économique conjuguée à un processus
d’intégration régionale avec une projection hémisphérique et globale.
168
Néanmoins, en même temps quelques signes négatifs sont apparus, tels que la fragilité
des processus démocratiques, la persistance de situations de violence et de terrorisme, les
croissantes difficultés de gouvernabilité et les instabilités dans le modèle d’insertion
économique et financière globale, et par-dessus tout, le maintien des perceptions
traditionnelles de menaces inter-étatique.
Dans cette transition régionale, outre la fin de la Guerre Froide et la disparition du bloc
soviétique, divers facteurs importants ont eu une incidence spéciale, comme la diversité
régionale ; l’aspect unipolaire régional et poids nord-américain plus important en tant que
puissance hégémonique ; la re-démocratisation régionale ; les difficultés pour appliquer les
ajustements économiques et le manque de propositions hémisphériques effectives.
Des facteurs mentionnés, il faut spécialement faire référence à la diversité régionale.
L’Amérique Latine apparaît comme une région dispersée, ce qui ne facilite pas la
structuration de politiques générales capables de contenir les intérêts de l’ensemble des
acteurs de la région.
Dans la région, l’héritage colonial et le poids du XIXème siècle n’ont pas fini de se
décanter et de se surmonter, se maintenant la perception d’une Amérique Latine
désagrégée dans diverses régions. En plus, on a fait place à une croissante diversité
structurale, se compliquant la concrétion d’une position homogène.
Etant donné les changements structuraux qui ont été rendus possibles dans le nouveau
scénario international, la notion d’une Amérique Latine unie dans l’homogénéité a
commencé à être dépassée. On peut affirmer l’apparition d’une sorte de crise du concept de
l’Amérique Latine, qui implique un sens d’unité et de destin commun, à partir du manque
de compromis pour faire de la coopération régionale un facteur d’impulsion dans la
recherche des objectifs particuliers de chaque état.
169
Dans un autre ordre d’idées, le schéma international qui commence à se structurer
donne l’espace et la volonté nécessaires pour l’impulsion vers une tendance à la
démocratisation qui, en Amérique Latine, s’est orientée à établir divers types de passage
démocratique, selon la forme particulière que chaque cas national a adopté.
Cependant, ce processus s’est effectué avec une inévitable relation entre chaque état et
sa situation dans quelque sous-région, de même que l’intérêt des Etats-Unis pour
consolider cette forme de gouvernement à échelle mondiale, ce qui sera signalé plus loin
dans une brève synthèse :110
En Amérique centrale, des transitions se produisent depuis les guerres civiles jusqu’aux
formes politiques ouvertes, moyennant des accords de paix qui impliquent l’option
démocratique.
A Grenade, Panamá et Haïti, des processus de démocratisation se produisent comme
résultat de l’action militaire nord-américaine, avec l’idée de démocratisation par
intervention.
Dans la zone andine sud-américaine, spécialement au Pérou, en Bolivie et en Colombie,
se maintient l’institutionnalité essentielle des processus de démocratie et d’ouverture, au
milieu de conflits armés d’importance qui conditionnent les marges d’action et de
participation démocratique.
Dans le cas des pays du comme le Brésil, le Chili, le Paraguay et l’Uruguay, on fait
place à des transitions concertées entre les référents politiques, sociaux et militaires de
chaque état.
L’Argentine, même s’il s’agit d’un cas qui ressemble à ces derniers, a eu son origine
dans l’échec militaire de 1982, dans l’Atlantique Sud, en pleine Guerre Froide, vivant ce
qu’on peut appeler la re-démocratisation par effondrement politico-militaire.
110 Francisco Rojas A.- Williamsburg: ¿Un giro definitivo en las relaciones hemisféricas de seguridad?- Santiago: Document de Travail FLACSO-Chile, 1995, p.3.
170
Dans ces processus, la confluence des facteurs politiques internes et internationaux a
visé au changement du système politique. Ceci a conduit à de complexes processus de
concertation, à la souscription d’accords et de pactes entre les forces politiques civiles et
les forces militaires.
Une des conséquences de ce processus est un nouveau type de lien et d’équilibre dans
les relations entre la société et l’état et entre les forces économiques et les forces politiques,
de même qu’entre les forces armées et les autorités civiles.
En Amérique Latine, il n’y a pas de proposition politique alternative à la démocratie.
Au-delà de sa faiblesse, des conditionnements de la transition, des menaces de forces
terroristes et de mafias de trafiquants de drogues ou de relents autoritaires, il n’existe
aujourd’hui aucune autre alternative viable, capable de créer la confiance, l’obéissance et la
gouvernabilité, avec un soutien local et une reconnaissance internationale.
Après plusieurs décennies, dans certains cas après un demi-siècle, il s’est produit le
changement d’un Président pour un autre, au moyen d’élections et à la fin de la période
présidentielle antérieure. C’est un fait inédit dans l’histoire politique de la région. La
démocratie est le grand changement de l’hémisphère occidental dans la période de l’après-
Guerre Froide.
3 L’ARCHITECTURE DE SECURITE DANS LE SYSTEME INTERAMERICAIN
Le système interaméricain, qui dans un sens large se base sur deux piliers
fondamentaux, comme le sont l’OEA et la Banque Interaméricaine de Développement
(BID), dispose d’une architecture de sécurité identifiable –régulée par la première des
organisations mentionnées– dans laquelle coexistent une quantité intéressante
d’organismes et de régimes analogues qui, indépendamment de leur ancienneté, fournissent
les instruments nécessaires pour de tels effets.
171
Ce que nous appelons Système Interaméricain de Sécurité correspond seulement à un terme puisqu’il ne se trouve formalisé dans aucun document officiel, ce qui n’empêche pas qu’il soit accepté et utilisé par une grande majorité d’états, d’organisations et de personnes dans la région, sa signification et sa portée se trouvant pratiquement internalisés. 111
Il est possible d’affirmer que la variété des éléments constitutifs du système est très
restreinte par le schéma d’influence des Etats-Unis sous lequel ils se sont développés,
existant aussi une diversité d’opinions quant à leurs caractères centraux ou périphériques, à
leur actualité ou obsolescence, à leur degré d’acceptabilité dans la société, à leur lien avec
la sécurité ou avec la défense, 112 entre autres aspects.
Du point de vue des Etats-Unis -vision importante pour le développement de la recherche– la pièce centrale de l’architecture traditionnelle de sécurité était la Doctrine Monroe, conçue comme une combinaison d’anti-impérialisme et d’hégémonie hémisphérique, qui s’est élargie en 1904 avec le Corollaire Roosevelt qui a annoncé publiquement l’expresse responsabilité nord-américaine pour maintenir l’ordre en Amérique Latine, pouvant même agir comme agent de stabilité dans l’hémisphère, intervenant unilatéralement si c’était nécessaire, où ils le considèreraient approprié.113
Le point de vue de la Guerre Froide a appliqué la même logique que celle de la Doctrine
Monroe et du Corollaire Roosevelt, les Soviétiques étant la puissance du Vieux Monde qui
devait se maintenir hors de l’Amérique Latine. D’abord est apparue la JID, en 1942 et
après est venu le TIAR, en 1947, pour céder la place à la pièce finale de l’architecture
régionale, l’OEA, fondée en 1948, qui a fourni un forum pour que les états de l’hémisphère
traitent des sujets d’intérêt régional, sans être d’une nature liée primordialement à la
111 Harold Keplak.- Algunas ideas acerca de las primeras reformas al Sistema Interamericano de Seguridad.- Santiago: Revista FASOC, an 15, Nº2, avril –juin 2000, p. 14.
112 En Amérique, à différence de l’Europe, ces concepts ne sont pas traités comme des synonymes, donnant aux deux leur spectre respectif, comprenant que la sécurité est une idée
beaucoup plus ample qui contient en soi la défense.
113 William Brown Field.- El Pasado, Presente y Futuro de los Vínculos de Seguridad entre les Estados Unidos y América Latina.- Santiago: Academia Nacional de Estudios
Políticos y Estratégicos, octobre 2002, p. 2.
172
sécurité mais avec des responsabilités politiques qui l’ont transformée en protagoniste de
quelques matières de cet ordre.114
Etant faite cette brève introduction explicative, on exposera des éléments qui
garantissent l’existence d’un système de sécurité, bien que de caractère plutôt restreint. On
fera également une description de ces organisations qui lui sont liées, situant en premier
lieu l’OEA, étant donné qu’il s’agit de l’entité qui concède indéfectiblement le cadre
politique qui légitime l’existence et le fonctionnement des autres organisations et des autres
régimes, dans sa condition de continuatrice de l’Union Panaméricaine, où la configuration
du système a commencé à être tracé.
3.1 Le système interaméricain de sécurité
La base de cet organisme régional est centrée sur l’OEA, avec une longue tradition
intégrationniste, et elle s’est concrétisée avec la participation de toutes les organisations
ainsi qu’avec l’application des instruments légaux et des normes en vigueur dans le cadre
de référence du Continent Américain, afin de satisfaire les requêtes politiques,
économiques, sociales et militaires des pays.
Les états membres sont unis entre eux par un compromis international basé sur des
précédents historiques, des intérêts réciproques et des reconnaissances d’objectifs
communs. Chaque état maintient sa souveraineté absolue et son droit à adopter des
décisions propres et à déterminer ses propres objectifs de caractère national.
Ce système interaméricain –quant à la sécurité– se base sur le droit à la légitime défense
individuelle ou collective, reconnue dans l’article Nº51 de la Charte des Nations Unies et
dans les dispositions du Chapitre VIII de la même Charte, concernant les accords
régionaux.
114 Ibid.
173
La sécurité continentale représente les objectifs politiques et les stratégies dans le
domaine politique, économique, social et militaire, visant à établir un cadre de protection
adéquat et à garantir les intérêts de la communauté Américaine, ayant comme fin ultime
celle de maintenir la paix et la sécurité collective, sur la base fondamentale que les corps
légaux lui confèrent :
Charte de l’OEA–réformée en 1967 et 1985- dans son chapitre IV « Droits et Devoirs
des Etats » (articles Nº 12, 18, 20, 21 et 22) ; Chapitre V « Solution Pacifique de
Controverses » ; Chapitre VI « Sécurité Collective » ; et Chapitre X « Réunion de
Consultation des Ministres de Relations Extérieures » (articles Nº64, 65, 66, et 67).
Le Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque.
Traité Interaméricain de Solutions Pacifiques de 1948 (Pacte de Bogotá).
Résolutions des Conférences Internationales Américaines et des Réunions de
Consultations des Ministres des Relations Extérieures.
Ensuite, nous esquisserons les caractéristiques essentielles de chacun des organismes
suivants ou régime international qui se déduisent ou sont en relation avec le système,
soulignant fondamentalement leurs précédents historiques et l’apport qu’ils ont signifié
pour leur fonctionnement correct, comprenant que les effets de la paix pour la région ne
correspondent pas seulement à l’un d’entre eux mais à la synergie de l’ensemble, ce qui
permettra de mieux se prononcer au moment d’effectuer le bilan respectif de la sécurité
hémisphérique :
De caractère politique
Organisation des Etats Américains
Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque
Commission de Sécurité Hémisphérique de l’OEA
Réunion de Ministres de Défense des Amériques
De caractère stratégique
Junte Interaméricaine de Défense
174
Collège Interaméricain de Défense
Conférences des Commandants des Forces Armées d’Amérique.
Conférence d’Armées Américaines.
De caractère opératif
Exercices Combinés des Forces Armées
3.1.1 L’organisation des États Américains
3.1.1.1 Précédents historiques
Le 30 avril 1948, 21 nations américaines se sont réunies à Bogota, Colombie, pour
adopter la Charte de l’Organisation des États Américains, avec laquelle les nations ont
confirmé leur soutien aux objectifs communs et le respect à la souveraineté de chacun des
pays. Depuis lors, l’OEA s’est étendue pour inclure les nations des Caraïbes et du Canada
également.
Les principes que l’OEA incorpore dans une histoire de coopération régionale
remontent au XIXème siècle, trouvant ses premiers précédents dans les faits importants qui
suivent :
En 1826, le libérateur Simon Bolívar a convoqué le Congrès de Panama avec l’idée de
créer une association d’états dans l’Hémisphère.
En 1890, la Première Conférence Internationale Américaine, réalisée dans la ville de
Washington, a établi l’Union Internationale des Républiques Américaines et son
secrétariat permanent, le Bureau Commercial des Républiques Américaines,
prédécesseur de l’OEA.
En 1910, cette organisation est devenue l’Union Panaméricaine.
En 1948, lors de la Neuvième Conférence Internationale Américaine, les participants
ont signé la Charte de l’OEA et la Déclaration Américaine des Droits et Devoirs de
l’Homme.
175
Le chapitre VI de la Charte de l’OEA renforce les compromis établis dans le Pacte de Rio. Cependant, en diverses occasions, l’incorporation de nouveaux membres s’est manifestée par certaines restrictions par rapport au lien nécessaire des dispositions de sécurité, malgré la souscription du document de façon intégrale.115
3.1.1.2 Objectifs Principaux et propos
Renforcer la paix et la sécurité du continent
Promouvoir et consolider la démocratie représentative dans le respect du principe de
non-intervention
Prévenir les possibles causes de difficulté et assurer la solution politique des
controverses qui apparaîtraient entre les états membres.
Organiser l’action solidaire de celles-ci en cas d’agression.
Essayer de trouver la solution aux problèmes politiques, juridiques et économiques qui
peuvent se produire entre eux.
Promouvoir, avec l’action coopérative, son développement économique, social et
culturel.
Atteindre une limitation effective d’armements conventionnels qui permette de
consacrer le plus grand nombre de ressources au développement économique et social
des états membres.
3.1.1.3 L’Organisation
L’OEA est le principal forum économique pour le dialogue multilatéral et la prise de
décisions de caractère hémisphérique. L’Organisation travaille pour renforcer la paix et la
sécurité, consolider la démocratie, promouvoir les droits de l’homme, soutenir le
115 Keplak.- Op. Cit., p. 16.
176
développement social et économique et promouvoir le développement durable des pays des
Amériques. Dans son action, elle cherche à construire des relations plus fortes entre les
nations et les peuples de l’hémisphère.
Les organismes responsables de développer les principes établis dans la Charte sont :
L’Assemblée Générale
Les réunions de Consultation des Ministres des Relations Extérieures
Les Conseils
Le Comité Juridique Interaméricain
La Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme
La Commission de Sécurité Hémisphérique
Le Secrétariat Général
Les Conférences Spécialisées
Les Organismes Spécialisés
3.1.1.4 Les fonctions générales des organismes
Les principales tâches qu’exerce chacun des organismes prévus dans les articles
conformément à la Charte sont les suivantes :
Présenter des études, des projets et des propositions
Faire des recommandations
Coordonner les activités entre les différents organes
Exercer des activités de consultation
Soutenir les efforts des états membres
Etablir des relations de coopération avec des organismes mondiaux et échanger des
informations, maintenant son identité comme organe de l’OEA
Examiner et évaluer les zones de chaque conférence, pour l’appréciation de la situation.
177
3.1.1.5 Membres de l’organisation
Les 35 pays indépendants des Amériques ont ratifié la Charte de l’OEA et appartiennent
à l’Organisation, ayant comme membres originaux les 21 états qui se sont réunis à Bogota
en 1948 : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, Cuba,116 le Chili,
l’Equateur, le Salvador, les Etats-Unis, le Guatemala, Haïti, le Honduras, le Mexique, le
Nicaragua, le Panama, le Pérou, le Paraguay, la République Dominicaine, l’Uruguay et le
Vénézuéla.
Depuis lors, les suivants pays se sont incorporés : les Barbade, Trinidad et Tobago
(1967), la Jamaïque (1969), Grenade (1975) ; le Surinam (1977) ; la Dominique, Sainte
Lucie (1979), Antigua et Barbuda, Saint Vincent et les Grenadines ; les Bahamas (1982) ;
Saint Kitts et Nevis (1984) ; le Canada (1990) ; Belize, la Guyane (1991)
3.1.1.6 Principales Activités exercées
Chronologiquement, nous présenterons une synthèse des faits de plus grande importance
qui ont marqué le devenir de l’Organisation, à savoir :
1959 : Création de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme.
1961 : Signature de la Charte de Punta del Este, grâce à laquelle l’Alliance pour le
Progrès s’est mise en marche.
1969 : Signature de la Convention Américaine sur les Droits de l’Homme, qui est entrée
en vigueur en 1978. La Convention a établi la Cour Interaméricaine des Droits de
l’Homme, avec son siège au Costa Rica.
1970 : Etablissement de l’Assemblée Générale en tant que principal organe politique de
l’OEA.
1986 : Création de la Commission Interaméricaine pour le contrôle de l’Abus de
Drogues (CICAD). 116 Il faut avoir présent que Cuba se trouve éloigné de sa qualité d’état membre depuis 1962
178
1990 : Création de l’Unité pour la Promotion de la Démocratie.
1991 : Adoption de la Résolution 1080, qui établit des mécanismes pour prendre les
mesures face aux menaces contre la démocratie dans l’hémisphère.
1994 : Premier Sommet des Amériques, qui a réaffirmé le rôle de l’OEA dans la
consolidation de la démocratie et a établi de nouvelles priorités pour l’Organisation.
1995 : Création de l’unité de Commerce.
1996 : Etablissement du Conseil Interaméricain pour le Développement Intégral (CIDI)
1997 : Ratification du Protocole de Washington, qui concède à l’OEA le droit de
suspendre un Etat membre dont le gouvernement élu de façon démocratique a été
renversé par la force.
1998 : Deuxième Sommet des Amériques et création du Bureau de Suivi de Sommets.
1999 : Etablissement de l’Agence Interaméricaine pour la Coopération et le
Développement.
2000 : Mission spéciale au Pérou pour évaluer des manières de renforcer la démocratie.
2001 : Troisième Sommet des Amériques. Les leaders de l’hémisphère ont instruit
l’Assemblée Générale de l’OEA à préparer une Charte Démocratique Interaméricaine.
2001 : Adoption de la Charte Démocratique Interaméricaine.
2002 Signature de la Convention Interaméricaine contre le Terrorisme, lors de
l’Assemblée de l’OEA qui a eu lieu aux Barbades.
3.1.2 Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque
3.1.2.1 Précédents historiques
Le TIAR ou Traité de Río est apparu comme conséquence de la nécessité d’un
mécanisme qui permette la sécurité collective dans l’hémisphère, pendant la période
directement antérieure à la Deuxième Guerre Mondiale. Même si la fonction basique du
Traité a été soulevée pendant la Guerre, elle n’a été approuvée que lors de la Troisième
Réunion de Consultation des Ministres des Relations Extérieures qui s’est tenue à Rio de
Janeiro, Brésil, en 1947, entrant en vigueur en 1948.
179
Le Traité de Río est un « traité spécial », selon l’Article Nº29 de la Charte de l’OEA. Entre autres choses, il définit les mesures et les procédures qui gouvernent la réponse collective des états qui en font partie lorsqu’un état membre subit une attaque armée ou une agression qui n’est pas une attaque armée.117
Le Traité de Río fournit un mécanisme de sécurité collective. Selon ses termes, une
attaque armée contre un de ses membres doit être considérée comme une attaque contre
tous. De même, il propose des mesures pour répondre aux agressions qui ne sont pas
considérées comme des attaques armées, aussi bien en ce qui concerne des conflits
extracontinentaux qu’intracontinentaux, ou « tout autre fait ou situation qui puisse mettre
en danger la paix de l’Amérique ».
Néanmoins, tous les états membres de l’OEA ne font pas partie du Traité, comme le cas
de Cuba, dont la participation de son gouvernement actuel se trouve suspendue depuis
1962.
Les concepts qui caractérisent le TIAR condensent l’histoire de l’Amérique depuis que
les nations latino-américaines ont obtenues leur indépendance et leur liberté et constituent
un point important dans le développement juridique du système interaméricain.
C’est le résumé d’un grand nombre d’années à chercher les mécanismes pour cohabiter
en paix et agir contre les agressions. On le considère également comme étant le résumé de
toutes les lois, dispositions, actes, alliances, accords et enfin, toute la philosophie qui
cherche –comme l’exprimera plus tard la Charte de la OEA – à « obtenir un ordre de paix
et de justice, promouvoir la solidarité, renforcer sa collaboration et défendre sa
souveraineté, son intégrité territoriale et son indépendance ».118
117 DEPARTAMENTO D’ETAT DES ETATS-UNIS.- Précédents du Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque.- Washington DC: Bureau du Porte Parole, 2001, p.1
118 Camilo Fino R.- El tratado Interamericano de Asistencia Recíproca y la Seguridad Hemisférica.- Fort Lesley J. McNair, Washington D.C.: Collège Interaméricain de Défense,
2000, p. 2.
180
Une vision américaniste situe l’origine de la philosophie du TIAR en 1826 quand, sur
l’initiative du libérateur Simon Bolívar, à l’époque Président de la République de la Grande
Colombie, le Premier Congrès Hispano-américain est convoqué dans la Ville de Panama,
où le Traité d’Union, de Ligue et de Confédération a été approuvé.119
Les plénipotentiaires de la Grande Colombie ont assisté à la conférence mentionnée -
constituée alors par la Colombie, le Vénézuéla, l’Equateur et le Panama, le Mexique, le
Pérou, dont le Haut Pérou ou la Bolivie, et l’Amérique Centrale, constituée à l’époque par
les cinq états qui, en 1824, avaient formé la République Fédérale d’Amérique Centrale.120
Le TIAR, signé au nom des peuples et des gouvernements de l’époque, portait la
marque de la consolidation et du renforcement des relations d’amitié et de bon voisinage,
avec la marque logique de la résolution adoptée lors de la VIIIème Conférence
Interaméricaine sur les Problèmes de Guerre et de Paix, réunie au Mexique, où il a été
recommandé que soit signé un traité destiné à prévenir et à réprimer les menaces et les
actes d’agression contre n’importe quel pays d’Amérique.
3.1.2.2 Bases Fondamentales
La base idéologique du Traité de Río de Janeiro repose sur le fait que la communauté
américaine affirmait comme vérité manifeste ce qui suit :
Qu’une condition nécessaire pour la sécurité et la paix était l’organisation juridique.
Que la paix se fonde sur la justice et sur l’ordre moral.
Que les droits et les libertés de la personne humaine doivent être reconnus et protégés
internationalement.
Que la paix se fonde sur le bien-être des peuples.
119 Ibid., p. 3.
120 Costa Rica, El Salvador Guatemala, Honduras, Nicaragua.
181
Que la paix se fonde sur l’effectivité de la démocratie pour la réalisation de la justice et
de la sécurité.
Le TIAR contient vingt-six articles, qui sont l’essence du système, mais les neuf
premiers articles constituent sa base philosophique, à savoir :
Article 1er
Condamnation de la guerre
Il considère de ne pas avoir recours à la menace ni à l’emploi de la force
Il impose que les décisions soient compatibles avec la Charte de l’ONU.
Article 2
Il établit comme mécanisme interne la solution pacifique des controverses
Il considère que les problèmes entre les pays doivent être résolus avant d’être
présentés à l’Assemblée Générale ou au Conseil de Sécurité de l’ONU.
Article 3
Il stipule qu’une attaque armée de la part de n’importe quel état contre un autre
état américain sera considérée comme une attaque contre les états américains.
Face à un événement de cette nature, l’organe de consultation doit se réunir.
Il spécifie que l’attaque armée se réalise dans la région décrite dans l’article Nº 4.
Article 4
Il détermine les limites géographiques pour l’application du TIAR.
Article 5
Il stipule que les hautes parties contractantes doivent envoyer de façon immédiate
l’information complète sur les activités développées dans l’exercice du droit de légitime
défense à l’ONU, selon les articles nº51 et 54 de la CHARTE DE SAN FRANCISCO.
Article 6
Si un état était attaqué par une agression qui ne soit pas une attaque armée, dans un
conflit extra ou intracontinental, ou par tout autre fait ou situation qui puisse mettre en
danger la paix de l’Amérique, l’organe de consultation se réunirait pour accorder les
mesures pour protéger l’Etat agressé et pour maintenir la paix sur le continent.
182
Article 7
En cas de conflit entre deux ou davantage d’états, sans préjudice du droit de légitime
défense, les hautes parties contractantes réunies en consultation insisteront pour que les
adversaires cessent les hostilités et rétablissent les choses au statu quo ante bellum.
Article 8
Les mesures que l’organe de consultation accorde comprendront :
Le retrait des chefs de mission.
La rupture des relations diplomatiques.
La rupture des relations consulaires.
L’interruption partielle ou totale des relations économiques, de communication, de
voies ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques,
radiotéléphoniques et radiotélégraphiques, ainsi que l’emploi de la force armée.
Article 9
Outre d’autres actes qui, en réunion de consultation, puissent être caractérisées
comme agression, seront considérés comme tels :
L’attaque armée non provoquée contre le territoire, la population ou les forces
terrestres, navales ou aériennes d’un autre état.
L’invasion par la force armée d’un état du territoire d’un état américain, avec la
transgression des frontières délimitées conformément à un traité, à une sentence
judiciaire ou à un jugement arbitral qui affecterait une région sous la juridiction
d’un autre état.
3.1.2.3 Pays signataires du TIAR
Etat Souscription Ratification
Argentine
19 juillet 1950
21 août 1950
Bolivie 18 septembre 1950 26 septembre 1950
183
Brésil 05 mars 1948 25 mars 1948
Colombie 10 janvier 1948 03 février 1948
Costa Rica 20 novembre 1948 03 décembre 1948
Cuba 04 décembre 1948 09 décembre 1948
Chili 28 janvier 1949 09 février 1949
Equateur 30 octobre 1950 07 novembre 1950
El Salvador 19 février 1948 15 mars 1948
Etats-Unis 12 décembre 1947 30 décembre 1947
Guatemala 18 mars 1955 06 avril 1955
Haïti 30 octobre 1947 25 mars 1948
Honduras 15 janvier 1948 05 février 1948
Mexique 23 novembre 1948 23 novembre 1948
Nicaragua 1er novembre 1948 12 novembre 1948
Panamá 31 décembre 1947 12 janvier 1948
Paraguay 07 juillet 1948 28 juillet 1948
184
Pérou 09 octobre 1950 25 octobre 1950
Rép.Dominicaine 07 novembre 1947 21 novembre 1947
Uruguay 07 septembre 1948 28 septembre 1948
Venézuéla 09 septembre 1948 04 octobre 1948
TABLEAUX 1
3.1.3 La Commission de Sécurité Hémisphérique de l’OEA
3.1.3.1 Précédents historiques
La Commission de Sécurité Hémisphérique et ses précédents datent de la 21ème période
ordinaire de sessions de l’Assemblée Générale, qui s’est tenue à Santiago du Chili en 1991,
où les ministres des Relations Extérieures et les chefs de délégation des pays membres de
l’OEA ont manifesté leur décision de commencer un processus de consultation sur la
sécurité hémisphérique.121
Lors de cette réunion, on a résolu, avec la AG/Rés. 1123 (XXI-0/91), de charger le
comité permanent de créer un groupe de travail avec le mandat spécial d’étudier et de
formuler des recommandations qui se rapportent à la coopération pour la sécurité
hémisphérique dans ses différents aspects.
Lors de la session ordinaire de l’Assemblée correspondante du mois de mai 1992, à
Nassau, Bahamas, avec la résolution AG/Rés. 1180 (XXII-0/92), on a établi la création de
la Commission Spéciale de Sécurité Hémisphérique, organisation qui aurait la
121 OEA.- Declaración de Santiago.- Santiago: 1995.
185
responsabilité de continuer à traiter l’agenda de coopération pour la sécurité
hémisphérique.
Le 9 août 1995, le comité permanent résout, avec le document C./Rés. 653 (1039/95),
d’établir une Commission de Sécurité Hémisphérique, dans le but de continuer l’étude et
de traiter des thèmes de sécurité générale que l’assemblée générale lui confie, à travers le
comité permanent.
Dans ce comité, il y a une représentation de tous les états membres de l’OEA, acquérant une connotation et une efficience qui le fait se démarquer parmi les organismes et les régimes internationaux de caractère régional, même au-dessus de la Réunion des Ministres de la Défense, qui n’attire pas toujours une assistance pleine ou de rang ministériel.122
3.1.3.2 Mission
Les contenus d’un tel mandat recommande alors l’étude et le progrès des résolutions
suivantes :
AG/Rés. 1121 et 1123, sur la non prolifération d’instruments de guerre et d’armes de
destruction massive ; sur la limitation de l’armement, le trafic clandestin d’armes,
l’échange d’informations en relation avec les politiques, les lois et les procédures
nationales qui régissent l’acquisition et le transfert d’armement.
AG/Res 1236 et 1179, sur la coopération pour la sécurité et le développement
hémisphérique et les contributions régionales à la sécurité globale.
AG/Rés. 1283, sur la consolidation du régime établi dans le traité pour la participation
des armes nucléaires en Amérique Latine et dans les Caraïbes.
122 Keplak.- Op. Cit., p.15.
186
AG/ Rés.1284, sur l’information en ce qui concerne les frais militaires et le registre
d’armes conventionnelles.
AG/ Rés.1288, sur les mesures pour le renforcement de la confiance et de la sécurité de
la région.
AG/ Rés.1299, sur la contribution régionale à la sécurité mondiale, en ce qui concerne
les mines antipersonnelles.
AG/ Rés.1302, sur la contribution régionale à la sécurité mondiale, en ce qui se réfère à
la non prolifération d’armes de destruction massive.
AG/ Rés.1353, sur la coopération pour la sécurité hémisphérique.
3.1.3.3 Principales activités exercées123
Dans le devenir historique du Comité, il est nécessaire de souligner la relation établie
avec la Junte Interaméricaine de Défense, prenant en considération ses rapports comme des
facteurs de travail, comme lors de la session du 26 octobre 1995, à propos du projet
d’inventaire sur les mesures de confiance de la nature militaire qui s’appliquaient dans
l’hémisphère, présenté à la demande du Comité Permanent avec la résolution AG/
Rés.1288 (XXIV-0/94) « Mesures pour le Renforcement de la Confiance et de la
Sécurité ».
Aussi, on peut souligner le projet de résolution de soutien au déminage en Amérique
Centrale, daté du 17 mai 1996, dans lequel il est explicité la reconnaissance à la
participation et au soutien d’un nombre croissant d’états membres, d’observateurs
permanents et d’autres états, ainsi que du Secrétariat Général de l’OEA en ce qui concerne
le Déminage en Amérique Centrale et de l’assistance technique de la JID dans ce domaine.
123 Rafael Alvarez L.- La Junta Interamericana de Defensa y la Organización de Estados Americanos.- Fort Lesley J. MacNair, Washington D.C: Bibliothèque du Collège
Interaméricain de Défense, 1999, p. 12.
187
Le Comité de Sécurité Hémisphérique s’est consacré également à l’analyse et aux
recommandations, dans la sphère de ses attributions, à ce qui se rapporte aux aspects
suivants :
Mesures de Promotion de la Confiance et de la Sécurité des Amériques.
Vaste zone exempte de mines terrestres anti-personnelles dans l’hémisphère.
Programme de déminage en Amérique Centrale.
Consolidation du régime établi dans le traité pour la proscription des armes nucléaires
en Amérique Latine et dans les Caraïbes.
Coopération de Sécurité Hémisphérique.
Programme interaméricain d’éducation pour la paix.
Les changements survenus sur la scène internationale ont créé des conditions propices
pour consolider la paix et la sécurité dans l’hémisphère, facilitant que les états membres de
l’OEA continuent le processus de réflexion nécessaire pour éliminer les facteurs qui
produisent la méfiance dans l’hémisphère ; pour identifier de nouvelles modalités de
collaboration afin de consolider la Paix ; pour assurer l’accomplissement effectif des
objectifs et des principes de la Charte ; pour garantir l’accomplissement du Droit
International ; et, pour promouvoir les relations d’amitié et de coopération en vue du
renforcement de la sécurité dans la région.
3.1.3.4 Réunion des Ministres de la Défense des Amériques
En premier lieu, il faut signaler que ces conférences ne se réalisent pas dans le cadre de
l’OEA mais il existe une concordance d’intérêts, basé sur le fait que ce sont pratiquement
les mêmes acteurs qui la composent, conférences dont les objectifs ne varient pas en
essence en étant rattaché avec les diverses organisations.
Pour la plupart des thèmes traités, un grand parallélisme peut être apprécié, raison pour
laquelle on explore l’option d’établir un lien de coordination entre la CSH de l’OEA et la
188
CMDA. Plus encore si l’on considère que l’objet pratique de ces conférences –qui, à
présent, se trouvent totalement consolidées- a été de contribuer à la confiance politique et à
son positionnement en tant que forum de caractère politique.
S’agissant d’une innovation plutôt récente, elle constitue un régime absolument post
Guerre Froide, commençant à partir de la première réunion qui s’est tenue à Williamsburg,
Etats-Unis, en 1995. L’année suivante, une réunion similaire s’est effectuée à Bariloche,
Argentine ; Cartagena de Indias, Colombie, en 1988 ; Manaos, Brésil, en 2000 ; et
finalement, Santiago de Chili, en 2002.
Les réunions ont été marquées par les relations civiles-militaires en démocratie ;
l’importance de la démocratie dans les Amériques ; l’administration de la défense, le
contrôle du trafic de drogue ; les mesures de confiance mutuelle ; l’échange militaire, la
transparence et l’homologation des dépenses en défense, quoique ce dernier sujet ait été
traité principalement dans le milieu bilatéral.
Lors des premières conférences, la plus grande difficulté s’est présentée par le fait que le nouvel agenda de sécurité n’envisage pas fréquemment des sujets qui correspondent à la sphère des ministères de la défense, s’agissant plutôt d’aspects liés aux migrations, à la justice, à la santé et à l’intérieur, dont les spécialistes ne font pas partie du forum, et par conséquent leurs résultats ont été ouvertement exigus.124
D’ailleurs, ces réunions contribuent à ce que les instances politiques l’emportent sur les
instances techniques, spécialement celles de caractère militaire, qui se sont développées à
partir de la fin de la Guerre Froide, de façon similaire à la Commission de Sécurité
Hémisphérique de l’OEA, considérant que, pendant presque cinquante ans, la JID a opéré
en assumant dans de nombreux cas des rôles qui ne relèvent pas de son niveau.
124 Keplak.- Op. Cit., p. 17.
189
3.1.4 Junte Interaméricaine de Défense
3.1.4.1 Précédents historiques
Le 5 janvier 1942 s’est tenue à Rio de Janeiro la Troisième Réunion des Ministres des
Relations Extérieures, lors de laquelle on a recommandé la création de la JID. Celle-ci sera
finalement établie le 30 mai 1942, avec la résolution Nº XXXIV, dans la salle de l’Union
Panaméricaine à Washington, D.C., étant approuvée lors de la IIIème Réunion de
Consultation des Ministres des Relations Extérieures des Républiques d’Amérique, sous
les auspices de l’Union Panaméricaine.
Son objectif constitutif est orienté à la protection de l’hémisphère contre la menace des
pays de l’Axe. Cependant, la JID continue en fonction après la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, lorsqu’on a inclu, six ans plus tard, une Résolution dans la Charte de l’OEA qui
ordonne son maintien tel qu’il était jusqu’à ce moment-là.
La JID a été réorganisée en 1949, opportunité où elle a reçu son propre règlement
d’organisation et de fonctionnement, conformément aux résolutions VII et XXXIV,
approuvées par la IXème Conférence Interaméricaine, qui s’est tenue à Bogotá entre le 30
mars et le 02 mai 1948. En conformité avec ce mandat, la JID va continuer à s’acquitter
des obligations dont elle a été chargée à ses origines et elle pourra seulement cesser ses
fonctions quand les deux tiers des pays membres en décideront le contraire.125
3.1.4.2 Mission
En vertu de ce qui a été résolu le 27 avril 1995, pendant la session Nº1063 du conseil
des Délégués, on a modifié particulièrement l’article premier du Règlement Organique et
de Fonctionnement de la JID, en ce qui concerne sa mission, ce qui a été défini dans les
termes suivants : 125 Jorge Hernandez M.-La Seguridad Colectiva.- Ciudad de Guatemala: Ed: Guatemala C.A., 1968, p. 28.
190
Conseiller l’Assemblée Générale, les réunions de consultation des Ministres des
Relations Extérieures et le Conseil Permanent de l’OEA, dans ses propositions et ses
travaux dans les affaires de caractère militaire.
Agir en tant qu’organisme de planification et de préparation pour la défense du
Continent américain.
Remplir les fonctions consultatives qui la concernent pour contribuer au maintien de la
paix et de la sécurité du Continent.
3.1.4.3 Organisation
La junte réalisera sa mission avec les organes suivants et les postes de base :
Présidence : exercée par un officier général du pays siège (Etats-Unis)
Vice-présidence : exercée de façon alternée par un officier général des pays membres.
Conseil des Délégués : Organe suprême de la JID, constitué par un représentant de
chaque état membre.
Etat Major : organe de travail technique, dépendant du Conseil des Délégués, avec la
mission de base d’informer, d’apprécier, de préparer des plans et des ordres,
matérialisant sous forme de plans et d’études les décisions qui émanent du Conseil.
Collège Interaméricain de Défense : sous la Direction d’un officier général des Etats-
Unis, il constitue l’organisme académique de hautes études pour la préparation du
personnel militaire et civil des pays membres.
Secrétariat : il a la fonction de fournir le soutien administratif et logistique, ainsi que les
travaux de secrétariat du Comité Consultatif de Défense de l’OEA.
191
3.1.4.4 Principales activités exercées
La JID a fourni aux états américains de nombreux plans, études et manuels, orientés à
contrecarrer les menaces répétées contre la paix et la sécurité continentale, matériel parmi
lequel nous pouvons mentionner :
Plans stratégiques de base
Manuel de planification de la JID
Défense civile contre la guerre nucléaire, biologique et chimique
Planification pour la défense aérienne collective du continent
Plan de déminage pour l’Amérique Centrale
Dictionnaire de termes militaires
Plan de coordination pour la défense du trafic maritime interaméricain.
Action civique militaire
Catastrophes naturelles
Droits de l’Homme
Contrôle d’abus de drogues
3.1.5 Collège Interaméricain de Défense
3.1.5.1 Précédents historiques
En 1957, la JID a senti le besoin de créer une instance d’éducation supérieure qui
donnerait l’instruction sur des problèmes de défense hémisphérique. Ceci s’est concrétisé
en 1959 lorsque la majorité des représentants des républiques américaines ont approuvé
l’établissement du Collège Interaméricain de Défense (CID) qui constitue une Organisation
Internationale qui fonctionne avec des ressources de l’OEA, assignées à la JID.
Le Collège a été inauguré officiellement le 9 octobre 1962 lorsque le Secrétaire du
Département d’État des Etats-Unis a remis à la JID l’infrastructure et le matériel offerts par
192
le gouvernement nord-américain, dans les installations de Fort Lesley J. Mac Nair, à
Washington D.C.
3.1.5.2 Mission
Préparer des militaires et des civils, avec l’étude du système Interaméricain et des
facteurs du pouvoir (Politique, Économique, Psychosocial et Militaire) qui constituent les
éléments essentiels de la défense hémisphérique.
La formation académique qu’il offre est destinée à la préparation d’officiers gouvernementaux, militaires, navals, aériens et civils des états membres, pour ces activités qui auront besoin de la coopération internationale et hémisphérique.126
3.1.5.3 Organisation
Le CID exerce ses activités essentielles sur la base de l’organisation suivante :
Direction : poste qui est tenu par un officier général appartenant au pays siège (Etats-
Unis).
Vice-Direction : Exercée de façon alternée par un officier général appartenant aux
Forces Armées d’un des états membres, pendant deux ans.
Direction d’Etudes : Sous l’orientation d’un officier général, provenant d’un état
membre différent du Directeur et du Vice-directeur.
Corps enseignant : Ses membres, aussi bien civils que militaires, sont nommés par les
pays membres de l’OEA, de façon périodique.
126 Keplak.- Op. Cit., p. 16.
193
Une fonction clé du corps enseignant est celle de participer à la planification, au
développement et à la conduite des activités académiques du Collège, dont le travail
d’enseignement, de tutorat, de recherche et de publication.
3.1.5.4 Fonction
Pour remplir ses fonctions, le CID a développé un vaste plan d’études d’une durée de
onze mois, basé sur la mission de l’Institut, les règlements et les directives de la JID, et sur
l’expérience académique acquise lors de cours préalables.
Le plan d’études comprend une révision actualisée dans les domaines du pouvoir
politique, économique psychosocial et militaire ainsi qu’une investigation intensive de la
structure du pouvoir, de l’examen de la situation mondiale –spécialement en ce qui
concerne la sécurité et le bien-être de l’hémisphère– et finalement, une analyse détaillée de
tous les aspects de la situation interaméricaine. Ainsi, les étudiants apprennent et discutent
en groupe la méthodologie de coopération internationale en ce qui concerne la sécurité
continentale, à son plus haut niveau de stratégie.
3.1.5.5 Structure du cours
Première période Académique : on y fournit l’information générale sur la mission du
Collège, le lieu qu’il occupe dans le système interaméricain, son plan d’études, la
méthodologie de planification et de procédures académiques et administratives. On y
révise les connaissances générales et les concepts élémentaires dans le domaine
politique, économique, psychosocial et militaire.
Seconde Période Académique : on y analyse la situation mondiale dans le but
d’identifier les intérêts, les objectifs, les politiques des régions du monde qui ont cette
influence pertinente en relation à l’évolution des événements. On y concentre la
diversité d’intérêts qui créent ou pourraient créer des situations de confrontation dans le
monde et qui ont un impact sur le système interaméricain.
194
Troisième Période Académique : on y étudie la situation continentale, déterminant les
éléments présent ou potentiels du pouvoir continental, disponibles dans le présent et les
difficultés et les obstacles qui pourraient émerger sur le continent.
Quatrième Période Académique : on y revoit les bases techniques qui introduisent la
méthodologie de planification au niveau de la stratégie générale ; on y identifie les
antagonismes, les pressions et les menaces –internes et externes– contre le système
interaméricain, afin d’élaborer des recommandations qui permettent de le rendre plus
fort dans la réalisation de ses objectifs permanents.
3.1.6 Conférences de Commandants des Forces Armées d’Amérique
En 1960, le Commandant des forces nord-américaines dans les Caraïbes, appelé
postérieurement Commando-Sud –dont la zone de responsabilité comprend l’Amérique
Latine et les Caraïbes- a invité ses collèges latino-américains, avec les objectifs suivants :
Resserrer les liens d’amitié entre les dirigeants des armées de l’Hémisphère Occidental.
Encourager les amitiés interaméricaines, aussi bien personnelles que de pays à pays.
Familiariser les représentants des armées américaines avec le personnel et les ressources
disponibles dans le Commando Américain des Caraïbes, pour soutenir les activités des
missions de l’Armée des Etats-Unis dans leurs pays respectifs.
A cette occasion, on a suggéré une réunion annuelle de ce type, pendant laquelle on
pourrait discuter des problèmes militaires communs. Rapidement, les marines de guerre et
les forces aériennes ont suivi une procédure similaire.
Ce qui avait commencé presque comme une simple activité sociale est devenu un formidable facteur de pouvoir régional qui a servi également aux intérêts nord-américains, en servant d’élément déstabilisateur des systèmes démocratiques en
195
Amérique Latine et dans les Caraïbes, étant donné que, dans plusieurs de ces réunions, on déterminait une partie de la stratégie de lutte contre le communisme.127
Les Forces Armées des pays signataires du Pacte de Rio ont envoyé leurs commandants
des branches respectives aux conférences où une grande quantité de thèmes a été traitée,
parmi lesquels il faut souligner :
Utilisation des Forces Armées dans la guerre contre le trafic de drogues.
La place des Forces Armées dans une société démocratique.
Opérations de recherche et de sauvetage.
Crime international.
Contre-insurrection.
Façons de contrecarrer l’infiltration communiste.
Ces réunions ont été fréquemment critiquées pour leur dépendance par rapport aux
Etats-Unis depuis leur origine, poussant les officiers à débattre des sujets de caractère
politique, propres du niveau de direction gouvernementale civile qui, dans le cas latino-
américain, n’a pas eu de ligne institutionnalisée.
De leur coté, ceux qui soutiennent leur réalisation admettent qu’elles ont apporté
significativement à la connaissance interaméricaine dans le domaine militaire, créant les
conditions pour échanger des expériences et commencer des instances de coopération, qui
autrement se seraient vues entravées par la méfiance propre de presque deux siècles de
problèmes intra-régionaux.
3.1.7 Conférence d’Armées Américaines128
Précédents historiques
127 José Luís García , Et Al op cit p. 16
128 CONFERENCIA DE EJÉRCITOS AMERICANOS.- Antecedentes de la Organización .- Ottawa: www.redcea.org
196
Les armées d’Amérique créent, en 1960, la Conférence des Armées Américaines
(CEA), dans le but déclaré de se constituer en un forum de débats pour l’échange
d’expériences entre leurs semblables sur le continent.
A la même époque, on a créé la Conférence Navale Interaméricaine (CNI) et le Système
de Coopération des Forces Aériennes Américaines (SICOFAA), organismes congénères
de la CEA, dans le domaine des forces navales et aériennes des pays membres,
respectivement.
Les armées fondatrices de la Conférence correspondent à l’Argentine, la Bolivie, le
Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l’Equateur, El Salvador, les Etats-Unis, le
Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Panama, le Paraguay, le Pérou, l’Uruguay et le
Vénézuéla. Plus tard, se sont incorporés Antigua et Barbuda, le Canada, le Mexique, la
République Dominicaine et Trinité et Tobago, en qualité de membres pleins, ainsi que
les Barbades, Belize, la Guyane, la Jamaïque et le Surinam, comme armées
d’observation.129
Mission
La finalité de la CEA est l’analyse, le débat et l’échange d’idées et d’expériences en
relation avec des matières d’intérêt commun, dans le domaine de la défense, pour
augmenter la collaboration et l’intégration entre les armées et contribuer, du point de
vue de la pensée militaire, à la sécurité et au développement démocratique des pays
membres.
Principales réussites des dix dernières années
La CEA, en tant qu’organisme militaire de caractère international, a considéré avec le
temps comme étant son devoir principal la promotion de l’intégration entre les armées
américaines, ceci ayant permis d’atteindre des réussites de grand importance qui se
traduisent en :
Développer un échange permanent d’informations et d’expériences sur des
matières d’intérêt commun dans le domaine de la Défense.
Renforcer l’intégration et la collaboration entre les Armées américaines à travers
la diffusion de la culture militaire et des valeurs nationales. 129 Ibid.
197
Promouvoir l’unité et consolider les liens d’amitié interaméricaine augmentant la
confiance mutuelle entre les Armées du continent.
3.1.8 Exercices combinés de Forces Armées
Dans le milieu interaméricain, les Etats-Unis ont motivé le développement d’une
politique militaire qui permette de faire face à la menace communiste contre la région dans
son ensemble, convertie en menace contre le « monde libre ». Ceci a finalement dérivé vers
la réalisation d’exercices d’entraînement contre les probables adversaires dans un
affrontement de caractère militaire dont la plus grande probabilité était centrée sur la
guerre irrégulière et les sous-marins soviétiques.
Ce critère d’action a impliqué la participation des forces nord-américaines à des exercices combinés avec presque tous les pays latino-américains mais opérant bilatéralement avec chacun. En effet, il était nécessaire de rendre compatible les intérêts afin d’acquérir des capacités opératives pour affronter la menace commune, avec la nécessité de sauvegarder des intérêts individuels déterminés car il existe des conflits en développement qui soulevaient l’existence de menaces réciproques entre plusieurs pays de la région.130
Une vision historiographique de ces exercices les place sous l’influence des Etats-Unis,
propre de la Guerre Froide. Mais on leur assigne la qualité d’avoir contribué au
développement de la confiance, basé sur des échanges de personnel, sur la formation en
systèmes d’armement et d’équipements, les relations interpersonnelles entre officiers et
troupe, coopération en échanges technologiques, entre autres.
Une fois terminée la Guerre Froide, la tendance a été non seulement de maintenir
l’entrainement combiné mais aussi de l’augmenter, avec un changement radical vers la
130 Pablo Rodríguez M.- Ejercicios Combinados entre Fuerzas Chilenas y Argentinas: génesis, materialización, áreas de trabajo, influencias y posibles efectos.- Santiago: Mémoire
pour opter au titre de Professeur Militaire d’Académie, ACAGUE, 1998, p. 22.
198
recherche et le sauvetage, l’aide humanitaire et l’interopérabilité des forces dans le cadre
des opérations de paix.
Une description du type d’exercices effectués entre les forces nord-américaines et
latino-américaines, outre visualiser leurs caractéristiques, permet d’identifier leur évolution
en vertu des menaces et de leur relation avec les intérêts des Etats-Unis.
3.1.8.1 Exercices avec des forces terrestres
Pendant la Guerre Froide, l’interaction entre les forces de l’armée a été pratiquement
centrée sur la formation et l’entraînement en opérations de contre-insurrection, en fonction
du problème stratégique de plus grande importance dans cette sphère, ainsi que sur des
activités de caractère académique, qui incluaient des échanges d’élèves, de professeurs
invités et des visites de connaissance.
Comme on peut le déduire, l’entraînement combiné le plus intense s’est déroulé dans les
pays d’Amérique Centrale où les ambassades nord-américaines avaient d’abondantes
missions militaires, considérant que l’asymétrie entre les forces latino-américaines et leur
semblable des Etats-Unis gênait significativement l’interopérabilité, autant en ce qui se
réfère aux procédures qu’à la langue et aux caractéristiques du matériel.
Petit à petit, et en même temps que l’évolution des menaces et des changements
politiques mondiaux, les exercices combinés entre différentes armées ont augmenté,
élargissant la gamme d’interaction à des opérations classiques de forces spéciales, au
soutien des services de santé et d’évacuation médicale aérienne, aux exercices de
simulation -orientés aussi bien à des situations de crises que de conduite d’unités
conventionnelles dans le domaine tactique- et à l’entraînement en opérations de paix.131
131 Ibid., p. 23
199
A ses débuts, lorsque cette activité impliquait du travail in situ dans un pays de la
région, elle se déroulait de façon bilatérale. Ce n’était pas le cas quand elle se référait à la
formation, qui se réalisait principalement à l’Ecole des Amériques, située à Fort Gulick
dans la zone du Canal de Panama. Postérieurement, cette modalité a changé, faisant place à
des exercices de nature différente, s’approchant des échanges multilatéraux, spécialement
en ce qui se réfère à l’entraînement lors d’opérations de paix.
3.1.8.2 Exercices avec les forces navales
Dans ce domaine, il y a une plus grande expérience car des exercices sont pratiqués
depuis la fin des années cinquante, comprenant tous les domaines de la guerre en mer -avec
les opérations UNITAS132 - s’élargissant avec le temps vers la combinaison de forces en
opérations multinationales, contrôle naval du trafic maritime, recherche et sauvetage.
Ces exercices commencent à se développer en même temps que la configuration de la
menace des sous-marins soviétiques qui, avec une grande probabilité, aurait pu affecter
l’usufruit des lignes de communications maritimes. C’est pourquoi ces exercices se sont
réalisés invariablement depuis 1957, une fois par an et de manière bilatérale jusqu’en 2002,
année où on a adopté la modalité de grouper les efforts dans des instances de caractère
sous-régional.
Les forces navales étaient dans de meilleures conditions que leurs congénères terrestres
et aériens pour inter-opérer avec les moyens nord-américains, principalement du fait de la
similitude des procédures et qu’une vaste adaptabilité aux requêtes spécifiques de chaque
Marine est possible, quelques soient les caractéristiques de leur matériel et de s’il s’agit de
flottes océaniques ou côtières.133
132 United International Antisubmarine Warfare (Exercice International de Guerre Anti-sous-marine)
133 Rodríguez.- Op. Cit., p. 24.
200
3.1.8.3 Exercices avec des forces aériennes
L’interaction entre les forces aériennes a été plutôt restreinte à des opérations
aéroterrestres et aéronavales, en fonction d’exercices combinés avec les armées et la
marine. En effet, il s’agit également d’un domaine où l’asymétrie de ressources rendait
difficile la réalisation d’activités orientées à l’entraînement combiné en opérations
aériennes classiques, excepté dans le domaine stratégique.
Lors des opérations UNITAS, on avait fréquemment recours à la force aérienne locale,
principalement pour des opérations de patrouille aéromaritime et d’attaques à des forces,
ainsi que pour exercer la défense aérienne des flottes. Avec le temps, cela a évolué vers des
opérations de recherche, de sauvetage et de soutien aérien à des opérations de paix.
De leur côté, les Etats-Unis ont maintenu une forte influence sur la formation de pilotes
latino-américains qui, en grande majorité, réalisaient des cours de niveau avancé sur le
matériel dans les installations de la Force Aérienne nord-américaines. Ajoutons aussi
l’échange de caractère académique en ce qui concerne les études avancées et les
professeurs invités.134
3.2 Réflexions sur la conformation et l’évolution des architectures de sécurité
régionale
Quant à la conformation du système interaméricain, il existe deux postures contraires :
la première situe ses premiers précédents dans les efforts de Simon Bolívar et dans sa
concrétion à partir de la constitution de la UIRA en 1889 ; alors que l’autre soutient qu’il
n’existe ni n’a existé aucune structure formelle que l’on puisse cataloguer comme telle,
mais tout simplement un ensemble d’institutions avec des origines communes et avec
quelques coïncidences dans leurs objectifs et dans leurs actions.
134 Ibid., p. 24
201
Au-delà de cette différence, ce qui s’avère concret c’est qu’au long de pratiquement tout
le XIXème siècle, les républiques américaines ont encouragé une vision naissante d’identité
hémisphérique qui, indiscutablement, tend à se consolider à partir de 1889, ayant comme
précédent indéniable que sa réussite est directement liée au fait que les Etats-Unis ont
assumé le leadership en la matière.
Depuis le début, ce système a eu dans son fondement la conception de sécurité que si le
facteur d’agglutination a facilité la présence des nations américaines, ça a toujours été
l’idée d’une menace extracontinentale, aspect déjà traité en détail.
Même si les états latino-américains ont considéré les conférences panaméricaines
comme étant un moyen de rechercher des consensus qui contrecarreraient l’hégémonie des
Etats-Unis, aucun pays n’a eu la vision claire ni le pouvoir de proposer une alternative, de
même qu’ils n’ont pas été capables de diminuer l’importance des impositions nord-
américaines.
En 1936, et dans ces conditions, un concept de grande importance apparaît pour le cours
de l’histoire du système, comme est le principe de solidarité américaine dans tous les
conflits extracontinentaux, qui sera ratifié et perfectionné plus tard, en 1938, face à la
perception croissante de menace étrangère.
Ce concept a été le véritable conseiller d’orientation d’un grand nombre de décisions qui
ont été adoptées lors de conférences postérieures, spécialement en ce qui concerne le fait
d’affronter les menaces provenant des pays de l’Axe et dans la constitution d’un front
commun face à toute menace extracontinentale, qui allait bientôt se concrétiser dans les
lignées de la naissante JID, ainsi que dans l’apparition du TIAR, chemin qui sera parcouru
en huit ans seulement, de 1939 à 1947.
Sur le plan politique, face à l’épuisement évident de la UP, on a établi l’OEA, sans que
cela corresponde à une impulsion soudaine mais à la conséquence naturelle d’un processus
202
commencé en 1889, lui correspondant d’assumer le leadership du système dans son
ensemble, avec la vision idéaliste du maintien de la paix et comme un moyen de garantir la
sécurité de l’hémisphère, qui commençait à être perçu de nouveau en danger, face à
l’expansion du communisme international. De même, dans ses missions constitutives, on
compte promouvoir, avec l’action coopérative, le développement économique, social et
culturel.
Dans le système interaméricain, il coexiste une quantité intéressante d’organismes et de
régimes analogues qui ont les outils nécessaires pour les effets de la sécurité
hémisphérique, bien que ce que nous appelons Système Interaméricain de Sécurité
corresponde seulement à un terme, étant donné qu’il ne se trouve formalisé dans aucun
document officiel. Ceci n’empêche pas qu’il soit accepté et utilisé par une grande majorité
d’états, d’organisations et de personnes dans la région, son sens et ses implications se
trouvant pratiquement internalisés.
Si on essaie de faire un bilan détaillé de chaque institution ou régime international
constitutif du système interaméricain, il est possible d’affirmer que ceux-ci se sont adaptés
aux signes des temps, en fonction des variations de la menace ainsi que de l’évolution de la
marque de l’influence nord-américaine, qui s’est maintenue présente à ces niveaux de
décision et d’action, à partir de leurs créations respectives jusqu’à nos jours, avec
l’exception relative des instances qui apparaissent après la fin de la Guerre Froide.
En premier lieu et quant à l’OEA, comprise comme étant la tête du système, il faut
signaler que sa création n’a pas réussi à dégager adroitement la charge historique que la UP
traînait, et qui, de même que son prédécesseur, l’UIRA, était stigmatisée par le rôle
principal excessif nord-américain et son caractère instrumental de Washington.
Comme on peut le supposer, pendant la Guerre Froide, c’est-à-dire pendant les
premières cinquante années de son existence, cette organisation s’est vue aussi éclipsée par
le conflit idéologique qui a touché le monde entier qui, dans le cas de l’Amérique Latine,
203
s’est développé sous l’empreinte directe des Etats-Unis. C’est pour cela que sa condition de
forum international n’a pas été effectivement consolidé, vu que les sujets à traiter étaient
généralement subordonnés à la dialectique bipolaire.
De ce point de vue, il est facile de comprendre que la plupart des accords et des
résolutions ont eu un caractère pratiquement inoffensif, sans avoir développé la capacité
pour articuler des efforts politiques effectifs puisqu’ils se sont accommodés à la forme
d’influence des Etats-Unis, exercée sur chaque gouvernement en particulier, ainsi qu’à
travers des échanges militaires avec la plupart des Forces Armées du continent.
Et c’est ainsi qu’elle a perdu peu à peu de son influence et de sa présence internationale,
jusqu’à ce qu’une fois implanté l’embryon d’un nouvel ordre mondial, elle a commencé à
assumer des rôles pratiques pour trouver une solution aux contentieux intra-régionaux ainsi
que pour contrôler et certifier des processus politiques et électoraux, ce qui a permis un
nouvel influx revitalisant de ses fonctions.
Effectivement, aujourd’hui, l’OEA parraine et organise les plus importants forums
internationaux de caractère régional, parvenant à orienter l’effort politique en matière de
sécurité, les mesures de confiance mutuelle, le contrôle d’armes, entre autres, ainsi qu’une
importante variété de mesures tendant à renforcer le développement et la consolidation de
la démocratie.
En ce qui concerne le TIAR, qui a été créé en 1947 et actualisé en 1975, il faut souligner
qu’il est né avant l’OTAN et qu’on le qualifie comme étant le premier effort nord-
américain pour établir des régions alliées, qui répondraient contre les menaces
d’intervention et de représailles de l’ancien bloc communiste.
Son principe de base est que « les parties conviennent qu’une attaque armée de la part
d’un Etat contre un Etat américain sera considérée comme une attaque contre tous les Etats
204
américains », ce qui demande automatiquement –au moins sur le papier– l’assistance
immédiate du reste de la communauté pour combattre l’agresseur externe.
Néanmoins, l’histoire du TIAR est jalonnée au moins par six événements où son
effectivité a été amplement questionnée, la plus notoire étant l’invasion des Iles Malouines
en 1982, où une fois la guerre éclatée, Buenos Aires l’a invoqué, sollicitant de l’aide face à
l’agression d’un ennemi externe.
Cependant, bien que des pays de l’hémisphère aient essayé de répondre à l’appel, une
manœuvre des Etats-Unis invoquant le Conseil de Sécurité de l’ONU a donné une estocade
irrévocable au principe de coopération militaire mutuelle établi. Depuis lors, la sécurité
hémisphérique a été l’objet seulement de résolutions pleines de bonnes intentions.
Parmi les nombreuses considérations faites sur l’obsolescence du TIAR, on peut dire
qu’il se réfère exclusivement à des conflits produits entre états et des menaces provenant
purement des états, sans considérer de nouveaux acteurs de la sphère internationale dont la
manière d’agir ne suit pas les mouvements de la déclaration de guerre classique, ce qui
rend significativement difficile de s’accommoder aux réalités contemporaines.
Même si la Guerre des Malouines en 1982 a représenté la violation la plus flagrante
contre le TIAR et a scellé son illégitimité comme instrument de défense hémisphérique, il
y a eu d’autres conflits qui ont montré peu à peu la volatilité de l’accord et la discrétion de
son application.
Dans cette ligne, il devient intéressant de souligner que les Etats-Unis ont eu un rôle
protagoniste dans tous ces conflits et ont violé le principe de non-intervention dans les
affaires internes des pays américains, principe également reconnu dans ce traité.
Cependant, et ce qui est encore plus grave, un grand nombre de ces actions ont compté sur
le soutien politique des pays latino-américains.
205
En effet, en 1954, le Guatemala a été envahi pour renverser le gouvernement en
exercice ; en 1961 s’est produite l’action de la Baie des Cochons, pour essayer de renverser
le gouvernement de Cuba qui venait de s’installer ; en 1980, une intervention militaire
dissimulée a eu lieu contre le gouvernement du Nicaragua ; en 1983, Grenade est envahie
et, en 1989, le Panama est envahi et son président capturé; finalement, en 1994, il se
produit une intervention militaire à Haïti.
Dans un autre ordre d’idées, on identifie une évidente contradiction dans les fondements
de ce Traité car, s’agissant d’un instrument de nature exclusivement militaire, aucun pays
américain n’avait compromis sa force armée pour ces finalités, avec l’exception relative
des pouvoirs navals respectifs, ce qui vient renforcer la critique à son manque d’efficacité.
Plus encore, en vertu des lignes de la sécurité hémisphérique, on a développé une série
d’appréciations et de planifications en prévision d’une menace non nécessairement
partagée par les pays signataires, spécialement dans leur versant idéologique, se produisant
alors une incongruité qui, à l’heure de concrétiser une défense collective, creuserait toute
option de succès.
Confrontés aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les
chanceliers de l’hémisphère ont essayé de créer certaines conditions pour une réponse de
caractère régional. Pour cela, ils ont invoqué un traité qui est apparu au moment de la
Guerre Froide et qui, aujourd’hui, ne peut tenir sa promesse de base : garantir la sécurité de
l’Amérique et soutenir en groupe la lutte contre celui qui osera y porter atteinte.
Ce qui vient d’être exposé amène à penser que l’institutionnalité hémisphérique en
matière de sécurité est rigide, inefficace et obsolète, essentiellement parce que le TIAR n’a
pas de relations adéquates avec l’organisation directive de planification, la JID, et qu’il n’a
pas non plus de relation effective avec l’OEA et l’on manque de mécanismes effectifs de
prévention et de solution pacifique de conflits, ce qui implique de le reformuler.
206
De son côté, la JID est un organisme qui a été pratiquement inactif depuis la fin de la
Guerre Froide, en plus de ne pas avoir été considéré comme un instrument valable par la
plupart des états latino-américains, depuis ses débuts, basiquement pour être vu
extrêmement instrumental aux intérêts des Etats-Unis, qui a maintenu son siège et sa
direction depuis qu’elle a été créée en 1942.
Ainsi, son efficacité est questionnée quant au sens pratique de ses planifications qui se
sont développées sous un schéma rigide et elles auraient difficilement pu avoir obtenu
l’approbation des gouvernements qui y étaient représentés. On estime qu’il est très
difficile d’atteindre une cohérence entre la ligne d’analyse et de production de la JID avec
la politique extérieure de chaque état latino-américain dont les processus politiques
différaient souvent de l’orientation donnée par les Etats-Unis à cet organisme.
Cette orientation a eu deux caractères. Un direct, avec la présence d’officiers des Forces
Armées nord-américaines aux postes décisifs, spécialement en ce qui concerne
l’élaboration de la planification stratégique et opérative ; et un autre, avec l’influence
qu’avait reçu par formation la plupart des officiers latino-américains qui étaient mandatés
pour prêter des services à cette instance, comme conséquence très claire de la militarisation
régionale à laquelle on a déjà fait référence.
Un autre facteur de critique se rapporte à sa relation difficile avec l’OEA qui, même si
celle-ci est chargée de son financement, n’a pas d’ingérence sur son travail opératif, sans
que le récepteur des ressources n’ait aucune responsabilité administrative par-devant le
pourvoyeur, ce qui devient, en plus d’inadéquat, du moins, curieux.
Finalement, et dérivé de son caractère instrumental des Etats-Unis, on questionne son
véritable rôle, plus encore, on lui nie de l’avoir parce qu’il est resté dans la vision de
Guerre Froide et il n’est pas non plus en condition de répondre aux réels défis
contemporains. Néanmoins, on n’entrevoit pas sa disparition car on le considère une bonne
207
liaison entre les officiers latino-américains et certaines des instances de maniement des
grandes décisions mondiales.
En ce qui concerne le CID, pendant la Guerre Froide, il a eu un rôle important dans la
formation académique d’officiers latino-américains même s’il a été questionné à la suite de
ses liens, impossible de dissimuler, entre son orientation pédagogique et la doctrine de
Sécurité Nationale, qui évidemment se déduit de son contrôle par les Etats-Unis.
Cependant, des organisations qui se sont maintenues dans le temps depuis déjà un demi-
siècle, c’est peut-être une de celles qui s’est le mieux accommodée aux impératifs de
l’époque en cours, dérivant son orientation pédagogique vers des problèmes plus réels et
plus proches des demandes de la sécurité hémisphérique qui, à cause de la complexité de la
région, n’a pu se décanter définitivement.
Dans une dimension plus militaire, les Conférences des Commandants des Forces
Armées d’Amérique et les exercices combinés des Forces Armées, créés sous l’empreinte
la plus stricte de la Guerre Froide, ont rempli une importante fonction intégratrice, bien que
les bonnes intentions de coordination et d’emploi auraient difficilement pu arriver à se
concrétiser, étant donné la faible inter-opérativité entre les forces latino-américaines, aussi
bien entre elles qu’avec les moyens nord-américains.
Actuellement, ils affrontent des processus de re-définition, essentiellement comme
conséquence de la mutation dans la conception de menace, comprenant parfaitement que
l’adversaire commun a disparu dans son acception classique, déviant leur intérêt vers les
nouvelles formes de risques pour la sécurité de leurs états respectifs, avec une orientation
réaliste qui privilégie le sous régionalisme, en accord avec la réalité géopolitique de
l’Amérique.
Dans cette ligne d’action, la formation en opérations de paix prend une importance
spéciale, ainsi que l’intégration de forces dans la solution aux problèmes communs, parmi
208
lesquels il faut souligner le soutien au contrôle du trafic de drogue et du terrorisme, en plus
de la contribution à leurs respectives sociétés dans le maniement de situations de
catastrophe et de problèmes d’environnement.
Ces activités ont provoqué quelques critiques, dans le sens de marquer une tendance
vers la dénaturalisation du rôle des forces armées, spécialement des armées, quand on perd
de vue que leur essence se trouve dans un problème stratégique et non pas dans le subside
d’autres institutions nationales, ce qui a appelé à une profonde analyse et à la redéfinition
de leurs structures, en fonction des impératifs actuels.
Dans le domaine politique, après la fin de la Guerre Froide, deux instances centrales se
sont conformées dans le système interaméricain, la Commission de Sécurité
Hémisphérique de l’OEA et la Réunion des Ministres de la Défense des Amériques, sur
lesquelles il conviendrait de faire quelques réflexions.
Leur caractère politique actuel leur confère une condition incomparable pour assumer le
leadership dans le système parce qu’elles ne doivent pas supporter la lourde charge
historique des autres organisations et régimes analogues et parce qu’elles correspondent
aux niveaux de direction où on doit traiter les affaires de sécurité hémisphérique qui,
pendant longtemps, se sont articulées pauvrement depuis les Etats-Unis vers des niveaux
non autorisés pour la prise de décisions nationales.
Leur contribution la plus évidente a été celle de situer la discussion sur la sécurité au
niveau correspondant, le politique, devenant légitime en tant qu’instances valables qui
représentent les intérêts de l’ensemble des sociétés réunies dans le système interaméricain.
Il se peut que cette même condition porte atteinte à son effectivité étant donné le manque
de consensus en ce qui concerne ces matières, à l’exception de ce qui se réfère à la
consolidation de la démocratie et de la recherche d’accords internationaux.
209
Certes, l’hétérogénéité latino-américaine réapparaît comme une référence quant aux
accords en matière de sécurité, devenant une preuve qu’il est très difficile et complexe
d’atteindre l’unanimité de critères entre des sociétés qui ont des problèmes et des priorités
différentes et qui doivent chercher des accords d’abord de caractère bilatéral, ensuite sous-
régionaux et finalement hémisphériques.
En revoyant les arguments principaux qui confirment l’inefficacité de l’actuel système
interaméricain de sécurité, nous pouvons déduire que dans la plupart des cas, les
instruments ont été faibles pour limiter ou éviter l’intervention périodique, directe ou
indirecte des Etats-Unis dans la région, ainsi que pour promouvoir une diplomatie
préventive ou pour parvenir à ce que les parties d’une controverse atteignent une solution
pacifique.
En premier lieu, il faut prendre en compte le fait que la coordination continentale et
l’action collective contre un ennemi commun ne peuvent plus remplir cette fonction pour
les raisons suivantes :
L’action collective n’a pas de racines très profondes dans la région.
Les conditions de marché actuelles stimulent les options d’accommodation économique
individuelle.
La Guerre Froide a terminé et par conséquent, il n’existe pas d’ennemi commun.
Substituer le communisme par le trafic de drogue comme ennemi commun, non
seulement ne résout pas le problème mais l’aggrave parce que ce problème a besoin
d’une solution radicalement différente.
Finalement, on en a ressorti une tendance au développement d’autres mécanismes
collectifs, procédure qui, d’un côté, a donné des résultats satisfaisants et, de l’autre, n’a pas
compté sur la participation minimale des instruments classiques du système.
210
En effet, des mécanismes comme le Groupe de Contadora, qui est intervenu dans la
solution politique au problème de l’Amérique Centrale, ou comme le Groupe de Rio, réuni
pour le cas des frontières entre le Pérou et l’Equateur, entre autres, ont cherché à exercer
une diplomatie pour la paix qui n’aurait pas été rendue possible avec le concours de visions
typiques de Guerre Froide puisque le problème à résoudre avait des particularités et des
dimensions spéciales, non prévues dans les institutions et les régimes originaux.
211
II PARTIE : L’ÉVOLUTION DU CONCEPT DE SÉCURITÉ ET LES NOUVELLES MENACES EN AMERIQUE LATINE
L’évolution du concept de sécurité et des nouvelles menaces en Amérique Latine sera
traitée considérant les principales transformations qui ont une conséquence sur le concept
cité et sur la perception de coaction collective ou individuelle, répondant au fait
indiscutable que l’apparition de nouvelles formes d’intimidation pour les états ont créé un
changement dans la conception de sécurité dans la région.
Ensuite, il est également nécessaire de rendre compte des menaces, des préoccupations
et autres défis pour la sécurité hémisphérique, laissant en évidence les différences entre ces
trois concepts et ses portées également inégales selon que ce soit l’Etat ou la sous-région
qui se voit affectée.
212
En référence à ce qui précède, on expose divers points de vue sur les menaces contre la
sécurité hémisphérique qui nous conduisent finalement à nous prononcer sur l’existence ou
l’inexistence de risques qui nous affectent tous dans la région, comme préambule sine qua
non pour se prononcer sur un nouveau système de sécurité interaméricain pour les menaces
communes du XXIème siècle.
Dans ce sens, et comme corollaire de la recherche, on révise la valeur de l’utilisation des
organisations et des régimes internationaux liés à la sécurité hémisphérique, ce qui cède le
pas à un jugement péremptoire sur l’identification du grand problème qui l’affecte, qui est
l’articulation politique.
Etant donné ce qui précède, on développe une vision du problème depuis une vision
systémique qui permet d’identifier une meilleure relation entre des processus et des
réponses à des problèmes importants, en tant que soutien à la proposition de système de
sécurité hémisphérique pour faire face aux menaces communes.
1 PRINCIPALES TRANSFORMATIONS QUI ONT DES CONSÉQUENCES SUR LE
CONCEPT DE SÉCURITÉ ET SUR LA PERCEPTION DE MENACE
Traditionnellement, la Défense Nationale est vue exclusivement comme la protection du
territoire et de la souveraineté d’une communauté politique, considérant que l’emploi de la
force se justifie pour protéger l’institution de l’état qui, à son tour, est le responsable du
maintien de l’ordre, de la paix et de l’intégrité du territoire.
De cette approximation académique se dégagent plusieurs observations, à savoir :
Du point de vue réaliste, la sécurité de l’état équivaut à la sécurité nationale.
La sécurité doit être fournie par l’institution « état », à laquelle a été donné, par libre
décision, le mandat de protéger ses citoyens et, par conséquent, celui-ci est l’objectif
primaire de la sécurité.
213
La sécurité est comprise comme la sécurité territoriale.
La sécurité ou la protection de la sécurité implique l’emploi de la force. Ainsi, on
comprend que plus grand sera le pouvoir militaire que détient un état, plus importante sera
la sécurité.
La sécurité en Amérique Latine a été confondue fréquemment avec la sécurité militaire
ou avec la Défense Nationale. Cependant, on doit comprendre par sécurité la nécessité des
individus de vivre en paix et d’avoir les moyens économiques, sociaux et d’environnement
pour une existence digne. Cela implique l’absence de risques ou de menaces tangibles et
promeut l’existence d’une meilleure qualité de vie et surtout, il s’agit une question
politique et non militaire.135
D’autre part, la Défense Nationale est la responsabilité de la société d’un pays, à travers
ses représentants politiques, tandis que l’exécution correspond aux institutions
gouvernementales, lesquelles garantiront la sécurité interne selon l’efficacité de leur
gestion, soutenues par les forces armées, dont la fonction principale est celle de maintenir
l’ordre interne quand celui-ci disparaît ou d’agir en cas d’attaque armée contre leur état
d’origine.
En Amérique Latine, comme ailleurs dans le monde, la fin de la Guerre Froide a
modifié et élargi de façon importante la discussion autour de la sécurité et l’a éloignée des
conceptions traditionnelles, ancrées dans des aspects militaires, pour incorporer dans un
horizon plus ample ce qu’on appelle les « menaces », créant à son tour les conditions pour
un changement de paradigme, dont on esquisse quelques concepts :
Le consensus autour de la démocratie permet que l’axe de la préoccupation sur la
sécurité cesse d’être d’exclusivité de l’état et inclut l’individu.
135 MINISTERIO DE DEFENSA NACIONAL.- Op. Cit.
214
Avec l’individu comme force centripète des politiques, des concepts comme celui de
« sécurité humaine »136 acquièrent de la notoriété, assumée comme déterminante pour
assurer la paix et le développement, étant donné qu’elle peut renforcer la souveraineté
nationale et c’est la responsabilité non seulement de l’état mais aussi d’autres parties
intéressées comme les ONG, les corporations et les représentant élus populairement.
Avec cela on ne parlerait plus d’une attitude défensive centrée sur l’aspect militaire,
mais d’un concept de sécurité qui chercherait à garantir l’égalité d’opportunités, le plein
développement de la personne et la garantie des droits individuels.
La sécurité humaine signifie essentiellement une vie exempte de menaces profondes contre les droits des personnes, leur sécurité ou leurs propres vies. Elle a un rapport avec la réduction de la pauvreté, la prestation de services sociaux de base, l’actualité des droits de l’homme, du droit international humanitaire et de l’ engagement avec la démocratie. Cette notion coïncide avec un clair élargissement du concept de sécurité, laquelle s’est enrichie de nouveaux éléments.137
La projection démocratique existante sur le Continent mérite un intérêt spécial. Celle-ci
a eu comme conséquence que certains pays orientent leur concept de sécurité vers un
concept de « sécurité démocratique », comme manifestation expresse de la soumission des
forces de sécurité au contrôle civil des gouvernements élus démocratiquement. Plus qu’une
définition, elle contient un profond sens historique et politique pour les pays qui se
trouvaient en plein processus de transition depuis des régimes militaires138.
D’autres pays orientent ce concept central vers l’idée d’une « sécurité coopérative »,
comprenant par ceci que la coopération est la base de la création de stimulations pour le
développement intégral. 136 Concept établi à partir du Rapport de Développement Humain des Nations Unies de 1994 et repris à l’Assemblée Générale de l’OEA, qui s’est tenue en 2000 à Windsor, Canada,
par la délégation de ce pays.
137 Sonia Belisario, R.- La nueva concepción de Seguridad Hemisférica en América Latina.- Fort Lesley J.Mc Nair, Washington DC: Bibliothèque du Collège Interaméricain de
Défense, 2003, p.13.
138 Ibid.
215
Comme on peut le remarquer, il y a une vision holistique de la sécurité qui prétend
aborder son étude depuis une vision intégrale. Mais même d’un point de vue restrictif,
c’est-à-dire centré sur ces menaces directes, l’élargissement du concept est également
considérable. On a incorporé des sujets comme le terrorisme, la délinquance transnationale,
le trafic de drogue, le blanchiment d’actifs et la contrebande d’armes.
Par conséquent, il y a une nouvelle optique par rapport à la sécurité militaire, qui n’a pas
disparu, et qui a à voir avec le désarmement partiel cherchant des équilibres de potentiels,
la transparence, le développement commun et la construction de relations basées sur la
confiance mutuelle, comme conséquence de l’interrelation et de l’apparition d’un climat de
distension.
C’est pour cela que l’Amérique Latine est en train d’affronter une catégorie différente
de conflits, de plus grande complexité, laquelle, en plus de l’affrontement traditionnel pour
des motivations territoriales frontalières, considère ceux qui sont apparus des différences
économiques, sociales, culturelles, ethniques, religieuses et morales qui affectent le monde
et l’hémisphère.
De la même façon, il est intéressant de se rappeler que l’apparition des transformations
qui ont une incidence sur le concept de sécurité et sur la perception de menace, même s’il
s’agit de visions régionales, n’est pas éloignée de certains effets de caractère global,
comme ceux qui proviennent de ces éléments qui caractérisent le changement dans le
système international, qui sont, entre autres, les suivants : 139
Altération du rôle de l’État Nation
Importance croissante de nouveaux acteurs dans le système international.
Importance de l’économie comme moteur de changement international.
139 Aníbal Laiño, Desafíos al Estado Nación- Buenos Aires: Revista de la Escuela Superior de Guerra del Ejército Argentino ,octubre – diciembre 1995
216
Nouvelles formes de relation entre les États.
Diminution de la marge de liberté d’action des acteurs internationaux.
Subsistance de facteurs de tension classiques.
1.1 Le changement dans la conception de sécurité en Amérique Latine et les
nouvelles menaces
Il est nécessaire de rappeler que l’on ne peut pas nier que la fin de la Guerre Froide a
provoqué en Amérique Latine une redéfinition de ce que l’on concevait comme sécurité,
défense et menaces, aussi bien dans le domaine interne que régional. Le nouvel ordre
mondial a fait apparaître des problèmes, des conflits et des menaces latentes qui avaient été
assombris par l’amplitude du conflit entre les États-Unis et l’URSS.
Avec le système bipolaire, la menace commune pour la région latino-américaine
provenait de secteurs externes, spécifiquement du mouvement communiste international. A
présent, les nouvelles menaces proviennent aussi bien de l’intérieur de la région que d’en
dehors.
La sécurité sur le continent était conçue traditionnellement comme la continuité dans
l’existence de la nation et l’intégrité du territoire. Depuis les années soixante-dix, les
aspects de base de la sécurité sont accompagnés par d’autres éléments économiques et
politiques qui incorporent des éléments sociaux fondamentaux, reliés à la capacité des états
pour résoudre des problèmes critiques de type social, économique et politique de façon
démocratique et égalitaire.
C’est pour cela que les nouvelles menaces pour la sécurité sont venues occuper une
place prépondérante dans les considérations de sécurité de beaucoup d’états de
l’hémisphère, tendance qui se montre étroitement liée à une redéfinition du concept de
sécurité signalé précédemment.
217
La Déclaration de Bridgetown, adoptée à l’Assemblée Générale de l’OEA en juin 2002, a reconnu cette définition actualisée de sécurité, affirmant que : « les menaces, préoccupations et autre défis à la sécurité dans l’Hémisphère sont de nature diverse et de portée multidimensionnelle, et que le concept et la focalisation traditionnels doivent s’étendre pour comprendre de nouvelles menaces et non traditionnelles, qui incluent des aspects politiques, économiques, sociaux, de santé et d’environnement ».140
Dans cette Déclaration, on a également reconnu que ces nouvelles menaces,
préoccupations et autres défis sont des problèmes inter-sectoriaux qui demandent des
réponses aux aspects multiples de la part de différentes organisations nationales, agissant
toutes de façon appropriée conformément aux normes et aux principes démocratiques.
Par conséquent, les réponses à ces menaces, préoccupations et autres défis non
traditionnels sont également non traditionnelles et, dans de nombreux cas, elle
n’impliqueront pas la présence de forces de sécurité ou de défense d’aucun Etat, surtout car
ces phénomènes sont souvent de caractère transnational, raison pour laquelle ils ne
respectent pas les frontières nationales, ce qui signifie qu’aucun état ne peut les combattre
efficacement de lui-même.
Dans de nombreux cas, des personnes et des entités non étatiques apparaissent et
profitent des nombreux voyages de personnes et de commerce légitimes qui existent dans
notre hémisphère, chaque fois plus interdépendants, pour dissimuler leurs activités illicites.
Même si différents états et sous-régions peuvent donner différentes définitions de ces
menaces, préoccupations et autres défis pour la sécurité, il est important d’essayer d’établir
une identification hémisphérique commune de ces thèmes, pour que la région, si possible à
partir de là, puisse de façon conjointe répondre de façon unie et efficacement contre elles.
140 www.oas.org, accès le 18 novembre 2003
218
Conformément aux caractéristiques signalées précédemment, affronter les menaces
communes est une responsabilité de caractère hémisphérique et nécessite une coopération
régionale appropriée. D’ailleurs, les institutions du système interaméricain liées à la
sécurité sont celles qui seraient dans de meilleures conditions pour servir de base pour
affronter les menaces dans un contexte hémisphérique et sur la base de la collaboration
mutuelle.
En Amérique Latine, on reconnaît la nécessité d’examiner ces problèmes qui affectent la
stabilité de sociétés démocratiques pacifiques et sûres, comme le sont le désarmement et le
contrôle d’armements, les droits de l’homme, la qualité de vie, l’éducation, la pauvreté, la
sécurité, le terrorisme et le crime organisé, l’insatisfaction avec les résultats du modèle
économique, les catastrophes naturelles et la dégradation de l’environnement.
Parmi les menaces dans le domaine économique pour l’Amérique latine, il y a la
vulnérabilité externe et les crises économiques internes. Cette vulnérabilité des pays de la
région se trouve dans l’asymétrie et la dépendance dans les relations commerciales,
financières et technologiques avec les pays développés, spécialement avec les États-Unis.141
L’énorme dette externe, la détérioration en termes d’échange dans le commerce
extérieur, avec les prix bas d’un grand nombre de matières premières, le bas pouvoir de
décision dans le système monétaire international et l’incapacité de contrôler les
transactions financières internationales, ont une incidence directe sur les économies
détériorées de la région, accentuant leurs problèmes sociaux.
Il est possible d’affirmer que c’est dans l’aspect économique que résident les menaces
les plus immédiates et réelles contre la sécurité régionale, tels que les éclatements sociaux
et l’instabilité politique, qui a apporté comme conséquence de sérieuses mobilisations
sociales comme l’insurrection zapatiste au Mexique, la crise en Argentine et son impact
141 Juan Somavía et José Miguel Insulza.- Seguridad Democrática Regional.- Santiago: Editorial Nueva Sociedad, 1990. p. 23
219
désastreux sur le MERCOSUR, les convulsions internes en Equateur, au Pérou, en Bolivie,
au Vénézuéla, entre autres, qui sont quelques-uns des faits qui corroborent une telle
affirmation.
Un autre secteur est représenté par les activités illégales comme la contrebande, le trafic
de drogue, la délinquance, le crime organisé et les sans-papiers qui traversent les frontières.
Même si elles ont été objet de multiples actions conjointes pour les combattre, il n’existe
pas encore d’initiative régionale pour attaquer leur origine.
Un exemple de cela est la controverse apparue à propos de l’application du Plan
Colombie. En effet, on n’a pas donné de grande importance aux objections sur divers
points de cette application présentés par le Vénézuéla, le Brésil, l’Equateur et le Pérou,
pays voisins de la Colombie et pays principaux affectés par une possible escalade du
conflit.
Le Plan Colombie est une stratégie pour la paix, la prospérité et le renforcement institutionnel, mis en marche avec la collaboration des États-Unis et de l’Union Européenne pour créer un plan d’investissements dans des projets de développement, ainsi que pour récupérer la confiance interne, récupérant les normes basiques de cohabitation sociale, de promotion de la démocratie, de justice, d’intégrité territoriale, de création de conditions pour l’emploi, de respect pour les droits de l’homme et de conservation de l’ordre publique, sur la base de quatre stratégies primordiales, qui sont le processus de paix, la récupération économique, le renforcement institutionnel et la lutte contre le trafic de drogue.142
L’application du Plan Colombie pose deux points d’intérêt présents dans la réalité
hémisphérique en matière de sécurité.
La prépondérance des États-Unis dans la prise de décisions dans le domaine de la
sécurité régionale, dû au manque d’une véritable coopération multilatérale en la matière 142 www.mindefensa.gov.co/plan_colombia/ plan_colombia_que es.html.
220
et au manque de ressources des pays de la région pour faire face aux coûts d’un puissant
appareil militaire ou d’une forte aide économique pour entreprendre une telle tâche.
La position historique des nations latino-américaines de refuser à intervenir dans les
affaires internes d’autres nations.
Il faut ajouter à ce qui vient d’être dit de nouvelles controverses, desquelles ressort la
contradiction ouverte entre les politiques extérieures du Vénézuéla et des Etats-Unis. Alors
que ces derniers essaient de maintenir leur traditionnelle hégémonie régionale, le pays sud-
américain cherche à aligner des volontés dans une sorte de croisade anti-nord-américaine.
Quant aux menaces de guerre entre les états et aux agressions extracontinentales, il est
clair que le système antérieur a expiré et nécessite une nouvelle version des mécanismes de
sécurité collective, dirigés principalement à appliquer les mesures de confiance, à contrôler
l’acquisition d’armes par les nations et à établir des mécanismes compétents pour se
défendre.
De nos jours, dans un monde interdépendant, la sécurité ne peut pas être reléguée à un pays en particulier, ni dans le domaine politique, économique, social ou militaire, ni dans le domaine national ou international. La coopération entre les pays latino-américains est nécessaire, respectant l’intérêt national et le principe d’autodétermination, dans un cadre de co-existence pacifique. La coopération doit se diriger vers la prévention et le contrôle de conflits, afin de maintenir la paix dans la région servant en même temps de support au développement intégral régional.143
Dans un autre ordre d’idées, la position qui de nos jours soutient que, depuis la guerre
des Malouines, le système de sécurité hémisphérique s’est détérioré, système implanté dans
les années quarante, surtout en ce qui concerne sa crédibilité et a perdu sa raison d’être
depuis la chute du Mur de Berlin et, plus tard, du bloc communiste, est en train de prendre
de la force. 143Carlos Peñalosa.- Los ejércitos americanos ante un nuevo contexto internacional.México: Revista Política Internacional, Nº 17, janvier - mars de 1990. p.3
221
Par conséquent, on soutient que le moment est arrivé de réaliser une évaluation
approfondie de la sécurité de l’hémisphère, à partir du fait que le TIAR et le Pacte de
Bogota se trouvent pratiquement en état d’hibernation, cédant la place à une nouvelle
vision basée sur le fait que l’hétérogénéité et les asymétries dans le pouvoir économique et
militaire du Continent rendent évidentes également la nécessité de développer des accords
sous-régionaux de sécurité, plus en accord avec les diverses préoccupations et menaces de
groupes de pays unis par des traditions et des réalités physiques.
Ces types d’accord sont récents et ils se sont multipliés dans les dernières décennies, ce
que l’on prétend soutenir dans la description suivante :
Amérique Centrale : en 1995, le Traité Cadre de Sécurité Démocratique est
institutionnalisé. Il contient, entre autres, les objectifs suivants : la suprématie du
pouvoir civil, l’équilibre raisonnable de forces, la sécurité des personnes et de leurs
biens, le dépassement de la pauvreté, le développement durable, l’éradication de la
violence et du trafic d’armes.
Les Caraïbes : en 1996, on a établi le Système de Sécurité Régionale des Caraïbes qui
signale comme priorités la prévention du trafic illicite de stupéfiants, le sauvetage en cas
d’urgence nationale, le contrôle des migrations, la protection des ressources de pêche, le
contrôle douanier et des tarifs, la police maritime, les catastrophes naturelles, la
pollution et la contrebande.
Cône Sud : en 1999, les pays du MERCOSUR, plus la Bolivie et le Chili, se sont
déclarés zone de paix et ont accordé de se constituer comme zone exempte d’armes de
destruction massive et de mines anti-personnelles. Ils ont également accordé de
renforcer les mécanismes de coopération dans les thèmes de sécurité et l’emploi
exclusivement pacifique et sûr de l’énergie nucléaire, ainsi que de la science et de la
technologie spatiales.
Région Andine : en 2002, la Charte Andine pour la Paix et la Sécurité a été approuvée,
dans laquelle on établit les principes d’une politique communautaire de sécurité, basée
222
sur la coopération, la réduction des frais de défense, la solution pacifique de
controverses et la déclaration de zone de paix, entre autres.
De ce qui vient d’être exposé, on peut clairement en déduire que, même si on apprécie
une préoccupation commune pour la problématique de la sécurité, les accords reflètent que
chaque sous-région a des approximations différentes parce que leurs problèmes particuliers
affectent leurs perceptions respectives, développant des emphases différentes pour leurs
accords et leurs possibles solutions.
Pour cette raison, lorsqu’on identifie et décrit les menaces et les défis pour la sécurité
hémisphérique, on obtient seulement une vision générale dont les effets peuvent ne pas
correspondre ou affecter une zone en particulier. Cela produit un impératif pour identifier
celles qui seront de caractère commun, qui est un critère essentiel reflété dans l’hypothèse
qui lui donne du sens.
1.2. Identification des menaces, des préoccupations et autres défis pour la sécurité
hémisphérique144
Malgré les différences possibles des thèmes qui peuvent être qualifiés de menaces,
celles-ci se limitent, en général, à des situations variées qui réellement ou potentiellement
affectent la sécurité hémisphérique et sur lesquelles nous centrerons notre intérêt pour
l’analyse, comme le sont l’agression armée entre les états, dérivée de disputes non résolues
en ce qui concerne des frontières terrestres et/ou maritimes ; le trafic de drogue ; le trafic
illicite d’armes ; la prolifération d’armes de destruction massive ; le terrorisme
idéologique ; le blanchiment d’argent ; le crime organisé transnational et les migrations
massives non contrôlées.
144 Pour traiter ce sujet, on a eu recours à diverses souces, parmi lesquelles on peut souligner : OEA, Conférence Spéciqal sur la Sécurité Hémispherique.- Declaración sobre
Seguridad en las Américas.- Ciudad de México : archivo OEA, octubre 2003 ; XXXII Asamblea General de la OEA.- Declaración de Bridgetown : Enfoque Multidimensional de la
Seguridad Hemisférica. – barbados : juin 2002 ; Humberto de la Calle – Seguridad y Desarrollo, la dimensión política de la seguridad en Latinoamerica y el caribe. – Washington
DC : Séminaire parrainé par BID-OEA, septembre 2002 ; Luis Bittencourt.- Latin American Security : Emergin Challenges, The Global Century.- Washington DC : National Defense
University, 2001.
223
1.2.1 Agression armée inter-états dérivée de disputes non résolues concernant des
frontières terrestres et/ou maritimes
L’Amérique Latine est une des régions les plus pacifiques du monde et elle se
caractérise par de bas niveaux de dépense militaire dans les états. Mais les causes de
guerres et de conflits sont si compliquées qu’il n’est pas possible de soutenir que
l’agression armée a cessé d’être une menace.
Les malentendus, les différences nationales substantielles, l’échec des mesures de
réconciliation internes et le nationalisme exacerbé sont seulement quelques-uns des
nombreux facteurs qui pourraient conduire à des conflits armés dans le futur.
Pour cela, il est nécessaire que l’hémisphère maintienne la vigilance en ce qui concerne
les questions de sécurité traditionnelles et essaie de se doter des capacités nécessaires pour
prévenir et résoudre de manière pacifique des conflits, s’il existe la volonté pacifique de le
faire.
En Amérique Latine, il existe plus de 15 disputes frontalières qui représentent une
menace pour la paix et la stabilité hémisphérique, dont la résolution faciliterait la création
d’une région plus stable et plus sûre.
Même si l’application et le développement de mesures d’encouragement de la confiance
et de la sécurité, les accords et les déclarations sous-régionales sur la sécurité, la gestion
démocratique adéquate et l’intégration économique ont réduit la possibilité que certaines
de ces disputes puissent s’aggraver jusqu’à devenir des conflits armés, ces disputes
persistent et, par conséquent, elles représentent une menace pour la sécurité hémisphérique.
Le maintien dans le temps de cette menace, de caractère traditionnel, se comprend en
fonction de la délimitation que les états naissants ont reçue de la couronne espagnole dont
224
le défaut a été celui de ne pas respecter, nécessairement, certains aspects du déterminisme
géographique qui caractérise l’Amérique Latine qui, outre certaine imprécision de limites,
a contribué à l’apparition d’une culture de soupçons, de méfiance et de visions
géopolitiques dissociées entre elles.
Ce qui a été dit précédemment pourrait paraître contradictoire étant donné le bas niveau
de conflits que l’on concède à la région. Cependant, cela a son fondement plus sur
l’absence de guerres que sur l’absence de querelles pour des thèmes limitrophes, qui ne se
sont pas développées par manque de stature politico-stratégique et par l’influence exercée
par la puissance dominante, ce qui s’accentue au XXème siècle, avec une importance
particulière pendant la période de la Guerre Froide.
Actuellement, les efforts pour une plus grande intégration sont indéniables. Mais il n’y a
pratiquement aucun état latino-américain qui se prononce ouvertement pour l’élimination
de cette menace car il existe en général une conscience par rapport à son caractère culturel,
et cela requiert encore plus de temps et d’actions pour l’éradiquer des perceptions
politiques et sociales.
Cependant, il faudrait ajouter que, pour traiter cette matière, il est intéressant de
considérer les effets de la perception existante dans le sens où, dans les asymétries de
pouvoir aussi bien internes qu’externes, pourra se refléter une sorte de régression au
moment d’affronter d’anciennes ou de nouvelles différences.
D’ailleurs, dans la région, ça a été courant que des questions déterminées soient utilisées
comme des éléments qui agglutinent les sociétés –spécialement s’il s’agit de revendications
territoriales-, fréquemment chez des nations qui affrontent des ajournements de
développement ou qui soutiennent des postures radicalisées quant à la manière de
s’approcher à leur bien commun respectif, ce qui crée de l’instabilité et induit à percevoir
comme nécessaire la considération de la défense due face aux effets des changements, ceci
quant à leur lien avec d’autres sociétés.
225
1.2.2 Terrorisme
Ce fléau, dans sa plus pure acception, a indéniablement des racines idéologiques, même
si on l’identifie généralement avec d’autres motivations qui lui concèdent un qualificatif
spécifique. Néanmoins, comme il s’agit d’un sens ample, on doit l’associer avec l’idée de
la confrontation intentionnée pour imposer une volonté par la voie de l’action traître,
violente, parfois indistincte, profonde et provenant de secteurs radicalisés, incapables de
chercher leurs objectifs par la voie de la politique.
Pratiquement tous les états de l’hémisphère ont souffert, dans une certaine mesure, des
conséquences de ce type de terrorisme. Outre les nombreuses attaques terroristes directes
qui se sont produites au Pérou dans les années quatre vingt et quatre vingt dix, en
Argentine dans les années quatre vingt dix et aux Etats-Unis en 2001, entre autres cas,
l’ensemble a souffert des répercussions politiques et économiques de ce phénomène,
spécialement depuis les attaques du 11 septembre 2001 à New York et Washington.
Les terroristes, comme d’autres délinquants transnationaux, profitent de la globalisation
pour déplacer des personnes et des ressources dans le monde entier et, par conséquent,
profitent des contrôles frontaliers peu stricts, d’une législation sur les activités terroristes
inadéquate et d’une régulation bancaire insuffisante, comme celle qui existe dans de
nombreux états latino-américains.
Le risque explicite du terrorisme réside dans la facilité pour déstabiliser une société qui,
à son tour, peut être un facteur d’altération de la normalité dans une sous-région, et ainsi
successivement. Par conséquent, ce qui paraissait être un problème focalisé dans une
partie d’un état peut facilement comprendre un ensemble de ceux-ci, les exposant à une
spirale de violence bidirectionnelle, aussi bien depuis les groupes terroristes que depuis
l’état, dans ses efforts pour contrôler le fléau.
226
Actuellement dans la région, il n’y a pratiquement pas de processus révolutionnaires qui
ont recours à ce type de lutte, et il n’y a pas non plus de régimes qui justifient, du point de
vue politique, l’apparition de mouvements insurrectionnels ou d’actions de force de cette
nature.
Ce qui vient d’être dit précédemment pourrait paraître contradictoire avec le processus
colombien. Cependant, il faut signaler que cette situation n’est plus liée à des processus
politiques en soi mais à des activités délictuelles dans son acception essentielle étant donné
que la motivation principale se trouve dans ses rapports avec le trafic de drogue et ses
conséquences, sans que les forces concernées constituent une alternative réelle par rapport
à ceux qui détiennent le pouvoir.
De la même façon, l’augmentation de la préoccupation pour le terrorisme ne situe pas la
région dans une position centrale du problème, excepté pour sa proximité avec les Etats-
Unis, étant plus faisable son utilisation comme route de rapprochement que de contenir des
objectifs importants. Mais, comme il s’agit d’un fléau qui ne connaît pas de frontières, tout
état responsable doit prévoir sa façon d’agir et conjuguer les efforts avec ses pairs pour sa
neutralisation.
1.2.3 Blanchiment d’argent
Cette activité illicite provoque des conséquences sociales dévastatrices et c’est une
menace pour la sécurité hémisphérique parce qu’elle finance les activités des trafiquants de
drogue, des terroristes, des trafiquants d’armes et d’autres délinquants qui peuvent ainsi
agir et augmenter leurs activités délictuelles et c’est dans ce contexte que ces délinquants
manipulent les systèmes financiers.
Si on n’y fait pas face, le phénomène de blanchiment d’argent peut aller au détriment de
l’intégrité des institutions financières d’un état. Etant donné l’intense intégration des
marchés de capitaux, le blanchiment d’argent peut, en plus, frapper négativement les taux
227
d’intérêt nationaux et mondiaux, étant donné que ceux qui le réalisent réinvestissent des
fonds dans des endroits où leurs manœuvres ont moins de possibilités d’être détectées, plus
que dans des lieux où les taux de rentabilité sont les plus élevés, conformément à des
principes économiques solides.
L’Amérique Latine s’efforce d’attirer des investissements étrangers, comme façon
d’augmenter ses options de développement. Mais elle ne dispose pas toujours du soutien de
législations régulatrices qui permettent de découvrir ce type d’activités illicites, ou bien
elle dispose de vides légaux qui facilitent l’introduction de capitaux d’origine clandestine.
1.2.4 Trafic de drogue
Ce phénomène a des conséquences politiques, économiques et sociales pour tous les
états de l’hémisphère, étant donné que chaque société peut se voir touchée par une vaste
combinaison de facteurs où intervient le trafic de drogue : culture et/ou fabrication illicite
de narcotiques sur son territoire, violence et corruption internes alimentées par les gains
que produit le trafic de drogue, ou des conséquences sociales dérivées de la consommation
de narcotiques illicites.
Le simple volume des ressources que le trafic de drogue implique peut apparaître
accablant pour la capacité des différents états à faire face à ses effets. De plus, le caractère
transnational de cette menace et la dynamique de l’offre et de la demande justifient des
efforts multilatéraux de coopération, coordonnés et substantiels pour le combattre.
Parler de trafic de drogue en Amérique Latine sans le situer dans le contexte actuel de la
globalisation laisserait hors du débat les connexions internationales des organisations qui
se consacrent au trafic de drogues interdites, dont l’organisation en réseaux force une
révision et l’adaptation des politiques de lutte contre les drogues aux nouveaux
changements.
228
L’industrie du trafic de drogue a augmenté considérablement en Amérique Latine à
partir des années soixante dix, transformant l’économie et la politique du continent. Les
entreprises illégales centrées principalement sur le trafic de drogues interdites ont basé leur
stratégie sur une adaptation particulière des politiques de croissance destinée à
l’exportation, soulignant leur orientation à la demande et à l’exportation –leur marché le
plus important est les Etats-Unis- et à leur internationalisation.
Parmi les tâches de coordination que les personnes liées à cette activité illégale
accomplissent, on peut souligner la régulation des relations extérieures, c’est-à-dire, la
création de l’appareil ou du cordon de sécurité qui est formé par des individus éloignés de
l’organisation mais que l’on paie pour y collaborer, comme des policiers, des juges, des
hommes politiques, des avocats, des employés des douanes, des tueurs à gages, etc.
Le système du blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue, même s’il est
contrôlé par les organisations colombiennes et mexicaines, est effectué par des agents
spécialisés qui travaillent principalement avec les banques et des institutions financières de
Colombie, du Vénézuéla, du Panama et de la Floride.
Depuis la fin du XXème siècle, des transformations importantes se sont produites dans la
division internationale du travail de l’industrie des drogues, parmi lesquelles il faut en
signaler quelques unes qui ont un lien direct avec la région :
Apparition du Mexique comme centre d’exportation semi-autonome.
Revitalisation de la capacité productive de la Bolivie et du Pérou pour fabriquer et
exporter de la cocaïne avec des routes propres.
Réorganisation des cartels colombiens après la désarticulation des cartels de Cali et de
Medellin, étant apparus divers noyaux forts qui, à leur tour, sont intégrés par une
quantité considérable de petits groupes.
229
Emploi important des nouvelles technologies de communications, surtout les téléphones
et les ordinateurs portables, pour assurer leurs liaisons et continuer le cours des
transactions.
Les informations et les statistiques élaborées sur les routes du trafic de drogues
interdites en Amérique Latine, sans prendre en considération la Colombie, indiquent
qu’elles ont changé avec le temps, se déplaçant les unes les autres, comme manière d’éviter
les contrôles, ainsi que comme conséquence des nouvelles options qui peuvent être
déduites d’une activité en croissance, aussi bien de par la demande supérieure que par
l’interception plus importante de leurs envois, à savoir :
La Bolivie exporte sa production, dont il y a une partie de plus en plus importante de
chlorhydrate de cocaïne, à travers le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay, le
Chili.
Le Pérou produit et exporte du chlorhydrate de cocaïne au Mexique et envoie de la
cocaïne péruvienne et de la marihuana colombienne vers l’Europe et les Etats-Unis, par
voie maritime ou aérienne.
L’Equateur, quant à lui, subit également un trafic intense sur son territoire : « pasta
base » en direction nord-sud et chlorhydrate en direction sud-nord, depuis ses ports,
principalement.
Amérique Centrale et du Nord ont subi une augmentation au détriment des Caraïbes,
depuis le milieu des années quatre vingt dix, sans que pour cela les routes caribéennes
aient freiné la croissance de leur activité.
Quant à la relation du trafic de drogue avec le développement, il existe différentes
interprétations, depuis celles qui considèrent qu’il n’est pas développementiste, jusqu’à
celles qui mettent en relation la croissance économique avec les remises de devises et
l’investissement apparu avec le trafic de drogue. Dans une position intermédiaire, on
trouve celles qui évaluent l’impact économique de la coca/cocaïne selon le type de
230
développement que l’on examine, en fontion du segment de fabrication et des voies de
transfert.
1.2.5 Crime transnational organisé
Il s’agit d’une menace liée à un grand nombre de menaces transnationales mentionnées
dans cette recherche, comme le terrorisme, le trafic illicite d’armes, les migrations
massives non contrôlées, le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et la prolifération
d’armes de destruction massive.
Conformément à ce qui a été signalé, il facilite ce genre d’activités parce qu’il favorise
la corruption et la violence, sapant ainsi les bases des régimes démocratiques. C’est pour
cela que l’on considère qu’il n’y a pas pratiquement pas d’état étranger à l’action des
réseaux criminels transnationaux organisés. D’ailleurs, les capacités nationales
individuelles simplement ne suffisent pas pour faire face à cette menace de façon efficace.
Par conséquent, pour la réussite de tout programme de lutte contre cette menace,
l’adoption d’une perspective multilatérale basée sur la coopération, comme moyen viable
pour limiter ses mouvements et développer des procédures effectives pour sa
neutralisation, a une importance fondamentale.
Il s’agit d’un des phénomènes qui a pris de la vigueur à la suite des processus de
globalisation et qui touche l’économie, la politique et la sécurité nationale et internationale,
ainsi que la société en général et il est constitué par le délit global, l’interconnexion de
puissantes organisations criminelles et leurs associés dans des activités conjointes sur toute
la planète.
Les entreprises illégales du monde entier sont reliées à travers de réseaux où entrent en
relation tout type d’affaires. Même si la liste d’activités est très étendue, le trafic de drogue,
suivi du trafic d’armes, représente le secteur le plus important de ce marché. Le noyau du
231
système est constitué par le blanchiment d’argent, point où l’économie illégale se fonde
avec l’économie formelle, moyennant son introduction sur les marchés financiers, à travers
des plans financiers complexes et des réseaux commerciaux internationaux.
L’interconnexion est leur façon d’opérer, aussi bien interne qu’en relation avec d’autres
organisations. Les alliances stratégiques entre réseaux illégaux se créent suivant la stricte
logique des entreprises. Elles se respectent mutuellement et trouvent des points de
convergence tout au long des frontières nationales et des territoires de chacune d’entre
elles.
De son côté, l’économie illégale imprègne les mécanismes de l’état arrivant à assumer,
dans certains cas, des compétences propres de l’état dans les zones où celui-ci est faible ou
inexistant. Des exemples de cela sont le programme de logements et de services sociaux
pour les pauvres que Pablo Escobar a financé à Medellin (Colombie), ou dans le
développement des favelas à Sao Paulo et Rio de Janeiro (Brésil), où les services sociaux
dépendent, dans un certain sens, de l’économie de la drogue.
1.2.6 Trafic illicite d’armes
Cela constitue le moyen dont qu’utilisent les délinquants locaux et transnationaux, les
terroristes, les trafiquants de drogue et les insurgés pour mener à bout leurs actions
violentes.
Les états de l’hémisphère peuvent être affectés spécialement en qualité de récepteurs
d’armes illicites et comme points de transbordement.
Actuellement, une importante quantité d’armement de guerre est fournie à des
organisations subversives et délictuelles, faisant usage de la vaste expérience acquise
pendant la Guerre Froide ainsi que des vides légaux et du manque de capacité de contrôle
qui est évident dans la région.
232
Cette situation est particulièrement importante dans le corridor Colombie – Costa Rica –
Etats-Unis qui, dans le sens sud-nord, est utilisé pour le transport de drogue et, dans le sens
nord-sud, est employé pour le trafic d’armes afin d’approvisionner les demandes de la
« narcoguérilla » colombienne.
1.2.7 Prolifération d’armes de destruction massive
Peu d’états de la région reconnaissent posséder des armes chimiques, biologiques ou
nucléaires. Cependant, plusieurs d’entre eux ont la possibilité de contribuer à la
prolifération de matériel nécessaire pour la production d’armes de destruction massive.
La possibilité que des armes avec ces caractéristiques, ou leurs composants, puissent
entrer en contrebande dans un état pris comme objectif pour être utilisé par des terroristes
ou des insurgés, cautionne la préoccupation et le soupçon que la prolifération d’armes de
destruction massive est une menace très grave.
1.2.8 Migrations massives non contrôlées
Un processus migratoire d’un état à un autre, dans une période relativement brève, peut
déstabiliser le récepteur si celui-ci n’arrive pas à affronter les effets politiques,
économiques, sociaux et sanitaires de l’entrée d’un grand nombre de personnes.
Cet effet déstabilisateur peut également exister à l’intérieur des états, en cas de
déplacements massifs de personnes qui s’installent dans la même région à l’intérieur d’un
pays. Moins un pays ou une région est équipé pour faire face aux immigrants, plus il y
existera le danger que pose ce flux massif et non contrôlé de personnes.
233
1.3 Préoccupations et défis pour la sécurité145
De leur côté, les concepts de préoccupations et autres défis pour la sécurité
hémisphérique sont beaucoup plus vastes et se réfèrent à tous les phénomènes qui, avec le
temps, peuvent contribuer directement ou indirectement à l’instabilité ou au manque de
sécurité physique dans n’importe quel état de la Région.
Ils comprennent souvent une vaste gamme de facteurs comme les aspects politiques,
sociaux, économiques, de santé et d’environnement. Même s’il s’agit de questions très
graves, parfois ils ne représentent pas une priorité aussi grande que les menaces pour la
région signalées précédemment.
La responsabilité d’affronter les préoccupations et autres défis correspond
principalement à chacun des états, même si l’impact de ces problèmes peut être limité en
grande mesure avec une collaboration hémisphérique appropriée.
La meilleure manière de faire face à ces préoccupations et autres défis consiste à
adopter des mesures efficaces de la part des institutions nationales compétentes, différentes
des forces de défense et de sécurité et, dans le contexte hémisphérique, les institutions liées
à la sécurité sont rarement celles qui sont dans les meilleures conditions pour affronter de
façon adéquate ces problèmes.
1.3.1 La fragilité des gouvernements démocratiques
Il est essentiel de rappeler que la renaissance de la démocratie dans une partie
importante de la région est un phénomène récent et que, dans de nombreux états, il est
nécessaire de réaliser un travail à grande échelle de création ou d’adéquation des
institutions et une plus ferme consolidation de la démocratie.
145 Ibíd.
234
La désintégration de la démocratie en soi est un problème de sécurité, précisément parce
qu’elle peut contribuer à créer de l’insécurité et de l’instabilité physique dans n’importe
quel état, ainsi que causer des tensions avec des voisins dont la démocratie se voit
menacée.
1.3.2 Corruption
Il s’agit d’un important fléau qui affecte, à plus ou moins grande échelle, pratiquement
tous les états latino-américains, contribuant à l’insécurité par deux voies principales, telle
que la destruction de la foi de la population en les institutions démocratiques –ce qui
compromet la stabilité politique– ainsi qu’elle va en détriment de la capacité de répondre à
certaines menaces à leur sécurité, spécialement face à des organisations criminelles,
comme le trafic de drogue, entre autres.
1.3.3 Abus contre les droits individuels
L’abus persistant des droits de l’homme de la part d’un gouvernement ou de certains de
ses membres ou, de la part de groupes de tout type, affecte la sécurité individuelle à ses
niveaux les plus élémentaires car il est préjudiciable pour la sécurité des citoyens qui
doivent être en condition de pratiquer leurs droits politiques et civils universellement
reconnus, sans crainte de souffrir des représailles.
Ainsi, les abus contre les droits individuels vont au détriment de la légitimité des
gouvernements démocratiques, ce qui favorise l’instabilité politique.
1.3.4 Les maladies épidémiques
Il s’agit d’un problème de sécurité qui affecte plusieurs des états de l’hémisphère,
spécialement ceux des Caraïbes.
235
Le rapport entre le VIH/SIDA et la sécurité s’est déjà manifesté dans certaines zones
d’Afrique où les taux élevés d’infection conduisent à une énorme diminution de
l’espérance de vie, à des taux élevés de mortalité infantile et à un nombre élevé
d’orphelins, situations qui sont accablantes pour les institutions nationales qui étaient déjà
faibles.
La propagation des maladies infectieuses se voit favorisée par l’augmentation des
voyages domestiques et internationaux, impliquant un taux de risque plus élevé pour des
sociétés déterminées, étrangères à certains fléaux, ce à quoi s’ajoute le fait qu’elles
proviennent normalement d’états ayant une capacité moindre pour les prévenir et les
combattre.
1.3.5 Pauvreté extrême
De grands secteurs de la région continuent de vivre dans une pauvreté extrême, avec peu
de possibilités d’atteindre une mobilité ascendante, ce qui peut promouvoir l’instabilité à
long terme, amoindrissant la légitimité des gouvernements et créant un terrain fertile pour
l’exploitation des pauvres par les terroristes, les trafiquants de drogue et autres délinquants
transnationaux, ainsi que produire, parallèlement, des migrations dangereuses.
1.3.6 Catastrophes et dégradation naturelles et de l’environnement
Les catastrophes naturelles ont affecté et continueront de toucher la sécurité de tous les
états de l’Hémisphère. Les tornades, les ouragans, les inondations, les sécheresses, les
éruptions volcaniques, les avalanches et les tremblements de terre seront toujours une
terrible réalité dans notre Hémisphère. Souvent, les états de l’Hémisphère ayant une
capacité moindre pour répondre aux catastrophes naturelles sont les plus touchés.
Les désastres et la dégradation de l’environnement peuvent causer des effets dangereux
similaires aux conséquences des catastrophes naturelles. Les deux phénomènes peuvent
236
causer des dommages économiques et physiques graves, contribuant ainsi à l’instabilité des
Etats de la région.
1.3.7 Instabilité économique
La croissante interdépendance économique a entraîné une plus grande prospérité mais a
également rendu les états plus susceptibles aux effets de la propagation des crises
économiques. De plus, la chute soudaine des revenus d’exportation et des investissements
étrangers directs, causée par l’incertitude qui, très souvent, affecte l’économie mondiale,
affecte gravement les économies nationales de la région.
Une plus grande instabilité économique peut se traduire par une exacerbation de
l’instabilité politique et ronger la légitimité des gouvernements démocratiques, plus encore
aujourd’hui où les particularismes ont cédé la place à l’apparition de divers courants de
revendication, spécialement sur le plan ethnique et dans des secteurs marginalisés
socialement et économiquement.
1.3.8 Insécurité citadine
L’augmentation des délits avec violence cause aujourd’hui une crise de sécurité
publique. Certes, celle-ci provoque des effets affaiblissants dans l’ordre public, social et
politique de chaque état. D’ailleurs, l’insécurité citadine ronge les institutions
démocratiques étant donné que la population perd confiance dans la capacité de ses
autorités élues de garantir, même, sa sécurité de base.
1.3.9 Menaces pour les réseaux de transport et l’infrastructure clé
Le fait que l’hémisphère dépende de la technologie pour des activités quotidiennes et
pour une circulation sûre et rapide signifie que les sociétés sont spécialement vulnérables
aux menaces contre les réseaux de transport et d’infrastructure critique.
237
Cette situation se voit aggravée par le bas niveau d’intégration en matière de
communications, de transport, de technologie et d’infrastructure, ce qui crée certaines
conditions pour la rendre perméable à des intentions contraires à l’intérêt des états, ce qui
affecte l’interconnexion de certaines sous-régions qui doivent donner une protection solide
et coordonnée aux réseaux de transport et à l’infrastructure.
La description effectuée correspond, en général, à une vision académique, nettement
influencée par une perspective idéaliste et étanche du problème, qui s’efforce d’élargir au
maximum le spectre des menaces et des problèmes pour la sécurité, sans pour cela
atteindre un caractère hémisphérique, ne se responsabilisant pas des particularismes
propres aux sous-régions qui ont été déjà décrites dans cette investigation.
Dans ce sens, nous présenterons une série de points de vue en ce qui concerne les
menaces contre la sécurité hémisphérique, de façon à avoir des bases pour élaborer un
tableau comparatif qui permette d’évaluer, dans un sens ample, celles qui sont de caractère
commun et celles qui sont de portée partielle, ce qui les éloigne de l’axe de la recherche.
1.4 Analyse des menaces contre la sécurité hémisphérique
1.4.1 Point de vue de l’OEA
En premier lieu, les représentants des états membres de l’OEA, à travers la Commission
de Sécurité Hémisphérique, ont soutenu quelques idées importantes sur les menaces contre
la sécurité dans l’hémisphère, qui peuvent contribuer à déstabiliser les gouvernements
démocratiques.
238
Ces propositions ont été exposées dans le cadre des travaux préparatoires de la
Conférence Spéciale sur la Sécurité -qui a eu lieu en 2003 au Mexique- par rapport
auxquels nous esquisserons une synthèse avec les matières relatives à la recherche:146
En ce qui concerne le Traité Cadre de Sécurité Démocratique d’Amérique Centrale qui
développe et élargit le Protocole de Tegucigalpa souscrit en 1991, on a remarqué qu’il
s’agit d’un modèle multidimensionnel qui rompt avec la vision éminemment militaire et
qui incorpore la dimension humaine de la sécurité, ce qui implique un changement
radical dans une histoire dominée par l’autoritarisme et par une vision dénaturée de la
sécurité nationale.
Le Système de Sécurité Régionale des Caraïbes, adopté en 1982 par six nations des
Caraïbes, a proposé d’aller plus loin que la vision traditionnelle basée sur des menaces
militaires et d’inclure les défis qu’affrontent les pays en développement et les petits
états insulaires.
Dans ce sens, les menaces contre la sécurité nationale constituent également de graves
menaces contre la démocratie. Et un des plus grands défis qu’affronte peut-être
aujourd’hui la région du CARICOM est la pandémie du SIDA qui représente une
immense menace contre le développement économique et social et a le pouvoir de
ronger la base de la société entière, considérant que les indices d’infection par le virus
du SIDA dans les Caraïbes figurent parmi les plus hauts du monde.
La Charte Andine pour la Paix et la Sécurité, souscrite à Lima en juin dernier 2002,
s’est engagée à instaurer une zone de paix dans la Communauté Andine, s’agissant d’un
engagement qui constitue un message politique clair et une contribution importante des
pays de la sous-région au débat sur les thèmes de sécurité dans notre Organisation.
Après avoir énuméré d’autres engagements assumés dans la Charte Andine, parmi eux
celui de la limitation des frais de défense externe, le contrôle des armes
conventionnelles et la transparence, il a été fait référence aux menaces non
conventionnelles, réitérant l’engagement régional dans la lutte contre le terrorisme, le
146 OEA.- Amenazas a la Seguridad Pueden Desestabilizar la Democracia.- Washington DC: 30 octobre 2002, in www.oas.org
239
crime transnational, les drogues illicites, le blanchiment d’actifs et le trafic illicite
d’armes.
L’expérience du MERCOSUR, Bolivie et Chili, s’est basée sur la Déclaration Politique
de 1999 qui déclare la sous-région exempte d’armes nucléaires et établit des
mécanismes de consultation et de coopération en matière de sécurité et de défense entre
ses états membres.
Les initiatives sous-régionales ne doivent pas être interprétées comme antagoniques à
une perspective hémisphérique de sécurité et de défense, bien au contraire, puisqu’elles
apportent une plus grande objectivité et transparence et contribuent à l’identification des
valeurs partagées qui facilitent un point de vue plus ample.
La défense des systèmes démocratiques et leurs valeurs essentielles, la coopération
basée sur la transparence, le plein fonctionnement du système représentatif et la
consolidation de l’intégration constituent la base des formulations collectives et solidaires
que le MERCOSUR recherche pour le perfectionnement de la sécurité individuelle et
collective.
1.4.2 Point de vue centré sur des thèmes vastes de sécurité
Si l’analyse se situe dans la sous-région la plus stable du Continent, comme l’est le cône
Sud, en plus d’être la zone la moins touchée par les effets de l’interventionnisme nord-
américain, il est possible d’affirmer que les relations entre les états ont varié en intensité
depuis la fin de la Guerre Froide, se voyant favorisées par la prépondérance des affaires de
caractère économique.
Cette tendance a permis de visualiser de nouvelles options de développement, soutenues
par des processus d’intégration bilatérale et multilatérale sans précédents, dont les effets se
sont extrapolés aux domaines politiques et de sécurité. Cela a créé un climat d’entente qui a
contribué significativement à obtenir des accords sur des sujets cause de contentieux
240
historiques, tels que les délimitations frontalières et les aspirations hégémoniques sous-
jacentes dans des attitudes de rivalité qui ont été une constante pendant une partie
importante du XIXème et du XXème siècle.
Cependant, il subsiste certaines différences qui se trouvent enracinées dans les cultures
locales et qui, avec le temps, pourront laisser la place à de nouvelles situations de tension,
dans un milieu où le conflit n’a pas disparu mais a été contrôlé par des instruments de
politique extérieures plus appropriés –étant donné la nature des objectifs en dispute- que
l’affrontement ouvert.
Cette problématique sera abordée sur la base du développement de quelques idées en
relation avec les facteurs de tension qui, avec plus d’emphase, provoquent des conflits dans
l’actualité, également appelées « menaces émergentes » et qui sont perçues avec une
intensité diverse par chaque état tel qu’on l’indique par la suite :147
Le crime organisé international : représenté par le fléau du trafic de drogue et autres
activités illicites de caractère international, faisant place à diverses attitudes de chaque
gouvernement dans la lutte pour contrôler la situation et préserver ses propres intérêts
nationaux dans cette matière, provoquant de possibles désaccords qui affectent une
relation bilatérale ou collective.
Les problèmes d’environnement : nés de différences politiques communes pour
préserver l’environnement et de la perméabilité de chaque société face à des offres de
stockage ou de production de matériaux contaminants, spécialement lorsque les
processus de commercialisation impliquent la circulation à travers les territoires d’un
autre pays et l’irradiation de ses conséquences vers une société voisine.
L’accès à des ressources naturelles de base : considéré comme un sujet qui attirera
l’intérêt mondial dans le futur. Il est possible qu’il provoque des disputes dans deux
dimensions différentes, soit à cause des inégalités perçues face à l’intervention des
147 EJÉRCITO DE CHILE.- Trabajos preparatorios para las ponencias institucionales en los talleres de trabajo para la elaboración del Libro de la Defensa Nacional de Chile, edición
2002.- Santiago: ACAGUE, 2001
241
puissances mondiales dans l’exploitation et la provision d’une ressource rare, soit pour
la dispute qui pourrait apparaître pour l’accès à une ressource déterminée.
Actuellement, sur la planète, il existe une augmentation durable en ce qui concerne la
consommation des ressources naturelles, aussi bien par l’augmentation de la
spécialisation de l’homme dans des disciplines déterminées - et de sa domination
croissante sur l’environnement- que par la croissance soutenue de la population
mondiale, ce qui fait prévoir de futurs conflits entre acteurs internationaux pour la
possession et/ou le contrôle de ces ressources qui deviennent vitales pour le maintien de
la vie, parmi desquelles nous trouvons les hydrocarbures, l’eau douce, les ressources
océaniques et les minerais, entre autres.
L’Amérique Latine a été historiquement un fournisseur de matières premières,
concentrant une vaste disponibilité de ressources essentielles qui pourraient bien attirer
l’intérêt des puissances extracontinentales, ainsi que provoquer des conflits locaux de
portée régionale face au manque manifeste d’une ressource à la valeur stratégique.148
De même, il existe dans la région d’importants réservoirs d’eau, catalogués comme
étant les principales réserves mondiales ainsi qu’une généreuse biodiversité concentrée
dans le bassin de l’Amazone, qui couvre une grande partie de l’Amérique du Sud,
considérée vitale pour l’écosystème mondial.
Les instabilités politiques : on peut prédire que les effets d’une situation instable
peuvent produire un cadre d’ingouvernabilité qui détourne l’attention du problème de
fond, faisant réapparaître des idées de revendication ou revalorisant de vieilles disputes
pour des questions que l’on croyait contrôlées, spécialement comme conséquence du
développement des processus d’intégration. Il s’agit d’un sujet qui, même s’il est
difficile de le légitimer dans les circonstances actuelles, ne doit pas être laissé de côté
parce qu’il correspond à un sujet de caractère culturel dont la solution sera longue à
148 Gustavo Montalva E.- Recursos Naturales Vitales Como Potenciales Causas de Conflicto en Sudamérica.- Santiago : Memoire pour opter au titre de Professeur Militaire
d’Académie, ACAGUE. 2003, p. 65
242
obtenir, sur la base d’une disposition à assumer des réalités qui jusqu'à présent ont été
niées ou simplement n’ont pas été assumées.
Les asymétries de pouvoir : il s’agit d’un facteur de tension clé dans les relations sous-
régionales car on apprécie que, face à des situations déterminées, les états utilisent leur
capacité de représailles sur les plan politique et économique pour retourner des thèmes
déterminés qui les affectent, ce qui pourrait rendre plus tendues les relations au point de
confondre le fond du problème ou d’utiliser l’occasion pour imposer la solution d’autres
différends qui n’étaient pas présentables dans des circonstances de normalité.
Ce facteur acquiert une importance particulière quand le conflit se produit entre des
pays de différents degrés de pouvoir dans le domaine international -si propre de
l’Amérique Latine- à cause de leurs différences de poids politico-stratégique, soutenues
dans leurs capacités internes, ainsi que dans leur accès à d’autres instances de pouvoir.
Les migrations massives : une approximation initiale pourrait les situer comme étant
une conséquence des problèmes antérieurs, dans le sens de rechercher de meilleures
possibilités de développement personnel dans d’autres pays, le déplacement comme
conséquence de l’apparition de zones de sous-développement régional, ainsi que pour
les attitudes individuelles face à des occupations potentielles de vides géopolitiques.
En Amérique Latine, il n’y a pas eu de processus migratoires d’importance comme
conséquence des conflits inter-états. Mais il existe un flux permanent de personnes vers
les Etats-Unis, spécialement du Mexique, d’Amérique Centrale et des Caraïbes, au point
d’être une question importante dans une grande partie des économies locales qui
n’auraient pas comment substituer les ressources monétaires qui entrent par la voie de
remises qui sont envoyées par les émigrants à leurs familles qui restent dans la patrie.149
Ce que nous venons d’exposer permet de visualiser un changement considérable par
rapport aux caractéristiques des conflits potentiels dans la région, caractérisé par une
variation dans l’intensité et dans les conditions dans lesquelles se produisent les situations
149 Des opinions spécialisées soutiennent que, dans le cas du Salvador, un des pays qui apporte une considérable colonie illégale aux États-Unis, les revenus par remises dépassent les
US$ 1.500.000 par an, ce qui équivaut à plus de 10% de son PIB
243
de tension, ce qui oblige à développer des capacités de réponse aussi nouvelles que leurs
causes.
Cependant, les cultures locales et la potentialité d’une escalade qui fasse qu’une
situation échappe au contrôle permettent d’établir que le défi est dans l’élargissement du
spectre de solutions, sans éliminer les solutions traditionnelles car les relations actuelles ne
donnent pas de garanties face à une possible régression lorsqu’un conflit s’approche des
intérêt vitaux, maintenus comme tels par tous les états et explicités comme des éléments
qui les disposent à l’emploi de toutes les ressources disponibles pour leur préservation.
1.4.3 Point de vue de la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme150
En faisant ses présentations devant la Commission de Sécurité Hémisphérique de
l’OEA, elle évalue l’effort pour garantir la sécurité de la population de la région, soulignant
les débats sur l’opportunité et la nécessité de mesures pour protéger les populations du
terrorisme, des armes de destruction massive et autres dangers modernes et graves qui
menacent la sécurité.
Ces évènements ont également eu un effet sérieux sur les priorités et les ressources des
gouvernements des Amériques, de même que sur les fonctions et les mandats des organes
et des institutions de l’OEA, dont la Commission Interaméricaine des Droits de l’Homme.
En élaborant une vision multidimensionnelle de la sécurité hémisphérique, on reconnaît
qu’un grand nombre des nouvelles menaces, des préoccupations et des défis inhérents à la
sécurité sont de caractère transnational, qui peuvent requérir autant une coopération
hémisphérique adéquate que des réponses plurielles de la part des différentes organisations
nationales et des institutions existantes dans le système interaméricain.
150 Juan Mendez.- Presentación de la Comisión Interamericana de Derechos Humanos, ante la Comisión de Seguridad Hemisférica.- Washington DC: Archives OEA, mars 2003.
244
On établit également que la sécurité de l’hémisphère implique des facteurs politiques,
économiques, sociaux, sanitaires et d’environnement. Ainsi, la vision multidimensionnelle
de la sécurité hémisphérique reconnaît la pertinence de questions intimement liées à la
protection des droits de l’homme fondamentaux.
L’importance du Système Interaméricain des droits de l’homme pour garantir la sécurité
hémisphérique reste également illustrée dans des domaines déterminés du travail de la
Commission. L’exemple le plus récent dans ce sens se rapporte à la menace du terrorisme,
à partir du traitement duquel il a été élaboré un rapport qui essaie d’aider les états membres
à adopter des lois et des réglementations antiterroristes en accord avec leurs obligations
établies par droit international.
Comme une partie de son analyse, il a été signalé que les gouvernements des Amériques
sont obligés de prendre les mesures nécessaires de prévention du terrorisme et autres
formes de violence ainsi que de garantir la sécurité de leurs populations.
Les forces policières qui, le plus souvent, se trouvent au premier rang des actions
destinées à protéger la population de la violence criminelle, doivent être sujettes à un
contrôle efficace et doivent être les bénéficiaires d’un entraînement approprié et constant.
De la même façon, les initiatives hémisphériques pour coordonner les politiques et les
doctrines de défense peuvent êtres illustrées par la jurisprudence de la Commission en ce
qui concerne le rôle adéquat des militaires et à ce que le droit international ordonne par
rapport aux protections des droits de l’homme.
On a remarqué, par exemple, que la participation militaire dans les enquêtes criminelles
peut mettre en danger les droits des civils et que toute intervention militaire dans le
contrôle des civils doit être sujet à un strict contrôle et à une supervision civile, en
cohérence avec l’état de droit. Ceci est particulièrement intéressant par rapport à ces
245
motions qui tendent à justifier l’emploi des armées dans la lutte contre le trafic de drogue et
le terrorisme.
Au début du XXIème siècle, l’hémisphère doit faire face à de nouveaux et de nombreux
défis et menaces quant à sa sécurité, qui doivent êtres compris en termes économiques,
d’environnement et, logiquement, humains. Les initiatives entreprises par l’intermédiaire
de la Commission de Sécurité Hémisphérique sont, par conséquent, cruciales pour la
prospérité et le développement futurs de notre région.
1.4.4 Aspects essentiels contenus dans la Déclaration sur la Sécurité dans les Amériques,
approuvée le 28 octobre 2003151
S’étant récemment terminée la Conférence Spéciale sur la Sécurité Hémisphérique,
réalisée au Mexique entre le 27 et le 31 octobre 2003, il faut souligner quelques aspects
essentiels de ses contenus, reflétés dans la déclaration respective. Celle-ci affirme que la
coopération pour affronter les menaces traditionnelles et les nouvelles menaces, les
préoccupations et autres défis à la sécurité, se fonde également sur des valeurs partagées et
sur des points de vue communs reconnus dans le milieu hémisphérique.
Parmi les valeurs et les points de vue auxquels on fait allusion, il est possible de
souligner les points suivants :
Chaque état a le droit souverain d’identifier ses propres priorités nationales de sécurité
et de définir les stratégies, les plans et les actions pour faire face aux menaces contre sa
sécurité, conformément à son ordre juridique et dans le plein respect du droit
international et des normes et des principes de la Charte de l’OEA et de la Charte des
Nations Unies.
La démocratie représentative est une condition indispensable pour la stabilité, la paix et
le développement des états de l’hémisphère, 151 OEA. CONFÉRENCE SPÉCIALE SUR LA SÉCURITÉ HÉMISPHÉRIQUE.- Op. Cit.
246
Le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et la bonne gestion
gouvernementale sont essentiels pour la stabilité, la paix et le développement politique,
économique et social des états de hémisphère.
La subordination constitutionnelle de toutes les institutions de l’état à l’autorité civile
légalement constituée et le respect de l’état de droit par toutes les entités et secteurs de
la société sont des valeurs fondamentales et contribuent à la stabilité et à la paix.
Dans hémisphère, on réaffirme que le fondement et la raison d’être de la sécurité est la
protection de la personne humaine. La sécurité se renforce lorsqu’on approfondit sa
dimension humaine. Les conditions de la sécurité humaine s’améliorent avec le plein
respect de la dignité, des droit de l’homme et des libertés fondamentales des personnes,
ainsi qu’avec la promotion du développement économique et social, l’inclusion sociale,
l’éducation et la lutte contre la pauvreté, les maladies et la faim.
Les menaces, les préoccupations et autres défis à la sécurité dans l’hémisphère sont de
nature diverse et d’une portée multidimensionnelle et le concept et les points de vue
traditionnels doivent s’élargir pour comprendre des nouvelles menaces et des menaces
non traditionnelles qui incluent des aspects politiques, économiques, sociaux, de santé et
d’environnement.
Les menaces traditionnelles contre la sécurité et ses mécanismes pour les affronter
continuent d’être importantes et peuvent être de nature différente aux menaces
nouvelles, aux préoccupations et aux autres défis à la sécurité et aux mécanismes de
coopération pour les affronter.
Les nouvelles menaces, les préoccupations et autres défis à la sécurité hémisphériques
sont des problèmes inter-sectoriaux qui nécessitent des réponses aux aspects multiples,
de la part de différentes organisations nationales et, dans certains cas, d’associations
entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile, agissant tous de façon
appropriée selon les normes et les principes démocratique et les normes
constitutionnelles de chaque Etat.
Les états de l’hémisphère reconnaissent différents points de vue sur les menaces et les
priorités pour leur sécurité dont l’architecture devra être flexible et envisager les
particularités de chaque sous-région et de chaque état.
247
La sécurité des états de l’hémisphère se voit affectée, de différente façon, par des
menaces traditionnelles et par les nouvelles menaces suivantes, les préoccupations et
autres défis de diverse nature :
Le terrorisme, la délinquance organisée transnationale, le problème mondial des
drogues, la corruption, le blanchiment d’actifs, le trafic illicite d’armes et les
connexions entre eux.
La pauvreté extrême et l’exclusion sociale d’amples secteurs de la population qui
affectent aussi la stabilité et la démocratie, qui érodent également la cohésion
sociale et enfreint la sécurité des états.
Les catastrophes naturelles et celles d’origine humaine, le VIH/SIDA et autres
maladies, d’autres risques pour la santé et la détérioration de l’environnement ;
La traite de personnes
Les attaques à la sécurité cybernétique ;
La possibilité de dommage dans le cas d’un accident ou d’un incident pendant le
transport maritime de matériaux potentiellement dangereux, dont le pétrole, les
matériaux radiatifs et les déchets toxiques ; et
La possibilité d’accès, de possession et d’emploi d’armes de destruction massive
et leurs moyens vecteurs de la part des terroristes.
Les processus d’intégration sous-régionale et régionale contribuent à la stabilité et à la
sécurité dans l’hémisphère.
Les accords et les mécanismes de coopération bilatérale et sous-régionale en matière de
sécurité et défense sont des éléments essentiels pour renforcer la sécurité dans
l´hémisphère.
La prévention des conflits et la solution pacifique des controverses entre les états sont
fondamentales pour la stabilité et la sécurité de l’hémisphère
Les états de l’hémisphère reconnaissent l’importance du dialogue et d’autres efforts
nationaux pour obtenir la solution aux situations de conflits internes et arriver à la
réconciliation et à une paix durable et juste.
248
Le plein respect à l’intégrité du territoire national, la souveraineté et l’indépendance
politique de chaque état de la région sont la base fondamentale de la cohabitation
pacifique et de la sécurité dans hémisphère
Les états de l’hémisphère reconnaissent la nécessité de donner une solution rapide et
pacifique aux controverses qui subsistent encore et engagent tous leurs efforts pour
obtenir des accords négociés inspirés de la justice, du plein respect au droit international
et aux traités en vigueur.
Les mesures de promotion de la confiance et de la sécurité, la transparence dans les
politiques de défense et de sécurité contribuent à augmenter la stabilité, à sauvegarder la
paix et la sécurité hémisphérique et internationale et à consolider la démocratie.
Nous reconnaissons l’importance et l’utilité que les instruments et les accords
interaméricains ont, tels que le TIAR et le Traité Américain de Solutions Pacifiques
(Pacte de Bogotá), reconnaissant les différents points de vue sur la sécurité et les
engagements des états-membres.
Nous réitérons le propos d’atteindre une effective limitation d’armements
conventionnels qui permette de consacrer le plus grand nombre de ressources au
développement économique et social des états-membres.
La solidarité des états américains, exprimée à travers la coopération économique,
technique, politique, juridique, de l’environnement, social, de sécurité et de défense,
contribue à la stabilité et à la sécurité des états et de l’hémisphère dans son ensemble.
La sécurité de l’hémisphère se voit affectée par les menaces contre la paix et la sécurité
mondiales. De la même façon, un hémisphère stable et sûr constitue une composante
essentielle de la paix et de la sécurité mondiale. Par conséquent, les états de
l’hémisphère ont un rôle important à jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité
internationales, spécialement à travers le respect du droit international et le soutien aux
régimes bilatéraux, régionaux et multilatéraux, du désarmement et de la non
prolifération de toutes les armes de destruction massive et de contrôle d’armements,
ainsi que d’autres accords et aux négociations, mécanismes, activités et processus de
sécurité dans le cadre de l’ONU.
249
1.4.5 Une vision critique depuis le point de vue des organisations civiles
Depuis le point de vue de l’intérêt de la société civile pour la sécurité hémisphérique, les
organisations correspondantes soutiennent que la sécurité régionale commence avec la
garantie de la reconnaissance et du plein respect des droits de l’homme de tous les
habitants du continent.
Face aux redéfinitions du concept traditionnel de sécurité, pour lui donner une approche
multidimensionnelle qui réponde aux nécessités et aux préoccupations des états américains,
on insiste sur l’option de type multidimensionnel et pas exclusivement de caractère
militaire, faisant place aux réflexions suivantes:152
Les gouvernements de l’hémisphère ont élargi le concept de menace contre la sécurité,
maintenant les menaces traditionnelles comme étant les attaques externes contre
l’intégrité territoriale des états et incluant de nouvelles menaces comme le terrorisme, le
trafic de drogue et même, la pauvreté extrême, des maladies comme le VIH/SIDA et les
catastrophes naturelles. Cependant, ils n’ont pas défini ce qui convertit ces situations en
menaces contre la sécurité.
Par rapport à ce concept multidimensionnel de menaces, on ne crée pas un système
multidimensionnel de réponse, avec le risque que la vision unidimensionnelle de type
militaire continue, ce qui se contredit avec le fait que dans une démocratie pleine et
effective, le respect universel des libertés fondamentales et des droit de l’homme sont
des éléments essentiels qui doivent inclure ces mécanismes de réponse
multidimensionnels.
De la même façon, on ne distingue pas clairement entre les problèmes de sécurité
nationale et ceux qui ont une relation avec la sécurité publique étant donné qu’on ne doit
pas employer des solutions militaires pour tous les problèmes de sécurité et la
152 COMISION MEXICANA DE DEFENSA Y PROMOCION DE LOS DERECHOS HUMANOS.- Organizaciones nacionales e internacionales de la Sociedad civil expresan su
postura frente a la Conferencia Especial sobre Seguridad Hemisférica.- Ciudad de México: octobre 2003, in www. laneta.apc.org/cmdpdh/Boletines/html.
250
militarisation de la police et la criminalisation de la protestation sociale, qui sont des
tendances qu’il faut renverser, ne sont pas non plus appropriées.
Jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas défini le rôle de la JID - intégrée par les ministres de la
défense et les forces armées de hémisphère, promue et conduite par le gouvernement
des États-Unis- et son correspondant assujettissement aux organismes politiques de
l’OEA et sa qualité d’organisme assesseur technique et non opératif.
Bien que l’on reconnaisse l’interdépendance entre démocratie et droit de l’homme, on
n’apprécie pas une valorisation concrète sur la menace que représentent les violations
graves, systématiques et généralisées du droit international des droits de l’homme, du
droit international humanitaire et du droit international des réfugiés.
Pour faire face à la prédominance de la vision militariste et garantir un mécanisme de
réponse multidimensionnel, on doit assurer la participation d’autres organismes et
institutions internationales et régionales, comme la Commission Interaméricaine de Droits
de l’Homme, la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme et la Cour Pénale
Internationale.
Finalement, la participation de la société civile est essentielle pour garantir que les
initiatives de sécurité soient menées à bout, dans le plein respect des droits de l’homme et
des libertés fondamentales de la population. Par conséquent, les gouvernements doivent
garantir la transparence et définir les mécanismes qui assurent l’accès à l’information et à
la participation de la société civile dans les discussions et les décisions qui se prennent sur
ces thèmes.
1.5 Les menaces communes contre la sécurité hémisphérique existent-elles?
Le panorama international actuel tend à la configuration d’un système de relations
multiples, avec un tissu de liens politiques, économiques, sociaux et militaires, déployés
par des acteurs et des intérêts très divers, qui produisent une convergence flexible et
dynamique d’intérêts entre les différents pays.
251
À la différence de la Guerre Froide, aujourd’hui il n’y a pas de menaces claires et il n’y
a pas non plus aucune certitude sur le devenir du système international, ce qui conditionne
la prise de décisions et oblige à mener les relations dans un équilibre plutôt diffus.
C’est peut-être pour cela qu’il n'existe pas de vision uniforme sur la sécurité
hémisphérique dans la région, malgré la concordance sur le fait que le TIAR- en tant
qu’expression la plus connue du système interaméricain- est un instrument qui reflète les
asymétries entre les États-Unis et l’Amérique Latine, spécialement dans les aspects
technologiques et le pouvoir économique et militaire.
En Amérique Latine, cohabitent les hypothèses de conflit conventionnel, souvent
reformulées et très atténuées avec des nouvelles menaces qui, dans la mesure où elles
acquièrent de la force, pourraient même arriver à se transformer en hypothèse de conflit
non conventionnel.
Mais, indépendamment d’être considérées de non conventionnelles, la réflexion
s’oriente vers celles qui acquièrent le caractère de menace commune, de telle sorte que, en
vertu de cela, elle(s) soutient (ent) l’existence d’un système de sécurité qui concerne la
région dans son ensemble.
Basé sur les contenus de cette recherche et sur les diverses visions exposées, nous
présenterons un résumé des différentes approximations sur les menaces qui affectent la
région, dont nous allons extraire une vision intégrée qui permettra de délimiter celles qui
vont acquérir le caractère de menaces communes et qui, par conséquent, attireront l’intérêt
régional.
252
Résumé des menaces contre la sécurité hémisphérique
Vision Académique
Vision Ample de Sécurité
Vision OEA
Agression armée inter –
états
Armes de destruction
massive
Armes de destruction massive
Crime organisé
transnational
Crime organisé
international
Crime organisé transnational
Blanchiment d’argent Blanchiment d’actifs
Migrations massives Migrations massives
Trafic de drogue Problème mondial des
drogues
Terrorisme idéologique Terrorisme
Trafic illicite d’armes Trafic illicite d’armes
Accès à des ressources
naturelles de base
Asymétries de pouvoir
Instabilités politiques
Problèmes
d’environnement
Détérioration de
l’environnement153
153 Ce concept inclut deux autres menaces considérées par l’OEA et qui ont été considérées comme des manières de les concrétiser, comme le sont les accidents ou les incidents dans
le transport maritime de matériaux dangereux, les catastrophes naturelles et celles d’origine humaine.
253
Attaques à la sécurité
cybernétique
Corruption
Pauvreté extrême et exclusion
sociale
Traite de personnes
VIH/SIDA et autres maladies
TABLEAUX 2
Alors, qu’est-ce qui fait que les facteurs identifiés atteignent le caractère de menaces
communes ? Essentiellement leur potentialité pour affecter le système dans sa totalité, ou
une partie importante qui, se voyant perturbée par un événement contraire aux politiques et
aux accords régionaux, fasse voir comme étant en danger la prédominance des valeurs
partagées par les états de la région.
Le système international est, par définition, dépendant de l’action des acteurs qui y
participent. De ce point de vue, l’identification des menaces doit se faire à partir de celles
qui ont une capacité de déséquilibrer le système. Avec cette approche, les hypothèses de
conflit voisines ou d’origine historique doivent se réguler à leur niveau minimal et mettre
l’accent sur celles qui sont capables d’avoir de l’impact sur tout le système.154
De ce point de vue, le spectre des menaces contre la sécurité hémisphérique se réduit
considérablement, en fonction des fondements suivants :
La perturbation contre le système, ou d’une partie importante, se concrétisera seulement
par les menaces dont les effets atteindront les aspects structuraux d’une société ou d’un
154 Guillermo Holzmann.- El debate Sobre Seguridad Hemisférica en una Perspectiva Chilena.- Santiago : Institut de Sciences Politiques de la Universidad de Chile, 1998, p. 10
254
ensemble de sociétés, devant être affrontée avec une conception politique, avec la
création de solutions stratégiques et d’actions concrètes dans le domaine opératif.
La problématique sous-régionale, basée sur les caractéristiques et les conditions de
chaque ensemble géopolitique, pourra avoir des portées régionales, en fonction de la
capacité des menaces pour être présent sur des scénarios distants.
Comme exemple, la pauvreté et la marginalisation sociale qui affectent sévèrement
l’Amérique Centrale et les Caraïbes, au point d’être un facteur essentiel des grandes
décisions politiques, n’ont pas d’effets particuliers dans le Cône Sud qui, même s’il a
d’importantes quantités de population pauvre, celle-ci est plus assumée comme un défi
politique que comme une menace contre sa sécurité.
Un problème structurel d’une société peut acquérir une connotation sous-régionale ou
régionale quand ses effets dépassent ses frontières et produisent des interférences dans
d’autres états, les exposant à une menace externe.
Les menaces communes, même si elles sont importantes pour l’ensemble des états qui
conforment le système interaméricain, ont des effets de diverse intensité, quelle que soit
la région ou l’état dont il s’agit, en fonction également de la condition politique, sociale
et économique diverse de l’Amérique Latine.
Par conséquent, les menaces contre la sécurité hémisphérique, dont la portée doit
définitivement comprendre les niveaux politique, stratégique et opératif, sont les
suivantes :
Accès à des ressources naturelles de base, de la part des puissances extracontinentales
ou régionales, spécialement de celles dont la valeur atteint l’échelle planétaire.
Agression armée entre les états, apparue entre des états régionaux, dont les portées
dépassent leur sphère bilatérale.
Crime organisé transnational, qui agglutine tout type d’activités illicites effectuées par
des entités clandestines qui réussissent à ronger les bases politiques, économiques et
sociales des états.
255
Problèmes d’environnement, fondamentalement dérivés du mauvais maniement des
ressources et de la circulation des produits dangereux.
Trafic de drogue, dans ses activités de production des drogues, trafic et consommation.
Terrorisme, avec une plus importante connotation extracontinentale, le visualisant
comme fléau mondial.
Un analyse initiale des menaces sélectionnées permet de rendre à l’évidence que, dans
leur grande majorité, elles correspondent à des situations dont la probabilité qu’elles
surviennent se circonscrit au milieu intra-régional, étant liées à des problèmes existants en
Amérique Latine.
En deuxième lieu, le fait courant sera que la valorisation de telles menaces varie selon la
sous-région dont il s’agit car leurs portées et leurs effets ne sont pas uniformes, n’attirent
pas les mêmes intérêts et ne sont pas également possible de concrétiser, et elles n’auront
pas non plus la même intensité de réponse.
En troisième lieu, ces menaces seront plus ou moins importantes en fonction du risque
qu’elles impliquent pour la puissance dominante, par rapport à leur irradiation dans la
région, généralement en vertu de leur proximité géographique avec les États-Unis, de leur
condition de récepteur du problème final, ou si elles s’opposent ou non à des intérêts
déterminés nord-américains.
Finalement, ces menaces seront plus ou moins possibles, analysées individuellement,
quel que soit le degré de perméabilité qui caractérise un pays déterminé, face au problème
qu’une telle menace représente ce qui marque des différences dans la région, même au
niveau sous-régional.
Ce qui est exposé ne permet pas d’éclaircir le doute quant au caractère commun des
menaces, bien au contraire, une réponse simple est difficile, sans aucun doute, parce
qu’une telle simplicité n’est pas possible face au scénario hémisphérique actuel qui, en plus
256
des différences inhérentes à chaque société latino-américaine, ajoute la valeur élevée que
l’on donne aux particularismes qui acquièrent une importance dans la prépondérance du jeu
d’intérêts.
Alors, la réponse devra probablement être trouvée, plus que dans le risque pour
l’ensemble, dans les effets qui se feront sentir dans une grande partie de cet ensemble, ce
qui ouvre tout de suite les possibilités pour valoriser les menaces exposées.
Pour ce qui précède, on considérera la relation entre les menaces, les sous-régions
d’Amérique Latine et l’intensité du problème pour chacune d’entre elles, prenant en
compte la diversité géopolitique qui a été décrite, ce qui sera mesuré selon l’échelle
suivante :
Haute : dans la sous-région ou une partie importante des états qui la composent, toutes
les conditions existent, ou la plupart, pour la concrétisation d’une menace.
Moyenne : existant les conditions pour leur concrétisation, la probabilité qu’elles
surviennent s’atténue avec le développement de mesures palliatives ou pour une valeur
moindre de la sous-région comme objectif potentiel.
Basse : La probabilité qu’une menace survienne peut être neutralisée par l’action
soutenue des états ; ou il n’y a pas d’évidence de la valeur de la sous- région ou d’une
partie importante de ses états membres comme objectifs.
Sans incidence : Il n’y a pas d’évidence de relation entre le problème générateur de
menace et la sous-région.
257
Ainsi, synthétisons nous la relation menace – sous- région – intensité du problème
Menaces Sous-region Intensité
Accès aux ressources
naturelles
Etats-Unis - Canada
Mexique
Amérique Centrale
Les Caraïbes
Région Andine
Brésil
Cône Sud
Sans incidence
Basse
Sans Incidence
Sans Incidence
Haute
Haute
Haute
Agression armée inter
états
Etats-Unis - Canada
Mexique
Amérique Centrale
Les Caraïbes
Région Andine
Brésil
Cône Sud
Sans incidence
Sans Incidence
Basse
Basse
Moyenne
Basse
Moyenne
Crime organisé
transnational
Etats-Unis - Canada
Mexique
Amérique Centrale
Les Caraïbes
Région Andine
Brésil
Cône Sud
Haute
Haute
Haute
Haute
Haute
Moyenne
Basse
258
Trafic de drogues
Etats-Unis - Canada
Mexique
Amérique Centrale
Les Caraïbes
Région Andine
Brésil
Cône Sud
Haute
Haute
Haute
Haute
Haute
Moyenne
Moyenne
Problèmes
d’environnement
Etats-Unis - Canada
Mexique
Amérique Centrale
Les Caraïbes
Région Andine
Brésil
Cône Sud
Moyenne
Basse
Moyenne
Moyenne
Haute
Haute
Moyenne
Terrorisme
Etats-Unis - Canada
Mexique
Amérique Centrale
Les Caraïbes
Région Andine
Brésil
Cône Sud
Haute
Moyenne
Moyenne
Basse
Haute
Haute
Basse
TABLEAUX 3
Comme on peut observer, les effets de chaque menace ne se projettent pas sur la région
dans son ensemble avec la même intensité, même celles qui pourraient avoir le caractère
d’extracontinental, comme l’accès aux ressources naturelles, le terrorisme, la prolifération
d’armés de destruction massive et les problèmes d’environnement.
En synthèse, toute formulation par rapport à l’architecture de sécurité hémisphérique
doit considérer, comme élément sine qua non, la condition reflétée dans cette analyse quant
259
au traitement d’un cadre de menaces différent et leurs effets sur les sous-régions, qui a
besoin d’un élément d’articulation politique qui octroie de la flexibilité et la capacité de
graduer les réponses dans les domaines politique, stratégique et opératif.
1.6 Bases pour une nouvelle architecture de sécurité hémisphérique
Considérant le développement de la recherche, il est possible d’établir une série de
considérations qui serviront de base pour se prononcer quant à une nouvelle architecture de
sécurité hémisphérique qui, plus que nouvelle, doit être en mesure de garantir une réponse
à des problèmes politiques et stratégiques complexes qui sont en relation avec les
fondements du système en vigueur.
Dans ce sens, de l’analyse des différentes idées exposées dans le travail, il est possible
d’identifier quelques domaines conceptuels qui tendent à concentrer des aspects communs
qui sont à l’origine de ce qui pourrait s’appeler des axes orientateurs des diverses postures
sur la sécurité hémisphérique car ils représentent les aspects centraux des débats et des
opinions qui se réfèrent à cette matière.
Le fait que les engagements politiques souscrits entre les états du système
interaméricain prévalent, mettant l’accent sur le renforcement des régimes démocratiques,
sur le fonctionnement de l’état de droit et sur l’engagement de la volonté politique pour
ratifier des accords et des engagements en matière de coopération internationale et de
sécurité hémisphérique.
Ce qui précède est considéré comme la base pour consolider des idées en ce qui
concerne un système de sécurité internationale qui garantisse la paix et la sécurité
régionale, soutenu par un ordre juridique émanée des chartes de l’ONU et de l’OEA et qui
assure la pleine subordination des forces armées aux pouvoirs démocratiquement élus, ce
qui a été un problème récurrent dans une grande partie de la région, comme il a été mis en
évidence dans le développement de la recherche.
260
Un autre aspect important est constitué par l’intérêt général pour la prévention des
conflits dans l’hémisphère, qui se soutient sur la réduction des menaces traditionnelles par
la voie de la solution pacifique des controverses, développant des mesures pour limiter les
armements conventionnels, stimulant des mesures de confiance mutuelle, diminuant les
coûts de défense et, spécialement, s’en tenant strictement aux traités internationaux en
vigueur en la matière.
Pour sa part, l’existence de valeurs partagées et de visions communes pour affronter les
menaces traditionnelles et émergentes facilite la conception de la sécurité hémisphérique
avec une vision multidimensionnelle, abordant la problématique dans un sens ample qui, à
son tour, aboutira à l’adoption de procédures partagées et légitimées face aux sociétés
respectives.
Dans ce sens, et étant donné la politique latino-américaine, la dichotomie observée entre
les pouvoirs gouvernants et leurs forces armées impose le fait de considérer des mesures
correctives qui se reflètent dans la structuration d’un système de sécurité hémisphérique
dans le sens d’éviter que la préoccupation pour la problématique de sécurité se concentre
aux niveaux stratégique et opératif, sans compter avec la garantie politique.
Dans un autre ordre d’idées, la tendance à consolider le concept de sécurité humaine
apportera aussi une vision importante au moment de reformuler le système de sécurité,
chaque fois qu’il deviendra impératif de situer la personne humaine dans une position
centrale des politiques de sécurité, une fois qu’on se sera occupé de la vaste histoire de
transgression et de non considération de sa condition primaire dans tous les processus
politiques.
Dans la région, on observe une variation substantielle quant à sa valorisation, dans le
sens qu’il n’est pas possible d’établir une relation directe entre l’intensité des effets des
processus traumatisants entre les différentes sous-régions, ceci étant un phénomène qui a
261
acquis un caractère massif dans certaines sociétés, comme en Amérique Centrale et dans
les Caraïbes, en opposition avec une condition moins massive dans le Cône Sud mais qui
n’en est pas moins inquiétante.
Finalement, au moment de réviser l’architecture de sécurité et de développer une
proposition concrète, il est nécessaire de prendre en compte quelques précédents qui
apparaissent de l’observation des tendances qui se manifestent par rapport à cette matière,
à savoir :
Développer les processus d’articulation politique, comme premier précédent pour la
conformation et le fonctionnement du système.
Renforcer le cadre juridique existant.
Maintenir les structures existantes, si elles ont atteint leur objectif ou si elles
peuvent être recyclées au bénéfice du meilleur fonctionnement du système.
Evaluer l’impact que les possibles changements auraient sur les engagements qui se
trouvent en vigueur, comme ceux qui sont liés au combat contre le terrorisme, le
trafic de drogue, les droits de l’homme, le droit international humanitaire, les
initiatives de désarmement, le contrôle des armements, le Traité d’Ottawa, de
Tlatelolco, les Chartes de Paix, la réduction des frais militaires, entre autres.
Instituer le concept de flexibilité comme condition nécessaire pour toute
reformulation du système de sécurité hémisphérique, une fois qu’on se sera occupé
de la diversité géopolitique et stratégique régionale.
Renforcer les canaux de communication effective entre les organisations du
système, spécialement à son niveau supérieur, comme c’est le cas de l’OEA et de la
JID.
Etablir des procédures de vérification et de suivi des mesures qui seront mises en
place, dans le but d’évaluer la validité des structures.
Evaluer le rôle et la validité des mécanismes qui rendent possible la concrétion des
mesures de sécurité hémisphérique, comme c’est le cas du TIAR.
262
Evaluer des procédures ou des voies de coordination pour assurer que les effets des
traités et des accords bilatéraux et sous-régionaux puissent contribuer à la sécurité
hémisphérique.
2. UN NOUVEAU SYSTEME DE SECURITE INTERAMERICAIN POUR LES
MENACES COMMUNES DU XXIème SIECLE
Ayant conclu l’analyse du système de sécurité interaméricain, dans lequel on a intégré
des facteurs aussi divers que les caractéristiques géopolitiques de la région, ses relations
avec la puissance dominante, le caractère des menaces et leur évolution, la description du
système en soi et un bilan historiographique de la sécurité hémisphérique depuis 1826
jusqu’à nos jours, on a fait un pas vers une étape suivante de la recherche qui s’est
concrétisée à travers le développement d’une vision de l’entourage stratégique et
géopolitique régional actuel, et de façon spéciale, avec une proposition sur les menaces en
Amérique Latine, s’élargissant le concept de ce que l’on appelle les problèmes de
sécurité.155
Les éléments de la recherche et l’analyse effectuée permettent d’atteindre un stade de
consistance pour s’approcher de la fin du travail, sous forme d’une vision prospective du
système de sécurité interaméricain, qui intègre à la fois trois questions principales, tels que
l’apport ou la valeur d’emploi des organisations qui le composent ; quelques concepts sur
le problème principal mis en évidence qui, selon le jugement de l’auteur de cette thèse, est
le manque de capacité pour articuler politiquement les engrenages du système et, en
particulier, les portées de son architecture d’un point de vue systémique.
Selon ce qui a été signalé, on façonnera une proposition sur la reformulation du système
même qui, plus que prétendre exercer une influence révolutionnaire, s’orientera à recueillir
les organisations et les régimes dont l’efficacité leur concède légitimité et continuité face à 155 Du point de vue de la Comission de Sécurité Hémisphérique de l’OEA
263
n’importe quel scénario politique et stratégique, ainsi qu’à identifier et à exposer les
alternatives de solution pour les problèmes de fonctionnement d’entités de cette nature.
2.1 Organisations et régimes internationaux liés à la sécurité hémisphérique :
valeur de l’emploi présent 156
Cette vision sera développée sur la base des entités déjà considérées dans la recherche à
laquelle on ajoutera les organisations et les régimes internationaux qui sont apparus après
la fin du schéma bipolaire, sur la scène internationale actuelle, incluant une révision du
niveau d’ingérence de certaines entités, aux niveaux politique, stratégique et opératif.
2.1.1 Du niveau politique
2.1.1.1 L’OEA
En tant que principal forum interaméricain, il maintient son actualité et accroît ses
options d’orienter et de réguler l’effort conjoint en matières politiques, à l’intérieur
desquelles est, bien entendu, la fonction de sécurité hémisphérique.
Pendant la Guerre Froide, l’OEA a perdu des espaces d’action face à l’ingérence nord-
américaine et à la subordination de certaines matières au conflit global. Cependant, à partir
des années quatre-vingt-dix, elle a récupéré peu à peu sa position comme principal forum
politique hémisphérique, dont la souscription de nouveaux états régionaux qui, pour
différentes causes, ne l’intégraient pas.
Au début, elle a centré son action sur des questions qui pouvaient être cataloguées
jusqu’à secondaires, comme la vérification d’élections et d’accords de paix. Mais avec la
création de la Commission de Sécurité Hémisphérique, elle a revitalisé sa position en
156 María C Rosas.- ¿Existe la Seguridad Hemisférica ? - in María C. Rosas, (Coordinatrice).- Seguridad Hemisférica : un largo y sinuoso camino.- México: Universidad Nacional
Autónoma de México, 2003, pp. 55 – 59 et Keplak, Op.cit, pp.20 – 24.
264
matières de sécurité, avec un rôle plus actif et efficace, parmi lesquelles on peut citer sa
récente formalisation d’autorité sur la JID.
Cette situation, impensable pendant la Guerre Froide, a comme événement d’importance
le fait que, pour la première fois, la JID est sous le commandement d’un officier général
qui n’est pas des Etats-Unis, revenant à un général brésilien et, même si cela ne peut pas
être considéré comme étant un détachement de la première puissance mondiale de son
intérêt traditionnel pour exercer son influence dans ce forum, c’est un signe politique qui
doit être apprécié positivement pour contribuer au rapprochement de positions en matière
de sécurité, considérant la dialectique anti-Etats-Unis qui est apparue ces derniers temps.
2.1.1.2 Commission de Sécurité Hémisphérique de l’OEA
Créée en 1991 et de caractère permanent depuis 1995, c’est un instrument de
coordination dont l’importance se trouve dans sa condition de forum institutionnel
spécialisé qui permet d’aborder la problématique de sécurité régionale, soutenant
l’établissement de mesures de confiance.
A travers les processus sur la Construction de Mesures de Sécurité et de Confiance
(CMSC), il a été possible de souscrire des engagements qui proviennent de la Convention
Interaméricaine contre le Trafic et la Fabrication Illicite d’Armes de Feu, Munitions et
Explosifs et autres matériaux qui s’y rapportent.
A travers cet organisme, l’OEA a assumé que son rôle dans le système n’est pas mineur
et qu’il lui correspond de jouer un rôle déterminant dans l’établissement de politiques
communes et d’assurer la progression des instances de discussion et de coordination, dont
celles de niveau opératif.
265
2.1.1.3 Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque
Bien qu’il ait été la cible de dures critiques et d’une claire inefficacité, il semble ne pas
exister de volonté politique pour sa révocation, tant qu’on n’aura pas éclairci la portée que
cela aurait, spécialement si l’on considère que les conditions n’existent pas pour créer une
instance qui le substituerait.
Les difficultés qui ont été observées pour un fonctionnement adéquat, outre son peu de
flexibilité, se trouvent dans le manque de capacité pour produire des réponses qui
n’impliquent pas nécessairement un effort commun dans le domaine opératif, qui est le
domaine qui concentre la majeure difficulté pour obtenir des accords.
Ce qui vient d’être exposé semblerait contradictoire avec l’intense relation exercée par
les forces armées latino-américaines pendant plus d’un demi-siècle. Cependant, celle-ci est
davantage liée avec le plan des idées et des bonnes intentions qu’avec la capacité effective
d’interopérer dans des tâches communes relatives à la sécurité hémisphérique.
On pourrait dire que les états latino-américains ont une grande vocation pour discuter de
sujets en particulier mais, au moment de concrétiser un effort, les attitudes changent, ce qui
pourrait trouver se fonder sur le manque de stature politico-stratégique qui caractérise la
plupart d’entre eux.
2.1.1.4 Réunion des Ministres de la Défense des Amériques
Cette instance de dialogue s’est consolidée dans l’hémisphère, spécialement pour
donner une opportunité d’échange bilatéral et collectif, qui n’avait pas de précédents entre
des personnes également liées à la sécurité et à la défense sur le Continent.
266
Elle doit évoluer davantage vers l’OEA qui, en principe, n’a pas l’approbation des Etats-
Unis, bien qu’elle soit intégrée par les représentants de ces mêmes gouvernements qui
participent au principal forum interaméricain.
2.1.1.5 Traité de Tlatelolco
Par son importance, il rend possible l’existence d’une zone exempte d’armes nucléaires
qui s’étend depuis le sud du Rio Bravo jusqu’à la Patagonie, dont les nations des Caraïbes.
2.1.1.6 Sommet des Amériques (CA)
Le Sommet des Amériques est généralement identifié avec la création d’une zone de
libre échange au niveau hémisphérique. Cependant, il faut souligner qu’au sein du Sommet
il existe une vaste gamme de sujets qui incluent la sécurité hémisphérique, étant une
instance de dialogue politique qui permet de renforcer la discussion sur des affaires de cette
nature, spécialement au niveau politique le plus haut, constitué par les présidents et les
chefs d’état.
2.1.2 Du niveau stratégique
2.1.2.1 Traité de Sécurité Démocratique d’Amérique Centrale (TSDCA)
Il a été souscrit par tous les pays d’Amérique Centrale, avec l’exception de Belize, et a
l’objectif de réunir périodiquement les Ministres de la Défense, les chefs de l’Etat Major
Conjoint, et les agences de renseignements militaires, pour créer des mesures d’action et
de contrôle des frontières, ainsi que pour coordonner les efforts pour combattre le trafic
de stupéfiants, les menaces contre l’environnement, les catastrophes naturelles et le
crime international.
Il a permis la création d’un espace de dialogue sans précédent dans la région, où les
matières de sécurité se révisaient en termes d’antagonismes et d’alliances intra sectorielles,
267
pour passer à une vision d’ensemble qui s’est consolidée comme étant la meilleure
solution, jusqu’à présent, pour faire face aux sévères difficultés qu’ils partagent.
2.1.2.2 Système de Sécurité Régionale des Caraïbes Orientales (SSRCO)
Il s’agit d’un organisme qui a le devoir de coordonner les efforts des forces de sécurité
des pays participants pour affronter les catastrophes naturelles, le trafic de stupéfiants et le
crime international. Ses membres sont Antigua et Barbuda, les Barbades, la Dominique,
Granada, San Kitts et Nevis, Sainte Lucie et Saint Vincent et les Grenadines.
La dimension de sécurité de ces pays diffère en grande mesure des états continentaux, se
limitant davantage au trafic de drogue et aux pandémies, mais ils ont réussi à articuler une
instance de coordination qui permet d’optimiser leurs procédures, ainsi que de s’entendre
de façon conjointe avec les Etats-Unis et accroître leur présence dans des forums
internationaux.
2.1.2.3 Marché Commun du Cône Sud (MERCOSUR)
Même si le Mercosur est connu pour les objectifs économiques qu’il s’est fixé, il a
également réussi à améliorer la coopération dans le domaine de la sécurité parmi ses
membres.
Ceci s’appuie sur le fait que les avancées de ce groupe ont été rendues possibles grâce à
une conception vaste de l’accord, qui considère que les thèmes commerciaux ne peuvent
pas rester étrangers ou être détachés des affaires politiques et de sécurité, ceci compris
comme étant la base de tout processus d’intégration multilatérale comme celui-ci.
Les forces armées des pays du MERCOSUR conduisent à des rencontres au niveau des
états majors, dans lesquelles les thèmes de sécurité et de défense sont débattus et des
exercices conjoints sont réalisés, ce qui favorise également l’établissement de mesures de
268
confiance. Leurs membres pleins sont l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay et
leurs membres associés sont le Chili et la Bolivie.
2.1.2.4 Protocole d’Ushuaia (PU)
Il s’agit d’une déclaration politique formulée en juillet 1998 par les pays qui
appartiennent au MERCOSUR, pour créer une zone de paix dans le Cône Sud d’Amérique.
Il a été un référent important en ce qui concerne les avancées en matière de mesures de
confiance mutuelle entre les forces armées de la sous-région, spécialement au niveau des
armées qui affrontent la majeure difficulté car les personnes sont directement liées aux
actions, étant plus exposées aux effets des sensibilités humaines et des perceptions
adverses.
2.1.2.5 Compromis de Mendoza (CM)
Il s’agit d’une initiative adoptée par le Chili, l’Argentine et le Brésil en 1991, qui
interdit les armes chimiques et biologiques dans le Cône Sud, ayant atteint un complément
substantiel à ce qui a été adopté dans le Traité de Tlatelolco.
2.1.2.6 Processus Ministériel de Défense des Amériques (PMDA)
Il s’agit d’une initiative promue par les Etats-Unis en 1995 pour créer un forum de
débat en matière de sécurité entre des personnes civiles qui participent aux processus de
prise de décisions et les hauts commandements des forces armées. Il consiste en un
cours qui est proposé deux fois par an, pendant lequel les participants développent un
agenda en ce qui concerne l’identification des problèmes prioritaires dans le domaine de
la sécurité, comme le terrorisme, le trafic de stupéfiants, les relations civiles-militaires,
le rôle des militaires dans la société civile et les droits de l’homme, entre autres.
269
2.1.3 Du niveau opératif
2.1.3.1 Junte Interaméricaine de Défense (JID)
Depuis le 15 mars 2006, la JID est formellement une entité de l’OEA, après l’adoption
de son Statut par la XXXIIème Assemblée Générale Extraordinaire du forum
hémisphérique, avec l’approbation par unanimité des 34 délégations des Etats membres de
l’OEA.
Son Statut établit que la fonction de la Junte est d’être assesseur de l’OEA pour ce qui
concerne les thèmes liés aux affaires militaires et de défense et d’assurer une bonne
relation civile-militaire qui peut être de grande contribution pour « la gouvernabilité de
chaque pays et, ensemble, la création d’une ambiance de paix, de progrès et de respect des
droits de l’Homme dans toute l’Amérique ».157
Le document signale également que « la structure et les opérations de la JID s’inspirent
des principes de supervision civile et de subordination des institutions militaires à l’autorité
civile »158, selon la Charte Démocratique Interaméricaine et le principe de conformation
démocratique de ses autorités, afin d’assurer sa concordance avec les valeurs
démocratiques des Etats membres et de leur participation égalitaire.
Les délégués de la JID appartiennent aux forces armées de la région et, après qu’un
officier états-unien ait été à la tête depuis sa création, on a désigné pour la première fois un
officier général brésilien comme étant son chef, spécifiquement le général de brigade Jorge
Armando de Almeida Ribeiro.
157 OEA, communiqué de presse : Formalisée aujourd’hui la Junte Interaméricaine de Défense comme Organisme de l’OEA, Washington DC, 15 mars 2006.
158 Ibid.
270
2.1.3.2 Collège Interaméricain de Défense (CID)
Le CID a de l’importance dans des aspects tels que les relations civiles-militaires et la
protection et le renforcement des institutions démocratiques.
Ayant été amplement critiqué pour avoir donné un enseignement de Guerre Froide
dépassé par les événements, il a réussi à accommoder ses plans d’études vers le contexte
actuel, mettant l’accent sur une vision de la sécurité hémisphérique plus en accord avec les
temps présents et nuancée avec la plus importante incorporation de civils dans ses cours.
Une analyse des travaux présentés par ses stagaires permet de refléter les différentes
perceptions et visions que l’on a sur la matière dans chaque sous-région car l’emphase de
leurs investigations est marquée par l’intensité des problèmes et des menaces qui les
affectent, plus que par une perspective d’ensemble.
2.1.3.3 Conférences de Commandants des Forces Armées d’Amérique
Ce sont des rencontres qui se réalisent périodiquement avec la participation d’officiers
de l’armée, de la marine et de la force aérienne des pays de l’hémisphère, séparément, pour
débattre des aspects d’intérêt commun.
Indépendamment de l’importance militaire de ces rencontres, elles sont utiles parce
qu’elles contribuent à créer une ambiance propice pour établir des mesures de confiance et
de coopération.
De la même façon, elles ont évolué dans la thématique à aborder, la mettant en relation
de façon plus claire avec l’intérêt de leurs états respectifs, en accord avec leurs politiques
extérieures. Même, pour ce qui se réfère aux armées, elles ont modifié récemment leur
271
procédure de travail comme une façon d’améliorer la qualité de l’apport qu’ils espèrent
rendre.159
2.1.3.4 Système de Surveillance Amazonienne (SIVAM)
Créé par le Brésil dans les années quatre-vingt-dix, dans le but de combattre la
détérioration de l’environnement dans la zone amazonienne, avec la coopération des pays
du bassin de l’Amazone. Il cherche également à faire face aux défis que le trafic de
stupéfiants implique dans la région.
2.1.3.5 Exercices Combinés de Forces Armées
S’agissant d’une matière purement militaire, ces activités ont augmenté, normalement
sous la protection des Etats-Unis, et ont été un bon complément de la diplomatie des pays
de la région car leur développement s’est orienté vers des sujets brûlants à l’époque, tels
que les opérations de paix et les situations de crise, ainsi que vers la situation de problèmes
communs qui ne mènent pas nécessairement à l’emploi de la force, comme le soutien face
à des catastrophes naturelles et autres situations qui conseillent l’emploi de leurs capacités.
Cependant, cette nouvelle réalité n’a pas réussi à surmonter un manque historique, qui
est le manque d’inter-opérativité, propre de pays qui, sur le plan du voisinage, se voyaient
souvent comme des ennemis, constante qui tend à changer comme conséquence des
processus d’intégration bilatérale et sous-régionale qui se sont développés mais il s’agit
d’un long chemin non exempt de difficultés, spécialement sur le plan des perceptions.
L’exception à cette critique est constituée par les forces navales qui ont progressé dans
ce sens avec les exercices UNITAS, ainsi que les forces armées du Brésil qui, à partir de la
159 Cette tâche a été assumée avec succès par l’Armée du Chili, à partir de la Conférence de Comandants de l’Armée réalisée à Santiago en 2001 et consolidée dans la réunion récente
effectuée au Canada, en 2003.
272
Seconde Guerre Mondiale, ont maintenu un niveau de doctrine et d’entraînement supérieur
à celui de ses semblables de la région.
2.2 Le grand problème : l’articulation politique
Comme résultat de ce qui a été signalé dans le développement de la recherche, on peut
conclure que les efforts de sécurité hémisphérique déployés jusqu’à présent, à n’en pas
douter, manquent d’un élément crucial qui n’est autre chose qu’une sorte de fil conducteur
entre les différentes organisations qui opèrent à des niveaux différents, qui doit être de
caractère politique, de telle façon qu’il rende possible la concrétisation de buts communs,
pas toujours très clairs en ce qui se réfère à l’impact sur chaque état.
Un des facteurs politiques qui rend difficile le processus est le fait que tous les pays de
la région n’intègrent pas les principales instances relatives à la sécurité, spécialement dans
le domaine politique et ils n’ont pas non plus souscrits les principaux régimes
internationaux qui le soutiennent.
A titre d’exemple, dans la pratique, l’OEA, le TIAR et le Traité de Tlatelolco, dont
l’importance sur le plan de la sécurité ne se discute pas, sont exclusifs entre eux parce que
toutes les nations de l’hémisphère n’appartiennent pas ou ne sont pas souscrites à ces
organismes, ce qui annule la communication entre ces instances politiques.
En résumé, ce qui manque le plus incontestablement, étant la partie essentielle du
problème, est que le fil conducteur soit capable d’articuler des diversités qui ne peuvent
pas être évitées parce que leur profondeur et leur caractère structurel conditionnera toujours
le processus de prises de décisions de caractère hémisphérique.
Il faut ajouter la caractérisation de la région autour d’une grande diversité d’intérêts,
spécialement les attitudes de leaders sous-régionaux qui ont adopté une posture
273
ouvertement contraire aux intérêts des Etats-Unis, ce que l’on pourrait appeler une sorte
d’essai pour renverser la traditionnelle subordination de l’Amérique Latine.
2.3 Vision du problème du point de vue systémique
Pour une meilleure compréhension de ce qui a été signalé, nous développerons une
vision depuis le point de vue de la théorie des systèmes, pour mettre en contexte
l’explication du comportement du système, spécialement de ses sous-systèmes qui est la
partie où s’est trouvé le plus grand manque pour que les objectifs s’accomplissent de façon
effective, selon les caractéristiques politiques de la région et sa problématique de sécurité.
Nous devons comprendre que le concept de système, en général, s’appuie sur le fait
qu’aucun système ne peut exister totalement isolé et qu’il y aura toujours des facteurs
externes qui l’entourent et qui peuvent l’affecter, pouvant être défini comme un ensemble
d’entités caractérisées par certains attributs, qui ont des rapports entre eux et sont situés
dans un certain milieu, selon un certain objectif.
Les caractéristiques que les théoriciens ont attribuées aux systèmes sont l’interrelation et
l’interdépendance d’objets, d’attributs, d’événements et d’autres aspects similaires, la
totalité, la recherche d’objectifs, les facteurs de production et produits, la transformation,
l’entropie, une régulation, une hiérarchie, une différenciation et, l’équifinalité.160
Cette brève introduction soutient le développement d’une vision sur le fonctionnement
du système de sécurité interaméricain, dans le sens qu’il existe –avec des déficiences, mais
il existe– et que les postures contraires se soutiennent davantage sur son manque
d’efficacité que sur sa structuration en tant que telle.
Pour mieux expliquer cette dimension, nous avons développé une figure qui explique le
fonctionnement du système de sécurité interaméricain, en fonction des niveaux dans 160 Darío Rodríguez et Marcelo Arnold.- Sociedad y Teoría de Sistemas.- Santiago: 2ème Editorial Universitaria, 2ème Edition, 1992, chapitre I.
274
lesquels il opère -politique, stratégique et opératif-, les relations entre eux et son influence
sur la création de réponses effectives.
Fonctionnement du Système de Sécurité Interaméricain
Illustration 4
Légende:
Relation partiale
Relation sporadique
Un premier aspect qui saute aux yeux est l’identification d’une difficulté importante, qui
est que le système de sécurité interaméricain, outre recevoir de multiples inputs -provenant
de chaque acteur international lié à son processus- et devoir produire des outputs
différenciés pour des situations et des réalités particulières, opère à trois niveaux différents
Sous-système opératif
Sous-système politique
COUR INTERNATIO-
NALE DES DROITS
COMISSION INTERNATIO-
NALE DES DROITS
ONU
CPI Menaces
traditionnelles
Menaces Émergentes
Préoccupation et désir pour la sécurité individuelle et collective
Diversitès
Sous-système
stratégiqu
Réponses pour
situations complexe
s
O E A
275
-politique, stratégique et opératif- qui n’ont pas toujours des « vases communicants » qui
assurent que le processus s’écoule de façon adéquate.
Cela a été la cause de la distorsion historique de son fonctionnement, où les
organisations de niveau stratégique et opératif concevaient et planifiaient des solutions
contre la menace commune, sans nécessairement avoir obtenu le consentement de leurs
gouvernements respectifs, comme c’était le cas de la JID, des Conférences de
Commandants des Forces Armées, ainsi que des exercices UNITAS et d’autres.
Si on a critiqué l’ingérence des Etats-Unis dans cette matière, il faudrait convenir aussi
que l’opportunité lui a été concédée, par manque d’intérêt politique de s’immiscer dans la
problématique de sécurité, ainsi que par manque de capacité pour diriger des organisations
nationales qui sont soumises au contrôle du pouvoir légitimement constitué.
De cette même façon, il faudrait accorder à la JID et aux forces armées latino-
américaines, qu’au-delà de considérations partisanes qui n’ont pas de relations avec ce
travail, elles ont maintenu une préoccupation constante pour une affaire qui aurait pu
affecter gravement leurs sociétés respectives, centrant leur manière d’agir sur
l’identification des menaces et la visualisation de solutions possibles bien que cet intérêt ne
soit pas partagé par leurs gouvernements respectifs.
Pour sa part, le système développe un processus qui n’obéit pas à une séquence
hiérarchique directe parce que toutes les issues de son produit doivent être régulées par le
sous-système politique, ce qui n’a pas toujours été ainsi, spécialement en ce qui se réfère à
la préoccupation du niveau opératif pour la problématique de sécurité, qui se concrétise
normalement sans rapport avec le niveau politique.
Ce qui a été dit précédemment acquiert une gravité spéciale si l’on considère que cela
correspond au niveau politique de réguler ou d’autoriser, par loi normalement, les entrées
et les sorties de troupes et de ratifier tous les accords en matière de défense et de sécurité ce
276
qui nous amène à penser que, outre le manque d’intérêt, il y a eu un peu de négligence dans
cette matière.
En réalité, c’est curieux que cela se soit passé de cette autre manière puisqu’un sujet
aussi sensible que celui de la sécurité hémisphérique ne peut laisser de côté la présence
permanente de la supervision politique, spécialement sur un Continent aussi dissemblable
que l’Amérique.
Cette séparation du stratégique et de l’opératif ne doit pas être comprise comme une
dissociation entre des parties du système, bien au contraire, mais on doit souligner que
toute décision dans le domaine international est nécessairement politique, ce qui aurait dû
faire s’abstenir les autres sous-systèmes d’adopter des mesures sans leur autorisation
préalable, aussi louable qu’ait été leur finalité.
En effet, l’intégration de forces américaines pour affronter une menace commune, avec
l’exception des moyens navals qui ont acquis de l’expérience pendant plus de quarante ans
d’opérations UNITAS, est peut-être une utopie, puisque chaque état les crée et les organise
selon ses propres nécessités, sans l’existence d’une capacité réelle d’inter opération.
Ces aspects expliquent la hiérarchisation des sous-systèmes et, même s’il s’agit de
niveaux qui interagissent et se nécessitent les uns les autres, il existe une nette différence
dans le rôle que chacun joue dans le système, qui pourrait être approfondit si l’on opte pour
un caractère de coopération ou collectif de sécurité.
Malgré tout, le sous-système politique doit toujours avoir le dessus car la sécurité est
une affaire politique, comme l’est le conflit et ses modes de solution qui, dans certains cas,
envisagent l’emploi de la force mais toujours en fonction d’objectifs qui sont conçus et qui
opèrent au plus haut niveau de décision.
277
Finalement, ce qui a été prétendu, quant à démonstration de la nature du problème du
système de sécurité interaméricain, est atteint lorsqu’on établit –d’un point de vue
systémique- que les organisations, dans leur structure pure, sont adéquates pour participer à
la transformation des effets d’une menace depuis le risque total jusqu’au risque mesuré ou
contrôlé, élaborant des alternatives de solution pour chacune en particulier, si l’on compte
avec les instruments politiques, juridiques, de planification et d’exécution nécessaire pour
faire face à ces menaces avec des probabilités de succès et selon l’idiosyncrasie dominante
dans l’hémisphère et, l’existence dans celui-ci de la plus grande puissance mondiale, mais
sans arriver à ce qu’elle agisse de manière intégrée.
2.4 Une proposition de système de sécurité hémisphérique
La première chose à prendre en compte pour élaborer une proposition sera d’insister sur
le fait que l’idée d’une refonte ne passe pas par l’abolition des structures et l’incubation
d’une organisation méconnue. Bien au contraire, chaque fois que l’évidence concrétisée
dans la recherche permet d’identifier les manques du système dominant et ses principales
distorsions, il y a un important capital organisationnel dont on peut profiter pleinement.
De la même façon, il existe une expérience accumulée qui ne peut pas ne pas être prise
en compte, spécialement dans les domaines stratégique et opératif, qui facilite son avancée
vers de meilleures solutions et un fonctionnement en adéquation aux requêtes des menaces
communes du XXIème siècle.
De son côté, en termes politiques, il y a également une évidence que la volonté
d’introduire des modifications qui altèrent une organisation existante n’existe pas, ce qui
reste en relation avec les différences d’intérêts des principaux acteurs interaméricains, qui
n’appartiennent pas nécessairement à une sous-région ni n’opèrent de façon coordonnée,
comme les cas typiques du Mexique et du Brésil.
278
Avec ces prémisses, nous avons esquissé une vision graphique d’un système de sécurité
hémisphérique qui, profitant des organisations existantes et dont la valeur d’emploi est
effective, met principalement l’emphase sur les relations entre les composants du système
parce qu’on est arrivé à la conviction que le manque de capacité pour articuler
politiquement leurs actions, en grande mesure, est dû à une communication déficiente entre
les sous-systèmes, ce que l’on espère corriger.
Proposition pour re-définir le Système de Sécurité Interaméricain
Illustration 5
Légende:
Organisation éventuelle ou non créée
Relation de coordination
CCFAA
OEA
CSH
JID CID
TIAR
TLATELOLCO
RMDA
CA
TSDCA
SSRCO
MERCOSUR
PU
CM
PMDA
NIVEAUPOLITIQUE
NIVEAUSTRATÉGIQUE
NIVEAUOPÉRATIFECFA FORCE
MILITAIRETRAITÉS
MILITAIRESSOUS-
RÉGIONAUX
SIVAMCCFAA
OEA
CSH
JID CID
TIAR
TLATELOLCO
RMDA
CA
TSDCA
SSRCO
MERCOSUR
PU
CM
PMDA
NIVEAUPOLITIQUE
NIVEAUSTRATÉGIQUE
NIVEAUOPÉRATIFECFA FORCE
MILITAIRETRAITÉS
MILITAIRESSOUS-
RÉGIONAUX
SIVAM
279
Nous basant sur ce graphique, nous expliquerons par la suite la participation de chaque
composant, quelque soit le niveau qui lui corresponde, ce qui facilitera une deuxième
explication relative à son fonctionnement comme sous-systèmes, une fois corrigées les
distorsions déjà exposées, spécialement sur le plan politique.
2.4.1 Au niveau politique
L’OEA doit toujours être à la tête du système, principalement pour son importance
politique et parce que c’est l’institution qui agglutine le plus grand nombre de nations dans
la région.
Ses actions doivent être complétées, dans le domaine politique, par le Conseil de
Sécurité Hémisphérique dont le fonctionnement doit recevoir davantage de pouvoir pour, à
partir de là, obtenir l’articulation politique qui manque.
En effet, et comme on peut l’apprécier, ce conseil doit acquérir un rôle qui unit
davantage les organisations et, comme il a une condition de fonctionnement permanent, il a
une meilleure position pour effectuer le suivi des problèmes de sécurité et de menaces, et
pour orienter la planification et proposer les solutions aux états membres.
Sa capacité de coordination doit également atteindre les régimes internationaux et les
instances de dialogue qui sont de niveau politique, comme le TIAR, Tlatelolco, les RMDA
et les sommets, de telle façon que la thématique de sécurité obéisse à une ligne de
consensus, que l’on fasse meilleur usage des ressources, spécialement dans le domaine de
l’opportunité et que l’entendement hémisphérique prenne davantage de force dans ces
matières.
280
2.4.2 Au niveau stratégique
A ce niveau on a intégré fondamentalement les accords et les instances de caractère
sous-régional, pour leur lien avec chacun des acteurs, ainsi que parce qu’ils facilitent le
comportement des états face à l’intérêt de l’ensemble, qui a été défini par le niveau
politique –à l’OEA– évitant que les intérêts partiels affectent toute la région, ou au moins
atténuant leurs effets et coordonnant les actions.
2.4.3 Au niveau opératif
La proposition considère que les organisations de caractère opératif sont liées à la
question politique à travers la JID, dont la relation avec l’OEA a été modifiée, jusqu’à
obtenir une subordination effective, de telle sorte que ce qu’on décidera de réaliser sur le
plan militaire soit coordonné et subordonné aux préceptes politiques provenant du CSH, en
représentation de l’ensemble.
De cette façon, on arrivera à surmonter les déficiences, spécialement dans le domaine de
l’inter opérativité, étant donné qu’actuellement le standard est régulé par les Etats-Unis,
sans qu’il soit nécessairement lié aux intérêts ni aux capacités des forces de chaque état
membre.
Comme on peut l’observer, le CID continue d’être lié à la JID mais la structure des
matières doit être élargie, non seulement en ce qui concerne la sécurité hémisphérique,
avec une vision moderne, mais également pour obtenir à ce que soit donnée une doctrine
hémisphérique qui facilite l’interaction et crée une base de connaissances chez les civils et
les militaires vraiment formés, au-delà des contacts professionnels qui s’obtiennent
aujourd’hui.
281
Avec cette explication, on est en condition de présenter la correction au fonctionnement
du système, probablement sur le plan du devoir être, mais qui s’ajuste aux demandes des
impératifs de sécurité actuels.
Proposition de fonctionnement du Système de Sécurité Interaméricain
Illustration 6
Légende:
Relation de coordination
Comme on peut apprécier, le système développe un processus qui n’obéit pas à une
séquence hiérarchique directe parce que toutes les sorties de son produit sont régulées par
le sous-système politique, au point que la connexion entre ce qui est stratégique et ce qui
est opératif doit nécessairement s’effectuer à travers de décisions de caractère politique.
ONU CPI
COURINTERNATIONALE
DES DROITSDEL’HOMME
COMISSIONINTERNATIONALE
DES DROITSDEL’HOMME
1. Accès à des ressources nature-lles basiques.
2. Agression arméeinter-états.
3. Crime organisétransnational.
4. Trafic de drogue.5. Problèmes d`envi-
ronnement.6. Terrorisme.
Sous-systèmestratégique
Réponsesflexibles pour des situationscomplexeset différéespour une
sous-règionou plus
Sous-systèmeopératif
Sous-systèmepolitique
O E A
ONU CPI
COURINTERNATIONALE
DES DROITSDEL’HOMME
COMISSIONINTERNATIONALE
DES DROITSDEL’HOMME
1. Accès à des ressources nature-lles basiques.
2. Agression arméeinter-états.
3. Crime organisétransnational.
4. Trafic de drogue.5. Problèmes d`envi-
ronnement.6. Terrorisme.
Sous-systèmestratégique
Réponsesflexibles pour des situationscomplexeset différéespour une
sous-règionou plus
Sous-systèmeopératif
Sous-systèmepolitique
O E A
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Cette séparation de ce qui est stratégique et de ce qui est opératif ne doit pas être
comprise comme une dissociation entre les parties du système, bien au contraire, elle obéit
seulement à la meilleure manière de connecter des organisations qui se coordonnent pour
une fin déterminée, mais qui n’opèrent pas ensemble, celle-ci étant une des différences
importantes entre le modèle interaméricain et l’européen car il n’existe pas en Amérique un
commandement unifié ni de forces disponibles et entraînées pour accomplir des missions
selon leurs ordres.
Le produit du système, indépendant du niveau qui le fournit, doit être conçu comme une
réponse unitaire, de l’ensemble, caractérisée par la flexibilité nécessaire pour faire face à
des problèmes de nature diverse dont les effets ne rayonnent pas uniformément sur la
région.
De même, les relations entre les sous-systèmes seront toujours régulées par
l’organisation politique, sur laquelle retombe la responsabilité de concevoir, disposer et
contrôler l’exécution de missions et de tâches relatives à la sécurité internationale.
De cette façon, le grand problème du système de sécurité interaméricain aurait une
solution si on créait les liens entre les organismes et les sous-systèmes et si on centrait le
processus de prise de décisions au niveau correspondant qui, comme on l’a déjà dit, est de
caractère politique.
283
CONCLUSION
Ce travail nous a menés à travers le long chemin de l’évolution américaine, depuis les
processus d’indépendance jusqu’à l’époque actuelle, mettant en évidence la particularité de
sa composition sociale et politique qui, en soi, constitue le sceau de sa principale
caractérisation qui est un ensemble de diversités qui n’ont pas eu la capacité de conjuguer
les efforts autour d’objectifs communs.
Les différents points de vue qui expliquent ce phénomène coïncident dans un aspect
important, comme l’est la coexistence de réalités diverses – qui donne lieu au concept de
sous-régions – aggravé par la présence d’un pôle de développement plus important où se
trouvent les Etats-Unis et le Canada, définitivement des pays développés, en contraste avec
le monde hispano et les Caraïbes anglophones et francophones, qui se répartissent entre des
pays en voie de développement jusqu’à un vrai état manqué, comme Haïti.
284
De plus, il faut ajouter à la sous division classique de diverses sous-régions la
réapparition de forts particularismes, comme dans le cas de l’actuel gouvernement du
Vénézuéla qui s’est adonné à occuper les vides politiques qui se créent précisément à partir
d’une des plus grandes faiblesses de la région, son manque d’unité et d’identité commune.
Si on ajoute à ce contexte la défiguration de la menace commune, assumée comme telle
pendant la Guerre Froide et au-delà de toute considération sur la légitimité de son
identification, il se dégage que la problématique de sécurité a migré vers des dimensions
radicalement différentes ce qui a créé la base pour remettre en question l’institutionalité et
les mécanismes de sécurité hémisphérique.
En effet, l’OEA assume que les vrais problèmes qui frappent aujourd’hui la région ne se
circonscrivent pas à une menace idéologique de grande capacité militaire mais sont, bien
au contraire, en relation avec la croissance, la pauvreté, la criminalité, la précarité
démocratique et le manque d’intégration, comme étant des phénomènes qui permettent
d’identifier et de soutenir toute vision sur les menaces contre la sécurité régionale, dans un
concept plus vaste que celui de défense régionale.
De ce point de vue, la solution militaire aux problèmes de sécurité tend à perdre sa
prépondérance étant donné que le dilemme à vaincre n’est pas en relation avec la
protection d’objectifs stratégiquement classiques mais avec des phénomènes qui menacent
la structure des états, ce qui est précisément ce qui leur concède le caractère de problèmes
de sécurité et non de menaces.
Un autre aspect important à prendre en considération est le besoin impérieux de trouver
une solution au problème de perception négative quant au rôle des Etats-Unis dans la
région et dans le monde, étant donné qu’elle réussit à affecter les postures intégrationnistes
et rend possible la présence de ruptures qui se justifient face à la communauté
285
internationale comme étant une revendication de leurs droits soumis aux desseins de la
principale puissance actuelle.
Considérant que de tels efforts ne peuvent pas être unilatéraux, mais de l’ensemble, la
voie idéale passe par la promotion de l’harmonie, cherchant à créer une alliance stratégique
d’union, qui permette de consolider les institutions en vigueur, sur la base d’une vision
partagée sur la problématique de sécurité, dont le premier et précieux précédent se trouve
dans la Déclaration de Sécurité en Amérique, souscrite à Mexico en octobre 2003.
Dans ce contexte, la proposition élaborée ne prétend pas éliminer ce qui a été fait
pendant plus d’un demi-siècle, bien au contraire, mais par contre elle impose le fait
d’assumer que l’environnement stratégique et géopolitique de l’Amérique a changé de
manière radicale, au point que les équilibres de pouvoir se sont vus affectés comme
conséquence d’un environnement international dynamique à l’extrême.
Par conséquent, l’effort de recherche ne pouvait pas se centrer sur l’analyse de l’effet du
changement dans le Système de Sécurité Hémisphérique étant donné que l’identification
des nouvelles menaces et les problèmes de sécurité imposent l’urgence d’introduire des
modifications qui permettent de les affronter de manière effective et opportune.
Dans ce sens, la valeur de la proposition se trouve dans l’introduction d’un critère de
flexibilité pour trouver les solutions aux menaces et aux problèmes de sécurité, dont les
effets ne sont pas symétriques ni synchroniques, étant donné que les particularités
géopolitiques des sous-régions présentent de plus ou moins grands degrés de perméabilité à
leurs effets, dans le sens où pratiquement personne n’est en condition de s’y soustraire.
De là l’importance d’assumer également la diversité qui nous caractérise en tant que
région, bien que le reste du monde nous observe comme étant homogène, ce qui a été
démontré tout au long de l’investigation.
286
Maintenant, quant à l’identification des menaces et des problèmes de sécurité,
d’intensité et de provenance différentes, la réponse doit être aussi graduelle et flexible que
possible. Pour cela, il est nécessaire d’articuler les efforts, également divers, graduels et
flexibles, dont la conception et la direction doit nécessairement être politique, dans le sens
où l’affrontement des difficultés mentionnées est de moins en moins militaire et de plus en
plus politique.
De nos jours, ce serait très nocif et inefficace d’imposer un critère de solution
exclusivement militaire contre les menaces et les problèmes de sécurité qui nous affligent
alors que leur traitement nécessite des solutions qui se dirigent à la base des problèmes et
non pas seulement à neutraliser leurs effets.
L’articulation politique déjà mentionnée prend de l’importance dans la proposition à
partir du besoin de légitimer l’effort par rapport aux sociétés respectives et dans
l’environnement régional, basé sur le supposé qu’il s’agit d’une tâche éminemment
gouvernementale.
De même, la manière d’opérationnaliser ce besoin d’articulation politique s’est centrée
sur la Commission de Sécurité Hémisphérique, en tant qu’organisme capable de recevoir et
de donner une direction aux flux de problèmes et de réponses qui ont besoin de solutions
d’ensemble. Ceci a pris de la valeur grâce aux liens directs entre la JID et cet organisme, ce
qui n’était pas concret au début de la recherche, apparaissant depuis le début une
préoccupation spéciale pour le besoin de mettre en relation la Junte avec l’OEA, à travers
la CSH.
Le fondement pour assigner un rôle aussi important à la CSH dans la proposition de ce
travail se trouve en essence dans le simple fait que, sans changements majeurs, il s’agit
d’une organisation qui permet le lien avec l’OEA, dont elle fait partie, avec tous les
organismes et régimes internationaux existants et qui s’organisent selon les trois niveaux
définis, à savoir, le niveau politique, stratégique et opératif.
287
De cette façon, et étant donné son aptitude pour articuler des efforts de différents
niveaux vers des solutions aux problèmes communs, on optimise l’emploi de tous les outils
disponibles pour éviter, contrôler ou neutraliser une menace ou un problème de sécurité,
selon ce qui correspondra.
Finalement, et à la fin du développement de ce travail, il faut seulement mentionner le
besoin de comprendre à sa juste mesure la réalité américaine et la difficulté pour conjuguer
des efforts dans un système international de plus en plus complexe et dynamique, que la
variabilité des intérêts et des conduites affectent de manière significative l’intérêt de
l’ensemble, spécialement en matière de sécurité hémisphérique.
Certes, cette vision réaliste ne doit pas être comprise comme une vision pessimiste, étant
donné que malgré les difficultés du processus, le juste diagnostic de la problématique de
sécurité hémisphérique doit nécessairement orienter la recherche d’une forme de solution
qui arrive à harmoniser les intérêts individuels et collectifs avec les réponses que la société
américaine demande.
Lignes de recherche possibles:
La variation des priorités de sécurité face à l’apparition de leaderships qui
défient les Etats-Unis.
L’impact des leaderships «populistes» dans les capacités du système
interaméricain.
Les avancements atteints avec les changements dans les institutions du système
interaméricain.
Analyse critique du fonctionnement des organismes qui composent les sous-
systèmes duy Système interamericain.
288
INDEX Afghanistan, 46 Agression Armée, 222, 223 Agression Militaire, 149, 150, 152, 153, 154 Aguilar, 155 Alba, 136 Allemagne, 91, 104, 133 Allende, 111, 112 Alliance Pour Le Progrès, 94, 155, 177 Alvarez, 186 Amérique Centrale, 17, 19, 33, 35, 36, 39, 40, 48, 59, 60, 61, 62, 65, 66, 76, 87, 88, 90, 100, 101, 109, 112, 118, 119, 120, 124, 128, 131, 134, 161, 180, 186, 187, 191, 198, 210 Amérique Du Nord, 16, 18, 55, 57, 75 Amérique Du Sud, 17, 20, 33, 35, 39, 40, 49, 53, 57, 58, 76, 86, 88, 119 Amérique Insulaire, 17 Amérique Latine, 17, 18, 21, 22, 30, 33, 34, 35, 36, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 55, 59, 72, 75, 77, 83, 84, 87, 88, 90, 91, 92, 93, 95, 96, 97, 98, 99, 107, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 130, 132, 135, 154, 155, 157, 158, 159, 160, 161, 162, 166, 167, 168, 169, 170, 171, 185, 187, 194, 195, 202 Antigua Et Barbuda, 17, 177, 196 Antilles Néerlandaises, 17 Arbenz, 155 Arévalo, 299 Argentine, 17, 19, 35, 41, 48, 49, 53, 72, 73, 82, 83, 86, 88, 107, 108, 110, 118, 120, 122, 132, 162, 163, 169, 177, 182, 188, 196 Armée, 32, 34, 108, 162, 194 Arnold, 273, 310 Aruba, 17 Assemblée Générale, 50, 176, 177, 178, 181, 184, 190 Assistance Réciproque, 92, 137, 139, 173, 178 Atkins, 156 Ávila, 57 Baie Des Cochons, 109, 205 Barbades, 17, 178, 196, 267 Barry, 134 Barvalle, 164 Belisario, 214, 300 Belize, 17, 177, 196 Benítez, 55 Bermudes, 17 Bidegain, 157 Binnendijk, 132
289
Blanchiment D’argent, 54, 58, 222, 226, 228, 230, 231 Bodemer, 38, 72 Bolivar, 116 Bolivie, 17 Bonilla, 67 Brésil, 6, 17, 19, 20, 21, 33, 41, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 57, 72, 73, 77, 86, 88, 92, 109, 111, 116, 120, 122, 132, 163, 169, 177, 178, 183, 188, 196 Brigagao, 57 Brownfield, 45 Bureau Des Républiques Américaines, 86, 119, 128 Caicedo, 160 Caicos, 17 Canada, 16, 56, 58, 77, 174, 177, 196 Carter, 113 Carter, 82, 113 Chaco, 107 Charte De L’oea, 173, 174, 175, 177, 179 Charte De San Francisco, 181 Charte Des Nations Unies, 172, 245 Cheyre, 18, 86, 88, 93 Chili, 17, 19, 33, 34, 35, 39, 41, 48, 72, 73, 76, 86, 88, 96, 111, 112, 117, 120, 136, 163, 169, 177, 183, 184, 188, 196 Chine, 25, 83, 146, 150, 153, 154 Collège Interaméricain De Défense, 131, 140, 162, 174, 179, 186, 190, 191, 214, 270 Colombie, 17, 19, 33, 37, 41, 43, 47, 52, 59, 60, 67, 71, 102, 117, 169, 174, 177, 180, 183, 188, 196 Comité Juridique Interaméricain, 176 Commission De Sécurité Hémisphérique, 58, 173, 176, 184, 185, 188, 208, 237, 243, 245, 263, 264, 286 Commission De Sécurité Hémisphérique De L’oea, 173, 188, 208 Commission Interaméricaine Des Droits De L’homme, 176, 177 Conférence Des Armées, 196 Conférence Des Etats Américains, 155 Conférence Interaméricaine, 137, 180, 189 Conférence Navale Interaméricaine, 196 Conférence Panaméricaine, 86, 89, 92, 119, 120, 128 Conferencia De Ejércitos Americanos, 195, 302 Conflit, 32, 35, 36, 37, 54, 57, 59, 65, 69, 70, 71, 72, 73, 91, 99, 100, 101, 105, 122, 146, 151, 157, 181, 182, 202 Conflits, 30, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 45, 48, 49, 52, 59, 60, 66, 70, 71, 73, 98, 100, 109, 137, 149, 151, 158, 159, 169, 179, 197, 201, 204, 205 Congrès De Lima, 117 Conseil, 32, 56, 59, 114, 140, 145, 146, 178, 181, 190, 204 Conte, 113 Coordinadora Regional De Investigaciones Economicas Y Sociales, 35, 38
290
Coser, 302 Costa Rica, 17, 61, 118, 177, 180, 183, 196 Crime Organisé, 32, 37, 54, 58, 60, 64 Crise, 35, 36, 39, 40, 41, 57, 60, 70, 73, 81, 84, 97, 112, 118, 126, 168 Cuba, 17, 19, 25, 37, 41, 47, 48, 49, 87, 89, 98, 101, 102, 109, 111, 117, 120, 144, 145, 146, 148, 152, 153, 154, 156, 177, 179, 183, 205 Danemark, 17 De La Calle, 302 De Leon, 59 Declaración Oficial De La Conferencia De Ministros De Defensa De América, 32 Défense Nationale, 132, 212, 213 Destin Manifeste, 85, 128 Deutsch, 18 Doctrine Drago, 102 Doctrine Monroe, 82, 84, 87, 102, 118, 128, 131, 132, 134, 171 Dominique, 113, 177 Drago, 102, 133 Ecole Des Amériques, 161, 199 Ejército De Chile, 240 El Salvador, 17, 180, 183, 196 Environnement, 29, 31, 37, 47, 52, 57, 62, 64, 77, 78, 134, 165, 166, 208 Equateur, 17, 35 Escribano, 59 Etats-Unis, 16, 17, 18, 19, 22, 23, 41, 43, 47, 48, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 64, 65, 66, 69, 70, 75, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 89, 90, 91, 92, 93, 94, 95, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 112, 113, 114, 115, 116, 117, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 127, 128, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 138, 140, 143, 147, 148, 149, 153, 154, 155, 156, 159, 161, 162, 169, 171, 177, 183, 188, 190, 191, 192, 194, 195, 196, 197, 198, 200, 201, 203, 204, 205, 206, 207, 208, 209, 220, 225, 226, 228, 229, 232, 242, 257, 258, 264, 266, 267, 268, 271, 273, 275, 280, 283, 284 Europe Orientale, 146 Européen, 32 Exercices Combinés Des Forces Armées, 174 Falkland, 17 Fauriol, 53 Fino, 179 Forces Armées, 110, 148, 150, 157, 161, 174, 192, 194, 195, 197, 203, 206, 207 Fraga, 303 France, 17, 85, 133 Front Sandiniste De Libération Nationale, 112 Gamba-Stonehouse, 166 Gamboa, 86 Garay, 25, 28 García, 25, 29, 118, 195 Gaspar, 75
291
Gilly, 104 Globalisation, 26, 27, 28, 29, 31, 37, 57, 65, 68, 70, 167 Goulart, 109, 110 Grande Bretagne, 85, 97, 100, 119, 133, 134 Grenade, 17, 113, 169, 177, 205 Grenadines, 17, 177 Groenland, 17 Groupe De Contadora, 210 Groupe Oriental, 145, 146, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153, 154 Guatemala, 17, 59, 60, 108, 109, 118, 155, 163, 177, 180, 183, 189, 196, 205 Guerre, 19, 36, 37, 38, 43, 49, 50, 55, 57, 62, 68, 72, 76, 77, 78, 81, 85, 89, 91, 92, 93, 95, 97, 107, 121, 122, 125, 128, 134, 137, 138, 139, 143, 145, 150, 152, 154, 155, 158, 161, 162, 164, 166, 168, 169, 171, 178, 180, 188, 189, 197, 198, 199, 202, 204, 205, 206, 207, 208, 209, 210 Guerre De Corée, 140 Guerre Froide, 19, 36, 37, 38, 49, 50, 55, 57, 68, 72, 77, 78, 81, 92, 93, 95, 97, 122, 125, 139, 143, 145, 154, 155, 158, 161, 164, 166, 168, 169, 170, 171, 188, 197, 198, 202, 205, 206, 207, 208, 209, 210, 213, 216, 224, 231, 239, 251, 263, 264, 270, 284 Guyane, 17, 35, 39, 177, 196 Haïti, 17, 39, 48, 89, 102, 105, 114, 115, 120, 169, 177, 183, 205 Harris, 136 Hernandez, 189 Histoire, 19, 32, 34, 44, 97, 112, 125, 131, 134, 140, 170, 174, 179, 201, 204 Hoffmann, 305 Hollande, 17 Holzmann, 21, 253, 305 Honduras, 17, 39, 66, 104, 109, 111, 112, 118, 163, 177, 180, 183, 196 Huntington, 32 Iles Caïmans, 17 Irangate, 112 Jamaïque, 17, 177, 196 Japon, 82, 104 Junta Interamericana De Defensa, 146, 147 Junte Interaméricaine De Défense, 138, 173, 186, 189, 269 Juste Cause, 113, 114 Kant, 306 Kennedy, 109, 155 Keohane, 30, 81, 300, 306 Keplak, 171, 175, 185, 188, 192 Kissinger, 81, 82 Klaus, 72 L’union Panaméricaine, 86, 92, 123, 136, 172, 174, 189 Laiño, 164 Lampreia, 50 Lang, 147, 307
292
Latino-Américaine, 17, 21, 56, 97, 119, 125, 159, 162, 164, 167, 209 Le Crime Organisé, 218, 219, 222 Lemaitre, 100 Les Iles Vierges, 17 Levinson, 94 Machado, 98, 101, 106 Malouines, 17, 133, 204 Manifeste, 80, 85, 118, 128 Marché Commun Du Cône Sud, 267 Martínez, 99 Martinique, 17 Menace Extracontinentale, 135, 143, 145, 201 Mexique, 16, 18, 32, 37, 41, 47, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 76, 77, 85, 88, 98, 99, 104, 117, 118, 120, 124, 128, 133, 136, 177, 180, 183, 196 Migrations Massives, 165, 222, 230, 242 Ministerio De Defensa Nacional, 27 Ministerio De Defensa Nacional, 213 Molina, 31 Montserrat, 17 Morgenthau, 81 Moscou, 19, 109 Muñoz, 131, 133 Mur De Berlin, 23, 126 Nef, 84, 85, 90 Nevis, 17, 177 Nicaragua, 17, 39, 85, 89, 96, 100, 101, 102, 103, 104, 106, 111, 112, 118, 120, 177, 180, 183, 196, 205 Nixon, 95 Noriega, 114 Nuñez, 84, 85, 90 Nye, 30, 81 Oea, 35, 45, 50, 52, 54, 58, 68, 71, 92, 111, 123, 139, 140, 144, 145, 152, 156, 170, 171, 172, 174, 175, 176, 177, 178, 179, 184, 185, 186, 187, 189, 190, 191, 192, 201, 202, 203, 205, 206, 214, 217, 237, 238, 243, 245, 250, 252, 259, 261, 262, 263, 264, 266, 269, 272, 279, 280, 284, 286, 296, 302, 308, 309, 310 Oliveira, 50, 54 Organisation Des Etats Américains, 145 Organisation Des Etats Américains, 173, 174 Pacte D’aide Mutuelle, 162 Pacte De Rio, 175, 195 Pacte De Varsovie, 25 Panama, 17, 87, 102, 103, 113, 114, 136, 137 Panamá, 59, 61, 113, 161, 163, 169, 174, 177, 180, 183, 196, 199, 205, 302, 307 Panamáa, 45 Paraguay, 17, 19, 53, 99, 100, 107, 111, 118, 169, 177, 183, 196
293
Peñalosa, 220 Pérou, 17, 19, 35, 37, 52, 67, 72, 109, 117, 163, 169, 177, 178, 180, 184, 196, 210 Politique De Contention, 154 Pologne, 137 Première Guerre Mondiale, 81, 121, 134 Prospective, 38 Puerto Rico, 17, 87, 98, 101, 117 Reagan, 82 Relations Internationales, 25, 81, 83 République Dominicaine, 17, 89, 104, 110, 111, 120, 163, 177, 196 Ressources Naturelles, 19, 159 Restrepo, 135 Réunion De Ministres De Défense Des Amériques, 173 Réunions De Consultation Des Ministres Des Relations Extérieures, 176 Rodríguez, 197, 199, 273, 310, 311 Rojas, 39, 72, 169 Roosevelt, 82, 87, 88, 90, 128, 134, 171 Roosevelt, 102, 103 Rosas, 263, 311 Ross, 311 Rouquie,, 162 Rubio, 55 Saint Vincent, 17, 113, 177 Sainte Lucie, 17, 113, 177, 267 Saint-Pierre Et Miquelon, 17 San Kitts, 17 Santo Domingo, 102, 104, 111, 136 Scénarios, 71, 82 Seconde Guerre Mondiale, 91, 129, 189 Securite, 80 Sécurité, 31, 34, 36, 37, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 76, 77, 78, 81, 82, 83, 84, 87, 93, 96, 97, 99, 115, 118, 120, 123, 127, 128, 131, 132, 136, 138, 139, 140, 143, 146, 154, 157, 158, 159, 161, 164, 165, 166, 167, 170, 171, 172, 173, 175, 178, 179, 180, 181, 184, 185, 186, 187, 188, 190, 191, 193, 196, 200, 201, 202, 203, 204, 205, 207, 208, 209, 212, 213, 214, 215, 216, 217, 218, 219, 220, 221, 222, 223, 226, 228, 230, 233, 234, 235, 236, 237, 238, 239, 243, 244, 245, 246, 247, 248, 249, 250, 251, 252, 253, 254, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 264, 265, 266, 267, 268, 270, 272, 273, 274, 275, 276, 277, 278, 279, 280, 281, 282, 284, 285, 286, 287 Simón Bolívar, 23, 97, 117 Skidmore, 23 Smith, 23 Sommet Des Amériques, 178, 266 Somoza, 107, 112 Sosa, 87
294
Spéciale, 92, 184 Spiguel, 83 Stratégies, 147, 173 Sucy, 103, 105 Surinam, 17, 177, 196 Système De Sécurité Régionale Des Caraïbes Orientales, 267 Système De Surveillance Amazonienne, 271 Système Interaméricain, 51, 135, 139, 142, 144, 145, 146, 147, 149, 152, 171, 202 Système Interaméricain De Sécurité, 172, 209 Système Internacional, 23 Système International, 23, 25, 30, 35, 36, 51, 167 Taylor, 131 Terrorisme, 19, 32, 37, 38, 41, 42, 52, 53, 54, 56, 57, 58, 62, 64, 66, 69, 149, 150, 154, 165, 168, 208, 215, 218, 222, 225, 226, 230, 238, 243, 244, 245, 247, 249, 258, 261, 268 Tlatelolco, 77, 261, 266, 268, 272, 279 Tomassini, 31 Torrijos, 113 Trafic De Drogue, 37, 38, 40, 41, 42, 48, 52, 54, 58, 59, 62, 81, 82, 188, 208, 209, 215, 219, 222, 226, 227, 228, 229, 230, 234, 240, 245, 249, 261, 267 Trafic Illicite D’armes, 222, 230, 239, 247 Traité De Río, 45, 92, 93, 139, 140, 178, 179, 180 Traité Interaméricain D’assistance Réciproque, 173, 179, 265 Traité Interaméricain De Solutions Pacifiques, 173 Trinité Et Tobago, 17, 196 Trujillo, 110 Truman, 82 Turcas, 17 Union Européenne, 28, 32 Université De Défense, 162 Uruguay, 17, 19, 20, 33, 94, 132, 144, 169, 177, 184, 196 Valdés, 57 Velásquez, 156, 161 Venezuela, 17, 19, 35, 48, 49, 52, 67, 118, 133, 177, 180, 184, 196 Vietnam, 25 Waltz, 5, 312 Washington, 53, 131, 132, 146, 179, 186 Washington, 43, 44, 52, 53, 56, 69, 70, 86, 92, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 110, 111, 112, 113, 114, 119, 122, 124, 126, 129, 131, 135, 136, 138, 139, 140, 174, 178, 189, 192, 202 Wilson, 120, 128 Wilson, 88, 89 Ynsfran, 100
295
ABREVIATIONS
ABC : L’Argentine, le Bresil et le Chili
ACAGUE : Academia de Guerra del Ejercito
BID : Banque Interaméricaine de Développement
CA : Sommet des Amériques
CAN : Communauté Andine de Nations
CARDI : Institut de Recherches Agricoles des Caraïbes
CARICOM : Communauté des Caraïbes
CDB : Banque du Développement des Caraïbes
CEA : Conférence des Armées Américaines
CFNI : Institut Pour l’alimentation et la Nutrition des Caraïbes
CHDS : Centre D'études Hémisphériques de Défense
CIA : Agence Centrale du Renseignement
CICAD : Commission Interaméricaine Pour le Contrôle de Lábus de Drogues
CID : Collège Interaméricain de Défense
CIDI : Conseil Interaméricain Pour le Développement Intégral
CM : Compromis de Mendoza
CMDA : Comité des Ministres de la Défense des Amériques
CMI : Institut Météorologique Des Caraïbes
CMO : Organisation Météorologique des Caraïbes
CMSC : Construction des Mesures de Sécurité et Confiance
296
CNI : Conférence Navale Interaméricain
CSH : Conseil de Sécurité Hémisphérique
DSN : Doctrine Sécurité Nationale
EZLN : Armée Zapatiste de Libération Nationale
FLACSO : Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales
IDU : International Democratic Union
IGM : Instituto Geográfico Militar
JID : Junte Interaméricaine de Défense
MAD : Destruction Mutuelle Assurée
MDN : Ministerio de Defensa Nacional
MERCOSUR : Marché Commun du Sud
MINUHA : Mission des Nations Unies Pour Haïti
NAFTA : Accord de Libre – Échange Nord-Américain
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OEA : Organisation des États Américains
OECS : Organisation des États Des Caraïbes
ONU : Organisation des Nations-Unis
OO.II.GG. : Organisations Intergouvernementales
OTAN : Organisation du Traité de L’Atlantique Nord
PAM : Pacte D'aide Militaire
PIB : Produit Intérieur Brut
PMDA : Processus Ministériel de Défense des Amériques
PNB : Produit National Brut
PU : Protocole de Ushuaia
297
RDA : République Démocratique Allemand
SICOFAA : Système de Coopération des Forces Aériennes Américaines
SIVAM : Système de Vigilance Amazonique
SSRCO : Système de Sécurité Régionale des Caraïbes Orientales
TIAR : Traité Interaméricain D'assistance Réciproque
TMSDC : Traité Cadre de Sécurité Démocratique en Amérique Centrale
TSDCA : Traité de Sécurité Démocratique de L'amérique Centrale
UIRA : Union Internationale des Républiques Américaines
UNESCO : Organisation des Nation Uni es Pour L’educacion, la Science et la Culture
UP : Union Panaméricaine
URSS : Républiques Socialistes Soviétiques
VIH/SIDA : Syndrome D’immunodéficience Acquise
298
ILLUSTRATIONS ET TABLEAUX
ILLUSTRATION
Illustration 1 Produit Interne Brut 2006 ............................................................................ 76
Illustration 2 Evolution du Système Interaméricain ...................................................... 142
Illustration 3 Cadre Géographique du Système Interaméricain ....................................... 144
Illustration 4 Fonctionnement du Système de Sécurité Interaméricain ............................ 274
Illustration 5 Proposition pour re-définir le Système de Sécurité Interaméricain ............. 278
Illustration 6 Proposition de fonctionnement du Système de Sécurité Interaméricain ...... 281
TABLEAUX
TABLEAUX 1 Pays signataires du TIAR ......................................................................... 184
TABLEAUX 2 Résumé des menaces contre la sécurité...................................................... 253
TABLEAUX 3 Relation menace sous- région intensité du problème.................................. 258
299
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TABLE DE MATERIE
INTRODUCTION : DU PRÉSENT AU FUTUR 3
1 LE SYSTÈME INTERNATIONAL POSTÉRIEUR A LA GUERRE
FROIDE: ORIGINE DE LA RECHERCHE 3
2 ENONCÉ DU PROBLÈME 10
3 PERSPECTIVE DE LA RECHERCHE 12
PREAMBULE 15
1 L’AMERIQUE LATINE DANS LE SCHEMA ACTUEL DES
RELATIONS INTERNATIONALES 16
1.1 Brève description géographique 16
1.2 Les diverses réalités de la région 17
1.2.1 Quelques idées sur la réalité latino-américaine. 17
1.3 Les variables clés du système international après la fin de la
bipolarité et ses effets dans la région 23
1.3.1 La globalisation 26
1.3.2 La transnationalisation et interdépendance complexe 30
1.3.3 La régionalisation 31
1.3.4 La fragmentation 32
2. LA NOTION DE CONFLICTIVITE VUE DEPUIS L’AMERIQUE
LATINE 33
2.1. Le caractère conflictuel actuel en Amérique Latine et dans les
Caraïbes 34
2.2 Les États-Unis et les rapports de sécurité avec l’Amérique Latine 40
2.3 Le Bresil et sa position de leader regional 48
315
2.4 Le Mexique : entre le nationalisme, l’Amérique du Nord et
l’Amérique Latine 55
2.5 La situation complexe de l’Amérique Centrale 59
2.6 La Problématique de la région Andine 67
2.7 Le Cône Sud de l’Amérique et sa stabilité relative 72
2.8 La coexistence de puissances et de pays de différente stature
stratégique 75
I PARTIE : LA DÉFENSE RÉGIONALE DU CONTINENT AMÉRICAIN 79
1 L’EQUILIBRE DES PUISSANCES 80
1.1 Le rôle central des Etats-Unis 80
1.1.1 Origines d’une position historiquement prépondérante 83
1.1.2 Les relations pendant la Guerre Froide 92
1.1.3 Synthèse des principales interventions des Etats-Unis en
Amérique Latine 97
1.2 La tradition du multilatéralisme 115
1.3 Réflexions sur l’équilibre de pouvoirs sur le continent américain 126
2 LES MENACES EN VIGUEUR CONTRE LA SECURITE REGIONALE
ET LES ORIGINES DU SYSTEME INTERAMERICAIN 130
2.1 L’Amérique pour les Américains 130
2.2 La conformation du Système Interaméricain 135
2.3 Brève analyse de la menace extra-continentale 140
2.3.1 La vraie menace extracontinentale 145
2.4 L’impact de la chute du Mur de Berlin 164
3 L’ARCHITECTURE DE SECURITE DANS LE SYSTEME
INTERAMERICAIN 170
3.1 Le système interaméricain de sécurité 172
3.1.1 L’organisation des États Américains 174
316
3.1.2 Traité Interaméricain d’Assistance Réciproque 178
3.1.3 La Commission de Sécurité Hémisphérique de l’OEA 184
3.1.4 Junte Interaméricaine de Défense 189
3.1.5 Collège Interaméricain de Défense 191
3.1.6 Conférences de Commandants des Forces Armées
d’Amérique 194
3.1.7 Conférence d’Armées Américaines 195
3.1.8 Exercices combinés de Forces Armées 197
3.2 Réflexions sur la conformation et l’évolution des architectures de
sécurité régionale 200
II PARTIE : L’ÉVOLUTION DU CONCEPT DE SÉCURITÉ 211
1 PRINCIPALES TRANSFORMATIONS QUI ONT DES
CONSÉQUENCES SUR LE CONCEPT DE SÉCURITÉ ET SUR LA
PERCEPTION DE MENACE 212
1.1 Le changement dans la conception de sécurité en Amérique Latine
et les nouvelles menaces 216
1.2. Identification des menaces, des préoccupations et autres défis pour
la sécurité hémisphérique 222
1.2.1 Agression armée inter-états dérivée de disputes non résolues
concernant des frontières terrestres et/ou maritimes 223
1.2.2 Terrorisme 225
1.2.3 Blanchiment d’argent 226
1.2.4 Trafic de drogue 227
1.2.5 Crime transnational organisé 230
1.2.6 Trafic illicite d’armes 231
1.2.7 Prolifération d’armes de destruction massive 232
1.2.8 Migrations massives non contrôlées 232
1.3 Préoccupations et défis pour la sécurité 233
317
1.3.1 La fragilité des gouvernements démocratiques 233
1.3.2 Corruption 234
1.3.3 Abus contre les droits individuels 234
1.3.4 Les maladies épidémiques 234
1.3.5 Pauvreté extrême 235
1.3.6 Catastrophes et dégradation naturelles et de l’environnement235
1.3.7 Instabilité économique 236
1.3.8 Insécurité citadine 236
1.3.9 Menaces pour les réseaux de transport et l’infrastructure clé 236
1.4 Analyse des menaces contre la sécurité hémisphérique 237
1.4.1 Point de vue de l’OEA 237
1.4.2 Point de vue centré sur des thèmes vastes de sécurité 239
1.4.3 Point de vue de la Commission Interaméricaine des Droits
de l’Homme 243
1.4.4 Aspects essentiels contenus dans la Déclaration sur la
Sécurité dans les Amériques, approuvée le 28 octobre 2003 245
1.4.5 Une vision critique depuis le point de vue des organisations
civiles 249
1.5 Les menaces communes contre la sécurité hémisphérique existent-
elles? 250
1.6 Bases pour une nouvelle architecture de sécurité hémisphérique 259
2. UN NOUVEAU SYSTEME DE SECURITE INTERAMERICAIN POUR
LES MENACES COMMUNES DU XXIème SIECLE 262
2.1 Organisations et régimes internationaux liés à la sécurité
hémisphérique : valeur de l’emploi présent 263
2.1.1 Du niveau politique 263
2.1.2 Du niveau stratégique 266
2.1.3 Du niveau opératif 269
2.2 Le grand problème : l’articulation politique 272
318
2.3 Vision du problème du point de vue systémique 273
2.4 Une proposition de système de sécurité hémisphérique 277
2.4.1 Au niveau politique 279
2.4.2 Au niveau stratégique 280
2.4.3 Au niveau opératif 280
CONCLUSION 283
INDEX 288
ABREVIATIONS 295
ILLUSTRATIONS ET TABLEAUX 298
BIBLIOGRAPHIE 299
TABLE DE MATERIE 314