theme introductif les europeens dans le...

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1 THEME INTRODUCTIF : LES EUROPEENS DANS LE PEUPLEMENT DE LA TERRE 1/Comment évolue la part de la population européenne dans le monde sur le « temps long » (F. Braudel) ? 1)Délimitez en rouge les contours de ce que l’on appelle l’Europe. 2)D’où viennent les premiers Européens et à quel moment s’installent-ils sur le continent ? Document 6 : podium des villes les plus peuplées de l’Antiquité au XIXè siècle Population en millions d'habitants 1ère 2ème 3ème A la fin du Ier siècle Rome (1,1) Luoyang (0,5) Constantinople (0,355) au milieu du XVè siècle Constantinople (0,66) Beijing (0,6) Vigayanagar (0,455) A la fin du XIXè siècle Londres (6,6) New York (4,2) Paris (2,7) Document 1 : Document 2 : Document 3 : Document 4 : Document 5 :

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THEME INTRODUCTIF : LES EUROPEENS DANS LE PEUPLEMENT DE LA TERRE

1/Comment évolue la part de la population européenne dans le monde sur le « temps long » (F. Braudel) ?

1)Délimitez en rouge les contours de ce que l’on appelle l’Europe. 2)D’où viennent les premiers Européens et à quel moment s’installent-ils sur le continent ?

Document 6 : podium des villes les plus peuplées de l’Antiquité au XIXè siècle

Population en millions d'habitants 1ère 2ème 3ème

A la fin du Ier siècle Rome (1,1) Luoyang (0,5) Constantinople (0,355)

au milieu du XVè siècle Constantinople (0,66) Beijing (0,6) Vigayanagar (0,455)

A la fin du XIXè siècle Londres (6,6) New York (4,2) Paris (2,7)

Document 1 : Document 2 :

Document 3 : Document 4 :

Document 5 :

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L’Europe commence à se peupler voici environ un million d’années, ses premiers habitants viennent

d’Afrique, de la région du Rift et des grands lacs. Ce que l’on appelle l’Europe est borné à l’ouest par l’Atlantique, au

sud par le détroit de Gibraltar et la Méditerranée, jusqu’au Bosphore. La limite orientale est plus discutable, même si

l’on retient dès le XIXè siècle l’Oural comme marche du continent.

La population européenne a été multipliée par 10 entre l’Antiquité et 1850, passant de 40 à 400 millions

d’habitants. Cette augmentation n’est pas plus impressionnante que celle des autres espaces jusqu’au XVIIIè siècle :

la population de l’Europe a triplé entre l’ère chrétienne et le siècle des Lumières, comme celle du monde : à la veille de

la Révolution, compte 140 millions d’Européens pour 650 millions d’hommes sur terre. Jusqu’au XIIè siècle, les

densités sont restées partout faibles en Europe car l’agriculture n’était pas intensive. Seul le croissant fertile, de la

vallée du Tigre et de l’Euphrate à la vallée du Nil, supportait des densités importantes. Avec le début de la rotation

triennale, de la mécanisation, des défrichements, les rendements ont augmenté et les surplus agricoles ont permis de

développer le commerce. Ce dernier a favorisé l’urbanisation. Dès lors, l’Europe, la Chine et l’Inde sont les espaces les

plus humanisés et les plus densément peuplés.

Tout au long de la période étudiée, le principal foyer de peuplement reste l’Asie du sud-est et du sud,

l’aire d’influence chinoise et le subcontinent indien. Le XIXè siècle est une révolution : en 1900, la croissance

démographique de l’Europe dépasse celle de la Chine, pour la première fois. L’Europe rattrape alors l’empire du Milieu

qui l’avait surclassée démographiquement au XVIIIè siècle. L’urbanisation n’est pas non plus une spécificité

européenne : Xi’an en Chine aurait compté 1000 ans avant notre ère un million d’habitants, autant que la Rome

impériale du Ier siècle. Bagdad et Pékin comptent 600 000 habitants au IXè siècle, alors que Paris plafonne à 100 000

habitants au même moment. Il faudra attendre le XIXè siècle pour retrouver de tels seuils. A la Renaissance, l’Europe

ne classe aucune ville parmi les trois plus peuplées du monde. Pourtant, des villes de taille plus modestes se

multiplient à la faveur du commerce maritime et, notamment, des flux d’esclaves : Bordeaux, Liverpool entre autres

dans le cadre du commerce triangulaire. La domination urbaine du Vieux continent ne s’affirme qu’à la faveur de

l’industrialisation, apparue en Europe plus tôt qu’ailleurs. Pourtant la Chine au début du XVIIIè siècle dépasse sans

doute techniquement l’Europe. Mais elle ignore le capitalisme, le libéralisme, et de fait le système de la manufacture

comme mode et lieu de production. Jamais la croissance économique n’a été aussi forte. Elle encourage une forte

croissance démographique.

Pour la première fois, une bonne partie des Européens va se retrouver en dehors du continent

européen : chassés par la misère, l’absence de perspectives, les crises agricoles (famine de la pomme de terre en

Irlande, crise du phylloxéra en France plus tard), attirés par les pays neufs, les laissés-pour-compte du Vieux continent

migrent vers les Etats-Unis. L’impérialisme et le colonialisme favorisent aussi la mobilité avec l’émergence de colonies

de peuplement comme le Canada, l’Australie ou l’Algérie. A la fin du XIXè siècle, les hommes sont en proportion plus

mobiles qu'au début du XXIè siècle en ce qui concerne les migrations internationales !

2)Entourez sur les documents 2, 3, 4 le principal foyer de peuplement à chaque époque concernée. Est-ce l’Europe ? 3)A quelle époque la population européenne s’est-elle densifiée ? A quel moment d’après le document 6 semble-t-elle s’être urbanisée ? 4)Comparez l’évolution de la population européenne à celle des autres régions nommées d’après le document 5. ? Sa croissance a-t-elle été permanente et régulière ?

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2/Comment expliquer les évolutions de la démographie européenne depuis l’Antiquité ?

2.1/Pourquoi les crises de surmortalité empêchent-elles la croissance démographique en Europe jusqu’au XVIIIè siècle?

La peste noire de 1348 et ses conséquences économiques, sociales et culturelles.

En 1347, les navires génois fuyant Caffa, dévastée par la maladie, ignorent qu’ils ramènent à leur bord un hôte indésirable, la puce. Cheminant avec le rat noir à fond de cale, elle abandonne son hôte une fois mort pour rejoindre l’homme : l’épizootie devient une épidémie, qui touche la Méditerranée puis l’Europe entière. Un tiers de la population de l’Europe disparaît en cinq ans, soit près de 25 millions de morts. Comment la « Grande Peste » a-t-elle bouleversé les sociétés et les mentalités des hommes de la fin du Moyen Âge ?

Document 1 : un contemporain décrit le fléau à ses débuts.

« A cette époque, une maladie grave et épidémique s’abattit sur les hommes au commencement du printemps. (…)Elle dura toute l’année, se propageant et détruisant exactement les bords de notre pays et de ceux qui font ensuite jusqu’à Gibraltar et aux colonnes d’Hercule. (…)La maladie attaquait les hommes et les femmes, les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux, bref n’épargnait ni âge ni sort. Les maisons se vidaient d’un coup en une journée, ou quelquefois en deux jours, de tous leurs habitants. Personne ne pouvait venir en aide à son voisin ou à ses parents. La maladie ravageait non seulement les hommes, mais aussi leurs animaux qui vivaient avec eux, à savoir les chevaux, les chiens, les animaux de basse-cour et les rats qui se trouvaient dans les murs des maisons. Les symptômes de cette maladie sont (…) une tumeur à la racine des cuisses ou des bras, qui emportait le jour même ceux qui en étaient attaqués, soit assis, soit en marche. » Nicéphore Gregoras, in Corpus Scriptorum Byzantinae, VII, p. 797 (trad. non publiée)

Document 2 : les causes de la diffusion de la maladie.

« Une peste envahit la ville (Marseille) et provoque de telles pertes que les habitants la fuient et participent à se diffusion qui, au cours de l’hiver, prend sa forme pneumonique. Désormais le bacille se dispense du relais de la puce ; par l’expectoration, il passe directement d’homme à homme. (…) L’expansion du commerce avec la Méditerranée orientale et son intensification ont constitué la trame fondamentale de l’avancée de cette nouvelle épidémie vers l’ouest. (…)En outre, la forte croissance démographique de nombreuses régions d’Europe occidentale, leur urbanisation, contraignent à importer des grains depuis le bassin oriental de la Méditerranée afin de nourrir les populations agglutinées dans les villes. (…) Autant de facteurs favorables à l’unification microbienne de la Méditerranée puis à l’expansion de l’épidémie à toute l’Europe occidentale. (…) La plupart des villes italiennes perdent près d’un tiers de leur population. Les villes françaises frappées voient disparaître entre le tiers et la moitié de leurs feux. Par exemple, Albi compte 2669 chefs de famille en 1343 et 1200 en 1357 (…). C’est ainsi que le minimum de la population française depuis l’an Mil est atteint vers le milieu du XVè siècle, à l’issue de la guerre de Cent Ans qui joue, par les mouvements de troupes qu’elle génère, un rôle d’amplification de toutes les épidémies. » P. Bourdelais, les

Epidémies terrassées, une histoire de pays riches, Editions de la Martinière, 2003, pp. 24-26

Document 3 : miniature du XVè siècle décrivant une procession de flagellants

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Chronique de l’abbé G. de Muisit, flagellants de Doornick (Pays-Bas en 1349), Bruxelles, Bibliothèque royale

Document 4 : la peste à Tournai, enluminure flamande accompagnant la chronique de Gilles de Nuisit.

Document 5 : la danse macabre, une farandole infernale Source : fresque de 1470, fragments d’une fresque de 26 X 1,4 m la Chaise Dieu Abbatiale Saint Robert reprise dans TDC, novembre 2005, n° 904 page 38

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1ère

partie : questions préliminaires.

1)Documents 1 et 2 : quels sont les symptômes et les causes de la peste ? Comment la maladie a évolué ? 2)Documents 1, 4 et 5 : montrez que les hommes sont égaux devant la peste. 3)Document 2, 4 : quelles sont les conséquences du fléau sur la population et l’économie ? 4)Document 3, 5 : quels réponses religieuses les hommes donnent-ils à ce traumatisme ? 5)Documents 3, 4, 5 : à quoi voyez-vous que l’événement a rapidement et profondément influencé l’art de l’époque ? 2

ème partie : réponse organisée.

Pourquoi peut-on dire que la Grande Peste a changé le visage de l’Europe du Moyen-Âge ?

En dehors des contextes de crise, une excessive mortalité infantile et de rudes conditions d’existence qui

touchent toutes les catégories sociales.

Document 1 : une famille de la région d’Anvers au XVIIè siècle.

« Pierre Audouys naît à Angers le 11 février 1641 et épouse, le 23 mai 1667, Marie Grézil, née le 2 juin 1642. Marie Audouys naît le 6 mars 1668 peu après minuit le mercredi et est baptisée le jeudi. Le vendredi, elle part en nourrice chez la fille de ma nourrice. Jean-Baptiste Audouys naît le 23 février 1669, il meurt le 13 avril 1669. Anne Audouys naît le 5 mai 1670, elle meurt le 30 décembre 1709. Le 10 septembre 1671, naît René-Jean. Le lendemain, porté en nourrice, il y meurt, n’ayant vécu qu’un jour ! Jean Audouys naît le 12 juillet 1673, il meurt le 30 décembre 1729. Pierre Audouys naît le 12 juillet 1673, il meurt le 30 décembre 1729. Pierre Audouys naît le 12 janvier 1675, Jean le même jour revient de nourrice. Pierre meurt le 4 septembre 1679. Pierre Audouys (le deuxième) naît le 29 octobre 1681. Il meurt le 4 novembre 1681. Perrine Audouy naît le 20 mai 1683, elle meurt le 15 juin 1684. Marie Grézil, mon épouse, meurt le 8 août 1701. » D’après le papier mémoriel » tenu par Pierre Audouys (1641-1712), cité dans F. LEBRUN, « une famille angevine sous l’Ancien Régime », Annales de Bretagne et des pays de l’ouest, 1975. In Magnard 4ème, histoire-géographie, édition 2006, pp. 18

Document 2 : mortalités à la Cour comme à la campagne.

En un an de temps (1711), il y eut quatre dauphins en France ; Louis XIV, surnommé le Grand, a eu la douleur de voir mourir en un an, son fils, son petit-fils et son arrière-petit-fils, de sorte que, de quelque côté qu’on puisse regarder la France, le doigt de Dieu est sur elle. A. Dubois, curé de Rumégies (Nord), 1712

Depuis l’an 1691 jusqu’à la présente année 1714, la guerre, la famine et de fâcheuses maladies en diverses contrées ont fort affligé toute l’Europe et il est à craindre que la famine qui a été augmentée au dernier point par l’extraordinaire gelée de l’automne 1709 qui fit mourir presque tous les arbres fruitiers, et qui est encore, ne continue quelques années. Ceux qui ont des denrées à vendre sont fort riches, ceux qui sont contraints d’en acheter sont très pauvres.

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Les crises de surmortalité récurrentes provoquent la stagnation de la démographie européenne et mondiale.

Un malheur n’arrivant jamais seul, les épidémies (les « pestes », en fait toutes sortes de maladies, typhus, grippe,

choléra, variole et peste véritable) suivent généralement les gens de guerre qui ruinent les récoltes et transportent

avec eux les microbes. Les organismes fragilisés par la faim sont plus vulnérables et les épidémies deviennent vite

meurtrières, dans des sociétés qui ignorent les règles élémentaires de l’hygiène, du confinement (quarantaine,

destruction des vêtements et des biens des malades), et ignorent les mécanismes de la contagion. On connaît ces

crises par de multiples sources : les registres paroissiaux obligatoires depuis Villers Côterets en France (1539)

permettent de voir les années où les enterrements sont plus nombreux que les naissances. Les chroniques confirment

et expliquent souvent les origines de la crise. La dendrochronologie permet de voir quels hivers ont été

particulièrement rigoureux, et fournit des explications aux creux démographiques des années suivantes. Les

recensements des dates des vendanges donnent une indication sur la pluviosité et la chaleur des étés, et parfois sur la

médiocrité des récoltes qui précède les phases épidémiques.

La mortalité infantile reste jusqu’au XVIIIè siècle particulièrement forte dans les milieux pauvres, surtout en

ville. L’espérance de vie ne dépasse pas 40 ans pour ces catégories. Le XVIIIè siècle marque une rupture et l’entrée

dans la transition démographique. Entre 1740 et 1789, la mortalité infantile passe de 40 à 35%°. La population

européenne commence à augmenter en 1740, et le phénomène débute en France.

2.2/Quelles révolutions techniques successives permettent-elles enfin cette croissance ?

Document 1 : Vauban, Description de l’élection à Vézelay, 1697.

« Le bas peuple ne vit que de pain d’orge et d’avoine mêlés (…). Ils se nourrissent encore de mauvais fruits, la plupart

sauvages, et de quelques herbes potagères de leurs jardins, cuites à l’eau. (…) Il n’y a que les plus aisés qui mangent du

pain de seigle mêlé d’orge et de froment. Les vins y sont médiocres et ont presque tous un goût de terroir qui les rend

désagréables. Le commun du peuple en boit rarement, ne mange pas trois fois de la viande en un an, et use peu de sel

(…). Il ne faut donc pas s’étonner si des peuples si mal nourris ont peu de force ».

Document 2 : J. B. Moheau, Recherches et considérations sur la population de la France, 1778.

« Depuis 1715, jusqu’à nos jours, la France a respiré, et la population a dû prospérer (…). Les ennemis n’ont pénétré en

France que dans quelques parties et pour quelques instants ; il n’y a eu aucune guerre intestine (…). La peste s’est fait

sentir en France, mais n’a attaqué qu’une faible portion du royaume ; une police attentive est parvenue à en arrêter le

cours (…). Quand on pense que dans le XVIIè siècle, les plus grandes villes n’avaient point de rues pavées, que ces rues

étaient étroites, et sans alignement, que les premiers ordres donnés pour leur nettoiement sont très modernes (…).

Ainsi les maladies anciennement étaient plus nombreuses, plus mortelles, et l’art de les guérir était moins connu et

moins répandu. On a pu observer que dans plusieurs provinces ou contrées, dont les habitants se nourrissaient

anciennement de pain de sarrasin, d’orge ou de seigle, l’espère de pain est devenue meilleure : nous ne pourrions

assurer s’il y a plus grand nombre d’hommes dans les aliments desquels entre la viande (…) »

Document 3 : C. Vigarello, le Propre et le Sale, Point H, Seuil, 1985, pp. 15-17

En 1546, Barcelone, atteinte de la peste, n’est plus ravitaillée. Villes et villages voisins, redoutant la contagion, refusent

toute liaison et tout commerce. […] Le contact, à la fin du Moyen-Âge et de l’époque classique, apparaît comme un

risque majeur en cas d’épidémie. […]Les cités victimes de pestilence deviennent des pièges condamnés à l’horreur. […]

Les décisions des maires, échevins et prévôts des marchands concernent l’hygiène sociale : les contacts sont

progressivement limités, certains lieux cloisonnés ou condamnés […] ; dans bien des villes, les notaires ne peuvent

approcher les maisons atteintes […]. Les conseils concernent aussi l’hygiène individuelle […]. C’est une méfiance

identique qui conduit à suspendre la fréquentation des écoles, des églises, des étuves et des bains. […] Les médecins,

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en temps de peste, dénoncent depuis le XVè siècle ces établissements où se côtoient des corps nus. (…) Au XVIè siècle,

cette fermeture devient officielle et systématique.

1)Soulignez les grandes améliorations dans le quotidien des hommes au XVIIIè siècle. Dans un petit paragraphe appuyé

sur les documents, expliquez que ce siècle a constitué une rupture par rapport au précédent.

2)A l’aide des deux derniers documents, expliquez comment peu à peu la mortalité liée à la peste s’est réduite.

-meilleure maîtrise de l’eau et des techniques d’irrigation : dans l’Antiquité développement des systèmes des noria

en Egypte et Asie mineure exportés par les Romains puis les Arabes, progrès de l’irrigation et des barrages sous les

Romains, assèchement des marais par les Cisterciens…

-progrès de l’alimentation en écho à des progrès agricoles. Diversification des légumes, meilleure qualité,

augmentation des terres disponibles avec les défrichements des Cisterciens au XIIè siècle, puis les creux

démographiques comme la Peste Noire qui laissent des terres vacantes.

-découverte du monde et progrès de la navigation : élargissement du monde connu et amélioration des techniques

de navigation grâce aux Arabes et aux Chinois (boussole et portulans). Renforce la capacité des Européens à se

projeter sur les autres continents (exploration avec Marcol Polo au XIè, Diaz en Afrique au XVècolonisation

-progrès de l’hygiène et de la médecine : début de la vaccination : E. Jenner (GB, 1796) contre la variole, puis

pasteurisation au XIXè siècle avec le vaccin contre la rage (1880)

-amélioration globale des conditions de vie et de la consommation avec l’industrialisation même si les écarts sociaux

se creusent : moindre dépendance à l’agriculture, diversification de la nourriture, amélioration des constructions, des

vêtements …

-capacité du politique à légiférer pour améliorer l’organisation sociale : édiles italiens du XIIIè siècle font des lois pour

limiter la pollution causée par les tanneurs ou le rejet des déchets ménagers à même la rue… Réglementation pour les

quarantaines en cas d’épidémies, politique de canalisation (Freycinet). Peu à peu (XVIIIè) le « bonheur » devient une

idée politique à part entière qui s’ajoute au « bien commun » du Moyen Age.

2.3/L’émigration est-elle seulement une réponse à la croissance démographique trop rapide du XIXè siècle?

Dossier sur la crise irlandaise et l’émigration des Irlandais. Docs 2, 3 page 26 + docs 1, 3, 5 page 28-29

Contexte : 1845 : maladie qui touche les pommes de terre et fait baisser la production d’1/3. L’Irlande est frappée par

la grande famine et l’Angleterre n’aide guère l’île qui lui est jointe depuis 1800. Près d’un quart des 8,2 millions

d’habitants quittent l’île. L’Irlande est alors le seul pays d’Europe dont la population diminue. Les conditions du voyage

sont extrêmement pénibles : les passagers faméliques sont victimes de typhus ou d’autres épidémies, placés en

quarantaine… A leur arrivée ils sont parqués dans des entrepôts.

1)Docs 2 et 3 page 26 : Comment se manifeste la Grande Famine et quelles sont ses conséquences ? Les Irlandais sont-

ils tous égaux devant ce fléau ?

2)Docs 1 et 3 pages 28-29 : Quelle solution les Irlandais trouvent-ils à cette misère qui accable leur île ?

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3) Docs 1 et 3 pages 28-29 : La Grande famine est-elle le point de départ du phénomène que vous avez décrit

précédemment ? Comment s’explique-t-il alors ?

4)Docs 3 et 5 page 29 : étudiez les contradictions entre les deux documents : qu’en déduisez-vous sur l’attitude des

Etats-unis face aux nouveaux arrivants ?

En 1900 près de 10% de la population mondiale est constituée d’immigrés. D’après l’économiste D. Cohen, la mobilité

durable des hommes était plus importante à la fin du XIXè qu’au début du XXIè siècle.

Les types de migration :

-anciennes migrations saisonnières ou frontalières se poursuivent surtout pour les travaux agricoles (arrivée de

journaliers dans la région parisienne, en Prusse). En plus développement des migrations d’ouvriers qualifiés pour

l’industrie et le bâtiment (maçons creusois), Italiens dans le sud-est de la France.

-migrations extra-continentales vers le continent américain après 1820 : Irlandais chassés par les persécutions ou la

Grande Famine, Polonais partagés entre Prusse et Russie, …

Les causes de ces migrations :

-le manque de terre dans les campagnes lié à la croissance démographique et d’une manière générale la misère

encouragent dans un premier temps l’exode rural et dans un second temps l’émigration hors du pays ou du continent.

Beaucoup de Polonais, d’Italiens, d’Allemands viennent en France pour échapper à la misère dans un pays qui a besoin

de main d’œuvre.

-politiques et religieuses : guerres et révolutions font bouger les hommes dans des proportions plus ou moins

importantes (émigration des nobles et des réfractaires à la révolution / migration des grognards de Napoléon pour la

campagne de Russie). Les guerres de religion aussi poussent les protestants à fuir la France, les catholiques à fuir la

Genève de Calvin. La répression des révolutions produit des réfugiés également. Cas particulier des juifs chassés par

les pogroms en Europe centrale et orientale dès 1880.

-les transports modernes : les migrations sont tributaires des révolutions successives dans les transports : de

l’invention de la roue en Mésopotamie au pavage des voies romaines, de la construction de la caravelle de C. Colomb à

la mise en service de la première ligne de chemin de fer (Stockton-Darlington, 1825), les hommes s’approprient

l’espace. On voyage toujours plus loin et plus vite : au XVIIIè siècle il faut 3 jours pour rallier Londres à Manchester ;

3h45 en train suffisent un siècle plus tard.

L’attitude face à l’immigration :

Certains Etats les encouragent ou les freinent : l’Autriche-Hongrie garantit en 1867 la liberté d’immigration pour

éviter les révolutions hongroises, les Etats-Unis interdisent dans les années 1860 les migrations asiatiques et surtout

chinoises avec le Chinexe exclusion act (même sort fin XIXè pour les Japonais).

Certaines migrations sont imposées par les Etats pour des raisons plus que discutables : convicts britanniques

envoyés en Australie après 1868, Nouvelle Calédonie française reste un lieu de réclusion de condamnés au bagne. Cas

particulier des colonisations de peuplement (Algérie, Canada, Australie)

Conclusion : carte de synthèse : planisphère

-venue des premiers européens d’Afrique (-1M années)

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-principaux foyers de peuplement et premières villes par époque (Rome/Londres/Paris) / foyer chinois/indien, grandes

villes par époque (Xi’an, Bagdad, Pékin, NY, Londres, Constantinople, Vigayanagar)

-deux colonisations, flux, colonies de peuplement

-migrations de travail intra et extra-européennes

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Les Européens dans le peuplement de la Terre depuis l’Antiquité

I-L’affirmation progressive du foyer de peuplement européen

1/Un foyer secondaire jusqu’à l’industrialisation

Le « centre » démographique de la planète : l’Inde et la Chine

Un foyer qui se densifie à partir de la Renaissance et explose au XIXè siècle

2/Une urbanisation pionnière, puis assoupie jusqu’au XIXè siècle

Villes de plus de 1M hab dans l’Antiquité

Villes de plus de 500 000 hab entre le IXè et le XVIè siècle

Villes de plus de 500 000 hab au XIXè siècle

II-Des Européens en constant mouvement véhiculant avec eux les valeurs et le modèle européens

1/Des migrations de misère et d’exclusion en dehors du continent

Migrations de la faim

Migrations de proscrits

2/Un continent qui attire et qui se présente comme un modèle à exporter

Migrations de salariés agricoles et d’ouvriers spécialisés

Première vague de colonisation (XVIè siècle)

Seconde vague de colonisation (XIXè siècle)