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1 THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DES GRANDES AIRES CONTINENTALES ETATS-UNIS / BRESIL : Rôle mondial et dynamiques territoriales Introduction Déf° EU/Brésil = Ce sont deux états continents, deux états jeunes, deux états fédéraux (EU = 50 états, 9,6 M km², 320 M d'habitants/Estados Unidos Do Brasil 47 % de l'Amérique du Sud, 26 états 200 M d'habitants) Tous 2 issus de la décolonisation des XVIIIème (EU 1783) et XIXème s. (Brésil 1830) mais avec un rôle mondial très différent = 1ère puissance mondiale et un pays faisant partie des BRICS. Donc une concurrence sur le continent américain et l'essor de l'influence du Brésil en AmLat (ce qui peut se résumer à l'idée de concurrence entre puissances). Attention : Amérique Latine (=AmLat) Am. du Sud + Amérique centrale Amérique du Nord = 3 pays mais les habitants des EU se désignent eux-mêmes comme Américains ce qui est un abus de langage, préférable de dire « Etats-Uniens ». Qu'entend-on par « rôle mondial » ? Par « dynamiques territoriales* » ? - il s'agit de l'influence globale d'une puissance tant du point de vue du « hard power » que du « soft power » et de son attractivité avec, en retour, des effets sur son territoire ce qui implique un deuxième aspect : les dynamiques territoriales qui affectent ce territoire en lien avec la mondialisation, facteur de hiérarchisation et de ségrégation spatiale. * Evolution d'un territoire plus ou moins vaste en fonction du jeu des acteurs aboutissant à un changement dans les localisations des activités, des infrastructures et de la répartition de la population. Les EU et le Brésil ont à peu près la même superficie (9,6M/8,5M) et des populations relativement comparables, mais les deux puissances sont très inégales et leur influence mondiale nest pas de même rang. Les EU restent, malgré l’essor de la Chine, la première puissance mondiale ; le Brésil est une puissance émergente, dont l’affirmation mondiale progresse néanmoins. Mais ces deux puissances sont aussi marquées par des points communs (importance des littoraux, fronts pionniers, mobilité des hommes et des activités, importance des métropoles, inégalités socio-économiques, dynamiques transfrontalières) Problématique : Quels sont les différences et points communs qui caractérisent le rôle mondial tenu par la puissance étasunienne et la puissance brésilienne ? Quelles dynamiques territoriales sont-elles à l’œuvre dans les deux pays et qui produit quelles organisations spatiales ? - Comment la puissance des EU et du Brésil s’affirment-elles ? - Comment ces deux pays maîtrisent-ils leur territoire ? - Comment ces deux pays rayonnent-ils à travers le monde et leurs sous-continents respectifs ? - Le Brésil est-il un concurrent crédible des EU ? 2 sujets de composition possibles : - États-Unis Brésil : rôle mondial. - États-Unis Brésil : les dynamiques territoriales.

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THEME III : DYNAMIQUES GEOGRAPHIQUES DES GRANDES AIRES CONTINENTALES

ETATS-UNIS / BRESIL : Rôle mondial et dynamiques territoriales

Introduction ► Déf° EU/Brésil = Ce sont deux états continents, deux états jeunes, deux états fédéraux (EU = 50 états, 9,6 M km², 320 M d'habitants/Estados Unidos Do Brasil 47 % de l'Amérique du Sud, 26 états 200 M d'habitants) ►Tous 2 issus de la décolonisation des XVIIIème (EU 1783) et XIXème s. (Brésil 1830) ► mais avec un rôle mondial très différent = 1ère puissance mondiale et un pays faisant partie des BRICS. Donc une concurrence sur le continent américain et l'essor de l'influence du Brésil en AmLat (ce qui peut se résumer à l'idée de concurrence entre puissances). Attention : Amérique Latine (=AmLat) Am. du Sud + Amérique centrale Amérique du Nord = 3 pays mais les habitants des EU se désignent eux-mêmes comme Américains ce qui est un abus de langage, préférable de dire « Etats-Uniens ». ► Qu'entend-on par « rôle mondial » ? Par « dynamiques territoriales* » ? - il s'agit de l'influence globale d'une puissance tant du point de vue du « hard power » que du « soft power » et de son attractivité avec, en retour, des effets sur son territoire ce qui implique un deuxième aspect : les dynamiques territoriales qui affectent ce territoire en lien avec la mondialisation, facteur de hiérarchisation et de ségrégation spatiale. * Evolution d'un territoire plus ou moins vaste en fonction du jeu des acteurs aboutissant à un changement dans les localisations des activités, des infrastructures et de la répartition de la population. Les EU et le Brésil ont à peu près la même superficie (9,6M/8,5M) et des populations relativement comparables, mais les deux puissances sont très inégales et leur influence mondiale n’est pas de même rang. Les EU restent, malgré l’essor de la Chine, la première puissance mondiale ; le Brésil est une puissance émergente, dont l’affirmation mondiale progresse néanmoins. Mais ces deux puissances sont aussi marquées par des points communs (importance des littoraux, fronts pionniers, mobilité des hommes et des activités, importance des métropoles, inégalités socio-économiques, dynamiques transfrontalières)

Problématique : Quels sont les différences et points communs qui caractérisent le rôle mondial tenu par la puissance étasunienne et la puissance brésilienne ? Quelles dynamiques territoriales sont-elles à l’œuvre dans les deux pays et qui produit quelles organisations spatiales ?

- Comment la puissance des EU et du Brésil s’affirment-elles ? - Comment ces deux pays maîtrisent-ils leur territoire ? - Comment ces deux pays rayonnent-ils à travers le monde et leurs sous-continents respectifs ? - Le Brésil est-il un concurrent crédible des EU ?

2 sujets de composition possibles :

- États-Unis – Brésil : rôle mondial.

- États-Unis – Brésil : les dynamiques territoriales.

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2 croquis peuvent être demandés :

- Les dynamiques territoriales aux États-Unis

- Les dynamiques territoriales du Brésil

I.Une superpuissance planétaire et une puissance émergente

A) Deux poids lourds économiques

1) Les Etats-Unis une hyperpuissance mondiale ► Souvent qualifiée ou vécue comme en déclin relatif, l'économie US reste la 1ère au monde avec 20% du PIB mondial soit le double de celui de tous les autres états d'Amérique (55000 $/an/hab. Monde = 10000 Chine = 6900, Brésil = 8600) (voir http://www.oecd.org/fr/etatsunis), 26% de la px industrielle. Les EU = 2ème exportateurs mondiaux ► Agriculture : 20% de la px agricole (1er producteur mondial + 1er exportateur + 2ème importateur). 1ers Soja, bovins, volailles. Importance des FTN US comme Cargill ou Monsanto, l’agriculture des EU avec 2% de la pop active est intégré dans l’agro-business* ► Industries : Sidérurgie 3ème, automobiles 3ème, chimie 1er, aéronautique 1er (60% de la px mondiale), High Tech 1er (40% des industries HT détenues par les EU ds le monde). Les USA produisent 19 % de l’énergie mondiale : 1ers producteurs de gaz (9èmes pour les exportations), les 2èmes de charbon et les 3èmes de pétrole. ► Services et finances : Poids financier immense par exemple 40% de la capitalisation boursière mondiale, NYSE (Wall Street) première place mondiale. Les USA sont les 1ers exportateurs de services au monde, notamment de services de haut niveau (CBD et technopôles comme la Silicon Valley). Leur Economie est tertiarisée* comme l'ensemble des pays du Nord. Il faut également insister sur la suprématie du dollar, outil essentiel de la puissance des États-Unis. Le dollar conserve son statut de monnaie mondiale dominante. Il demeure la monnaie de facturation internationale pour de nombreux produits. Il intervient dans 85% des transactions sur le marché des changes en 2012, contre 39% pour l’euro. Primauté du dollar dans les réserves des banques centrales : 62% fin 2009, contre 27% pour l’euro. La crise de 2008, malgré son origine américaine, a eu paradoxalement pour effet de renforcer la position du dollar, en renforçant l’attrait des placements en bons du Trésor américain, considérés

comme une valeur refuge. 2. Le Brésil : la 1ère puissance économique d'Amérique latine ► Brésil : puissance émergente de 1er ordre 3ème économie des BRICS (en PIB total : Chine, Inde, Brésil, Russie, Afrique du S.). Brésil = 6ème PIB mondial devant le Royaume Uni, PIB représente 50% du PIB total de l'Amérique du sud. Une des plus fortes progressions du PIB depuis 2010 soit +24% et des Exportations x3 depuis 2003. Pays dont la balance commerciale est excédentaire. Il attire Les FTN du monde entier et le Brésil est devenu créditeur au sein du FMI après avoir été l’un des pays les plus endettés du monde. Le Brésil cherche par ailleurs à intensifier ses relations avec les pays en développement d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. Il investit de manière importante en Afrique et le Brésil, sous Lula, a considérablement accru son aide publique au développement. Les pays en développement représentent aujourd’hui plus de 57% de ses exportations et près de la moitié de ses importations. En 2009, la Chine est devenue le principal partenaire commercial du Brésil. Cependant le commerce brésilien dépend toujours des pays développés, qui constituent les principales sources d’investissement dans le pays, voir les relations privilégiées du Brésil avec l’UE (en +, frontières en commun et projets de développement, cf le pont sur le fleuve Oyapock, entre le Brésil et la Guyane française).

► Puissance agricole majeure grâce notamment à ses immenses espaces et aussi au front pionnier* qui progresse en Amazonie. 1er café, oranges, sucre. Importance des firmes agro-industrielles comme JBS ou Brazil Foods. ► Le développement du pays est soutenu par la montée en puissance des entreprises brésiliennes, dans plusieurs domaines : Le Brésil est la première puissance industrielle d’Amérique Lat.

- l’extraction minière ; (Vale)

- des secteurs de haute technologie comme l’aéronautique ou l’extraction de pétrole en eaux profondes (entreprises Embraer et Petrobras) ;

- les industries de base comme la métallurgie et Gerdau (Sidérurgie)

- la construction aéronautique avec Embraer

- l’agroalimentaire.

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- Automobile (11ème grâce aux IDE : Renault, Ford, Volkswagen qui s’installent dans les zones franches.

Le secteur industriel est Particulièrement puissant du fait des ressources du territoire dans le secteur minier : 2ème producteur de fer et de phosphates, 4ème de bauxite, 5ème d’étain + argent, or, cuivre... Cette croissance économique brésilienne a des retombées sociales. Des investissements massifs ont été réalisés dans l’habitat social et dans les services publics. Le programme « faim zéro » a été mis en place. Le niveau de pauvreté a connu une chute spectaculaire. Le nombre de familles vivant avec mois d’1 $ par jour a été réduit de moitié en 10 ans : elles représentent 25% de la population, contre 50% au début des années 2000. Cela est dû en particulier au programme Bolsa Familia, une allocation attribuée aux ménages les plus pauvres, les familles concernées s’engageant à garantir la présence de leurs enfants dans les établissements scolaires et à se rendre dans des centres de santé pour y être soignées. Cette politique sociale a un impact direct sur la consommation et donc sur la croissance. De plus les jeunes les plus démunis peuvent ainsi privilégier leurs études et retarder leur entrée sur le marché du travail, ce qui leur permet d’obtenir un salaire plus élevé. Il en résulte l’apparition d’une classe moyenne dont la consommation soutient la croissance – ce qui ne doit pas faire oublier que les favelas comptent toujours de nombreux habitants.

B) Une influence inégale

1) Les EU, une hyperpuissance en déclin relatif (voir aussi cours d'Histoire) ► Toujours très forte attractivité ce qui se traduit par d'intenses flux migratoires et recompose donc constamment une partie du territoire américain. Voir II. Dynamiques territoriales : Importance des flux migratoires internes et 1er pôle d'immigration mondial (voir cours Amérique) + Tourisme = 2 ou 3ème pays en nombre de touristes internationaux/an (selon les années) ► « Soft power » particulièrement soutenu par culture « mainstream*» culture populaire qui plaît à la majorité = films, séries, musique...etc ► américanisation du monde (produits et lieux de consommation, marques participent à l’uniformisation des modes de vie : Mc Donald, Coca, Pepsi, Pizza Hut, Levis Strauss, Nike, Wal- Mart, junk food, parcs à thèmes). Les médias (information et communication) participent aussi à cette diffusion et deviennent des modèles (CNN). Ils sont les leaders dans ce domaine avec les blockbusters, les sitcoms, la musique avec des grandes maisons de production (Universal…). ► « Hard power » inégalé mais de plus en plus contesté voir le chapitre d’Histoire Les États-Unis sont la puissance militaire dominante. Les EU sont la première armée du monde,(2ème armée en nombre d'hommes), et ils ont le premier budget militaire mondial. Eux-seuls ont la capacité d’intervenir sur plusieurs fronts à la fois en dehors du territoire national. Ils disposent de la première flotte aéronavale mondiale, du premier réseau de bases militaires (560 bases militaires), jouent un rôle de leader au sein de l’OTAN, même si Donald Trump a annoncé qu’il refeuserait que son pays en assume la majorité des dépenses. Ils contrôlent l’alliance militaire la plus puissante au monde, l’OTAN, d’autant plus que le pacte de Varsovie a disparu, et sont alliés à de nombreux pays par des traités bilatéraux ou multilatéraux : traité de Rio (traité interaméricain d’assistance réciproque). Le montant des dépenses militaires des États-Unis représentent donc aujourd’hui près de 47% des dépenses mondiales. Les États-Unis se trouvent donc loin devant la Chine dont les dépenses militaires seraient d’environ 119 milliards (78 milliards selon le gouvernement). La Russie est loin derrière avec des dépenses de 58 milliards. Après l’élection de G.W.Bush, les dépenses ont augmenté de 20% (hors rallonges budgétaires pour la guerre en Irak et Afghanistan). Il n’existe donc aucune puissance militaire équivalente. Aujourd’hui, on peut encore parler des Etats-Unis en tant que gendarmes du Monde. Donald Trump a annoncé une augmentation de 10% du budget militaire soit autant que le budget d’armement de la Russie !.Leur présence est réelle et multiforme sur le continent, la Doctrine Monroe ensuite prolongée par l'idéologie de la Manifest Destiny (destinée manifeste) (John O'Sullivan en 1845), expose clairement le projet expansionniste et hégémonique des États-Unis : « C'est notre destinée manifeste de nous déployer sur le continent confié par la Providence pour le libre développement de notre grandissante multitude.» (citation utilisable en début de composition ou d'AD) . Avec le continent américain, les Etats-Unis alternent la politique de « bon voisinage » et celle du « gros baton » (big stick). Dans tous les cas, ils ont considéré le continent comme leur chasse gardée. En matière diplomatique les EU ont un rôle clé, rien ne peut se décider sans eux, ils pèsent très lourd dans l’ONU même si la stratégie d’Obama du « leading from behind » les a conduit à moins intervenir directement dans les conflits.

2) L'émergence du Brésil sur la scène internationale

► Une influence continentale...et plus ?

Le Brésil est présent avec des séries télévisées ou telenovelas diffusées dans plus de 130 pays non seulement en Amérique Latine mais aussi en Europe de l’Est, au Moyen-Orient et en Afrique car elles sont moins chères que les séries américaines ( Gde chaine TV productrice GLOBO ). De plus, la musique et la mode brésilienne sont largement diffusées. Certains événements sportifs d’envergure mondiale se sont ou vont se dérouler au Brésil comme la coupe du monde de football en 2014 et les JO à Rio en 2016, ce qui témoigne de leurs ambitions planétaires.

► La recherche d'un rôle international de premier plan

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- Une lutte d'influence : Le Brésil conteste de plus en plus ouvertement l'influence américaine au sud. Cette évolution a surtout eu lieu sous la présidence Lula* (2003-2010). Toutefois, il est évident que le Brésil ne peut utiliser la force pour s'opposer. Cependant, une certaine forme de lutte diplomatique semble parfois engagée - l'émergence d'un « hard power » brésilien ? Plutôt destinée au combat contre le narco-trafic et le trafic d'armes notamment dans les régions frontalières (opération « Agata » en 2012), l'armée brésilienne ne cesse de croître ainsi que le budget de la défense. Phénomène d'ailleurs général dans le monde. Il dispose d’une armée de près de 350.000 hommes ce qui en fait la 14ème au monde. A noter que l'armée brésilienne est une de celles qui participent le plus aux missions humanitaires dans le monde, qu’ils envoient de nombreux casques bleus dans les missions de l’ONU comme à Haïti par exemple en 2010 et que le Brésil a acheté pas mal d’armes à la France. Ils ont toutefois renoncé à l’arme nucléaire. Du point de vue diplomatique, Le Brésil bénéficie d’une position internationale singulière : ses relations extérieures sont pacifiques et elles s’établissent avec de nombreux acteurs. Le Brésil est membre du G20, et candidat à un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, considérant qu’il n’a pas dans l’ordre international la place qui lui revient en tant qu’acteur global. Il est le pays, avec le Japon, qui a le plus souvent été élu en tant que membre non permanent au conseil de sécurité. L’ex président Lula a multiplié les voyages diplomatiques et a été élu en 2010 par le magazine américain Time, l’homme le plus influent du monde. Dilma Rousseff, destituée par le Sénat le 31 aout 2016 pour « maquillage de comptes publics » avait tenté de suivre la même voie avec moins de succès. Le Brésil est cependant désormais invité dans tous les forums, réunions, sommets, notamment celui de Davos. Sur ce plan diplomatique, le Brésil a d’abord accordé une priorité à son environnement régional. Sa réconciliation avec l’Argentine a été entérinée en 1990 par la signature du traité de Buenos Aires, par lequel les deux États renoncent à l’arme nucléaire. C’est ce qui a permis, en 1991, la signature du traité créant le Mercosur, avec l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Lula a poursuivi dans la voie du soutien au processus d’intégration régionale, avec la création de l’Unasur et de la CELAC. + chef de file du Mercosur (voir leçon précédente). Avec les États-Unis et l’Union européenne, les relations du Brésil sont ambivalentes. Des accords bilatéraux témoignent de relations diplomatiques cordiales, mais des tensions sont apparues, pour des raisons commerciales et politiques. Le Brésil, au sein de l’OMC (au sein du groupe de Cairns (organisation internationale crée en 1986 à Cairns en Australie réunissant la plupart des pays en développement qui sont agro-exportateurs), milite pour une libéralisation des marchés agricoles plus importante que ne le souhaitent les Éats-Unis et l’UE. Les questions liées à la paix et à la sécurité internationales révèlent aussi des discordances entre le Brésil et ses partenaires. Ainsi le Brésil de Lula a estimé que l’Iran avait le droit d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, alors que les puissances du Nord ne lui font pas confiance sur ce point. Néanmoins les cadres institutionnels maintiennent une certaine hiérarchie héritée de la 2ème guerre mondiale, où le Brésil peine à s’affirmer. Si les pays latino-américains reconnaissent sa puissance et son leadership en Amérique du Sud ils ne veulent néanmoins pas être représentés par lui et ne votent guère en sa faveur pour des postes importants.

C. Deux pays d’immigration

La croissance de la population des EU (312M) et du Brésil (197M) est alimentée par un solde migratoire fort. Ces sont deux pays historiquement d’immigration qui demeurent encore attractifs aujourd’hui. Les EU sont le premier pôle d’immigration mondial (reprendre exemples vus précédemment), notamment pour les élites (brain drain, rôle des universités prestigieuses et centres de recherche). Le Brésil reçoit des migrants à la recherche de travail, venant essentiellement du sous-continent. Le rêve américain est en partie à l’origine de la mobilité des populations depuis le XVIII

ème siècle : recherche du progrès, de la

fortune, de la réussite. Image de la ruée vers l’or au XIXème qui a attiré des millions d’américains vers la Californie. Espoir de réussite dans la tête des américains et des populations immigrées. Les immigrants ont contribué à la formation de la puissance américaine, comme par exemple les coolies, travailleurs chinois des chemins de fer, au XIXème siècle. Exemple : Le film Golden Door d’Emanuele Crialese, avec Charlotte Gainsbourg, traite de ce thème de l’immigration et du rêve américain. C’est en effet l’histoire d’une famille sicilienne qui tente d’émigrer vers les Etats-Unis au XIXème siècle. Les membres de cette famille fantasment totalement le territoire américain, en imaginant notamment que les animaux et les légumes y sont géants, et que l’argent y pousse dans les arbres.

Transition = Tous deux intégrés dans le processus de mondialisation, Brésil et EU sont bien des « puissances mondialisées ». Pour les EU, on peut parler d’hyperpuissance malgré les limites actuelles : crise économique de 2008 et ses séquelles, déficit et endettement, concurrence chinoise, hostilité politique et idéologique, tentation isolationniste depuis l'élection de D. Trump ? Quant au Brésil, il s’affirme comme une puissance émergente dont le rôle ne cesse de croître. Sa puissance est surtout économique. Il cherche à affirmer son influence sur le continent sud-américain et sur d’autres marchés émergents. Cette puissance a aussi des limites : les partenariats avec d’autres pays sont fragiles, la Chine est un concurrent de taille et les scandales ayant obligé la présidente à démissionner ont déstabilisé le pays). La pauvreté de la population reste un frein au développement de cette puissance. C’est pourquoi on peut parler pour le Brésil de puissance régionale émergente. _______________________________________________________________________

II. Quelles dynamiques territoriales ?

A) deux dynamiques, deux visions proches

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1) Un idéal de conquête et de front pionnier dans les deux pays ► Des caractéristiques physiques d'états continents : Tous deux sont en effet des « états- continents » EU = 9.6 M km² (15 x la France) et Brésil = 8.5 M km², 3ème et 5èmerang mondial.

- Deux processus de conquête comparables : Au Brésil comme aux Etats-Unis, les colons sont arrivés au XVIe s./XVIIe siècle par le littoral occidental puis ont progressé à partir des bases côtières vers l'intérieur. Aux Etats-Unis, la conquête et l'avancée du front pionnier s'accélèrent nettement au XIXème s. notamment avec la Ruée vers l'or dès 1849 vers la Californie dans un axe est/ouest. La construction du Transcontinental (1869) achève la conquête, désormais le front pionnier des EU se fera à l'extérieur du continent (colonisation voilée par exemple aux Philippines).

Au Brésil, la première occupation portugaise s’est limitée au littoral d’où partait le bois et où la canne à sucre étant cultivée au XVIe siècle. L’élevage au XVIIe siècle, puis l’orpaillage au XVIIIe siècle, ont conduit les Portugais à s’enfoncer dans les terres. En 1750, le Brésil avait atteint presque partout ses limites actuelles. Le territoire brésilien a continué à s’organiser en fonction de cycles économiques successifs ; après le bois, le sucre, l’élevage et l’or, les cycles économiques structurants ont été, aux XIXe et XXe siècle, celui du caoutchouc et du café, puis finalement du soja. Au Brésil, la progression s'est donc effectuée du nord vers le sud par cycles successifs de conquêtes et d'abandon et de l'est vers l'ouest par la colonisation. En 1850, le Brésil "utile" ne s'étend pas à plus de 150kms des côtes. Il faut attendre le déplacement de la capitale à Brasilia (architecte Oskar Niemeyer) en 1960 et le lancement des fronts pionniers amazoniens (route transamazonienne) pour relancer la conquête toujours inachevée. L’Amazonie est peu à peu intégrée au territoire au fur et à mesure de l’avancée d’un front pionnier (espace défriché mis en valeur et intégré aux espaces déjà développés et ouverts sur l’extérieur) qui s’accompagne de construction de routes transamazoniennes et de défrichement. Le Rôle de l’Etat dans la conquête de l’intérieur au Brésil est essentiel : La Conquête du territoire brésilien a été organisée par l’Etat à partir de 1930.

► Toutefois, les espaces sont très inégalement valorisés et maîtrisés : les États-Unis disposent d'un territoire « fortement maîtrisé et valorisé » mais le Brésil d'un territoire « à maîtriser ».

- Les Etats-Unis ont une maitrise complète de leur territoire : 32% du trafic aérien mondial (853 aéroports importants, dont 5 parmi les 10 premiers au monde (2011)) 1er : Atlanta. Rail : 30 % du réseau mondial avec 300 000 Kms (importance du transcontinental landbrige). Automobile : 6,4 millions de kms de routes et 95 000 kms d'autoroutes. Les liaisons fluviales les Waterways (Mississippi des Grands Lacs à la Nouvelle-Orléans), le Saint-Laurent (Seaway). (voir B) Mondialisation et dynamiques territoriales) - Le territoire brésilien reste à maîtriser car les réseaux sont à la fois insuffisants et déséquilibrés : le réseau routier et autoroutier est de 1,8 millions de kilomètres, concentrés au sud et au nord-est mais seules 12% des routes sont goudronnées. Le réseau ferré comprend moins de 30 000 km de voies et 7% seulement des lignes sont électrifiées. Les efforts actuels portent sur les "corridors d'exportations" qui relient les zones de P° (mines de fer du Minas Gérais et du Carajas 4/231) et les ports d'exportation. 2) Ressources et potentialités ► Les espaces américains et brésiliens sont riches de ressources et de potentiels : - Aux EU, la S.A.U (surface agricole utile) est immense car 60 % du territoire est utilisable à des fins agricoles mais 1/2 seulement est utilisée. Ils disposent de sols riches et des régimes climatiques différents facilitent des mises en valeur agricoles différentes variées : céréaliculture, élevage (extensif et intensif), cultures maraîchères et fruitières, en particulier production d’agrumes dans les États les plus méridionaux, ceux de la Sun Belt (Californie, Arizona, Texas, Floride) ; ces diverses productions agricoles, soutenues par des subventions, permettent aux États-Unis d’être le 1er exportateur mondial de produits agro-alimentaires (ils ne sont pas pour autant autosuffisants, puisqu’ils en sont le 2e importateur). Certaines de ces productions sont cependant permises par une irrigation dont les excès sont à l’origine de problèmes environnementaux, en particulier dans le bassin du Colorado. Ils disposent aussi de grandes plaines bien arrosées (région des grandes plaines). Néanmoins le pays doit faire face aussi à des contraintes, notamment de relief : les rocheuses et l’exposition à des risques sismiques (en Californie, attente du « big one »), des hurricanes, des tornades)

- Ressources minières et hydrocarbures : Charbon : 2nd rang, 30 % des réserves mondiales (Wyoming, Colorado,) Pétrole: 2ème rang mondial (Golfe du Mexique, le mid-continent* - Un potentiel hydroélectrique considérable (bassins du Tennessee, du Colorado) mais un potentiel largement sous-utilisé : 1/4 des sites possibles ont été aménagés. .

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- Les ressources du sous-sol : charbon dans les Appalaches et les Rocheuses (30 % des réserves mondiales), 2ème rang mondial,, différents minerais dans les Rocheuses et les plaines de l’Ouest, hydrocarbures, notamment pétrole du Golfe du Mexique et de l’Alaska. Historiquement cela a facilité l’essor de l’industrie. Ce sont des ressources qui peuvent être exploitées (ou pas) en fonction des cours mondiaux : ex du pétrole en Alaska. Auj : second producteurs mondiaux de gaz naturel et de charbon, troisième pour le pétrole. Réserves : premier rang pour le charbon, septième et 10ème rang pour le gaz et le charbon. Cependant, le pays est marqué par la précarité de sa balance énergétique. La consommation qui ne cesse de croître (« ogre énergétique ») et est en majeure partie d’origine fossile. Aujourd’hui les Etats-Unis assurent la production de 19% de l’énergie mondiale mais en consomment 25%. Les Importations en hydrocarbures sont essentiellement des produits pétroliers liquides : en 2005, 67% du pétrole était importé et en 2030 l’estimation tourne autour de 75% si le rythme se poursuit ainsi. Les EU travaillent donc de plus en plus aujourd’hui à la recherche d’énergies de substitution, renouvelables. Ces ressources se situent principalement au pied des Rocheuses, en Alaska et « off Shore» dans le Golfe du Mexique). Pour le Gaz naturel : 2ème rang mondial. Les EU sont les premiers producteurs mondiaux d'hydrocarbures (en incluant les gaz de schiste) début 2014 devant la Russie et l'Arabie saoudite. Le gaz de schiste, malgré les dangers pour l’écologie est très investi par les EU.

Les fleuves font l’objet d’une mise en valeur multiple : production d’eau potable, hydroélectricité, irrigation, transport fluvial. Exemple : c’est sur les 4 000 km du Mississipi que sont transportés environ 60 % des exportations de céréales, 22 % du pétrole et 20 % du charbon.

Bien que la prise de conscience d’un patrimoine naturel riche soit ancienne aux EU (le premier parc naturel du monde est Yellowstone, en 1872) les américains ont longtemps pensé qu’ils pouvaient puiser sons compter dans leurs ressources. Aujourd’hui ils agissent différemment en cherchant à éviter par exemple l’épuisement des sols et l’érosion, ils prennent des mesures contre la pollution de l’air, ils préfèrent s’approvisionner en énergies à l’extérieur, en diversifiant les fournisseurs, pour conserver sur leur territoire des réserves stratégiques. Les Etats fédérés prennent souvent très au sérieux la question du développement durable, par exemple la Californie qui développe notamment la géothermie.

- A noter aussi que les EU possèdent la plus vaste ZEE* au monde 12 M km² (ressources là encore en off shore + ressources halieutiques*) (France en 2ème position avec 10 M de km²).

► Le Brésil est un territoire au vaste potentiel encore souvent inexploité, quelques exemples :

Le Brésil dispose d’un espace immense (plus de 15 fois la France = Etat-continent), qui n’est toute fois encore contrôlé par les autorités, et qui est en cours d’aménagement. Il dispose d’une grande façade maritime, mise en valeur par des ports dynamiques et les principales métropoles du pays, à savoir Sao Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte. L’espace est mis en valeur par des productions agricoles qui permettent au Brésil d’être, après les États-Unis, une autre « ferme du monde », en particulier le soja (1er exportateur), l’élevage extensif et surtout intensif de bovins (2e cheptel bovin au monde derrière l’Inde), le café, le sucre, et des productions maraîchères (ex les mangues). L’Exemple du soja : Le Brésil est le 2ème producteur mondial de soja. Cette production a connu une évolution spectaculaire : rien en 1970. En 1998 : surface : 13M d’ha, production 30M tonnes, exportations 10M tonnes. En 2000, +20M d’ha, 50M tonnes, 20M tonnes exportées. Elle

fournit l’alimentation animale poulets, bétail dans un contexte d’interdiction des farines animales en Europe. Le paysage agricole brésilien est caractérisé par un type de paysage : de grands champs, de grandes exploitations, les latufindios. L’agriculture brésilienne est dépendante de l’agro-business contrôlé par des grandes FTN de l’agro alimentaire. Ainsi, dans le Mato Grosso le module recommandé pour la rentabilité minimum est de 5000 ha. L’Exploitant habite le plus souvent en

ville, c’est un gardien et sa famille qui vivent sur l’exploitation. Le coût du terrain 1000 € l’ha. Des Produits phytosanitaires sont régulièrement aspergés par avion. Le Brésil possède une surface agricole (hors forêt) comparable à la surface agricole chinoise. Il possède la 1ère forêt tropicale au monde (bassin amazonien

Les ressources du sous-sol sont également un atout : minerais comme le fer, l’or ; pétrole : le pays est autosuffisant depuis 2006.

Du point de vue de l’occupation de l’espace, on parle d’un territoire en archipel car il est fait d’ « îles », plutôt des îlots de population et de développement, avec entre ces îles, des espaces faiblement peuplés et peu dynamiques. Un des défis majeurs du Brésil est de parvenir à concilier la conquête et l’aménagement de nouveaux espaces avec l’accroissement et la préservation des ressources.

- D'énormes réserves de bauxite et de fer (2nd producteur mondial, 4/231). 21% de l'eau douce de la planète - 3ème producteur mondial d'hydroélectricité avec Itaipu et le projet du barrage de Belo Monte. - Découverte en 2007 de pétrole en mer (Tupi), en 2013, le pays est 11ème producteur mondial devant le Nigéria.

B) Mondialisation et dynamiques territoriales ► Les trois phénomènes suivants sont observables partout sur la planète et correspondent à une tendance lourde de l'organisation des territoires. Les Etats-Unis et le Brésil sont à cet égard particulièrement représentatifs d'états au cœur de la mondialisation qui « produit des territoires », avec toutefois des différences significatives entre les deux états-continents.

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1) Des dynamiques réticulaires*(en réseaux) ► Les EU ont le réseau de transports et de télécommunications le plus vaste et le plus complet du monde, ce qui permet de surmonter le problème de l’immensité. ► Mais leur organisation est inégale : - Forte densité des réseaux dans le coeur historique (NE) et qui devient plus lâche ailleurs (gradient E/O). Etirement transversal d’Est en Ouest (ponts transcontinentaux), à l’exception de quelques grands axes méridiens (N/S) : côte pacifique, axe du Mississippi et côte atlantique. - La longueur des réseaux est exceptionnelle : plus de 6 millions de km de routes, 270 000 km de voies ferrées, et des réseaux de canaux le long du Mississippi reliant le Golfe du Mexique aux Grands Lacs et au Saint-Laurent puis à l’Atlantique. Le rail est plus important que la route pour le transport de marchandises grâce aux transcontinentales, tandis que pour les passagers longue distance c’est l’avion qui l’emporte. - les réseau d’oléoducs et de gazoduc est très important - Le territoire américain est polarisé par de grands carrefours : Los Angeles est le centre portuaire de la façade pacifique tandis que la façade atlantique a vu se développer une myriade de ports au NE avec New York et dans le Golfe du Mexique ; les aéroports ou hubs* (plateformes multimodales et desserte hiérarchisée du territoire) sont aussi des pôles importants : pôles internationaux comme New York, Chicago, Los Angeles, San Francisco, Miami et Washington / Baltimore, pôle nationaux comme Dallas, Atlanta (1er aéroport mondial), Houston puis Denver, Saint-Louis, Seattle, Las Vegas, Phoenix. Le territoire est organisé en hubs and spokes par les transports (« Terme emprunté à la mécanique : hub and spoke signifie moyeu et rayons. Le hub ou moyeu est le point vers lequel convergent les différentes lignes, assimilées à des rayons. Le réseau en hub and spoke privilégie un trafic en étoile autour d’un nœud. » Source : Géoconfluences). Le réseau de transport des Etats-Unis est marqué par une grande intermodalité.

- Les réseaux de transports au Brésil Les réseaux de transports sont inachevés. On observe un gradient décroissant du Sud-Est au Nord-Ouest. Les transports restent un goulet d’étranglement. Mais il y a des améliorations : la marche vers l’Ouest s’est traduite par la construction de routes en Amazonie pour la désenclaver notamment la transamazonienne*, mais aussi la Brasilia-Belem, la Cuiaba - Porto-Velho ; le trafic aérien a été multiplié par deux dans les années 2000. L’axe fluvial majeur est celui de l’Amazone. Le principal aéroport du pays est celui de Sao Paulo tandis que les ports importants sont ceux de Rio, de Santos près de Sao Paulo et de Porto Alegre, celui de Belém est en plein essor.

2 ) L'affirmation des interfaces ► Produit de la Mondialisation des échanges* et « conteneurisation de l'économie mondiale », et donc importance des façades maritimes ► Explosions des flux matériels et immatériels ainsi que des migrations humaines transcendant les limites nationales donc a) Les interfaces frontalières : - Avec la création de l'ALENA et l'augmentation des échanges entre les EU et ses voisins terrestres, on assiste aux EU à l'émergence de régions transfrontalières comme par exemple « la Main Street America* » qui repose sur la connexion et la mise en réseau des grandes métropoles américaines (de Chicago à Pittsburgh : Chipitts*) et canadienne (de Toronto à Montréal) facilitée par le maillage serré des réseaux de transports (présence d'axes majeurs comme le Saint Laurent). - On peut ajouter à l’Ouest la « Pugetopolis* » avec Seattle, Portland et Vancouver. Déjà évoquée aussi « la Mexamerique » qui est structurée par des villes-jumelles (twin-cities) comme San Diego et Tijuana et par des échanges (capitaux américains, produits issus des maquiladoras mexicaine). b) Les interfaces maritimes : Riches de 20 000 km de côtes, les USA bénéficient d’une grande ouverture maritime sur le monde grâce à leurs trois façades portuaires (atlantique autour de New York, golfe du Mexique avec les ports de la Nouvelle-Orléans et de Houston, pacifique avec Los Angeles et son port Long Beach). Cela les met en relation principalement avec l’Europe, l’Amérique latine et l’Asie.

► Le Brésil est un pays ouvert par ses 7400 kms de côtes atlantiques, notamment la partie sud qui forme son interface avec les EU, l’Europe et le reste du monde. La partie ouverte sur les Caraïbes est une interface en essor. Le Brésil a des frontières avec 10 Etats d’Amérique latine. Les interfaces frontalières sont en plein essor depuis la création du Mercosur, notamment entre le Brésil, le Paraguay et l’Argentine. De nouveaux axes de transports sont créés pour souder les économies de ces pays.

► Des contrastes entre les deux pays en terme d'interfaces :

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Si les EU et le brésil sont deux puissances bien intégrées à la mondialisation du fait de leur ouverture ou de leurs organisations régionales, les EU ont des interfaces maritimes et frontalières plus nombreuses et plus puissantes que celles du Brésil. Leurs territoires ne contribuent pas de la même façon à la puissance de ces deux pays. Les différentes régions des EU sont toutes très intégrées à la mondialisation

3) Une métropolisation des activités et des hommes ► Renforcement du pouvoir de commandement et des fonctions métropolitaines* liées aux caractéristiques de la mondialisation notamment en termes économiques. Emergence de conurbations appelées mégapoles*. ► aux EU : - Les USA sont urbanisés à plus de 80 %. L’armature du réseau est puissante avec trois mégapoles New York ( 22 millions d’habitants), Los Angeles (17 millions) et Chicago (9.5 millions). 1/3 de la population vit dans des villes de plus de 5 millions d’habitants. Plus de 40 villes ont plus d’1 millions d’habitants. Les villes en forte croissance sont celles de la Sun Belt (Dallas, Phoenix, Las Vegas…). Certaines villes forment des mégalopoles avec la mégalopolis de Boston à Washington (Bos-Wash corridor). Certaines mégalopoles plus ou moins importantes sont en formation : de San Francisco à San Diego incluant Los Angeles (SanSan), la Pugetopolis autour de Seattle, la Chipitts de Chicago à Pittsburg, la Métrolina de Norfolk à Atlanta (Etats des Carolines jusqu'en Géorgie).

- La métropolisation* est très importante avec des villes mondiales comme New York, Los Angeles, Washington et Chicago. Ces villes attirent des fonctions internationales : financières à New York et Chicago, politiques à ashington, de conception à San Francisco (Silicon Valley), culturelles à Los Angeles (Hollywood), touristiques à Miami. - Les villes américaines sont structurées sur le même modèle. On trouve au centre un downtown* (centre-ville), un CBD* actif le jour et vide la nuit constitué de gratte-ciels et souvent des ghettos* autour, ainsi que pour les villes du NE des espaces industriels en crise (friches). Des opérations de reconversion, de rénovation et de réhabilitation ont été menées avec succès (cf. Boston) et ont entraîné une gentrification* de ces quartiers. La périphérie des villes américaines est marquée par un important processus d’étalement spatial*, c’est le domaine des vastes banlieues pavillonnaires qui concentrent 75 % des Américains, quadrillées par des autoroutes le long desquelles s’installent les « edge cities », les nouveaux centres dédoublés qui concentrent commerces, bureaux et parcs scientifique, au-delà on trouve parfois des « gated communities » (quartiers fermés). L’espace de la ville américaine est donc fragmenté, ségrégué socialement et spatialement et éclaté entre vieux centre, technopôles, ancien et nouveaux CBD, donc polynucléaire (cf. Los Angeles). ► Au Brésil : La population est très largement urbaine à plus de 80 % mais il y a des inégalités régionales : Le Sudeste est urbanisé à plus de 90 % alors que le Nord et le Nordeste sont plus ruraux. - Les mégapoles se situent sur le littoral dans le Sudeste : Sao Paulo (20 millions, 1 Brésilien sur 10, 4° ville du monde par sa taille, 2° en Amérique Latine après Mexico, immense aire urbaine de Gran Sao Paulo de 1000 km d’Est en Ouest et 65 km du Nord au Sud) et Rio de Janeiro (13 millions) qui forment une mégalopole en émergence. On peut y ajouter des villes importantes de plus de 2 millions d’habitants comme Salvador de Bahia, Brasilia, Fortaleza et Belo Horizonte. Les villes en forte croissante sont au Nord et à l’Ouest du Brésil (Manaus, Fortaleza, Brasilia). - La métropolisation est en cours et entraîne une spécialisation des métropoles : fonctions politiques à Brasilia, fonctions de commandement économiques et financières à Sao Paulo (sièges sociaux, bourse), seule ville mondiale du pays, fonctions touristiques à Rio de Janeiro, fonctions industrielles et tertiaires dans les villes du triangle industriel de Sao Paulo, Rio de Janeiro et Belo Horizonte. - On a aussi un autre contraste spatial important au Brésil entre un centre (le triangle industriel) et une périphérie (le reste du pays). Les villes brésiliennes connaissent un fort étalement spatial et une importante fragmentation et ressemblent de plus en plus aux métropoles américaines. - Les centres villes sont riches, développés et bien équipés, ils comprennent à la fois le CBD, signe de l’intégration du Brésil à la mondialisation ; le centre historique, symbole du passé colonial ; des maisons individuelles entourées d’arbres ou de hauts murs, souvent gardés par des vigiles réservés aux élites. - Les périphéries sont pauvres et en développement, sous-équipées, elles voient la multiplication des bidonvilles ou favelas, quartiers d’habitat précaire et spontané faits de maisons auto-construites, marqués par le mal-développement. Entre les deux, on trouve tout type de quartier : les cortiços (ruches) sont des quartiers « taudifiés » faits d’immeubles dégradés, sortes de favelas verticales peuplées par des familles de néo-urbains pauvres et de plus en plus nombreuses ; d’autres favelas se situent dans les espaces laissés libres et dans les zones à risques, à proximité des voies ferrées, des autoroutes ou des aéroports, ou sur les pentes ; les « condominios fechados » sont des quartiers fermés pour les riches gardés par des milices privées, des « gated communities », qui parfois ont leur propre shopping center ; des immeubles d’habitat collectif pour les classes moyennes ; des quartiers aux fonctions économiques (industrielles, commerciales…). Ces contrastes sociaux entraîne des violences urbaines très importantes, Rio et Recife font partie des villes les plus violentes du monde.

T° Points communs réseaux urbains EU/Brésil :

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- La métropolisation et la fragmentation socio-spatiale. Ces deux pays sont tous les deux très urbanisés (plus de 80 %). Ils possèdent des mégapoles formant des mégalopoles comme NY et la mégalopolis ou Sao Paulo et Rio de Janeiro. Les métropoles attirent les hommes et les activités, elles se spécialisent dans certains domaines. - Mais le réseau urbain américain est plus puissant que celui du Brésil, l’aire d’influence des métropoles est plus vaste : les EU possèdent plusieurs villes mondiales (AMM), ce sont non seulement des centres pour le pays mais aussi des centres pour le monde, ce qui n’est pas le cas du Brésil, excepté Sao Paulo. Toutefois les villes américaines et brésiliennes se ressemblent de plus en plus. Elles sont marquées par le processus de fragmentation spatiale lié à l’étalement spatial urbain, au déplacement ou au dédoublement des activités du centre ville en périphérie, à la ségrégation socio-spatiale. Ainsi les activités sont éclatées entre différents pôles.

III. L'organisation des territoires états-unien et brésilien

A) L'organisation du territoire états-unien * Voir diaporama croquis EU 1) Un NE, centre ancien ► Il s’organise autour de la mégalopolis* et des métropoles de la région des Grands Lacs. - Cette région concentre plus du 1/3 de la population des EU. On y trouve les plus fortes densités humaines et de transports des EU. - Cet espace concentre des fonctions de commandement (ONU, FMI, Présidence américaine/Maison Blanche, Pentagone), des fonctions de conception et des fonctions de production. Le NE a toujours été le centre décisionnel des EU avec 70 % des sièges sociaux des firmes américaines (même s'il est fortement concurrencé par la Californie dans la « Sun Belt »). C’est le premier marché financier du monde (New York). - Importance aussi des grandes universités et des pôles de R&D (Yale à Princeton,Harvard et le MIT à Boston). - Bien qu'ayant été frappé par de nombreuses crises (crise dans les années 1960-1980 textile,sidérurgie, mécanique puis 2008 = désindustrialisation), le NE reste aussi la première région industrielle du pays avec 45 %des emplois industriels (on parle de « Manufacturing Belt »). - La désindustrialisation touche surtout des villes comme Détroit, Chicago, Cleveland et Pittsburgh (Rustbelt* = ceinture de la rouille) donc les villes du NE se sont réorientées vers des activités industrielles de haute technologie et le tertiaire supérieur. Avec son interface majeur sur la côte est, c’est un espace ouvert sur l’Europe et le reste du monde (NYC 3ème port US derrière l'ensemble portuaire de Louisiane du sud et Houston).

2) La Sun Belt* : une périphérie attractive et dynamique

- La Sun Belt (ceinture du soleil) constitue ce croissant périphérique en forte croissance, formé de 15 Etats de la Virginie à l’Etat de Washington. - On a vu que les flux migratoires internes et externes y étaient intenses : on y trouve 4 Américains sur 10. Son attractivité relève du phénomène de l’héliotropisme (douceur du climat). C'est aussi ce qui explique le dynamisme du tourisme (Floride et Californie) avec par exemple des littoraux aménagés en immense plages, les sites culturels ou naturels comme les grands parcs très nombreux aux EU et spécifiquement dans la Sun Belt (Yosemite National Park, Death Valley National park...). - la position d’interface avec l’Amérique Latine et l’Asie-Pacifique mais aussi le Canada (Seattle- Vancouver / Pugetopolis), le développement d’activités de R&D dans l’aéronautique, l’aérospatiale et la défense, les ressources du sous-sol qui ont induit la création d’industries lourdes, contribuent à son dynamisme. - En terme de métropolisation, il n’y a vraiment que Los Angeles, Dallas, Houston et San Francisco qui font un contrepoids au NE. - Une des particularités de la SB est la prédominance des contrastes socio-spatiaux.

Quatre régions motrices se distinguent : la Floride qui attire les retraités, les touristes et les capitaux d’Amérique Latine ; leTexas qui a une puissante agriculture et des ressources en hydrocarbures, des industries High Tech et d’importantes infrastructures de transports ; la Californie avec une agriculture très développée, des industries de pointe, un important tourisme et qui a été l’objet d’investissements de l’armée ; l’Etat de Washington avec Seattle, ville de Microsoft et de Boeing et le développement de Portland en liaison avec Vancouver au Canada. Des centres secondaires apparaissent : Atlanta la ville de Coca Cola Company (+ électronique, aéronautique) et sa région le « Vieux Sud » (industrie d’assemblage, polyculture) ; Phoenix ; Las Vegas (Arizona, Nevada).

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Il existe aussi des régions qui sont des têtes de pont des EU : l’Alaska (forêt, pêche et hydrocarbures) et les îles Hawaii (tourisme et agriculture tropicale) : ce sont des espaces lointains mais stratégiques.

3) L’intérieur, marge exploitée - La région des Grandes Plaines et Hautes terres (Midwest) est peu peuplée mais est intégrée à la mondialisation par ses activités. Les Grandes Plaines sont les greniers à blé des EU et, en partie, du monde. L'élevage y est aussi particulièrement développé en mode extensif. Tandis que les Hautes Terres se tournent vers leurs ressources naturelles (minerais, hydrocarbures) et la beauté de leurs paysages (parcs naturels, ourisme). Quelques centres urbains d’envergure parsèment ce vaste ensemble : Kansas City, Denver et Salt Lake City et y concentrent des activités de services et des industries.

T° : Ce qu'il faut retenir est la position de centralité des régions états-uniennes c'est-à-dire leur capacité à être actrices de la mondialisation et aussi à en intégrer les dynamiques.

B) L'organisation du territoire brésilien * Voir diaporama croquis Brésil

Là aussi hiérarchie centre/périphérie. Selon le géographe Hervé Théry, il y a trois Brésil : « une Suisse, un Far-West et un Pakistan ». - Le centre : Sud et Sudeste = « la Suisse » Ces régions produisent les ¾ du RNB et 70 % du PIB industriel et concentrent plus de 50 % de la population du pays sur 18 % du territoire (fortes densités). Elles comportent des régions industrielles telles que le triangle industriel (Sao Paulo avec 50 % de la production nationale des industries lourdes sidérurgiques et chimiques, des industries mécaniques automobiles et des industries de haute technologie / Rio de Janeiro / Belo Horizonte) mais aussi des régions d’agriculture commerciale moderne tournée vers l’exportation (agrumes, café). Elles sont ouvertes sur le monde par leurs ports et sont animées par de grandes métropoles (Sao Paulo, Rio de Janeiro). Les classes moyennes se sont développées et ont contribué à l’essor d’un marché de consommation. Le niveau de vie y est supérieur au reste du pays, avec des salaires plus élevés, un IDH plus élevé, un analphabétisme faible, des taux de fécondité et de mortalité infantile plus faibles. Leur essor date du XIX° siècle (cycle du café) entretenu par les politiques de développement au XX° siècle (investissements publics et enfin IDE). Le Sudeste et notamment ses centres urbains sont un espace d’accueil pour les flux migratoires intérieurs.

- Les périphéries en voie d’intégration : Centre-Ouest et Amazonie (Nord) = « le Far-West » Ces régions représentent 14,5 % des Brésiliens sur 64 % du territoire (faibles densités). Leur mise en valeur est assez récente et ponctuelle. Elles attirent les flux migratoires et ont un fort potentiel de développement car elles ont d’importantes réserves d’espace. Le Mato Grosso ou Centre-Ouest est devenu une région d’élevage extensif, mais voit aussi se développer la culture du soja transgénique dans d’immenses exploitations modernes après avoir connu le cycle de l’or au XVIII° siècle. Le Mato Grosso est plus riche et plus développé que l’Amazonie. Cette dernière, constituée d’un immense bassin hydrographique et forestier, a des ressources abondantes. C’est une région intermédiaire en termes de développement. Après avoir connu le cycle du caoutchouc et son déclin, elle a été mise en valeur ponctuellement avec le percement des routes transamazoniennes , l’essor des fronts pionniers où se développent agriculture (petits terrains donnés aux colons, grands domaines d’élevage extensif) et exploitation minière (mines de Carajas : plus grande mine du monde). Ceci entraîne le recul de la forêt, ce qui pose le problème de la durabilité de ce développement. Des parcs naturels et des réserves indiennes tentent de préserver les premiers occupants de cette région. Une zone franche pour développer la construction mécanique et l’électronique a été créée à Manaus.

- Les périphéries en marge du développement : le Nordeste = « le Pakistan » Cette région comprend 28 % de la population sur 18 % du territoire (fortes densités depuis la colonisation du pays par les Portugais, le cycle de la canne à sucre et le système esclavagiste). On y trouve l’ancienne capitale du Brésil, Salvador de Bahia. Le Nordeste est la région la moins développée du Brésil avec un IDH faible, un analphabétisme plus élevé (22 %) et le problème de la faim. C’est une région encore assez rurale au rôle économique réduit, très dépendante du centre. C’est une région d’émigration, d’exode rural vers les villes du Sud-est. L’intérieur du Nordeste, le Sertao est une vaste poche de pauvreté qui présente les retards économiques et sociaux les plus graves du pays où se concentrent des paysans sans terres et des ouvriers agricoles. C’est une région semi-aride autour de la vallée du Sao Francisco marquée par des sécheresses qui peuvent durer plusieurs années (les secas) et par les inégalités foncières les plus marquées du pays. Pour le Brésil, la marge que constitue le Nordeste, espace agricole en crise, marqué par une pauvreté et un sous-développement très important, est bien une marge à l’échelle mondiale

Conclusion régions Brésil : Le territoire du Brésil est immense et dotés d’abondantes ressources mais il est marqué par un triple contraste : littoral peuplé / intérieur vide ; sud riche et développé / Nord pauvre et en développement ; centre du triangle industriel / périphérie. Il est organisé autour des espaces centraux du Sud et du Sudeste, fortement métropolisés et ouverts sur le monde, puis on distingue des périphéries en voie d’intégration au Centre-Ouest et en Amazonie mais dont le développement n’est pas toujours durable, et enfin on trouve une périphérie en marge du développement au Nordeste. C’est un territoire qui reste encore à maîtriser.