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CHAPITRE 3 : LES RESULTATS ALARMANTS, D’UNE PHILOSOPHIE AFRICAINE AGONISANTE DANS LES TOURMANTS DE L’ETHNOPHILOSOPHIE I. La philosophie africaine, modèle d’un système de croyance : le mythe de l’unanimité primitive La philosophie africaine originale, de son existence a mis en exergue le caractère tautologique et mystificateur de sa démarche en ce sens que, son insistance sur l’originalité et la revalorisation des cultures africaines qui ont toujours été l’expression des conditions d’existences déterminées à la base, se veut être le principe de sa transmission de génération en génération. Epousée et pratiquée par tous, cette philosophie collective, définitive, et immuable se conçoit sur le modèle de la religion comme un système de croyance, permanent, stable réfractaire à toute évolution toujours identique à lui-même, imperméable au temps et à l’histoire. Ainsi Houtoundji exprime bien cette impression quand il qualifie cette façon de philosopher de « mythe de l’unanimité primitive ». Pour lui «dans les sociétés occidentales, tout le monde est d’accord avec tout le monde. Par conséquent

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Page 1: Theme de Memoire

CHAPITRE3 : LES RESULTATS ALARMANTS, D’UNE PHILOSOPHIE

AFRICAINE AGONISANTE DANS LES TOURMANTS DE

L’ETHNOPHILOSOPHIE

I. La philosophie africaine, modèle d’un système de croyance : le mythe

de l’unanimité primitive

La philosophie africaine originale, de son existence a mis en exergue le

caractère tautologique et mystificateur de sa démarche en ce sens que, son

insistance sur l’originalité et la revalorisation des cultures africaines qui ont

toujours été l’expression des conditions d’existences déterminées à la base, se

veut être le principe de sa transmission de génération en génération. Epousée et

pratiquée par tous, cette philosophie collective, définitive, et immuable se

conçoit sur le modèle de la religion comme un système de croyance, permanent,

stable réfractaire à toute évolution toujours identique à lui-même, imperméable

au temps et à l’histoire. Ainsi Houtoundji exprime bien cette impression quand il

qualifie cette façon de philosopher de « mythe de l’unanimité primitive ». Pour

lui «dans  les sociétés occidentales, tout le monde est d’accord avec tout le

monde. Par conséquent il ne saurait avoir dans de telle société des croyances

individuelles ou philosophie individuelle »14. à dire vrai, il ne saurait avoir de

philosophie bantoue ou bantou, rwandaise, dioula, akan, européenne ou

américaine si l’on entend par là la présence d’une pensée hypothétique

homogène populaire à laquelle tous les bantu, rwandais, ou dioula, etc. Auraient

adhéré massivement et unanimement. Cela renferme dans le particularisme, le

culturel et le traditionnel. Aussi en prenant en compte le fait que « la mentalité

mythique érige directement un comportement individuel en norme universel de

comportement, une opinion individuelle en vérité universelle, du seul fait qu’il

s’agit du comportement de la volonté ou des déclarations d’une individualité,

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homme ou dieu posé comme exemplaire(…) ce qui caractérise donc

essentiellement u esprit mythique c’est son inaptitude ou son renoncement à

penser, à réfléchir d’une manière personnelle et autonome » la notion de

philosophie collective au quelle se rapporte le vecteur directeur de la

philosophie africaine originale, est aberrante. A cet égard le mythe prôné par

l’ethnophilosophie dont parle Towa, ne peut être de la philosophie, car le mythe

est une invitation à la divagation émerveillée de l’esprit à travers le temps et

l’espace et selon les critères d’identification d’un exposé philosophique

assignant « qu’un exposé philosophique est toujours une argumentation, une

démonstration ou une réfutation ». Houtoundji n’en dit pas moins lorsqu’il

soutient que « l’ethnophilosophie rend compte d’une unanimité imaginaire de

s’employer à interpréter un texte qui n’existe nulle part et qu’elle doit sans cesse

réinventer, elle est une science sans objectif, un langage abandonné à lui-

même ». par conséquent, la loi qu’elle postule exige que toutes les consciences

se soutiennent mutuellement et forment une seule conscience qui sera le porte

parole de tous, capable de dire unanimement « oui » ou « non » à la fois, au

même moment. La liberté est confisquée pour ne pas laisser libre court à la

discussion et à l’opinion personnelle qui, enflamment l’opposition au détriment

de l’unité. Or il revient aux africains d’être unis, autant dans la pensée que dans

les actions, pour mener le combat de la reconnaissance du certificat de

l’humanité et arraché la dignité confisquée par l’occident. Ainsi le mythe de

l’unanimité primitive prend l’image d’un mur de défense levé par les africains

contre l’occident. Ceux-ci s’enfoncent dans un dogmatisme, perdent toute

liberté d’expression et par là ne peuvent jouir des valeurs intrinsèques de leur

raison. Pour Towa c’est en raison d’un tel dogmatisme que « les idées avancées

par l’ethno-philosophie sont figées dès leur mise au jour et ne sont susceptibles

d’aucun développement ». Au nom de l’africanité, l’ethno-philosophie telle que

pratiquée, ne crée pas un environnement de discussion philosophique des idées

et des valeurs mises en avant, entre les africains eux même sur le problème de la

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philosophie en Afrique. Elle fait preuve d’une grande paresse intellectuelle

faisant l’économie d’esprit critique individuel et des techniques, des méthodes

d’enquêtes ethnologiques dans sa démonstration théorique.

II. Un discours théorique incompatible aux exigences scientifiques d’une

enquête philosophique

L’un des résultat remarquable de l’ethnophilosophie dans son déploiement

c’est son incapacité d’avoir une liaison intime entre le souci de connaître

rationnellement, méthodiquement, la réalité des choses et une bonne volonté de

prendre appui sur ce savoir pour définir l’orientation profonde, absolue que doit

adopter le comportement humain. Selon Towa, la problématique de l’ethno-

philosophie n’est que la pratique victorieuse d’une pensée douteuse et mythique,

qui est à la base de toutes ses multiples impasses théoriques. D’où la preuve que

« l’ethno-philosophie s’est avérée d’une grande stérilité. En se soustrayant aux

exigences scientifiques D’enquêtes, elle se met hors d’état d’enrichir notre

connaissance de nous-mêmes par l’apport de documents neufs solidement

établis »17.

En dégageant la valeur intrinsèque de la philosophie c'est-à-dire son

universalité en tant que déploiement libre et rationnelle de la pensée critique,

Towa lève le voile sur les points de divergences entre la philosophie et l’ethno-

philosophie qui est une tentative permanente de la philosophie. Du fait que « la

philosophie est la pensée humaine, libre, infinie »18 elle s’oppose à la fois à la

philosophie populaire et à la religion et ne laisse pas le vrai au fond du cœur,

mais l’en tire pour l’exposer à la lumière du jour. De plus elle a une forme

conceptuelle car c’est dans le concept seul que le savoir philosophique trouve

l’élément de son existence. Elle est ainsi systématique et rigoureuse. Elle est une

vrai science, car « la vrai figure dans laquelle la vérité existe ne peut être que le

système scientifique de cette vérité »19. Par ailleurs, la réflexion philosophique

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est un besoin parmi les besoins et comme telle, elle serait un effort de mise en

ordre du monde. Le philosophe cherche le vrai mais le vrai n’est pas encore le

réel, car le vrai reste enfermé dans le cadre du jugement. Alors il s’inspire de la

science ou, mieux des sciences. Or, les sciences ne s’éclairent que par des

théories qui dépassent les sens. Ces théories ne sont pas celles qu’imaginent les

savants pour faire progresser leurs disciplines. Elles sont pour le philosophe une

recherche de principes. Pour Towa, la philosophie est un simple discours

spéculatif, qui prend la forme d’un reflux de la pensée sur ses propres sources

vives qui lui permet de se ressaisir comme l’origine du sens qu’elle confère à ses

objets et à ses œuvres. Loin que les réponses à ses questions soient déjà quelque

part dans l’au-delà d’une transcendance plus ou moins inaccessible, elles ne se

découvrent que progressivement dans leurs liens, aux problèmes que l’esprit

peut et doit se proposer, comme autant de taches à accomplir. Assurément

comme toute connaissance digne de ce nom, la philosophie vise bien cette

valeur de vérité qui se définit par l’accord de la pensée avec son objet. Face aux

critères de base du processus de la réflexion philosophique Towa pense que

l’ethno-philosophie est une anti-philosophie. Car dans le déploiement de leur

pensée, les ethnophilosophes ont toujours cédé à l’envie de théoriser et de tirer

des conclusions hâtives de leur philosophie, de leur pratique. Livrée à elle, en

ethnophilosophie, la raison est statique, incapable d’esquiver les questions et

leur donner une réponse. On remarque que les conclusions de ses raisonnements

sont contestées, sa législation devient antinomique et se montre incapable de

trancher entre les thèses qui s’excluent. L’ethno-philosophie est dès lors limitée

et n’a aucune dimension universelle dans la mesure où son objet se trouve dans

le saisi et l’exposition de l’originalité de l’Afrique à travers ses œuvres

culturelles. Cet esprit philosophique se distingue surtout par sa fermeture sur soi

du cercle des connaissances et par sa détermination à toujours se contenter des

vérités révélées au détriment du dépassement des contingences, comme l’exige

l’esprit scientifique de tout débat philosophique. En cela Towa pose le fait que

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l’ethno-philosophie « en esquivant le débat philosophique sur les idées et les

valeurs, il ne lui reste pour les imposer que la voie d’un dogmatisme desséchant

dans lequel la négritude entendue comme retour à nos sources culturelles dans la

fierté retrouvée, est pervertie au point de n’être plus qu’un avatar du « magister

dixit ».»20. Comme telle l’horizon théorique de la pensée africaine est vide, et

effroyables, des qualificatifs qui expriment mieux le retard de la philosophie en

Afrique et les raisons premières de son exclusion au royaume de la philosophie.

III. L’expression d’un peuple asservi, absent dans l’histoire universelle.

L’ethno-philosophie est perçue par Towa comme un obstacle à

l’avènement de la révolution africaine. En effet l’ethno-philosophie quelque soit

sa pertinence n’a jamais sue inculquer au comportement africain la force de

surmonter les apories soulevé par son propre développement. Idéologiquement

son effort a toujours consisté à empêcher chez le dominé toute prise de

conscience de sa situation de dominé et d’esclave en le dépréciant à l’histoire.

Son attachement à l’unanimité impose une vision collective du réel qui n’est

cependant pas en rapport avec le quotidien de l’Afrique animé par les conflits

entre oppresseur et opprimée, et les divergences politiques. Ce qui lui permet de

livrer les africains à la tyrannie, ennemie de la liberté et de la pensée. Ainsi

Houtoundji n’a pas eu tort de dire que l’ethno-philosophie « ne cesse de se

creuser chaque jour d’avantage dans une population lasse, indifférente aux

problèmes théoriques dont elle ne voit même plus l’intérêt »21 à cause de ce que

l’esprit africain, avait-on dit, n’arrive pas à se défaire de l’unité compacte des

choses et de l’existence pour s’affirmer dans sa liberté subjective.

L’homme africain n’est pas encore arrivé à laisser ses emprunts dans le

domaine philosophique, qui représenteraient son objet universel afin de parvenir

à l’histoire universelle, par lequel on pouvait reconnaître les talents et le savoir

faire africain. Mais « où sont les Césaire et les Chinua Achebe de la

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philosophie ? »22. Par cette interrogation, Towa montre bien que la philosophie

au sens stricte du terme, n’est pas encore adoptée par les africains et toutes les

fois qu’ils leur à semblé en faire, ils se sont enlisés sur les chemins bourbeux de

l’ethno-philosophie, qui est une forme d’assujettissement, empêchant toute

conscience de connaître, se faire connaître librement. En outre, cet appel à

l’authenticité, à être nous même et non ce que les autres voudraient que nous

soyons, est en quelque sorte le résumé de l’aspect fondamental de la lutte contre

l’acculturation coloniale qui a sévi en Afrique au 20e siècle, pour mener

l’Afrique à la liberté totale, montre clairement l’inversion idéologique opérée

par l’authenticité. En ce sens, l’essentiel pour les ethno philosophes, se résume

dans la primauté des phénomènes de conscience sur le mouvement des forces

matérielles, des problèmes culturels sur les problèmes économiques et

politiques. Or, selon Towa, le réel alarmant de l’Afrique est telle que la

révolution dont l’Afrique a besoin, passe nécessairement par sa libération

économique et politique vis-à-vis des forces impérialistes et l’ethno-philosophie

est très limitée dans la mesure où elle « en reste à la finalité de la négritude et

des mouvements de libération coloniaux, dont la négritude révolutionnaire ne fut

que la dimension idéologique et spirituelle. »23. ce qui veut dire que le

problème culturel à beau être le générateur de tous les autres problèmes en

Afrique, ne dit pas que sa résolution à partir de l’ethno-philosophie va remettre

l’Afrique au pas sur le chemin du développement, mais une autre façon de

montrer à ses négateurs ce qu’elle a, c'est-à-dire son avoir et non son Etre. Si on

considère l’Etre comme son savoir faire qui se vaut qu’à partir de l’expression

libre de la pensée et de la liberté, qui n’est cependant pas les atouts de l’ethno-

philosophie.

Au terme de cet analyse, on remarque que, ce qu’on a considérée être une

philosophie africaine, pouvant révéler l’originalité de l’Afrique, et être

susceptible de dire à haute voix ce que l’on disait tout bas lors des évènements

de la colonisation, en toute liberté de penser et d’expression, n’a pas eu le mérite

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de sa juste valeur. Quoiqu’on dise les africains ont maintenu leur place de

dominé sans liberté ni voix et tout ce qu’ils ont pu dire quand l’occasion leur a

été donné n’a rien ajouté ni retranché à leur état d’être et en général à l’heure de

l’Afrique. Par conséquent Towa pense que « la question de savoir si nous avons

ou non une philosophie, doit donc être résolument subordonnée à l’examen

impartial et au jugement objectif de la valeur intrinsèque de la philosophie, au

sens européen du terme et au rôle qu’elle est susceptible de jouer relativement à

notre dessein fondamentale. » en vue de tendre vers un idéal pour l’Afrique, qui

est celui de d’établir une philosophie africaine originale à la lumière d’une

reconsidération des failles de la philosophie, dans ses conditions d’existence

dans l’Afrique actuelle.

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2eme partie : L’IDEE D’UNE REVOLUTION RADICALE DU DISCOURS

THEORIQUE EN AFRIQUE POUR UNE PHILOSOPHIE DE NOTRE « être-

dans- le- monde » ACTUELLE

De la question « existe-il une philosophie africaine ? » Towa ne comptait

pas se limiter à ce débat sans fin autour duquel s’est construite l’horizon

théorique des africains dans l’exercice d’une philosophie original africaine. Mais

à partir de là, présenter les normes d’une action possible face aux difficultés que

connaît l’Afrique dans les domaines politique, social et culturel, résultats de la

domination de l’idéologie coloniale. Il part d’une contestation de la réalité

existentielle de la philosophie dans l’Afrique actuelle pour évoquer l’idée d’une

révolution radicale de la philosophie, en vue de donner une nouvelle orientation

aux discours des philosophes africains, qui va participer activement à la

construction d’une Afrique nouvelle et à l’émergence d’un homme nouveau

africain, avec un nouveau style de penser, de parler, et d’agir. Selon ce que

pense Karl Marx que « le philosophe est la quintessence de son milieu et de son

temps » Towa fait de la philosophie « une pensée libre qui doit apprécier et

juger »23, comme une sagesse du monde, que doit adopter les africains pou

prendre part au projet d’une Afrique libre dans un monde libéré. Alors il n’en

demeure pas moins que les premiers pas de Towa dans cette révolution radicale

de la philosophie commence par un refus de tout effort du noir visant à obtenir

du blanc qu’il lui décerne un brevet d’humanité ou à étaler aux yeux de celui-ci

les splendeurs des civilisations africaines passées. Car « le respect ne se mendie

pas, pas plus que ne s’octroie la dignité, mais l’un et l’autre se conquièrent par

les splendeurs de notre histoire »24. C’est d’abord aux africains que la

philosophie dite africaine doit s’adresser afin qu’ils puisent dans leur histoire le

courage et la science nécessaire pour bâtir leur avenir, selon un projet et

conformément à des fins qui soient bien à eux. Pour cela, peut dire Towa, que

«dès lors l’enjeu ne peut plus être pour nous la reconnaissance d’un droit, mais

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l’exercice de ce droit »25 c'est-à-dire que « il faut maintenant passer aux actes,

et imposer par des réalisations de tous ordres cette dignité anthropologique »26.

Comment y parvenir ? C’est bien à cette question que nous allons tenter

d’élucider dans cette deuxième partie de notre étude de recherche, à la lumière

de la démarche argumentative de Marcien Towa.

CHAPITRE 1 : LA RUPTURE D’AVEC L’ETHNOPHILOSOPHIE PAR

L’EXERCICE DU DROIT A LA PHILOSOPHIE, ENJEU D’UNE

PHILOSOPHIE NOOUVELLE DANS L’AFRIQUE ACTUELLE

I. La philosophie dans l’émancipation à être nous même et la

révolution copernicienne pour l’Afrique actuelle

L’importance d’une philosophie africaine originale pastichée à un mouvement

revendicatif tel que la négritude n’a plus droit de cité, depuis ce grand jour

mémorial où a luit le soleil des indépendances sur les états africains. A ceux-ci a

été reconnu ce jour là aussi bien le droit à l’initiative que le certificat d’humanité

que la colonisation essayait de cambrioler. Maintenant vient l’heur de prouver

au monde entier le mérite de ce qui a été le champ de bataille de toutes ces

réactions révolutionnaires en l’honneur de l’Afrique. Et ce mérite ne se résume

que dans la rupture avec l’ethnophilosophie qui a confisqué la conscience

africaine dans les dogmes, la soumission, et la passivité. C’est en cela que Towa

affirme que « ce quelque chose d’essentiel et d’irremplaçable dont nous nous

disions détenteurs, nous ne pouvions l’apporter au monde qu’en étant nous-

mêmes, en assumant la responsabilité de notre destin »27 pour ôter de la

conscience africaine tout sentiment d’impassibilité devant les malversations de

la culture africaine qui a freiné l’Afrique dans sa marche vers le développement

afin de s’assumer soit même. Ce qui veut dire que l’africain ne saura brandir son

originalité culturelle et philosophique qu’à partir du moment où, d’une part, il

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fera preuve de capacité et de responsabilité autant dans sa pensée que dans son

agir tout en restant soi même, et d’autre part quand ce qui est d’œuvres

culturelles et de philosophie s’adressent en premier lieu aux

Africains, et créent un environnement de discussion entre eux, par lequel ils

pourront se faire remarquer à partir de ce qu’ils auront ressorti comme pensée

originale pouvant contribuer au dynamisme de la civilisation universelle. On

voit bien que Towa ne manque de soutenir l’idée de révolution copernicienne

qu’a suggéré Aimé Césaire, pour l’Afrique actuelle. Dorénavant ce qui doit être

nécessaire pour l’Afrique c’est une doctrine repensée par nous africains,

repensée pour nous que convertie à nous. Avoir la responsabilité de soi, faire

pour nous, disposer pour nous, penser pour nous et contester ce droit à

l’initiative. Ainsi l’objectif de la philosophie africaine qui se veut une

reconquête de l’identité perdue rime avec la stimulation d’une renaissance de la

mentalité africaine, qui se convertie à l’acceptation de son etre-même, et à la

volonté d’être soi-même. C'est-à-dire que du mot «  radicale » Towa pense à une

révolution qui accule aux africains un changement profond de mentalité par le

canal de la philosophie. Qui va insérer dans les mœurs africaines, la croyance en

soi et la volonté d’assumer le destin de l’Afrique. En rejetant toutes les formes

du « laisser faire » et du « laisser aller » au profit du travail et de l’endurance.

Il faut que les africains parviennent à juger, à donner leur approbation, sur la

norme de la vérité de leurs productions intellectuelles, par leur esprit critique, au

lieu de donner toujours le privilège à autrui pour le faire. C’est par sa ferme

conviction en ce qu’il est et en ce qu’il possède de particulier et d’essentiel,

valable d’être extériorisé, que l’africain parviendra à démontrer

minutieusement, avec des arguments très solides ses potentialités intrinsèques,

pouvant convaincre de l’accession de l’Afrique à la souveraineté politique.

Alors, conjure Towa, « il s’impose à nous de façon plus impérative une action

plus énergétique et plus profonde sur nous – même »28 pour surmonter nos

insuffisances et relever le défi d’une Afrique réellement libre et capable de se

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prendre en charge. Donner de l’importance et de la valeur à la raison africaine et

y construire le mur de la contemplation des réalités existentielles à parfaire est le

chemin que doit suivre la philosophie africaine révolutionnée.

II. La quête du secret de la victoire de l’occident

La nécessité pour l’Afrique de se prendre en charge, revient à

souligner qu’au préalable, elle est consciente de son statut déplorable

sur tous les plans politiques, sociales et culturel, qu’il lui revient de

restaurer par ses propres moyens. Et cette prise de conscience devrait

aboutir à « nier notre être intime pour devenir l’autre »29 ; comme on

peut le constater, pour Towa, la révolution radicale de la philosophie

dans l’Afrique actuelle, c’est aussi formuler des théories qui

dépassent les sens et qui mettent en exergue le principe du « sortir de

soi pour la rencontre de l’autre » qui en d’autres termes est la « la

volonté de s’emparer du secret de la victoire de l’occident »30. En

claire l’Afrique ne peut parvenir au changement en mettant d’un coté,

ses espoirs uniquement dans l’exposition de la splendeur de sa

civilisation traditionnelle, et de l’autre, en s’attachant à l’héritage de

la colonisation pour s’initier à la civilisation occidentale. Elle y

arrivera, seulement par le penser de la réalité africaine non pas

subjectivement mais objectivement, dans une expression

rigoureusement scientifique, notamment celle de la philosophie, mais

de la philosophie africaine. Un penser qui s’inspire du modèle

occidental pour mieux appréhender les problèmes spécifiques à

l’Afrique.

Par ailleurs « la quête du secret de la victoire de l’occident », sou

Tend qu’il s’agit d’une mission vers ceux qui nous ont colonisés,

pour, connaître leur civilisation à fond et en tirer ce qui est utile et approprié

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qu’il nous faudrait copier, dans le bon sens, pour remédier à l’actualité pesante

de l’Afrique. En faisant un retour en arrière dans le passé terrorisant de l’Afrique

, le constat est que pour nous attirer dans leurs filets l’Occident est venu sur le

sol d’éburnée avec l’alphabétisation et le christianisme. Par lesquels à été formés

plusieurs élites africains qui ont eu l’autorisation de prendre part à de hautes

études en occident, qui ont été sanctionnées par des hauts diplômes

internationaux, leur donnant encore le droit de revenir former la néo-bourgeoisie

africaine. Sous le couvert duquel, l’occident enracine toujours son despotisme et

redynamise la pérennité de l’impérialisme en Afrique, dans une manière plus

organiser. Ainsi il en faut de beaucoup aux africains, d’être transformé

profondément au miroir de l’occident. Aller à la reconquête de l’identité perdue,

chez les blancs et apprendre le secret de leur victoire qui sera inévitablement le

notre aussi. Il faut qu’à partir de nos lacunes qui s’imposent à nous même, de

notre différence avec l’occident, qui semble ne pas nous facilité la tache dans

l’accession au développement de nos différents états, pour prospérer comme

l’occident, nous africains, puissions révolutionner notre condition actuelle en

nous projetant en la personne de l’occident. D’autant plus que, quand on

s’affirme on le fait pour un motif concret, réalisable et par rapport à quelque

chose, ce qui n’est pas chose fait pour l’Afrique qui est encore dominée en dépit

de sa souveraineté formelle, Towa soutient que c’est « en rompant ainsi avec son

essence et son passé, le soi doit viser expressément à devenir comme l’autre,

semblable à l’autre, et par là in colonisable par l’autre »31 qu’on peut réellement

s’affirmer, s’assumer soit même. Alors les africains doivent s’ouvrir à l’occident

et s’assimiler à la civilisation occidentale, sans s’y oublier totalement. Cela

implique, qu’on doit demeurer africain, et c’est avec cette couverture qu’on se

servira de ce les blancs nous donneront comme connaissances et informations

pour souder les failles que regorge notre culture.

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III. La restauration du monde ancien africain dans sa spécificité

L’une des conséquences majeures du projet de la quête du secret de la victoire

de l’occident, c’est la restauration du monde ancien africain, c'est-à-dire le passé

de l’Afrique. Towa trouve en la philosophie dans le sens occidental du terme, en

occurrence celui que se faisait l’éminent représentant de la philosophie

européenne, G.W.F Hegel, la sagesse du monde et la démarche philosophique

plutôt humaniste par essence et c’est à la source de la philosophie qu’il invite les

consciences africaines à venir s’abreuver, pour restaurer l’âme de l’Afrique. Car

dit-il, « elle prend pour objet le monde et les droits de la nature humaine. Elle ne

se limite cependant pas au monde sensible, et prend également pour objet le

divin, le domaine religieux en le soumettant à la pensée immanente et libre …

elle tient à ce que le monde soit effectivement moral, honnête, libre. »32.

cependant l’assimilation de la philosophie européenne, un élément culturel de

l’occident par les africains, implique à ceux- ci la nécessité d’une rupture d’avec

la culture passée pour se conformer à une culture adaptable au présent. On peut

considérer le présent comme les réalités actuelles des conditions existentielles

africaines et l’image que peut transmettre l’Afrique à l’heure actuelle.

En ce sens qu’il ne s’agit pas de blâmer notre essence, ce que nous avons

longuement été mais, c’est faire de la philosophie occidentale le modèle à suivre

pour remanier notre culture qui a beaucoup servit de lieu de la résistance contre

la domination étrangère et aussi d’élément qui fermente notre lutte de libération

nationale pour lequel malheureusement on n’a pas encore obtenu gain de cause.

Par conséquent restaurer le passé de l’Afrique revient à rechercher ce que Towa

a pu nommer « le dessein fondamental » qui n’est rien d’autre que « l’autonomie

culturelle » c'est-à-dire rendre la culture africaine nationale, vivante et

révolutionnaire selon l’idée que promulgue cette assertion de Towa « nous

devons rentrer dans la disposition de nous mêmes »33 à savoir « nous assumer

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nous même ». L’enjeu de cette autonomie culturelle est d’opérer une révolution

idéologique et une révolution technico-scientifique ce qui suppose que se soit

opérée déjà une révolution dans les rapports de production existant dans la

société africaine actuelle. Raison pour laquelle, la philosophie africaine aura

pour tache essentielle de révolutionner les mentalités jusqu'à soumettre la culture

au crible de la raison afin d’y apporter un examen impartial et un jugement

objectif, sans complaisance. Afin que les africains parviennent à conserver de

leur culture ce qui est conservable et à rejeter ce qui doit être rejetable. Ce qui

participera à la formation des élites, des philosophes, africains dans les pures

traditions occidentales à qui il incombe la tache de retracer avec le maximum de

rigueur et d’objectivité l’histoire de notre pensée.

Autrement dit, l’Afrique doit évoluer au fur et à mesure, selon le dynamisme du

temps et de l’espace. Et cette évolution dont parle Towa n’est capable de se

réaliser si l’Afrique ne sort pas de la « raque historique »34 qui n’est rien d’autre

que l’humiliation, le dénigrement et l’asservissement. Pour cela le premier

combat que doit mener les africains pour réussir son projet d’une Afrique libre

dans un monde libéré, c’est le rétablissement de l’équilibre des forces en

Afrique, en se « payant de son être africain » et non en se « payant de mot »

avec l’ethnophilosophie. C’est bien l’idée que révèle la question que lui même

s’est posée à savoir « s’affirmer, se revaloriser, retrouver la fierté, qu’est-ce à

dire sinon entrer en conflit avec les forces qui nous écrasent ? Donc il faut

affronter la puissance de l’occident de l’occident et le seul moyen pour y arriver

c’est le dépassement de ce qui nous différencie de l’occident, « la destruction de

soi » au profit de l’autre. En veillant à ce que les africains acceptent de l’autre ce

qui est utile et nécessaire et profitable pour la réhabilitation de leur être même

dans le monde et rejettent ce qui ne l’est pas. C’est pourquoi, Towa pense qu’il

faut «s’emparer du « secret » de l’occident doit dés lors consister à connaître à

fond la civilisation occidentale, à identifier la raison de sa puissance et à

introduire dans notre propre culture ».

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Au regard de ce qui précède, Towa est allé dans son analyse, sur le terrain de

l’ethnophilosophie pour rompre tous les liens qu’elle a tissé avec la philosophie

africaine. En abdiquant toute idée de fatalisme, de fermeture sur soi, et prôner

l’ouverture de l’esprit à la quête de possibilité et de conditions adéquates à faire

de la philosophie au sens européen du terme. Qui va constituer le canevas de

l’action révolutionnaire radicale appliquée à l’heure actuelle de l’Afrique.

CHAPITRE2   : LA PHILOSOPHIE, UNE REVOLUTION RADICALE

APPLIQUEE A L’HEURE ACTUELLE DE L’AFRIQUE

I. Contre la déréliction du langage en Afrique

Au départ l’on rendait compte des nombreux problèmes sociaux politiques

africains du fait de l’acculturation coloniale. Vacillant entre deux cultures,

l’africain n’est ni purement africain ni purement occidentale, ce qui lui donne

une face double tant dans sa nouvelle manière de penser que d’agir. On

remarque que l’africain a cette époque de la néo-colonisation, reste attaché à

quelques éléments de sa culture qui alimente toujours sa relation avec son passé,

auquel il ajoute ce qu’il a retenu de cette civilisation occidentale, qui n’est pas

toujours conforme au contexte européen. Donc sa rupture avec son essence

n’étant pas achevée et sa perception de ce que l’occident a voulu lui faire

assimilé qu’il a lui même associé au contexte de l’africanité, l’africain semble

avoir un esprit confus et perplexe qui soit à l’origine de ses propres difficultés.

Pour étayer cette idée C. Anta. Diop souligne que « le jour même où le jeune

africain rentre à l’école, il a suffisamment de sens logique pour saisir le brin de

réalité contenu dans l’expression : un point qui se déplace engendre une ligne.

Cependant, puisqu’on a choisi de lui enseigner cette réalité dans une langue

Page 16: Theme de Memoire

étrangère, il lui faudra attendre un minimum de 4 à 6 ans, au bouts desquels, il

aura appris assez de vocabulaire et de grammaire, reçu en un mot, un instrument

d’acquisition de la connaissance, pour qu’on puisse lui enseigner cette parcelle

de réalité »35. Ainsi le relèguement des langues africaines, qui sont les

fondements de la politique et de la culture en Afrique au dernier plan et leur

élimination plus ou moins complète de l’enseignement a été l’un des piliers de la

« dépersonnalisation » de l’élite africaine en ce sens que l’enseignement dans

une langue étrangère introduit un divorce net avec les réalités nationales et

retarde donc considérablement le développement de la réflexion. Ce qui va nous

conduire à une déréliction du langage africain, ou à l’abandon des langues

maternelles. Or l’une des preuves qui attestent cette déréliction du langage

africain est mis en relief par cette observation de Towa « en ce qui concerne les

peuples africains, un coup d’œil sur les horaires d’enseignement suffit à faire

voire que la proportion élevée de maigres ressources consacrée à l’éducation sert

essentiellement à l’extension des langues européennes »36. Dés lors la

révolution radicale apportée à la philosophie doit penser le langage et proposer

des mesures de sortes à lutter contre la dégénérescence du dire africain dans ce

système chaotique du fait des nombreuses crises politiques. Partant du fait que

sans le langage, rien n’est possible ; avec le langage et par le langage tout est

possible même le pire, la lutte contre la déréliction du langage doit s’engager à

la destruction du despotisme des langues étrangères qui emportent sur les

langues maternelles d’Afrique. Car au lieu qu’il soit parlé, le senoufo, le baoulé

ou le guéré dans nos sociétés africaines, pour ne citer que ceux là, ce sont les

langues coloniales qui sont parlées. A tel enseigne que « dans les anciennes

colonies françaises notamment, nous en sommes au point où de nombreux

enfants de la bourgeoisie ignorent tout de la culture africaine, ne connaissent pas

d’un traître mot de d’aucune langue africaine »37. Cela équivaut à dire que,

c’est le contact avec ces langues étrangères, qui a engendré sans faux fuyant, le

déracinement accru des africains, la détérioration de leur culture, et de leurs

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mœurs. Tout en rendant l’Afrique vulnérable aux menaces du néo-colonialisme

qui entend nous emprisonner définitivement au service et à la dépendance de

l’occident. C’est bien ce que Towa pense que nous avons à briser. Pour le faire il

faut initier la philosophie du retour aux sources qui est l’un des principes

fondamentaux de la philosophie africaine originale pour valoriser la culture

africaine aux yeux des africains en lieu et place de ceux de l’occident. Non pas

par une simple démonstration de la splendeur des faits culturels africains mais

par le procédé d’un développement culturel inscrit dans une étude philosophique

africaine, qui s’articule sur une meilleure connaissance de la culture africaine

par les africains eux-mêmes, et La pratique de ses atouts au service de l’Afrique

pour des fins de développement social, politique et culturel nationale. Comme

c’est au travers des langues spécifiques que l’on peut percevoir le contenu des

œuvres culturelles en générale appartenant à leur contrée d’origine, ainsi ce sont

les langues maternelles africaines qui doivent etre valoriser. Et la seule manière

de le faire est celle que propose Youssouph Guissé, en ces termes, « les

conséquences néfastes économiques, sociales, politiques et culturelles du

système aberrant de l’enseignement dans une langue étrangère sont telles qu’il

est urgent que soit restitué aux écoliers africains l’usage des langues

maternelles »38. Afin de faire renaître l’unité entre les états africains qui ont été

séparés par les frontières tracées par les occidentaux lors du partage de l’Afrique

et faciliter l’éducation, étendre le champ d’action de l’enseignement en Afrique.

Qui ne sera plus l’affaire d’une minorité comme cela se faisait avec les langues

étrangères, mais une affaire qui inclut aussi la masse ouvrière. En plus la une

transcription du savoir que apprenions auparavant dans les langues étrangères,

va permettre aux bénéficiaires de disposer d’un vocabulaire scientifique et

technique relatif aux sciences de la nature, à l’économie et aux rapports sociaux.

Ce qui sera la pierre de touche qui va rehausser le niveau de la culture

scientifique en Afrique à laquelle tous les africains vont apporter leur expérience

et se faire comprendre à partir de leurs langues maternelles. Par conséquent la

Page 18: Theme de Memoire

révolution radicale de la philosophie en Afrique selon Towa, commence par une

accessibilité véritable et profonde des états africains à la vraie démocratie. Avec

un langage révolutionné, pour que le dire en Afrique ait de la considération et

soit pris au sérieux. Sans oublier que cela ne peut se faire qu’au moment où « le

penser devient éthique, lorsqu’il accepte de se séparer de soi-même pour

accueillir d’autres séparations dans le langage ».

II. De l’éveil de la conscience africaine à la praxis radicale

En définissant la praxis radicale comme « imagination, audace et courage,

énergie dans l’action, et porte ainsi au zénith la liberté de l’homme ; elle est la

forme la plus haute de la créativité humaine »39 Towa encourage les africains à

rechercher en eux leurs savoir faire, leurs potentiels qu’ils leur faudrait mettre en

valeur par le travail et parvenir à vivre de leur travail. Le travail étant facteur de

liberté, d’ouverture et d’autosuffisance par lequel l’homme se satisfait dans son

existence, est un bien et une valeur recherché par tous les hommes. Aussi le

travail, unificateur de la pensée et de l’action est l’instrument favorable pour

l’homme de s’affirmer, de mettre en évidence son génie humain, ses créativités,

ses inventions. Ainsi du groupe nominal « le radicalisme » Towa entend révéler

la plus grande valeur du travail qui est le dévoilement parfait et libéral « de

l’humanité de l’homme » pour réaliser le plan d’action d’une praxis radicale en

Afrique. De plus, l’autre aspect de la praxis radicale que nous pouvons relever,

c’est son caractère « sur-repressif ». On peut comprendre par là, le fait de faire

un surpassement de soi pour extérioriser les forces cachées en nous et les mettre

au service du travail qu’on exerce, pour augmenter la production au-delà de nos

expériences habituelles. Si on se réfère au contexte de ce mot qui est en rapport

avec les philosophes de l’école de francfort, s’interrogeant sur la question de la

« raison instrumentale ». Alors la nécessité de prouver par le travail, un savoir

faire lié à notre personnalité qui nous satisfait et satisfait par de là les autres qui

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en éprouvent le besoin, crée aussitôt un pont entre nous et l’universel et c’est

pour ce fait que Towa précise que « par là la praxis radicale accède à

l’universalité, en ce sens qu’elle est la manifestation de l’humain sous sa forme

la plus haute et la plus récusable ».40. Dès lors énoncer l’idée de praxis radicale

dans une tentative de révolution radicale de la philosophie en Afrique revient à

Towa d’interpeller les africains à faire de cette praxis radicale un état d’esprit

qui va les conduire à observer les résultats de notre vécu quotidien pour y

apporter un changement relatif à notre présent. Or le présent est la continuité du

passée donc ce changement ne saurait se faire sans un retour rétrospectif du

passé. Il va s’agir pour Towa de ne plus dépendre du passé mais que le passé

dépende de nous, qu’il exprime mieux en ces termes suivants « par la révolution,

le passé est mis à notre disposition au lieu que nous soyons à la disposition du

passé »41. Pour se faire, il faut s’émanciper à la réalisation d’une praxis radicale

qui va révolutionner les mœurs en nous arrachant de l’asservissement pour nous

projeter dans la liberté par la création et l’invention. Par cet esprit de créativité

l’africain ne se contentera plu de ce qu’il a reçu et conservé de son passé, mais,

s’en servir pour étendre le champ de sa propre réalisation. Il s’est avéré que

depuis l’histoire ancienne de l’Afrique jusqu’à la période coloniale l’Africain

s’est affairé à admirer les autres travailler et décider de son avenir, maintenant il

est temps qu’il relève le défit d’une révolution de son être et de son milieu en se

servant des moyens que lui offre le présent qu’il aura à modeler avec ses

propres ressources humaines. Alors, face à l’évolution vertigineuse de la

science, l’éclatement du système technique et l’imposition incessante de la

modernité, l’africain doit apporter sa touche de savoir faire pour marquer sa

présence dans l’histoire universelle. Par conséquent il lui faut travailler, créer,

inventer, s’affirmer pour ne plus tendre la main à autrui mais pour qu’en retour

l’autre à son tour lui tende la main comme cela a existé dans le passé avec

l’Egypte ancienne. De même Towa ne dit pas le contraire quand il évoque l’idée

de l’appropriation du secret de l’autre et de la destruction de tout ce qui en nous

Page 20: Theme de Memoire

s’y oppose, selon ce commentaire « nous ne pouvons le mener à bien qu’en

prenant appui sur nous, c'est-à-dire sur nos ressources humaines, tirées du fond

le plus précieux de notre être, savoir, de notre provenance historique »42. Pour

dire que les africains parviendraient à changer leur actualité qu’à partir d’une

assimilation de l’idée de « dépassement de soi », pour ne plus se contenter de

peu mais de beaucoup. C'est-à-dire chercher à atteindre le sommet en mettant en

exergue ce qu’ils valent le plus et démontrer ce que vaut l’Afrique par des faits

concrets qui valorisent le génie africain. Cela ne peut se faire qu’à partir de la

praxis radicale qui n’est rien d’autre que la naissance du surhomme et le

développement de la puissance de l’homme.

III. La réconciliation de la bourgeoisie bureaucratique avec la masse

paysanne et ouvrière

L’un des faits majeurs qui dégradent l’équilibre social en Afrique, c’est le

discours politique. Utilisé comme un instrument de manipulation des masses

populaires entre les mains des politiciens, le discours politique connaît des

déviations récurrentes fondées sur le camouflage, les propagandes, le caprice, et

sur l’isothénie des arguments. Devant cette forêt de possibilités dans la conquête

au pouvoir Towa se heurte à la question « comment la philosophie africaine en

tant que ré-flexion peut-elle penser le dire politique en Afrique ? ». Partant du

fait qu’il y a divorce entre la bourgeoisie bureaucratique et les masses paysanne

et ouvrière au niveau du langage, Towa met l’accent sur « le rétablissement du

dialogue sain », qui passe inévitablement par une réconciliation entre la

bourgeoisie bureaucratique et les masses paysanne et ouvrière qui ont toujours

été les pions dans le jeu de la politique. Ce qui équivaut à une implication des

masses paysanne et ouvrière, à l’action révolutionnaire de l’Afrique. Pour cela il

a fallu instaurer quelque chose pour motiver et donner une occasion à cette

Page 21: Theme de Memoire

masse populaire pour s’exprimer et apporter son appui à celle de la bourgeoisie

bureaucratique déjà engagé dans la lutte révolutionnaire de l’Afrique actuelle.

Ce fut le rôle de la praxis radicale. Pourtant le problème de divorce entre

bourgeoisie bureaucratique et masses paysanne et ouvrière reste d’actualité

étant donné que « tout processus révolutionnaire met en mouvement de larges

masses jusque-là condamnées à l’immobilité et à la passivité »43. du fait que

pour transmettre un message aux masses paysanne et ouvrière, de nombreux

politiciens utilisent les langues européennes qui sont méconnues par ces

derniers, qui à leur tour s’enfoncent dans l’obscurité de l’ignorance et expriment

un désintéressement parce qu’ils ne savent pas de quoi parlent les politiciens et

de là comment s’engager dans la lutte. Ainsi Towa arrive à une première

conclusion disant que « aussitôt que l’on éprouve le besoin d’une action d’une

action révolutionnaire de masse, la nécessité vitale de recourir aux langues

africaines apparaît comme l’un des problèmes cruciaux de notre destin »44. Pour

cela il propose une « radicalisation du mouvement révolutionnaire » en Afrique

qui n’est rien d’autre qu’une extension du champ d’action du mouvement

révolutionnaire afin qu’il soit le lieu où s’expriment à la fois politiciens et

masses populaires. Pour ce fait l’idéologie révolutionnaire doit être adoptée

aussi par la totalité de la masse populaire, qu’elle va au préalable mobiliser,

convaincre et mener à l’action jusqu’à la concrétisation du mouvement

révolutionnaire dans son cas échéant. Cela équivaut à un « savoir parler » des

langues dans les quelles les masses populaires s’expriment c’est à dire dans les

langues maternelles africaines.

Par conséquent Towa donne une nouvelle orientation à l’univers politique,

auquel il exige le « savoir parler » des langues africaines en plus de la maîtrise

des langues européennes pour créer un réel environnement de discussion et

d’échanges entre la bourgeoisie bureaucratique et les masses populaires au cours

duquel chaque camps aura mieux exprimer ses besoins et ses attentes pour une

survie paisible sans troubles. Car le simple interprète n’est pas suffisant pour

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une transcription formelle de la pensée de celui qui est à l’auditoire. Et c’est la

raison de nombres d’incompréhensions au niveau de cette masse majoritaire qui

s’enlise dans des discussions interminables qui , parfois donnent lieu à des

conflits, des divisions au sein de cette même masse qui est tenue d’être une et

indivisible pour une même lutte. Comme tel l’inévitable besoin de la masse

populaire dans cette lutte révolutionnaire de l’Afrique impose que celle-ci soit

bien informer mais pour Towa « apprendre les langues européennes aux masses

serait infiniment coûteux et plus long que l’utilisation des langues

africaines »45. C’est pourquoi la bourgeoisie bureaucratique devrait s’atteler à

maîtriser le parler les langues maternelles afin d’assimiler les masses populaires

à la transformation radicale exigée par la situation actuelle de l’Afrique.

Par ailleurs l’assimilation de la masse ouvrière et paysanne à l’œuvre

révolutionnaire de l’Afrique, accélère ce que Towa appelle « notre mouvement

ascensionnel ». Qui veut dire selon le dictionnaire « notre montée vers une

réussite ». Mais de quelle réussite peut bien parler Towa ?

En se référent à l’enjeu de Towa dans cet ouvrage qui est « de parvenir à une

saisie et à une expression philosophiques de notre « être- dans- le monde »

actuel et à une détermination de la manière de le prendre en charge et de

l’infléchir dans une direction définie »46 on peut dire que la réussite à laquelle

aspire Towa est « la refondation des cultures africaines de sorte à ce qu’elles

servent aux africains dans leur prise en charge sur les plans économique et

politique ». Or cette prise en charge ne commence qu’à partir d’une prise de

conscience générale de notre situation actuelle. C’est-à-dire que la masse

ouvrière et paysanne qui représente la majorité puisse se défaire de son passé, de

ce qui le maintient à la passivité, et à l’ignorance pour regarder dans la direction

du changement et que cela soit une affaire de la bourgeoisie bureaucratique par

le canal des langues maternelles. C’est à ce moment là que les masses ouvrière

et paysanne tenteront de penser la situation actuelle de l’Afrique et y apporter

leur contribution. Puisque selon Towa « notre destin culturel tout comme notre

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destin économico-politique dépend des masses africaines beaucoup moins

assimilés que la minorité bourgeoise qui les domines »47 il n’est plus bien séant

de poser uniquement le problème de l’absolu de notre dessein profond mais de

développer « une puissance matérielle » qui nous défendrait contre nos

ravisseurs occidentaux. Et « cette puissance matérielle » n’est rien d’autre que le

développement de nos moyens de productions intellectuelles et spirituelles

portant à nous ouvrir sur de nouvelles productions matérielles qui serviront à

perfectionner le discours politique et consolider l’économie et la culture

africaine. Bien que la bourgeoisie bureaucratique se soit investie depuis toujours

pour atteindre cet idéal, par des mouvements révolutionnaires, elle parait

inefficace. Cependant l’invitation est adressée aux masses populaires de

s’ingérer dans ces mouvements révolutionnaires, à œuvrer du coté de leurs

devanciers, avec leur savoir faire, et leur ingéniosité, favorisant l’apparution de

nouvelles inventions qui rime avec le dynamisme de la modernité et qui soient

des solutions aux difficultés actuelles de l’Afrique. De là à créer et accroître des

fonds financiers dans l’optique d’édifier « une puissance matérielle capable de

garantir sa souveraineté et son pouvoir de décision non seulement dans le

domaine politique et économique, mais aussi dans le domaine culturel »48 tel

est la meilleure preuve que possède l’Afrique à démontrer la force et la capacité

qu’elle dispose pour s’assumer elle-même.

Pour finir la révolution radicale appliquée à la philosophie est pour Towa une

démarche argumentative qui milite à changer les tares de la société africaine

dans le domaine politique et économique, en un avenir meilleur caractérisé par

la rupture avec l’ethnophilosophie qui constitue le signal de l’assoupissement de

la conscience africaine face au progrès. L’aspect décisif de cette révolution ne

pourra se remarquer que lorsque les africains arriveront à l’inculquer à leur

culture. Telle est la brèche que s’ouvre Towa dans sa progression intellectuelle,

que nous aurons à décortiquer dans ce dernier chapitre de la deuxième partie de

notre étude de recherche.

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CHAPITRE3 : LA QUETE DES VOIES ET MOYENS DE PUISSANCES

COMME INELUCTABLE CONDITION D’ACCES A NOTRE DESSEIN

FONDAMENTALE

I. Une implication méthodologique de la démarche intellectuelle

africaine pour un développement culturel d’envergure

Selon Towa notre dessein fondamental, c’est notre accession à une autonomie

culturelle pour l’avènement d’une « Afrique auto-centrée et puissante, ayant en

elle-même le centre de conception et de décision pour toutes les sphères de son

existence : politique, économique, spirituelle, une Afrique appliquant le même

principe de liberté dans toutes les formes de relations interhumaines, une

Afrique enfin oeuvrant pour le triomphe du même idéal dans le monde »49. Et si

la conséquence de « l’appropriation du secret de la victoire de l’occident » par la

voie de la restauration du passé de l’Afrique, est la réalisation de ce dessein

fondamental, cela exige une implication méthodologique de la démarche

intellectuelle africaine qui va rompre définitivement d’avec « le régime

original » et le verbe de l’authenticité qui a été le générateur du problème

culturel et de tous les autres problèmes en Afrique.

En effet, au nom de l’authenticité plus rien ne compte pour les africains si ce

n’est que « l’essence de soi ». De même, la lutte des classes engagée pour

obtenir un équilibre social, s’est substituée en une lutte entre la culture africaine

et la culture occidentale. Ainsi les africains vont s’empêtrer dans l’unanimité

primitive et former un mur de défense contre tout imposture à la souveraineté de

la culture africaine. A l’image d’une partie unique, les états africains vont se

consolider pour créer un seul homme, une seule voix, qui va mener le combat

contre la culture occidentale. Or les perspectives de la partie unique sont telles

Page 25: Theme de Memoire

que l’idéologie révolutionnaire influence les activités humaines de la classe qui

la compose. Donc c’est au nom de la partie unique qui défend les idéaux de

l’authenticité, que les institutions politiques, économiques et sociales sont

formées. Et c’est en tout état de cause que Towa relève cet exemple suivant :

« c’est au nom de notre être distinctif, de la négritude senghorienne que sont

organisés un peu partout en Afrique des régimes « démocratiques » où un seul

est libre et décide de tout selon son bon plaisir, des régimes où règnes « la

liberté » mais sans possibilité de contestation »50. Pour montrer que le principe

de l’authenticité s’oppose aux normes de liberté qui perdent tout leur sens, pour

se caricaturer en « un acte de soumission ». Et l’idée soutenue par cette même

authenticité, postulant qu’une campagne de décolonisation mentale entraînerait

automatiquement la libération et la renaissance de l’Afrique, est une pure

illusion.

Du fait que le phénomène de l’acculturation sévit toujours en Afrique comme

l’origine des difficultés éprouvées par les pays nouvellement indépendants.

Parmi ces difficultés, la plus flagrante s’est repérée dans l’incapacité des

africains à faire la distinction «de  l’essence de la valeur »et «de  l’être du devoir

être ». Par conséquent à l’opposition de la monopolisation de la parole, de

l’absence de droit, et de l’immobilisme de la communauté en un mot à l’ethno-

philosophie Towa propose une méthodologie d’ouverture à la démarche

intellectuelle africaine. Ainsi dira t-il « qu’il s’agit du mode d’approche des

civilisations non africaines, et notamment de la civilisation européenne »51 afin

de surmonter la tentation de limiter leurs recherches à des sujets prétendus

africains. A cet égard la littérature philosophique africaine doit être développée.

Cela suppose la levée d’un certains nombre d’obstacles politiques, et la

reconnaissance, la défense, la préservation de la liberté démocratique et la

liberté de critique. On peu approfondir cette idée en s’appuyant sur cette pensée

de Houtoundji qui dit que  « philosopher dans l’Afrique actuelle oblige à

prendre conscience de cette exigence : du prix inestimable de la liberté

Page 26: Theme de Memoire

d’expression comme condition nécessaire de toute science, de tout

développement théorique et finalement de tout progrès politique et économique

réel. »52. afin de comprendre mieux ce qui constitue le sens de notre « devoir

être ». Il faut retenir que notre « devoir être » est avant tout notre jugement sur

ce qui a constitué notre « essence même » auquel on associe une critique sans

complaisance des civilisations non africaines qui nous ont été assimilées. Alors

l’implication méthodologique de la démarche intellectuelle dont parle Towa se

fonde sur cette base et se déploie de la manière suivante :

En premier lieu, les africains doivent apprendre à discuter, à confronter leurs

idées pour promouvoir un véritable mouvement scientifique et mettre fin a ce

vide théorique effroyable qui a existé avec l’ethno-philosophie. Il faut préciser

que cette tache doit être inséparable en fait d’un effort politique et en

l’occurrence de la lutte anti-impérialiste.

Ensuite les africains doivent parvenir à un état où ils sont capables d’assimiler,

c'est-à-dire de faire leur ce que ils jugent utile dans la mesure où ils ont la liberté

de choix et que ce choix s’opère selon leur propre culture et non selon la culture

des autres.

Enfin partant du fait que « aussi sûrement que la raison de notre défaite par

l’Europe réside dans ce qui nous en différencie, le secret de l’Europe réside dans

ce qui la différencie de nous et de toutes les civilisations auxquelles elle a infligé

le même sort » Towa précise que le secret de la victoire de l’occident réside

dans sa capacité à maintenir sa position dominante en défendant ses propres

intérêts et en se préparant incessamment à la contre attaque face à la menace de

la concurrence. Pour ce fait il convient que les africains s’approprient de la

science et de la philosophie, qui est leur marque distinctive, s’ils veulent être

puissant comme l’occident. Donc ils doivent plus s’atteler à faire des études de

recherches scientifiques en s’appuyant sur leur expériences personnelles

acquises par leurs différentes cultures pour mettre à nue « quelque chose de

scientifique et de philosophique qui soit la marque distinctive de l’Afrique ».

Page 27: Theme de Memoire

Toute fois, en empruntant les voies suivies par la civilisation occidentale et en

respectant les bornes tracées par l’occident.

II. Le consciencisme : une philosophie pour une auto-transformation radicale sociale en Afrique

Towa, dans sa tentative de restaurer la philosophie africaine pour l’utiliser

comme une arme intellectuelle pouvant cerner véritablement les énormes

problèmes de l’Afrique et amener à les résoudre correctement, s’est inspiré du

consciencisme de N’kruma.

Soucieux de l’actualité sociale de l’Afrique Towa à la suite de N’kruma tombe

dans la même inversion de l’idéologie de la philosophie bantoue, et de

l’authenticité qui consiste à situer la culture ou la civilisation comme une sphère

de la vie sociale particulière et privilégiée. Mais avec une différence, celle

d’inclure la culture ou la civilisation dans une expression à dimension

philosophique qui va donner une nouvelle direction à notre existence dont nous

en serons responsable. Tel est le sens de son expression « il faut payer de son

être même »54. en raison de quoi, Towa cherche à établir un lien étroit entre la

philosophie africaine et la société africaine pour ne plus que celle-ci soit

purement spéculative mais qu’elle mène aussi à l’action. D’emblé N’kruma

affirme que le consciencisme a pour fondement philosophique le matérialisme

c’est pourquoi il trouve « ses armes dans le milieu et les conditions de vie du

peuple africain »55. Selon lui « la philosophie appelée le consciencisme est celle

qui, partant de l’état actuel de la conscience africaine, indique par quelle voie le

progrès sera tiré du conflit qui agite actuellement cette conscience. »56. à cet

égard le consciencisme parait aux yeux de Towa, comme un système

philosophique achevé dont l’Afrique a besoin pour soutenir sa révolution

sociale. En fait c’est à l’image du consciencisme qu’il a orienté son processus

révolutionnaire dans le contexte de « la quête du secret de la victoire de

Page 28: Theme de Memoire

l’occident » pour que les africains se lance dans « la quête de quelque chose

qui leur manque et non de ce que ils auraient déjà » 59. Mais cette dernière tache

ne peut se faire sans une auto-transformation radicale sociale oeuvrant pour une

« Afrique auto-centrée et libre dans un monde réellement libéré »58. Pour Towa

ce qui qualifie une auto-transformation radicale sociale précisément en Afrique,

c’est la capacité qu’a le peuple à s’organiser en un partie large et structuré et

d’acquérir une instruction politique, de sorte que « sa conscience de soi »

s’approfondisse jusqu’à ce qu’il parvienne à se concevoir d’une façon excluant

le colonialisme et tous ses déguisements. Cela renvoie à ce qu’il a nommé

« liberté »59 qui constituerait « le dessein essentiel » pour l’Afrique. Comme le

consciencisme est selon N’kruma « est l’ensemble en termes intellectuels, de

l’organisation des forces qui permettront à la société africaine d’assimiler les

éléments occidentaux, musulmans, et euro-chrétiens présents en Afrique et de

les transformer de façon qu’ils s’insèrent dans la personnalité africaine »60, il

sera appliqué dans l’Afrique actuelle pour donner une connaissance nouvelle du

passé de l’Afrique qui ne serait plus utiliser comme une simple carte d’identité

mais comme une ressource humaine à exploiter, dont les extractions serviraient

à frayer le chemin de développement de l’Afrique. De plus le consciencisme va

réorienter la philosophie africaine traditionnelle, dont la source était la tradition

africaine, afin de lui attribuer ce dont elle a besoin pour prendre l’initiative des

transformations qualitatives et catégorielles et engendrer sur le plan social dans

la société traditionnelle l’égalitarisme. De sorte chacun y est traité comme une

fin en soi selon ce que exige le grand principe moral du consciencisme : « traiter

chaque être humain comme une fin en soi, non comme un moyen »68. Il est clair

que par le consciencisme Towa veut relier la connaissance à l’action, à être

autant matérialiste qu’idéologiste, et poser des actes concrets pour résoudre les

problèmes de l’Afrique.

III. l’accès à la souveraineté et au pouvoir de décision

Page 29: Theme de Memoire

L’une des préoccupations de Towa dans l’Afrique actuelle, c’est de reconquérir

l’identité perdue, consumée par l’absence de voix dans la prise de décision et le

manque d’autorité souveraine, confisqué par l’occident depuis le temps

coloniale. Vu l’importance de ce problème qui est lié à l’équilibre sociale

fragilisé par les incessants troubles et conflits interindividuels que sociaux

politiques, Towa oriente le débat de la philosophie africaine sur « la possibilité

essentielle de nous même ». Dans cette perspective l’important est de penser à la

reconversion de la mentalité africaine à s’interroger sur la tragédie du

développement en Afrique et «  la connaissance de notre être essentiel et

distinctif » qu’il faut comprendre autrement. Car dit Towa « la découverte de

notre être distinctif nous importe beaucoup, non en ce que nous aurions à le

préserver, à nous maintenir dans cet être distinctif, mais bien plutôt en ce que

cette découverte délimite la région de ce qui en nous doit être révolutionné dans

le sens de notre devoir être distinctif et de sa provenance historique. »62

Il faut que les africains parviennent à se connaître eux même à reconnaître leurs

faiblesses et être capable non seulement de se critiquer mais de prendre eux-

mêmes l’initiative Du changement. Il faut reconnaître que si l’occident

aujourd’hui a le monopole de sa souveraineté et de son pouvoir de décision c’est

parce que à un moment donné de son histoire, il y a eu des personnes qui ont

pensé les cotés négatifs de ses réalités et se sont appliqués dans des recherches,

des inventions et des découvertes, pour reconstruire l’occident en un endroit

paradisiaque qui ne se paie pas seulement de mots mais de faits concrets.

Aujourd’hui on peut dire que le mérite de sa puissance est l’œuvre de son

autonomie, et de sa prise en charge. Pour ce fait c’est aux africains de trouver

dans leur existence ce qui doit être révolutionner et c’est encore à eux

d’appliquer cette révolution sans que cela soit l’œuvre de l’étranger. C’est à ce

moment là que l’Afrique sera digne de son autorité souveraine et de son pouvoir

de décision. Par conséquent la finalité de notre « devoir être » c’est notre

capacité à trouver des solutions pour résoudre les conflits sociaux politiques,

Page 30: Theme de Memoire

avoir le monopole de la gestion économique, sociale, et culturelle. C’est ce que

Towa exprime en ces termes « la nouvelle finalité est de trouver le point de

départ d’un mouvement et non plus des raisons d’auto-satisfaction et de

conservation »63. il s’agit, sur le plan pratique, d’un puissant mouvement

social, sur tout le continent africain qui proviendra objectivement de la

conjonction des masses africaines et du marxisme qu’elles se seront elles-mêmes

approprié pour maîtriser leur devenir propre. Selon que le marxisme enseigne

sur le changement d’une société non-socialiste, qui regorge une classe

bourgeoise dominante qui exploite et une classe prolétaire assujettie qui

travaille, il est du devoir de la classe prolétaire de renverser la classe bourgeoise

de son trône et d’organiser la société selon les principes d’égalité, de justice, et

de respect des droits de l’homme. Afin de créer une société sans classe, aspirant

à la liberté et au changement des conditions de vie du peuple assujetti. Ce

mouvement trouve plein son sens dans la « lutte des classes » parle quel les

africains parviendront à s’opposer à leurs dirigeants, et par là à développer des

forces de production. En revanche, cette lutte des classes n’est pas celle qui

oppose les peuples africains aux colonisateurs occidentaux, mais « une lutte des

classes » qui oppose les peuples africains aux intérêts néo-colonialistes,

colonialistes et impérialistes. Comme N’kruma qui, en dénonçant sans replis le

maintient des masses africaines dans un état permanent de sujétion par la

bourgeoisie qui s’est ouvertement alliée au néo-colonialisme, pense que les vrais

ennemis de l’Afrique ne sont pas les colons mais les fruits de la colonisation

qu’il faut combattre.

Aussi en observant le concept marxiste de mode de production qui postule que

«  Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie

sociale, politique et intellectuelle, en général »64 Towa pense les africains

doivent promouvoir ce qu’il appelle « la possibilité fondamentale de nous-

mêmes »65 dont les principaux fondements se résument dans la transformation

du mode de production qui est capitaliste, en un mode de production socialiste,

Page 31: Theme de Memoire

avec un degré élevé déterminé de leurs forces productives matérielles. En

militant pour la promotion de l’unité africaine et pour la consolidation des

richesses naturelles de l’Afrique en une masse compacte, exploitée par les

africains et pour les africains. Et en transformant la lutte armée en une lutte

pratique qui doit être intensifiée et coordonnée à des niveaux stratégiques et

tactiques pour transformer le réel d’une manière radicale et nouvelle. Pour Towa

ce n’est qu’en ce moment là que l’Afrique aura accès à sa souveraineté et à son

pouvoir de décision. A la suite de cela Towa appelle les africains à « l’effort de

thématisation de notre être distinctif » qui «  ne se propose plus de dresser une

idole pour le culte de la différence, culte qui entraîne méthodologiquement, les

gauchissements et les équivoques de la retro-jection, mais de soumettre notre

héritage à une critique sans complaisance, afin de découvrir la racine de nos

difficultés présentes »66. Pour qu’ils se départissent des anciens termes et

concepts qui ont un contenu précis à l’époque de leur élaboration, pour en créer

de nouveaux susceptibles de rendre compte clairement et le plus parfaitement

possible de la nouvelle réalité qui est « une Afrique auto-centrée, libre dans un

monde réellement libéré »

En définitive, l’observation de cette seconde partie montre que Towa veut

soumettre à la philosophie africaine les réalités de l’Afrique pour affronter les

grands obstacles qui minent le chemin du développement politique, économique

et social. Inspiré de la philosophie de N’kruma, Towa inscrit son discours dans

un matérialisme dialectique et pose le problème de la pensée en Afrique dans

une vision foncièrement élitiste. A cet effet l’une des perspectives de la

révolution radicale du discours théorique en Afrique est le penser de la réalité

africaine non pas subjectivement mais objectivement donnant à cette pensée une

expression rigoureusement scientifique qui ne peut se faire en dehors de la

réunification de l’idée à l’action. C’est de cette source que Towa pense acquérir

Page 32: Theme de Memoire

les moyens de puissances possibles pour mener sans détour, le combat de la

liberté et du développement en Afrique. Entre autre, penser les difficultés de

l’Afrique pour y trouver des solutions par la raison qui est à la fois libre et

infinie, est la démonstration de l’engagement de Towa dans une rupture avec

l’ethno-philosophie et toute autre philosophie populaire pour s’attacher au

concept européen de la philosophie qui va subir un jugement imperturbable et

rigoureux, dont les résultats lui serviront à formuler les bases d’une «  nouvelle

orientation philosophique » en Afrique.

3 e partie   : LES PERSPECTIVES D’UNE REALISATION DU CONCEPT

EUROPEEN DE LA PHILOSOPHIE EN AFRIQUE DANS SON DESSEIN

FONDAMENTAL

En prônant l’abdication de toute idée, interdisant la philosophie aux

africains, Towa à travers son œuvre préparait les africains à se disposer pour

faire la philosophie dans le sens européen du terme qui est différent de la

philosophie africaine traditionnelle que détenaient les premiers philosophes

africains. Celle-ci emprisonnée dans l’ethno-philosophie avait un horizon

théorique limité à l’exposition de l’absoluité de notre essence que de se

distendre jusqu’à saisir « la possibilité fondamentale de nous-même ». Mais les

perspectives d’une réalisation du concept de la philosophie au sens européen du

terme sont si étroites à tel point que l’on est capable de dire que cela est

irréalisable. En dépit de ce fait Towa laisse entrevoir une lueur d’espoir en se

basant sur le fait que la philosophie elle-même a un rôle à jouer dans la

réalisation de notre projet historique pour cela elle a besoin d’être et doit être

adaptée et pratiquée par les africains. En se référant à ce qu’il a écrit : « nous ne

tenterons pas ici une fastidieuse énumération des diverses opinions concernant la

nature de la philosophie. Interrogeons simplement un représentant éminent de la

philosophie européenne, G.W.F. Hegel, aussi bien du coté capitaliste que du

Page 33: Theme de Memoire

socialiste 1 nous notons que la grandeur du prestige de Hegel, aussi bien du coté

capitaliste que du coté socialiste semble pour notre auteur, être le garant

suffisant de la neutralité et de l’objectivité sur lesquelles il veut s’appuyer pour

dégager l’aspect universel de la philosophie. Au regard des efforts les plus

effarouchés suscités la construction du discours philosophique en Afrique,

Towa pense qu’il faudrait recourir à la méthode qui caractérise les sciences

depuis leur origine jusqu’au stade actuel de leur développement, si on veut

qu’une nouvelle pensée scientifique se dégage en Afrique.

Par conséquent la démarche de Towa commence par un examen de la

philosophie de Hegel pour faire ressortir les éléments qui composent cette

méthode scientifique. Afin de l’inclure dans la philosophie africaine qui au

préalable est soumise à une critique sans complaisance nous permettant d’en

énumérer les failles et les faiblesses à renforcer. En plus de cela Towa se lance,

par cet examen à la quête de ce dont la philosophie de Hegel est capable de faire

en Afrique pour réaliser notre projet historique qui est la construction d’une

« Afrique auto-centrée libre dans un monde réellement libéré ».

Toute fois, l’auteur n’applique pas la philosophie de HEGEL en Afrique en se

détournant de nos propres modes de pensée mais il l’utilise comme un fil

d’Ariane par lequel il se laisse conduire, dans sa mission de rétablir la

méthodologie faussée de la philosophie africaine afin d’y apporter des éléments

solides permettant de rendre compte de la validité, de l’absoluité et de

l’universalité de la philosophie africaine.

CHAPITRE1   : AU REGARD DU CONCEPT EUROPEEN DE LA

PHILOSOPHIE

I. l’examen minutieux de l’approche conceptuelle de la philosophie et de

ses caractéristiques

Page 34: Theme de Memoire

Dans une optique fondamentalement idéaliste Towa définit la

philosophie comme la pensée qui est saisie comme phénomène autonome et

absolu. Il écrit « la philosophie pour Hegel, c’est la pensée reposant sur elle-

même, ne souffrant aucune autre autorité ni à coté d’elle, ni moins encore au-

dessus d’elle »2. Pour lui la philosophie est tellement libre qu’on ne peut la

concevoir dans un système et ne saurait aboutir à une liste de règles et de

propositions définitives. Son autorité est irréversible et n’est soumise à aucune

autre. C’est à cause de sa si grande liberté que Towa ainsi que certains

philosophes africains dans leur approche conceptuelle de la philosophie ont

conclu que la philosophie est « la pensée sous sa forme la plus haute »3 et

« n’est pas un système clos, mais une histoire, un débat qui se transmet de

génération en génération, et dans lequel chaque auteur, chaque penseur,

intervient en toute responsabilité »4.

Influencé par Hegel, Towa se sert de ce constat pour expliquer la nouvelle

conception africaine de la philosophie. Contre l’ethno-philosophie qui est un

stade tardif de la négritude, et un obstacle à la valeur normative de la

philosophie, l’auteur prône que la philosophie se fonde sur la démarche critique.

Cette démarche critique qu’il emprunt à la science car dit-il «science et

philosophie ont par suite la même exigence, le même critère de vérité, la même

forme » de sorte que comble d’idéalisme, « les diverses sciences sont nées

historiquement de la philosophie par spécialisation et par particularisation »5.

Pour cela la philosophie africaine est à créer comme la science, c'est-à-dire

quelle ne découle pas d’un endroit précis ou d’une source précise. Et la raison

doit penser par elle-même et pour elle-même sans être gouvernée par une autre

pensée en dehors d’elle.

La philosophie doit être une production libérale et individuelle de la pensée

africaine, qui respecte le grand principe qui lui est commun avec la science,

selon lequel « tout ce qui doit avoir pour l’homme quelque valeur doit se trouver

Page 35: Theme de Memoire

dans sa pensée propre… chaque homme doit penser pour lui-même, aucun ne

peut penser pour un autre, pas plus que manger et boire pour un autre ». Comme

tel, dans sa nouvelle conception de la philosophie africaine, Towa rompt tous

liens qui rattachent la production de la pensée africaine à l’authenticité, à la

tradition, et aux ancêtres, au nom desquels elle s’est toujours exprimée et pour

lesquels elle a mené ses luttes de libérations. Afin que celle-ci se tourne

résolument vers sa libération, et la libération réelle de l’Afrique, qui constitue

l’objet de sa nouvelle lutte.

De ce fait elle s’oppose à la fois à la philosophie populaire et à la religion. En

effet la philosophie populaire affirme que la raison ne peut parvenir à la vérité

théorique dans le domaine métaphysique, elle tranche donc des questions

d’après l’opinion subjective et le sentiment. Elle se fonde sur l’instinct moral, le

sentiment du droit ou devoir, les dogmes religieux, etc. Donc elle ne peut

« suivre le long chemin de culture philosophique, le mouvement riche et profond

à travers lequel seul l’esprit parvient au savoir »6. Quant à la religion, elle se

veut l’autorité absolue tant dans le domaine de la vérité que dans celui de la

pratique. La religion considère la vérité comme au-dessus ou au-delà de la

raison mais écrit Towa « l’idée d’une vérité au-delà de la raison, inaccessible

naturellement à l’esprit humain, est absolument inconcevable par la philosophie

qui repose sur le principe diamétralement opposé selon lequel la pensée ne doit

rien présumer en dehors d’elle-même, c'est-à-dire que la philosophie ne doit rien

admettre comme vrai qui n’est été saisie comme tel par la pensée. ». Toute cette

démonstration est pour Towa une manière de ramener les africains à faire usage

de la raison et de la pensée critique pour sortir de l’obscurantisme des préjugés

et des présomptions enseignés par l’ethno-philosophie, qui expose les croyances,

les mythes qu’ils considèrent comme des vérités absolues. On peut dire que

Towa substitue « le manque de rationalité » à « la recherche de la rationalité »

pour une connaissance scientifique de la vérité qui soit compatible à la valeur

intrinsèque de la philosophie au sens européen du terme. Et qui confirme la

Page 36: Theme de Memoire

nature infinie de l’homme africain, dans la possibilité de penser le général y

compris lui-même inclus dans ce général. Selon ce que pense Hegel « le fini

concerne les autres modes de son existence…, mais quand, comme esprit, il est

esprit alors il ne connaît pas de limites » les africains doivent cesser d’être

passifs mais actifs, dans la pensée pour soumettre « le sacré » à l’opinion

publique, afin d’apprécier et de juger les représentations religieuses et

mythologiques, qui ont été la base de leur culture. En vue de surmonter eux-

mêmes les obstacles de leur propres existences par le triomphe de la pensée.

Par ailleurs la philosophie pour Towa est systématique et rigoureuse. C’est

pourquoi, « elle ne laisse pas le vrai au fond du cœur, mais l’en tire pour

l’exposer à la lumière du jour »8. Aussi elle est une vraie science et est

universelle car « la vraie figure dans laquelle la vérité existe ne peut être que le

système scientifique de cette vérité »9. Que Hegel traduit sous la forme

conceptuelle comme la forme absolument requise pour la présentation de la

philosophie. C’est dans cette même veine que Towa écrit « c’est seulement

lorsque le savoir philosophique a pris la forme du concept qu’il accède à une

universalité véritable »10 « susceptible d’être possédée par toute raison

consciente de soi »11. De sorte que les africains oriente la philosophie sur des

questions ouvertes qui appelle à l’attention l’opinion commune au lieu de

formuler des questions qui soient à la fois hermétiques et inaccessibles aux

consciences non africaines portant résolument sur le mystère de l’Afrique. Par là

l’auteur précise que la philosophie doit être ouverture et non fermeture.

II. Le jugement rigoureux de l’action de la philosophie dans l’évolution

de la société

Dans le jargon hégélien le plus pur, Towa tente de démontrer la validité,

l’absoluité et l’universalité de la philosophie pensée libre et rationnelle. Il en

arrive alors à dire : « l’insistance sur la scientificité de la philosophie ainsi que le

Page 37: Theme de Memoire

remplacement de l’autorité sous toutes ses formes par la raison et la liberté

accusent la nature essentiellement humaniste de la démarche philosophique.

C’est donc à bon droit que la philosophie a été appelée sagesse du monde. »12

De ce fait, la nouvelle orientation de la philosophie africaine, doit restaurer

l’humanisme en Afrique en veillant à ce que la société africaine soit établie sur

les principes de la morale, de l’honnêteté, et de la liberté. En dépit de sa nature

autonome et libre, la philosophie participe activement à une connaissance

scientifique du monde et à l’évolution de la société, en ayant pour souci son

organisation sociale, son développement économique et culturel. C’est pourquoi

dit-il « elle prend pour objet le monde et les droits de la nature humaine »13.

Mais la philosophie n’a pas pour objet le monde sensible seulement, il associe à

celui-ci l’objet de la religion. La philosophie nous le voyons bien, s’est toujours

définie en se différenciant formellement de la pensée religieuse, cela soit pour la

combattre, soit pour la défendre, soit pour la compléter.

Ainsi Towa compte bien réaliser une philosophie africaine qui soumette les

pratiques religieuses à la pensée, afin que « ce qui est tenu pour divin se réalise

dans le monde séculier au lieu de s’évaporer dans le sentiment et les effluves de

la dévotion. »14. Etant donné que la religion constitue l’ensemble des règles de

la morale, jugeant ainsi le bien et le mal, elle éclaire l’homme dans sa conduite

afin qu’il soit le plus bon possible. De plus lui donner une expression

philosophique considérée comme « sagesse du monde », emmènerait les

africains à être de vrais pratiquants des religions et non de simple religieux. Qui

à partir de leur attachement au divin, parviennent à transformer leurs défauts en

qualités, oeuvrant pour le respect de autrui, le rétablissement de l’équilibre

social, et pour assurer l’épanouissement dans la société.

Ensuite « le souci de la philosophie » pour Towa inclus de même « l’homme » et

« son besoin ». Partant du lien de parenté qui existe entre la philosophie et la

science, Towa rejoint Bacon et Descartes dans le souci de faire que l’homme

« par la science, et la philosophie, non seulement connaisse mieux le monde,

Page 38: Theme de Memoire

mais aussi développe sa puissance sur lui pour l’aménager à son profit, et se

libérer ainsi de la nécessité du besoin »15

Du fait que « concevoir ce qui est, est la tache de la philosophie, car ce qui est,

c’est la raison »16, la philosophie africaine doit penser les passions de la réalité

de l’Afrique, qui sont en générale les résultats de son sous développement

économique, sociale et culturel. Dont la clé de voûte est l’arme puissante de la

technologie et de la science qu’il faut inculquer à la conscience africaine. Cette

initiation à l’univers technoscientifique va la forger à la création, à l’invention et

à la fabrication de biens et services servant à satisfaire les besoins vitaux et

matériels des africains. Ce qui leur permettra de s’auto satisfaire et de réduire

leurs dépenses d’approvisionnement.

Dès lors, le concept européen de la philosophie dont parle Towa, est à la fois

libre et autonome. Des qualités qu’elle use au profit de la connaissance

approfondie du monde, de l’homme dans ce monde et de l’évolution de la

société par le triomphe de la pensée triomphante. La présence illimité de la

philosophie est si flagrante dans l’être- même européen, qu’elle ne laisse pas

l’auteur indifférent, qui à lui de dire que « elle pourrait bien constituer le

domaine privilégiée de la culture européenne »17 qu’il importe d’explorer

minutieusement. Par lequel l’on découvrirait le secret de la victoire de l’occident

qui dégagerait les éventuelles voies de libération de l’Afrique. Or cette

exploration ne peut se faire sans effectuer une comparaison entre la culture

Africaine et la culture occidentale, qui nous permettrait de tester la compatibilité

de l’essence africaine au domaine de la philosophie au sens européen du terme.

CHAPITRE2 : L’INTERET QUE LA PHILOSOPHIE EUROPEENNE

OFFRE POUR NOUS DANS LA REALISATION DE NOTRE DESSEIN

FONDAMENTAL

Page 39: Theme de Memoire

I. Dans une étude comparative des civilisations africaine et

européenne

L’intention de Towa en réalisant cette étude comparative n’est pas de nier la

culture africaine pour s’approprier de la culture occidentale comme notre. Alors

il précise que « la plus grande méprise sur l’intention de cet exposé serait de

penser qu’il invite la culture africaine à prendre le chemin de Canossa »18. Afin

de mettre en exergue la nécessité de saisir l’origine des difficultés de la culture

africaine qui a échoué devant la puissance de la culture occidentale, pour des

raisons qu’il renvoie à l’œuvre de la négritude senghorienne et de l’ethno-

philosophie. Il écrit « notre souci a été bien plutôt de démasquer la négritude

senghorienne et l’ethno-philosophie qui voudrait la prolonger, et de rendre

manifeste pour tous que leur culte de la différence, de l’originalité conduit en

fait à Canossa, consciemment ou non »19.

En cela, il est nécessaire d’orienter cette étude comparative dans un examen sans

complaisance de la culture occidentale pour deux raisons :

D’une part pour collecter des informations nous permettant de saisir l’essence de

la culture occidentale et de découvrir ses forces et ses faiblesses. Que nous

aurons à comparer à celles de la culture africaine animée par le culte de la

différence et de l’originalité. En vue de donner les preuves contre la négritude

senghorienne et de l’ethno-philosophie, qui par leurs œuvres ont laissé entrevoir

que leur dessein réel était de servir l’impérialisme européen et non de le nier.

En dissimulant la quête du secret de la puissance, aux africains pour faciliter

l’exploitation des ressources africaines aux occidentaux. c’est le rôle du néo-

colonialisme.

En effet, en posant le problème fondamental de l’humanité, comme le problème

central de l’Afrique, l’erreur a été de le reformuler à la quête d’une

reconnaissance de ce droit auprès de l’occident. Or la remarque est telle que

l’occident a scellé les liens avec l’Afrique de sorte que ce continent ne puisse

pas jouir de ce droit, de peur qu’elle soit réellement libre et autonome.

Page 40: Theme de Memoire

Cependant vouloir revendiquer auprès de l’occident, l’honneur et la dignité des

valeurs culturelles africaines, à savoir les us, les coutumes, les mythes, et les

contes, conduit, dit l’auteur « à Canossa ». « Canossa » qui est pour lui une

amende honorable faite aux africains par l’occident pendant la colonisation.

Autrement dit les africains auront toujours à se mettre la chaîne au coup, si les

élites de la néo-colonisation, qui sont les intellectuels, les lettrés, doivent parler

au nom du peuple illettrés. Parce qu’ils ne parleront pas pour exprimer les

sentiments du peuple dans son ensemble, mais pour servir l’occident, et assurer

sa présence en Afrique. Aussi s’il faille que pour les africains, s’acquitter du

droit d’humanité, c’est être reconnu comme telle aux yeux de l’occident, et non

par les africains eux-mêmes Towa pense que ce serait plus exactement

« confirmer et accélérer l’évolution actuelle vers la dépendance et

l’impuissance »20.Alors l’Afrique doit absolument rompre avec tous ses liens

qui la rendre captive au despotisme de l’occident en recherchant sa liberté. Que

Towa pense en avoir accès qu’en adoptant des éléments de la culture occidentale

qui peuvent être applicable au profit de l’Afrique, en quête d’une indépendance

véritable et générale, révélant son autonomie et sa liberté.

D’autre part, l’examen sans complaisance de la culture occidentale, va permettre

aux africains d’en relever ce qui a servi à l’augmentation de la puissance de

l’occident auquel ils se conformeront pour révolutionner la culture africaine.

Pour Towa « le chemin de l’autonomie culturelle passe obligatoirement par une

révolution et donc par une auto révolution »21. En ce qui concerne l’Afrique,

« l’auto révolution » consiste à laisser la tache aux africains d’effectuer le

changement de l’Afrique en ruine dut au désastre qui a eu lieu depuis le temps

coloniale. En se lançant dans la quête du secret de l’occident et forger la

puissance de l’Afrique au même degré de celle de l’Europe. Comme tout le mal

de l’Afrique a commencé par l’acculturation, son rétablissement va se faire par

l’établissement de son autonomie culturelle.

Page 41: Theme de Memoire

Sans oublier que « aucune autonomie n’est possible dans le domaine de la

culture sans base matérielle, politique et économique »22 Towa montre

l’urgence et la nécessité pour l’Afrique de disposer d’une puissance matérielle

capable de faire face à ses difficultés et d’assurer sa prospérité dans le domaine

de la culture. Pour le faire l’auteur propose de « révolutionner nos cultures de

fond en comble pour éviter leur disparition pure et simple et rendre possible leur

renaissance et leur rajeunissement »23, ce qui revient à faire un examen sans

complaisance de la culture occidentale qui est la culture pour la qu’elle la

culture africaine doit se révolutionner et devenir aussi puissante qu’elle.

En claire l’autre intérêt de l’étude comparative de la culture africaine et de la

culture occidentale, est la sauvegarde de la pérennité de nos cultures africaines,

en les refondant sur la base de l’éthique et de la morale, en un mot sur la

philosophie.

Aussi, la victoire de l’occident sur l’Afrique, est une raison suffisante pour tirer

de part et d’autre des éléments pour « l’auto révolution » de l’Afrique et des

éléments pour identifier les faiblesses de l’occident afin de mieux se préparer

pour mieux le combattre.

II. les perspectives d’une réalisation du concept européen de la philosophie

Dans ses propos, Towa définit l’intérêt de la philosophie en Afrique comme la

force et la capacité qui a toujours manqué aux africains, pour se réaliser et se

prendre en charge. En cela, il écrit : « parce que la philosophie européenne, en

raison de sa parenté étroite avec la science et la technologie semble être à

l’origine de la puissance européenne, elle nous aidera à opérer la révolution des

mentalités qui conditionne l’édification de notre propre puissance ». Alors la

philosophie doit être un projet à réaliser en Afrique, que les africains pourront

s’en servir pour sortir du sous développement, et arracher leur destin de

Page 42: Theme de Memoire

l’emprise occidentale. Si on se réfère à la pensée de Moumouni qui révèle

que le problème de la culture africaine ne peut être posé et résolu d’une manière

objective et scientifique que s’il est inséré dans le cadre global de la

transformation économique, politique et sociale qui permettra aux africains

d’être des hommes libres et maitres de leur propre devenir. La réalisation de la

philosophie en Afrique ne sera pas seulement au profit d’une base matérielle

dans les domaines politique, économique mais en premier lieu dans l’intérêt de

la restauration de nos cultures africaines. Pour Towa les perspectives de la

réalisation de la philosophie consistent à élaborer des lignes de conduites en

rapport avec les principes fondamentaux de la philosophie, qu’il faut assigner

aux africains. En sorte que leur conscience, leur agir et leur parlé soit

foncièrement former autour de ces lignes de conduites là.

Primo, l’auteur écrit « en révélant le savoir philosophique conceptuel comme

seul fondement de l’universalité et du dialogue sur l’absolu, elle nous fournit des

indications précieuses pouvant orienter nos efforts pour surmonter les divisions

africaines fondées sur la diversité de confessions religieuses fanatiques et mettre

sur pied une unité politique aux dimensions de notre temps ». Pour lui la

réalisation du concept européen de la philosophie en Afrique commence avec la

résolution du problème de la confiscation de la parole en parole unique. Dans

cette société où il n’ya pas d’environnement de discussion doc pas de science ou

de technologie, si on se base sur cette idée de Houtoundji « c’est de la discussion

que naît la science » il fallait pour Towa rétablir le dialogue. Afin de libéraliser

l’expression, de provoquer le conflit des idées dont les résultats révèlent la

forme exacte de la discussion philosophique.

Ensuite, il pose le problème de la liberté en Afrique qui ne saurait trouver sa

solution que dans l’exercice de la philosophie, puisqu’elle constitue l’un des

principes les plus essentiels de la philosophie. Et il entend le résoudre par son

projet de reconstruire une Afrique libre dans un monde libéré. A cet effet

L’auteur écrit qu’une : « une communauté affranchie de la nécessité du besoin,

Page 43: Theme de Memoire

au sein de laquelle tous les hommes puissent se reconnaître « comme se

reconnaissant réciproquement » dans un nous qui soit un moi et un moi qui soit

un nous… elle ne sera effective qu’aux prix des efforts conjugués de tous ceux

qui à travers le monde luttent pour la suppression de l’exploitation organisée de

l’homme par l’homme »25. De ce passage, l’auteur définit explicitement le

caractère que doit avoir la liberté qu’il recherche en Afrique qui sera aussi bien

une occasion pour les africains que pour les occidentaux, d’abandonner

l’idéologie de différence pour adopter une idéologie d’unité. Par lequel

l’Afrique pourrait tendre la main à l’occident sans que celui-ci lui prenne

quelque chose en retour et que cela soit réciproque. Une unité qui réunisse

Occident et Afrique, dans un « nous » exclusif, couvrant tout principe

d’inégalité et d’infériorité. Alors, le sens de ce projet est compatible avec les

principaux fondements de la philosophie qui prône cette liberté et est valable

pour la « révolution » de l’Afrique.

Enfin Towa évoque le problème du retour rétrospectif de notre passée qu’il

faudrait apprécier par nous-même. Que seul le philosophe africain pourrait être

habilité à le résoudre par la remise en cause de l’histoire de l’Afrique qu’il lui

faudra réécrire. Il écrit « a l’égard des lacunes et des faiblesses de nos cultures,

la rigueur et la sévérité doivent remplacer la complaisance parce que cette

dernière attitude engendre l’autosatisfaction factice et la stagnation dans notre

présence condition de dépendance et d’humiliation »26. Par cette démonstration,

Towa cherche à imiter le caractère rigoureux et scientifique de la philosophie,

dans le passé de l’Afrique qu’on peut considérer comme la matrice de nos

œuvres culturelles. Ceci étant, il interpelle l’éveil d’esprit critique dont le rôle

sera de soumettre nos cultures africaines présentes entachées par la civilisation

européenne au crible de la raison. En les recomposant sur les bases de l’essence

africaine dans le dynamisme du temps et de l’espace et de la modernité.

Les résultats de cette entreprise, pense Towa, s’ouvrent sur la perspective de

garantir la pérennité de l’histoire africaine dans l’histoire universelle. Partant du

Page 44: Theme de Memoire

fait que l’Egypte ancienne a été un point marquant de cette histoire, qui a attirer

les occidentaux jusqu’aux bords de l’Afrique. Et pour lequel ceux-ci accouraient

nombreux pour bénéficier du savoir Egyptien, qu’ils jugeaient être plus avancé

que le leur, et qu’il fallait apprendre à tout prix pour compléter leur

connaissance et gagner quelque titre à l’admiration populaire. Toute la tache de

l’auteur s’inscrit dans la problématique suivante « comment revaloriser les

atouts de l’histoire africaine à partir d’une expression philosophique, plus

déterminante qui se fait des éloges à la ressemblance de l’histoire de l’Egypte

ancienne ? » « Comment freiner la ruine de l’idée tenace que les grecs ont

dérivés en une certaine mesure leur philosophie de l’Egypte et de Babylone ? ».

Car la grande émancipation qu’a assurer l’Egypte dans l’épisode scientifique

européen, qui a un temps soit peu reconnu à l’Afrique le monopole du savoir,

n’a pas pu résister à l’écoulement du temps qui la propulsé dans un oubli

perpétuel, jusqu’au point qu’elle perde sa place d’élite et se retrouve

défavorisée, et méprisée de toutes les autres savoirs. En cela il recherche les

causes de ce cet décadence qu’il renvoie sans hésiter, à l’absence d’une écriture,

capable de conserver les connaissances égyptiennes dans l’histoire universelle,

et d’une langue dans laquelle on les apprendrait, en préservant leurs origines et

leurs authenticité, comme cela s’est fait en occident. On remarque que pour

disposer d’une connaissance étrangère, dans n’importe domaine soit il, on

devrait l’apprendre dans sa langue d’origine, soit en anglais, en grec, en

allemand, en français pour ne citer que ceux là. Et cela a été au profit de

l’occident puisque qu’il est parvenu à imposer sa langue et par delà son autorité

et sa publication dans le monde entier. Puisque c’est maintenant aux peuples non

occidentaux de nier leurs langues pour apprendre les langues occidentales, s’ils

veulent être aussi populaire et puissant comme l’occident. Pour l’auteur il est

clair que c’est à ce niveau que réside le grand problème délicat des limites de

l’histoire africaine. Ainsi dira t-il « comment prétendre que la langue égyptienne

était totalement ignorée des grecs et que cette ignorance a du constituer un

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obstacle infranchissable à la transmission d’une éventuelle philosophie

égyptienne ? »72. pour ce fait faudra t-il que l’histoire de l’Afrique de même

que sa philosophie soient à subvertir pour que soit possible notre anticipation de

nous-mêmes dans l’orientation de notre condition d’existence présente pour la

réintégration et la territorialisation de l’Afrique qui paie de sa présence dans le

monde, et dans l’histoire universelle.

De ce qui précède, grande est la conviction de l’auteur, de réaliser le concept

européen de la philosophie au dessein fondamentale de l’Afrique, qui est

l’autonomie culturelle. La quête de cette autonomie culturelle, trouve son sens

dans l’application des principes fondamentaux de la philosophie, pris comme

sagesse du monde. C’est donc à la lumière de cette sagesse que l’Afrique

pourrait être révolutionné avec son corps culturelle, en quittant les pratiques

anciennes pour se conformer à de nouvelles pratiques qui ont une ouverture sur

l’avenir glorieux d’une Afrique libre et autocentrée.

CONCLUSION

En somme, en décriant le refus de la philosophie aux africains, Towa pose par là

même le premier problème de la philosophie africaine qui a pris de l’ampleur

jusqu’à contraindre les philosophes africains à faire de l’ethno-philosophie au

lieu de la philosophie au sens européen du terme. De même inquiet de

l’évolution de la pensée en Afrique qui est plus basée sur le culte de la

différence et de l’authenticité, empêchant toute ouverture sur l’extérieur qui

pourrait favoriser le succès et le développement de la philosophie dans l’Afrique

actuelle, l’auteur épouse l’idée d’une révolution radicale. Une révolution

radicale par la qu’elle l’on examinera avec rigueur le sens européen de la

philosophie qui servira à remettre en cause, sans complaisance la conscience

africaine et la philosophie dans son concept africain du terme. Aussi qui ne fera

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pas l’économie d’ une observation de la déchéance de la culture africaine qui est

le centre des difficultés que rencontre l’Afrique aujourd’hui, pour la

révolutionner et lui redonner un nouvel élan afin de reconstruire une Afrique

libre et révolutionné. En un mot, l’idée d’une révolution radicale dans essai sur

la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle de Marcien Towa, se

résume en ceci : résoudre des difficultés actuelles de l’Afrique, à partir d’une

révolution radicale des œuvres culturelles en Afrique pour une Afrique libre et

autocentré. Cependant les perspectives à réaliser cette idée de révolution

radicale peuvent être désagréable si l’auteur n’associe pas à sa théorie ne

dimension politique. Et l’être même de l’Africain, ayant déjà et d’ores subi une

transformation, pourra t-il en subir une autre pour favoriser l’adoption du

concept européen de la philosophie.