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Théâtre

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Avant-propos

Chers collègues,

Le but n'est pas ici de présenter un pensum sur Molière et son œuvre mais bien de proposer aux équipes

pédagogiques des pistes de travail et de réflexion pour aborder la mise en scène de Philippe Adrien avec les élèves, et

ce, avant et après la représentation.

Pour ceux qui chercheraient des informations plus pointues sur l'auteur de L'Ecole des femmes, je leur conseille de se

reporter au dossier de Madame Isabelle Peters (dossier consacré aux Femmes savantes, Le Manège, saison 2013-

2014) ou à la biographie, très complète, de Molière par Christophe Mory (ed. Folio biographies).

Les activités proposées ont déjà été menées en classe, certaines sont transposables à d'autres spectacles et

permettent aux élèves de développer leur esprit critique mais également d'apprendre à être des spectateurs de

théâtre actifs. Libre à chacun d'utiliser les ressources les mieux adaptées à ses élèves et à sa pratique.

Je vous souhaite de belles découvertes artistiques et de beaux moments d'échanges avec vos élèves.

J. PLOUVIER

- professeur de Lettres et de théâtre au Lycée André Lurçat (Maubeuge), missionné au Théâtre du Manège -

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ACTIVITES A MENER AVANT LE SPECTACLE

Afin que les élèves soient au mieux préparés au spectacle, n'ayant pas tous connaissance de la pièce, voici quelques

pistes qui pourraient être exploitées afin de leur permettre une meilleure entrée dans l'intrigue.

a) Comparaison et analyse d'affiches de différentes mises en scène.

Amener les élèves à s'interroger sur le titre de la pièce. Quel est le rôle d'une école ? Pourquoi une école pour

les femmes ?

Enchainer cette première phase avec l'analyse de l'affiche de la mise en scène proposée au Manège (ci-

dessus). L'objectif est de faire formuler des hypothèses aux élèves concernant cette "école des femmes". On

peut demander aux élèves de décrire d'abord ce qu'ils voient sur cette affiche puis leur demander

d'interpréter tout en s'appuyant sur l'affiche et en analysant les éléments dégagés lors de la phase de

description.

Même démarche cette fois

appliquée à deux affiches d’une autre

mise en scène : celle de Didier

Bezace. Pourquoi avoir conçu deux

affiches pour le même spectacle ?

Disent-elles la même chose ? Sur quoi

insistent-elles ? Que pouvez-vous déjà

comprendre de l'intrigue à partir de

ces affiches ?

L'Ecole des femmes de Molière, mis en

scène par Didier Bezace avec Pierre Arditi,

2001, cour d'honneur du palais des Papes

au Festival d'Avignon.

Affiche conçue pour le théâtre de la

Commune.

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b) Comparaison et analyse de différentes couvertures.

Le but est ici de faire émerger des hypothèses quant aux relations entre les personnages, aux thèmes et

enjeux de la pièce. On peut proposer, par exemple, un échantillon de couvertures et demander aux élèves,

seuls ou en groupe, d'analyser chaque couverture et de formuler des hypothèses, qui seront ensuite validées

ou non par la distribution de la liste des personnages. Pour les thèmes et enjeux, il serait intéressant que les

élèves orientent leurs remarques par rapport au titre de la pièce.

Cette activité peut être également proposée après le spectacle. Les élèves choisissent la couverture qui leur

semble être la plus appropriée, la plus fidèle et justifient leur point de vue dans une lettre adressée à

l'éditeur, par exemple.

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c) Lecture de deux extraits de la scène d'exposition.

Cette étape permettra aux élèves de se confronter à la langue du XVIIème siècle tout d'abord. Elle viendra

surtout confirmer ou infirmer les hypothèses dégagées par les élèves concernant les thèmes et les enjeux de

la pièce en s'intéressant au discours d'Arnolphe.

ARNOLPHE

85

Épouser une sotte, est pour n’être point sot :

Je crois, en bon chrétien, votre moitié fort sage ;

Mais une femme habile est un mauvais présage,

90

Et je sais ce qu’il coûte à de certaines gens,

Pour avoir pris les leurs avec trop de talents.

Moi j’irais me charger d’une spirituelle,

Qui ne parlerait rien que cercle, et que ruelle ?

Qui de prose, et de vers, ferait de doux écrits,

95

Et que visiteraient marquis, et beaux esprits,

Tandis que, sous le nom du mari de Madame,

Je serais comme un saint, que pas un ne réclame ?

Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut,

Et femme qui compose, en sait plus qu’il ne faut.

100

Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime,

Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ;

Et s’il faut qu’avec elle on joue au corbillon,

Et qu’on vienne à lui dire, à son tour : "Qu’y met-on ?"

Je veux qu’elle réponde, "Une tarte à la crème" ;

En un mot, qu’elle soit d’une ignorance extrême ;

Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler,

De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre, et filer.

ARNOLPHE

126 Chacun a sa méthode.

En femme, comme en tout, je veux suivre ma mode ;

130

Je me vois riche assez, pour pouvoir, que je crois,

Choisir une moitié, qui tienne tout de moi,

Et de qui la soumise, et pleine dépendance,

N’ait à me reprocher aucun bien, ni naissance.

Un air doux, et posé, parmi d’autres enfants,

135

M’inspira de l’amour pour elle, dès quatre ans :

Sa mère se trouvant de pauvreté pressée,

De la lui demander il me vint la pensée,

Et la bonne paysanne, apprenant mon désir,

À s’ôter cette charge eut beaucoup de plaisir.

140

Dans un petit couvent, loin de toute pratique,

Je la fis élever, selon ma politique,

C’est-à-dire ordonnant quels soins on emploierait,

Pour la rendre idiote autant qu’il se pourrait.

Dieu merci, le succès a suivi mon attente,

145

Et grande, je l’ai vue à tel point innocente,

Que j’ai béni le Ciel d’avoir trouvé mon fait,

Pour me faire une femme au gré de mon souhait.

Je l’ai donc retirée ; et comme ma demeure

À cent sortes de monde est ouverte à toute heure,

150

Je l’ai mise à l’écart, comme il faut tout prévoir,

Dans cette autre maison, où nul ne me vient voir ;

Et pour ne point gâter sa bonté naturelle,

Je n’y tiens que des gens tout aussi simples qu’elle.

Vous me direz "pourquoi cette narration ?"

155

C’est pour vous rendre instruit de ma précaution.

Le résultat de tout, est qu’en ami fidèle,

Ce soir, je vous invite à souper avec elle :

Je veux que vous puissiez un peu l’examiner,

Et voir, si de mon choix on me doit condamner.

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d) Le rôle du metteur en scène et du scénographe.

En classe ou à la maison, demander aux élèves d'effectuer des recherches sur le rôle du metteur en scène et

du scénographe. Ici voir qu'ils travaillent en étroite collaboration quand les deux fonctions ne sont pas

réunies en une seule personne.

A partir de photographies de la représentation et d'un extrait vidéo, créer un horizon d'attente chez les

élèves. Les élèves décrivent ce qu'ils voient (décor, costumes ...), formulent des hypothèses ou interprètent.

Cette phase pourra servir lors d'une restitution après la représentation. Horizons d'attente comblés ? Déçus ?

Pourquoi ? Comment procéderiez-vous si vous aviez eu à mettre en scène cette pièce ?

Alain, Agnès et Georgette (ci-dessus)

Agnès et Arnolphe

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Lien vers une vidéo présentant le travail du metteur en scène et des comédiens en répétition.

http://www.youtube.com/watch?v=pDq249tQ-lg

Lien vers un entretien vidéo avec Philippe Adrien (à compléter si vous le souhaitez par une transcription d'un

entretien fourni par le Théâtre de la Tempête > http://www.theatre-corbeil-essonnes.fr/dossiers-

presse/2015-ecole-des-femmes.pdf p 6-8 du dossier)

http://www.top-bb.fr/theatre-de-louest-parisien-calendrier/spectacle/2014-11/80-l-ecole-des-femmes.html

Enfin, lire la note d'intention avec les élèves. Quel est le rôle de ce texte ? Quels sont les partis pris du

metteur en scène ?

Horace, Chrysalde, Oronte, Arnolphe

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Note d'intention

Molière, c’est pour tout homme de théâtre une histoire singulière

Elle commence pour moi par une commande d’écriture, celle d’un texte français de La Cabale des Dévots,

pièce historique sur l’affaire de Tartuffe, l’auteur, Boulgakov, étant lui-même biographe de notre poète dramatique

national. Le texte de Boulgakov me tombe des mains, mais dans la foulée, je dévore son Monsieur de Molière qui me

fait aussitôt partager la belle empathie de l’écrivain soviétique pour l’homme de théâtre du XVIIe. Là, je comprends

tout, et je vois bien le rapport entre les deux couples, Molière – Louis XIV et Boulgakov – Staline. Déjà pris, je me

plonge dans La Vie de Molière de Grimarest et me voilà embarqué, disons-le, pour toujours.

Du coup, je reprends le point de départ de Boulgakov ou plutôt ce que j’arrive alors à démêler des raisons qui furent

celles de Molière de se lancer dans l’aventure de Tartuffe, et je fais une pièce sur cet épisode de la vie de l’homme de

théâtre incomparable : Le Défi de Molière.

Le reste s’ensuit, je monte en Allemagne George Dandin et Dom Juan puis à Reims, ce Défi commandé par Jean-Pierre

Miquel qui me suggère ensuite de mettre en scène Monsieur de Pourceaugnac, à quoi viendront s’ajouter Amphitryon

et Le Médecin volant avec la Comédie-Française. Depuis lors, à part la belle aventure du Malade imaginaire avec

Bruno Netter et sa Compagnie du 3e OEil et une recréation de Pourceaugnac au théâtre du Vieux-Colombier, je me

réserve, attendant l’heure de quelque grand rendez-vous avec l’une ou l’autre des pièces majeures.

Tout récemment, il m’est tombé une bonne occasion de m’énerver devant le poste à l’écoute d’une émission

consacrée à la question de savoir si Molière, ce saltimbanque n’est-ce pas, était bien l’auteur des pièces qu’on lui

attribue. Et de prétendre que Corneille serait le véritable écrivain, lui dont l’inspiration, si l’on se réfère à son œuvre

originale, n’a pourtant rien de commun avec celle de l’auteur du Misanthrope, de quoi tomber de sa chaise ! La

preuve du reste cette École des femmes qui paraît l’année même où Molière épouse Armande Béjart, de 20 ans sa

cadette. Une jeune femme dont il y a tout lieu de penser que, tel Arnolphe avec Agnès, il l’a d’abord considérée

comme sa fille. Passons sur l’hypothèse odieuse avancée par certains contemporains d’un Molière père d’Armande et,

par voie de conséquence, incestueux. Là n’est pas la question.

Si, comme on l’admet généralement, un voile sépare la vie et l’œuvre, et aussi bien l’homme de l’écrivain, il faut noter

qu’ici un fantasme traverse cette limite et guide Molière, pour la première fois, au cœur même de son inspiration,

c’est-à-dire de son génie. C’est évidemment d’amour qu’il s’agit, de cet amour qui se confond avec le désir.

Remontant aux premiers émois de la petite enfance, l’énergie dont il est porteur anime bien sûr tout homme dans sa

jeunesse et sa maturité, elle peut même resurgir de manière aussi incongrue qu’illusoire jusque dans sa vieillesse. De

cela Molière, reprenant quelques idées de nouvelles et de pièces de son temps, fait une comédie sociale qui encore

aujourd’hui nous semble traiter avec pertinence de la fameuse question des relations entre homme et femme.

Au départ, l’idée de combiner les termes d’un paradigme dont le maître mot pourrait être : printemps. Oui, pour

Agnès et Horace qui sont de tout jeunes gens, c’est bien sûr le printemps de la vie. Mais la belle saison du renouveau

est aussi là, dehors, dans le jardin et dans la nature, certes domestiquée, où Arnolphe a choisi d’élever sa pupille pour

la protéger des autres mâles et bientôt l’avoir toute à lui. Le sang d’Arnolphe palpite à l’unisson du monde, le

malheureux n’y voit plus clair.

Susciter une écoute sensible et rigoureuse du texte. N’en rabattre ni sur la réalité, ni sur la poésie. Soutenir jusqu’au

bout ce paradoxe.

Philippe Adrien

9

e) Articles de presse concernant la mise en scène de Philippe Adrien.

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Liens vers d'autres articles.

-http://www.lestroiscoups.com/article-l-ecole-

des-femmes-de-moliere-critique-theatre-de-la-tempete-

a-paris-120073801.html

-http://blog.lefigaro.fr/theatre/2013/09/lecole-

des-femmes-selon-philip.html

ACTIVITES APRES LA REPRESENTATION

Il s'agira ici de faire appel à l'esprit critique des élèves afin d'engager la réflexion sur ce qu'est le spectacle vivant et

sur sa place dans notre monde pour enfin les amener au travail plus particulier du metteur en scène, du scénographe

et bien sûr du comédien.

a) Les impressions des élèves vs. leurs horizons d'attente.

On se reportera à l'activité proposée dans la première partie (Activités à mener avant le spectacle), "rôle du

metteur en scène et du scénographe"

L'objectif est que les élèves s'expriment, confrontent leurs points de vue, argumentent, livrent leurs

impressions.

Si les horizons d'attente ont été déçus, demander aux élèves de faire leurs propres propositions, de corriger,

en quelque sorte, ce qui ne les a pas convaincus tout en justifiant la démarche. Les élèves se mettent donc

dans la posture du metteur en scène et proposent leur lecture d'une scène.

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b) Comparer et analyser d'autres propositions de mises en scène.

On pourra s'appuyer sur différentes mises en scène (JP Roussillon / E. Vigner / J. Liermier / D. Bezace) que

l'on analysera pour ensuite dégager les partis pris. Il s'agira ensuite de comparer les éléments dégagés par

les élèves à la mise en scène de Philippe Adrien.

On peut s'intéresser, par exemple, aux personnages d'Agnès et d'Arnolphe et observer la manière dont ils

sont traités dans les différentes mises en scènes, toujours dans l'optique de comprendre ce sur quoi le

metteur en scène a voulu mettre l’accent.

Je vous propose tout d'abord des photographies représentant le

personnage d'Agnès dans trois mises en scène. On pourra s'attacher à

l'évolution du costume et se demander si celle-ci marque en même

temps une évolution du personnage, de la vision que le metteur en

scène en a. Il est intéressant également de se pencher sur l'onomastique

du prénom « Agnès » et de voir si l'on en retrouve des traces dans le

traitement du personnage.

La même activité pourrait être menée pour le

personnage d'Arnolphe.

Afin de s'attacher à l'aspect vivant du théâtre, on

peut proposer aux élèves de comparer deux

captations de la même scène, la scène du ruban par

exemple (Acte II, scène 5). Ici les points d'entrée sont

divers : la vision des personnages, le comique, la

scénographie ...

1) L'Ecole des femmes, Robert Manuel (1995)

http://www.dailymotion.com/video/x25dlw_l-ecole-

des-femmes-galabru_creation

2) L'Ecole des femmes, Didier Bezace (2001)

http://www.youtube.com/watch?v=3QTO_iPmjQo

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c) Travail à la table (avant un travail au plateau ?)

Cette première étape peut être effectuée sans qu'elle ne débouche nécessairement sur un travail au plateau.

Il s'agit de travailler autour du contexte de la pièce et de sa réception par le public. On pourrait commencer

par donner la parole aux élèves concernant les thèmes abordés dans la pièce et leur demander si ces thèmes

ont pu choquer à l'époque de Molière. Afin de faciliter le travail, on pourra proposer aux élèves une

recherche documentaire sur le XVIIème siècle (organisation de la société, influence de la religion dans celle-

ci ...) et sur le contexte d'écriture de la pièce.

On peut également partir de la lecture de la préface de L'Ecole des femmes ainsi que de la scène III de La

Critique de l'Ecole des femmes.

Ensuite, on pourrait se demander pourquoi un metteur en scène du XXIème siècle décide de travailler sur un

texte du XVIIème siècle. Je vous propose pour cela de lancer le débat à partir des remarques faites par les

élèves sur les thèmes de la pièce et de lire ensuite plus particulièrement avec eux les pages 6 et 7 du dossier

de la compagnie ("Pourquoi monter cette pièce aujourd'hui ?") http://www.theatre-corbeil-

essonnes.fr/dossiers-presse/2015-ecole-des-femmes.pdf

Une fois cette étape achevée, il serait intéressant de demander aux élèves comment ils transposeraient

l'intrigue de L'Ecole des femmes à notre époque mais aussi pourquoi. Qui seraient Arnolphe et Agnès dans

notre société ? L'intérêt est évidemment de permettre aux élèves d’adopter une fois encore la posture du

metteur en scène. Pour ne pas rester sur un aperçu théorique et statique du travail de mise en scène, on

peut demander aux élèves de choisir une scène qui leur a plu et de la mettre en scène en fonction de leur

lecture / compréhension du texte et de la nouvelle situation des personnages.

d) Poursuivre la démarche de Molière ? Castigat ridendo mores.

Le but de Molière était de corriger les mœurs par le rire. Pourquoi ne pas s'inscrire dans ses pas en créant

avec les élèves une performance. Cette activité allie le travail d'écriture au jeu. A l'instar d'Arnolphe qui

demande à Agnès de lire les Maximes du mariage ou les devoirs de la femme mariée avec son exercice

journalier dans lesquelles sont concentrés tous les principes d'éducation d'Arnolphe, on pourrait demander

aux élèves d'écrire des maximes ou des commandements de la femme ou de l'homme (modèle ci-après

s'inspirant de ce que l'on pouvait trouver dans les écoles pour filles au XIXème siècle). Ainsi, les élèves

créeraient une "nouvelle œuvre" à partir de celle de Molière et à destination de nos contemporains.

Il pourrait être intéressant de laisser les élèves utiliser le registre qu'ils souhaitent (comique, ironique ...) afin

d'interpeller et de faire réfléchir l'hypothétique spectateur. Une fois ces textes rédigés, on filme chaque

élève (uniquement le visage, à la manière d'un portrait) et l'on peut créer un court-métrage en mettant

chaque séquence bout-à-bout.

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e) Travail sur la scénographie.

A partir des éléments dégagés par les élèves, on peut leur demander de réfléchir à la scénographie d'une

future mise en scène. Pour ne pas perdre en efficacité, on peut déterminer des thèmes, par exemple les

relations homme/femme, l'enfermement et l'émancipation (cf. l'affiche du théâtre de la Tempête) etc. Cette

activité peut faire appel à la créativité des élèves, notamment par le dessin ou l'utilisation du numérique. On

les rendra sensibles à l'importance de chaque détail : sur scène, tout est signifiant (lumières, couleurs, motifs

etc). On pourrait très bien utiliser cette activité pour éclairer la lecture d'un extrait (lecture analytique) : ainsi

chaque élève serait amené à justifier sa proposition par un retour sur le texte.

On peut également décliner ce travail sur le plateau. Comment traiter dans le jeu, dans l'espace, les relations

homme/femme, l'enfermement ?

f) Pour prolonger la réflexion.

Je vous propose un corpus de textes consacré à l'éducation des femmes (travail en classe, initiation à la

question sur corpus, au lycée). Cela permettra aux élèves de voir que la condition des femmes a évolué et de

mesurer le chemin qu'il reste encore à parcourir (retour à l'intérêt de monter L'Ecole des femmes

aujourd'hui).

La lecture de ce corpus peut aussi nourrir la réflexion lors de séances de pratique ou de travail à la table afin

de mieux entrer dans la démarche du metteur en scène.

ou qu'un homme

...

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Texte 1 : Fénelon, De l'éducation des filles, 1687

Texte 2 : Christine de Pisan, La Cité des dames, 1405 (traduction en français moderne).

Je m'étonne énormément de l'opinion de certaines hommes qui ne veulent pas que leurs filles, leurs femmes ou leurs parentes étudient les sciences parce que leurs mœurs en deviendraient mauvaises. On peut voir par là que les opinions de ces hommes ne sont pas fondées sur la raison et qu'ils ont tort ; car on ne voit pas pourquoi étudier les sciences morales et celles qui enseignent les vertus devrait avoir pour conséquence d'empirer les mœurs. Au contraire, il est évident que celles-ci s'en trouveraient meilleures et plus nobles. Comment donc peut-on imaginer que celui qui suit un bon enseignement pourrait s'en trouver plus mauvais ? Cette thèse n'est ni à dire ni à soutenir. Je ne dis pas qu'il serait bon que les femmes étudient la sorcellerie ou les autres matières interdites, car ce n'est pas pour rien que la sainte Église en a défendu l'usage. Mais l'idée que les femmes empirent à connaître le bien n'est pas acceptable. Quintus Hortensius qui était un grand rhétoricien romain et un célèbre orateur, n'était pas de cette opinion. Il avait en effet une fille nommée Hortense qu'il aimait beaucoup pour la subtilité de son esprit et à qui il fit apprendre les lettres et étudier la science de la rhétorique.

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Texte 3 : Mariama Bâ, Une si longue lettre, 1979