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TG5 – Le Sahara : ressources, conflits SH : abréviation pour « Sahara » Quelques données géo-‐historiques sont à connaître au départ de l’étude :
Le Sahara est issu du mot arabe « sahra'», qui signifie « désert » La formation désertique remonte environ à – 4 000 ans avant notre ère : la fin du « Sahara vert » est attestée par des prélèvements de grains de pollens dans les sédiments, qui soulignent la fin du régime des moussons et des précipitations, tandis que certaines poches d’eau en surface ont disparu sous le sol par effondrement A lire pour les curieux, trois articles sur la lente transformation climatique et végétale du Sahara : • http://www.lefigaro.fr/sciences/2008/05/13/01008-‐20080513ARTFIG00576-‐comment-‐le-‐sahara-‐est-‐devenu-‐un-‐desert.php • http://www.savoirs.essonne.fr/thematiques/la-‐terre/climatologie/sahara-‐sur-‐les-‐traces-‐du-‐desert/ • http://www.notre-‐planete.info/actualites/actu_1660_sahara_assechement_progressif.php
Le Sahara peut spatialement s’appréhender ainsi (source : Encyclopaedia Universalis): « Le Sahara est le plus grand désert chaud du monde. Occupant presque tout le nord de l'Afrique, il mesure environ 4 800 kilomètres d'est en ouest et entre 1 300 et 1 900 kilomètres du nord au sud, soit une superficie totale de près de 8 600 000 kilomètres carrés. Il se prolonge au-‐delà de la mer Rouge et est appelé alors désert saharo-‐arabique, étiré sur 7 500 kilomètres et couvrant 12 millions de kilomètres carrés. Le Sahara proprement dit, qui fait l'objet de cet article, est délimité à l'ouest par l'océan Atlantique, au nord par la chaîne de l'Atlas et la mer Méditerranée, à l'est par la mer Rouge et dans le sud par une zone d'anciennes dunes sableuses immobiles alignées sur la latitude 16
0 N. »
Le Sahara n’est pas uniquement dunaire : plaines, vallées, massifs montagneux et autres formations naturelles telles que chotts et dayas en parcourent l’immensité (Source : Encyclopaedia Universalis) « Le Sahara comprend plusieurs grands types de topographies : des bassins salés peu profonds, temporairement inondés (chotts et dayas) et de grandes cuvettes formant des oasis ; de vastes plaines rocailleuses (serirs ou regs) ; des plateaux rocheux (hamadas) ; des montagnes abruptes ; ainsi que des étendues de sable, des dunes et des mers de sable (ergs). Le point culminant du Sahara est l'Emi Koussi (3 415 mètres) dans le massif du Tibesti, au Tchad. Le point le plus bas se trouve dans la dépression de Qattarah (— 133 mètres), en Égypte. » Par conséquent, la Sahara ne se résume pas à du sable, qui ne correspond qu’à 18 % du couvert minéral saharien (les ergs, déserts de sable). Le reste est de la pierre (reg, déserts de roche), de la rocaille et de la montagne.
Accroche du cours :
Le Sahara est un espace géographique particulier, qui se définit d’abord par les caractéristiques d’un milieu naturel : climat très sec (moins de 3 mm de précipitations par an dans la zone désertique). De tels critères définissent un milieu désertique, mais la zone géographique ne s’y limite pas. Au Nord, plaines et montagnes bordant la Méditerranée. Au centre, les dunes et massifs du Sahara. Au Sud, le Sahel. A l’est, la vallée du Nil. Il s’agit donc d’une région agrégeant quatre milieux naturels. Contrairement aux idées reçues, le Sahara est un bien un espace carrefour et un enjeu territorial, du fait de la diversité de ses milieux.
Sahara
La densité de population y est de 5 hab/km2 en moyenne, ce qui laisse entendre que nous sommes en face d’un « désert humain ». Autour, les densités sont très inégales : les littoraux méditerranéens accumulent fréquemment plus de 100 hab/km2, et la zone sahélienne n’est pas exempte d’habitations sédentaires.
Source : www.oecd.org/csao | www.portailouestafrique.org Le Maroc par exemple, a une densité moyenne de 76 hab./km2 (2015) mais celle-‐ci atteint le chiffre de 5.321 pour la seule ville de Rabat, la capitale. L’Algérie comprend une densité moyenne de 14 mais celle sur le littoral se monte à plus de 100 : 90% des Algériens vivent en effet sur ces 10% du territoire. Le Mali connaît une situation similaire : une densité moyenne du pays de 13 h/km2, mais des taux très élevés au sud, comme à Bamako (9.200 hab/km2) ou le long du fleuve Niger. Le Sahara agit comme un espace à part, à la fois contigu et à l’écart des zones d’habitation naturelles. En dépit des premières représentations, le Sahara couvre en fait des réalités humaines complexes, et ce malgré la très faible densité provoquée par les contraintes du milieu. Il est donc à ce titre intéressant de comprendre comment les sociétés humaines actuelles s’approprient et se disputent cet espace désertique. Définition des termes du sujet : Ressources : l’ensemble des biens naturels et culturels à disposition des sociétés humaines pour satisfaire leurs besoins et leurs modes d’existence. On distinguera les ressources vitales (eau, nourriture), sociales (logement, terres) et culturelles (pétrole, minerais, espaces de loisirs, …). Par extension, la ressource est une « richesse potentielle sur un territoire ». Le Sahara est un espace gorgé de ressources naturelles, mais difficiles d’accès et en proie à des tensions pour leur partage. La région est aussi un lieu de ressources humaines (12 millions d’habitants), frappées par les difficultés sociales et économiques (chômage, population jeune peu intégrée au tissu économique) et par les confrontations idéologiques (culture musulmane traditionnelle en expansion, laïcisation et féminisation de la société, virage islamiste et pratiques terroristes). Conflits : notion qui peut se définir comme une « opposition qui naît de la concurrence entre différents acteurs autour de l'utilisation d'un espace ou d'une ressource ».
Contextualisation :
La région du Sahara traverse 10 pays sur 8,6 M de km2, et rassemble 12 M d’habitants (2014). Sa première caractéristique naturelle induit plusieurs conséquences : ce désert est un lieu très contraignant, très peu peuplé et apparemment hostile à plusieurs activités humaines vitales (liées à l’agriculture) depuis près de 6000 ans. L’espace est aussi en partie une interface océanique et maritime, car les littoraux représentent près 3.000 km. Cette donnée confère au Sahara une dimension d’ouverture intéressante : le Maroc et la Mauritanie constituent une interface atlantique très ouverte, tandis que l’Égypte est un lieu de passage stratégique entre Méditerranée et mer Rouge (canal de Suez). Le Soudan donne aussi accès au détroit de Bab-‐el-‐Mandeb, au golfe d’Aden et aux échanges maritimes internationaux.
Problématisation : Dans le contexte d’un espace mondial concurrentiel et déstabilisant les sociétés attachées à leur culture, comment le Sahara est-‐il devenu plus un espace « de conflits » qu’un espace « en sommeil » ?
Plan : Après avoir évalué l’ampleur des ressources naturelles et des conditions socio-‐économiques du Sahara, nous évaluerons les dynamiques de cet espace désertique (mobilités humaines, degrés d’insertion dans l’économie mondiale), avant de pointer les tensions et conflits multiples qui le traversent.
I. Le Sahara, un espace riche en ressources :
A. L’eau : • Des estimations impressionnantes :
-‐ 30 millions de m3 d’eau détenus dans les sous-‐sols de Sahara -‐ La ressource se renouvelle malgré la très faible pluviométrie : « Une étude de l’IRD (Institut de
Recherche pour le Développement) vient de démontrer que ces nappes sont réalimentées régulièrement. Sur la période 2003-‐2010, elles auraient reçu, en moyenne chaque année, 1,4 km3 par an, soit 40 % des prélèvements effectués ».
https://www.ird.fr/la-‐mediatheque/fiches-‐d-‐actualite-‐scientifique/431-‐l-‐eau-‐sous-‐le-‐sahara-‐pas-‐si-‐fossile-‐que-‐ca • Les principaux bassins aquifères :
B. Minerais et hydrocarbures :
• Relever sur la carte ci-‐dessous les principales ressources naturelles et les 4 premières richesses exploitables :
• Une diversité minérale difficile d’accès : - concentration dans des zones inter-‐frontalières au nord ; dispersion des oasis - captation difficile car souterraine :
En Libye Au Niger Au Maroc En Algérie Eau Uranium Phosphates Pétrole
Région du Fezzan Région d’Afr Bassin des Oulad-‐Abdoun, près de Khouribga ; Bassin des Ganntour, au
nord de Marrakech
Hassi Rmel Hassi Messaoud
Ressources naturelles principales : Localisations : Source : Hatier
C. Des caractéristiques sociales et économiques très diversifiées :
• Une population éparse et historiquement nomade : Quatre tribus nomades majeures ont traversé et structuré les échanges au Sahara : Maures, Touaregs, Toubous et Zaghawas
Ex. des Touaregs (1,5 million de personnes) : habitants du Sahara central, de langue berbère, dont beaucoup ont quitté le nord et se sont fixés autour de poches urbaines au sud (Tamanrasset en Algérie, Agadez au Niger, véritables carrefours dans l’espace désertique). En ami 2015, l’accord qui doit être signé a permis la venue de Mohamed ag Intallah, chef de la tribu touarègue des Ifoghas, qui vit dans la région malienne de Kidal depuis l’Antiquité romaine
• Des villes ? - Les principales villes : repérer d’est en ouest Le Caire Khartoum Siwa Marsa Murzuq
Agadez Arlit Tamanrasset Ouargla Kidal Gao Adrar Tombouctou Tindouf Laayoune Nouakchott Nouadhibou
- Des espaces investis par des relations sociales plus que par la puissance publique : « Les villes du Sahara ne sont pas exclusivement des villes d'État même si les pouvoirs publics en sont généralement l'acteur principal, le plus visible aussi, car elles sont travaillées en permanence par des réseaux qui les animent dans la durée et les façonnent selon des intensités variables. Les réseaux marchands empruntent bien souvent encore les pistes tracées depuis des siècles, devenus des routes asphaltées » (source : Géoconfluences)
• La question de la pauvreté et des économies rentières : Le Maroc, pourtant avancé, reste frappé par une pauvreté lancinante dans les zones du sud : les 18% de Marocains sous le seuil de pauvreté s’y concentrent ; les enfants moins scolarisés aussi. Souvent en cause, la question du partage des richesses au sein des sociétés ; les touaregs font au Tchad et au Mali l’objet d’une intégration sociale très inégale. Les contrats entre détenteurs des terres et des ressources profitables et firmes transnationales soulèvent que la rente est encore trop privilégiée contre la politique d’investissement. D’où des retards accumulés malgré les richesses naturelles présentes. Dans ces conditions, quelle place le Sahara peut-‐il occuper dans les échanges internationaux ?
II. Un désert dynamique :
A. Des flux importants de populations :
• La culture nomade saharienne en crise : - Migrations importantes du nord vers le sud à partir du XXè siècle - Sédentarisation mais faible intégration économique ; turbulences sociales et religieuses avec les
populations africaines du sud du Sahara • Une très forte migration intra-‐africaine : - Facteurs de développement des processus migratoires : instabilité des régions sub-‐sahariennes ;
conflits inter-‐ethniques et religieux (ex Côte d’ivoire, République Démocratique du Congo, Rwanda) - Principales populations concernées : celle du Golfe de Guinée et d’Afrique centrale
• Une forte migration à destination de l’Europe : - Les villes de transit : Agadez (Niger) et Gao (Mali) « Les migrants clandestins (...) se regroupent généralement dans les villes de Gao (Mali) et d'Agadez (Niger), situées aux portes du désert, qui sont depuis des siècles les principaux points d'entrée au Sahara. Ils passent le plus souvent par Tamanrasset pour gagner le détroit de Gibraltar, et par Sebha et Dirkou pour atteindre la côte libyenne. La route entre Agadez et Dirkou est très périlleuse. Pour parvenir jusqu'en Grèce, les migrants transitent par le nord-‐est du Nigéria et le Tchad avant de s'embarquer en Égypte, passant ensuite par la Turquie par voie terrestre ou rejoignant directement la Grèce par voie maritime » (source : ONUDC, Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime, rapport 2013). - Les conditions de migration : brigandage, extorsion et viols sont le lot commun
B. Des flux conséquents de matières premières :
• Pour l’eau : des installations de pompage, de captation et de redistribution colossales : - Un enjeu économique primordial : Ex. Egypte : barrage d’Assouan (sous Nasser, 1956) : réguler les crues du Nil, assurer l’approvisionnement en électricité du pays ; projet actuel de « Nouvelle vallée » (déviation des eaux du Nil vers l'oasis du Fayoum, pour augmenter la surface agricole disponible) Ex. Libye : Grande Rivière Artificielle (sous Khadafi, 1991-‐1996) Ex. les cultures des oasis prolifèrent grâce à l’eau pour l’exportation des dattes. - Un enjeu social très important : Croissance des populations continue depuis 1950 ; taux de fécondité encore élevés (6,38 au Tchad, 7,37 au Niger). En Libye, la population dépend de ces eaux fossiles à 98%.
• Des équipements pharaoniques pour l’extraction, la transformation et l’exportation : - Au nord surtout, gazoducs et oléoducs parcourent le Sahara :
Ex. Libye – Algérie – Tunisie - Le cas de l’oléoduc algérien OZ1, mis en œuvre dans les années 1960 par la compagnie Sonatrach,
surnommé la Major Africaine : http://www.sonatrach.com/elements-‐histoire.html ; Sonatrach se lance depuis 2014 dans la production de gaz de schiste sur le sol algérien
- Le cas de Desertec (projet allemand en partie avorté pour approvisionner l’Europe en énergie d’origine solaire) : http://lenergeek.com/2014/10/27/projet-‐desertec-‐les-‐ambitions-‐revues-‐a-‐la-‐baisse-‐dans-‐le-‐sahara/
• Des équipements qui tentent de participer au désenclavement de cet espace désertique : - Route transsaharienne (d’Alger à Lagos) : axe principal de 4.500 km, mais réseau totalisant plus de
8000 km théoriquement. Actuellement, moins de la moitié est réalisée. - Grande Rivière Artificielle : total de 480 puits alimentant la côte avec un débit de 2,5 millions de m³
par jour
C. Insertion dans la mondialisation : • Les grands ports méthaniers et pétroliers : - Arzew et Skikda : en Algérie - Syrte : en Libye - Port-‐Soudan : au Soudan
Des infrastructures qui arriment fortement l’espace saharien à la mondialisation • Les interfaces touristiques : - La mer Rouge et le Maroc : deux « oasis » touristiques, où fleurissent les stations balnéaires et où
l’investissement est florissant (ex. au Maroc, à M’hamid El Ghizlane, se déroule en janvier de chaque année le Festival du désert et musiques du monde : http://www.taragalte.org)
- Les contreforts du Sahara : circuits transsahariens attractifs depuis le Maroc et la Mauritanie - Toutefois, la situation géopolitique et sécuritaire, très instable, tend à fragiliser ces réseaux intra-‐
sahariens. Depuis l’enlèvement de l’archéologue Françoise Claustre dans les monts du Tibesti (Tchad) en 1977, la tension est forte pour les Occidentaux (le Rallye du Dakar annulé depuis 2008 car les menaces d’Al Qaeda en Mauritanie étaient trop élevées).
• Les principaux partenaires économiques des pays du Sahara : - Eau : exportation des eaux fossiles de Mauritanie vers le Sénégal - Hydrocarbures : Etats européens et occidentaux ; Chine et Asie orientale (depuis le Soudan) - Palmiers-‐dattiers : marché du Maghreb et du Moyen-‐Orient
Voir le cas du Maroc, qui développe une culture phoénycicole intensive sur les marges sahariennes, dans les vallées du Ziz entre Errachidia et Erfoud (voir carte ci-‐dessous), pour réduire l’importation des dattes d’Algérie et d’Arabie saoudite, pour lancer le plan « Maroc vert » et les vitro-‐plants : http://www.usinenouvelle.com/article/l-‐or-‐brun-‐du-‐desert-‐ou-‐quand-‐la-‐datte-‐du-‐maroc-‐se-‐met-‐a-‐l-‐heure-‐de-‐l-‐agri-‐business.N227927
III. Les conflits au cœur du territoire saharien : le désert des dangers
A. Deux espaces tumultueux au nord et au sud encadrent et fragilisent la région désertique :
• Au nord du Sahara, des sociétés en crise sociale et économique. - Printemps arabes : 2010 – (2015…) ; déclenchement en Tunisie ; chute et mise à mort de Kadhafi en
2011 et déstabilisation régionale ; chute du Raïs égyptien (Hosni Moubarak) - Motivations : coût de la vie exorbitant, peu ou pas de promotion sociale, systèmes politiques
fermés, réseaux administratifs de type caste avec reproduction endogène des élites
Source : Wikipédia
• Au sud du Sahara, des sociétés inégalitaires et en lutte (cf. chapitre TG5 Afrique) - Le poids des autocraties et du tribalisme - La question des frontières postcoloniales non réglée
• Le Sahara est ainsi une zone de repli et de déclarations de guerre - Contrainte et atout : zone hostile ou très contraignante qui peut aisément cacher des combattants - Statut très particulier des frontières : non pas des limites précises et sous contrôle, mais des zones
historiquement inexistantes, poreuses par nature et faiblement protégées - Lieu de trafic d’armes et lieu de transit de drogues (cocaïne sud-‐américaine) :
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/infographie-‐les-‐voies-‐du-‐trafic-‐de-‐cocaine-‐en-‐afrique-‐de-‐l-‐ouest_1233636.html http://www.slateafrique.com/81337/sahel-‐le-‐marche-‐des-‐armes-‐sahel-‐al-‐qaida-‐libye-‐algerie : Gao, capitale de la contrebande d’armes
B. Un espace frappé par la crise de l’eau :
• Etude de cas : l’aquifère du Sahara septentrional et son exploitation non durable.
« Autrefois essentiellement dédiés à l’irrigation des oasis, depuis les années soixante, les prélèvements n’ont cessé d’augmenter, passant de 0,5 km3 en 1960 à 2,75 km3 en 2010. Cette hausse a jusqu’à présent permis de répondre à la demande croissante des secteurs industriel, agricole, touristique et, évidemment, domestique. L’exploitation de la nappe phréatique du Sahara septentrional est ainsi entrée dans un cercle vicieux. Pendant que les puits et les forages se multipliaient, l’abaissement généralisé du plafond de la nappe conduisait de nombreux puits artésiens et autres sources naturelles à se tarir. » (www.univers-‐nature.com) • La crise de l’eau au Sahara : source de conflits. « Aujourd’hui, indispensable à l’économie oasienne, l’exploitation de cette ressource en eau revient de plus en plus cher. Compte tenu de sa profondeur, de sa température (en moyenne 60°) et de sa teneur en sel, elle requiert en effet l’emploi d’une technologie onéreuse. Si la mise en place de systèmes d’irrigation plus économes est la principale piste retenue pour parvenir à une exploitation durable de l’eau du sous-‐sol saharien, la hausse de la population locale pourrait mettre à mal ces efforts en passant de 5 à 8 millions d’ici 2030 d’après l’Observatoire du Sahara et du Sahel. » Source : http://www.univers-‐nature.com/actualite/de-‐leau-‐durablement-‐exploitable-‐sous-‐le-‐sahara-‐63935.html
C. Le Sahara : une « géographie de la turbulence »
• Etude de texte : « Il est ici important de mesurer combien les pays de la zone saharienne sont en interaction et reliés par leurs économies fortement dépendantes, leurs populations, généralement à cheval sur plusieurs territoires nationaux, les circulations transnationales d'individus. Aussi, l'instabilité dans une région particulière peut entraîner des répercussions sur toute la zone saharienne. La menace terroriste est certainement le meilleur exemple de cette imbrication spatiale et de ce feuilletage géopolitique. Un attentat en Mauritanie, des enlèvements au Niger, une attaque au Mali ne peuvent plus être vus comme des actes isolés mais obligent à la mise en relation. La chute de Kadhafi explique pour partie la crise malienne : certains rebelles touaregs maliens qui vivaient en Libye sont rentrés, armés pour certains, et se sont alliés avec les terroristes qui gagnaient du terrain dans le Nord Mali. » (Source : Géoconfluences)
o Comment le territoire saharien fonctionne-‐t-‐il ? Par ouvertures successives ? Par interactions ? Par feuilletage ? = Ces trois propositions sont justes. L’espace saharien est un espace de peuples « imbriqué(s) » les uns dans les autres. La configuration historique est celle de populations et d’économies interdépendantes. Les États centraux y ont finalement moins de pouvoir que les tissus culturels et sociaux qui animent les villes et les circuits d’échanges.
o Peut-‐on parler d’effet… … -‐ tunnel ? … -‐ papillon ? … -‐de serre ? = Un effet-‐papillon serait ici l’expression indiquée. Les actes sont rarement « isolés ». cela implique non un déterminisme social ou climatique, mais une conjonction de facteurs aggravants ; la géographie est celle d’une turbulence conjoncturelle. La chute de la Libye a entraîné de nombreux effets secondaires désastreux (diffusion incontrôlée des armes), rejoignant des revendications économiques et identitaires (celles de certaines tribus touarègues voulant leur indépendance et leur revanche sur les Etats du sud du Sahara), et des courants idéologiques internationaux (allégeance de Boko Haram, au nord du Niger, à Daesh). En soit, l’effet de serre a des conséquences sur la zone saharienne : le désert avance au sud chaque année, de plus de 100 km au Mali et au Niger… Autre extrait de Géoconfluences : L’opportunisme touareg du MNLA parallèle aux projections terroristes islamistes. « En janvier 2013, de simples turbulences a priori isolées se sont transformées en conflit ouvert au Nord Mali, déstabilisant toute la zone. Ce conflit oppose l'État central malien, appuyé par la France et les armées des pays voisins (Tchad, Mauritanie…), à deux mouvements centripètes : des rebelles touaregs, organisés autour du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad), et des groupes islamistes divisés en plusieurs factions : AQMI, Ansar Din, MUJAO (Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest). Ces groupes touaregs n'ont pas les mêmes revendications que les islamistes mais, par opportunisme, se sont ralliés à eux pour s'opposer à l'État central, avant d'être dominés par ces derniers. Les islamistes sont en effet parvenus à s'emparer des principales villes (Tombouctou, Gao, Kidal), et grâce à leur savoir spatial, à occuper et maîtriser le vide hors des villes, à contrôler les intersections d'axes de circulation et jouer des interstices entre les foyers de peuplement et les axes de circulation sahariens (Retaillé, Walther, 2011) ».
• Les conjonctures aggravantes : - La dégradation et la variation des conditions climatiques : les projections sur le Sahara sont les
plus contradictoires au monde. Certains climatologues voient le régime des pluies augmenter au bénéfice du Sahara, qui reverdirait ; d’autres ne peuvent fonder de telles certitudes, le régime des pluies actuel ne pouvant être garanti dans la durée En attendant, la surexploitation de l’eau fossile et la disparition progressive du lac Tchad ne donnent pas de bons signaux pour les décennies proches
- Le développement de réseaux terroristes de plus en plus structurés et qui veulent se coordonner : longtemps émiettés en associations et cellules nationales ou tribales, les éléments de la galaxie ou nébuleuse terroriste mondiale tendent à professer les mêmes objectifs d’islamisation globale. Le problème demeure dans la surenchère dont elles font actuellement preuve, et qui les rend plus visibles, à défaut d’être véritablement puissantes en-‐dehors des zones qu’elles contrôlent.
- L’influence de réseaux exogènes : le poids des firmes transnationales pour le maintien des réseaux
d’exportation des ressources hydrocarbures ou gazières, nuit à l’autonomie des économies et au développement local
Ex. en Algérie : « Le pétrole et le gaz constituent une source de revenus pour le régime algérien depuis des décennies. Ces revenus sont utilisés pour acheter la paix sociale et conserver sa mainmise sur le pouvoir. Alors que la guerre civile (ou plus, précisément, la guerre « contre les civils ») faisait rage en Algérie, et que l’État et les islamistes fondamentalistes commettaient des exactions systématiques, BP a signé un contrat d’une valeur de 3 milliards de dollars en décembre 1995, lequel l’autorisait à exploiter les gisements de gaz du Sahara pour les 30 années à venir. Un mois plus tard, Total concluait un accord semblable d’une valeur d’un milliard et demi de dollars. En novembre 1996 s’ouvrait un nouveau pipeline fournissant du gaz à l’UE, le pipeline Maghreb-‐Europe qui passe par l’Espagne et le Portugal. Ces contrats ont sans aucun doute conforté le régime à un moment où ce dernier commettait des violences systématiques dans tout le pays et qu’il se trouvait une période d’isolement international. » (source : Bastamag) Ex. au Mali, un pays « maudit » pour ses ressources en sous-‐sol (or, ) : http://www.franceculture.fr/oeuvre-‐la-‐guerre-‐au-‐mali-‐comprendre-‐la-‐crise-‐au-‐sahel-‐et-‐au-‐sahara-‐enjeux-‐et-‐zones-‐d-‐ombre-‐de-‐michel
Conclusion : L’aire du Sahara est autant désertique au plan naturel qu’investie et convoitée par les sociétés humaines. Sont en jeu le contrôle de ressources naturelles, la sécurité communautaire, mais aussi l’identité culturelle des populations face à des Etats corrompus ou à des religions en expansion. Le Sahara est actuellement un sas territorial complexe dans l’espace mondial. Il possède à la fois des ouvertures littorales qui peuvent l’arrimer à la mondialisation, mais reste contraint par les retards et les crises que ses pays constitutifs traversent. Ce désert est à la fois lieu de dangers et foyer de mobilités. Enjeu de conflits à la fois régionaux et internationaux, le Sahara gagnerait à voir ses atouts naturels et ses réseaux sociaux redéfinis. La mondialisation peut-‐elle, par plus d’ouverture et moins de compétition, favoriser le maintien des solidarités transfrontalières, qui sont la nature sociale même de la région ? Schéma de synthèse :
(Source : histoiregéo.net)
Ressources : Le futur du Sahara au plan climatique : une vaste zone d’incertitudes…
-‐ http://www.notre-‐planete.info/actualites/actu_2089.php -‐ http://www.notre-‐planete.info/actualites/actu_2176.php
Les données géo-‐frontalières :
-‐ l’eau : http://www.larecherche.fr/savoirs/dossier-‐special/nappes-‐fossiles-‐du-‐sahara-‐01-‐07-‐2008-‐88490
-‐ le Sahel transformé en zone de far west : http://www.monde-‐diplomatique.fr/2012/04/LEYMARIE/47605
Autres cours proposés en ligne http://www.histoire-‐geo.eu/le-‐sahara-‐ressources-‐conflits/ http://www.assistancescolaire.com/eleve/TES/géographie/reviser-‐le-‐cours/le-‐sahara-‐ressources-‐conflits-‐t_geo_13 Données scientifiques disciplinaires : http://www.millebabords.org/spip.php?article22754 http://newint.org/features/2015/03/01/desertec-‐long/ / http://www.bastamag.net/Desertec-‐vers-‐un-‐accaparement-‐des-‐sources-‐d-‐energie-‐renouvelable-‐en-‐Afrique-‐du http://insaniyat.revues.org/11154 http://geoconfluences.ens-‐lyon.fr/actualites/eclairage/un-‐sahara-‐des-‐sahara-‐s Film : « Timbuktu » d’Abderrahmane Sissako https://www.youtube.com/watch?v=dGO5_qNnz1M