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Mutuelle La complémentaire santé à la loupe dossier passerelle CONSTRUIRE DES RELATIONS CLIENTS-FOURNISSEURS DANS UN CADRE PLUS DURABLE O.I.R. : NOUS DEVONS ACCROÎTRE NOTRE VISIBILITÉ pointsdevue NUMÉRO 34 - 4 E TRIMESTRE 2015

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Mutuelle

La complémentaire santé à la loupe

dossier

passerelleCONSTRUIRE DES RELATIONSCLIENTS-FOURNISSEURS DANSUN CADRE PLUS DURABLE

O.I.R. : NOUS DEVONS ACCROÎTRENOTRE VISIBILITÉ

pointsdevue

NUMÉRO 34 - 4E TRIMESTRE 2015

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news 04● Ensemble pour l'égalité dans

les recrutements● Détachement de travailleurs

dans l'Union européenne● L'Inde accueille le congrès de la CIETT

de 2016● Europe : le travail temporaire face

aux autres formes d'emploi

dossier 07● La complémentaire santé à la loupe● Siaci Saint-Honoré : une interface

incontournable● La co-assurance permet de partager

le risque et d’avoir une cohérence en termes de distribution pour la branche

pointsdevue 13● Construire des relations clients-fournisseurs

dans un cadre plus durable● Il est parfois plus facile de trouver un client

qu'un employeur

passerelle 16● O.I.R. : nous devons accroître

notre visibilité● Disposer d’un OCTA de branche

est une opportunité

enrégion 19● La sécurité en partage

vientdeparaître 22

reperes 20● L’emploi intérimaire se redresse depuis

le début d’année 2015

2016, ANNÉE IMPORTANTE POUR L’EMPLOI

2016, année importante à plus d’un titre pournotre profession !

C’est tout d’abord la mise en place de la complémentaire santé “Intérimaires santé” pour les salariés intérimaires. Notre gestionnaire, Siaci Saint-Honoré, a créé un centrede gestion dédié à notre branche à Reims (100 personnesy travaillent) avec pour missions : déterminer l’ancienneté des salariés intérimaires et procéder à leur affi liation.Nous avons aussi recommandé deux co-assureurs : AG2RLa Mondiale et Apicil. Plus de 700 000 salariés intérimaires vont être ainsi couverts par “Intérimaires santé”, ceux ayant plus de 414 heures d’ancienneté (cf dossier page 7).

2016, c’est aussi la première année de plein exercice de notre Organisme collecteur de taxe d’apprentissage (OCTA).La profession a en effet défi ni l’apprentissage comme une priorité et a souhaité développer plus particulièrement l’apprentissage intérimaire. Le FAF.TT a été agréé comme OCTA en 2015 et est opérationnel (cf page 16).

Enfi n, l’emploi intérimaire se redresse, la croissance a atteint en 2015 +4,5 %, avec la création de 25 000 emplois intérimaires. Si je rappelle que l’intérim est un véritable indicateur avancé, qui anticipe la tendance généraledu marché du travail entre 6 à 12 mois, je ne peux que souhaiter que 2016 soit l’année du redressementdu marché de l’emploi !

Gilles LAFON,président de Prism’emploi

2016, année importante à plus d’un titre pour notre profession !

NUMÉRO 34 - 4e trimestre 2015

leMag, le magazine de prism'emploi / n°34 / 4e trimestre 2015

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news

Prism'emploi /

ENSEMBLEPOUR L'ÉGALITÉDANS LES RECRUTEMENTSTel est le mot d'ordre partagé par Prism'emploiet les intermédiaires de l’emploi depuis 2013.En formalisant son engagement auprès du Défenseurdes droits, Prism’emploi et les intermédiaires de l’emploi signataires de la charte, s’engagent à lutter contreles discriminations et à promouvoir l’accès à l’emploi.Dans le cadre de l'application de cette charte, des affi ches, diffusées à toutes les agences d'emploi, rappellent au public, aux entreprises clientes, et aux collaborateurs des agences, les sept engagements pris en faveur de l’égalité dans les recrutements.

Europe : le travail temporaire face aux autres formes d'emploi

L'Inde accueille le congrès de la CIETT de 2016

La prochaine édition du congrès de la

Confédération mondiale des services

d'emploi privés (CIETT) se déroulera du 25

au 27 mai 2016 à New Delhi. Si la première

journée est consacrée aux membres de la

confédération qui se pencheront notamment

sur la nouvelle identité visuelle, les deux jours

suivants seront ouverts au public. Au programme,

quatre tables rondes en présence d'intervenants

indiens et internationaux seront organisées sur

les thèmes suivants :

● l’attractivité de l’Inde du point de vue du reste

du monde,

● la mondialisation de la main-d’œuvre et le rôle

que peut jouer le travail temporaire pour atténuer

cette tendance,

● les compétences et les écarts entre pays, avec

l'intervention de Mark Keese, représentant de

l’OCDE,

● la réglementation et les bonnes pratiques à

partager avec d’autres régions du monde, avec

l'intervention d'un représentant de l'OIT.

Après la conférence, la Fédération indienne

organisera plusieurs visites touristiques à

destination des participants souhaitant prolonger

leur séjour pour découvrir le pays d'accueil.

Pour toute inscription et détails sur le programme :

www.ciett2016.com

news

Détachement de travailleurs dans l'Union européenneLa Commission européenne, qui devait présenter le 9 décembre “le paquet mobilité”, a fi nalement annoncé le report de cette publication à 2016. Cette réforme vise un ensemble de dispositions pour assurer une meilleure circulation des travailleurs dans l’Union européenne. Elle a aussi pour objectif d’empêcher que le détachement de travailleurs n'entraîne un dumping social.

Une modifi cation de la directive sur le détachement de travailleurs et la révision des règlements sur la coordination des régimes de Sécurité sociale sont notamment prévues.Il est, en particulier, question d’introduire dans la directive “détachement” de 1996 le principe “à emploi égal, salaire égal” sur un même site.

7c’est le nombre d’engagements pris par les intermédiaires de l’emploi.

Une étude réalisée par IDEA pour le compte d'Eurociett et d'UNI Europa en mars 2015 visait la comparaison du travail temporaire aux autres formes d'emploi, en Europe, au regard de trois aspects : leur importance et leur évolution sur la dernière décennie, la réglementation de l'Union européenne, et les conditions réelles de travail et d'emploi dans les états membres. Les formes d'emploi comparées ont été les contrats à durée indéterminée, les contrats à durée déterminée et le travail des indépendants.

L'analyse des résultats fait apparaître notamment que l’intérim joue un rôle clé sur le marché du travail. Il permet aux entreprises de disposer d'une fl exibilité nécessaire et aux salariés intérimaires d'acquérir les qualifi cations et compétences qui leur seront utiles. L'étude met en évidence que le travail temporaire agit comme une passerelle entre le chômage et l'emploi. En France, en 2012 et en Allemagne en 2011, par

exemple, 60 % des salariés intérimaires étaient au chômage avant d'accepter une mission en intérim. L’étude souligne que “le travail intérimaire permet

d'augmenter le taux de participation sur le marché de

l'emploi et de lutter contre le travail non déclaré”.

Du point de vue de la réglementation, l'étude fait apparaître à la fois une base commune aux États membres et des différences notables. C'est le cas en matière de restrictions/interdictions (restrictions sectorielles, durée maximale de l'affectation, nombre de prolongations...). Les États doivent alors s'assurer que ces restrictions n'entravent pas la contribution du travail temporaire à la création d'emplois et à l'amélioration du fonctionnement du marché du travail. Autre point clé de l'étude : l’intérim est particulièrement effi cace en matière de formation professionnelle et de conditions de santé et de sécurité.

Pour en savoir plus : www.eurociett.eu

leMag, le magazine de prism'emploi / n°34 / 4e trimestre 2015leMag, le magazine de prism'emploi / n°34 / 4e trimestre 2015

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Mutuelle

La mise en place de la mutuelle pour les salariés intérimaires constitueune nouvelle avancée sociale au sein de la branche. Petit tour d’horizon pratique de cette couverture santé de qualité et de son fonctionnement.

et accord sur la mise en place d’un régime santé pour

les salariés intérimaires vient enrichir le dispositif

social de la branche et contribue à donner à l’intérim

un vrai statut”, souligne d’emblée Franck Bodikian, président de la commission sociale de Prism’emploi.

Petit retour en arrière… Le 14 décembre dernier, l’ensemble des partenaires sociaux a signé un accord qui complèteet précise celui du 4 juin 2015 sur l’instauration d’unrégime collectif de complémentaire santé pour les salariés intérimaires. À partir de quand est-on assuré, pendant combien de temps, quelles sont les conditions d’exonération, quels sont les assureurs retenus, etc.

Ce deuxième accord de branche a permis de rendre la mise en œuvre de cette complémentaire santé inédite tout à fait opérationnelle.

C

LA COMPLÉMENTAIRESANTÉ À LA LOUPE

Depuis le 1er janvier, les salariés intérimaires peuvent donc bénéfi cier d’une couverture santé adaptée aux spécifi cités de leur branche. Il a ainsi fallu prendre en compte la diversité de ce public, sa mobilité et sa volatilité.“Pour ceux qui ont choisi de s’installer dans l’intérim parce

que ce mode de fonctionnement convient à leur spécialité et à

leur mode de vie, la question centrale c’était l’intermission,

note Franck Bodikian. Il fallait trouver un système leur

permettant de faire la jonction entre les missions et d’être

durablement couverts.”

Des avancées en termes de portabilité et d’ancienneté En ce sens, les principales dispositions prises dans le cadre de ces deux accords de branche constituent une avancée notable pour la protection sociale des salariés intérimaires. Ces derniers pourront notamment bénéfi cier d’une portabilité accrue de leurs droits. Ils conserveront en effet

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dossier

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Olivier Massa, directeur du développement prévoyance santéde Siaci Saint-Honoré

Franck Bodikian, président de la commission sociale de Prism’emploi

... chaque employeur cotiseà hauteur du nombre d’heures travaillées parson salarié intérimaire...

Nous savons d’ores et déjà que certaines adaptations seront nécessaires pour bien gérer ce nouveau régime.

leur couverture santé durant deux mois sans aucune condition et durant cinq mois supplémentaires s’ils sont indemnisés par Pôle emploi. Les partenaires de la branche ont en outre posé des conditions d’éligibilité à cette complémentaire en adéquation avec les réalités de l’intérim. “Il était important de raisonner à partir d’une ancienneté de

branche plutôt que de se baser sur l'ancienneté calculée au niveau

de l’entreprise pour rester dans cette logique de liberté qui caractérise

l’intérim et permettre aux salariés de cumuler les heures au niveau

de la branche”, précise Franck Bodikian.

Les accords prévoient que les salariés intérimaires ayant totalisé 414 heures de travail au cours des 12 derniers mois, soit l’équivalent de trois mois de travail à temps complet, seront affi liés au régime obligatoire de la branche. Un régime qui présente plusieurs points forts, à commencer par une cotisation de 24 centimes d’euros par heure de travail et fi nancée à part égale entre l’entreprise de travail temporaire et le salarié intérimaire. “Nous avons réussi à

obtenir un taux horaire pour la cotisation, ce qui revient à dire

que chaque employeur cotise à hauteur du nombre d’heures

travaillées par son salarié intérimaire et que les différents

employeurs de ce salarié vont se partager la part patronale de

la cotisation”, explique Franck Bodikian.

Deux spécialistes des complémentaires santé des entreprises ont été retenus pour co-assurer le régimesanté des salariés intérimaires. Les partenaires sociaux ont ainsi recommandé AG2R-Réunica Prévoyance et Apicil Prévoyance (voir p. 10 et 11). Ils auront, ainsi que les salariés, une interface commune via la plateforme de gestion mise en place à cet effet par le groupe Siaci Saint-Honoré (voir encadré). Le choix d’un seul gestionnaire pour le régime de branche est un élément clé de l’effi cience du système, souligne Franck Bodikian : “Nous voulions que les entreprises

de travail temporaire et les salariés intérimaires puissent

bénéfi cier d’un suivi qui soit le plus simple possible grâce

à un guichet unique. Il était important notamment que

les entreprises aient comme interlocuteur un seul opérateur

pour éviter qu’il y ait des chevauchements, des entrecroisements

dans un fl ux de comptes proche des deux millions”. Créé de toutes pièces pour coller aux modes de fonctionnements de la branche, ce régime collectif de complémentaire santé constitue ainsi un changement d’échelle radicaldans le domaine de la protection quotidienne des salariés intérimaires. Alors que 25 000 personnes à peine étaient jusqu’ici assurées à titre volontaire via la mutuelle du Fastt, quelque 700 000 salariés intérimaires bénéfi cieront désormais d’une telle couverture. L’ensemble du système est en outre piloté par le Fastt, instance paritaire qui possède une expérience précieuse dans ce domaine viasa gestion de la mutuelle facultative.

Une architecture pertinente Autre atout de ce régime santé de la branche : une couverture de qualité avec une garantie de base au-dessus du panier minimal de soins et la possibilité d’opter pour des prestations supérieures (en particulier pour les frais dentaires et d’optique) via la formule “Garantie +”.

Siaci Saint-Honoré / UNE INTERFACE INCONTOURNABLE Informatique, communication, ressources humaines… Retour avec Olivier Massa, directeur du développement prévoyance santé de Siaci Saint-Honoré,sur l’organisation et les moyens déployés par l’opérateur pour gérer au quotidienle régime frais de santé des intérimaires.

travers sa plateforme de Reims, l’opérateur de gestion remplit une double mission. Il doit d’abord consolider les heures travaillées par les salariés intérimairesde l’ensemble des entreprises de travail temporaire

et ce mois par mois de manière à déterminer s’ils sont éligibles à ce régime de complémentaire santé. Le gestionnaire d’Intérimaires Santé procède également à l’affi liation et au règlement des frais de santé des salariés intérimaires.“Il est à noter que l’outil de consolidation des heures est totalement

sécurisé de façon à garantir la confi dentialité des informations

transmises par chaque entreprise de travail temporaire”, souligne Olivier Massa.

Le fonctionnement La plateforme de gestion intervient en direction des entreprises de travail temporaire et des salariés intérimaires. Elle a ainsi mis en place un outil d’échanges de données en ligne avec chaque entreprise de travail temporaire permettant de consolider les heures travaillées par les salariés. “Les entreprises

de travail temporaire ont un espace dédié sur le site qui leur permet

de prendre connaissance de l’ensemble du dispositif, de connaître

les protocoles d’échanges et bien entendu de s’identifi er afi n que

nous puissions échanger avec elles”, explique Olivier Massa.À partir des informations que lui transmettent les entreprises, le gestionnaire d’Intérimaires Santé détermine tous les mois quels sont ses salariés intérimaires éligibles au régime.Chaque entreprise peut ainsi faire le précompte des cotisations sur les bulletins de paie. Les salariés intérimaires éligibles à cette complémentaire santé recevront quant à eux un pack d’informations leur permettant d’être affi liés et de bénéfi cier de l’ensemble des services de la plateformede gestion et d’avoir ainsi accès aux données échangées entre la Caisse d’assurance maladie et la plateforme.

L’inscription des entreprises de travail temporairedans le régime Première étape pour les entreprises de travail temporaire : souscrire au contrat de prestation de service dedécompte horaire d’ancienneté disponible sur le site www.interimairesSante.fr. “Cette souscription est obligatoire, rappelle Olivier Massa. Ne pas adhérer au contrat de service et ne

pas déclarer les heures reviendrait à pénaliser les intérimaires

éligibles au régime”. Elles doivent bien sûr souscrire également au contrat d’assurance, téléchargeable sur l’espace du site www.interimairesSante.fr qui leur est dédié. Enfi n, depuisle 1er janvier 2016, les entreprises de travail temporaire

À

doivent déclarer chaque mois les heures travaillées par leurs salariés au cours du mois précédent sur le site internet.

Des outils pour accompagner entreprises et salariés Plus d’un million de fl yers adressés aux agences d’emploi pour leur donner les informations générales sur le régime, des affi ches envoyées à plus de 8 000 agences pour faire la promotion de cette complémentaire santé des salariés intérimaires, des foires aux questions et des vidéos pédagogiques mises en lignes surle site www.interimairesSante.fr.L’opérateur de gestion n’a pas lésiné sur les moyens mis en place pour informer les entreprises de travail temporaire et les salariés intérimaires avant l’entrée en application du régime.À compter du 1er janvier 2016, les informations et les échanges de données indispensables à la gestion de ce régime se font essentiellement via le web. “Nous avons créé un lien Internet

très fort qui nous relie aux agences et aux salariés intérimaires.

Les agences identifi ées pourront notamment trouver sur l’espace

qui leur est dédié tous les éléments nécessaires à la compréhension

du dispositif et être informées des nouveautés dans ce domaine”, précise Olivier Massa.À travers leur espace dédié, les salariés intérimaires disposent également de toutes les informations utiles sur leurs remboursements, pour trouver un professionnel de santéou encore faire une demande de devis. Une plateforme téléphonique a également été mise en place pour répondreà leurs questions.

L’engagement d’une gestion rigoureuse Concernant les contrats courts, la loi de fi nancement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2016 prévoit le versementpar l’employeur d’un chèque santé aux salariés pourles aider à fi nancer une complémentaire santé individuelle. Le principe d’une application du dispositif à partir d’un seuil de trois mois maximum pour ces missions de courte durée pourrait être retenu par les futurs décrets de la LFSS. Plus globalement, il faut encore attendre la publication des décrets d’application prévus pour ce début d’année pour connaître précisément les conditions de mise en œuvre de ce nouveau régime santé pour les salariés intérimaires. “Nous savons d’ores et déjà que certaines adaptations seront

nécessaires pour bien gérer ce nouveau régime. L’ensemble des

partenaires s’est engagé à suivre attentivement et régulièrement

l’évolution de cet accord”, assure Franck Bodikian. Un accord qui doit contribuer encore davantage à faire de l’intérim“un vrai choix”, conclut le président de la commission sociale de Prism’emploi.

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dossier

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interview / LA CO-ASSURANCE PERMET DE PARTAGER LE RISQUE ET D’AVOIR UNE COHÉRENCE EN TERMES DE DISTRIBUTION POUR LA BRANCHE Trois questions à PHILIPPE DABAT, DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ D’AG2RLA MONDIALE ET À MARIE-CHRISTINE EUDES, DIRECTRICE DE L'OFFRE CHEZ APICIL

Pourriez-vous rappeler ce qu’est la co-assurance ?Philippe Dabat : Dans un tel système, des co-assureurs qui n’ont aucun lien entre eux deviennent totalement solidaires pour couvrir un même risque. Autrement dit, les salariés intérimaires seront assurés solidairement et sans avoir à fairede démarches particulières par AG2R-Réunica Prévoyance et Apicil, comme s’il n’y avait qu’un seul et unique assureur. Dans le cadre d’un régime santé comme celui des salariés intérimaires, le fait d’avoir une seule “tête” au niveau des assureurs simplifi e la tâche du gestionnaire et des entreprises de travail temporaire. La co-assurance apporte aussi une sécurité accrue, même si cela nécessite que les deux assureurs se coordonnent pour travailler rigoureusement de la même manière.

Marie-Christine Eudes : Une des raisons d’être de la co-assurance réside effectivement dans la sécurisation et le partage des risques pour des branches importantes, comme celle du travail temporaire, où les enjeux fi nanciers sont conséquents. En outre, la particularité de cette co-assurance retenue parles partenaires sociaux de la branche réside dans le fait que nous allons fonctionner sur des quotes-parts fi xes défi nies dès le départ. Nous évitons ainsi toute concurrence entre les assureurs et nous avons une véritable cohérenceen termes de distribution.

Quel va être votre rôle en tant que co-assureurs par rapport à Siaci Saint-Honoré,le gestionnaire ? P.D. : L’assureur porte le risque technique, c’est lui qui s’engage, sur son compte d’exploitation, à verser les prestations aux assurés. Il fait son métier d’assureur au sens strict du terme, dans la mesure où il est responsable de la tarifi cation et où il va assurer la mutualisation entre les centaines des milliers de salariés intérimaires en établissant la correspondance entre les primes encaissées et les sinistres versés. Le gestionnaire, quant à lui, s’est vu déléguer le décomptedes heures pour la branche et doit également appeler les cotisations auprèsdes entreprises. AG2R-Réunica Prévoyance est un partenaire de longue datede Siaci Saint Honoré et nous avons déjà régulièrement des échanges de fl ux pour d’autres clients. La nouveauté ici tient à la complexité des règles du travail temporaire, avec un système de portabilité extrêmement sophistiqué et entièrement taillé sur-mesure pour les spécifi cités de la branche.

M.-C. E. : Dans le cadre d’une délégation de gestion, nous avons égalementun rôle de vérifi cation et de validation, voire d’audits réguliers, de manière à s’assurer que le gestionnaire applique bien toutes les modalités que nous avons validées avec la branche. Le diable se cache dans les détails. Il peut y avoir des modalités de gestion avec des effets rétroactifs, par exemple, des prestations

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interview / CONSTRUIRE DES RELATIONS CLIENTS-FOURNISSEURS DANSUN CADRE PLUS DURABLE Trois questions à PIERRE PELOUZET, MÉDIATEUR INTER-ENTREPRISES

Les entreprises, notamment les entreprises de travail temporaire, ont signé la charte Relations Fournisseur Responsables. Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de cette charte ? Quel en est le bilan ?Pierre Pelouzet : L’objectif de la charte est de construire des relations clients-fournisseurs dans un cadre plus durable, qui soit basé sur la confi ance réciproque et l’équilibre. Depuis sa création en 2010, le nombre de signataires n’a cessé d’augmenter, et ce sont aujourd’hui près de 1 600 entreprises de toutes tailles qui l’ont signé : des grands groupes, des PME, des ETI et des TPE. Les signataires pèsent plus de 500 milliards d’euros d’achats. Cette charte enclenche une véritable dynamique, qui est liée à la confi ance qu’elle insuffl e dans les rapports économiques au sein d’une fi lière. Elle aborde des aspects essentiels de la relation clients-fournisseurs, dont je citerai quelques-uns : l’équité fi nancière entre fournisseurs, la réduction des risques de dépendance réciproque, la prise en compte du “coût total” de l’achat, la responsabilité territoriale, le pilotage global de la relation fournisseur… Les entreprises signataires s’engagent à faire mieux dans 10 domaines : c’est un signal fort pour la construction d’écosystèmes intelligents. Chacune des fi lières qui s’implique ainsi pour transformer les comportements va y gagner collectivement ! C’est la raison principale qui attire les nouveaux signataires vers la charte.

La charte, ainsi que le “Label” Relations Fournisseur Responsables, qui va encore plus loin en distinguant les entreprises qui ont fait la preuve de relations durables et équilibrées avec leurs fournisseurs, permettent de faire bouger les lignes dans la durée. Au-delà de ce chantier de la transformation des comportements, qui est primordial, la Médiation parvient également à résoudre les litiges liés aux relations contractuelles entre entreprises. Lorsqu’une entreprise a des diffi cultés immédiates et doit trouver des solutions tout de suite, elle ne doit pas hésiter à saisir notre réseau de médiateurs. Confi dentielle, gratuite et rapide, la médiation résout 8 litiges sur 10 qui lui sont soumis, notamment en matière de délais de paiement.

Observez-vous actuellement un allongement des délais de paiementdes entreprises ?P.P. : La dernière étude Altares, dont les résultats ont été présentés au ministre de l’Économie Emmanuel Macron fi n novembre, relevait une augmentation des retards de paiement, qui ont désormais atteint 13,6 jours de retard en moyenne. Aujourd’hui, une entreprise sur 3 est victime de ces retards, et ce sont souvent des TPE et PME, pour lesquelles le manque de trésorerie peut menacer leur survie. Réduire les délais de paiement est aujourd’hui l’un des axes prioritaires de la politique du gouvernement pour l’amélioration de la compétitivité des entreprises, comme en témoignent les récentes mesures annoncées, parmi lesquelles le renforcement des contrôles, l’augmentation du plafond des sanctions (qui sera porté à 2 M€) et la publication de toutes les sanctions.

Le retard dans le paiement des fournisseurs ne doit en aucun cas servir “d’outil d’ajustement” pour optimiser la trésorerie des donneurs d’ordres. Retarder les paiements au-delà de 60 jours - soit délibérément, soit en raison de processus

payées sans qu’il y ait eu de justifi catifs… Et les co-assureurs doivent réglerces points avec le gestionnaire. Nous avons eu plusieurs réunions avec le gestionnaire pour bien vérifi er que tout ce que nous avons mis dans le cahier des charges est gérable.

Quelles sont les particularités du régime de complémentaire santé des salariés intérimaires ?P.D. : On peut souligner d’abord que c’est un régime qui répond bien sûr aux exigences des contrats responsables. Il est ensuite intéressant pour les salariés intérimaires dans la mesure où il est au-dessus du panier minimal de soins dans plusieurs domaines. En optique, par exemple, où il est prévu un remboursement de plus de 150 euros, ou encore en orthodontie avec des remboursements supérieurs pour les prothèses dentaires notamment. On peut également citerle forfait maternité qui se monte à 300 euros.

M.-C. E. : C’est une garantie qui est somme toute assez classique pour un assureur, mais qui est plus innovante pour la branche. Outre le fait qu’elle offre un niveaude prestations supérieur au panier de soins, on peut noter que le salarié intérimaire a la possibilité de couvrir également sa famille, moyennant une cotisation de sa part, en souscrivant à la garantie supérieure au contrat de base.

www.interimairessante.fr/

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inadaptés -, outre le fait que c’est illégal, est un comportement “court-termiste” qui fragilise le réseau de ses sous-traitants et peut aller jusqu’à abîmer une fi lière industrielle. La confi ance renaît lorsque l’on joue collectif. C’est un vrai changement culturel que nous voulons stimuler et accompagner.

Quelles actions la Médiation inter-entreprises va-t-elle entreprendre pour lutter contre cet allongement des délais de paiement ?P.P. : Sur le plan de la transformation des comportements, la Médiation inter-entreprises développe avec la Compagnie des Dirigeants et Acheteurs de France (CDAF) une logique partenariale comme “catalyseur de bonnes pratiques” en présidant une Commission sur les délais de paiement dans le cadre du Groupe d’Études et de Benchmarking Achats RSE et en tenant deux fois par an des comités de pilotage rassemblant les signataires de la charte, comme le dernier à Bercyle 9 décembre.

Par ailleurs, rappelons que le ministre Emmanuel Macron vient de confi er àJeanne-Marie Prost la relance de l’Observatoire des délais de paiement, dontles missions sont élargies au secteur public. De plus, le ministre m’a chargé de préfi gurer le Médiateur des entreprises, qui sera issu de la fusion de la Médiation inter-entreprises et de la Médiation des marchés publics : non seulement il offrira un accès unique aux entreprises en matière de médiation, mais en outre sa structure unifi ée facilitera la propagation des bonnes pratiques entre donneurs d’ordres privés et publics. C’est une stratégie collective qui se met en place, car nous sommes tous conscients que le chantier des retards de paiement est prioritaire pour redresserla compétitivité de notre économie.

David Ménascé, auteur de “La France du Bon Coin”*

Quatre profi ls : les malins,les micro-franchisés,les serviables et les contraints.

Dans votre ouvrage, vous traitez du “jobbing surles plateformes digitales”. Qu'entendez-vous par là ?David Ménascé : Il s'agit d'une forme de travail à la demande rendue possible par l'interface des plateformes digitales, une espèce de “débrouille 2.0”. Le phénomène est né de la convergence de plusieurs facteurs. D'abord la crise durant laquelle il est parfois plus facile de trouver un clientqu'un employeur lorsqu'on est peu qualifi é. Ensuite les possibilités qu'offrent les réseaux sociaux pour toucher un maximum de monde. Et enfi n, mais dans une moindre mesure, le changement des rapports que nous entretenons avec le travail et la consommation.

Qui pratique le jobbing ?D.M. : Nous avons identifi é quatre profi ls : les malins,les micro-franchisés, les serviables et les contraints.Les premiers bénéfi cient déjà d'un statut professionnelet trouvent grâce au jobbing un revenu supplémentaire.Ils pratiquent par exemple la vente sur Le Bon Coin.Les deuxièmes font du jobbing une activité principaleà plus ou moins long terme. Il s'agit, par exemple, des chauffeurs Uber qui trouvent là un business clé en main. Les “serviables” agissent avec le souci de la proximité et de la solidarité. Enfi n les “contraints” rêvent d'un emploi stable mais ont un besoin impératif de revenus. Comme l'indique le nom que nous leur avons attribué, ils sont dans l'obligation de s'adonner, via le Web, à de petits services proposés à des particuliers.

Le développement des plateformes digitales d'intermédiation de services répond à un réel besoin mais comporte aussides risques. Quels sont-ils ? D.M. : Il existe d'une part un risque à long terme relatifà la protection sociale, notamment pour les “contraints”.Le jobbing risque de représenter une sorte de dumping social qui entraîne le travailleur dans un cercle vicieux. Celui-ci risque aussi d'être victime d'un certain isolement, seul devant son ordinateur, tournant le dos à toute forme de socialisation. Enfi n, il existe un réel risque de dépendance aux plateformes digitales qui déterminentles règles de manière unilatérale.

Quelles sont vos préconisations pour améliorerle fonctionnement de ce secteur ? D.M. : Inventer un dialogue social, par-delà le lien de subordination salariale, entre les plateformes et les prestataires me semble le premier axe. Il s'agit ensuite d'assurer la sécurisation des parcours professionnels à travers l'accès à la formation. Il faut enfi n travailler avec l'ensemble de l'éco-système pour favoriser les parcours personnels. Tant du point de vue professionnel que personnel, ce que pratiquent le Fastt et le FAF.TT sontdes exemples à suivre.

entretien / IL EST PARFOIS PLUS FACILEDE TROUVER UN CLIENT QU'UN EMPLOYEUR

* La France du Bon Coin, le micro-entrepreneuriat à l'heure de l'économie collaborative, Institut de l'entreprise, 2015.

Lire aussi page 22, la rubrique “Vient de paraître”.

pointsdevue

+500le chiffrec'est le nombre de signataires qui pèsent plus de 500 milliards d’euros d’achats

le chiffrec'est le nombre d'entreprises de toutes tailles qui ont signé la charte Relations Fournisseur Responsables

1 600

le chiffrec'est l’allongement de la durée moyenne des retards de paiement

13,6jours

leMag, le magazine de prism'emploi / n°34 / 4e trimestre 2015leMag, le magazine de prism'emploi / n°34 / 4e trimestre 2015

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passerelle

et les stratégies d’emploi des intérimaires. Ce qui nous a intéressé dans ce dernier, c’est de retracer les trajectoires professionnelles des personnes étant passées par l’intérim. De comprendre comment l’intérim s’était intégré dans leur parcours d’emploi.

Pourriez-vous nous indiquer quelques études déjà programmées pour 2016 ?A.H. : Pour ne pas laisser la richesse des informations récoltées pour l’étude “Regards croisés” inexploitées, nous allons sortir quatre infographies dans l’année qui constitueront des focus sur des sujets précis, comme des secteurs d’activité, des catégories de la population, etc.

En effet, nous disposons d’informations sur les parcours des personnes selon leur âge, leur ancienneté dans l’intérim, leur genre, etc., qui peuvent nous permettre d’analyser plus fi nement les caractéristiques et trajectoires professionnelles de certaines catégories de population.

Par ailleurs, nous prévoyons de lancer une étude sur les mutations professionnelles. Nous avons la chance de pouvoir porter un regard sur des secteurs et des métiers différents. Nous allons ainsi observer la réalité des parcours de ceux qui passent d’un secteur ou d’un métier à un autre.

interview / DISPOSER D’UN OCTADE BRANCHE EST UNE OPPORTUNITÉDeux questions à ISABELLE DUC, PRÉSIDENTE DU FAF.TT

Pour quelles raisons la profession a-t-elle souhaité avoir un OCTA de branche ?Isabelle Duc : Disposer d’un OCTA de branche est une opportunité pour le travail temporaire de renforcer sa politique apprentissage, et plus globalement de soutenir le développement économique des territoires en bénéfi ciant de la synergie des dispositifs portés par le FAF.TT, OPCA, OPACIF et OCTA.Celui-ci disposera ainsi de nouveaux leviers d’action pour défi nir, orienter, évaluer la politique globale de l’alternance et renforcer la visibilité et l’effi cacité de l’effort de formation du secteur, notamment en faveur de l’insertion des jeunes :

• l’accompagnement de l’offre de formation sur les territoires en donnant aux organismes de formation une meilleure visibilité sur les besoins des entreprises de travail temporaire et en favorisant le développement d’un réseau de CFAdu secteur ;

• la certitude que tous les fonds collectés sont utilisés au service d’une politique de branche, puisque l’OCTA pourra orienter les fonds non affectés par les entreprises vers des établissements pour des formations dont le besoin est repéré par la branche ;

• la possibilité d’un dialogue unique et concerté avec les Conseils régionaux sur l’ensemble de la formation des jeunes qui permet le renforcement des démarches globales en réponse aux besoins des territoires (ingénierie intégrée d’accèsà l’emploi - formation et levée des freins périphériques à l’emploi) ;

• la proximité avec les outils de pilotage des politiques emploi formation(CPNE, Observatoires…) permettant de mettre en place une politiquealternance cohérente quel que soit le dispositif (apprentissage, contrat de professionnalisation) et de mesurer effi cacement le poids de l’investissement formation de la profession pour l’insertion des jeunes ;

entretien / O.I.R. : NOUS DEVONS ACCROÎTRENOTRE VISIBILITÉ

L’Observatoire des Métiers et de l’Emploi devient l’Observatoirede l’Intérim et du Recrutement. Pourquoi ce changement de nom ?Alice Hélias : Avec l’accord du 17 mai 2013, la gouvernance paritaire de l’Observatoire des Métiers et de l’Emploi a été renforcée. Rapidement, nous nous sommes rendu compte que nous étions face à un enjeu de communication important. Nous devions accroître notre visibilité auprès d’un public plus large, qui comprend évidemment les entreprises de travail temporaire et les partenaires sociaux, mais aussi les salariés intérimaires et permanents des agences d’emploi, les institutionnels et le grand public. Produire ne sert à rien si notre travail reste dans des tiroirs faute d’être connu et clairement identifi é. Voilà pourquoi, il a été décidé de façon paritaire de faire apparaître le terme “intérim” qui parle au plus grand nombre et celui de “recrutement” qui intègre les autres activités des agences d’emploi.

En quoi la nouvelle charte graphique refl ète-t-elleces évolutions ?A.H. : D’une part en mettant l’accent sur les termes “intérim” et “recrutement” de notre nouvelle dénomination et d’autre part en privilégiant une palette de couleurs plus étendue de façon à rendre plus lisible et plus compréhensible l’ensemble de nos graphiques.

Quelles sont les missions de l’Observatoire ?A.H. : L’Observatoire de l’Intérim et du Recrutement estl’ “Observatoire prospectif des métiers et des qualifi cations” de la branche. À ce titre, il se doit de réaliser des étudessur les salariés intérimaires comme sur les permanentsdes entreprises de travail temporaire. Il peut réaliserdes études nationales ou territoriales, prospectives ou de diagnostic, quantitatives ou qualitatives.

Le site internet de l’Observatoire évolue également.Quelles sont ses caractéristiques ?A.H. : Nous avons entièrement refondu notre site internetpour accompagner cette recherche de lisibilité accrue et d’accessibilité de notre travail au plus grand nombre.Dans cette perspective, nous avons conçu un tableaude bord interactif de toutes les données chiffrées et structurelles de la branche. Tous les publics auxquels nous nous adressons pourront désormais consulter les chiffres nationaux, régionaux ou départementaux sur les agences d’emploi, les salariés intérimaires, etc.

Nous avons privilégié l’ergonomie et la convivialité avec des parcours adaptés et accompagnés selon que vous consultez le site pour la première fois et pour avoir un panorama global ou que vous faites une recherche précise et ponctuelle. Nous avons également conçu des parcours individualisés pour les salariés intérimaires et les permanents qui ne sont pas habitués à aller sur le sited’un observatoire. Nous avons également pour mission d’éclairer et d’outiller les partenaires sociaux. Sur ce nouveau site, nous aurons par exemple une bibliothèque rassemblant l’ensemble des accords de la branche.

Quelles sont les dernières études publiéespar l’Observatoire ?A.H. : En 2015, nous avons lancé une étude fondatrice sur les métiers des salariés permanents. Nous sommes dans un univers qui bouge au niveau des agences d’emploi et cette étude à 360° qui se fonde sur des entretiens avec les chefs d’entreprise et DRH, mais aussi avec les permanents eux-mêmes, ainsi qu’avec des clients et des intérimaires, saisit la complexité de ce contexte mouvant. L’étude, qui sera publiée sur notre site internet, met en lumière ces évolutions et montre la richesse des métiers en agences d’emploi. Nous avons également refondu notre étude historique “Regards croisés”. Pour la rendre plus fi ne,nous l’avons scindée en deux, avec un questionnaire axé sur l’image de l’intérim, et un volet détaillant les parcours

L’Observatoire des Métiers et de l’Emploi change son nom et refond entièrementson site internet. Retour sur les raisons de ces évolutions avec sa secrétaire générale,ALICE HÉLIAS.

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Philippe Pirquin, président de la FRTP Normandie

passerelle enrégion

• une gestion fi nancière optimisée de la politique alternance de la branche, et en premier lieu une offre attractive concernant les frais de gestion des différentes collectes. Sur le volet apprentissage, le taux de frais de gestion est limité à0,80 % de la collecte en 2016, et sera de 0,70 % en 2017.

Le FAF.TT a été habilité OCTA par arrêté du 23 novembre 2015 et peut, à compterde 2016, collecter la taxe d’apprentissage des entreprises de travail temporaire. Quels services leur apporte-t-il ?I.D. : Le FAF.TT a anticipé son agrément en proposant en septembre 2015 une grande consultation auprès des entreprises de travail temporaire pour déterminer les axesà privilégier dans la construction de son offre de services Apprentissage.Celle-ci lui a permis de dégager quatre grands axes sur lesquels les entreprisesde travail temporaire sont particulièrement en attente d’outils et de services.

• La gestion de la taxe d’apprentissage : le FAF.TT assurera la gestion de toute la chaîne de la taxe d’apprentissage et mettra à la disposition des ETT, dès janvier prochain, un portail Apprentissage, outil complet de versement et d’affectationde la taxe.

• Du conseil et de l’accompagnement dans les choix d’orientation du versementde la taxe, pour connaître les fi lières qui recrutent, pour optimiser son sourcing par la taxe d’apprentissage, pour choisir le bon dispositif d’alternance…

• De l’outillage sur la qualité de l’offre de formation. En tant qu’expert de la qualitéde l’offre de formation, le FAF.TT travaille sur plusieurs projets : l’orientationdes entreprises dans l’offre de formation apprentissage des salariés intérimaireset des permanents, l’adaptation des contenus de diplômes existants au métier des permanents, la sélection très fi ne des CFA et des écoles en fonction de leurs besoins (situation géographique, diplôme, spécialité...) par le biais du portail apprentissage…

• De l'information et de la communication. Le FAF.TT proposera aux entreprisesde travail temporaire une veille sur la réglementation de l’apprentissage etun outillage en supports d’information et d’argumentation à destination des entreprises utilisatrices et des candidats.

communicationOCTA

FAF.TT

accompagnement

info

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entretien / LA SÉCURITÉ EN PARTAGE

Dans quel contexte la charte de partenariat entrela Fédération régionale des Travaux publics Normandieet Prism'emploi Normandie a t-elle été signée ?Philippe Pirquin : La plus grande richesse de nos entreprises,ce n'est pas les machines ou le matériel, c'est les hommes.Et notre première priorité est d'assurer la sécurité de ces hommes, qu'ils soient salariés permanents ou intérimaires. Les études dont nous avons connaissance sur les accidents professionnels font apparaître que les salariés intérimairesen sont plus souvent victimes que les salariés permanents.Ce n'est pas acceptable. Nous devions agir pour remédierà cette réalité. En signant cette charte, la FRTP Normandie et Prism'emploi Normandie conviennent que la préventiondes risques professionnels doit être une composante de la politique de recours au travail temporaire.

Quels sont les engagements de cette charte ?P.P. : Il y a deux types d’engagement. Le premier vise à une meilleure connaissance réciproque des agences d’emploi et des entreprises des TP. Il faut que les unes et les autres connaissent mieux leurs problématiques respectives, se rencontrent, partagent leur réalité et appréhendent mieux leurs besoins. Le second volet met en place un outil pragmatique qui permet à tout intérimaire de recevoir une formation de base sur la prévention des risques professionnels. Cette formation abordera, par exemple, les gestes simplesque requiert le respect des règles de sécurité, le port des équipements de protection personnelle (EPI) ou la signifi cation de la signalisation mise en place sur les chantiers.

Cette formation de base donne accès à un “Pass sécurité”...P.P. : Il s'agit en effet d'une formation qui permettra au salarié intérimaire de connaître les règles communes à tous les chantiers de travaux publics. À l'issue de cette formation, l'intérimaire obtiendra une carte valable un an qui attestera, dans toutes les entreprises utilisatrices dans lesquellesil sera missionné, de ses connaissances en la matière.Cette formation de base pourra ensuite être complétée par l'entreprise utilisatrice, sur chaque chantier, en fonction des spécifi cités de celui-ci.

Pourquoi la validité de ce Pass sera-t-elle limitée dans le temps ?P.P. : Comme les salariés permanents, les salariés intérimaires ont besoin de se remémorer et d'actualiser régulièrement leurs connaissances en matière de sécurité. Dans nos entreprises, par exemple, chaque chantier commence par

l'exposé des conditions particulières de sécurité, et chaque année, nos collaborateurs participent à une séance de rappel des consignes de sécurité. Il en sera de même pour les salariés intérimaires qui n'acquièrent pas forcément les automatismes nécessaires, par exemple en ce qui concerne le port des EPI et dont le passage d'une entreprise à une autre peut augmenter le besoin de formation.

Comment sera diffusé et promu ce partenariat ?P.P. : Nous avons la chance d'appartenir les uns et les autresà des fédérations actives. D'ailleurs, nous ne sommes pasla première région à nous engager dans ce partenariat. D'autres l'ont fait avant nous et c'est notre force de pouvoir, aujourd'hui, partager avec elles ces bonnes pratiques. Prism'emploi Normandie s'est donc engagé à informer ses agences d'emploi très rapidement et de notre côté, dès janvier 2016, nous demandons à nos entreprises de faire appelà des salariés intérimaires en possession du “Pass sécurité”. Dorénavant, sur nos chantiers, les salariés intérimaires doivent être traités en matière de prévention des risques professionnels comme nos collaborateurs permanents, avec les mêmes attentions et les mêmes exigences. En conclusion, cette charte est triplement gagnante : elle bénéfi cie en premier lieu aux salariés intérimaires, mais aussi aux agences d'emploi et aux entreprises de travaux publics. C’est la traduction de notre volonté commune de développer la prévention des risques professionnels et de mener une politique effi cace contre les accidents du travail.

Le 9 décembre 2015, Philippe Pirquin, président de la Fédération régionale des Travaux publics Normandie (FRTP Normandie) et Christian Burnichon, président de Prism'emploi Normandie, signaient une charte relative à la prévention des risques professionnels des intérimaires sur les chantiers de travaux publics. Retour sur ce partenariat avec le président de la FRTP Normandie.

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François Roux, délégué généralde Prism'emploi

reperes

Les entreprises de travail temporaire ont été des relais pour l’emploi.

Indicateur avancé L’intérim anticipede 6 à 12 mois la tendance du marché du travail

4,5 % le chiffreLa croissance de l’intérim en 2015

25 000emplois intérimaires créés en 2015

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20 %

Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre

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Industrie BTP Commerce ServicesTransports

Évolution mensuelle de l'emploi intérimaire selon les grands secteurs d'activité en 2015

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Pouvez-vous dresser un premier bilan de l’année 2015 ?François Roux : Après le recul continu enregistré depuis le4e trimestre 2011, l’emploi intérimaire se redresse depuis le début d’année 2015. La croissance de l’intérim en 2015 devrait être de l’ordre de 4,5 %. Ainsi on compterait environ 25 000 emplois intérimaires ETP (équivalents temps plein) de plus qu’en 2014. Cette progression demeure toutefois insuffi sante pour compenser la baisse intervenue depuis la crise de 2008, son niveau étant inférieur de 90 000 ETP à celui de 2007.

Comment l’intérim a-t-il évolué tout au long de l’année 2015 ?F.R. : L’évolution moyenne de 4,5 % est caractérisée par trois temps :• au cours du premier semestre, avec 2,5 %, l’amélioration

est demeurée modeste. Le recul du BTP de 12 % a pénalisé le niveau global de l’activité qui hors BTPa progressé de 5 %,

• du mois d’août à la mi-novembre, la croissance s’est accélérée, culminant à 10 % mi-novembre. Le dynamisme du commerce, tiré notamment par le e-commerce, l’amélioration dans l’industrie et la stabilisation du BTP, ont contribué à ce renforcement,

• depuis la mi-novembre, nous assistons à un ralentissement de la croissance. Les attentats du 13 novembre ont en effet eu un impact immédiat sur l’intérim dans certains secteurs tels que le commerce et l’hôtellerie-restauration. Ce changement de tendance peut se poursuivre début 2016, toutefois, nous espérons qu’il ne soit qu’un “trou d’air”, et qu’au premier trimestre un mouvement de rattrapage s’opère. Ces événements récents prouvent que la reprise de l’intérim demeure encore fragile.

Quelles ont été les raisons de l’amélioration de la situationen 2015 ?F.R. : J’en vois principalement deux :• l’accélération de la croissance économique : l’intérim est corrélé au PIB. L’observation des cycles économiques démontre qu’à partir d’un niveau de croissance annuelle de0,8 %, le travail temporaire peut se développer. Entre 2012et 2014, la stagnation du PIB (compris entre 0 et 0,4 %)s’est accompagnée d’un recul de l’intérim. Avec un niveaude croissance de 1,1 % en 2015, des emplois intérimaires ont pu être recréés.

• Ensuite, le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) a favorisé le redémarrage. Les entreprises de travail temporaire ont été des relais pour l’emploi. Une partie de cet investissement a été utilisé pour améliorer le fonctionnement du marché du travail, à travers le développement du réseau

d’agences et par de nouveaux investissements en matièrede formation des candidats. Le CICE a également contribuéà sécuriser et à allonger la durée d’emploi des salariés intérimaires, grâce notamment à la mise en œuvre du CDI intérimaire, du FSPI (Fond de sécurisation des parcours des intérimaires). Il a enfi n permis de pérenniser l’activité des agences d’emploi tout en contenant, voire pour certaines qualifi cations, en réduisant le coût du travail, renforçant ainsila compétitivité des entreprises clientes.

L’intérim repart, est-ce une bonne nouvelle pour l’emploi ?F.R. : L’intérim permet de créer des emplois qui autrement n’existeraient pas. En effet, le seuil à partir duquel les créations d’emplois durables se réenclenchent se situe aux alentours de 1,5 %. Si l’accélération du PIB se poursuit en 2016 comme le prévoit l’INSEE, les entreprises recruteront plus massivement et des emplois intérimaires seront pérennisés en CDI. L’intérim aura donc joué son rôle de tremplin vers l’emploi et aura confi rmé qu’il anticipe, avec 6 à 12 mois d’avance, la tendance générale sur le marché du travail.

entretien / L’EMPLOI INTÉRIMAIRE SE REDRESSE DEPUIS LE DÉBUT D’ANNÉE 2015

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vientdeparaître

Prism’emploi leMag est une publication des Professionnels du recrutement et de l’intérim. Prism’emploi : 56, rue Laffi tte - 75009 Paris - tél. 01 55 07 85 85 Directeur de la publication : Gilles Lafon - Directeur de la rédaction : François Roux - Rédacteur en chef : Isabelle Mazza - Comité de rédaction :Sébastien Archi, Mathilde Bonnichon, Dominique Delcourt, Ophélie de Mareuil, Ingrid Savary, Xavier Thomas - Conception-rédaction-réalisation :ORC Communications - R.C. PARIS 493 291 108 - 6, bd des Capucines - 75009 Paris - tél. : 01 47 61 58 00 - Responsable éditoriale : Véronique Aps - Rédaction : Michèle Berzosa, Henri Cormier - Crédits photos : Couverture : ORC - Édito : Olivier Seignette - p. 9 : S2H - p. 10 : Laurent Villeret - Collectif Item / B. Gaudillère - p. 13 : F. Girard - p. 17 : Julien Millet / FAF.TT - p. 19 : FRTP Normandie - Impression EDISET - Chef de publicité : Carmen Figaret - Éditions SOGESTT :56, rue Laffi tte - 75009 Paris - tél. : 01 55 07 85 91 - Dépôt légal 4ème trimestre 2015 - ISSN 2431-868X.

La Francedu Bon CoinLe micro-entrepreneuriat à l'heure de l'économie collaborative

Auteur : David MénascéLes éditions de l'Institut de l'entreprise

Le “jobbing” se développe. Le contexte économique dégradé, le développement des places de marché digitales et la fl exibilité introduite par le statut d'auto-entrepreneur favorisent le phénomène. Dans cette étude, David Ménascé étudie cette nouvelle forme de travail en essayant de la situer : manifestation d'une précarisation de nos sociétés ou avènement d'une économie collaborative ? Une chose est certaine, c'est qu'elle interroge tant nos modes de consommation que notre relation à l'emploi. À ce titre, elle inquiète et, dans le même temps, suscite des attentes fortes. Le travail de l'auteur, qui se place du pointde vue des micro-entrepreneurs, permet de décrypter cette pratique et d'en révéler les ressorts. Elle fait émerger les bonnes pratiques, dont certaines sont inspirées de l'intérim, ainsi quedes pistes de réfl exion afi n que l'économie collaborative, et plus particulièrement les plateformes digitales d'intermédiation de services, puissent constituer une réelle conquête sociale.

L'emploiest mort,vive le travail !

Auteur : Bernard StieglerÉditions Mille et une nuits

Dans un dialogue à la fois politique et prospectif avecAriel Kyrou, l'auteur propose de repenser le travail de fond en comble et de le réinventer. Partant du constat que l'automatisation, liée à l'économie des data, est en train d'impacter tous les secteurs de l'économie et de confi rmerle déclin de l'emploi, et donc du salariat, Bernard Stieglerse demande si cette mutation n'est pas fi nalement une opportunité pour notre économie. Probablement, mais à quelles conditions ? Pour le philosophe, le travail “réinventé” devrait nous permettre de tourner le dos à l'entropie qui nous domine et nous conduit à la fi n de la planète habitable.Sa préconisation pour l'avenir ? Donner à la néguentropie toute sa place dans une nouvelle économie. À lire pour trouver un regain d'énergie.

Le droit du travail en pratiqueAuteurs : Michel Minéet Daniel Marchand27e édition revue et augmentée, aux éditions Eyrolles

Cet ouvrage permet de mieux comprendre le droit du travail applicable, ses règles et ses évolutions. Son approche pédagogique délivre les clefs des idées qui traversent les grands débats actuels sur les parcours professionnels sécurisés, les risques psychosociaux, le temps de travail, la représentativité syndicale et le dialogue social... L'ouvrage met évidemment l'accent sur les nouveautés récentes découlant des directives européennes, des lois et décrets, de la jurisprudence, et des conventions et accords collectifs, et s'organise autour detrois thèmes majeurs : l'emploi, le travail et les relations professionnelles. Cette somme d'analyses juridiques a pour ambition de rendre accessible la complexité du droit du travail.

Management :les idées les plus simples sont

souvent les meilleuresAuteurs : Bernard Bourigeaud, Jacques BrunÉditions Eyrolles

Mus par une passion commune pour l'entreprise et les entrepreneurs, les auteurs se sont appuyés sur leur propre expérience de dirigeants pour rédiger ce livre. Leur objectif ? Partager avec les lecteurs leurs idées sur le leadership et les fondamentaux de l'entreprise. Animés par la conviction que pour combattre le désengagement il faut savoir prendre soin de ses collaborateurs, ils exposent leurs pistes d'action. Si leurs idées peuvent parfois paraître provocantes, elles ont le mérite de prendre pied dans la réalité actuelle et de se détourner résolument des théories et des pratiques obsolètes.

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