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Cette année, le Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France, invite les visiteurs à redécouvrir l’Impressionnisme en parcourant les différentes régions qui ont été marquées par les grandes signatures de ce mouvement avec des propositions de visites inédites. Montmartre tient bien sûr une part importante dans ces itinéraires ! Dans l’optique de mettre en valeur le Village sous l’influence de grands artistes ayant produit des chefs d’œuvres sur la Butte, le Syndicat d’Initiative a consacré sa première de couverture du nouveau Plan Guide et Bonnes Adresses 2013 à l’Impressionnisme. L’artiste Bernard Deubelbeiss, créateur du dessin original du plan, s’est prêté au jeu avec succès puisqu’il nous offre aujourd’hui une somptueuse aquarelle ! Tous les détails représentatifs de l’univers impressionniste et de la Butte Montmartre y sont retranscrits, le bal du Moulin de la Galette par Renoir, le Chat Noir en passant par les portraits de Van Gogh ou d’Aristide Bruant, et bien d’autres symboles... Toute l’équipe du S.I Montmartre remercie chaleureusement Bernard Deubelbeiss pour sa fidèle collaboration. NL de M Montmartre La Gazette La voix du viLLage N° 48 Mars/Septembre 2013 - 1 $ Bernard Deubelbeiss

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Cette année, le Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France, invite les visiteurs à redécouvrir l’Impressionnisme en parcourant les différentes régions qui ont été marquées par les grandes signatures de ce mouvement avec des propositions de visites inédites.Montmartre tient bien sûr une part importante dans ces itinéraires !

Dans l’optique de mettre en valeur le Village sous l’influence de grands artistes ayant produit des chefs d’œuvres sur la Butte, le Syndicat d’Initiative a consacré sa première de couverture du nouveau Plan Guide et Bonnes Adresses 2013 à l’Impressionnisme. L’artiste Bernard Deubelbeiss, créateur du dessin original du plan, s’est prêté au jeu avec succès puisqu’il nous offre aujourd’hui une somptueuse aquarelle ! Tous les détails représentatifs de l’univers impressionniste et de la Butte Montmartre y sont retranscrits, le bal du Moulin de la Galette par Renoir, le Chat Noir en passant par les portraits de Van Gogh ou d’Aristide Bruant, et bien d’autres symboles... Toute l’équipe du S.I Montmartre remercie chaleureusement Bernard Deubelbeiss pour sa fidèle collaboration. NL

deMMontmartreLa Gazette

L a v o i x d u v i L L a g e N° 48 Mars/Septembre 2013 - 1 $

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La Gazette de Montmartre N°48 / 03

Roger DANGUEUGER,Rédacteur en chef

EditoSommaire

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Dessin de couverture : Bernard Deubelbeiss

L’actualité du Syndicat p.04

La vie du village p.07

Dossier

Montmartre et ses rues

Les draperies

de la rue d’Orsel p.19

Montmartre des Montmartrois Claude le montmartrois

p.30

Que peut-on dire de l’implantation de Starbucks à Montmartre ?

Quelques accusateurs nous ont reproché de ne pas défendre Montmartre, aussi je voudrais rétablir une certaine vérité en vous communiquant quelques informations, vous pourrez ainsi vous faire une opinion plus exacte.Il faut savoir que l’ancien propriétaire du « Pichet du Tertre » a vu son établissement fermé par les services administratifs.Il a alors choisi de vendre son fonds de commerce.De nombreuses propositions de rachat lui ont été faites par des restaurateurs montmartrois, son refus a été net et catégorique.Et pourtant, il est issu d’une famille implantée depuis bien longtemps sur le site.Si ce nouveau commerce a réussi à s’implanter, il est malheureux de constater que la ville de Paris n’a aucun outil juridique qui lui permette de préempter.Je sais, cependant, que plusieurs tentatives venant de la Mairie du 18e, ont été menées pour que des commerces de proximité s’installent, là encore ce fut un échec.Maintenant que vous connaissez les données, qui est le fautif ? Le vendeur ou l’acheteur ?Conscients du problème que peuvent apporter ces enseignes, nous allons créer une commission qui aura pour but d’alerter les pouvoirs publics quant au danger d’une telle situation qui pourrait se reproduire dans l’avenir.Quant à toutes ces associations qui sont intervenues pour la soi-disant défense de Montmartre, je les invite aussi, à faire respecter, avec nous, la loi contre les ventes sauvages, le racolage de toutes sortes et autres tresseurs qui en toute illégalité, polluent notre environnement et notamment les magnifiques jardins du Sacré-Cœur.Nous pourrions aussi évoquer les problèmes de la sécurité, de la propreté, de l’absence de toilettes publiques et encore bien d’autres sujets, qui feront l’objet d’autres débats.Je vous laisse méditer...

Rencontre des Associations Montmartroises

p.22

Jacki Clerico ; disparition d’un grand homme de spectacle ©

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FrélautLacourière-L’atelier

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Montmartre insolite

Le calvaire de Montmartre p.28

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du SyndicatL’actualité

04 / La Gazette de Montmartre N°48

Le Syndicat d’Initiative de Montmartre aura l’opportunité exceptionnelle de participer à deux salons touristiques de grande envergure.Du 25 au 27 mars, à Toulouse se tiendra le plus grand salon professionnel du tourisme organisé par Atout France. Le Comité Régional du Tourisme Paris île-de-France nous a gracieusement offert un stand régional, afin de promouvoir Montmartre auprès des plus grands Tour Opérators internationaux.Puis, du 2 au 4 avril, au Stade de France aura lieu le salon Eluceo regroupant de très nombreux comités d’entreprises français auquel le CRT IDF nous a également convié.Ces deux grands évènements permettront au S.I Montmartre de développer l’activité économique et touristique du quartier par la promotion des visites guidées du village et notamment la thématique 2013/2014 qui est celle de l’Impressionnisme. SIM

Le SiM à Toulouse et au Stade de France

1er rang et de gauche à droite Roger DANGUEUGER, Président du S.I Montmartre, Jean-Claude GOUVERNON, Vice-Président des « Amis de Poulbots », Joëlle LECLERCQ, Présidente des « P’tits Poulbots », François TARDY, Président « La Pétanque du Tertre », Christine CAPRON, association des Commerçants Lamarck Caulaincourt, Sylvie FOURMOND, Présidente association des commerçants Lepic Abbesses, Xavier CASTEX, Président association des commerçants quartier Ordener.2ème rang Frédéric LOUP, Président de l’association des commerçants du Haut Montmartre, Isabelle DUCATEZ, association Historique le vieux Montmartre, Alain COQUARD, Président République de Montmartre, Gilbert L’HÔTE, Président Lions Club Paris Place du

Tertre Grandes Carrières, Philippe DAVIS, Président de l’association des Amis d’Alphonse Allais, Pierre PASSOT, association des Amis d’Alphonse Allais, Willy DESCAMPS, association des commerçants Lamarck Caulaincourt, Jean-Paul NGUYEN, association Maquisard Montmartre, Gilles CHIRIAUX, Président association Place Charles Dullin, Midani M’BARKI, Président association Paris Montmartre.

Etaient également présents mais ne figurent pas sur la photo : Brigitte HOUDINIERE, Présidente du Comité des Fêtes et Actions Sociales du 18ème et Philippe-Marie CHRISTOPHE, Président de l’Amicale des Artistes et des Ecrivains Notre Dame de Montmartre Notre Dame de Beauté – Reine de la Paix. SIM

Le 5 mars 2013, les Présidents d’associations ont répondu présent à l’invitation du syndicat d’Initiative de Mont-martre qui souhaite les fédérer en vue d’un travail commun sur l’avenir de leur association et de Montmartre.

Stage d’observation à l’accueil du S.i Montmartre

Durant le mois de février, le Syndicat d’Initiative de Montmartre a accueilli deux jeunes élèves de classe de 3e pour faire un stage d’observation. D’abord un jeune garçon du foyer social du Sacré-Cœur, Mercya …, dessinateur hors pair, qui est à l’origine de la nouvelle affiche pour l’animation de Pâques, la chasse aux œufs de Pâques.Ensuite, Yousra, élève du collège Marie Curie a effectué son stage à notre accueil.Nous leur souhaitons une bonne continuation. SIM

Rencontre des associations Montmartroises

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La Gazette de Montmartre N°48 / 05

iBaladesCette année, le Syndicat d’Initiative de

Montmartre s’ouvre aux technologies mobiles et propose de visiter la Butte au-trement. Les possesseurs d’un iPhone ou d’un iPod (et très bientôt ceux d’un mo-bile Android !) pourront tout prochaine-ment télécharger quatre balades guidées interactives pour découvrir le site à leur rythme. Rédigée par Jean-Manuel Ga-bert, guide officiel et grand spécialiste de Montmartre, chaque balade aborde une thématique différente. L’ensemble permet de retracer l’Histoire de la Butte à travers une quantité d’anecdotes par-fois ignorées, souvent insolites.

Dès le mois d’avril, vous pourrez acheter ces visites guidées au sein de l’application GuidiGO (www.guidigo.com) ou à l’accueil du Syndicat d’Initiative - qui vous remettra un « Pass » avec flashcode à scanner. Venez tester vous-mêmes ces passion-nantes visites ! Une borne interactive sera très bientôt en accès libre au Syndi-cat d’Initiative. Vous pouvez bien sûr té-lécharger les balades sur place : notre borne WiFi est à votre disposition. Achetez votre Pass, scannez, téléchar-gez… Et à vous la Butte et ses secrets ! ◆

David Lerman

Le Plan guide et Bonnes adresses de Montmartre 2013 vient de paraître !

Tiré chaque saison à plus de 50 000 exemplaires ; il est une porte d’entrée formidable pour tous les touristes arrivant sur Paris pour visiter Montmartre, car il est toute l’année mis à disposition. - Sur tous les points infos tourisme des Aéroports de Paris - A l’Office du Tourisme de Paris - A l’Office du Tourisme de Versailles- Au Point d’embarquement des Croisières de Canaux RamaIl est aussi distribué sur toute la butte de Montmartre Au Syndicat d’InitiativeAu Moulin RougeDans les Hôtels MontmartroisChez de nombreux commerces de Mont-martre Valorisant la richesse et diversité de l’offre locale, ce Plan Guide pratique traduit en 6 langues, répertorie les principaux sites d’intérêt de la Butte ainsi que le réseau des adhérents du S.I Montmartre : com-merçants, associations, artistes, cabarets, services pratiques.Si vous souhaitez voir figurer votre établissement sur l’édition 2014 de cet incontournable du quartier utilisé par ses habitants et ses visiteurs, réservez dès aujourd’hui votre emplacement publicitaire en contactant le Syndicat d’Initiative de Montmartre 21, place du Tertre 01 42 62 21 21 NLNous vous rappelons que la publicité outre son impact sur le public, permet à ce document unique sur notre quartier d’exister.

Chasse aux œufsLe weekend du 6 et 7 avril prochain, Montmartre fêtera Pâques ! Célèbre depuis maintenant quatre ans, cette animation offre aux petits montmartrois l’occasion de partir à la recherche de délicieuses friandises en chocolat autour d’un parcours ludique sur l’histoire de Montmartre ! Inscription obligatoire par mail : [email protected]

Prix : 2 € Charlotte Pla

Fête des mèresLe dimanche 26 mai, le Syndicat d’Initiative de Montmartre organisera une animation pour la Fête des mères. Pour sa troisième édition, les enfants deviendront modèles et bricoleurs le temps d’un atelier d’une heure. Un souvenir inoubliable pour les mamans et leur bout de chou !

Prix : 4 €Inscription obligatoire par mail : [email protected]

Charlotte Pla

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L’actualité

06 / La Gazette de Montmartre N°48

Le samedi 8 juin prochain, la

Pétanque du Tertre accueillera le célèbre tournoi de pétanque pour

les enfants organisé par le Syndicat d’Initiative de Montmartre. Monsieur François Tardy, que nous félicitons pour sa récente réélection en tant que président de la Pétanque, propose à tous les enfants montmartrois entre 8 et 13 ans de participer à cette compéti-tion amicale et conviviale en plein air.

Inscriptions obligatoires par mail : [email protected] à

partir de mi-mai.Tarif : 3€e

Trophée des Poulbots

Le S.I Montmartre remercie Ambroise BERA de l’agence SWAN ARCHITECTES, créa-teur de la carte de vœux 2013 du S.I.Celui-ci nous a offert un très beau dessin illustrant la Butte. Rencontre avec une agence très dynamique : SWAN ARCHITECTES est une agence fondée par Serge Rodrigues, Ambroise Béra et Joachim Bellemin ; l’association de ces trois architectes aux compétences variées est née d’une forte complémentarité et d’un plaisir à travailler ensemble largement éprouvé depuis leur rencontre en 1997. L’agence déploie son savoir-faire et sa démarche créative au travers de programmes et d’échelles variés (logements et équipements scolaires ou hospitaliers) ; fonctionnalité, respect du budget, qualité environnementale, paysage, usages, modes de vie et choix techniques sont autant d’éléments cruciaux dans le processus de création. La mission de Maîtrise d’Œuvre passe par la compréhension et la prise en main du projet du Maître d’Ouvrage avec pour finalité la livraison de bâtiments qui concilient et réalisent l’ambition double d’une architecture à la fois pragmatique et sensible ; c’est au travers d’une véritable relation de collaboration entre tous les acteurs du projet qu’une réalisation de qualité peut voir le jour.66, rue du Faubourg Saint-Martin - 75010 Paris - 01 44 62 05 96 www.swanarchitectes.com Joachim Bellemin

Le S.i Montmartre remercie ambroise Bera

du Syndicat

Le S.i Montmartre fête la nouvelle année à la Mascotte

Dans la « nouvelle Mascotte » de Thierry que nous remercions chaleureusement, toute l’équipe du SI. Montmartre a dîné le 28 janvier dernier pour célébrer le passage à la nouvelle année.

Ambiance chaleureuse et bon enfant au Colibri pour la sortie du dernier numéro de la Gazette de Montmartre ! Un grand merci à Thierry, Ghilaine, et toute l’équipe du Colibri !

La gazette de Montmartre au Colibri

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La Gazette de Montmartre N°48 / 07

Montmartre fête les amoureuxLe samedi 9 février, le Syndicat d’Ini-

tiative de Montmartre organisait une animation à l’occasion de la fête de la St Valentin en l’honneur de tous les amoureux. Des couples de tous âges sont venus célébrer leur amour en réinterprétant une chanson d’Edith Piaf. Des candidats très imaginatifs comme Vahena, Thibaut et Ludovic et Patricia ont reçu de somptueux ca-deaux pour profiter encore un peu de la St Valentin. Nous remercions nos fidèles parte-naires, le Moulin Rouge, l’Hôtel Montmartre Mon Amour et le Caba-ret Chez Ma Cousine, sans oublier bien sûr Monsieur Yves Matthieu, propriétaire du Cabaret Au Lapin Agile qui nous a chaleureusement ac-cueilli dans ce lieu mythique ! ◆ NL

De gauche à droite : Pierre Lamiraud, Yves Matthieu, Nadia Laraba, Jean Manuel Gabert, Thibault, Vahena, Yannick et sa fille, Ludovic.

Vahena et son ami ; gagnante du concours

Le Jury : Yves Matthieu, Jean Manuel Gabert, Nadia Laraba, Pierre Lamiraud

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Chez ma CousineA deux pas du Sacré-Cœur. Ouvert tous les jours

Restaurant-cabaret depuis 1928. Un vrai dîner spectacle, Chansonniers, Magiciens, Imitateurs, Humoristes…

Tél. : 01 46 06 49 35 - Fax : 01 42 64 27 8712, rue Norvins 75018 Paris

E mail : [email protected] Site : cabaretchezmacousine.com

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Sécurité

Les associations des commerçants

soutenues par le SiM demandent une réponse

rapide et efficaceEn ce 2 janvier 2013, nous avons eu la joie et l’honneur d’accueillir Monsieur Laurent NUNEZ, Préfet et Directeur de Cabinet du Préfet de Police de Paris, Monsieur Jérôme FOUCAUD, Conseiller technique au Cabinet du Préfet de Police et Monsieur Nelson BOUARD, nouveau Commissaire responsable du 18e arrondissement. Quand je dis nous, je veux parler de Sylvie FOURMOND, Président de l’Association des Commerçants Lepic-Abbesses, Roger DANGUEUGER, Président du SIM et moi-même.

Notre entretien a duré plus de 3 heures, nous avons pu leur faire un état des lieux de la sécurité à Montmartre.Beaucoup de notes ont été prises, puis nous sommes passés aux « Travaux Pratiques ». En effet, tout ce petit monde est allé sur la Place des Abbesses où nous avons fortement évoqué la présence de jeunes hommes et femmes issus des pays de l’Est qui bloquent régulièrement la bouche de Métro tout en insistant pour faire signer des pétitions, d’autres sont aux distributeurs bancaires et il a été question des vols de téléphones cellulaires sur les terrasses. Puis, nous sommes arrivés au pied du Funicu-laire et au Square Louise Michel. Là, nous avons constaté qu’une quinzaine de tresseurs formaient une barrière rendant l’accès au square difficile et certains touristes avaient peur d’accéder au manège et aux jardins du Sacré-Cœur. Nous avons franchi l’obs-tacle et décidé d’entamer l’ascension jusqu’à la Basilique. Tout le long du chemin, il y avait pléthore de vendeurs de souvenirs de Paris, installés à même le sol et qui racolaient les passants.Le constat fut édifiant, tant d’illégalités ont été répertoriées, il en était de même Place du Tertre.Nous avons demandé la présence quotidienne d’un car de Police avec un nombre de policiers plus important, et pourquoi pas comme sur les grands boulevards un autocar pour les dépôts de plaintes.A quelques jours du début de la saison touristique, Montmartre, vitrine mondiale, va accueillir quelques 10 millions de visiteurs ; notre requête sera-t-elle entendue et exaucée, nous l’espérons très fort.Nous sommes, comme on nous l’a promis, dans l’attente d’une nouvelle rencontre, avec des décisions agréables à entendre.

Frédéric LOUP,Président de l’Association

des Commerçants du Haut-Montmartre

Sylvie Fourmond,Présidente de l’Association des Commerçants Lepic-Abbesses

08 / La Gazette de Montmartre N°48

La viedu village

ebip Serafedinoet son œuvre : le chemin des martyrs

D epuis de nombreuses années Ebip Serafedino a planté son

chevalet à Montmartre.Sa notoriété est déjà internationale.Sa dernière toile intitulée « Chemin des Martyrs », mesurant 3m /1m50 et destinée à un grand collectionneur de Jordanie nous fait découvrir un peintre de talent, de culture et de bonté.Par une succession de volumes, de modelés et de couleurs, il construit dans cette œuvre la géométrie d’un présent.

Comment ne pas s’interroger sur le sublime de la symbolique de cette croix qui siègera demain à Aman ?Moyen Orient, terre de souffrances et d’espoir, terre de croyances, car-refour et croisée des chemins de toutes les religions du Livre.Ebip Serafedino est un peintre dont le talent n’a d’égal que son humilité, il illumine par ce tableau la tradi-tion artistique, toujours vivante des peintres de la place du Tertre. ◆

NL

La République de Montmartre a intronisé lors de la cérémonie des vœux du 23 janvier 2013, M. José Algaba, Directeur Commercial des agences Paris Montmartre de BNP Paribas. Nous nous félicitons de compter M. José Algaba parmi les nouveaux acteurs de la Butte et l’encourageons dans ses engagements avec le Syndicat d’Initiative de Montmartre pour dynamiser ensemble notre quartier. Christine Ullmann-ThoumieuxFL P

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La Gazette de Montmartre N°48 / 09

Les 25e Foulées du Tertre

Les 25e Foulées du Tertre à Montmartre ont eu lieu samedi 9 mars.Elles étaient dédiées à la mémoire d’Aurora Coli peintre et figure de la Butte Montmartre et Françoise Mohn épouse d’un membre du club.Cet événement est le rendez-vous annuel de l’Athlétique Club Police du 18e.Course à pied de 10km, un parcours magnifique de trois boucles.Les participants ont pu apprécier le dénivelé de cette épreuve en franchissant trois fois la place du Tertre située à 130 m d’altitude.Félicitations à tous les participants !

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NaissanceEugène Guillemonat est né le 29 décembre 2012 à 01H07Son Papa : VictorienSa Maman : SamanthaSon grand frère : Léon

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Adieu MartineMartine Lagneaux née Mugat nous a quittés en décembre dernier. Elle était une véritable Montmartroise puisque née rue Caulaincourt dans la liesse de la Libération de la France en 1945, dans une famille qui comptait déjà 3 garçons.Les filles, ça reste tranquille, mais en fait Martine était un vrai garçon manqué : vouloir tout faire comme les grands, sauter de chaise en chaise au square de l’avenue Junot…Puis arriva l’école, chez les sœurs, rue

Caulaincourt, “elles ne sont pas gentilles, les cornettes…” Mais c’est là qu’elle apprit la sagesse, la discipline, le don de soi, le courage et le dévoue-ment ainsi que la bonté, la foi et la bonne humeur en toutes circonstances.Ce fut ensuite la chorale de Saint-Pierre de Montmartre, la Manécanterie : elle a commencé à aider Jean-Claude, son frère chef de chœur puis est deve-nue indispensable pour gérer, organiser et se dépenser pour la paroisse et la chorale. Enfin, belle récompense, elle a revêtu l’aube des choristes.Elle a construit son foyer avec Alain, tout en câlinant ses deux enfants Céline et Sébastien et en s’investissant beaucoup dans leur scolarité : pré-sence quotidienne auprès d’eux et toujours disponible, avec le sourire, pour accompagner les classes de ses enfants lors de sorties culturelles et pour participer efficacement à l’organisation des fêtes scolaires de fin d’année.Elle a toujours pris du temps pour sa deuxième maison, sa deuxième famille, la paroisse Saint-Pierre, à servir et à donner : buffets, kermesses, ventes de charité…Ensuite, malgré la maladie, elle ne s’est pas arrêtée : épauler son fils puis son mari en difficulté, aider Jean-Claude malade lui aussi. Quelle force Martine, quel courage ! Presque tous oubliaient qu’elle était souffrante. Elle a combattu et lutté jusqu’au bout.Tous ceux qui ont eu la chance de connaître et d’approcher Martine ne sont pas prêts de l’oublier : beaucoup dans la chorale de Saint-Pierre-de Mont-martre, selon leur âge, la considéraient comme une grande sœur ou une deuxième maman.Nous pensons toujours à Martine et à sa famille, en particulier à Alain, à Céline, à Sébastien et à Jean-Claude.Remerciements à Céline.

Jacques Bachellerie

disparition

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Niché au pied du Sacré-Cœur, au 7 de la rue Paul Albert, se trouve « un boutique hôtel 4* » totalement rénové. Chaque chambre cocon d’amour murmure des mots doux sur ses murs. Les chambres uniques, 8 des 24 de l’établissement, sont consacrées à des amants

célèbres dont les histoires d’amour belles et parfois douloureuses sont devenues mythiques. Edith Piaf et Marcel Cerdan, Romain Gary et Jean Seberg ou encore Jean-Paul Sartre et Simone de

Beauvoir… Dès l’entrée, le ton est donné, le rouge passion vous guidera du cœur de l’hôtel pour vous mener dans votre chambre et vivre l’amour comme il vous plaît. Montmartre mon Amour est un univers, une exploration de chaque facette de l’amour, ce lieu unique représente l’écrin rêvé pour vos « je t’aime ».

Louise Lahiani

Hôtel Montmartre Mon amour ****

Nouvel adhérent

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10 / La Gazette de Montmartre N°48

La viedu village

Les petites histoires de Marielle

Fête des Vendanges de Montmartre 2013 :

Montmartre fête l’amour80ème édition, du 9 au 13 octobre 2013

Montmartre, point culminant du romantisme accueillera, en oc-

tobre prochain, la 80ème édition de la Fête des Vendanges, sur le thème de l’Amour avec un grand A. Cette année, la Butte Montmartre souhaite rendre hommage au réper-toire de trois grandes montmar-troises : Mistinguett, sa toute pre-mière marraine, Dalida, qui fêterait cette année ses 80 ans et Edith Piaf, disparue depuis 50 ans... Trois im-menses chanteuses inspirées par l’amour !

À l’instar de Louise Michel, éprise de justice sociale, la Fête des Ven-danges est un hommage à tous les habitants du 18e.Parce qu’amour est aussi synonyme d’amitié, de fraternité, de solidarité, d’altérité et d’échange ! Plus encore, cette fête reste un moment de par-tage gourmand, ouvert à la dégusta-tion et à la convivialité, où la vigne montmartroise est fréquentée par Dionysos et Cupidon et où ses arti-sans de bouche proposent des ac-cords gourmands entre mets et vins.

Ce 80e anniversaire sera aussi l’oc-casion pour tous les citoyens et ci-toyennes de l’arrondissement de créer des Confréries de l’Amour et de la Fraternité.Les enfants seront aussi à l’honneur, notamment lors de la « Journée des Enfants » avec le défilé de 700 petits facteurs d’amour allant porter leurs

Noël des P’tits PoulbotsMerci à nos heureux donateurs le Comité des Fêtes et Actions Sociales du 18e présidé par Madame Brigitte Houdinière et au Père Sonnier pour avoir permis d’offrir un Noël aux enfants, qui s’est tenu à la salle paroissiale le 2 février. Tout le monde s’est amusé et est reparti content.Merci à tous d’avoir été présents.

Joëlle Leclercq Présidente Association des P’tits Poulbots

messages sur l’Arbre à palabres. Enfin le célèbre feu d’artifice au pied du Sacré-Cœur offrira au grand public un moment de liesse populaire. En somme, la 80ème Fête des Ven-danges de Montmartre se déclinera autour de l’art des mets et de l’art d’aimer. ◆

La marraine est Nolwenn Leroy

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Jacques-André Yatt (de son vrai nom André Gauthier), le souriant Maire-Poète du Haut-Montmartre, encapé et enchapeauté, armé seulement de sa plume multicolore ne nous régalera plus. Invité par la muse Polymnie, il s’en est allé jusqu’à Tahiti (le-lieu-qui-fait-naître-le-jour). Il y résidera et composera, en famille. Nous lui souhaitons plein de rimes, riches ! J.P

« As-tu mon petit poème de cette année ? »

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La Gazette de Montmartre N°48 / 11

Chez Plumeau

Les nouveaux gérants sont riches de dix ans d’expérience acquise

dans l’ancien lieu festif des habi-tués de la Bastille « La Fée Verte ».Steven et Lydia Yaouanq ont décidé de faire revivre la légende de Chez Plumeau.Les jeunes, les moins jeunes, les ha-bitués, les artistes peuvent s’y re-trouver, déjeuner, dîner et trinquer au rythme de deux concerts par se-maine, ou peut-être, plus calme-ment en sirotant une des nom-breuses absinthes (Verte de Fouge-rolle, Coquette, VS 1894, Lucid) qui seront offertes sur la terrasse ou sous la glycine nostalgique de tous les peintres de « la belle époque » qui ont fait la grandeur de tout Montmartre.Steven et Lydia sont les maîtres d’une cuisine fraîcheur servie en continu de 11H30 à 00h30 à des prix modestes de 15€ à 30€.Pour les amoureux des nuits tar-

dives, le dimanche matin, un brunch à 25€ prolongera leur rêve.Chez Plumeau, le temps s’est arrêté, non pas par oubli, mais tout simple-ment pour savourer les plaisirs ca-chés d’une merveilleuse ambiance dont Montmartre a le secret. ◆ NLChez Plumeau 4, place du Calvaire. Tél. : 01 46 06 26 29

Il s’en passe des choses dans cet établissement au passé si riche de convivialité et si chaleureusement hospitalier !Est-ce un bistrot, un restaurant, une salle de spectacle,… ? « Chez Plumeau », c’est un tout.

Le Brunch de chez Plumeau• Brouillade d’œufs nature ou bacon• Club sandwich au poulet mariné aux agrumes• Capuccino de fruits frais au mascarpone citronné• Salade sucrine, vinaigrette au Rockford• Jus d’orange pressé• Thé ou café

En 2012, leur brunch a été classé meilleur brunch de Paris. 3e position par City vox.

Les durand passent la main à Léautey

Nathalie et Christian Durand sont deux grandes figures de la

Butte Montmartre énormément ap-préciées par tous les habitants. Ils n’ont pas cessé de participer à la vie associative du quartier pendant de nombreuses années. Ils ont au-jourd’hui d’autres projets en tête et toute l’équipe du S.I Montmartre et plus particulièrement l’Association des Commerçants Lepic Abbesses

La Charcuterie Durand, ouverte un 1er dimanche de 2001, terminera son aventure montmartroise le dimanche 31 mars prochain.

leur souhaitent bonne chance ! Un nouveau propriétaire prendra donc la main, Monsieur Christophe Léautey, passionné par son métier et en quête perpétuelle d’innova-tion culinaire viendra s’installer à partir du lundi de Pâques. Il pos-sède déjà une charcuterie traiteur, Avenue de St Ouen. Tout le quartier lui souhaite la bien-venue ! ◆ NL

NaissancesJean-François Roques est heureux de vous annoncer la naissance de Lucie et Célestine nées le 15 décembre 2012… leur grande sœur Louise est enchantée !

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Nouvel adhérent

Christophe Léautey, Natahalie et Christian

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La Butte Fromagère

Brie de Melun, Claousou, Brillat Savarin à la truffe… sont parmi les nouveaux fromages que pro-pose Sophie Cornerais, la nouvelle fromagère de la rue des Abbesses. Elle a repris la fromagerie de Ma-rie* depuis le 15 janvier 2013. Ra-vie de son installation dans notre village, Sophie vous accueillera de son grand sourire et vous invitera à découvrir un panel d’onctueux fromages. Une carte de fidélité est mise en place et vous permettra de bénéficier d’avantages.32, rue des Abbesses - 75018 Paris Tél. : 01 42 52 96 27Ouvert du mardi au jeudi de 9h à 13h et de 15h à 20h - Vendredi et Samedi 9h à 20h - Dimanche 9h à 13h.*L’Association des Commerçants Lepic Abbesses a été très heureuse de collaborer avec Marie et lui souhaite une très belle continuation.

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12 / La Gazette de Montmartre N°48

La viedu village

Cuisine à Montmartre Les Carnets de Julie

La réalisatrice Julie Andrieu par-court la France à la rencontre

d’artisans, de cuisiniers qui perpé-tuent avec passion la tradition culi-naire locale en misant sur la richesse de notre terroir. Cette fois -ci , elle a gravi les pentes de la Butte pour offrir aux téléspectateurs une ba-lade ludique, gourmande qui se ter-mine chez un vrai montmartrois. Claude a mitonné un plat tradi-tionnel qu’il affectionne, simple et authentique comme lui : un mer-veilleux bœuf à la ficelle entouré de vrais légumes de vrais jardins. Ce petit chef- d’œuvre a fait saliver la France entière ! Confidentiellement mais ne le répétez pas, il m’a livré le secret de la sauce qui l’accompagne. Une de ses spécialités… Elle consiste à obtenir une réduction du bouillon et d’échalotes, lier avec de la crème et finir en ajoutant un filet de vinaigre. C’est vrai, le cuisinier n’a pas perdu la main. Nous en étions déjà convaincus les 1er et 2 décembre derniers lorsqu’ il a, comme ces der-nières années, organisé, préparé, servi pour 270 convives un extraordi-naire repas de fête.

Claude Baloche et Julie Andrieu photographiés par Gisèle.

19 janvier 2013 : FR3 pour « les carnets de Julie » Claude Baloche, cet homme discret et effacé, ouvre sa porte pour sortir de l’ombre et apparaître sous les projecteurs.

Jugez vous-mêmes du menu des Marchés de Noël de la Paroisse Saint-Pierre de Montmartre !

ENTREES AU CHOIXPotage de légumes ouSoupe à l’oignon ouPâté de campagnePLAT PRINCIPALCivet de sanglierRosbeef sauce madèrePurée ou endives braiséesFromages et dessert

Quand il parle de son métier, son regard pétille et il évoque ses deux recettes préférées parmi les cen-taines qu’il a réalisées.Tout d’abord, celle de son appren-tissage normand : les tripes à la Fer-toise, la spécialité au beurre et au calvados de la Ferté-Macé. Il les fai-sait cuire tout doux pendant une nuit dans le four du boulanger voi-sin.Et puis son légendaire poulet au champagne, un plat apprécié de tous, réalisé à partir d’une réduc-tion d’échalotes revenues avec les morceaux d’un beau poulet fermier et mouillées au champagne, finies avec de la crème normande et des amandes effilées, servi avec un riz blanc. Nos papilles en frémissent… Mo-deste, Claude martèle que la cuisine n’est rien sans les produits de qualité du terroir. Sa philosophie, une cuisine simple faite avec du bon, du vrai, du naturel et… avec du cœur. ◆

Marie-France Coquard

a vos archives...Dans le cadre d’une grande exposition prévue en septembre 2013, à la mairie du 18ème , sur «les 80 ans de la Fête des Vendanges à Montmartre», le COFAS(Comité des Fêtes et d’Action Sociale) cherche tous documents, photos, anecdotes, courriers ,pro-grammes, témoignages concernant cette grande manifestation (en particulier sur les années 1934 à 1942). Si vous possédez de

tels documents, nous serions heureux que vous puissiez nous contacter au 06 60 32 92 37 (Brigitte Houdinière) ou par mail [email protected]

Michou accueille Régine et Alain DelonLe 12 février dernier, Régine « reine de la nuit » a célébré son anniversaire dans un très célèbre cabaret Montmartrois, CHEZ MICHOU, autre « roi de la nuit » et ami de longue date. Vêtue d’un magnifique manteau noir en plumes, Régine, ne manquant pas d’autodérision a eu droit cabaret de Michou oblige, à une prestation de son transformiste avec qui elle n’a pas hésité à pousser la chansonnette.De nombreuses célébrités étaient présentes : Bertrand Delanoë, Edouard Baer, Alain Delon… Michou et Alain Delon ont une relation d’amitié très forte faite d’admiration et de respect mutuel, c’était la première fois que le comédien assis-tait au spectacle.Il a été très touché et ému de découvrir sur les murs du cabaret des photos de Romy Schneider et de Michou. NL

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La Gazette de Montmartre N°48 / 13

François Tardi : le Cœur en scène !

« Quand j’étais jeune je pensais que le théâtre était un moyen de tuer le temps maintenant je sais qu’il est un moyen de le faire durer. »

Montmartrois né, François Tardi est metteur en scène profession-

nel depuis trente ans. Il y a deux ans, il fonde la« Compagnie des Songes » composé de six jeunes co-médiens qui parcourent la France entière. Deux buts l’animent, faire travailler de jeunes comédiens et sensibiliser un nouveau public.A cela s’ajoutent de nombreuses actions gratuites de quartier : l Ateliers d’Ecriture : Esylla 06 51 94 97 68l Scènes Ouvertes et Matchs d’Improvisation : Aitor 06 10 65 71 49l Simulations de Casting : Gildas 06 12 53 18 94Des professionnels du théâtre et du cinéma viennent voir jouer les jeunes comédiens de moins de 30 ans.

Son actualité :Spectacles pour enfants : l Alice à l’Envers : à partir du 3 mars jusqu’au 24 avril Théâtre pixel, 18 rue Championnet 75018 Paris.Ce spectacle a été joué gratuitement au collège Yvonne Le Tac au mois de janvier pour soutenir les enfants du 18e en difficulté. Les fonds ont été reversés au foyer socio-éducatif du collège pour payer les voyages scolaires pour les plus démunis.l Les Ateliers Théâtre pour enfants Animés par Esylla tous les mercre-dis et samedis de 11h à 12h « Au Soleil de la Butte », rue Muller 75018 Paris - 40 € / mois, première séance gratuite.l Nouveauté : Théâtre en Apparte-ment : le théâtre dans votre salon : François Tardi 06 22 84 36 40l La compagnie des Songes anime, par ailleurs, des séances d’art théra-pie, et a déjà joué pour la Croix St Si-mon et d’autres associations. Malgré les exigences artistiques, le théâtre doit s’ouvrir à tous et être plus un ou-til de transmission qu’un pouvoir culturel. Ce sont les rencontres hu-maines qui restent importantes.

Nous remercions chaleureusement François Tardi pour sa lecture poétique de contes de

Noël lors de la chasse au trésor organisée par l’ACLA le samedi 8 décembre dernier.

Catherine

exposition Chat Noir prolongée ! Le Musée de Montmartre prolonge son exposition « Autour du Chat Noir » jusqu’au 2 juin 2013 ! Venez vite découvrir cette jolie exposition !Musée de Montmartre12, rue Cortot Paris 18Ouvert tous les jours de 10h à 18h.

Monsieur Jean-Marc Tarrit, Président d’honneur de la République de Montmartre, nous a dévoilé lors de son exposition à l’atelier Arts et Créations le 15 février dernier ses talents de peintre et de dessinateur. À l’occasion de cette belle soirée, les très nombreux amis et admirateurs de l’artiste ont pu découvrir plus d’une vingtaine de ses œuvres, et faire dédicacer le livre catalogue. «Instantanés Evolutifs» édité pour l’événement (disponible sur demande par mail à : [email protected]), regroupant plus de 200 créations picturales et photographiques.

Christine Ullmann-Thoumieux

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Le Jardin Sauvage de la rue Saint-Vincent

Agrandir la surface du jardin per-met de multiplier les milieux,

notamment avec la construction d’un mur de pierres sèches.Si ce jardin est colonisé par la flore et la faune des friches parisiennes (maquis montmartrois), il reste un jardin. Les espèces envahissantes sont maîtrisées.Pour préserver l’équilibre du jardin (faune et flore) l’accès est limité. Les travaux d’extension du jardin Saint-Vincent doivent se terminer au cours de ce printemps.Crée en 1985, le jardin sauvage est typique des friches urbaines comme nous pouvons en trouver sur la Butte Montmartre, l’extension

Comme vous avez pu le constater le jardin Sauvage était en cours de réaménagement.Les travaux ont eu pour but :• D’agrandir le jardin.• De créer de nouvelles promenades dans le jardin.• D’améliorer la sécurité et le confort des cheminements et des abords de la mare.

d’environ 700 m² est aménagée dans le même esprit que le jardin existant.Ce lieu est un réservoir de biodiver-sité, la ville de Paris a la volonté d’entretenir et de conserver ses dif-férents milieux, favorables au déve-loppement de la faune et de la flore sur une petite surface.Ce jardin est également un lieu où les montmartrois peuvent découvrir la biodiversité urbaine et la gestion environnemental pratiquées dans les espaces verts Parisien et par l’ate-lier de jardinage de la butte. L’Agence d’écologie urbaine pro-pose des éco-éducateurs pour enca-drer les visiteurs afin qu’ils puissent devenir eux-mêmes les relais de la gestion durable des jardins.Des visites seront organisées à l’occa-sion de portes ouvertes (entre le 1er mai et le 31 octobre 2013) le ma-

tin du 1er dimanche [10h30/12h30] de chaque mois et l’après-midi du 1er et le 3e mercredi [14h30 -16h30] du mois. ◆

Vincent Lysiak, Mairie de Paris, DEVE (Direction des espaces vert

et de l’environnement) Des ateliers sont organisés : le samedi 25 mai (10 h 30- 12h30/ 13h 30-18H) à l’occasion de la Fête de la nature.Le mercredi 19 juin atelier inventaire : faune et flore 14 h 16h30 Le mercredi 28 août atelier inventaire : faune/flore 14 h-16 h30.Et le samedi 21 septembre Fête des jardins de 13 h30 -18 H. Des visites de groupes sont possibles toute l’année demande par fax au 01 71 28 53 68, ou bien sur Paris.fr;toute l’année demande par fax au 01 71 28 53 68, ou bien sur Paris.fr;

14 / La Gazette de Montmartre N°48

La viedu village

Honu expose au Terrass Hôtel Amoureux et passionnés de Montmartre, venez découvrir cette splendide exposition intitulée : « Souvenir à Montmartre » du 1er mai au 30 juin 2013 au Terrass Hôtel (12-14 rue Joseph-de-Maistre).

2013 Quinzième

éditionde la fête

de la librairie indépendantes

À l’occasion de la journée mondiale du livre et du

droit d’auteur, 450 libraires indépendants de France et de

Belgique francophone créeront une fois de plus l’événement le samedi 27 avril prochain.

En réinterprétant librement la tradition catalane de la Sant Jordi, ils offriront ce jour-là à

leurs clients une rose et un livre.Un très joli livre de photo

sera offert au public : « Libraires, regardez-vous dans le papier » le titre est inspiré d’Henri Michaux.

Marie-Rose GuarniériAssociation Verbes /

Librairie des Abbesses01 46 06 84 30

[email protected]

Montmartre à l’heure Bulgare

Le 10 novembre 2012, une délégation bulgare a été chaleureusement accueillie à Montmartre par Michel Coulon du Syndicat d’Initiative et Martine Le Quentrec de l’Association Montmartre en Europe, pour pré-senter en avant-première à l’Espace UVA le film documentaire « ELLE, MINA ». Cette œuvre évoque l’amour passionné du poète Yavorov, aus-si célèbre en Bulgarie que Victor HUGO en France, pour Mina Todorova. Cet échange culturel montmartro-bulgare a remporté un vif succès. Ont été enregistrés 80 participants à la projection du film. Michel Coulon

Souvenir d’un métro fleuri Souvenir du rocher de la sorcière

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La Gazette de Montmartre N°48 / 15

Manège des abbesses

Les Montmartrois sont formidables !

Quelques mois plus tôt, le célèbre manège de la Place des Abbesses qui existe depuis 1979, était menacé de suppression. Mais grâce à un grand élan de solidarité de nombreux Montmartrois et même au-delà de la

butte, cette institution familiale continue à tourner ! Entre 4000 et 5000 signatures de soutien ont été enregistrées ! Samir Harfouche et son épouse souhaitent remercier chaleureusement les associations et les commerçants montmartrois qui les ont soutenus.

Ils lancent un immense merci à Michou qui a énormément œuvré pour le maintien du manège, ainsi qu’à l’acteur Didier Bourdon

et à toutes les familles du quartier ! Des remerciements également à Daniel Vaillant, Maire du 18e.

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Semaine Sainte et Pâques

Dimanche des Rameaux le 24 mars 9h - 11hJeudi Saint 19h30Vendredi Saint 19h30Veillée Pascale 21h30. Veillée pascale avec bénédiction du feu nouveau sur le parvis de St. PierreDimanche de Pâques 9h – 11h

Activités paroissiales• Repas fraternel : « Tripes Normandes » cuisinées par Claude BALOCHE, paroissien de St Pierre, les 13 et 14 avril • Présentation à l’église, le vendredi 17 mai à 20h d’une pièce de théâtre «le monde est en feu» à partir de l’œuvre d’Edith Stein, philosophe, carmélite.• Spectacle « Voici l’Agneau » : Chorégraphie poétique réalisée par les enfants du catéchisme se préparant à la première

communion. A l’église St. Pierre de Montmartre, le dimanche 2 juin à 15h à l’église.• Lecture de l’Evangile selon St. Jean par Zygmunt BLAZYNSKY, le vendredi 14 juin à 20h30 à l’église St Pierre de Montmartre • Fête paroissiale dans les jardins de St. Pierre le dimanche 16 juin (messe à 11h suivie d’un repas avec grillades, concert dans le jardin de l’église) présentation des activités pour la rentrée scolaire 2013. Création en septembre 2013 d’un patronage pour les jeunes.• Procession en honneur de la Vierge Marie dans les rues de Montmartre du 15 août à 16h suivie de la messe à l’église.Info : Saint-Pierre de Montmartre2, rue du Mont CenisTél. : 01 46 06 57 63

Saint-Jean des Abbesses

Sacré-Cœur de Montmartre

Saint-Pierre de Montmartre

Dimanche des Rameaux 24 mars 20138h00 : Laudes10h30 : Rassemblement dans les jardins de la Basilique : Bénédiction des Rameaux ; Procession puis Messe Solennelle 16h00 : Vêpres18h et 22h Messes avec la bénédiction des rameaux Jeudi Saint 28 mars 201310h00 : Office des ténèbres12h00 : Office du Milieu du jour19h00 : Célébration de la Cène présidée par le Père Jean LAVERTON, Recteur de la Basilique22h30 Veillée au reposoir (la Basilique restera ouverte jusqu’à minuit). Vendredi Saint 29 mars 201310h00: Office des ténèbres 12h30: Grand Chemin de Croix présidée par Mgr André VINGT-TROIS, archevêque de Paris (Rendez-vous Square Louise Michel en bas des jardins de la Basilique).

16h00 : méditation chantée des Sept dernières Paroles du Christ en Croix19h00 : Célébration de la Passion présidé par le Père Jean LAVERTON, recteur de la Basilique (fermeture des portes à 21h : pas d’Adoration Eucharistique cette nuit). Samedi Saint 30 mars 201310h00 : Office des ténèbres12h00 : Office du Milieu du jour21h00 : Vigile pascale avec baptêmes d’adultes. Dimanche de Pâques 31 mars 20139h00 : Laudes de la Résurrection 11h00 : Messe Solennelle de la Résurrection 16h00 : Vêpres de la Résurrection et Salut du Saint SacrementAutres Messes de Pâques : 7h00, 18h00 et 22h00

Info : Basilique du sacré Cœur Tél. : 01 53 41 89 00www.sacre-coeur-montmartre.com

Rameaux :• Samedi 23 mars : Messe à 18h30• Dimanche 24 mars : Messe à 10h30Semaine sainte :• Jeudi 28 mars : Messe à 19h30• Vendredi 29 mars : Célébration de la Croix : 19h30• Samedi 30 mars : Vigile Pascale : 19h30• Dimanche 31 mars : Messe de Pâques : 10h30

Du 4 avril au 12 mai 2013 à la galerie RouSSaRdExposition Collective, De la délicatesse du Chat de Steinlen à la force expressionniste des corps chutant de Sophie Rambert.

La Galerie Roussard est heureuse de vous présenter une réunion ex-

ceptionnelle d’œuvres originales d’artistes qui ont fait la renommée de la galerie. Aux côtés des Mo-dernes: Suzanne Valadon, Do-mergue, Gen Paul, Lapicque... vous trouverez les artistes Contempo-rains que la Galerie suit depuis de nombreuses années: Stupar, Delval, Renoux, Decoudun ... ainsi que de nouveaux arrivants: Claude Jousset et Sophie Rambert. En tout, plus de quatre-vingt oeuvres originales.La Galerie Roussard est une des

plus anciennes galeries de France. La galerie achète et vend des œuvres originales des XIXe, XXe et XXIe siècles. Centre d’Étude sur les Peintres à Montmartre, elle orga-nise des expositions en France et à l’étranger et publie des ouvrages de référence tels que le Dictionnaire des Peintres à Montmartre et la Bio-graphie de Gen Paul... Spécialiste du peintre Gen Paul (1895-1975) pour lequel elle réalise les certificats d’authenticité ainsi que le catalogue raisonné.Fondée par André Roussard Sr, la Galerie se situe à 50 mètres de la Place du Tertre à Montmartre. Deux lieux d’expositions. Le pre-mier, au 7 de la rue du Mont-Cenis. Le second, au 13 de la même rue, a été créé par André Roussard à l’em-placement de l’ancien cabaret de Patachou. C’est là que furent orga-nisées des expositions de prestige comme une des dernières exposi-tions en galerie de Maurice Utrillo en France, l’exposition Gen Paul Pre-War / Post-War, l’exposition Auguste Herbin... ◆Galerie Roussard13, rue du Mont-Cenis Paris 18Tél. : 01 46 06 30 [email protected]

Sophie RAMBERT (Née en 1970) « Chute 10 » pierre noire sur papier 77x58cm

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16 / La Gazette de Montmartre N°48

La viedu village Tv-Montmartre,

notre Web-télé !

Philippe a fait des études en vue d’une licence de cinéma ; il créa

une Web-TV pour des galeries d’art, puis celle du village. Depuis 2009 sa caméra tenue sans le moindre tremblement conserve la mémoire de toutes nos fêtes. A ja-mais « l’inflexion des voix chères qui se sont tues », comme disait Verlaine à la Bonne Franquette, sera vivante, colorée et joyeuse. Plus de 400 vidéos sont toutes gratuitement disponibles sur son site, d’un simple clic de souris, ce qui fait de TV-Montmartre la banque d’images rê-vée.TV-Montmartre est en accès gra-tuit, mais elle se finance grâce à des

Philippe sur la place du Tertre

Né à Paris, Parisien donc depuis 42 ans, Montmartrois depuis 11 ans, Philippe Cochinard est la silhouette devenue familière au premier rang de la foule des événements de la Butte.

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encarts publicitaires (250 euros par an). S’il filme gratuitement nos aventures, comme un vrai journa-liste de télévision, il se déplace aussi à la demande pour des fêtes privées, par exemple au Musée de Mont-martre.C’est ainsi qu’en filmant dans un restaurant de la rue des Martyrs il rencontra celle qui devint sa femme. Leur amour s’est épanoui en Ma-rine, leur fille, une adorable poul-botte blonde et malicieuse, baptisée à l’église Saint-Pierre, comme il se doit, et devenue à 6 mois la plus jeune citoyenne de la République de Montmartre. Lors des vœux du Président Alain Cocquard à la Mai-rie du XVIIIme le 23 janvier 2013, elle était dans les bras de sa maman, ou jouant avec les tambours, por-tant fièrement son écharpe jaune et bleue taillée sur mesure.Du froid vif ou floconneux de Noël à l’automne tonitruant des ven-danges, Philippe Cochinard est là, fidèle au poste de sentinelle de l’image, captant en mouvement ce que Frédéric Loup capte avec son appareil photo, sauvegardant ce qui nous est le plus cher, et qui est si fra-gile, si fugace : cet esprit de Mont-martre, ce rire drapé de nostalgie, dans la douce lumière indécise qui traverse les arbres de la place du Tertre. ◆Découvrir ou revivre sur http://www.tvmontmartre.com. Philippe Cochinard est disponible à : [email protected].

Marielle-Frédérique Turpaud

L’ inflexion des voix chères qui se sont tues. Poèmes saturniens, Mélancholia, 1886. « 1866. Verlaine a vingt-deux ans.

Berthe WeillLe 8 mars dernier a été apposée une plaque commémorative à la mémoire de Berthe Weill 25, rue Victor Massé Paris 9e.

C ’est en 1897, dans une minuscule boutique du 25, rue Victor

Massé que s’installe Berthe Weill.A cette époque, la rue Victor Massé était célèbre pour ses antiquaires. La galeriste fait commerce d’anti-quités puis s’intéresse peu à peu aux peintres d’avant-garde qui ha-bitent entre autres à Montmartre.Berthe Weill était assez éclectique pour avoir lancé et promu des peintres aussi différents dans leur art que Picasso, Raoul Dufy, Su-zanne Valadon ; c’est elle qui a dé-couvert Picasso et vendu ses pre-mières toiles à Paris dès 1900, des courses de taureaux. Elle a exposé aussi bien Braque qu’Emilie Charmy, Derain, Othon Friesz, Gleizes, Goerg, Gromaire, Marie Laurencin, Lhôte, «Lautrec», Mar-quet, Matisse, Metzinger, Modi-gliani, Pascin, Odilon Redon, Utrillo, Vlaminck, Valloton et combien, combien d’autres ! Si elle estimait un peintre talen-tueux, elle n’hésitait pas à l’exposer, bien souvent gratuitement. ◆ NLA LIRE : « La petite galeriste des grands artistes » par Mariane Le Morvan Edition L’ écarlate

Croquis illustrant le livre de Berthe Weill, attribué à Picasso, non signé. (Collection privée)

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Montmartreau fil des saisons

« Les bonnes années, un peu de neige vient s’installer sur la Butte. Suffisamment pour rester quelques jours pour le plus grand plaisir des Montmartrois et des touristes. C’est à celui qui trouvera le meilleur moyen pour affronter la pente. Luge, skis, snowboard et bottes fourrées, tout est bon, et ce ne sont pas les enfants qui seront les derniers à essayer.Quant aux vignes, ne dit-on pas qu’un bon manteau neigeux remplace beaucoup d’engrais ? A en juger par l’épaisseur de celui-ci, le cru 2013 du Clos Montmartre sera de grande qualité ! La chaîne du froid destinée aux commerçants ne perd évidemment pas ses droits par un froid … de canard, mais devant la difficulté de monter au sommet de la Butte en voiture, le « boulanger » préfère livrer les restaurateurs de la place du Tertre, à pied tout simplement ! En effet, le salage se concentre sur les escaliers, ce qui est une priorité absolue dans un tel contexte …Et les artistes qui font une bonne partie de la renommée de ces hauts-lieux ? Ils n’ont pas déserté la place. Les modèles (peints) affrontent les rigueurs de l’hiver en petite tenue, comme il se doit ici, sous le regard amusé des passantes peu disposées à en faire de même. »

Daniel Besson

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La Gazette de Montmartre N°48 / 17

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Comité de rédaction : Jacques Bachellerie, Sylvie Fourmond, Mélanie Moya, Nadia Laraba, Roger Dangueuger, Gilles Chiriaux, Daniel Besson, Marielle-Frédérique Turpaud.Création /Réalisation : Philippe Simon Secrétariat de rédaction : Géraldine Dujat

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Ont participé à ce numéro : Jacques Bachellerie, Sylvie Fourmond, Géraldine Dujat, Mélanie Moya, Nadia Laraba, Marielle - Frédérique Turpaud, Frédéric Loup, Catherine Loup, Charlotte Pla, Catherine Roudon, Christine Thoumieux- Ullman, Marie France Coquard, David Lerman, Daniel Besson, Vincent Lysiack.Impression : DCFA 34 allée des Soudanes 78430 Louveciennes Commission paritaire : en cours ISSN : 1626-9640

L’écosse à MontmartreÀ l’occasion du match du samedi 16 mars où la France rencontrait l’Écosse pour la clôture du Tournoi des Six Nations, c’est tout le pays du kilt et des cornemuses qui débarquait le temps d’un week-end sur la Butte Montmartre. Une parade réunissant plusieurs groupes de joueurs de cornemuses (les pipe band), a donc défilé dans tout Montmartre.Cet événement est organisé par l’Association “Un village dans Paris, Montmartre” présidée par Michel Cadin.

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18 / La Gazette de Montmartre N°48

La viedu village

disparition d’un grand

homme de spectacle

Passionné depuis son plus jeune âge par la course cy-cliste, Jacki Clerico em-brasse à 17 ans une carrière

de coureur à l’avenir prometteur. Mais petit à petit, ce cycliste che-vronné délaisse le monde de la petite reine pour tomber définiti-vement dans le monde magique du cabaret…Une nouvelle passion naît suite aux longues heures d’observation passées aux côtés de son père Jo-seph Clerico, propriétaire du Moulin Rouge et du Lido.En 1962, Jacki reprend la succes-sion de ce cabaret de légende avec dans sa tête une multitude de projets afin que cette salle de spectacle devienne LA salle de spectacle incontournable !Dès lors, ce patron ambitieux se lance dans un chantier pharao-nique et change complètement l’infrastructure de la scène, ins-talle sous celle-ci un énorme aqua-rium géant et réalise un escalier télescopique. Grâce à ces révolu-tions scéniques, Jacki Clerico, en avance sur son temps, a fait le pari audacieux que TOUS ses specta-teurs ressortent du Moulin Rouge éblouis et charmés.

Pari réussi avec la première revue réalisée sous sa houlette, « Frou Frou » qui connaîtra un succès immédiat !Depuis, par superstition, tous les noms des revues du Moulin Rouge commencent par la lettre « F » : « Fris-son », « Fascination », « Fantastic », « Festival », « Follement », « Frénésie », « Femmes Femmes Femmes », « For-midable »… un gage de réussite, une tradition qui se poursuit aujourd’hui encore avec « Féerie » ! Des revues originales créées et réalisées toujours avec la même équipe, Jacki Clerico est un pa-tron fidèle à ses collaborateurs ! Dans ses spectacles, tout est créa-tion pure : la musique, les décors, les costumes, sans oublier les chorégraphies… des mises en scène à couper le souffle réalisées de main de maître par Doris Haug et Ruggero Angeletti. « Monsieur Jacki », comme le surnomment ses employés, à l’œil expert et au phrasé à la « Gabin », est présent à chaque étape de la création du spectacle et même avant lors des décisives auditions des danseurs. Un personnage dis-cret à l’autorité naturelle qui avait pour habitude de dire haut et fort

ce qu’il pensait des candidats. Un professionnalisme et une exi-gence communicatifs qui ont fait du Moulin Rouge un cabaret sy-nonyme de glamour, de chic et de féminité dans le monde en-tier... positionnant ainsi ce cé-lèbre établissement de la place Blanche en leader mondial sur son marché avec une fréquenta-tion qui atteint les 620 000 spec-tateurs par an pour la revue ac-tuelle « Féerie ».« Féerie », la dernière création de Monsieur Jacki, est aussi la revue où il transmet le relais à son fils Jean-Jacques Clerico, au-jourd’hui Président du Moulin Rouge. Père et fils collaborent ensemble sur ce spectacle magni-fique de deux heures où, décors chatoyants, costumes somp-tueux, musiques originales, ar-tistes d’exception se mêlent pour un résultat époustouflant !Loin d’être son dernier coup de chapeau, Jacki Clerico, proche de

Jacki Clerico, l’homme grâce à qui le Moulin Rouge a retrouvé ses lettres de noblesse dès 1962, est décédé le 13 janvier dernier

à 83 ans. Homme passionné, fidèle et droit, Jacki Clerico a su transmettre à sa famille, ses amis et ses équipes, des valeurs

fondamentales devenues trop rares de nos jours.Parcourons aujourd’hui à travers ces quelques lignes une partie

de l’histoire d’un des plus grands entrepreneurs de spectacle qui a révolutionné le monde du Music-Hall !

« son » moulin comme il aimait l’appeler, portait un regard atten-tif et, soucieux de l’avenir, conti-nuait à prodiguer ses conseils en donnant les orientations straté-giques de cette grande entreprise de spectacle, notamment la pré-paration de la prochaine revue.Un homme bon et charisma-tique s’est éteint mais son souve-nir continuera à briller dans le cœur de celles et ceux qui l’ont rencontré un jour au détour de leur vie. ◆

Mélanie MOYA

Jacki dans la salle du cabaret pendant les travaux de restructuration.

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Portrait de Jacki.

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Montmartreet ses rues

Les draperies de la rue d’orsel

Je vous emmène aujourd’hui dans une des plus villageoises des rues de Montmartre, car, son sous-sol étant creux, les hautes maisons y sont rares, et ses petites boutiques lui donnent un charme tendre où il fait calme flâner.

Le terrain faisait partie de « l’Ab-baye d’en bas » des abbesses bé-nédictines de Montmartre. Vendu en bien national il fut ac-

quis par Orsel, qui en fit un lotisse-ment en 1802 modestement baptisé « village d’Orsel ». La rue principale, la nôtre, s’appelait alors rue des Aca-cias. Elle changea de nom après l’Annexion de 1860, pour éviter la confusion avec la rue des Acacias qui part de l’avenue de la Grande Armée vers les Ternes.Le numéro 2, au croisement Cli-gnancourt, est occupé par un Mac-Donald. Horreur ! allez-vous crier. Consolez-vous en levant la tête et en admirant la splendeur de la maison de 1840 qui l’héberge.En juin 1848 le peuple de Paris se soulève contre des mesures antiso-ciales de la toute jeune République. Le général Louis Cavaignac hésite puis se lance à fond dans la répres-

sion demandée par le gouvernement. La barricade entre les numéros 1 et 2 de la rue d’Orsel tiendra avec une énergie qui prépare la Commune de 1871, lancée par des « quarante-hui-tards ».Les numéros 2, 4 et 4bis furent bâtis en 1852. On s’arrête devant le joli porche arrondi de ce 4bis. Puis on est tenté de continuer… Tiens ? à côté du 4bis c’est un 1. Oui le 1 rue Livingstone qui part vers la halle Saint-Pierre, sans nous : pour suivre le méandre de la rue d’Orsel nous tournons à gauche, constatant l’ab-sence du 6, et charmés par le pan de mur qui fait l’angle. C’est un im-meuble de 1930 qui porte le nom du célèbre roman de Zola Au Bonheur des dames, qui raconte la création du grand magasin le Bon Marché par Boucicaut ; en 1869 il vendait des tissus et des vêtements, des « nouveautés », comme presque toutes

les boutiques de cette partie de la rue, d’où le clin d’œil – même si le roman se situe place Gaillon, le Bon Marché rue de Sèvres, et le Louvre, de Chauchart, autre modèle du ro-man, rue de Rivoli.Zola décrit comme personne les douceurs chatoyantes et tentantes des tissus drapés pour piéger dans leurs replis les clientes éblouies. Il faudrait sa plume pour savourer comment, en plus petit, mais avec une vraie recherche, chaque étalage de tissus de la rue attrape la lumière pour attirer l’acheteuse. Ici, la vio-lence des couleurs et des sequins brodés oriente les pas ; là la mousse neigeuse des voilages tombe en cas-cade comme une chute de glace ar-rêtée dans son élan…Avançons tout de même. Au 9, la maison de 1848 a subi les frémisse-ments du sous-sol : les deux vantaux de sa porte verte ferment mais ne se raccordent pas, comme quand on « met lundi avec mercredi » en bou-tonnant sa chemise. Les amours de fonte qui les ornent tiennent le coup.Le numéro 12 date de 1914, mais il y avait là une maisonnette témoin d’un drame. La locataire, madame Augus-tine de Launay de Villemessant, et sa fille Isoline, criblées de dettes, se sui-cident au monoxyde de carbone (poêle à charbon) le 6 mars 1847. Le retentissement fut grand car elle était la mère de Villemessant, patron de presse, futur riche propriétaire du Fi-garo (1810-1879), qui ne daigna même pas assurer une sépulture dé-cente à sa mère et à sa sœur.Au 13, une inscription dans la pierre : A.F. ORIO CONSTRUC-TEUR 1971. On lit plus souvent « architecte », mais cette inscription fait rêver…Le 14 est un petit immeuble de 133 m2 au sol, niché là.Le 15 date de 1890. Il a protégé dans sa cour, de novembre 1895 à août 1914, une cabane en planches où se

Les mille couleurs drapées des petites boutiques de la rue d’Orsel.

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faisait le journal Le Libertaire, de Sébastien Faure, qui vécut 960 nu-méros. Si Louise Michel y a écrit, elle n’y eut aucune fonction.Nous allons croiser la rue Seveste, non pas Pierre-Jacques qui reçut la patente de tous les théâtres de la Seine, hors Paris, par un décret du 10 juin 1817, et qui construisit le Théâtre de Montmartre (dont nous reparlerons), ni ses fils, mais un de leurs parents tué à la bataille de Buzenval (colonne du général Vi-noy) le 19 janvier 1871. Cette guerre peu commémorée ponctue sans cesse l’histoire de la Butte.A ce croisement, belle maison au-dessus de la pharmacie, numéro 21 au cadastre, numéro 23 à l’annuaire des téléphones, choisissez…Le 22 est de 1880, et a un minuscule cadran solaire au-dessus de sa porte. Lorsque j’y passai la première fois, l’ombre venait de l’arrêter. Une montre arrêtée, on connaît, mais un cadran solaire arrêté donne une sen-sation étrange de temps impossible désormais jusqu’au lendemain (la fa-çade est plein sud, comme tous les numéros pairs).Flânons devant de vénérables té-moins, le 24 (1850) le 25 (1890) le 26 (1830) le 27 (1890).Passons devant la rue Briquet, qui se faufile jusqu’au boulevard, puis voici le carrefour avec la rue de Stein-kerque.Là, je dois avouer que j’ai le cœur serré. Au numéro 30, la plus an-cienne maison de la rue (1790), à la place du magasin Sympa, déjà écaillé, il y avait un des plus origi-naux cafés de la Butte, le Café Montmartre, aux deux entrées déca-lées de marches, aux peintures ponc-tuées de sentences, aux chanteurs de hasard et aux réunions poétiques au sous-sol. Combien de soirées, voire de débuts de nuit, ai-je passés dans cet étrange lieu tordu ! Disparu en janvier 2011, il reste dans la mé-moire.Un coup d’œil à l’Attrape-cœur, de 2008, où les « souvenirs de Paris » pour Japonais ou Américains sont moins stéréotypés qu’ailleurs, un coup d’œil à la montée du square Louise-Michel, et continuons. Les 32 et 32bis (1875), le 37 (1880), le contraste est saisissant entre les bi-coques du village et leur rez-de-

chaussée en plastique. Un léger ef-fort d’imagination – et peut-être deux clics de Photoshop – ramènent les échoppes de bois…Heureusement les bistrots nous sauvent ! Au 32 bis, L’Anvers du décor (clin d’œil au square d’Anvers, à la verticale du lieu, et au théâtre à deux pas) a conservé (ou rétabli) l’ardoise et les tables de bois. Sans transition on passe au 40 majestueux, (1906), au 42 l’Hôtel Béarnais au balcon ou-vragé, et voilà une escale de paix et de poésie : l’Entracte, au 44, qui a gardé son sous-titre Chez Sonia et Carlos. Que de souvenirs conservés ici par Gilles Chiriaux ! de vraies palettes de peintres, encore lourdes des re-cherches de couleurs expérimentées sur leur surface rugueuse, des affiches du théâtre voisin, des photos rares de personnages montmartrois, ici un bouquet flamboyant de toutes ses branches, ici une guitare posée atten-dant de revivre, là un cadre à l’écri-ture décolorée mais reconnaissable entre toutes, celle de Bernard Dimey imaginant l’an 2000 dans ce restau-rant… Au chaud dans les tentures rouges l’hiver, au frais sur les tables dehors dès les beaux jours, c’est un entracte offert entre un drame et une farce, puisque nos vies oscillent entre les deux…Il y a une cour incroyable au 48 bis : par-dessus la grille noire on devine les maisons sages et protégées. De-vant la grille, un guéridon de bistro, avec deux chaises, venant du Café du théâtre. C’est au cordeau un dé-

cor pour Les Caprices de Marianne de Musset. Accoudé, voire avachi, au guéridon, c’est Octave, le cy-nique, qui du fond de son ivresse in-terpelle les fenêtres de la place. Der-rière la grille, qui s’écartera sobre-ment pour son passage, c’est la mai-son de Marianne, le repaire de Claudio, le rêve des sérénades de Coelio.Et de ce guéridon, Octave verrait le théâtre.Le théâtre de l’Atelier, au centre de la place Dancourt, devenue place Charles Dullin en 1957.Ce théâtre fut créé par Seveste, dont nous avons parlé, lorsqu’il reçut ce pri-vilège du roi Louis XVIII en remercie-ment d’avoir permis de retrouver les ossements de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Inauguré le 23 novembre 1822, avec des décorations de Frago-nard (le fils, mais c’est déjà ça), le Théâtre Montmartre se fit remarquer par un comédien chanteur, Hervé, qui

Montmartreet ses rues

Les tissus de la rue d’Orsel.

Dans l’Entracte Gilles le patron travaille.

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La terrasse de L’Entracte.

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y créa la première pièce chantée, Don Quichotte et Sancho Pança, en fait la première opérette. Devenu parisien par l’Annexion de 1860, le théâtre re-prenait des drames et des vaudevilles créés dans les grandes scènes des bou-levards, permettant à de jeunes comé-diens d’acquérir un métier solide, no-tamment un certain Dullin en 1905... En 1870, en plein siège de Paris, le maire du XVIIIme arrondissement, Georges Clemenceau, organisa une soirée de bienfaisance avec la troupe de la Comédie française ; et pour le repas prévu par le texte, il avait remplacé les accessoires par de la vraie nourriture, à la grande joie des comédiens.La restauration de la salle par Félix Soulié en 1907, avec La Dame aux camélias jouée par la célébrissime Sa-rah Bernhardt (1844-1923), n’empê-cha pas son déclin et sa transforma-tion en Montmartre-Ciné en 1914. On a dû, à l’époque, tonner contre ces machines modernes qui tuaient l’art du théâtre, et dire que « Mont-martre n’est plus ce qu’il était ».Et puis - car la Butte est un lieu de mi-racles – vint Maurice Robert qui dé-cida de revenir à la scène et de confier la salle à Charles Dullin, venu de chez Copeau (le Vieux-Colombier) et du Conservatoire comme professeur. Quelques essais avec sa troupe dans

des lieux improbables, puis en 1922 il arrive place Dancourt, et rebaptise le théâtre L’Atelier. Car il va décider de sortir de ce cercle infernal « mélo-vau-devilles-classiques récités-drames san-glants » auquel une salle était condam-née : il va travailler et présenter au pu-blic le résultat de ses expériences. Il ose des auteurs contemporains, Piran-dello, Salacrou, Claudel, il rénove les classiques tels l’Avare de Molière, il dé-terre le théâtre élisabéthain avec Vol-pone de Ben Jonson (créé en 1606) qui remplit sa salle d’une façon aussi totale qu’inattendue.Tous les grands noms du théâtre moderne viennent de chez Dullin, après être passés par d’autres cou-rants (Antoine, Copeau, Artaud) : de Barrault à Jean Marais, du mime Marceau à Jean Vilar, la liste est ver-tigineuse !Un autre coup de maître est de sortir (plus ou moins) de l’autre cercle vi-cieux : faire de la qualité et être en faillite financière, ou faire du gros rouge qui tache et être en faillite de son idéal. Il s’associe avec deux di-recteurs de salle, Louis Jouvet (théâtre des Champs-Elysées) et Gaston Baty (Studio des Champs-Elysées) et un directeur de troupe, Georges Pitoëff (le père de Sacha et Aniouta), et crée en 1927 « le Cartel des Quatre » à l’image du politique Cartel des gauches. Priorité au texte, audaces de mise en scène, création du métier de metteur en scène, ou-verture à tout public sans barrière

élitiste, décentralisation par des tournées en province et l’encourage-ment à fonder des centres drama-tiques dans les grandes villes, voire les villes moyennes, c’est un souffle neuf qui est soutenu par des inven-tions techniques pour les éclairages et les décors, et qui libère du natura-lisme réaliste : on le laissera au ci-néma puisqu’il devient parlant.Vint la guerre. Dullin (1885-1949) se retire en 1941 et passe l’Atelier à An-dré Barsacq (qui a sa rue à Mont-martre, comme André Antoine) : Anouilh, Félicien Marceau… Ses successeurs s’associent, à la façon du Cartel, avec Jean-Claude Houdinière (théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet). En 1999, c’est Laura Pels, Bordelaise à la carrière théâtrale new-yorkaise, qui reprend le flambeau.Assise à la terrasse du Bar de l’Atelier ou de A l’Affiche, en face, je regarde le soir envahir la place. Les balcons blancs du 48 ter, avec ses salamandres, captent encore quelques flamboie-ments. Doux soir qui ramène le mo-ment magique de la représentation. La Butte Montmartre est un théâtre qui joue pour ses comédiens, et l’Atelier est un cœur battant de passion et de beauté, posé comme un navire au quai de la rue d’Orsel. ◆

Marielle-Frédérique Turpaud,Maire de la Commune

Libre de MontmartrePatronne du théâtre L’Echelle à Coulisse

Souvenirs d’artistes à L’Entracte.

18 rue de la Tombe Issoire : le tympan est ou Jouvet à posé pour le sculpteur. Bourroux, en saint Dominique (1946).

La place Charles Dullin.

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FrélautLacourière-

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On peut parler d’un « petit coin de Turquie » sur notre butte, puisque dénommé le Panorama de Jérusa-lem, c’était l’ancien troisième étage du pavillon turc désigné

sous le nom de « Reconstitution des par-ties les plus intéressantes de Jérusalem ».Ce lieu montmartrois d’exception fut un des ateliers les plus réputés dans le monde pour son travail d’excellence concernant la gravure et l’imprimerie auxquelles s’ajouta, les derniers temps, la lithographie.

Historique de l’atelier

La renommée de l’atelier Lacourière est dûe à l’heureuse association, avant guerre, entre un groupe d’artistes au sommet de leur talent et un graveur-imprimeur, Roger Lacourière qui favorisa leur audace et leur permit de s’exprimer plus librement.Roger va aller travailler dans la mai-son d’édition fondée par sa sœur, La Roseraie, où la tradition familiale assure l’illustration et l’impression de périodiques et de catalogues de mode pour les magasins du Bon Marché. Il y rencontre des artistes, nombreux sur la Butte Montmartre, à cette époque et édite le conte Cendrillon illustré de 5 planches au vernis mou et à l’aquatinte de Jules Pascin, en 1929.En 1929, lorsque Roger Lacourière s’installe, il maîtrise déjà les techniques de la gravure en taille-douce, c’est-à-dire la gravure en creux sur métal. Fils et petit-fils de taille-douciers, Roger Lacourière a appris les techniques de la gravure dès son plus jeune âge. La fréquentation des artistes va cer-tainement orienter l’activité de Roger Lacourière de manière différente, en mettant son savoir-faire technique à leur service exclusif. Il va favoriser une alliance des artistes et des artisans qui

va devenir extrèmement féconde et qui permettra aux premiers de laisser parler leur génie créateur et aux seconds de jouer le rôle d’accompagnateurs prêts à trouver des solutions techniques aux problèmes de réalisation des œuvres à graver. C’est ainsi que l’atelier de la rue Foyatier a connu très vite le succès que l’on sait. La gravure, comme l’art culinaire, avec l’alliance des ingrédients –métaux, outils, vernis, acides, encres, papiers – donne des effets parfaitement codifiés si l’on suit bien la recette apprise mais chacun sait que c’est l’invention et le tour de main qui différencient le petit cuisinier du grand chef.Grâce à son génie inventif et à son goût de la recherche, Roger Lacourière gagne la confiance des plus grands créa-teurs de son temps et grâce à la qualité du contact qu’il avait avec les artistes, il a pu les convaincre tous de s’initier à la gravure ou de se perfectionner.Il a remis notamment en vogue la technique de gravure au sucre : l’ar-tiste travaille avec un pinceau trempé dans le vernis. Comme ils étaient tous peintres, ils se sentaient à l’aise avec ce procédé. De Matisse à Miró en passant par Braque, Dali, Picasso, Chagall ou Moore, de très nombreux artistes ont fait partie de l’aventure. Leur renom-mée a attiré de grands éditeurs d’art et très vite Roger Lacourière, “Le Patron” gagne la confiance des éditeurs Skira et Vollard qui ont donné beaucoup de travaux à effectuer à l’imprimerie.Avec Skira, il met au point le tirage de 29 eaux-fortes d’Henri Matisse pour Les Poésies de Mallarmé (1932), celui de 44 eaux-fortes de Salvador Dali pour Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont (1934) , de 21 eaux-fortes d’André Beaudin pour Les Bucoliques de Virgile (1936) et de 33 eaux-fortes et aquatintes d’André Mas-

son pour Les Conquérants d’André Malraux(1949).Avec Vollard, ce sont 17 planches à l’aquatinte de Rouault pour son œuvre Le cirque et l’étoile filante(1938), 228 gravures sur bois en couleurs de Derain pour le Pantagruel de Rabelais (3 ans de travail pour l’artiste, accompagné de 5 artisans, en 1943).

Situé près du Sacré-Cœur de Montmartre, coincé entre les escaliers de la rue Foyatier et ceux de la rue Chappe, l’atelier Lacourière-Frélaut était installé dans un ancien pavillon de l’Exposition Universelle de Paris de 1900.

Dossier L’atelier

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▲ Roger Lacourière, le fondateur de l’atelier surnommé «Le Patron» par Picasso.

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Il faut réserver une place à part à Pi-casso. Ce dernier découvrit l’existence de l’atelier un jour de 1930 : la porte était restée ouverte ce jour-là pour donner du jour aux artisans et de l’air aux vapeurs d’acides ; Picasso aperçut des presses ; alors il se renseigna sur le genre d’activités de la maison et demanda à faire la connaissance du «patron». De cette rencontre fortuite, naquit une quantité d’œuvres consi-dérable : 3 planches à l’aquatinte et au sucre pour Barre d’appui de Paul Eluard(1936), 100 planches à l’eau-forte connues sous le nom de Suite Vollard (1936-1939) et 31 aquatintes, eaux-fortes et pointes-sèches pour L’Histoire Naturelle de Buffon.L’atmosphère particulière de grande complicité entre artisans et graveurs et la personnalité originale du “patron” attirèrent encore bien d’autres artistes comme Joan Miró, André Dunoyer de Ségonzac, Marc Chagall… et bien d’autres. Elle inspira aussi un cinéaste,Jean Grémillon, qui tourna en 1954 un documentaire sur l’atelier “La maison aux images”.Joan Miró qui avait gravé sa première œuvre en 1932, illustra L’Anti-tête de Tristan Tzara de 8 eaux-fortes en 1949 et le recueil A toute épreuve de Paul

Eluard de 77 gravures sur bois en 1956.L’atelier Lacourière ne s’est pas conten-té de tirer des planches d’illustration ; il a assuré aussi l’impression d’estampes de Marc Chagall, Jules Pascin, André Masson, Léonard Foujita, Max Ernst…D’autres maisons d’édition ont travail-lé avec l’atelier Lacourière et publié des ouvrages références de la bibliographie contemporaine comme Le soleil des eaux de René Char orné de 4 eaux-fortes de Georges Braque en 1949 et Les Hain-teny, proverbes malgaches traduits par Jean Paulhan illustrés de 10 eaux-fortes en relief et à l’aquatinte d’André Masson en 1956.En 1951, Madeleine Lacourière, femme de Roger, crée un pôle édition qui lui permettra de choisir les artistes qui l’intéressent sans dépendre des éditeurs et des galeristes. Cela permet d’ouvrir l’atelier à une nouvelle géné-ration d’artistes parmi lesquels Zao Wou-Ki, Hans Hartung, Terry Haass, Pierre Soulages, Roger Bertin, Anna-Eva Bergman...En 1957, Roger Lacourière prend sa retraite et laisse la gérance de l’atelier à Jacques Frélaut, son disciple depuis 1938. Il va poursuivre l’aventure dans le même esprit, assisté de son frère Ro-bert et de sa sœur Anne.

▲ Jacques Frélaut à la presse à main .

▲ Ci-dessus et à gauche : Robert Frélaut en plein travail d’impression .

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Une nouvelle génération d’artistes découvre l’atelier : Henry Moore, Pierre-Yves Trémois, Robert Naly, Ber-nard Buffet, Pierre Alechinsky, Alfred Manessier…Buffet illustre La voix humaine de Coc-teau de 20 planches à la pointe sèche en 1957 ; en 1958, Chagall réalise 10 eaux-fortes et aquatintes pour De mauvais sujets de Jean Paulhan;Robert Naly grave 20 planches à la manière noire pour Le vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway et Trémois crée 34 planches au burin, à la pointe sèche et à l’aquatinte pour Le Cardinal D’Espagne d’Henry de Montherlant. En 1959, Picasso grave 26 planches à l’aquatinte et au sucre pour La Tauro-maquia de Pepe Illo. Sonia Delaunay illustre Juste Présent de Tristan Tzara de 8 planches à l’eau-forte et à l’aquatinte en 1961.Souvent même, l’imprimeur a tout enseigné au peintre : ainsi Hans Har-tung, Pierre Soulages et Zoran Music sont venus rue Foyatier apprendre les éléments de la gravure avant d’en deve-nir des maîtres.En 1966 Roger Lacourière meurt. Françoise Voimant, conservateur au Cabinet des Estampes de la Biblio-thèque Nationale, rue de Richelieu à Paris publie un hommage en donnant la parole à ceux qui l’avaient bien connu et aimé, comme Miró, Segon-zac, Soulages… Le poète Iliazd écrivit un merveilleux poème, chef-d’œuvre de délicatesse dans lequel nous voyons revivre dans son atelier «Rogelio La-courière, pêcheur de cuivres.»C’est en 1970 que l’atelier Lacou-rière devient officiellement l’atelier Lacourière-Frélaut et avant son départ, Jacques Frélaut organise une grande ex-position rétrospective au Musée d’Art Moderne de Paris, de mai à octobre 1979.En 1980, son frère Robert perpétue la tradition de la maison. La réputation de l’atelier ayant franchi les frontières, de jeunes graveurs arrivent d’Europe, des Etats-Unis, du Canada et d’Austra-lie ; des artistes comme Béalu, Ubac, Calder, Dado, Olivier Debré, Monique Frydman travaillent à l’atelier.En 1991, a lieu la publication du livre de Zoran Music Nous ne sommes pas les derniers illustré de planches à l’eau-forte de l’auteur.En 1993, Denise Frélaut, fille de Jacques prend la direction des éditions et son neveu Luc Guérin, entré dans l’atelier en 1974, devient l’héritier du savoir-faire de ses oncles.Avec Robert, Denise assure l’organisa-tion d’un «Hommage à l’atelier Lacou-

rière-Frélaut» présenté dans 5 musées nationaux du Japon. Une nouvelle collection de livres petit format est lancée avec des graveurs de styles différents qui arrivent à produire des images très contemporaines.En 2000, un espace d’exposition est ouvert au sein de l’atelier et une presse lithographique est installée. C’est Tho-mas Marin, petit-fils de Jacques Frélaut qui gère cet atelier. Thomas a appris son métier de lithographe durant 9 ans et en 1998 il a reçu le Grand Prix des Métiers d’Art de la Ville de Paris.Le marché de la gravure, devenu confi-dentiel, il n’y a plus de grands éditeurs de livres illustrés ; beaucoup d’artistes éditent à leur compte et impriment à leurs frais sans avoir la garantie de vendre ; de plus, les galeries sont de moins en moins nombreuses et le mar-ché est en déclin depuis le début des années 90. Une telle conjoncture à laquelle se sont ajoutés des glissements de terrain de la Butte Montmartre, entraînant des tra-vaux colossaux, oblige l’atelier Lacou-rière-Frélaut à fermer ses portes. Ses presses historiques, monstres de fer et d’acier, ont dû quitter notre quartier.Une riche page de l’histoire artistique de Montmartre est tournée au milieu d’une indifférence quasi-générale de nos élus et de tous les Montmartrois.Pour compléter cet article j’aimerais rendre hommage à Terry Haass, une grande artiste internationale instal-lée dans notre quartier en 1963, qui travailla à l’atelier Lacourière et que j’ai pu rencontrer dans son atelier-ap-partement de la rue Lamarck. C’est grâce à Chantal, une amie amoureuse de Montmartre et très impliquée dans la vie associative de notre quartier que cette visite très enrichissante eut lieu.

Terry de Montmartre

Terry Haass fait indéniablement partie des graveurs modernes exceptionnels, et sa maîtrise de la technique de l’eau-forte est particulièrement admirable. Travail sur la lumière, le temps et l’es-pace. Bien que parfois qualifié d’abs-trait, l’art multidisciplinaire de Terry Haass est baigné d’une grande spiri-tualité. Artiste cohérente,Terry Haass a été une femme au parcours singulier et au caractère bien trempé menant une vie libre, indépendante et s’impliquant dans bien des causes humaines et soli-daires jusqu’à aujourd’hui. singulier, TerryTereza dite Terry Haass est née à Cesky Tesin en Tchécoslovaquie, en 1923.

▲ Terry Haass

Dossier L’atelier Lacourière-Frélaut

▲ Gravures de Terry Haass à l’aquatinte (de haut en bas et de gauche à droite : Fluide astral, Inanna 7, Sculpture monumentale, Interspatial).

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Comme tous les enfants, la jeune Te-reza a toujours dessiné. Partie à Milan avec sa maman, c’est dans l’église Santa Maria delle Grazie où Léonard de Vinci a peint la fresque de La Cène que Tere-za se voit dans un autre monde qu’elle trouve merveilleux et sait à cet instant qu’elle marchera dans cette direction-là mais elle ignore encore ce qui sortira d’elle un jour. À la fin des années 30, elle fuit son pays et le nazisme. Arrivée à Paris avec sa famille, en 1939, malgré son jeune âge, elle passe le concours des Beaux-Arts. Reçue, elle y fera des études d’art et d’histoire de l’art. Dans le même temps, elle crée pour Le Jardin des Modes , magazine mensuel féminin, des mo-dèles de robes pour enfants et entrée à l’Académie de la Grande Chaumière, elle dessine d’après modèle et découvre l’art abstrait et géométrique.Sa famille fuit l’avancée nazie et part vers le Sud, sous les bombardements allemands, triste et terrible souvenir.En 1941, c’est le départ vers les Etats-Unis qui la conduira à New-York : “pour gagner quelques sous, je dessinais le président tchécoslovaque Masaryk d’après un timbre qui le représentait

avec sa fameuse casquette ; j’exécutais des portraits et les gens de la commu-nauté tchèque me les achetaient.”La jeune femme reçoit une bourse d’étude de l’Arts Students’s League. “Là, j’ai appris à imprimer les gravures ; nous étions des “artistes” ; pour être heureux, l’être humain n’a pas besoin de beaucoup d’argent ; il nous suffisait d’avoir un travail qui nous plaisait. ”En 1943, elle voulut exposer dans une galerie new-yorkaise, deux gravures sur bois réalisées à partir de sculptures du Musée des Cloisters ; mais elle se heur-ta à un refus, parce qu’elle était une femme. ”Allez vous faire voir”, se dit-elle. “Sans me décourager, je change mon prénom Tereza en Terry et avec cette astuce, je peux travailler dans les mêmes conditions que les hommes ; un an plus tard mes œuvres figurent dans une exposition d’artistes masculins et je reçois une lettre de remerciements du galeriste au nom du Révérend Père Terry Haass. ”Terry vivra à New York jusqu’en 1951. C’est dans l’Atelier 17 de Stanley Wil-liam Hayter, qu’elle travaillera auprès de Will Barnet, Zadkine ou Calder. Elle enseignera également les arts gra-

▲ Hans Hartung, célèbre peintre graveur qui était un grand ami de Terry Haass.

Les techniques de la gravureGraver consiste à dessiner sur un objet en creusant, ou en incisant sa surface. Dans la plupart des cas, la gravure est transposée, après encrage, sur un support tel que le papier.

En gravure, il existe deux grands procédés :

La gravure en relief : les spécialistes parlent de taille d’épargne ; la planche est creusée partout où l’impression ne doit pas avoir d’effet ; le dessin seul est conservé au niveau initial de la surface de la planche, il est épargné » C’est la technique employée pour la gravure sur bois ou la linogravure.

La gravure en creux : appelée aussi taille-douce. Elle se pratique le plus souvent sur métal, en particulier sur cuivre, mais aussi sur zinc, laiton, acier...

L’artiste graveur, à partir du procédé de la gravure en creux peut donc créer des œuvres multiples en utilisant divers outils et divers matériaux.

Le burin est le nom de la technique et de l’outil employé par le graveur, une lame d’acier de section carrée, coupée en biseau. Le buriniste pousse la lame dans le métal, dégageant des copeaux, il creuse des tailles nettes, sans rebord, d’une finesse et d’une profondeur variables. Le travail au burin est long et minutieux, il demande une certaine technicité et l’artiste doit mesurer son geste.

La pointe sèche est le nom d’une technique et de l’outil qui permet sa réalisation.

Maniée comme un crayon, la pointe sèche déchire le métal. Le creux est bordé de barbes qui prennent l’encre autant que les creux et donnent au trait un aspect velouté.

L’eau forte est une gravure en creux indirecte : la matrice est creusée chimiquement. Le graveur dessine sur une plaque vernie, à l’aide d’une pointe métallique qui met le métal à nu mais ne l’atteint pas. La plaque est plongée dans l’acide qui attaque le métal non protégé par le vernis.

L’aquatinte : le graveur saupoudre de grains de résine la plaque qui est ensuite chauffée ; la résine adhère, puis les grains durcissent et forment autant de petits points résistants. Le métal est creusé à l’acide autour de ces grains. Ce procédé est généralement associé à l’eau-forte, un vernis protégeant les parties non grainées.

On peut encore utiliser les techniques du vernis mou, du sucre, de la manière noire …

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phiques au Brooklyn College et au New York City College. Elle rencontre de nombreuses personnalités de l’art moderne : Joan Miró, André Masson, Yves Tanguy, Jackson Pollock, Willem de Kooning et bien d’autres encore. Ayant obtenu une bourse des fon-dations Fullbright et Woolley pour l’étude de la gravure, elle rejoint Paris en 1951. Là, elle entreprend ses recherches dans le célèbre atelier Lacourière-Frélaut, travaillant dans un foisonnement d’ar-tistes dont Miró, Chagall, Masson et Picasso. “J’ai travaillé durant 25 ans dans ce lieu mondialement connu ; j’ai fait ici des aquatintes ; qu’est-ce que ça sentait bon ! J’aime cette odeur d’atelier… J’ai vu des grands maîtres travailler ; certains très gentils comme Buffet ou Dunoyer de Ségonzac ou d’autres désa-gréables comme Mathieu. J’ai beau-coup apprécié Robert Nally.Un jour Picasso est venu, je ne le voyais pas, mais tout-à-coup j’ai senti que quelqu’un était là et que, dans mon dos, il me regardait travailler… Je me suis retournée, j‘ai vu un homme

plus petit que moi, et c’était Picasso ! Alors, je me suis profondément incli-née devant lui et puis j’ai continué à travailler. Qu’est-ce que fait la petite classe, me dit-il ? Puis il est reparti vers sa table de travail... Ses plaques de cuivre étaient grandes, les miennes toutes petites. Une autre fois lors de l’impression de l’une de ses gravures de La Tauroma-quia est apparue une petite tache noire au milieu de l’arène ; l’imprimeur lui a demandé s’il fallait l’enlever. Et Picasso lui a répondu : non, c’est un caca de Dieu !…”Terry se lie d’amitié avec Hans Hartung et Anna-Eva Bergman qui l’influence-ront par leurs travaux comme par leur personnalité ; le couple l’encourage à voyager en Europe du Nord et la dé-couverte de cette nouvelle morpholo-gie de paysages baignés d’une lumière différente inspirera durablement son œuvre.Parallèlement, Terry Haass étudie l’ar-chéologie mésopotamienne à l’Ecole du Louvre et obtient son diplôme d’archéologue. “Je savais bien que je ne vivrai pas que de mon art. Et que je devrai avoir à côté un autre gagne-pain, alors j’ai fait de l’archéologie. ”À ce titre, elle participera pendant plusieurs années à d’importantes cam-pagnes de fouilles archéologiques au Moyen-Orient en Israël, Turquie, Li-ban, Afghanistan et Iran.À partir de 1971, elle se consacre en-

tièrement à son art et se tourne vers la sculpture en utilisant tour à tour le plexiglas et l’acier. Dès 1979, elle réalise monotypes, col-lages et sérigraphies, participe à l’aven-ture du livre illustré moderne et crée de nombreuses sculptures de grandes dimensions. Les oeuvres de Terry Haass sont pré-sentes dans une quinzaine de grandes collections privées et dans plus de vingt musées de renom international : MOMA, Metropolitan Museum, Mu-sée Guggenheim à New-York, Carne-gie Institute, Centre Pompidou, Musée d’art moderne, Grande Bibliothèque de France, Kunst Museum de Bâle, Victoria et Albert Museum, à Londres, Israël National Museum...Mais le havre de cette artiste prisée, c’est Montmartre ! Elle y a élu domi-cile depuis 1963, quand elle a obtenu la nationalité française.De nos jours, toujours active, pleine de vie et l’esprit plein de projets, Terry Haass apprécie toujours son quartier de Montmartre.“J’ai de la chance d’avoir des amis dans mon immeuble. Chaque fois qu’ils restent pour le dîner, je suis très heu-reuse. Ils me racontent leur vie et je suis contente quand je peux les aider… La paix intérieure vient avec le travail. Ici, je peux partager mon expérience avec les gens qui aiment mon travail, alors je suis heureuse.Mais je ne tra-vaille pas pour améliorer le monde, ça non !...Aujourd’hui je me suis réveillée à cinq heures du matin en pensant à une sculpture que je veux réaliser. J’ai ré-fléchi à cela ; voyez-vous, on ne s’arrête jamais !...Je n’ai pas du tout peur de la mort, seulement je ne voudrais pas être un fardeau pour les autres. Je pourrais craindre cela, mais je n’y pense pas, je suis trop occupée…Grâce à la France, je me suis épanouie, grâce à la France, j’ai appris le métier d’artiste, grâce à la France, j’ai fait des études d’archéologie. Donc je lui dois beaucoup - à la France – et je suis heu-reuse et reconnaissante maintenant, de pouvoir mener une vie paisible. Mais pour cela j’ai dû travailler dur.”En novembre 2009, dans le restaurant Au clocher de Montmartre de son amie et voisine Chantal, Terry Haass a sou-haité vendre une partie de ses propres gravures, gouaches, et lithographies, encore en sa possession, au profit de l’Association Ste Geneviève - St Fer-dinand des Ternes qui oeuvre pour le logement des personnes vivant dans la précarité pour un projet de création de

Dossier L’atelier Lacourière-Frélaut

▲ Pierre Soulages (à gauche) assisté de Robert Frélaut.

▲ Henri Moore signe ses gravures avec Anne Frélaut.

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pension de famille dans le XVIIème arrondissement, afin de resocialiser des personnes seules en situation de préca-rité, grâce à un logement décent et un accompagnement socio-psychologique prolongé. Une grande dame, Terry Haass !Un très grand merci à Terry de nous avoir reçus dans son atelier-apparte-ment en cette fin d’après-midi hiver-nal par un magnifique coucher de soleil sur Paris avec à nos pieds l’ancien atelier de gravure Lacourière-Frélaut qu’elle a tant aimé, où elle a réalisé des aquatintes remarquables et cotoyé des maîtres qu’elle n’a pas oubliés. Ce fut pour moi un immense plaisir de rencontrer cette belle personne au grand cœur.

Terry Haass une femme exceptionnelle à la vie exceptionnelle !Remerciements à Denise Frélaut, Terry Haass et Chantal qui m’ont apporté leur aide dans la réalisation de ce travail ainsi qu’un très grand merci à Sophie Villoutreix-Brajeux, graveuse contem-poraine qui m’a fait connaître et appré-cier cet art. ◆

Jacques Bachellerie

Roger Lacourière à la presse devant un tirage de Picasso.

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Notre itinéraire à travers un dédale de rues étroites et d’escaliers s’achèvera peut-être par les marches de la rue

du Calvaire et la place du Calvaire.

Montmartre, un calvaire, vous dis-je !

Mais, tous les Montmartrois savent-ils d’où provient cette toponymie de “calvaire” employée pour désigner trois lieux de notre quartier : la rue, la place et le cimetière du Calvaire ? C’est à un véritable calvaire érigé au début du XIXème siècle dans le jar-din de l’église Saint-Pierre que ces trois lieux doivent leur nom.Dans la religion catholique, le Cal-vaire, connu aussi sous le vocable de Golgotha, désigne la colline au nord de Jérusalem où Jésus de Na-zareth a été crucifié. Le terme Gol-gotha vient des mots araméen “gul-golta” et hébreu “gulgôlet” signi-fiant “crâne” : la tradition affirmait que le crâne d’Adam y était enterré.

origine et histoire du Calvaire de Montmartre

Au début du XIXème siècle, l’abbé Bertherand de Long-Prez, ancien prieur des Prémontrés, devenu curé de Montmartre, voulut avoir à l’in-térieur de son église, pour attirer les pèlerinages sur la Butte, un Che-min de croix analogue à celui qui, avant la Révolution, se trouvait sur le Mont-Valérien et qui attirait beaucoup de pèlerins parisiens.En 1805, le curé de Saint-Pierre de Montmartre obtint du pape Pie VII, alors en visite à Paris, des in-dulgences importantes “pour tous ceux qui pratiqueraient des pèleri-nages à Montmartre et qui prie-raient Dieu avec piété pour la concorde entre les princes chrétiens, pour l’extirpation de l’hérésie et pour l’exaltation de l’Eglise”. Voilà

un programme qui n’était pas sans rappeler l’Inquisition !Ce premier Chemin de croix de neuf stations fut installé à l’inté-rieur de l’église et peint par l’abbé Dubois, prêtre anglais retiré à Montmartre.Le succès de cette entreprise fut fort mitigé puisqu’en 1833 l’abbé Ottin, alors curé de Saint-Pierre de Mont-martre, décida d’ériger un autre Chemin de croix, dans le jardin au-tour de la vieille église.L’abbé Ottin obtint du pape Gré-goire XVI, des indulgences nou-

velles afin d’attirer les foules au sommet de la Butte aux deux fêtes religieuses célébrées les 3 mai et 14 septembre ainsi que durant les huit jours qui suivaient chacune de ces deux fêtes. L’abbé Ottin acheta donc, autour de son église, un morceau de terrain de l’ancienne abbaye sur lequel il fit ériger un Chemin de croix ainsi qu’un Calvaire qui existe encore. Le Chemin de croix comptait neuf sta-tions et se composait de bas-reliefs de plâtre dûs à Courtin et placés sur des autels abrités des intempéries.Trois grandes croix furent dressées sur un rocher factice sous lequel une grotte fantaisiste fut aménagée en chapelle souterraine rappelant le Saint-Sépulcre de Jérusalem. La grande croix centrale pourrait pro-venir de l’ancien Calvaire du Mont-Valérien.Malgré tous ces travaux qui coû-tèrent fort cher, les pèlerins ne vinrent pas aussi nombreux que prévu et, très vite, l’abbé Ottin se trouva aux prises avec des embarras financiers considérables. Pour y faire face, il créa l’œuvre du Calvaire qui reçut du pape, en 1842, de nouvelles indulgences et qui publia une Histoire de Mont-martre rédigée par Dominique-Jacques-Fernand Chéronnet, mo-deste employé de papeterie.Le soutien pontifical et l’érudition

Montmartreinsolite

Il était une fois... Le calvaire de MontmartreGravir la Butte Montmartre, que l’on soit touriste ou Montmartrois, lorsqu’il n’y a pas de Montmartrobus en raison des conditions climatiques ou à cause des encombrements, est un véritable calvaire surtout si l’on a les bras chargés de paquets de courses ou de lourds bagages et si, en plus, on commence à subir le poids des ans. Comme on dit, Montmartre ça se mérite !

▲ Une procession au Calvaire de Montmartre en 1806 (estampe de la B.N.)

▲ Chapelle souterraine creusée et aménagée dans le monticule du Calvaire.

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locale ne purent rien pour le bon curé Ottin. Plus imprudent que malhonnête, il avait acculé la pa-roisse à la faillite et dut donner sa démission. Retiré à Paris, très af-fecté par son échec, il mourut dans la solitude et l’oubli.Toute la publicité faite autour de l’abbé Ottin et de son “œuvre du Calvaire” finit par cristalliser l’at-tention sur Montmartre et les pèle-rinages retrouvèrent, sous le Second Empire, un succès qui ne s’effaça qu’à la fin du XIXème siècle, avec l’érection de la nouvelle Basilique.

Le Calvaire et le Chemin de croix aujourd’hui

Le Calvaire dresse ses trois croix sombres face à la blancheur des pierres de la Basilique. Il se situe juste à côté du cimetière du Calvaire,

le long d’une petite rue animée de marchands de souvenirs.Au printemps, le monticule de ro-caille sur lequel sont érigées les trois croix se pare de fleurs sauvages vi-vaces aux teintes chatoyantes.Le Calvaire est dans un état pi-toyable : le Christ et les deux lar-rons Dismas et Gestas ont très mal résisté aux attaques du temps et des intempéries. Faits de ciment armé, certains mor-ceaux de leurs membres se sont déta-chés et ici et là apparaissent des tiges de fer rouillé faisant penser à d’éton-nantes prothèses fantasmagoriques.

Au centre du Calvaire, le Christ in-cline sa tête vers sa droite pour ac-cueillir et écouter les paroles et les prières du bon larron Dismas qui a le visage presque détendu, ouvert et souriant. Sur la gauche du Christ, le mauvais larron Gestas se détourne du supplicié dont il vient de se mo-quer. Son visage est tourmenté et ne regarde ni l’église ni le Christ. Il se tourne vers l’extérieur, du côté de la rue du Chevalier de la Barre, rue qui, coïncidence ou pas, porte le nom d’un jeune homme torturé, au XVIIIème, pour n’avoir pas salué une procession du Saint-Sacrement.Devant les trois croix, est installé un autel ; dans la chapelle souter-raine creusée sous le monticule se trouve un autre autel avec, dessous, une niche dans laquelle était déposé un haut-relief du cadavre du Christ dans son linceul.Les bas-reliefs de plâtre des stations du Chemin de croix, vu leur état lamentable ont été déposés depuis les années 90 et attendent toujours une restauration.Il serait bien que les Montmartrois –comme ils l’ont déjà fait pour leur musée- et tous les amoureux de l’his-toire et du patrimoine de notre Butte

▲ Quelques parties très abîmées par les intempéries

se mobilisent afin d’obtenir que le Calvaire et le Chemin de croix soient restaurés au plus vite. Toutes les aides financières –Mairie de Pa-ris, Ministère de la Culture, mé-cènes privés- seraient les bienvenues, avant qu’il ne soit trop tard. ◆

Jacques Bachellerie

Un très grand merci au Père Patrice Sonnier, prêtre de la paroisse Saint-Pierre de Montmartre qui m’a permis d’effectuer des prises de vue du Calvaire et du Chemin de croix.Sources : Montmartre de Jean-Marc Léri et Clément Lépidis - Editions Henri VeyrierMontmartre de Paul Lesourd - Editions France-Empire

▲ Les trois croix de bois supportant le Christ et les deux larrons Dismas et Gestas.

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Cela ne commence pas sous les meilleurs auspices. Dès le 6 septembre 1936, il a 3 jours, la carriole le conduit en nourrice

depuis Flers dans l’Orne, où il vient de naître, jusqu’au village de Rouellé. Il y restera jusqu’en 1944, tandis que sa mère Juliette, la-vandière à domicile, est seule pour l’élever. Son enfance, c’est les 5kms quotidiens pour aller à l’école enfantine, les engelures aux pieds dans les sabots en bois qui mettent les chevilles en sang. Dans un sac, deux tartines de gros pain collées, sur l’une un bout de fro-mage, sur l’autre une couche de beurre avec du cacao Poulain. Le tout arrosé de l’eau bue à même la fontaine. C’est la guerre, cette ré-gion normande est le théâtre de combats d’une terrible violence. Les avions sillonnent le ciel dans les hurlements et les éclairs de la DCA. Tout près de lui, des résistants font ex-ploser des mines. On se cache dans des tran-chées recouvertes de branchages pour échap-per aux bombardements qui se multiplient jusqu’à la Libération. La maison de sa mère est rasée en juin 1944 et la ville de Flers sinis-trée à 80% . Avec sa maman le petit Claude se réfugie à Saires la Verrerie, un hameau de 150 âmes. Juliette décédera en 1988 à l’âge de 88 ans. A 14 ans, le certificat d’études en poche, il est placé à la ferme chez Renée et Léon, des paysans accueillants. Mais Claude se rend compte qu’il restera un commis de ferme sans avenir. Alors à 17 ans, il choisit le noble métier de cuisinier et part en apprentis-sage à la Ferté Macé dans le célèbre restau-rant triple étoilé Le Grand Turc. Le patron n’est autre que Gaston Meillon, Sénateur- Maire et Président du Conseil Général. Tra-vailleur, dur à l’ouvrage, ne se plaignant ja-mais, Claude obtient son CAP en 1955. Mais cette fois c’est la guerre d’Algérie. En 1956, il est appelé sous les drapeaux et envoyé en Pe-tite Kabylie. Pendant 28 mois, les attaques sont quotidiennes, des copains de chambrée tombent à côté de lui. A son retour, Gaston Meillon, qui avait re-marqué ses qualités, le recommande afin qu’il monte à Paris perfectionner ses connaissances. Voici donc Claude sur la Butte en 1959. Il ne quittera plus la capitale et travaillera, comme Chef de partie ou

Un parcours sous le signe du devoir et de l’amour du travail bien fait qui mérite d’être mieux connu

offert par le paysan voisin ! Sans oublier les semis de bégonias, œillets d’inde pour les parterres de la Paroisse de Saint- Pierre.Claude confie qu’il a toujours été « un fou du bio » et a animé des stages de formation en diététique. Pour lui, les jeunes se nour-rissent trop mal avec de mauvais aliments. Il s’insurge sur ces légumes sous vide traités à l’azote et des conservateurs chimiques dan-gereux pour la santé.Une seconde passion que partagent Claude et Gisèle, celle des voyages en France, en Europe et dans le monde avec une attirance toute particulière pour l’Asie.A raison de deux voyages par an, ils ont sil-lonné la plupart des pays d’Europe et adoré Rome ; c’est aussi la Russie, la Turquie, l’Egypte, les USA, le Canada, le Mexique, le Viet-Nam, le Cambodge, le Japon, la Thai-lande, la Chine, l’Inde, le Népal et j’en ou-blie….Un enthousiasme que Claude sait communiquer quand il décrit les coutumes, les civilisations, la beauté des paysages et des merveilles architecturales! Réservé, discret, Claude vous accueille ami-calement. Un regard bleu malicieux auquel rien n’échappe. Attentif aux autres, son es-prit curieux est toujours en éveil tourné sur le monde et ceux qui nous entourent. Mais ne nous y trompons pas, derrière un sourire affable un peu narquois se cache un homme volontaire, perfectionniste, exigeant. Il a connu deux guerres qui l’ont marqué mais n’ont pas entamé sa détermination. A la dure école de la vie il a appris à compter et s’avère un gestionnaire avisé, un organisa-teur efficace.Sa formule pourrait être « du travail, encore du travail, toujours du travail et de la créati-vité ». Pour lui on ne s’écoute pas mais on sait écouter les autres.Député de la République de Montmartre de longue date, il en applique scrupuleusement la devise « Faire le bien dans la joie ».Sa modestie naturelle dut elle en rougir, force est de reconnaitre que Claude réunit les qualités et les valeurs bien montmar-troises que sont le travail, l’authenticité et le cœur. ◆

Marie-France Coquard

Chef dans les plus grandes maisons dont le Windsor et le Crillon. Curieux de tout, à chaque fois, il veut acquérir de nouvelles pratiques, d’autres spécialités. Observer, ap-prendre toujours plus, transmettre ses sa-voirs , tel est le fil conducteur de sa vie. Cela le conduira à exercer les responsabilités de Chef d’un restaurant d’EDF-GDF avec 450 couverts / jour au déjeuner. En 1964, Claude épouse Gisèle rencontrée à Montmartre, toujours à ses côtés, attentive et dévouée. Deux filles, Christelle et Natha-lie, naîtront de leur union.A la Croix du Combattant, s’ajoutera la mé-daille du Travail quand il prendra sa retraite au terme de plus de 4o ans d’activité.1983 : Après le 17ème arrondissement , c’est le retour définitif à Montmartre pour Claude et Gisèle. Tous deux amoureux de la cuisine faite avec de bons produits de qualité, depuis 30 ans, ils y accueillent famille et amis autour de plats succulents. Mais d’autres encore, et pas des moindres, y ont franchi leur porte ; entre autres Woody Allen, André Rieu, Jane Manson, Yves Mourousi…. Sans Claude et Gisèle et grâce à la contribu-tion active d’Alain Juppé et d’André Rous-sard, ajoute t- il, le Syndicat d’Initiative de Montmartre (ex du Vieux Montmartre jusqu’en 1984) n’existerait pas aujourd’hui dans cet emplacement exceptionnel qui contribue au rayonnement, à la promotion de Montmartre et au-delà…. En France et dans le monde. N’oublions pas que le dépliant du Syndicat d’Initiative de Montmartre est tra-duit en six langues afin d’accueillir onze mil-lions de touristes par an sur la Butte.

deux passions l’animent : Mais quand il ne cuisine pas, que fait donc Claude, ce travailleur infatigable dur au tra-vail pour lui et pour les autres ?Le jardinage dans le calme de la maison fa-miliale aux confins de la Beauce, du Perche et de l’Orléanais. Sa fierté, ses 120 kgs de tomates par an qu’il distribue généreuse-ment autour de lui . Et puis également cette tomate de 990 grammes, résultat de ses soins attentifs conjugués à 6 m 3 de fumier

Montmartredes Montmartrois

Claude le montmartrois

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