tel: 09-7u9-03. - angel eyes clairaudient prince vierge gb6 roman 1931 lacle bazainvillegb1 1...

68
GEORGES BARBARIN Nouvelle Edition LES AMIS DE GEORGES BARBARIN Les Ouches ROMENET 18150 GERMIGNY L'EXEMPT Tel: 09-7U9-03..42 Mel: [email protected] www.georgesbarbarin.com

Upload: hoanghanh

Post on 17-Apr-2018

218 views

Category:

Documents


2 download

TRANSCRIPT

GEORGES BARBARIN

Nouvelle Edition

LES AMIS DE GEORGES BARBARINLes Ouches ROMENET

18150 GERMIGNY L'EXEMPTTel: 09-7U9-03..42

Mel: [email protected]

TITRE ANNEERetEDITIONSGENREDE LA ROSE A l'ARTICHAUT

1926GB1Flammarionpoésiel'AMOUR et LA MER

1926GB2Prix de la FemmeromanLE UVRE DE l'EAU

1927GB3FlammarionnatureLE PERE POU

1926GB4FlammarionhumourARMIE

1929GB5FlammarionromanlE PRINCE VIERGE

1931GB6FlammarionromanLACLE

1935GB1Bazainville 1AstraspirituelJESUSA DE GUiPUZCOA

1936GB8Calman-lévyromanLA VIE AGITEE DES EAUX DORMANTES

1936GB9 StocknatureLE SECRET DE LA GRANDE PYRAMIDE

1936GB10Adyar 1J'ai LuésotériqueLE lIVRE DE LA MORT DOUCE

1937GB11DanglesspirituelQU'EST CE QUE LA RADIESTHESIE ?

1937GB12 PlonésotériQuel'INVISIBLE ET MOI

1936GB13Courrier du LivrespirituelLA DANSE SUR lE VOlCAN

1936GB14 AdyarésotériQuelE REGNE DE LA BETE

1939GB15La SourceriesociétéLE REGNE DE l'AGNEAU

1939GB16J.Olivenl AGBspirituelLASORCIERE

1939GBl1Calman-LevyromanDIEU EST Il MATHEMATICIEN?

1942GB18 AstraésotériQuelES CLES DE LA SANTE

1942GB19Courrier du LivrespirituellES ClES DE l'ABONDANCE

1943GB20DanglesspirituellES ClES OU BONHEUR

1943GB.21Courrier du Livrespirituell'INITIATION SENTIMENTAlE

1944GB22NiclaussociétéFRANCE ,AllE AlNEE DE l'ESPRIT

1945GB23J.Olivensociétél'ENIGME DU GRAND SPHINX

1946GB24Advar 1J'ai LuésotériQueL'AMI DES HEURES DIFFICILES (le livre de chevet)

1946GB25Du RoseauspirituellES DESTINS OCCULTES DE l'HUMANITE

1946GB26 AstraésotériQueJE et MOI

1947GB21Du Roseauspirituell'OEil DE LA TEMPETE

1947GB28AillaudvécuIl Y A UN TRESOR EN TOI

1949GB29Omnium 1 AGBspirituelDEMANDE ET TU RECEVRAS

1949GB30Niclaus 1AGB ..spirituelCOMMENT VAINCRE PEURS ET ANGOISSES?

1949GB31DaflQlesspirituelQUI SERA LE MAITRE DU MONDE?

1949GB32 ErmiteésotériqueAFFIRMEZ ET VOUS OBTIENDREZ

1950GB33DanglesspirituelLE JEU PASSIONNANT DE LA VIE

1950GB34Astra 1 Dangles!spirituelA TRAVERS LES AlPES FRANCAISES

1950GB35 ErmitenatureAPPRENEZ A BIEN PARlER

1950GB36NictaussociétéVIVRE DIVINEMENT

1950GB31Du Rocherspirituell'APRES-MORT

1951GB38Du RocherésotériQueCOMMENT ON SOULEVE lES MONTAGNES

1951GB39Danales/AGBspirituelLES DERNIERS TEMPS DU MONDE

1951GB40 DervyésotériqueLA VIE COMMENCE A50 ANS

1953GB41AubanellDanalessociétéSOIS TON PROPRE MEDECIN

1953GB42Amour et vie 1AGBsociétéLA REFORME DU CARACTERE

1953GB43NiclaussociétéPETIT TRAITE DE MYSTICISME EXPERIMENTAL

1954GB44Niclaus 1AGBspirituell'OPTIMISME CREATEUR

1954GB45DanglesspirituelDIEU EST Il TOUT PUISSANT ?

1954GB46 AstraésotériQuePARIS EN ZIG ZAG

1954GB66AuteursociétéLA GUERISSON PAR LA FOI

1955GB41AubanelspirituelRECHERCHE DE LA N ieme DIMENSION

1955GB48 AdyarésotériqueGUIDE SPIRITUEL DE l'HOMME MODERNE

1955GB49 NizetspirituelPETIT CATECHISME DU SUCCES

1956GB50Astral AGBspirituellE SCANDAlE DU PAIN

1956GB51 NizetsociétéREHABIUTATION DE DIEU

1957GB52 AstraspirituelLA NOUVelLE CLE

1956GB53Du Roseauspirituel20 HISTOIRES DE BETES

1959GB54Crepin-LeblondnatureLES REINCARNATIONS DE DORA

1960GB55FlammarionromanlE PROBLEME DE LA CHAIR ou l'énigme sexuelle

1961GB56NiclaussociétéVOYAGE AU BOUT DE LA RAISON

1962GB51Aaed'orspirituelFAITES DES MIRAClES

1963GB58Niclaus 1AGBspirituelLA FONTAINE DE JOUVENCE

1963GB59Aubanel 1 AGBspirituelLE SEIGNEUR M'A OIT

1963GB60Age d'orl AGBspirituellE CAlENDRIER SPIRITUEL

1964GB61Age~or/AGBspirituelLE OOCTEURSOI-MEME

1964GB62Aubanel 1AGespirituellE PROTECTEUR INCONNU

1966GB63Astra/ AGBvécuSOIS UN AS

1966GB64Aubanel/AGBspirituelJ'AI VECU CENT VIES

1966GB65J.MeyerésotériqueDIEU MON COPAIN

2002GB68 AGBspirituel

"2

OUVRAGES de Georges BARBARIN édités actuettementTARIF Jan 2008 disponible en librairie, à l'association ,et lou famille de l'auteur

TitresEditions ASTRAlacléEditions COURRIER DU LIVREl'Invisible et Moi tles Clés de la Santéles Clés du BonheurEditions DANGlES 1DG DiffusionComment vaincre peurs et angoissesl'Optimisme Créateurla Vie commence à 50 ansAffirmez et vous Obtiendrez

A!-(..f_~llQll;·VP'ltlQ.p·c...."Faites des Miracles

Demande et tu recevras car Il y a un Trésor en toiSois ton propre Médecin, le Docteur Soi MêmeClé du Succès

Le Mysticisme expérimentalDieu mon copain (inédit)Le Jeu Passionnant de la Vie

Calendrier SpirituelComment le PROTECTEUR INCONNU devint l'AMI

Vous êtes jeunes mais vous ne le savez pasLe règne de l'Amour (ex le règne de l'agneau)Le Seigneur m'a ditComment on soulève les montagnesSois un As

LIVRET: résumé du site sous plastique 40 p. avec PhotosLa guérison par la foi

FAMILLE DE L'AUTEUR (fin de série)L'Après Mort grand formatVivre avec le Divin (ex Vivre Divinement)Le Livre de la Mort DouceLa Nouvelle Clé

Le livre de chevet (l'ami des heures difficiles)Je et MoiJ'ai Vécu 100 Vies *Voyage au Bout de la Raison *20 Histoires de Bêtes

France Fille Aînée de l'EspritQuelques Photocopies reliées de livres épuisés (liste sur demande)* vieilles éditions dont il faut découper les reliures de pages

Ref 1 PoidsPrix€

GB?

1 7

GB13GB19GB21GB31

17,5GB45

17,5GB41

17,5GB33

17,5

GB58

12GB29+30

9GB42+62

12GB50

12GB44

12GB68

12GB34

12GB61

12GB63

12GB59

12GB16

12GB60

12GB39

10GB64

810GB47

1 2069 1 12

-GB38 18

GB3718

GB1115

GB5315

GB2515

GB275

GB655

GB575

GB545

GB234

8à15

UN CATALOGUE PLUS DETAILLE EST DISPONIBLE SUR DEMANDE:

contrft trois timbres tarif normal

Copyright byEditions Nicleus - Paris, 1944

Tous droits réservés

INTRODUCTION

pLUSIEURS .auteurs, notamment Mme E.PIECZYNSKA (1) et M. BAUDRY DE SAU­

NIER (2), dans leurs traités cféducationsexuelle, ont réussi, non sans tact ni habi­leté, à démonter le m~canisme t:>hysiolo­gique de 'la génération et à expliquer chaste­ment le rSle des organes génitaux.

Mais si les éducateurs se satisfont parfai­tement de la démonstration anatomique deces initiateurs, parce qu'ils connaissent eux­mêmes l'ensemble du t:>roblème, les 4duqJJ.és(je veux dire les jeunes garr.-onset les jeune.,fille,s) ne trouvent dans les ouvrages susditsqu'une imparfaite réponse à leurs guestions.

En réalité, la démonstration lumineused'un Baudry de Saunier ne constitue, dansla rév~lation du mystère de la procréation,

(1) L'Ecole-aela Pureté (Librairie Fischbacher).(2) Le Mécanisme Sexuel (Flammarion).

Copyright byEditions Niclaus - Paris, 1944

Tous droits réservés

INTRODUCTION

pLUSIEURsauteur~, notamment Mme E.PIECZYNSKA (1) et M. BAUDRY DE SAU­

NIER (2), dans leurs traités créducationsexuelle, ont réussi, non sans tact ni habi­leté, à démonter. le m~canisme physiolo­gique de 'la génération et à expliquer chaste­ment le r$le des organes génitaux.

Mais si les éducateurs se satisfont parfai­tement de la démonstration anatomique deces initiateurs, parce qu'ils connaissent eux­mêmes l'ensemble du problème, les 4duqJJ.és(je veux dire les jeunes gar~ons ct les jeunesfille~) nc trouvent dans les ouvragcs susditsqu'une imparfaite réponse à leurs guestions.

En réalité, la démonstration lumineused'un Baudry de Saunier ne constitue, dansla rév«lation du mystère de la procréation,

(1) L'Ecoleaela Pureté (Librairie Fischbacher).(2) Le Mécanisme Sexuel (Flammarion).

6INITIATION SENTIMENTALE ~~TRODUcnON 7

qu'une première étape, celle de l'initiationphysiologique. Elle s'arrêt< à l'entr.ée du.deuxième stade, celui de L'initiation senti­mentale, qui est peut-être le plus importantdes deux.

Après lecture du Mécanisme Sexuel, lelecteur, auparavant non informé, sait Com­ment les gamètes m&les s'unissent. aux .ga­mètes femelles, mais la fusion des semencesmicroscopiques ne lui apprend rien du rap-prochement des individus. -

Or, il faut bien aVouer qUe. dans le pro­blème sexuel, ce qui intrigue la Ç.qriosité,c'est moins la combinaison des germes quel'alliance des organismes.

Sachant que, POUr aboutir à une grossessede la femme, les deux sexes doivent êtremêlés, l'enfant pubère se demande aVecétonnement, et SOuVent avec effroi, ccm­ment les procréateurs entrent en contactl'un avec l'autre.

Tout adolescent normal est amené à cetteinterrogation par les Ç.OllVersationsentenduesautour da lui, les faits observés, les confi­dences recueillies, soit à propos d'accouche_ments hors mariage, soit à propos de fugu.esou de flirts.

Alors que ie venais de l'initier scientifi­quement aux mystères de la reproduction,ma fille de quatorze ~ns miirit ces réflexionsen elle-même. Elle, si hardie dans ses en­quêtes sur la vie, ne me PQsa point la ques­tion que j'at:?préhendais. Mais cette question- je l'ai su depuis - était la seule que for­mulait en elle-même sa jeune intelligen.ce,avide de cbnnaUre les causes pr~alablementaux effets.

.Après des entretiens à cœur ouvert, jecompris ce qu'on n'avait pas osé me dire àvoix haute. L'enfant avait été direçtementau cœur du problème en pensant inévitable­ment ce qui suit : (c Etant donné que, pourse reproduire, le père et la mère doivents'unir physiquement, pourquoi l'homme etla femme accomplissent-ils cette union lors­qu'elle n'a pas pour but une naissance ? »

Par là, ie vis qu'après l'initiation physio­logique toute l'initiation sentimentale restaità faire et c'est pour répondre à ma fille ­comme auront, dans les mêmes circonstan­ces, à y répondre tous les pères - que j'aiécrit les 'présentes pages, en en pesant tousles mots.

RÉSUMÉ PRÉLIMINAIRE

DES LOIS PHYSIOLOGIQUESDE LA REPRODUCTION

Pour ceux qui n'auraient pas eu connaissancedes ouvrages spéciaux visés dans l'Introduction,voici un rappel sommaire du mécanisme sexueldes plantes, des animaux et des hommes.

Dans les trois catégories existent des cellulesspéciales, les gamètes, préposéesà 13 reproduction.Certains de ceux-ci sont mâles, certains sontfemelles et la Nature n'a d'autre Objet que de lesmettre en contact.

Dans ce but, les fleurs sont dotées d'organesmâles et d'organes femelles et la semence fécon­dante est portée des uns aux autres par les insec­tes ou par le vent.

Nulle plante ne peut avoir de fruit sans cettefécondation des gamètes femelles par les pmètesmâles. n en ast de même chez les animaux. quine peuvent avoir .de petits sans une préalableunion.

10 INITIATION SENTIMENTALE

Là encore l'initiative appartient au gamète mâlequi doit rencontrer le gamète femelle. A cet e1fet,le corps des mammifères a été doté d'organes SI:é­ciaux chargés : 10 de produire les gamètes dechaque sexe ; 20 de leur permettre de se péné-·trer et de s'unir.

Il n'en est pas autrement chez l'homme, ani­mal supérieur, mais animal tout de même, en cequi concerne le fonctionnement sexuel de soncorps. Il existe une glande productrice de gamètesmâles chez l'homme et une glande productricede gamètes femelles chez la femme. De plus,l'homme dispose d'un organe de pénétration et lafemme d'un organe de récep~,ion.

Il est donc indispensalille que la semence mas­culine soit introduite dans l'économie féminine oùles cellules reproductrices se joindront et où nai­tra l'enfant.

Sans ce contact intime et sans cette fusion desgamètes aucune fécondation n'est normalementpossible.

On voit par là qU'avec des modalités di1féren­tes la même loi de reproduction s'applique auxdivers étages de la vie organique, dans les plantes,dans les animaux et même dans l'Homme, qui estle plus évolué des êtres organisés.

1

L'ATTRACTIONSEXUELLE

ICI, je n'emprunter~i pas, comme mesprê.décesseurs, rexemple de la vie végétale,puisqu'il s'agit d'explorer un terrain étran­ger - du moins en apparence - à la plante,le terrain du sentiment.

Je ne me se~virai même que prudemmentde l'exemple de ranimal, dont la sentimen­talité est ·rudimentaire, et je n'évoquerai lesmœurs des bêtes que pour en soul'lgner telcaractère anti-humain.

Les enfants qui habitent la campagnevivent en familiarité avec les animaux do.mestiques et il n'est aucun d'entre eux quin'ait observé, à maintes reprises, leurs ac­couplements. Pour un petit campagnard,l'union sexuelle des taureaux et des vaches,des coqs et des poules, des lapins et des la-

J4 INITIATION SENTIMENTALE L'A TTRACTlON SEXUELLF. 15

pines, est un acte aussi normal que celui dela mise-bas et de rallaitement. Elle constitueà ses yeux un des stades de rélevage, et ledéroulement des phénomènes de la rep'ro­duction des animaux lui semble aussi naturelque celui des phénomènes végétaux de la ­croissance et de la germination.

A la ville même, le jeune âge est témoinde l'union des insectes et chacun de nous,

.dans son enfance, a enregistré les ébatssexuels des chiens et des chats.

Qui n'a été frappé par l'aspect tragique deces aniIr'.aux ~ Qui n'a suivi de l'œil leurspours!:lites haletantes ou, de l'oreille, leursbatailles nocturnes ?

Comment expliquer que des bêtes choyéesabandonnent brusquement leurs habitudeset leurs aises pour se ruer à l'aventure et ris­quer la-fa:m et les coups?

A quoi attribuer les combats de perches,de coqs, de béliers, de cerfs et de lions ? Eten vertu de quelle fatalité les combattantssont-ils presque toujours des mâles ?

Quelle sorte de folie collective annule, àcertaines époques, le réflexe de conservationdes bêtes et amène les plus méfiantes et lesplus sauvages à faire fi de l'instinct de sécu-

rité pour ne tenir compte que de l'instinct dereproduction ?

LOI D'ATTRACTION PHYSIQUE.

C'est là qu'intervient la primitive et sansdoute incomplète interprétation des in­tenticns de la Nature, si tant est que la Na­ture ait un plan rigoureusement établi .

N'est-il pas plus simple de dire que la Vietend à se renouveler sans cesse et à pro­duire des formes de plus en plus parfaites,dans rordre de l'E.volution ?

Cette nécessité impérieuse de donner laVie s'impose dans tous les domaines et àtoutes les créatures, de sorte qu'il est aussiinévitable d~ voir les êtres unicellulairess'attirer mutuellement que de voir se rappro­cher les êtres humains.

Il existe, par conséquent, une règle toutepuissante d'attraction à laquelle sont soumisles corps organiques et qui oblige ceux-ci àse rechercher physiquement.

Quand les organismes physiques sont par­venus à un certam point de croissance, leurscellules intimes sont soUicitéespar ce qu'onest convenu d'appeler le génie de l'Espèce,

qui exerCesur elles un appel pressant en vt:ede la reproduction.

L'INSTINCT DE TRANSMISSIONDE LA VIE.

Un sentiment de désir naît dans les ani.mau./Cinférieurs et supérieurs !=luiles POrte àsouhaiter inconsciemment la présence del'autre sexe et fait que la femelle du_ver lui­sant allume sa petite lampe pour guider lemâle dans les ténèbres et que Juliette atta­che l'escalier de corde à sa fenêtre pour faci­liter l'escalade de Roméo.

S'il n'en était pas ainsi, quelle bête vou­drait s' astreindre à la fatigue et au combatpour féconder la femelle, quei oiseau s'as­treindrait à la léthar~e et à l'ankylose delongues couvaisons ?

Mais le même instinct despotique de per­pétuation fait que chaque créature se prêteavec frénésie aux nécessitéll de propagationde son espèce, sans se douter. la plupart dutemps, qu'elle n'est qu'un outil aveugle etun instrument sans volonté.

La Nature a donc d~té chacune des pha­ses de la reproduction d'un attrait qui lui est

propre et !=luichange à mesure que les butsnaturels paraissent assurés, sans qu'il soittenu compte à aucun moment des préféren­ces ou de la satisfa,cti::mvéritable des indivi­dus. Tant que l'animal n'a pas fécondé oun'a pas été fécondé, une envie intense de pé­nétrer ou d'être pénétré s'empare de lui et lasatisfaction de ce désir lui apparaît de plusen plus agréable jusqu'au moment où, la fé.condation étant accomplie, ce sentimentd'aise disparaît totalement. Non seulementle désir a,ntérieur s'est évanoui, mais unesensation de fatigue et d'éloignement leremplace. La Nature, n'ayant plus besoindes concours qu'elle a insidieusement solli­cités, ne ies rémunère plus.

L, effet, quand les spermatozoïdes dumâle sont entrés en c.)ntact avec les ovulesde la femelle, le développement de l'em"bryon va s' ensuivre avec ou sans le consen·tement des reproducteurs. A quoi bon payerles concours dont on n' a plus besoin '? LaNature ne s'encombre pas de sentimentaliténi de scrupule. Quand l'insecte mâle a donnésa semence, il meurt. Quand l'insecte fe­melle a pondu et abrité ses œufs, il meurtégalement. Le sursis de vie accordé aux ani.

2

. 17L'ATTRACTION SEXUElU:INITIATION SENTIMENTALE

16

18 INlTlA TION SENTIMENTALE L'ATTRACTION st:XUE.LLE 19

maux plus évolués n'a pour but que de leurpermettre de nouveaux rapprochements etdes fécondations ultérieures, leur faculté dereproduction étant fort limitée par rapport 'àcelle des animaux moins évol~és ..

LA BETE SUBIT, L'HOMME TRANSPOSE.

Par contre, un nouvel attrait, presque sen­timétltàl, est conféré aux espèces plus déve­loppées. C'est ainsi que la mère-poule - in­dividuellem~nt si égoïste - éprouve unejouissance à se priver de nourriture pour sespoussins. A mesure que ceux-ci grandissent,sa jouissance maternelle devient moins in­tense et, au bout de peu de semaines, elleabandonne brusquement ses petits. Pour­quoi t Parce que rappel d'un autre désir acommencé et qu'une nouvelle grappe d'œufsla sollicite, aux fins d'une autre reproduction.

Pour être d'un ordre plus élevé (à causede la transposition idéale qu'en fait l'homme)l'amour maternel, dont s'enorgueillit notreespèce, est basé sur d'identiques fonde­ments. Il en est de même des autres désirset nous verrons bientôt qu'il en adviendraitdes hommes comme des bêtes, si l'esprit ne

venait en eux accomplir une sorte de transfi­guration,

PAR QUOlL'HOMME SE DIFFÉRENCIEDE L'AK1MAL.

L'Homme, en tant que mammifère, estsoumis aux mêmes lois que les autres mam­mifères. Semblable à eux par les fonctionsrespiratoires et digestives, il est encore sem­blable à eux par les fonctions de reproduc­tion.

Le système génital humain ne présenteguère de différence avec celui d'un animalde son espèce. Le mécanisme' de jonctionest à peu près identique. Et si l'Hommen'était qu'un animal comme les autres, ilagirait, au point de vue sexuel. exclusive­ment en animal. C'est ce qu'il fit d' ailleur.s,aux temps de la préhistoire, quand ses hor­des, mangeuses de chair crue, hantaient lescavernes et les forêts. C'est ce qu'il fait en­core en certains districts inviolés de l'Ama­zone ou du Centre-Afrique, où la femme seconquiert de haute lutte, à la façon d'ungibier.

Or, l'Homme se comporte, en général.

20 INITIAT1QN SEL~nMENTALE L'ATTRACTION SEXUELLE 21

très différemment des bêtes en matière dereproduction. Ceci est dû au fait qu'il n'y apas seulement en lui èe l'instinct, mais ausside l'intelligence. Il est sans doute un corps,mais en même temps une âme. La matières 'y mêle à l'esprit.

Que résulte-t-il de cet assemblage dontl'Homme est l'unique exemple sur terre?Que sa nature inférieure le tire par en bas,alors que sa natm:e supérieure l'attire par enhaut. D'où un perpétuel conflit entre le dé­sir et le sentiment dont sortent vainqueurssoit l'un, soit l'autre, selon que l'Hommepenche vers le Bas ou vers le Haut.

Bien que la prédominance des élans spiri­tuels sur les instincts bestiaux ne soit pasconstante chez les hommes et que nombrede ceux-ci aient gardé l'apparence de labête dans leurs comportements humains,d'immenses progrès n'en ont pas moins étéréé'.lisés depuis les origines et,' pour l'hon­neur de notre espèce, nous sommes en têtede ranimale évolution.

Dans les autres domaines instinctifs, nousne mangeons plus à la façon du chien ou dutigre, nous n'avons plus les mêmes violencesindividuelles, grâce aux barrières de l'éciu-

cation. Mais, surtout, la conscience de notrespiritualité nous a soustraits à certaines bas­sesse.s de la vie physique et les a transposées,grâce à la notion du devoir et à la faculté;pirituelle d'émotion.

Sur le plan sensuel, l'Hommè n'est plussoumis aUX époques de pariade, c'est·à-direauX périodes durant lesquelles les animauxsont saisis collectivement d'une· fureur re­productrice appelée le rut. Durant ce temps,d'ailleurs assez court, et à des saisons va­riables suivant les espèces, une véritable folies'empare des mâles comme des femelles etles porte à s'unir les uns aux autres, au mé-pris de leurs besoins normaux. L'instinctsexuel est alors si puissant qu'il oblitère toutautre instinct: celui de manger, de boire, de •••se cacher, de se reposer. Il fait fi de la souf­france, du danger, et va jusqu'à bra;ver lamort elle-même.

L'Homme s'est affranchi de cette servitudecollective, mais seulement dana la mesure oùil a individuellement évolué. Grâce à sesqualités d'émotion, de sensibilité, de rete­nue, de justice, il n'a gardé, de sa primitivecondition animale, que ce à quoi la Nature

22 INITlATION SENTIMENTALE L'ATIRACTION SEXUELLE 23

l'oblige matériellement en VUe de sa perpé •.tuation.

Mais tous les hommes n'ont pas fait lesmêmes progrès sur· le chemin qui les mènede la Bête à l'Ange et si plusieurs ont à Cepoint dominé leurs sens qu'ils SOnt devenusangéliques, beaucoup en scnt restés les es­claves et, par suite, demeurés bestiaux.

INTRODUCTTON DE L'INTELLIGENCEDANS LE DOMAINE DE L'INSTINCT.

L'intelligence, cet outil mental de l'Homme,est à deux fins. Elle magnifie ou corromptIesm eiUeures choses, selon QU 'elle les utilisepour le bien ou pour le mal. De sorte que lasexualité intelligente de l'Homme, tellementau-dessus de la sexualité inintelligente desbêtes. est parfois. à. çause même de cette in­telligence. au-dessous de l'étage des ani­maux.

La supériorité de l'homme sur les bêtesvient, en elfe t, de ce que celui-ci spiritualisel'instinct sexuel. L'infériorité de l'homme,par rapport aux bêtes, vient de ce qu'il per­vertit ce même instinct.

Car si les bêtes accompliaeent leur fonc-

tion sexuelle mécaniquement, l'Homme yfait intervenir son cerveau et la force imagi­native par quoi, dans rordre de la' pensée,il est doué d'un vrai pouvoir créateur.

Ce pouvoir émotionnel peut constituerpour l'Homme un nouveau danger, commeaussi il peut devenir un levier. supplémen­taire. C'est. avec le maniement de cette fa­,cuité admirable qu'il doit être familiarisé.

LA PUBERTE.

Dès que l'enfant, garçon ou fille, arrive àla puberté, les caractères extérieurs et inté.rieurs, physiques et moraux tle son sexe s'af­firment et se précisent.

Les garçonnets prennent raspect mascu­lin. les fillettes se féminisent. L'humeurchange et les adolescents sortent de Il l'âgeingrat ». Mais la transformation la plus im­portante, celle de leur système génital, dé­passe et conditionne toutes les autres. Lesovaires de la jeune fille commencent à pro­duire des ovules et le liquide spermatiquedes jeunes hommes commence à renfermerdes vibrions fécondants. Cette double fonc­tion émettrice et réceptrice. répartie entre

24INITIATION SENTIMENTALE

L' ATTRACTION SEXUEll..E 25

les deux sexes, détermine chez l'un et chezl'autre des aspirations confuses, qui ~'exer­cent à leur insu.

Garçons et filles sont alors plus sensibles,plus émotifs et, bien que le point de départde cette sensibilité et de cette émotivité soitpurement physique, il en résulte toujoursun travail de l'imagination. De là ces en­thousiasmes et ces indignations, ces mOUve­ments tumultueux du corps et de l'esprit quisont l'apanage de l'adolescence et marquentl'emprise de la Nature, désireuse de parve­nir à ses fins.

La tâche de l'homme consiste à disciplinercet appel instinctif, car la, grandeur humaineréside dans le fait que les animaux subissentaveuglément la loi de reproduction desêtres, tandis que l'Homme, s'il le veut, enest parfaitement conscient.

LA POUSSEE DES GERMES.

Pour serrer le problème des sensationsd'Un peu plus près, que se passe-t-il donc,entre puberté et nubilité, chez les garçons etles filles ? -

On sait qUe, dans l'organisme masculin, le

flux spermatozoidal, après sa sortie des ca­nalicules testiculaires, se déverse dans l'épi­didyme (1), puis va s'emmagasiner dans lesvésicules séminales, où il attendra son expul­sion. Or, ce liquide, gorgé d'animalculesvivants, constitue une véritable émulsion devie, sans cesse enrichie par de nouveauxapports. L'emprisonnement prolongé, dansun espace exigu, de ce concentré de seme~cehumaine, exerce, sur le réseau nerveux quil'entoure et, probablement aussi, par ra­diations et par ondes, sur rensemble descellules, une influence de première gran­deur.

Dans l'organisme féminin des adolescentes,rien n'existe, bien entendu, de cette montéeséminale, mais, par contre, l'épanouisse­ment des ova,ireset l'expulsion des premiersovules se répercutent avec force sur le tem­pérament tout entier.

L'organisme masculin est en position dedépart ; l'organisme féminin est en positiond'attente. De là une sensibilité physiqueaccrue chez les jeunes gens des deœ:: sexes

(1) Voir Mécanisme Sexuel, de BAUDRY DE SAUNIER(Flammarion) ..

et Une susceptibilité morale qui la dépasseparfois de beaucoup.

Ce psychisme spécial justifie les pré­cautions à employer durant la période del'adolescence que, seules, des mains déli­cates et prudentes devraient être admises àgouverner.

Le rôle des éducateurs apparaît alorschargé de responsabilités. Celui des parents,entre autres, est à la fois complexe et im­mense et il est hors de doute qu'une tellemission serait, la plupart du temps, au-des­sus de leur portée, si la Providence ne lesavait dotés de la puissance d'Amour.

L'amour maternel, surtout, est clair­voyant, parce qu'il est intuitif, apaisant,parce qu'il .est compréhension et bienveil_lance. Nulle sollicitude ne peut, à ce mo­ment, remplacer Je. présence d'une mère,parce qUe celle-ci, après .avoir porté neufmois le corps du petit enfant, en porte r~metoute sa vie dans Son sein.

Comment, dès lors, n'être pas toute indul­gence POur les déshérités qui accomplissent,sans le secours maternel, les étapes de leurmétamorphose et doublent, par leur~ pro-

27

26INITIA TlON SENTIMENTALE

L'ATTRACTION SEXUELLE.

pres moyens, ce Cap des Tempêtes de lapuberté?

L'INSTABILITÉ JUVÉNILE.

Tantôt le garçon ou la fille pubères sontla proie de rires sans motifs, tantôt, à pro­pos de l'incident le plus mesquin,on lesvoit fondre en larmes. Surexcitée par le tra­vail obstiné de la Nature, leur sensibilités'exerce dans les terrains émotionnels lesplus divers.

Entre l'équilibre de l'enfant et r équilibrede l'~ge adulte, 'il y a là une phase de dés­équilibre physique et psychique qui met l'or­ganisme à la merci de certaines impulsions.

Loin de faire grief à l'enfant de ce désor­dre sentimental. il faut, au contraire, le con­sidérer comme normal et chercher à lui enfaciliter le passage.•

Que dirait-on de guides en montagne qui,ayant à conduire des .apprentis-alpinistes,les bousculeraient au passage du glacier ? Siles approches de la crevasse sont glissantsou si le pont de neige menace ruine, ce n'estpas la faute de l'ascensionniste, mais la con­séquence inéluctable de l'ascension. Le bon

28 INITIATION SENTIMENTALEL'A TIRACTION SEXUEllE 29

guide prend alors tout le risque pour lui. 11est responsable de ceux qu'il mène et, pardouceur et courage, leur fait traverser lemauvais pas.

Trop d'éducateurs laissent à la Nature lesoin de faire son devoir, sans s'occuper desréactions multiples de la personne humaine.Mais nous avons vu qu_ela Nature a d'aborden vue le soin de l'espèce et ne se préoccupede l'individu qu'en vue de l'intérêt collectif.

Or, si tous les êtres humains sont mis aum~nde de la même manière, aucun ne mènesa vie physique ou morale d'une façon iden­tique. C'est pourquoi la mère de famille quicomprend son rôle élevé est absolumentirremplaçable puisqu'il y a autant d'édu­cations sp~ciales ~ue de filles et de garçons.

A défaut de cet élevage idéal, qui permetà la plupart des enfants de grandir dans lacompréhension familiale, l'éducateur étran­ger doit se pencher bienveillamment surl'âme enfantine et lui rendre douce et aiséesa transfor~ation de chrysalide en papillon.

L'ÉDUCATION SEXUELLE NE DOIT PASETRE LAISSÉE AU HASARD.

Chez la plus grande part des adolescents,et principalement chez les filles, réveil phy­sique et psychique de la puberté ne provo­que atAcunémoi des sens. Mais il faut comp·ter 'avec les tempéraments d'exception, c'est­à-di~ avec les enfants anormaux ou pré­coces, souvent issus d'alcooliques et desyphilitiques ou qu'afflige une tare quelcon.que de l'hérédité.

11suffit d'une brebis malade dans un trou­peau pour en contaminer beaucoup d'an:­tres. Cn est ce qui rend si redoutables lespensions, les internats, en raison des dan­gers de promiscuité.

Aussi est-il d'importance capitale ~ue legarçonnet et la fillette n'arrivent pas en étatd'ignorance complète au contact des néces­sités physiologiques, dont la révélation bru­tale et défectueuse risquerait de les ébranlerou de les pervertir.

C'est souvent par hasard ou sur la révé­lation de camarades vicieux que l'adolescentreçoit son éducation sexuelle ; et cette révé­lation .en cachette prend l'aspect du . fruit

30 INITIATION SENTlMEt\lTALE L'A TTRACTION SEXUELLI::: 31

défendu. Il e3t indispensable que l'éducationsexuelle ne soit pas assimilée à un péché etque la honte en soit bannie. Elle doit, parconséquent, faire partie de rinstruction en­fantine et constituer un élément - le plusdélicàt saLS doute - du programme édu­catif.

On a vu, par ce qui précède, que chaquehomme et chaque femme (par conséquentchaque jeune homme et chaque jeune fille)recèle en soi un animal qu'il importe de con­trôler.

Là où ce contrôle n'existe pas du tout,l'animal seul subsiste et se détermine ~ lafaçon des bêtes, c'est-à-dire uniquement parl'instinct.

L'animal a soif, il boit. L'animal a faim, ilmange. L'animal a peur, il fuit. L'animalest en colère, il mord.

Aucune autre considération n'intervientpour l'inciter à retarder ou maîtriser ses ré­flexes, à part l'absence des objets de sondésir ou l'opposition d'une violence adverse

NECESSITÉ DETHOLÉE.

L'INITIATION CON-

l

plus forte que lUt. Quc.nd la bête Il besoinde se soulager, elle se soulage sans vergo­gne et ne se préoccupe ni de ses congénères,ni de l'entourage, ni du lieu.

Et c'est là qu'apparaît l'immense diffé­rence existant entre l'Homme et la bête,celui-là ayant la pudeur de ses sentiments,celle-ci n'ayant que le cynisme de ses sen­sations.

Là où le contrôle de l'Homme sur l'ani­mal qu'il porte en lui est insuffisant, l'édu­cation et la religion viennent fortifier lesaspirations supérieures jusqu'au jour où lamoitié spirituelle de l'être humain est enmesure d'imposer sa loi à la plus grossièremoitié.

Mais cette aide de la civilisation éducativeet de la protection religieuse ne peuventproduire tous leurs effets qu'autant que lejeune homme ou la jeune fille, initiés sainte.ment aux mystères physiques de la vie, sonten mesure de connaître exactement le ter­rainsur lequel ils doivent évoluer.

Le meilleur coureur de cross-country ne serisque pas à prendre le départ sans avoir, aupréalable, reconnu les difficultés du parcoursqu'on lui impose. Ainsi il élimine les dan-

32 INITIATION SENTIMENTALE L'A TIRACTION SEXUELLE33

gers de la surprise, par rapport aux concur­rents mieux renseignés que lui.

LA NOTION DE PUDEUR.

Déjà la conscience humaine est dotée dusens de la pudeur, balancier intime de nosgestes et de nos actes, qui soustrait l'Hommeaux vulgarités de l'existence animale et enfait un être social.

Cette obligation de vivre en société et detenir compte de l'opinion a~ène l'Hommeà limiter sa convenance par la convenancede ses semblables. Dès lors, il est prêt à en­registrer la haute notion d'exemple par quoila créature humaine cherche autour de soides modèles, en attendant de devenir elle­même un modèle pour autrui.

Toutefois~ la pudeur ne doit pas êtrepoussée au delà des bornes légitimes. Commetoutes les disciplines, elle se contredit parson excès., C'est l'exagération de la pudeur qui, du­rant longtemps, interdit à l'adolescencel'étude des fonctions génitales, comme aussielle s'opposa aux bienfaits d'un juste entraî­nement sportif.

L'éducation des jeunes filles d'autrefois

présentait ce péril aigu de les livrer sansdéfense à une initiation souvent brutale,parfois dangereuse et toujours destructriced·illusions.

A quoi sert aUXparents de bercer lesjeunes gens dans la chambre close de leuradolescence, si c'est pour les jeter ensuiteaux vents et auX misères de l'inconnu ~

Nous verrons comment le sentiment de lapudeur, quand il est éclairé et transposé,peut ennoblir toute une vie, la leçon desêtres supérieurs étant de substituer peu à peul'intelligente pudeur de l'âme à la pudeurinstinctive du corps.

LE POUVOIR D'ÉMOTION.

Le caractère distinctif de l'Homme (et quilui a permis d'asseoir sa domination sur lesautres espèces) est la faculté de penser aumoyen de son cerveau.

L'homme a la conscience d'exister et c'estlà sa supériorité sur la partie inconsciente del'univers. L'homme a aussi la conscience dedéterminer ses actes librement, et c' est là cequi cause son inquiétude, parce qu'avec lepouvoir naît en lui la responsabilité. 3

CET .attrait sentimental porte le nomd'amour, dont on abuse dans le lan­gage populaire au point de l'appliquer exclu­sivement à ce que l'acte de reproductionoffre de plus grossier.

L'amour est tout autre chose que cela etla preuve c'est qu'il peut être d'une chastetéabsolue, c'est-à-dire indépendant de l'émoisexuel.

NAISSANCE DE L'AMOUR.

Dans la.pratique, l'amour est une construc­tion imaginative qui vient se superposer àl'instinct de reproduction.

C~ travail cérébral s'édifie à la vue de l'ob­jet physique. Nul n'a er.core pu déterminerpour quelles raisons une personne inspire àune autre de l'amour. Ce qu'on appelle la

L'animal vit simplement, pa.r la fonction. ,

de son corps physique.L'Homme vit doublement, car il y joint le

travail cérébral.Plus l'Homme est évolùé, plus la part du

cerveau s'accroît dans l'interprétation de lavie matérielle, au point que le cérébral finitpar tout envahir.

Le phéno~ène de la reproduction, unique­ment physique et instinctif chez les espècesanimales, devient, chez l'homme évolué, undes domaines de l'imagination.

La faculté d'émotion que tout hommeporte en lui s'y introduit à son tour et en ma.gnifie les différentes phases, si bien que lerapprochement des sexes, grossier et in­conscient chez les créatures inférieures, peutdevenir harmonieux et intelligent chez lesêtres développés.

En outre, le libre-arbitre dont nous dispo­sons nous permet d'orienter et de gouvernernos préférences intimes, tout au moins dansla période initiale de sympathie entre sexesdifférents.

Ainsi naît, chez l'homme et chez la femme,parallèlement à l'impulsion physique, unattrait d'ordre sentimental.

34 INITIATION SE1~T1MENTALE

IlL'AMOUR

C h.1 tilllt •.•1 IIrllllÎlII"III,,1 porlt· 1•• 11111"'" "'"'''[''''' .111,,1 " •••• 1"1." 01.",. h. hl"WIll'" Il''1'" ••h" ••" •••••", HI- 1 "1.I.h'H~'" c•••.LI'

liivement à ce que l'Acte de reproduction. offre de plus grossier.

L'amour est tout Autre cholc quc ccla ctla preuvc c'cst qu'il pcut atro d'une chllltctéabsolue, c'est-à-dire indépendant de l'émoisexuel.

NAI~~ANCE DE L'AMOUR.

Dans la. pratique, l'amour Clt unc construc­tion imaginative qui vicnt le lupcrp08cr àl'instinct de reproduction.

Ce travail cérébral s' édifie à III vue ùe-l'ob·jet physique. Nul n'a er.corc pu déterminerpour quelles raisons une per.onne inspire à

une autre cie l'Amour. C" flu'on "l'polit' ln

38 INITIATION SENTIMENTALEL'AMOUR 39

beauté y joue un rôle évident, mais peutêtre remplacé par de là fraîcheur, de la dis­tinction, de la prestance; il arrive même quedes qualités morales servent de point de dé­part à I:amour. Raisonnablement, les avan­tages d"u caractère et de l'esprit devraientêtre les facteurs déterminants de la préoccu­pation sentimentale, mais, en réalité, celle­ci tient compte instinctivement des avanta­ges extérieurs. Si, ên plus des dons physi­ques, l'être qu'on aime a les dons du cœur,tant mieux pour celui qui aime ! S'il ne lesa pas, celui qui aime ne tardera pas à les luiconférer d'office, comme on le verra bien­tôt.

L'amour peut se déterminer, même sur leterrain physiologique, à la vue d'un être dé­pourvu de beauté, d'élégance et même, siétonnant que cela paraisse, à l'endroit d'unepersonne entachée de laideur.

La Nature, en effet, a des voies subtiles,qui tendent au croisement incessant des or­ganicmes de chaque espèce, afin de ramenercelle-ci à la moyenne, c'est-à-dire au stan­dard idéal. C'est ainsi que, dans nombre decas, les petits recherchent les grands, lesbruns les blonds. les robustes les délicats,

les gais les mélancoliques, sans qu'on puisse,bien entendu, poser de règle absolue dans ledomaine le plus fantaisiste qui soit aumonde et qui est celui de l'amour.

Ce qu'on appelle pouvoir de sédüction, etqui constitue une sorte de rayonnement ma­gnétique, est l'apanage de certains hommes?u de certaines femmes, fréquemment à leurInsu.

Cette émanation, chez le sexe féminin,prend ordinairement le nom de charme etconcilie d'emblée la sympathie du plus grandnombre à celle qui le porte en soi.

Mais la plupart des êtres sont dépourvusde ce don inné ou ne l'ont qu'à l'état partielou rudimentaire. Le rôle de l'amour est pré­cisément de le faire naître là où il n'existepas naturellement.

Voici donc une jeune fille en présenced'un jeune homme. Si l'un et l'autre vien­nent à se plaire, ils éprouvent un plaisir in­définissable à se regarder mutuellement.

Puis; ils auront le désir de se parler, bien­tôt suivi du désir de se toucher, ne fût-ceque furtivement, par une pression des doigtsou un frôlement de la chevelure.

Dès lors, l'imagination travaille et pare

40 INITIATION SE.NTIMENT ALE L'AMOUR 41

chacun des interlocuteurs, aux regards del'autre, d'attraits merveilleux.

Durant qu'ils sont séparés, les amoureuxsouhaitent de' se revoir, avec d'autant plusde force que la séparation se prolonge ouque leur réunion rencontre plus d'obstacles.

Le travail cérébral s'amplifie dans des pro­portions considérables et l'imagination abou­tit à une véritable déformation des valeurs.

A partir de ~e moment l'amoureux ne voitplus l'amoureuse telle qu'elle est, mais telleque son cerveau l'imagine et l'amoureuse nevoit plus l'amoureux tel qu'il est, mais telqu'elle l'imagine dans son cerveau.

LA « ClUST ALLISATION »

DE STENDHAL.

Le phénomène d'idéalisation s'opère avecune rapidité et une puissance quasi-invinci­bles. Et l'on assiste à ce que Stendhal appe­lait la « cristallisation ».

« Aux mines de Salzbourg, écrit-il, onjette dans les profondeurs abandonnées dela mine un rameau d'arbre effeuillé parl'hiver ; deux ou trois mois après on le retirec~uvert de cristallisations brillantes : les plus

, petites branches, celles qui ne sont pas plusgrosses que la patte d'une mésange, sontgarnies d'une infinité de diamants mobileset éblouissants ; on ne peut plus reconnaitrele rameau primitif. »

Ainsi en serait-il de ramour, qui confèreaux objets qu'il touche un visage de féerie.Et l'auteur a précisé sa pensée en disant :(1 Ce que j'appelle cristallisation, c'est l'opé­ration de l'esprit qui tire de tout ce qui seprésente la découverte que l'objet aimé ade nouvelles perfections. »

Mais, pour célèbre qu'elle soit, la compa­raison de l'écrivain n'est qu'à moitié exacte,puisqu'elle ne fait pas connaître si lerameau cristallisé dans la mine conserve sasplendeur après qu'oh l'en a sorti.

Beaucoup plus juste est l'apostrophe deRostand célébrant les bienfaits de la lumière:« 0 soleil, toi sans qui les choses ne seraientqu~ ce qu'elles sont. )1

LES LUNETTES MAGIQUES.

C'est qu'à la véri~é l'Amour met sur lesye:Jx de celui qui aime des lunettes magi­ques, à travers lesquelles il voit la per\:Jonne

42 INITIATION SENTIMENTALE

•L'AMOUR 43

aimée, et même ce qui l'entoure, sous unaspect enchanteur.

Que vienne à cesser l'amour, c'est-à-direque tombent soudain les lunettes, et l'objetde l'amour redevient, pour des yeux nor­maux, exactement ce qu'il est.

L'être aimé n'a pas changé. C'est l'êtreaimant qui n'est plus le même. A moins queles deux partenaires n'aient été la proie, enmême temps, du même mirage, pour seretrouver, parfois à des dates différentes, enprésence de la même réalité.

Chez les animaux, rien de tout cela ne seproduit, La nature met au service de leurperpétuation des énergies élémentaires. Labête sollicitée par l'instinct de reproductiondevient capable de ruse, d'attente, de cou­rage, d'abstinence. Mais, en période de rut,elle n'élit pas telle bête de préférence à tellea,utre. E.t n'importe quel échantillon de sonespèce lui suffit, en général, pour son com­,merce d'un instant.

Chez l'homme, les facultés vulgaires sontégalement mises en jeu. Mais la mobilisationdu cerveau y ajoute une extrême ardeurimaginatrice, dont le début insidieux faitplace à un sentiment caractéristique, puis à

- ,

une sorte de paroxysme, suivi d'une périodede décroissance et de détachement.

Il est rare, à ce moment, qu'une déceptionprofonde ne succède pas à la fougue pre­

,mière. On a l'impression d'avoir été dupépar son partenaire alors qu'on n'est dupeque de ses propres sentiments. Mais c'estbien la dernière chose qu'onpuÏSse avoueret il est courant de rejeter sur autrui sonpropre mécompte. Antipathie et inclinationsont des enfants de la même mère. Enthou­siasme et indignation sont frère et sœurjumeaux.

Il apparaît ainsi que, dans l'amour, sil'homme échappe (par éducation et parvolonté) aux lois des bestialités tragiques"son imagination le prédestine, par contre,aux mirages sentimentaux dont les animauxsont affranchis. Le péril est donc, pourl'humain, non pas d'un mais de deux ordres.Heureux les adolescents et non moins heu­reux les adultes qui abordent le domainepassionnel avec un esprit averti et des yeux

- ouverts (

44 INITIATION SENTIMENTALE L'AMOUR 45

PIRATES ET CORSAIRESDU SENTIMENT.

eest à la c;:onsidérationde ces vérités queles dangers des passions apparaissent.Redoutable au~ommes faits, l'émoi senti­mental est encore plus funeste aux jeunesgens.

On ne peut, sans frémir, songer que laféminité des jeunes filles court le risqued'être bafouée et salie au profit de vulgairesamours. L'animalité des séducteurs empruntedes vi~ages multiples et les plus dangereuxne sont pas les plus grossiers.

Nombreux sont les amoureux de mauvaisefoi qui, sous couleur de sentiment, ne pour­suivent que la satisfaction d'un besoin phy­sique. Certains n'ont presque pas d'autrepréoccupation et tôurnent à l'entour. descitadelles affectives, comme autant de loups­cerviers. Malheur à la place qui se défendma,l, dont les murs ne sont paf! assez élevésou qui n'a pas sa herse baissée 1 Malheur,surtout, à la garnison qui fait des signaux àl'ennemi et entre en connivence avec l'assié­geant 1 Il n'y a, paf! d'autre explication auXchâteaux démantelés et aux existences_rui­nées.

Plus nombreux encore sont les amoureuxde bonne foi, qui se prennent eux-mêmes aupiège tendu par la Nature et sont les dupesde l'édifice sentimental qu'ils ont construit.eest d'eux qu'il faut peut-être le plus se

défier, tant que l'âge des résolutions n'estpas venu ni celui des responsabilités con­scientes. Faute de quoi, toute une carrièrepeut être compromise par un départ mal-

.heureux.Il importe de savoir que l'instinct naturel

se moque éperdûment du social, c'est-à-diredes règles morales par quoi l'homme se metau-dessus des bêtes. Peu lui importe le sortsentimental des individus, pourvu qu'il aitrassemblé ceux-ci dans l'acte reproductif.Les êtres d'évolution restreinte s'apparientet se quittent machinalement, sans la moin­dre reconnaissance envers leur partenaire.Les animaux supérieurs ne se connaissentque durant le temps d'élever leurs petits.Aussitôt ceux-ci sevrés et capables d'assurereux-mêmes leur nourriture, toute la famillese disperse et chacun opère pour soi seul.

La grandeur humaine vient de ce que lesentiment familial nous est né, qui nous tirade l'égoïsme individuel, puis le sentiment

46 INITIATION SENTIMENTALE L'AMOUR 47

national ou racial qui nous mit au-dessus del'égoïsme familial, en attendant que le sensspirituel nous élève d'un étage, vers la com­préhension totale de l'humanité .

LA PURETE EST L!APANAGE DE LAJEUNESSE.

Dans la jungle des instincts l'adolescentest entouré de tigres et de serpents. S'il n'apas peur et marche droit, il n' a rien à crain­dre de la faune rampante. S'il s'arrête dansles bas-fonds, il risque d'être enlisé.

Le loup a peur, même des petits enfants,tant que ceux-ci gardent la position verti­cale. Dès que l'un d'eux trébuche et tombe,le carnassier fond sur lui.

Mais, qu'on le sache bien 1L'innombrablearmée des adolescents est équilibrée etfroide. La pureté est l'apanage naturel dela jeunestle et lui sert de bouclier.

Les jeunes gens vicieux sont l'exceptionet, souv-ent, leur hérédité fâcheuse est lefruit des erreurs accumulées de leurs aïeux.C'est pourtant de ·ces cas d'exception qu'onparle surtout, par curiosité et par médisance,alors que nul n'éprouve le besoin de citerla multitude des êtres sains.

Dans cet ordre d'idées, une indéniableresponsabilité incombe au théâtre et aucinéma, comme aussi a,ux vaines lectures,qui proposent au spectateur ou a,ulecteur les

.cas rares ou maladifs. C'est comme si onjugeait de la société humaine pal: les visionsd'hôpital ou d'Un navire par la sentine.

De même que le corps se protège automa­tiquement contre les maladies, de mêmel'âme se protège automatiquement contre lesélans pervers.

L'IVRESSE.

Ainsi donc l'appel brutal des sens, jointau magnétisme subtil du sentiment, peutcréer chez l'adolescent un état de déséqui­libre qui le prédispose aux pires oublis.

On ne saurait mieux comparer l'influence_ du désordre sensuel qu'à celle de l'ivresse- alcoolique.

Avant de s'enivrer le buveur est maître desoi, parce qu'il voit clair et possède son librearbitre. Mais, dès que l'ivresse a commencé,son contrôle l'abandonne et il devient laproie de ses instincts animaux.

Un être en état d'ivressè n'a plus aucune

48 INITIATION SENTIMENTALE L'AMOUR 49

notion du péril, de l'honneur, de la dé~enceet fait bon marché de ses intérêts, non seule­ment spirituels mais même matériels. On avu des poltrons devenir braves, des avaresprodigues, des chastes luxurieux, d'honnêtesgens criminels par la seule puissance del'ivresse. L'ivresse est à la base de la moitiédes crimes et des délits.

Quand l'ivrogne est dégrisé, il a, le plussouvent, perdu la notion des actes qu'il aaccomplis sous l'empire de l'alcool. Il luisemble que les reproches qu'on lui fait alors- ou qu'il se fait - s'adressent à une tiercepersonne ; et, en effet, c'est bien une per­sonnalité différente, évocatrice de la brutean~estrale, qui a surgi soudain des profon­deurs de lui. Pourtant, il lui faut bien admet­tre que ce qui s'est passé, sans son aveuformel, est une manifestation de lui-même.La preuve, c'est qu'après un dégoût passa­ger et même une horreur momentanée de sapersonne, il sent, peu à peu, renaître lasollicitation mauvaise qui l'a égaré. Ce quiravait moralement choqué dans les consé­quences de la boisson ne lui paraît bientôtplus aussi méprisable ou, du moins, n' en­gendre plus une aussi péremptoire aversion.

!

1

11

La tentation renaît, chaque jour plus insi­dieuse et plus forte, et il retombe, une foisde pl~ dans sa misère et dans son erreur.

Chaque chute, chaque concession, ~haqueabandon de l'ivresse rendent plus aisés leschutes, les concessions, les abandons quisuivent, alors que chaque résistance, chaqueréaction, chaque victoire rendent plus facilesles résistances, les réactions, les victoires àvenir.

Mais il est moins difficile de ne pas tomberque de se relever. Toute âme droite et nor­male est capable de la première attitude. Laseconde exige un courage et un effort bienplus grands.

Il en est de même de toutes les ivressesphysiques, que ce soit l'ivresse du goût oucelle des autres sens.

Dans le cas qui nous occupe, la Na­tUJ1e,souvent tutélaire, se retourne contrel'Homme, car son but essentiel est la repro­duction de l'espèce et elle y sacrifie tout, ycompris l'individu..

Mais comme elle a besoin de l'individupour perpétuer l'espèce et qu'elle ne sauraitl'y ~ontraindre s'il n'y trouve un intérêt per­sonnel, la Nature a doté les créatures d'une

4

faculté d'ivresse reproductrice si puissanteque celle-ci dépasse, et de loin, l'ivresseengendrée par les autres sens,

En effet, l'ivresse alcoolique, par exemple,n'est que la satisfaction amplifiée du sens

.du goût et de l'odorat, tandis que l'ivressesexuelle est la satisfaction de tous les sens,et notamment de la vue, de l'odorat, du to~­cher et de l'ouïe. Voilà qui donne la mesurede son étendue et de so~danger.

LE PIÈGE DE LA NATURE.

La même Nature nous force, par diversmoyens ingénieux, à accomplir nos fonctionsorganiques. L'appétit, la soif lui servent ànous contraindre à boire et à manger. Sil'animal n'avait pas faim, il ne passerait pasle plus clair de son temps à cherch~r sanourriture. Si l'arrêt de sa respiration neconstituait pas pour lui une souffrance, iloublierait fréquemment de respirer.

Pour d'autres fonctions la Nature ne nousdemande même pas notre avis et fait lenécessaire sans notre coopération consciente.Il en est ainsi notamment de la digestion etdes battements du cœur.

Par contre, en ce qui touche l'union

sexuelle des humains, la Nature s·est con­ten~ de mettre en nous une sollicitation, àla vérité très forte, mais qu'il dépend denous de transformer ou non en acte, ce quin'est pas le cas du besoin de boire ou demanger.

L'Homme peut, s'il le veut, s'affranchirtotalement de l'obligation d'union physique.C'est le propre des ascètes, de certains cler­gés et des ordres religieux.

Par conséquent le libre arbitre humaindemeure entier, dans les pensées commedans les actes. Contraint de se nourrir et deboire, notre organisme n'est nullement tenud'aller jusqu'à l'indigestion et l'ébriété. Laconscience que l'Homme a de ses actions,le contrôle que sa pensée exerce sur lui­même _lui confèrent des possibilités maisaussi des responsabilités qui échappent auXanimaux privés de raison.

e'est pourquoi l'effort des adultes et,davantage encore, celui des jeunes gens doittendre à éviter tout ce qui entame le librearbitre. La moindre atteinte à celui-ci am­pute l'équilibre individuel. Or, l'individun'a pas trop de toutes ses facultés physiqueset morales pour se défendre. Il doit donc se

50 INITIATION SENTIMENTALEL'AMOUR

51

____ •• ._ ..•.. __ "·_.---_4 __ • - _

52 INITIATION SENTIMENTALE L'AMOUR 53

garder de tout ce 'qui affaiblit sa vigilance etson attention.

LE VERTIGE. SENTIMENT AL.

Ce qui a été dit plus haut de l'ivresse phy­sique est également applicable à l'ivressesentimentale.

Quand celle-ci se manifeste pour la pre­mière fois, rien n'est plus aisé que de rom­pre le charme. Il suffit d'appliquer le prin­cipe napoléonien, CJuipréconise la fuite enpareil cas.

Contrairement à ce qui se passe à la chasseou sur le champ de bataille, on ne s'aguerritpas au contact du danger. Bien loin de là,toute audace contribue à forger de nouvelleschaînes, d'autant plus tenaces qu'elles sontinvisibles et se fortifient mutuellement.

Ceux ou celles qui s'aventurent dans ledomaine sentimental sont pareils à la mou­che qui frôle une toile d' araignée. Tant quela proie n'est retenue que par une -patte oupar une aile, elle peut encore s'en arracher.Il lui suffit de tendre ses forces et de bondirhors de la toile. Mais si elle se laisse aller ousi sa curiosité la retient au voisinage du

piège, un fil l'attache après l'autre jusqu'àce que tout le corps soit prisonnier.

On peut aussi comparer l'ivresse amou­reuse au vertige. Quand on est sujet auvertige ou qu'on l'appréhende, on rie s'ex­pose pas au-dessus du gouffre et on ne mar­che pas sur les toits. S'il s'agit d'affronter-unpas dangereux, on ne s'aventure qu'à bonescient, c'est-à-dire quand on est assuréd'un bras fort et loyal qui peut vous soute­nir et vous recueillir en cas de faiblesse.

Or, le plus souvent, ce qui se présente, àl'heure du vertige, c'est l'être de proie, lamauvaise compagne ou le mauvais compa­gnon.

Bien loin de vous aider à franchir indemnel'endroit périlleux et à vous garder del'abîme, il ou elle ne pense qu'à vous y pré­cipiter avec elle ou avec lui.

Toute une musique funeste et une lamen­table littérature n'ont' d'autre but que d'in­cliner la jeunesse vers l'enfer des passions.La plupart des arts sor-t mis au service desinstincts animaux qu'ils glorifient sans me­sure. Et ces incitations sont d'autant plusefficaces qu'elles s'adressent à de jeunescorps et à de jeunes cœurs.

54 INITIATION SENTIMENTALE

L'adolescence est tout en·thousiasme.touteeffervescence. A partir de la puberté. corpset âme vibrent au maximum. Ce besoin dedonner et de posséder s'adresse à tout l'uni­vers, comprend le monde entier des senti~ments. s'applique à toutes les découvertes.Dans sa soif d'émotions l'adolescent accueilleavec les mêmes transports les rires et leslarmes. Il trouve du charme à jouer et àsouffrir.

C'est donc une proie toute désignée pourla passion amoureuse, de toutes la pluspathétique. parce qu'elle naît des centres dela vie et constitue un résumé de toutes lesautres passions.

Or. le propre des passions est de ne pasdurer. La. passion. quelle qu'elle soit, cons­titue une flambée. Le type matériel en estl'incendie de la meule, qui lance ses flam­mèches jusqu'au ciel. De loin, on dirait unecathédrale en feu ; de près, c'est un peu delitière qui se consume et ne laisse même.pasaprès -elle de misérables tisons.

Mais un potentiel énorme a été dissipé.La réserve de toute une vie s'est disperséepour rien dans l'espace. Et il ne reste auXincendiés passionnels que des bras vides etun cœur mort.

III

LES DANGERS PHYSIQUESET SENTIMENTAUX

DE L'UNION SEXUELLE

1

ji~

oANS ce qui précède il a été plusieurs foissouligné que l'évolution spirituelle del'Homme et son accession future au plandivin dépendent, p9"ur la plus grande part,de sa victoire $lr'la bête qu'il porte dansses flancs.

DE LA BETE A L'ANGE;

C'est dans la mesure où nous domptonsl'animal en nous, que notre conditions'élève. car la leçon d.e chaque être humainest d'aller de la matière presque intégrale àla quasi intégr~té: d'esprit. Autrement dit,notre chemin consiste à partir d.e rétat leplus grossier et le plus dense pour arriver à ,l'état le plus noble et le plus subtil.

58 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS pHYSlQUE.S E.T SENTIMENTAUX 59

Il faut reconnaître que la Nature porte àcet égard une certaine responsabilité. Dansun but ignoré et qui semble résulter d'unsouci d'économie - alors qu'en d'autrelS

Tant que nous sommes condamnés à cettevie amphibie, basée sur l'association corps­esprit, force est à l'esprit de tenir compte ducorps et au corps de tenir compte de resprit,Mais cette association forcée doit comporterun chef et un guide. Nul homme digne dece nom ne contestera que ce chef ou ceguide doit être l'esprit.

De même cependant qu'un cavalier nepeut se passer de cheval et donne à sa mon­ture les soins qui lui sont nécessaires, demême aussi nous avons le devoir d'assurerà notre corps un bon traitement.

Les procédés de reproduction de r~spritsont spirituels, donc idéaux, Les procédésde reproduction du corps sont matériels,donc de sorte inférieure. Tels quels, noussommes contraints de nous accommoder d~ceUX-CI.

LES PETITESNATURE.

ÉCONOMIES DE LA

circonstances se fait jour la plus ruineuseprodigalité - l'appareil génital, masculin etféminin, fait partiellement double emploiavec l'appareil éliminatoire, de ~orte que lafonction la plus haute n'est pas mieux par­tagée que la plus basse, rune et l'autredisposant de la même sortie pour l'urée etles gamètes de reproduction.

Cette disposition est sans inconvénientchez l'animal, qui n'a ni délicatesse ni scru­pule et qui, manquant de conscience, man­que également de pudeur. Chez l'Homme,par contre, l'erreur - au moins apparente- de la Nature. dans sa distribution repro­ductrice provoque un sentiment de gêne etmême de dégoût.

L'Amour humain eût certes beaucoupgagné à ne pas trouver son expression phy­sique au voisinage de l'intestin et de iavessie. Et il est hors de doute que le procédéde reproduction se fût singulièrement enno­bli par un contact des mains, des fronts oumême des seins.

La bouche elle-même, organe du baiser,le plus passionné comme le plus chaste,sert en même temps à l'absorption des nour­ritures et cumule des rôles opposés.

60 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES E.T SENTIMENTAUX 61

On s'explique, dans ces conditions, ~u'untempérament délicat ou une âme ombra­geuse se trouvent nécessairement prévenuscontre toute expression physique de l'actede reproduction ..

Examiné en lui-même et de sang-froid,celui-ci constitue un geste laid, inesthétique.Sans doute notre fonctionnement corporelen exige bien d'autres, tels que celui demalaxer la nourriture ou de s'extraire leshumeurs du nez. Mais ces dernières attitudesn'impliquent que l'initiative personnelle, alorsque le geste reproducteur nécessite la coopé­ration intime de deux individus.

C'est la raison pour laquelle l'acte humainde reproduction revêt une importance et unegravité comparables à aucun autrë, puisqu'ilest, entre tous, le plus exceptionnel. le 'pluscomplexe, le plus lourd de responsabilités.Nul ne doit donc être précédé et entouré deplus de précautions car il met en jeu lesressorts cachés de la vie et ses conséquencesretentiront à jamais sur tout l'organismephysi~ue et spirituel.

On exerce volontiers sa prudence dans latractation d'un marché. l'acquisition d'une

maison, le choix d'un vêtement ou d'unmeuble et les parents confient souvent aupremier venu le bonheur physiologique etmoral de leurs enfants. Ces enfants eux­mêmes, qui n'oseraient faire acte de majo­rité ni disposer sans consentement des arti.cles de leur trousseau ou du contenu de leurtirelire, engagent et aventurent parfois, àl'insu de tous et sur coup de tête, leur capi­tal le plus rare et le plus précieux.

LES VOLEURS D'AMOUR.

Or, il est bon de savoir que si les jeunesvierges sont naturellement chastes et réser­vées, . parce que la Nature et l'éducations'accordent à leur conférer la dignité ducorps et du cœur, il n'en est pas de mêmede certains hommes ieunes et adultes que lapoussée séminale incite, consciemment ouinconsciemment, à l'acte de reproduction.

Aux amoureux de bonne .foi, dont il a étéparlé plus haut, et qui constituent déjà undanger sentimental et physique, il siedd'ajouter la cohorte, autrement néfaste, desamoureux sans amour.

62 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 63

L'irresponsabilité légale de l'homme enquête d'aventures amoureuses est la plusgrande lacune de la société.

A la femme incombe intégralement le far­deau des maternités, conséquence souventinéluctable de l'étreinte. La longue et déli­cate grossesse de neuf mois, l'accouchementdifficile, l'allaitement, l'élevage de l'enfantdeviennent son lot.

La Nature n'a pas eu pour la compagnede l'Homme plus de ménagement que pourla femelle de l'insecte, chargée, à l'exclusiondu mâle, d'assurer la ponte et la sauvegardede sa postérité.

Par contre. le mâle humain n'hésite pas àtransgresser les plus saintes lois animales.Docile à son instinct quand il trouve plaisirà dissiper sa force séminale, il est rebelle àl'instinct quand celui-ci lui dicte une respon­sabilité.

L'oiseau mâle, le lion mâ:le n'abandon­nent pas leur femelle après la pariade. Lepère et la mère cherchent à l'envi la nour­riture des oiselets et des lionceaux. En un

Ceux-ci constituent la pire espèce deséducteurs, parce qu'en aucun cas ils n'idéa­lisent leurs recherches et se bornent à dési­rer la partie la plus basse et la plus infé-rieure de l'union. '

Aucune sentimentalité ne réside en eux,aucune cristallisation imaginative ne vientembellir leur vision grossière. Pour eux l'in­timité féminine est un terrain de chasse oùchaque victime enrichit le tabl~au d'uneproie de plus.

Nul souci n'apparaît, dans leur esprit ouleur cœur, d'assurer le bonheur de leurs par­tenaires, de ménager leur délicatesse, desauvegarder leur cœur.

Ils vont, pareils à des chiens errants, mûspar l'instinct aveugle des sexes et unique­ment préoccupés d'éteindre le feu qui brûleen eux.

Quimportent les ruines laissées derrièresoi, les catastrophes sentimentales accu~u­lées au passage ! Aucune loi n'atteint cettesorte de malfaiteurs, aucun règlement neleur fait obstacle, hormis le cas exceptionnelde séduction de mineure et celui, encore plusrare, de viol.

1

1

1.11

L'EFFRAYANTHUMAIN ..

ÉGOïSME DU MALE

64 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 65

mot, chez ces animaux, le couple survittoujours à l'accouplement et le sens familiallui vient de manière automatique pour nedisparaître qu'à la majorité alimentaire despetits ... "-

Ce rôle que les bêtes sauvages acceptentsans hésiter, comme un maillon normal dela chaîne de vie, les hommes, souvent hélas 1

l'esquivent par égoïsme et par peur. Etl'opinion humaine est ainsi faite ~ue, seule,la femme (victime) est marquée d flétrie,tandis que l'homme (bourre~u).est considérécomme un vainqueur.

LES ABANDONNÉES .

La férocité sociale s'accroît peut êtreencore lorsque la (1 vaincue » est une jeunefille. Bien loin de voir une atténuation à cequ'on nomme sa « faute Il dans son igno­rance, son besoin instinctif d'affection, sonémouvante jeunesse, on la condamne sousd'ignominieuses appellations.

L'aide officielle ne lui est tendue, en casde maternité, que dans une forme blessante.C'est prél'isément pour les abusées del'amour qu'on a inventé l'expression de

« filles-mères », en signe de mépris public.Au moment où, d'après les lois naturelles,

la femme qui a conçu devient le centre d'unchef.d'œuvre de vie et, comme telle, appa­raît fragile et digne de l'universel respect,nul ne raide à fr~nchiz:ce pas périlleux desangoisses féminines. C'est dans la honte etl'opprobre qù' elle doit souvent porter etmettre au monde son petit.. L'iniquité humaine se l:>orne-t-elleà celaet, après avoir absous l'anonyme géniteur,se contente-t-elle d' accal:>lerl'évidente géni­trice ? Non. L'enfant mis au monde serapersécuté toute sa vie par l'opinion et l~ loi.Quoi qu'il fasse, il sera marqu~ paz:la tache

.réprobatrice de sa naissance. Innocent de savenue, il paiera, en dernier lieu, pour toutle monde, dans notre univers civilisé.

Combien lourde est la culpabilité de cettecivilis~tion, bienveillante aux forts et impi­toyable aux faibles !

C'est elle qui, sous couleur de légalité, dephilosophie ou d'art, fausse le sens normaldes valeurs. Jamais, depuis que la sociétéexiste, on n'a davantage profané le motAmour, cet arc-en-ciel divin tendu sur lamêlée· des hommes.

5

LE BLASPHÈME CONTRE L'AMOUR.

Moins que tout autre société la sociétémoderne ne reconnaît la touchante majestéde la femme, l'auguste sainteté de la mère

Toute une partie de l'humanité pratiquel'ironie la plus grossière à propos des chosesde l'Amour. Peu à peu, le plus grand dessentiments physiques a été assimilé à labasse (1 galanterie 1I. caricature obscène del'amour.

Il n'en fut pas toujours ainsi et nous nOllSsouvenons des temps de la chevalerie où.pour l'amour de leur dame, les preux affron­taient la mort. Une littérature Horissait. qua­lifiée aujourd'hui de miévrerie, qui déifiaitpoétiquement le pur et l'éternel féminin.

Le mâle égoïste s'est dérobé à sa respon­sabilité paternelle dans tous les temps. maisil semble que révolution civilisatrice, loinde ravoir ramené à une attitude meilleure,le confirme dans son sentiment d'impunité.Le nombre des filles et des femmes aban­données par leur compagnon d'un an, d'unmois ou d'une heure semble croître en pro­portion de la détresse féminine. méconnuedans le désert social.

66 INITIATION SENTIMENTALE

Ti

11

LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 67

et ne cherche à les entourer d'une barrièrede protection.

Certains peuples ont fait plus de cheminque nous dans la voie des disciplines senti­mentales. 11est tels pays où il en coûte debadiner avec le rapprochement sexuel.

En France, un état d'esprit très ancien.qui nous vient de nos ancêtres sous le nomde (( gauloiserie 1I. imprègne le débat senti­mental d'une atmosphère de laideur. L'iro­nie. le mauvais ton, l'habitude df':s niaisesplaisanteries, tout concourt à cet irrespectdes choses sexuelles et à la profanation del'amour.

Lès réunions de jeunes gens, les (( dînersd'hommes 1I ne sont souvent que le 'prétextede. conversations grossières, où se trouvebafoué le sexe de leur mère et de leurs sœurs.Pour une malheureuse tombée au ruisseau_ avec l'égoïste complicité des mâles ­pour une jeune mère abandonnée. ils con­cluent à l'universelle bassesse du sentiment.Chaque homme, en particulier, se portegarant de l'honneur de sa famille. mais uninvincible égarement le porte à douter del'honneur de la famille d'autrui.

Si les jeunes filles ou jeunes femmes encli.

68 INITIATION SENTIMENTALELES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 69

nes aux privautés dangereuses connaissaientles propos abjects de leurs courtisans occa­sionnels, la rougeur leur viendrait au front.

L'homme ne respecte que la femme qu'ila délibé~ément choisie pour être la mère deses enfants et la compagne de sa vie. Pourles autres - dussent-elles tout lui sacrifier- il n'a que raillerie et mépris.

Pourtant le jeune homme qui agit ainsicommet une erreur fondamentale. Si sonirresponsabilité légale et sociale est évidente,son immense responsabilité spirituelle nel'est pas moins.

Chaque jeune fille souillée, chaque femmedétournée de son devoir représentent dansle futur autant de furies vengeresses dontl'ombre le poursuivra jusques et au delà dela mort.

Don Juan, séducteur-type d'une certainesorte de théâtre, n'a pas seulement entraînéla chute de mille femmes, mais les fantômesde mille enfants sans père courent derrièrelui. A force de jouer avec l'amour, il a éteintsa flamme et quand la mort arrive enfin, ily offre une âme vide et un cœur mort.

,LE DEVOIR DES JEUNES HOMMES.

Aussi, que les jeunes hommes pèsent leursparoles, leurs gestes, avant d'entraîner desâmes féminines et d'enchaîner d'autrescorps 1

Non seulement, par un juste retour, ilsrisquent d'être eux-mêmes asservis par desfemmes de proie, mais encore leur premiergeste sexuel les expose à la contaminationdu corps et de l'esprit.

Les parents (les pères surtout), en mémoirede leurs erreurs juvéniles, considèrent avec

-indulgence les premières velléités amoureu­ses de leurs fils. Pourtant, que de bellessantés physiques et morales ont été fauchéespar une initiation malencontreuse ! Combiende sensibilités faussées à la suite d'Un con­tact prématuré !

Alors que l'adolescent est toute générositéet toute illusion, le péril est grand de luimontrer l'amour sous son aspect le moinsnoble et de semer en lui le germe de corrup­tion.

Tant que le jeune homme n'est pas devenuun homme fait, conscient des responsabilitésqu'il assume, il lui est interdit de s'engager

70 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 71

physiquement dans les voies redoutables deramour. Au contraire, son âme doit êtreouverte aux nobles sentimentalités qui fontl'Homme roi parmi les bêtes et le prédesti­nent aux grands destins.

A l'âge où l'imagination est si fastueusequ'elle enrichit toutes choses, il ne manquepas, pour l'adolescent bien entouré, desujets d'exaltation. En direction de ramourpur et universel cent routes magistrales sontouvertes par où les jeunes gens peuventcommunier avec l'univers.

C'est précisément dans la mesure où ils sepassionneront pour les voyages, les jeux, lesétudes, les saines lectures qu'ils apprendrontà considérer le problème sexuel d'un corpsindifférent et d'un cœur froid.

De ce point de vue rexemple des maîtreset des parents est tout puissant parce qu'ilcrée autour de l'adolescent' une atmosphèreincessante où l'âme juvénile va se fortifierou' défaillir.

CE QUE LA JEUNE FILLE DOIT SAVOIR.

La violence sexuelle n'est plus dans ~esmœurs et il est exceptionnel qu'une résis­tance féminine soit forcée. Sauf le cas de

syncope ou de défaillance, très rares, lafemme ne peut être contrainte à subir ceque le langage populaire appelle « les der­nier!! outrages lI, sans sa participation. Surtrois cas de « viol n, deux, au moins, suppo­sent la complicité de la prétendue yictimeet les annales judiciaires sont pleines d'er­reurs basées sur une dénonciation enfantine,fruit d'imaginations perverses et de dévelop­pements prématurés.

Si ron veut bien se reporter au mécanismede l'accouplement (1) on verra que l'intro­mission de rappareil mâle (préalablementdurci par rafflux du sang) dans la cavitévaginale de la femme nécessite, en mêmetemps que la mise à nu des deux organes,une posture à peu près impossible à réalisersans le consentement mutuel. Il faut doncque la femme apporte une extrême bonnevolonté à raccomplissement de racte pourque celui-ci se réalise, étant donné surtoutque la pénétration est contrariée si les glan­des lubrifiantes féminines ne sont pas entréesen sécrétion. Or, cette lubrification ne !!'ob­tient que par l'adhésion amoureuse de la

(1) Voir BAUDRY DE SAUNIER et E. PIECZYNSKA,

op. cil.

72 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 73

femme, lorsque celle-ci, mue par l'émotionsentimentale, fait le don délibéré de soncorps.

En outre, la pratique de la gymnastiqueet des sports permet à la jeune fille d'au­jourd'hui une défense musculaire efficace.D'ailleurs la droiture du regard et la dignitéde l'attitude suffisent à interdire toute offen­sive chez un possible agresseur.

Faut-il le dire, au surplus ? Tout être 1humain est escorté de présences invisibles.L'habitude du mal et la perversité habituelleattirent autour de soi les éléments impurs.Tout ce «;luiest douteux ou criminel s'agglo­mère dans le voisinage des consciences infé­rieures. Ce sont les âmes troubles et téné­breuses qui sollicitent inconsciemment lesentreprises des malfaiteurs (1). Une âmedroite ~;entoure d'une atmosphère de pureté,sympathique aux entités bienfaisantes. Des« anges » montent réellement la garde autourdes êtres bons. Et ce voisinage est odieux

(1) Il n'y a pas d'exception à cette loi, même dansle cas de viol d'enfants en bas âge. L'atmosphèred'animalité est alors créée par la famille ou l'entou­rage, qui détruisent la barrière protectrice autour deleurs petits.

aux entités malfaisantes. Voilà pourquoi nulattentat n'est à craindre à l'encontre descorps chastes et des cœurs purs.

L'ENNEMI PRINCIPAL ESTEN . SOI-MEME.

Le danger réside donc uniquement dansla personne elle-même, qui, selon qu'elleadmet ou repousse les pensées mauvaises,favorise ou éloigne le mal.

De sa nature (comme on l'a dit plus haut)le jeune homme est chaste et, à plus forteraison, la jeune fille. II faut donc, pour qu'ilsse dérèglent, qu'un véritable travail de désa-

,grégation soit pratiqué dans leur âme pardes éléments extérieurs.

Après les conversations douteuses ouimbéciles de camarades, d'ordinaire malinformés, le plus grand péril vient des lectu­res. Et, si étonnant que cela paraisse, le rôlele plus néfaste n'est pas assumé par lesauteurs réputés les plus dangereux.

Tel line de Zola n' ad' autre effet que derévolter la pudeur juvénile et de l'écarteravec force d'aspects de la vie exagérémentbrutaux.

Tel livre à prétentions sentimentales, au

74 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 75

contraire, ~uscitera chez le jeune lecteur oula jeune lectrice un grand émoi romanesqueet déclenchera une fièvre, parfois dange­reuse, de l'imagination.

On s'écarte de la boue et des excréments.dont la vue et l'odeur salissent les yeux oules narines. On se laisse tenter par l'étangperfide dont les fleurs cachent le fond.

Les spectacles, et plus particulièrementle cinéma, par leur étude hypocrite des ano­malies sentimentales, favorisent dans lesjeunes êtres le développement précoce del'instinct. Ce n'est pas impunément que desadolescents sont conviés à la représentationd'aventures passionnelles. Témoins long­temps passifs de l'étreinte filmée, il~ ten­dent, peu à peu, à la réalisation active dubaiser gros-plan.

Les dancings, sauteries et les réunionsEnvoles d'hommes et de femmes sont desoccasions de trouble sentimental et parfoisd'émoi sensuel. La danse du couple autorisedes privautés dont on aurait honte dans larue. Et tels parents ~ui n'admettraient pasun effleurement ou une œillade à l'adressede leur fille, livrent celle-ci, dans la danse,aux attouchements d'inconnus.

Nous avons vu combien était improbablepour la jeune fille le danger de violencesexuelle et que la femme, ordinairement, nepeut être contrainte à subir l'homme que sielle le veut bien. Mais en dehors de laviolence que de forces se liguent contreelle 1

LE LOUP ET L'AGNEAU.

L'adolescente qui vit sous la tutelle fami­liale et dans une ambiance d'affection n'aguère à redouter une surprise des sens et del'Imagination parce qu'elle est, moralementet matériellement. équilibrée. On n'en sau­rait dire autant de quantité de jeunes filleset même de fillettes, éloignées de la sur­veillance matemelleet que la dureté socialeoblige à gagner ainsi leur pain.

Pauvres filles de ferme, petites bonnes àtout faire, abandonnées en pleine solitudesentimentale, comme votre péril est grand !Vous êtes à 'la merci d'une défaillance devotre imagination, de vos nerfs ou de vosmuscles. Au cours des moments pénibles,les « consolateurs )) ne manquent pas. Cesloups déguisés en moutons prodiguent de

-----------~-----------..,•...---..•..--.------------76 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 77

douces paroles. Tour à tour ils parlent enserviteurs ou en, maîtres et usent de centmoyens. Toutes les ruses, tous les détours,tous les procédés, toutes les audaces sontmis au service de leur avidité sensuelle.Certains croient à leurs propres serments,tant que le désir inassouvi les aveugle. D'au­tres mentent par calcul et avec une patientehabileté.

La promesse de mariagé est l'habituelexpédient au moyen duquel on force lesrésistances féminines. Le "nombre de fillesabusées de cette sorte, est hélas ! illimité.

Les forts se servent de leur force, les fai­bles jouent de leur faiblesse. Innombrables.en effet, sont les dupes féminines qui, parbonté d'âme, ont laissé prendre leur corps.

Le jeu sodal admet que l'homme exerceson droit quand il dresse ses embûches etque la femme manque à son devoir lorsqueson cœur y est pris.

LA PUISSANTE FAIBLESSE FÉMININE.

La Nature et la société semblent accablerla femme en lui concédant le minimumd'avantages et en lui conférant le maximumd' obligations.

A la femme la faiblesse physique. enmême temps que les maternités! Peu demuscles, mais la grossesse, 'l'enfantement,l'allaitement, sans compter les effusions desang périodiques. Pas de résistance, maisles innombrables soins du ménage, le soucirenaissant de la vêture et de ralimentation.

Par contre, ce que Nature et société refu­sent à la femme en puissance physique, laProvidence le lui donne sous forme d'éner­gie nerveuse. C'est précisément la fragilitéféminine qui fait sa délicatesse, son manquede logique qui conditionne son intuition.

La Femme procède par élans moraux, par~ impulsions sentimentales. Incapable de mar­

cher aussi régulièrement que l'homme surune route unie, elle est. plus que l'homme.capable de voler dans les hauteurs.

Ses décisions sont celles du sentiment, sessolutions celles de la tendresse. C·est pour­quoi sa faculté d'Amour se retourne parfoiscontre elle, en face de partenaires déloyaux.

Les religions ont divinisé le rôle augustede la Femme et de la Mère. Si l'humanitéa,vait quelque peu de reconnaissance, ceculte serait celui de tous les peuples del'Univers.

78 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 79

Car, il est bief!.vrai que, dans la majoritédes cas, la femme se donne moins parbesoin des sens et par convoitise que parélan du cœur et par générosité.

MALADIES SEXUELLES.

Comment ne pas aborder, à la fin de cechapitre consacré aux dangers sexuels, laquestion des maladies vénériennes, rançonde plus en plus fréquente des rapproche­ments inconsidérés.

Deux affections surtout sont à redouter,qui peuvent bouleverser toute une vie. Cesont la blennorragie, ou infection des orga­nes génitaux par les gonocoques, et la syphi­lis, ou infection par le spirochète de l'orga­nisme. tout' entier.

Un seul contact des muqueuses (et le plusléger) suffit parfois pour créer la contagionet on ne compte plus les beaux corps sainsdéfinitivement contaminés par une seuleimprudence, une seule concession, un sel!loubli.

Sans doute la blennorragie n'offre pas ledéroulement pathétique et prolongé ni l'as­pect extérieur parfois hideux de la syphilisdans ses accidents secondaires et tertiaires.

Mais le manque de soins (dû.à sa réputationde maladie honteuse) et sa chronicité peu­vent la rendre extrêmement redoutable pourtout l'appareil génital.

LE- DRAME DES AVARIES.

On a toujours éloigné les a,dolescents duspectacle des musées anatomiques. C'est làune erreur inexplicable parce que nulledémonstration n'a autant d'éloquence nid'efficacité.

Celui ou celle qui a vu, de ses propresyeux, l'horrible ravage apporté dans les tis­sus par le cheminement des pUs, l'invasiondes nécroses et l'infiltration des gommes està jamais dans l'impossibilité de se livrer phy­siquement au premier partenaire venu.

D'autant que, très souvent, le blennorra­gique ou le ~hi1itique ne présente aucunsigne ·extérieur du .monstrueux péril qu'ilabrite, quelquefois à son insu.

Brieux, dans son drame des AVARIÉS, amontré comment la folie psychologique deces malheureux évolue en misanthropie etporte certains infectés, par esprit d'ignoblevengeance, à contaminer volontairement lesêtres sains.

80 INITIATION SENTIMENTALE L~ DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMENTAUX 81

La dévastation physiologique de la syphi­lis ne se borne d'ailleurs pas à l'organismedes acteurs du drame. Ses conséquences,souvent terribles, s'étendent à leur descen­dance, et les enfants qui naîtront du coupletragique sont poursuivis par la faute de leurspère et mère jusqu'à la deuxième et peut­être jusqu'à la troisième génération.

LES PORTEURS DE MORT.

On comprend, dès lors, l'effrayant dangerque représente l'accouplement de hasard,qui assemble physiquement, pour la plusintime des communions, deux êtres quis'ignoraient encore la veille ou ne connais­saient l'un de l'autre que l'aspect extérieur.

Les maladies spécifiques, jadis apanagedes peuples orientaux, puis de certaines clas­ses d'individus, ont étendu leur abominationdans tous les milieux et sont à la base demainte plaie sociale. Aucune race, aucunereligion, aucune caste n',en est garantie etla correction apparente des personnes nesert qu'à mieux déguiser le mal caché.

Les fiançailles officielleselles~mêmes,avecleur temps d'épreuve (parfois ridiculementréduit), ne permettent pas une connaissance

approfondie du partenaire. Celui-ci peutfeindre la santé physique. Car le péril decontagion ne vient presque jamais del'épouse mais presque toujours de répoux.

Aussi doit-on souscrire sans réserve auxprojets de législation qui tendent à soumettreles aspirants au mariage à un rigoureux con­trôle physique.

On exige pour la vente d'un chien ou d'uncheval tout un pedigree ou, à défaut, uncertificat de vétérinaire. Mais on vend safille sans garantie comme sans responsabilité'.

Un animal, un objet d'art, même de hautevaleur, ne vous lient point pour la vie. Onpeut s'en défaire par caprice, ou même parintérêt. Rien rie permet de réparer le mald'une mauvaise union. Celle-<:Îpèsera surtoute l'existence. Et quand il ~'y joint la tarephysiologique, aucune intervention humainene peut renverser ce qui est fait.

LA GÉHENNE.

Les jeunes hommes sont promis à unautre péril lorsque leur éducation n'est paschaste..

Connaissant les sourdes incitations de l'ins­6

82 INITIATION SENTIMENTALE LES DANGERS PHYSIQUES E.T SENTIMENTAUX 83

tinct, certaines femmes (la misère de leursexe) consentent, par intérêt d'argent, àlivrer leur corps aux passants.

Aucune sollicitation des sexes n'est enelles. Elles vendent leur contact comme ellesvendraient une quelconque marchandise. Onles appelle prostituées parce qu'elles fontbon marché de leur chair. D'individu enindividu, elles tombent au pire degré del'abjection physique et, de chute en chute,atteignent le plus bas étage de l'humain.

Ceux qui s'instituent leurs « clients » sontaussi méprisables qu'elles. Il faut avoir biensoif pour boire à même le ruisseau. La cour­tisane n'est plus une femme, mais un carre­four où les bestialités se succèdent. D'où lenom de « filles publiques » qui leur est aussiappliqué.

Bien loin d'avoir réagi contre le blas­phème sexuel, les sociétés humaines rontlégalisé en parquant les plus déshéritées deces malheureuses dans des demeures spé­ciales, où elles sont tenues à la merci d'êtrestarés. La maison de prostitution est un vomi­toire permanent, l'égout collecteur de toutesles sanies humaines. Par sa tragique horreur

physique, par sa sinistre laideur morale,c'est un vestibule de l'enfer.

Les pires hontes, les vices les pluseffrayants s'y donnent rendez-vous. Crime etalcoolisme y poussent en serre chaude. Nul°n'en sort que souillé, sali ou corrompu.

Là où les plus infâmes des hommes ontpassé, quelle innocence se risquerait sanséprouver d'effroi et de honte ? Pour l'ado­lescent entraîné par la camaraderie etl'ivresse, mieux v~udrait affronter la jungleet la mort.

Chaque aube chasse des lieux mauditsquelques avariés de plus, quelques gangre­nés de plus, dans leur corps et dans leurâme, qui s'en iront porter autour d'eux lemal et la corruption. 0

LE DROIT CHEMIN.

On voit par ce qui précède que radoles­cente n'a de chance de rester intacte que si,murée dans la protection de sa famille, elles'assigne à elle-même un constant et hautidéal.

Parvenue à l'âge de nubilité, quand lesavenues vitales s'ouvrent devant elle, il lui

84 INITIATION SENTIMENTALE

appartient de reconnaître celui qui l'égaleraen netteté ..

Le contrôle pré-nuptial lui-même nerépond que de l'intégrité du corps, et encoremainte tare lui échappe. Mais la jeune filleavertie peut exercer le contrôle de l'esprit.

Si désireux que soit l'amoureux de faireillusion et d'abuser l'amoureuse, le camou­flage de ses défauts ne résiste pas à un, ..seneux examen.

La droiture, la générosité se révèlent àmille riens au cours de fiançailles prolon­gées. De même la fausseté et l'égoïsme. 11faut donc que la jeune fille sage n'aban­donne son imagination qu'à coup sûr.

Si elle le veut résolument, longuement,spirituellement, l'élu véritable viendra pourelle.

Déjà mû par la même force, le bon com­pagnon de sa vie est en chemin.

IV

SE GARDERPOUR

UN BEL AMOUR

1L Y a une délicieuse fraîcheur dans uneâme de jeune garçon et de jeune fille." 'Les parents et les éducateurs y retrouventl'éveil -sentimental de leur adolescence etl'élan désintéressé de leurs jeunes ans.eest pourquoi un respect unanime entourela jeunesse dans les nations civilisées. Ons'efforce, avec plus ou moins de bonheur,de canaliser ses enthousiasmes et ses in<li­gnations. Les religions et les universités luiinculquent les leçons premières de dignité etde propreté morales. Mais l'exemple, le bonexemple lui vient d'abord des parents.

LA RESPONSABILITÉ FAMILIALE.

Ceux-ci sont les véritables régulateurs del'atmosphère enfantine. Leurs propos, leurs

88 INITIATION SENTIMENTALE SE GARDER POUR UN BEL AMOUR 89

gestes, leurs pensées façonnent l'enfant, àson et à leur insu. D'où l'immense responsa­bilité qu'ils ont dans le déroulement de lavie juvénile, dont ils sont les modèles n.atu­rels.

La quasi unanimité des familles se gar­dent de faillir à cette tâche. Elles puisent,dans leurs traditions et leurs sentiments, lanourriture spirituelle des jeunes gens.

De même qu'un p·ère ou une mère évitentjalousement de servir à ses petits un platempoisonné ou de les conduire vers un pré­cipice, de même les parents normaux écar­tent tout ce qui pourrait souiller l'âme oublesser resprit de leurs enfants.

Tous ne sont pas également adroits niprudents mais presque tous ont une bonnevolonté égale et les·moins habiles ne deman­dent qu'à être aidés et éclairés dans leurrôle d'éducateurs.

LA CLÉ DES COEURS.

L'éducation harmonieuse de l'enfant estun problème sans cesse renaissant, maisrattitude qu'on doit avoir à son égard aumoment de l'initiation sexuelle est de beau­coup la plus délicate.

.,

C'estlà surtout qu'il import·e de persua­der plus que de contraindre, de suggérerplus que de commander.

Une âme d'enfant se pétrit sans brutalitépar d'innombrables et minuscules coups depouce, à la façon de rargile, sollicitée danstous les sens par la main experte du sculp­teur. Ou bien, comme le tableau du peintre,elle se dessine à légers coups de pinceau,dont aucun ne semble déterminant, maisdont la multiplicité donne le coloris et la vie.

Sur la toile vierge du chevalet le peintrepeut réaliser un barbouillage ou une œuvred'art. Si nul artiste n'intervient la toile semaculera d'elle-même et deviendra le récep­tacle des mouches et des araignées, commeaussi des méfaits du temps..

Une fois de plus, s'impose le grand pré­cepte éducatif: Arroser sans cesse le bongrain; ne pas arracher l'ivraie. En cultivantsoigneusement les qualités enfantines, lesdéfauts enfantins se dessèchent et disparais­sent automatiquement.

Les parents qui ne critiquent jamais ceque l'enfant peut faire de mauvais, qui fer­ment délibérément leurs yeux à ses erreurs,comme leurs oreilles à ses plaintes, obtien-

90 INITIATION SENTIMENTALE

T~--SE GARDER POUR UN BEL AMOUR 91

nent des résultats incomparables par la miseen évidence de ses vertus. Discerner ce quel'enfant tente ou exécute de bien, louerchacun de ses efforts vers le mieux, dégagren lui les élans de générosité et de noblesse,tout cela mûrit et perfectionne son jugement.

L'adolescent est d'ordinaire tenu à l'écartdes délibérations familiales.

Consiléré comme un être sans responsabi­lité, il est regardé comme un être sans vertu.Pour ravoir serré tout petit dans leurs brasles parents lui dénient systématiquement lecontrôle de lui-même. Pourtant il existe enlui un besoin avide de jouer un rôle supé­rieur. Aller au devant de cette secrète ambi­tion, admettre r enfant en collaboration dansle cercle de famille, juger bienveillammentses initiatives, interpréter favorablement sesactes, voilà manier la clé des cœurs..

On suscite de la sorte d'immenses bonnes 1

volontés, de généreux élans, de durablesenthousiasmes. Pris au s.érieuxpar les leurs,le jeune homme et la jeune fille deviennentvirtuellement majeurs. Ils s'essaient dans cerôle nouveau du gouv.ernement de leur pro­pre vie. Et ils vous rendent en confiance lafoi que vous mettez en eux.

L'EDUCATION HARMONIEUSE.

Un éducateur véritable n'a jamais r aird'éduquer. Il propose mais n'ordonne pas.Il pratique cette sorte d'homéopathie moralequi, loin de subjuguer par la force, inciterorganisme spirituel à faire instinctivementson devoir.

Il y a une grande différence, pour un êtrehumain, entre faire ce qu'on lui a imposé etfaire ce qu'il a lui-même décidé. Dans lepremier cas, c'est la contrainte, dans lesecond cas la conviction. Or, qui admettraqu'un homme convaincu marche du mêmepas qu'un homme contraint et un maîtrequ'un esclave ?

Considérez donc vos enfants comme lesarbitres de leur destinée, lorsqu'ils seronttels que vous les aurez façonnés.

N'avez-vous pas remarqué que celui quiexécute seul un parcours difficile est capa­ble de r accomplir de nouveau avec unefacilité accrue ? Tandis que celui qui a réa­lisé le même parcours sous la conduite d'unguide est moins capable de s'orienter sansaide et de trouver seul son chemin.

Vos enfants seront inévitablement vos

_____________-__-------------------~----------r---

92 INITIATION SENTIMENTALE SE GARDER POUR UN BEL AMOUR 93

propres miroirs. Un miroir n'est pas com­plaisant mais sincère. Il reflète sans exagé­ration ni indulgence ce qu'on proposedevant lui,

Les éducateurs se reconnaissent dans lesqualités de leurs élèves ; ils ne se retrouventpas dans leurs défauts. Pourtant l'âme del'enfant est longtemps un calque de l'adulteet il dépend de l'adulte que le calque soitréussi.

C'est précisément cette subtilité de l'infil­tration éducatrice qui rend insensible soncheminement pour l'éducateur et l'éduqué,Le dépôt abandonné dans l'esprit et dans lecœur est pareil à celui que laisse une sourcecalcaire ; on peut le guetter pendant desheures sans apercevoir l'arrivée d'une seuleparticule et cependant, avec le temps, toutce que l'eau a recouvert est enrobé.

Aussi l'efficacité d'une telle éducation est­elle indicible. L'esprit critique et le goûtd'indépendance de l'enfant n'en pr-ennentpoint ombrage parce que son action ne sevoit pas. Dès lors, chaque tendance inté­rieure de l'enfant lui apparaît comme venantde son propre cru. Non tenu par la main,mais voyant ses père et mère cheminer

devant lui, il croit trouver son chemin de lui­même. C'est à ce moment que s'harmonisentses initiatives et les élans de son cœur,

PRÉPARATION DU SENTIMENT,·

Parmi ces élans, comment celui de son ave­nir sentimental ne tiendrait-il pas la pre­mière place ~ Une longue et constantetradition lûl a enseigné le culte de la famille,aussi bien celle qui vous a formé que celleque l'on formera. Malgré toute l'affectionfiliale, c'est nécessairement vers sa cons truc- •tion à lui que l'adolescent se dirige. Il saitqu'un foyer s'édifie, en général, 'pour toutela vie et qu'on ne risque pas un tel enjeu surun coup de dés.

Toutefois la mission des parents est demettre en garde leur -enfant contre sa proprefièvre imaginative. De quinze à vingt-cinqans (selon le développement phYsique etmoral) les jeunes sont en proie à la tyranniede leur Désir. Celui-ci ne revêt pas plus spé­cialement une appaxence qu'une autre. Etrejeune, c'est désirer éperdûment l'Universsensible dans toutes ses manifestations.L'exploration des choses et des êtres monte

SAVOIR CHOISIR.

Rien n'est plus fou que de se lier préma­turément, par le cœur et par les sens, carl'être humain ne dispose que d'une èertaineprovision' sentimentale. Plus il rengage debonne heure dans sa vie et plus il en verratôt la fin.

n faut se donner le temps de chercher et

à la tête comme un vin nouveau. La jeu­nesse est une continuelle ivresse et une per­pétuelle découverte, où la bouche souhaitede goûter, les oreilles d'entendre, les nari­nes de sentir, les mains d'étreindre, les yeuxde voir.

C'est particulièrement en matière d'amourque joue cette hallucination émotionnelle.Le premier jeune homme ou la premièrejeune fille sympathiques apparaissent aisé­ment comme le héros ou l'héroïne d'unroman éternel. Là se place l'ère des' ser­ments inviolables et des engagements défi­nitifs. Les adolescents sont prodigues àl'aurore de leur vie. Mais les éducateurssavent que le premier feu est aussi le plusvite éteint.

94 INITIATION SENTIMENTALE 11

SE GARDER POUR UN BEL AMOUR 95

de choisir pour accumuler les meilleureschances. C'est le bonheur de toute la vie quiest en jeu.

Celui qui va acheter des marchandises oudes aliments ne se jette pas d'emblée sur lespremiers qui lui semblent de bonne mine.Il s'enquiert, compare et fait le tour dumarché.

Que de gens, croyant avoir réalisé unebonne occasion, s'aperçoivent, après coup,qu'ils auraient pu en réaliser une meilleureet regrettent de s'être hâtés l

Mais ce qui est réparable dans les menusincidents de la vie courante :le l'est pluslorsqu'il s'agit des fondements mêmes del'existence. Dans le domaine sentimental. iln'est pas aisé de défaire ce qu'on a fait. Enmatière d'union, le divorce n'est qu'un pis­aller, une reconstruction qui suppose d'aborddes ruines. Et rares sont ceux qui trouventdans une seconde expérience"ce qu'ils n'ontpas trouvé dans le premier essai. Une telleentreprise n'est viable que s'il ne subsisteaucun fruit de la première alliance, sans quoiparents et enfants sont les victimes désignéesde la dislocation sentimentale et de la divi­sion du foyer.

96 INITIATION SENTIMENTALESE GARDER POUR UN BEL AMOUR 97

La jeune fille doit bien se persuader quela maternité est le lot normal de l'unionsexuelle et, qu'une fois mère, elle a plus deresponsabilités qu'en étant seulement épouse,ce qui, la plupart du temps, lui interdit toutrecul. L'enfant venu, il est trop tard pourrevenir sur le fait accompli. La vie toutentière e~ engagée. Et la jeune femme malunie regrette vainement son erreur.

Cette désillusion vient presque toujours dece que l'attrait sentimental seul a joué etque, grâce au mensonge des apparences, cene sont que les imaginations qui se sontrencontrées, ce ne sont que les corps qui sesont plu.

Si l'union des âmes avait accompagné et,mieux encore, précédé celle du mental etde l'organîsme, non seulement il n'y auraitpas eu d'abord mésentente mais encore iln'y aurait pas eu ensuite désillusion.

L'accord spirituel ne se rompt jamais,même dans le cas exceptionnel de désunionphysique. Il subsiste au milieu des piresépreuves. Il survit même à la mort.

A LA RECHERCHE DU BIEN-AIMÉ.

~O·toi; jeune fille, qui, à l'aube de la nubi­lité, cherches confusément ta voie, sachebien que toutes les possibilités te sont offer­tes si tu mets le bonheur de l'âme avant lebonheur du corps.

Lorsqu'on te parle de ton cœur, on n'en­tend par là, et tu n'entends ordinairementtoi-même, que ta facult~ émotion~elle. Tu asappris, dans les pages qui précèdent, quel'émotion sentimentale est plus souvent filledu corps qu'enfant de l'esprit.

Ne te laisse pas abuser par le mensongedes apparences. Cherche, au dessous dusable de la surface, le roc solide du fond.

Je te rai dit : l'homme qui fest destiné 1

est déjà en route vers toi. Lui aussi devralutter contre lui-même et contre les autrespour te joindre. Ne complique pas sa tâche,ne rends pas la tienne impossible en t'éga­rant sur les chemins.

Celui qui doit constituer avec toi le coupleidéal, le compagnon définitif de cette vie,àvec qui tu seras harmonieusement assem­bl:e, en indissoluble union, doit être placési haut dans ton cœur que nul ne voilera son

7

98 INITIATION SENTIMENTALE SE CARDER POUR UN BEL AMOUR 99

Image. Et, bien que ne l'ayant peut-êtreencore jamais vu, où qu'il soit, tu le recon­naîtras.

.ru ne le confondras pas ,avec les PrincesCharmants dont la vue ~ule est séduisante.Tu ne seras à la merci ni de la parure, ni del'éloquence, ni d'une bouche heureuse, nid'yeux émouvants. Tout ceci constitue ledécor extérieur, en bois et en toile, dont ilne subsiste, au bout de peu d'années, queles matériaux ternis.

Tu iras au delà de la beauté, du charme,de la prestance, pour être sûre qu'il y a der­rière tout cela droiture et fermeté.

Car, ce qu:-ïl te faut, c'est le mur solideoù t'appuyer dans les difficultés de la vieet non la' planche vernie qui casse ou sedérobe sous le poids. ' 1

Que ta quête soit longue, obstinée, enmême temps que pleine de certitude. Taréussite sera fonction de ton désintéresse­ment et de ta foi.

'Ne tiens aucun compte des avantagesmatéTiels, n'accorde nul crédit aux riches­se3, quand les uns et les autres sont au ser­vice d'êtres sans caractère et sans bonté.

Si les années passent avant que tu aies

rencontré celui qui doit venir, ne perds nipatience, ni courage. Il n'est jamais troptard pour trouver rauthentique bien-aimé.Là aussi, il te sera accordé selon ta foi, etsi tu n'obtiens pas très tôt ce que tu dési­rais, c'est que ta foi n'aura pas été assez ,grande, ni assez puissante la concentrationsentimentale dans ton cœur.

Mais si tu as forgé en esprit une représen­tation puissante d'amours idéales, celles-cite seront infailliblement offertes quelquejour, ,

Pour' peu que tu sois droite et vigilante,tu découvriras le véritable amour, même auloin, même s'il se ca,che, et, quand tu croi­ras l'avoir trouvé, tu le mettras à l'épreuvepour être sûre que c'est lui.

Si tu ne t'es pas trompée, ta prudence lefortifiera, ta sageS$e rattachera davantage,car le véritable amour est attiré par ce quilui ressemble et cherche à se contrôler.

Mais si tes précautions éloignent l'amourqui s'est présenté, n'en éprouve pas deregret, car ce n'était pas le véritable amour,mais son fantôme. Et mieux vaut que lemasque tombe a,vant qu'il ne soit trop tard.

Aie de longues fiançailles, pour avoir de

Net' abandonne àque lorsque tu auras

){)O INITIATION SENTIMENTALE

longues certitudes.l'ivresse sentimentaled.éfinitivement choisi.

A ce moment tu apporteras à celui qui enelst digne le capital d'une !me vierge, d'uneimagination intacte et d'un corps pur.

VERS CELLE-QUI-DOIT-VENIR.

Et toi, je1:1nehomme, ne, salis pas ton rêveni ton corps dans des expériences multiples.

Méfie-toi des amours vénales où l'Amourn' •• aucune part.

En utilisant la déchéance d'autrui tu parti­cip-es à cette déchéance. Toi qui préservestes pieds des maculatures de la rue, Com­ment offrirais-tu le plus intime de toi-mêmeaux souillures de ré~out ?

N'aggrave pas le malheur d'êtres avilis.Ne fais pas le malheur des jeunes filles véri­tables. Ne considère, en aucun cas, le terri­toile s~ntimental comme un champ d'expé­rience de tes instincts.

Et si l'infortune des autres ne suffit pas àt'émouvoir, pense à ta propre fortune.

Au contact des prostimées tu risques d'ef­froyabies maladies dont la moindre te laisse-

SE GARDER POUR UN BEL âMOUR tO J

rait diminué. De plus tu salis ton imagina­tion et tu t'habitues au voisinage de labassesse,

Dans l'union avec des femmes libres tun' éd:appes p~s au danger de contagion. Ettu t'exposes, au surplus, aux intriguesd'aventurières, de sorte que ta ruine moraleet matérielle peut suivre un attachementhaSardeux. '

.t.nfin, dans la séduction d'honnêtes filles,loyal ? Tu assumeras tes respc.nsabilités et,tu encours le risque de paternité. Es-tulà où tu pensais lier une heure, tu enchaî­neras ta vie. Te dérobes-tu à ton devoir ?Le.> remords te poursuivront JUSqU'élUbout.

Garde-toi aussi pour un bel amOUI et pourun être sans tache.

La jeune fille idéale que j'ai décrite dansles pages précédentes est précisém.ent faitepOUTtoi.

Sache l' attendr~ avant de la voir. Lavoyant, sache la reconnaître. Et la recon­naissant, sache t'en faire aimer.

"

>'

V

LE COUPLE. mUt

/1.

\

LORSQUE l'homme et ~a femme ,?rédestinés'se sont rencontres et qu Ils se sontreconnus dignes l'un de l'autre, ils réalisentla plus belle alliance qui soit sur la terre,celle' du couple idéal.

La Nature tend son piège reproductif àtous les ~imaux. Mais ~u'importe ce quis'en suit aux regards des créatures inférieu­res , La fécondation et la mise"bas sont pourelles des actes normaux.

Il est aussi simple pour la lapine de porter,d'enfanter et d'allaiter ses petits que demanger sa pâture. Ce qui constitue un événe­ment dans la vie humaine n'est, dans la vieanimale, qu'un incident.

Qu'un, deux, trois, tous les lapereauxd'une portée, qu'un, deux, trois, tous les

106 INITIATION SENTIMENTALE LE COUPLE IDÉAl. 107

poussins d'une couvée meurent en coursd'élevage, les mères n'y attachent aucuneimportance et piétinent sereinement leursenfants morts.

Il manque, je l'ai dit, à l'animal le senti­ment, par quoi l'imagination de l'Homme estbouleversée quand celui-ci vient à perdreses petits. De même aussi pour l'homme, etpour l'homme seul dans le monde animal,l'union sexuelle revêt une importance capi­tale, parce qu'il en mesure la durée, I"am­pleur et les répercussions..

Dès lors pourquoi l'homme agirait-il enanimal et non en homme ? '

APOTHÉOSE DU SENTIMENT.

S'il agit' en Homme" l'union de l'hommeet de la femme lui apparaîtra d'abord commeun contact spirituel. Et l'attrait physique,combiné avec l'imagination, aboutira à unereprésentation harmonieuse, qui est celle duvéritable amour.

Alors tout sera changé dans l'existence dechacun des deux êtres. Ils pouIl'ont commu­nier dans la même joie Sans scrupule niJ:emords. Le reste du monde s'effacera pro-

visoirement autour d'eux car ils seront,pour eux-mêmes, le centre du monde. Et ilschanteront le Cantique des Cantiques avecl'approbation de la terre et des cieux.

Tout ce qui est médiocre, vulgaire, dange­reux, malaisé deviendra, pour eux grand,noble, sûr et facile. Chacun songera, nonpas à recevoir, mais à donner. Car l'amourvrai, c'est le don total de soi-même. Et leschoses viles sont ennoblies par l'usage noblequ'on en fait..

C'est à ce moment de cérébrale exaltationque l'œil de ceux qui s'aiment se ferme auxspectacles ordinaires pour y substituer la

.' féerie du décor intérieur.Ùans un pareil état de l'âme le plus hum­

ble berger se voit aussi comblé que le plusgrand roi, parce que, tant qu'il possède cetterichesse du sentiment, il possède toutes lesrichesses du monde. Ses trésors ne sont plusextérieurs à sa personne. Il les porte réelle·ment en lui.

L'UNION' P ARF AUE.

L'union idéale devient, dans ces condi­tions, un acte quasi rdigieux. Le consente­ment s'y- fait élan; l'élan se fait don. On est

108 INITIATION SENTIMENTALE LE COUPLE IDÉAL 109

toute compréhension, toute délicatesse. Cha­cun brûle de se. sacrifier pour l'autre ettrouve dans ce sacrifice un charme croissant.

Parvenue à ces sommets sentimentaux, lacréature humaine plane très ~u-dessus de laBête. L'accord physique se réalise de lui­même par radhésion heureuse de l'âme etdu corps. Il y a unanimité des sentiments etunanimité des cellules. Et le couple réaliseainsi la plus prodigieuse des ascensions.

Tout ce qui, dans racte sexuel non poé­tisé. était laid, choquant et même ridicule.s'efface pour laisser place à une suaveréalisation. Le même geste, harmonisé,· delui-même se spiritualise et sa bassesse appa­rente disparaît.

L'union des sexes ne se réalise pas desang-froid, ·comme le premier venu des actesordinaires. Il faut que l'un et rautre desconjoints soient mêlés par l'âme pour admet­tre sans répulsion la mêlée des corps. Maissi la condition majeure se réalise, l'actedevie!1t éblouissant, auguste. Délégation duPouvoir Créateur, les vraies amours sont desprières et atteignent le plan divin.

- LES AMANTS SPIRITUELS.

Tandis que, dans la simple passion, l'ac­cord sentimental ne survit pas au mirage,cet accord subsiste et s'accroît dans l'amouraffectueux.

Sans doute cet amour ne reste pas _Jou­jours au même niveau physique. L'habitudedétend les ressorts de tous les sentimentshumains. Mais,' chez le couple idéal, la ten­dresse croît à mesure que le désir s'abolit.

L'amour du couple parfait est une perpé'­tuelle renaissance. Les événements· et mêmeles incidents de la vie le cimentent au lieude le dissocier.

Ce qui sépare les amants passionnels estprécisément ce qui unit les amants spirituels;le temps détruit chez les premiers ce qu'ilrenforce chez les autres. Car là où restimeest entrée, l'affection ne s'en va plus.

Lès mal unis connaissent tôt ou tard ladésaffection qui suit les tendresses physi­ques. Toujours, et parfois très tôt, ractesexuel dis.;ipc l'ivresse sentimentale et laisseles partenaires interdits. Le dégoût succèdesans trarisition au désir. Le mépris devance

110 INITIATION SENTIMENTALE LE COUPLE IDÉAL ttl

la haine. L'amour est le contraire del'Amour.

Les vrais amis ne connaissent pas cettedéception sentimentale. L'intimité physiqueles lie en esprit pour jamais. Leurs cœurssont gonflés de reconnaissance, leurs âmespleines de gratitude. La venue de renfant,effroi et rancœur des unions temporaires,leur sert de lien définitif. A la honte faitplace la gloire des maternités librementconsenties. L'apothéose nuptiale est pourles véritables amants.

L'AMOUR EST UN ACTE DE FOI.

L'Amour total n'acquiert sa plénitude quepar une confiance réciproque.

Autant il a fallu, avant, déployer de pers­picacité et de prudence, autant il importe,après, d'être confiant.

Le naïf et expressif langage de jadisappelait « accorder sa foi JI rengagementque les fiancés contractaient pour la duréede leur existence. Nul terme ne convientmieux à cet accord de mutuelle loyauté.

Foi donnée ne se reprend jamais, quellesque soient les circonstances de la vie, fût-on

séparé par des lieues et des années, dansrespace et dans le temps.

L'homme ou la femme aimants qui dou­tent de leur amour ne llont'pas dignes d'ai­mer. Et cette foi doit être agissante, nonpassive, II faut alimenter rAmour commeon alimente -un bûcher. Le feu sera propor­tionnel à la quantité qu'on apportera, à -laqualité du combustible. Certains héros defoi conjugale ont fait monter leur flammejusqu'aux cieux.

ÉGALITÉ D'HUMEUR.

Quand on a confiance dans la compagneou le compagnon élu, on ellt prêt à toutesles concessions honorables. On n'y met pointd'amour-propre, car r amour-propre est auxantipodes de r Amour. Pas de caprices nonplus, cette escrime instinctive de la femme,désireuse d'éprouver les limites de son pou­voir. C'est là un jeu dangereux, parce qu'ilfatigue inutilement les rouages de r~me.Les vieux professeurs d'automobile ont cou­tume de dire : « N'appuyez pas à fond surl'accélérateur. JI

De sages conducteurs de la vie garderont

112 INITIATION SENTIMENTALELE COUPLE IDÉAL 113

toujours en réserve un excédent de pui'i­sance. Cela facilite les reprises et le passagedes mauvais tournants.

La jeune femme, surtout, fuira la coquet.terieexcessive, celle qui .d'abord se nourritd'elle-même, puis qui s'alimente à l'exté­rieur. Tout amour dispersé ou bifurqué perd

.de son dynamisme. Toute incision sur la tigedétourne la sève de l'arbrisseau. L'amour secultive comme une plante, et une plantefragile. On l'arrose, on le sarcle, à l'abri descourants d'air.

C'est qu'en t;!ffetl'égalité d'atmosphère etde soins est absolument indispensable. Labonne humeur est une belle chose, mais rienne vaut l'égalité d'humeur.

Tous les redressements, toutes les réédi­fications 'sont possibles avec des partenairesd'humeur égale. Mieux vaut une bontémoyenne que de grands sursauts de vertu.

AIMER : VERBE ACTIF.

Ce ~ui distingue le faux amour du vrai,sachez-Ie, c'est l'égoïsme. L'amour égoïstene pense qu'à soi.

Tant que persiste le phénomène d'embel-

lissement imaginatif décrit plus haut, le fauxamour fait illusion parce que, dans rardeurde son désir, il est prêt aux concessionsimmédiates. Mais il reprend son vrai carac­tère dès que le désir n'existe plus.

Aimer est un verbe actif et le plus actifde tous les verbes. Combien le confondentavec sa forme passive : être aimé !

Ur, aimer, c'est donner, apporter, fournir,pour le bien de l'autre. Et, par contre-coup,c'est se perdre de vue soi-même, s'oublier.

Mais l'amour est à double ~ns quand iln'est pas égoïste. Son grand courant alterna.tif est à renversement continuel.

Même sans l'avoir prémédité, celui quiaime est nécessairement aimé, s'il a d'abordporté sur le plan spirituelle jeu de son libre­échange.

Lorsque l'amour du couple est à sens uni­que et qu'un seul de~ unis aime ou est aimé,cet amour ne durera pas, car il est vicié dansson principe.

Bien plus : l'amour du couple qui se limiteà lui-même est également condamné, parceque, participant de l'humanité, il doit rendreà celle-ci le courant par quoi elle l'alimente.

Un authentique amour devient nécessaire­Il

114 INITIATION SENTIMENTALE

ment universel. Restreint dans sa manifesta­tion physique à la créature élue, il s'étendspirituellement à Tout-ce-qui-est.

Et c'est la raison pour, laquelle on peutjouir· profond~ment d'un tel amour~ sans

_ remords, sans hésitation, sans scrupules,puisqu'il est, sur notre Terre, le sourire de laDivinité..

VI

LES BARRIeRESPROTECTRICES

L'ÉDUCATION, on l'a vu, joue un rôle depremier plan dans la phase sentimentalede la vie et dans le comportement sexueldes jeunes gens.

Sa tâche est facilitée par l'amour-proprenaturel et le respect de soi-même que cha­cun, même dans l'enfance, possède instinc­tivement.

HYGIÈNE PHYSIQUE,

L'hygiène phYsique intervient à son tour.et permet de substituer à de mauvaises habi­tudes inconscientes de conscientes bonneshabitudes.

II y a des conditions physiques de l'équili­bre sexuel. .

118 INITIA TION SENTIMENTALE LES BARRIÈRES PROTECTRICES 119

Les enfants et les jeunes gens doivent êtrehabitués de bonne heure à une extrêmepropreté. Les lavages à reau froide causentnotamment des réactions bienfaisantes ~uicontribuent à la paix du corps..

Les organes génitaux, en particulier, doi- 'vent toujours être nets. Il importe que nuldépôt excrétionnel ne subsiste dans les replisdu prépuce chez les garçons et de la vulvechez les filles. Faute de quoi, apparaissentdes inflammations et des prurits qui incitentà se gratter. Tout ce qui appelle anormale­ment l'attention sur l'appareil sexuel est àéviter, de peur qu'un geste d'abord machi­nal ne devienne une coutume. C'est pour­quoi les familles veilleront à ce que les par­ties génitales soient exemptes d'érythème oud'eczéma.

De même il faudra surveiller les parasitesde ranus parce que celui-ci avoisine lesrégions reproductrices et que les démangeai­sons causées par-les vers intestinaux énerventet congestionnent tout le bassin.

Pour les mêmes raisons on écartera unealimentation exagérément riche et échauf­fante. L'alcool, le gibier, les conserves, lacharcuterie, les épices, etc ... devront être

écartés du régime alimentaire de l'ado­lescent.

On renoncera aux vêtements collants etserrés pour y substituer une vêture pluslâche, de manière à éviter la compressionet le frottement.

HYGIENE MORALE.

Dans un ordre différent, mais toujourspour arriver au même but, seront prohibésles spectacles, auditions, lectures, fréquen­tations, conversations trop -suggestifs ou troplibres.

Sans tomber dans rexagération, on peutsuivre des prescriptions d'hygiène socialequi tienn!'lntle milieu entre la licence et unrigorisme outrancier.

Comme en matière médicale, l'évictiondes microbes et virus est préférable à la luttecontre les bactéries.

L'asepsie morale vaut mieux que l'anti­sepsie morale, en ce sens qu'elle isole l'or­ganisme spirituel des ferments destructeurs.

Mettre radolescent dans les conditions lesmeilleures de résistance aux pouvoirs dumal, c'est l'inciter à produire lui-même etautomatiquement leurs antidotes.

120 INITIATION SENTIMENTALE LES BARRIÈRES PROTECTRICES 121

Ainsi, peu à peu, les jeunes gens appren­nent à compter sur rauxiliaire qui est eneux, au lieu de se méfier de la complicitéqui est en soi.

BIENFAITS DE L'INITIATION.

La troisième grande barrière de protectionest l'initiation physique et sentimentale,objet même du livre que vous lisez.

Selon la Genèse, Adam et Eve furentamenés à cueillir la pomme uniquement parcuriosité. Et c'est bien la curiosité qui pousseles adolel!Cents à s'enquérir des chosessexuelles, quand l'imprévoyance familialeles tient dans l'ignorance à ce sujet.

Le jeune homme ou la jeune fille quis'aventurent en pleine innocence dans cedomaine dangereux sont pareils à l'homme

.non averti qui s'engage sur un terrain seméde chausse-trappe!!. Les camarades fausse­ment renseignés constituent un péril acces­soire, et nombreux sont les initiateurs pre­somp~eux qui tombent dans le piège lespremIers.

Après avoir lu et étudié, !!Ousle contrôlede leurs parents ou de leurs maîtres, le pré.

sent ouvrage conçu en toute sincérité, lesadolescents auront la certitude de connaîtrela question sexuelle entièrement, quoi~uesuccinctement, et d'en avoir parcouru toutel'étendue. Pour la première fois peut-être,on les aura collectivement traités en per­sonnes raisonnables, admises à la connais­sance et à la discussion.

Ils n'auront plus l'impression d'être consi­dérés comme des mineurs physiques etspirituels qu'on écarte de certains territoires.Ils se trouveront loyalement en face de leurspropres responsabilités.

Pour ceux qui, auparavant, ignoraient toutou presque tout de ce capÏ.tal problème,l'initiation exacte et mesurée des mystèresde la reproduction humaine suscitera diver:;esréactions.

Certains seront heurtés et certains déçuspar la révélation de l'importance animalequ' ofn:e le problème.

A la réflexion et en reli!!ant les pages dudébut, tous s'apercevront que, bien loin deconstituer un abaissement, cette animalitéest la condition même du perfectionnementde l'Homme, puisque la Vie Supérieure

122 INITIATION SENTIMENTALE LES BARRIÈRES PROTECTRICES 123

résulte de la perpétuelle bataille entre Iïns~tinct et l'esorit.

Dès à présent, le jeune lecteur el!t affran­chi de la curiosité théorique. Il a la connais~sance livresque des lois 'physiologiques etsentimentales de l'union. Il est, en outre,prévenu contre rexpérience pratique dont lechapitre précédent lui a montré les dangers.

LA PURETÉ.

Les règles sociales {morale, philosophie,religion} suscitent chez les jeunes gens desrésolutions efficaces.

La presque unanimité de la jeunesse estsensible aux notions d'honneur et de loyauté.

La loi civile ordonne le respect d'autrui ;la loi naturelle conseille le respect de soi.même.

l'out être jeune a besoin intérieurement'd'être fier de soi.

ne même que les canetons courent d' em~blée à reau, symbole de la propreté physi­que, les petits hommes courent instinctive­ment à la propreté morale, symbolisée parla loyauté. '

Ce besoin de pureté est congénital. On

aime à avoir la conscience nette. Car ondéplace se,s « anges » comme on déplace ses« démons ll.

En effet, la pureté engendre la pureté etcrée une zone autour d'elle.

Quand on a une certaine aristocratie dusentiment, on ennoblit toutes ses fonctions.

Rien n'est vil pour' une âme noble. Rienfi' est noble pour une âme vile.

Comme on l'a dit souvent : ( Tout est puraux purs. »

LA TRANSPOSITION DU DÉSIR.

Bien que le calme sexuel soit la règle dansles jeunes organismes, il peut arriver que lasollicitation sexuelle soit plus pressante chezcertains en raison de leur ambiance ou deleur hérédité.

Que ceux-ci ne s'inquiètent point, qu'ilsne désertent jamais la lutte !, Loin d'être unecondition de déchéance, la poussée du Désirest une arme de plus.

Il ,existe naturellement chez l'être humainune faculté de transposition du Désir quitransforme celui-ci en énergie spirituelle avecla même efficacité que dynamo et turbine

124 INITIATION SENTIMENTALE

transforment l'eau brute de la rivière en élec­tricité.

L'électricité du Désir est une des plusgrandes forces du monde. Appliquée à debasses besognes, elle n'est cju'un fluide géU$­pillé. Economisée pour de nobles fins enl'accumulateur de notre organisme, elle a lapuissance de tout mouvoir dans les domainesmental et spirituel.

Combien de grands sexuels sont devenusde grands savants, de grands chefs, de grandsexplorateurs, de grands artistes, de grandsmissionnaires, parce qu'ils ont spiritualisé laflambée vitale qui était en eux 1

Comme toutes les autres énergies, l'éner­gie sexuelle se prête à des besognes multi­ples. Ce serait la méconnaître que la réduireà l'acte intermittent et bref de la fécC\ndation.

Il dépend de vous, jeunes gens, de l'uti­liser pour des fins divines et c'est en fonctionde cette· transfiguration intime que vousmonterez vers les hauteurs.

FIN

TABLE DES- MATIÈRES

INTRODUCTION••••••••••••••••••••••••.••••• ~

RÉSUMÉ PRÉLIMINAIRE. DES LOIS PHYSIOLOGI-QUES DE LA REPRODUCTION•••••••••••••• 9

1. - L'ATTRACTION SEXUELLE•••••••••••••• II

Loi d'attraction physique. - L'instinct detransmission de la vie. - La Bête subit,l'Homme transpose. - Par quoi l'Hommese différencie de l'animal. - Introductionde l'intemgence dans le domaine de l'ins­tinct. - La puberté. - La poussée desgermes. - L'instabilité JUVénile.- L'ini­tiation sexuelle ne doit pas être laissée auhasard. - Nécessité de l'initiation contrô­lée. - La notion de pudeur. - Le pouvoir

d'émotion

II. - L'AMOUR •••••••••••••••• • •••• • •••••• 35

Naissance de l'amour. - La « Cristallisa­sation » de Stendhal. - Les lunettes magi­ques. - Pirates et corsaires du sentiment.- La pureté est l'apanage de la jeunesse.- L'ivresse. - Le piège de la nature. -

Le vertige sentimental

126 INITIATION SENTIMENTALE

III. - lES DANGERS PHYSIQUES ET SENTIMEN-TAUX DE L'UNION SEXUELLE•.•••••••••••

De la Bête à l'Ange. - les petites écono·mies de la Nature. - les voleurs d'amour.- l'effrayant égoisme du mâle.'· - lesabandonnés. - le blasphème contrel'amour. - le devoir des jeunes hommes.Ce que la jeune fille doit savoir. ­l'ennemi principal est en soi-même. ­le loup et l'Agneau. - la puissante fai­blesse féminine. - Maladies sexuelles. ­le drame des « Avariés ". - les porteursde mort. - La Géhenne. - Le droit

chemin

IV. - SE GARDERPOUR UN BEL AMOUR••••••••

la responsabilité familiale. - La clé descœurs. - L'éducation harmonieuse. ­Préparation du sentiment. - Savoir choisir.

A la recherche du Bien-Aimé. - VersCelle-qud-<loit-venir

V. - LE COUPLE IDÉAL••••••••••••••••••••

Apothéose du sentiment. - L'union par­faite. - les amants spirituels. - L'amourest un acte de foi. - Egalité d'humeur. -

Aimer : verbe actif

VI. - LES BARRIÈRES PROTECTRICES••••••••

Hygiène physique. - Hygiène morale.Bienfaits de l'initiation. - La pureté.

La transposition du Désir

55

8s

103

Ils

ACHEva D'IMPRIMER LE30 JUIN 1944. SU R LESPRESSES DE GUILLEMOT ETDE LAMOTHE. IMPRIMEURSA PARIS ET A LIMOGES

AUItol"ÎSation n' 26.021Edi1:enr n' 3

Imprimeur no 41Dépôt légal 2e trim. 44

TITRE ANNEERerEDITIONSGENREDE LA ROSE A L'ARTICHAUT

1926GBiFlammarionpoésieL'AMOUR et LA MER

1926GB2Prix de la FemmeromanLE UVRE DE L'EAU

1927GB3FlammarionnatureLE PERE POU

1928GB4FlammarionhumourARMIE

1929GB5FlammarionromanLE PRINCE VIERGE

1931GB6FlammarionromanLACLE

1935GB7Bazainville 1AstraspirituelJESUSA DE GUIPUZCOA

1936GB8Calman-LévyromanLA VIE AGITEE DES EAUX DORMANTES

1936GB9 StocknatureLE SECRET DE LA GRANDE PYRAMIDE

1936GB10Adyar 1J'ai luésotériqueLE LIVRE DE LA MORT DOUCE

1937GB11DanglesspirituelQU'EST CE QUE LA RADIESTHESIE ?

1937GB12 PlonésotériqueL'INVISIBLE ET MOI

1938GB13Courrier du livrespirituelLA DANSE SUR LE VOLCAN

1938GB14 AdyarésotériqueLE REGNE DE LA BETE

1939GB15la SourceriesociétéLE REGNE DE L'AGNEAU

1939GB16J.Olwen! AGBspirituelLASORCIERE

1939GB17Calman-levyromanDIEU EST IL MATHEMATICIEN?

1942GB18 AstraésotériqueLES CLES DE LA SANTE

1942GB19Courrier du livrespirituelLES CLES DE L'ABONDANCE

1943GB20DanalesspirituelLES CLES DU BONHEUR

1943GB21Courrier du livrespirituelL'INITIATION SENTIMENTALE

1944GB22NiclaussociétéFRANCE ,FILLE AlNEE DE L'ESPRIT

1945GB23J.OlivensociétéL'ENIGME DU GRAND SPHINX

1946GB24Adyar 1Jai luésotériqueL'AMI DES HEURES DIFFICILES Ile livre de chevet}

1946GB25Du RoseauspirituelLES DESTINS OCCULTES DE L'HUMANITE

1946GB26 AstraésotériqueJE et MOI

1947GB27Du RoseauspirituelL'OEIL DE LA TEMPETE

1947GB28AillaudvécuIL Y A UN TRESOR EN TOI

1949GB29Omnium 1 AGBspirituelDEMANDE ET TU RECEVRAS

1949GB30Niclaus 1AGBspirituelCOMMENT VAINCRE PEURS ET ANGOISSES ?

1949GB31DanalesspirituelQUI SERA LE MAITRE DU MONDE?

1949GB32 ErmiteésotériqueAFFIRMEZ ET VOUS OBTIENDREZ

1950GB33DanglesspirituelLE JEU PASSIONNANT DE LA VIE

1950GB34Astra 1 DanglesfspirituelA TRAVERS LES ALPES FRANCAISES

1950GB35 ErmitenatureAPPRENEZ A BIEN PARLER

1950GB36NiclaussociétéVIVRE DMNEMENT

1950GB37Du Rocherspirituell'APRES-MORT

1951GB38Du RocherésotériqueCOMMENT ON SOULEVE LES MONTAGNES

1951GB39DanaiesfAGBspirituelLES DERNIERS TEMPS DU MONDE

1951GB40 DervyésotériqueLA VIE COMMENCE A 50 ANS

1953GB41Aubanel /DanalessociétéSOIS TON PROPRE MEDECIN

1953GB42Amour et vie 1AGBsociétéLA REFORME DU CARACTERE

1953GB43NiclaussociétéPETIT TRAITE DE MYSTICISME EXPERIMENTAL

1954GB44Niclaus 1AGBspirituelL'OPTIMISME CREATEUR

1954GB45DanalesspirituelDIEU EST IL TOUT PUISSANT?

1954GB46 AstraésotériquePARIS EN ZIG ZAG

1954GB66AuteursociétéLA GUERISSON PAR LA FOI

1955GB47AubanelspirituelRECHERCHE DE LA N ieme DIMENSION

1955GB48 AdyarésotériqueGUIDE SPIRITUEL DE L'HOMME MODERNE

1955GB49 NizetspirituelPETIT CATECHISME DU SUCCES

1956GB50Astral AGBspirituellE SCANDALE DU PAIN

1956GB51 NizetsociétéREHABIUTATION DE DIEU

1957G85.2 AstraspirituelLA NOUVELLE CLE

1958GB53Du Roseauspirituel20 HISTOIRES DE BETES

1959GB54Crepin-leblondnatureLES REINCARNATIONS DE DORA

1960GB55FlammarionromanLE PROBLEME DE LA CHAIR ou l'énigme sexuelle

1961GB56NiclaussociétéVOYAGE AU BOUT DE LA RAISON

1962G857Aaed'orspirituelFAITES DES MIRACLES

1963GB58Niclaus 1AGBspirituelLA FONTAINE DE JOUVENCE

1963GB59Aubanel 1AGBspirituelLE SEIGNEUR M'A DIT

1963GB60Age d'orl AGBspirituelLE CALENDRIER SPIRITUEL

1964GB61Age d'orl AGBspirituelLE DOCTEUR SOI-MEME

1964GB62Aubanel 1AGBspirituelLE PROTECTEUR INCONNU

1966GB63Astra 1AGBvécuSOIS UN AS

1966GB64Aubanel IAGBspirituelJ'AI VECU CENT VIES

1968GB65J.MeyerésotériqueDIEU MON COPAIN

2002GB68 AGBspirituel

2