tahar ben jelloun, andrée chedid, marie desplechin, … · – le vieil homme et la mer, hemingway...

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Classiques Contemporains & Tahar Ben Jelloun, Andrée Chedid, Marie Desplechin, Annie Ernaux Récits d’enfance LIVRET DU PROFESSEUR établi par Cécile Pellissier professeur de Lettres

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Classiques Contemporains&

Tahar Ben Jelloun, Andrée Chedid,

Marie Desplechin, Annie Ernaux

Récits d’enfance

LIVRET DU PROFESSEURétabli par

Cécile Pellissierprofesseur de Lettres

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SOMMAIRE

DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRELes quatre récits d’enfance tirés de : ......................................... 3Dialogues adultes/enfants ................................................................ 3Souvenirs d’enfance et de jeunesse ............................................. 3Internet ........................................................................................................ 4Articles et ouvrages universitaires .............................................. 4

POUR COMPRENDRE :quelques réponses, quelques commentaires

Étape 1 Les Chèvres ne volent pas ................................................. 5Étape 2 La Vérité .................................................................................... 8Étape 3 À propos de la vérité ....................................................... 10Étape 4 Première enfance ................................................................ 11Étape 5 Les récits de vie ................................................................ 15Étape 6 Paroles de l’enfance ......................................................... 17

Conception : PAO Magnard, Barbara TamadonpourRéalisation : Nord Compo, Villeneuve-d’Ascq

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DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE

Les quatre récits d’enfance tirés de :

Jardins d’enfance (dir. Clarisse Cohen, préface Carole Bouquet), éditions du Cherche Midi, Collection Romans, 2001, nouvelles de : Éliette Abécassis, Tonino Benacquista, Tahar Ben Jelloun, Andrée Chedid, Th ierry Desjardins, Marie Desplechin, Annie Ernaux, Th ierry Gandillot, Jérôme Garcin, Anna Gavalda, José Giovanni, Marc Lambron, Agnès Michaux, Dominique Sigaud, Denis Tillinac, Pierre Vavasseur, Bernard Werber.

Dialogues adultes/enfants

– Le Malade imaginaire, Molière, Acte II, scène 8 (C&C n° 52)– Le Petit Prince, Saint-Exupéry– Le Vieil homme et la mer, Hemingway– Poil de Carotte, Jules Renard (C&C n° 6)– Oscar et la dame rose, Éric-Emmanuel Schmitt (C&C n° 79)– Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, Éric-Emmanuel Schmitt (C&C n° 57)

Souvenirs d’enfance et de jeunesse

Livres – W ou le Souvenir d’enfance, Georges Perec– Pleurnichard, Jean-Claude Grumberg– Le Testament français, Andreï Makine– L’Africain, J. M. G. Le Clézio– Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb (C&C n° 111)– Chagrin d’école, Daniel Pennac– Je me souviens, Georges Simenon– Amkoullel, l’enfant peul, Amadou Hampâté Bâ

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– Montedidio, Erri De Luca (trad. Danièle Valin) – Le pic-vert, Jean-Marie Viala – Les Cendres d’Angela : une enfance irlandaise, Frank McCourt (trad. Daniel

Bismuth)– Un enfant dans la guerre, Algérie 1954-1962, Saïd Ferdi– Une enfance créole, Patrick Chamoiseau– Claudine à l’école, Colette (C&C n° 129)– Le Voile noir, Anny Duperey– Sozaboy, Pétit minitaire, Ken Saro-Wiwa (trad. Samuel Millogo et Amadou

Bissiri)

FilmAu revoir les enfants, Louis Malle

Internet

Le web pédagogique propose de visiter des blogs d’enseignants. On consultera avec profi t celui de Mmes Tilly et Ropert qui signalent des liens intéressants pour compléter une séquence sur les récits d’enfance et d’adolescence :http://lewebpedagogique.com/francais2013/2012/11/16/complements-sequence-recit-denfance-et-dadolescence/

Articles et ouvrages universitaires

– Récits d’enfance, textes recueillis par Monique Gosselin, Revue des sciences humaines, n° 222, Lilles, avril-juin 1991.

– L’Ère du récit d’enfance, sous la direction d’Alain Schaff ner, coll. « Enfances », Artois Presses Université, Arras, 2005.

– Récit d’enfance et romanesque, sous la direction d’Alain Schaff ner, coll. « Romanesques », Encrage Université, Amiens, 2005.

– Récits et dispositifs d’enfance (XIXe-XXIe siècles), volume coordonné par Suzanne Lafont, Presses universitaires de la Méditerranée, 2012.

– Enfance et littérature, études réunies et présentées par Véronique Gély, coll. « Poétiques comparatistes », Lucie éditions, Nîmes, 2012.

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POUR COMPRENDRE : quelques réponses, quelques commentaires

Étape 1 [Les Chèvres ne volent pas, p. 58]

1 M. Abid a assisté à une bagarre sur le chemin de l’école, ce qui l’a retardé. Il est

bouleversé. Il n’a pas préparé la classe et il n’a pas pu accueillir les élèves à la porte

comme il le fait habituellement (p. 9, l. 1-4).

2 Le professeur demande : « Quelle est, d’après vous, la pire chose au monde ? »

Les élèves proposent plusieurs réponses :

− la mort (p. 9, l. 23)

− la maladie (p. 10, l. 28)

− la faim (p. 10, l. 32)

− la tempête de sable (p. 10, l. 39)

− les scorpions, les vipères, les chacals… (p. 10, l. 41)

− la guerre (p. 10, l. 44)

− la haine (p. 10, l. 47)

− la peur (p. 11, l. 53)

− la folie (p. 11, l. 56)

− l’injustice (p. 11, l. 62)

− l’esclavage (p. 11, l. 64)

− la trahison (p. 11, l. 68)

− le mensonge (p. 11, l. 70)

− l’hypocrisie (p. 11, l. 72)

− la méchanceté (p. 11, l. 74)

− le vol (p. 11, l. 77)

− le racisme (p. 12, l. 80)

− la bêtise (p. 12, l. 83)

3 L’arrogance (p. 13, l .123), associée à l’insolence, la prétention et le mépris

(p. 14, l. 126-127) et le fanatisme (p. 13, l. 124).

4 A affi rme qu’il a vu une chèvre voler, et donc que les chèvres peuvent voler.

B affi rme que c’est impossible, que les chèvres ne peuvent pas voler.

Chacun cherche à convaincre l’autre :

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− Les arguments de A : je viens de voir une chèvre avec des ailes (l. 137 et l. 141-145)/tu es aveugle (l. 146) / tu refuses de me croire parce que je suis socialement inférieur (l. 146-148 et l. 184-185, l. 187)/si tu ne me crois pas tu n’es plus mon ami (l. 161-162 et l. 175)/je ne suis pas un menteur (l. 166)/je ne suis pas fou (l. 176-177)/tu me méprises, ce que je dis est sans importance pour toi (l. 185-186)/tu te crois tout permis/tu cherches à m’humilier parce que je n’ai pas fait d’études (l. 191-193).

Les arguments de A sont mauvais : ils n’ont pas de valeur logique ni rationnelle. A assène une contre-vérité (les chèvres volent), et comme il ne peut arriver à défendre sa thèse de départ qui ne tient pas la route, il emploie des arguments ad hominem en attaquant la personne même de B (tu me méprises, tu es prétentieux...).

− Les arguments de B : les chèvres ne sont pas des oiseaux (l. 140)/tu dois avoir une hallucination (l. 149) ou tu as fait un rêve (l. 152) : c’est possible, ça m’est arrivé (l. 150-151)/tu dis des bêtises tel un enfant (l. 159-160)/je ne peux admettre ce qui est impossible pour ne pas te contrarier (l. 163-164)/c’est un fait d’autorité : les chèvres, les vaches, les brebis, les moutons, les agneaux, tous les troupeaux ne peuvent voler (l. 171-173)/tu es entêté (l. 164 et l. 178)/tu fabules, tu inventes (l. 167)/ce n’est pas logique (l. 170 et l. 196)/tu es fanatique (l. 174)/tu ne veux pas reconnaître ton erreur (l.174)/on peut demander confi rmation auprès des passants (l. 190)/tu es fou (l. 196)

5 D’abord, ils « discut[ai]ent normalement des choses de la vie » (l. 135).A « s’exclame » soudain qu’il a vu une chèvre volante (l. 136).B « répond calmement » (l. 139).Ensuite, le ton monte, les phrases se font plus courtes, plus incisives. Ils se cou-

pent la parole, se font des remarques cinglantes, puis ils arrivent aux insultes et enfi n aux coups. A est le plus virulent.

6 Il ne s’est pas rétracté, il n’a « rien lâché », il est resté convaincu : B n’a pas pu le faire changer d’avis. Pour lui, c’est une victoire.

7 Il est bouleversé par la conséquence de cette discussion stupide : la mort d’un homme. On peut comparer cette histoire à d’autres faits divers, d’autres confl its, en faisant remarquer que le prétexte choisi (c’est-à-dire le point de départ de la dispute imaginé par Tahar Ben Jelloun) est évidemment (et volontairement) risible et peu crédible. On peut prolonger l’étude de ce récit avec le texte de la chanson de Georges Brassens, Mourir pour des idées.

11 Les indices qui permettent de situer géographiquement le récit dans un pays du Maghreb :

− Le vocabulaire employé : le nom du professeur, « M. Abid » (l. 1) ; l’expression « fumer du kif » (l. 222-223)

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− Les références aux particularités climatiques : « la tempête de sable » (l. 39).− Les références à la faune : « les scorpions, les vipères, les chacals » (l. 41).− Les allusions et références à la religion de l’islam : « ceux qui ont cité le pro-

phète » (l. 110), « Dieu et son prophète » et « le Jour du Jugement dernier » (l. 195), « la religion de ta mère » (l. 198).

− Les allusions et références à l’organisation politique : « Caïd » (l.148).− Les références à certaines pratiques culturelles ou de la vie quotidienne :

« fumait du kif » (l. 222-223).Peu d’indices permettent de situer temporellement le récit. Le dialogue établi

entre le professeur et les élèves, la façon de parler laisse penser que ce récit est contem-porain (fi n du xxe siècle-début du xxie).

12 Ignorance : ânerie, balourdise, bêtise, bévue, crétinerie, gaff e, idiotie, insuf-fi sance, lacune, nullité, sottise, inaptitude, incapacité, incompétence, inexpérience, méconnaissance... ; n’y rien connaître, méconnaître, avoir des connaissances super-fi cielles, ne pas être au courant, ne se douter de rien, ne pas savoir, tâtonner, être ignare, incompétent, analphabète, illettré, bête, borné, cancre, idiot, niais, innocent, sot, apprenti, candide, crédule, gauche, incapable, inexpérimenté, ingénu, maladroit, malhabile, naïf, novice, profane...

Connaissance : compréhension, conscience, intuition, perception, prescience, représentation, acquis, bagage, clarté, discernement, entendement, érudition, lumières, notions, science, instruction, intuition, jugement, lucidité... ; appréhender, apprendre, avoir des bases, savoir, discerner, se documenter, étudier, s’initier, se ren-seigner, sonder, pénétrer, piger, saisir... ; averti, compétent, apte, doué, intelligent, informé, instruit, habile...

13 Ce que les yeux ne voient pas ne fait pas mal au cœur.Nul n’est prophète en son pays.Si un aveugle en conduit un autre, ils tomberont tous les deux.Celui qui a peur de demander est honteux d’apprendre.Étudier vaut mieux qu’ignorer.Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois.Au pays des boiteux, chacun pense qu’il marche droit.Ce n’est pas en battant ton âne que tu en feras un cheval.À laver la tête d’un âne, l’on y perd que sa lessive.L’admiration est fi lle de l’ignorance (et la mère des merveilles).C’est le signe d’un fou qu’avoir honte d’apprendre.Le savant conçoit l’ignorance parce qu’il en a tâté. Mais l’ignorant n’a pas été savant.Connaître son ignorance est la meilleure part de la connaissance.

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Laissez au peuple toutes les ignorances qui ne le trompent pas.Il n’est pauvreté que d’ignorance et maladie.Celui qui confesse son ignorance la montre une fois. Celui qui essaye de la cacher

la montre plusieurs fois.Avouer son ignorance est une preuve de savoir. Déclarer sa faiblesse un signe de

pouvoir.Qui ne connaît la honte de l’ignorance a honte d’apprendre.15 Voir le site de l’auteur : www.taharbenjelloun.org

Étape 2 [La Vérité, p. 60]

1 Liza est une petite fi lle, qui va à l’école (l. 40) et qui croit encore au Père Noël. On peut estimer qu’elle a entre 5 et 8 ans. Elle se trouve confrontée aux affi rmations de ses camarades de classe qui renient cette croyance. Elle veut savoir si le Père Noël existe et pose la question à sa mère (l. 26).

2 La mère hésite car elle se demande si : − elle a le droit de détruire un rêve, une jolie croyance (l. 32-33) ;− elle peut se permettre de détruire le plaisir familial du rituel autour du Père

Noël (l. 33-34) ;− son fi ls Tim, encore très jeune, ne va pas souff rir quand tous ses espoirs vont

être détruits (l. 34-35). On comprend qu’elle se dit que Liza va immédiatement aller raconter ce qu’il en est à son petit frère.

Elle est donc « tiraillée » entre le serment qu’elle a fait à sa fi lle (lui dire la vérité, l. 20-21) et l’envie de « sauvegarder une plaisante et chaleureuse légende » (l. 38-39).

3 Liza lui a accordé sa confi ance (« elle me livre tout son visage ouvert, confi ant », l. 28-29 ; « son regard me bravait, me scrutait », l. 47) et lui demande la vérité. La mère se dit qu’elle n’a pas « le droit de [se] dérober » (l. 48).

4 Liza éprouve d’abord une grande souff rance, qui se manifeste physiquement sur ses traits, dans son regard (l. 59-60), puis par une parole vive (« me lança », l. 63) et un mouvement d’humeur (« un claquement de porte », l. 65). Et, plus tard dans la journée, elle pleure à gros sanglots (l. 66) et repousse sa mère (l. 67). Finalement, elle se calme et perpétue tendrement la tradition auprès de son petit frère, à qui elle affi rme que le Père Noël existe (l. 84-89).

5 Elle veut préserver l’innocence de son petit frère, entretenir une légende qui l’a tant fait rêver, prolonger par son intermédiaire ce plaisir de sa petite enfance... Liza a passé un cap, elle est entrée dans le monde « des grands ».

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6 L’insistance de Liza, aussi bien dans ses propos que dans ses gestes (elle prend sa mère par la main, l’attire, claque la porte, l’immobilise dos au mur, allume la lumière, s’agrippe à ses deux poignets), son exigence formelle de la vérité, le ton avec lequel elle fait sa demande (l’emploi des impératifs « viens » l. 4 ; « attends-moi », l. 8 ; « ne bouge pas » l. 8 ; « promets » l. 16 ; et des verbes d’obligation « il faut », l. 4 ; ainsi que la « voix décidée », l. 11) met en évidence l’importance qu’elle accorde à l’entretien. Cela permet de mettre en scène un aveu délicat, une confi dence ou un secret à venir, que le lecteur attend et auquel il se prépare grâce au mystère entretenu.

7 « crue » : brutale, directe, criarde...« infl exible » : qui n’est pas souple, que l’on ne peut faire plier. Au sens fi guré :

que rien ne peut ébranler.Ce n’est pas la lumière qui est infl exible, mais la détermination de Liza qui braque

sur sa mère une lumière directe que l’on peut associer au projecteur des enquêteurs de la police qui attendent les aveux. La lumière crue (du fait qu’il s’agit d’un néon) doit révéler la moindre tentative de mensonge, de rétractation... L’emploi de l’adjectif « infl exible » est une hypallage.

8 Le terme « comédie » est à prendre au sens propre (jouer une pièce de théâtre, c’est-à-dire mettre en place une intrigue et jouer des personnages), et au sens fi guré, (bouff onnerie, plaisanterie, blague). Pour faire perdurer la légende du Père Noël, les adultes jouent la comédie en prenant des rôles, en racontant des histoires inventées. Ils participent en même temps à un canular général imposé par la société.

13 C’est un personnage légendaire, archétypal et mythique, associé à la fête de Noël, et donc « fabuleux » dans les deux sens du terme (qui appartient au monde des fables ; étonnant, extraordinaire). Il a ses origines en Europe du Nord (le saint Nicolas néerlandais, le lutin Julenisse nordique, le dieu celte Gargan et le dieu viking Odin) et a été popularisé aux États-Unis au xixe siècle. La marque Coca-Cola a véritablement fi xé dans les esprits l’image actuelle, et a « lancé » le Père Noël habillé en rouge en 1931 grâce à l’illustrateur Haddon Sundblom, mais le personnage du Père Noël avait déjà été utilisée par de nombreuses fi rmes (Waterman en 1907, Michelin en 1919, Colgate en 1920...). En France, le Père Noël a été popularisé par les Américains à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Auparavant, c’était le petit Jésus qui apportait les cadeaux et les oranges de Noël...

14 Vérité : admis, avéré, certain, connu, conviction, évidence, logique, démon-tré, incontestable, irréfutable, sûr, truisme, authenticité, exactitude, juste, naturel, ressemblant, sincère, plausible, véritable, croyable, vraisemblable...

Mensonge : tromperie, aff ectation, artifi ce, duperie, fable, feinte, invention, mystifi cation, ruse, fourberie, tricherie, manœuvre(s), déloyauté, hypocrisie,

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perfi die, traîtrise... ; abuser, contrefaire, se jouer, dissimuler, duper, endormir la confi ance…

15 − Films : Mélo, Alain Resnais (1986), adapté de la pièce du même titre d’Henri Bernstein (1929) ; La vie est belle (La vita è bella), Roberto Benigni (1997) ; Th e Truman Show, Peter Weir (1998) ; L’Adversaire, Nicole Garcia (2002), d’après le roman d’Emmanuel Carrère (2000)...

− Th éâtre : Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand (1897) ; Le Misanthrope, Molière (1666) ; Le Jeu de l’amour et du hasard (1730) et Les Fausses Confi dences, Marivaux (1737) ; Le Mensonge, Nathalie Sarraute (1966) ; Le Grand Invité, Victor Haïm (1988) ;

16 Andrée Chedid est française d’origine libanaise. Elle est née au Caire, en Égypte, a fait ses études dans des écoles françaises puis à l’Université américaine. Elle part ensuite vivre au Liban, puis à Paris où elle acquiert défi nitivement la natio-nalité française. On comprend donc qu’elle puisse évoquer les diff érents « côtés du monde », qu’elle y ait comparé les habitudes de la vie quotidienne, les traditions et les cultures. Dans les pays européens, la fête de Noël est associée aux lumières, à l’eff ervescence, aux décors... c’est pourquoi les images qu’elle donne de cette fête « frétillent ».

Étape 3 [À propos de la vérité, p. 62]

1 Jean-Gabriel (l. 2) prononce la première réplique. Il s’adresse à un « petit garçon » (l. 4) nommé Bruno (l. 7). Amalia (l. 5) est témoin de la scène.

2 Bruno est l’enfant de Catherine, né d’un autre mariage (l. 219-220). Jean-Gabriel, le mari de Catherine, est donc son beau-père. Jean-Gabriel et Catherine ont eu ensemble un enfant, le petit frère de Bruno (l. 224), celui que Bruno désigne comme « ton fi ls » (l. 26). Amalia est l’ex-compagne de Jean-Gabriel, avec qui elle a vécu plusieurs années (l. 212).

3 Elle est venue chercher un dossier qu’elle avait prêté à Jean-Gabriel (l. 230).4 Bruno a renversé une bouteille de sirop dans la cuisine en voulant attraper un

paquet de biscuits dans le placard (l. 148-154). Il ne veut pas l’avouer à Jean-Gabriel car il le déteste (il l’exprime indirectement en manifestant le souhait de le tuer avec la hache, l.168). Il fi nit par avouer sa bêtise parce qu’il a entendu ce qu’Amalia a murmuré à la terre : « Jean-Gabriel est le plus grand menteur que la terre ait jamais porté » (l. 262-263). Peut-être qu’il ne veut pas être associé à ce beau-père qu’il déteste en adoptant un comportement similaire de celui que lui reproche Amalia...

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5 Jean-Gabriel exige que tous les enfants vivant sous son toit disent la vérité. Donc, dans son esprit, les enfants doivent dire la vérité en échange du gîte et du couvert.

6 Pour Bruno, la hache est une arme off ensive qui lui permettra de régler un jour son diff érend avec Jean-Gabriel en l’éliminant, en le tuant.

7 Bruno déteste Jean-Gabriel. Amalia le méprise.

On peut évoquer ici la haine, le mépris, le dégoût, la déception, la colère...

11 On peut relever : « il va bien falloir que je punisse quelqu’un » (l. 23), « je ne veux pas de menteur chez moi » (l. 28-29), « tous les enfants qui vivent sous mon toit respectent le contrat de vérité » (l. 36-37), « ce n’est pas ce qu’a prévu le juge » (l. 41), « Mais tu veux peut-être que je l’appelle, ton père ? » (l. 43-44), « Tu veux que je lui dise que son fi ls est un menteur ? » (l. 46), « Tu te décides ou j’appelle ton père ? » (l. 57), « Tu pleures ? » (l. 62), « Comment te faire confi ance ? » (l. 71), « Si tout ce qu’on peut attendre de toi, ce sont des mensonges permanents » (l. 71-72), « Qu’est-ce qu’elle en pense, Amalia » (l. 79-81), « Tu verras, le jour où tu auras des enfants [...] comme c’est agréable » (l. 86-87), « Ne te mêle pas de ce que tu ne comprends pas » (l. 102), « Comme promis tout à l’heure, tu seras puni » (l. 334), « tu garderas ton frère pendant que nous sortirons ta mère et moi » (l. 335-336), « Mais si la punition est nécessaire, tu sais qu’elle n’a pas une grande importance » (l. 336-337).

On fera remarquer que c’est le point de vue subjectif d’Amalia qui les charge en grande partie de cette cruauté, et également parce qu’on les sort de leur contexte (considérés objectivement, ils prennent une autre dimension et certains peuvent être justifi és).

12 On peut interpréter la réponse de Bruno de plusieurs façons : cela ne m’in-téresse aucunement/ce n’est pas ce qui m’intéresse : j’ai un autre intérêt, une autre vision des choses, un autre objectif dans cette aff aire.../je ne veux même pas en entendre parler/je refuse justement d’être tranquille, je veux le provoquer...

13 La première partie du récit est racontée du point de vue d’Amalia qui assiste à la scène et exprime ses sentiments négatifs à l’égard de Jean-Gabriel et plutôt apitoyés à l’égard de Bruno. Le récit va ensuite être raconté d’un point de vue omniscient.

Étape 4 [Première enfance, p. 64]

1 1 La maison familiale (l. 36-69)

2 Le jardin public (l. 70-78)

3 Une tranchée ouverte dans de la terre jaune (l. 84-87)

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4 Diptyque : promenades à bicyclette : un pique-nique (l. 88-93)/un bombarde-ment (l. 94-100)

5 Un spectacle d’illusionniste : « Le martyre d’une femme » (l. 105-118)6 Diptyque : la cousine : chanteuse vedette (l. 120-123)/les cheveux coupés

(l. 124-129)On pourra également faire relever les scènes qui suivent :

7 Les pêches et les prunes (l. 133-137)8 Le sexe du petit garçon (l. 138-141)9 La langue bleue de la jeune fi lle (l. 142-145)10 Le pot de chambre du garçon malade (l. 146-149)11 Les biscuits trempés de la vieille édentée (l. 150-152)12 L’écho (l. 159-164)13 La petite fugue (l. 165-172)2 C’était pour elle une « donnée normale de l’existence » puisqu’elle est née

pendant la guerre, et n’a connu que la guerre qui ne peut donc lui apparaître comme un phénomène exceptionnel. L’annonce de la fi n de la guerre ne peut la toucher puisqu’elle n’en a pas connu le commencement, n’a pas vécu « d’avant ».

3 La narratrice adulte n’est absolument certaine que d’une seule chose quand elle évoque ces scènes et ces images : elle peut affi rmer si elles se sont produites (ou non) un dimanche. Elle n’a pas d’autre certitude, car ses souvenirs sont fl ous et les images de sa petite enfance restent pour elle « grisées, dans une sorte de vision crépusculaire » (p. 49, l. 61).

4 Elle a pris conscience de son existence propre, de sa réalité vivante en même temps que de la réalité, elle a pris conscience du monde qui l’entourait.

5 On peut relever : − la curiosité pour les objets au fond de la rivière (l. 45-46), la destination des

excréments fl ottants (l. 49-51) ;− l’admiration, mêlée de crainte, de soumission et de vénération pour sa mère,

dont la voix l’emprisonne (l. 66-69) ;− le dégoût pour les yeux de l’aveugle (l. 77-78), devant le contenu du pot de

chambre de l’enfant malade (l. 146-149), et devant la façon de manger de la vieille « mère Foldrin » (l. 150-152) ;

− le bonheur et le plaisir lors des pique-niques et des promenades dans la nature (l. 88-93) ;

− la terreur et la conscience d’un malheur imminent lors du bombardement et de la disparition de sa mère (l. 94-100) ;

− l’horreur, lors du spectacle de prestidigitation (l. 105-115) ;

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− la jalousie et le désir de vengeance, à l’égard de la cousine (l. 120-129) ;− le désir pour la nourriture (l. 133-137) ;− la fascination inquiète pour le sexe du petit garçon (l. 138-141) et intriguée

pour la langue bleue de la jeune fi lle (l. 142-145), et face au mystère de l’écho (l. 159-164) ;

− la liberté associée à la désobéissance lors de la petite fugue (l. 165-172).6 « Le temps de L. » renvoie à sa petite enfance, c’est-à-dire au temps où l’on n’a

pas de souvenir précis. Elle le compare à « un fi lm uniformément noir d’où surgi-raient parfois quelques images sans le son » (l. 82-83).

10 Indices temporels : − la description de la photo, et particulièrement du livret qui la contient apparais-

sant comme un objet totalement désuet (l.1-4). − la description des vêtements et des coiff ures : « un rouleau sur le dessus de la

tête » (l. 5-6), « la chemise brodée » (l. 8), « des cheveux courts, séparés par une raie [...] rubans » (l. 20-22), « une robe en tissu gaufré » (l. 89) ;

− les mentions des objets ou des pratiques inusités actuellement : « usine de fi lature » (l. 37), « un muret percé de marches pour aller puiser de l’eau » (l. 43-44), « les cabinets de la courette [...] en surplomb au-dessus de la rivière » (l. 48-49), le « pot de chambre » (l. 146) ;

− les références à la Seconde Guerre mondiale : • « Le temps de L., c’est la guerre » (l. 31) ;• l’Occupation : « tandis que le pays était occupé par les Allemands [...] commen-

çaient » (l. 10-12), « les clients et les soldats » (l. 65), « l’avance allemande en 1940 » (l. 194-195) ;

• la Résistance : « des résistants du Vercors sont fusillés contre des arbres » (l. 178) ;

• la Libération : « la langue que tire en riant une jeune femme à un G.I. dans le camp américain » (l. 142), « automne 1945 » (l. 188), « les tanks américains jetant des sachets d’orange en poudre » (l. 199-200) ;

• les combats et les bombardements : « réfugiés venus du Havre pilonné par les bombes » (l. 76-77), « une tranchée ouverte [...] une assiette de biscuits » (l. 84-87), « des bombardiers tournent au-dessus de nous » (l. 95), « À Hiroshima, des milliers de corps se racornissent » (l.180-181), « une rue intacte » (l. 196) ;

• les restrictions : « un ventre proéminent, peut-être signe de rachitisme » (l. 26-27), « la boutique d’alimentation, vide de marchandises » (l. 40-41) ;

• le nazisme et l’antisémitisme : « des enfants montent dans des trains pour Auschwitz » (l. 176-177), « le ghetto de Varsovie » (l. 179).

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Indices géographiques« réfugiés venus du Havre » (l.76), « usine de fi lature » (l. 37), « la rivière » (l. 36

et l. 45), « l’église et le Cirque Romain, il y a le jardin public » (l. 70-71), « la colline au-dessus de la rivière » (l. 85), « une route bordée d’un bois clair » (l. 94), « clôtures de la petite rue » (l. 166), « la grand-route de la fi lature » (l. 166-167), « une autre petite rue » (l. 168).

On se trouve dans une petite ville ouvrière, traversée par une rivière, non loin du Havre.

Annie Ernaux est née à Lillebonne le 1er septembre 1940, puis elle a passé son enfance et sa jeunesse à Yvetot. Les descriptions et les allusions aux faits historiques laissent penser que « le temps de L. » désigne celui de sa petite enfance (entre 1940 et 1945) à Lillebonne, commune de la région de Haute-Normandie (département de Seine-Maritime), située à 35 km du Havre, connue pour ses vestiges romains et en particulier son théâtre antique.

12 – L’évocation « des enfants [qui] montent dans des trains pour Auschwitz » (l. 176-177) parle de la déportation des enfants juifs dans les camps d’extermination, et en particulier celui d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne (construit en avril 1940 et libéré en 1945 par l’Armée rouge).

On pourra consulter les sites suivants : http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/enfants_deportes.htmhttp://1942.memorialdelashoah.org/– Les « habitants de Leningrad [qui] mangent des chats pour survivre »

(l. 177-178) évoquent le siège, par les Allemands, de Leningrad en Russie (ville de Saint-Pétersbourg, appelée « Leningrad » de 1924 à 1991), qui dura de septembre 1941 à janvier 1944. Ce fut le siège le plus long de l’histoire moderne jusqu’à celui de Sarajevo au début des années 1990. Les pertes humaines furent colossales (1 800 000 hommes, dont plus d’un million de civils). Dès novembre 1941, le froid et la faim font des ravages dans la population. Le 20 novembre, 11 000 civils sont déjà morts de faim et, en janvier 1942, 3 500 à 4 000 civils meurent de faim quotidienne-ment. D’après les chiff res offi ciels fournis par les Russes au tribunal de Nuremberg, la famine causa la mort de 632 000 habitants de Leningrad.

– Évocation de la Résistance dans le massif du Vercors : « des résistants du Vercors sont fusillés contre des arbres » (l. 178). Après la signature de l’armistice le 22 juin 1940, les premiers résistants français et étrangers gagnent le Vercors, alors en zone libre. En 1942, la zone libre est envahie, et la résistance s’y organise. Les premières attaques allemandes contre le Vercors ont lieu en janvier 1944. Du 16 au 24 avril 1944, une première opération de répression est menée par la milice française. Trois

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habitants de Vassieux-en-Vercors sont torturés. En juin, les Allemands occupent Saint-Nizier-du-Moucherotte. En juillet, les maquisards se retrouvent pris au piège, et Vassieux est réduite en cendres. 25 habitants sont tués. Le maquis du Vercors est disloqué fi n juillet 1944. Au total, les combats du Vercors ont fait 840 victimes (639 combattants et 201 civils). 573 maisons ont été détruites, 41 habitants de Vassieux déportés.

– Évocation du ghetto de Varsovie : « Dans le ghetto de Varsovie, on empile dans des charrettes les cadavres nus, en repliant les bras et les jambes » (l. 179-180). D’une superfi cie de 300 hectares environ, il a été le plus important ghetto juif de la Seconde Guerre mondiale. Il a été construit le 12 octobre 1940 et pratiquement détruit en 1943 après l’insurrection de ses occupants contre les nazis. Il a rassemblé d’abord 380 000 personnes, jusqu’à 439 000 personnes en juin 1941. Les conditions de vie étaient inhumaines. Les cadavres abandonnés dans les rues étaient ramassés, comptés puis enterrés dans une fosse commune. En été 1942, commence la déportation vers le camp de Treblinka, situé à environ 80 kilomètres de Varsovie.

– Évocation de la bombe larguée par l’armée américaine sur Hiroshima : « À Hiroshima, des milliers de corps se racornissent en quelques secondes » (l. 180-181) et « le colonel Tibbets qui a jeté la bombe raconte que s’est élevée une poussière d’or au moment de l’explosion » (l. 182-183) : au Japon, le 6 août 1945, à 8 h 15, cette ville fut la cible du premier bombardement atomique de l’histoire. La ville est instantanément rasée et 75 000 personnes sont tuées sur le coup. Dans les semaines qui suivent, plus de 50 000 personnes meurent. Le nombre total de victimes est imprécis, estimé à environ 250 000.

On pourra voir des images sur

http://www.youtube.com/watch?v=vcrS5sX3bhc

Étape 5 [Les récits de vie, p. 66]

1 La nouvelle de Marie Desplechin, À propos de la vérité, est la seule rédigée à la troisième personne. Le narrateur est donc externe. Cependant, le point de vue est interne (celui d’Amalia). On remarque que la nouvelle de Tahar Ben Jelloun est construite sous forme de récits enchâssés : le narrateur interne (qui parle à la première personne) rapporte directement les propos du professeur (qui parle également à la première personne) et qui lui-même raconte l’histoire de la chèvre et des deux amis (à la troisième personne).

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2 La nouvelle d’Annie Ernaux, Première enfance, semble bien être un récit d’en-fance (autobiographique).

Celle d’Andrée Chedid, La Vérité, évoque également un événement familial personnel : la mère relate un moment important de la vie de sa fi lle auquel elle s’est trouvée confrontée. Cependant, il ne peut s’agir d’un récit autobiographique puisque la fi lle d’Andrée Chedid ne se prénomme pas Liza mais Michèle.

Tahar Ben Jelloun peut également raconter un épisode de son enfance au Maroc.Sur les récits de vie, on consultera avec profi t le dossier thématique « Récits

d’enfance et d’adolescence », téléchargeable sur le site Classiques et Contemporains : http://www.classiquesetcontemporains.com/dossiers-pedagogiques

3 Toutes les nouvelles interrogent sur des réactions ou des actes. Celle de Tahar Ben Jelloun (qui s’appuie sur la thèse : « L’ignorance est la pire chose au monde ») et celle de Marie Desplechin (qui s’interroge sur la valeur des exigences des adultes vis-à-vis des enfants et sur la validité des « contrats » mis en place entre les adultes et les enfants) permettront particulièrement de développer une réfl exion intéressante avec les élèves.

4 L’auteur emploie d’abord un présent de narration, qui permet de mettre en relief le fait raconté et de capter l’attention du lecteur en lui donnant l’impression qu’il assiste à la scène. Puis elle emploie le système du passé avec alternance du passé simple (faits présentés dans leur ponctualité) et de l’imparfait (faits présentés dans leur durée). Cet emploi inscrit l’événement dans le passé. Les paroles rapportées directement sont, bien sûr, au système du présent (énonciation).

5 La narratrice se réfère au passé par rapport à l’instant présent : elle raconte et décrit les faits d’après les émotions et les impressions qu’elle ressent au moment où elle écrit, c’est-à-dire sans chercher à les dater ni à les classer. Comme elle le dit, il s’agit « seulement d’images de lieux, des scènes », c’est-à-dire des visions qui refont surface au moment de l’énonciation mais qu’elle n’inscrit pas dans une narration suivie faisant appel à la chronologie. Elle dit ce qu’elle voit à l’instant présent. Il s’agit donc d’un présent d’actualité.

8 Cet exercice est l’occasion de faire prendre conscience aux élèves de la diff é-rence entre les biographies savantes, faisant appel à des données vérifi ables, et les biographies romancées comme L’Allée du Roi, de Françoise Chandernagor (2007) ou Le Roman de Sophie Trébuchet, de Geneviève Dormann (1982)... et certains fi lms comme L’Histoire d’Adèle H., de François Truff aut (1975), Camille Claudel, de Bruno Nuytten (1988), Renoir, de Gilles Bourdos (2013). Ils pourront également s’interroger sur les enjeux de la biographie et sur son intérêt pour le lecteur.

9 Annie Ernaux est née en 1940 à Lillebonne, en Haute-Normandie, près du Havre. Elle a ensuite passé son enfance et sa jeunesse à Yvetot, en Normandie.

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Étape 6 [Paroles de l’enfance, p. 68]

1 – Les chèvres ne volent pas : le narrateur a environ 10 ans. Il se trouve à l’école primaire ou au collège. Les élèves, qui sont réunis dans la classe, attendent leur « pro-fesseur de français, monsieur Abid » (p. 9, l.1) qui est en retard.

– La Vérité : Liza a environ 6 ans, en tout cas entre 5 et 8 ans. Tim, son petit frère, a 3 ans (p. 24, l. 82).

– À propos de la vérité : Bruno est un « petit garçon » (p. 29, l. 4) au visage « rond, plein et doré » (l. 14) devant lequel Jean-Gabriel est obligé de s’accroupir (p. 29, l. 19) s’il veut lui parler en face. Il pleure (p. 31, l. 60-61) et grimpe dans les arbres, à quelques mètres du sol (p. 33, l.107-108). Il joue au foot et est suffi samment grand pour garder son petit frère lorsque Jean-Gabriel et Catherine sortent (p. 41, l. 334-335). Il a environ 10 ans.

– Première enfance : la narratrice fait référence au « temps de L. », et évoque des souvenirs de sa « première enfance ». Elle a environ 3-4 ans.

2 – Les chèvres ne volent pas : Le professeur raconte à ses élèves une scène à laquelle il a assisté (la dispute de deux amis provoquant la mort de l’un d’eux), prétexte pour lui de leur faire prendre conscience des conséquences néfastes de l’ignorance.

– La Vérité : Liza veut savoir si le Père Noël existe.– À propos de la vérité : Bruno a fait une bêtise que son beau-père, Jean-Gabriel,

lui demande d’avouer. Amalia venue en visite compatit et se range du côté de Bruno contre Jean-Gabriel dont elle méprise silencieusement le comportement.

3 Dans La Vérité et À propos de la vérité, les réactions des enfants permettent aux adultes de se poser la question sur la défi nition de la vérité et la nécessité de la dire.

4 Poil de Carotte et son père, M. Lepic, sont en présence. C’est Mme Lepic, mère de Poil de Carotte et femme de M. Lepic, qui est au centre de leur conversation : elle est considérée comme une mauvaise mère et une mauvaise épouse.

5 – Les didascalies : la très jeune fi lle parle « fort » puis laisse « un petit temps » lorsqu’elle veut convaincre le très jeune prince. Ce ton marque sa détermination en même temps que sa gêne.

– Les répliques : les hésitations de la très jeune fi lle sont indiquées par la ponc-tuation (les nombreux points de suspension), les répétitions (« te téléphoner », « ta mère », « là où elle est... »), l’emploi des présentatifs et tournures emphatiques (« ce que je dis c’est que... », « ce que je veux dire... c’est que »), la syntaxe (phrases incom-plètes, négations manquantes).

6 Les possibilités de réponse sont nombreuses : il ne peut répondre parce qu’il ne serait pas écouté... Il ne veut pas parce qu’il est révolté... Le proviseur est tellement

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convaincu qu’il ne cherche pas à se défendre, à démentir, à s’expliquer car il se dit que cela ne servirait à rien... Le proviseur ne lui laisse pas la parole.

10 On pourra trouver quelques exemples sur le site : http://com-gom.com/2012/02/19/les_enfants_dans_la_publicite/ et consulter la bibliographie proposée par l’Université des familles :http://www.unaf.fr/spip.php?article5263 12 Parmi les grands classiques : Gavroche et Cosette des Misérables, de Victor

Hugo ; Tom Sawyer et Huckleberry Finn de Mark Twain ; Rémi de Sans famille, d’Hector Malot ; Jim Hawkins de L’Île au trésor, de R.-L. Stevenson ; Le Club des Cinq, d’Enid Blyton ; Le Petit Prince, de Saint-Exupéry ; Sophie, Madeleine et Camille, des personnages récurrents dans les ouvrages la Comtesse de Ségur ; Alice d’Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll ; Le petit Nicolas, de Sempé et Goscinny, Oliver Twist et David Copperfi eld, de Charles Dickens ; Fifi Brindacier, d’Astrid Lindgren ; Mowgli du Livre de la jungle, de R. Kipling ; Zazie, de Raymond Queneau, Peter Pan et Wendy, de Peter Pan, de J.-M. Barry ; Heidi de Johanna Spyri ; Harry Potter, de J.-K. Rowling ; Titeuf de Zep...

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