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Les Études du CERI N° 142 - décembre 2007 Tableau de bord des pays d'Europe centrale et orientale 2007 sous la direction de Jean-Pierre Pagé Volume 2 Centre d'études et de recherches internationales Sciences Po

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LesÉtudesduCERIN°142-décembre2007

Tableau de bord des pays d'Europe centrale et orientale 2007

sous la direction de Jean-Pierre Pagé

Volume 2

Centred'étudesetderecherchesinternationales

SciencesPo

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LeTableau de bord 2007(volumes1et2)aétéréalisé,sousladirectiondeJean-PierrePagé,paruneéquipeluiassociantVitaliyDenysyuk, IoanaDordea,AudeHapiot, PetiaKoleva, EmmanuelMathias, LilianePetrovic etNebojsaVukadinovic. Lepanoramapolitique (vol.1) a été rédigépar JacquesRupnik. JacquesSapir apris enchargel'élaborationdelapartierelativeàlaRussie(vol.2).Jean-Pierre Pagé est expert économique pour lespays de l'Europe de l'Est. Il est correspondantscientifiqueduCERI(Sciences-Po).e-mail:[email protected] RupnikestdirecteurderecherchesauCERI(SciencesPo).e-mail:[email protected] Sapir est directeur d'études à l'Ecole deshautes études en sciences sociales (EHESS) où ildirige le Centre d'études desmodes d'organisation(CEMI).e-mail:[email protected]

Vitaliy Denysyukestdocteurenéconomie.e-mail:[email protected] Hapiot est expert en profils pays en vue del'accompagnement des entreprises à l'international.e-mail:[email protected] Liliane Petrovicestdoctoranteàl'EHESSoùelleestmembreduCEMI.e-mail:[email protected] Vukadinovic est docteur de l'Institut dessciencespolitiques.e-mail:[email protected]

R e m e r c i e m e n t s

Lesremerciementsdesauteurss’adressentparticulièrementàJudithBurko,fidèleéditriceauCERIduTableau de bord,RafalKierzenkowskiduBureauPologne/Francede l’OCDE,pour seschaleureuxetprécieuxconseils,etEdouardSicat, chefdes Services économiquespour l’Europecentrale et balteduministèrede l’Economie. Ilsn’oublientpasAlexandradeMiramon,du Servicedes relationspubliquesde l’OCDE,pour ladocumentationprécieusequ’elleleurfournit.

S o u r c e s

Banquemondiale,Doing Business 2007, How to reform.BanquenationaledeSerbie,Rapport annuel 2006.BERD–Transition Report Update 2007,mai2007;–Transition Report 2007,novembre2007.Centre d’études des modes d’industrialisation del’Ecoledeshautesétudesensciencessociales(CEMI-EHESS) - Institut de prévision de l’économienationale-Académie des sciences de Russie (IPEN-ASR),Données et analyses sur la Russie.CNUCED,World Investment Report,2006. Commission européenne,(communication auParlement européen et au Conseil), Stratégie d’élargissement et principaux défis 2007-2008,COM(2007)663,novembre2007.Courrier des pays de l'Est, «Europe centrale etorientale,2006-2007»,n°1062,juillet-août2007.Czech Invest et Sarion, agences tchèque et slo-vaque pour le développement économique et lesinvestissements.EIZ (Ekonomisti Institut – Croatie), Zagreb, 2006-2007.FMI,Republic of Serbia – Concluding Statement of Staff Visit,AideMemoire,mars2007.HeritageFoundationandWallSreetJournal,Index of Economic Freedom 2007.

Institute for Economic Research and Policy Con-sulting (IER – Ukraine), Macroeconomic Forecast Ukraine,Kiev,2007.Institut d'études économiques internationales deVienne(WIIW):–V. Gligorov, L. Podkaminer et al., Private Consumption and Flourishing Exports Keep the Region on High Growth Track, WIIW ResearchReports,n°335,février2007;–V. Gligorov, S. Richter et al., High Growth Continues, with Risks of Overheating on the Hori-zon,WIIWResearchReports,n°341,juillet2007.InstituteofMacroeconomicAnalysisandDevelop-ment(IMAD–Slovénie),Slovenia Economic Mirror,Ljubljana,2007.International Center for Policy Studies (ICPS-Ukraine),Quaterly Predictions,Kiev,2007.Kearney A.T., «Offshoring for long-termadvantage»,The 2007 A.T. Kearney Global Services Location Index.Mercer Human Resource Consulting, Cost of Living Survey, Worldwide Ranking 2007.Ministère de l’Economie (France), MissionéconomiqueenSerbie:fichesdesynthèse.MinistryofEconomyandtheEuropeanIntegrationofUkraine,Economic Situation and Forecasts,2007.

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Table des matières Slovaquiepar Aude Hapiot p.4Slovénie par Nebojsa Vukadinovic p.10Républiquetchèquepar Aude Hapiot p.15La Croatie et la SerbieCroatiepar Nebojsa Vukadinovic p.22SerbieparLiliane Petrovic p.27La Russie et l'UkraineLasituationéconomiquedelaRussieestentréedansunenouvellephasePremierseffetsdelastratégiepubliquededéveloppementpar Jacques Sapir p.35Ukrainepar Vitaliy Denysyuk p.48

Pour lire les tableaux par pays

Tableau 1. Evolution annuelle des principaux agrégats (en %)PIB, Production industrielle, Formation brute de capital fixe, Consommation des ménages:variationsenvolumeen%parrapportàl'annéeprécédenteSalaire réel moyen:variationsentermesréelsparrapportàl'annéeprécédente(l'évolutiondusalaireestdéflatéeparcelledesprixàlaconsommation)Prix à la consommation:variationsduniveaudesprixen%parrapportàl'annéeprécédente(surlabasedesmoyennesannuelles)Solde des administrations publiques(«generalgovernmentbalance»):calculéchaqueannéeen%duPIB.Emploi total et chômage:Variationdel'emploiparrapportàl'annéeprécédente.Letauxdechômageestcalculéde

deuxmanières:1)en%delapopulationactiveàlafindechaqueannéesurlabasedesstatistiquesdechômeursenregistrés;

2)en%delapopulationactiveenmoyenneannuellesurlabasedesenquêtesemploiselonleconceptduBIT.

Tableau 2. Balances extérieures, réserves et endettementExportations, Importations:variationseneuros(saufindicationcontraire)en%parrapportàl'annéeprécédente.Balances commerciales et balances des paiements courants : elles sont,pourchaqueannée,calculéeseneuros.Lesbalancesdespaiementscourantssontcalculées,enoutre,en%duPIB.Réserves de la Banque centrale et dette extérieure brute:ellessontcalculéeseneuros.

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S l o v a q u i e par Aude Hapiot

I.– Evolution macroéconomique

Lesprévisionspour2006relativesàlacroissanceduPIBdelaSlovaquiequ'annonçaitleprécédentTableau de bordontétédépasséesdanslaréalité,puisquelePIBaaffichéuntauxdecroissancede8,3%contre6,5%prévu.Ils'agitdel'undestauxlesplusfortsdeceuxrelevéschezlesnouveauxmembresde l'Union,derrièreceuxde laLettonie (11,9%)etde l'Estonie (11,4%). Ladynamiqueéconomiqueaétéentraînée,notamment,paruneproductionindustrielleplussoutenuequeprévue(9,9%de croissance réalisée contre 8%anticipée) et par le secteur de laconstruction (15%). Enrevanche, la balance des transactions courantes a affiché un déficit beaucoup plus important queprévu (8,3% du PIB contre 5,7% annoncés). De même, le déficit budgétaire a été un peu plusprononcé(3,4%aulieude2,7%)et lahaussedesprixàlaconsommationaétéplusconséquente(4,5%réaliséscontre2,7%en2005et4%anticipéspour2006).Lesprévisionspourl'année2007sonttoutaussioptimistesdupointdevuedelacroissanceglobalede l'économieque rassurantesencequiconcerne leséquilibres financiers.Elles s'appuient sur lesbons chiffres annoncés pour le secteur automobile, qui porteront la croissance de la productionindustrielleàuntauxde14%.Pourl'ensembledel'année,letauxdecroissanceduPIBdevraitrestertrèsvoisindecequ'ilaétéen2006,soitautourde8,5%.Laprogressiondes salaires (3,3%en2006et4%attendusen2007) sedémarquedes6,3%decroissanceenregistrésen2005etn'apportequ'unsoutienpluslimité,mêmes'ilrestesubstantiel,àlaprogressiondelaconsommationdesménages(7%attendus).Ilenvademêmeencequiconcerneles investissements:aprèsunecroissancede17,5%en2005soutenuepar lesretombéesdesgrosprojets d'investissements étrangers, la formation brute de capital fixe a retrouvé un rythme decroisièreplusmodéréavecunecroissancede7,3%en2006etde8%pourl'année2007.Conformément à ce qui avait été prévu dans le précédent Tableau de bord, les échanges avecl'extérieurn'ontpascontribuépositivementàlacroissanceduPIBaucoursdel'année2006,mêmesiles exportationsontconnuune augmentationdumêmeordre (près de30%) que les importationssoutenues par l'appréciation de la couronne. D'un côté, il est rassurant de constater que cettedernièrenerendpaslesproduitsslovaquesmoinsattractifssurlesmarchésinternationaux.Pourtant,d'unautrecôté,celan'apassuffiàréduireledéficitdelabalancecommercialequiaatteintprèsde2,5milliards d'euros. Néanmoins, on peut penser que les exportations d'automobiles vontcommenceràdonnerleursfruitsdès2007.Defait,letauxdecroissancedesexportations,portécetteannéeà38%,devraitpermettrel'apparitiond'unexcédentcommercialde1milliardd'euros.Pourleurpart,leséchangesdeservicesapportentleurcontribution,lacroissancedesexportations(21,7%)étant supérieure à celle des importations (15,2%) et leur balance, qui est traditionnellementexcédentaire,leresteraen2007,dégageantunexcédentde100millionsd'euros.Autotal,labalancedes transactionscourantesdevraitresterdéficitairede2,5milliardsd'euros, soit4,7%duPIB,sousl'effet du rapatriement des profits dégagés par les investissements étrangers réalisés les annéesprécédentes,cequitémoignenéanmoinsd'unenetteaméliorationparrapportà2006.En2005et2006, l'emploiaconnuuneaugmentation,de2,1et3,8%respectivement,soutenueparlacroissancedel'activitédanslesservicesetlaconstruction(en2005),puisdansl'industrie(en2006). Par voie de conséquence, le tauxde chômage reste sur unepente descendante et pourraitbaisser,sil'oncalculeselonlesméthodesduBIT,à11%enmoyenneen2007,cequireprésenteraituneréductionde50%comparéeàcequ'ilétaiten2001.Celapeutêtrerapprochédurôlejouéparles IDEquiontcommencéàaffluerennombresur le territoire slovaquedepuis2000etcréentdenouvellesactivités.

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L'inflation, qui a connu le rebond attendu au cours de l'année2006 (induit par l'ajustement decertains prix administrés) devrait revenir en 2007 au taux enregistré en 2005, à savoir 3%. LesinterventionsdelaBanquecentraleslovaqueontréussiàmaintenirletauxdechangedelacouronnedanslesmargesdefluctuationsrequisesparleMCEII(12%d'appréciationdanslalimitedes±15%imposés).Grâceàunbudget resserré, ledéficitdes financespubliquesnedevraitpasdépasser les3%duPIBen2007.Malgré le changement de majorité en 2006 et le discours du nouveau Premier ministre qui sepositionnait en rupture par rapport aux processus de réformesmis en place par le gouvernementDzurinda(cf. infra),leséchéancespolitiquesn'ontpasnuiàl'imageextérieuredupays,niperturbéses résultats économiques. A l'inverse, la Slovaquie a gagné une place dans le classementDoing Business de laBanquemondiale et son «indice de liberté économique», calculé par la FondationHéritageet leWall Street Journal,aprogressédequatrepoints.LesIDEyontfortementaffluéet lanotation «risquepays»aétérevueà lahausse. Ilestvraique,dans laréalité, l'actiondunouveauPremierministren'aquepeudéviédelatrajectoireinitiéeparlegouvernementdeMikulasDzurindaet son ministre des Finances Ivan Miklos. Le nouveau gouvernement s'efforce de continuer àrapprocher la Slovaquie du respect des critères de Maastricht et maintient le cap fixé sur uneintégrationà lazoneeuroen2009.Néanmoins, ilest intéressantdenoterquecequiaurait, ilyaencorequelquesannées,ébranlél'économieslovaquepassedésormaisquasimentinaperçu.Cen'estpasanodindans lecasd'une jeuneéconomieetcelamarqueuneprofonde rupturede trajectoire.Cela prouve que les notations du pays et l'intérêt des investisseurs étrangers sont moins liés auxcycles politiques qu'aux réelles perspectives économiques du pays, signe que l'image de laSlovaquie, sonancrageauseinde l'UEet lespotentielsdecompétitivitéqu'elle recèle,constituentdesstabilisateurssuffisammentimportantspourquel'économiecontinuedefonctionner,mêmesidesdiscourspolitiquesopposéssesuccèdent.Decefait,lamargedemanœuvredugouvernements'élargitprogressivementetpourraitdonneràRobert Fico la possibilitéd'infléchir la trajectoiredes réformes sans pourautant anéantir les effortsréalisésetlesbénéficesobtenusjusque-là.MaislePremierministrenesemblepasvouloirenprofiter,tantleslobbiesinterneslepressent.Lesgrandsgroupesindustrielsneverraienteneffetpasd'untrèsbonœil le faitque l'entréedans lazoneeurosoit reportée.L'enjeuest trop important.D'uncôté,dansl'étatactueldeschoses,l'appréciationdelacouronnegrignotelesgainsdecompétitivité-prixetlesmargesdesproducteurset,del'autre, lefaitd'adopterl'euroavantlesTchèques, lesPolonaisetlesHongroisseraitunmoyenderécupérerdespartsdemarchésurlespaysvoisins,lamiseenplaced'unemonnaiecommunefacilitantlerèglementdeséchangesinternationauxetayantsureuxuneffetpositif.D'oùlediscourscontradictoireduPremierministre,quiluipermetdefairecroireàl'opinionqu'iltiendrasespromesses,toutenmaintenantlecapd'uneadhésionrapideàl'euroetenrassurantainsilemilieudesaffairesetlaCommissioneuropéenne.Pourtant,lesdeuxobjectifssontdifficilementcompatiblesetconduisentlegouvernementàfairedeschoixquipourraients'avérerdangereux.L'analysedesdépensesdel'Etatpour2007est,àcetégard,très éclairante. Compte tenu de l'effet sur les recettes de la réforme de la fiscalité (flat tax),l'abaissementdudéficitpublicàunniveaude3%duPIBconformeaucritèredeMaastrichtpasseparunediminutiondel'investissementpublicetparlacontractiondesbudgetsdansdesdomainespourtant importantspour l'établissementd'unecroissanceéconomiquestableetdurable.Parmi lespostesdedépenses,seulslebudgetduministèredelaDéfense(+9%)etceluidel'Intérieur(+11%)ontétéaugmentéssubstantiellement.Lefinancementpublicallouéàl'éducationn'aaugmentéquede3,5%;celuiaffectéàlaconstructionetaudéveloppementrégionaladiminué,quantàlui,de7%et celui des transports de 4%. Cela semble montrer que le gouvernement se décharge desinvestissements réalisés dans les trois derniers domaines cités et compte sur les fonds structurelseuropéens pour compenser (cf. infra). Or cette stratégie va à l'encontre du principe européen decomplémentarité des fonds (qui s'oppose à celui de substitution) et transforme la politiqueeuropéenne de cohésion et de développement régional en une politique de subvention audéveloppementdesinfrastructuresnationales,cequin'estpastoutàfaitéquivalent.

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II.– Bilan de l'intégration dans l'Union européenne

1.– COMPÉTITIVITÉ DU SECTEUR PRODUCTIFVue de l'extérieur, l'image de la Slovaquies'est améliorée et l'attractivité du pays ne faitplus de doute. Les évaluations en termes derisque pays que confèrent les organismes denotation à la Slovaquie (A chez Standard andPoor,A1chezMoody,AchezFitch-IBCA)sonttrès satisfaisantes. Elles ont même encoreprogressé en 2006 et ont fait passer laSlovaquie en tête des trois autres pays dugroupe de Visegrad, devant la Républiquetchèquequi avait jusque-là lapremière place.De même, l'environnement réglementairenational apparaît particulièrement favorableauxaffaires.Pourtant, les flux de capitaux étrangersentrantsontdumalàsestabiliser.Certes,aprèsune baisse de régime entre 2003 et 2005, lefluxnetdesIDEadoubléen2006comparéàcequ'ilétaiten2005,semontantàuntotalde3,8 milliards de dollars, et le pays a despotentiels. Mais pour le moment, lesperformances réalisées reposent plus sur degros projets d'investissements réalisés spora-diquement que sur une multitude de projetstémoignant d'un réel tissu d'entreprises. LeWorld Investment Report 2006 de laCNUCED, qui compare potentiels et perfor-mances réalisées, conclut dans ce sens. Selonce rapport, malgré des potentiels qui ne sontpasmoindresque ceuxde ses voisins, la Slo-vaquieest,parmi lesnouveauxmembres, l'undes pays qui enregistrent les moins bonnesperformances (devant la Bulgarie et la Rou-maniecependant).Entermesd'IDE,lesmargesdeprogressionrestentdonctrèsimportantes.Après avoir suivi de nombreux projets d'in-vestissements dans les secteurs traditionnel-lement porteurs (machines et ingénierie, auto-mobile, électronique, chimie-pharmacie, etc.),l'agence de développement des échanges etdes investissementSARIOsouhaiteraitvoir lesnouveaux projets s'orienter vers la R&D, lestechnologies de l'information, les softwares etles secteurs de haute technologie. La bonnemaîtrise des langues étrangèresouvredenou-veaux débouchés dans le secteur tertiaire, ladélocalisation des plates-formes d'appelsnotamment.Entermesdepositionnementpourla localisation de la sous-traitance interna-

tionale des services, selon le A.T. Keartney Global Services Localisation Index de2007,laSlovaquieestledouzièmepaysleplusattractifaumonde,parmiceuxquiproposentlemêmeniveau de technologie de l'information, desupports techniques, de centres d'appels, desupportsback-office.Elleestenprogressiondequatreplacessi l'onseréfèreaurapport2006et représente le deuxième pays européen lemieux classé derrière la Bulgarie (neuvièmerangmondial).En termes de sous-traitance ou d'inves-tissement, la Slovaquie appuie surtout sacompétitivitésursamain-d'œuvrebonmarché.En 2006, le salaire mensuel moyen slovaqueétait de 504euros, le niveau le plus bas deceuxconstatésdanslesquatrepaysdugroupedeVisegrad,ycomprissil'onyajoutelecoûtdescotisationssocialespatronalesdontletauxs'élèveà35,2%.Pourgardersonavantage,laSlovaquie doit maintenir son «stock» de tra-vailleurs qualifiésmaîtrisant les langues étran-gères, fautedequoilararetédetelsemployésfera augmenter les coûts etdiminuer l'attracti-vité du pays. Aujourd'hui déjà, l'industrieautomobile ayant capté les meilleurs talents,d'autres secteurs d'activités, dont les tech-nologiesdel'informationcitéesci-avant,ontdumalàsedévelopper.Rappelonsque,suiteauxgrands projets d'investissements réalisés danslesecteurparKia-HyundaietFord(cf. Tableau de bord 2006), d'ici à 2008, la pro-ductionautomobilereprésentera50%delaproductionindustrielle dans son ensemble et 60% desexportations totales. La diversifica-tion del'économie slovaquedépendra donc enpartiede l'émergencedenouvellescompé-tencesauseindelamain-d'œuvredisponible.Hormislessecteurspourlesquelsuneforma-tion spécifique est nécessaire, une pénurienaissante de main-d'œuvre qualifiée apparaîtégalementdanslesdomainescommunsàtouslestypesd'activitéstelsquelemanagement,lafinance et l'organisation de la production.Aussiunnouveaumodèled'organisationd'en-trepriseest-ilentraind'émerger.Eneffet,fautedepouvoirrecruterdesemployéscompétents,lesentreprisesslovaquesouétrangèresimplan-téesenSlovaquieontdeplusenplustendanceà externaliser leurs servicesde gestion (comp-tabilité, logistique, distribution, ressources

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humaines, formation,...) et de développement(service après-vente, relations publiques, etc.).Cela leur permet de se concentrer sur leuractivitéprincipale.Pourasseoirplusconfortablementlacompé-titivité de ses entreprises, il est égalementimportantque laSlovaquieaméliore ses infra-structures (de transports et de télécommuni-cation) et ses capacités de R&D. En effet, lesdépensesenrechercheetdéveloppementdansle pays sont inférieures à la moyenne euro-péenneetontdeplusenplustendanceàs'enécarter. Par voie de conséquence, le nombredebrevetsdéposésesttrèsfaible.2.– UTILISATION DES FONDS STRUCTURELSSur1,91milliardd'eurosdefondsallouésautitredelapériode2004-2006,laSlovaquieenavaitdépensé0,85milliard,soitenviron45%,au31juillet2007.Lerestepourraêtredépenséavant décembre 2008. Ces fonds européensont notamment profité aux villes, ce qui étaitnécessairepourl'améliorationducadredeviedes habitants, et au déve-loppement dutourisme. Ils ont également soutenu lamodernisation de l'industrie. Les régions quiontétéjusqu'àmaintenantpeusollicitéesdansle système de management des fondsstructurels européens demandent que lagestion et la réalisation des projets soientdécentralisées.Au cours de la période 2007-2013, laSlovaquie recevra 11,6 milliards d'euros.D'ores et déjà, quelques obstacles à l'absorp-tiondeces fonds sontévoquésdans lapressenationale. Les priorités concernant leurrépartition vont aux infrastructures, àl'innovation et à l'éducation.Compte tenudece que ces trois postes ont soit très peuaugmenté, soit diminué au sein des dépensesde l'Etat telles qu'elles ont été définies par lebudget 2007, si cette tendance restrictive semaintient pendant plusieurs années, l'Etatrisquedenepasavoir lesmoyensdefinancerla partie des projets qu'il lui incombe deprendre en charge en complémentarité desfonds européens. En outre, lamise enœuvredesprojetsd'infrastructuresseheurteàd'autresobstacles.Ainsi, laconstructionde l'autoroutereliant Bratislava à Kosice, qui devraitdésenclaver lapartie est dupays,ne cessedeprendreduretardenraisondediffi-cultésliéesàlagestionduprojet,àl'achatdesterres,etc.

Elle pourrait ne voir le jour qu'à compter de2015.Aussi lesfondseuropéensdelapériode2007-2013 ne pourront-ils vraisemblablementpas y être dédiés et devront-ils trouver denouveauxdébouchés.Deplus, selonunauditduministèredesFinances,ilestnécessairequeles régions se dotent de personnels disposantd'une com-pétence et d'une spécialisationappropriées si la Slovaquie veut absorber aumieux les fonds qui lui seront alloués pour lapériode.3.– SITUATION SOCIALEAlors qu'il a été élu sur un programmecritique vis-à-vis des réformes menées par legouvernement précédent, les actions du nou-veau Premier ministre, Robert Fico, ont étélimitées et n'ont pas suffi pour le moment àredresserl'indicedeconfiancedesménages.Laremise en cause de la flat tax qu'il avaitpromise avant les élections n'a pas été suivied'effet.Enrevanche,unimpôtdit«taxesurlesmillionnaires»aétémisenplaceettouchelescontribuablesquigagnentplusde47600cou-ronnes(soit1437euros)parmois.Parailleurs,le taux de TVA sur les médicaments a étéabaissé de 19 à 10%. Une baisse similairepourraitsuivreconcernantleslivresetl'accèsàl'Internet, ainsi qu'une réduction du taux del'impôtsurlerevenuà17%.Surlestracesdugouvernementprécédent,RobertFicotablesurlaconcurrencefiscalepourasseoirlapolitiqueconcurrentielle du pays. Mais le choix n'estpeut-êtrepastrèsjudicieuxcomptetenudeceque l'Union européenne affiche clairement lavolonté d'aller dans le sens d'une harmoni-sationdes tauxd'imposition. Ilne semblepasnonplusallerdanslesensd'unejusticesocialequelePremierministres'étaitpourtantpromisderétablir.Ces derniers mois, les critiques du Premierministre se sont axées sur le secondpilier dusystèmedes retraitesmis enplacepar le gou-vernement précédent. Celui-ci repose sur unsystème par capitalisation au sujet duquel labonnegestiondesfondsdepensionestremiseen cause. Alors que ceux-ci enregistrent despertes,lesrevenusdesmanagersrestentélevéset n'ont pas été modifiés. Pour cette raison,RobertFicosouhaiteraitoffrirauxsalariésquilesouhaitent la possibilité de quitter le systèmeparcapitalisationpourréintégrerlesystèmeparrépartition.

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En ce qui concerne le niveau de vie, lerevenupar têteenSlovaquieestde l'ordrede65%duPIBmoyenparhabitantdel'Unionàvingt-cinq, ce qui représente une progressionde dix-sept points depuis 2000 selon le Rap-port de cohésion 2007 de l'Union euro-péenne.Onpeutpenserqued'ici2016,laSlo-vaquie aura dépassé les 75%de lamoyenneeuropéenne. Autre élément positif, le rattra-page vis-à-vis de la moyenne européennes'accompagned'uneconvergencedes PIBparhabitant entre les régions slovaques. Enrevanche, au coursde lamêmepériode,c'estsurtout par rapport aux tauxde chômagequeles inégalités ont le plus augmenté et l'écartentrelestauxdechômagedesjeunespeutdé-passer20%d'unerégionàl'autre.Demême,si leniveaud'éducationaugmentedemanièreglobaledans laclassedes25-34ans,unécartimportantsecreuseentrelacapitaleetlerestedupays.Parailleurs,lesinfrastructuresnesontpaséquitablementrépartiessurleterritoirena-

tional et les régions les plus à l'Est restentcoupéesdelapartielaplusoccidentaledupays.Enfin,dans lamesureoù ilsprivilé-gientles régions de l'Ouest, les IDEn'œuvrent pasdans le sens d'un rééquilibragedesdispa-ritésentrelesrégions.C'estainsique,parmilesplusgrosprojetsd'investissements,seulslesprojetsdeUS Steel et Fordontprofité à la régiondeKosice située tout à l'est du pays. De fait, larégiondeBratislavaconcentretoujourslaplusgrande partie des activités du pays, ce qui apourconséquenced'ydurcirlescondi-tionsdevie. Selon le classement établi parMercer, lacapitale slovaque est passée, entre 2005 et2006,du48eau31e rangen fonctionducoûtdelavieparordrecroissant.

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S l o v a q u i e III.– Principaux indicateurs économiques

Tableau 1 – Evolution annuelle des principaux agrégats (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

PIB 4,1 4,2 5,4 6,0 8,3 8,5

Productionindustrielle 6,7 5,3 4,2 3,6 9,9 14

Formationbrutedecapitalfixe 0,3 –2,3 5,0 17,5 7,3 8

Consommationdesménages 5,2 0,1 3,8 7,2 6,3 7

Salaireréelmoyen 5,8 –2,0 2,5 6,3 3,3 4

Prixàlaconsommation 3,3 8,5 7,5 2,7 4,5 3

Soldedesadministrationspubliques(%duPIB) –7,7 –2,8 –2,4 –2,8 –3,4 –3

Emploitotal 0,2 1,8 0,3 2,1 3,8 –

Tauxdechômage(%delapop.active)

–chômeursenregistrésenfind'année

–moyenneannuellesurbaseenquêtesemploi

17,5

18,5

15,6

17,4

13,1

18,1

11,4

16,2

9,4

13,3

8

11

Sources : WIIW

(e) : estimation ; (p) : prévision

Tableau 2 – Balances extérieures, réserves et endettement(variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

Exportationsdemarchandises 8,2 26,8 14,9 15,7 29,2 38

Importationsdemarchandises 6,2 13,7 17,9 18,0 28,9 26

Balancecommerciale(millionsd'euros) –2247 –565 –1237 –1970 –2460 1000

Balancecourante(millionsd'euros) –2043 –1747 –2656 –3288 –3640 –2500

Balancecourante(en%duPIB) –7,8 –6,0 –7,8 –8,6 –8,3 –4,7

RéservesbrutesdelaBquecentrale(Mdsd'euros)(orinclus) 8,82 9,72 10,95 13,07 10,15 –

Detteextérieurebrute(Mdsd'euros) 12,65 14,65 17,42 22,70 24,45 –

Sources : WIIW

(e ) : estimation ; (p) : prévision

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S l o v é n i e par Nebojsa Vukadinovic

I.- Evolution macroéconomique

LaSlovénieméritesonnomde«meilleurélève»desex-prétendantsàl'Unioneuropéennequiensontmembres aujourd'hui.Non seulement elle est la seule à avoir adopté l'euro, semble-t-il avecsuccès,mais son économie affichedesperformances remarquables et équilibrées. Elle respecte lescritèresdeMaastrichtet tout laisseàpenserqu'ellecontinueraà les respecter,maisalorsque l'onavait pu l'accuser de langueur (une «croissance tranquille»), elle affiche depuis 2004, et surtoutdepuis2006,unecroissanceduPIBquisesitueautourde5%paran.Lacroissancedesaproductionindustrielle,quialongtempsconstituéunpointfaible,estmaintenanttrèssoutenue,entre6et7%,avecunrecordàplusde9%aupremiertrimestrede2007.Etseséchangesavecl'extérieurrestentprochesdel'équilibreavecundéficitdelabalancedespaiementscourantsquisemaintientdepuisplusieursannées,enmoyenneauxenvironsde2%duPIB.LaSlovénie,quiavaitaffichéunforttauxdecroissanceduPIBde5,2%en2006,acontinuésursalancée, la croissance s'accélérant au premier trimestre de 2007pour dépasser 7% et demeurer à6,5%aupremier semestre.Lesestimationsprudentesconduisentnéanmoinsàpostulerun tauxdel'ordrede5,5%pourl'ensembledel'année.Onretrouvelamêmeaccélérationencequiconcerneletauxdecroissancedelaproductionindustriellequiestpasséde6,5%en2006à9,3%aupremiertrimestrede2007etlamêmeprudencedesexpertsquianticipentuneaccélérationà7%seulementpour l'ensemble de l'année. Cette croissance de l'activité économique est tirée par la demandeintérieure et, plus particulièrement, par celle de l'investissement (dont l'augmentation estparticulièrement sensibledans les secteursde laconstruction,des logementsetdesautoroutes)quiavaitdéjàapproché12%en2006etaatteintplusde21%aupremiersemestrede2007.L'effetdelacroissanceestaussimanifesteencequiconcernelaprogressiondusalairemoyenréelnetquiaatteint les 5% au premier trimestre de 2007,mais est demeurée encore nettement endessous decelledelaproductivitédutravaildansl'industrieen2006.Enrevanche,lacontributionnette(comptetenuàlafoisdesexportationsetdesimportations)ducommerceextérieuràlacroissanceen2006estquasimentneutreavecdestauxdeprogressiondesexportationsetdesimportationspratiquementidentiques.Lamiseenévidenced'unécartenfaveurdesexportations (qui s'étaientdéjà fortementdéveloppéesàun tauxdeprèsde17%en2006)aucoursdes premiersmoisde2007 laisse prévoirune tendance à un léger amenuisement dudéficitcommercial.Depuisdenombreusesannées, laSlovénien'apasdesoucide financementextérieurmajeur.Ledéficitdespaiementscourants,quiasuccédéàl'excédentdudébutdeladécennieetestpassé de 2% du PIB en 2005 à 2,5% en 2006, reste modéré mais, selon la BERD, il pourraitlégèrementaugmenteren2007.IlestvraiquelefinancementextérieurdelaSlovénieestrendupluscomplexedufaitquelepaysestexportateurnetdecapitauxsouslaformed'IDE,principalementversles Etats issus de l'ex-Yougoslavie, pour un montant représentant 0,9% du PIB. De fait,sa detteextérieurecontinueàprogresser,aprèsavoirapproché80%duPIBselonlesstatistiquesduWIIWàlafinde2006,etpourraitatteindreprèsde86%àlafinde2007.Onpouvaitcraindrequelepassageàl'europrovoqueunepousséeinflationniste.Mêmes'ilesttroptôtpourtirerdesconclusionsdéfinitivesetsi l'onobserveuneaccélérationdel'inflationenrythmeannuelà5,7%ennovembre2007, ilne semblepasdevoirenêtreainsi.De fait, laSlovénie restecaractérisée par un taux d'inflation modéré qui n'est attendu qu'un peu au-dessus de 3% enmoyennepourl'ensemblede2007,après2,5%en2006.Lesorganismesinternationauxsontquasiunanimespoursaluercettemodération,demêmequelasagessedontfaitpreuvelepaysencequiconcernelesfinancespubliques.Danscedernierdomaine,onnevoitpas,eneffet,designeavantcoureurdedétériorationdelasituation,avecundéficitdelageneral government balancequipourraitêtreramenéà0,6%duPIBen2007etunedettepubliquequiresteplafonnéeauxenvironsde28%duPIB,mêmes'ilnefautpasoublierquelaSlovéniedevra,àl'instardenombreuxpayseuropéens,

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fairefaceauxrépercussionsbudgétairesduvieillissementdelapopulationetprendredesdispositionsenconséquence.Sousl'effetdel'essordel'activitééconomique,l'emploicontinuedecroîtreetletauxdechômageseréduit:entermesd'enquêtesemploi,ilestpasséde6,9%aupremiertrimestrede2006à5,7%au premier trimestre de 2007. La Slovénie commence à connaître de sérieuses difficultés pourpourvoir les postes offerts dans certains secteurs, notamment les transports, la construction, letourisme, lamétallurgie.Cela est renforcépar lesconséquencesde l'évolutiondémographique.Eneffet,letauxdeféconditérestetrèsfaibleetlepaysenregistreunecroissancenaturellenégativedesapopulationdepuisplusieursannées.Unepolitiquefamilialeactiveestactuellementmiseenœuvre,qu'ilfaudrarenforcer.Danscecontexte,lepaysdevraencouragerl'immigration.LesfluxmigratoiresdesautresEtatsissusdel'ex-Yougoslaviedevraientaugmentercommeparlepassé.LaSlovénies'estactivementpréparéeàentrerdansl'espaceSchengenle21décembre2007.Lespaysvoisins,etenpremierlieulaCroatie,craignentquecetteentréeneprovoquelamiseenplacedepolitiquesdevisasentravantlalibrecirculationdespersonnesetdesbiens.CelapourraitaussinuireàseséchangesaveclesautresEtatsissusdel'ex-Yougoslavie.Lesautoritésslovènesenvisagentdoncdemettre en œuvre des politiques visant à ne pas entraver les échanges avec cette zone qui estprioritairepoursesexportations.

II.- Bilan de l'intégration dans l'Union européenne1.– COMPÉTITIVITÉ DE L'ÉCONOMIEL'économie de la Slovénie figure parmi lesplus développées des pays d'Europe de l'Estqui ont rejoint l'Union européenne. NousavonsanalysédanslesprécédentsTableaux de bord lesparticularitésde la transitionslovène,qui repose à la fois sur des politiques écono-miques gradualistes menées par les différentsgouvernements depuis l'indépendance, et suruneouverture(principalementversl'UE)quisetraduit par une part du commerce extérieurdanslePIBsupérieureà130%.Danscecon-texte,despansentiersdel'économiesontres-téscontrôlésparl'Etat,commeparexemplelestélécommunications, le secteur bancaire et lesecteurdel'électroménagerquiconcentreplu-sieurs très grandes entreprises. Les firmesslovènes,quiavaientunmonopolesurlesmar-chés de l'ex-Yougoslavie, ont su réorienterleurs exportations vers les pays de l'Union etceux d'Europe centrale, tout en parvenant,depuisquelquesannées,àreconquérirprogres-sivement leurs anciens marchés yougoslaves.Ainsi,dans lecourantde2006,plusde60%des exportations slovènes étaient dirigées verslespaysdel'UE,tandisqueplusde20%con-cernaientlespaysdel'ex-Yougoslavie.Devenu un véritable pont entre l'UE et lesBalkans,laSlovénieoccupedésormaisunepo-sitioncharnièrequiprofiteàsonéconomie.Lerenforcement des exportations, notammentvers les marchés traditionnels de l'ex-

Yougoslavie,témoignedelareconquêtedecesmarchés, à l'œuvre depuis 1999, qui lui apermis d'éviter la fermeture de nombreusesentreprises dans des secteurs en déclin. Sestroispremiers partenairesà l'exportation (dontles postes principaux sont les véhicules, lesmachines, les équipements électriques etélectroniques, les meubles et literies et lesproduits pharmaceu-tiques) sont l'Allemagne,l'Italie et la Croatie. Ses trois premierspartenaires à l'importation (concernantprincipalementlesvéhicules,lesmachines,lescarburants minéraux et le pé-trole, le fer etl'acier) sont l'Allemagne, l'Italie et l'Autriche.Les exportations vers les Etats issus de l'ex-Yougoslavie, qui portaient surtout jusqu'àrécemment sur les secteurs de l'électro-ménager, se sontétenduesàd'autresactivités,notamment l'industrie pharmaceutique, lestechnologiesdel'informationetdelacommu-nication et les services. En outre, les entre-prises slovènes de la distribution ont réussi àregagnerlesmarchésdel'ex-Yougoslavieetàyoccuperunepositiondominante.Si la Slovénie semble donc être un payscompétitif sur leplan internationalàplusieurstitres (performancedes entreprises, environne-ment institutionnel, types d'infrastructures...),onobservedesretards importantsdedévelop-pement dans d'autres domaines comme lesinfrastructures technologiques et l'efficacité del'Etatàfavoriserunenvironnementcommercialcompétitif.Ladisponibilitélimitéedelocauxet

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lescontraintesadministrativesetdeprixentra-vent également l'expansion des entreprises.Malgré des progrès considérables, les princi-paux problèmes structurels dont souffre sonéconomie demeurent présents: productivitésensiblement inférieure à la moyenne euro-péenne;structuredéfavorabledesexportationsqui reposent surdes produits nondifférenciésetdesservicesàvaleurajoutéemoinsélevée;faibleproportiond'entreprisesinnovantesdansle secteur manufacturier; retard de certainssecteurs dans le processus de restructuration;incapacité des entreprises à obtenir des avan-tages compétitifs non liés au prix; liensinsuffisants entre la recherche académique etles unités de R&D des entreprises, d'où untransfertinsuffisantdeconnaissances.La privatisation, pour sa part, progresse len-tement. Les informations données par le der-nierrapportdelaBERDpermettentdefairelepoint. 55%de l'aciérie SIJ ont été vendus aurusse Koks en mars 2007; la privatisation del'entreprise de télécommunication TelekomSlovenije (TS), qui contrôle toujours près de100% du marché, est en cours depuis uneintroduction partielle en bourse en octo-bre2006; celle, évoquée depuis de nom-breusesannées,desdeuxbanquesprincipales,reste très lente,même si la privatisationde laNovaKreditaBankaMaribor(NKBM)estatten-due : l'Etat veut y conserver 25% du capitalplus une action, comme dans la compagnied'électricitéHoldingSlovenskeElektrane(HSE)(dont la privatisation n'est pas prévue avant2008-2009), la compagnie d'assurancesZavarovalnica Triglav et TS. Quant à lapremière banque Nova Ljubljanska Banka(NLB), l'Etat, qui veut en faire l'undes pivotsdu systèmebancaire slovène, l'a renforcée enacquérant trois banques régionales avec lamoitié des fonds provenant de la vente par-tielle de SIJ et préserve ainsi sa part dans lecapital qui est de 35,4% (45,5% si l'on yajoutelespartsduPensionFundManagement[KAD] et du Restitution Fund [SOD]). Enfin,notons que les partenariats public-privé (PPP)sont appelés à se développer avec lamise enœuvred'unactedumêmenomenmars2007.D'ores et déjà, le gouvernement est en pour-parlers avec la Deutsche Bahn pour un PPPconcernantlescheminsdeferslovènes.2.– UTILISATION DES FONDS EUROPÉENS Les utilisations des fonds européens par la

SlovéniesesituentdansleCadrederéférencestratégique national (CRSN) que la Missionéconomiquefrançaisepourl'Europecentraleetbalte qualifie de stratégie pour une «crois-sanceéquitable»dansundocumentoùelleendétaillelescinqpriorités:–une économie plus compétitive et unecroissance plus forte (devant permettre à laSlovéniededépasserlamoyennedel'Unionàvingt-cinq);–une économie de la connaissance fondéesurunemploidequalité;–un Etat efficace avec l'introduction departenariatspublic-privé;–un Etat social moderne assurant un tauxd'activitéplusfort;–undéveloppementdurableetéquilibré,auniveaurégionalcommeauniveaunational.Rappelons que la Slovénie bénéficie déjàd'une enveloppe de 456 millions d'euros defonds européens au titre de la période 2004-2006.LeTableau de bord 2006adécritledé-taildesprioritéspourl'utilisationdecesfonds.La Slovénie bénéficie désormais, au titre dela Politique de cohésion de l'Union euro-péenne pour la période 2007-2013, d'uneenveloppedeplusde4,5milliardsd'eurossursept ans, répartis selon troisprogrammesopé-rationnels, à raison de 1,8milliard en prove-nanceduFEDER,1,2milliardvenantduFondsde cohésion, 0,6milliard du Fonds socialeuropéen (FSE), auxquels s'ajoutent 0,82mil-liard issus des fonds pour le développementruraletlapêche.Acesfondseuropéens,ilestprévu que s'ajoutent environ 0,9milliardd'euros de contributions nationales. Au total,cela représente donc une masse de près de5,5milliardsd'euros.Lesprioritéspourl'utilisationdessubsidesduFonds de cohésion sont doubles: les infra-structures de transport (voies ferrées et auto-routes)d'unepart,l'environnementetl'énergiedurable de l'autre. Les priorités relatives auFEDERsontaunombredetrois:ledéveloppe-mentdesréseaux(notammentlestechnopoles),la mise en valeur des potentiels naturels etculturels, le développement régional (un plandedéveloppementrégionalestencoursd'éla-boration pour chacun des douze districtsslovènes). On compte deux priorités relativesau FSE : sécurité et flexibilité de l'emploi;éducation et formation professionnelle. Les fi-nancementsnationauxserontpartiellementpu-blics(ainsi, l'Etat fourniralaplusgrandepartiedufinancementdesinfrastructuresferroviaires),

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partiellementprivés,en recourant largementàlaprocéduredupartenariatpublic-privé.3.– SITUATION SOCIALE Nous l'avons dit dans les précédentsTableaux de bord,lesSlovènesn'ontpasvouluperdre les acquis sociaux hérités de l'ex-Yougoslavielorsqu'ilsontrejointl'Union.Leurmodèledeprotectionsociales'appuieeneffeten grandepartie sur l'héritage yougoslavequiétait développé en lamatière. Rappelons quele systèmedes retraitesétait généreux et l'âgede la cessation d'activité assez bas: 58 anspour les hommes et 55 ans pour les femmes.Lecalculdespensionssefaisaitsurlabasedesdix meilleures années consécutives d'activité.Les pensions étaient calculées dans le cadred'un régimepublicpar répartition financépardes cotisations de sécurité sociale et destransferts dubudget de l'Etat. RappelonsaussiquelaSlovéniedisposed'unsystèmedesantébien développé qui se distingue de ceux desautres Etats de l'ex-Yougoslavie où ils se sontconsidérablementdégradésaucoursdesdeuxdernières décennies et que, selon l'OMS, lesystème de santé en Slovénie est meilleurqu'enAngleterre, qu'enAllemagne, oumêmequ'enFrance.Desaménagementsontmalgrétouteulieu:l'âge de départ à la retraite a été reculé, lacessation d'activité étant portée à 65ans dès2005 pour les hommes puis, par paliers suc-cessifs, jusqu'en 2010 pour les femmes. Parailleurs, le systèmedes retraites a étémodifiéenjanvier2000,l'uniquerégimederépartitionlaissant la place à un système à trois piliersdésormais classique en Europe centrale etorientale. Cette mesure s'est accompagnéed'unediminutionduniveaudesretraites.LaSlovénieaadoptéunestratégienationalede lutte contre la pauvreté et d'intégrationsociale.Lesrégionsdunorddupays,dontcelledeMariboroù le tauxdechômageest leplusimportant,bénéficientdeceprogramme.Parmilesplustouchésparlapauvreté,ontrouvedeschômeurs de longue durée avec un faibleniveaud'étudesetdesjeunes.Oncompteaussidans cette catégorie un grand nombre depersonnes issues des autres Etats de l'ex-Yougoslavie et qui n'ont pu obtenir aisémentdes droits de citoyenneté slovène. Cettesituationaété largementcritiquéepar l'Unioneuropéenne, mais aussi par le Conseil

économiqueetsocialdeSlovénie.Parailleurs,laSlovénieaadoptéuncertainnombrededo-cuments stratégiques visant à réduire l'ex-clusion sociale (plan national d'actions pourl'inclusion sociale, programme d'initiativescommunautaires Equal, programme nationalpourlesenfants,etc...).Les questions sociales continuent à fairel'objet d'une intense concertation entre legouvernementetlespartenairessociaux,carac-téristiquedelaSlovéniedanslalignedespra-tiques sociales de l'ex-Yougoslavie. Selon desinformations fournies par la BERD, c'est ainsiqu'unconsensusaétéobtenu,enjuillet2007,surunnouveauLabourRelationActquiapourobjetd'améliorerlefonctionnementdumarchédu travail, mais qui, selon les organisationspatronales, n'assure pas assez de flexibilité àcelui-ci. Pour leur part, les organisations detravailleurs sont fermementopposées auxpro-jetsdeprivatisationdusystèmedesanté,ainsique du système éducatif et d'autres servicespublics.Unprojetderéformedusystèmeédu-catifestnéanmoinsencoursd'examenauPar-lement qui propose d'augmenter ses moyens,decréerunseulniveausupérieurd'éducationet de recherche et de faciliter le développe-ment d'institutions privées. Enfin, un nouvelaccord tripartite (gouvernement, employeurs,syndicats) sur les questions de salaires, droitsdestravailleursetconditionsdetravail,valablejusqu'en2009,aétésignéenoctobre2007.Ilinclut un compromis visant une revalorisationdusalaireréelfondéeàlafoissurl'inflationetlesgainsdeproductivité.Par ailleurs, la Slovénie a eu droit à son«paquet fiscal», un ensemble de sept loisadoptépar leParlement le2novembre2006,afind'allégerlesimpôtsetdesimplifierlecodefiscal.Lepilierenestlaréformedel'im-pôtsurles revenusquia faitpasser le tauxmaximumde 50 à 41% et le nombre des tran-chesd'imposition de cinq à trois (16%, 27% et41%). On notera que, contrairement auxintentions initiales de la nouvelle majoritéd'inspiration libérale, la Slovénie, avec sasagesse coutumière et à la différence d'autrespays de l'Europecentrale et orientale, n'a pasmisenplacelaflat tax.Parmilesautresdispo-sitions,onretiendraqueletauxdel'impôtsurlessociétésseraramenéprogressivementde25à20%d'ici2010etquelaprocédurederem-boursement de la TVA est simplifiée (le seuild'application de la taxe étant, par ailleurs,relevéà25000euros).

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S l o v é n i e III.– Principaux indicateurs économiques

Tableau 1 – Evolution annuelle des principaux agrégats (var. en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

PIB 3,4 2,7 4,4 4,0 5,2 5,5*

Productionindustrielle 2,4 1,4 4,8 3,4 6,5 7

Formationbrutedecapitalfixe 0,9 7,0 7,9 1,5 11,9 10

Consommationdesménages 1,3 3,5 2,8 3,6 3,3 3

Salaireréelmoyen 2,1 1,8 2,1 3,5 2,5 5,2***

Prixàlaconsommation 7,5 5,6 3,6 2,5 2,5 3,3**

Soldedesadministrationspubliques(%duPIB) –2,5 –2,8 –2,3 –1,5 –1,4 –0,6****

Emploitotal –0,7 –1,4 5,1 0,6 1,3 –

Tauxdechômage(%delapop.active)

–chômeursenregistrésenfind'année

–moyenneannuellesurbaseenquêtesemploi

11,3

6,4

11,0

6,7

10,1

6,3

10,2

6,6

8,6

6,0

8

5,8

Sources : WIIW ; * : BERD ; ** : IMAD ; *** : 1er trimestre ; **** : prévision du ministère des Finances

(e) : estimation ; (p) : prévision

Tableau 2 – Balances extérieures, réserves et endettement(variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

Exportationsdemarchandises 6,0 3,0 13,3 12,9 16,7 12

Importationsdemarchandises 1,9 5,4 16,6 12,1 16,2 10

Balancecommerciale(millionsd'euros) –265 –543 –1009 –1026 –1121 –1000

Balancecourante(millionsd'euros) 247 –196 –720 –548 –756 –

Balancecourante(en%duPIB) 1,0 –0,8 –2,7 –2,0 –2,5 –2,6*

RéservesbrutesdelaBquecentr.,orexclu(millionsd'euros) 6702 6798 6464 6824 3542 –

Detteextérieurebrute(milliardsd'euros) 11524 13225 15343 19614 23895 –

Sources : WIIW ; * : BERD

(e) : estimation ; (p) : prévision

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R é p u b l i q u e t c h è q u e par Aude Hapiot

I.– Evolution macroéconomique

Pendantdixans,laRépubliquetchèqueaenregistré,àquelquesraresexceptionsprès,destauxdecroissanceparmilesplusmodestesdelarégiond'Europecentrale.Latrajectoireasembléserenverseren2005etl'économiedupaysarecouvréundynamismequ'iln'avaitpasconnudepuis1995.Ilestvraiqu'initialement,aumomentdelachutedumurdeBerlin,leniveaudesondéveloppementétaitbeaucoupplusélevéqueceluidelaplupartdesesvoisins.C'estpourquoil'impactdurattrapageaétébeaucoupmoinsvisiblequ'enPologne,enSlovaquieouenEstonieparexemple.Mais,onvalevoir,certainesévolutionsdesonéconomielaissentaugureraujourd'huiunralentissementdelacroissance.Depuis2005,l'économietchèqueabénéficiéd'untauxdecroissanceduPIBdeplusde6%quiafaitmentirlesprévisionsénoncéesl'anpassé.En2006,ilaatteint6,4%contre5,5%attendus.Pour2007,certainesestimationssontpluspessimistes,commecelleduWIIWquineprévoitque5%.IlestvraiqueleFMIet,surtout,l'Officetchèquedestatistiquesfontétatdetauxnettementplusélevés.Quantàl'année2008,ellepourraitêtreplusmaussadeenraisondesréformessocialesplanifiéesparlegouvernement,quidevraientamputerlerevenudesménagesetpourraientaltérerledynamismedel'économie,fondéactuellementsurlaconsommation.Onnoteraeneffetquelacontributionducommerceextérieuràlacroissance,quiétaitpositiveen2005et,selonleWIIW,venaitenpremierlieu,«expliquant»4,8pointsdutauxde6,5%,adiminuéen2006etestdevenuenégativeaupremiertrimestrede2007.Pourl'ensembledel'année2007et2008,elleseraitneutreetl'écart,quiétaitpositif(de4,5points)entrelescroissancesdesexportationsetdes importationsen2005, s'estannulé, importationsetexportationsayantconnuunecroissanceidentiquede20%en2006.Commelacontributiondesinvestissementsinternes,quiaététrèsélevéeen 2006, semble subitement s'affaisser (le taux de croissance attendu par le WIIW est de 2%seulement en 2007), c'est la consommation des ménages, dont l'augmentation, soutenue par lahaussedessalaires,connaîtuneaccélérationportantsacroissanceà6%en2007,quiconstitue leprincipal élément de la dynamique de l'économie avec, de façon importante et surprenante, laformationdesstocks.Leralentissementdelaprogressiondesinvestissementss'expliquemalsi l'onconsidère la confortable situation financière des entreprises tchèques et le fait que la productionindustrielle, tiréepar l'industriemanufacturière (plusprécisément le secteurautomobile), restebienorientée, même si son taux de croissance est plus lent (8%) qu'en 2006 (près de 10%). Legonflementdes stockspour sapart,qui semble,d'aprèslesdonnéesrecueilliespar leWIIW,avoircontribuéaupremiertrimestrede2007autauxdecroissanceduPIBpourprèsde50%,s'expliqueencoreplusmal,saufàfairel'hypothèsedelaconstitutiond'importantesréservesenvuedesventesfutures (automobiles) ou, plus simplement, d'invendus, voire de l'accumulation de matièrespremières.Toutcelafaitpeserundoutesurlapoursuitedelacroissanceetsonrythme.D'autantplusqu'ilestpossiblequecertainsélémentsdelaréformeencours,quivontporteratteinteaugénéreuxsystèmedeprotectionsocialeenpesantsurlesmoinsfavorisés,aientuneffetdépressifsurlaconsommation,leseulmoteurtrèsactifdelacroissance.Acetégard,l'espritdecetteréforme«serviraprioritairementles couches les plus aisées de la population» (selon les termes du rapport duWIIW), comme entémoigneleremplacementdusystèmeprogressifdesimpôtsparuneflat tax,enmêmetempsqu'ilpénalisera les plus pauvres, à la fois par le relèvement de la dernière tranche de la précédenteimpositionetdeceluidutauxdeTVAleplusbassurlesproduitsalimentaireset lesmédicaments.Cetteréformeprendlerisquedetoucheràunéquilibresocialcaractéristiquedelasituationtchèque,quiaparticulièrementbienréussiàcepays.

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Plus précisément, sur le planbudgétaire, l'Union européenne fait pression sur le gouvernement,depuis quelques années déjà, pour qu'il réduise le déséquilibre de ses finances publiques. Il fautd'abordfaireremarquerleréeleffortencesensquiafaitpasserledéficitdelageneral government balancedeplusde6,5%duPIBen2002et2003àenviron3%enmoyennede2004à2006.Lesoldedes financespubliquespourraitdenouveausubirunedétériorationen2007enétantportéà4,2%duPIB,selonleWIIW(3,6%selonlesprévisionsdugouvernementenfind'année). Jusqu'àmaintenant, le gouvernement tchèque ne mettait pas un très grand zèle pour se plier auxrecommandationsdel'UEet,enrepoussantà2009,2010puis2012ladated'entréedansl'euro,ils'étaitdonnédelamargepourrespecterlescritèresdeMaastrichtconditionnantl'intégrationdupaysdanslazonemonétaireeuropéenne.La donne a changé et le gouvernement s'oriente donc désormais sur la voie de réformes plusprononcées.Larefontedelafiscalitéetlamiseenplaced'unecontributionindividuelleauxdépensesdesantéseronteffectivesen2008.Lesréformesreposentsurquatreleviers.Lepremierconcernelesystèmedeprotectionsociale: lesmaladesdevrontdésormaiscontribuerauxdépensesdesantéetaux fraisd'hôpitaux,et ils subirontunecarencepour les troispremiers joursdemaladie,alorsquel'augmentation des allocations sociales a été gelée, excepté pour les pensions de retraite. Ledeuxièmelevierconcernel'impôtsurlesrevenusdontletaux,commeonl'avu,serafixédemanièreuniqueà15%réduità12,5%en2009,copiantlesystèmedelaflat taxmisenplaceenSlovaquieen2004et remplaçant lesquatre tranchesd'imposition (de12à32%)envigueuraujourd'hui.Letroisièmelevierconcerne,d'unepart,l'impôtsurlessociétésdontletauxseragraduellementréduità19%en2010(contre24%actuellement)et,d'autrepart,letauxréduitdelaTVAsurlanourritureetles médicaments qui de 5% sera élevé à 9%. En quatrième lieu, une réforme du système desretraites est à l'étude au sein du ministère du Travail et des Affaires sociales, qui prévoit unallongementdeladuréedutravailjusqu'à65ansetdelapériodedecontributionde25à35ans.Legouvernementcomptesuruneaméliorationdusoldebudgétairedès2008etleprojetdebudgetvotéàlafinde2007prévoit1107milliardsdecouronnesdedépensescontre1037milliardsderecettes,soitundéficitde70,8milliardsquinereprésenteraitque2,95%duPIB.Cependant, làencore,onpeutémettredesréservessurlaréalisationdecetobjectif,comptetenudescoupesprévuesdanslestaxes. Si on peut regretter que les réformes ainsi entreprises puissent toucher sévèrement lapopulation aux revenus les plus modestes, un élément vient tempérer ce jugement: le pays,contrairementàcertainsdesesvoisins,semblemaintenirlamiseenplacedepolitiqueséconomiquesinscrites dans une logique de croissance de long terme, promouvant innovation, protection del'environnement,éducation,intégrationdesminoritésetR&D.Enfin,sil'inflationannuelleaétéremarquablementmodéréedepuis2002,toujoursinférieureà3%et tombantpratiquementàzéroen2003, laBanquenationale tchèqueprévoit sonaccélérationen2007(annéeaucoursdelaquelleelleresteraitpourtantà3%selonleWIIW)et2008.C'estpourquoiellearemontédeuxfoissontauxd'intérêtdirecteur(de0,5pointenseptembre2006etde0,25pointenmai2007),sansquecelaaitsembléavoirdeconséquencestropnégativessurledynamismedesexportations par l'appréciation de la couronne qu'elle a encouragée. Si le solde de la balancecommerciale reste excédentaire, la balance des transactions courantes présente un déficit qui, de3,1%duPIBen2006pourraitatteindre4,3%en2007, sous l'effet,notamment,commedans lesautrespaysdelarégion,durapatriementdeprofitsparlesentreprisesétrangères.Toutefois,cedéficitpeut être financé dans des conditions saines grâce au flux net des investissements directs del'étranger,qui,s'ilestendessousduniveaurecordde2005,restetrèsconséquent.

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II.– Bilan de l'intégration dans l'Union européenne

1.– COMPÉTITIVITÉ DU SYSTÈME PRODUCTIFComme toutes les économies dumonde, laRépubliquetchèquesouffredeplusenplusdela concurrence chinoise et des délocalisationsversleszonesgéographiquesplusàl'Est,horsd'Europe. L'effet de rattrapage économique etl'appréciationde lamonnaie ont soutenuuneaugmentation des salaires. Même s'il était4,5fois inférieur à celui de France, le salairemoyen en République tchèque était de705euros au second semestre 2006, soit entêtedeceuxpratiquésdanslesquatrepaysdugroupedeVisegrad,toutesprofessionsconfon-dues. La hausse des salaires dissuade lesinvestissements dans les secteurs les plusintensifsentravail,etlesecteurtextiletchèqueaétélepremieràenpâtir.Danslemêmesens,la position de la République tchèque en tantque partenaire pour la sous-traitanceinternationaleestentraindeconsidérablementsemodifier,sousl'impactdelaconcurrencedel'Inde ou de la Chine, mais aussi des autrespays de la région. The 2007 A. T. Kearney Global Services Localisation Index montrequela République tchèque a perdu neuf placesdansleclassementdesmeilleureslocalisationspourlesservicesgérésenback office (compta-bilité, centrales d'appels, etc.). Elle est dépas-sée par des pays asiatiques, sud-américains,maiségalementparlaSlovaquieetlaBulgarie.Fort heureusement,même si elle perd l'avan-tage comparatif d'une main-d'œuvre bonmarché, la République tchèque a d'autresatoutsàfairevaloir.En premier lieu, elle possède des infra-structures de transports et de télécommuni-cation fiablesetperformantes,et leseffortsdugouvernement sont constants pour maintenirunniveauélevédeR&D.Mêmesi lahauteurdes dépenses en recherche et développementestinférieureàlamoyenneeuropéenne,elleatendanceàs'enrapprocher.En deuxième lieu, en termes de sous-traitanceinternationale,comparésàlaChineetà l'Inde, il apparaît globalement que les paysd'Europe centrale et orientale gardent unavantage en matière de services rendus auxconsommateurs européens pour lesquels desconnaissances en langues européennes sontnécessaires.Orparmicespays, laRépubliquetchèque possède un fort avantage, peut-être

même plus grand aujourd'hui qu'auparavantselon les professionnels du secteur. La main-d'œuvre est compétente et disciplinée. Lesystème éducatif est performant et la trans-mission des connaissances (au niveau del'enseignementsecondairecommedeceluidesenseignements supérieurs scientifiques ettechniques) est demeilleure qualité que danslaplupartdespaysd'Europeoccidentale.Unenouvelleformedesous-traitanceinternationaleapparaîtd'ailleursavecleplussouventunesai-sieinformatiquedesdonnéesréaliséeenInde,et un traitement et une analyse exécutés enRépubliquetchèque.Enfin, l'environnement institutionnel estparticulièrement favorable aux affaires et lesévaluations des grands organismes interna-tionaux (la Fondation Heritage et son indi-cateur de liberté économique, la Banquemondiale et son rapport Doing Business) s'enfont l'écho,même s'ils recommandent encoreet toujoursplusdesouplesse.Pourpoursuivredans ce sens, le gouvernement souhaiterenforcer la flexibilité du marché du travail.Une réforme du code du travail est en pré-paration,danslebutdefaciliterembauchesetlicenciements.Jusqu'à maintenant, le bilan de la Répu-bliquetchèqueentermesd'attractivitépourlesinvestisseurs étrangers s'est toujours montrétrèssatisfaisant,etcedèslespremièresannéesdetransition.En2005,lefluxnetd'IDEaplusquedoubléparrapportàceluide2004,repré-sentant 10135millions de dollars. Depuis2000,entermesd'IDEcumulésparhabitant,laRépublique tchèque a quasiment attiré autantde capitaux étrangers que la Hongrie. Lesinvestissementssesontprincipalementorientésverslessecteursnonindustriels: lestransportset les télécommunications, l'intermédiationfinancière et l'immobilier. Mais l'investisse-mentréaliséparlecoréenHuyndai(1222mil-lions de dollars) pour l'implantation d'uneusine de production automobile en Moravie-Silésieaétéleplusgrosprojetportéen2006.Auxcôtésde laCoréeduSud, l'Allemagneetles Pays-Bas sont de gros investisseurs récur-rentsque l'on retrouve parmi les plus grosvolumes investis en 2006. S'ajoute le Japondontlesinvestissementssesontorientésverslesecteur automobile et le verre. Des opportu-nitésd'investissementsexistentégalementdans

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l'immobilier, dans l'industrie de transfor-mation, dans les secteurs de pointe, les ser-vices d'utilité publique (gaz, eau, électricité),les centres de technologie (centres d'appels,développement de logiciels, etc.), les servicesfinancierset letourisme.Autotal, lescapitauxétrangersemploient37%delamain-d'œuvre,produisent 52% des ventes de l'industrie etgénèrent60%desexportationstchèques.Desétudes commandées par Czech Invest ontmontré que les investisseurs étrangers sontsatisfaits de leurs placements en Républiquetchèque et que les rendements obtenus par90%de leurs filialesdanscepaységalentoudépassentlesrendementsdeleursfilialesdansd'autrespays.2.– UTILISATION DES FONDS EUROPÉENS A la fin de septembre 2007, la Républiquetchèquecomptaitparmilesnouveauxmembresde l'Union européenne qui avaient le moinsdépensé les crédits alloués pour la période2004-2006,avec46%dumontantqui luiestréservé, devant la Lettonie (45%), mais loinderrière la Pologne et la Slovaquie (55%).En2007, seuls trois nouveaux programmes(concernant l'éducation pour le soutien à lacompétitivité, l'emploi et les ressourceshumaines, l'adaptabilité de Prague) parmi lesvingt-quatreque laRépublique tchèqueapro-posés ont été acceptés par la Commissioneuropéenne, et encore tardivement, lors dudernierexamendespropositionsle16octobre.Plusieurs éléments sont en cause. Le fonc-tionnement du ministère du Développementdurable,sensésoutenir lesprojetsdedévelop-pements régionaux, a été sévèrement déstabi-lisé par les lourdes accusations de corruptionémisesà l'encontrede JiriCunek, son respon-sable.Dece fait, l'ensembledesautresminis-tèresontéprouvédesdifficultéspourélaborerles programmesopérationnels (PO). Les fondsétant disponibles jusqu'à la fin de2008 et denombreuxprojetsétantencoreàvenir,ilfaudraattendrelafindel'annéeprochainepourfaireréellementlepointsurlacapacitéd'absorptionde la République tchèque. Néan-moins,comme ne manquent pas de le rappeler lessyndicats, laréformebudgétairemiseenplaceparlegouvernementàcompterde2008risqued'ajouter une difficulté supplémentaire. Eneffet, les restrictions budgétaires pourraientlimiter les possibilités de cofinancement des

projetsetpriverceux-cidessourcesfinancièresnécessaires.Au titre de la période 2007-2013, le paysrecevra 26,7 milliardsd'euros (et contribueraau budget européen à hauteur de 4,6mil-liardsd'euros). Dix-sept PO sont prévus. Lesprogrammesthématiquesconcernentlesentre-prises et l'innovation, la recherche et le déve-loppement,l'environnement,lestransports,lesressources humaines et l'emploi, l'éducationpourlesoutienàlacompétitivité.S'yajoutentdes programmes pour chaque régions (à l'ex-ceptiondePraguequi ne relèvepas de l'Ob-jectif1)ettroisprogrammestechniquesquionttrait, notamment, à l'assistance technique et àlacoordinationdesprojetsentrelesrégions.3.– SITUATION SOCIALELa situation sociale du pays reste, dansl'ensemble, satisfaisante, en particulier sur lemarché du travail. Autant en termes dechômage enregistré que de chômage déclaré,lepourcentagedessans-emploisdiminueavecrespectivement 7% et 6,3% attendus pour2007. La générosité du systèmedeprotectionsociale a également contribué jusque-là àmaintenir un niveau de vie confortable à lapopulation la plus démunie. Il estmême inté-ressant de relever qu'en République tchèque,le nombre de personnes qui considèrent êtreauchômageestmoinsélevéquelenombredeceux qui s'enregistrent auprès des servicesd'allocation.Mais,commedansdenombreuxautrespays,certains éléments du système de pro-tectionsocialepèsent(oupourrontpeseràl'avenir)surles finances publiques et ont conduit legouvernement à entreprendre des réformescomme nous l'avons vu plus haut. Pour lemoment, seules les pensions de retraite sontépargnéespuisqu'ellesserontlesseules,parmiles allocations sociales, à faire l'objet d'uneaugmentation, ce qui les portera à9111couronnesmensuellesenmoyenne,soitenviron 335euros. Néanmoins, le pouvoird'achat des retraités devrait diminuer sousl'effetdesautresréformes,àsavoirlahaussedela TVA sur des biens de nécessité et l'aug-mentation de la part individuelle de contri-butionauxdépensesdesanté.Autotal,seuluntiersdesTchèquessoutiennentlesréformes.Al'inverse, ilssont42%àpenserquela flat taxva influencernégativement leurmodedevie;

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80% disent qu'il en sera de même pourl'augmentationdutauxdeTVAetpourlapar-ticipation aux services médicaux; 66% pen-sent que la réduction des allocations socialesauraunimpactnégatif.Selonlesindicescalcu-lésparl'Officedestatistiques,entreseptembre2006 et septembre 2007, la confiance desménagesabaisséde0,7point,alorsquecelledesentreprisesaaugmentéde0,5point.La corruption reste étendue et les casdénoncés régulièrement par la pressecontribuent fréquemment à faire tomber destêteshautplacéesdanslahiérarchiepolitique.Pour cette raison, un assainissement despratiques publiques est nécessaire pour uneplusgrandestabilitépolitiquedanslepays.Lacondition féminine doit également êtreaméliorée: en termes de parité, à poste égal,les femmes gagnent 20% de moins que leshommes.L'intégrationdelaminoritéromrestelimitéeetdanslebudgetde2008,35millionsde couronnes seront alloués au ministère duTravail pour favoriser leur insertion dans lemondedutravail.

L'intégrationdelaRépubliquetchèqueàl'UEa accéléré le rattrapageduniveaude sonPIBpar habitant. En 2005, celui-ci est passé audessusdes75%de lamoyennede l'Unionàvingt-cinq, et devrait avoisiner 80%en2007,soituneaméliorationde15pointsentre2000et 2007.Néanmoins le rattrapagenational duniveau de vie s'accompagne d'une augmen-tation, au sein dupays, entre les régions, desécartsqui sont importantset s'étendentde1à3entermesdePIBparhabitantetde1à5entermes de taux de chômage. On remarqueraque les investissements étrangers participent àlaréductiondecesdéséquilibresrégionaux.Eneffet, parmi les projets d'investissementsréalisés en2006, ce sont les deux régions lespluspauvresderrièrecelledeZlin(lesrégionsdeMoravie-Silésie et d'Usti) qui ontbénéficiédu plus grand nombre de projets et des plusgrosvolumesd'investissements.

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R é p u b l i q u e t c h è q u e III.– Principaux indicateurs économiques

Tableau 1 – Evolution annuelle des principaux agrégats (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

PIB 1,9 3,6 4,6 6,5 6,4 5

Productionindustrielle 1,9 5,5 9,6 6,7 9,7 8

Formationbrutedecapitalfixe 5,1 0,4 3,9 2,3 7,6 2

Consommationdesménages 2,2 6,0 2,9 2,4 4,4 6

Salaireréelmoyen 5,4 6,5 3,7 3,3 3,8 4,4

Prixàlaconsommation 1,8 0,1 2,8 1,9 2,5 3

Soldedesadministrationspubliques(%duPIB) –6,8 –6,6 –2,9 –3,5 –2,9 –4,2

Emploitotal 0,8 –0,7 –0,6 1,2 1,3 1,3

Tauxdechômage(%delapop.active)

–chômeursenregistrésenfind'année

–moyenneannuellesurbaseenquêtesemploi

9,8

7,3

10,3

7,8

9,5

8,3

8,9

7,9

7,7

7,1

7

6,3

Sources : WIIW

(e) : estimation ; (p) : prévision

Tableau 2 – Balances extérieures, réserves et endettement (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

Exportationsdemarchandises 9,2 5,8 25,6 16,1 20,6 14

Importationsdemarchandises 5,7 5,1 20,5 11,5 20,5 14

Balancecommerciale(milliardsd'euros) –2,3 –2,2 –0,4 2,0 2,4 2

Balancecourante(milliardsd'euros) –4,4 –5,0 –4,7 –1,6 –3,6 –5,4

Balancecourante(en%duPIB) –5,6 –6,2 –5,3 –1,6 –3,1 –4,3

RéservesbrutesdelaBquecentrale,orinclus(Mdsd'euros) 22,6 21,3 20,9 25,1 23,9 –

Detteextérieurebrute(milliardsd'euros) 25,7 27,6 33,2 39,4 44,3 –

Sources : WIIW

(e) : estimation ; (p) : prévision

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Troisièmepartie

La Croatie et la Serbie

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C r o a t i e par Nebojsa Vukadinovic

I.- Evolution macroéconomique

L'évolutionmacroéconomiquedelaCroatieestdansl'ensemblesatisfaisante.LacroissanceduPIBestenmoyennedel'ordrede5%depuis2002,tiréeparcelledelademandedeconsommation,elle-mêmestimuléeparl'explosionducréditquiasuivilaprivatisationdesbanquesetleurrachatpardescapitauxétrangers,lesinvestissements(principalementdanslaconstructiondesroutes),ledynamismedusecteurtouristiqueetlesprofitsréalisésparlesPMEprivées.L'inflationestsouscontrôleautourde3%.Lerevenuper capitaentermesdeparitédepouvoird'achatestpasséde40%delamoyennedel'Unionàvingt-cinqen2000à50%en2007.Laperformancefiscaleseconsolide,avecunbesoinde financement public en baisse. Seule la situation des finances extérieures reste un sujet depréoccupation,enraisondelatendanceaucreusementdudéficitcommercial(queneparvientpasàcompenserl'excédentautitredutourisme)etdugonflementdeladetteextérieure.LacroissanceduPIBs'estaccéléréeaucoursdespremiersmoisde2007,pouratteindre7%aupremiertrimestre.Elleestactuellementtiréeparlademandedomestique,leposteleplusdynamiqueétant la formationbrutedecapital fixeoù l'investissementprivéprend le relaisde l'investissementpublicpourmaintenirletauxdeprogressionauxenvironsde10%.Laconsommationprivée,dontlacroissance,favoriséeparledéveloppementducrédit,aétédel'ordrede3,5%en2005commeen2006etpourraitatteindre4,5%cetteannée,apportesacontribution.Lacroissancedelaproductionindustriellerestesoutenueautourde5%paran.Aprèsquatrebonspremiersmoiscaractérisésparuntaux de 8%, dont 10% pour l'industrie manufacturière où se distinguent les machines,l'informatique, l'électronique et les télécommunications,mais aussi les industries alimentaires, ellepourraitafficher6%en2007.Mentionnonsl'importancedusecteurdutourismequigénèreàluiseulenviron20%duPIB.Cettecroissanceestfavoriséeparuneprogressionsubstantielledelaproductivité,enhaussedeprèsde8%en2006, quiestnettementsupérieureàcelledusalairemoyennet entermesréels(demeuréedel'ordrede2%en2006),maisellenes'accompagnequed'unecroissancemodestedel'emploi(0,8%en2006)etd'unelentedécrueduchômagedontletauxestdescenduàenviron11%selonlesenquêtesemploi,maisresteàunniveaubeaucoupplusélevédel'ordrede16à17%entermesdechômeursenregistrés.Ladynamiquedelacroissances'accompagned'uncontrôledeséquilibresfinanciersinternesquel'onpeutconsidérercommesatisfaisant.L'inflation,quiétaitremontéede2%enmoyenneaucoursdelapériode2002-2004àunpeuplusde3%en2005et2006,semblecontenueendessousdeceseuil,grâceauxeffortsdelaBanquecentralequimèneunepolitiquemonétaireserréeenvue,toutàlafois,demaîtriserledéveloppementducréditetseseffetsinflationnistesetdestabiliserletauxdechange.Parailleurs,ledéficitpublic,quiétaitencorede6%duPIBen2003,aétéramenéà3%en2006etdevraitresterdecetordreen2007.Signalonscependantqueledéficitdesrégimespublicsdepensionn'estpasinclusdanslageneral government balance. Ilreprésentaitencoreunpeuplusde1%duPIBen2006,maisdevraitdescendreà0,2%d'icitroisàquatreans.Ladettepublique,poursapart,restecontenueunpeuau-dessusde50%duPIBdepuis2002.Lepointquimériteleplusd'attentiondelapartdugouvernementestl'équilibredeséchangesavecl'extérieurquisedétériore.Eneffet,lacroissancedesexportations,quiétaitdeprèsde17%en2006,ralentitnettementenraisondelacontractiondecelledesexportationsdelaconstructionnavale,desproduits pétroliers raffinés et du coke, que ne compense pas l'accélération de la croissance desexportationsdemétauxdebase,produitsduboisetmachines.Elleestattendueà9%seulementen2007.Commelacroissancedesimportations,dontlemontantestdel'ordredudoubledeceluides

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exportations, semaintientà10%, ledéficitcommercial,au lieudese résorber, secreusequelquepeu. Le confortable excédent dégagé par les activités touristiques qui explique que le solde deséchanges de services soit positif (de l'ordre de 6milliards d'euros) ne permet pas de compensertotalement ce déficit. En conséquence, le soldenégatif de la balancedes paiements courants s'estcreusé, passant de 4,9% du PIB en 2004 à 7,6% en 2006. Malgré l'apport des investissementsdirectsdel'étrangerquiontatteintunniveauparticulièrementélevéen2006enraisondelaventedelafirmepharmaceutiquePlivaàl'entrepriseaméricaineBarr,ladetteextérieures'alourditetaatteint86%duPIBenmars2007.Ilfautnéanmoinssoulignerquecelan'estpasdûàl'endettementpublicqui,aucontraire,seréduit,niàceluidesbanquesquirestemodeste,maisàceluidesentreprisesquireprésente33%dutotal.Cedernierphénomènetient,pourunelargepart,auxmesuresprisesparlaBanquecentraleenvuedelimiterlespossibilitésd'empruntdesbanquesàl'étranger,cequiconduitles grandes entreprises privées à emprunter directement à l'étranger, en s'adressant souvent à desbanquesquisontliéesauxinstitutionsfinancièrescroatespossédéespardesintérêtsétrangers.La Croatie poursuit ses négociations avec l'Union européenne initiées le 17 mars 2005. Treizechapitres ont été ouverts, parmi lesquels deux (recherche et science, éducation et culture) ont étéprovisoirementclos.LaCroatieestdésormaiséligibleaunouvelinstrumentd'aideàlapré-adhésionIPAquiaremplacéPHAREetSAPARD.Elleauraeudroitàuneaidede139millionsd'eurospourl'année 2007 dont un tiers dévolu au développement régional, à l'assistance à la transition et àl'institution building. La Croatie maintient son objectif d'adhésion à l'UE en 2009. Si l'on neconsidère que ses résultats économiques, cela ne paraît pas impossible. Dès 2005, la Directiongénérale de l'élargissement de laCommission européenne rédigeait un rapport positif à son sujet,affirmant que le pays remplissait les conditions politiques et pouvait être considéré comme uneéconomie de marché qui fonctionne. On peut ajouter qu'elle paraît aujourd'hui en mesure desatisfaireauxcritèresdeMaastricht.Lesobstaclesàuneadhésionen2009sontd'unautreordre.Ilstiennent beaucoup plus à l'attitude de l'Union, désireuse de mener une réflexion à propos del'opportunité et des modalités de futurs élargissements. Cependant le dernier rapport de l'Unioneuropéenne d'octobre 2007 semble indiquer qu'une adhésion en 2009 peut être envisagée àconditionqu'uneréformeinstitutionnellesoitmiseenplace.Lerapport indiquequelaCroatiedoitdoncpoursuivreseseffortsenvued'unepréparationàl'adhésion.Ilindiqueaussiquelaquestiondesminorités,notammentleretourdesréfugiés,devraitêtreconsidéréecommeunepriorité.

II.- Etat des réformes structurelles1.– SYSTÈME PRODUCTIFMême si la Croatie est aujourd'hui réputéepour ses infrastructures touristiques qui per-mettent, on l'a vu, au secteur du tourismederéaliser20%duPIB,ilnefautpasoublierquecepaysaunelonguetraditionindustrielle.Unrappel historique est nécessaire à cet égard.L'industrialisation de la Croatie a connu plu-sieurs phases. La première période coïncideavec celle de la révolution industrielle enAutriche-Hongrie.C'est dès la secondemoitiéduXIXesièclequesontconstruits leschantiersnavals, comme celui de Pula. Mais la princi-pale période d'intense industrialisationcoïncide avec la reconstruction suivant laSecondeGuerremondiale.LaCroatieautilisé

les ressources naturelles locales: charbon del'Istrie, lignite et pétrole raffiné de Sisak, gaznaturel de Slavonie, hydroélectricité, associésaux minerais de fer et de bauxite. De nom-breuses industries (métallurgiques,mécaniques, chimiques, textiles, alimentaires,etc.) se sont développées dans les villesprincipales: Pula, Karlovac, Osijek, Rijeka,Sisak, Slavonski Brod, Split et Zagreb. C'estainsi qu'au cours des années 1950 et 1960,l'électroménager, la pharmacie etl'agroalimentaire ont connu une remarquableexpansion. Aujourd'hui, l'indus-trie emploieplus de 250000 personnes, soit 25% de lapopulationactivecroate,etcontri-buepourunpeuplusde20%auPIB.

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Le gouvernement a engagé, avec leconcoursetsouslasupervisiondelaBanquemondiale,unimportantprocessusderestructurationetdeprivatisation qui est en cours et tend às'accélérer, même si le portefeuille du Fondscroatedeprivatisation(CPF)comprendencorehuit cent soixante-quatorzeentreprises dontcent deux sont contrôlées par le gouver-nement. Parmi les opérations, citons la ventede 17% de l'entreprise pétrolière INA ennovembre2006, qui doit être suivie par laventede7%auxemployésde lacompagnie.D'autres opérations sont en cours. Les acqué-reurs des deux aciéries Zeljezara Split etValjaonicacijeviSisaketduproducteurd'alu-minium TLM ont été choisis en avril 2007,juste avant que n'expire le délai fixé par laBanque mondiale pour que la Croatie puissebénéficier de la deuxième tranche du WorldBank Programmatic Adjustment Loan (PALII)au titre de ces opérations. Par ailleurs, legouvernement a soumis un programme derestructuration des chantiers navals à laCommission européenne en février 2007.NotonsquelaCroatieétait tenuedeprivatiserlechantiernavalUljanik(ainsiquel'entrepriseagricole Vupik) avant la fin de 2007, si ellevoulait bénéficier du programme PAL II. Leprocessusdeprivatisationdel'entreprisecroatede télécommunication (HT), qui contrôle plusde75%dumarchéde la téléphonie fixe, esten cours. Pour sa part, la restructuration descheminsdeferaavancé:lesCroatianRailwaysont été transformés, à la fin de 2006, enholding dont dépendent quatre compagniesresponsables, respectivement, des infrastruc-tures, du fret, des passagers et de la main-tenance. Mais ce secteur est loin d'êtrecomplètement restructuré et continue derecevoirunesubventionpubliquedel'ordrede0,4% du PIB en 2006. Enfin, les consom-mateurs d'électricité (à l'exception desménages) peuvent choisir leur fournisseurdepuis le1er juillet2007.Mais laconcurrencene deviendra effective que lorsque le prix del'électricitéaurarejoint leniveaud'unprixdemarché,alorsque leprixpratiquépar laprin-cipale compagnie (HEP) est toujours lourde-ment subventionné. L'objectif général, quiparaîtra sans doute ambitieux, est que toutesles entreprises du portefeuille de CPF soientprivatiséesavantlafinde2008.Actuellement,l'aidedel'Etatausecteurproductifresteélevéeetamêmeaugmentéde2,3%duPIBen2005

à3,4% (mais1,7%si l'onexclut lessubven-tionsàl'agricultureetàlapêche)en2006.En outre, un processus législatif importantconnusousl'appellationde«guillotine»estencoursdepuisseptembre2006.Sonobjetestdesupprimer ou de simplifier tout une série delois, décrets et réglementations freinantl'adaptation et le développement du systèmeproductif.Rappelons par ailleurs que le secteur ban-caire croate, qui compte environune quaran-taine de banques commerciales à côté d'unebanque publique de développement (HBOR),est désormais presque entièrementprivatisé etque la part des investisseurs étrangers yreprésente pratiquement 90% du total desactifs. Parmi les banques étrangères qui sontprésentes en Croatie, on citera la Sociétégénérale qui a racheté la filiale de la HVB-SpliskaBankaen2006,Raiffeisen,HypoAlpe-Adria,ouencore laVolksbank.Ondénombreen outre vingt-trois compagnies d'assurances,dont dix sont, en majorité ou en totalité,détenuespardescompagniesétrangères.2.– RÉFORME DE LA FISCALITÉ Lerapportdel'Unioneuropéennede2006etlesévaluationsdel'année2007indiquentque«les progrèsaccomplis enmatière de fiscalitésont encore limités». La Croatie devra doncfaire encore beaucoup d'efforts pour s'alignersur l'acquis communautaire. Il s'agit parexemplederenforcerl'administrationfis-caleetl'interconnexion des systèmes informa-tiquesafindepouvoirmettreenœuvreetd'appliquerl'acquis dans le domaine fiscal. En ce quiconcerne la fiscalité directe, certainesdispositionsrelativesà la taxationdes intérêts,desredevances,desdividendesetdescommis-sionsverséespar lessociétéscroatesauxnon-résidents doivent être alignées sur l'acquiscommunautaire. La Croatie applique cinqrégimes préférentiels d'imposition des béné-fices et des revenus. En matière de fiscalitéindirecte, le système de taxe sur la valeurajoutée en vigueur en Croatie a été modifiéplusieursfoisdepuissamiseenplaceen1995.L'introduction d'une TVA au taux unique de22% date de janvier 1998, mais, en juillet2005,untauxuniformedifférentde10%aétéadoptépourlesecteurtouristique.Mêmesilesgrands principes de la législation

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communautaire sont respectés, en 2006 et2007, aucun progrès n'a été accompli en cequi concerne l'alignement sur l'acquiscommunautairedansledomainedelaTVA.La Croatie devra aussi procéder à de pro-fondsajustementsde l'assiette de l'impôt,desstructures et des définitions de la plupart desmarchandises soumises à des droits d'accisesharmonisésauniveau communautaire (alcool,produits du tabac et carburants). En effet, euégard à ces catégories, la législation croateprévoit des exonérations quine sontpascon-formesàl'acquiset,parfois,lestauxdesdroitsd'accises appliqués sont bien inférieurs auniveau minimum de l'UE. Par ailleurs, aucunservice pour la perception et le contrôle desdroits d'accises n'existe encore, et la luttecontrelacontrebandereprésenteunepriorité.En Croatie, les investisseurs étrangers sontsoumisàuneloisurlessociétésselonlaquelleilspossèdentlesmêmesdroitsetobligationsetontlemêmestatut légalquelesentrepreneurslocaux, sousconditionde respectduprincipede réciprocité. Les investisseurs étrangers ontnéanmoins droit à des garanties supplémen-taires par rapport aux investisseurs locaux. LaConstitution prévoit que les droits acquis parinvestissement de capital ne peuvent êtreentravés par aucune loi ou cadre légal etgarantitlalibreexportationdesbénéficesetducapitalinvesti,àlafindel'investissement.Unnouveaucadre légal des échanges com-merciaux extérieurs a été mis en place, enaccord avec la réglementationde l'OMC, afinde préparer l'adhésion de la Croatie à cetteorganisation. L'importation et l'exportation debienssontenrèglegénéralelibres,saufencasde contingentement ou de restriction sur laqualité du produit importé. Afin de respectercertains accords internationaux, de ne pasnuireàlasécuritédel'État,deprotégerlesvieset la santédespersonnes,desanimauxetdesplantes et de contrôler l'importation etl'exportation d'objets d'arts ou de métauxprécieux, l'importation et l'exportation decertainsproduitssontsoumisesàuneautorisa-

tion délivrée par le ministère concerné. Parailleurs, lors de l'importation de produitsspécifiques (aliments, animaux vivants, biensdeconsommation,médicaments,etc.),ceux-cidoivent être accompagnés de certificatsappropriés (d'ordre sanitaire, vétérinaire,phytosanitaire...).3.– EQUILIBRES SOCIAUXMême si, on l'a vu, le niveau de vie de laCroatie, mesuré par le PIB par habitant, anettement progressé, atteignant 50% de lamoyenne de l'Union à vingt-cinq, de nom-breux efforts doivent encore être faits pourluttercontrel'exclusionetlapauvreté,commelesoulignelerapportdel'UEdel'année2006.Lemêmerapportpréciseaussiqu'ilestnéces-saire d'adopter une méthode plus stratégiquede réforme des prestations sociales afin desoutenirplusefficacementlesgroupeslesplusvulnérables de la population. En particulier,des ressources financières devraient êtreallouées afin de garantir la mise en œuvred'une stratégie nationale en faveur despersonnes handicapées. Tout cela expliquel'attitude, qui peut apparaître un peu contra-dictoire,d'ungouvernementquiveutaméliorerlasituationdelapopulation–commeill'afaiten augmentant de 4% les pensions des per-sonnes ayant pris leur retraite après 1998, enéliminant,grâceàun«bonus», lesdifférencesentre les pensions des retraités avant et après1998,enaccroissantleminimumdespensionsetendiminuantlapénalitépourdépartavancéàlaretraite–toutencherchantàmieuxciblerpour les rendre plus efficaces et moinsonéreuseslesprestationssocialesdanslecadredesaStratégiepourlebienêtresocialadoptéeenavril2007,suivant,encela, lesrecomman-dationsdesorganisationsinternationales.

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C r o a t i e III.– Principaux indicateurs économiques

Tableau 1 – Evolution annuelle des principaux agrégats (var. en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

PIB 5,6 5,3 4,3 4,3 4,8 5,5*

Productionindustrielle 5,4 4,1 3,7 5,1 4,5 6

Formationbrutedecapitalfixe 13,9 24,7 5,0 4,8 10,9 8

Consommationdesménages 7,7 4,6 4,8 3,4 3,5 4,5

Salaireréelmoyen 3,1 3,8 3,7 1,6 1,9 –

Prixàlaconsommation 1,7 1,8 2,1 3,3 3,2 2,8

Soldedesadministrationspubliques(%duPIB) –5,0 –6,2 –4,9 –4,1 –3,0 –3

Emploitotal – 0,6 1,7 0,7 0,8 –

Tauxdechômage(%delapop.active)

–chômeursenregistrésenfind'année

–moyenneannuellesurbaseenquêtesemploi

21,3

14,8

18,7

14,3

18,5

13,8

17,8

12,7

17,0

11,1

16

10,8

Sources : WIIW ; * : BERD

(e) : estimation ; (p) : prévision

Tableau 2 – Balances extérieures, réserves et endettement(variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

Exportationsdemarchandises –0,5 5,3 18,5 9,3 16,9 9

Importationsdemarchandises 13,4 11,5 6,3 10,6 14,0 10

Balancecommerciale(millionsd'euros) –5960 –6974 –6728 –7522 –8364 –9300

Balancecourante(millionsd'euros) –2097 –1866 –1404 –1985 –2617 –

Balancecourante(en%duPIB) –8,6 –7,1 –4,9 –6,3 –7,6 –8,3*

RéservesbrutesdelaBquecentr.,orexclu(millionsd'euros) 5651 6554 6436 7438 8725 –

Detteextérieurebrute(millionsd'euros) 15055 19811 22781 25541 28975 –

Sources : WIIW ; * : BERD

(e) : estimation ; (p) : prévision

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S e r b i e par Lil iane Pet rovic

I.– Evolution macroéconomique

Asonrythmeetcomptetenuducontexteparticulierquiest lesien,laSerbiesortdel'ornièreoùl'avaientplongéelesdésordresissusdudémantèlementdel'ex-Yougoslavie.AvecunecroissanceduPIBdel'ordrede6%en2005et2006,quelesdernièresprévisionssituentautourde7%pour2007,l'économie affiche de bons résultats. Les plus fortes hausses en 2006 concernent le secteur desservices, plus particulièrement les transports et télécommunications (29,3%), l'intermédiationfinancière(17,2%),lecommercedegrosetdedétail(10,3%)etlesecteurdubâtiment(7,7%).Ence qui concerne l'industrie, dont la production a augmenté de 4,4% (contre 0,8% seulement en2005),l'augmentationlaplusimportante(dépassant5%)estrelevéedanslesecteurmanufacturieret,plusparticulièrement,dans l'ameublement (65%), lesmétauxdebase (23%)et le tabac (11%),àsavoir les industries bénéficiant des principaux investissements étrangers. Ces tendances se sontconfirméesaupremiersemestrede2007,aucoursduquellePIBaaffichéunehaussede8%(8,4%aupremiertrimestreet7,7%audeuxième).Laprogressiondesprêtsbancaires, lafortehaussedessalairesréelsainsiquel'augmentationdesdépensespubliquesindiquentquelademandeintérieureajouéunrôleimportantdansladynamiquedelacroissance,cequeconfirmentlesstatistiquesrelativesauxventesaudétail,quiontaugmenté,entermesréels,deprèsde26%entrejanvieretjuillet2007,parrapportàlamêmepériodedel'annéeprécédente.Ladynamiquedelacroissancen'empêchepaslechômagededemeurertrèsélevé,avecuntauxde20,9%selonladernièreenquêteemploi,réaliséepourl'année2006.Selonlesstatistiquesdel'Officenationaldel'emploidisponiblesàlafindumoisd'août2007,lenombredesdemandeursd'emplois'élevaità894000personnesetletauxdechômageà31%àcettedate.Malgrélafortehaussedesexportations,aussibienen2006qu'en2007,ledéficitcommercialestrestésubstantieletseseraitmêmecreuséen2007,enraisondel'accélérationdelacroissancedesimportations,dontlemontantestenvironledoubledeceluidesexportations.Celaserépercutesurledéficit des transactions courantes qui serait plus élevé s'il n'y avait eu, en particulier en 2006,d'importants transfertsde fonds,provenantde ladiaspora serbenotamment.En revanche,pour leshuitpremiersmoisde2007,d'aprèslesdonnéesdelaBanquecentrale(NBS),lestransfertscourantsvers la Serbie ontmontré des signesd'essoufflement (-5%), contrairement aux transfertsdes fondsversl'étranger,enaugmentationde20%parrapportàlamêmepériodede2006.Aucoursdeceshuit premiers mois, le déficit de la balance des transactions courantes (environ 3,8milliards dedollars) a été multiplié par 1,8 par rapport à ce qu'il était au cours de la même période l'annéeprécédente,cequiluiafaitdépasserleniveaududéficitenregistrépourl'ensembledel'année2006.Le niveau (record) des investissements directs nets de l'étranger (4,4milliards dollars) au cours decettemêmeannéeafacilitélefinancementdecedéficitmais,en2007,ildevraitêtreenbaisse,enraison,entreautres,delacrisepolitiquequiaretardélaformationd'unnouveaugouvernementetlapoursuitedesprivatisationsquiconditionnentpourunelargepartlesinvestissementsétrangers.Néanmoins, le fort besoin de financement de la Serbie conduit à une augmentationde la detteextérieuredupays,qui s'estchiffréeà23,2milliardsdedollarsà la findeseptembre2007,contre19,6milliardsdedollarsàlafinde2006et15,5milliardsdedollarsàlafinde2005,soitdeshaussesde 18% et 50% respectivement. C'est principalement l'endettement à l'étranger des entreprisesprivéesqui,progressantàun rythmesoutenudépassant60%en2006et2007,estresponsabledecette hausse entraînant un changement considérable de la structure de la dette extérieure.Néanmoins, le montant de cette dette rapporté au PIB (environ 60%) reste relativement modéré(notamment si on le compare à ce qu'il est enCroatie) et, aumois demars2007, la Serbie a pu

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procéder au remboursement anticipé de la dernière tranche de sa créance vis-à-vis du FMI et n'aconcluaucunnouvelarrangementaveccelui-ci.Ellen'estdoncplustenuedesuivrelesconseilsdesexpertsdecetteinstitutiontelsqueceuxqu'ilsontformulésenmars2007,lorsqu'ilsl'ontincitéeàsuspendrelePlannationald'investissementoudepréparer un budget de l'Etat pour 2007 affichant un excédent de 2,8% du PIB. Au contraire, lebudget pour 2007, adopté tardivement le 23 juin en raison de la succession d'une criseparlementaire, d'élections législatives anticipées et, finalement, de longues négociations pour laformationd'unecoalitiongouvernementale,prévoitundéficitde0,6%duPIB.L'un des traits caractéristiques de la situation économique de la Serbie est le fort rattrapage duniveaudusalairemoyenbrutentermesréelsquiacrûd'environ14%paranenmoyenneaucoursdesannées2002à2006,atteignantprèsde500eurosenseptembre2007(lesalairemoyenmensuelnetétantdel'ordrede360euros).Onnoteraquesisaprogressionaétéélevéeen2006(11,4%),elleestrestéeinférieureàcelledelaproductivitéindustriellequiaaugmentéde13,5%aucoursdelamême année et ne peut donc être tenue directement responsable d'une détérioration de lacompétitivité des produits serbes. En revanche, la politique du dinar fort menée par la Banquecentralesembleavoireuunimpactnégatifsurl'équilibreextérieurenréorientantlademandeverslesproduits importés qui sont devenus relativement moins chers que les produits domestiques. CeraffermissementdudinarapermisàlaBanquecentralederamenersontauxdebasele29octobre2007à9,5%,c'estàdireauniveauqu'ilavaiteuentrele1erjuinetle28août2007,avantqu'ellenelerelèveà9,75%.Si elle n'a paspermisde réduire les importations nid'améliorer les comptes extérieursdupays,l'appréciationdudinarasansaucundoutecontribuéàladésinflation,etlaBanquecentraleconsidèrequeledernierabaissementdutauxdebasenedevraitpascompromettresonobjectifderamenerletauxd'inflationcore (qui n'inclut pas les prix réglementés) entre 4 et 8%endécembre2007,parrapportàdécembre2006.Eneffet,seseffortsontvisiblementdonnédesrésultats.Letauxd'inflationmoyen annuel a été ramené à 11,7% en 2006 (contre 16,2% en 2005), et la désinflation s'estpoursuivieen2007lorsque,aucoursdelapériodejanvier-septembre,letauxannualiséd'inflationestdescendu à 4,9%. En 2008, la Banque centrale envisage de passer pleinement au «ciblage del'inflation»,avecunobjectifde3-6%pourl'inflationdebase(core inflation)endécembre2008parrapportaumêmemoisde2007.Danscebut,lemaniementdutauxd'intérêtdebasedevraitdevenirl'instrumentcléde lapolitiquemonétaire,auxcôtésd'autres instruments,comme les interventionssurlemarchédesdevises,quiaurontunrôlesecondaireselonlesaffirmationsdelaBanquecentrale.Parailleurs,cettedernièreprenddesdispositionspourcontenirlaprogressiondel'endettementvis-à-visdel'étranger.Rappelonsquelesbanquesontempruntémassivementàl'étranger,notammentaucoursdel'année2006,afindepouvoiraccorderparlasuitedesprêtsàtauxd'intérêttrèsintéressantsauxacteurséconomiquesenSerbie.LaBanquecentraleadéjàimposéauxbanquescommercialesuntauxderéservesobligatoiress'élevantà60%pourl'endettementàl'étrangeràcourttermeavantdele remplacer par un taux de 45% s'appliquant à tous les dépôts en devises quelle que soit leurprovenance. Mais si l'endettement des banques à l'étranger a été freiné, les prêts accordés auxparticuliersn'ontcessédecroître,affichantunehaussede25%aupremiersemestrede2007.C'estpourquoi laBanquecentraleaprisdenouvellesmesures,dans lebutdecontrecarrer lespressionsinflationnistes liées à l'expansionde ces prêts et notamment, aumois d'août 2007, la limitation àdeuxansdeladuréederemboursementdescréditscontractésparlesparticuliers(àl'exceptiondescrédits immobiliers). Si ces mesures ne donnent pas les résultats souhaités, la Banque centraleenvisagedemultiplierlesdispositionsenvuedemodérerl'expansiondesprêtsbancaires.Progressivement, lesrelationsdelaSerbieavecsesvoisinseuropéenssenormalisent,mêmesi leprocessusestralentipardesobstaclesd'ordrepolitique.L'Accorddelibre-échangecentre-européen(ALECE)qu'elleasignéendécembre2006,aétératifiéparleparlementserbeenseptembre2007.L'ALECE,quiregroupeactuellementl'Albanie,laMacédoine,laBosnie-Herzégovine,leMonténégro,laCroatie, laMoldavie, la Serbie, ainsi que la province serbeduKosovo (administrée depuis juin

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1999parl'ONU)apourobjectifd'aiderlessignatairesàmieuxcoopérermutuellementetd'intensifierleséchangescommerciaux,auniveaurégional,danslaperspectivedel'intégrationdecespaysdansl'Unioneuropéenne.Rappelonsqueparailleurs,lesnégociationsenvued'unAccorddestabilisationet d'association (ASA) ont été interrompues par l'Union européenne en mai 2006, en raison del'incapacité des autorités serbes à livrer le généralMladic, le chefmilitaire des Serbes de Bosnie,recherchéparleTribunalpénalinternationalpourl'ex-Yougoslavie(TPIY).Alasuitedel'arrestationdedeuxex-générauxserbesdeBosnie, inculpésdecrimedeguerrepar leTPIY (l'un futarrêtéenBosnieetl'autreauMonténégro),l'UEareprisle13juin2007lesnégociationsaveclaSerbie.Le7novembre,elleaparaphél'accord,enraisondesprogrèsréalisésparBelgradedanssacoopérationavec le TPIY. Néanmoins, la signature officielle de l'ASA, qui représente un premier pas versl'adhésionàl'UE,estconditionnéeparunecoopération«pleineetentière»menantàl'arrestationdequatrefugitifs,criminelsdeguerreprésumés,inculpésparleTribunal,dontleplusrecherchérestelegénéralMladic.

II.– Etat des réformes structurelles 1.– SYSTÈME BANCAIRE ET FINANCIERLe nombre d'établissements bancairescontinue de diminuer d'une année à l'autre:oncomptaittrente-septbanquesenactivitéàlafindedécembre2006contrequaranteen2005et quarante-trois en 2004. Parmi les banquesopérationnelles en Serbie, vingt-deux sontmajoritairement détenues par des groupesbancaires étrangers (essentiellement euro-péens),huitsontmajoritairementdétenuesparl'Etat et sept par des acteurs locaux privés.Parmi les banques publiques, on citera laKomercijala Banka qui, à elle seule, détientenviron 8,5% du marché et dont la privati-sationestprévuepour2009.Alafinde2006,parmi les banques étrangères qui contrôlaientprèsde80%dusecteurbancaire,on trouvaittrois banques françaises dont la Sociétégénérale(dès1991), leCréditagricole(quiestdevenu majoritaire en 2005 dans la banqueprivéeMeridianbanka)etleCetelem,filialedeBNP Paribas, qui a fait l'acquisition (à partégaleaveclaBancaCRFirenze)delabanqueprivéeNovaBankaen janvier2006àhauteurde 89,7% et qui opère sous le nom deFindomesticBanka.Lespartsdemarchédecestrois banques françaises, respectivementd'environ5%,2%et0,5%,sontmodestes.Le changement de la structure de la pro-priété dans le secteur bancaire et la présencedesbanquesétrangèresayantunebonnerépu-tationont contribué largement à un retour deconfiance de la population dans les banques.L'évolutiondumontantdel'épargnedesparti-culiers en témoigne qui, en juin 2007, s'éle-

vant à environ 4milliards d'euros, avait étémultiplié par quinze par rapport à 2001.No-tonsquecetteépargneestpresqueentièrementconstituéededevisesfortes(àplusde97%en2007), en dépit de nombreuses tentatives dugouverneur de la Banque centrale pour con-vaincre la population d'épargner en dinars.Danslemêmetemps,lesprêtsaccordésparlesbanques aux particuliers ont progressé à viveallure au cours des trois dernières années–125% en 2004, 99% en 2005, 54% en2006–etaffichaientuneprogressionde40%à la fin du mois de septembre 2007, parrapportàlafindedécembre2006.Lesecteurdesassurances,dontlecontrôleetlaréformesontconfiésàlaBanquecentrale,acommencé à subir des changements impor-tantsdès2005,lorsquelalicenceaétéretiréeàcinq sociétés. Alors qu'en 2004 on comptaitvingt-neuf sociétés d'assurances, dont quatremajoritairement détenues par les propriétairesétrangers,vingt-troisauxmainsdesagentséco-nomiquesprivésetdeuxenpropriétédel'Etat,en 2006, leur nombre a été réduit à dix-sept,dont huit majoritairement détenues par despropriétaires étrangers, sept par des acteurslocaux et deux se trouvant toujours dans legiron de l'Etat. Déjà une nouvelle société,CréditAgricoleLife,aobtenusa licence,et laprivatisation-vente des deux plus grandes so-ciétés d'assurancesa été annoncée. Fin 2006,plusieursinvestisseursétrangersavaientmontréque l'acquisitionde lapartmajoritairedans lacompagnie d'assurance DDOR-Novi Sad lesintéressait,maissaprivatisationaétéreportéeàlafindel'année2007.Quantàlaplusgrande

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compagnie, Dunav Osiguranje, elle serarestructuréeavantd'êtremiseenvente.2.– SYSTÈME PRODUCTIFDepuislafindel'époqueMilosevic,laSerbiea fait des progrès dans les réformeséconomiques et juridiques, comme le cons-tatent plusieurs institutions internationales(BERD, FMI, Banque mondiale, Commissioneuropéenne).Lacréationd'unenvironnement,favorable aux investisseurs notamment, quiassure un cadre moderne aux secteurs vitauxde l'économie et l'aligne sur la meilleurepratique internationale et les standardsinternationaux, en témoigne. A cette fin,l'impôt sur les entreprises a été réduit àseulement 10% et les standards comptablesinternationaux ont été introduits en tant quebasesducalculdecetimpôt.La poursuite des réformes a été considé-rablement ralentie au cours de la premièremoitié de l'année 2007 par l'attente de laformation d'un nouveau gouvernement, pours'accélérer par la suite, notamment dans ledomainedesprivatisations,maisladatelimitede l'achèvement de celles-ci a dû êtrerepousséeàlafinde2008.Audébutdumoisde novembre 2007, selon les statistiques del'Agencedeprivatisation,sur3068entreprisesdestinées à être privatisées, 1858 (soit 61%)l'ont déjà été, tandis que 1210 sont dansl'attente. Parmi ces dernières, 1083 serontvenduesauxenchères,pour73desquellesuneventeparappeld'offreestdéjàprévue, tandisque54sontdansl'attented'unerestructurationpréalable à leur privatisation. Parmi lesdernières entreprises vendues aux enchères etdont les investisseurs locaux sont devenus lesnouveaux propriétaires, on compte Robnekuce Beograd (commerce de détail) et plu-sieursstationsdetélévisionetradiolocales.En ce qui concerne la privatisation desgrandesentreprises, laventedeRTBBoradûêtre annulée, l'acheteur roumain, Cuprom,n'ayantpaspayélasommeduepourl'achatdece conglomérat d'exploitation du cuivre. Unnouvel appel d'offre a donc été lancé,auquelont répondudeux compagnie (Basic Element,dontlepropriétaireestl'hommed'affairesrusseOleg Deripaska, et l'autri-chienne Brickshelf,dont le propriétaire est dit-on un hommed'affaire serbe). En juillet 2007, legouvernement a entamé le processus deprivatisation-vente de la compagnie aérienne

JATAirwaysetengagéà titredeconseillerunconsortiumdirigéparlasociétédeconsultanceRothschild, réputée dans le domaine del'industrie aéronautique. Bien que laprivatisation-vente de 25% du conglomératNIS(pétrole)–avecl'optiond'augmentercettepart à 37,5%– ait été approuvée par legouvernement en août2006, elle ne devraitpascommenceravantlafinde2007,enraisonde divergences à ce sujet parmi les partispolitiques au pouvoir. Par ailleurs, laprivatisation de la grande compagnie EPS(production et distribution de l'énergieélectrique)n'estpasencoreàl'ordredujour.Pour sa part, la Commission de la concur-rence, mise en place en décembre 2005, n'aquerécemmentcommencésoncombat(quinesemble pas être facile) contre les monopolesexistants. Bien que, dans le domaine de latéléphonie mobile, une troisième licence aitété accordée à la fin de l'année 2006 àl'autrichienMobilkom,dans le domainede latéléphonie fixe, c'est Telekom Srbija (danslaquellel'Etatdétient,depuis2002,unepartde80%, les 20% restant appartenant à lacompagniegrecqueOTE)quicontinueàbéné-ficier d'une position monopolistique. C'estjustement Telekom Srbija qui est devenue lepropriétaire majoritaire (à 65%) de TelekomSrpske(téléphoniefixeetmobile),misenventepar le gouvernement de la Republika Srpska(l'entité serbe de Bosnie-Herzégovine), pour646millions d'euros. Le paiement de lasomme due a été effectué en juin 2007 etTelekomSrbijaenvisaged'investir295millionsd'eurosdurant lescinqprochainesannées,envuedemoderniserTelekomSrpske.3.– GESTION DES FINANCES PUBLIQUESLa législation fiscale a été modifiée surcertains points par une loi adoptée le29juin2007:letauxdelaTVAsurl'achatdesordinateurspersonnelsaétéabaisséà8%, sesubstituant au taux standard de 18%, quinéanmoins continuera d'être appliqué sur lesimprimantes, les scanners ou leurs versionsmultifonction;letauxdel'impôt,appliquélorsde transferts des droits de propriété surl'immobilier,aétéabaisséde5%à2,5%;enoutre, depuis juillet 2007, tous les ache-teursde leur premier logement sont exonérés del'obligation de payer aussi bien la TVA quel'impôt sur le transfertdesdroitsdepropriété.

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Apartirdu1er janvier2008, lesaccises sur letabac qui, conformément à l'accord avec lesinvestisseurs étrangers acheteurs de deuxusines de production de cigarettes, ont étéappliquées sur les cigarettes importées (selondesmontants supérieurs à ceux valables pourles cigarettes fabriquées en Serbie), serontramenées au niveau de celles des cigaretteslocales. Rappelons que cette protection sui generisdel'industriedutabac(pourtantlimitéedans le temps), avaitmis en cause l'adhésiondelaSerbieàl'ALECE.Enfin,letauxdel'impôtsur les sociétés restera faible (10%) afin destimuler l'activité économique. Par ailleurs, lamise en place des structures permettant decontrôlerlescomptespublicsneprogressequetrès lentement. Si la loi sur la création del'Institution d'audit des comptes publics(Drzavnarevizorskainstitucija),dontlerôleestsimilaire à celui de la Cour des comptes enFrance,aétéadoptéedèsnovembre2005,sesdirigeants n'ont été élus par le Parlement quepresque deux ans plus tard (à la fin deseptembre 2007). A titre de comparaison, enHongrie, cette institution indépendante,chargée de contrôler l'utilisation des fondspublics et considérée comme l'un des piliersde la démocratie, avait été mise en place en1989,unesemaineseulementaprèsl'adoptiondesamendementsàlaConstitution. 4.– EQUILIBRES SOCIAUXMalgré le redémarrage de la croissancedepuisplusieursannées,leniveaudeviedelaSerbie, encore un peu inférieur à 30% de lamoyenne de l'Union à vingt-cinq, reste trèsfaible,cequilaplacenettementendessousdelaBulgarieetdelaRoumanieetauniveaudel'Ukraine. En outre, comme dans beaucoupd'autrespaysd'Europecentraleetorientale,lesinégalités s'y sont creusées, notamment entreuneminoritédenantisetungrandnombredepersonnes ne disposant que de très peu deressources.Au sommet on trouve, héritagede l'époquede Milosevic, les hommes d'affaires, appelésen Serbie les tycoons, qui se sont enrichisgrâce à leurs liens étroits avec le pouvoir. Enoutre,aprèslachutedeMilosevic,onaobser-véunphénomèned'enrichissementrapidedespersonnes proches de la nouvelle élite poli-tique, ou même en faisant partie, notammentdufaitdelacorruptiontrèsrépandueliéeaux

privatisations souvent peu transparentes. Sicertains résultats ont été obtenus dans la luttecontrelacorruption,lecitoyenserbeordinaireresteconvaincuqueles«grosjoueurs»nesontpas atteints par la justice. Dans son dernierrapportrelatifàlaSerbie(novem-bre2007), laCommission européenne propose d'instituerune agence anticorruption indé-pendante etefficace,demettreenœuvreunpland'actionrelatif à la stratégie de lutte contre lacorruption,de clarifier davantage et demieuxassurer l'application effective de laréglementationliéeàlapréventiondesconflitsd'intérêtsenconformitéaveclesnormesinter-nationales et, finalement, d'élaborer et demettre en pratique un système transparent dedéclarationdesavoirsdesfonctionnaires.Aubas de l'échelle se trouvent les pauvres,lesdéfavorisés,lesexclus,dontunbonnombrepeuvent être considérés comme un héritagesupplémentaire de l'époque de Milosevic.Rappelons que, durant les an-nées1990suivantladésintégrationdel'ex-Yougoslavieetles guerres en Bosnie et en Croatie, desmigrations massives vers la Serbie depopulations en provenance de ces deuxrépubliques ont eu lieu. Ainsi, d'après lesestimationsdel'AgencedesNationsuniespourles réfugiés (UNHCR), à la fin de 1996, laSerbie (environ 7,5millions d'habitants) avaitabrité de l'ordre de 524000 réfugiés. Enseptembre 2007 en Serbie (hors Kosovo) vi-vaientencore97700 réfugiéset114000per-sonnes qui, n'ayant pas été enregistrées en2004-2005, n'avaient pas été incluses dans lacatégorie des réfugiés par l'UNHCR. A ceschiffres, toujours selon l'UNHCR, s'ajoutent206500 «personnes intérieurement dépla-cées» (PID), majoritairement des Serbes quiontquittéleKosovoàlasuitedel'interventionde l'OTAN, en1999notamment. La situationdelamajeurepartiedeceuxquisontrestésenSerbie suscite des inquiétudes. En effet, l'attri-butionde la nationalité serbe aux réfugiés nesignifie pas, en soi, une amélioration de leurniveaudevie.Etantdonné la raretédu travailen Serbie, cette population (quel que soit sonstatut officiel actuel), qui avait été contrainte,pour des raisons «ethniques», de quitter sesfoyers de Croatie, de Bosnie ou du Kosovo,resteparmi lesplus touchéespar lechômage,l'exclusion et la pauvreté. Bien évidemment,commedansd'autrespays européensen tran-sition, les Roms, qu'ils soient «autochtones»ou fassent partie des PID (40000environ

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viennent du Kosovo), restent les plus défavo-risés et rencontrent des difficultés spécifiquessupplémentaires,encequiconcerne l'accèsàl'éducation,auxsoinsmédicaux,aulogement,àl'eaupotableetc. 5.– L'AGRICULTUREL'agriculture a été gravement touchée parune forte sécheresse au cours de l'été 2007.Face à cette situation, le gouvernement adécidé le3aoûtd'interdire,pourunepériodedetroismois,lesexportationsdeblé,demaïs,de soja et de tournesol, afin d'empêcher lahaussedesprixdecesproduits sur lemarchélocal, et le 25octobre, il a reconduit l'in-terdiction des exportations du blé et du maïspourcentvingt jours supplémentaires, sous leprétexte d'«assurer la stabilité des prix et dumarché, qui sont mis en question en raisond'unemauvaise récolte due à la sécheresse».Les agriculteurs ont manifesté contre cesinterdictionsgouvernementalesenbloquantlesautoroutes en Voïvodine, au mois d'octobrenotamment. Pour répondre à leurs demandesde dédommagement, le ministère de l'Agri-culture a préparé des mesures au début dumois de novembre, à savoir: l'exonérationpour les agriculteurs de l'impôt foncier en2007, 2008 et 2009, le rééchelonnement deleurs obligations envers les sociétés publiquesde production et de distribution d'eau et duremboursementdescréditsdecourttermecon-tractés en 2007 pour la production agricole.Selon les estimations du gouvernement, lespertesderendementaucoursdel'année2006

en raison de la sécheresse représentent entre10% et 30% des rendements escomptés enfonctiondesproduitsconsidérés,etentre10%et 90%en fonctionde la zone géographiquetouchée (la Serbie centrale étant plus touchéeque la Voïvodine). Les dégâts totaux sontestimésàenviron600millionsd'euros.Par ailleurs, les autorités poursuivent leuractiondans le butd'améliorer l'utilisationdesterrescultivables.Ellesdisposentpource fairedelaloisurlesterresagricolesquidonneauxcollectivités locales la possibilité d'identifier,danslecadastre,lessurfacesagricolesquisontla propriété de l'Etat, afin de les donner àfermer et d'augmenter ainsi les recettes desbudgetslocaux.Toutefois,d'aprèslesdernièresestimations, sur environ 500000 hectares enpropriété de l'Etat disponibles pour le bail àfermage,environ73000(soit15%seulement)sont effectivement donnés à fermer. Parmi lesautres mesures, on mentionnera le règlementqui permet aux agriculteurs âgés de plus de60ans de donner leurs terres arables enfermage,l'Etatétantlepayeur.Enfin,onnoteraquelaprivatisation-ventedesstations vétérinaires a été entamée à la fin del'année2007,avecunemiseauxenchèresde70% du capital de quatre stations dans lesvilles deVelikoGradiste,Mionica,Kosjeric etVranje.

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S e r b i e1 III.– Principaux indicateurs économiques

Tableau 1 – Evolution annuelle des principaux agrégats (variation en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

PIB 4,2 2,5 8,4 6,2 5,7 7*

Productionindustrielle 1,8 –3,0 7,1 0,8 4,7 5

Prixàlaconsommation 16,6 9,9 11,4 16,2 11,6 7*

Salaireréelmoyen 29,9 13,6 10,1 6,4 11,4 –

Soldedesadministrationspubliques(%duPIB)(a) –8,3 –3,4 0,0 0,9 2,7 –0,6*

Emploitotal(b) –3,4 –2,7 0,4 –6,7 –3,8 –

Tauxdechômage(%delapop.active)

–chômeursenfind'année(a)

–moyenneannuellesurbaseenquêtesemploi

29,0

13,3

31,7

14,6

31,6

18,5

32,4

20,8

33,2

20,9

Sources : WIIW ; (a ) : Berd ; (b) : à partir de 2004, selon le recensement de la population de 2002 et la révision basée sur la méthodologie de l'OIT et de l'Eurostat ;

* : prévision d'experts

(e ) : estimation ; (p) : prévision

Tableau 2 – Balances extérieures, réserves, endettement (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

Exportationsdemarchandises 15,5 25,1 11,8 21,8 28,9 29*

Importationsdemarchandises 25,3 12,5 30,6 –2,7 22,4 27*

Balancecommerciale(millionsd'euros) –3426 –3559 –5204 –4256 –4952 –6150

Balancecourante(millionsd'euros) –1323 –1257 –2308 –1790 –2906 –3700

Balancecourante(en%duPIB) –7,9 –7,0 –11,7 –8,5 –11,4 –12,5

RéservesbrutesdelaBquecentr.,orex.(millionsd'euros) 2077 2728 3008 4754 8841 –

Detteextérieurebrute(millionsd'euros) 10768 10858 10355 13064 14885 –

Sources : WIIW ; * : prévision d'expert

(e ) : estimation ; (p) : prévision

1 Kosovo exclu

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Troisièmepartie

La Russie et l'Ukraine

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La situation économique de la Russie est entrée dans une nouvelle phase

Premiers effets de la stratégie publique de développement parJacquesSapir

Pour la neuvième année consécutive, l'économie russe est en 2007 en forte croissance. Sondéveloppement est cependant entré depuis la secondemoitié de 2005 dans une nouvelle phase,commeentémoignentlestauxdecroissanceélevésquel'onaobservésdepuisl'automnedecetteannée-là.Aprèslarécupérationduretardaccumulédanslapériodeallantde1991à1998,ildevientévident depuis fin 2006 que de nouvelles logiques émergent dans l'activité économique. Ceslogiquestraduisentl'évolutiondelapolitiqueéconomique,marquéeparunengagementdeplusenplusimportantdelapuissancepublique.Lamiseenœuvredes«prioritésprésidentielles»en2005(santé,éducation,logement,agriculture)apermisdecanaliserlesinvestissements.Larestructurationdel'industrie,marquéeenparticulierparlaconstitutiondegrandsgroupessouscontrôlepublic(dansl'aéronautique,leschantiersnavals,l'énergienucléaireetlesnouvellestechnologies),contribueaussiàl'accélérationdelacroissancequel'onconstatedepuislafinde2005.Ces nouvelles logiques se caractérisent par une croissance qui désormais s'accompagne d'unvéritable phénomène de développement, mais aussi par l'émergence des éléments d'un régimed'accumulationstabiliséquipourraitcaractériserlapériodepost-transition.UN CONTEXTE PARTICULIER : LA MISE EN PLACE D'UN RÉGIME DE CROISSANCE STABILISÉSilaRussieconnaîtdepuisplusieursannéesunefortecroissance,lessourcesdecettedernièresontarechercheressentiellementdansledéveloppementdelaconsommation–portéedepuis2005parl'émergencedu crédit à laconsommation jusque-là inexistant – et par l'investissement (tableau1).ContrairementauxanalysessuperficiellessouventvéhiculéessurlaRussie,lesexportationsn'ontpasde rôle direct dans cette croissance. En effet, la contribution globale du commerce extérieur estnégative.Cependant,ilestincontestablequelesrevenusdesexportationsontconcouru,àtraverslerétablissement des comptes publics comme à travers les profits dégagés par les entreprisesexportatrices,audéveloppementdelaconsommationetdelacroissance.

Tableau 1 Facteurs de la croissance en Russie (en points de croissance)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

TauxdecroissanceduPIB 10,0 5,0 4,3 7,3 7,2 6,4 6,7

Demandedesménages 3,6 4,7 4,5 4,9 5,7 6,3 7,5

Demandedesadministrations 0,4 -0,2 0,5 -0,2 0,3 0,4 0,9

Investissement 3,1 1,9 0,6 2,3 2,1 2,0 2,7

Variationdesstocks 5,8 0,9 -1,1 0,9 1,5 1,4 0,9

Export 2,1 1,0 3,8 4,9 3,9 2,2 2,3

Import -5,0 -3,3 -4,0 -5,4 -6,4 -5,9 -7,7

Erreursetommissions 0 0 0 -0,1 0,1 0 0,1

Soldedeseffetsducommerceextérieur -2,9 -2,3 -0,2 -0,5 -2,5 -3,7 -5,4

Sources : données de l'Institut de prévision de l'économie nationale (IPEN-ASR), Dolgosrochnyj prognoz razvitija ekonomiki Rossii na 2007-2030 gg,Moscou,mai2007

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Onpeutdoncparlerd'unrôleindirectdesexportationsdanslacroissanceactuelle.Cependant,cesrevenusn'auraientpaseulerôlepositifquiaétéleleursansunepolitiquedéterminéedesautoritéspubliquesvisantàrétablirladisciplinefiscaleetàcréerlesconditionsdestabilitéetdeprévisibilitédel'horizonéconomiquequiontpermisledéveloppementdel'investissement.

Tableau 2 Investissement selon les sources de financement

2002 2003 2004 2005

Autofinancement,dont 45,0% 45,2% 45,4% 45,1%

Profits 19,1 17,8 19,2 20,6

Amortissement 21,9 24,2 22,8 21,3

Financement externe,dont 55,0% 54,8% 54,6% 54,9%

Créditsbancairesdont 5,9 6,4 7,9 8,3

crédits des banques étrangères 0,9 1,2 1,1 1

Prêtsdesautresorganisations 6,5 6,8 7,3 7,4

Fondsbudgétairesdont 19,9 19,6 17,9 20,7

budget fédéral 6,1 6,7 5,3 7,1

budgets des sujets de la Fédération 12,2 12,1 11,6 12,5

Fondsextrabudgétaires 2,4 0,9 0,7 0,5

Autres 20,3 21,1 20,8 18

Lerégimedecroissancequisembles'êtremisenplaceenRussiecesdernièresannéesmarqueuneruptureavec lemodèle rentierde productiondematières premièresqui semblait devoir s'imposerdans la période 1992-1998. Il autorise aujourd'hui des prévisions de moyen et long terme quiindiquentunfortpotentieldedéveloppementdanslesquinzeàvingtannéesàvenir.Contrairementàcequel'onapucraindre, laRussiesembleavoir lesmoyensdeseprémunircontreleseffetsdela«maladie hollandaise» (qui touche les pays exportateurs d'énergie et de matières premières) etd'utiliserdemanièreefficacelesressourcesissuesdesexportations.Cependant, lastabilitédecettecroissanceimpliquelamiseenplaced'unrégimed'accumulationparticulierpourquel'ensembledupotentieldecroissancedel'économierusse(sansdoute8%à9%paran)puisseseréaliser.Enparticulier, il importequel'économierussetrouvedessolutionsàdesproblèmes structurels quimenacent lemaintien d'une forte croissance àmoyen terme et dont lesprincipaux sont le vieillissement du stock de capital productif, le retard accumulé dans lesinvestissementsdanslesannées1991-1998(enparticulierdansledomainedesinfrastructures),latrèsfaibleefficacitéénergétiquedel'industrieetl'existencedetrèsfortesdisparitésrégionales.Cela suppose une politique volontariste de réindustrialisation (ou, en d'autres termes, de«diversification»desesproductions)quipasseparunestratégiededéveloppements'accompagnantd'une redéfinition desmodes d'interaction entre la puissancepubliques (fédérale ou locale) et lesacteurs privés. Une telle politique rend nécessaire la mise en œuvre d'institutions financièresnouvelles (leFondsd'investissement, lanouvellebanquepubliqueVEB)destinéesàporter les tauxd'investissementélevésquiserontnécessairesdanslefutur.Cela supposeaussique legouvernementmaintienneunepolitiquesocialeactivequidevraitêtresystématisée, même si certains éléments sont déjà en place (en particulier dans les domaines del'éducation, de la santé et du logement). La question des très fortes inégalités de revenus pèse

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aujourd'hui sur le fonctionnementdumarchédu travail.Unepolitiquede ré-industrialisationde laRussieimpliquenécessairementunecorrectiondesécartsdesalairesentrel'industrieetlesservices.Les éléments qui se dégagentà la fin de2007permettent de penserque la périodequalifiée de«transition»estentraindes'achever.LerégimedecroissancedelaRussie,aveclacombinaisondudéveloppementdumarchéintérieur,d'unimportantsoldepositifdelabalancecommercialeetd'unrôleactifdesautoritéspubliques,sembleêtreentrédansunephasedestabilisation.Néanmoins, le mode de développement de la Russie à l'horizon 2010-2020 n'est pas encorepleinement déterminé. Il implique que les choix stratégiques de développement qui ont été faitsdepuis 2005 soient maintenus et approfondis, qu'une politique sociale cohérente vienneaccompagner la politique industrielle ambitieuse qui commence à être mise en œuvre et que lapolitiquemacroéconomiquesoitétroitementcoordonnéeaveclesobjectifsstructurels.Lastratégiededéveloppement de la Russie devra aussi prendre en compte les incertitudes grandissantes quiapparaissent au sujet desmodes d'évolution des cadres du commerce international et du systèmemonétaireinternational.LES BONS RÉSULTATS DE 2007LacroissanceéconomiquedelaRussieestdoncrestéefortedurantl'hiver2006-2007etdevraitsepoursuivreàunrythmeélevéd'ici lafindel'année.Les résultatsdupremiersemestresonteneffetsensiblement supérieursauxprévisionsgouvernementales (+8,8%pour laproductiondebiensetservicesaucoursduseulpremiertrimestre)etl'onpeuts'attendreàcequecerythmesemaintienneausecond.Ces résultatsont surpris lesprincipauxcommentateurséconomiques russesetétrangersqui tablaient, au début de 2007, sur un ralentissement sensible de la croissance. Ils témoignentjustementdeseffetsdelamiseenplaced'unrégimedecroissancestabiliséenRussie.

Graphique 1 Comparaison croissance /inflation

Sources :CEMI-EHESSetdonnéesdelaBanqueCentraledeRussie

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De bons résultats macroéconomiquesDefait,lesbonsrésultatséconomiquesde2007,avecuneaugmentationattendueduPIBde7,5%,ontsurprisunegrandepartiedesanalystes.Certainesestimationsallaientmêmejusqu'àenvisagerunecroissance de 4,4% à 5% contre 6,7% pour 2006. Elles ne tenaient cependant pas compte dumouvementdel'activitééconomiquetelquel'onpeutl'observerdepuisl'été2005(graphique1).Lestaux de croissance mensuelle de la production des biens et services montrent que le rythme del'activité économique s'accélère de manière régulière depuis cette date et que, en particulier,l'augmentationdel'activitémanufacturièreaatteintunpeuplusde12%enrythmeannuelenjuillet,aprèsunralentissemententreleprintemps2004etl'été2005.Ceralentissementétantsurvenualorsquelacroissanceavaitatteintunrythmeélevédanslapériodederécupérationaprèslacrisede1998,onpouvaitpenserqueleseffetsdecetterécupérations'estompaient.Cette situation,combinéeàune relative stagnationduvolumedesexportations,avaitconduit lesexperts gouvernementaux et unepartie des experts indépendants à pronostiquer un ralentissementdurable du rythme de la croissance. Or non seulement l'accélération que l'on connaît depuismaintenantprèsdedeuxansserévèledurable,maisellenes'accompagnepasdehaussesdutauxd'inflationquirestestable,etamêmeconnuunetendanceàlabaisseaucoursdesderniersmois.

Graphique 2 Evolution de l'inflation en Russie

Sources : Banque centrale de RussieUne inflation stable et à forte composante structurelleCetteimportantecroissances'accompagned'uneinflationqui,sielleresteplusfortequ'enEuropeoccidentale, est aujourd'hui clairement stabilisée à un niveau que l'on peut considérer commemodéré,comptetenudustadededéveloppementdelaRussie.Sisontauxdevaitdépasserles10%en2007 (contreuneprévisionde8%endébutd'année),ce serait largementdûàunphénomèned'inflationimportéedansledomainedesproduitsalimentaires.Cetteremontéeconjoncturelledel'inflationneremetpasencauselatendanceàlabaisseconstatéeces dernières années (graphique 2). Ses sources structurelles restent cependant importantes dans

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l'économierusse.Leretardaccumulédanslesinvestissementsdurantlesannées1990setraduitpardes coûts de production élevés en raisond'une faible efficacité des procès industriels.Or comptetenudel'importancedufinancementinternedel'investissementquel'onaévoquée,lesentreprisesdoiventmaintenirdestauxdeprofitsrelativementélevéspourpouvoircontinueràsedévelopper.Ilestdonclogiquequelacomposantestructurelledel'inflationresteforteenRussie.Sa composante monétaire semble, quant à elle, relativement faible. En dépit d'une forteaugmentationde lamassemonétaireetde lahaussedutauxde liquidité,onnevoitpasdesignesd'unemballementdel'inflationdanslesmoisàvenir.L'économierusse,quiavaituntauxdeliquiditéparticulièrementfaibleàlafindesannées1990enraisondelapolitiqueextrêmementrestrictivedelaBanque centrale et de la crise financière, commence aujourd'hui à être dans une situation plusnormale.LerapportM2/PIBest,eneffet,passéd'àpeineplusde15%en2000àunniveaucomprisentre35et40%en2007.Un bon équilibre financier interne et externeEncequiconcerneleséquilibresfinanciers,l'excédentdesfinancespubliques,quiavaitatteintleniveaurecordde8,5%duPIBen2006,seraitramenéà4%en2007sousl'effetduchangementdepolitiquebudgétairedonnantunenouvelleprioritéàdesprogrammesd'importancenationale.Pourleurpart,lesexcédentsdelabalancecommercialeetdespaiementscourantsavecl'extérieurdontonpouvait penser qu'ils connaîtraient une réduction, consécutivement au fort ralentissement de laprogression des exportations en volume, ont recommencé à fortement s'accroître en raison del'accélérationdelahaussedesprixdesmatièrespremièresdepuisl'été2007.Quantauniveaudesréserves brutes de la Banque centrale, après avoir augmenté progressivement jusqu'en 2004, il aconnu,àpartirdecetteannée,uneforteaccélérationdesacroissance,dépassantles440milliardsdedollarsàl'automne2007.LasolvabilitéinternationaledelaRussiesembledonctrèssolide.Mêmesi lesprixde l'énergiedevaientbaisseraudébutde2008, la situationde laRussie lametaujourd'hui hors de danger face à des fluctuations, même importantes, des prix mondiaux. Lecomportementdusecteurbancaire,maisaussidecertainesentreprisesdusecteurdel'énergieetdesmatièrespremières,pourraitcependantàtermeconstituerunproblème.Alorsquelesadministrations

Graphique 3 Taux de change réel du rouble face au dollar, base 100=1993

Sources : Banque centrale de Russie

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publiquesrussessesontdésendettéesetqu'ellesaccumulentunfortsoldecréditeur,lesacteursprivésaccroissent leur endettement à l'étranger. Si la solvabilité internationale de la Russie ne faitglobalementaucundoute,ledéséquilibreentrelasituationd'unepartiedusecteurprivéetdusecteurpublic doit être prise en considération. Le secteur public, qu'il le veuille ou non, apparaît biencommelegarantendernierressortdesactionsdusecteurprivé.Un bilan positif pour 2007Lastabilisationdelasituationsocialeetpolitiqueapermisunehausseimportantedelademandedesménages qui est en partie satisfaite par la production interne et qui est aussi soutenue par ledéveloppementducréditàlaconsommationdepuis2005.Lesadministrationsadoptentunepolitiquequi tend à accroître leur impact positif sur la croissance. Cela crée un contexte qui permet undéveloppement de l'investissement dont le taux de croissance, en 2007 comme en 2006, est del'ordrede14%,ainsiqu'unaccroissementdesstocksdesentreprisespourfairefaceàunedemandedontonprévoitlapoursuitedel'expansion.Lacroissancerussesembledoncêtreportéepourl'essentielparladynamiquedesactivitésinternes(la croissance de la consommation, pour sa part, approchant les 15% en 2007) et non parl'exportation. Ce constat doit être cependant nuancé, car il est évident que les revenus issus desexportationssontdesélémentsimportantsdansl'alimentationdelademandeinterne.IlconvientderemarquerquelarelativementgrandeouverturedelaRussieauximportations,dontl'augmentation,mêmesiellebaissenettement,resteraitdel'ordrede17%en2007,exerceuneffetpuissantdecontraintesurlacroissance.Orlafortehaussedutauxdechangeréelduroublefaceaudollarcontribueaujourd'huiàaffaiblir lacompétitivitédesproducteursenRussie.L'impactdutauxdechangeréelsurlesprofitsdesentrepriseshorssecteurdesmatièrespremièresestaujourd'huiundesélémentscontribuantàfreinerpotentiellementlacroissancerusse.Compte tenu d'une part importante de biens de consommation dans ces importations, il seraittoujourspossibledelimitercesdernièreslecaséchéantpouraccélérercettecroissance.LES ENJEUX DE MOYEN TERME DE LA CROISSANCE RUSSEL'économierussesembleêtreentréeaujourd'huidansunenouvellephase.Aprèslapériodedelatransition (1991-1998), caractérisée par une dramatique crise économique et sociale et les effetsdestructeursdespolitiquesnéo-libérales,puisunedeuxièmephase(1999-2005)quiavul'économieet lasociétérécupérerduchocdelatransitionetdeladépressiondesannées1991-1998,onpeutconsidérerquelepaysestdésormaisenmesuredes'engagersurunetrajectoirededéveloppement.Les bons résultats de ces dernières années ne doivent cependant pas faire oublier le retardaccumulédurantlapériodeinitialedelatransition.Ainsi,mêmesil'économiearetrouvésonniveaude1990,ellerestecependantassezloinduniveauqu'elleauraitpuatteindresurlabasedumaintiendu tauxde croissance résiduel de la période soviétique. Les nouvelles institutions économiques etsocialesn'aurontleurpleinelégitimitéquequandlenouveausystèmeéconomiqueaurafaitlapreuvedesacapacitéàdépasserlatrajectoireissuedel'ancienneURSS.Celanepeutsurveniràmoyentermequedanslamesureoùl'économierussesortdecequel'onappelle le «scénario inertiel», soitunmodèledecroissancequine faitqueprolonger leseffetsdurétablissement des années 1999-2005 (graphique 4). Nombreuses sont les raisons permettant depenserque le régimede forte croissancedes derniersmois peut s'enraciner dans lemoyen terme.Mais la pérennité de ce nouveau régime impliqueunepolitiquedélibéréede la partdes autoritéspubliques.

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Graphique 4

Evolution du PIB depuis 1990 et trajectoires de croissance

Sources : données de la Banque centrale de Russie et IPEN-ASRLes éléments en faveur d'une forte croissance en RussieLes raisons qui permettent de justifier l'existence d'un niveau élevé du potentiel de croissanceactuel en Russie sont multiples et pas toutes directement identifiables à partir de donnéesmacroéconomiques. Les économistesde l'Institut de prévisionde l'économienationale (IPEN-ASR)ontpumettreenévidencelesfacteurssuivantsàpartirdesétudesmenéesauprèsdesentreprises:–la création d'une véritable «économie nationale» au niveau du territoire de la Russie paroppositionausystèmedesrelationséconomiquesàl'échelledel'ex-URSSquiontétéinterrompuesentre1991et1993;–l'améliorationdesmécanismesetdesinstitutionsdel'économieobservéeàpartirde1999et,enparticulier, l'amélioration de l'observation des règles par les agents économiques (la «ré-institutionnalisation»del'économie);–l'émergence de processus d'adaptation au niveau microéconomique permettant aux agentséconomiquesdetirerlemeilleurpartidesmoyensdisponiblesdanslenouveaucadredecontraintes;–la stabilisation des anticipations à moyen terme résultant de l'intégration par les agentséconomiquesde la stabilitépolitiqueet lapriseencomptedesnouvellesorientationsdepolitiqueéconomique.Certains de ces facteurs traduisent l'existence d'un «effet d'apprentissage» du système post-soviétique, une fois ce dernier stabilisé. De ce point de vue, la crise de1998, en détruisant laspéculationfinancièreetenprovoquantuneprisedeconsciencequantàlanécessitédurespectdesrègles (enparticulierdesrègles fiscales),a jouéun rôle importantdanscet «effetd'apprentissage».Onpeutajouterquel'affaiblissementdel'influencepolitiquedesoligarques,dontl'affaireYukosaétéun moment clé, a aussi été un élément important de la stabilité politique et de son rôle sur lesanticipationsdesagentséconomiques.Onnoteraque,contrairementàcequelesexpertsoccidentauxavaient affirmé à l'époque, l'affaire Yukos ne s'est nullement traduite par une chute del'investissement, ni interne, ni externe. Au contraire, la reprise en main des grands groupes

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oligarchiques par la puissance publique, outre qu'elle correspond aux vœux d'une très grandemajoritédelapopulation,apourl'instanteudeseffetspositifssurleclimatéconomique.Certains éléments factuels viennent appuyer cette analyse. Ainsi, une meilleure circulation desrecettesd'exportation,à travers le système fiscalouà l'intérieurdesentreprises,et l'émergenceducréditàlaconsommationcontribuentàl'améliorationdesinstitutionséconomiquesrendantpossiblel'émergenced'unpotentieldecroissanceélevé.Parailleurs,lastabilisationdel'horizonpolitiqueetl'amélioration de la situation sociale exercent une influence positive en conduisant à unemodification de la structure de préférence des ménages. Ces derniers, en particulier en ce quiconcerne la petite classemoyenne en train de se développer avecun effet d'entraînement sur lessegments supérieursde laclasseouvrière, sontenmesuredeseprojeterdans le futur.Lapartdesbiensdurablesdanslaconsommationaugmente,enparticulierlesdeuxfacteursstructurantsquesontlelogement(souslaformed'achatsoud'améliorationsduparcexistant)etl'automobile.Onretrouveici des éléments de ce que l'on a connu en Europe occidentale dans les années 1950-1970. Lescomposantsd'unrégimed'accumulationsusceptibledeporterunefortecroissancedanslesquinzeouvingtansàvenirsontdoncréunis.Les freins à la croissanceCependant,onpeutaussi identifieruncertainnombredefreinsàlacroissancepourlesannéesàvenir:–leretarddansl'investissement,enparticulierdanslesinfrastructures,quiaétéaccumulédepuis1991,n'a toujourspasétécombléet resteconsidérable.Si lePIBpar têtea retrouvéen2007sonniveaude1990,lerapportdel'investissementauPIBresteencoretrèsfaible,nondansl'absolumaispar rapport aux besoins accumulés. Le taux d'investissement actuel (18%) est insuffisant pourpermettre de faire face à la fois à lamodernisationdes entreprises et au renouvellement accéléréd'infrastructuresquin'ontpasétéentretenuesdepuisenvironquinzeans.Un tauxd'investissementégalousupérieurà23-25%semblenécessaireaujourd'huienRussie;–lesinstrumentsfinanciersenmesured'assurerdemanièreefficaceletransfertducapitalaccumulédanslesecteurdesmatièrespremièresverslerestedel'économiemanquenttoujours.Lesbénéficestirés des exportations servent aujourd'hui enbonnepartie à développer l'endettement vis-à-vis desbanquesoccidentalesetcesprêtssontinvestisenRussie.Celapermetbienunretourdelarentedesmatièrespremièresvers le systèmenon rentier,maisc'estunsystème inefficaceetquipénalise lesentreprisesde taillemoyenne.Onpeutajouterque ledéplacementducapitalentre les régionsestencoretrèsdifficile.Lafaiblessedusystèmefinancierrusseesticiunobstacle.LaBanquecentralenejouetoujourspassonrôledecréditeurendernierressort;–lahaussedutauxdechangeréeldurouble,quitendd'ailleursàs'accéléreren2007enraisondelacrisedudollar,poseunréelproblèmequantàlacompétitivitédesproducteursenRussie.Seuluneffort particulièrement important dans l'investissement engendrant des gains de productivité plusrapidesquechez lespartenairescommerciauxde laRussie,pourraitpermettreaupaysdegérer laréévaluationdefaitdesamonnaie;–laRussieconnaîtunvéritableproblèmedansledomainedelamain-d'œuvreetenparticulierdelamain-d'œuvrequalifiée. Ils'agitmoinsicid'unepénurieabsoluequedeladésintégrationdepuis1995dusystèmede formationprofessionnelle, ainsiquede l'émergenced'écartsde salaires entrebranchesetsecteursquitendentàdrainerverslesecteurrentieretlesecteurdesservicesunemain-d'œuvrequalifiéenécessairedansd'autresactivités;–ilyaeuunréelaffaiblissementdescapacitésdeconceptiondansl'industrieavecl'étiolementetl'absence de renouvellement de nombreux bureaux d'études. La reconstruction de l'industrie estaujourd'hui freinéeparcettepertedepotentiel techniqueet technologique.L'effortconsentipar legouvernementdansledomainedel'éducationsupérieureetdelarechercheesttrèssensibledepuis2005.Ilimportequ'ilsoitpoursuivietmêmerenforcédanslesannéesàvenir.

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Ces éléments de freinage de la croissance sont d'autant plus importants que l'économie russecontinuedeconnaîtredesdéséquilibresimportants,enparticulierencequiconcernel'allocationducapital: déséquilibreentrelessecteursrentieretnonrentier.Ilrésultedesconditionsde

fonctionnement du système financier russe qui ne permet pas un bon report descapacités de financement dégagées dans le secteur rentier vers le reste del'économie.Constatercelanesignifiepasqu'iln'yaitaucunreportaujourd'hui.Cedernierprendlaforme,pourl'essentiel,delacirculationducapitalauseindegrandsgroupesintégrésoudurachatdecertainesentreprisesdusecteurmanufacturierpardesentreprisessituéesdanslesecteurrentier.Cependant,cetteformeparticulièredutransfertdesressources,quireprésenteaujourd'huienviron20%del'investissementtotal,estloind'êtrepleinementefficace.

déséquilibre entre les conditions de formation de l'équilibre épargne-investissementdanslesgrandesentreprisesetdanslesPME.Lesformesdetransfertdes capacités de financement vers les besoins de financement mises en œuvre,directement ou indirectement, par les grands groupes exportateurs, laissententièrement de côté les petites et moyennes entreprises. L'absence d'un systèmebancairesusceptiblederéaliserl'intermédiationdesrevenusd'exportationnepermetpasd'aiderdemanièreefficacelacréationdenouvellesPME.Oraufuretàmesureque la structure du système productif russe se développera et se modernisera, lebesoinenPMEinnovantesseferasentirdemanièredeplusenplusimpérieuse.

déséquilibre entre l'investissement dans le secteur productif et l'investissementdanslesinfrastructures.Lemouvementdecroissancedel'investissementauquelonassisteaujourd'huiprovientpourl'essentieldusecteurproductifetdulogement.Lesinfrastructures,endépitd'uneffortdel'Etatdepuis2005,restentleparentpauvredel'investissement.Orlacrisedesannées1991-1998s'esttraduite,avanttout,paruneffondrement de leur financement. Ce point est particulièrement important car lacompétitivité globale d'une économie et la capacité de celle-ci à attirer desinvestissementsinnovantssontaussifonctiondel'étatdesesinfrastructures.

déséquilibre entre les conditions de formation de l'équilibre épargne-investissement entre les régions. Ce déséquilibre est d'une certaine manière laconséquenceduprécédent.Lesrégionsproductricesdematièrespremières,ou lesrégions où se concentrent les sièges sociaux des grandes entreprises (Moscou etSaint-Pétersbourg),onttendanceàaccaparerlesrevenusdesexportations.

Toutefois,legouvernementrusseaprislamesuredesobstaclesquiencombrentlecheminversunecroissancedurabledelongterme.Confrontéàladémarchedesgrandesentreprisesrusses,privéesoupubliques,qui seprojettentdésormais sur le long terme,obligédepenserdemanièreglobale sonactionéconomiquepouratteindrel'objectifde«diversification»delaproduction,ils'estengagédansledéveloppementd'unstratégieéconomiqueauximplicationsmultiples.C'estdoncdanscecontexted'une croissance forte, mais néanmoins substantiellement en dessous de son potentiel, qu'il fautcomprendreledébatactuelsurlespolitiquespubliques.Impulséparlepremiervice-PremierministreSergueï Ivanov, relayépar le nouveauPremierministreViktorZubkov, ce débat a déjà coûté sonposte au ministre du Développement économique, Guerman Greff. Son successeur au sein dugouvernement, Elvira Nyabulina, a vu ses compétences réduites. Une partie des fonctions duministère du Développement économique ont été attribuées au nouveau vice-Premier ministre,DmitryKozak,quisuperviseraaussil'équivalentrussedel'Aménagementduterritoire.

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Axes de politiques publiques correctricesParmilespolitiquesquel'onvoitsedessineràl'automne2007,onpeutretenirlesaxessuivants:–unrenforcementdelapressionpubliquesurlesecteurbancairepourqu'iljoueunrôleplusactifdanslefinancementdel'investissement.LesdéclarationsdunouveauPremierministresurcepointnelaissentplaneraucundoute;–un accent particulier qui sera mis sur la «politique sociale», à la fois dans le sens le plustraditionnel de cette dernière (la protection sociale), mais aussi dans celui qui correspond audéveloppement des infrastructures. La politique des «priorités nationales» sera certainementpoursuivieetpourraitprendreunedimensionsocialeplusaccentuée;–lamise enplacedepolitiques spécifiquesdedéveloppement régional, commeen témoigne lamontéeenpuissancedansl'appareilgouvernementaldeDmitryKozak;–l'efficacitédel'administrationetsonorientationverslacroissanceetledéveloppementserontdesaxesimportantsdelarestructurationdel'appareilgouvernementaletadministratif.Celainclutlaluttecontrelacorruption(uneprioritéaffichéedunouveauPremierministre),maisaussiuncontrôlestrictdel'actiondesministèresdanslecadredesactionsprioritaires;–le rôle des entreprises publiques et, en général, du secteur public dans l'industrie devraitcontinuerdesedévelopper.Aprèslacréationd'ungrandgroupepublicspécialisédanslestechniquesd'avant-garde, annoncé pour le début 2008 (RosNanoTechnologia), la création d'une entreprisepubliqueachetantdeséquipementsindustrielsmodernesafindeleslouerauxentreprisesrussesquinepeuvent financerunachatcomplet,oudont lecarnetdecommandesnepermetpasencoreunengagement dans le long terme, est aujourd'hui en voie de finalisation. Cette entreprise publiquejoueraitenRussie le rôledu JETROau Japonà la findesannées1950etdans lesannées1960et1970.Il faut donc raisonnablement s'attendre à une prolongation et à un renforcement du coursinterventionnistequelapolitiqueéconomiquerusseconnaîtdepuis2004/2005.L'objectifdetauxdecroissancesupérieursà7%enmoyennepour lesquatreàhuitannéesàvenir reste laprioritédesautorités. Compte tenu des besoins spécifiques de l'économie russe, cette politique de fortecroissanceva se faireavecunedimensionpublique importante,qui seraassezsimilaireàcelledepaysd'EuropeoccidentalecommelaFranceetl'Italiedansl'après-guerre.Ledéséquilibreaujourd'huirepérable entre la situationdes acteurs privés (surtout les banques) et le secteurpublic enmatièred'endettementinternationaldevraitencoreaccentuerlecontrôlepublicsurdesdécisionsprivéesdanslesmoisàvenir.L'impactdespolitiquespubliquessurl'investissementsera,dansunelargemesure,le test crucial de la validité du régimede croissancedont on voit les contours se dessiner depuis2005.Facteurs positifsComptetenudel'écartdeproductivitéentrecequ'elleétaitdanslesystèmeéconomiquesoviétiqueetcequ'elleétaitdans lespaysdéveloppésen1990,ainsiquede labaissedeproductivitéque laRussieaconnueentre1992et1998,desgainsdeproductivitéhorairede6%à8%paranparaissentvraisemblablesenRussiepourlesdixàquinzeansàvenir.Etantdonnélapartencorerelativementimportantedelapopulationrurale,lesecteurmanufacturier–quiestleprincipallieudecesgainsdeproductivité–devraitpouvoirbénéficierd'unfluxdetravailrelativementstableetimportantdanslapériodeconsidérée.Onretrouvebienalorsuneprévisiondecroissanceannuellede7%à9%pourl'ensembledel'économie,dumoinsjusqu'àl'horizon2017-2022.

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L'expériencehistorique,enparticulierdansdespayscommelaFrance,l'ItalieouleJapondanslesannées d'après-guerre, montre cependant que les taux d'investissement nécessaires (au-dessus de20%duPIB)nepeuventêtreatteints spontanémentpardesmécanismesdemarchéen raisondesincertitudesspécifiquesàl'activitéd'investissementetdesasymétriesinformationnelles.Ilendécoulequ'un schéma d'accumulation particulier doit être mis en place, combinant des institutionsspécifiques visant à canaliser l'épargne et desmesures incitatives particulières. Cette combinaisonimplique un rôle actif de l'Etat dans le processus d'investissement. Les autorités russes en ontconscience et ont développé depuis 2005 plusieurs des instruments nécessaires, comme entémoignent la définition de «priorités nationales» à l'automne 2005, la création d'un Fondsd'investissementutilisantunepartiedesréservesduFondsdestabilisationetlacréationd'unebanquepubliqued'investissement,laVEB.Parailleurs,desmesuresfiscalesvisentàfavoriserl'investissementauniveaurégional,alorsquelemaintiend'unfortexcédentcommercialetderevenusfiscauxélevésdevraitassurerlastabilitédufinancement.Cependant, la cohérence du schéma d'accumulation nécessaire pour porter un développementrapide de l'économie implique d'autres aménagements structurels, s'ajoutant à ceux qui ont étéréalisés. L'absence de structures bancaires adaptées au financement des PME ou des activitésspécifiques,commeenFranceleréseaucoopératifdesBanquespopulairesetceluiduCréditagricole,constitueunelimiteaudispositifdesoutienàl'investissementadoptéaujourd'huienRussie.Detellesstructuresbancaires,quinécessitentuneaidede lapartdubudgetde l'Etat,peuvent jouerun rôledéterminantdanslamiseenplaced'untissuéconomiqueéquilibré,enintervenantensynergieavecdessystèmesd'assurance(assurancescontreslespertesd'exploitation,lescalamitésagricoles)quiontpoureffetderéduirelaprisederisqueinitialedanslacréationd'entreprises.Au-delàd'unecohérencedes institutionsde financement, il importeaussique lesmesuresprisesdepuislesderniersmoissoientrationaliséesetcoordonnées.C'estenparticulierlecaspourleFondsd'investissement. Si les projets retenus aujourd'hui ont tous une utilité évidente, la logiqued'engagementdu fonds resteenrevanchedifficileàdiscerner.L'identificationdepriorités,à la foisdansuncadresectorieletdansuncadreterritorial,s'impose,demêmequelaprésenced'unorganedecoordinationetdeprévisioncapabled'identifierlesprioritésetdepiloterleseffortsdesorganismespublics et semi-publics en matière d'investissement, à l'image du rôle que joua en France leCommissariat général du plan dans le pilotage des investissements dans la période de fortecroissance.Untelorganisme,pourpouvoirêtreefficace,devraitdisposerd'uneautoritéimportanteetêtrerattachéaucentremêmedupouvoirpolitique.Vers un modèle productif russe spécifiqueLestransformationsquel'onvoitsemettreenplacedepuis2005sontainsientraindedessinerunmodèledusystèmeproductifrusse,àlafoisoriginalparrapportauxsystèmesexistantdanslesgrandspaysdéveloppés,etdansunecertainecontinuitéavecunmodèlehistorique«russo-soviétique»,quel'onpourraitconsidérerdans la longuedurée (1873-1990),etpar rapportauquel lesannées1992-1998auraientconstituéunedéviationaberrante.Lescaractéristiquesdecemodèleproductifrusseapparaissentalorsainsi:–ils'agitd'uneorganisationdesactivitéséconomiquesoùlafinanceinterned'entreprisecontinuedejouerunrôleimportantparrapportàunefinanceexterneetintermédiée,quecesoitàtraverslesbanquesoulesmarchésfinanciers.L'importancedecettefinanceinterne,siellepeutfaireobstacleaudéveloppementdesPME,assurecependantunegrandestabilitéauxchoixstratégiquesréalisésdanslesgrandsgroupesintégrés;–lerôleéconomiquedel'Etatestappeléàêtreimportant,ycomprisenmatièredeproductionaveclaconstitutiondegrandsgroupespublics,maisilsefaitdanslecadredesociétésparactionsquisont

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cotées enbourse.On se trouvedonc ici en rupture, tant avec lemodèle de l'entreprise publiquecommequasi-administrationqu'aveclemodèledelaprivatisationdesentreprisespubliquesquel'ona vu se développer en Europeoccidentale. L'Etat entend continuerd'assumerun rôle dedirectiondans ces entreprises, mais il accepte de coordonner son action avec celles d'actionnaires privésminoritaires;–ce système économique, s'il s'inscrit délibérément dans la logique d'une économie capitalisteavancée, se présente comme segmenté en fonctiondes priorités dudéveloppement. Le rôle de laconcurrence dépendra directement de cette segmentation. Ainsi voit-on émerger une économie àtroissecteurs.D'abord,unsecteuroùl'Etatentendconserverlatotalitéducontrôle,directouindirect(lesmatièrespremièreset ressourcesnaturelles),etoù il serait illusoiredevouloir imposerd'autresrèglesetd'autresacteursqueceuxacceptésparlegouvernement;ensuite,unsecteurpartiellementouvertà laconcurrenceetoù l'Etat intervientà traversdegrandesentreprises (aéronautiquecivile,constructionnavale,automobile...);enfin,unsecteurtotalementouvertàlaconcurrenceoùl'Etatsecontentedefixerlesrèglesdujeu;–lesystèmeéconomiquerussepeutêtreconsidérécommeouvert,maiscetteouverture–danssaformeetsesdegrés–estappeléeàêtredirectementdéterminéeparlesobjectifsdedéveloppementde l'économie et de la société. La Russie entend être un partenaire important, voire décisif, dansl'économiemondiale,mais il ne fautpas s'attendreàce que leprocessusd'internationalisationdecertains groupes (commeRenovadans le domaineminier oucommedans le casdes firmes de lamétallurgie) aboutisse à leur autonomisationpar rapport aux objectifs d'une stratégie nationale dedéveloppementéconomique;–lesélémentsdeprotectionsocialeetdesocialisationdesrisquessontappelésàserenforcerdanslesannéesàvenir,neserait-cequepourassurerunecohérenceentreleslogiquesdel'accumulationducapitaletcellesdelareproductiondelaforcedetravail.Cependant,ilestpeuprobablequecelasefassedanslecadred'unelogiquedelaprotectionuniverselle.Lesystèmedeprotectionsocialevacombinerunemontéeenpuissancedusystèmepublic,maisdepuisunniveauaujourd'huitrèsfaible,avec le développement de systèmes fondés sur les secteurs d'activité et les régions. Par rapport àl'évolutiondusystèmedeprotectionsocialesoviétique,quiavaitprisuntournantversladimensionuniverselleetétatiqueàpartirde la findesannées1960,onpeutpenserque lecadredesgrandesentreprises, desmunicipalités «influentes», enfin des régions bénéficiant d'aidesparticulières, seraplusimportantpourledéveloppementdusystèmesocialdesannéesàvenir.OnretrouvedanscescaractéristiquesdesélémentsquiontunelonguehistoireenRussie.Lerôledelapuissancepubliqueestappeléà rester important,mêmesi,danscertainscas, il semanifesteraàtraversl'influencequel'Etatexercerasurdegrandesentreprisesprivées.Levéritabledéfiseraalorslacréationetledéveloppementdesinstitutionsspécifiquesàcetteformedesynergieasymétriqueentrel'actionpubliqueetl'actionprivée.

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R u s s i e

III.– Principaux indicateurs économiques

Tableau 1 – Evolution annuelle des principaux agrégats (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

PIB 4,7 7,3 7,2 6,4 6,7 7,5*

Productionindustrielle 3,1 8,9 8,3 4,0 3,9 –

Formationbrutedecapitalfixe 2,8 12,8 12,6 8,3 13,9 14

Consommationdesménages 8,5 7,5 12,1 12,8 11,2 15

Salaireréelmoyen 16,2 10,9 10,6 12,6 13,5 –

Prixàlaconsommation 16,0 13,6 11,0 12,5 9,8 10*

Soldedesadministrationspubliques(%duPIB) 0,9 1,3 4,5 8,1 8,5 4

Emploitotal 2,4 –0,3 – 1,3 0,9 –

Tauxdechômage(%delapop.act.)(enqu.emploi) 7,9 8,2 7,8 7,2 7,2 7

Source : WIIW

(e ) : estimation ; (p) : prévision;* : prévision d'expert

Tableau 2 – Balances extérieures, réserves et endettement (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

Exportationsdemarchandises –0,2 6,0 22,5 32,9 24,5 3

Importationsdemarchandises 7,4 4,4 16,4 28,7 31,1 17

Balancecommerciale(milliardsd'euros) 49,0 53,0 69,0 95,1 111,7 95

Balancecourante(milliardsd'euros) 30,8 31,3 47,5 67,4 75,8 60

Balancecourante(en%duPIB) 8,4 10,0 11,0 9,6 6,6 8,2

RéservesbrutesdelaBquecentr.,orexclu(milliardsd'euros) 42,29 58,53 88,66 148,09 244,19 –

Detteextérieurebrute(milliardsd'euros) 147,1 148,8 157,4 216,6 255,9 –

Source : WIIW

(e ) : estimation ; (p) : prévision

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U k r a i n e par Vitaliy Denysyuk

I.– Evolution macroéconomique

L'Ukraine demeure un mystère. De prime abord, elle reste ingouvernable et ingouvernée. Enréalité,l'Etatestlenotaire,nonlemoteur,duchangement,lequelestportéparlasociété.L'économieukrainienne s'est ainsi restructurée par elle-même en rompant avec sesmécanismes de protectiontraditionnels,notammentdanslesecteurbancaireetfinancier.LamodernisationestsouterraineetlastratégiedereconquêtedelacompétitivitétransiteparlasociétépourcontournerunEtatbloquéparlescorporatismesetunsystèmepolitiqueclanique.Depuis2004,l'Ukraineasubideschangementsrapidesetcomplexesquipeuventdéconcerterlesobservateurs étrangers. Les amendements constitutionnels de décembre 2004 ont déséquilibré lesystèmedecontre-pouvoirs,causantunecrisepolitiquesystémique.L'Ukrainenepeutfaireavancersérieusementunquelconqueprojetderéforme,tantqu'ellen'aurapasrésolucettequestionetqu'ellen'aura pas aligné saConstitution sur les normes européennes.Audébut d'avril 2007, le PrésidentIouchtchenkoadoncestiméquelepaysdevaitarbitrer,avecdesélectionslégislativesanticipées,lesdifficultés rencontrées dans le rapport entre les institutions: à crise politique il fallait, selon lePrésidentetlespartisquilesoutiennent,uneréponsedenaturepolitique.Ce recours à des législatives anticipées témoigne de son échec à concrétiser ses promessesélectoralesde2004enmatièredeservicespublicsetde réformes institutionnellesetéconomiques(dontonentendparlerdepuistroisans,maisdontonn'atoujoursrienvu).Quantàlanaturemêmedelacampagneélectoraleetdelaréalitépostélectorale, toutporteàcroirequelestroisprincipalesforcespolitiques–Partidesrégions,BlocdeIouliaTimochenkoetNotreUkraine–seronttôtoutardamenéesàreconnaîtrequeleursprogrammes(entoutcaslespartieséconomiques)seressemblent.C'estlaraisonpourlaquellel'électeursefondedanssonchoixsursespropressympathiesetsursonidentitérégionaleetpolitique.Lerésultatestqu'ilnechoisitpasl'idéologie,maisl'équipeàlaquelleonpourraitconfierlesdestinéesdelanation.Cette situation d'instabilité politique souligne l'importance du dysfonctionnement dans leralentissement de la transition en Ukraine, sa fragilité économique étant semble-t-il largementimputableàl'absencedeprogrèsdanslesréformespolitiques.Lesluttespolitiquesintestinesetcettecrise ont mis en évidence les difficultés de parcours d'une jeune démocratie, les lacunes de sondispositif constitutionnel, les imperfections de son système judiciaire et les défaillances politiques,notamment la corruption, l'absence de séparation bien établie entre la politique et lebusiness, lecapitalismedecopinage, l'incompétenceet l'existenced'uneéliteaupouvoirdavantage intéresséeparlecontrôledel'économiequeparsonouverture.Pourtant,étonnamment, l'économie « tourne »bien.Maiscette tendancen'estévidemmentpasàl'abri de périodes de freinage ou de dégradation conjoncturelle provenant des à-coups de la viepolitique. Les risques principaux concernent toujours les turbulences politiques et le manque decohérence qui en découle en matière de prise de décision. Les luttes intestines sont susceptiblesd'entraînerdesconséquencesdommageablespourl'imagedupaysàl'étranger.Onvoitréapparaîtrecertainscomportementsarbitraires(favoritisme,corruption)delapartd'uneadministrationquisesentmoinscontrôléeparlespolitiques.Cesdifficultés,siellesseprolongent,générerontdesretardsdanslesdécisionsattenduesdelapartdugouvernement(retraites,marchéspublics,systèmefiscal,miseenœuvredepolitiquespubliques).Encontrepointdecetteincertitudepolitique,ledynamismeéconomiquedupayss'inscritfortementdans un régime de rattrapage, comme les pays de l'Europe centrale et orientale qui ont intégrél'Unioneuropéennel'ontexpérimentéauparavant.Aucoursdelapériode2000-2006,lacroissance

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annuelleduPIBukrainiens'estélevéeà7,4%enmoyenne.Certes,cettecroissanceestpartied'unniveau bas, après des années de perte de vitesse économique, et le PIB ne représente encoreaujourd'hui que 72% de son niveau de 1990. Les conjoncturistes s'attendent à ce que cettecroissance se poursuive en 2007 à un taux de 8%, grâce à plusieurs moteurs économiques. Lesfacteurs à l'œuvre vont cependant au-delà d'une simple reprise économique de l'après-crisefinancière, portée par un environnement externe favorable. La croissance de la demande a étésoutenueparuneprogressioncumuléedestermesdel'échangede17%entre2002et2006.Celaestessentiellement dû à la forte hausse des cours des métaux qui représentent environ 40% desexportations(principalementl'acier).En2006,leshaussesdesprixdesmétauxontmêmepermisdecompenserlechocduquasi-doublementdesprixd'importationdugazrusse.Maisunedétériorationdes termes de l'échange est anticipée pour 2008-2009. Du côté de la demande, c'est laconsommationprivée(attendueenhaussede11%en2007)et,encoredavantage,laformationbrutede capital fixe (dont la croissance annuelle dépasse 20% depuis 2003, sauf en 2005, et pourraitapprocher22%en2007)qui,parleurvigueur,ontconstituélesprincipauxmoteursdelacroissancedepuis2001.Laprogressiondelaconsommationdesménagess'estappuyéesurunehausserapidedessalaires(14%en2007selonlesprévisions)etdestransfertssociaux,ainsiquesurlacroissancespectaculairedescréditsauxparticuliers(lecréditpourlesseulsménagesaaugmentéde134%en2006).Malgrécela, l'Ukraineresteunpaysrelativementpauvre: lePIBparhabitantapéniblementfranchilabarredes1814euros(6870eurosenparitédepouvoird'achat),cequireprésentel'undesniveauxlesplusbasenEurope.La forteaugmentationde lademande intérieure,en raisondeses retombéessur les importations,creuse progressivement un déficit des échanges commerciaux de marchandises avec l'extérieur.En2007,lacroissancedesimportationsdevraitavoirétéledouble(20%)decelledesexportations(10%),cequiconduitàundéficitdel'ordrede8milliardsd'eurosaulieude4milliardsenvironen2006.Celaserépercute,biensûr,surleniveaududéficitdespaiementscourantsqui,comptetenudes intérêts à payer sur les emprunts à l'étranger et des profits versés aux investisseurs directsétrangers,pourraitavoirétéportéàprèsde4%duPIB,aulieude1,5%l'annéeprécédente.Celanemetnéanmoinspaslasituationfinancièredel'Ukraineendanger,carlebesoindefinancementquienrésulteestcompenséparlesentréesdecapitauxautitredesinvestissementsdirectsétrangersdontlemontantaététroisfoissupérieuràceluidudéficitcouranten2006,etdevraitresterdel'ordredeceluide2007.Si lahaussedesprixàlaconsommationapuêtrecontenueendessousde10%enmoyenneen2006contre13,5%en2005,l'inflationrestel'unedesplusélevéesdecellesconstatéesdanslespaysentransitionetunesourced'inquiétude.Pourl'annéeencours, leWIIWtablesuruneinflationde10-11%.Certes, ladéterminationdutauxsouhaitabled'inflationnepeutpasêtreopéréeenfaisantabstractiondesajustementsstructurels,techniques,institutionnelsetsociauxindispensablesdansuneéconomieentransitioncommel'Ukraineetdespolitiquesqu'ilsappellent.Et,decepointdevue,leniveau actuel de l'inflation n'est pas aberrant, ni véritablement inquiétant. Mais la réduction del'inflation pourrait devenir l'axe principal de la politique monétaire, si l'on se fie aux vœux desexpertsinternationaux.Actuellement,l'ancragenominalde facto audollar,quiajouéunrôledanslastabilisationmacroéconomiquedel'après-crisefinancièrede1998,demeurelapierreangulairedelapolitiquemonétaireenUkraine.Maisil fautbienvoirquecetancrageàunedevise,audemeurantfragiliséeparlacrisedessubprimes,contribueaujourd'huiàaugmenterlavolatilitédel'inflationetlesrisquesassociésàladollarisationdesactifsetdesengagementsdesménagesetdesentreprisesquece régimede change,combiné àdes tauxd'intérêt plus attractifs pour les prêts libellés endevisesétrangères,aincitétrèsfortementàaccroîtredanslepassé.Permettreautauxdechangedefluctuerpluslibrementrendraitlesrisquesdechangeplusapparentsauxagentséconomiquesetpourraitainsicontribueràréduireladollarisationtoutenconstituantlapremièreétaped'unetransitionprogressivevers un régime de ciblage d'inflation. Tout mouvement vers un nouveau cadre de la politiquemonétaire ne saurait cependant être que graduel, en raison du sous-développement des marchés

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financiers,duniveaudemonétisationrelativementbasetdelafaiblesse–parlàmêmeinduite–ducanal de transmission par les taux d'intérêt. Les autorités pourraient d'ores et déjà utiliser plusactivement le canal du taux de change, afin d'abaisser le niveau et la volatilité de l'inflation. Lesconditionsmacroéconomiquessemblentaujourd'huiglobalementfavorablesàunetelleévolution.Bénéficiantdesretombéesdelacroissance,lasituationdesfinancespubliquesestdansl'ensemblesaine,avecundéficitquiaétéréduiten2006à0,7%duPIBetunrapportentreladettepubliqueetlePIBquiaétéramenéà15%.Selon notre analyse, l'année écoulée fut «modeste» en termes de changements structurels pourl'Ukraine, compte tenu du fait que les difficultés politiques ont constitué un obstacle à cechangement. Dans sa première évaluation économique de l'Ukraine, l'OCDE estime que le paysdevra prendre desmesures énergiques pour simplifier ses procédures administratives et réduire lesobstacles à la concurrence (tant nationale qu'étrangère), si elle veut préserver le dynamismede sacroissanceéconomique,etqu'uneréformedesadministrationspubliquesetdusystèmejuridiquesontnécessairespouraméliorerl'environnementéconomiquegénéraletcombattrelacorruption.

II.– Etat des réformes structurelles 1.– SYSTÈME BANCAIRE ET FINANCIERAutrefois quasi inexistant, le secteur ban-caire ukrainien enregistre désormais l'unedesplus fortes croissances en Europe, ce qui n'apas échappé à ses voisins occidentaux. De2005 à 2007, le mouvement s'est accéléré,plusieurs tendances à la consolidation dusecteur se sont manifestées où le capitalétrangerajouéunrôledominant,etquatredescinq plus grandes banques ont été rachetéespardesbanquesétrangères.RappelonsquelabanqueAval–quipossèdeencore8,7%dumarchébancairedel'Ukraine– a vendu des actions au groupe autrichienRaiffeisendèsaoût2005.En2007,lemontanttotaldecescessionsaatteint1,028milliarddedollars, soit 93,5% du capital de la banqueAval,et constitue le premier investissementétrangerdecetteenverguredanslesecteur.Audébut de 2006, BNP-Paribas a pris uneparticipationmajo-ritaire(51%)danslecapitald'UkrSibBank pour 300 à 400millions dedollars,cequiluiapermisdeprendrelaplacede sixième investisseur étranger dans lesecteur.Enseptembre2006,labanqueForum,onzième banque, a vendu pour 600millionsd'euros 60% plus une de ses actions audeuxième groupe allemand Commerzbank.Toujoursen2006,labanquehongroiseOTPaachetéaugroupeautrichienRaiffeisensafilialeRaiffeisen-Ukraine pour 650millions d'euros.Plus récemment, en février 2007, SergeyTigipko, ancien président de la Banque

centraled'Ukraine (2002-2004)etex-directeurde campagne de Viktor Yanukovich lors desdernièresélectionsprésidentielles,acédédeuxdesesprincipauxactifs,TAS-KommertsbanketTAS-Investbank, à Swedbank AB, pour unmontant qui s'élèverait à 735 millions dedollars, une sommeélevée au regarddu rangmodestedecesdeuxétablissements.Enfin,unpeumoinsdetroismoisaprèsavoirrompusesdiscussions avec Intesa Saopaolo, le mil-liardaire Viktor Pinchuk a finalement vendu,en2007, 95% du capital d'Ukrsotsbank, ladeuxième plus grande institution financièreukrainienne, à un autre groupe italien,Unicredit,pour2,07milliardsdedollars.Il en résulte que la proportion du capitalétrangerdanslesecteurbancaireestpasséede19,5% en 2005 à 45% à la fin de 2007, etqu'environ 50% des crédits accordés appar-tiennentauxbanquesétrangères.Parmilescentsoixanteetonzebanquesactivesrecen-séesau1er février 2007, on dénombre trente-cinqbanques étrangères (dont treize le sont à100%) qui jouent un rôle important. La plu-part des filiales des banques étrangères, dontl'ouverture a été légalisée le 16novem-bre2006par le parlement ukrainien (avecuncapitalminimumde10millionsd'euros),con-serventàpeudechosesprès lemêmeprofil:uneclientèleessentiellementconstituéed'opé-rateurs étrangers,uneactivité fondée sur le fi-nancementdesopérationsd'exportationet surcelui des filiales de clients traditionnels actifsenUkraine,desressourcesprovenantessentiel-

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lementde lamaisonmèreetdescomptesdesentreprisesclients,despercéesencore timidesdans les servicesauxparticuliers.Lesbanquesétrangères semblent plus rentables que lesbanquesnationales,ladifférencecrucialeétantque leurs portefeuilles sont demeilleure qua-lité.Ellesnesontpasconcernéesparlesprêtsàmotivationpolitiqueetellesontgénéra-lementaccès à des clients internationaux plussolvablesquelesclientsnationaux.Comme les autres pays en transition, lesystème bancaire de l'Ukraine a connu cesdernières années une expansion rapide ducrédit au secteur privé. Ce processus, déjàperceptible au début de la décennie, n'a faitque se renforcer. Ainsi, en 2006, le crédit ausecteur privé a augmenté de 71% en termesréelset,durantleshuitpremiersmoisde2007,il s'est encore accru d'environ 41%, sousl'impulsion d'une campagne de publicité trèsdynamique(principalementpourleloge-ment)et de la progression de services en ligne.Cependant,ilfautnoterquecetteexplosionducrédit n'est pas sans danger, car elle a contri-bué à l'augmentation des importations et aucreusement du déficit des transactions cou-rantes. En outre, le secteur bancaire, dans unenvironnement de faible confiance desménages associéà unniveaudemonétisationdes économies toujours faible, peine à attirerles dépôts et la croissance du crédit est alorsfinancéeparlesempruntsàl'étranger(+51%pour les six premiers mois de 2007 soit21,205milliards dedollars au total), exposantles systèmesbancaires locauxaux fluctuationsde la liquiditémondiale. Ce risque s'ajoute àdes inquiétudes quant à la qualité des porte-feuillesdecréditdesbanquesdansunenviron-nement caractérisé par la faiblesse de lacorporate gouvernance.Par ailleurs, l'Ukraine a révisé sa législationsur les services dans le cadre du processusd'adhésion à l'OMC. La Banque nationaled'Ukraineaprisdenombreusesdispositionsenvued'améliorerl'auditet lescontrôlesdanslesecteur bancaire. Un projet de loi sur lesactivités bancaires, concernant les conditionsposéespour lamiseenplaced'institutionsdecréditetlesexigencesminimalesenmatièredecapitaux,aétéadoptéenseptembre2006.Desprogrèsontégalementétéréalisésavecl'adop-tion, en2005, d'une législation concernant laréglementationdesmarchésdesvaleursmobi-lières qui augmente les pouvoirs de laCommission nationale des valeurs mobilières

et la reconnaissance des activités profession-nelles sur le marché des valeurs mobilières.Peu de progrès ont été accomplis dans ledomaine de la circulation des capitaux. LaBanque nationale d'Ukraine a introduit denouveaux règlements qui comprennent tou-jours des restrictions quant à l'achat par desnon-résidentsdetitresd'Étatàcourtterme,desexigences fastidieuses pour les transferts àl'étranger et des réserves obligatoires pour lesprêtsendevisesauprèsdenon-résidents.2.– SYSTÈME PRODUCTIF Le bilan des transformations au cours desannées 2006-2007 est très modeste, voiredécevant: le processus de privatisation a étéentravéparlalutteauseindesélitespolitiquesetéconomiquesaprèslaRévolutionorange,sibien que la petite privatisation selon lesprocéduresstandardscommelagrandeprivati-sation ont été stoppées ou paralysées. Au1erseptembre 2007, le Fonds des biens d'Etatqui organise les privatisations n'avait versé aubudgetdel'Etatque1,573milliarddehryvnas,soit 10% de la somme escomptée (plus de10milliardsdehryvnas)par le gouvernement.Depuis la vente de Krovorijstal, les expertsconstatent le retour des privatisations biaiséesetopaques.Lapresselesadénoncéesauprin-temps, parlant de «l'accélération des priva-tisations»àlaveilledesélections«commeen2004», le gouvernement se dépêchant devendre«lesactifslespluschersdel'économieukrainienne»,«auxsiens,àunprixleplusbaspossible»,àl'instardeLouhanskTeplovozquia«ouvertlasaisondessoldes». Rappelons que le destin de l'entreprise deNikopol,quidétientpresque10%dumarchémondial des ferro-alliages, additifs nécessairesàl'industriedel'acieretdufer,estdevenuunchamp de bataille entre des poids lourds del'éliteukrainienne.Ceconflitaété leprétexteofficiel du renvoi du gouvernement deIouliaTimochenko, le 8 septembre 2005. Leschangements politiques après les électionsparlementaires de 2006 ont poussé deuxgroupes, actionnaires de l'entreprise, à signerun accord à l'amiable sans verser d'argent àl'Etat. Grâce à cet accord, la Cour suprême aannulé sa décision, adoptée en 2005, inva-lidant la privatisation de l'usine, et ViktorPinchuk contrôle 73%des actions de l'entre-prise. Le gouvernement a profité de cette

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décision pour arrêter les procédures de révi-sioncontrel'avisduFondsdesbiensd'Etatenaoût 2007. Par ailleurs, en août 2007, leConseil national de sécurité et de défense(RNBO[u])ainterditlaventeauxenchèresdesdettes des entreprises du secteur énergétique,évitant ainsi la privatisation secrète des actifsénergétiquesdel'Etat.Depetitesaméliorationsontétéapportéesaucadrelégislatifetréglementaire.L'Ukraines'estdotéed'uneloisurleFondsdesbiensd'Etatenmai2007.Legouvernement seveut rassurant,ilprometdemieuxprotégerlesinvestisseursetd'améliorerlaluttecontrelesraidsquiontprisdel'ampleurcesdernièresannées. 3.– GESTION DES FINANCES PUBLIQUESLe maintien depuis 1999 de la disciplinebudgétaire notée par l'OCDEdans son étude,est une réussitemajeure. Le bas niveau d'en-dettement (le rapport entre dette publique etPIBestde15%en2006)etundéficitpublicsouscontrôleontcontribuéàrestaurerlacon-fiance et soutenir lacroissance.Parailleurs, ilfaut souligner que le niveau de la pressionfiscaleanettementaugmentédepuis2003.En 2004 et 2005, une modification impor-tante de la politique budgétaire avec uneréorientationenfaveurdelaconsommationetdes dépenses à caractère social a propulsé leratio des dépenses publiques par rapport auPIB au-delà de 43%, essentiellement sousl'effet du quasi-triplement en termes réels duniveaumoyendelapension-vieillessedebase.En2005,legouvernementaopéréuneconso-lidation budgétaire impressionnante, princi-palement via l'élimination d'avantages fiscauxaccordésauxentreprises.Lesprivilègesfiscauxsectorielsetlesconditionsrelativesàdeszoneséconomiques spéciales, qui étaientincompatibles avec les dispositions de l'OMCet le codede conduite de l'UE sur la fiscalitédes entreprises,ont été supprimés en2006. Ilreste cependant à s'assurer que les nouvellesexonérations fiscales dans les zones écono-miques spéciales prévues en 2007-2008 sontcompatiblesaveccesdispositions.Après ladétentebudgétairepréélectoralede2004et2006, leconservatismebudgétaireestrevenu à la fin de 2006. C'est ainsi que leprojet de budget 2007 prévoyait une aug-mentationplusmodéréedesdépensessociales(d'environ 8%) et se concentrait sur les

investissements. Mais la perspective desélections législatives anticipées de septembre2007 a de nouveau modifié la politiquebudgétaireenfaveurdedépensessocialesplusélevées.Lesystèmefiscalpêcheencoreparuncertainnombre de faiblesses. La réglemen-tationfiscale de l'Ukraine reste parmi les pluscomplexes et les entreprises ukrainiennesconsacrent un temps considérable à remplirdes formulaires pour se conformer aux lois etréglementations en vigueur. Par ailleurs, ladisciplinede lacollecte des impôts reste relâ-chée: l'Ukraine occupe la 174e place parmi175pays selonuneétudede laBanquemon-diale de 2007. La structure même de l'impo-sitioncomported'importantesdistorsions.C'estainsi que les plus grandes entreprisespubliques, ou même privées, également lesplus sensibles du point de vue politique,jouissant de plusieurs dérogations, ne paientpas leurs impôts en intégralité. La marge demanœuvreestencoregrandepouramélioreràla fois le fonctionnement de l'administrationfiscale et la fiscalité elle-même, tout enélargissant l'assiettede l'impôt.Lesdistorsionscréées par le système fiscal simplifié, qui esttrop généreux pour certaines catégories decontribuables,sontparticulièrementprobléma-tiques. Notons enfin que des mesures impor-tantes devront être prises afin de renforcer lacapacité de traitement de l'administrationfiscale et l'aligner sur les normes de l'Unioneuropéenne.Leschangementsconstitutionnelsquisontentrésenvigueurenjanvier2006ontdéjà renforcé l'autorité de la Chambre descomptes en ce qui concerne les auditsexternes, préparant ainsi la voie pour lamodernisation de ses pratiques en matièred'audits afin de les aligner sur les normesinternationales. Un nouveau code fiscal est àl'étude. On constate également un intérêtcroissant pour la décentralisation fiscale et,conjointement avec d'éventuelles modifica-tions du système fiscal, des possibilités detransfertsplusefficacesverslesgouvernementslocauxdevrontêtreétudiées. 4.– EQUILIBRES SOCIAUXL'Ukraine affiche un rythme parmi les plusélevés en matière de réduction du taux depauvretéparmi lespaysàéconomieen transi-tion. Ce taux a diminué, passant de 32% en

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2001à14%en2004et8%en2005,selonlerapportdelaBanquemondialede2007.Cetteréduction rapide est due en premier lieu àl'augmentationimportantedessalairesréelsen2004 et en 2005 (de 17% et 20% respec-tivement). L'accroissement des émolumentsdans le secteur public et des allocationssociales a également joué son rôle dans laréduction de la pauvreté. Ce développementpositifne s'est toutefoispasencore traduitparune augmentation substantielle de l'emploiofficiel,etl'économieinformelle(40%duPIB)continue de jouer un rôle majeur de tamponsocial.Lapauvretéestdevenueunphénomèneessentiellementrural,larestructurationagricolen'ayant pas été accompagnée d'une augmen-tation d'autres possibilités d'emploi dans lesrégions rurales où la population connaîtégalement un vieillissement rapide. L'Ukrainereste l'undes pays les plus pauvres d'Europe,avec un PIB annuel moyen par habitant deseulement1814euroscommenousl'avonsditplushaut.Après une rapide augmentation en 2004 et2005 qui a contribué à l'amélioration de lasituation desUkrainiens, les transferts sociaux ontétégelésen2006surtoutetdanslebudgetde 2007, et plafonnés à 10% du PIB. Toute-fois, la Cour constitutionnelle a rétabli cesaides et allocations en août 2007. Guidé parune logiquepré-électorale, legouvernementaaugmenté rapidement lemontant d'unepartiedes retraites et des salaires pour les ensei-gnants, les chercheurs, les militaires et lesvictimesdeTchernobyl,enmême tempsqu'ilprenait desmesures comme la réglementationde certains prix pour limiter l'inflation. Parailleurs, on notera que tous les partis poli-tiques ont pris devant leurs électeurs desengagements sociaux considérables dépassantlargementlesrecettesdubudgetde2007,alorsque les dépenses sociales représentent lagrandemajoritédesdépensestotales.Il convient de souligner que le système desretraitesde l'Ukraine, dont la générositéaétéaugmentéeen2004et2005,connaîtdenom-breux problèmes qui menacent sa viabilitéfiscale compte tenu d'une population vieil-lissante.Onestimeque,d'ici2055,ilyaurauntravailleur pour 1,42 retraité. Dopées par lespromessesélectorales, lesdépensesde retraiteontexplosé,passantde9%duPIBen2003à15,3% en 2005, mais revenant à 14% en2006 (contre une moyenne de 8,4% dansl'Union à vingt-cinq), soit l'une des propor-

tions les plus élevées du monde. Rappelonsque,pourrésoudrecesproblèmes,deuxloisdebase ont été votées en juin 2003 qui redéfi-nissent les paramètres du système public depensions fondé sur la répartition, et letransformentenunsystèmedepensionsàtroispiliers. Comme d'autres pays de l'Europe del'Est, l'Ukraine s'est orientée, suivantl'expériencesuédoise,versunearchitecturedeson système de retraite qui mixerait la soli-darité publique (premierpilier des régimes deretraite: les régimes de sécurité sociale), lessolidarités professionnelles privées (deuxièmepilier des retraites: les fonds de pensionsectoriels ou d'entreprises obligatoires) etl'assurance vie (troisième pilier des retraites:les fonds de pension facultatifs et l'assurancevie individuelle). Par ailleurs, il sera proba-blement impossible, compte tenu de la ten-dance démographique, d'assurer la pérennitédu système sans relever les âges, aujourd'huirelativementbas,dudépartàlaretraite.On notera que c'est au gouvernement deViktorYanoukovitchqu'aincombéen2006derétablir la stabilité macroéconomique et leretour à la discipline budgétaire, alors que ledéficit du financement des retraites atteignait11milliardsdehryvnas.Maislamiseenœuvredudeuxièmestadedelaréformedesretraites,qui prévoit l'introduction de la retraitecomplémentaire avec la création de fonds depension privés accumulant les cotisationsobligatoiresdestravailleursetinvestissantdansdesprojetsrentables,aétéreportéede2007à2009. 5.– AGRICULTURE : ÉVOLUTION ET POLITIQUESL'agriculture,dont lapartdans lePIBestdel'ordrede7,5%,estàlafoisl'undesdomaineslesplusprometteursdel'Ukraine(lesfameuses«terres noires» du tchernoziom) et la parentepauvre des politiques des gouvernements quiontétésouventcritiquéspournepasavoirdestratégie de dévelop-pement agricole. Si lereprocheest justifié,cetteabsencedestratégies'explique aisément, car tout se passe commesi l'onn'avaitaucune idéeprécisedecequ'ilconviendrait de développer. En Ukraine, sil'agrobusinessestunsecteuràhauterentabilitépour ceuxquiont lesmoyens de financer lesmisesenculture,iln'envapasdemêmepourtous les agriculteurs. Toutefois, alors quel'Ukraineestsurlepointd'adhéreràl'OMC,le

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gouver-nement impose de nouveaux quotas àl'expor-tation des céréales et des grainsd'oléagineuxen2007(ilestvrai,pourbloquerl'augmen-tationdesprixsurlemarchénationalétant donné la sécheresse de cette année). Lemarché foncier est au point mort dans lamesure oùunmoratoire sur les ventes de ter-rains agricoles a été imposé jusqu'en2008 etoù il y a de grandes pressions dans le payscontre la levée de l'interdiction après cettedate.Cemoratoirenepermetdoncpasl'émer-gence d'un véritable marché foncier (estimépotentiellementà50milliardsdedollars)etnepermetpasdemettre finaux incertitudes juri-diques qui déséquilibrent le secteur en favo-risant les transactionsaunoir.Enprévisiondecettelibéralisation,onassisteàunevéritable

bataille pour la terre enUkraine. Investisseurset spéculateurs se disputent les meilleurstchernozioms du pays, sachant que l'Ukrainepossèdeprèsd'unquartdesterresnoiresdelaplanète. Des analystes prédisent même qu'auvude la tensiondeplusenplus soutenuesurlesmarchésmondiauxdesmatièrespremièresagricoles, leprixdesmeilleures terrespourraitvite passer de «500 à plus de 5 000, voire8000dollarsl'hectare».

Page 55: Tableau de bords des pays d'Europe centrale et …...Les Etudes du CERI - n 142 - décembre 2007 2 Le Tableau de bord 2007 (volumes 1 et 2) a été réalisé, sous la direction de

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U k r a i n e III.– Principaux indicateurs économiques

Tableau 1 – Evolution annuelle des principauxagrégats (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

PIB 5,2 9,6 12,1 2,6 7,1 8*

Productionindustrielle 7,0 15,8 12,5 3,1 6,2 9*

Formationbrutedecapitalfixe 3,4 22,5 20,5 –0,3 18,7 22*

Consommationdesménages 9,5 11,5 13,5 16,6 14,4 10,6*

Salaireréelmoyen 20,0 16,7 17,0 20,4 18,4 14

Prixàlaconsommation 0,8 5,2 9,0 13,5 9,1 11*

Soldedesadministrationspubliques(en%duPIB) 0,7 –0,2 –3,2 –1,8 –0,7 –0,6*

Tauxdechômage(en%delapop.active)

–chômeursenregistrésenfind'année

–moyenneannuellesurbaseenquêtesemploi

3,8

9,6

3,6

9,1

3,5

8,6

3,1

7,2

2,5

6,8

2,4

6,5

Sources : WIIW ; * : prévision d'expert

(e ) : estimation ; (p) : prévision

Tableau 2 – Balances extérieures, réserves et endettement (variations en % par rapport à l'année précédente)

2002 2003 2004 2005 2006(e) 2007(p)

Exportationsdemarchandises 3,6 6,3 28,0 4,4 10,5 10

Importationsdemarchandises 0,9 8,1 16,3 21,4 21,3 20

Balancecommerciale(millionsd'euros) 752 458 3011 –911 –4140 –8200

Balancecourante(en%duPIB) 7,5 5,8 10,6 3,1 –1,5 –3,8

RéservesdelaBanquecentrale,orexclu(milliardsd'euros) 4,09 5,35 6,98 16,06 16,59 –

Detteextérieurebrute(milliardsd'euros) 12,25 19,06 22,53 33,50 41,22 –

Sources : WIIW

(e ) : estimation ; (p) : prévision