synthèse de l'université de rentrée du wwf

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1 Synthèse de l’Université du WWF-France 2009 Quel accord à Copenhague pour faire face à l’Ultimatum Climatique ? © Martin Leers

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La synthèse des débats qui se sont tenus à l'occasion de l'université de rentrée du WWF-France sur la question : Quel accord à Copenhague pour faire face à l’Ultimatum Climatique ?

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Synthèse de l’Université du WWF-France

2009 Quel accord à Copenhague pour faire face à l’Ultimatum Climatique ?

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mardi 20octobre2009

* Sous réserve

SESSION 1 : L E CLIMAT PEUT-IL ENCORE ATTENDRE ? Can climate still wait?

CONFÉRENCE PLÉNIÈRE : PEUT-ON SE PERMETTRE UN ÉCHEC À COPENHAGUE?Is a failure in Copenhagen affordable?Kim Carstensen, Directeur, WWF Global Climate Initiative, WWF-InternationalStéphane Hallegatte, Économiste et ingénieur climatologue, Météo France, centre CIREDJean-Charles Hourcade, Directeur du Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement (cired)Sébastien Léger, Directeur associé McKinsey & Company France

Animateur : Jacques Mirenowicz, Directeur, LaRevueDurable

DISCOURS DE SESSION : FACE À FACE AVEC LE CHANGEMENT CLIMATIQUEFace to face with climate change

Isabelle Autissier, Navigatrice, témoin du changement climatique, vice-présidente du groupe 1 du Grenelle de la mer

Session 2 : CLIMAT ET DRAME HUMAIN Climate and human consequences

DISCOURS DE SESSION Keynote speechAlain Lipietz, Euro-député Vert

CONFÉRENCE PLÉNIÈRE : S’ADAPTER AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUESClimate change adaptation

Sandrine Mathy, Présidente, Réseau Action Climat FranceMichel Brugière, Directeur Général, Médecin du mondeLuc Lamprière, Directeur Général, Oxfam France Agir IciDenis Loyer, Adjoint au directeur des opérations, AFD

Animateur : Jean-Louis Caffier, Journaliste

ATELIER 1 : LA LUTTE CONTRE LA DÉFORESTATION Deforestation reductionGianluca Gondolini, Responsable du programme forêt durable, Rainforest AllianceCorentin Mercier, Chargé de mission forêt, MEEDDEM

Animateur : Valérie Laramée de Tannenberg, Journaliste à L’Usine à GES

ATELIER 2 : LES STRATÉGIES D’ATTÉNUATION DES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE POUR LES PLUS VULNÉRABLES Climate Change consequences attenuations in poor countriesMorgane Créach, Chargée de mission Internationale, Réseau Action Climat France

Philippe Crahay, Chargé de mission changement climatique, Action contre la Faim

Animateur : Benoît Martimort-Asso, Directeur du développement et de la communication, Iddri

mardi 20octobre2009

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Session 3 : LA NÉGOCIATION Negociations

CONFÉRENCE PLÉNIÈRE : LES CRITÈRES DE SUCCÈS DE COPENHAGUECopenhagen key success factorValerie-Anne Bernard, Chargée de mission climat Internationale, MEEDDEMKathrin Gutmann, Directrice Global Climate Initiative, WWF-InternationalMaité Jaureguy-Naudin, Coordinatrice chercheur du programme énergie, IfriEmmanuel Guerin, Chargé de mission climat et négociations, Iddri

Animateur : Jean-Christophe Boulanger, Directeur, Euractiv

ATELIER 1 : TRANSFERTS DE T ECHNOLOGIES E T DROITS DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE, COMMENT ACCÉLÉRER LA DIFFUSION DES TECHNOLOGIES SOBRES EN CARBONES ?Will technology transfers accelerate pathway towards low carbon economy?

Célia Gautier, Chargée de mission, pôle politiques publiques et régulations internationales, GRETNoam Boussidan, Pôle climat, Ministère des Affaires Étrangères et Européennes

Animateur : Frederic Denhez, Journaliste, écrivain

ATELIER 2 : COMMENT LES ENTREPRISES SE PRÉPARENT-ELLES POUR COPENHAGUE ET AUX CONSÉQUENCES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE ? How do companies get ready for Copenhagen and face climate change?

Alain Capmas, Directeur général, ATILH, Président du comité de changement climatique, MEDEFOliver Rapf, Directeur du programme «entreprises et changement climatique», bureau des politiques européennes du WWF

Animateur : Jean-Christophe Boulanger, Directeur, Euractiv

Session 4 : VERS UN AUTRE MONDE ? Towards a new world ?

CONFÉRENCE PLÉNIÈRE : CE QUE VEULENT LES GRANDS ÉMERGENTSWhat kind of agreement major emerging countries want?

Michel Colombier, Directeur scientifique, IddriManish Kumar Shrivastava, Chercheur associé, The Energy & Resources Institute (TERI)Sébastien Godinot, Coordinateur des campagnes, Les Amis de la Terre

Animateur : Valérie Laramée de Tannenberg, Journaliste à L’Usine à GES

CONFÉRENCE PLÉNIÈRE : POURQUOI LES PAYS INDUSTRIALISÉS N’EN FONT-ILS PAS PLUS ? Why western countries do not do more?

Philippe Germa, Directeur Général Natixis Environnement et infrastructure, administrateur du WWF FrancePascal Husting, Directeur Général, Greenpeace FranceBertrand Meheust, Philosophe, Sociologue, auteur de «La politique de l’oxymore»

Animateur : Julie Chauveau, Journaliste, Les Echos

CLÔTURE

CHANTAL JOUANNO*, Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer

mercredi 21octobre2009

* Sous réserve

mercredi 21octobre2009

Page 4: Synthèse de l'université de rentrée du WWF

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SYNTHESE

1 Copenhague, un sommet d’incertitude.

2°C. Seuil fatidique au-dessous duquel le réchauffement climatique doit être maintenu, sous peine d’impacts potentiels désastreux. Plus personne ne remet en cause ces avertissements, toujours plus alarmants, du GIEC face aux risques pesant sur notre terre. La société reconnaît que la planète a des limites, et que l’anthropisation est en grande partie responsable des dérèglements que connaît notre climat.

Les conséquences ne seront pas seulement environne-mentales mais également humaines et économiques. L’image du réfugié climatique est un symbole de ce défi gigantesque qui attend l’humanité.

Le WWF a choisi cette année d’organiser son Université de Rentrée sur le thème du climat, et de l’Ultimatum auquel nous sommes tous confrontés. Et qui ne pourra être résolu sans une action solidaire, collective et mondiale. C’est la première fois que nos sociétés vont devoir, ensemble, agir à tous les échelons pour pouvoir continuer à envisager leur avenir.Le Protocole de Kyoto fut une étape essentielle dans ce début de lutte internationale contre le changement climatique, en fixant des objectifs contraignants de réduction des émissions de GES à des échéances fixées pour les pays industrialisés.

Les différentes sessions qui ont mené jusqu’à la Cop 16 de Copenhague de décembre cristallisent l’aggravation des enjeux et l’urgence de lutter contre le péril climatique.

Pour réduire de moitié les émissions mondiales d’ici 2050 et ainsi atteindre l’objectif de stabilisation de 2°C, le seul effort des pays industrialisés- même s’ils parvenaient à atteindre -85% d’ici 2050- ne suffirait pas. Il faudra également que les pays en voie de développement, et notamment les pays émergents, infléchissent leur trajectoire d’émissions. Le vrai défi de la négociation sera d’aller plus loin que Kyoto, en proposant un nouveau modèle capable de concilier nécessité de développement économique et social et le plus faible niveau possible d’émissions de GES. À moins de quarante jours du sommet de Copenhague, de nombreuses incertitudes planent encore. Les questions majeures restent encore sans réponse. Echec ou succès ? Qu’attendons - et que pouvons-nous réellement espérer- de Copenhague ? Quel est l’état actuel des négociations et, surtout, pourquoi cette conférence exacerbe-t-elle autant les espoirs mais également les rancoeurs ? Copenhague ou la conférence de la dernière chance ?

2 Copenhague ou l’espoir dans l’improbable ?

Les pays industrialisés sont pour la plupart loin d’avoir respecté leurs engagements pris dans le cadre du protocole de Kyoto. Et les Etats-Unis n’ont, jusqu’à maintenant, pas été à la hauteur de l’espoir que le retour dans le jeu des négociations, depuis l’investiture du Président Obama, a suscité.

Nous sommes face à des négociations qui ne trouvent pas leur porte d’entrée, et qui resteront verrouillées si la preuve que les réductions et les efforts seront liés au développement n’est pas apportée. Il existe un consensus relativement partagé sur les propositions techniques. Mais le processus est bloqué à cause d’un manque criant d’engagements de réduction chiffrés et de financements des pays industrialisés. Méfiance, pessimisme, mais également –et cela est plus préoccupant- rancœur et égoïsmes nationaux sont au cœur de ces négociations.

Entre pays émergents et pays développés, un réel bras de fer s’est engagé : des financements ou des engagements, quel est le point de départ ? Comme dans le dilemme du prisonnier, personne n’ose faire le premier pas vers une logique de coopération et de solidarité.

Le constat des retards accumulés par les pays développés dans la tenue de leurs engagements a pour conséquence la méfiance des pays en développement, qui rendent dès lors tout passage à l’action tributaire des transferts financiers et technologiques.

Puisque le temps et le système de régulation diplomatique international manquent pour écrire un texte juridique complet et que les Etats-Unis n’ont aucunement l’intention de signer le Protocole de Kyoto ou quelque autre texte juridiquement contraignant que ce soit, que peut-on espérer ?

Une position politique pour l’instant et des décisions lors des futures Cop ?

Nombreux sont ceux qui pensent qu’il ne sortira de Copenhague qu’un texte politique, donc sans autre valeur que déclarative -mais aucunement contraignant- émanant des principaux dirigeants de la planète.

Un texte politique serait symbole, certes indispensable, mais qui ne satisfera aucunement les pays en attente, les pays les plus vulnérables.

Il faut se garder d’avoir des annonces émanant de responsables politiques signant des textes dont ils ne maîtrisent pas la portée et les enjeux, sous prétexte de ne

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pas ressortir face à l’opinion publique les mains vides. Et de se voir accuser d’avoir bloqué les négociations et ainsi noircir l’avenir des générations futures.

Finalement, le choix ne pourra-t-il se faire qu’entre échec réussi ou échec destructeur ?

Ce qui est certain, c’est que se contenter d’un accord au rabais serait bien dangereux.

Cependant, il faut se garder de ne plus croire en l’infini des ressources humaines, et personne à l’heure actuelle ne peut se targuer de savoir quelle sera l’issue de Copenhague.

« Optimisme et pessimisme sont deux faces d’une même chose qu’on appelle la démission. »

Il nous faut continuer « croire en en l’improbable » .

3 Copenhague ou l’espoir d’un nouveau paradigme sociétal.

C’est la première fois de son histoire que l’Humanité est face à un choix qui sera décisif pour son avenir et de celui des générations futures. Le changement climatique constitue la première question politique planétaire à solidarité obligatoire : non seulement elle concerne tous les pays, mais les choix d’un Etat se répercutent sur le territoire des autres. Il ne peut y avoir de maîtrise nationale du climat. Seul l’engagement simultané et équitable de tous les pays permettra de garantir l’efficacité de chaque politique nationale pour stabiliser le climat. Cette chaîne de solidarité devra ensuite s’appliquer à chaque échelon : régional, local, individuel. Une politique de lutte contre le changement climatique n’est envisageable qu’avec une implication effective de tous les citoyens. Enjeu climatique, enjeu démocratique.

La conférence de Copenhague suscite autant de débat car elle porte en son sein l’espoir d’un nouveau paradigme économique et sociétal.

Copenhague pourrait être un tournant décisif, non seulement au regard du climat mais également des relations internationales, des relations sociales, des relations économiques entre les individus, les sociétés, les Etats. C’est notre rapport à nous-même et autres qui doit être redéfini.

La lutte contre le changement climatique ne pourra se solder que par une victoire, victoire sur nos modèles de société, sur nos modes de consommations, sur nos habitudes. Pour cela, il faut nous engager dans la voie d’un développement soutenable pour tous, rendant nécessaire une réduction des gaspillages, un moindre usage des combustibles fossiles -avec la diffusion massive des énergies renouvelables-, des changements profonds des systèmes technologiques pour la production électrique, les transports, les méthodes agricoles, la construction des bâtiments.

Les ONG, à l’image de WWF, jouent un rôle majeur d’information et de sensibilisation, afin de mener à une mutation en profondeur des comportements. Cela passera notamment par la prise de conscience par les différents acteurs économiques, politiques et sociaux que les réductions d’émissions ne doivent pas être perçus comme un effort mais comme un progrès, indispensable certes, mais aussi économiquement avantageux.

Ces changements de comportements à l’échelon local et national devront s’appuyer sur un cadre international fort et stable, à même de sanctionner les pays manquant à leurs obligations, notamment au travers de sanctions de nature économique. Ce qui implique une transformation complète des relations internationales et de notre conception de la géopolitique actuelle, avec un renforcement des règles et du contrôle de leur application.

La conférence de Copenhague sera-t-elle celle de la dernière chance ? Ce qui est certain c’est qu’à Copenhague, l’Humanité aura rendez-vous avec l’Histoire, son histoire.

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C’est la première fois de son histoire que l’Humanité est face à un choix qui sera décisif pour son avenir et de celui des générations futures. Le changement climatique constitue la première question politique planétaire à solidarité obligatoire : non seulement elle concerne tous les pays, mais les choix d’un Etat se répercutent sur le territoire des autres. Il ne peut y avoir de maîtrise nationale du climat. Seul l’engagement simultané et équitable de tous les pays permettra de garantir l’efficacité de chaque politique nationale pour stabiliser le climat. Cette chaîne de solidarité devra ensuite s’appliquer à chaque échelon : régional, local, individuel. Une politique de lutte contre le changement climatique n’est envisageable qu’avec une implication effective de tous les citoyens. Enjeu climatique, enjeu démocratique.

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Session 1 : Le climat peut-il encore attendre ?

A un mois et demi de l’ouverture de la 15ème Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique, à Copenhague, du 7 au 18 décembre 2009, le WWF-France décide de se mettre à l’heure de ce rendez-vous historique en dédiant sa 3ème Université de rentrée à l’Ultimatum Climatique. Anne Le Strat, Présidente d’Eau de Paris, Adjointe au Maire de Paris chargée de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des canaux, ouvre ces deux jours de conférences et de débats en abordant le thème de l’eau, premier des biens communs de l’Humanité, denrée rare, vitale à notre survie, et dont les ressources sont de plus en plus menacées par les changements consécutifs au « péril climatique ».

Pour Serge Orru, Directeur général du WWF-France, cette université de rentrée cristallise le combat mené par les ONG pour la solidarité et la coopération, dont le symbole le plus criant est l’« Ultimatum Climatique », pétition visant un million de signataires, portée par onze ONG, véritable appel dirigé vers les dirigeants à réussir la négociation.

Si jusqu’alors les réunions de préparation se sont caractérisées par les messages dissonants des Etats et la confusion générale, il ne faut pas perdre espoir. Copenhague représente une réelle opportunité d’évolution. Une victoire est possible. C’est la première fois de l’histoire qu’une telle opportunité se présente, que l’humanité a le choix de changer sa trajectoire.

L’écologie prend tout son sens aujourd’hui, c’est l’ultimatum de l’homme face à lui-même, il doit, par ses décisions, assurer des conditions de vie dignes pour toutes les populations et pour les générations futures.

« Halte au péril climatique. On ne négocie pas avec le climat, on agit. »

Alors, quel accord à Copenhague pour faire face à l’ultimatum climatique ? Le climat peut-il encore attendre ?

Conférence plénière 1 : Peut-on se permettre un échec à Copenhague ?

A un mois et demi de la conférence de Copenhague réunissant 192 pays, le bilan de la période Kyoto est peu satisfaisant : dérapage dans les engagements de réductions de la plupart des pays industrialisés, enlisement du processus de négociations, incertitude concernant l’engagement américain, aucune annonce de financements. Et des chiffres avancés en termes de cible de réduction aujourd’hui trop faibles pour parvenir à la stabilisation du climat à 2°C. Or, il faut parvenir à un accord prolongeant le Protocole de Kyoto, en suivant la feuille de route dessinée à Bali et qui s’appuie sur le 4ème rapport du GIEC.Il nous reste une petite marge de manœuvre pour éviter un réchauffement de plus de 2°. Pour ce faire, deux choses apparaissent essentielles : d’une part que les pays développés de l’Annexe 1 de la Convention enclenchent une réduction immédiate plus forte que celle prévue par le Protocole et, d’autre part, que les pays en développement exemptés de réduction infléchissent eux aussi leur émissions.

Peut-on se permettre un échec à Copenhague ? Peut-on rater cette étape décisive pour affronter le péril qui attend l’humanité ? Peut-on encore repousser l’échéance ? Animateur : Jacques Mirenowicz, Directeur, LaRevueDurable

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I Vers une décision politique

« A la frontière entre échec et succès »

Pour Kim Carstensen, Directeur, WWF Global Climate Initiative, WWF-International, il ne faut pas raisonner en termes d’échec puisque, quel que soit le résultat de Copenhague, il ne faudra pas cesser de se battre et d’agir pour faire évoluer les choses. Néanmoins, cette négociation représente une opportunité unique d’atteindre les objectifs, très élevés, que la Convention a fixés. Stabiliser le climat entre 2 et 1,5°C sera très difficile, et plus nous retardons la prise de décisions, et surtout d’actions, plus aléatoire sera l’issue de ce combat.

Il existe un risque : celui de s’engager vers un accord trop peu ambitieux qui nous maintienne pieds et points liés sans pouvoir agir plus. A l’heure actuelle, l’important sera de parvenir au moins à un accord politique, preuve de l’investissement des dirigeants, qui débouchera ensuite sur un traité juridique. Ce traité devra stipuler les devoirs des pays développés et des pays en développement : obligation de réduction de leurs émissions pour les pays développés et engagement fort des pays en développement pour dévier leurs émissions. Il faut avoir conscience qu’on ne pourra pas juguler le changement climatique sans des actions significatives -notamment sous la forme de stratégies faibles en carbone- de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Les NAMAs , définis pour les pays émergents, sont des batteries de mesures fondées sur leurs actions concrètes qui, en représentant la contribution de ces pays dans un premier temps, permettront de changer les termes du débat. C’est le plus gros compromis auquel il faudra parvenir. Une fois que des actions claires seront définies, le débat pourra s’arrêter sur la question des financements et notamment des besoins de financements additionnels.

« Copenhague sera un moment extrêmement politique, à nous d’utiliser cet Ultimatum comme un élément politique majeur.»

Il faut donc refonder notre société, nos modèles de consommation. Tout ceci ne pourra être fait sans réelle volonté politique. Il n’y a pas d’autres alternatives : les hauts responsables politiques doivent s’engager, dans tous les secteurs.

II L’importance de l’action

« Nous allons vers un échec à Copenhague.»

Les négociations, selon Stéphane Hallegatte, Économiste et ingénieur climatologue, Météo France, centre CIRED, ne posent pas les bons problèmes.

En effet, elles se focalisent sur des chiffres pour les

engagements de réductions d’émissions, alors que le plus important est l’action. La grande erreur a été de séparer la question des objectifs de celle des moyens de mise en oeuvre. On ne peut pas décider d’objectifs sans avoir une représentation des actions qui devront permettre de les atteindre. La rigidité concernant la date de référence à 1990 est également un facteur de rancœur, légitime, par des pays qui n’ont pas l’avantage que trouve l’Union Européenne à choisir cette date.

Il est primordial d’insister sur la perspective à 2030 : à cette échéance, les stratégies seront différentes de celles à 2020. Pour atteindre les objectifs de long terme, des changements beaucoup plus structurels, nécessitant des anticipations, seront nécessaires. Il faut donc des objectifs proches pour créer l’action à court terme mais également pour savoir qu’elles seront sur le long terme les actions les plus adaptées. Les actions nationales devront être encouragées car beaucoup des actions essentielles ne pourront pas être menées au niveau international.

« Fixer un pic des émissions et des quotas ne sera pas suffisant, c’est seulement une partie de la solution. »

La notion de succès à Copenhague est un peu plus lâche aujourd’hui qu’il y a quelques mois. Personne ne sait comment cela va aboutir, mais il sera très difficile de changer de route une fois le processus lancé. Et si on constate que les gens acceptent l’idée de changer de comportements, il n’en reste pas moins que personne ne voit comment résoudre les obstacles ni surtout quelles sont les voies à ouvrir. Il faudra sortir de ces négociations avec au moins un engagement des chefs d’Etat sur une durée assez courte, moins d’un an, pour mettre en place des actions rapides.

Les pays n’arrêteront pas d’agir même s’il n’y a pas d’accord international, car aucun ne gagne à ne rien faire. Il faut construire le cadre au moment opportun, sur ces actions qui seront déjà faites, et voir ce que peut apporter de plus un accord international.

« Ne pas agir ne serait donc pas une preuve d’égoïsme mais de bêtise. »

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Session 1 : Le climat peut-il encore attendre ?

A un mois et demi de l’ouverture de la 15ème Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique, à Copenhague, du 7 au 18 décembre 2009, le WWF-France décide de se mettre à l’heure de ce rendez-vous historique en dédiant sa 3ème Université de rentrée à l’Ultimatum Climatique. Anne Le Strat, Présidente d’Eau de Paris, Adjointe au Maire de Paris chargée de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des canaux, ouvre ces deux jours de conférences et de débats en abordant le thème de l’eau, premier des biens communs de l’Humanité, denrée rare, vitale à notre survie, et dont les ressources sont de plus en plus menacées par les changements consécutifs au « péril climatique ».

Pour Serge Orru, Directeur général du WWF-France, cette université de rentrée cristallise le combat mené par les ONG pour la solidarité et la coopération, dont le symbole le plus criant est l’« Ultimatum Climatique », pétition visant un million de signataires, portée par onze ONG, véritable appel dirigé vers les dirigeants à réussir la négociation.

Si jusqu’alors les réunions de préparation se sont caractérisées par les messages dissonants des Etats et la confusion générale, il ne faut pas perdre espoir. Copenhague représente une réelle opportunité d’évolution. Une victoire est possible. C’est la première fois de l’histoire qu’une telle opportunité se présente, que l’humanité a le choix de changer sa trajectoire.

L’écologie prend tout son sens aujourd’hui, c’est l’ultimatum de l’homme face à lui-même, il doit, par ses décisions, assurer des conditions de vie dignes pour toutes les populations et pour les générations futures.

« Halte au péril climatique. On ne négocie pas avec le climat, on agit. »

Alors, quel accord à Copenhague pour faire face à l’ultimatum climatique ? Le climat peut-il encore attendre ?

Conférence plénière 1 : Peut-on se permettre un échec à Copenhague ?

A un mois et demi de la conférence de Copenhague réunissant 192 pays, le bilan de la période Kyoto est peu satisfaisant : dérapage dans les engagements de réductions de la plupart des pays industrialisés, enlisement du processus de négociations, incertitude concernant l’engagement américain, aucune annonce de financements. Et des chiffres avancés en termes de cible de réduction aujourd’hui trop faibles pour parvenir à la stabilisation du climat à 2°C. Or, il faut parvenir à un accord prolongeant le Protocole de Kyoto, en suivant la feuille de route dessinée à Bali et qui s’appuie sur le 4ème rapport du GIEC.Il nous reste une petite marge de manœuvre pour éviter un réchauffement de plus de 2°. Pour ce faire, deux choses apparaissent essentielles : d’une part que les pays développés de l’Annexe 1 de la Convention enclenchent une réduction immédiate plus forte que celle prévue par le Protocole et, d’autre part, que les pays en développement exemptés de réduction infléchissent eux aussi leur émissions.

Peut-on se permettre un échec à Copenhague ? Peut-on rater cette étape décisive pour affronter le péril qui attend l’humanité ? Peut-on encore repousser l’échéance ? Animateur : Jacques Mirenowicz, Directeur, LaRevueDurable

I Vers une décision politique

« A la frontière entre échec et succès »

Pour Kim Carstensen, Directeur, WWF Global Climate Initiative, WWF-International, il ne faut pas raisonner en termes d’échec puisque, quel que soit le résultat de Copenhague, il ne faudra pas cesser de se battre et d’agir pour faire évoluer les choses. Néanmoins, cette négociation représente une opportunité unique d’atteindre les objectifs, très élevés, que la Convention a fixés. Stabiliser le climat entre 2 et 1,5°C sera très difficile, et plus nous retardons la prise de décisions, et surtout d’actions, plus aléatoire sera l’issue de ce combat.

Il existe un risque : celui de s’engager vers un accord trop peu ambitieux qui nous maintienne pieds et points liés sans pouvoir agir plus. A l’heure actuelle, l’important sera de parvenir au moins à un accord politique, preuve de l’investissement des dirigeants, qui débouchera ensuite sur un traité juridique. Ce traité devra stipuler les devoirs des pays développés et des pays en développement : obligation de réduction de leurs émissions pour les pays développés et engagement fort des pays en développement pour dévier leurs émissions. Il faut avoir conscience qu’on ne pourra pas juguler le changement climatique sans des actions significatives -notamment sous la forme de stratégies faibles en carbone- de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique du Sud. Les NAMAs , définis pour les pays émergents, sont des batteries de mesures fondées sur leurs actions concrètes qui, en représentant la contribution de ces pays dans un premier temps, permettront de changer les termes du débat. C’est le plus gros compromis auquel il faudra parvenir. Une fois que des actions claires seront définies, le débat pourra s’arrêter sur la question des financements et notamment des besoins de financements additionnels.

« Copenhague sera un moment extrêmement politique, à nous d’utiliser cet Ultimatum comme un élément politique majeur.»

Il faut donc refonder notre société, nos modèles de consommation. Tout ceci ne pourra être fait sans réelle volonté politique. Il n’y a pas d’autres alternatives : les hauts responsables politiques doivent s’engager, dans tous les secteurs.

II L’importance de l’action

« Nous allons vers un échec à Copenhague.»

Les négociations, selon Stéphane Hallegatte, Économiste et ingénieur climatologue, Météo France, centre CIRED, ne posent pas les bons problèmes.

En effet, elles se focalisent sur des chiffres pour les

engagements de réductions d’émissions, alors que le plus important est l’action. La grande erreur a été de séparer la question des objectifs de celle des moyens de mise en oeuvre. On ne peut pas décider d’objectifs sans avoir une représentation des actions qui devront permettre de les atteindre. La rigidité concernant la date de référence à 1990 est également un facteur de rancœur, légitime, par des pays qui n’ont pas l’avantage que trouve l’Union Européenne à choisir cette date.

Il est primordial d’insister sur la perspective à 2030 : à cette échéance, les stratégies seront différentes de celles à 2020. Pour atteindre les objectifs de long terme, des changements beaucoup plus structurels, nécessitant des anticipations, seront nécessaires. Il faut donc des objectifs proches pour créer l’action à court terme mais également pour savoir qu’elles seront sur le long terme les actions les plus adaptées. Les actions nationales devront être encouragées car beaucoup des actions essentielles ne pourront pas être menées au niveau international.

« Fixer un pic des émissions et des quotas ne sera pas suffisant, c’est seulement une partie de la solution. »

La notion de succès à Copenhague est un peu plus lâche aujourd’hui qu’il y a quelques mois. Personne ne sait comment cela va aboutir, mais il sera très difficile de changer de route une fois le processus lancé. Et si on constate que les gens acceptent l’idée de changer de comportements, il n’en reste pas moins que personne ne voit comment résoudre les obstacles ni surtout quelles sont les voies à ouvrir. Il faudra sortir de ces négociations avec au moins un engagement des chefs d’Etat sur une durée assez courte, moins d’un an, pour mettre en place des actions rapides.

Les pays n’arrêteront pas d’agir même s’il n’y a pas d’accord international, car aucun ne gagne à ne rien faire. Il faut construire le cadre au moment opportun, sur ces actions qui seront déjà faites, et voir ce que peut apporter de plus un accord international.

« Ne pas agir ne serait donc pas une preuve d’égoïsme mais de bêtise. »

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III Les arguments économiques, arguments force de la négociation

« Sortir de la logique de Berlin »

Pour Jean-Charles Hourcade, Directeur du Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement (CIRED), la négociation prend, après huit ans d’absence américaine, un nouveau tournant, qu’il faudra amorcer prudemment si on ne veut pas aller droit à l’échec. Pour ce faire, il faut avant tout sortir de la logique intellectuelle développée à Berlin, c’est-à-dire celle d’une négociation centrée sur les objectifs. Les arguments portant sur les objectifs chiffrés et sur la question du partage des droits d’émissions ne permettront pas de pousser les pays émergents à l’action.

Les seules raisons qui peuvent faire que les gouvernements vont prendre de bonnes décisions ne sont certainement pas d’ordre climatiques, mais bien plus économiques, de sécurité énergétique, financières, ou encore commerciales. Il faut donc comprendre les raisons pour lesquelles chaque acteur aura intérêt à participer activement, aux négociations.Le dernier rapport de la Banque mondiale en est la preuve : ce n’est pas par un élan de bonté que des financements seront mis sur la table. Il faut donc être pragmatique, et lier les questions climat avec une réforme du financement international qui permettra de mettre de l’argent dans les infrastructures des pays en développement, dans les transports, dans l’énergie. La crise financière complique les affaires, mais a permis de révéler au grand jour les limites de notre système, et par là même de justifier la nécessaire refonte de notre système financier actuel.

« On ne négocie pas que le climat, mais également nos modes de vie. »

IV Le rôle de l’entreprise dans la réussite de Copenhague

« Copenhague est important, urgent, mais ne doit pas faire l’objet d’une cristallisation excessive. »

Sébastien Léger, Directeur associé McKinsey & Company France, souligne l’importance des entreprises et des technologies dans le processus de réduction des émissions de GES. L’action est urgente, or tout échec à Copenhague aura pour effet de ralentir l’action. C’est pourquoi il ne faut pas négliger l’importance des actions individuelles : les Etats-Unis et la Chine ont déjà mis en œuvre beaucoup d’actions, notamment dans le domaine de l’efficacité énergétique. Il sera donc plus efficace de stimuler les actions nationales et se laisser du temps pour un accord plutôt que de créer un blocage.

« L’échec serait d’aboutir à un vrai blocage parce qu’on veut aller trop fort et trop vite. »

V Débat

Le rôle des Etats-UnisFaut-il attendre quelque chose de la législation américaine et quels en seront les impacts au niveau international ? Si les Etats-Unis n’ont toujours pas annoncé de chiffres notamment à cause du blocage du Parlement, Kim Carstensen souligne que, néanmoins, il ne faut pas oublier que certaines actions dépassent le Parlement et peuvent être gérées par l’administration centrale. Si la législation actuelle est en deçà de ce qu’il faudrait, elle représente néanmoins une avancée, ouvrant la voie vers des évolutions futures. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à blâmer : aucun pays pour l’heure n’évolue de la façon souhaitée. Sans les Etats-Unis, aucun accord ne sera possible : les autres pays développés doivent donc, par des engagements élevés, stimuler l’engagement américain.

La question des sanctions Que va-t-il arriver au Canada qui a largement dépassé ses objectifs ? Jean-Charles Hourcade souligne qu’il n’y a pas de véritable cadre juridique international contraignant : les Etats ne respectant pas leurs engagements ne « risquent donc rien ». Les seules sanctions au niveau international qui seront efficaces sont celles de nature économique ou financière.Kim Carstensen insiste sur le fait que même s’il n’est pas contraignant dans le sens où il n’existe aucune instance capable d’imposer des sanctions, il reste très important d’avoir un cadre juridique issu des négociations.

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La référence au 2°CCette référence n’a pas été choisie de manière aléatoire. Au-delà de 2°C, on rentre dans un monde qualitativement différent, des phénomènes mal maîtrisés. Les actions décidées aujourd’hui auront des conséquences pour les générations futures. Il faut prendre conscience de l’importance du délai entre la prise de décisions et les impacts. Attendre d’en savoir plus sur le changement climatique n’est pas une option.

Le problème du charbon et la question du CCSPeut-on se passer de charbon ? Le CCS est-il envisageable rapidement ?Sébastien Léger rappelle que 40% de l’électricité mondia-le vient du charbon, qui est la première source d’électricité mondiale. Le charbon fournit 80% de l’électricité chinoise. Comment dire aux chinois d’arrêter cette production, et quelle solution de remplacement peut-on leur proposer ? Le renouvelable n’a pas assez de potentiel, le gaz est pro-blématique au niveau géopolitique. Le CCS pourrait être un levier, mais n’est pas encore suffisamment mature. Si l’on se projette à 2050, on créera 700 euros de PIB par tonne de carbone émise. Pour continuer sur notre modèle de crois-sance économique, il faudrait 10 fois plus. La solution la plus évidente est de parvenir à un gain de x10 en termes de productivité de carbone de l’économie. 40% des leviers identifiés sont sur la demande, la technologie ne suffira pas. Il faut donc des changements de comportement. A ce stade, on n’a pas l’impression que l’on puisse se priver de grand chose. Le CCS est une solution, mais est encore en phase de développement assez amont, il n’y a pas de solution magique. Mais on ne peut pas prendre le risque de se dire qu’on a les moyens de jouer sans cette option.

Pour Kim Carstensen, il faut également penser à d’autres options, notamment les énergies renouvelables, ou des actions de lutte contre la déforestation.

L’intégration des entreprises dans la lutteLes entreprises sont-elles les principaux acteurs de l’innovation et les mouvements financiers nécessaires ? Sont-elles suffisamment intégrées au processus de négociation ? Comment gérer un temps de retour sur investissement des projets carbone plus long ? Selon Kim Carstensen, il existe bien un investissement majeur de l’industrie dans les négociations mais de manière négative. Les entreprises, impliquées dans le « business as usual » et dans les solutions faciles, ne s’engagent pas au niveau requis. « On attend un vrai changement d’attitude des entreprises ». Pour Sébastien Léger, le problème du retour sur investissement dépend du manque d’analyse et d’hypothèses des entreprises. Il faut tester divers scénario suivant le coût du carbone, les risques potentiels, et mettre ces éléments en rapport avec les coûts d’opportunité. L’efficacité énergétique notamment représente un énorme levier pour les entreprises. Il faut un accord suffisamment équilibré à Copenhague sur les manières de mesurer les émissions et les réductions de CO2 pour que les entreprises puissent s’investir, s’améliorer et proposer des solutions.

La pression citoyenne sur les négociations est-elle suffisante ? Selon Kim Carstensen, L’action citoyenne n’est pas pleinement engagée, il y a encore trop peu d’actions, le

processus est trop lent. On peut espérer une grosse mobilisation en amont de la Conférence de Copenhague, avec par exemple la campagne « tcktcktck », qui est déjà très suivie et sera très robuste en décembre. De telles campagnes suscitent les actions, elles sont décisives pour exercer une pression sur les décideurs politiques.

Discours de session : Face à face avec le changement climatique.

Isabelle Autissier, Navigatrice, ingénieur agro halieute, fait part de son expérience des impacts du changement climatique sur les océans. Si beaucoup de phénomènes sont, dans l’immensité de l’océan, invisibles, et si souvent les changements qui surviennent sont plus de l’ordre du ressenti que du visuel, les impacts du changement climatique sur les océans sont en marche. Or l’océan est un acteur majeur du climat : les courants sont essentiels au brassage thermique et à la régulation des températures, l’océan absorbe 1/3 des émissions de CO2. Mais cette situation ne durera pas, le potentiel de capture du carbone par l’océan baisse chaque jour un peu plus. En outre, plus l’atmosphère se réchauffe, plus il y a d’énergie en circulation sous forme d’eaux tièdes ou d’énergie calorique dans les mers, alimentant les grands phénomènes climatiques comme les tempêtes, cyclones, tornades. La contribution de l’océan à la montée des eaux, qui est de l’ordre de 2 à 3mm par an, a augmenté de 50%.La circulation océanique dépend d’un autre phénomène, le Golfstream, qui a déjà perdu 30% de son débit et qui conduirait à un refroidissement potentiel de l’Europe de l’Ouest notamment. Un autre problème, celui de l’acidification des océans : le gaz carbonique absorbé provoque une acidification des masses d’eau, remettant en cause la survie des écosystèmes et de la biodiversité.

« Une fois que les choses sont enclenchées, on ne peut pas faire machine arrière. »

La balance se fera un jour, très rapidement, et penchera malheureusement certainement du mauvais côté. Le temps de la nature est différent du nôtre. La solution ne serait-elle pas d’agir sur Terre comme les navigateurs le font en mer : Solidarité et respect de la nature ; Harmonie et collaboration avec les écosystèmes plutôt que tentative de domination.

Page 9: Synthèse de l'université de rentrée du WWF

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III Les arguments économiques, arguments force de la négociation

« Sortir de la logique de Berlin »

Pour Jean-Charles Hourcade, Directeur du Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement (CIRED), la négociation prend, après huit ans d’absence américaine, un nouveau tournant, qu’il faudra amorcer prudemment si on ne veut pas aller droit à l’échec. Pour ce faire, il faut avant tout sortir de la logique intellectuelle développée à Berlin, c’est-à-dire celle d’une négociation centrée sur les objectifs. Les arguments portant sur les objectifs chiffrés et sur la question du partage des droits d’émissions ne permettront pas de pousser les pays émergents à l’action.

Les seules raisons qui peuvent faire que les gouvernements vont prendre de bonnes décisions ne sont certainement pas d’ordre climatiques, mais bien plus économiques, de sécurité énergétique, financières, ou encore commerciales. Il faut donc comprendre les raisons pour lesquelles chaque acteur aura intérêt à participer activement, aux négociations.Le dernier rapport de la Banque mondiale en est la preuve : ce n’est pas par un élan de bonté que des financements seront mis sur la table. Il faut donc être pragmatique, et lier les questions climat avec une réforme du financement international qui permettra de mettre de l’argent dans les infrastructures des pays en développement, dans les transports, dans l’énergie. La crise financière complique les affaires, mais a permis de révéler au grand jour les limites de notre système, et par là même de justifier la nécessaire refonte de notre système financier actuel.

« On ne négocie pas que le climat, mais également nos modes de vie. »

IV Le rôle de l’entreprise dans la réussite de Copenhague

« Copenhague est important, urgent, mais ne doit pas faire l’objet d’une cristallisation excessive. »

Sébastien Léger, Directeur associé McKinsey & Company France, souligne l’importance des entreprises et des technologies dans le processus de réduction des émissions de GES. L’action est urgente, or tout échec à Copenhague aura pour effet de ralentir l’action. C’est pourquoi il ne faut pas négliger l’importance des actions individuelles : les Etats-Unis et la Chine ont déjà mis en œuvre beaucoup d’actions, notamment dans le domaine de l’efficacité énergétique. Il sera donc plus efficace de stimuler les actions nationales et se laisser du temps pour un accord plutôt que de créer un blocage.

« L’échec serait d’aboutir à un vrai blocage parce qu’on veut aller trop fort et trop vite. »

V Débat

Le rôle des Etats-UnisFaut-il attendre quelque chose de la législation américaine et quels en seront les impacts au niveau international ? Si les Etats-Unis n’ont toujours pas annoncé de chiffres notamment à cause du blocage du Parlement, Kim Carstensen souligne que, néanmoins, il ne faut pas oublier que certaines actions dépassent le Parlement et peuvent être gérées par l’administration centrale. Si la législation actuelle est en deçà de ce qu’il faudrait, elle représente néanmoins une avancée, ouvrant la voie vers des évolutions futures. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à blâmer : aucun pays pour l’heure n’évolue de la façon souhaitée. Sans les Etats-Unis, aucun accord ne sera possible : les autres pays développés doivent donc, par des engagements élevés, stimuler l’engagement américain.

La question des sanctions Que va-t-il arriver au Canada qui a largement dépassé ses objectifs ? Jean-Charles Hourcade souligne qu’il n’y a pas de véritable cadre juridique international contraignant : les Etats ne respectant pas leurs engagements ne « risquent donc rien ». Les seules sanctions au niveau international qui seront efficaces sont celles de nature économique ou financière.Kim Carstensen insiste sur le fait que même s’il n’est pas contraignant dans le sens où il n’existe aucune instance capable d’imposer des sanctions, il reste très important d’avoir un cadre juridique issu des négociations.

La référence au 2°CCette référence n’a pas été choisie de manière aléatoire. Au-delà de 2°C, on rentre dans un monde qualitativement différent, des phénomènes mal maîtrisés. Les actions décidées aujourd’hui auront des conséquences pour les générations futures. Il faut prendre conscience de l’importance du délai entre la prise de décisions et les impacts. Attendre d’en savoir plus sur le changement climatique n’est pas une option.

Le problème du charbon et la question du CCSPeut-on se passer de charbon ? Le CCS est-il envisageable rapidement ?Sébastien Léger rappelle que 40% de l’électricité mondia-le vient du charbon, qui est la première source d’électricité mondiale. Le charbon fournit 80% de l’électricité chinoise. Comment dire aux chinois d’arrêter cette production, et quelle solution de remplacement peut-on leur proposer ? Le renouvelable n’a pas assez de potentiel, le gaz est pro-blématique au niveau géopolitique. Le CCS pourrait être un levier, mais n’est pas encore suffisamment mature. Si l’on se projette à 2050, on créera 700 euros de PIB par tonne de carbone émise. Pour continuer sur notre modèle de crois-sance économique, il faudrait 10 fois plus. La solution la plus évidente est de parvenir à un gain de x10 en termes de productivité de carbone de l’économie. 40% des leviers identifiés sont sur la demande, la technologie ne suffira pas. Il faut donc des changements de comportement. A ce stade, on n’a pas l’impression que l’on puisse se priver de grand chose. Le CCS est une solution, mais est encore en phase de développement assez amont, il n’y a pas de solution magique. Mais on ne peut pas prendre le risque de se dire qu’on a les moyens de jouer sans cette option.

Pour Kim Carstensen, il faut également penser à d’autres options, notamment les énergies renouvelables, ou des actions de lutte contre la déforestation.

L’intégration des entreprises dans la lutteLes entreprises sont-elles les principaux acteurs de l’innovation et les mouvements financiers nécessaires ? Sont-elles suffisamment intégrées au processus de négociation ? Comment gérer un temps de retour sur investissement des projets carbone plus long ? Selon Kim Carstensen, il existe bien un investissement majeur de l’industrie dans les négociations mais de manière négative. Les entreprises, impliquées dans le « business as usual » et dans les solutions faciles, ne s’engagent pas au niveau requis. « On attend un vrai changement d’attitude des entreprises ». Pour Sébastien Léger, le problème du retour sur investissement dépend du manque d’analyse et d’hypothèses des entreprises. Il faut tester divers scénario suivant le coût du carbone, les risques potentiels, et mettre ces éléments en rapport avec les coûts d’opportunité. L’efficacité énergétique notamment représente un énorme levier pour les entreprises. Il faut un accord suffisamment équilibré à Copenhague sur les manières de mesurer les émissions et les réductions de CO2 pour que les entreprises puissent s’investir, s’améliorer et proposer des solutions.

La pression citoyenne sur les négociations est-elle suffisante ? Selon Kim Carstensen, L’action citoyenne n’est pas pleinement engagée, il y a encore trop peu d’actions, le

processus est trop lent. On peut espérer une grosse mobilisation en amont de la Conférence de Copenhague, avec par exemple la campagne « tcktcktck », qui est déjà très suivie et sera très robuste en décembre. De telles campagnes suscitent les actions, elles sont décisives pour exercer une pression sur les décideurs politiques.

Discours de session : Face à face avec le changement climatique.

Isabelle Autissier, Navigatrice, ingénieur agro halieute, fait part de son expérience des impacts du changement climatique sur les océans. Si beaucoup de phénomènes sont, dans l’immensité de l’océan, invisibles, et si souvent les changements qui surviennent sont plus de l’ordre du ressenti que du visuel, les impacts du changement climatique sur les océans sont en marche. Or l’océan est un acteur majeur du climat : les courants sont essentiels au brassage thermique et à la régulation des températures, l’océan absorbe 1/3 des émissions de CO2. Mais cette situation ne durera pas, le potentiel de capture du carbone par l’océan baisse chaque jour un peu plus. En outre, plus l’atmosphère se réchauffe, plus il y a d’énergie en circulation sous forme d’eaux tièdes ou d’énergie calorique dans les mers, alimentant les grands phénomènes climatiques comme les tempêtes, cyclones, tornades. La contribution de l’océan à la montée des eaux, qui est de l’ordre de 2 à 3mm par an, a augmenté de 50%.La circulation océanique dépend d’un autre phénomène, le Golfstream, qui a déjà perdu 30% de son débit et qui conduirait à un refroidissement potentiel de l’Europe de l’Ouest notamment. Un autre problème, celui de l’acidification des océans : le gaz carbonique absorbé provoque une acidification des masses d’eau, remettant en cause la survie des écosystèmes et de la biodiversité.

« Une fois que les choses sont enclenchées, on ne peut pas faire machine arrière. »

La balance se fera un jour, très rapidement, et penchera malheureusement certainement du mauvais côté. Le temps de la nature est différent du nôtre. La solution ne serait-elle pas d’agir sur Terre comme les navigateurs le font en mer : Solidarité et respect de la nature ; Harmonie et collaboration avec les écosystèmes plutôt que tentative de domination.

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Les entreprises sont-elles les principaux acteurs de l’innovation et les mouvements financiers nécessaires ? Sont-elles suffisamment intégrées au processus de négociation ? Comment gérer un temps de retour sur investissement des projets carbone plus long ?

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Session 2 : Climat et drame humain.

Discours de session

« Sud et Nord sociologique, le changement climatique redessine le clivage historique. »

Alain Lipietz, économiste et homme politique, Europe Ecologie, ouvre cette session sur Climat et drame humain.

L’écologie politique commence quand on prend en considération les effets des impacts environnementaux sur l’humanité. Les conséquences du changement climatique sur les populations sont prodigieusement différenciées selon les pays, selon le Nord et le Sud. On se retrouve face au clivage fondamental.

Le Sud sociologique, c’est-à-dire les pays émergents et les PMA , sont à la fois les moins responsables et les principales victimes potentielles de la dérive climatique, car ce sont des pays dans lesquels n’a pas encore eu lieu la révolution industrielle, où l’agriculture est dominante. Les populations, particulièrement dépendantes de leurs récoltes, sont donc elles-mêmes particulièrement tributaires du climat. En outre, les pays les plus vulnérables se trouvent dans la zone intertropicale, là où les impacts du changement climatique se feront le plus cruellement sentir notamment à cause de l’alternance de sécheresses et d’inondations. Le Nord, également touché – canicules, inondations, ouragans- est, face à la crainte des assureurs, poussé à l’action.

L’effet de serre aggrave un drame écologique latent : les réfugiés climatiques. Très souvent, les changements climatiques deviennent invivables parce qu’ils se combinent avec d’autres facteurs, souvent consécutifs au manque de développement des pays concernés. Le réchauffement climatique frappe des zones où le développement s’est déclenché dans les vingt dernières années, comme le Delta de l’Asie : ces évènements solidarisent des gens qui pensaient échapper à leur responsabilité - comme la Chine, l’Inde, ou la Malaisie-. Contrairement à ce qu’ils affirmaient à Rio, ces pays n’auront pas le droit à 150 ans d’insouciance, ou alors ils seront eux-mêmes victimes de leur inaction.

Un autre facteur de drame humain est lié au décollage des nouveaux émergents qui provoquent des crises écologiques sur leur propre territoire et sur la planète. Brutalement, ces pays se sont industrialisés et, en quinze ans, l’équivalent d’une Europe en termes de consommations et d’émissions est apparu.

L’autre problème s’abattant sur les pays du Sud est lié à la façon même dont le Nord prétend lutter chez lui contre l’effet de serre : le développement des agrocarburants aggrave encore la situation des pays du sud. Réchauffement climatique, turbulence de l’atmosphère, industrialisation et changement des modes de consommation et d’alimentation, consommation excessive d’espace pour l’élevage et la culture des agrocarburants provoque le retour d’un phénomène massif que l’on croyait en voie d’éradication : la faim dans le monde. « La faim dans le monde fait son grand retour, la fraction de l’humanité en situation de disette a aujourd’hui atteint plus d’un milliard, soit 1/6 de l’humanité, du jamais vu. »

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Conférence plénière : S’adapter aux changements climatiques.

Le changement climatique pose un défi humain : celui de l’adaptation des plus vulnérables. Les pays et les populations les plus pauvres seront, une fois encore, les principales victimes. L’adaptation est un volet majeur des négociations climat. Intimement liée à la question des transferts financiers mais également de technologies, l’adaptation renvoie directement à la notion de solidarité. Animateur : Jean-Louis Caffier, Journaliste, LCI

I L’adaptation au sens large ou l’importance de la définitionPour poser les enjeux de l’adaptation, Sandrine Mathy, Présidente du Réseau Action Climat France, va s’intéresser à la définition et au contenu de concept de l’adaptation. Pendant longtemps, on a cru qu’on pourrait réduire de manière suffisante les effets du changement climatique sans avoir besoin de s’y adapter. Mais même si nous arrivons à ne pas augmenter de plus de 2°C, ce qui est hautement improbable, il faudra s’adapter, au Sud et au Nord.

L’adaptation a besoin de financements. Or, aujourd’hui, on est loin des prémisses d’une solution sur les mécanismes qui pourraient être mis en œuvre.

Suivant les définitions que l’on retient de l’adaptation, les besoins de financements varient. La définition stricte de l’adaptation reviendrait à financer les mesures qui seront strictement des réponses aux changements. Cette définition rencontre un paradoxe. Très peu de projets sont éligibles aux financements dédiés à l’adaptation, et souvent repoussés dans le temps car les impacts interviennent souvent sur le long terme. Sur le court terme, les projets prenant en compte les impacts actuels du changement climatique ne sont pas éligibles.

C’est pourquoi l’adaptation doit être comprise dans un sens large, qui se donne pour objectif de préparer les économies et les sociétés aux changements climatiques. Cette définition large entraîne évidemment des besoins financiers très importants, de l’ordre de 100 milliards par an et, surtout, estime que la stratégie d’adaptation la plus efficace est celle du développement.

II Le creusement de la fracture Nord/Sud« L’adaptation ? Cela ne veut pas dire grand chose pour moi.»

Pour Michel Brugière, Directeur Général, Médecins du monde, seuls les taux de mortalité et de malnutrition sont des indicateurs majeurs, qui permettront de mesurer la vulnérabilité des pays et l’impact des changements climatiques. Le constat actuel certain est celui de l’extension des zones géographiques de maladie.

De nombreux projets de prévention -adaptation ?- sont mis en œuvre par Médecins du Monde : mise en place de programmes d’alerte, construction d’abris, stocks d’eau potable et de nourriture.

« Comment mesurer le « un peu plus pauvre, un peu plus victime » dans des pays déjà extrêmement pauvres ? »

La faiblesse des aides et les financements laissent présager le pire, et nous nous dirigeons assurément vers une fracture encore plus grande entre les pays développés, les pays émergents et les autres. Il y a une prise de conscience, certes, mais les populations n’ont pas les outils qui leur permettraient de s’organiser au mieux.

III Les promesses de financement

« L’adaptation passera par des actions efficaces »

Luc Lamprière, Directeur Général, Oxfam France Agir Ici, souligne le lien qui existe entre les questions de commerce et les questions de développement, lien qui se resserre avec les changements climatiques.S’adapter à un environnement qui change est d’autant plus difficile que l’on est pauvre. Or, les promesses de financements ne sont pas tenues et souvent seul un aspect du projet est traité. Il existe un écart énorme entre les promesses, les budgets prévisionnels et les besoins : 110 milliards d’euros par an alors l’UE prévoit entre 2 et 15 milliards alors que le montant devrait être de l’ordre de 35 milliards.Les nouveaux besoins n’effaçant pas les anciens, prévus par les objectifs du millénaire (OMD), les financements destinés à l’adaptation devront être additionnels, et aussi différents de ceux destinés à l’atténuation. Puisque que la dette écologique est due à notre mode de développement, l’argent servant pour l’adaptation n’est pas de l’« aide ».

IV Les impacts sur l’agriculture

Soloba Mady Keita, producteur de coton et de maïs Malien et secrétaire à l’information et à la communication de l’association des organisations professionnelles paysannes (AOPP).Le Mali ressent-il les effets du changement climatique ? Comment s’adapte-t-il ? Les impacts du changement climatique se font déjà sentir : le dérèglement de la pluviométrie entraîne un décalage dans les périodes de semis, les cultures n’ont plus le temps

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Session 2 : Climat et drame humain.

Discours de session

« Sud et Nord sociologique, le changement climatique redessine le clivage historique. »

Alain Lipietz, économiste et homme politique, Europe Ecologie, ouvre cette session sur Climat et drame humain.

L’écologie politique commence quand on prend en considération les effets des impacts environnementaux sur l’humanité. Les conséquences du changement climatique sur les populations sont prodigieusement différenciées selon les pays, selon le Nord et le Sud. On se retrouve face au clivage fondamental.

Le Sud sociologique, c’est-à-dire les pays émergents et les PMA , sont à la fois les moins responsables et les principales victimes potentielles de la dérive climatique, car ce sont des pays dans lesquels n’a pas encore eu lieu la révolution industrielle, où l’agriculture est dominante. Les populations, particulièrement dépendantes de leurs récoltes, sont donc elles-mêmes particulièrement tributaires du climat. En outre, les pays les plus vulnérables se trouvent dans la zone intertropicale, là où les impacts du changement climatique se feront le plus cruellement sentir notamment à cause de l’alternance de sécheresses et d’inondations. Le Nord, également touché – canicules, inondations, ouragans- est, face à la crainte des assureurs, poussé à l’action.

L’effet de serre aggrave un drame écologique latent : les réfugiés climatiques. Très souvent, les changements climatiques deviennent invivables parce qu’ils se combinent avec d’autres facteurs, souvent consécutifs au manque de développement des pays concernés. Le réchauffement climatique frappe des zones où le développement s’est déclenché dans les vingt dernières années, comme le Delta de l’Asie : ces évènements solidarisent des gens qui pensaient échapper à leur responsabilité - comme la Chine, l’Inde, ou la Malaisie-. Contrairement à ce qu’ils affirmaient à Rio, ces pays n’auront pas le droit à 150 ans d’insouciance, ou alors ils seront eux-mêmes victimes de leur inaction.

Un autre facteur de drame humain est lié au décollage des nouveaux émergents qui provoquent des crises écologiques sur leur propre territoire et sur la planète. Brutalement, ces pays se sont industrialisés et, en quinze ans, l’équivalent d’une Europe en termes de consommations et d’émissions est apparu.

L’autre problème s’abattant sur les pays du Sud est lié à la façon même dont le Nord prétend lutter chez lui contre l’effet de serre : le développement des agrocarburants aggrave encore la situation des pays du sud. Réchauffement climatique, turbulence de l’atmosphère, industrialisation et changement des modes de consommation et d’alimentation, consommation excessive d’espace pour l’élevage et la culture des agrocarburants provoque le retour d’un phénomène massif que l’on croyait en voie d’éradication : la faim dans le monde. « La faim dans le monde fait son grand retour, la fraction de l’humanité en situation de disette a aujourd’hui atteint plus d’un milliard, soit 1/6 de l’humanité, du jamais vu. »

Conférence plénière : S’adapter aux changements climatiques.

Le changement climatique pose un défi humain : celui de l’adaptation des plus vulnérables. Les pays et les populations les plus pauvres seront, une fois encore, les principales victimes. L’adaptation est un volet majeur des négociations climat. Intimement liée à la question des transferts financiers mais également de technologies, l’adaptation renvoie directement à la notion de solidarité. Animateur : Jean-Louis Caffier, Journaliste, LCI

I L’adaptation au sens large ou l’importance de la définitionPour poser les enjeux de l’adaptation, Sandrine Mathy, Présidente du Réseau Action Climat France, va s’intéresser à la définition et au contenu de concept de l’adaptation. Pendant longtemps, on a cru qu’on pourrait réduire de manière suffisante les effets du changement climatique sans avoir besoin de s’y adapter. Mais même si nous arrivons à ne pas augmenter de plus de 2°C, ce qui est hautement improbable, il faudra s’adapter, au Sud et au Nord.

L’adaptation a besoin de financements. Or, aujourd’hui, on est loin des prémisses d’une solution sur les mécanismes qui pourraient être mis en œuvre.

Suivant les définitions que l’on retient de l’adaptation, les besoins de financements varient. La définition stricte de l’adaptation reviendrait à financer les mesures qui seront strictement des réponses aux changements. Cette définition rencontre un paradoxe. Très peu de projets sont éligibles aux financements dédiés à l’adaptation, et souvent repoussés dans le temps car les impacts interviennent souvent sur le long terme. Sur le court terme, les projets prenant en compte les impacts actuels du changement climatique ne sont pas éligibles.

C’est pourquoi l’adaptation doit être comprise dans un sens large, qui se donne pour objectif de préparer les économies et les sociétés aux changements climatiques. Cette définition large entraîne évidemment des besoins financiers très importants, de l’ordre de 100 milliards par an et, surtout, estime que la stratégie d’adaptation la plus efficace est celle du développement.

II Le creusement de la fracture Nord/Sud« L’adaptation ? Cela ne veut pas dire grand chose pour moi.»

Pour Michel Brugière, Directeur Général, Médecins du monde, seuls les taux de mortalité et de malnutrition sont des indicateurs majeurs, qui permettront de mesurer la vulnérabilité des pays et l’impact des changements climatiques. Le constat actuel certain est celui de l’extension des zones géographiques de maladie.

De nombreux projets de prévention -adaptation ?- sont mis en œuvre par Médecins du Monde : mise en place de programmes d’alerte, construction d’abris, stocks d’eau potable et de nourriture.

« Comment mesurer le « un peu plus pauvre, un peu plus victime » dans des pays déjà extrêmement pauvres ? »

La faiblesse des aides et les financements laissent présager le pire, et nous nous dirigeons assurément vers une fracture encore plus grande entre les pays développés, les pays émergents et les autres. Il y a une prise de conscience, certes, mais les populations n’ont pas les outils qui leur permettraient de s’organiser au mieux.

III Les promesses de financement

« L’adaptation passera par des actions efficaces »

Luc Lamprière, Directeur Général, Oxfam France Agir Ici, souligne le lien qui existe entre les questions de commerce et les questions de développement, lien qui se resserre avec les changements climatiques.S’adapter à un environnement qui change est d’autant plus difficile que l’on est pauvre. Or, les promesses de financements ne sont pas tenues et souvent seul un aspect du projet est traité. Il existe un écart énorme entre les promesses, les budgets prévisionnels et les besoins : 110 milliards d’euros par an alors l’UE prévoit entre 2 et 15 milliards alors que le montant devrait être de l’ordre de 35 milliards.Les nouveaux besoins n’effaçant pas les anciens, prévus par les objectifs du millénaire (OMD), les financements destinés à l’adaptation devront être additionnels, et aussi différents de ceux destinés à l’atténuation. Puisque que la dette écologique est due à notre mode de développement, l’argent servant pour l’adaptation n’est pas de l’« aide ».

IV Les impacts sur l’agriculture

Soloba Mady Keita, producteur de coton et de maïs Malien et secrétaire à l’information et à la communication de l’association des organisations professionnelles paysannes (AOPP).Le Mali ressent-il les effets du changement climatique ? Comment s’adapte-t-il ? Les impacts du changement climatique se font déjà sentir : le dérèglement de la pluviométrie entraîne un décalage dans les périodes de semis, les cultures n’ont plus le temps

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d’arriver à maturité, et donc les rendements baissent. Nous développons avec Oxfam un certain nombre de projets d’adaptation : des programmes de production de semences adaptées à la nouvelle donne climatique, afin d’assurer la sécurité alimentaire du pays ; des programmes de coopérative des zones de production de coton, culture donnant accès aux intrants.Au-delà de l’impact direct du changement climatique sur nos terres, une autre menace nous guette : certains pays achètent de grandes superficies de terre, parmi les plus fertiles, dans le Delta du Niger. Ces pays, notamment la Chine et la Libye, pourront ainsi parer le risque de baisse des rendements de leur agriculture. De nombreux paysans se voient alors privés de leur terre, et ainsi bien souvent de leur unique moyen de subsistance.

V Le point de départ : l’actionL’adaptation est pour Denis Loyer, adjoint au directeur des opérations de l’Agence Française de Développement, le parent pauvre de la négociation. C’est un facteur d’inquiétude, car il est totalement lié aux questions de financements et d’actions précoces. Or, jusqu’à maintenant, rien n’a été fait. La définition de l’adaptation variant selon les pays, il faut veiller à ne pas recycler sous ce terme des choses que l’on fait déjà sous un autre nom. L’aide publique au développement baisse, donc c’est une bonne nouvelle que la négociation aborde ces sujets, et remette sur la table la nécessité d’avoir des flux d’investissements vers ces pays. Les PANAs étaient un bon début. Il faut maintenant mettre en œuvre les actions et les stratégies permettant leur mise en place. La prise en compte de l’adaptation dans toutes les mesures mises en oeuvre représentera un travail énorme, mais nécessaire. Une bonne partie de l’atténuation peut être financée par des investissements privés, notamment en matière d’efficacité énergétique, laissant ainsi les financements publics pour les projets d’adaptation moins rentables.Aujourd’hui, les fonds sont inutiles car les systèmes d’administration sont trop compliqués. Il faut revoir complètement les modalités de financements, diversifier les acteurs, travailler en collaboration avec les ONG.

« La réussite dépendra aussi de l’envie d’être efficace, pas uniquement des postures idéologiques. »

Il faut que le peu d’argent disponible soit utilisé efficacement, vers des actions donnant des résultats, afin d’attirer ensuite plus de financements, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, où les projets montés ne sont pas efficaces et donc pas attractifs.

Atelier 1 : La lutte contre la déforestation.

I Historique, enjeux et perspectives du mécanisme REDD

« REDD est le sujet moteur dans la négociation. »

Corentin Mercier, Chargé de mission forêt, MEEDDEM, redonne l’historique des négociations sur le mécanisme REDD (Réductions des Emissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) et en explique les principaux enjeux.La déforestation représente 20% des émissions de GES mondiales, ce qui en fait l’une des plus importantes sources d’émissions de carbone. Le mécanisme REDD + a l’avantage, outre son état avancé de négociation, d’introduire la question de la participation des pays en développement à la réduction des émissions de GES. En effet, ce mécanisme a pour objectif de réduire la déforestation dans les pays en développement par le biais d’incitations financières provenant des pays développés. Ces incitations doivent concerner l’ensemble des pays forestiers afin de modifier les politiques publiques menant à la déforestation, via notamment la gestion durable. Une mise en œuvre par phases sera indispensable, tous les pays n’étant pas préparés de la même façon au mécanisme REDD+. Les récents engagements du Brésil et de l’Indonésie à réduire respectivement de -80% et de 26 à -41 % la déforestation d’ici 2020 constituent un signal très positif pour la suite des négociations.En ce qui concerne les forêts des pays industrialisés, un système – le LULUCF- a été défini dans le Protocole de Kyoto, comptabilisant les émissions liées à la déforestation. Le problème de la gestion des forêts, dont la comptabilisation n’est pas obligatoire, est plus complexe car il permet de masquer beaucoup d’émissions, notamment celles liées au bois utilisé pour faire de l’énergie. On essaye dans la négociation actuelle d’avancer sur ces lacunes, mais des pays - notamment du Nord de l’Europe qui tirent profit du système -, s’y opposent.

« Un arbre debout vaut plus qu’un arbre couché. »

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Le coût d’opportunité de la déforestation évitée est assez faible, l’incitation économique est donc très forte (4 euros la tonne) c’est d’ailleurs ce qui pose problème sur le marché, avec un risque de déstabilisation très fort.

II Vers une certification des forêts

« La certification de Rainforest alliance est un outil efficace pour lutter contre la déforestation et le changement climatique »

Pour Gianluca Gondolini, Responsable du programme forêt durable, Rainforest Alliance, il est évident que l’on ne pourra juguler les émissions de GES si l’on ne parvient pas à enrayer la déforestation. Le mandat de la Rainforest Alliance, ONG internationale, vise la protection de l’environnement, de la biodiversité et la recherche de moyens d’existences durables pour les populations. Dans cet objectif, différents programmes ont été mis en œuvre. Le programme d’aménagement forestier durable accrédité FSC , concerne 54 millions d’hectares de forêts et vise à inscrire la lutte contre le changement climatique au cœur des mécanismes de marché. Le programme d’agriculture durable avec des standards développés par le Sustainable Agriculture Network concerne de nombreuses cultures (café, bananes, cacao, thé, fruits tropicaux, et dans le futur, le bétail, le soja, l’huile de Palme, le sucre et les biocarburants) et prévoit une nouvelle initiative en matière de changements climatiques. Depuis 2002, le programme de «Tourisme durable » vise à soutenir les programmes locaux de certification.Différentes études de cas, au Guatemala (Maya Biosphere Reserve) ou à Madagascar, ont montré les impacts positifs de la certification de bonne gestion forestière, à la fois dans la lutte contre le changement climatique (baisse des taux annuels de déforestation, diminution des incendies) ainsi que sur la protection des écosystèmes (protection des couloirs biologiques et des espèces menacées). Ces études montrent aussi les bénéfices pour les communautés locales (mise en place des objectifs de développement, soutien aux associations locales, formation pour les communautés sur la gestion durable des ressources naturelles et en pratiques agricoles…). La Rainforest Alliance cherche à valoriser les crédits de carbone comme ressources pour la conservation à travers diverses actions : assistance pour l’accès aux marchés des crédits de carbone, vérification des crédits de carbone produits par les projets et promotion des relations commerciales entre les communautés et les entreprises.

III Débat

Peut-on connaître les économies d’émissions suivant les différents massifs ?Corentin Mercier explique que la combinaison de plusieurs outils (Suivi par satellite comme au Brésil ou en Guyane, suivi des surfaces et des inventaires sur le terrain), permettent de connaître la tonne de carbone à l’hectare évitée suivant les différents massifs.Il faut mener tous les pays vers de tels mécanismes de suivi, indispensables à la réussite d’un mécanisme REDD+.

Quelles seront les sources de financements et comment seront-ils gérés ? Corentin Mercier rappelle qu’il faudra des dizaines de milliards d’euros par an pour mettre en place ces mesures et actions très diverses. Les niveaux d’avancement entre les pays étant très différents, il faudra se diriger vers une approche mixte de financement public/privé. Il existe un consensus européen sur le fait qu’il faut commencer par les financements publics, et à terme se diriger dans une transition vers le marché, avec la prudence nécessaire, pour pouvoir répondre aux énormes besoins de soutien. La redistribution, dans la phase de financement public, nécessitera beaucoup de transparence, notamment parce qu’une partie des financements ira aux Etats, pour des actions structurelles. Comment fonctionnent les marchés du crédit carbone concernant REDD ? Corentin Mercier explique qu’il existe des marchés volontaires, qui fonctionnent sur la demande de certaines entreprises mais ne correspondent pas à une obligation légale. Les crédits de la « phase 2 » sont achetés par les Etats. Sur le long terme, ils seront utilisés par les entreprises européennes pour remplir leurs engagements mais avec des garde-fous.Comment est géré le problème de la déforestation illégale ?Corentin Mercier souligne que ce problème est difficile, notamment du fait de l’absence de données, particulièrement en Afrique. Néanmoins, le règlement européen REFLECT tente de régulariser la situation en obligeant à la mise en place de législation nationale concernant la vente de produits forestiers, afin de verdir la commande publique en bois.

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d’arriver à maturité, et donc les rendements baissent. Nous développons avec Oxfam un certain nombre de projets d’adaptation : des programmes de production de semences adaptées à la nouvelle donne climatique, afin d’assurer la sécurité alimentaire du pays ; des programmes de coopérative des zones de production de coton, culture donnant accès aux intrants.Au-delà de l’impact direct du changement climatique sur nos terres, une autre menace nous guette : certains pays achètent de grandes superficies de terre, parmi les plus fertiles, dans le Delta du Niger. Ces pays, notamment la Chine et la Libye, pourront ainsi parer le risque de baisse des rendements de leur agriculture. De nombreux paysans se voient alors privés de leur terre, et ainsi bien souvent de leur unique moyen de subsistance.

V Le point de départ : l’actionL’adaptation est pour Denis Loyer, adjoint au directeur des opérations de l’Agence Française de Développement, le parent pauvre de la négociation. C’est un facteur d’inquiétude, car il est totalement lié aux questions de financements et d’actions précoces. Or, jusqu’à maintenant, rien n’a été fait. La définition de l’adaptation variant selon les pays, il faut veiller à ne pas recycler sous ce terme des choses que l’on fait déjà sous un autre nom. L’aide publique au développement baisse, donc c’est une bonne nouvelle que la négociation aborde ces sujets, et remette sur la table la nécessité d’avoir des flux d’investissements vers ces pays. Les PANAs étaient un bon début. Il faut maintenant mettre en œuvre les actions et les stratégies permettant leur mise en place. La prise en compte de l’adaptation dans toutes les mesures mises en oeuvre représentera un travail énorme, mais nécessaire. Une bonne partie de l’atténuation peut être financée par des investissements privés, notamment en matière d’efficacité énergétique, laissant ainsi les financements publics pour les projets d’adaptation moins rentables.Aujourd’hui, les fonds sont inutiles car les systèmes d’administration sont trop compliqués. Il faut revoir complètement les modalités de financements, diversifier les acteurs, travailler en collaboration avec les ONG.

« La réussite dépendra aussi de l’envie d’être efficace, pas uniquement des postures idéologiques. »

Il faut que le peu d’argent disponible soit utilisé efficacement, vers des actions donnant des résultats, afin d’attirer ensuite plus de financements, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, où les projets montés ne sont pas efficaces et donc pas attractifs.

Atelier 1 : La lutte contre la déforestation.

I Historique, enjeux et perspectives du mécanisme REDD

« REDD est le sujet moteur dans la négociation. »

Corentin Mercier, Chargé de mission forêt, MEEDDEM, redonne l’historique des négociations sur le mécanisme REDD (Réductions des Emissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts) et en explique les principaux enjeux.La déforestation représente 20% des émissions de GES mondiales, ce qui en fait l’une des plus importantes sources d’émissions de carbone. Le mécanisme REDD + a l’avantage, outre son état avancé de négociation, d’introduire la question de la participation des pays en développement à la réduction des émissions de GES. En effet, ce mécanisme a pour objectif de réduire la déforestation dans les pays en développement par le biais d’incitations financières provenant des pays développés. Ces incitations doivent concerner l’ensemble des pays forestiers afin de modifier les politiques publiques menant à la déforestation, via notamment la gestion durable. Une mise en œuvre par phases sera indispensable, tous les pays n’étant pas préparés de la même façon au mécanisme REDD+. Les récents engagements du Brésil et de l’Indonésie à réduire respectivement de -80% et de 26 à -41 % la déforestation d’ici 2020 constituent un signal très positif pour la suite des négociations.En ce qui concerne les forêts des pays industrialisés, un système – le LULUCF- a été défini dans le Protocole de Kyoto, comptabilisant les émissions liées à la déforestation. Le problème de la gestion des forêts, dont la comptabilisation n’est pas obligatoire, est plus complexe car il permet de masquer beaucoup d’émissions, notamment celles liées au bois utilisé pour faire de l’énergie. On essaye dans la négociation actuelle d’avancer sur ces lacunes, mais des pays - notamment du Nord de l’Europe qui tirent profit du système -, s’y opposent.

« Un arbre debout vaut plus qu’un arbre couché. »

Le coût d’opportunité de la déforestation évitée est assez faible, l’incitation économique est donc très forte (4 euros la tonne) c’est d’ailleurs ce qui pose problème sur le marché, avec un risque de déstabilisation très fort.

II Vers une certification des forêts

« La certification de Rainforest alliance est un outil efficace pour lutter contre la déforestation et le changement climatique »

Pour Gianluca Gondolini, Responsable du programme forêt durable, Rainforest Alliance, il est évident que l’on ne pourra juguler les émissions de GES si l’on ne parvient pas à enrayer la déforestation. Le mandat de la Rainforest Alliance, ONG internationale, vise la protection de l’environnement, de la biodiversité et la recherche de moyens d’existences durables pour les populations. Dans cet objectif, différents programmes ont été mis en œuvre. Le programme d’aménagement forestier durable accrédité FSC , concerne 54 millions d’hectares de forêts et vise à inscrire la lutte contre le changement climatique au cœur des mécanismes de marché. Le programme d’agriculture durable avec des standards développés par le Sustainable Agriculture Network concerne de nombreuses cultures (café, bananes, cacao, thé, fruits tropicaux, et dans le futur, le bétail, le soja, l’huile de Palme, le sucre et les biocarburants) et prévoit une nouvelle initiative en matière de changements climatiques. Depuis 2002, le programme de «Tourisme durable » vise à soutenir les programmes locaux de certification.Différentes études de cas, au Guatemala (Maya Biosphere Reserve) ou à Madagascar, ont montré les impacts positifs de la certification de bonne gestion forestière, à la fois dans la lutte contre le changement climatique (baisse des taux annuels de déforestation, diminution des incendies) ainsi que sur la protection des écosystèmes (protection des couloirs biologiques et des espèces menacées). Ces études montrent aussi les bénéfices pour les communautés locales (mise en place des objectifs de développement, soutien aux associations locales, formation pour les communautés sur la gestion durable des ressources naturelles et en pratiques agricoles…). La Rainforest Alliance cherche à valoriser les crédits de carbone comme ressources pour la conservation à travers diverses actions : assistance pour l’accès aux marchés des crédits de carbone, vérification des crédits de carbone produits par les projets et promotion des relations commerciales entre les communautés et les entreprises.

III Débat

Peut-on connaître les économies d’émissions suivant les différents massifs ?Corentin Mercier explique que la combinaison de plusieurs outils (Suivi par satellite comme au Brésil ou en Guyane, suivi des surfaces et des inventaires sur le terrain), permettent de connaître la tonne de carbone à l’hectare évitée suivant les différents massifs.Il faut mener tous les pays vers de tels mécanismes de suivi, indispensables à la réussite d’un mécanisme REDD+.

Quelles seront les sources de financements et comment seront-ils gérés ? Corentin Mercier rappelle qu’il faudra des dizaines de milliards d’euros par an pour mettre en place ces mesures et actions très diverses. Les niveaux d’avancement entre les pays étant très différents, il faudra se diriger vers une approche mixte de financement public/privé. Il existe un consensus européen sur le fait qu’il faut commencer par les financements publics, et à terme se diriger dans une transition vers le marché, avec la prudence nécessaire, pour pouvoir répondre aux énormes besoins de soutien. La redistribution, dans la phase de financement public, nécessitera beaucoup de transparence, notamment parce qu’une partie des financements ira aux Etats, pour des actions structurelles. Comment fonctionnent les marchés du crédit carbone concernant REDD ? Corentin Mercier explique qu’il existe des marchés volontaires, qui fonctionnent sur la demande de certaines entreprises mais ne correspondent pas à une obligation légale. Les crédits de la « phase 2 » sont achetés par les Etats. Sur le long terme, ils seront utilisés par les entreprises européennes pour remplir leurs engagements mais avec des garde-fous.Comment est géré le problème de la déforestation illégale ?Corentin Mercier souligne que ce problème est difficile, notamment du fait de l’absence de données, particulièrement en Afrique. Néanmoins, le règlement européen REFLECT tente de régulariser la situation en obligeant à la mise en place de législation nationale concernant la vente de produits forestiers, afin de verdir la commande publique en bois.

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Atelier 2 : Les stratégies d’atténuation des effets du

changement climatique pour les plus vulnérables.

La lutte contre le changement climatique devra combiner à la fois des stratégies d’atténuation et des stratégies d’adaptation. Contrairement aux pays développés, les pays en développement n’ont aucune obligation de réduction au titre du Protocole de Kyoto. Le concept de NAMAs a fait émerger l’idée de mise en place de stratégies faible en carbone également pour ces pays. Ce schéma est-il uniquement valable pour les pays émergents, ou peut-il être appliqué également aux pays les plus vulnérables ? L’enjeu pour les pays vulnérables serait alors de savoir comment développer des stratégies d’atténuation parallèlement aux stratégies d’adaptation, et de trouver les financements nécessaires.

Animateur : Benoît Martimort-Asso, Directeur du développement et de la communication, Iddri

Morgane Créach, Chargée de mission Internationale, Réseau Action Climat France, s’insurge contre deux idées reçues. La première est celle qui laisse penser que les pays en développement seraient autant responsables du changement climatique que les pays industrialisés, qui alors qu’ils ne représentent que 25% de la population mondiale ont émis 80% des GES. Si le niveau national d’émissions entre pays émergents et pays développés est aujourd’hui comparable, le résultat est bien différent dès lors que l’on s’intéresse aux taux d’émission par habitant. Les capacités d’action des pays en développement et des pays développés sont également bien différentes : ces derniers se doivent donc de soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation dans les pays pauvres. La seconde idée reçue contre laquelle il faut lutter est celle qui prétend que les pays en développement ne font rien dans la lutte contre le changement climatique. Ils ont clairement affirmé leur volonté de développer des stratégies d’atténuation lors de la conférence de Bali en 2007. Et si les projets et concrets n’ont pas vu le jour, c’est principalement du fait du non-engagement des pays développés dans le transfert de technologies et de compétences et du manque de soutien financier.

Philippe Crahay, Chargé de mission changement climatique, Action contre la Faim, analyse les problématiques d’adaptation dans les pays les moins avancés. Il faut tout d’abord définir de quelle adaptation il s’agit : adaptation anticipée ou réactive ? Adaptation autonome ou planifiée ? Le World Resource Institute a répertorié un certain nombre de projets d’adaptation, classés en fonction de différents facteurs : vulnérabilité du pays ou de la zone, ressources disponibles et capacité de réponse, management des risques climatiques ou encore degré de confrontation aux changements climatiques. Plusieurs niveaux se superposent concernant la gestion des risques et des catastrophes : le niveau global, le niveau national (mise en place de PANA) visant la planification et l’identification de mesures d’adaptation prioritaires et enfin, le niveau local. Ce niveau est primordial car il permettra de préparer au mieux les communautés aux risques qui les attendent. Il faut décloisonner ces différents échelons, afin de mettre en place des politiques d’adaptation transversales et verticales.

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Conférence plénière : Les critères de succès de Copenhague

Il reste de nombreux problèmes à un mois et demi de Copenhague : incertitude sur la position et les engagements américains, division interne de l’Union Européenne sur de nombreux sujets, manque criant de financements…Dès lors quel serait l’accord idéal ? Faut-il risquer un accord à minima plutôt que pas d’accord du tout ? Animateur : Jean-Christophe Boulanger, Directeur, EurActiv

I L’Etat des lieux des négociationsEmmanuel Guerin, Chargé de mission climat et négociations à l’Iddri, fait un état des négociations après la session de Bangkok. Le fait politique marquant est la dramatisation sur l’avenir du Protocole de Kyoto, avenir qui apparaît de plus en plus incertain, avec d’une part la certitude que les Etats-Unis ne ratifieront pas ce Protocole et d’autre part l’annonce par l’Union Européenne de sa volonté de parvenir à un instrument juridique unique, c’est-à-dire à une fusion entre le Protocole et la Convention. Les pays en développement sont évidemment contre cette option, et souhaitent conserver les deux voies de négociations parallèles.À l’heure actuelle, le total des promesses des pays développés est de 11 à 24% de réduction d’ici 2020 par rapport à 1990, ce qui est donc en dessous des chiffres du GIEC.Le volet MRV concentre l’essentiel de la discussion, notamment car il renvoie à des questions de transparence et de souveraineté. C’est la question politique fondamentale.Comment inscrire l’effort interne que sont prêts à faire les pays du Sud et surtout les pays émergents dans le cadre d’un accord international ? Pour que les pays émergents s’engage de manière sérieuse et ambitieuse, il faut accepter de raisonner non pas en termes d’objectifs de réduction des émissions mais d’actions, d’efficacité énergétique ou de lutte contre la déforestation.Quel accord peut-on viser ? Toutes les options sont sur la table, c’est ce qui rend ces négociations difficiles, et différentes de Kyoto. On est toujours dans l’incertitude concernant la nature juridique de l’accord visé. Aucun Etat ne souhaite porter la responsabilité d’un échec à Copenhague, pour des raisons différentes. Il y a de très fortes incitations à trouver un accord, le problème est alors que cet accord peut avoir un niveau faible.

II La position de l’UE

Valerie-Anne Bernard, Chargée de mission climat Internationale, MEEDDEM, analyse les points chauds de la discussion climat au sein de l’UE sur les montants internationaux nécessaires au financement de la lutte contre le changement climatique et sur part que l’UE

.tniop ec rus elicfifid ares susnesnoc eL .retroppa arvedEn effet, le groupe des nouveaux Etats membres mené par la Pologne souhaite que l’UE se mette en accord en interne sur une répartition du soutien financier alors que l’Allemagne est fortement hostile à détailler un mécanisme de répartition interne. S’il y a consensus sur le fait d’annoncer un objectif de -20% de réductions des émissions de l’UE d’ici 2020 et d’aller jusqu’à 30%, en cas d’accord international suffisamment ambitieux et d’efforts comparables, la question des conditions de passage à cet objectif suscite des débats. Certains pays, comme la Grande-Bretagne et la Suisse se positionnent en faveur d’un passage automatique alors que d’autre, à l’image de la France, souhaitent rester évasifs pour conserver un moyen de pression sur les pays en développement. La question d’une refonte des règles LULUCF divisent également l’UE entre ceux qui tirent avantage du système actuel et ceux qui veulent un nouveau régime avec des règles plus incitatives et transparentes. Enfin, autre débat difficile s’annonce, qu’il faudra régler avant Copenhague, celui du surplus des unités attribuées (« hot air », air chaud). A nouveau, deux groupes de pays : ceux souhaitant conserver le report des surplus, prévu dans le Protocole de Kyoto, d’une période d’engagement à l’autre et ceux souhaitant annuler ce mécanisme.

III La position des ONG« Les perspectives ne sont pas si sombres »Kathrin Gutmann, Directrice Global Climate Initiative, WWF-International, considère que ces négociations sont plus économiques qu’environnementales, et que l’enjeu- très élevé- a conduit à une polarisation des débats, et par conséquent à un grand risque de déception.Les questions politiques clés sont claires. Le véritable enjeu sera la volonté politique d’agir ensemble. Si les négociations n’aboutissent pas sur un accord, on demandera aux pays d’agir au niveau national pour passer ensuite au niveau international, ce qui serait une façon de se soustraire à leur obligation. Le traité final devra être précis, ambitieux, clair quant aux objectifs de réduction et en adéquation avec les données scientifiques. Des mécanismes permettant une comparaison des progrès réalisés et un système d’évaluation contraignant devront être mis en place.On demande l’impossible ? Mais il faut se mettre à la place de ceux dont la survie dépend de ce traité. C’est le seul véritable critère à l’aune duquel on pourra mesurer le succès final de Copenhague.

Session 3 : La négociation

Morgane Créach, Chargée de mission Internationale, Réseau Action Climat France, s’insurge contre deux idées reçues. La première est celle qui laisse penser que les pays en développement seraient autant responsables du changement climatique que les pays industrialisés, qui alors qu’ils ne représentent que 25% de la population mondiale ont émis 80% des GES. Si le niveau national d’émissions entre pays émergents et pays développés est aujourd’hui comparable, le résultat est bien différent dès lors que l’on s’intéresse aux taux d’émission par habitant. Les capacités d’action des pays en développement et des pays développés sont également bien différentes : ces derniers se doivent donc de soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation dans les pays pauvres. La seconde idée reçue contre laquelle il faut lutter est celle qui prétend que les pays en développement ne font rien dans la lutte contre le changement climatique. Ils ont clairement affirmé leur volonté de développer des stratégies d’atténuation lors de la conférence de Bali en 2007. Et si les projets et concrets n’ont pas vu le jour, c’est principalement du fait du non-engagement des pays développés dans le transfert de technologies et de compétences et du manque de soutien financier.

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Atelier 2 : Les stratégies d’atténuation des effets du

changement climatique pour les plus vulnérables.

La lutte contre le changement climatique devra combiner à la fois des stratégies d’atténuation et des stratégies d’adaptation. Contrairement aux pays développés, les pays en développement n’ont aucune obligation de réduction au titre du Protocole de Kyoto. Le concept de NAMAs a fait émerger l’idée de mise en place de stratégies faible en carbone également pour ces pays. Ce schéma est-il uniquement valable pour les pays émergents, ou peut-il être appliqué également aux pays les plus vulnérables ? L’enjeu pour les pays vulnérables serait alors de savoir comment développer des stratégies d’atténuation parallèlement aux stratégies d’adaptation, et de trouver les financements nécessaires.

Animateur : Benoît Martimort-Asso, Directeur du développement et de la communication, Iddri

Morgane Créach, Chargée de mission Internationale, Réseau Action Climat France, s’insurge contre deux idées reçues. La première est celle qui laisse penser que les pays en développement seraient autant responsables du changement climatique que les pays industrialisés, qui alors qu’ils ne représentent que 25% de la population mondiale ont émis 80% des GES. Si le niveau national d’émissions entre pays émergents et pays développés est aujourd’hui comparable, le résultat est bien différent dès lors que l’on s’intéresse aux taux d’émission par habitant. Les capacités d’action des pays en développement et des pays développés sont également bien différentes : ces derniers se doivent donc de soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation dans les pays pauvres. La seconde idée reçue contre laquelle il faut lutter est celle qui prétend que les pays en développement ne font rien dans la lutte contre le changement climatique. Ils ont clairement affirmé leur volonté de développer des stratégies d’atténuation lors de la conférence de Bali en 2007. Et si les projets et concrets n’ont pas vu le jour, c’est principalement du fait du non-engagement des pays développés dans le transfert de technologies et de compétences et du manque de soutien financier.

Philippe Crahay, Chargé de mission changement climatique, Action contre la Faim, analyse les problématiques d’adaptation dans les pays les moins avancés. Il faut tout d’abord définir de quelle adaptation il s’agit : adaptation anticipée ou réactive ? Adaptation autonome ou planifiée ? Le World Resource Institute a répertorié un certain nombre de projets d’adaptation, classés en fonction de différents facteurs : vulnérabilité du pays ou de la zone, ressources disponibles et capacité de réponse, management des risques climatiques ou encore degré de confrontation aux changements climatiques. Plusieurs niveaux se superposent concernant la gestion des risques et des catastrophes : le niveau global, le niveau national (mise en place de PANA) visant la planification et l’identification de mesures d’adaptation prioritaires et enfin, le niveau local. Ce niveau est primordial car il permettra de préparer au mieux les communautés aux risques qui les attendent. Il faut décloisonner ces différents échelons, afin de mettre en place des politiques d’adaptation transversales et verticales.

Conférence plénière : Les critères de succès de Copenhague

Il reste de nombreux problèmes à un mois et demi de Copenhague : incertitude sur la position et les engagements américains, division interne de l’Union Européenne sur de nombreux sujets, manque criant de financements…Dès lors quel serait l’accord idéal ? Faut-il risquer un accord à minima plutôt que pas d’accord du tout ? Animateur : Jean-Christophe Boulanger, Directeur, EurActiv

I L’Etat des lieux des négociationsEmmanuel Guerin, Chargé de mission climat et négociations à l’Iddri, fait un état des négociations après la session de Bangkok. Le fait politique marquant est la dramatisation sur l’avenir du Protocole de Kyoto, avenir qui apparaît de plus en plus incertain, avec d’une part la certitude que les Etats-Unis ne ratifieront pas ce Protocole et d’autre part l’annonce par l’Union Européenne de sa volonté de parvenir à un instrument juridique unique, c’est-à-dire à une fusion entre le Protocole et la Convention. Les pays en développement sont évidemment contre cette option, et souhaitent conserver les deux voies de négociations parallèles.À l’heure actuelle, le total des promesses des pays développés est de 11 à 24% de réduction d’ici 2020 par rapport à 1990, ce qui est donc en dessous des chiffres du GIEC.Le volet MRV concentre l’essentiel de la discussion, notamment car il renvoie à des questions de transparence et de souveraineté. C’est la question politique fondamentale.Comment inscrire l’effort interne que sont prêts à faire les pays du Sud et surtout les pays émergents dans le cadre d’un accord international ? Pour que les pays émergents s’engage de manière sérieuse et ambitieuse, il faut accepter de raisonner non pas en termes d’objectifs de réduction des émissions mais d’actions, d’efficacité énergétique ou de lutte contre la déforestation.Quel accord peut-on viser ? Toutes les options sont sur la table, c’est ce qui rend ces négociations difficiles, et différentes de Kyoto. On est toujours dans l’incertitude concernant la nature juridique de l’accord visé. Aucun Etat ne souhaite porter la responsabilité d’un échec à Copenhague, pour des raisons différentes. Il y a de très fortes incitations à trouver un accord, le problème est alors que cet accord peut avoir un niveau faible.

II La position de l’UE

Valerie-Anne Bernard, Chargée de mission climat Internationale, MEEDDEM, analyse les points chauds de la discussion climat au sein de l’UE sur les montants internationaux nécessaires au financement de la lutte contre le changement climatique et sur part que l’UE

.tniop ec rus elicfifid ares susnesnoc eL .retroppa arvedEn effet, le groupe des nouveaux Etats membres mené par la Pologne souhaite que l’UE se mette en accord en interne sur une répartition du soutien financier alors que l’Allemagne est fortement hostile à détailler un mécanisme de répartition interne. S’il y a consensus sur le fait d’annoncer un objectif de -20% de réductions des émissions de l’UE d’ici 2020 et d’aller jusqu’à 30%, en cas d’accord international suffisamment ambitieux et d’efforts comparables, la question des conditions de passage à cet objectif suscite des débats. Certains pays, comme la Grande-Bretagne et la Suisse se positionnent en faveur d’un passage automatique alors que d’autre, à l’image de la France, souhaitent rester évasifs pour conserver un moyen de pression sur les pays en développement. La question d’une refonte des règles LULUCF divisent également l’UE entre ceux qui tirent avantage du système actuel et ceux qui veulent un nouveau régime avec des règles plus incitatives et transparentes. Enfin, autre débat difficile s’annonce, qu’il faudra régler avant Copenhague, celui du surplus des unités attribuées (« hot air », air chaud). A nouveau, deux groupes de pays : ceux souhaitant conserver le report des surplus, prévu dans le Protocole de Kyoto, d’une période d’engagement à l’autre et ceux souhaitant annuler ce mécanisme.

III La position des ONG« Les perspectives ne sont pas si sombres »Kathrin Gutmann, Directrice Global Climate Initiative, WWF-International, considère que ces négociations sont plus économiques qu’environnementales, et que l’enjeu- très élevé- a conduit à une polarisation des débats, et par conséquent à un grand risque de déception.Les questions politiques clés sont claires. Le véritable enjeu sera la volonté politique d’agir ensemble. Si les négociations n’aboutissent pas sur un accord, on demandera aux pays d’agir au niveau national pour passer ensuite au niveau international, ce qui serait une façon de se soustraire à leur obligation. Le traité final devra être précis, ambitieux, clair quant aux objectifs de réduction et en adéquation avec les données scientifiques. Des mécanismes permettant une comparaison des progrès réalisés et un système d’évaluation contraignant devront être mis en place.On demande l’impossible ? Mais il faut se mettre à la place de ceux dont la survie dépend de ce traité. C’est le seul véritable critère à l’aune duquel on pourra mesurer le succès final de Copenhague.

Session 3 : La négociation

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Page 16: Synthèse de l'université de rentrée du WWF

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IV implications géopolitiques des négociations

Maïté Jaureguy-Naudin, Coordinatrice chercheur du programme énergie, Ifri, analyse les implications géopolitiques de ces négociations. 2020, 2030 et 2050 sont pour les politiques des échéances très lointaines. Il est difficile de prendre des engagements à si long terme, il faut des objectifs plus courts pour pouvoir juger les résultats. Les grands acteurs impliqués dans la négociation sont :

• L’UE, leader portant le Protocole de Kyoto depuis le départ. Elle a déjà mis en place son Paquet énergie climat « 3x20 ». Aujourd’hui, l’UE apparaît à bout de souffle, incapable de donner une impulsion nouvelle. Les 30% pourront être atteints grâce aux mécanismes de flexibilité et à l’externalisation dans les pays en développement.

• Les Etats-Unis ont suscité l’espoir, avec l’Administration Obama, pour finalement s’opposer à un accord international. Si la loi sur la santé aboutit, le président américain aura le poids nécessaire pour imposer son projet de loi sur le climat. Sinon il sera très dur de réunir une majorité, même au sein des démocrates.

• Les pays émergents : l’Inde a une position très dure, ce qui n’est pas trop grave pour l’instant au regard de ses émissions ; la Chine cherche à obtenir le maximum de compensation, et a beaucoup d’avance à faire valoir, notamment sur la question de l’efficacité énergétique.Il faudra régler un certain nombre de problèmes pour que les négociations soient efficientes : régler la question de l’air chaud, qui risque de décrédibiliser le marché et les efforts des pays impliqués, donner un véritable rôle au marché international du carbone qui, pour l’instant, ressemble surtout à une chambre d’enregistrement, combler les lacunes des Mécanismes de Flexibilité (MDP et MOC). Il est urgent de rendre efficace le marché du carbone, seul moyen pour transférer sans douleur une aide, et permettre de ne pas augmenter le déficit public des pays en développement.

V Débat

Un échec ne voudrait-il pas mieux qu’un mauvais traité ?

Quel serait le meilleur traité que l’on puisse espérer raisonnablement obtenir, si l’on devait sauver deux ou trois éléments ?Pour Emmanuel Guérin, le fait que tous les grands acteurs veuillent un accord est à double tranchant, car il existe un risque non négligeable d’un accord peu ambitieux, ce qui serait très dangereux car ne permettrait pas, comme le ferait un échec, un sursaut de mobilisation. L’intérêt de l’accord international est de permettre de dépasser le simple stade des efforts internes qui seraient réalisés de toute façon : l’accord doit être fait pour donner un plus, sinon il ne sera qu’une caisse d’enregistrement.

« L’accord doit être un supplément d’âme »

La référence au 2°C est fondamentale, mais le plus important est d’accompagner les objectifs de réductions d’actions à court, long et moyen terme. Il faut un nouveau point de référence : garder 2020 et 2050 et introduire 2030, qui serait une bonne année de référence pour Etats-Unis. 2020, c’est demain, la contrainte serait trop forte. Enfin, fixer un critère de vulnérabilité prenant en compte les populations plutôt que les pays, permettrait de mettre en place des critères de réduction équitable. Pour Valerie-Anne Bernard également l’accord de Copenhague doit être à la hauteur du défi. Mieux vaut ne pas avoir d’accord qu’un accord trop faible. A Copenhague, il faudrait un accord a minima sur le niveau et le pic d’émissions. Les travaux concernant le fonctionnement et les mécanismes avancent depuis Bangkok, on peut espérer des points d’accords à Copenhague et la question de la forme juridique doit suivre le fond des débats et ne pas être privilégiée sur le reste.Maïté Jaureguy-Naudin ajoute qu’il faut une harmonisation des instruments de mesures et un registre comptabilisant les émissions, mais également une différenciation claire entre les objectifs des pays émergents et ceux des pays en développement, et entre ceux des pays émergents et ceux des pays développés.

« Personne n’a envie d’un accord faible. Nous devons avoir un accord faisant plus que simplement chercher à sauver la face. »

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Kathrin Gutmann considère que Copenhague sera un échec si la question des mesures compensatoires n’est pas réglée.Si aucun consensus sur des chiffres à 2020 n’est trouvé, il faudra fixer une échéance pour les cinq prochaines années.Quelle est l’influence des campagnes militantes sur les négociateurs ? Emmanuel Guérin souligne l’importance des ONG dans le processus de sensibilisation de l’opinion publique mais également des gouvernements. Aujourd’hui, les ONG et la presse devraient faire comprendre aux populations que si Copenhague ne ressemble pas à Kyoto, ce ne sera pas pour autant un échec. L’existence ou non d’un mécanisme de sanction international n’est pas décisive. Même si on n’a pas un nouveau Kyoto, on peut avoir un accord satisfaisant.

Atelier : Transferts de technologies et droits de propriété intellectuelle, comment accélérer la diffusion des technologies sobres en carbones ?

Animateur : Frédéric Denhez, Journaliste, écrivain

Célia Gautier, Chargée de mission au sein du service politiques publiques et régulations internationales du GRET, ouvre cet atelier en rappelant que le transfert de technologie est l’un des grands sujets débattus dans les négociations. Le développement de technologies mais aussi et surtout leurs transferts apparaissent comme une des solutions majeures permettant d’atteindre les objectifs de stabilisation du climat. Étant donnée la responsabilité des pays développés dans le changement climatique, les pays en développement réclame un transfert pour les aider à mettre en œuvre les politiques d’adaptation et d’atténuation. Ce transfert devra à la fois viser l’introduction des technologies à proprement parler, mais également leur appropriation par les acteurs locaux. Il faudra évidemment des transferts Nord-Sud, mais également Sud-Sud et Nord-Nord. A l’heure actuelle, les volumes de transfert de technologies sont beaucoup trop faibles. Il faudrait investir entre 33 et 163 milliards de dollars pour les transferts de technologie d’adaptation d’ici 2030. Les transferts sont aussi très inégalement répartis : 75% se font entre les pays du Nord, 18% depuis le Nord vers les pays émergents, tandis que les pays moins avancés sont absents de ces échanges. Les obstacles aux transferts de technologie sont variables : politiques, réglementaires, mais également liés au manque de disponibilité de l’information, de l’incapacité des secteurs à intégrer ces technologies, ou encore comportementaux. Pour surmonter ces difficultés, il faudra créer un cadre global propice au transfert de technologies, promouvoir la coopération technologique entre les pays, établir des partenariats public-privé et créer des politiques d’incitation.

Noam Boussidan, Pôle climat, Ministère des Affaires Étrangères et Européennes analyse le rôle des Etats dans le transfert de technologies. Si les entreprises possèdent les technologies, c’est la puissance publique qui fixe le cadre de régulation de ces transferts. Au niveau

international, un cadre de réglementation des technologies a été fixé en 2001, lors de la COP de Marrakech. Cette base juridique constitue aujourd’hui l’argument force des pays en développement pour dénoncer le non-respect des transferts de technologies par les pays développés. Le plus gros point de blocage concerne la refonte du système de droit de propriété intellectuelle. Or, il faut avoir conscience que les brevets ne sont pas une barrière au transfert de technologies, car ce sont ces brevets qui stimulent l’innovation. Donc sans brevet, pas d’innovation, et pas de nouvelles technologies.

Atelier : Comment les entreprises se préparent-elles pour Copenhague et aux conséquences du changement climatique ?

La lutte contre le changement climatique a de nombreuses répercussions sur les entreprises, qui sont les acteurs les plus visés par les obligations de réductions d’émissions au niveau national. Assiste-t-on a une modification de business model des entreprises ? Quel est leur poids réel ? Sommes nous face à un changement réel, ou les actions vertes sont-elles uniquement une stratégie marketing et de communication ?Animateur : Jean-Christophe Boulanger, Directeur, EurActiv

I Entreprises et lutte contre le changement climatique Henry De Croutte, responsable énergie et environnement de l’Union des Industries Chimiques ouvre cet atelier par un chiffre, celui des performances des entreprises en termes de lutte contre le changement climatique: les industriels français ont déjà réduit de 25% leurs émissions depuis 1990 (45% pour l’industrie chimique). Cela permet à la France de respecter ses objectifs Kyoto. Les entreprises ont accepté de poursuivre les réductions jusqu’à –20% d’ici 2020. Près de 250 millions d’euros devront être investis pour atteindre un tel objectif. Les industries françaises et européennes sont prêtes à prendre la contrainte européenne si les distorsions de concurrence sont limitées : les contraintes qui vont peser sur les concurrents doivent être comparables au niveau des efforts ou des cycles d’émission. Copenhague est une étape importante. Il faut une uniformisation des moyens de mesures, et des comparaisons fiables entre les différents acteurs.

II « Let the clean economy begin »Oliver Rapf, Directeur du programme «entreprises et changement climatique», bureau des politiques européennes du WWF, rappelle brièvement le lien historique entre les entreprises et les négociations climats. A l’origine, afin de s’opposer aux réductions d’émissions de GES et ralentir les négociations, un groupe des plus puissants industriels américains s’est formé. Au fil des années, cette Global Climate Coalition a connu une hémorragie de ses membres, qui ont pris conscience qu’il fallait agir face au changement climatique. Les entreprises ont donc évolué sur ces sujets,

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IV implications géopolitiques des négociations

Maïté Jaureguy-Naudin, Coordinatrice chercheur du programme énergie, Ifri, analyse les implications géopolitiques de ces négociations. 2020, 2030 et 2050 sont pour les politiques des échéances très lointaines. Il est difficile de prendre des engagements à si long terme, il faut des objectifs plus courts pour pouvoir juger les résultats. Les grands acteurs impliqués dans la négociation sont :

• L’UE, leader portant le Protocole de Kyoto depuis le départ. Elle a déjà mis en place son Paquet énergie climat « 3x20 ». Aujourd’hui, l’UE apparaît à bout de souffle, incapable de donner une impulsion nouvelle. Les 30% pourront être atteints grâce aux mécanismes de flexibilité et à l’externalisation dans les pays en développement.

• Les Etats-Unis ont suscité l’espoir, avec l’Administration Obama, pour finalement s’opposer à un accord international. Si la loi sur la santé aboutit, le président américain aura le poids nécessaire pour imposer son projet de loi sur le climat. Sinon il sera très dur de réunir une majorité, même au sein des démocrates.

• Les pays émergents : l’Inde a une position très dure, ce qui n’est pas trop grave pour l’instant au regard de ses émissions ; la Chine cherche à obtenir le maximum de compensation, et a beaucoup d’avance à faire valoir, notamment sur la question de l’efficacité énergétique.Il faudra régler un certain nombre de problèmes pour que les négociations soient efficientes : régler la question de l’air chaud, qui risque de décrédibiliser le marché et les efforts des pays impliqués, donner un véritable rôle au marché international du carbone qui, pour l’instant, ressemble surtout à une chambre d’enregistrement, combler les lacunes des Mécanismes de Flexibilité (MDP et MOC). Il est urgent de rendre efficace le marché du carbone, seul moyen pour transférer sans douleur une aide, et permettre de ne pas augmenter le déficit public des pays en développement.

V Débat

Un échec ne voudrait-il pas mieux qu’un mauvais traité ?

Quel serait le meilleur traité que l’on puisse espérer raisonnablement obtenir, si l’on devait sauver deux ou trois éléments ?Pour Emmanuel Guérin, le fait que tous les grands acteurs veuillent un accord est à double tranchant, car il existe un risque non négligeable d’un accord peu ambitieux, ce qui serait très dangereux car ne permettrait pas, comme le ferait un échec, un sursaut de mobilisation. L’intérêt de l’accord international est de permettre de dépasser le simple stade des efforts internes qui seraient réalisés de toute façon : l’accord doit être fait pour donner un plus, sinon il ne sera qu’une caisse d’enregistrement.

« L’accord doit être un supplément d’âme »

La référence au 2°C est fondamentale, mais le plus important est d’accompagner les objectifs de réductions d’actions à court, long et moyen terme. Il faut un nouveau point de référence : garder 2020 et 2050 et introduire 2030, qui serait une bonne année de référence pour Etats-Unis. 2020, c’est demain, la contrainte serait trop forte. Enfin, fixer un critère de vulnérabilité prenant en compte les populations plutôt que les pays, permettrait de mettre en place des critères de réduction équitable. Pour Valerie-Anne Bernard également l’accord de Copenhague doit être à la hauteur du défi. Mieux vaut ne pas avoir d’accord qu’un accord trop faible. A Copenhague, il faudrait un accord a minima sur le niveau et le pic d’émissions. Les travaux concernant le fonctionnement et les mécanismes avancent depuis Bangkok, on peut espérer des points d’accords à Copenhague et la question de la forme juridique doit suivre le fond des débats et ne pas être privilégiée sur le reste.Maïté Jaureguy-Naudin ajoute qu’il faut une harmonisation des instruments de mesures et un registre comptabilisant les émissions, mais également une différenciation claire entre les objectifs des pays émergents et ceux des pays en développement, et entre ceux des pays émergents et ceux des pays développés.

« Personne n’a envie d’un accord faible. Nous devons avoir un accord faisant plus que simplement chercher à sauver la face. »

Kathrin Gutmann considère que Copenhague sera un échec si la question des mesures compensatoires n’est pas réglée.Si aucun consensus sur des chiffres à 2020 n’est trouvé, il faudra fixer une échéance pour les cinq prochaines années.Quelle est l’influence des campagnes militantes sur les négociateurs ? Emmanuel Guérin souligne l’importance des ONG dans le processus de sensibilisation de l’opinion publique mais également des gouvernements. Aujourd’hui, les ONG et la presse devraient faire comprendre aux populations que si Copenhague ne ressemble pas à Kyoto, ce ne sera pas pour autant un échec. L’existence ou non d’un mécanisme de sanction international n’est pas décisive. Même si on n’a pas un nouveau Kyoto, on peut avoir un accord satisfaisant.

Atelier : Transferts de technologies et droits de propriété intellectuelle, comment accélérer la diffusion des technologies sobres en carbones ?

Animateur : Frédéric Denhez, Journaliste, écrivain

Célia Gautier, Chargée de mission au sein du service politiques publiques et régulations internationales du GRET, ouvre cet atelier en rappelant que le transfert de technologie est l’un des grands sujets débattus dans les négociations. Le développement de technologies mais aussi et surtout leurs transferts apparaissent comme une des solutions majeures permettant d’atteindre les objectifs de stabilisation du climat. Étant donnée la responsabilité des pays développés dans le changement climatique, les pays en développement réclame un transfert pour les aider à mettre en œuvre les politiques d’adaptation et d’atténuation. Ce transfert devra à la fois viser l’introduction des technologies à proprement parler, mais également leur appropriation par les acteurs locaux. Il faudra évidemment des transferts Nord-Sud, mais également Sud-Sud et Nord-Nord. A l’heure actuelle, les volumes de transfert de technologies sont beaucoup trop faibles. Il faudrait investir entre 33 et 163 milliards de dollars pour les transferts de technologie d’adaptation d’ici 2030. Les transferts sont aussi très inégalement répartis : 75% se font entre les pays du Nord, 18% depuis le Nord vers les pays émergents, tandis que les pays moins avancés sont absents de ces échanges. Les obstacles aux transferts de technologie sont variables : politiques, réglementaires, mais également liés au manque de disponibilité de l’information, de l’incapacité des secteurs à intégrer ces technologies, ou encore comportementaux. Pour surmonter ces difficultés, il faudra créer un cadre global propice au transfert de technologies, promouvoir la coopération technologique entre les pays, établir des partenariats public-privé et créer des politiques d’incitation.

Noam Boussidan, Pôle climat, Ministère des Affaires Étrangères et Européennes analyse le rôle des Etats dans le transfert de technologies. Si les entreprises possèdent les technologies, c’est la puissance publique qui fixe le cadre de régulation de ces transferts. Au niveau

international, un cadre de réglementation des technologies a été fixé en 2001, lors de la COP de Marrakech. Cette base juridique constitue aujourd’hui l’argument force des pays en développement pour dénoncer le non-respect des transferts de technologies par les pays développés. Le plus gros point de blocage concerne la refonte du système de droit de propriété intellectuelle. Or, il faut avoir conscience que les brevets ne sont pas une barrière au transfert de technologies, car ce sont ces brevets qui stimulent l’innovation. Donc sans brevet, pas d’innovation, et pas de nouvelles technologies.

Atelier : Comment les entreprises se préparent-elles pour Copenhague et aux conséquences du changement climatique ?

La lutte contre le changement climatique a de nombreuses répercussions sur les entreprises, qui sont les acteurs les plus visés par les obligations de réductions d’émissions au niveau national. Assiste-t-on a une modification de business model des entreprises ? Quel est leur poids réel ? Sommes nous face à un changement réel, ou les actions vertes sont-elles uniquement une stratégie marketing et de communication ?Animateur : Jean-Christophe Boulanger, Directeur, EurActiv

I Entreprises et lutte contre le changement climatique Henry De Croutte, responsable énergie et environnement de l’Union des Industries Chimiques ouvre cet atelier par un chiffre, celui des performances des entreprises en termes de lutte contre le changement climatique: les industriels français ont déjà réduit de 25% leurs émissions depuis 1990 (45% pour l’industrie chimique). Cela permet à la France de respecter ses objectifs Kyoto. Les entreprises ont accepté de poursuivre les réductions jusqu’à –20% d’ici 2020. Près de 250 millions d’euros devront être investis pour atteindre un tel objectif. Les industries françaises et européennes sont prêtes à prendre la contrainte européenne si les distorsions de concurrence sont limitées : les contraintes qui vont peser sur les concurrents doivent être comparables au niveau des efforts ou des cycles d’émission. Copenhague est une étape importante. Il faut une uniformisation des moyens de mesures, et des comparaisons fiables entre les différents acteurs.

II « Let the clean economy begin »Oliver Rapf, Directeur du programme «entreprises et changement climatique», bureau des politiques européennes du WWF, rappelle brièvement le lien historique entre les entreprises et les négociations climats. A l’origine, afin de s’opposer aux réductions d’émissions de GES et ralentir les négociations, un groupe des plus puissants industriels américains s’est formé. Au fil des années, cette Global Climate Coalition a connu une hémorragie de ses membres, qui ont pris conscience qu’il fallait agir face au changement climatique. Les entreprises ont donc évolué sur ces sujets,

Célia Gautier, Chargée de mission au sein du service politiques publiques et régulations internationales du GRET, ouvre cet atelier en rappelant que le transfert de technologie est l’un des grands sujets débattus dans les négociations. Le développement de technologies mais aussi et surtout leurs transferts apparaissent comme une des solutions majeures permettant d’atteindre les objectifs de stabilisation du climat. Étant donnée la responsabilité des pays développés dans le changement climatique, les pays en développement réclame un transfert pour les aider à mettre en œuvre les politiques d’adaptation et d’atténuation. Ce transfert devra à la fois viser l’introduction des technologies à proprement parler, mais également leur appropriation par les acteurs locaux. Il faudra évidemment des transferts Nord-Sud, mais également Sud-Sud et Nord-Nord. A l’heure actuelle, les volumes de transfert de technologies sont beaucoup trop faibles. Il faudrait investir entre 33 et 163 milliards de dollars pour les transferts de technologie d’adaptation d’ici 2030. Les transferts sont aussi très inégalement répartis : 75% se font entre les pays du Nord, 18% depuis le Nord vers les pays émergents, tandis que les pays moins avancés sont absents de ces échanges. Les obstacles aux transferts de technologie sont variables : politiques, réglementaires, mais également liés au manque de disponibilité de l’information, de l’incapacité des secteurs à intégrer ces technologies, ou encore comportementaux. Pour surmonter ces difficultés, il faudra créer un cadre global propice au transfert de technologies, promouvoir la coopération technologique entre les pays, établir des partenariats public-privé et créer des politiques d’incitation.

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jusqu’à critiquer les postures conservatrices de la Chambre de Commerce américaine. En septembre à New York, on a assisté à un regroupement d’entreprises qui militaient pour un accord robuste et équitable à l’issue de Copenhague.Ces entreprises traduisent-elles leur théorie dans leurs actes ou cela ne reste-t-il que des discours ? Une petite poignée d’entreprises analysent les choses et entrepren-nent des actions visant à endiguer leurs émissions. Dans ce sens, WWF a développé un programme de partenariat afin de les accompagner sur la voie d’un développement durable et de leur permettre survivre à la nouvelle donne en refondant leur modèle.

III DébatQuelle est la contrainte majeure ayant poussé les entreprises à réduire leurs émissions ? Une contrainte de coût ? Une contrainte légale ? La pression publique ? Selon Henry De Croutte, les entreprises ont pris de conscience d’un problème sociétal et de développement durable. Dès 1990, ARS, une association d’industriels, prônait des réductions d’émissions. Les marchés et la réglementation ont bien évidemment ajouté des incitations.Cela fait également partie d’une stratégie permettant de gagner des marchés par rapport à certains qui ne sont pas prêts aussi tôt. Comment contrôlez-vous les partenaires ? Quelle est la traduction en réalité des promesses ?Oliver Rapf explique que les entreprises passent des accords bilatéraux avec WWF, s’engageant ainsi à réduire à une échéance précise leurs émissions. Chaque année, elles doivent fournir des données faisant état de leurs progrès. Des avancées ont déjà été réalisées, mais il ne faut pas perdre de vue que les entreprises s’ajustent aussi aux demandes des consommateurs. Henry De Croutte ajoute qu’il faut laisser le temps à l’évolution de se faire, et se poser des questions pragmatiques et rationnelles. Nous voulons vivre sans pétrole ? Mais en a –t-on les moyens aujourd’hui ? Il faut assurer la transition de manière progressive, on ne fera pas disparaître d’un coup toute une économie.Existe-t-il une black list concernant les entreprises ? Quelles sont les sanctions ? Oliver Rapf explique que WWF ne travaille pas avec certains secteurs et certaines entreprises (fabricants d’armes, nucléaire..). Mais il n’y a pas de « liste noire » avec des noms précis. Comment faire pour que les accords se

traduisent en réalité ? Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons jamais eu à appliquer de pénalités, notamment parce que des études sont réalisées avant de signer les contrats. Si l’entreprise ne respecte pas ses engagements, elle s’expose très négativement à la critique et cela nuirait à son image.Y a–t-il une réflexion profonde sur ce qu’est et ce que devrait être une entreprise aujourd’hui ? Oliver Rapf explique que si une tendance positive s’amorce, l’adaptation à un contexte qui évolue n’est pas immédiate, il faut laisser le temps aux entreprises de réagir à ce nouveau contexte. Certaines ont déjà une vision de ces changements et s’y adaptent mieux que d’autres, encore ancrées dans la logique du XXème siècle.

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Conférence plénière : Ce que veulent les grands émergents ?

Les pays émergents sont les nouveaux acteurs clé de cette négociation, sans qui rien ne pourra se faire. Mais que veulent-ils, qu’attendent-ils pour s’engager ? Animateur : Valéry Laramée de Tannenberg, Journaliste, L’usine à GES

I « No money no deal »Elise Buckle, responsable climat énergie du WWF France, souligne que le reste de la négociation sera avant tout une question de volonté politique. De nombreux pays semblent prêts à entrer dans le jeu : le Japon et la Norvège ont posé des objectifs de réduction respectifs de -25 et -40% par rapport à 1990 ; la Chine a annoncé une réduction de l’intensité énergétique de son économie de -20% d’ici à 2010 ; l’Inde prévoit une augmentation de son efficacité énergétique de 20% d’ici 2017 ; le Mexique compte réduire ses émissions de -50% d’ici 2050 et l’Afrique du Sud entend passer du charbon à des énergies propres, afin de se diriger vers une stabilisation puis une réduction de ses émissions d’ici 2050.En contrepartie de ces engagements, les pays émergents attendent des transferts de technologies, des financements, du renforcement de capacité.Les financements doivent être suffisants (110 milliards par an demandés par les ONG) et additionnels. Il ne faut pas, ou peu, de conditionnalité. Le public devra avoir le rôle central dans ces financements, le privé et le marché n’interviendront qu’en complément.

II Une relecture des négociationsSelon Michel Colombier, Directeur scientifique de l’Iddri, nous sommes entrés dans un nouveau contexte de discussion. Nous raisonnons désormais en termes de budget. Ce « budget carbone » dans lequel rien ne tient, ni les émissions des pays développés, ni celles des émergents. Les ambitions sont nouvelles, les exigences très rigoureuses. Il faut rentrer dans une vision politique des actions des pays émergents, sans balayer ni les principes de Rio ni ceux de Bali. On ne peut plus avoir un discours globalisant concernant les pays en développement : le G77 n’est plus un grand bloc, on assiste à l’individualisation de certains pays émergents. Le grand défi sera de continuer le processus, légitime, de développement de ces pays tout en changeant la nature de ce développement. Il faut un modèle totalement différent du nôtre. Or aucune alternative ne semble pour l’instant offrir une voie différente. Il faut partir des besoins des pays émergents pour trouver le modèle approprié.Bloquer les pays émergents sur le Protocole serait un jeu dangereux, qui les pousserait à faire alliance avec les Etats-Unis dans le cadre de la Convention.« On a oublié qu’une négociation est avant tout un jeu coopératif, devant donner une perspective publique et privée à partir d’une vision commune. »

III Le recherche d’une économie meilleure pour tousQuel type de développement serait souhaitable pour les pays en développement ? Pour Manish Kumar Shrivastava, chercheur associé, TERI (The Energy & Resources Institute), au-delà de cette question, se pose celle du monde vers lequel nous voulons nous diriger. Il faut parvenir à un traité mettant en équilibre l’économique et l’humanitaire, et donc adopter des stratégies visant à réduire l’impact du changement climatique sans être préjudiciable au marché. La souplesse des mécanismes et surtout des MDP doit permettre de développer des activités d’atténuation de façon économe. Les pays en développement n’ont pas démontré leur capacité à remplir leurs engagements. Ils n’ont pas respecté leur parole, d’où le scepticisme ambiant. Il faut un accord qui permette à la fois un financement fiable et additionnel qui reprenne le cadre d’un accord juridiquement contraignant, et face en sorte que les engagements des pays se traduisent par des actions. Il faut un accord qui donne aux pays en développement la confiance nécessaire pour être sûr que ce qui a été promis naguère soit enfin traduit sur le terrain, comme le transfert de technologie. Les grandes puissances doivent permettre aux pays émergents de développer les technologies dont nous avons besoin.

IV Copenhague ou le sommet des contradictions ?Sébastien Godinot, directeur des campagnes des Amis de la Terre France , rappelle qu’« on ne négocie pas avec le climat, on agit ». Or, l’UE n’est pas à la hauteur, les pays développés ne font aucune annonce claire, et de plus en plus de pression est mise sur la tête des pays en développement. Il n’y a pas de raisons qu’ils s’engagent alors que les pays responsables n’annoncent aucun chiffre, et que, assurément, ils ne le feront qu’au dernier moment. Ce qui conduira à plomber l’accord.Le financement des énergies fossiles est réalisé par la Banque Mondiale et la Banque Européenne, qui tout en investissant trois milliards de dollars chacune pour des projets charbonniers, affirment en même temps lutter contre le changement climatique.Il faut donc remettre de la confiance dans les négociations en payant les réductions d’émissions et l’adaptation dans les pays du sud.Une des clés de répartition pourrait être le concept d’ « Espace environnemental » : on regarde ce que chaque pays a le droit d’émettre au niveau mondial, on divise par le nombre d’habitants puis selon les capacités à payer de chacun.

Session 4 : Vers un autre monde ?

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jusqu’à critiquer les postures conservatrices de la Chambre de Commerce américaine. En septembre à New York, on a assisté à un regroupement d’entreprises qui militaient pour un accord robuste et équitable à l’issue de Copenhague.Ces entreprises traduisent-elles leur théorie dans leurs actes ou cela ne reste-t-il que des discours ? Une petite poignée d’entreprises analysent les choses et entrepren-nent des actions visant à endiguer leurs émissions. Dans ce sens, WWF a développé un programme de partenariat afin de les accompagner sur la voie d’un développement durable et de leur permettre survivre à la nouvelle donne en refondant leur modèle.

III DébatQuelle est la contrainte majeure ayant poussé les entreprises à réduire leurs émissions ? Une contrainte de coût ? Une contrainte légale ? La pression publique ? Selon Henry De Croutte, les entreprises ont pris de conscience d’un problème sociétal et de développement durable. Dès 1990, ARS, une association d’industriels, prônait des réductions d’émissions. Les marchés et la réglementation ont bien évidemment ajouté des incitations.Cela fait également partie d’une stratégie permettant de gagner des marchés par rapport à certains qui ne sont pas prêts aussi tôt. Comment contrôlez-vous les partenaires ? Quelle est la traduction en réalité des promesses ?Oliver Rapf explique que les entreprises passent des accords bilatéraux avec WWF, s’engageant ainsi à réduire à une échéance précise leurs émissions. Chaque année, elles doivent fournir des données faisant état de leurs progrès. Des avancées ont déjà été réalisées, mais il ne faut pas perdre de vue que les entreprises s’ajustent aussi aux demandes des consommateurs. Henry De Croutte ajoute qu’il faut laisser le temps à l’évolution de se faire, et se poser des questions pragmatiques et rationnelles. Nous voulons vivre sans pétrole ? Mais en a –t-on les moyens aujourd’hui ? Il faut assurer la transition de manière progressive, on ne fera pas disparaître d’un coup toute une économie.Existe-t-il une black list concernant les entreprises ? Quelles sont les sanctions ? Oliver Rapf explique que WWF ne travaille pas avec certains secteurs et certaines entreprises (fabricants d’armes, nucléaire..). Mais il n’y a pas de « liste noire » avec des noms précis. Comment faire pour que les accords se

traduisent en réalité ? Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons jamais eu à appliquer de pénalités, notamment parce que des études sont réalisées avant de signer les contrats. Si l’entreprise ne respecte pas ses engagements, elle s’expose très négativement à la critique et cela nuirait à son image.Y a–t-il une réflexion profonde sur ce qu’est et ce que devrait être une entreprise aujourd’hui ? Oliver Rapf explique que si une tendance positive s’amorce, l’adaptation à un contexte qui évolue n’est pas immédiate, il faut laisser le temps aux entreprises de réagir à ce nouveau contexte. Certaines ont déjà une vision de ces changements et s’y adaptent mieux que d’autres, encore ancrées dans la logique du XXème siècle.

Conférence plénière : Ce que veulent les grands émergents ?

Les pays émergents sont les nouveaux acteurs clé de cette négociation, sans qui rien ne pourra se faire. Mais que veulent-ils, qu’attendent-ils pour s’engager ? Animateur : Valéry Laramée de Tannenberg, Journaliste, L’usine à GES

I « No money no deal »Elise Buckle, responsable climat énergie du WWF France, souligne que le reste de la négociation sera avant tout une question de volonté politique. De nombreux pays semblent prêts à entrer dans le jeu : le Japon et la Norvège ont posé des objectifs de réduction respectifs de -25 et -40% par rapport à 1990 ; la Chine a annoncé une réduction de l’intensité énergétique de son économie de -20% d’ici à 2010 ; l’Inde prévoit une augmentation de son efficacité énergétique de 20% d’ici 2017 ; le Mexique compte réduire ses émissions de -50% d’ici 2050 et l’Afrique du Sud entend passer du charbon à des énergies propres, afin de se diriger vers une stabilisation puis une réduction de ses émissions d’ici 2050.En contrepartie de ces engagements, les pays émergents attendent des transferts de technologies, des financements, du renforcement de capacité.Les financements doivent être suffisants (110 milliards par an demandés par les ONG) et additionnels. Il ne faut pas, ou peu, de conditionnalité. Le public devra avoir le rôle central dans ces financements, le privé et le marché n’interviendront qu’en complément.

II Une relecture des négociationsSelon Michel Colombier, Directeur scientifique de l’Iddri, nous sommes entrés dans un nouveau contexte de discussion. Nous raisonnons désormais en termes de budget. Ce « budget carbone » dans lequel rien ne tient, ni les émissions des pays développés, ni celles des émergents. Les ambitions sont nouvelles, les exigences très rigoureuses. Il faut rentrer dans une vision politique des actions des pays émergents, sans balayer ni les principes de Rio ni ceux de Bali. On ne peut plus avoir un discours globalisant concernant les pays en développement : le G77 n’est plus un grand bloc, on assiste à l’individualisation de certains pays émergents. Le grand défi sera de continuer le processus, légitime, de développement de ces pays tout en changeant la nature de ce développement. Il faut un modèle totalement différent du nôtre. Or aucune alternative ne semble pour l’instant offrir une voie différente. Il faut partir des besoins des pays émergents pour trouver le modèle approprié.Bloquer les pays émergents sur le Protocole serait un jeu dangereux, qui les pousserait à faire alliance avec les Etats-Unis dans le cadre de la Convention.« On a oublié qu’une négociation est avant tout un jeu coopératif, devant donner une perspective publique et privée à partir d’une vision commune. »

III Le recherche d’une économie meilleure pour tousQuel type de développement serait souhaitable pour les pays en développement ? Pour Manish Kumar Shrivastava, chercheur associé, TERI (The Energy & Resources Institute), au-delà de cette question, se pose celle du monde vers lequel nous voulons nous diriger. Il faut parvenir à un traité mettant en équilibre l’économique et l’humanitaire, et donc adopter des stratégies visant à réduire l’impact du changement climatique sans être préjudiciable au marché. La souplesse des mécanismes et surtout des MDP doit permettre de développer des activités d’atténuation de façon économe. Les pays en développement n’ont pas démontré leur capacité à remplir leurs engagements. Ils n’ont pas respecté leur parole, d’où le scepticisme ambiant. Il faut un accord qui permette à la fois un financement fiable et additionnel qui reprenne le cadre d’un accord juridiquement contraignant, et face en sorte que les engagements des pays se traduisent par des actions. Il faut un accord qui donne aux pays en développement la confiance nécessaire pour être sûr que ce qui a été promis naguère soit enfin traduit sur le terrain, comme le transfert de technologie. Les grandes puissances doivent permettre aux pays émergents de développer les technologies dont nous avons besoin.

IV Copenhague ou le sommet des contradictions ?Sébastien Godinot, directeur des campagnes des Amis de la Terre France , rappelle qu’« on ne négocie pas avec le climat, on agit ». Or, l’UE n’est pas à la hauteur, les pays développés ne font aucune annonce claire, et de plus en plus de pression est mise sur la tête des pays en développement. Il n’y a pas de raisons qu’ils s’engagent alors que les pays responsables n’annoncent aucun chiffre, et que, assurément, ils ne le feront qu’au dernier moment. Ce qui conduira à plomber l’accord.Le financement des énergies fossiles est réalisé par la Banque Mondiale et la Banque Européenne, qui tout en investissant trois milliards de dollars chacune pour des projets charbonniers, affirment en même temps lutter contre le changement climatique.Il faut donc remettre de la confiance dans les négociations en payant les réductions d’émissions et l’adaptation dans les pays du sud.Une des clés de répartition pourrait être le concept d’ « Espace environnemental » : on regarde ce que chaque pays a le droit d’émettre au niveau mondial, on divise par le nombre d’habitants puis selon les capacités à payer de chacun.

Session 4 : Vers un autre monde ?

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V Débat

250 millions de réfugiés et déplacés climatiques sont attendus en 2050, faisant voler en éclats les politiques migratoires, notamment au niveau interne dans les pays émergents. Or, il n’existe pas de statut de déplacé ou de réfugié environnemental, seulement la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés politiques. Il faut un statut international préservant les droits du « réfugié environnemental ». Comment peut-on envisager notre futur ?

« Il faut être optimiste à long terme ou rester pessimiste (Holson). »

Michel Colombier souligne que tout le monde est concerné, on a donc tous intérêt au succès des négociations. Le grand risque est que personne ne bouge, parce que chacun attend que l’autre se lance avant. Les situations et les perceptions sont différentes suivant la vulnérabilité : en quoi la négociation nous permet ensemble d’y gagner ? Il ne faut pas juste « faire notre part mais pas plus ». Il faut voir plus loin.Manish Kumar Shrivastava pense également que nous devons inventer un autre modèle de développement que celui proposé jusqu’à maintenant par l’Occident. Aujourd’hui, les pays en développement mettent en place de programmes d’ajustement structurel à l’image de ce qui a marché dans les pays développés : les Indiens pensent qu’il faut appliquer ce modèle chez eux, basculant ainsi d’un modèle structuré vers un modèle plus libéral. Or, il existe des modèles alternatifs : il y en a des milliards, mais ils sont marginalisés et éparpillés, les pouvoirs publics ne veulent pas leur prêter d’intérêt, ils ne sont pas médiatisés. Pourtant, le modèle actuel va dans le mur et n’est pas parvenu à combler le gouffre entre pays riches et pays pauvres. Il faut donc rendre visibles ces alternatives pour qu’elles ne soient plus un minimum, et qu’elles se généralisent notamment en passant par des approches sectorielles.Michel Colombier abonde dans ce sens, soulignant que la négociation ne pose pas suffisamment les questions en termes de secteur, mais uniquement en termes de cap d’émission et donc de cap de développement, ce qui est une vision naïve et perverse.

« Il est trop tard pour être pessimiste. On est soit militant soit indifférent. »

C’est à nous de réinventer notre modèle de développement, qui est repris partout alors qu’il ne convient pas. On est bloqué sur des technologies, des types de production, alors qu’il faut tout simplement changer de modèle de vie.

Conférence plénière : Pourquoi les pays industrialisés n’en font-ils pas plus ?

Animateur : Julie Chauveau, Journaliste, Les Echos

I Responsables ou coupables ?

Philippe Germa, Directeur Général Natixis Environnement et infrastructure, administrateur du WWF France propose une réflexion en termes de chiffres. Comment mesurer la responsabilité, comment l’appréhender ? Comment prendre en compte les émissions passées ? Comment calculer la dette ? Entre 1800 et 2008, les pays développés ont émis 880 milliards de tonnes de CO2e, soit 582 milliards de plus que leur “fair share”. Au prix actuel de la tonne de CO2 (€10-15/tonne), cette dette est évaluée entre 5820 et 8730 milliards d’euros. Les émissions cumulées depuis Kyoto atteignent 156 milliards de tonnes soit 1560 à 2340 milliards d’euros. Nous sommes donc actuellement très loin du compte concernant les financements pour faire face au changement climatique.Les financements actuels pour le climat sont les fonds publics ($8mds) et les finances carbone ($16mds provenant de 88 fonds). Certaines propositions sont en discussion, la proposition norvégienne d’un fonds d’adaptation, avec une contribution provenant de la vente aux enchères de quotas Kyoto ; la proposition mexicaine de World Climate Change Fund envisageant une contribution en fonction du PIB, de la population, des émissions des pays de l’annexe 1 et une contribution en fonction du PIB des pays émergents.

« It’s time to move on from mutual reproaches to a shared scheme of responsability ».(Felipe Calderon, président du Mexique)

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II Décroissance et fin du capitalisme

« Nous sommes une espèce moralement immature. »Pascal Husting, Directeur Général, Greenpeace France, propose des explications au non-respect de leurs engagements par les pays développés. Tout d’abord, nous assistons à une crise morale dans les pays en développement. On savait bien avant Kyoto qu’il y avait des problèmes, on sait depuis longtemps que le changement climatique est en marche. Ensuite, notre système capitaliste nous pousse à la surconsommation : il faut inventer de nouvelles demandes, en adéquation avec la nouvelle donne climatique. Il faut commencer par une critique théorique du modèle capitaliste. Le concept de croissance verte est le dernier gros mensonge d’un système en déliquescence, la « forme la plus aboutie du capitalisme » (Le Président Sarkozy). Le problème n’est pas le facteur démographique, c’est le facteur de consommation, cœur du capitalisme. La lutte contre le changement climatique passera par une décroissance, une réduction de l’empreinte écologique

enu srev regirid suon tuaf lI .dron ud syap sel snaddématérialisation totale, une révolution culturelle, et suivre Nicolas Hulot « pour dessiner la société du futur ».

III La politique de l’oxymoreBertrand Meheust, Philosophe, Sociologue, auteur de «La politique de l’oxymore», met en avant la difficulté que nous avons à changer de trajectoire étant donné le système dans lequel nous sommes. Les gouvernements n’en font pas plus parce qu’ils ne le peuvent pas, parce qu’ils sont liés au système. Pour comprendre nos réactions, il faut prendre comme point de départ une énorme évidence, tellement énorme que l’on n’ose pas la regarder, qu’elle est chassée dans la périphérie de la conscience : nous ne pouvons pas accepter l’idée du péril climatique.Ensuite, puisque « tout être tant à persévérer dans son être », aucune société ne renonce d’elle-même à elle-même. Une force supérieure doit l’en empêcher, sinon elle n’arrive plus à se limiter, d’autant plus lorsqu’elle se donne comme objectif final la transgression de toutes ses limites. La société globalisée dispose de moyens plus puissants que n’en a jamais eu aucune société. Comme elle ne peut se contraindre, et ne sera contrainte par aucune force supérieure, elle tendra à aller jusqu’au bout d’elle-même. La société moderne va vers la saturation globale: saturation des marchés, des ressources, de la culture, des désirs, des psychismes… Saturation matérielle, écologique, économique mais aussi saturation psychologique.La société poursuit une idée folle et contradictoire, avec sa volonté de croissance infinie dans un mode fini. Nous nous jetons dans une fuite en avant pour résoudre dans l’imaginaire ce qui ne peut plus l’être dans la réalité, ou difficilement. D’où la prolifération d’oxymores : « décroissance prospère », « croissance négative », « décroissance productive », « marketing caritatif », « marché du don» : autant d’aveux implicites de notre déliquescence. Simulacre d’autocritique d’une société à laquelle nous ne parvenons pas à renoncer. Nous parlons

sans cesse d’avenir durable, pour tromper le fait que nous savons pertinemment que plus rien de ce que nous vivons ne peut durer.

« La profusion d’oxymores couvre le statut quo, ajoutant à l’immoralité, la tartufferie. »

Le capitalisme vert est le dernier subterfuge de notre société, dangereux, pour nous mener vers notre perte.

IV Débat

Comment mettre en œuvre la notion de contrainte ?Notre système ne peut pas envoyer de casques verts pour punir les Etats qui ne respectent pas leurs engagements. Les mesures fortes ne sont pas multilatérales, mais devront nécessairement, selon Pascal Husting, partir de certains Etats, par le biais de mesures économiques ou financières. Ce qu’il faudrait, c’est parvenir à contraindre le capitalisme. Une prise en main par le peuple serait la seule solution. Philippe Germa soutient quant à lui que le capitalisme en tant que tel n’existe plus. Il a disparu par lui-même, comme prévu par Marx, pour laisser place à la saturation du système marchand global mondial. Aujourd’hui on ne peut plus croire à la révolution puisque le système implose. La lutte contre le capitalisme n’a pas lieu d’être, ce vers quoi il faut tendre c’est l’intégration dans le système du coût de l’environnement, de l’empreinte écologique. La société est capable de prendre un tournant.Bertrand Meheust souligne que la sensibilisation des jeunes est particulièrement difficile: c’est le monde dans lequel ils ont toujours vécu, le seul qu’ils connaissent. Et il est remis en cause. Il faut un vrai travail au niveau des mentalités, un grignotement du politique.Assiste t-on à une évolution des termes du débat environnemental depuis Rio ? Constate-t-on une radicalité nouvelle dans le débat ?Philippe Germa rappelle que l’écologie était, dans les années 1970, complètement marginale. Depuis, la pensée a beaucoup évolué, jusqu’à s’intégrer dans la société. Mais cette évolution n’est pas assez rapide. C’est à nous, avec une certaine radicalité, d’intégrer dans un modèle qui ne fonctionne plus les revendications qui sont les nôtres.

Page 21: Synthèse de l'université de rentrée du WWF

21

V Débat

250 millions de réfugiés et déplacés climatiques sont attendus en 2050, faisant voler en éclats les politiques migratoires, notamment au niveau interne dans les pays émergents. Or, il n’existe pas de statut de déplacé ou de réfugié environnemental, seulement la convention de Genève de 1951 sur les réfugiés politiques. Il faut un statut international préservant les droits du « réfugié environnemental ». Comment peut-on envisager notre futur ?

« Il faut être optimiste à long terme ou rester pessimiste (Holson). »

Michel Colombier souligne que tout le monde est concerné, on a donc tous intérêt au succès des négociations. Le grand risque est que personne ne bouge, parce que chacun attend que l’autre se lance avant. Les situations et les perceptions sont différentes suivant la vulnérabilité : en quoi la négociation nous permet ensemble d’y gagner ? Il ne faut pas juste « faire notre part mais pas plus ». Il faut voir plus loin.Manish Kumar Shrivastava pense également que nous devons inventer un autre modèle de développement que celui proposé jusqu’à maintenant par l’Occident. Aujourd’hui, les pays en développement mettent en place de programmes d’ajustement structurel à l’image de ce qui a marché dans les pays développés : les Indiens pensent qu’il faut appliquer ce modèle chez eux, basculant ainsi d’un modèle structuré vers un modèle plus libéral. Or, il existe des modèles alternatifs : il y en a des milliards, mais ils sont marginalisés et éparpillés, les pouvoirs publics ne veulent pas leur prêter d’intérêt, ils ne sont pas médiatisés. Pourtant, le modèle actuel va dans le mur et n’est pas parvenu à combler le gouffre entre pays riches et pays pauvres. Il faut donc rendre visibles ces alternatives pour qu’elles ne soient plus un minimum, et qu’elles se généralisent notamment en passant par des approches sectorielles.Michel Colombier abonde dans ce sens, soulignant que la négociation ne pose pas suffisamment les questions en termes de secteur, mais uniquement en termes de cap d’émission et donc de cap de développement, ce qui est une vision naïve et perverse.

« Il est trop tard pour être pessimiste. On est soit militant soit indifférent. »

C’est à nous de réinventer notre modèle de développement, qui est repris partout alors qu’il ne convient pas. On est bloqué sur des technologies, des types de production, alors qu’il faut tout simplement changer de modèle de vie.

Conférence plénière : Pourquoi les pays industrialisés n’en font-ils pas plus ?

Animateur : Julie Chauveau, Journaliste, Les Echos

I Responsables ou coupables ?

Philippe Germa, Directeur Général Natixis Environnement et infrastructure, administrateur du WWF France propose une réflexion en termes de chiffres. Comment mesurer la responsabilité, comment l’appréhender ? Comment prendre en compte les émissions passées ? Comment calculer la dette ? Entre 1800 et 2008, les pays développés ont émis 880 milliards de tonnes de CO2e, soit 582 milliards de plus que leur “fair share”. Au prix actuel de la tonne de CO2 (€10-15/tonne), cette dette est évaluée entre 5820 et 8730 milliards d’euros. Les émissions cumulées depuis Kyoto atteignent 156 milliards de tonnes soit 1560 à 2340 milliards d’euros. Nous sommes donc actuellement très loin du compte concernant les financements pour faire face au changement climatique.Les financements actuels pour le climat sont les fonds publics ($8mds) et les finances carbone ($16mds provenant de 88 fonds). Certaines propositions sont en discussion, la proposition norvégienne d’un fonds d’adaptation, avec une contribution provenant de la vente aux enchères de quotas Kyoto ; la proposition mexicaine de World Climate Change Fund envisageant une contribution en fonction du PIB, de la population, des émissions des pays de l’annexe 1 et une contribution en fonction du PIB des pays émergents.

« It’s time to move on from mutual reproaches to a shared scheme of responsability ».(Felipe Calderon, président du Mexique)

II Décroissance et fin du capitalisme

« Nous sommes une espèce moralement immature. »Pascal Husting, Directeur Général, Greenpeace France, propose des explications au non-respect de leurs engagements par les pays développés. Tout d’abord, nous assistons à une crise morale dans les pays en développement. On savait bien avant Kyoto qu’il y avait des problèmes, on sait depuis longtemps que le changement climatique est en marche. Ensuite, notre système capitaliste nous pousse à la surconsommation : il faut inventer de nouvelles demandes, en adéquation avec la nouvelle donne climatique. Il faut commencer par une critique théorique du modèle capitaliste. Le concept de croissance verte est le dernier gros mensonge d’un système en déliquescence, la « forme la plus aboutie du capitalisme » (Le Président Sarkozy). Le problème n’est pas le facteur démographique, c’est le facteur de consommation, cœur du capitalisme. La lutte contre le changement climatique passera par une décroissance, une réduction de l’empreinte écologique

enu srev regirid suon tuaf lI .dron ud syap sel snaddématérialisation totale, une révolution culturelle, et suivre Nicolas Hulot « pour dessiner la société du futur ».

III La politique de l’oxymoreBertrand Meheust, Philosophe, Sociologue, auteur de «La politique de l’oxymore», met en avant la difficulté que nous avons à changer de trajectoire étant donné le système dans lequel nous sommes. Les gouvernements n’en font pas plus parce qu’ils ne le peuvent pas, parce qu’ils sont liés au système. Pour comprendre nos réactions, il faut prendre comme point de départ une énorme évidence, tellement énorme que l’on n’ose pas la regarder, qu’elle est chassée dans la périphérie de la conscience : nous ne pouvons pas accepter l’idée du péril climatique.Ensuite, puisque « tout être tant à persévérer dans son être », aucune société ne renonce d’elle-même à elle-même. Une force supérieure doit l’en empêcher, sinon elle n’arrive plus à se limiter, d’autant plus lorsqu’elle se donne comme objectif final la transgression de toutes ses limites. La société globalisée dispose de moyens plus puissants que n’en a jamais eu aucune société. Comme elle ne peut se contraindre, et ne sera contrainte par aucune force supérieure, elle tendra à aller jusqu’au bout d’elle-même. La société moderne va vers la saturation globale: saturation des marchés, des ressources, de la culture, des désirs, des psychismes… Saturation matérielle, écologique, économique mais aussi saturation psychologique.La société poursuit une idée folle et contradictoire, avec sa volonté de croissance infinie dans un mode fini. Nous nous jetons dans une fuite en avant pour résoudre dans l’imaginaire ce qui ne peut plus l’être dans la réalité, ou difficilement. D’où la prolifération d’oxymores : « décroissance prospère », « croissance négative », « décroissance productive », « marketing caritatif », « marché du don» : autant d’aveux implicites de notre déliquescence. Simulacre d’autocritique d’une société à laquelle nous ne parvenons pas à renoncer. Nous parlons

sans cesse d’avenir durable, pour tromper le fait que nous savons pertinemment que plus rien de ce que nous vivons ne peut durer.

« La profusion d’oxymores couvre le statut quo, ajoutant à l’immoralité, la tartufferie. »

Le capitalisme vert est le dernier subterfuge de notre société, dangereux, pour nous mener vers notre perte.

IV Débat

Comment mettre en œuvre la notion de contrainte ?Notre système ne peut pas envoyer de casques verts pour punir les Etats qui ne respectent pas leurs engagements. Les mesures fortes ne sont pas multilatérales, mais devront nécessairement, selon Pascal Husting, partir de certains Etats, par le biais de mesures économiques ou financières. Ce qu’il faudrait, c’est parvenir à contraindre le capitalisme. Une prise en main par le peuple serait la seule solution. Philippe Germa soutient quant à lui que le capitalisme en tant que tel n’existe plus. Il a disparu par lui-même, comme prévu par Marx, pour laisser place à la saturation du système marchand global mondial. Aujourd’hui on ne peut plus croire à la révolution puisque le système implose. La lutte contre le capitalisme n’a pas lieu d’être, ce vers quoi il faut tendre c’est l’intégration dans le système du coût de l’environnement, de l’empreinte écologique. La société est capable de prendre un tournant.Bertrand Meheust souligne que la sensibilisation des jeunes est particulièrement difficile: c’est le monde dans lequel ils ont toujours vécu, le seul qu’ils connaissent. Et il est remis en cause. Il faut un vrai travail au niveau des mentalités, un grignotement du politique.Assiste t-on à une évolution des termes du débat environnemental depuis Rio ? Constate-t-on une radicalité nouvelle dans le débat ?Philippe Germa rappelle que l’écologie était, dans les années 1970, complètement marginale. Depuis, la pensée a beaucoup évolué, jusqu’à s’intégrer dans la société. Mais cette évolution n’est pas assez rapide. C’est à nous, avec une certaine radicalité, d’intégrer dans un modèle qui ne fonctionne plus les revendications qui sont les nôtres.

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Page 22: Synthèse de l'université de rentrée du WWF

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Pascal Husting déplore la scission du mouvement écologique en deux voies, celle qu’il nomme la « retouche cosmétique du système », qui soutient la thèse du capitalisme vert, et celle expérimentant une vraie prise de conscience. Les ONG se radicalisent car, après avoir été ignorées, dénigrées, moquées, maintenant on cherche à les instrumentaliser. Bertrand Meheust explique que les dirigeants ont toujours régulé les sociétés en récupérant certains courants : le politique s’empare de nouvelles idées en les recalibrant pour les rendre acceptables pour le système et cela les dénature. C’est ce phénomène que l’écologie est en train de subir.

Serge Orru, directeur général du WWF France, intervient sur cette question de la radicalisation des ONG, en affirmant qu’on ne peut pas parler de radicalité mais de pluralisme de pensée. Presque tout ce que les écologistes ont annoncé, écrit, est aujourd’hui avéré. On leur demande maintenant de fournir sur le champ les solutions.

« Quand le passé n’éclaire pas l’avenir, nous marchons dans les ténèbres ».

Et pour Piem, dessinateur, auteur de « La planète jusqu’au trognon », arpenter les couloirs de l’Elysée n’est plus suffisant. Il faut donner envie. Mais cette envie n’existe pas : « cruelle est la société qui n’offre pas d’avenir à ses enfants ». C’est donc notre rôle de leur inventer quelque chose. Afin de leur donner envie d’un monde meilleur.

« On ne lâchera pas ! »

Que peut-on attendre de Copenhague ? Un semi-échec ? Pour Daniel Richard, Président de l’association des Amis du WWF-France, nous avons une obligation morale de réussir. Il faut lutter contre les égoïsmes qui nous entourent, afin que cette conférence ne marque pas la fin de l’Histoire mais le début d’un monde nouveau. Les écologistes, les ONG environnementales existent-elle encore ? Les prophètes, les anciens sont-ils encore là ? Nous sommes entrés dans une systémique ravageuse : les ONG se rapprochent trop du pouvoir, mettant en péril leur vérité et leur raison d’être, qui est la défense du citoyen. Il faut qu’elles luttent pour garder leur imaginaire, leur pouvoir, et ne pas être récupérées par un système qui ne vit que pour son intérêt et non pas pour celui des hommes qui vivent en lui. Le changement

climatique doit faire évoluer les spiritualités et la morale. Pour en finir avec ce système privilégiant le mensonge, notamment grâce à la monopolisation de la publicité, instrument de pouvoir, par quelques banques et grandes entreprises.

Clôture. « Il est très difficile de lutter contre un système qui a perdu la tête. »

« Les ONG doivent, afin de mener le combat, rester citoyennes, et se diriger vers une vie épicurienne. »

« Nous recherchons l’exemplarité. »

Michèle Pappalardo, Commissaire générale au Développement Durable, clôture cette Université de Rentrée du WWF France en mettant en avant la volonté et les efforts mis en place pour mener notre pays vers une économie décarbonée.Au-delà de la très forte implication de tous les ministères dans la préparation de Copenhague et des coopérations mises en œuvre pour aider les pays les plus vulnérables, on assiste à une importante mobilisation au niveau européen, national, régional et local. La France a permis une prise de conscience au niveau de l’Union Européenne, avec l’adoption du Paquet énergie climat. Au niveau national, avec le Grenelle de l’environnement, dont la seconde loi sera adoptée prochainement, l’importance du climat a été intégrée par les divers acteurs politiques. La prochaine loi de financement prévoit 19 milliards d’euros de crédits sur l’environnement et met sur la table des outils structurants. Des plans sur le bâtiment, sur la question de bois, sur le fret et sur l’énergie décarbonée mais également un programme de formation concernant les métiers liés aux filières vertes et un réel travail en matière d’affichage du CO2 sont en cours. La politique de lutte contre le changement climatique ne pourra être efficace sans une territorialisation du Grenelle, un réel travail de coopération avec les collectivités locales, notamment sous la forme d’Agenda 21. La politique de lutte contre le changement climatique n’est qu’un aspect d’une politique globale de développement durable. Le croisement entre économie et écologie permettra de sortir vainqueur de cette lutte contre le péril climatique.

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Créé à Paris en 2001, l’Institut du développement durable et des relations internationales (iddri) est né de trois hypothèses : les changements globaux induits par les activités humaines sont insoutenables à terme ; la transformation profonde des modèles de développement est nécessaire ; cette transformation est possible si des politiques cohérentes à l’échelle mondiale sont déployées pour provoquer, à temps, les changements nécessaires des modes de vie.Institut indépendant, l’Iddri se situe à l’interface de la recherche et de la décision : à partir des travaux scientifiques, il éclaire les

questions politiques du développement durable et les grands enjeux de la transformation des modèles de développement. En animant le dialogue entre des acteurs aux intérêts souvent divergents et en mobilisant des équipes de recherche dans un large réseau international, il facilite une compréhension partagée des problèmes dans une perspective mondiale.www.iddri.org

Au 1er janvier 2010, EAU DE PARIS devient l’opérateur unique et public du service public de l’eau à Paris, afin de répondre aux enjeux économiques, sanitaires, environnementaux et sociaux d’un service public performant. Ainsi cette nouvelle régie municipale EAU DE PARIS assurera la gestion du service de l’eau depuis la production

jusqu’à la facturation en passant par la distribution jusqu’alors confiée aux filiales parisiennes de Lyonnaise des eaux et de Veolia, chacune sur une rive de la capitale. A travers cette remunicipalisation du service de l’eau, l’objectif est d’offrir aux Parisiens une eau de la meilleure qualité au meilleur coût grâce à un service performant et une gouvernance ouverte aux usagers.www.eaudeparis.fr

Le Pavillon de l’eau, un lieu d’informations et d’expositions sur l’eau à Paris Ouvert depuis juin 2007, géré par EAU DE PARIS, le Pavillon de l’eau a quatre fonctions essentielles :- informations sur l’eau de Paris et valorisation de l’eau du robinet produite à Paris- expositions sur l’eau à Paris en liaison avec des partenaires. - sensibilisation aux questions liées à l’eau (classes d’eau, débats, projections,...)

- commercialisation d’objets pour apprécier l’eau (carafes, gobelets, machines à gazéifier, livres, cartes postales,...)Contact : [email protected] 01 42 24 54 02 www.pavillondeleau.fr

L’Europe fait la loi ? EurActiv.fr vous explique comment.EurActiv.fr propose en libre accès une information quotidienne sur les politiques de l’Union Européenne, en les reconnectant avec nos débats français. News, analyses, interviews, dossiers offrent une information équilibrée et claire à plus de 40 000 professionnels.www.euractiv.fr

C’est la rentrée sur Ushuaïa TV, la chaîne du développement durable et de la protection de la planète. Ushuaïa TV proposera dès la mi novembre une programmation exceptionnelle autour de la 15ème conférence internationale sur le climat, qui se tiendra à Copenhague en décembre 2009. A cette occasion, Christine Oberdorff recevra des personnalités politiques,

du monde associatif ou encore scientifiques pour de grands débats sur les enjeux rendez-vous historique pour la planète. De nombreux productions et documentaires inédits tels que « Ennemi n°1, Carbone » ou « Les Guerres du climat » viendront compléter cette programmation événementielle.Plus que jamais, Ushuaïa TV s’affirme comme un média indispensable à la diffusion d’idées essentielles.www.ushuaiatv.fr

Lancée en 2007 par SF Production, TerreTv est devenue la première webTv francophone dédiée au développement durable. Avec des programmes gratuits et disponibles 24 heures sur 24, TerreTv s’adresse au grand public, grâce à sa démarche de vulgarisation scientifique et de sensibilisation aux questions environnementales. Si les journalistes de TerreTv font ainsi régulièrement appel aux spécialistes les plus reconnus pour évoquer l’actualité, ils s’attachent néanmoins à coller à l’esprit

du web, tant sur le fond que sur la forme. TerreTv propose un contenu riche et exclusif : déjà 2000 sujets produits ! Des reportages, débats, portraits, fictions, sans oublier les grands dossiers sur des thématiques telles que l’énergie renouvelable, le commerce équitable, l’éco-construction, l’agriculture, le climat, la santé ... autant de sujets que vous pourrez retrouver sur Terre Tv. www.terre.tv

LaRevueDurable est une publication franco-suisse de vulgarisation sur l’écologie et la durabilité. Depuis 2002, elle montre, en toute indépendance, comment favoriser des pratiques durables dans tous les secteurs d’activité. Cinq fois par an, LaRevueDurable présente des dizaines de réalisations crédibles qui ouvrent la voie à une authentique société durable.LaRevueDurable en bref :

• Une approche objective et rigoureuse• Des dossiers thématiques de 40 pages• Des notions-clefs expliquées et illustrées d’exemples• Les meilleures initiatives du terrain• Des débats de fond et des interviews de personnalités engagées• Une dimension internationaleDisponible par abonnement ou en kiosque : www.larevuedurable.com

Fondé par Hubert Beuve-Méry, au lendemain de la seconde guerre mondiale, Le Monde est un journal sans cesse animé, depuis plus de 60 ans, par l’exigence professionnelle et le souci d’indépendance. Premier quotidien national généraliste en diffusion totale payée avec 336 090 exemplaires (Source OJD 2008), Le Monde réunit aujourd’hui près de 1 900 000 lectrices et lecteurs. Quotidien de référence, animé par 300 journalistes et un réseau unique de correspondants, Le Monde est diffusé

dans près de 120 pays. Le Monde.fr enregistre 4,9 millions de visiteurs uniques et 50,4 millions de visites pour juin 2009. Chaque jour, dans Le Monde, une ou deux pages « Planète» mettent en lumière des problématiques scientifiques et environnementales pour accompagner le lecteur dans sa compréhension du monde tel qu’il est aujourd’hui et tel qu’il sera demain. www.lemonde.fr

Synthèse rédigée par Emeline Diaz et Simon Bottero sous la direction de Basile Gueorguievsky

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Pascal Husting déplore la scission du mouvement écologique en deux voies, celle qu’il nomme la « retouche cosmétique du système », qui soutient la thèse du capitalisme vert, et celle expérimentant une vraie prise de conscience. Les ONG se radicalisent car, après avoir été ignorées, dénigrées, moquées, maintenant on cherche à les instrumentaliser. Bertrand Meheust explique que les dirigeants ont toujours régulé les sociétés en récupérant certains courants : le politique s’empare de nouvelles idées en les recalibrant pour les rendre acceptables pour le système et cela les dénature. C’est ce phénomène que l’écologie est en train de subir.

Serge Orru, directeur général du WWF France, intervient sur cette question de la radicalisation des ONG, en affirmant qu’on ne peut pas parler de radicalité mais de pluralisme de pensée. Presque tout ce que les écologistes ont annoncé, écrit, est aujourd’hui avéré. On leur demande maintenant de fournir sur le champ les solutions.

« Quand le passé n’éclaire pas l’avenir, nous marchons dans les ténèbres ».

Et pour Piem, dessinateur, auteur de « La planète jusqu’au trognon », arpenter les couloirs de l’Elysée n’est plus suffisant. Il faut donner envie. Mais cette envie n’existe pas : « cruelle est la société qui n’offre pas d’avenir à ses enfants ». C’est donc notre rôle de leur inventer quelque chose. Afin de leur donner envie d’un monde meilleur.

« On ne lâchera pas ! »

Que peut-on attendre de Copenhague ? Un semi-échec ? Pour Daniel Richard, Président de l’association des Amis du WWF-France, nous avons une obligation morale de réussir. Il faut lutter contre les égoïsmes qui nous entourent, afin que cette conférence ne marque pas la fin de l’Histoire mais le début d’un monde nouveau. Les écologistes, les ONG environnementales existent-elle encore ? Les prophètes, les anciens sont-ils encore là ? Nous sommes entrés dans une systémique ravageuse : les ONG se rapprochent trop du pouvoir, mettant en péril leur vérité et leur raison d’être, qui est la défense du citoyen. Il faut qu’elles luttent pour garder leur imaginaire, leur pouvoir, et ne pas être récupérées par un système qui ne vit que pour son intérêt et non pas pour celui des hommes qui vivent en lui. Le changement

climatique doit faire évoluer les spiritualités et la morale. Pour en finir avec ce système privilégiant le mensonge, notamment grâce à la monopolisation de la publicité, instrument de pouvoir, par quelques banques et grandes entreprises.

Clôture. « Il est très difficile de lutter contre un système qui a perdu la tête. »

« Les ONG doivent, afin de mener le combat, rester citoyennes, et se diriger vers une vie épicurienne. »

« Nous recherchons l’exemplarité. »

Michèle Pappalardo, Commissaire générale au Développement Durable, clôture cette Université de Rentrée du WWF France en mettant en avant la volonté et les efforts mis en place pour mener notre pays vers une économie décarbonée.Au-delà de la très forte implication de tous les ministères dans la préparation de Copenhague et des coopérations mises en œuvre pour aider les pays les plus vulnérables, on assiste à une importante mobilisation au niveau européen, national, régional et local. La France a permis une prise de conscience au niveau de l’Union Européenne, avec l’adoption du Paquet énergie climat. Au niveau national, avec le Grenelle de l’environnement, dont la seconde loi sera adoptée prochainement, l’importance du climat a été intégrée par les divers acteurs politiques. La prochaine loi de financement prévoit 19 milliards d’euros de crédits sur l’environnement et met sur la table des outils structurants. Des plans sur le bâtiment, sur la question de bois, sur le fret et sur l’énergie décarbonée mais également un programme de formation concernant les métiers liés aux filières vertes et un réel travail en matière d’affichage du CO2 sont en cours. La politique de lutte contre le changement climatique ne pourra être efficace sans une territorialisation du Grenelle, un réel travail de coopération avec les collectivités locales, notamment sous la forme d’Agenda 21. La politique de lutte contre le changement climatique n’est qu’un aspect d’une politique globale de développement durable. Le croisement entre économie et écologie permettra de sortir vainqueur de cette lutte contre le péril climatique.

Créé à Paris en 2001, l’Institut du développement durable et des relations internationales (iddri) est né de trois hypothèses : les changements globaux induits par les activités humaines sont insoutenables à terme ; la transformation profonde des modèles de développement est nécessaire ; cette transformation est possible si des politiques cohérentes à l’échelle mondiale sont déployées pour provoquer, à temps, les changements nécessaires des modes de vie.Institut indépendant, l’Iddri se situe à l’interface de la recherche et de la décision : à partir des travaux scientifiques, il éclaire les

questions politiques du développement durable et les grands enjeux de la transformation des modèles de développement. En animant le dialogue entre des acteurs aux intérêts souvent divergents et en mobilisant des équipes de recherche dans un large réseau international, il facilite une compréhension partagée des problèmes dans une perspective mondiale.www.iddri.org

Au 1er janvier 2010, EAU DE PARIS devient l’opérateur unique et public du service public de l’eau à Paris, afin de répondre aux enjeux économiques, sanitaires, environnementaux et sociaux d’un service public performant. Ainsi cette nouvelle régie municipale EAU DE PARIS assurera la gestion du service de l’eau depuis la production

jusqu’à la facturation en passant par la distribution jusqu’alors confiée aux filiales parisiennes de Lyonnaise des eaux et de Veolia, chacune sur une rive de la capitale. A travers cette remunicipalisation du service de l’eau, l’objectif est d’offrir aux Parisiens une eau de la meilleure qualité au meilleur coût grâce à un service performant et une gouvernance ouverte aux usagers.www.eaudeparis.fr

Le Pavillon de l’eau, un lieu d’informations et d’expositions sur l’eau à Paris Ouvert depuis juin 2007, géré par EAU DE PARIS, le Pavillon de l’eau a quatre fonctions essentielles :- informations sur l’eau de Paris et valorisation de l’eau du robinet produite à Paris- expositions sur l’eau à Paris en liaison avec des partenaires. - sensibilisation aux questions liées à l’eau (classes d’eau, débats, projections,...)

- commercialisation d’objets pour apprécier l’eau (carafes, gobelets, machines à gazéifier, livres, cartes postales,...)Contact : [email protected] 01 42 24 54 02 www.pavillondeleau.fr

L’Europe fait la loi ? EurActiv.fr vous explique comment.EurActiv.fr propose en libre accès une information quotidienne sur les politiques de l’Union Européenne, en les reconnectant avec nos débats français. News, analyses, interviews, dossiers offrent une information équilibrée et claire à plus de 40 000 professionnels.www.euractiv.fr

C’est la rentrée sur Ushuaïa TV, la chaîne du développement durable et de la protection de la planète. Ushuaïa TV proposera dès la mi novembre une programmation exceptionnelle autour de la 15ème conférence internationale sur le climat, qui se tiendra à Copenhague en décembre 2009. A cette occasion, Christine Oberdorff recevra des personnalités politiques,

du monde associatif ou encore scientifiques pour de grands débats sur les enjeux rendez-vous historique pour la planète. De nombreux productions et documentaires inédits tels que « Ennemi n°1, Carbone » ou « Les Guerres du climat » viendront compléter cette programmation événementielle.Plus que jamais, Ushuaïa TV s’affirme comme un média indispensable à la diffusion d’idées essentielles.www.ushuaiatv.fr

Lancée en 2007 par SF Production, TerreTv est devenue la première webTv francophone dédiée au développement durable. Avec des programmes gratuits et disponibles 24 heures sur 24, TerreTv s’adresse au grand public, grâce à sa démarche de vulgarisation scientifique et de sensibilisation aux questions environnementales. Si les journalistes de TerreTv font ainsi régulièrement appel aux spécialistes les plus reconnus pour évoquer l’actualité, ils s’attachent néanmoins à coller à l’esprit

du web, tant sur le fond que sur la forme. TerreTv propose un contenu riche et exclusif : déjà 2000 sujets produits ! Des reportages, débats, portraits, fictions, sans oublier les grands dossiers sur des thématiques telles que l’énergie renouvelable, le commerce équitable, l’éco-construction, l’agriculture, le climat, la santé ... autant de sujets que vous pourrez retrouver sur Terre Tv. www.terre.tv

LaRevueDurable est une publication franco-suisse de vulgarisation sur l’écologie et la durabilité. Depuis 2002, elle montre, en toute indépendance, comment favoriser des pratiques durables dans tous les secteurs d’activité. Cinq fois par an, LaRevueDurable présente des dizaines de réalisations crédibles qui ouvrent la voie à une authentique société durable.LaRevueDurable en bref :

• Une approche objective et rigoureuse• Des dossiers thématiques de 40 pages• Des notions-clefs expliquées et illustrées d’exemples• Les meilleures initiatives du terrain• Des débats de fond et des interviews de personnalités engagées• Une dimension internationaleDisponible par abonnement ou en kiosque : www.larevuedurable.com

Fondé par Hubert Beuve-Méry, au lendemain de la seconde guerre mondiale, Le Monde est un journal sans cesse animé, depuis plus de 60 ans, par l’exigence professionnelle et le souci d’indépendance. Premier quotidien national généraliste en diffusion totale payée avec 336 090 exemplaires (Source OJD 2008), Le Monde réunit aujourd’hui près de 1 900 000 lectrices et lecteurs. Quotidien de référence, animé par 300 journalistes et un réseau unique de correspondants, Le Monde est diffusé

dans près de 120 pays. Le Monde.fr enregistre 4,9 millions de visiteurs uniques et 50,4 millions de visites pour juin 2009. Chaque jour, dans Le Monde, une ou deux pages « Planète» mettent en lumière des problématiques scientifiques et environnementales pour accompagner le lecteur dans sa compréhension du monde tel qu’il est aujourd’hui et tel qu’il sera demain. www.lemonde.fr

Page 24: Synthèse de l'université de rentrée du WWF

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