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1 ACADEMİE DES SCİENCES DU KURDİSTAN Centre de la Recherche Scientifique du Kurdistan Dr Ali KILIC, Paris Berlin le 30 Nov.11 Déc 2015 Sur la Conférence de Paris et sur notre politique énergétique La vingt-et-unième conférence des parties aux négociations sur le climat (COP 21), qui se tiendra prochainement à Paris, est généralement considérée comme devant marquer une étape décisive dans la concertation internationale pour lutter contre les conséquences du changement climatique qui menace notre planète. Au nom de la France, d’abord Laurent Fabius a présidé et a accueilli la 21 e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21/CMP11), du 30 novembre au 11 décembre 2015 195 pays : C’est une échéance cruciale puisqu’elle doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous, pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2°C et puis il a donné la parole, á Monsieur Ban Ki Moon, puis á François Hollande. Avant l’ouverture de la Conférence, le Président Obama, en présence Anne Hidalgo, Maire de Paris et le Président François Hollande ont déposé des fleurs á la Place de la République aux souvenirs des victimes de la terreur et de la barbarie. La question qui se pose est de savoir quel rapport établir entre l’originalité de cette Conférence de Paris et ses objectives pour son passé et son avenir quelles seront ses conséquences et ses difficultés depuis 1979 date á la quelle l’ONU a décidé l’organisation de cette Conférence á plusieurs reprises qui n’a pas abouti á des conclusions et l’ONU n’a pas assumé sa responsabilité pour l’applications de ses déclarations et quelle la place des Peuples sans Etats colonisés martyrisés qui n’ont pas défendu par l’ONU ? 1. La Conférence de Paris n’est pas une activité nouvelle de l’ONU, et ni de la France. La première conférence mondiale sur le climat remonte à 1979 à Genève (Suisse). À cette occasion, un Programme de recherche climatologique mondial

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1

ACADEMİE DES SCİENCES DU KURDİSTAN

Centre de la Recherche Scientifique du Kurdistan Dr Ali KILIC,

Paris Berlin le 30 Nov.11 Déc 2015

Sur la Conférence de Paris

et

sur notre politique énergétique

La vingt-et-unième conférence des parties aux négociations sur le climat

(COP 21), qui se tiendra prochainement à Paris, est généralement considérée

comme devant marquer une étape décisive dans la concertation internationale

pour lutter contre les conséquences du changement climatique qui menace

notre planète.

Au nom de la France, d’abord Laurent Fabius a présidé et a accueilli la

21e Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les

changements climatiques (COP21/CMP11), du 30 novembre au 11 décembre

2015 195 pays : C’est une échéance cruciale puisqu’elle doit aboutir à un nouvel

accord international sur le climat, applicable à tous, pour maintenir le

réchauffement climatique en dessous de 2°C et puis il a donné la parole, á

Monsieur Ban Ki Moon, puis á François Hollande.

Avant l’ouverture de la Conférence, le Président Obama, en présence

Anne Hidalgo, Maire de Paris et le Président François Hollande ont déposé des

fleurs á la Place de la République aux souvenirs des victimes de la terreur et de

la barbarie. La question qui se pose est de savoir quel rapport établir entre

l’originalité de cette Conférence de Paris et ses objectives pour son passé et son

avenir quelles seront ses conséquences et ses difficultés depuis 1979 date á la

quelle l’ONU a décidé l’organisation de cette Conférence á plusieurs reprises

qui n’a pas abouti á des conclusions et l’ONU n’a pas assumé sa responsabilité

pour l’applications de ses déclarations et quelle la place des Peuples sans Etats

colonisés martyrisés qui n’ont pas défendu par l’ONU ?

1. La Conférence de Paris n’est pas une activité nouvelle de l’ONU, et ni

de la France.

La première conférence mondiale sur le climat remonte à 1979 à Genève

(Suisse). À cette occasion, un Programme de recherche climatologique mondial

2

est lancé, sous la responsabilité de l’Organisation météorologique mondiale

(OMM), du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et du

Conseil international des unions scientifiques (CIUS). Sur le plan chronologique

En 1985. Convention de Vienne Les Etats parties s’engagent à protéger la

couche d’ozone et à coopérer scientifiquement afin d’améliorer la

compréhension des processus atmosphériques. Cette convention ne contient

aucun dispositif contraignant, mais prévoit que des protocoles spécifiques

pourront lui être annexés.

En septembre 1987, Les Etats parties prennent la décision d’interdire la

production et l’utilisation des CFC (chlorofluorocarbones) responsables de

l’amincissement de la couche d’ozone d’ici à l’an 2000. Dès la deuxième

conférence des parties au protocole, qui s'est tenue à Londres en juin 1990, les

Etats se sont entendus pour renforcer progressivement le dispositif de protection

de la couche d'ozone. C'est ainsi qu'à l'occasion des différentes conférences et

réunions des parties, ils ont adopté plusieurs ajustements techniques, qui

aboutissent à modifier le calendrier de réduction des substances déjà

réglementées par le protocole, et 4 amendements (de Londres en 1990, de

Copenhague en 1992, de Vienne en 1995, de Montréal en 1997 et de Pékin en

1999) qui ont progressivement élargi le champ d'application du Protocole,

notamment en y intégrant de nouvelles substances (bromure de méthyle, HCFC

pour les dernières).

Le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, IPCC

en anglais), placé sous l’égide du PNUE et de l’OMM, est chargé du suivi

scientifique des processus de réchauffement climatique en 1988 et en décembre

1989–janvier 1990. 2ème conférence mondiale sur le climat a été organisée á

La Haye

La conférence réunit 149 pays. Les douze Etats de la CEE (Communauté

économique européenne) s’engagent à stabiliser leurs émissions de CO2 au

niveau de 1990 d’ici à 2000. La déclaration finale préconise la mise en place de

négociations en vue d’une convention internationale sur les changements

climatiques.

En 1990. c’est le premier rapport du GIEC qui a été publié par (Groupe

intergouvernemental sur l'évolution du climat. Le rapport dresse le bilan des

connaissances scientifiques sur les changements climatiques et leurs possibles

répercussions sur l’environnement, l’économie, la société. Ce rapport a servi de

base scientifique à la Convention-cadre sur le climat (Rio, 1992).

3

Finalement 3-14 juin 1992. Sommet de la terre : Rio de Janeiro (Brésil)

131 chefs d’Etat réunis à Rio adoptent l’Agenda 21, liste de 2500

recommandations d’action pour le 21ème siècle.

La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ] est

ouverte à la signature. Son objectif est de stabiliser les concentrations

atmosphériques de gaz à effet des serre à un niveau qui empêche toute

perturbation humaine dangereuse du système climatique.

Après sa ratification par 50 Etats, la convention est entrée en vigueur le

21 mars 1994. 28 mars-7avril 1995. 1ère conférence des Parties à la Convention

sur le climat (COP 1) et c’est á Berlin, l’Adoption du principe des quotas

d'émissions de gaz à effet de serre a été réalisée

Décembre 1995. Second rapport du GIEC

Le rapport confirme l’influence des activités humaines sur les

changements climatiques et prévoit un réchauffement moyen de 1 à 3, 5 degrés

d’ici à 2100 ainsi qu’une augmentation du niveau de la mer de 15 à 95

centimètres.

8-19 juillet 1996. 2ème Conférence des Nations unies sur les changements

climatiques : Genève

Les représentants des gouvernements s’engagent à renforcer la lutte

contre le réchauffement de la planète, en fixant des objectifs quantifiés

légalement contraignant.

23-27 juin 1997. 2ème sommet de la terre : New York

La 19ème session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies

(dite "Rio +5") fait le point sur les engagements pris à Rio cinq ans auparavant,

et constate le désaccord entre l’Union européenne et les Etats-Unis sur la

réduction des gaz à effet de serre.

1er-12 décembre 1997. 3ème Conférence des Nations unies sur les

changements climatiques : Kyoto

Adoption d’un protocole à la Convention sur le climat dit "protocole de

Kyoto" [pdf, 51 Ko] . Il engage les pays industrialisés regroupés dans l'annexe B

du Protocole (38 pays industrialisés : Etats-Unis, Canada, Japon, pays de l'UE,

pays de l’ancien bloc communiste) à réduire les émissions de gaz à effet de serre

de 5, 2% en moyenne d’ici 2012, par rapport au niveau de 1990. Sous la

pression d'un groupe de pays conduits par les Etats-Unis, des mécanismes de

flexibilité sont créés, permettant à un pays de remplir ses obligations non pas en

limitant ses émissions mais en finançant des réductions à l'étranger.

4

2-14 novembre 1998. 4ème Conférence des Nations unies sur les

changements climatiques : Buenos Aires

La conférence est marquée par la confrontation entre les pays en

développement et les pays industrialisés, seuls concernés dans un premier temps

par la mise en œuvre du Protocole de Kyoto, et adopte un plan d’action destiné à

relancer les mesures décidées à Kyoto. Les Etats-Unis tentent d'accélérer la mise

en oeuvre des permis d'émission négociables. Ils s’opposent à tout compromis,

mais signent le Protocole de Kyoto.

Dans la même année le Groupe d’experts intergouvernemental sur

l’évolution du climat (GIEC) est créé par l’OMM et le PNUE pour procéder, à

intervalles réguliers, à une évaluation de l’état des connaissances sur les

changements climatiques. Son premier rapport en 1990 reconnaît la

responsabilité humaine dans le dérèglement climatique. Il sert de base à

l’élaboration de la Convention cadre des Nations unies sur les changements

climatiques (CCNUCC).

13-24 novembre 2000. 6ème Conférence des Nations unies sur les

changements climatiques : La Haye

Les négociateurs des 182 pays représentés échouent à trouver un accord

sur la mise en œuvre des mesures adoptées à Kyoto. Confrontation entre les

Etats-Unis (et ses alliés : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon) et

l’Union européenne (qui plaide contre la prise en compte des puits de carbone,

pour que 50% au moins des engagements pris soient réalisés à l’intérieur de

chaque pays, pour la création d’une structure supranationale et pour

l’instauration de sanctions contre les pays contrevenants).

Janvier 2001. Publication du troisième rapport du GIEC (Groupe

intergouvernemental sur l'évolution du climat).

13 mars 2001. Les Etats-Unis renoncent à limiter leurs émissions de gaz à

effet de serre.

Le nouveau président des Etats-Unis, G.W. Bush, annonce qu’il renonce

à la réglementation des émissions de gaz à effet de serre et affirme son

opposition au Protocole de Kyoto.

29 octobre-10 novembre 2001. 7ème Conférence des Nations unies sur

les changements climatiques à Marrakech

5

Traduction juridique des règles de mise en oeuvre du Protocole de

Kyoto. Création d'un comité ad hoc d'observance. Des moyens techniques et

financiers sont débloqués en faveur des pays en développement.

31 mai 2002. L'Union européenne et ses 15 Etats membres ratifient le

protocole de Kyoto.

4 juin 2002. Le Japon ratifie le protocole de Kyoto.

22 octobre 2004. La Russie ratifie le protocole de Kyoto [PDf, 184

Ko].En approuvant le projet de loi de ratification, les députés russes ouvrent la

voie à l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, qui sera effective le 16 février

2005. En effet, pour entrer en vigueur, l'accord international devait être ratifié

par au moins 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre.

16 février 2005 l Entrée en vigueur du protocole de Kyoto Signé en

1997, le protocole de Kyoto, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de

serre des pays industrialisés durant la période 2008-2012 en deçà des niveaux de

1990, prend effet après avoir été ratifié par 141 pays. Ainsi, 36 pays

industrialisés, à l'exception des Etats-Unis et de l'Australie qui comptent pour

plus d’un tiers des gaz à effet de serre du monde industrialisé mais n'ont pas

ratifié le protocole, seront dans l'obligation de réduire de 5,2% en moyenne leurs

émissions de CO2 et de cinq autres gaz réchauffant l'atmosphère. Les 107 pays

en développement qui ont ratifié le protocole auront de simples obligations

d'inventaire d'émissions polluantes.

28 novembre-10 décembre 2005. 1ère réunion de suivi du protocole de

Kyoto et 11ème Conférence des Nations unies sur les changements

climatiques à Montréal (Canada).

La conférence, qui a mobilisé près de 10 000 personnes et une centaine

de ministres de l'environnement, entérine une série d'accords (les accords de

Marrakech), qui établissent les règles de fonctionnement du Protocole de Kyoto,

permettant la totalité de sa mise en oeuvre. Les marchés du carbone deviennent

ainsi une réalité.

Par ailleurs, la décision de négocier un prolongement du Protocole au-

delà de son échéance de 2012 est prise. L'accord de dernière minute prévoyant

que les négociations seront menées dans le cadre plus large de la convention-

cadre des Nations unies sur les changements climatiques, les Etats-Unis, qui

n’ont pas ratifié le Protocole, acceptent finalement de s’y associer.

Janvier 2006 : 2005, classée année la plus chaude

6

Un rapport émanant de la NASA (24 janvier 2006), constate que l’année

2005 a été la plus chaude depuis la fin du 19ème siècle. L’Organisation

météorologique mondiale (OMM)[.pdf, 555ko] classait pour sa part, le 15

décembre 2005, l’année 2005 dans les deux plus chaudes depuis 1861, date du

début des relevés de températures. La terre s’est réchauffée de 0,8 degré Celsius

depuis un siècle et de 0,6 degré depuis 30 ans.

11-12 janvier 2006. 1ère réunion du Partenariat Asie-Pacifique sur le

développement propre et le climat : Sydney (Australie)

Ce Partenariat, formé en juillet 2005, regroupe les Etats-Unis, l'Australie

et quatre pays d'Asie : Chine, Japon, Inde et Corée du Sud. Ces pays

représentent près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le

monde, l'Australie et les Etats-Unis, ayant pour leur part refusé de ratifier le

protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre. Le communiqué

final mentionne que la lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas

freiner la croissance économique, et que la plus grosse partie de la lutte contre le

réchauffement climatique reviendra au secteur privé.

7-17 novembre 2006. 12ème Conférence des Nations unies sur les

changements climatiques: Nairobi (Kenya)

La conférence des 168 Etats parties au traité décide que la révision du

protocole de Kyoto devra commencer en 2008. Cette révision, qui sera fondée

notamment sur le 4ème rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur le

changement climatique" (GIEC), -à paraître à partir de février 2007- doit

permettre de définir les implications du protocole au-delà de 2012. La question

de l’élargissement de l'accord à des pays comme la Chine ou l'Inde, non

concernés par la première phase, est posée. La conférence est également centrée

sur le renforcement des mécanismes de soutien aux pays en développement,

avec la mise en œuvre du Mécanisme de développement propre (MDP), qui

permet à des pays industrialisés d'investir dans des pays du Sud pour

contrebalancer leurs émissions de gaz à effet de serre ainsi que sur les modalités

de fonctionnement du Fonds d'adaptation, destiné à parer aux impacts du

réchauffement dans les pays pauvres. Les participants décident d'aider l'Afrique

à obtenir des fonds pour des énergies "propres" éolienne ou hydro motrice

notamment.

2 février 2007. Publication, à Paris, du 1er volume du 4ème rapport

sur le Changement climatique 2007 : les bases scientifiques physiques

Les scientifiques du Groupe d'experts des Nations unies établissent la

7

responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Quatrième rapport

d'une série commencée en 1990, c'est le bilan de six années de travaux menés

par un réseau de 2 500 scientifiques. Les experts confirment le rôle des

émissions de gaz à effet de serre et la gravité des changements en cours :

perspective d'augmentation moyenne de 1,8°C à 4°C et hausse du niveau des

océans de près de 60 cm d'ici la fin du siècle, généralisation de vagues de

chaleur et d'épisodes de fortes précipitations. Réunis le 3 février à Paris à

l'initiative du président français Jacques Chirac, 46 pays appellent à la création

d'une Organisation des Nations unies pour l'environnement, projet contesté

notamment par les Etats-Unis et les grands pays émergents.

6 avril 2007. Publication du 2ème volume du 4ème rapport "Bilan 2007

des changements climatiques : Impacts, adaptation et vulnérabilité" (Résumé à

l'intention des décideurs, 19 p.)

Le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) publie le

deuxième volume de l'édition 2007 du rapport sur le changement climatique.

Celui-ci établit un diagnostic alarmant des impacts du réchauffement climatique,

malgré les réticences chinoises et américaines sur les conclusions, et notamment

la demande américaine de retirer la quasi totalité des données chiffrées du

résumé. Le GIEC insiste sur deux principaux messages : en premier lieu, le

réchauffement déjà en cours frappera toutes les régions du monde, mais

prioritairement les pays en développement d'Afrique et d'Asie. Par ailleurs, au-

delà de 2 à 3 degrés de hausse par rapport à 1990, ce réchauffement aura des

impacts négatifs.

Mai 2007. Création du Forum des économies majeures sur le

changement climatique

Le président américain, G. W. Bush, lance le FEM (Forum des

économies majeures sur le climat ), dans le but de concurrencer les négociations

menées sous l'égide des Nations unies. Celui-ci rassemble les principaux pays

pollueurs de la planète : l'Afrique du Sud, l'Allemagne, l'Australie, le Brésil, le

Canada, la Chine, la Corée du Sud, la France, l'Inde, l'Indonésie, l'Italie, le

Japon, le Mexique, la Russie, le Royaume-Uni, l'Union européenne et les

Nations unies.

4 mai 2007. Publication, à Bangkok, du 3ème volume du 4ème rapport

(2007) sur Le changement climatique 2007 : les mesures d'atténuation

Le rapport, approuvé par les 400 délégués du GIEC (Groupe

intergouvernemental sur l'évolution du climat), juge qu'une action résolue contre

le réchauffement aurait un coût relativement modéré mais que les 20 à 30

8

prochaines années seront déterminantes. La question des coûts domine toutefois

les débats, marqués par de fortes divergences entre pays en développement et

pays industrialisées.

22 septembre 2007. Signature de l'accord de Montréal sur l'élimination

de substances chimiques appauvrissant la couche d'ozone

190 pays plus l'Union européenne réunis du 16 au 22 septembre à

Montréal, signent un accord destiné à accélérer l'élimination des HCFC

(hydrochlorofluorocarbones), accord qui contribuera à la lutte contre le

réchauffement climatique. En vertu de cet accord, la production de ces

substances sera gelée en 2013 à son niveau de 2009-2010, avant leur élimination

totale, qui a été avancée à 2020 pour les pays développés et 2030 pour les pays

en développement. La conférence marquait aussi le 20ème anniversaire du

Protocole de Montréal signé en 1987, considéré comme l'accord

environnemental le plus efficace, qui a réussi à pratiquement éliminer une

première génération de substances appauvrissant la couche d'ozone, les CFC

(chlorofluorocarbones) et qui prévoyait l'élimination de la deuxième génération

de gaz réfrigérants moins nocive, les HCFC, en 2030 pour les pays développés

et 2040 pour les pays en développement.

12 octobre 2007. Le prix Nobel de la paix est attribué à l'ancien vice-

président américain Al Gore, et au GIEC (Groupe intergouvernemental des

Nations unies sur l'évolution du climat),

pour «leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les

changements climatiques provoqués par l'homme». Vice-président de Bill

Clinton et ancien candidat démocrate à la Maison Blanche en 2000, Al Gore a

réalisé un documentaire "Une vérité qui dérange".

17 novembre 2007. Publication du 4ème volume du rapport du Groupe

intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) "Changement climatique

2007 : les mesures politiques".

Dans le résumé à l'intention des décideurs, le groupe d'experts sur le changement

climatique, met en garde contre les conséquences "soudaines", voire

"irréversibles" du réchauffement en cours. Le GIEC prévoit une hausse de

température moyenne de 1,8 à 4 degrés, pouvant aller jusqu'à 6,4 degrés en 2100

par rapport à 1990.

3 décembre 2007. Ratification du protocole de Kyoto par l'Australie.

Les Etats-Unis sont désormais le seul pays industrialisé à n'avoir pas ratifié le

Protocole de Kyoto.

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3-14 décembre 2007. 13ème Conférence des Nations unies sur les

changements climatiques : Bali (Indonésie).

Un accord est trouvé in extremis, à l’issue de deux semaines de négociations

difficiles, sur la "feuille de route" qui doit aboutir en 2009, à Copenhague, à un

nouveau traité. Celui-ci prendra la suite du Protocole de Kyoto sur la réduction

des émissions des gaz à effet de serre, qui vient à échéance en 2012. Si les

parties reconnaissent que "des réductions sévères des émissions mondiales

devront être conduites", elles ne reprennent pas l'objectif de réduction de 25% à

40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020 par les pays industrialisés,

proposé par l’Union européenne, et rejeté par le gouvernement américain.

31 mars-4 avril 2008. Ouverture de nouvelles négociations internationales sur le

changement climatique : Bangkok (Thaïlande).

Les délégués de 161 pays ouvrent un nouveau cycle de négociations sur le

climat, dans le cadre de la Convention cadre des Nations unies sur les

changements climatiques (CNUCC). Celui-ci devrait aboutir, lors de la

conférence de Copenhague fixée à décembre 2009, à un accord mondial de

réduction des émissions polluantes, censé prendre le relais du protocole de

Kyoto qui expire en 2012.

1-13 décembre 2008. 14ème Conférence des Nations unies sur le climat :

Poznam (Pologne).

Elle est consacrée à l'avancée des négociations sur le traité appelé à remplacer le

protocole de Kyoto. L'un des principaux acquis réside dans la création d'un

fonds d'aide aux pays pauvres menacés par les conséquences du réchauffement.

Mais ce fonds ne devrait permettre de recueillir que 80 millions de dollars. Les

pays en développement, notamment le Brésil et l'Inde, accusent les pays riches

de ne pas suffisamment les aider à faire face aux conséquences du dérèglement

climatique comme les sécheresses, les inondations, les épidémies et la montée

du niveau des mers.

12 décembre 2008. Adoption du "paquet énergie climat" par le Conseil européen

Le Conseil européen de Bruxelles adopte un plan de lutte contre le

réchauffement climatique pour la période 2013-2020 : diminution de 20% des

émissions de gaz à effet de serre (GES), augmentation à 20% de la part des

énergies renouvelables dans la consommation énergétique totale de l’UE et

amélioration de 20% de l’efficacité énergétique de l’Union européenne.

1er-12 juin 2009. 2ème session de négociations du futur accord sur le

changement climatique, à Bonn (Allemagne).

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Les délégués de 183 pays -sur les 192 parties à la Convention des Nations unies

sur le climat (CNUCC)- font le constat de leurs nombreux désaccords en

entamant la lecture du premier texte de négociations qui leur est soumis. Le

clivage se creuse entre les pays industrialisés et les pays émergents soutenus par

les pays en développement : tant que les pays industrialisés n’auront pas adopté

les réductions d’émissions –moins 40% en 2020 par rapport à 1990- préconisées

par le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le

Brésil, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud ne souscriront pas au futur traité et

refuseront des objectifs domestiques de baisses de leurs propres émissions.

7-18 décembre 2009. Le sommet des Nations unies sur les changements

climatiques, réuni à Copenhague, s’achève sur un accord à minima.

Faute de consensus entre les délégués des 193 pays réunis pour conclure un

accord devant prendre le relais du Protocole de Kyoto en 2012, la 15ème

Conférence mondiale des Parties sur le climat se termine par l’adoption d’un

texte juridiquement non contraignant, mis au point par les Etats-Unis et quatre

pays émergents, la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud. Ce texte affirme

la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l’ère pré-

industrielle mais ne comporte aucun engagement chiffré de réduction des

émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, les pays industrialisés s'engagent

collectivement à apporter des ressources nouvelles aux pays les plus vulnérables

d'un montant total de 30 milliards de dollars sur trois ans (2010-2012), pour

l'adaptation des pays en développement aux effets du réchauffement climatique.

Le processus de négociation va se poursuivre, ponctué par une réunion

intermédiaire, en juin 2010, à Bonn et une nouvelle conférence, fin 2010, à

Cancun.

18 février 2010. Annonce de la démission du secrétaire exécutif de la

Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC),

Yvo de Boer

Cette annonce, qui sera effective à partir du 1er juillet, survient deux mois après

le semi-echec de Copenhague. Dans le même temps, le GIEC (Groupe

intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat) fait l'objet de

controverses concernant le débat scientifique ou la publication de données

inexactes.

30 août 2010. Rapport sur le fonctionnement du Groupe d'experts

intergouvernemental sur le climat (GIEC)

Ce document fait suite à un certain nombre d’erreurs découvertes dans le rapport

2007 du Groupe. Il a été commandé en mars 2010, par le président du GIEC,

Rajendra Pachauri, et le secrétariat général des Nations unies, au Conseil

11

interacadémique (InterAcademy Council, IAC), composé de 15 académies des

sciences de différents pays. Tout en reconnaissant la qualité du travail réalisé par

les experts, l’IAC conclut à la nécessité d’une réforme en profondeur du GIEC

pour qu’il retrouve une crédibilité. Il appelle pour ce faire, à la création d’un

comité exécutif avec des personnalités extérieures pour plus de transparence et

de souplesse. Il suggère d’adopter des consignes plus rigoureuses sur l'utilisation

des informations issues de données non publiées et d’améliorer la

communication. Enfin, il recommande fortement de limiter la durée du mandat

du président du GIEC pour "conserver une approche neuve"

10 décembre 2010. Accord au sommet de Cancun (Mexique), sur le climat

La 16ème conférence des parties signataires de la Convention cadre de l'ONU

sur le climat (UNFCC), réunit les représentants de 192 pays. Ces derniers

adoptent à la quasi unanimité (sauf la Bolivie), un texte mettant en place une

série de mécanismes financiers pour lutter contre le réchauffement climatique et

promouvoir l'adaptation à ses effets. Un Fonds vert est créé pour soutenir les

projets, programmes et politiques d'adaptation des pays en développement. La

mise en place du mécanisme REDD (Ressources pour le développement

durable) qui consiste à rémunérer financièrement les populations locales

impliquées dans la gestion des forêts. L'accord de Cancun ne repose que sur des

mécanismes non-contraignants, confirmant les engagements unilatéraux adoptés

à la conférence de Copenhague de 2009, et ne prévoit rien pour prolonger le

protocole de Kyoto au delà de 2012.

3-8 avril 2011. Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à

Bangkok.

Les représentants de plus de 190 pays se retrouvent pour la reprise des

pourparlers sur le changement climatique, en préparation de la conférence de

Durban à la fin de 2011, dans un contexte marqué par la crise nucléaire au Japon

et ses conséquences sur la lutte contre le réchauffement de la planète.

28 novembre-11 décembre 2011. Accord pour un nouveau pacte mondial sur le

climat en 2015, lors de la conférence de Durban II en Afrique du Sud.

La 17ème conférence des Nations unies sur le climat réunissant 190 pays

s’achève par une feuille de route pour un accord prévoyant d’établir d’ici à 2015

un pacte global de réduction des émissions de gaz à effet de serre dont l'entrée

en vigueur est prévue à l'horizon 2020. Le texte englobe pour la première fois

tous les pays dans la lutte contre le réchauffement climatique, notamment les

plus gros pollueurs, la Chine, l'Inde et les Etats-Unis. Il ne prévoit toutefois ni

contrainte juridique, ni hausse du niveau des mesures pour réduire les émissions

12

de gaz à effet de serre, afin de limiter le réchauffement sous le seuil de 2°C. Les

organisations non gouvernementales critiquent à l'unanimité l'absence de

nouveaux engagements concrets. La feuille de route prévoit également la

prolongation du protocole de Kyoto - qui fixe des objectifs de réduction des gaz

à effet de serre à une quarantaine de pays industrialisés, après son expiration

prévue fin 2012. La décision de Durban fixe une deuxième période dont la durée

(5 ou 8 ans) doit encore être débattue. Toutefois, si l'Union européenne s'engage

dans cette voie, le Canada, la Russie et le Japon refusent cette prolongation. De

surcroit, le Canada annonce, le 12 décembre, son intention de se retirer dès à

présent du protocole de Kyoto. Enfin, un Fonds vert pour le climat, mécanisme

financier acté à la conférence de Cancun en 2010 et destiné à aider les pays

pauvres à faire face au réchauffement climatique, est officiellement créé.

20-22 juin 2012. Sommet de la terre dit "Rio + 20", à Rio de Janeiro (Brésil).

Vingt ans après le Sommet de 1992 qui a fait de l'environnement une priorité

mondiale, le sommet des Nations unies sur le développement durable, précédé

par des mois de discussions et de négociations, réunit 130 pays. Présidé par la

chef de l'Etat brésilien, Dilma Rousseff, le sommet s'achève avec l'adoption d'un

compromis à minima, alors que le rapport "Geo-5" établi par le Programme des

Nations unies pour l'environnement (PNUE) établit que, sur 90 objectifs

prioritaires en 1992, seulement quatre ont connu des progrès significatifs, dont

celui de la disparition des molécules portant atteinte à la couche d’ozone (les

CFC notamment). L'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre

n'a, par contre, pas connu de progrès et ceux-ci devraient doubler d’ici 2050.

Dans le communiqué final, "L'avenir que nous voulons", les Etats s'engagent à

promouvoir une "économie verte" épargnant les ressources naturelles de la

planète et éradiquant la pauvreté, mais les critiques sont nombreuses sur

l'absence d'objectifs contraignants et de financement. Les 25 domaines

particulièrement ciblés vont de l'éradication de la pauvreté, la sécurité

alimentaire, l'eau, l'énergie, le transport, la santé, l'emploi, aux océans, au

changement climatique, à la consommation et la production durables.

Le sommet de la Terre à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 est une étape

cruciale dans les négociations climatiques internationale avec la signature de la

Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Elle

reconnaît officiellement l’existence du dérèglement climatique et la

responsabilité humaine dans ce phénomène. Son objectif est de stabiliser les

concentrations atmosphériques de gaz à effet des serre à un niveau qui empêche

toute perturbation humaine dangereuse du système climatique. La Convention

cadre, entrée en vigueur le 21 mars 1994, a été ratifiée par 195 pays, appelés

« parties », plus l’Union européenne.

13

L’adoption du protocole de Kyoto en 1997 fixe pour la première fois aux

pays développés des engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à

effet de serre (GES). Entré en vigueur en 2005, le protocole devait couvrir la

période 2008-2012.

Une vision à plus long terme s’est ensuite imposée avec le plan de Bali en 2007

qui a établi un calendrier de négociations pour parvenir à un nouvel accord

devant prendre le relais du protocole de Kyoto dont l’échéance a été fixée à

2012. La conclusion d’un accord devait se réaliser au plus tard en décembre

2009.

Si Copenhague (Danemark) n’a pas permis l’adoption d’un nouvel accord,

la COP15/CMP5 a validé l’objectif commun visant à contenir le réchauffement

climatique en-deçà de 2°C. Les pays développés se sont également engagés à

mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 en faveur des pays en

développement à faire face au dérèglement climatique. Cancun (Mexique) en

2010 a permis la concrétisation de l’objectif des 2°C par la création

d’institutions dédiées sur des points clés comme le Fonds vert pour le climat.

La volonté d’agir collectivement s’est traduite par la création, en 2011, de la

plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP), qui a pour mandat de

rassembler autour de la table tous les pays, développés et en développement,

afin de travailler à un «protocole, à un instrument juridique ou à un résultat

ayant force de loi » applicable à toutes les parties à la Convention climat de

l’ONU. Cet accord devra être adopté en 2015 et mis en œuvre à partir de 2020.

Afin de pallier le vide juridique, la conférence de Doha (Qatar) en 2012 a

entériné l’engagement de plusieurs pays industrialisés dans une seconde période

d’engagement du protocole de Kyoto (2013/2020) et a mis fin au mandat de

Bali.

Les conférences de Varsovie (Pologne) en 2013 et de Lima (Pérou) en

2014 ont permis de franchir des étapes indispensables pour préparer la COP21

de Paris en 2015. Ainsi, tous les États ont été invités à communiquer leur

contribution (INDC) en matière de réduction de gaz à effet de serre en amont de

la COP21.

La politique climat de la France

La France compte parmi les pays industrialisés les moins émetteurs de gaz

à effet de serre. Elle représente seulement 1,2 % des émissions mondiales, alors

qu’elle contribue à hauteur de 4,2 % au PIB mondial.

Des émissions de gaz à effet de serre en baisse.

14

Entre 2008 et 2012, les émissions de GES de la France ont été en moyenne par

année de 56,2 Mt inférieures au plafond d’émission qu’elle s’était engagée à

respecter au titre du protocole de Kyoto. En 2013, elles atteignent 491,5 Mt

eq.CO2. Cela représente un écart de 13% par rapport à 1990. Grâce à cette

réduction, la France a contribué à l’engagement pris par l’Union européenne et

ses États membres au titre du protocole de Kyoto (-8 % en 2008-2012 par

rapport à 1990) et fera de même pour la seconde période d’engagement de

l’Union au protocole (-20 % en 2020 par rapport à 1990). Le paquet énergie

2030 (au moins 40 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre à

l’horizon 2030) adopté en 2014 par le Conseil de l’Union a servi de base pour la

contribution nationale de l’Union et de ses États membres à l’accord de Paris

communiquée à la CCNUCC le 6 mars 2015.

Lors de la première Conférence environnementale en 2012, le président de

la République a donné un cap clair visant à faire de la France une nation de

l’excellence environnementale. Adopté en première lecture à l’Assemblée

nationale en octobre 2014, le projet de loi relatif à la transition énergétique pour

la croissance verte fixe des objectifs ambitieux et met en place des outils

opérationnels ainsi que des aides simples et efficaces pour faire baisser la facture

énergétique de la France et des Français et lutter contre le dérèglement

climatique : – 40 % d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à

1990. ; -30% de consommation d’énergies fossiles en 2030 par rapport à 2012 ;

porter la part des énergies renouvelables à 32% de la consommation finale

d’énergie en 2030 et à 40% de la production d’électricité ; réduire la

consommation énergétique finale de 50% en 2050, en visant un objectif

intermédiaire de 20 % en 2030 par rapport à 2012.

La France mène en parallèle de nombreuses actions politiques et

économiques d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques, que ce

soit à l’échelle internationale, européenne, nationale ou locale. La lutte contre

les changements climatiques est une priorité transversale de sa politique de

développement. Depuis plusieurs années, la France renforce son action

internationale dans ce domaine, en s’appuyant au niveau bilatéral sur son

principal opérateur, l’Agence française de développement (AFD), (engagement

en 2012 de 2,4 Md€ au bénéfice de 54 projets « climat »), mais également sur le

Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et sur des opérateurs

techniques tels que l’Institut de recherche et développement (IRD), l’Agence de

l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) ou la branche

internationale de l’Office national des forêts (ONFI).

La France est contributeur du Fonds pour l’environnement mondial et du

Fonds pour les technologies propres. Elle participe activement aux travaux du

15

conseil du Fonds vert pour le climat, pour lequel elle contribuera à hauteur d’un

milliard de dollars à verser d’ici à 2018. Projet de décision -/CP.21

La Conférence des Parties,

Rappelant la décision 1/CP.17 relative à la création du Groupe de travail

spécial de la plateforme de Durban pour une action renforcée, Rappelant

également les articles 2, 3 et 4 de la Convention, Rappelant en outre les

décisions pertinentes de la Conférence des Parties, notamment ses décisions

1/CP.16, 2/CP.18, 1/CP.19 et 1/CP.20, Saluant l’adoption de la résolution

A/RES/70/1 de l’Assemblée générale des Nations Unies, intitulée « Transformer

notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », en

particulier de son objectif 13, ainsi que l’adoption du Programme d’action

d’Addis-Abeba par la troisième Conférence internationale sur le financement du

développement et l’adoption du Cadre de Sendai pour la réduction des risques

de catastrophe, Reconnaissant que les changements climatiques représentent une

menace immédiate et potentiellement irréversible pour les sociétés humaines et

la planète et qu’ils nécessitent donc la coopération la plus large possible de tous

les pays ainsi que leur participation dans le cadre d’une riposte internationale

efficace et appropriée, en vue d’accélérer la réduction des émissions mondiales

de gaz à effet de serre, Reconnaissant également qu’il faudra fortement réduire

les émissions mondiales pour atteindre l’objectif ultime de la Convention et

soulignant qu’il est urgent de faire face aux changements climatiques.

Considérant que les changements climatiques sont un sujet de

préoccupation pour l’humanité tout entière, les Parties devraient, lorsqu’elles

prennent des mesures pour faire face à ces changements, respecter, promouvoir

et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de

l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des

communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et

des personnes en situation vulnérable, et le droit au développement, ainsi que

l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les

générations, Considérant également les besoins et les préoccupations spécifiques

des pays en développement parties résultant de l’impact des mesures de riposte

mises en œuvre et, à cet égard, les décisions 5/CP.7, 1/CP.10, 1/CP.16 et

8/CP.17, Insistant avec une vive préoccupation sur l’urgence de combler l’écart

significatif entre l’effet global des engagements d’atténuation pris par les Parties

en termes d’émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre jusqu’à 2020

et les profils d’évolution des émissions globales compatibles avec la perspective

de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en

dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action

menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C, Soulignant également

16

que le relèvement du niveau d’ambition avant 2020 peut jeter les bases d’un

relèvement de l’ambition après 2020, Insistant sur l’urgence d’accélérer la mise

en œuvre de la Convention et de son Protocole de Kyoto en vue de relever

l’ambition après 2020, Reconnaissant qu’il est urgent d’accroître l’appui fourni

par les pays développés parties sous la forme de ressources financières, de

technologies et d’un renforcement des capacités, de manière prévisible, afin de

permettre une action renforcé e avant 2020 par les pays en développement

parties, Soulignant les effets bénéfiques durables de mesures ambitieuses et

précoces, notamment sous la forme de réductions importantes du coût des efforts

futurs d’atténuation et d’adaptation, Considérant la nécessité de promouvoir

l’accès universel à l’énergie durable dans les pays en développement, en

particulier en Afrique, en renforçant le déploiement d’énergies renouvelables,

Convenant de soutenir et de promouvoir la coopération régionale et

internationale afin de mobiliser une action climatique plus forte et plus

ambitieuse de la part de toutes les Parties et des autres acteurs, y compris de la

société civile, du secteur privé, des institutions financières, des villes et autres

autorités infranationales, des communautés locales et des peuples autochtones,

I. Adoption

1. Décide d’adopter l’Accord de Paris en vertu de la Convention-cadre des

Nations Unies sur les changements climatiques (ci-après dénommé « l’Accord

») figurant dans l’annexe;

2. Prie le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies d’être le

Dépositaire de l’Accord et de l’ouvrir à la signature à New York (États-Unis

d’Amérique), du 22 avril 2016 au 21 avril 2017;

3. Invite le Secrétaire général à organiser une cérémonie de haut niveau

pour la signature de l’Accord le 22 avril 2016;

4. Invite également toutes les Parties à la Convention à signer l’Accord à

l’occasion de la cérémonie devant être organisée par le Secrétaire général, ou au

moment qui leur semblera le plus opportun, ainsi qu’à déposer dans les

meilleurs délais leurs instruments respectifs de ratification, d’acceptation,

d’approbation ou d’adhésion, selon le cas;

5. Reconnaît que les Parties à la Convention peuvent provisoirement

appliquer toutes les dispositions de l’Accord en attendant son entrée en vigueur,

et demande aux Parties d’informer le Dépositaire de toute application provisoire

ainsi décidée;

6. Note que le Groupe de travail spécial de la plateforme de Durban pour

une action renforcée a mené à bien ses travaux, conformément au paragraphe 4

de la décision 1/CP.17;

7. Décide de créer le Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris

auquel s’appliquent, mutatis mutandis, les mêmes dispositions que celles

17

régissant l’élection des membres du Bureau du Groupe de travail spécial de la

plateforme de Durban pour une action renforcée1 ;

8. Décide également que le Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris

préparera l’entrée en vigueur de l’Accord et la convocation de la première

session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à

l’Accord de Paris;

9. Décide en outre de superviser la mise en œuvre du programme de

travail découlant des demandes pertinentes figurant dans la présente décision;

10. Demande au Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris de rendre

compte régulièrement à la Conférence des Parties de l’avancement de ses

travaux et de mener à bien ses travaux avant la première session de la

Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris;

11. Décide que le Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris tiendra

ses sessions à partir de 2016 parallèlement aux sessions des organes subsidiaires

de la Convention et élaborera des projets de décision que la Conférence des

Parties recommandera à la Conférence des Parties agissant comme réunion des

Parties à l’Accord de Paris pour examen et adoption à sa première session;

II. Contributions prévues déterminées au niveau national

12. Se félicite des contributions prévues déterminées au niveau national

que les Parties ont communiquées conformément à l’alinéa b) du paragraphe 2

de la décision 1/CP.19;

13. Renouvelle son invitation à toutes les Parties qui ne l’ont pas encore

fait de faire part au secrétariat de leurs contributions prévues déterminées au

niveau national en vue d’atteindre l’objectif de la Convention tel qu’il est

énoncé en son article 2 dès que possible et bien avant la vingt-deuxième session

de la Conférence des Parties (novembre 2016) et d’une manière propre à

améliorer la clarté, la transparence et la compréhension des contributions

prévues déterminées au niveau national;

14. Demande au secrétariat de continuer à publier les contributions

prévues déterminées au niveau national communiquées par les Parties sur le site

Web de la Convention;

15. Renouvelle son appel aux pays développés parties, aux entités

chargées d’assurer le fonctionnement du Mécanisme financier et à toute autre

organisation en mesure de le faire pour qu’ils fournissent un appui aux fins de

l’établissement et de lacommunication des contributions prévues déterminées au

niveau national des Parties qui pourraient avoir besoin d’un tel appui;

16. Prend note du rapport de synthèse sur l’effet global des contributions

prévues déterminées au niveau national communiquées par les Parties au 1 er

octobre 2015, figurant dans le document FCCC/CP/2015/7;

17. Note avec préoccupation que les niveaux des émissions globales de

gaz à effet de serre en 2025 et 2030 estimés sur la base des contributions

18

prévues déterminées au niveau national ne sont pas compatibles avec des

scénarios au moindre coût prévoyant une hausse de la température de 2 °C, mais

se traduisent par un niveau prévisible d’émissions de 55 gigatonnes en 2030, et

note également que des efforts de réduction des émissions beaucoup plus

importants que ceux associés aux contributions prévues déterminées au niveau

national seront nécessaires pour contenir l’élévation de la température de la

planète en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels en ramenant

les émissions à 40 gigatonnes ou en dessous de 1,5 °C par rapport aux niveaux

préindustriels en ramenant les émissions à un niveau devant être défini dans le

rapport spécial mentionné au paragraphe 21 ci-après;

18. Prend note également, dans ce contexte, des besoins d’adaptation

exprimés par bon nombre de pays en développement parties dans leurs

contributions prévues déterminées au niveau national;

19. Charge le secrétariat de mettre à jour le rapport de synthèse

mentionné au paragraphe 16 ci-dessus de manière à prendre en compte toutes les

informations figurant dans les contributions prévues déterminées au niveau

national communiquées par les Parties conformément à la décision 1/CP.20 pour

le 4 avril 2016 au plus tard et de le rendre disponible pour le 2 mai 2016 au plus

tard;

20. Décide d’organiser un dialogue de facilitation entre les Parties pour

faire le point en 2018 des efforts collectifs déployés par les Parties en vue

d’atteindre l’objectif à long terme énoncé au paragraphe 1 de l’article 4 de

l’Accord et d’éclairer l’établissement des contributions déterminées au niveau

national conformément au paragraphe 8 de l’article 4 de l’Accord;

21. Invite le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du

climat à présenter un rapport spécial en 2018 sur les conséquences d’un

réchauffement planétaire supérieur à 1,5 °C par rapport aux niveaux

préindustriels et les profils connexes d’évolution des émissions mondiales de

gaz à effet de serre; (..)

Financement

53. Décide que, dans la mise en œuvre de l’Accord, les ressources

financières fournies aux pays en développement devraient renforcer

l’application de leurs politiques, stratégies, règlements, plans d’action et

mesures de lutte contre les changements climatiques tant en matière

d’atténuation que d’adaptation de façon à contribuer à la réalisation de l’objet de

l’Accord tel que défini à l’article 2;

54. Décide en outre que, conformément au paragraphe 3 de l’article 9 de

l’Accord, les pays développés entendent poursuivre leur objectif collectif actuel

de mobilisation jusqu’en 2025 dans l’optique de mesures concrètes d’atténuation

et d’une mise en œuvre transparente; avant 2025, la Conférence des Parties

agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris fixe un nouvel objectif

19

chiffré collectif à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de dollars par an,

en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement;

55. Reconnaît l’importance de ressources financières adéquates et

prévisibles, y compris des paiements liés à des résultats, s’il y a lieu, aux fins de

la mise en œuvre de démarches générales et d’incitations positives visant à

réduire les émissions imputables au déboisement et à la dégradation des forêts,

du rôle de la conservation et de la gestion durable des forêts et du renforcement

des stocks de carbone forestiers, ainsi que d’autres modes d’action, tels que des

démarches communes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion

intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant l’importance des avantages

non liés au carbone qui sont associés à de telles démarches, et en encourageant

la coordination de l’appui provenant, entre autres, de sources publiques et

privées, bilatérales et multilatérales, telles que le Fonds vert pour le climat et

d’autres sources, en application des décisions pertinentes de la Conférence des

Parties;

56. Décide d’engager, à sa vingt-deuxième session, un processus visant à

recenser les informations que doivent communiquer les Parties conformément

au paragraphe 5 de l’article 9 de l’Accord en vue de formuler des

recommandations pour examen et adoption par la Conférence des Parties

agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris à sa première session;

57. Décide également de veiller à ce que la communication

d’informations conformément au paragraphe 7 de l’article 9 de l’Accord suive

les modalités, procédures et lignes directrices visées au paragraphe 96 ci-

dessous;

58. Demande à l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et

technologique de définir des modalités de comptabilisation des ressources

financières fournies et mobilisées par des interventions publiques conformément

au paragraphe 7 de l’article 9 de l’Accord pour examen par la Conférence des

Parties à sa vingt-quatrième session (novembre 2018), en vue d’adresser une

recommandation pour examen et adoption par la Conférence des Parties agissant

comme réunion des Parties à l’Accord de Paris à sa première session;

59. Décide que le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour

l’environnement mondial, entités chargées d’assurer le fonctionnement du

Mécanisme financier, ainsi que le Fonds pour les pays les moins avancés et le

Fonds spécial pour les changements climatiques, administrés par le Fonds pour

l’environnement mondial, concourent à l’application de l’Accord;

60. Considère que le Fonds pour l’adaptation peut concourir à

l’application de l’Accord, sous réserve des décisions pertinentes de la

Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de

Kyoto et de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à

l’Accord de Paris;

20

61. Invite la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties

au Protocole de Kyoto à examiner la question évoquée au paragraphe 60 ci-

dessus et à faire une recommandation à la Conférence des Parties agissant

comme réunion des Parties à l’Accord de Paris à sa première session;

62. Recommande que la Conférence des Parties agissant comme réunion

des Parties à l’Accord de Paris donne aux entités chargées d’assurer le

fonctionnement du Mécanisme financier de la Convention des directives sur les

politiques, les priorités en matière de programme et les critères d’admissibilité

liés à l’Accord pour transmission par la Conférence des Parties;

63. Décide que les directives à l’intention des entités chargées d’assurer

le fonctionnement du Mécanisme financier de la Convention qui figurent dans

les décisions pertinentes de la Conférence des Parties, y compris celles arrêtées

avant l’adoption de l’Accord, s’appliquent mutatis mutandis;

64. Décide également que le Comité permanent du financement concourt

à l’application de l’Accord conformément à ses fonctions et responsabilités

établies dans le cadre de la Conférence des Parties;

65. Demande instamment aux institutions qui concourent à l’application

de l’Accord d’améliorer la coordination et la fourniture de ressources à l’appui

des stratégies impulsées par les pays grâce à des procédures simplifiées et

efficaces de demande et d’approbation et à un appui continu à la planification

préalable à l’intention des pays en développement parties, notamment aux pays

les moins avancés et aux petits États insulaires en développement, selon qu’il

convient;

Accord de Paris

Les Parties au présent Accord, Étant parties à la Convention-cadre des

Nations Unies sur les changements climatiques, ci-après dénommée « la

Convention », Agissant en application de la plateforme de Durban pour une

action renforcée adoptée par la décision 1/CP.17 de la Conférence des Parties à

la Convention à sa dixseptième session, Soucieuses d’atteindre l’objectif de la

Convention, et guidées par ses principes, y compris le principe de l’équité et des

responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu

égard aux contextes nationaux différents,

Reconnaissant la nécessité d’une riposte efficace et progressive à la

menace pressante des changements climatiques en se fondant sur les meilleures

connaissances scientifiques disponibles,

Reconnaissant aussi les besoins spécifiques et la situation particulière des

pays en développement parties, surtout de ceux qui sont particulièrement

vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques, comme le prévoit

la Convention,

21

Tenant pleinement compte des besoins spécifiques et de la situation

particulière des pays les moins avancés en ce qui concerne le financement et le

transfert de technologies,

Reconnaissant que les Parties peuvent être touchées non seulement par les

changements climatiques, mais aussi par les effets des mesures de riposte à ces

changements, Soulignant qu’il existe des liens intrinsèques entre l’action et la

riposte face aux changements climatiques et à leurs effets et un accès équitable

au développement durable et à l’élimination de la pauvreté,

Reconnaissant la priorité fondamentale consistant à protéger la sécurité

alimentaire et à venir à bout de la faim, et la vulnérabilité particulière des

systèmes de production alimentaire aux effets néfastes des changements

climatiques,

Tenant compte des impératifs d’une transition juste pour la population active et

de la création d’emplois décents et de qualité conformément aux priorités de

développement définies au niveau national,

Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de

préoccupation pour l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des

mesures face à ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et

prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de

l’homme , le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des

communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et

des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que

l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les

générations, Reconnaissant l’importance de la conservation et, le cas échéant, du

renforcement des puits et réservoirs des gaz à effet de serre visés dans la

Convention, Notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes,

y compris les océans, et à la protection de la biodiversité, reconnue par certaines

cultures comme la Terre nourricière, et notant l’importance pour certaines de la

notion de « justice climatique », dans l’action menée face aux changements

climatiques,

Affirmant l’importance de l’éducation, de la formation, de la

sensibilisation, de la participation du public, de l’accès de la population à

l’information et de la coopération à tous les niveaux sur les questions traitées

dans le présent Accord, Reconnaissant l’importance de la participation des

pouvoirs publics à tous les niveaux et des divers acteurs, conformément aux

législations nationales respectives des Parties, dans la lutte contre les

changements climatiques, Reconnaissant également que des modes de vie

durables et des modes durables de consommation et de production, les pays

développés parties montrant la voie, jouent un rôle important pour faire face aux

changements climatiques, Sont convenues de ce qui suit : Article premier Aux

fins du présent Accord, les définitions énoncées à l’article premier de la

Convention sont applicables. En outre : 1. On entend par « Convention » la

22

Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, adoptée à

New York le 9 mai 1992; 2. On entend par « Conférence des Parties » la

Conférence des Parties à la Convention; 3. On entend par « Partie » une Partie

au présent Accord. Article 2 1. Le présent Accord, en contribuant à la mise en

œuvre de la Convention, notamment de son objectif, vise à renforcer la riposte

mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte du

développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en :

a) Contenant l’élévation de la température moyenne de la planète

nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en

poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C

par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait

sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

b) Renforçant les capacités d’adaptation aux effets néfastes des

changements climatiques et en promouvant la résilience à ces changements et un

développement à faible émission de gaz à effet de serre, d’une manière qui ne

menace pas la production alimentaire;

c) Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers

un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux

changements climatiques.

2. Le présent Accord sera appliqué conformément à l’équité et au

principe des responsabilités communes mais différenciées et des capacités

respectives, eu égard aux contextes nationaux différents. Article 3 À titre de

contributions déterminées au niveau national à la riposte mondiale aux

changements climatiques, il incombe à toutes les Parties d’engager et de

communiquer des efforts ambitieux au sens des articles 4, 7, 9, 10, 11 et 13 en

vue de réaliser l’objet du présent Accord tel qu’énoncé à l’article 2.

Les efforts de toutes les Parties représenteront, à terme, une progression, tout en

reconnaissant la nécessité d’aider les pays en développement parties pour que le

présent Accord soit appliqué efficacement. Article 4

1. En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à

l’article 2, les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des

émissions de gaz à effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le

plafonnement prendra davantage de temps pour les pays en développement

parties, et à opérer des réductions rapidement par la suite conformément aux

meilleures données scientifiques disponibles de façon à parvenir à un équilibre

entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques

par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle, sur

la base de l’équité, et dans le contexte du développement durable et de la lutte

contre la pauvreté.

2. Chaque Partie établit, communique et actualise les contributions

déterminées au niveau national successives qu’elle prévoit de réaliser. Les

23

Parties prennent des mesures internes pour l’atténuation en vue de réaliser les

objectifs desdites contributions.

3. La contribution déterminée au niveau national suivante de chaque

Partie représentera une progression par rapport à la contribution déterminée au

niveau national antérieure et correspondra à son niveau d’ambition le plus élevé

possible, compte tenu de ses responsabilités communes mais différenciées et de

ses capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.

4. Les pays développés parties continuent de montrer la voie en assumant

des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de

l’économie. Les pays en développement parties devraient continuer d’accroître

leurs efforts d’atténuation, et sont encouragés à passer progressivement à des

objectifs de réduction ou de limitation des émissions à l’échelle de l’économie

eu égard aux contextes nationaux différents.

5. Un appui est fourni aux pays en développement parties pour

l’application du présent article, conformément aux articles 9, 10 et 11, étant

entendu qu’un appui renforcé en faveur des pays en développement parties leur

permettra de prendre des mesures plus ambitieuses

. 6. Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en

développement peuvent établir et communiquer des stratégies, plans et mesures

de développement à faible émission de gaz à effet de serre correspondant à leur

situation particulière.

7. Les retombées bénéfiques, dans le domaine de l’atténuation, des

mesures d’adaptation et/ou des plans de diversification économique des Parties

peuvent contribuer aux résultats d’atténuation en application du présent article.

8. En communiquant leurs contributions déterminées au niveau national,

toutes les Parties présentent l’information nécessaire à la clarté, la transparence

et la compréhension conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les

décisions pertinentes de la Conférence des Parties agissant comme réunion des

Parties à l’Accord de Paris.

9. Chaque Partie communique une contribution déterminée au niveau

national tous les cinq ans conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les

décisions pertinentes de la Conférence des Parties agissant comme réunion des

Parties à l’Accord de Paris et en tenant compte des résultats du bilan mondial

prévu à l’article 14.

10. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à

l’Accord de Paris examine des calendriers communs pour les contributions

déterminées au niveau national à sa première session.

11. Une Partie peut à tout moment modifier sa contribution déterminée au

niveau national afin d’en relever le niveau d’ambition, conformément aux

directives adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des

Parties à l’Accord de Paris.

24

12. Les contributions déterminées au niveau national communiquées par

les Parties sont consignées dans un registre public tenu par le secrétariat.

13. Les Parties rendent compte de leurs contributions déterminées au niveau

national. Dans la comptabilisation des émissions et des absorptions anthropiques

correspondant à leurs contributions déterminées au niveau national, les Parties

promeuvent l’intégrité environnementale, la transparence, l’exactitude,

l’exhaustivité, la comparabilité et la cohérence, et veillent à ce qu’un double

comptage soit évité, conformément aux directives adoptées par la Conférence

des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

14. Dans le contexte de leurs contributions déterminées au niveau

national, lorsqu’elles indiquent et appliquent des mesures d’atténuation

concernant les émissions et les absorptions anthropiques, les Parties devraient

tenir compte, selon qu’il convient, des méthodes et des directives en vigueur

conformément à la Convention, compte tenu des dispositions du paragraphe 13

du présent article.

15. Les Parties tiennent compte, dans la mise en œuvre du présent Accord,

des préoccupations des Parties dont l’économie est particulièrement touchée par

les effets des mesures de riposte, en particulier les pays en développement

parties.

16. Les Parties, y compris les organisations régionales d’intégration

économique et leurs États membres, qui se sont mises d’accord pour agir

conjointement en application du paragraphe 2 du présent article, notifient au

secrétariat les termes de l’accord pertinent, y compris le niveau d’émissions

attribué à chaque Partie pendant la période considérée, au moment de

communiquer leurs contributions déterminées au niveau national. Le secrétariat

informe à son tour les Parties à la Convention et les signataires des termes de

l’accord.

17. Chaque partie à un accord de ce type est responsable de son niveau

d’émissions indiqué dans l’accord visé au paragraphe 16 ci-dessus

conformément aux paragraphes 13 et 14 du présent article et aux articles 13 et

15.

18. Si des Parties agissant conjointement le font dans le cadre d’une

organisation régionale d’intégration économique qui est elle-même partie au

présent Accord, et en concertation avec elle, chaque État membre de cette

organisation régionale d’intégration économique, à titre individuel et

conjointement avec l’organisation régionale d’intégration économique, est

responsable de son niveau d’émissions indiqué dans l’accord communiqué en

application du paragraphe 16 du présent article conformément aux paragraphes

13 et 14 du présent article et aux articles 13 et 15.

19. Toutes les Parties s’emploient à formuler et communiquer des

stratégies à long terme de développement à faible émission de gaz à effet de

serre, en gardant à l’esprit l’article 2 compte tenu de leurs responsabilités

25

communes mais différenciées et de leurs capacités respectives, eu égard aux

contextes nationaux différents.

Commentaire

Le consensus scientifique désormais atteint sur la réalité de ce

phénomène et sur l’ampleur des conséquences qui risquent d’en découler à

court et à moyen terme sur les conditions communes de la vie sur la Terre ne

laisse plus de place au doute sur la nécessité de prendre des mesures

énergiques et rapidement applicables pour lutter contre ses causes.

. La cause de cette vulnérabilité, liée au positionnement géographique de ces

territoires, est exacerbée pour la plupart d’entre eux par leur insularité. Ainsi,

le quotidien de nos populations sera nécessairement affecté par une pression

accrue sur le foncier, des conflits d’usage exacerbés, des destructions

d’équipements ou de productions répétées et une dégradation générale de

notre cadre de vie. C’est dire que les enjeux climatiques, notamment

océaniques, y sont majeurs partout. On s’attend à une plus grande occurrence

de valeurs extrêmes, que ce soit pour les températures ou précipitations. Les

risques de tempêtes et de cyclones y ont toujours été élevés, mais le

dérèglement climatique va très probablement contribuer, disent les

spécialistes, à en amplifier les effets.

A la vulnérabilité physique, s’ajoute pour les outre-mer la fragilité

économique. En effet, les économies de ces territoires sont modestes, isolées

et souvent très dépendantes de leurs ressources naturelles, aujourd’hui

menacées. Les concentrations urbaines importantes et le mitage de l’habitat

donnent au dérèglement climatique des effets spécifiques, auxquels il

convient d’ajouter des risques épidémiologiques accrus, qui sont rarement

évoqués.

Tout d’abord, en raison de leur importance géopolitique. Selon la

propositıon de résolution la France possède le deuxième domaine maritime

mondial, couvrant 11 millions de km², dont 97 % se trouvent en outre-mer.

De plus, les outre-mer sont présents dans tous les bassins océaniques ; ils ont

les moyens de pratiquer avec les États-îles, leurs voisins, des coopérations

efficaces, attestées par les déclarations régionales déjà signées dans l’Océan

Indien (la Déclaration des Îles du 25 juin 2014), dans le Pacifique (la

Déclaration de Lifou du 30 avril 2015 et la Déclaration de Taputapuâtea du

16 juillet 2015) ou dans la Caraïbe (l’Appel de Fort-de-France du 9 mai

2015).

Ensuite, parce qu’il existe dans les outre-mer de nombreuses initiatives

qui montrent une disposition collective à affronter les difficultés vitales liées

au changement climatique, à en prendre toute la mesure et à définir les

stratégies d’atténuation et d’adaptation propres à en limiter les effets, y

compris sur la longue durée. À une opinion publique encore insuffisamment

26

sensible à la réalité du changement climatique et de ses conséquences, les

outre-mer peuvent présenter la preuve de son existence et proposer des

moyens propres à en contenir les conséquences.

C’est pourquoi il apparaît hautement souhaitable que, dans la

préparation comme dans le déroulement de la COP 21, les outre-mer soient

pleinement intégrés aux stratégies, nationales et internationales, de lutte et

d’adaptation au changement climatique, comme dans la recherche des

solutions les plus appropriées pour répondre à ces manifestations.

Le 10e sommet du G20 s'est ouvert à Antalya, en Turquie.Au cours de ce

sommet de deux jours, le président chinois devrait préciser le point de vue de

la Chine sur la situation économique mondiale, appeler à renforcer la

coopération pour relever les défis et travailler avec d'autres dirigeants

internationaux pour donner un nouvel élan au développement économique

mondial. Les dirigeants du G20 discuteront du développement et du

changement climatique Ils poursuivront lundi les discussions et se

concentreront sur la régulation financière, la fiscalité internationale :

Depuis des années les Académie des Sciences en Europe en Asie, En Amérique et en Afrique travaillent sur le

changement climatique dans monde qui est une réalité de notre siècle. On peut s’interroger sur l’avenir de

l’humanité et de l’univers à partir des principes de l’Ethique de la Science en posant des questions suivantes : Qui

sont des responsables de menaces de l’environnement ? Est -ce que les approches métaphysiques de

l’environnement pourront résoudre la question au niveau planétaire ? Si oui, comment se fait –t-il qu’il n’ y a pas

du progrès ? Si non ; quelle est la responsabilité des savants et des philosophes non seulement dans le domaine du

changement climatique ; mais aussi dans toutes les applications des sciences ? Dans le cas de l’utilisation d’armes

chimiques au Kurdistan et bombardement intensifiés le département de Dersime; la construction des barrages les

dernières bombardements de l’aviation iranienne et turque dans la région de Qaladiza au Kurdistan Sud; posent

des problèmes purement scientifiques. Les universités des Techniques de Turquie et les Facultés des Sciences

iraniennes qui travaillent les armées turques et iraniennes et le programmes de la militarisation de la science de

l’OTAN posent des questions éthiques scientifiques et aussi techniques au niveau . de la certitude de la science.

Certains scientifiques répondent qu’il y aura probablement toujours des incertitudes dans la compréhension d'un

système aussi complexe que le climat à l'échelle mondiale. Il convient de citer l’approche de Richard Feynman

selon laquelle Les artistes de la Renaissance disaient que l’homme doit être le principal objet d’intérêt de

l’homme, mais il existe pourtant d’autres choses intéressantes dans l’univers. Les artistes eux-mêmes apprécient

les couchers de soleil, et les vagues de l’océan, et la marche des étoiles au travers des cieux. Il y a donc de bonnes

raisons pour s’y intéresser aussi. Cette simple contemplation suffit à nous pro curer -une satisfaction d’ordre

esthétique. Mais il existe aussi dans les phénomènes de la nature un rythme, une structure, invisibles pour l’oeil et

qui n’apparaissent qu’à l’analyse ; ce sont ces rythmes et structures que nous appelons Lois physiques Je voudrais

discuter, dans cette série de conférences, des caractéristiques générales de ces Lois physiques, me plaçant à un

autre niveau, plus général, si vous voulez, que l’étude des lois elles-mêmes » Selon R. Feynman « Les anciens,

tout d’abord, observèrent comment les planètes semblent se déplacer dans le ciel et conclurent que toutes, y

compris la Terre, tournent autour du soleil. Cette découverte plus tard fut retrouvée indépendamment par

Copernic, après que les gens l’eurent oubliée. La question se posa ensuite comment, exactement, les planètes

tournent-elles autour du soleil, c’est-à-dire avec quel type de mouvement, précisément ? Tournent-elles sur un

27

cercle avec le soleil pour centre, ou suivent-elles une autre sorte de courbe? Avec quelle vitesse se déplacent-elles?

Et ainsi de suite. Cette découverte prit plus de temps. Après Copernic il y eut de grands débats pour savoir si les

planètes tournaient vraiment autour du soleil avec la terre, ou si la terre occupait le centre de l’univers, etc. Puis

un homme appelé Tycho Brahé’ imagina une façon de répondre à la question. Il pensa que ce serait peut-être une

bonne idée d’observer très, soigneusement, et de noter exacte ment où les planètes se situaient dans le ciel, et

qu’alors les théories rivales pourraient peut-être être distinguées l’une de l’autre. C’est là la clé de la science

moderne et ce fut le commencement d’une véritable compréhension de la Nature, cette idée d’observer la chose,

d’en enregistrer les détails et d’espérer que l’information ainsi recueillie suggérera une interprétation théorique.

De sorte que Tycho, un homme riche qui possédait une île près de Copenhague, équipa son île avec de grands

cercles de cuivre, des stations d’observation spéciales, et enregistra, nuit après nuit, les positions des planètes. Seul

un travail aussi dur peut nous permettre d’espérer trouver quelque chose. »( R/ Feynman, Nature de la

Physique;pp;14-17): Et bien maintenant nous sommes au milieu de la réalité scientifique et académique. Des

milliers des universitaires turcs qui courent derrière les forces armées pour massacrer le peuple du Kurdistan )

partir de la bombe posée par leur commandant de l’Etat Major commencent à jouer le théâtre nazi à la manière

de Dimitrov. Je pense que seule la science « aussi dure peut nous permettre d’espérer trouver quelque chose »

Toutefois, il est pratiquement sûr qu'un réchauffement global s'installe actuellement. En témoignent les mesures

directes des températures de l'air au voisinage du sol et des températures de la couche superficielle des océans ainsi

que des phénomènes tels que l'élévation de la moyenne du niveau des mers, la fonte des glaciers et des modifications

de nombreux systèmes biologiques physiques :

Il est probable que la majeure partie du réchauffement des dernières

décades est due à l'activité humaine:Ce réchauffement a déjà conduit à un

changement du climat de la Terre. L'existence de gaz à effet de serre dans

l'atmosphère est indispensable à la vie sur terre -en leur absence, les

températures moyennes seraient d’environ 30 degrés centigrades plus basses.

Mais l'activité humaine provoque actuellement un accroissement des

concentrations atmosphériques de ces gaz -incluant le dioxyde de carbone, le

méthane, l'ozone troposphérique et le protoxyde d'azote- bien au-dessus des

niveaux des ères préindustrielles. Les taux de dioxyde ont augmenté, passant de

280 ppm en 1750 à plus de 375 m aujourd'hui, chiffre plus élevé que tous les

taux antérieurs qui peuvent être mesurés de façon fiable (c'est à dire durant les

420 000 dernières années). L'augmentation des gaz à effet de serre provoque une

élévation des températures ; la température de la surface de la Terre a augmenté

d'environ 0.6 degré centigrade pendant le XXè siècle. Le groupe

intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que la moyenne

globale des températures de surface continuera à augmenter, et qu'elle se situera

en 2100 dans une fourchette comprise entre 1.4 et 5.8 degrés centigrades au-

dessus des niveaux de 1990.

La compréhension scientifique du changement climatique est maintenant

assez claire pour justifier que les États entreprennent rapidement des actions. Il

est indispensable que tous les pays identifient les mesures ayant un rapport coût

efficacité correct, qu'elles peuvent prendre dès maintenant, pour contribuer à une

28

réduction substantielle et à long terme des émissions nettes de gaz à effet de

serre.

Les actions entreprises aujourd'hui pour réduire significativement

l'accumulation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère réduiront l'ampleur et

la rapidité du changement climatique. Comme le dit la Convention des Nations

Unies sur les changements climatiques (UNFCCC, United Nations Framework

Convention on Climate Change), l’absence de certitudes scientifiques relatives à

certains aspects du changement climatique n'est pas une raison pour tarder à

apporter une réponse immédiate qui peut, à un coût raisonnable, prévenir une

perturbation causée par les activités humaines, et dangereuse pour le système

climatique. Compte tenu du développement économique des nations pendant les

25 prochaines années, on estime que la demande mondiale en énergie primaire

sera accrue de près de 60%. Les énergies fossiles, qui sont responsables de la

majeure partie des émissions de dioxyde de carbone produites par les activités

humaines, fournissent des ressources précieuses pour beaucoup de nations. On

estime qu'elles représenteront 85% de la demande (IEA 2004)3. Réduire la

quantité du dioxyde de carbone correspondant qui atteindra l'atmosphère est un

défi majeur. Il existe beaucoup d'options technologiques ayant un bon rapport

coût efficacité qui peuvent contribuer à stabiliser les concentrations des gaz à

effet de serre. Ces technologies en sont à des étapes de recherche et

développement diverses. Cependant, certaines barrières qui existent encore à

leur plein déploiement, doivent être levées. Le dioxyde de carbone peut rester

dans l'atmosphère pendant plusieurs décades. Même avec une réduction des

émissions, nous serons soumis aux effets du changement climatique pendant

tout le XXIe siècle et au-delà. Ne pas réduire significativement dès aujourd'hui

de l'émission nette des gaz à effet de serre rendra la tâche beaucoup plus difficile

à l’avenir. Se préparer aux conséquences du changement climatique L’essentiel

du système climatique répond lentement aux changements des concentrations

des gaz à effet de serre. Même si les émissions de gaz à effet de serre étaient

stabilisées instantanément aux taux d'aujourd'hui, le climat continuerait quand

même à changer, car il s'adapte à l'émission accrue des décennies passées Les

changements futurs du climat sont donc inévitables. Les pays doivent s'y

préparer. Les changements prévisibles du climat auront à la fois des effets

bénéfiques et défavorables à l'échelle régionale, par exemple sur les ressources

en eau, l'agriculture, les écosystèmes naturels et la santé de l'homme. Plus le

changement sera important et rapide, plus les effets défavorables domineront.

Les températures accrues vont probablement augmenter la fréquence et la

gravité des événements météorologiques comme les vagues de chaleur et les

grosses chutes de pluies. Elles pourraient conduire à des effets à grande échelle

tels que des modifications des flux de l'océan Atlantique Nord (avec des

conséquences majeures pour le climat de l'Europe du Nord) et la fonte de

grandes calottes glaciaires (avec des effets majeurs sur les régions de basse

29

altitude dans le monde entier). Le GIEC estime que les effets combinés de la

fonte des glaces et de la dilatation de l'eau de mer due au réchauffement des

océans devraient provoquer une augmentation du niveau de la mer d'une

amplitude comprise entre 0.1 et 0.9 mètre entre 1990 et 2100. Au Bangladesh

seul, une montée du niveau de la mer de 0.5 mètre soumettra environ 6 millions

de personnes au risque d'inondation. Les pays en développement qui manquent

des infrastructures ou des ressources pour répondre aux effets du changement

climatique seront particulièrement affectés. Il est clair que beaucoup des peuples

les plus pauvres du monde souffriront le plus des changements du climat. Les

efforts globaux sur le long terme pour créer un monde en bonne santé, prospère

et durable peuvent être considérablement freinés par le changement climatique.

Inventer et développer des stratégies pour l'adaptation aux conséquences du

changement climatique imposera les contributions en collaboration

internationale de plusieurs types d'experts, en sciences physiques et naturelles,

en sciences de l'ingénieur, en sciences sociales, en sciences humaines et en

sciences médicales ainsi que de grands chefs d'entreprises et des économistes.

C’est pourquoi les Académies des Sciences Academia Brasileira de

Ciencias - Brésil RSC : The Canadian Academies - Canada Chinese Academy of

Sciences - Chine Académie des sciences - France Deutsche Akademie der

Naturforscher Leopoldina - Allemagne Indian National Science Academy - Inde

Accademia Nazionale dei Lincei - Italie Science Council of Japan - Japon

Academia Mexicana de Ciencias -Mexique Russian Academy of Sciences -

Russie Academy of Science of South Africa - Afrique du Sud Royal Society -

Royaume Uni National Academy of Sciences - Etats-Unis ont lancé une

déclaration commune suivante:

« L’innovation est le moteur de l’économie. Les États encouragent

l’innovation pour assurer de façon dynamique prospérité et progrès économique,

pour conquérir une bonne place dans la compétitivité internationale, et pour

améliorer la qualité de vie de leurs citoyens et de ceux d’autres nations. Pour ce

dernier point, il faut une collaboration à l’échelle internationale, notamment en

recherche et développement.

La collaboration globale nécessite au minimum une promotion et un

financement plus importants, en priorité dans des domaines tels que l’énergie

renouvelable, l’adaptation au changement climatique et l’effort pour le réduire,

la biodiversité, l’eau et les maladies infectieuses. Il est important que les

gouvernements investissent fortement dans la recherche fondamentale

considérée dans son ensemble, puisque les plus grands bénéfices proviennent

souvent de recherches réalisées dans des domaines qui ne sont pas au centre de

l’attention internationale à un moment donné.

30

L’innovation se trouve confrontée à un dilemme fondamental : l’innovateur

supporte les coûts, mais n’est pas assuré du plein retour de ses efforts. Des

innovateurs menacés par une imitation immédiate sont moins enclins à engager

des efforts coûteux. En plus de leurs responsabilités vitales en matière

d’éducation et d’instruction, les gouvernements ont pour cette raison entrepris

un certain nombre d’approches pour encourager l’innovation qui incluent

l’établissement de droits de propriété intellectuelle, comme les brevets et les

droits de reproduction, le soutien financier de R&D et l’innovation par des

financements ou des subventions publics. Il est très important qu’un juste

équilibre soit atteint entre les investissements gouvernementaux lourds et la

suppression de barrières pour la recherche et les licences.

Le développement d’agendas à long terme à l’échelle internationale pour

certains sujets prioritaires de la recherche peut augmenter considérablement le

rythme et le nombre de découvertes et d’inventions et ainsi stimuler l’innovation

et la commercialisation. Un tel développement doit inclure la participation de

l’industrie, de la recherche académique et des gouvernements.

Les nations doivent stimuler la culture de l’esprit d’entreprise et de

l’innovation et garantir l’existence de plans d’action qui permettent que cet

esprit se traduise en résultats tangibles pour le bénéfice de la société. Le monde

en développement considère de plus en plus l’innovation comme une route vers

la croissance et le développement durable. Les agences internationales et la

communauté croissante de donneurs devraient soutenir et encourager les nations

du monde en développement à bâtir leurs propres systèmes d’innovation, y

compris les instruments pour financer à l’échelle nationale la recherche et le

développement. En particulier, des investissements y compris des

infrastructures, devraient encourager l’introduction d’innovations porteuses vers

le marché (encouragement au capital risque et à la micro finance, capacité locale

de fabrication et de fourniture de services). Les connaissances traditionnelles

pertinentes ont un rôle à jouer en nourrissant la découverte et l’innovation dans

les pays en développement. Le monde développé devrait faciliter là où c’est

approprié, le transfert des connaissances et des technologies innovantes vers le

monde en développement, en travaillant en partenariat pour que les technologies

puissent être appliquées et adaptées aux besoins locaux. Ces transferts

permettront que le monde en développement saute les étapes habituelles sur la

route du développement. En même temps, il faut que le monde en

développement garantisse que les infrastructures locales favorisent de tels

transferts de technologie avec des tarifs appropriés, des régimes

d’investissements et de protection.

31

Il est crucial pour l’économie des pays en développement et des pays

émergents qu’ils disposent de personnel entraîné à résoudre des problèmes

complexes pour permettre à leur pays de créer et d’exploiter la recherche, le

développement et l’innovation. L’éducation et la formation en sciences, sciences

de l’ingénieur, technologie et médecine, sans distinction de sexe, sont

essentielles pour le succès.

L’innovation a besoin de protection, mais il faut faire attention à ce que

les mesures protectrices ne deviennent pas des freins à l’innovation (à tout

niveau, de l’entreprise à l’individu). L’accès à la ,connaissance est critique.

Porter atteinte au droit de propriété intellectuelle ébranle à long terme les

progrès de l’innovation. Un des buts des pays du G8 est d’assurer que les

régimes nationaux et internationaux de protection de la propriété intellectuelle

facilitent et promeuvent l’accès à la connaissance.

Pour garantir que le système de brevets fournit les motivations nécessaires

pour le progrès continu en sciences et technologies, il est nécessaire de montrer

clairement les critères clés de brevetabilité :utilité, nouveauté, et originalité. Les

pays du G8 doivent fournir des standards harmonisés pour faciliter une diffusion

précoce de la connaissance par une « période de grâce ». Cette disposition

protège l’inventeur des effets néfastes de ses propres publications avant la date

d’enregistrement. Pour que la recherche scientifique soit encouragée, les lois sur

les brevets doivent aussi inclure une dérogation spécifique pour la recherche et

permettre l’utilisation de technologie brevetée à des fins non commerciales de

recherche, comprenant l’amélioration et le développement à venir du domaine

soumis à brevet. Beaucoup de temps et de ressources sont encore dépensés à

préparer et à enregistrer les brevets dans de multiples juridictions. Des efforts

globaux ont été entrepris pour harmoniser certains besoins et partager les

informations grâce au Substantive Patent Law Treaty (SPLT), qui rencontre

actuellement des problèmes. Puisque les principales différences et exigences de

partage surgissent entre les juridictions des nations du G8, ces pays les plus

industrialisés du monde pourraient élaborer entre eux un accord provisoire. Ce

système devrait inclure les meilleures pratiques et les niveaux de haute qualité

dans la recherche et dans l’examen des droits de priorité. De plus, dans le cas

des brevets, il y a un besoin urgent d’améliorer de façon substantielle la qualité

des droits issus. Si le besoin de l’application d’une technologie nouvellement

brevetée en provenance de nations industrialisées existe principalement dans le

Sud, un retour adéquat sur investissement par l’industrie du Nord a souvent peu

de chances de survenir dans des conditions normales. Les gouvernements du G8

doivent examiner la subvention du développement de technologie brevetée et

également sa commercialisation dans le Sud. Ceci pourrait être réalisé en

subventionnant le développement technologique par un programme lié en amont

du processus de brevetage (par exemple par des subventions, la longueur de la

32

période couverte par le brevet, ou par le paiement au juste prix par les nations du

G8 d’un produit développé pour un pays du Sud). En retour, les gouvernements

des pays du Sud entreprendraient de faire respecter les brevets, les politiques de

fabrication locale sous licence, etc. Cette stratégie pourrait être bénéfique pour

la commercialisation des produits dont le Sud a besoin et qu’il ne peut acquérir

autrement. En conclusion Les Académies des Sciences recommandent b que les

chefs des gouvernements du G8 : encouragent le développement d’un agenda

international à long terme pour promouvoir l’innovation dans des secteurs

prioritaires ; facilitent le transfert de la connaissance et de l’innovation vers le

domaine commercial, particulièrement entre les universités et l’industrie et

mettent en place des systèmes pour stimuler l’esprit d’entreprise ; travaillent

avec les pays en développement pour construire des systèmes de science,

technologie et innovation pour le développement économique et social, et

promeuvent l’éducation et l’instruction de leurs futurs dirigeants

particulièrement en science, ingénierie, technologie et médecine ; promeuvent

les politiques globales de connaissance concernant la génération, la

transmission, l’utilisation et la protection, plutôt que de se concentrer seulement

sur ce dernier point.

En 2007 Les Académies des Sciences recommandent que les chefs des

gouvernements du G8 : encouragent les efforts globaux pour simplifier et mettre

en application la protection de l’innovation tout en s’assurant qu’un juste

équilibre est maintenu entre les droits formels de propriété intellectuelle bien

établis et le libre accès à la connaissance et à l’information ; développent et

mettent en oeuvre les politiques levant les barrières à l’innovation, et favorisant

de plus la mise en place d’infrastructures prometteuses ; mettent en place des

initiatives audacieuses via des institutions financières globales pour faciliter et

protéger l’innovation du monde en développement ; insistent auprès du monde

en développement pour qu’il ait, avec leur aide, une infrastructure locale, des

lois et règlements pour catalyser et protéger l’innovation locale, ceci créant un

environnement stimulant pour le transfert de technologie.

Les Académies des Sciences adjurent toutes les nations, en accord avec

les principes de l'UNFCCC4, d’entreprendre rapidement des actions pour réduire

les causes du changement climatique et pour s'adapter à ses effets et de s'assurer

que cette question est incluse dans toutes les stratégies pertinentes nationales et

internationales. En tant qu'Académies nationales des sciences, nous nous

engageons à travailler avec les gouvernements pour aider à développer et à

mettre en œuvre la réponse nationale et internationale au défi du changement

climatique.Les pays du G8 ont été responsables pour beaucoup des émissions

passées de gaz à effet de serre. En tant que parties prenantes à l’UNFCCC, ces

pays prennent l'engagement de montrer la voie pour répondre au changement

33

climatique et aider les pays en développement à affronter les enjeux de

l'adaptation et de la mitigation. Appellent les leaders mondiaux, y compris ceux

du sommet du G8 à : Reconnaître que la menace du changement climatique est

évidente et croissante ;

Lancer une étude internationales pour définir sur des bases scientifiques

des cibles pour les concentrations de gaz à effet de serre et les scénarios

d'émissions correspondants, pour permettre aux nations d'éviter les effets

considérés comme inacceptables.

Identifier les mesures ayant un bon rendement coût efficacité, qui peuvent

être prises maintenant pour contribuer à une réduction substantielle et à long

terme des émissions nettes globales de gaz à effet de serre. Reconnaître que tout

retard dans l’action accroîtra le risque d'effets environnementaux indésirables et

exposera à des coûts plus importants.

Travailler avec les pays en développement à bâtir le potentiel scientifique

et technologique le mieux adapté à leurs moyens, leur permettant de développer

des solutions innovantes pour atténuer les effets indésirables du changement

climatique et s'y adapter, tout en reconnaissant explicitement leurs droits

légitimes au développement.

Montrer la voie pour développer et déployer les technologies d'énergie

propre et les moyens d’améliorer l’efficacité énergétique et partager cette

connaissance avec toutes les autres nations. Mobiliser la communauté

scientifique et technologique pour accroître les efforts de recherche et

développement, qui sont susceptibles de mieux éclairer les décisions concernant

le changement climatique. C’est pour que l’Académie des Sciences de France

organise les 4;5; 6 juin prochaine un colloque sur l ‘Écosystèmes et Événements

Climatiques Extrêmes.

I. Adoption

1. Décide d’adopter l’Accord de Paris en vertu de la Convention-cadre des

Nations Unies sur les changements climatiques (ci-après dénommé « l’Accord

») figurant dans l’annexe;

2. Prie le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies d’être le

Dépositaire de l’Accord et de l’ouvrir à la signature à New York (États-Unis

d’Amérique), du 22 avril 2016 au 21 avril 2017;

3. Invite le Secrétaire général à organiser une cérémonie de haut niveau

pour la signature de l’Accord le 22 avril 2016;

4. Invite également toutes les Parties à la Convention à signer l’Accord à

l’occasion de la cérémonie devant être organisée par le Secrétaire général, ou au

moment qui leur semblera le plus opportun, ainsi qu’à déposer dans les

34

meilleurs délais leurs instruments respectifs de ratification, d’acceptation,

d’approbation ou d’adhésion, selon le cas;

5. Reconnaît que les Parties à la Convention peuvent provisoirement

appliquer toutes les dispositions de l’Accord en attendant son entrée en vigueur,

et demande aux Parties d’informer le Dépositaire de toute application provisoire

ainsi décidée;

6. Note que le Groupe de travail spécial de la plateforme de Durban pour

une action renforcée a mené à bien ses travaux, conformément au paragraphe 4

de la décision 1/CP.17;

7. Décide de créer le Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris

auquel s’appliquent, mutatis mutandis, les mêmes dispositions que celles

régissant l’élection des membres du Bureau du Groupe de travail spécial de la

plateforme de Durban pour une action renforcée1 ;

8. Décide également que le Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris

préparera l’entrée en vigueur de l’Accord et la convocation de la première

session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à

l’Accord de Paris;

9. Décide en outre de superviser la mise en œuvre du programme de

travail découlant des demandes pertinentes figurant dans la présente décision;

10. Demande au Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris de rendre

compte régulièrement à la Conférence des Parties de l’avancement de ses

travaux et de mener à bien ses travaux avant la première session de la

Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris;

11. Décide que le Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris tiendra

ses sessions à partir de 2016 parallèlement aux sessions des organes subsidiaires

de la Convention et élaborera des projets de décision que la Conférence des

Parties recommandera à la Conférence des Parties agissant comme réunion des

Parties à l’Accord de Paris pour examen et adoption à sa première session;

II. Contributions prévues déterminées au niveau national

12. Se félicite des contributions prévues déterminées au niveau national que les

Parties ont communiquées conformément à l’alinéa b) du paragraphe 2 de la

décision 1/CP.19;

13. Renouvelle son invitation à toutes les Parties qui ne l’ont pas encore fait de

faire part au secrétariat de leurs contributions prévues déterminées au niveau

national en vue d’atteindre l’objectif de la Convention tel qu’il est énoncé en son

article 2 dès que possible et bien avant la vingt-deuxième session de la

Conférence des Parties (novembre 2016) et d’une manière propre à améliorer la

clarté, la transparence et la compréhension des contributions prévues

déterminées au niveau national;

35

14. Demande au secrétariat de continuer à publier les contributions prévues

déterminées au niveau national communiquées par les Parties sur le site Web de

la Convention;

15. Renouvelle son appel aux pays développés parties, aux entités chargées

d’assurer le fonctionnement du Mécanisme financier et à toute autre

organisation en mesure de le faire pour qu’ils fournissent un appui aux fins de

l’établissement et de lacommunication des contributions prévues déterminées au

niveau national des Parties qui pourraient avoir besoin d’un tel appui;

16. Prend note du rapport de synthèse sur l’effet global des contributions

prévues déterminées au niveau national communiquées par les Parties au 1 er

octobre 2015, figurant dans le document FCCC/CP/2015/7;

17. Note avec préoccupation que les niveaux des émissions globales de gaz à

effet de serre en 2025 et 2030 estimés sur la base des contributions prévues

déterminées au niveau national ne sont pas compatibles avec des scénarios au

moindre coût prévoyant une hausse de la température de 2 °C, mais se traduisent

par un niveau prévisible d’émissions de 55 gigatonnes en 2030, et note

également que des efforts de réduction des émissions beaucoup plus importants

que ceux associés aux contributions prévues déterminées au niveau national

seront nécessaires pour contenir l’élévation de la température de la planète en

dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels en ramenant les

émissions à 40 gigatonnes ou en dessous de 1,5 °C par rapport aux niveaux

préindustriels en ramenant les émissions à un niveau devant être défini dans le

rapport spécial mentionné au paragraphe 21 ci-après;

18. Prend note également, dans ce contexte, des besoins d’adaptation exprimés

par bon nombre de pays en développement parties dans leurs contributions

prévues déterminées au niveau national; 19. Charge le secrétariat de mettre à

jour le rapport de synthèse mentionné au paragraphe 16 ci-dessus de manière à

prendre en compte toutes les informations figurant dans les contributions

prévues déterminées au niveau national communiquées par les Parties

conformément à la décision 1/CP.20 pour le 4 avril 2016 au plus tard et de le

rendre disponible pour le 2 mai 2016 au plus tard;

20. Décide d’organiser un dialogue de facilitation entre les Parties pour faire le

point en 2018 des efforts collectifs déployés par les Parties en vue d’atteindre

l’objectif à long terme énoncé au paragraphe 1 de l’article 4 de l’Accord et

d’éclairer l’établissement des contributions déterminées au niveau national

conformément au paragraphe 8 de l’article 4 de l’Accord;

21. Invite le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat à

présenter un rapport spécial en 2018 sur les conséquences d’un réchauffement

planétaire supérieur à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les profils

connexes d’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre;

Financement

53. Décide que, dans la mise en œuvre de l’Accord, les ressources financières

fournies aux pays en développement devraient renforcer l’application de leurs

36

politiques, stratégies, règlements, plans d’action et mesures de lutte contre les

changements climatiques tant en matière d’atténuation que d’adaptation de

façon à contribuer à la réalisation de l’objet de l’Accord tel que défini à l’article

2;

54. Décide en outre que, conformément au paragraphe 3 de l’article 9 de

l’Accord, les pays développés entendent poursuivre leur objectif collectif actuel

de mobilisation jusqu’en 2025 dans l’optique de mesures concrètes d’atténuation

et d’une mise en œuvre transparente; avant 2025, la Conférence des Parties

agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris fixe un nouvel objectif

chiffré collectif à partir d’un niveau plancher de 100 milliards de dollars par an,

en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement;

55. Reconnaît l’importance de ressources financières adéquates et prévisibles, y

compris des paiements liés à des résultats, s’il y a lieu, aux fins de la mise en

œuvre de démarches générales et d’incitations positives visant à réduire les

émissions imputables au déboisement et à la dégradation des forêts, du rôle de la

conservation et de la gestion durable des forêts et du renforcement des stocks de

carbone forestiers, ainsi que d’autres modes d’action, tels que des démarches

communes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et

durable des forêts, tout en réaffirmant l’importance des avantages non liés au

carbone qui sont associés à de telles démarches, et en encourageant la

coordination de l’appui provenant, entre autres, de sources publiques et privées,

bilatérales et multilatérales, telles que le Fonds vert pour le climat et d’autres

sources, en application des décisions pertinentes de la Conférence des Parties;

56. Décide d’engager, à sa vingt-deuxième session, un processus visant à

recenser les informations que doivent communiquer les Parties conformément

au paragraphe 5 de l’article 9 de l’Accord en vue de formuler des

recommandations pour examen et adoption par la Conférence des Parties

agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris à sa première session;

57. Décide également de veiller à ce que la communication d’informations

conformément au paragraphe 7 de l’article 9 de l’Accord suive les modalités,

procédures et lignes directrices visées au paragraphe 96 ci-dessous;

58. Demande à l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique de

définir des modalités de comptabilisation des ressources financières fournies et

mobilisées par des interventions publiques conformément au paragraphe 7 de

l’article 9 de l’Accord pour examen par la Conférence des Parties à sa vingt-

quatrième session (novembre 2018), en vue d’adresser une recommandation

pour examen et adoption par la Conférence des Parties agissant comme réunion

des Parties à l’Accord de Paris à sa première session;

59. Décide que le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’environnement

mondial, entités chargées d’assurer le fonctionnement du Mécanisme financier,

ainsi que le Fonds pour les pays les moins avancés et le Fonds spécial pour les

changements climatiques, administrés par le Fonds pour l’environnement

mondial, concourent à l’application de l’Accord;

37

60. Considère que le Fonds pour l’adaptation peut concourir à l’application de

l’Accord, sous réserve des décisions pertinentes de la Conférence des Parties

agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto et de la Conférence

des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris;

61. Invite la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au

Protocole de Kyoto à examiner la question évoquée au paragraphe 60 ci-dessus

et à faire une recommandation à la Conférence des Parties agissant comme

réunion des Parties à l’Accord de Paris à sa première session;

62. Recommande que la Conférence des Parties agissant comme réunion des

Parties à l’Accord de Paris donne aux entités chargées d’assurer le

fonctionnement du Mécanisme financier de la Convention des directives sur les

politiques, les priorités en matière de programme et les critères d’admissibilité

liés à l’Accord pour transmission par la Conférence des Parties;

63. Décide que les directives à l’intention des entités chargées d’assurer le

fonctionnement du Mécanisme financier de la Convention qui figurent dans les

décisions pertinentes de la Conférence des Parties, y compris celles arrêtées

avant l’adoption de l’Accord, s’appliquent mutatis mutandis;

64. Décide également que le Comité permanent du financement concourt à

l’application de l’Accord conformément à ses fonctions et responsabilités

établies dans le cadre de la Conférence des Parties;

65. Demande instamment aux institutions qui concourent à l’application de

l’Accord d’améliorer la coordination et la fourniture de ressources à l’appui des

stratégies impulsées par les pays grâce à des procédures simplifiées et efficaces

de demande et d’approbation et à un appui continu à la planification préalable à

l’intention des pays en développement parties, notamment aux pays les moins

avancés et aux petits États insulaires en développement, selon qu’il convient;

Accord de Paris

Les Parties au présent Accord, Étant parties à la Convention-cadre des Nations

Unies sur les changements climatiques, ci-après dénommée « la Convention »,

Agissant en application de la plateforme de Durban pour une action renforcée

adoptée par la décision 1/CP.17 de la Conférence des Parties à la Convention à

sa dixseptième session, Soucieuses d’atteindre l’objectif de la Convention, et

guidées par ses principes, y compris le principe de l’équité et des responsabilités

communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux

contextes nationaux différents,

Reconnaissant la nécessité d’une riposte efficace et progressive à la menace

pressante des changements climatiques en se fondant sur les meilleures

connaissances scientifiques disponibles,

Reconnaissant aussi les besoins spécifiques et la situation particulière des pays

en développement parties, surtout de ceux qui sont particulièrement vulnérables

aux effets néfastes des changements climatiques, comme le prévoit la

Convention,

38

Tenant pleinement compte des besoins spécifiques et de la situation particulière

des pays les moins avancés en ce qui concerne le financement et le transfert de

technologies,

Reconnaissant que les Parties peuvent être touchées non seulement par les

changements climatiques, mais aussi par les effets des mesures de riposte à ces

changements, Soulignant qu’il existe des liens intrinsèques entre l’action et la

riposte face aux changements climatiques et à leurs effets et un accès équitable

au développement durable et à l’élimination de la pauvreté,

Reconnaissant la priorité fondamentale consistant à protéger la sécurité

alimentaire et à venir à bout de la faim, et la vulnérabilité particulière des

systèmes de production alimentaire aux effets néfastes des changements

climatiques,

Tenant compte des impératifs d’une transition juste pour la population active et

de la création d’emplois décents et de qualité conformément aux priorités de

développement définies au niveau national,

Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation

pour l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des mesures face à

ces changements, les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en

considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’homme , le

droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales,

des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en

situation vulnérable et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes,

l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations, Reconnaissant

l’importance de la conservation et, le cas échéant, du renforcement des puits et

réservoirs des gaz à effet de serre visés dans la Convention, Notant qu’il importe

de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la

protection de la biodiversité, reconnue par certaines cultures comme la Terre

nourricière, et notant l’importance pour certaines de la notion de « justice

climatique », dans l’action menée face aux changements climatiques,

Affirmant l’importance de l’éducation, de la formation, de la sensibilisation, de

la participation du public, de l’accès de la population à l’information et de la

coopération à tous les niveaux sur les questions traitées dans le présent Accord,

Reconnaissant l’importance de la participation des pouvoirs publics à tous les

niveaux et des divers acteurs, conformément aux législations nationales

respectives des Parties, dans la lutte contre les changements climatiques,

Reconnaissant également que des modes de vie durables et des modes durables

de consommation et de production, les pays développés parties montrant la voie,

jouent un rôle important pour faire face aux changements climatiques, Sont

convenues de ce qui suit : Article premier Aux fins du présent Accord, les

définitions énoncées à l’article premier de la Convention sont applicables. En

outre : 1. On entend par « Convention » la Convention-cadre des Nations Unies

sur les changements climatiques, adoptée à New York le 9 mai 1992; 2. On

39

entend par « Conférence des Parties » la Conférence des Parties à la Convention;

3. On entend par « Partie » une Partie au présent Accord. Article 2 1. Le présent

Accord, en contribuant à la mise en œuvre de la Convention, notamment de son

objectif, vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements

climatiques, dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la

pauvreté, notamment en : a) Contenant l’élévation de la température moyenne de

la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et

en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C

par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait

sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

b) Renforçant les capacités d’adaptation aux effets néfastes des changements

climatiques et en promouvant la résilience à ces changements et un

développement à faible émission de gaz à effet de serre, d’une manière qui ne

menace pas la production alimentaire;

c) Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un

développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux

changements climatiques.

2. Le présent Accord sera appliqué conformément à l’équité et au principe des

responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu

égard aux contextes nationaux différents. Article 3 À titre de contributions

déterminées au niveau national à la riposte mondiale aux changements

climatiques, il incombe à toutes les Parties d’engager et de communiquer des

efforts ambitieux au sens des articles 4, 7, 9, 10, 11 et 13 en vue de réaliser

l’objet du présent Accord tel qu’énoncé à l’article 2.

Les efforts de toutes les Parties

représenteront, à terme, une progression, tout en reconnaissant la nécessité

d’aider les pays en développement parties pour que le présent Accord soit

appliqué efficacement. Article 4

1. En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2,

les Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à

effet de serre dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement

prendra davantage de temps pour les pays en développement parties, et à opérer

des réductions rapidement par la suite conformément aux meilleures données

scientifiques disponibles de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions

anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques par les puits de gaz

à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle, sur la base de l’équité,

et dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

2. Chaque Partie établit, communique et actualise les contributions déterminées

au niveau national successives qu’elle prévoit de réaliser. Les Parties prennent

des mesures internes pour l’atténuation en vue de réaliser les objectifs desdites

contributions.

40

3. La contribution déterminée au niveau national suivante de chaque Partie

représentera une progression par rapport à la contribution déterminée au niveau

national antérieure et correspondra à son niveau d’ambition le plus élevé

possible, compte tenu de ses responsabilités communes mais différenciées et de

ses capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.

4. Les pays développés parties continuent de montrer la voie en assumant des

objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de

l’économie. Les pays en développement parties devraient continuer d’accroître

leurs efforts d’atténuation, et sont encouragés à passer progressivement à des

objectifs de réduction ou de limitation des émissions à l’échelle de l’économie

eu égard aux contextes nationaux différents.

5. Un appui est fourni aux pays en développement parties pour l’application du

présent article, conformément aux articles 9, 10 et 11, étant entendu qu’un appui

renforcé en faveur des pays en développement parties leur permettra de prendre

des mesures plus ambitieuses

. 6. Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement

peuvent établir et communiquer des stratégies, plans et mesures de

développement à faible émission de gaz à effet de serre correspondant à leur

situation particulière.

7. Les retombées bénéfiques, dans le domaine de l’atténuation, des mesures

d’adaptation et/ou des plans de diversification économique des Parties peuvent

contribuer aux résultats d’atténuation en application du présent article.

8. En communiquant leurs contributions déterminées au niveau national, toutes

les Parties présentent l’information nécessaire à la clarté, la transparence et la

compréhension conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les décisions

pertinentes de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à

l’Accord de Paris.

9. Chaque Partie communique une contribution déterminée au niveau national

tous les cinq ans conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les décisions

pertinentes de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à

l’Accord de Paris et en tenant compte des résultats du bilan mondial prévu à

l’article 14.

10. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de

Paris examine des calendriers communs pour les contributions déterminées au

niveau national à sa première session.

11. Une Partie peut à tout moment modifier sa contribution déterminée au

niveau national afin d’en relever le niveau d’ambition, conformément aux

directives adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des

Parties à l’Accord de Paris.

12. Les contributions déterminées au niveau national communiquées par les

Parties sont consignées dans un registre public tenu par le secrétariat.

41

13. Les Parties rendent compte de leurs contributions déterminées au niveau

national. Dans la comptabilisation des émissions et des absorptions anthropiques

correspondant à leurs contributions déterminées au niveau national, les Parties

promeuvent l’intégrité environnementale, la transparence, l’exactitude,

l’exhaustivité, la comparabilité et la cohérence, et veillent à ce qu’un double

comptage soit évité, conformément aux directives adoptées par la Conférence

des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

14. Dans le contexte de leurs contributions déterminées au niveau national,

lorsqu’elles indiquent et appliquent des mesures d’atténuation concernant les

émissions et les absorptions anthropiques, les Parties devraient tenir compte,

selon qu’il convient, des méthodes et des directives en vigueur conformément à

la Convention, compte tenu des dispositions du paragraphe 13 du présent article.

15. Les Parties tiennent compte, dans la mise en œuvre du présent Accord, des

préoccupations des Parties dont l’économie est particulièrement touchée par les

effets des mesures de riposte, en particulier les pays en développement parties.

16. Les Parties, y compris les organisations régionales d’intégration

économique et leurs États membres, qui se sont mises d’accord pour agir

conjointement en application du paragraphe 2 du présent article, notifient au

secrétariat les termes de l’accord pertinent, y compris le niveau d’émissions

attribué à chaque Partie pendant la période considérée, au moment de

communiquer leurs contributions déterminées au niveau national. Le secrétariat

informe à son tour les Parties à la Convention et les signataires des termes de

l’accord.

17. Chaque partie à un accord de ce type est responsable de son niveau

d’émissions indiqué dans l’accord visé au paragraphe 16 ci-dessus

conformément aux paragraphes 13 et 14 du présent article et aux articles 13 et

15.

18. Si des Parties agissant conjointement le font dans le cadre d’une organisation

régionale d’intégration économique qui est elle-même partie au présent Accord,

et en concertation avec elle, chaque État membre de cette organisation régionale

d’intégration économique, à titre individuel et conjointement avec l’organisation

régionale d’intégration économique, est responsable de son niveau d’émissions

indiqué dans l’accord communiqué en application du paragraphe 16 du présent

article conformément aux paragraphes 13 et 14 du présent article et aux articles

13 et 15. 1

9. Toutes les Parties s’emploient à formuler et communiquer des stratégies à

long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre, en

gardant à l’esprit l’article 2 compte tenu de leurs responsabilités communes mais

différenciées et de leurs capacités respectives, eu égard aux contextes nationaux

différents.

42

Qu’est ce que des changement climatiques et en quoi consiste ses effets?

On entend par ´effets néfastes des changements climatiquesª les

modifications de l’environnement physique dues des changements

climatiques et qui exercent des effets nocifs significatifs sur la composition,

la résistance ou la productivité des écosystemes naturels et aménagés, sur le

fonctionnement des systémes socio-économiques ou sur la santé et le bien-

étre de l’homme.

En deuxieme lieu, on entend par ´changements climatiquesª des

changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement ‡

une activité humaine altérant la composition de l’atmosphËre mondiale et

qui viennent s’ajouter la variabilité naturelle du climat observée au cours

de périodes comparables.

En troisieme lieur 3. On entend par ´systeme climatiqueª un ensemble

englobant líatmosphËre, líhydrosphËre, la biosphËre et la géosphére, ainsi

que leurs interactions.

4. On entend par ´Èmissionsª la libÈration de gaz ‡ effet de serre ou de

prÈcurseurs de tels gaz dans líatmosphËre au-dessus díune zone et au cours

díune pÈriode donnÈes. * Les titres des articles sont exclusivement donnÈs

pour la commoditÈ du lecteur. -5-

5. On entend par ´gaz ‡ effet de serreª les constituants gazeux de

líatmosphËre, tant naturels quíanthropiques, qui absorbent et rÈÈmettent

le rayonnement infrarouge. 6. On entend par ´organisation rÈgionale

díintÈgration Èconomiqueª une organisation constituÈe par des …tats

souverains díune rÈgion donnÈe qui a compÈtence dans des domaines

rÈgis par la prÈsente Convention ou ses protocoles et a ÈtÈ d˚ment

autorisÈe, selon ses procÈdures internes, ‡ signer, ‡ ratifier, ‡ accepter ou ‡

approuver lesdits instruments ou ‡ y adhÈrer. 7. On entend par ´rÈservoirª

un ou plusieurs constituants du systËme climatique qui retiennent un gaz ‡

effet de serre ou un prÈcurseur de gaz ‡ effet de serre. 8. On entend par

´puitsª tout processus, toute activitÈ ou tout mÈcanisme, naturel ou

artificiel, qui Èlimine de líatmosphËre un gaz ‡ effet de serre, un aÈrosol

ou un prÈcurseur de gaz ‡ effet de serre. 9. On entend par ´sourceª tout

processus ou activitÈ qui libËre dans líatmosphËre un gaz ‡ effet de serre,

un aÈrosol ou un prÈcurseur de gaz ‡ effet de serre.

Un certain nombre de méthodes ont été proposées qui visent à diminuer la

quantité de rayonnement solaire absorbé par le système climatique et

43

refroidir ainsi artificiellement le climat. Parmi ces méthodes de « gestion du

rayonnement solaire », deux méthodes retiennent plus particulièrement

l'attention. La première repose sur l'injection d'aérosols ou de précurseurs

d'aérosols dans la stratosphère afin de réfléchir ou absorber le

rayonnement solaire à la manière des aérosols volcaniques. La seconde

s'appuie sur l'injection d’aérosols de sels marins dans la basse atmosphère

au-dessus des océans, dans le but de rendre les nuages plus réfléchissants.

Nous nous appuierons sur des considérations physiques et des simulations

numériques du climat pour évaluer le degré de réalisme, le potentiel mais

aussi les limitations, les effets collatéraux et les risques associés à ces

méthodes.

Stéphane BLAIN, Observatoire Océanologique de Banyuls sur mer La

fertilisation océanique des océans a été proposée dès la fin des années 80

comme une possible technique de géo-ingénierie climatique permettant de

réduire la quantité de CO2 présente dans l’atmosphère. L’idée générale est

de stimuler artificiellement la pompe biologique de CO2 océanique. Cette

stimulation n’est possible que dans certains océans où la croissance du

phytoplancton est limitée par les faibles concentrations d’un élément

nutritif. Durant les 20 dernières années, une douzaine d’expériences

scientifiques de fertilisation par le fer ont été réalisées à l’échelle de

quelques dizaines de kilomètres carrés dans différents océans. Elles ont

toutes démontré un transfert accru du CO2 de l’atmosphère vers l’océan

dans les zones fertilisées. Toutefois l’efficacité du procédé pour stocker du

carbone dans l’océan n’est pas établie. Les résultats des expériences et des

modélisations numériques divergent sur ce point. De plus, de nombreuses

questions se posent sur les possibles effets secondaires de fertilisation à

grande échelle (extension de zones d’anoxie, apparition d’espèces de

phytoplancton toxiques...). Malgré ces grandes inconnues et incertitudes, un

consortium privé a cependant réalisé récemment, avec un objectif de

géoingénierie, une opération de fertilisation artificielle de taille inégalée au

large du Canada.

Absorption du CO2 par la biosphère continentale Philippe CIAIS,

Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement/ Université de

Versailles St-Quentin-en-Yvelines, Gif-sur-Yvette

________________________________________________________________

____ La géo-ingénierie biologique regroupe un grand nombre de

propositions technologiques pour augmenter à grande échelle les puits de

carbone dans l'océan et dans la biosphère continentale. Dans cet exposé, on

présentera les puits de carbone actuels et leur évolution future en lien avec

les changements climatiques et l'usage des sols. Ensuite, on présentera les

propositions d'ensemencement des océans avec des nutritifs, la plantation

de forêts à grande échelle ou l'augmentation de la séquestration du carbone

44

dans les sols. Les incertitudes, la stabilité de ces puits de carbone

intentionnels, les effets induits sur le fonctionnement du cycle du carbone

seront discutés. En comparaison, les réductions d'émissions de CO2 fossile

pour réduire l'amplitude du réchauffement climatique seront évoquées,

pour mettre en perspective les effets potentiels de la géo-ingénierie

biologique.

Stockage géologique du CO2 Olivier VINCKE,

Institut Français du Pétrole Énergies nouvelles, Rueil-Malmaison

Le changement climatique a fait l'objet de nombreux débats au cours de ces

dernières années. Aujourd'hui le constat est partagé : la Terre se réchauffe

anormalement et la plupart des experts relient ce dérèglement aux

émissions de gaz à effet de serre, et tout particulièrement de CO2, lesquelles

ont fortement augmenté au cours des récentes décennies. Les scénarios

établis par le GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution

du Climat) montrent que la teneur en CO2 pourrait passer d'une valeur de

l'ordre de 360 ppm actuellement, à une valeur qui, en l'absence de mesures,

pourrait dépasser 1000 ppm d'ici la fin du siècle, avec des risques

considérables de changement climatique. Si aucune mesure n'est prise, les

experts prévoient une augmentation moyenne de la température de 2 à 6°C

d'ici 2100 et une élévation du niveau de la mer de 9 à 88 cm, avec en

conséquence des canicules, des inondations, des modifications de la faune et

de la flore... Parmi l'éventail des mesures permettant de lutter efficacement

contre le changement climatique, la filière capture, transport et stockage du

CO2 dispose du plus gros potentiel de réduction massive des émissions de

CO2 à court et moyen terme. La recherche et l'industrie disposent de

méthodologies développées notamment pour l'exploration pétrolière

adaptées au stockage géologique du CO2, capables de fournir les éléments

pour la mise en œuvre à l'échelle industrielle d'un stockage géologique du

CO2 et la maîtrise des impacts sur quelque 1000 an

En s'appuyant sur des exemples de pilotes de stockage, l'exposé de ce jour

abordera et donnera des éléments de réponse aux questions suivantes : -

quels sont les critères essentiels pour permettre un stockage viable du CO2

? - dans quels types de structures géologiques peut-on stocker le CO2 et en

quelle quantité ? - comment transporter et sous quelle forme injecter le

CO2 ? - que devient le CO2 une fois injecté dans le réservoir ? - le CO2

peut-il s'échapper du réservoir. Si oui, quelle en seraient les conséquences ?

- comment maîtriser les risques ? Quels sont les "éléments de la structure"

à étudier, à modéliser avant l'injection de CO2 ? Quels éléments requièrent

un suivi au cours de la vie du stockage (pendant et après l'injection de CO2)

? - qu'apportent les modélisations ? Quelles sont les modélisations réalisées

et à quelle échelle ? - qu'apportent pilotes et démonstrateurs ? - comment

45

appréhender les problématiques non techniques : aspects économiques,

réglementaires et d'acceptabilité sociétale ?

Géo-ingénierie et complexité du système climatique Hervé LE TREUT,

Académie des sciences

Une composante importante du travail de la communauté des sciences du

climat au cours des dernières décennies, a été de déterminer si la croissance

continuellement accélérée des émissions de gaz à effet de serre après la

deuxième guerre mondiale était susceptible de modifier le climat de la

Terre. La correspondance des structures globales du réchauffement

anticipé par les modèles depuis les années 70 (réchauffement plus fort aux

pôles et sur les continents, refroidissement de la stratosphère) avec la

structure des changements observés au cours des dernières décennies, une

meilleure connaissance des structures globales caractéristiques de la

variabilité naturelle du climat, constituent autant d’éléments qui laissent

désormais très peu de place au doute sur la réalité de ce risque – dont les

conséquences majeures sont à venir. Dans les conditions démographiques et

politiques actuelles, une limitation suffisante des émissions de gaz à effet de

serre paraît hors d’atteinte, et la poursuite de ces évolutions paraît

inéluctable. Il est important de s’y confronter en développant des

techniques d’adaptation, et la géo-ingénierie est aussi souvent invoquée

comme un remède possible. L’adaptation comme la géo-ingénierie seront

néanmoins confrontées aux limites de nos capacités de prédiction futures :

la quantification précise des évolutions futures, leur impact régional,

restent tributaires d’incertitudes de natures très différentes : recherche

encore insuffisante sur des processus physiques critiques (nuages, albedo),

imprévisibilité de certaines structures dynamiques dans les circulations

atmosphériques et océaniques, rôle important de composantes encore

difficiles à modéliser (végétation…),etc. Ces incertitudes ont un impact sur

les conditions d’un recours à la géo-ingénierie

Pékin, le 2 novembre 2015

1. A l’occasion de la visite d’Etat du Président Hollande en Chine, les

Présidents de la République française et de la République populaire de

Chine réaffirment leur ferme conviction que le changement climatique

constitue l’un des plus grands défis auxquels l’humanité est confrontée, qui

exige que tous les pays œuvrent ensemble pour le bien commun dans le

cadre du développement durable.

2. Rappelant le mandat de Durban invitant à élaborer au titre de la Convention

cadre des Nations Unies sur les changements climatiques un protocole, un autre

46

instrument juridique ou un texte convenu d’un commun accord ayant valeur

juridique, applicable à toutes les Parties, le Président François Hollande et le

Président Xi Jinping renforcent leur détermination à œuvrer ensemble et avec les

dirigeants de tous les autres pays afin de parvenir à un accord de Paris ambitieux

et juridiquement contraignant, fondé sur l’équité, qui reflète le principe des

responsabilités communes mais différenciées ainsi que les capacités respectives,

compte tenu des différentes situations nationales, en gardant à l’esprit l’objectif

d’une hausse de la température mondiale inférieure à 2°C.

3. La France et la Chine soulignent que l’accord de Paris doit envoyer un signal

clair afin que le monde engage une transition vers un développement vert et

sobre en carbone, résilient au changement climatique et durable.

4. Dans cette optique, elles mettent l’accent sur l’importance d’orienter

l’économie mondiale sur la voie d’une réduction des émissions de carbone

durant ce siècle, à un rythme compatible avec une croissance économique forte

et un développement social équitable et avec l’objectif de contenir l’élévation de

la température mondiale en dessous de 2°C. Elles reconnaissent également

l’importance d’une transition progressive vers des systèmes d’énergie propre, en

tenant compte des différences en matière de ressources naturelles et de

préférences sociales. Elles insistent également sur l’importance de formuler des

stratégies nationales de développement sobre en carbone pour 2050.

5. Les deux Parties réaffirment qu’il est nécessaire que les pays développés

continuent à prendre l’initiative en adoptant des objectifs ambitieux chiffrés en

matière de réductions des émissions en valeur absolue pour l’ensemble de

l’économie et qu’il importe que les pays en développement renforcent au fil du

temps leurs actions d’atténuation diversifiées dans le cadre du développement

durable, notamment en s’orientant progressivement vers des objectifs chiffrés de

réduction ou de limitation des émissions pour l’ensemble de l’économie, en

fonction de leurs situations nationales, si besoin à l’aide d’incitations et de

soutiens.

6. La France et la Chine rappellent l’importance de démontrer, à travers l’accord

de Paris, l’importance politique égale de l’atténuation et de l’adaptation au

changement climatique. Les deux Parties soulignent la nécessité que l’accord de

Paris contribue à renforcer efficacement les capacités d’adaptation. Elles

soulignent qu’il importe de formuler et de mettre en œuvre des plans nationaux

d’adaptation, d’intégrer les considérations relatives au changement climatique

dans la planification et les activités nationales de développement social et

économique et d’adopter des mesures et des projets d’adaptation diversifiés. Les

deux Parties insistent sur la nécessité urgente de renforcer le soutien

international en faveur de plans et d’actions d’adaptation dans les pays en

développement, en tenant compte des besoins de ceux qui sont particulièrement

vulnérables.

47

7. La France et la Chine réaffirment l’importance cruciale de définir une

trajectoire claire et crédible pour atteindre d’ici 2020 l’objectif de mobilisation,

par les pays développés, de 100 milliards de financement climat par an

provenant d’une multitude de sources, publiques et privées, bilatérales et

multilatérales, et incluant de nouvelles sources de financement, afin d’appuyer

des actions d’adaptation et d’atténuation transparentes dans les pays en

développement et d’améliorer le renforcement de leurs capacités. Elles saluent

les nouveaux engagements pris par les pays développés et les institutions

financières multilatérales lors de la récente réunion FMI/Banque mondiale à

Lima durant laquelle a été présenté le rapport OCDE-CPI. Elles appellent les

pays développés qui ne l’ont pas encore fait à accroitre leur soutien à

l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays en

développement.

8. Les deux Parties affirment qu’il importe que les pays développés continuent,

après 2020, à apporter et mobiliser un soutien accru en matière de financement,

de technologies et de renforcement des capacités en direction des pays en

développement pour des actions d’atténuation et d’adaptation ambitieuses et, en

particulier en ce qui concerne l’adaptation, à destination des pays en

développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes du

changement climatique. Le soutien complémentaire apporté par d’autres pays

désireux de le faire devrait être encouragé et reconnu.

9. La France et la Chine insistent sur le rôle essentiel que joue l’innovation

technologique pour relever les défis interdépendants que représentent

l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la croissance et le

développement, l’accès à l’énergie et la sécurité énergétique. Les deux Parties

appuient un renforcement accru du mécanisme technologique existant, en vue de

coopérer en matière de développement et de transfert technologique, notamment

par des activités communes de recherche et développement, de démonstration, et

d’autres actions connexes.

10. La France et la Chine soulignent qu’il est nécessaire d’inclure dans l’accord

de Paris un système de transparence amélioré en vue de renforcer la confiance

mutuelle et de promouvoir une mise en œuvre efficace, notamment par la

présentation de rapports et l’examen des actions et du soutien. Une flexibilité

devrait être offerte aux pays en développement qui en ont besoin compte tenu de

leurs capacités.

11. Les deux Parties conviennent également que l’accord de Paris comportera

des dispositions permettant aux Parties de formuler, communiquer, mettre en

œuvre et actualiser régulièrement leurs contributions déterminées au niveau

national. Elles sont favorables à ce qu’une revue complète ait lieu tous les cinq

ans sur les progrès accomplis en vue de l’atteinte des objectifs à long terme

agréés. Les résultats de cette revue aideront les Parties à renforcer régulièrement

leurs actions d’une manière décidée au niveau national.

48

12. La France et la Chine soulignent qu’il importe d’adopter à Paris un

programme de travail sur l’accélération de l’application avant 2020 en matière

d’atténuation, d’adaptation et de moyens de mise en œuvre et d’instaurer un

dialogue facilitateur en 2017/2018 afin de recenser les progrès accomplis et

d’explorer la possibilité de renforcer encore l’action et le soutien avant 2020.

13. La France et la Chine rappellent leur partenariat bilatéral sur le changement

climatique établi par la Déclaration commune de 2007 sur le changement

climatique et conviennent d’intensifier leur coordination et leur coopération à

cet égard. Les deux Parties renforceront leurs échanges, en particulier sur les

infrastructures sobres en carbone, les technologies de capture et de stockage du

carbone, les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, les transports

sobres en carbone, l’urbanisation sobre en carbone, l’économie circulaire,

l’adaptation et le marché du carbone. La France et la Chine soulignent

l’importance de la tarification du carbone qui peut revêtir différentes formes et

considèrent à cet égard que le développement d’un marché national du carbone

en Chine constitue une étape importante et un signal fort et encourageant.

14. Leur coopération comportera l’échange de bonnes pratiques, la recherche et

le développement technologique, l’investissement dans des projets et solutions à

faible intensité de carbone et des investissements communs sur des marchés

tiers. Les deux Parties ont également l’intention de rendre publiques leurs

stratégies nationales respectives de développement bas carbone pour 2050 dès

que possible dans les cinq ans à venir.

15. La France et la Chine reconnaissent l’importance des financements verts et

des investissements sobres en carbone et déploieront des efforts afin

d’encourager les flux financiers destinés à financer des projets efficaces et

sobres en carbone. Les deux Parties reconnaissent aussi la nécessité d’une

coopération en matière de financements verts et d’investissements sobres en

carbone. Les deux Parties soulignent le rôle crucial que doivent jouer les

banques de développement nationales et multilatérales à cet égard, en particulier

pour mobiliser de nouveaux financements publics et privés.

16. La France et la Chine soulignent le rôle essentiel des villes, régions,

provinces et entreprises dans la lutte contre le changement climatique et

encouragent les actions des acteurs non étatiques visant à promouvoir la

transition à long terme vers une société bas carbone durable et résiliente au

changement climatique.

17. S’appuyant sur le Mécanisme de consultation bilatéral créé en 2010, les deux

Parties conviennent de lancer le Groupe de travail franco-chinois sur l’économie

verte et sobre en carbone, en vue de renforcer leur dialogue bilatéral et leur

coopération pratique sur les questions liées au climat et à l’énergie.

18. La France et la Chine reconnaissent qu’il importe de mobiliser des

financements au service du climat pour soutenir un développement sobre en

49

carbone et résilient au changement climatique dans les pays en développement,

notamment dans les pays moins avancés, les petits Etats insulaires en

développement et les pays africains. La France réitère son engagement de porter

son soutien annuel de 3 milliards d’euros actuellement à plus de 5 milliards

d’euros en 2020. La Chine annonce à nouveau qu’elle débloquera 20 milliards

de yuans pour mettre en place le Fonds chinois de coopération sud-sud sur le

climat destiné à aider les autres pays en développement à lutter contre le

changement climatique.

19. Les deux Parties s’engagent à augmenter substantiellement leurs

investissements publics respectifs dans la recherche, le développement et la

démonstration en matière de technologies énergétiques bas carbone (RD&D) à

l’horizon 2020, et conviennent de continuer à explorer les possibilités de

développer conjointement des projets de coopération dans des domaines

d’intérêt mutuel.

20. La France et la Chine œuvreront de façon constructive et coopérative,

ensemble et avec toutes les Parties à la Convention afin d’aider les pays en

développement à accomplir leur transition vers un développement vert et sobre

en carbone et à développer une résilience au changement climatique, notamment

par le biais d’une coopération tripartite. Les deux Parties exploreront la

possibilité de développer la coopération dans les pays tiers en matière d’énergies

renouvelables, d’efficacité énergétique et de prévention et de réduction des

catastrophes, en particulier dans les pays en développement. Elles apprécient et

appuient les efforts déployés par les pays africains et d’autres pays en

développement pour accélérer le développement des énergies renouvelables et

renforcer la résilience au changement climatique, notamment la mise en œuvre

de l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique et l’initiative relative

aux Systèmes d’alerte précoce sur les risques climatiques.

21. La France et la Chine renforceront également leur dialogue et leur

coopération sur les questions liées au changement climatique dans d’autres

enceintes multilatérales. Les deux Parties reconnaissent le rôle du G20 pour

mobiliser le soutien politique nécessaire à une issue fructueuse à Paris ainsi que

sa mise en œuvre effective, et pour promouvoir les financements verts,

l’efficacité énergétique, les mécanismes du marché du carbone et l’élimination

progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles.

Sur le changement Climatique

La gestion des risques anticipés liés au changement climatique passe par une

stratégie d’amélioration permanente de l’observation et de la compréhension des

phénomènes, de réduction des incertitudes des simulations numériques du

climat, et par la recherche et le déploiement de solutions qui pourraient conduire

à une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre. Nous

50

considérons que notre recherche sur Ecosystèmes et Evénements Climatiques

Extrêmes en aout 2008 reste valable. Depuis de cette période la

compréhension du comportement du climat de la Terre a fait l’objet de

nombreuses recherches. L’observation satellitaire permet désormais de suivre la

montée du niveau de la mer avec une précision millimétrique et, en tenant

compte des mesures de températures océaniques in situ, d’évaluer séparément la

dilatation thermique de la colonne d’eau et la fonte des glaciers continentaux et

des calottes glaciaires ; La prise en compte des cycles biogéochimiques dans les

modèles climatiques constitue un test de cohérence de ces modèles et permet

d’évaluer les rétroactions géochimiques associées au changement climatique.

Sans doute,la modélisation des climats du passé a donné des éléments pour

comprendre les observations géologiques (glaciations, périodes plus chaudes

que la période actuelle) et proposer des mécanismes (géochimiques, géo-

dynamiques, astronomiques) responsables de leurs évolutions.

L’évolution du climat en relation avec l’accumulation des gaz à effet de serre

associée aux activités humaines ainsi que la transition énergétique sont des

sujets de réflexion permanents à l’Académie des sciences. Ces deux questions

sont caractérisées par leur grande complexité et par les difficultés qu’elles

soulèvent. Dans le domaine du climat, il s’agit, au delà de la compréhension des

phénomènes et de l’analyse des interactions très diverses physiques,

dynamiques, chimiques et biologiques mises en jeu, de prévoir les évolutions

futures. Ce sujet a déjà fait l’objet de plusieurs conférences-débats à l’Académie

et de plusieurs rapports. La dernière conférence en date concernait l’examen

critique des données disponibles sur le système couplé océan-atmosphère-

glaces-surfaces continentales ("Observation du système climatique en

permanente évolution - Mécanismes physiques et chimiques en jeu", séance

publique 16 décembre 2014). Dans ce cadre général, l’Académie des sciences

organise, pour sa séance de rentrée, une seconde conférence sur le thème général

de la modélisation du climat (du passé géologique aux siècles futurs), avec des

interventions de quatre spécialistes éminents suivies d’un exposé sur les

éléments qui pourraient conduire à un accord à la COP21 du mois de décembre

prochain. La simulation des climats des temps anciens

Aux grandes échelles de temps, les températures et le cycle hydrologique à la

surface du globe varient relativement lentement et dans une fenêtre plutôt

étroite. Il existe néanmoins des « accidents » du climat et du cycle du carbone à

quelques reprises dans l’Histoire de la Terre. Nous examinerons ces rares

périodes et tenterons d’expliciter quels sont les processus à l’origine des

changements et de la régulation du climat et du cycle du carbone à long terme.

Pour répondre à cette question, cet exposé sera structuré comme une valse à

quatre temps. Le premier temps, celui du milliard d’années, est piloté par

l’augmentation de la luminosité solaire. Le second, qui prédomine pour des

51

échelles de temps de dizaines de millions d’années, est la tectonique des

plaques. Elle modifie la forme des bassins océaniques, elle fait dériver les

continents et est responsable de l’émergence de grandes chaînes de montagnes.

Tous ces évènements vont transformer les circulations atmosphériques,

océaniques et le cycle du carbone. Le troisième temps de cette valse est la

perturbation orbitale. Elle est due au fait que le rayonnement solaire est modulé

par la Lune, le Soleil et les grosses planètes du système solaire sur des temps

caractéristiques de dizaines de milliers d’années. Le dernier temps est celui de

l’homme, qui modifie son environnement à une vitesse bien plus grande :

quelques siècles. Cet exposé se limitera aux trois premiers temps classiques de

la valse. Il illustrera les bouleversements du climat et du cycle du carbone à ces

différentes échelles de temps en s’appuyant sur des simulations numériques.

Le climat actuel et son évolution future selon Serge PLANTON

Les observations recueillies au cours du XXe siècle et jusqu’à très récemment

montrent que le réchauffement du système climatique est sans équivoque. Il est

par ailleurs établi que les concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre,

dont le dioxyde de carbone, ont augmenté pour atteindre des niveaux sans

précédent depuis au moins 800 000 ans. Mais ce double constat ne suffit pas à

déduire l’existence d’un lien de cause à effet entre activités humaines et

réchauffement. La compréhension du fonctionnement du système climatique et

notre capacité à le modéliser sont nécessaires pour apporter des éléments

probants permettant d’établir ce lien. Des ensembles de simulations du climat du

dernier siècle sont ainsi analysés afin de détecter et évaluer les effets des

facteurs naturels et anthropiques dans les évolutions observées du système

climatique. Les résultats de ces études font clairement ressortir une influence

humaine sur le système climatique. La capacité de modélisation est aussi utilisée

non pour prévoir mais pour construire des représentations vraisemblables du

climat futur. Ces représentations s’appuient ici aussi sur des ensembles de

simulations réalisées par un peu plus d’une vingtaine de centres climatiques

mondiaux utilisant un protocole méthodologique commun. Des scénarios socio-

économiques et démographiques sont à la base d’estimations des émissions ou

concentrations futures des gaz à effet de serre qui servent d’entrée aux

simulations climatiques. L’une des principales nouveautés du dernier exercice

international de simulation (CMIP5) est la prise en compte de scénarios

intégrant des politiques climatiques. Celui pour lequel ces politiques seraient les

plus exigeantes résulterait probablement en une stabilisation du réchauffement

global à 2°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Mais un autre

enseignement des analyses récentes est que les incertitudes sur les projections

climatiques de température et de précipitations pour un scénario donné n’ont pas

été très sensiblement réduites par rapport à l’exercice d’évaluation précédent

(CMIP3). Il convient cependant de définir des « métriques » adaptées pour

52

mieux évaluer les progrès réalisés entre ces deux exercices. Nous présenterons

des exemples d’analyses menées pour tenter d’apporter des éléments permettant

de distinguer les projections pour lesquelles il serait possible d’accorder un

niveau de confiance plus élevé. Des évaluations fondées sur la capacité à

simuler les climats passés, à représenter certains processus physiques ou à

prévoir à différentes échelles de temps, seront tour à tour illustrées à partir de

quelques résultats de publications scientifiques récentes. Ces analyses confortent

le fait que le niveau de confiance à accorder aux projections climatiques futures

peut être pour partie relié à la capacité des modèles à reproduire certains

processus physiques agissant aux échelles globales ou régionales.

Depuis des millénaires, le climat de la Terre varie selon les époques et les

lieux. Les changements observés s’étalent généralement sur des longues

périodes qui atténuent la perception que l’homme peut en avoir à un moment

donné. Au cours des dernières décennies cependant, les changements

climatiques semblent s’être accélérés. Dans ces conditions, il n’est pas

surprenant que le public s’interroge sur la réalité de ces changements, leurs

causes, leur devenir et, plus encore, leurs conséquences immédiates et lointaines

sur les modes de vie, la santé, les écosystèmes et l’économie. À ces questions, la

Science peut tenter d’apporter des réponses autorisées, même si elles ne sont que

partielles ou temporaires, dès lors qu’elles sont guidées par le souci d’objectivité

qui doit présider à toute démarche scientifique. C’est dans ce contexte que la

Ministre de l’Enseignement supérieur et de laRecherche s’est tournée vers

l’Académie des sciences pour qu’elle organise un débat scientifique, afin de

faire le point des connaissances actuelles sur ce sujet.

Le débat, ouvert à quelque 120 scientifiques français ou étrangers, dont des

spécialistes extérieurs à l’Académie, a été organisé sous forme de contributions

écrites suivies d’un débat oral qui a eu lieu le 20 septembre 2010. La diversité

des disciplines représentées – mathématiques, physique, mécanique, sciences de

l’univers, chimie, biologie et sciences médicales – reflète la complexité du sujet

et la volonté de l’Académie de placer cette manifestation sous le signe de

l’interdisciplinarité. Le débat, très riche et de haute tenue scientifique a porté sur

les méthodes de prévisions climatiques ; il a permis de confronter les différents

points de vue, de dégager des points de convergence et d’identifier les

divergences et incertitudes qui persistent. Il est le point de départ d’une réflexion

qui sera prolongée ultérieurement.

Le CRSK, en tant que structure scientifique et académique du

Kurdistan et du Dersim a partcipé au débat et a rédigé une analyse.

Malgré les nouveaux outils d’investigations dont on dispose aujourd’hui et

malgré le volume considérable de données accumulées ces vingt dernières

53

années, il faut souligner que la Science ne peut répondre à tout, qu’elle procède

par étapes et qu’elle ne peut fournir à un moment donné que l’interprétation de

faits avérés et des prévisions..

1-IMPORTANCE DES OBSERVATIONS POUR L’HISTOIRE

RECENTE

L’analyse de l’évolution du climat impose de disposer d’observations

globales de toutes les composantes du système climatique (atmosphère, océans,

terres émergées et glaces), sur de longues périodes.

C’est seulement depuis le milieu des années 1970 que les programmes

d’observations par satellites, complétés par des systèmes d’observation in situ,

permettent d’obtenir des ensembles de données climatiques échantillonnées

régulièrement dans l’espace et le temps. Pour les décennies antérieures, les

données, plus partielles, font l’objet de retraitements dans le cadre d’une

coordination internationale pour les rendre homogènes en tenant compte des

changements d’instrumentation ou d’environnement immédiat.

La libre mise à disposition des données est une recommandation

unanime, même si la forme qu’elle doit prendre est débattue. La majorité des

chercheurs, en climatologie comme dans d’autres disciplines des sciences de

l’univers, recommande la distribution des données après que les spécialistes les

ont étalonnées et en ont retiré les effets instrumentaux ou d’environnement.

Certains demandent aussi la mise à disposition des données brutes.

D e l’ensemble des données, on peut dégager les indicateurs du

changement climatique, les facteurs de son évolution et les éléments permettant

de fonder l’étude des climats du passé.

1.1. LES INDICATEURS DE L’EVOLUTION CLIMATIQUE

1. L’augmentation de la température de surface sur la Terre est de 0,8

± 0,2 °C depuis 18701. Elle reste notablement différente pour les deux

hémisphères : plus forte au Nord et plus forte aux hautes latitudes. Une

variabilité entre continents est également observée. Enfin, une forte modulation

sur des périodes annuelles et multidécennales est également constatée, avec

deux périodes de plus forte augmentation (approximativement de 1910 à 1940 et

de 1975 à 2000) encadrées par des périodes de stagnation ou de décroissance.

Les variations climatiques naturelles (El Niño, éruptions volcaniques,

Oscillation Nord‐ Atlantique) y sont visibles.

2. La température des océans, mesurée depuis les années 1950 par les

bateaux de commerce ou les navires océanographiques (jusque vers 700 m de

profondeur) et plus récemment par le système de bouées profilantes Argo,

montre une augmentation moyenne globale depuis quelques décennies. Le

54

contenu d’énergie thermique de l’océan a donc aussi t depuis le début des

années 1980. Ce réchauffement n’est

1 Augmentation, lissée dans le temps, de la température moyenne sur la surface

de la Terre. ‐ 3 ‐ pas uniforme. Il présente une importante variabilité régionale

avec d’importantes oscillations pluriannuelles, voire décennales.

3. La réduction de la surface des glaces océaniques arctiques. La

banquise, dont la fonte ne contribue pas à l’élévation du niveau des océans, est

un autre indicateur fort de l’accélération de l’évolution du climat : de 8,5

millions de km2 stable dans la période 1950‐ 1975, la surface des glaces de mer

a connu une décroissance très rapide jusqu’à 5,5 millions de km2 en 2010.

4. Le recul des glaciers continentaux est observé de façon quasi

généralisée depuis 3 à 4 décennies, avec une nette augmentation au cours des 20

dernières années.

5. Les calottes polaires de l’Antarctique et du Groenland ont un bilan

total de masse négatif depuis une dizaine d’années. Si quelques régions élevées

de l’intérieur des calottes, en particulier Antarctique, s’épaississent un peu par

suite de précipitations neigeuses accrues, la perte de masse domine. Celle‐ ci

s’effectue dans les zones côtières du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest

par écoulement très rapide de certains glaciers vers l’océan et décharge

d’icebergs. On pense que le réchauffement des eaux océaniques dans ces régions

est la cause majeure des instabilités dynamiques observées.

6. Le niveau moyen des océans est un autre indicateur qui intègre les effets de

plusieurs composantes du système climatique (océan, glaces continentales, eaux

continentales). Avant 1992, le niveau de la mer était mesuré par des

marégraphes le long des côtes continentales et de quelques îles : le niveau des

océans, en moyenne annuelle sur toute la planète, s’est élevé à un rythme de 0,7

mm/an entre 1870 et 1930 et d’environ 1,7 mm/an après 1930. Depuis 1992, les

mesures sont effectuées par satellites : la hausse du niveau moyen global de la

mer est de l’ordre de 3,4 mm/an. À cette élévation moyenne se superposent des

oscillations pluriannuelle, liées à la variabilité naturelle du système climatique.

Depuis le début des années 1990, les contributions climatiques à cette élévation

sont approximativement dues, pour un tiers à la dilatation de l’océan consécutive

au réchauffement et, pour les deux autres tiers, aux

glaces continentales ‐ à parts quasi égales, fonte des calottes polaires du

Groenland et de l’Antarctique d’une part, et fonte des glaciers continentaux

d’autre

part.

7. Les indicateurs biologiques, tels que les déplacements de populations

animales terrestres ou marines et l’évolution des dates d’activités agricoles

55

saisonnières, montrent aussi la survenue d’un réchauffement climatique. Bien

que difficiles à quantifier, ces éléments sont importants et ont des ‐ 4 ‐ et les

autres conséquences dans de nombreux domaines d’activités professionnelles où

ils sont largement pris en compte.

En résumé, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs

indicateurs indépendants montrent sans ambiguïté un réchauffement climatique,

post‐ Petit âge glaciaire2, modulé dans le temps, avec une augmentation de

1975 à 2003.

1.2. LES FACTEURS D’EVOLUTION DU CLIMAT

On observe l’évolution de certains des facteurs susceptibles d’avoir un effet plus

ou moins important sur l’équilibre du climat.

1. L’augmentation des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre,

autres que la vapeur d’eau qui se recycle rapidement et en permanence, est un

élément très important, qui doit être observé avec précision sur plusieurs

décennies pour donner lieu à une interprétation fiable.

Le dioxyde de carbone (CO2) : sa concentration augmente continûment

depuis le milieu du XIXe siècle, en raison principalement des activités

industrielles, passant de 280 ppm vers 1870 à 388 ppm en 2009. Le taux de

croissance mesuré depuis 1970 est environ 500 fois plus élevé que celui observé

en moyenne sur les 5 000 dernières années. Les études isotopiques montrent que

l’origine de cette augmentation est due pour plus de la moitié à la combustion

des combustibles fossiles, le reste aux déboisements massifs et pour une faible

part à la production de ciment.

Le méthane (CH4) : dû notamment aux fermentations diverses (zones

humides, ruminants, déchets domestiques, biomasse, …), aux fuites de gaz

naturels et à la fonte du pergélisol, sa concentration s’est accrue de 140 % sur la

même période. Elle semble cependant stabilisée depuis 2000.

Le protoxyde d’azote (N2O) : dû en grande partie aux activités agricoles (dont

la biodégradation des nitrates agricoles dans les milieux souterrains anoxiques),

sa concentration a augmenté de 20 % sur la même période. L’augmentation de

l’effet de serre induit pour l’ensemble de ces trois composants est de 2,3 W/m2.

La radiation du Soleil reçue par la Terre hors de l’atmosphère à une latitude

donnée en été ou en hiver dépend de la luminosité du Soleil et de la distance de

la Terre au Soleil, et de l’orientation de l’axe de rotation de la Terre. Ces

derniers paramètres varient à l’échelle de dizaines de milliers d’années en raison

56

de perturbations gravitationnelles exercées par la Lune planètes. Les périodes

associées (20 000 ans, 40 000 ans,

Forçage : déséquilibre dans le bilan énergétique de la Terre, résultant, par

exemple, de modifications de la quantité d’énergie reçue du Soleil, de

changements dans la quantité ou dans la nature des gaz ou des particules à effet

de serre, ou de changement dans la nature de la surface terrestre. Le forçage,

exprimé en watts par mètre carré (W/m2), peut être d’origine naturelle ou

anthropique. Le forçage radiatif varie au gré de la vie du couple Soleil-Terre de

façon quasi périodique. Au contraire, le forçage anthropique a augmenté avec la

population de la Terre.

On désigne par « activité du Soleil » les phénomènes associés au champ

magnétique du Soleil et aux éjections de matière et de particules de haute

énergie (taches solaires, éruptions et vent solaire par exemple). L’activité solaire

varie périodiquement avec des cycles d’environ 11 ans et 23 ans. Certaines

quantités liées au cycle d’activité (éruptions, particules de haute énergie) varient

dans des proportions considérables (de quelques unités à plus de cent pour les

taches solaires). L’amplitude de la variation au cours du cycle montre elle même

une variabilité à long terme avec des minima spectaculaires. L‘énergie totale

rayonnée par le Soleil sous forme de rayonnement électromagnétique (lumière

visible mais aussi infrarouge et ultraviolet) est appelée « irradiance ». Il y a une

très faible variation de l’irradiance (de l’ordre de un millième) associée au cycle

d’activité. 100 000 ans) se retrouvent dans les cycles glaciaires‐ interglaciaires

du Quaternaire et dans les données sédimentaires plus anciennes. Les variations

de radiation saisonnières ou en latitude qu’elles induisent sont importantes, alors

que les variations moyennes annuelles calculées sur la surface totale de la Terre

sont faibles. L’énergie totale rayonnée par le Soleil est dominée par la partie

visible du spectre et a très peu varié au XXe siècle si on fait la moyenne sur les

cycles d’activité de 11 ans. La variation relative de cette énergie durant ces

cycles est de l’ordre du millième. Le forçage3 correspondant, de l’ordre de 0,2

W/m2, est 10 fois plus faible que celui dû à l’augmentation de l’effet de serre lié

aux activités humaines.

Les cycles d’activité du Soleil4 affectent principalement la partie

ultraviolette du spectre solaire, mais aussi le vent solaire et les rayons

cosmiques, qui subissent de fortes variations de leur amplitude pendant le cycle

solaire ainsi que sur des périodes de plusieurs décennies. L’une de ces variations

se manifeste par le « Minimum de Maunder » qui a vu, pendant plus de 50 ans,

une très faible activité solaire révélée par l’absence quasi totale de taches

solaires (ca 1645‐ 1715). Cette observation coïncide approximativement avec

les phases les plus marquées du Petit âge glaciaire. Il est intéressant de noter que

le minimum solaire récent est le plus long depuis 40 ans. L’activité solaire sur

57

cette période montre, pour plusieurs indicateurs, une diminution aussi bien des

minimas que des maximas, le minimum actuel correspondant à une absence de

taches solaires pendant 266 jours, situation inédite depuis plus de 40 ans.

L’irradiance mesurée depuis l’espace a diminué de 0,02 % entre l’avant‐ dernier

et le dernier cycle solaire, tandis que les indicateurs climatiques ont montré un

réchauffement sur cette période de 40 ans.

L’activité du Soleil ne peut donc être le facteur dominant de ce

réchauffement, même si des corrélations entre l’activité solaire et certaines

variations à court terme de la température terrestre ont été mises en rraient être

le signe d’un couplage. Albédo : fraction de l’énergie solaire réfléchie vers

l’espace. de transmission et d’amplification du forçage solaire, et en particulier

de l’activité solaire, ne sont pas encore bien compris. Il faut noter que si le cycle

de 11 ans de l’activité du Soleil tendait à diminuer d’intensité, comme cela a été

le cas dans le passé, un ralentissement graduel du réchauffement global pourrait

se produire.

1‐ 3. L’ETUDE DES CLIMATS DU PASSE

Les climats du passé nous sont accessibles par un ensemble d’indicateurs, qui

ont : les indicateurs géologiques (géochronologie, paléotempératures,

sédiments, charbons, fossiles) ;

‐ l’observation directe des bulles d’air de l’atmosphère du passé piégées

dans les carottes de glace extraites des calottes du Groenland et de l’Antarctique

ainsi que leur analyse chimique très précise, indicateurs qui couvrent 800 000

ans en Antarctique et 123 000 ans au Groenland ;

l’observation de traceurs isotopiques indicateurs de la température ;

‐ ‐ l’observation, l’analyse statistique, la géochimie isotopique sur les

sédiments et sur les microfaunes marines.

C’est ainsi qu’on admet, par exemple, autour de 700 millions d’années, une

Terre largement recouverte de glace, ou encore l’existence d’un refroidissement

général mais non linéaire depuis 60 millions d’années, avec l’apparition de la

calotte glaciaire antarctique il y a 35 millions d’années, et celles de l’hémisphère

Nord, il y a environ 4 millions d’années. L’actuelle évolution climatique se

place par rapport au réchauffement climatique naturel postérieur à la dernière

glaciation.

Les observations dans les carottages de glaces donnent des indications

précieuses sur la température et le contenu de l’atmosphère en CO2 et autres gaz

à effet de serre (CH4) qu’on peut combiner avec des analyses géologiques de

58

sédiments marins sur l’extension des calottes glaciaires au cours des cycles

glaciations/déglaciations du Quaternaire. Ces observations peuvent aider à la

modélisation des mécanismes du climat et à la définition de tests qui peuvent

être utilisés pour la validation des modèles climatiques. Les changements

associés aux déglaciations montrent des effets complexes : un réchauffement

dans l’Antarctique précède de 800 ans une augmentation du CO2 ; celle‐ ci est

elle‐ même suivie, 4 000 ans plus tard, d’une réduction des calottes glaciaires

dans l’hémisphère Nord, susceptible de réduire l’albédo5 et de provoquer ainsi

une amplification du réchauffement.

Ces transitions complexes constituent autant de situations observées

permettant de tester les modèles. ace des calottes polaires montrent que les

concentrations couplages supplémenta

6 Cependant, aux cours des temps géologiques, la concentration en CO2 a pu

être bien supérieure à la concentration actuelle ; par exemple, elle est estimée à

environ 4 000 ppm au début de l’ère Tertiaire (- 60 à – 50 millions d’années).

7 L’atmosphère est composée de plusieurs couches superposées, dont les deux

plus proches du sol interviennent dans le climat : la troposphère, qui s’étend de

la surface de la Terre jusqu’à une altitude de 8 à 16 km et la stratosphère de 16 à

50 km. en CO2, CH4 et N2O n’ont vraisemblablement jamais été aussi élevées

depuis 800 000 ans6.

Concernant notre politique énergétique :

L'humanité doit faire face à deux problèmes majeurs pour ce siècle :

l'épuisement progressif des combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon), qui

fournissent actuellement plus de 80 %n des énergies primaires commercialisées

dans le monde, et le changement climatique lié aux émissions de gaz à effet de

serre (25 Gt de CO2 par an issues des seuls combustibles fossiles).

L'évolution du climat est la menace la plus grave pour notre civilisation ;

elle appelle une prise de conscience planétaire. Le protocole de Kyoto est un

premier pas, mais il est très insuffisant. La dérive séculaire du climat affecte

tous les pays, riches et pauvres. Nul pays ou continent ne pourra se sauver seul.

Ce sont probablement les bouleversements climatiques violents et inacceptables

pour la population (sécheresse, canicule, tempêtes ou cyclones fréquents) qui

seront l'amorce d'actions d'ampleur de la part des pays industrialisés, même si

ceux-ci supportent mieux les épisodes climatiques brutaux que les pays pauvres.

La demande en combustibles fossiles, et d'une façon générale en énergie, ira

globalement en augmentant. La Chine et l'Inde consommeront en 2020 autant

que l'Amérique du Nord et l'Europe aujourd'hui. À cet horizon, dans un scénario

59

de liberté totale, la consommation mondiale sera de 50 % plus élevée

qu'aujourd'hui. La population mondiale, de plus de 6 milliards actuellement,

serait au milieu du siècle de 8 à 10 milliards et la demande mondiale d'énergie

en 2050 aux environs de 20 Gtep/an, soit le double de la situation actuelle. La

demande électrique pourrait augmenter plus rapidement et atteindre trois fois la

valeur présente. Le pétrole et le gaz représentent 60 % de l'énergie primaire

consommée dans le monde. À ce rythme, les réserves prouvées actuelles seront

épuisées au milieu du siècle et les ressources ultimes, que des apports nouveaux

de la science et de la technique permettront de mobiliser, seront épuisées avant

la fin du siècle. Or, le pétrole est très difficile à remplacer dans ses principales

applications, particulièrement dans les transports. Dans ce domaine, une

transition vers une autre source d'énergie ne pourra se faire que progressivement

et sur plusieurs décennies, vers le milieu du siècle. Le charbon constitue la

principale ressource, en énergie fossile.

Concernant notre politique de l’environnement

. Mais les problèmes d'environnement sont lourds. Ramené à un contenu

énergétique identique, le charbon libère deux fois plus de CO2 que le gaz

naturel. La capture et le stockage du CO2 sont des conditions nécessaires pour

permettre son utilisation intensive, mais leurs faisabilités sont loin d'être

établies. Seules, les énergies renouvelables, l'énergie solaire et ses dérivées -

éolienne, hydraulique, biomasse - , la géothermie et le nucléaire ne produisent

pas de gaz à effet de serre et permettraient à l'humanité d'échapper au destin

qu'elle se forge. Mais nous sommes incapables de remplacer, à court terme,

pétrole, gaz et charbon. Il faut donc tirer parti de toutes les formes d'énergie, et

nous ne pourrons nous passer d'aucune d'entre elles dans les prochaines

décennies, pourvu que ce soit dans le respect de l'environnement, c'est à dire en

minimisant les contraintes qu'elles imposent en termes de nuisance et de déchets.

Nous devons en conséquence mener une politique courageuse et volontariste, et

déployer à temps un intense effort de recherche, dans tous les domaines de

production, de conversion et d'utilisation de l'énergie, pour ne pas nous retrouver

dès 2020 devant une situation devenue ingérable, en particulier avec des

émissions de CO2 accrues de 50 %. Il convient d'abord d'insister sur

l'importance de poursuivre et d'intensifier les recherches relatives au climat.

Quels que soient les choix qui seront retenus, elles sont une nécessité.

Dans le domaine propre de l'énergie, plusieurs problèmes majeurs ne

semblent pas recevoir l'effort de recherche qu'ils méritent et nous

recommandons d’y consacrer un effort prioritaire dans le cadre d’une prise de

conscience nationale et européenne :

60

Le capture et le stockage pérenne (séquestration) du gaz carbonique

sont un sujet prioritaire : lui seul permettrait de poursuivre l'utilisation du

pétrole, du gaz et du charbon en limitant la dégradation du climat, tout en

assurant une transition acceptable par les usagers. Les discours sur ce thème sont

innombrables, mais le contenu et la portée des recherches menées jusqu'ici sont

encore peu convaincants. La possibilité de stockages souterrains ou sous-marins

d'une taille capable de recevoir chaque année de 30 à 70 Gt supplémentaires de

CO2, pour des siècles ou millénaires, est loin d'être établie tant du point de vue

scientifique et technique qu'économique. De plus, il faut être conscient qu'il

s'agit, pour l'homme, d'intervenir dans le cycle du carbone, ce qui pose des

problèmes scientifiques complexes. Dans le domaine des transports, la capture

du CO2 produit par les carburants à bord des véhicules n'est pas envisageable.

Or, le parc mondial de véhicules routiers pourrait doubler au cours des 30 ou 40

prochaines années. De plus, l'épuisement des réserves de pétrole interviendra au

cours du siècle. On est donc amené à faire des économies d'énergie (transport

collectif, transport fluvial, ferro-routage) et à préparer le relais des carburants

liquides actuels par des fluides ne produisant pas de CO2. Il s'agit là d'un des

points durs de la recherche. Le meilleur candidat paraît être l'hydrogène, mais

les conditions les plus favorables pour sa production et son usage à moyen terme

sont loin de faire l'unanimité. Plus de la moitié de la population de la Terre vit

déjà dans des agglomérations urbaines. La fourniture d'électricité à près de 400

mégapoles de plus d'un million d'habitants, dont déjà une vingtaine de plus de

10 millions d'habitants, paraît hors de portée des sources d'énergie

renouvelables, souvent diffuses, à l’exception des très grands barrages, pour

lesquels les sites disponibles deviennent rares. Il reste alors deux possibilités

seulement d'énergie concentrée : les centrales nucléaires (avec une réponse au

problème des déchets) et, pour quelques décennies, les centrales thermiques

utilisant les combustibles fossiles, mais avec la capture et le stockage du CO2,

ce qui est loin d'être acquis. L'énergie nucléaire paraît être la solution la plus

robuste pour fournir de l'électricité concentrée aux grandes villes, sans accroître

les désordres climatiques. Elle doit donc être un objectif majeur des recherches

énergétiques. La poursuite de l'effort entrepris devra permettre de donner un

exutoire ultime aux déchets nucléaires. Les réacteurs de fission actuels seront

perfectionnés dans le sens d'une sûreté accrue. La recherche sur les réacteurs du

futur devra prendre en compte l'incinération de leurs propres déchets et le rôle

futur de l'hydrogène dans notre civilisation. On cherchera aussi à valoriser la

majeure partie de l'uranium (uranium 238) grâce à de nouveaux réacteurs à

neutrons rapides, ce qui portera les réserves de combustible à l'échelle des

millénaires. La recherche sur la fusion nucléaire (ITER) devra faire l'objet d'un

effort vigoureux, afin de valider ses avantages supposés en matière de sûreté,

d'impact environnemental et de prolifération. Mais vouloir évaluer dès

maintenant la contribution de la fusion à la solution du problème énergétique

mondial relève de la spéculation. . Le stockage de l'hydrogène en grandes

61

quantités doit être étudié notamment en situation géologique (cavité, aquifère).

La faisabilité, du point de vue technique ou économique, de stocker l'hydrogène

sur une base saisonnière, comme on le fait pour le gaz naturel, doit être

comparée à celle de stocker le CO2 indéfiniment, en créant de nouveaux

stockages chaque année.. Les éoliennes actuelles sont capables de produire des

puissances de plusieurs MW. L'acceptabilité de leur implantation n'est pas

toujours acquise. Cette objection s'applique moins pour des sites en haute mer,

mais le coût augmente alors considérablement. Leur principal problème

concerne les périodes d'indisponibilité, qui nécessitent de disposer d'une

capacité de production en réserve par une centrale thermique (avec tous les

problèmes de captation de CO2 ou de déchets de celle-ci). Cette production

pourrait être un complément intéressant jusqu'à 10 ou 15 % de la fourniture

d'électricité. Au de là, elle pose le problème du stockage saisonnier de l'énergie.

Parmi les biomasses envisagées, l'utilisation des ressources forestières pourrait

recevoir un plus grand développement, sans entrer en compétition avec les

cultures vivrières. Des recherches complémentaires seraient souhaitables pour

étudier la préparation de gaz de synthèse à partir de la biomasse

lignocellulosique, permettant ensuite la synthèse sélective de carburants. La

production de biocarburants à partir de cultures dédiées est par nature limitée,

car elle occupe préférentiellement des terres arables et nécessite un apport

d'énergie substantiel pour l'exploitation et la fabrication du carburant,

notamment en cas d'une culture intensive. Une analyse comparative devrait être

menée avec d'autres types d'allocation des sols : alimentation humaine,

peuplements forestiers, etc., incluant un bilan de la consommation d'énergie

pour la culture, comparée à l'énergie produite. Dans cette voie, il faudrait

chercher à valoriser le plus possible le carbone des plantes. . Dans les zones

rurales et isolées des pays en développement, une quantité - même faible -

d'électricité photovoltaïque permettrait de satisfaire les besoins de première

nécessité, tels que : éclairage, pompage d'eau potable, stockage des vaccins,

alimentation de petites antennes médicales, rupture de l'isolement des

populations (enseignement). Des avancées sur les matériaux permettraient

d'abaisser le coût des capteurs solaires. Ce problème concerne près de 2

milliards d'habitants qui ne sont pas reliés à un réseau électrique (et ne le seront

peut-être jamais). Il relève autant du devoir humanitaire et de l'éthique que de la

science et de la technique. Le stockage temporaire de l'électricité serait une

véritable percée. En effet, les énergies nucléaire, éolienne ou solaire - qui ne

produisent pas de CO2 - ne se prêtent guère au stockage d'énergie en grandes

quantités. Les dispositifs indirects de stockage massif par voie hydraulique

(barrages utilisés en sens inverse) sont vite saturés. On est actuellement très

limité par les batteries, malgré les progrès réalisés. Le stockage de l'électricité

permettrait de donner un plus grand développement aux énergies intermittentes,

éolienne ou photovoltaïque. D'une façon générale le stockage de l'énergie, quelle

qu'en soit la forme (électricité, hydrogène, chaleur) aura un rôle central à jouer

62

pour remplacer celui joué implicitement jusqu'ici par le stockage du pétrole ou

du gaz. Bien que peu évoqué dans les priorités, il s'agit là d'un problème de

grande importance dont la solution est loin d'être évidente.

Les deux principales contraintes physiques qui conditionneront

l’utilisation de différentes sources d’énergie au cours du siècle sont (i) le

caractère fini et non renouvelable des ressources en énergie primaire les plus

communes utilisées pour produire les formes d’énergie que nous consommons et

(ii) le changement climatique. La prise en compte de ce dernier s’imposera à

tous lorsque les catastrophes « naturelles » qui en résultent dépasseront ce que

l’humanité est capable de supporter, tant par leurs conséquences humaines et

sociales que par le coût des pertes économiques subies. De toute manière, une

évolution majeure de nos sources énergétiques les plus courantes et de nos

modes de consommation ne pourra pas être évitée, qu’elle résulte de

l’épuisement de nos ressources ou des dangers pour notre planète. L’épuisement

progressif des combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) résulte du

caractère limité des réserves et de la consommation sans cesse croissante qu’en

font les hommes. Même la consommation de charbon, dont la part décroît un

peu en valeur relative, n’a jamais été aussi élevée en valeur absolue. Les

conséquences de la raréfaction des principales sources actuelles d’énergie

primaire se feront inévitablement sentir dans le domaine des prix, ainsi que par

un risque de pénurie et par une moindre sécurité des approvisionnements. Il

n’est pas exclu que ces trois éléments engendrent en outre des problèmes

politiques entre les nations. Le changement climatique déjà amorcé est

particulièrement lié aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Les études

menées par un groupe international d’experts (GIEC/IPCC) laissent peu de

doute sur la nature du phénomène. Les évènements déjà enregistrés font craindre

que l’ampleur des changements soit dans la fourchette haute des prévisions.

L’application du protocole de Kyoto, souvent évoqué, ne suffirait pas à y

remédier. On a pu se demander laquelle des deux contraintes suivantes

deviendrait la première insupportable pour l’humanité : envolée des prix liée à la

raréfaction du pétrole ou du gaz ou atteintes à l’agriculture, à la santé et au mode

de vie liées au changement climatique. L’expérience des crises pétrolières de

1973-74 et 1979-80 d’une part, finalement supportées malgré une hausse

considérable des prix, et des catastrophes naturelles des cinq dernières années

d’autre part, laisse penser que c’est l’évolution climatique qui sera le facteur

décisif. Mais il est plus difficile de prévoir quand ces catastrophes seront

ressenties comme inacceptables. L’énergie totale consommée dans le monde en

2002 est environ 10 milliards de tonnes d’équivalent pétrole (10 Gtep). Sur cette

quantité, les combustibles utilisés hors circuits commerciaux représentent peut-

être 10 % (bois, déchets ménagers et animaux, biogaz utilisés à l’échelle du

village). Les énergies d’origine hydraulique et nucléaire contribuent pour 9 %.

Les émissions annuelles de gaz carbonique (GES le plus abondant et de durée de

63

vie séculaire dans l’atmosphère) liées à la combustion des combustibles fossiles

approchent de 25 milliards de tonnes (25 Gt). Ces valeurs ne comprennent

évidemment pas les émissions liées à la déforestation. De nombreuses études de

prospective touchant aux domaines de l’énergie ont été déjà présentées ; elles

comportent souvent des aspects économiques, technologiques ou sociétaux et

cherchent plus à explorer des futurs possibles qu’à fournir une description de ce

qui va arriver. Cependant, l’aspect scientifique qui sous-tend les possibilités

réelles des scénarios évoqués est souvent laissé dans l’ombre. Les pays en forte

croissance et très peuplés,comme la Chine et l’Inde, deviendront très vite des

acteurs majeurs. On estime que ces deux pays consommeront en 2020 autant

qu’actuellement l’Union européenne et l’Amérique du Nord réunies. L’avenir

des pays plus pauvres est difficile à cerner. Les considérations d’éthique nous

font une obligation de ne rien entreprendre qui puisse empêcher ou freiner leur

développement, et un devoir moral d’y contribuer. Ce rapport examine les

perspectives offertes par les différentes sources d’énergie et les questions

scientifiques qui se posent à leur sujet, voire les verrous à éliminer avant que

l’on puisse raisonnablement compter sur l’exploitation des diverses ressources,

dans le respect de notre environnement. La part de chaque énergie à une époque

donnée dépendra de la possibilité de tirer le meilleur profit des sources déjà

largement exploitées, pour limiter leur épuisement et les émissions de GES, de

la possibilité de mettre réellement en oeuvre les autres sources à un niveau

pouvant assurer les relèves nécessaires et de l’ampleur des économies d’énergie

dans les divers domaines d’utilisation. Quels que soient les scénarios pessimistes

ou optimistes à propos des besoins et de la manière de les satisfaire, l’Académie

doit se poser la question de savoir si la science sera prête à temps. Il est un

domaine intemporel qui peut être une source d’énergie : c’est celui des

économies d’énergie. Elles sont donc une nécessité première. Elles relèvent pour

partie de la science et de la technique mais surtout du comportement des

utilisateurs. Le premier aspect a été étudié par l’Ademe et l’Académie des

technologies, et ne sera pas repris dans ce rapport ; le second point mériterait des

études sociologiques approfondies, ce qui sort du cadre de ce rapport. À

plusieurs reprises dans ce rapport on évoque, ou se dessine en filigrane, le

problème du coût de l’énergie, coût direct comme ceux du kWhe (nucléaire,

photovoltaïque, éolien, pile à combustible) ou coût comparé entre systèmes de

production d’énergie concurrentiels, existants et/ou à venir. L’estimation des

coûts fait intervenir, outre les efficacités énergétiques, des problèmes

technologiques, sociologiques et géopolitiques qui dépassent l’objectif fixé à ce

rapport. Il en est de même de l’évaluation des gains en émission de gaz à effet

de serre avec les différents systèmes (y compris les économies d’énergies). Les

unités de puissance et d’énergie utilisées dans ce texte sont définies en annexe.

La demande mondiale d’énergie dépendra d’abord du nombre d’habitants

de la Terre et du niveau de développement atteint dans les diverses régions au

64

cours du siècle qui commence. Ce sont là des domaines qui relèvent, pour

l’essentiel, des sciences humaines.

La demande électrique pourrait augmenter plus rapidement et atteindre

trois fois la valeur actuelle. 2.2 Les horizons temporels du problème énergétique

Les ressources en énergies conventionnelles comprennent avant tout les

combustibles fossiles (pétrole, gaz et charbon) ainsi que l’uranium et le thorium,

dont les ressources ultimes peuvent être évaluées, pourvu qu’on y intègre les

ressources qui font appel à des procédés d’exploitation non classiques, comme

les sables bitumineux ou les gisements pétroliers en mer très profonde. Il est

donc possible d’en calculer la diminution progressive, dans des scénarios

économiques divers. On peut également recenser les possibilités offertes par la

géothermie, mais le problème est plus complexe pour les énergies solaire,

hydraulique et éolienne, qui empruntent leur énergie à celle reçue actuellement

du soleil et sont affectées dans leur répartition par le changement climatique.

LES HYDROCARBURES : PÉTROLE ET GAZ NATUREL

La civilisation actuelle peut-être considérée comme liée aux combustibles

fossiles (pétrole, gaz et charbon) qui représentent 80 % de nos sources primaires

d’énergie, et près de 90 % des énergies primaires commercialisées. Bien plus, on

peut parler actuellement d’une « civilisation des hydrocarbures », puisque ceux-

ci ont remplacé le charbon dans beaucoup de ses utilisations, depuis la Seconde

Guerre mondiale, même si la consommation annuelle de ce dernier est toujours

croissante. Les hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) représentent à eux seuls

près de 60 % de l’énergie primaire commercialisée.

De plus, le pétrole est considéré actuellement par les économistes de l’industrie

comme une énergie de bouclage, c’est-à-dire disponible autant que de besoin

pour équilibrer la demande sans cesse croissante d’énergie. Cette situation se

traduit par une dépendance très forte de notre mode de vie et de notre économie

par rapport au pétrole et au gaz. Ce lien peut s’expliquer par plusieurs qualités

de flexibilité propres aux hydrocarbures et particulièrement au pétrole. Il

remplace aisément les autres énergies primaires pour répondre aux conditions

locales d’utilisation : production d’électricité, chauffage, cuisine, etc. Il est, par

contre, difficile de remplacer les produits pétroliers dans les transports et la

pétrochimie. La facilité d’emploi du pétrole et du gaz est très grande puisque ce

sont des fluides, assez légers, moins polluants et moins générateurs de CO2 que

le charbon (le rapport atomique H/C est de 2 à 4 pour les hydrocarbures contre

0,2 à 1 pour les charbons et lignites). La mise en service et l’arrêt des

installations (génération d’électricité) sont rapides. Enfin le marché est vaste et

très actif, la distribution est aisée, même dans les pays dépourvus

d’infrastructure (acheminement des produits pétroliers par citernes ou barils). La

tendance actuelle se traduit dans les scénarios dits de « laisser-faire » par un

65

accroissement de 50 % de la demande annuelle d’hydrocarbures (de 5,7 à 8,5

Gtep), d’ici 2020.

Pour répondre à cette demande, les facteurs qui contrôlent la disponibilité

du pétrole et du gaz naturel sont de nature diverse. Les ressources sont liées à la

géographie et à la géologie : les 2/3 du pétrole sont au Moyen-Orient ; 80 % du

gaz est en Sibérie, dans les républiques d’Asie centrale et au Moyen-Orient.

Leur découverte, leur évaluation et leur production font appel à la science et à la

technique. L’accès à ces ressources et son prix relèvent de la géopolitique et de

l’économie. Enfin, l’impact sur l’environnement, et particulièrement sur le

changement climatique, fait intervenir la science, la technique et la politique

internationale. Les apports de la science et de la technique ne changent pas les

ressources ultimes, mais permettront d’en faire une évaluation plus précise,

grâce aux connaissances acquises en géochimie sur la genèse du pétrole et à la

modélisation des bassins sédimentaires incluant la formation des gisements

d’hydrocarbures. Ces mêmes disciplines, associées à la géophysique, ont déjà

réduit le risque de l’exploration en faisant passer le taux de découverte de 1

forage sur 10 en 1970 à 1 sur 4 en 2000, voire 1 sur 3 dans certaines parties du

monde. Les progrès de la mécanique des fluides en milieu poreux, et ceux de la

physicochimie des interfaces ont déjà accru le taux moyen de récupération du

contenu d’un gisement en exploitation de 25 % à 35 %, et l’objectif de récupérer

50 % semble possible. Enfin, le développement des connaissances sur les

constituants lourds du pétrole et les progrès techniques dans les traitements

thermiques des huiles lourdes et bitumes permettront d’accéder à une part plus

importante des vastes gisements de ce type qu’on ne peut le faire actuellement.

En tenant compte de ces espoirs plausibles, on peut donner une évaluation des

ressources ultimes de pétrole et de gaz naturel susceptibles d’être exploitées.

Pour le pétrole, les réserves déjà prouvées (160 Gt) peuvent être accrues par de

nouvelles découvertes, en particulier en mer profonde : dans le golfe du

Mexique, on produit déjà sous 2300 m d’eau et on explore sous plus de 3000 m.

Les réserves peuvent aussi être accrues par une amélioration du taux de

récupération des gisements. On peut espérer environ 100 Gt de chacune de ces

deux sources. Enfin, la quantité exploitable des sables bitumineux (Canada,

Venezuela) pourrait être de l’ordre de 80 Gt, même si cette valeur devra être

révisée en fonction de l’évolution des technologies. Au total, c’est entre 400 et

450 Gt que l’on peut espérer. Pour le gaz, dont la prospection systématique a

débuté plus tardivement, on pense qu’iln est possible d’en découvrir autant

qu’on en a déjà trouvé (150 Gtep), ce qui situerait les ressources ultimes à 300

Gtep. En revanche, il n’y a guère d’espoir d’améliorer le taux de récupération

qui est déjà très élevé, comparé à celui du pétrole.

Enfin, les hydrates de gaz observés dans les sédiments des fonds marins et

dans les régions de permafrost ne constituent pas actuellement une ressource

66

exploitable, aussi longtemps que nous ne connaîtrons pas mieux leur mode de

gisement et leur extension et que les techniques d’exploitation appropriées ne

seront pas mises au point. Sur ces bases, et en considérant les prévisions de

consommation généralement évoquées dans une hypothèse de libre choix des

gouvernements et des industriels, les réserves prouvées de pétrole seraient

épuisées avant 2050 et celles de gaz naturel un peu plus tard. Si l’on prend en

compte globalement les ressources ultimes d’hydrocarbures, celles-ci seraient

épuisées avant la fin du siècle.

L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE DE FISSION

L’énergie nucléaire de fission fournit 16,6 % de l’électricité à la planète

(2660 TWhe sur une production totale de 16 000 TWhe en 2002) avec une

répartition très inégale entre 31 pays, allant de quelques pourcent à 77 % dans le

cas de la France (63 GWe installés fournissant 437 TWhe/an en 2002). Pour une

quinzaine de pays la contribution nationale est de plus de 30 %..

L’énergie nucléaire contribue cependant de façon plus modeste à l’énergie

primaire totale consommée annuellement dans le monde, environ 680 Mtep sur

10 Gtep, soit 6,8 %, puisqu’elle ne débouche actuellement que sur une

production d’électricité. Ce n’est pas une énergie souple car les réacteurs d’une

puissance du GWe doivent être associés à un réseau de distribution électrique

conséquent, capable d’absorber une puissance quasi constante. Elle nécessite des

investissements importants avec un long retour sur investissement. Elle produit

du plutonium et des déchets dont les gestions à plus ou moins long terme posent

de réels problèmes scientifiques, techniques et de société. Elle est considérée par

certains comme une énergie à risque élevé bien que la sûreté dans le nucléaire

soit très bien encadrée tant au niveau national qu’international. En revanche

l’exploitation de cette énergie ne produit pas de CO2, elle conduit actuellement

à un coût total du kWhe très faible, elle repose sur une technologie éprouvée qui

peut évoluer vers une meilleure utilisation de la matière fissile, laquelle est

encore importante, et elle est peu soumise à la géopolitique, du moins en ce qui

concerne l’approvisionnement. Plus de 85 % des 440 réacteurs nucléaires

mondiaux sont des réacteurs à neutrons thermiques modérés et refroidis à l’eau

et utilisant comme combustible neuf de l’uranium enrichi en 235U jusqu’à 5 %

(combustible dit « UOX »). Très peu d’entre eux, 35 pour l’instant, utilisent du

combustible neuf contenant aussi du plutonium civil comme matière fissile

(combustible dit « MOX »). Celui-ci est extrait des combustibles usés

initialement à base d’uranium enrichi. Ainsi l’uranium naturel reste-t-il la

principale source primaire de toute matière fissile. Pour produire de l’ordre de

2500 TWhe/an à l’échelle mondiale, correspondant à 350 GWe installés

(environ 6 fois la production du parc français), il faut actuellement environ 50

000 tonnes d’uranium naturel (0,05 Mt) dont la teneur en uranium 235 est de

67

0,73 %. Les réserves mondiales au prix actuel de l’uranium sont estimées à 2,3

Mt. Elles sont principalement en Australie, au Kazakhstan, au Canada et en

Afrique du Sud. À un prix double, on les estime à 4 Mt. On voit qu’on peut

raisonnablement entretenir un parc de cette capacité et du type actuel pendant 80

ans. De plus, 99 % de l’uranium (238U) n’est actuellement pas valorisé et

constitue une ressource potentielle considérable pour l’avenir - plusieurs

millénaires - si l’on se tourne vers les réacteurs à neutrons rapides. Aujourd’hui,

32 réacteurs sont en construction, surtout en Asie, à des stades plus ou moins

avancés. Ils sont de type comparable aux réacteurs actuellement en service dans

le reste du monde. Une augmentation, une relance ou le maintien de la pérennité

du nucléaire demandent de bien examiner la question de l’approvisionnement en

matière fissile, même si dans les années qui viennent on tirera un meilleur parti

de cette dernière (augmentation du taux de combustion des combustibles,

disponibilité accrue des réacteurs, utilisation accrue du MOX jusqu’à un

doublement pour les pays qui retraitent leur combustible). Toutefois, ces

évolutions n’iront pas sans poser de nouveaux problèmes de gestion à court et

moyen terme des combustibles usés avec l’apparition d’isotopes d’actinides,

générateurs de chaleur et de neutrons. C’est pourquoi le développement du

nucléaire de fission doit être repensé dans le sens d’une meilleure utilisation de

la matière fissile qu’aujourd’hui et d’une réduction, à la fois des quantités de

combustibles usés et des quantités de radionucléides à vie longue qu’ils

contiennent. L’idée que le nucléaire doit avoir d’autres applications que la

production d’électricité est également sous-jacente aux réflexions sur

l’utilisation massive de l’hydrogène comme vecteur d’énergie. La mise en place

de nouveaux réacteurs répondant à ces impératifs est une affaire de plusieurs

décennies. Plusieurs projets de réacteurs du futur ont été récemment proposés

pour aller dans ce sens. Pour simplifier la nomenclature, on convient de désigner

sous les appellations « génération 2 » les réacteurs actuels, « génération 3 » des

réacteurs qui capitalisent l’expérience des réacteurs actuels et en accroissent la

sécurité, et « génération 4 » de nouveaux concepts de réacteurs qui pourraient

être en service vers le milieu du siècle.

La période jusqu’en 2020 restera donc probablement ce qu’elle est pour la

production d’électricité nucléaire et la gestion des combustibles usés et des

déchets. Pour renouveler ou accroître les parcs nationaux, des réacteurs dits « de

génération 3 », dont les dessins sont prêts, seront construits. Ces réacteurs

pourraient consommer plus de plutonium sous forme de MOX que ceux

d’aujourd’hui. Un exemple est le réacteur EPR développé en Europe par

Framatome-Siemens et choisi récemment par la Finlande, puis par la France. Il y

a des concurrents (USA, Japon, Canada, Russie). Deux réacteurs mis récemment

en service au Japon sont quasiment de type génération 3. En revanche, d’ici

2020 il faudra mener des recherches pour préparer les prototypes des réacteurs

de génération Les plus optimistes évoquent 2035 pour les premiers réacteurs

68

industriels de ce type. En effet, les réacteurs de la génération 4 restent à

concevoir car pour l’instant il s’agit de simples concepts. Six concepts ont été

retenus par les 10 pays ou organismes internationaux qui constituent le

Generation IV International Forum (GIF) et qui ont manifesté un soutien pour

participer à un développement (Brésil, Argentine, Canada, France, Japon, Corée,

Afrique du Sud, Royaume-Uni, USA, Euratom). Parmi ces réacteurs, ceux qui

seront à neutrons rapides pourront consommer par fission les principaux

actinides. En effet, avec eux tous les isotopes de l’uranium naturel et ceux du

plutonium deviennent fissiles, ce qui multiplie par plus de cent la matière fissile

disponible. Les réserves énergétiques deviennent alors bien supérieures à celles

offertes par le charbon. Cela ouvre aussi des horizons pour diminuer la nocivité

des déchets nucléaires par transmutation des actinides.

À cet égard, ces réacteurs pourraient être en concurrence avec des

réacteurs sous-critiques pilotés par accélérateurs. Au-delà, ou en parallèle, le

thorium utilisé comme combustible dans des réacteurs à sels fondus pourrait

aussi augmenter considérablement une pérennité du nucléaire par production

d’uranium 233. Tous les réacteurs de génération 4 ont en commun d’avoir une

température de coeur élevée, supérieure à 600 °C et pouvant aller jusqu’à 1000

°C, pour viser des rendements thermodynamiques ambitieux et des applications

autres que l’électricité nucléaire. Cela est une caractéristique nouvelle. Les

cycles du combustible associés aux réacteurs de génération 4 devront être des

cycles fermés. En effet, il faudra obligatoirement retraiter les nouveaux

combustibles usés pour en extraire les actinides et d’autres produits de fission

afin de les recycler jusqu’à disparition. Ceux qui sont déjà étudiés en France par

le CEA (et en Europe dans le cadre de Euratom) sont des réacteurs à très haute

température refroidis à l’hélium, d’abord à neutrons thermiques puis à neutrons

rapides dans un second temps.

Au milieu du siècle pourraient coexister en France des réacteurs de

génération 3 et 4 dans une proportion dépendant de la vie des réacteurs actuels,

qui sera certainement de 40 ans ou plus. Par ailleurs, un réacteur tel que EPR est

construit pour 60 ans, lui conférant une vie double de celle prévue à l’origine

pour les réacteurs des années 1980. Ainsi l’allongement de la durée de vie des

réacteurs à neutrons thermiques pourrait modifier la date de l’apparition d’une

nouvelle génération de réacteurs à neutrons rapides. Certains pays souhaitent

sortir du nucléaire aux alentours de 2020-2025 (Suède, Allemagne, Belgique).

D’autres laissent l’option nucléaire ouverte ou affirment la poursuivre. Certains

pays retraitent leurs combustibles usés, d’autres les considèrent de facto comme

des déchets. Au total, 30 % des 250 000 tonnes de combustibles usés ont été

retraitées, réduisant ainsi de façon importante le volume des déchets de haute

activité sans pour autant régler tous les problèmes de gestion. Certains pays ont

des réacteurs appartenant à d’autres filières que la filière dominante à neutrons

69

thermiques et à eau. Mais tous connaissent le problème de la gestion des déchets

nucléaires. Devant une situation aussi contrastée, la recherche et le

développement ont un rôle important à jouer. Les déchets de faible ou moyenne

activité à vie courte peuvent faire l’objet d’un stockage en surface sous

surveillance ; en effet les radionucléides qu’ils renferment comme 137Cs ou

90Sr voient leur activité divisée par 1000 en 300 ans. Les déchets de haute

activité à vie longue renfermant des produits de fission et des actinides

nécessiteraient une surveillance beaucoup plus longue. Aussi la plupart des pays

envisagent pour eux une période d’entreposage en surface sous surveillance (de

plusieurs décennies), suivie d’un stockage, réversible ou non, en situation

géologique profonde. Des travaux de recherche considérables sont en cours dans

les principaux pays concernés pour trouver un mode de gestion de ces déchets.

L’arrêt programmé du nucléaire ne pourrait se faire, si l’on en décidait ainsi,

qu’au moment où d’autres énergies (énergies renouvelables) seraient prêtes pour

la relève. Il n’y a pas de problème scientifique à résoudre pour démanteler les

réacteurs : c’est une question d’ingénierie résolue. Toutefois le démantèlement

ne peut se faire, pour des raisons de technologie et de sûreté, que sur une longue

durée, plusieurs décennies. Reste la gestion des déchets de démantèlement

(entreposage et stockage) qui pose les problèmes scientifiques déjà identifiés. À

l’inverse, la mise en route des réacteurs de génération 3 ne pose pas non plus de

problèmes scientifiques mais comporte de nombreuses améliorations

technologiques. Les recherches d’accompagnement pourraient porter sur le

combustible pour accroître la consommation de plutonium. Si un multirecyclage

du plutonium était envisagé (comme cela est quelquefois évoqué, mais reste peu

probable avec les réacteurs à neutrons thermiques), il faudrait accélérer les

recherches sur le retraitement de combustibles

MOX, contenant alors de plus en plus d’actinides et notamment du

curium. De toute façon, de telles recherches seraient nécessaires pour l’avenir

avec la venue des réacteurs de génération Pour concrétiser les vues du GIF à

propos des réacteurs de génération 4, beaucoup de recherches pluridisciplinaires

sont nécessaires. Trois points clés sont à étudier simultanément

pour aller vers leur déploiement : sélectionner les matériaux pour les

composants des réacteurs, mettre au point les nouveaux assemblages de

combustibles et assurer le traitement des combustibles usés ou irradiés pour

diminuer, au total, la production de radionucléides à vie longue.

Ces trois points sont indissociables. Ils ne peuvent plus être traités

successivement, comme ce fut le cas pour les réacteurs de la génération actuelle.

Les matériaux devront résister pendant longtemps à la combinaison d’une haute

température, à des déplacements atomiques importants et à la corrosion. Les

combustibles déjà envisagés, devant accepter de haut taux de combustion, de

hautes températures et de fortes densités de dissipation de puissance, sont des

70

oxydes, des nitrures, des carbures à l’état de céramique et des alliages

métalliques mixtes d’uranium et de plutonium (voire contenant d’autres

actinides). Il convient de les mettre au point et en forme. Le gainage de ces

matériaux est prévu en céramique ou en nuances d’acier, qu’il faut également

étudier. Ils devront être compatibles avec le combustible. Le cas du combustible

à sels fondus est à part. Il n’est pas bien connu et reste à étudier quasi

complètement. Pour ce qui concerne le retraitement, il faut s’attendre à traiter

une grande variété de combustibles nucléaires solides à plus de 5 % en matière

fissile sous diverses formes (pastille, particules) et des sels fondus. Deux voies

sont possibles : l’hydrochimie avancée et la pyrochimie, la seconde ne

bénéficiant que d’un faible retour d’expérience. D’importants problèmes de

séparation chimique portant sur la matière hautement radioactive comme le

curium devront être traités. Il est entendu aujourd’hui que les recherches doivent

être conduites en collaboration à l’échelle internationale. Il est clair que

l’expertise pluridisciplinaire du nucléaire ne doit pas être perdue, ce qui rendrait

difficile le recours à cette ressource énergétique dans le futur, mais au contraire

renforcée dans les années qui viennent. En effet, dans l’état actuel des sciences

et des techniques, l’énergie nucléaire de fission paraît être la solution la plus

robuste pour répondre, en large quantité, à la demande concentrée d’électricité

indispensable aux grandes villes et aux zones à haute densité de population, sans

accroître pour autant les désordres climatiques.

L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE DE FUSION

La Conférence de Genève sur les Utilisations Pacifiques de l’Énergie Atomique,

en 1958, a véritablement marqué le début des recherches sur la fusion nucléaire

contrôlée avec comme objectif la production d’énergie à des fins civiles. Après

une suite de tâtonnements, de déceptions et de succès, l’avenir de cette source

d’énergie apparaît plus clairement aujourd’hui. Les résultats acquis montrent

qu’il est possible de construire des dispositifs produisant de l’énergie à partir de

la fusion nucléaire et de dater approximativement les futures étapes qui

devraient conduire à son exploitation industrielle. Il faut cependant se garder

d’une trop grande assurance. Les expériences actuelles, comme celles du proche

avenir, appartiennent encore au domaine de la recherche, même si elles sont

franchement orientées vers la réalisation d’un réacteur industriel. Vouloir

évaluer la contribution de la fusion à la solution du problème énergétique

mondial relève de la spéculation. Cette incertitude ne remet pas en cause la

nécessité d’un effort vigoureux pour la faire progresser, car ses avantages en

matière de ressources, de sûreté, de déchets et d’absence de production de gaz à

effet de serre seraient réels, en cas de succès.

71

La fusion se produit lorsque la collision de deux noyaux d’atomes légers

est suivie d’une réaction nucléaire avec formation d’un noyau plus lourd et

diminution de la masse totale du système. La masse perdue se retrouve dans

l’énergie cinétique des produits de la réaction, comme le prédit la relativité. La

réaction la plus facile à réaliser est la fusion des noyaux de deutérium (D) et de

tritium (T), deux isotopes de l’hydrogène. Le deutérium contient deux nucléons,

le tritium trois. Quatre de ces nucléons s’associent pour donner un noyau

d’hélium 4 emportant une énergie cinétique de 3,5 MeV et le nucléon restant est

un neutron libre de 14 MeV qui contient donc 80 % de l’énergie libérée par la

réaction. Cette réaction très exothermique présente l’intérêt supplémentaire de

n’impliquer que des produits abondants et bon marché. En effet, le deutérium

existe dans l’eau de mer à une concentration de 33 mg par litre. Le tritium se

fabrique à partir du lithium, élément bon marché et présent en grande quantité

dans l’écorce terrestre. Ce métal alcalin, additionné d’un multiplicateur de

neutrons, génère l’isotope de l’hydrogène lorsqu’il est irradié à l’aide des

neutrons produits par la réaction de fusion elle-même. La fusion complète d’un

gramme de mélange deutérium- tritium équimoléculaire libère 340 GJ, soit

environ 94 000 kWh (la fission d’un gramme de matière fissile libère 80 GJ).

Cette consommation extrêmement faible en combustible conduit à estimer que la

domestication de l fusion libérerait l’humanité de tout risque de pénurie

énergétique. C’est le lithium qui viendrait d’abord à manquer. On peut espérer

que les progrès de la science et de la technique permettraient alors de n’utiliser

que le deutérium comme combustible, ce qui est possible mais plus difficile, et

les réserves seraient illimitées.

Un autre intérêt de la fusion du deutérium- tritium réside dans le fait que

cette réaction nucléaire ne génère aucun radionucléide à vie longue. Les

combustibles de base, lithium et deutérium, ne sont pas radioactifs. Le tritium,

isotope radioactif avec un temps de vie de 12 ans, serait fabriqué sur place au fur

et à mesure des besoins sans en amasser des stocks importants. Seuls des

éléments du réacteur deviendront radioactifs par exposition aux neutrons de

14 MeV, mais la radioactivité induite aura disparu en quelques centaines

d’années. La quantité de ces déchets peut être réduite en choisissant des

matériaux dont l’activation reste faible. Enfin, la production d’énergie ne

s’accompagne d’aucune émission de gaz à effet de serre, point commun avec

une centrale nucléaire classique, basée sur la fission des noyaux lourds.

L’ÉNERGIE SOLAIRE ET LES ÉNERGIES DÉRIVÉES

L’énergie solaire est une énergie réellement inépuisable et abondante. En

moins d’un an, l’énergie solaire arrivant sur Terre est supérieure au total des

énergies fossiles connues : 62 000 Gtep sont absorbés chaque année par l’air, les

océans et les continents. Il serait vraiment dommage de ne pas utiliser

72

directement une telle ressource. Trois voies sont possibles : la conversion directe

de la lumière solaire en électricité par les dispositifs photovoltaïques, la

production d’électricité à haute température et l’exploitation thermique de

l’énergie solaire. De plus, les énergies dérivées de l’énergie solaire - éolienne et

hydraulique - sont utilisées par l’homme depuis des siècles et continueront de

l’être.

Utilisation de l’énergie solaire pour la production d’électricité :

le photovoltaïque Le principal obstacle à l’utilisation à court terme des

dispositifs photovoltaïques n’est pas, à proprement parler, de nature technique

ou scientifique, mais d’origine économique. La haute technicité de ces

dispositifs conduit à un prix de revient élevé, conduisant pour le moment à un

prix du kWhe de 5 à 10 fois plus élevé que celui produit par les sources

d’énergie conventionnelles. Il faut toutefois distinguer deux types d’utilisation

de nature et d’horizons temporels très différents.

Zones rurales et isolées : les pays en développement (PED)

Parmi les problèmes auxquels doivent faire face les zones isolées, non

reliées à un réseau électrique, en particulier dans les PED, celui de l’énergie et

de la production locale d’électricité pour satisfaire les besoins élémentaires des

populations, est certainement un des plus importants. Une quantité, même très

faible, d’électricité (quelques dizaines de watts pendant quelques heures par

jour) est nécessaire pour atteindre un minimum de confort ou de sécurité

médicale. Pour ces régions, le photovoltaïque est de loin la solution générale la

mieux adaptée. En l’absence de connexion à un réseau électrique, la question du

prix du kWhe ne se pose pas, toutes les autres sources étant plus chères. Pour

l’éclairage, par exemple, même la lampe à pétrole revient plus cher, sur le long

terme, qu’un kit » photovoltaïque. La production individuelle, ou par mini-

centrale à l’échelle d’un village, permet : n de satisfaire les besoins de première

nécessité (éclairage, pompage d’eau potable) ; n de briser l’isolement des

populations rurales (télévision, enseignement) ; n la petite irrigation des cultures

de résoudre certains problèmes de santé, comme le stockage au froid des vaccins

ou l’alimentation de petites antennes médicales. Bien sûr, l’alimentation en

électricité des PED ne représente pas, même à l’échelle de la planète, une

quantité d’énergie considérable, encore que l’on estime entre 1,6 et 2 milliards le

nombre d’habitants qui ne sont pas (et ne seront peut-être jamais) reliés à un

réseau de distribution électrique. Mais, le bénéfice humanitaire et politique est

tellement conséquent, que ce devrait être l’intérêt bien compris des pays

industrialisés de participer, par leur capitaux mais aussi par leur potentiel de

recherche, à ces opérations. Ce point, bien qu’un peu excentré, ne peut être

complètement absent d’une réflexion sur l’énergie. Il relève autant de la morale

et de l’éthique que de la science et de la technique.

73

Production d’électricité sur le réseau

La production d’énergie solaire au niveau des mégawatts (MWe) est

d’une toute autre nature et ne fait pas l’objet d’un consensus aussi général que la

production décentralisée pour les zones rurales et isolées. Deux problèmes

majeurs se posent : celui de l’intermittence et celui du coût. Le stockage de

l’énergie à long terme n’est pas un problème spécifique du photovoltaïque.

Il est vrai que l’énergie solaire nous arrive d’une manière intermittente et qu’un

stockage intersaisonnier est nécessaire pour parler de moyenne annuelle. Le

stockage des énergies intermittentes est un problème que l’on ne sait pas

résoudre aujourd’hui et sur lequel il serait urgent d’entamer une nouvelle

recherche scientifique.

Par ailleurs, l’emprise au sol d’un ouvrage de 1000 MWe (moyenne sur

l’année, soit typiquement 7000 MWe pointe) serait une surface d’environ 5 km

sur 10 km, ce qui pourrait poser des problèmes d’acceptation sociale. Certains

pays (Japon, Suisse) ont fait le choix de l’intégration du photovoltaïque sur les

toitures et façades des bâtiments. Mais la grande dilution de ce type de

production pose de difficiles problèmes de gestion de l’électricité ainsi produite,

si elle atteint un niveau non négligeable par rapport à l’énergie totale du réseau.

Quand peut-on espérer une pénétration non négligeable du photovoltaïque

dans la production d’électricité y compris dans les pays tempérés ? Les avis

divergent fortement, sans que personne de responsable n’avance de date

antérieure à 2020-2030. La condition nécessaire pour une telle pénétration est

que le prix du kWhe photovoltaïque descende au dessous du prix des autres

sources d’énergie. Le problème est difficile et les prédictions aléatoires. Les

paramètres techniques et scientifiques ne sont pas seuls en cause, encore que des

grands progrès, a fortiori une percée, dans la physique des matériaux

photovoltaïques pourraient changer la donne : il faut poursuivre et sans doute

augmenter l’effort de recherche dans ce domaine. Mais la réponse dépend

fortement des conditions économiques et politiques. Les plus optimistes pensent

que, à condition qu’un effort et qu’une volonté politique suffisants soient

déployés, l’électricité solaire pourrait aboutir avant 2050. D’autres sont très

sceptiques sur cette prédiction et pensent que l’électricité photovoltaïque ne

pourra déboucher que lorsque les autres sources d’énergie auront disparu ou

seront devenues très chères, soit pas avant la fin du siècle.

Production centralisée d’électricité : les centrales solaires thermiques

haute température Le captage pour produire des températures élevées (1000 °C

ou plus) nécessite la concentration de l’énergie solaire par des grands miroirs

orientables. Les pays de forte insolation comme le sud-ouest des États-Unis,

74

l’Afrique du nord, le Moyen-Orient ou l’Asie centrale offrent des sites

favorables et certains considèrent que l’électricité ainsi produite par cycle

thermodynamique est potentiellement moins chère que l’électricité

photovoltaïque. Ce procédé implique un ciel clair, ce qui limite le nombre de

sites acceptables en Europe..

La lumière diffusée par les nuages ou le brouillard, qui dans nos régions

est en moyenne une part importante de l’énergie reçue, est perdue dans cette

technologie, ce qui la rend alors peu attractive. Utilisation thermique basse

température de l’énergie solaire Pour les usages thermiques basse température

de l’énergie solaire, les progrès à espérer concernent beaucoup plus la technique

et l’ingénierie que la physique de base. La production d’eau chaude (50 à 100

°C) par capteurs plans est déjà bien employée dans certains pays pour le

chauffage des habitations, et surtout pour la production d’eau chaude

domestique ou le chauffage des piscines. Les surfaces installées sont de l’ordre

de 700 000 m2 en France et 13 000 000 m2 en Europe. Ce type d’exploitation de

l’énergie solaire, soutenu par les pouvoirs publics, peut être très rentable

(amortissement de l’investissement en 3 à 10 ans) et pourrait être augmenté d’un

bon facteur 10 dans notre pays, si l’aspect esthétique était plus largement

accepté.

L’énergie éolienne L’énergie, produite par la force du vent (elle-même

dérivée de l’énergie solaire) sur des pales d’hélices est utilisée depuis des siècles

dans les moulins à vent. Les éoliennes modernes sont capables de produire, en

pointe, des puissances de plusieurs MWe. Divers pays d’Europe ont déjà des

puissances installées non négligeables : 14 000 MWep [MW électrique pointe]

en Allemagne, plusieurs milliers de MWep en Espagne et au Danemark.

Ce qui compte en fait pour les éoliennes est la puissance effective égale à

la puissance pointe multipliée par un facteur de disponibilité, variable selon les

conditions locales de vent mais qui, en moyenne, est estimé à 1/6. Ainsi en

Allemagne, qui a fait un effort important d’optimisation, la production d’énergie

ne dépasse guère l’équivalent de 1300 heures à pleine puissance par an, soit 16

TWhe, équivalente à celle fournie par 2 réacteurs nucléaires. Cet aspect est assez

contraignant. La France est plutôt en retrait dans le domaine des éoliennes avec

250 MWep installés. Malgré une incontestable volonté politique et l’existence

d’un grand nombre de sites favorables, ce domaine se développe lentement dans

notre pays, en raison des problèmes d’environnement et de la complexité des

procédures.

L’hydraulique

L’énergie hydraulique est, à ce jour, la seule énergie renouvelable qui joue un

rôle significatif pour produire de l’électricité : près de 800 GWe installés dans le

75

monde, fournissant en 2002 près de 2700 TWhe, soit 16,2 % de l’électricité. De

plus elle constitue une source d’électricité concentrée et modulable, capable

d’approvisionner les zones à forte densité de population. Le dernier exemple est

celui du barrage des Trois gorges en Chine avec une puissance installée de 18

GWe. Cette source d’énergie peut, elle aussi, varier à l’échelle saisonnière ou

annuelle, en cas de sécheresse importante. En revanche, les barrages peuvent

être mis en service selon les besoins, et permettent, par un fonctionnement

inversé, de stocker de l’énergie électrique produite en période creuse de

consommation.

Les possibilités de développement ultérieur existent, mais sont limitées

par la localisation des sites favorables qui n’ont pas encore été équipés et qui

sont souvent éloignés des grandes concentrations humaines. Un calcul global,

basé sur la valeur des précipitations et la surface des bassins versants suggère un

potentiel mondial proche de 3000 GWe. Dans les pays industrialisés, on trouve

encore des possibilités notables dans des régions de haute latitude (Canada,

Scandinavie, Russie). Les autres possibilités se situent sur des grands fleuves

d’Asie ou des fleuvestropicaux de l’Afrique ou de l’Amérique du Sud. Si le

changement climatique ne modifie pas ces évaluations, la production électrique

pourrait être doublée ou triplée ce qui permettrait de maintenir, ou d’accroître un

peu, la part de l’électricité d’origine hydraulique. La géothermie.

« Nous rattacherons à ce chapitre l’énergie géothermique qui est souvent

considérée comme renouvelable ; elle n’est pas dérivée de l’énergie solaire,

mais de la chaleur dégagée par la croûte terrestre, grâce aux radioéléments

naturels qu’elle contient, en filiation avec 238U et 235U, 232Th et aussi du 40K.

Les meilleures perspectives paraissent offertes par les roches sèches et

profondes à haute température (audelà de 150°C) dans lesquelles on fait circuler

de l’eau qui sert de caloporteur. On peut alors générer de l’électricité par une

turbine. Cette géothermie haute énergie bénéficie du développement des

recherches en modélisation des transferts de fluides, ainsi que du suivi

géophysique et géochimique des opérations. Elle est aussi une des rares énergies

renouvelables exploitable à plein temps. La géothermie représente actuellement

0,3 % de la production mondiale d’électricité, soit 8 GWe installés. Les

ressources possibles sont évaluées à 30 GWe. Les sites favorables sont

concentrés dans les régions d’activité tectonique et magmatique récente : rides

médioocéaniques (Islande), fossés tectoniques (Fossé rhénan), zones de

tectonique récente (Californie, Mexique) éventuellement accompagnée de

volcanisme (Nouvelle-Zélande, Italie, Antilles). Au contraire, dans les régions

géologiques stables, les couches aquifères offrent de l’eau à température

modeste, souvent corrosive. On peut donc attendre plus de nouveaux

développements dans les régions à tectonique active, que d’une généralisation

de la géothermie à des situations géologiques diverses.

76

LES BIOMASSES

L’ensemble des biomasses végétales terrestres constitue l’essentiel du

décor naturel dans lequel nous vivons. Elément quasi exclusif de notre

alimentation (les animaux qui constituent notre nourriture sont majoritairement

herbivores), les biomasses végétales terrestres jouent un rôle important sur trois

registres : le stockage de carbone par échanges avec l’atmosphère, les matériaux

issus de la biomasse et leurs usages variés, y compris alimentaire, et enfin les

usages énergétiques.

Historiquement le bois a été le premier combustible de l’humanité et cet

usage constitue encore une contribution significative au bilan énergétique

mondial. Elle est estimée à plus de 350 Mtep/an, du même ordre de grandeur

que celle de l’énergie nucléaire ou hydraulique.

Le recours aux biomasses végétales à des fins énergétiques n’est pas

limité au seul bois. Les autres biomasses utilisées traditionnellement sous forme

de combustibles - qu’il s’agisse du charbon de bois, de résidus de bois, de

liqueur noire (résidu des productions papetières) ou de bagasse (résidu de la

canne à sucre) - contribuent, pour chacune d’elles, à environ 50 Mtep/an. Si on

considère enfin tous les déchets utilisés à des fins énergétiques, près de 500

Mtep/an, dont 150 Mtep/an pour les seuls déchets animaux (40 % en Inde),

l’ensemble des produits de la biomasse végétale, de tous types, bois compris,

correspond à un peu plus de 1 Gtep/an, soit 10 % de l’énergie consommée dans

le monde. Une partie importante de cette énergie renouvelable est consommée

localement et échappe aux circuits commerciaux. Sa combustion s’effectue

souvent dans de très mauvaises conditions (pollution « intérieure »), avecdes

conséquences sanitaires importantes dans de nombreux pays en développement.

Dans les pays de l’Union européenne, la biomasse utilisée pour la

combustion représentait en 2000 plus de 60 % du total des énergies

renouvelables consommées, la majeure partie étant issue du bois ou de ses

déchets et des déchets solides municipaux. En regard de cela, le poids des

combustibles fluides issus de la biomasse est presque négligeable : à l’échelle

mondiale, les combustibles gazeux de cette filière correspondaient, en 1999, à 4

Mtep/an environ, les combustibles liquides à 11 Mtep/an (alcool résultant de la

fermentation de céréales, de canne à sucre ou de betteraves, esters d’huiles

végétales dérivées du colza ou du tournesol). Le développement des carburants a

souvent d’autres buts qu’énergétiques seuls (indépendance nationale, jachères et

autres déprises agricoles en Europe de l’Ouest). Les rendements modestes des

étapes successives qui vont de l’énergie solaire au champ, au produit récolté,

puis au carburant utilisable, demandent une analyse exhaustive tant du point de

77

vue économique qu’énergétique (selon les principes de « l’analyse des cycles de

vie », établissant un bilan énergétique rigoureux des étapes successives de

culture, récolte et élaboration du carburant). Une fois ces rendements estimés,

ainsi que le coût hors taxes et subventions des carburants utilisables, une analyse

comparative est à mener avec d’autres types d’allocation des sols : alimentation

humaine, peuplements forestiers,…

Enfin, il convient de noter que le rôle du bois, ou de tous les autres

produits lignocellulosiques, est en fait double. D’une part, les écosystèmes

forestiers sont, a priori, les plus adaptés à la capture et au stockage du carbone

diffus, soit dans les forêts sur pieds, soit dans les produits en bois (ou à base de

bois) utilisés par ’homme. D’autre part, l’utilisation aussi étendue que possible

du « bois combustible » contribue à stabiliser quelque peu le recours aux

combustibles fossiles carbonés. Le rôle potentiel des diverses biomasses dans

l’avenir a fait l’objet de maintes réflexions.

QUE FAIRE DU CO2 ?

L’examen critique des sources d’énergie pour le siècle qui commence montre

que les solutions simples et pérennes sont rares. Les économies d’énergie sont

nécessaires, mais par nature limitées ; l’énergie solaire est certainement notre

recours le plus pérenne, mais elle ne sera pas en mesure d’assurer en temps utile

le relais des combustibles fossiles, tant dans les transports que pour les besoins

des mégapoles. L’énergie nucléaire répond à cette dernière exigence, mais ne

pourra intervenir dans les transports que par le biais de l’hydrogène, ce qui

nécessitera plusieurs décennies de développement technologique des réacteurs,

de déploiement d’une infrastructure de distribution de ce gaz, et de mutation

dans les véhicules. Il faudra donc composer avec l’effet de serre, afin de pouvoir

continuer à utiliser les combustibles fossiles dans certains domaines et assurer

ainsi au cours du siècle les transitions nécessaires. Dans cette perspective, seul le

stockage durable de tout ou partie des gaz à effet de serre paraît constituer une

réponse. Cette solution est souvent évoquée, et pourrait être appliquée aux

sources fixes (centrales thermiques, métallurgie, cimenteries). Mais elle posera

de nombreux problèmes scientifiques et techniques : il faut être conscient qu’il

s’agit, pour l’homme, d’intervenir dans le cycle du carbone.

Le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre. Mais il est le principal acteur de ce

phénomèneprès des deux tiers -, compte tenu de sa teneur, de sa faible réactivité

et de sa longue durée de vie dans l’atmosphère. Ceux qui viennent ensuite sont

le méthane et les oxydes d’azote, responsables à eux deux de moins d’un tiers de

l’effet. Ils sont principalement issus de l’élevage et de l’agriculture, et il sera

d’autant plus difficile de réduire ces émissions que la Terre devra nourrir au

milieu du siècle trois milliards d’habitants de plus. Les cycles naturels du

78

carbone mettent en jeu plusieurs compartiments qui échangent les uns avec les

autres : n l’atmosphère au sein de laquelle la concentration en CO2 croît

régulièrement, avec des baisses relatives, saisonnières, à chaque printemps

boréal ; ce compartiment représente un,stock d’environ 750 Gt de carbone

(GtC), soit 2750 Gt de CO2 ; n les mers et océans, qui en raison de leur masse,

constituent un stock beaucoup plus important de carbone que l’atmosphère ou

les continents. Il s’y trouve sous diverses formes : CO2 dissous, biomasse

marine, matière organique dissouteou en suspension, coquilles calcaires du

plancton, etc., soit environ 40 000 GtC ;

CONCLUSIONS

Il est urgent que les scientifiques de tous les pays émettent auprès de la

population et des autorités un cri d’alarme mondial. Notre planète subit une

agression qui, si on n’y porte pas remède à temps, pourrait affecter toutes les

formes de vie à des degrés divers, et particulièrement le mode de vie des êtres

humains. Cette agression est notre fait, et les causes sont liées à notre voracité

pour ,l’énergie. Nous aurons brûlé en deux siècles la totalité du pétrole et du gaz

naturel et, en un siècle ou deux de plus, la totalité du charbon, accumuléspendant

un demi milliard d’années. L’effet de serre qui résulte de l’émission annuelle de

25 milliards de tonnes de CO2 (probablement 50 à 75 milliards de tonnes en

2050) provoque un changement climatique majeur dont les premières

manifestations apparaissent en de multiples circonstances.

En outre la disparition, au cours du siècle, du pétrole et du gaz imposera, à

elle seule, leur remplacement par d’autres sources d’énergie. Entre les deux

phénomènes qui sont liés - raréfaction et épuisement du pétrole et du gaz, et

changement climatique - c’est certainement ce dernier qui constitue le danger le

plus grave pour l’avenir de l’humanité et son mode de vie.

Le temps de la décision, qui forcera à agir ceux qui s’y refusent,

interviendra quand une large part de la population considérera que « le

changement climatique est devenu insoutenable », à force de tempêtes,

sécheresses, canicules ou inondations, et surtout à cause des pertes économiques

et des répercussions humaines et sociales qui en résultent. Cette époque arrivera

sans doute bien avant l’épuisement des combustibles fossiles, mais il sera alors

peut-être trop tard. De plus, il doit être clair pour chacun que tous les habitants

de la Terre partagent la même atmosphère et que nul pays ou continent ne pourra

se sauver seul.

On peut considérer qu’une première époque critique où, si rien n’est fait

pour y remédier, nous nous heurterons à un mur, se situera vers 2020. Le

protocole de Kyoto n’est peut-être pas la meilleure réponse possible, mais il

79

amorce un mouvement solidaire et mondialvers la réduction des émissions de

CO2.

Néanmoins, si seul ce texte est appliqué, la dérive climatique se

poursuivra sur un siècle pour la température et plusieurs siècles pour la montée

des océans, en raison de la persistance séculaire du CO2 dans l’atmosphère.

Il faut être conscient que, pour limiter la teneur résultante en CO2 dans

l’atmosphère à 550 cm3/m3 vers la fin du siècle (teneur bien plus élevée que les

370 cm3/m3 actuels, et source probable de dommages environnementaux et

économiques déjà importants), il serait nécessaire de diviser par deux nos

émissions dès 2050, compte tenu de la persistence du CO2 dans l’atmosphère. Il

faudrait donc également diviser par deux nos consommations d’énergie,

si nous ne modifions pas profondément nos sources d’énergie primaires et leur

mode d’utilisation.

Seules, les énergies renouvelables (énergie solaire et ses dérivées :

éolienne, hydraulique, biomasse, géothermie) et nucléaires (fission ou fusion) ne

produisent pas de gaz à effet de serre et permettraient à l’humanité d’échapper

au destin qu’elle se forge. Mais nous sommes incapables de remplacer, à court

terme, pétrole, gaz et charbon qui représentent actuellement près de 90 % de

l’énergie primaire commercialisée dans le monde. Il faut donc tirer parti de

toutes les formes d’énergie, et nous ne pourrons nous passer d’aucune d’entre

elles dans les prochaines décennies, pourvu que ce soit dans le respect de

l’environnement.

Il n’y a, dans les sources d’énergie, ni ange ni démon : elles seront ce que

nous en ferons. On peut, par exemple, imaginer qu’au milieu du siècle l’usage

des combustibles fossiles soit confiné à des parcs industriels d’où ne sortirait

qu’électricité, hydrogène ou chaleur. De son côté, le CO2 serait capté sur site et

stocké.

Nous devons donc mener une politique courageuse et volontariste et

déployer à temps un intense effort de recherche, dans tous les domaines de

production et conversion d’énergie, pour ne pas nous retrouver dès 2020 devant

une situation devenue ingérable, avec des émissions de CO2 accrues de 50 %.

À cette échéance, l’énergie nucléaire de fission est la seule solution

robuste qui permette de faire face à un accroissement de 50 % de la demande, en

particulier dans les zones à forte concentration humaine, sans accroître les

désordres climatiques. Certains considèrent le charbon comme le recours

naturel, face à l’épuisement progressif des hydrocarbures. Cette position

méconnaît le problème des gaz à effet de serre, pour lesquels le charbon est le

80

plus fort émetteur, rapporté à l’énergie fournie. En particulier, la construction

irréfléchie de centrales thermiques au charbon en grand nombre, dans les deux

prochaines décennies, nous placerait en situation de faiblesse accrue lorsqu’il

faudra prendre des décisions, face à l’ampleur des problèmes.

On peut observer que, dans le contexte économique actuel, les

investissements qui ne respectent pas l’environnement ou ne préparent pas le

futur sont favorisés : centrales thermiques classiques sans piégeage du CO2, soit

au charbon brûlant un combustible peu coûteux, soit au gaz offrant un coût de

construction modéré et un retour sur investissement rapide.

Avant d’examiner les recherches propres à l’énergie, il convient d’insister

sur l’importance de poursuivre et d’intensifier les recherches relatives au climat.

Le cycle du carbone, bien que probablement le plus étudié parmi les éléments,

reste encore insuffisamment connu.

Les modèles numériques sont le seul outil pour prévoir le comportement

de la planète dans le futur. Ils doivent être alimentés par de nombreuses données

apportées par l’expérience. Ils calculent des valeurs moyennes, mais non des

valeurs extrêmes qui seront responsables des changements brutaux, les plus

néfastes pour l’homme. Les rétroactions, notamment celles liées au cycle de

l’eau et au changement d’état ou d’usage des sols, ne sont pas intégrées à ce

stade. Il importe également d’augmenter le maillage pour disposer de prévisions

régionales et d’améliorer l’évaluation des paramètres aux interfaces, en

particulier océan-atmosphère.

Plusieurs questions relatives à l’énergie, qui nous paraissent d’une grande

importance, ne semblent pas recevoir actuellement l’effort de recherche -

scientifique, technique, économique ou sociale - qu’elles mériteraient, même si

les discours médiatiques les utilisent souvent. La capture et le stockage pérenne

du gaz carbonique sont un sujet prioritaire : lui seul permettrait de poursuivre

l’utilisation du pétrole, du gaz et du charbon en limitant la dégradation du climat

et en assurant ainsi une transition acceptable par les usagers. Les discours sur ce

thème sont innombrables, mais le contenu et la portée des recherches menées

jusqu’ici sont encore peu convaincants. La généralisation de stockages

souterrains ou sous-marins d’une taille capable de recevoir chaque année de 30 à

70 Gt supplémentaires de CO2, pour des siècles ou millénaires, est loin d’être

établie, tant du point de vue scientifique et technique qu’économique : les seules

émissions françaises exigeraient chaque année une capacité supplémentaire de

stockage dix fois plus importante que celle réalisée en 40 ans pour le gaz

naturel. Les processus physiques et chimiques affectant le réservoir souterrain et

l’environnement d’un stockage sont mal connus, de même que les problèmes

81

d’étanchéité au CO2 des couches géologiques supposées favorables et des

ouvrages du stockage.

La recherche sur les réacteurs du futur devra prendre en compte

l’incinération de leurs propres déchets et le rôle futur de l’hydrogène dans notre

civilisation. On cherchera aussi à valoriser la majeure partie de l’uranium

(238U), grâce à de nouveaux réacteurs à neutrons rapides, ce qui portera les

réserves de combustible à l’échelle des millénaires.

Dans une perspective à plus long terme, la recherche sur la fusion (ITER)

devra faire l’objet d’un effort soutenu. De nombreux domaines scientifiques sont

concernés par la fission et la fusion : sciences des matériaux, génie nucléaire,

génie des procédés, thermique, etc. n Le stockage temporaire de l’électricité

serait une véritable percée. On est actuellement très limité par les batteries,

malgré les progrès réalisés. Les procédés de stockage indirect par voie

hydraulique (barrages utilisés en sens inverse) sont vite saturés. Toute

suggestion réaliste serait la bienvenue. Certains industriels paraissent s’être

penchés sur ces problèmes. L’utilisation de l’électricité issue des centrales peu

flexibles (nucléaire) pour produire de l’hydrogène par électrolyse permettrait le

stockage intersaisonnier de celui-ci, qui serait utilisé soit dans les transports, soit

pour régénérer de l’électricité dans des turbines hydrogène/air, ou

hydrogène/oxygène, ou encore dans des piles à combustible de haute

température. Le rendement de ces dispositifs pourrait dépasser 50 %. Cette voie

pose des problèmes de sécurité, de matériaux, et de corrosion qu’il importe de

maîtriser. D’autres possibilités pourraient être offertes par le stockage de chaleur

à haute température issue des centrales nucléaires. Le stockage de l’hydrogène

(et éventuellement celui de l’oxygène) en grandes quantités vaudrait d’être

évalué. La possibilité de le faire en situation géologique (cavité dans le sel ou

d’autres évaporites, aquifère) mériterait d’être étudiée.

La faisabilité, du point de vue technique ou économique, de stocker

l’hydrogène sur une base saisonnière devrait être comparée à celle de stocker le

gaz carbonique indéfiniment, en créant de nouveaux stockages chaque année. À

une échelle plus modeste, on peut penser à améliorer ainsi l’efficacité moyenne

dans le temps des énergies éolienne et photovoltaïque.

Les réseaux et le stockage, journalier ou saisonnier, de la chaleur à basse

température permettraient une meilleure utilisation de celleci, sous-produit de

nombreux procédés industriels.

D’une façon générale le stockage de l’énergie, quelle qu’en soit la forme

(électricité, hydrogène, chaleur) aura un rôle central à jouer pour remplacer celui

joué implicitement jusqu’ici par le stockage du pétrole ou du gaz. Bien que

82

généralement peu évoqué dans les priorités, il s’agit là d’un problème de grande

importance dont la solution est loin d’être évidente. De plus,un tel stockage

permettrait de corriger dès maintenant la différence de rythme entre la

production (continue) et l’utilisation (en pointes) de l’électricité.

L’économie qui serait ainsi réalisée est estimée à plus de 10 % de la

production française. Le développement des énergies renouvelables, souvent

intermittentes, serait facilité. Ces projets font appel à de nombreux domaines

scientifiques. L’un des plus sollicités est la science des matériaux, depuis la

tenue en température et aux rayonnements dans les futurs réacteurs nucléaires

jusqu’à la supraconductivité. Tous les domaines du génie des procédés

(nucléaire, thermique, chimique, etc.) sont eux aussi impliqués.

D’autres recherches plus ponctuelles méritent un nouvel examen. Ainsi,

l’utilisation thermique de l’énergie solaire pour le chauffage de l’eau sanitaire

dans les constructions nouvelles se heurte plus à des problèmes d’environnement

et d’acceptation sociale qu’à des problèmes techniques. Les échangeurs

thermiques de taille modeste, par exemple des pompes à chaleur, sont un

élément important pour l’avenir

.

Les piles à combustibles posent encore de nombreux problèmes. La

distribution éventuelle de l’hydrogène aux transporteurs devrait assurer fiabilité

et sécurité. L’énergie des vagues et des courants, la différence de température

entre surface et profondeur des océans méritent une nouvelle évaluation. Un

effort particulier dans le domaine de l’éducation permettrait d’informer les

élèves et les étudiants sur les données du problème énergie- climat, et sur

l’importance d’une large acceptation sociale, condition nécessaire pour le succès

des économies d’énergie.

Certains problèmes sont tellement faussés ou occultés par des dispositions

artificielles qu’il est devenu difficile d’en discerner le bilan énergétique ou

même économique. Il en va ainsi de l’acheminement des marchandises non

périssables par camions consommant des produits pétroliers, en comparaison

avec le train utilisant de l’électricité d’origine nucléaire ou renouvelable.

L’évolution du climat en relation avec l’accumulation des gaz à effet de

serre associée aux activités humaines ainsi que la transition énergétique sont des

sujets de réflexion permanents à l’Académie des sciences. Ces deux questions

sont caractérisées par leur grande complexité et par les difficultés qu’elles

soulèvent. Dans le domaine du climat, il s’agit, au delà de la compréhension des

phénomènes et de l’analyse des interactions très diverses physiques,

dynamiques, chimiques et biologiques mises en jeu, de prévoir les évolutions

futures. Ce sujet a déjà fait l’objet de plusieurs conférences-débats à l’Académie

et de plusieurs rapports. La dernière conférence en date concernait l’examen

83

critique des données disponibles sur le système couplé océan-atmosphère-

glaces-surfaces continentales ("Observation du système climatique en

permanente évolution - Mécanismes physiques et chimiques en jeu", séance

publique 16 décembre 2014). Dans ce cadre général, l’Académie des sciences

organise, pour sa séance de rentrée, une seconde conférence sur le thème général

de la modélisation du climat (du passé géologique aux siècles futurs), avec des

interventions de quatre spécialistes éminents suivies d’un exposé sur les

éléments qui pourraient conduire à un accord à la COP21 du mois de décembre

prochain.

Aux grandes échelles de temps, les températures et le cycle hydrologique

à la surface du globe varient relativement lentement et dans une fenêtre plutôt

étroite. Il existe néanmoins des « accidents » du climat et du cycle du carbone à

quelques reprises dans l’Histoire de la Terre. Nous examinerons ces rares

périodes et tenterons d’expliciter quels sont les processus à l’origine des

changements et de la régulation du climat et du cycle du carbone à long terme.

Pour répondre à cette question, cet exposé sera structuré comme une valse à

quatre temps. Le premier temps, celui du milliard d’années, est piloté par

l’augmentation de la luminosité solaire. Le second, qui prédomine pour des

échelles de temps de dizaines de millions d’années, est la tectonique des

plaques. Elle modifie la forme des bassins océaniques, elle fait dériver les

continents et est responsable de l’émergence de grandes chaînes de montagnes.

Tous ces évènements vont transformer les circulations atmosphériques,

océaniques et le cycle du carbone. Le troisième temps de cette valse est la

perturbation orbitale. Elle est due au fait que le rayonnement solaire est modulé

par la Lune, le Soleil et les grosses planètes du système solaire sur des temps

caractéristiques de dizaines de milliers d’années. Le dernier temps est celui de

l’homme, qui modifie son environnement à une vitesse bien plus grande :

quelques siècles. Cet exposé se limitera aux trois premiers temps classiques de

la valse. Il illustrera les bouleversements du climat et du cycle du carbone à ces

différentes échelles de temps en s’appuyant sur des simulations numériques.

Les observations recueillies au cours du XXe siècle et jusqu’à très

récemment montrent que le réchauffement du système climatique est sans

équivoque. Il est par ailleurs établi que les concentrations atmosphériques de gaz

à effet de serre, dont le dioxyde de carbone, ont augmenté pour atteindre des

niveaux sans précédent depuis au moins 800 000 ans. Mais ce double constat ne

suffit pas à déduire l’existence d’un lien de cause à effet entre activités

humaines et réchauffement. La compréhension du fonctionnement du système

climatique et notre capacité à le modéliser sont nécessaires pour apporter des

éléments probants permettant d’établir ce lien. Des ensembles de simulations du

climat du dernier siècle sont ainsi analysés afin de détecter et évaluer les effets

des facteurs naturels et anthropiques dans les évolutions observées du système

84

climatique. Les résultats de ces études font clairement ressortir une influence

humaine sur le système climatique. La capacité de modélisation est aussi utilisée

non pour prévoir mais pour construire des représentations vraisemblables du

climat futur. Ces représentations s’appuient ici aussi sur des ensembles de

simulations réalisées par un peu plus d’une vingtaine de centres climatiques

mondiaux utilisant un protocole méthodologique commun. Des scénarios socio-

économiques et démographiques sont à la base d’estimations des émissions ou

concentrations futures des gaz à effet de serre qui servent d’entrée aux

simulations climatiques. L’une des principales nouveautés du dernier exercice

international de simulation (CMIP5) est la prise en compte de scénarios

intégrant des politiques climatiques. Celui pour lequel ces politiques seraient les

plus exigeantes résulterait probablement en une stabilisation du réchauffement

global à 2°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Mais un autre

enseignement des analyses récentes est que les incertitudes sur les projections

climatiques de température et de précipitations pour un scénario donné n’ont pas

été très sensiblement réduites par rapport à l’exercice d’évaluation précédent

(CMIP3). Il convient cependant de définir des « métriques » adaptées pour

mieux évaluer les progrès réalisés entre ces deux exercices. Nous présenterons

des exemples d’analyses menées pour tenter d’apporter des éléments permettant

de distinguer les projections pour lesquelles il serait possible d’accorder un

niveau de confiance plus élevé. Des évaluations fondées sur la capacité à

simuler les climats passés, à représenter certains processus physiques ou à

prévoir à différentes échelles de temps, seront tour à tour illustrées à partir de

quelques résultats de publications scientifiques récentes. Ces analyses confortent

le fait que le niveau de confiance à accorder aux projections climatiques futures

peut être pour partie relié à la capacité des modèles à reproduire certains

processus physiques agissant aux échelles globales ou régionales.

Depuis des millénaires, le climat de la Terre varie selon les époques et les

lieux. Les changements observés s’étalent généralement sur des longues

périodes qui atténuent la perception que l’homme peut en avoir à un moment

donné. Au cours des dernières décennies cependant, les changements

climatiques semblent s’être accélérés. Dans ces conditions, il n’est pas

surprenant que le public s’interroge sur la réalité de ces changements, leurs

causes, leur devenir et, plus encore, leurs conséquences immédiates et lointaines

sur les modes de vie, la santé, les écosystèmes et l’économie. À ces questions, la

Science peut tenter d’apporter des réponses autorisées, même si elles ne sont que

partielles ou temporaires, dès lors qu’elles sont guidées par le souci d’objectivité

qui doit présider à toute démarche scientifique. C’est dans ce contexte que la

Ministre de l’Enseignement supérieur et de laRecherche s’est tournée vers

l’Académie des sciences pour qu’elle organise un débat scientifique, afin de

faire le point des connaissances actuelles sur ce sujet.

85

Le débat, ouvert à quelque 120 scientifiques français ou étrangers, dont des

spécialistes extérieurs à l’Académie, a été organisé sous forme de contributions

écrites suivies d’un débat oral qui a eu lieu le 20 septembre 2010. La diversité

des disciplines représentées – mathématiques, physique, mécanique, sciences de

l’univers, chimie, biologie et sciences médicales – reflète la complexité du sujet

et la volonté de l’Académie de placer cette manifestation sous le signe de

l’interdisciplinarité. Le débat, très riche et de haute tenue scientifique a porté sur

les méthodes de prévisions climatiques ; il a permis de confronter les différents

points de vue, de dégager des points de convergence et d’identifier les

divergences et incertitudes qui persistent. Il est le point de départ d’une réflexion

qui sera prolongée ultérieurement.

Le CRSK, en tant que structure scientifique et académique du

Kurdistan et du Dersim a participé au débat et a rédigé une analyse.

Malgré les nouveaux outils d’investigations dont on dispose aujourd’hui

et malgré le volume considérable de données accumulées ces vingt dernières

années, il faut souligner que la Science ne peut répondre à tout, qu’elle procède

par étapes et qu’elle ne peut fournir à un moment donné que l’interprétation de

faits avérés et des prévisions..

1-IMPORTANCE DES OBSERVATIONS POUR L’HISTOIRE

RECENTE

L’analyse de l’évolution du climat impose de disposer d’observations

globales de toutes les composantes du système climatique (atmosphère, océans,

terres émergées et glaces), sur de longues périodes.

C’est seulement depuis le milieu des années 1970 que les programmes

d’observations par satellites, complétés par des systèmes d’observation in situ,

permettent d’obtenir des ensembles de données climatiques échantillonnées

régulièrement dans l’espace et le temps. Pour les décennies antérieures, les

données, plus partielles, font l’objet de retraitements dans le cadre d’une

coordination internationale pour les rendre homogènes en tenant compte des

changements d’instrumentation ou d’environnement immédiat.

La libre mise à disposition des données est une recommandation

unanime, même si la forme qu’elle doit prendre est débattue. La majorité des

chercheurs, en climatologie comme dans d’autres disciplines des sciences de

l’univers, recommande la distribution des données après que les spécialistes les

ont étalonnées et en ont retiré les effets instrumentaux ou d’environnement.

Certains demandent aussi la mise à disposition des données brutes.

86

D e l’ensemble des données, on peut dégager les indicateurs du

changement climatique, les facteurs de son évolution et les éléments permettant

de fonder l’étude des climats du passé.

1.1. LES INDICATEURS DE L’EVOLUTION CLIMATIQUE

1. L’augmentation de la température de surface sur la Terre est de 0,8

± 0,2 °C depuis 18701. Elle reste notablement différente pour les deux

hémisphères : plus forte au Nord et plus forte aux hautes latitudes. Une

variabilité entre continents est également observée. Enfin, une forte modulation

sur des périodes annuelles et multidécennales est également constatée, avec

deux périodes de plus forte augmentation (approximativement de 1910 à 1940 et

de 1975 à 2000) encadrées par des périodes de stagnation ou de décroissance.

Les variations climatiques naturelles (El Niño, éruptions volcaniques,

Oscillation Nord‐ Atlantique) y sont visibles.

2. La température des océans, mesurée depuis les années 1950 par les

bateaux de commerce ou les navires océanographiques (jusque vers 700 m de

profondeur) et plus récemment par le système de bouées profilantes Argo,

montre une augmentation moyenne globale depuis quelques décennies. Le

contenu d’énergie thermique de l’océan a donc aussi t depuis le début des

années 1980. Ce réchauffement n’est

3- Augmentation, lissée dans le temps, de la température moyenne sur la

surface de la Terre. ‐ 3 ‐ pas uniforme. Il présente une importante variabilité

régionale avec d’importantes oscillations pluriannuelles, voire décennales.

3. La réduction de la surface des glaces océaniques arctiques. La banquise, dont

la fonte ne contribue pas à l’élévation du niveau des océans, est un autre

indicateur fort de l’accélération de l’évolution du climat : de 8,5 millions de km2

stable dans la période 1950‐ 1975, la surface des glaces de mer a connu une

décroissance très rapide jusqu’à 5,5 millions de km2 en 2010.

4. Le recul des glaciers continentaux est observé de façon quasi généralisée

depuis 3 à 4 décennies, avec une nette augmentation au cours des 20 dernières

années.

5. Les calottes polaires de l’Antarctique et du Groenland ont un bilan total de

masse négatif depuis une dizaine d’années. Si quelques régions élevées de

l’intérieur des calottes, en particulier Antarctique, s’épaississent un peu par suite

de précipitations neigeuses accrues, la perte de masse domine. Celle‐ ci

s’effectue dans les zones côtières du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest

par écoulement très rapide de certains glaciers vers l’océan et décharge

87

d’icebergs. On pense que le réchauffement des eaux océaniques dans ces régions

est la cause majeure des instabilités dynamiques observées.

6. Le niveau moyen des océans est un autre indicateur qui intègre les effets de

plusieurs composantes du système climatique (océan, glaces continentales, eaux

continentales). Avant 1992, le niveau de la mer était mesuré par des

marégraphes le long des côtes continentales et de quelques îles : le niveau des

océans, en moyenne annuelle sur toute la planète, s’est élevé à un rythme de 0,7

mm/an entre 1870 et 1930 et d’environ 1,7 mm/an après 1930. Depuis 1992, les

mesures sont effectuées par satellites : la hausse du niveau moyen global de la

mer est de l’ordre de 3,4 mm/an. À cette élévation moyenne se superposent des

oscillations pluriannuelle, liées à la variabilité naturelle du système climatique.

Depuis le début des années 1990, les contributions climatiques à cette élévation

sont approximativement dues, pour un tiers à la dilatation de l’océan consécutive

au réchauffement et, pour les deux autres tiers, aux

glaces continentales ‐ à parts quasi égales, fonte des calottes polaires du

Groenland et de l’Antarctique d’une part, et fonte des glaciers continentaux

d’autre part.

7. Les indicateurs biologiques, tels que les déplacements de populations

animales terrestres ou marines et l’évolution des dates d’activités agricoles

saisonnières, montrent aussi la survenue d’un réchauffement climatique. Bien

que difficiles à quantifier, ces éléments sont importants et ont des ‐ 4 ‐ et les

autres conséquences dans de nombreux domaines d’activités professionnelles où

ils sont largement pris en compte.

En résumé, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs

indicateurs indépendants montrent sans ambiguïté un réchauffement climatique,

post‐ Petit âge glaciaire2, modulé dans le temps, avec une augmentation de

1975 à 2003.

1‐ 2. LES FACTEURS D’EVOLUTION DU CLIMAT

On observe l’évolution de certains des facteurs susceptibles d’avoir un effet plus

ou moins important sur l’équilibre du climat.

1. L’augmentation des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre,

autres que la vapeur d’eau qui se recycle rapidement et en permanence, est un

élément très important, qui doit être observé avec précision sur plusieurs

décennies pour donner lieu à une interprétation fiable.

Le dioxyde de carbone (CO2) : sa concentration augmente continûment

depuis le milieu du XIXe siècle, en raison principalement des activités

88

industrielles, passant de 280 ppm vers 1870 à 388 ppm en 2009. Le taux de

croissance mesuré depuis 1970 est environ 500 fois plus élevé que celui observé

en moyenne sur les 5 000 dernières années. Les études isotopiques montrent que

l’origine de cette augmentation est due pour plus de la moitié à la combustion

des combustibles fossiles, le reste aux déboisements massifs et pour une faible

part à la production de ciment.

Le méthane (CH4) : dû notamment aux fermentations diverses (zones

humides, ruminants, déchets domestiques, biomasse, …), aux fuites de gaz

naturels et à la fonte du pergélisol, sa concentration s’est accrue de 140 % sur la

même période. Elle semble cependant stabilisée depuis 2000.

Le protoxyde d’azote (N2O) : dû en grande partie aux activités agricoles (dont

la biodégradation des nitrates agricoles dans les milieux souterrains anoxiques),

sa concentration a augmenté de 20 % sur la même période. L’augmentation de

l’effet de serre induit pour l’ensemble de ces trois composants est de 2,3 W/m2.

La radiation du Soleil reçue par la Terre hors de l’atmosphère à une latitude

donnée en été ou en hiver dépend de la luminosité du Soleil et de la distance de

la Terre au Soleil, et de l’orientation de l’axe de rotation de la Terre. Ces

derniers paramètres varient à l’échelle de dizaines de milliers d’années en raison

de perturbations gravitationnelles exercées par la Lune planètes. Les périodes

associées (20 000 ans, 40 000 ans,

3 Forçage : déséquilibre dans le bilan énergétique de la Terre, résultant, par

exemple, de modifications de la quantité d’énergie reçue du Soleil, de

changements dans la quantité ou dans la nature des gaz ou des particules à effet

de serre, ou de changement dans la nature de la surface terrestre. Le forçage,

exprimé en watts par mètre carré (W/m2), peut être d’origine naturelle ou

anthropique. Le forçage radiatif varie au gré de la vie du couple Soleil-Terre de

façon quasi périodique. Au contraire, le forçage anthropique a augmenté avec la

population de la Terre.

4 On désigne par « activité du Soleil » les phénomènes associés au champ

magnétique du Soleil et aux éjections de matière et de particules de haute

énergie (taches solaires, éruptions et vent solaire par exemple). L’activité solaire

varie périodiquement avec des cycles d’environ 11 ans et 23 ans. Certaines

quantités liées au cycle d’activité (éruptions, particules de haute énergie) varient

dans des proportions considérables (de quelques unités à plus de cent pour les

taches solaires). L’amplitude de la variation au cours du cycle montre elle même

une variabilité à long terme avec des minima spectaculaires. L‘énergie totale

rayonnée par le Soleil sous forme de rayonnement électromagnétique (lumière

visible mais aussi infrarouge et ultraviolet) est appelée « irradiance ». Il y a une

très faible variation de l’irradiance (de l’ordre de un millième) associée au cycle

d’activité.

89

100 000 ans) se retrouvent dans les cycles glaciaires‐ interglaciaires

du Quaternaire et dans les données sédimentaires plus anciennes. Les variations

de radiation saisonnières ou en latitude qu’elles induisent sont importantes, alors

que les variations moyennes annuelles calculées sur la surface totale de la Terre

sont faibles. L’énergie totale rayonnée par le Soleil est dominée par la partie

visible du spectre et a très peu varié au XXe siècle si on fait la moyenne sur les

cycles d’activité de 11 ans. La variation relative de cette énergie durant ces

cycles est de l’ordre du millième. Le forçage3 correspondant, de l’ordre de 0,2

W/m2, est 10 fois plus faible que celui dû à l’augmentation de l’effet de serre lié

aux activités humaines.

Les cycles d’activité du Soleil4 affectent principalement la partie

ultraviolette du spectre solaire, mais aussi le vent solaire et les rayons

cosmiques, qui subissent de fortes variations de leur amplitude pendant le cycle

solaire ainsi que sur des périodes de plusieurs décennies. L’une de ces variations

se manifeste par le « Minimum de Maunder » qui a vu, pendant plus de 50 ans,

une très faible activité solaire révélée par l’absence quasi totale de taches

solaires (ca 1645‐ 1715). Cette observation coïncide approximativement avec

les phases les plus marquées du Petit âge glaciaire. Il est intéressant de noter que

le minimum solaire récent est le plus long depuis 40 ans. L’activité solaire sur

cette période montre, pour plusieurs indicateurs, une diminution aussi bien des

minimas que des maximas, le minimum actuel correspondant à une absence de

taches solaires pendant 266 jours, situation inédite depuis plus de 40 ans.

L’irradiance mesurée depuis l’espace a diminué de 0,02 % entre l’avant‐ dernier

et le dernier cycle solaire, tandis que les indicateurs climatiques ont montré un

réchauffement sur cette période de 40 ans.

L’activité du Soleil ne peut donc être le facteur dominant de ce

réchauffement, même si des corrélations entre l’activité solaire et certaines

variations à court terme de la température terrestre ont été mises en rraient être

le signe d’un couplage. Tous les mécanismes

‐ 5 Albédo : fraction de l’énergie solaire réfléchie vers l’espace.

de transmission et d’amplification du forçage solaire, et en particulier de

l’activité solaire, ne sont pas encore bien compris. Il faut noter que si le cycle de

11 ans de l’activité du Soleil tendait à diminuer d’intensité, comme cela a été le

cas dans le passé, un ralentissement graduel du réchauffement global pourrait se

produire.

1‐ 3. L’ETUDE DES CLIMATS DU PASSE

90

Les climats du passé nous sont accessibles par un ensemble d’indicateurs,

qui ont : les indicateurs géologiques (géochronologie, paléotempératures,

sédiments, charbons, fossiles)

;

‐ l’observation directe des bulles d’air de l’atmosphère du passé piégées

dans les carottes de glace extraites des calottes du Groenland et de l’Antarctique

ainsi que leur analyse chimique très précise, indicateurs qui couvrent 800 000

ans en Antarctique et 123 000 ans au Groenland ;

l’observation de traceurs isotopiques indicateurs de la température ;

‐ ‐ l’observation, l’analyse statistique, la géochimie isotopique sur les

sédiments et sur les microfaunes marines.

C’est ainsi qu’on admet, par exemple, autour de 700 millions d’années, une

Terre largement recouverte de glace, ou encore l’existence d’un refroidissement

général mais non linéaire depuis 60 millions d’années, avec l’apparition de la

calotte glaciaire antarctique il y a 35 millions d’années, et celles de l’hémisphère

Nord, il y a environ 4 millions d’années. L’actuelle évolution climatique se

place par rapport au réchauffement climatique naturel postérieur à la dernière

glaciation.

Les observations dans les carottages de glaces donnent des indications

précieuses sur la température et le contenu de l’atmosphère en CO2 et autres gaz

à effet de serre (CH4) qu’on peut combiner avec des analyses géologiques de

sédiments marins sur l’extension des calottes glaciaires au cours des cycles

glaciations/déglaciations du Quaternaire. Ces observations peuvent aider à la

modélisation des mécanismes du climat et à la définition de tests qui peuvent

être utilisés pour la validation des modèles climatiques. Les changements

associés aux déglaciations montrent des effets complexes : un réchauffement

dans l’Antarctique précède de 800 ans une augmentation du CO2 ; celle‐ ci est

elle‐ même suivie, 4 000 ans plus tard, d’une réduction des calottes glaciaires

dans l’hémisphère Nord, susceptible de réduire l’albédo5 et de provoquer ainsi

une amplification du réchauffement. Ces transitions complexes

constituent autant de situations observées permettant de tester les modèles. ace

des calottes polaires montrent que les concentrations ‐ 7 ‐ couplages

supplémenta

6 Cependant, aux cours des temps géologiques, la concentration en CO2 a pu

être bien supérieure à la concentration actuelle ; par exemple, elle est estimée à

environ 4 000 ppm au début de l’ère Tertiaire (- 60 à – 50 millions d’années).

7 L’atmosphère est composée de plusieurs couches superposées, dont les deux

91

plus proches du sol interviennent dans le climat : la troposphère, qui s’étend de

la surface de la Terre jusqu’à une altitude de 8 à 16 km et la stratosphère de 16 à

50 km. en CO2, CH4 et N2O n’ont vraisemblablement jamais été aussi élevées

depuis 800 000 ans6.

‐ LES MECANISMES CLIMATIQUES

Le Soleil, par l’énergie que la Terre en reçoit, est le moteur principal de la

machine climatique. L’énergie rayonnée par le Soleil fait l’objet d’observations

dont la précision s’est accrue avec les données fournies par les satellites.

Une partie de l’énergie solaire (principalement contenue dans la partie visible

du spectre électromagnétique) est directement renvoyée vers l’espace par les

nuages et la surface terrestre (albédo) ; l’autre partie est absorbée par le sol et les

océans. En situation d’équilibre, ces derniers rayonnent toute cette énergie dans

l’infrarouge en direction de l’espace. Mais l’atmosphère7, à son tour, absorbe

une partie de ce rayonnement terrestre et le réémet à la fois vers l’espace et vers

le sol. La surface de la Terre est donc plus chaude qu’elle ne le serait sans

atmosphère : c’est ce qui est connu sous le nom d’effet de serre.

Les molécules responsables de cet effet sont la vapeur d’eau, le gaz carbonique

et d’autres gaz comme le méthane et le protoxyde d’azote.

Quand les conditions changent — que ce soit par l’énergie reçue du Soleil

ou par le contenu en gaz à effet de serre — le système climatique évolue vers un

nouvel état d’équilibre. C’est ce que les climatologues désignent sous le vocable

de réponse à un forçage. Dans cette évolution, le changement d’un paramètre

entraîne des modifications d’autres paramètres : par exemple, l’élévation de

température augmente le contenu en vapeur d’eau et en gaz carbonique de

l’atmosphère, modifie la couverture nuageuse, diminue le volume des glaces

continentales, etc. L’augmentation de température de l’océan risque de diminuer

l’efficacité de celui‐ ci pour absorber une partie du carbone anthropique. Ces

rétroactions peuvent être positives, renforçant l’effet du forçage initial, ou

négatives quand elles le réduisent. Selon les paramètres qui entrent en jeu, ces

effets, qui peuvent être quantitativementimportants, se manifestent sur des

périodes courtes, de quelques jours pour l’évolution de l’atmosphère ou, au

contraire, très longues pour l’océan.

Les effets potentiels de l’activité du cycle solaire sur le climat sont

l’objet de controverses mais donnent lieu à des recherches actives. Certains

mécanismes invoqués concernent l’effet du rayonnement cosmique galactique,

fortement modulé par le vent solaire qui pourrait affecter la formation des

nuages ; des ires entre la stratosphère et la troposphère associés à des ‐ 8 ‐

océanique profonde et d

92

8 Il est à noter que l’augmentation de la température de l’océan

pourrait diminuer la capacité de celui-ci à absorber le CO2. Par ailleurs,

l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’océan entraîne son

acidification, qui a des conséquences négatives importantes sur la faune et la

flore océaniques. courants électriques sont également évoqués. Ces effets,

secondaires par rapport à lʹeffet des conditions atmosphériques telles que la

teneur en vapeur dʹeau, la stabilité et la circulation générale de lʹatmosphère,

etc., dépendent d’une physique sous‐ jacente qui fait actuellement l’objet

d’études expérimentales au CERN. D’autres mécanismes, qui mettent en jeu

l’évolution importante de la composante UV au cours du cycle et qui modifient

la distribution dʹozone stratosphérique, sont actuellement à lʹétude.

L’océan est un élément essentiel du système climatique, en raison de sa

dynamique et de son inertie thermique qui lui confèrent une évolution beaucoup

plus lente que celle de l’atmosphère. Il joue ainsi un rôle de régulateur à long

terme du système, retardant de plusieurs siècles, voire millénaires, le retour à

l’équilibre après des perturbations climatiques majeures. Des couplages de

l’océan avec l’atmosphère, encore insuffisamment connus, naissent les grandes

perturbations climatiques naturelles, comme El Niño ou l’Oscillation

Nord‐ Atlantique, qui se manifestent sur des échelles de temps de quelques

années à quelques décennies.

Les calottes glaciaires et les climats du Quaternaire sont connus à partir des

analyses des carottages de glace. Ils ont montré, à la fois une oscillation entre

périodes glaciaires et interglaciaires, et une stabilité globale pendant les derniers

millénaires, indiquant l’existence d’au moins une rétroaction négative efficace,

en premier lieu l’émission de rayonnement infrarouge terrestre. Les

basculements entre périodes glaciaires et interglaciaires semblent, eux, affectés

par des rétroactions positives fortes entre température, contenu en CO2 et

surfaces des calottes glaciaires de l’hémisphère Nord pour les variations les plus

rapides.

L’effet direct d’un changement de concentration du CO2 sur l’atmosphère est

bien compris. Il se traduit par une augmentation du rayonnement infrarouge

émis par le sol, évaluée à 3,7 ± 0,1 W/m2 pour un doublement du CO2

atmosphérique, correspondant à un réchauffement moyen en surface évalué à 1,1

± 0,2 °C.

Environ la moitié du CO2 produit par les activités humaines à un moment

donné et rejeté dans l’atmosphère, y subsiste. L’autre moitié est actuellement

absorbée par l’océan8 et la végétation continentale : il faut environ un siècle

pour que la fraction transmise à l’atmosphère soit diminuée de moitié. La

93

connaissance des mécanismes d’échanges océan‐ atmosphère et

continent‐ atmosphère a fait de grands progrès mais reste encore incertaine pour

des prédictions plus précises à l’échelle du siècle. Cette connaissance dépend de

la description de la circulation e la complexité de la photosynthèse. ‐ 9 ‐ Les

incertitudes sur l’effet global indirect d’un changement de concentration du

CO2, avec toutes les rétroactions prises en compte, font l’objet de débats au sein

de la communauté des climatologues. La complexité des rétroactions a conduit

la majorité des scientifiques à conclure que les modèles

sont indispensables pour évaluer correctement cet effet indirect.

3. LES MODELES CLIMATIQUES

Les modèles climatiques se sont perfectionnés depuis 30 ans, prenant en

compte de nombreux mécanismes ignorés dans les premiers modèles.

Cependant, l’évaluation des incertitudes est au centre des débats.

3‐ 1. DEUX TYPES DE DESCRIPTIONS DES PROCESSUS

La modélisation des processus doit tenir compte de deux types de mécanismes

: tout d’abord ceux pour lesquels les processus physicochimiques sont bien

compris et peuvent être traduits en équations, et les autres, trop complexes, qui

ne peuvent être actuellement décrits que par des relations phénoménologiques

fondées sur des observations.

Dans le premier groupe figurent la circulation tridimensionnelle de

l’atmosphère et son évolution ; le forçage radiatif, qui fait l’objet d’une

modélisation physique du transfert de rayonnement au travers de l’atmosphère

gazeuse, prenant en compte sa composition chimique, la stratification de la

température et la présence d’aérosols

;

‐ l’hydrodynamique des modèles de circulation océanique.

Pour ces mécanismes, les limitations des résolutions spatiale et temporelle des

modélisations sont liées à la puissance des ordinateurs et aux performances des

algorithmes utilisés.

Le second groupe de processus demande une part de modélisation empirique.

Les rétroactions à un forçage, qui émergent des modèles, dépendent de

processus des deux types.

La rétroaction radiative de la vapeur d’eau à une élévation de température de

1,1 ± 0,2 °C produite par un doublement du CO2, conduit, dans toutes les

modélisations, à augmenter l’effet direct de 0,5 à 1 °C. Les recherches

continuent sur d’éventuels effets complémentaires induits. ‐ 10

L’effet des nuages — gouttelettes d’eau liquide ou particules de glace — peut

94

varier de manière importante selon les modélisations : la description de

l’évolution de la nébulosité reste unanimement reconnue comme la partie la plus

incertaine. Les nuages exercent deux effets antagonistes : un effet « parasol »

renvoyant le flux solaire vers l’espace (rétroaction négative par les nuages bas)

et un effet de serre (rétroaction positive par les nuages hauts). Les modèles les

moins « sensibles » prédisent un effet global des nuages approximativement

neutre, alors que les modèles plus « sensibles » conduisent à un réchauffement

supplémentaire de l’ordre de 2 °C, pour un doublement de la concentration en

CO2.

Les modèles climatiques actuels ont une résolution spatiale de plusieurs

dizaines, voire centaines de kilomètres, qui ne permet pas de décrire les nuages

individuellement mais seulement statistiquement, au travers de modèles

empiriques.

La distribution géographique du contenu en vapeur d’eau donnée par les

modèles les plus récents est très semblable à celle qui est observée, ce qui

conforte la modélisation.

Les variations multidécennales de l’océan (Oscillations Nord‐ Atlantique,

El Niño, …) sont encore difficiles à modéliser.

La fonte des glaces sous l’effet d’un réchauffement est un mécanisme

agissant à long terme. Les effets de la dynamique des calottes polaires

commencent à être pris en compte dans des modèles climatiques couplés.

Les effets de la végétation ou de la biologie marine, qui affectent directement

l’albédo des surfaces continentales ou marines, ne peuvent être modélisés à

partir de processus biologiques fondamentaux. L’albédo est décrit par des

relations empiriques, déduites d’une combinaison d’observations satellitaires et

au sol.

3‐ 2. TESTS DE VALIDATION

La démarche actuelle de validation des modèles climatiques est de travailler

avec une hiérarchie de tests. Le modèle est développé à partir d’études de

processus, telles que les campagnes d’observation d’un type de nuage ou de

végétation. Une fois sa formulation définie, on le fait fonctionner en « mode

météo » (court terme) ou en simulation des instabilités naturelles pluriannuelles,

ou encore par référence au cycle saisonnier ou aux climats anciens. Les

comparaisons avec les données d’observation sont faites sur un grand nombre de

paramètres. Elles constituent la seule façon de tester ces modélisations et de

comparer à la réalité l’amplitude des rétroactions révélées par les modèles.

95

9 La cryosphère désigne l’ensemble des glaces de la Terre (grandes calottes

glaciaires de l'Antarctique et du Groenland, glaciers de montagne, banquise).

La capacité des modèles climatiques à reproduire les évolutions passées du

climat à l’échelle pluridécennale est limitée par le fait que des données

homogènes ne sont apparues que dans les années 1970.

Des résultats très significatifs ont été obtenus : réchauffement plus fort à la

surface des continents quʹà la surface des océans, et plus fort encore dans les

régions arctiques, diminution des extrêmes de froid, augmentation de la

fréquence des événements extrêmes chauds, diminution globale de la

cryosphère9, réchauffement de lʹatmosphère tropicale plus fort en altitude quʹà la

surface, variabilité naturelle à lʹéchelle décennale des tendances globales au

réchauffement au cours du XXe siècle, décroissance de la surface des glaces de

mer arctiques à partir de 1975‐ 80.

La validité des projections pour les décennies à venir et leurs incertitudes sont

une question centrale. La comparaison des résultats de ces projections fournit

une indication sur les incertitudes dues aux différences de modélisation de

certains mécanismes. De plus, les mécanismes non encore identifiés ne sont

naturellement pas inclus dans les modèles.

Les corrélations directes purement statistiques entre deux quantités sont utiles

pour mettre en évidence des couplages non modélisés ou mal représentés, mais

non pour tester précisément les mécanismes internes aux modèles et leur

pertinence quant à la simulation des variations du climat. C’est une partie des

débats actuels entre scientifiques.

Les éventuels comportements fortement instables ou chaotiques du système

atmosphère‐ océan‐ cryosphère‐ surfaces continentales sont un autre facteur

important d’incertitude.

La nature des comportements chaotiques ou de bifurcations entre états bien

distincts du système climatique demeure ouverte et fait l’objet d’un intense

effort de recherche au niveau international.

CONCLUSIONS -LL

Plusieurs indicateurs indépendants montrent une augmentation du

réchauffement climatique.

Cette augmentation est principalement due à l’augmentation de la

96

concentration du CO2 dans l’atmosphère. L’augmentation de CO2 et, à un

moindre degré, des autres gaz à effet de serre, est incontestablement due à

l’activité humaine. Elle constitue une menace pour le climat et, de surcroît, pour

les océans en raison du processus d’acidification qu’elle provoque.

Cette augmentation entraîne des rétroactions du système climatique global,

dont la complexité implique le recours aux modèles et aux tests permettant de

les valider.

Les mécanismes pouvant jouer un rôle dans la transmission et

l’amplification du forçage solaire et, en particulier, de l’activité solaire ne sont

pas encore bien compris. L’activité solaire, qui a légèrement décru en moyenne

depuis 1975, ne peut être dominante dans le réchauffement observé sur cette

période.

Des incertitudes importantes demeurent sur la modélisation des nuages,

l’évolution des glaces marines et des calottes polaires, le couplage

océan‐ atmosphère, l’évolution de la biosphère et la dynamique du cycle du

carbone.

Les projections de l’évolution climatique sur 30 à 50 ans sont peu affectées

par les incertitudes sur la modélisation des processus à évolution lente. Ces

projections sont particulièrement utiles pour répondre aux préoccupations

sociétales actuelles, aggravées par l’accroissement prévisible des populations.

L’évolution du climat ne peut être analysée que par de longues séries de

données, à grande échelle, homogènes et continues. Les grands programmes

d’observations internationaux, terrestres et spatiaux, doivent être maintenus et

développés, et leurs résultats mis à la libre disposition de la communauté

scientifique internationale.

Le caractère interdisciplinaire des problèmes rencontrés impose

d’impliquer davantage encore les diverses communautés scientifiques pour

poursuivre les avancées déjà réalisées dans le domaine de la climatologie et pour

ouvrir de nouvelles pistes aux recherches futures.

‐ ACADEMİE DES SCİENCES DU KURDİSTAN

Centre de la Recherche Scientifique du Kurdistan Dr Ali KILIC,

Paris Berlin le 30 Nov.11 Déc 2015

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