suivi du pogamme gaines d’espéane au...
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1
Suivi du programme Graines d’Espérance au Liban
Juillet 2015
Les jeunes diplômés du bac technique électrotechnique
Résultats de l’enquête d’insertion professionnelle de la promotion 2014
2
SOMMAIRE
Introduction ...................................................................................................................................... 3
Accès à l’emploi des alumni ............................................................................................................... 5
Quelle est votre situation professionnelle au 31 Juillet 2015 ? ............................................................................. 5
Pendant combien de temps avez-vous cherché un emploi avant d’obtenir votre poste actuel ? ........................ 6
Comment avez- vous obtenu votre emploi actuel ? .............................................................................................. 6
Description de l’emploi ..................................................................................................................... 7
Quel est votre métier ? .......................................................................................................................................... 7
Adéquation entre le secteur d’activité et le domaine de spécialisation ............................................................... 9
Quel est le secteur d’activité de votre employeur ? .............................................................................................. 9
Dans quel type de structure travaillez-vous ? ..................................................................................................... 10
Quelle est la taille de la structure pour laquelle vous travaillez ? ....................................................................... 11
Dans quel mohafaza (province) du Liban travaillez-vous? ................................................................................. 12
Qualité de l’emploi ........................................................................................................................ 133
Quel est votre type de contrat ? ........................................................................................................................ 133
Comment évaluez-vous votre stabilité financière ? ............................................................................................ 14
A quel niveau de salaire vous situez-vous ? ......................................................................................................... 15
Etes-vous satisfaits de votre situation professionnelle ? .................................................................................... 17
Les alumni qui étudient ................................................................................................................... 18
La formation technique ....................................................................................................................................... 19
La formation universitaire ................................................................................................................................... 20
Témoignages des anciens élèves vis-à-vis du bac technique électrotechnique .................................. 23
Témoignages des employeurs et des professeurs vis-à-vis du bac technique électrotechnique ....... 234
Conclusion .................................................................................................................................... 245
3
Introduction
Présentation du projet Graines d’Espérances de l’IECD
Implanté au Liban depuis 1989, l’Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD) a pour
objectif d'améliorer la formation et l’accompagnement des jeunes afin de faciliter leur insertion professionnelle.
En 2007, une étude du marché du travail libanais a mis en évidence la vétusté de la formation du baccalauréat
technique en électricité. Fort de ce constat, l’IECD a lancé le projet Graines d’Espérances (GDE) en 2007 en
partenariat avec Semeurs d’Avenir et Schneider Electric East Mediterranean (SEEM), afin de moderniser la filière
technique dans les métiers de l'électrotechnique. La mise en œuvre du baccalauréat technique (BT) en
électrotechnique, accrédité par le ministère libanais de l’Education et de l'Enseignement supérieur en 2010, est le
résultat d’un travail pédagogique et technique de longue haleine, l’objectif final étant de former des techniciens
de l'électricité répondant aux attentes du marché du travail.
Les écoles partenaires du projet GDE
Les premières écoles de lancement du BT électrotechnique en 2010 sont l’école technique d’Amilieh au
sud de Beyrouth, celle du foyer de la Providence à Saida ainsi que l’institut Cortbawi à Adma. En 2011, trois autres
écoles s'associent au projet: l’école des Arts et Métiers de Dekwaneh, l’école technique de Hammana et celle de
Jabal Amel. Depuis septembre 2014, onze écoles partenaires publiques et privées proposent la formation BT
électrotechnique au Liban.
4
Présentation de l’enquête et de l’échantillon interrogé
Les diplômés de juin 2014 sont issus des six premières écoles de lancement. Un an plus tard, les alumni
ont emprunté différentes voies. Le but de cette enquête est de savoir que sont devenus les jeunes et si le BT
électrotechnique leur a permis d'accéder à une situation professionnelle satisfaisante.
L’enquête a été réalisée par entretien téléphonique entre le 6 juillet et le 31 juillet 2015, soit un an après
les examens finaux du BT électrotechnique. Elle a permis de recueillir des informations auprès de 72 diplômés sur
un total de 83 (totalité des diplômés de la promotion 2014 des écoles partenaires), soit un taux de réponse de
86%. Les 11 alumni injoignables ont changé de numéro de téléphone ou n'ont jamais répondu.
Les écoles en violet sont privées tandis que celles en bleu sont publiques.
31
18
13
9
6 5
0
5
10
15
20
25
30
35
École techniquedu Foyer de laProvidence à
Saida
InstitutCortbawi à
Adma
École des Artset Métiers de
Dekwaneh
École techniquede Amilieh à
Ghobeiry
École techniquede Hammana
École techniquede Jabal Amel
Écoles de provenance des diplomés en BT électrotechnique en 2014
0
5
10
15
20
25
30
35
18 ans 19 ans 20 ans 21 ans 22 ans 23 ans 24 ans
Âge des alumni de la promotion 2014 au 31 juillet 2015
La totalité de la promotion est
de sexe masculin, à noter également que
la formation accueille principalement
des élèves issus de milieux modestes.
5
Accès à l’emploi des alumni
Quelle est votre situation professionnelle au 31 juillet 2015 ? *
La catégorie « étudie et travaille » inclut à la fois ceux qui travaillent à mi-temps afin de pouvoir suivre leurs études en parrallèle,
et ceux qui travaillent uniquement l’été.
Sur le 72 jeunes diplomés interrogés, 23 travaillent uniquement, 26 étudient et travaillent en simultané
et 20 étudient uniquement. Par ailleurs, un est sans emploi et sans formation et 2 ont émigré pour les études à
Moscou1. Ainsi, un an après la fin du BT électrotechnique, 98% des alumni travaillent et/ou étudient.
La partie de l'étude concernant l'accès à l'emploi porte sur un échantillon de 49 alumni. Quant à celle
concernant la poursuite d'études, elle porte sur un échantillon de 46 jeunes diplômés.
1 Par manque d'informations supplémentaires, les deux alumni ayant émigré à Moscou n'ont pas été intégrés à l'étude.
29%
37%
33%
1%
Situation professionnelle au 31 juillet 2015
Étudie uniquement Étudie et travaille* Travaille uniquement Sans emploi et sans formation
6
Pendant combien de temps avez-vous cherché un emploi avant d’obtenir votre poste actuel ?
Un nombre important d'alumni ont commencé à travailler avant même l'obtention de leur diplôme BT. Au
Liban, il n'est pas rare de travailler dès l'âge de 16 ans, que ce soit avec sa famille ou dans le privé. Par ailleurs, il
est possible de s’engager dans l’armée libanaise dès l’âge de 16 ans tout en continuant ses études dans le
secondaire.
Ceux qui ont pu trouver un poste directement après obtention de leur diplôme étaient en partie des
stagiaires ayant fait leurs preuves dans leur structure d’accueil, et des élèves placés par le bureau d’orientation de
leur école.
Comment avez- vous obtenu votre emploi actuel ?
*Les responsables des bureaux d’orientation aident les élèves à trouver des stages ainsi qu'à s'orienter après le BT. Ils sont implantés dans 4 des 6 écoles de notre échantillon, mais ils ont vocation à s’étendre à toutes les écoles dans les mois à venir.
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Entre 6 et 12 mois
Entre 2 et 6 mois
Entre 1 et 2 mois
Immédiatement après le diplôme
Obtention avant le diplôme
Durée de recherche d'un poste après obtention du diplôme
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Grâce au bureau d'orientation de votre école*
Par une candidature spontanée
Grâce à vos relations
Grâce à votre réseau familial
Suite à un stage
En créant votre propre activité
Moyen d'obtention de l'emploi
7
Plus de la moitié des jeunes travailleurs ont obtenu leur emploi grâce à leur famille ou à leurs relations
amicales. Le "bouche à oreille" et les contacts personnels sont très importants au Liban pour trouver un emploi.
La forte présence d'entreprises familiales explique également que beaucoup de jeunes diplômés trouvent un
travail à travers leur famille. Enfin, les stages et les bureaux d'orientation ont permis à 8 alumni de trouver un
emploi, ce qui confirme leur importance dans les cursus scolaires.
Description de l’emploi
Quel est votre métier ?
Travaille dans le domaine de l'électricité
63%
N'a pas encore terminé ses études
17%
Travaille dans l'armée 10%
Projette d'immigrer pour pouvoir exercer
dans son domaine 10%
Ne travaille pas dans le domaine de
l'électricité 37%
Adéquation entre la formation et l'emploi
Hassan Hamdan, ancien élève en BT électrotechnique de
l’école d’Amilieh.
« Je travaille avec mon père depuis que j’ai 16 ans. Cet été, j’ai
repris l’entreprise familiale ; je vends des générateurs et me
charge de leur maintenance.
Je tiens à travailler et étudier en même temps car l’éducation
améliore le travail et, réciproquement, le travail donne du sens
à l’éducation. »
8
Parmi les 49 jeunes diplômés qui travaillent, 31 ont trouvé un emploi dans le domaine de l’électricité.
Parmi ceux qui travaillent dans le domaine de l’électricité, les métiers sont variables, ainsi que le degré de
responsabilité confiée. Voici quelques métiers qu’exercent les alumni :
- Technicien maintenance industrielle (maintenance des machines, du câblage…)
- Monteur-câbleur en électricité sur des bateaux
- Electricien dans le bâtiment (distribution et installation de tableaux d’électricité)
- Superviseur des électriciens sur des chantiers de panneaux publicitaires électriques
- Electrotechnicien (installation et maintenance de générateurs et de batteries)
- Monteur d’ascenseurs (installation du dispositif électrique et mécanique)
- Installateur de systèmes de sécurité (alarmes, capteurs…)
Parmi les 49 jeunes diplômés qui travaillent, 18 n’ont pas trouvé un emploi dans le domaine de
l’électricité.
Ceux qui ne travaillent pas dans le domaine de l’électricité occupent des emplois qui ne nécessitent pas de
qualification post-bac. Voici une liste non-exhaustive de métiers exercés par les jeunes diplômés :
- Policier (contrôle de la circulation routière)
- Agent d’enregistrement des passeports à l’aéroport
- Vendeur dans un magasin de prêt à porter
- Serveur dans un restaurant
- Ouvrier à la chaine
Le nombre de jeunes diplômés travaillant dans un domaine déconnecté de leur formation est important, mais
il reste à relativiser. Sur les 18 concernés, 8 n’ont pas encore terminé leurs études: il ne s’agit donc pas de leur
métier à proprement parler mais plutôt d’un travail temporaire en attendant d’avoir un diplôme universitaire à
faire valoir.
En revanche, les 10 restants n’ont pas réussi à trouver un emploi dans leur domaine. Leur situation
économique les contraint à intégrer directement le marché du travail, quitte à abandonner leur domaine de
Charbel Lebnen, ancien élève en BT électrotechnique de
Dekwaneh
« Après la fin de mon BT, j’ai pu trouver un travail en
deux semaines avec une entreprise qui offre des services
d’équipements électriques et de "Home Automation". J'ai
ensuite trouvé un travail dans la maintenance des
générateurs et l’assemblage des tableaux électriques. A
présent, je travaille à Lift Tech, une entreprise
d’ascenseurs. Au début, j’ai commencé dans la
maintenance des ascenseurs mais, progressivement, j’ai
appris à les installer en observant le travail de mes
collègues. »
9
spécialisation. Dans l’ensemble, ils sont insatisfaits de leur situation. Deux types de profils méritent d’être
soulignés:
Ceux qui partent à l’armée ou à la police par attrait de la sécurité de l’emploi et des avantages
économiques associés (ils sont 5 de la promotion 2014).
Ceux qui travaillent hors domaine dans l’attente d’obtenir un visa pour travailler en Arabie Saoudite, dans
les pays du Golfe ou en Afrique en tant qu’électrotechnicien (ils sont également 5 de la promotion 2014).
Adéquation entre le secteur d’activité et le domaine de spécialisation
Travaille dans le domaine de l’électricité
Ne travaille pas dans le domaine de l’électricité
Construction 10 1
Industrie manufacturière 3 1
Commerce - 5
Défense - 4
Services 18 7
Installation et maintenance de matériels électriques
18 -
Restauration - 4
Autres services - 3
Quel est le secteur d’activité de votre employeur ?
Défense 10%
Commerce 10%
Construction 22%
Industrie manufacturière
8%
Installation et maintenance de
matériel électrique 36%
Restauration (8%)
Autres services (6%)
Services 50%
Secteur d'activité de l'employeur
10
Dans quel type de structure travaillez-vous ?
La catégorie "entreprise familiale" désigne des petites structures informelles où les travailleurs sont tous de la même famille. La catégorie
"indépendant" concerne ceux qui ont créé leur propre entreprise et qui travaillent à leur compte (donc qui n'ont pas encore d'employés).
23%
55%
12%
10%
Type de structure
Entreprise familiale
Entreprise privée
Indépendant
Armée / police nationale
Ziad Bou Sakr, directeur de l’école technique de
Hammana
« Je dirais que 80% des élèves issus du BT
électrotechnique travaillent dans l’installation électrique
dans le bâtiment. L’avantage pour les techniciens dans
le chantier, c’est que c’est un métier rentable à court
terme. Le problème, c’est que sur le long terme, ce n’est
pas un métier stable et les revenus sont très variables.
L’idéal est de travailler dans l’industrie car
généralement, les employés ont un contrat et la sécurité
sociale. »
11
Quelle est la taille de la structure pour laquelle vous travaillez ?
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
Une seule personne Très petiteentreprise (1-4
personnes)
Petite et moyenneentreprise (5-49
personnes)
Grande entreprise(plus de 50personnes)
Administrationpublique
Taille de la structure
Les entreprises familiales sont une
particularité du tissu économique au Liban ; sur
les 49 jeunes diplômés ayant un emploi, 11
travaillent avec leurs parents tandis que 27
travaillent pour une entreprise privée.
Les structures indépendantes (à son
compte) sont également très présentes au Liban
mais seulement 6 alumni ont créé leur propre
entreprise (12% des alumni qui travaillent). Etre
indépendant présente un risque d’isolement et
de précarité ce qui explique qu’un jeune diplômé
préfère être employé par une entreprise dans les
premières années suivant l’obtention de son
diplôme. Néanmoins, certains d’entre eux
démontrent un véritable esprit d’initiative et
projettent déjà de créer leur propre entreprise.
Marc Chouchani, ancien élève du BT électrotechnique de
Dekwaneh
« Quand je finirai mes études, je voudrais aller quelques
années en Arabie Saoudite pour pouvoir économiser et créer
ma propre entreprise en rentrant au Liban. »
12
63% des jeunes diplômés ayant un emploi travaillent dans une structure de moins de 50 employés. En effet, au Liban, les très petites, petites et moyennes entreprises dominent largement le paysage
économique ; en 2006, 97% des entreprises au Liban avaient moins de 10 employés2. Par ailleurs, la plupart de ces
structures sont familiales et visent un marché très local.
Dans quel mohafaza (province) du Liban travaillez-vous?
La majorité des alumni travaillent dans le mohafaza du Mont Liban et Beyrouth. Cette répartition inégale
s'explique principalement par le fait que:
Sur les 6 écoles concernées par l’enquête, 4 se situent dans le Mont Liban et 2 dans le Liban Sud.
Le Mont Liban est la région la plus économiquement active, Beyrouth et sa banlieue étant ainsi des zones
privilégiées pour l’implantation des entreprises étrangères et des industries.
Le sud du Liban et les zones rurales du Mont Liban sont particulièrement touchées par le chômage. Les
étudiants issus de Hammana, du foyer de la Providence (Saida) et de Jabal Amel (Tyr) ont des difficultés à trouver
des emplois dans le domaine de l’électricité ce qui explique que certains migrent à Beyrouth et ses environs.
D’autres sont contraints de travailler dans d'autres domaines que l'électricité.
2 Rapport de 2006 publié par Kamal Hamdan, alors directeur du Centre libanais de recherche et d’études.
61%
35%
4%
Répartition par mohafaza des alumni en activité professionnelle
Le Mont Liban etBeyrouth
Le Liban Sud
La Bekaa
Ziad Bou Sakr, directeur de l’école technique de Hammana
« Hammana est situé dans la montagne, loin de la ville et de ses industries. La
seule industrie que nous ayons par ici est l’entreprise Sohat de Nestlé. Trois de
nos étudiants de la promotion 2014 travaillent au port de Beyrouth, mais la
distance est importante et l'aller-retour à la journée fatigue beaucoup. Il y a des
chantiers de construction dans la région de Aley mais ce n’est pas suffisant pour
donner du travail en continu aux techniciens. »
13
Qualité de l’emploi
Quel est votre type de contrat ?
*entraide familiale (ou family business): cette catégorie désigne ceux qui travaillent avec leurs familles et qui n'ont pas de contrat légal. Elle
est à distinguer des "sans contrat" car elle ne reflète pas l'instabilité de cette dernière catégorie.
Exemple de lecture : Parmi les 10 qui travaillent avec leurs familles, 3 travaillent uniquement, 4 étudient et travaillent en même temps et 3
sont des étudiants qui travaillent uniquement pendant leurs vacances d’été.
0
2
4
6
8
10
12
14
Travaille pendant lesvacances scolaires d'été
Travaille en parallèle deses études
Travaille uniquement
Type de contrat en fonction de la situation professionnelle de l’alumni
Georges Dib, directeur des études au foyer
de la Providence
« Dans le sud du Liban, les besoins en
matière d’électrotechnique se limitent à
l’installation électrique et à la maintenance
de générateurs. Cela réduit le champ des
possibilités, que ce soit pour trouver un
emploi ou un stage. Nous n’avons pas
d’usines dans le Sud, or ce sont les usines
qui assurent les meilleurs débouchés et le
plus de stabilité dans l’emploi.»
14
1/4 des jeunes travailleurs ont un contrat à durée indéterminée, tandis que 1/5 travaillent sans contrat.
La présence ou non d'un contrat est décisive pour l’alumni ; les CDI et CDD sont systématiquement
accompagnés d’avantages économiques (sécurité sociale, transports) tandis que ceux qui travaillent sans contrat
ont des situations très variables. Si la stabilité de l’emploi dépend largement de la légalité du contrat, elle repose
également sur l’entraide familiale, qui est une garantie morale pour les individus.
Comment évaluez-vous votre stabilité financière ?
67% des jeunes travailleurs ont un revenu mensuel stable.
Parmi les 49 alumni qui travaillent, 6 ne souhaitent pas donner d’informations concernant leur revenu, ce qui
biaise le résultat de l’enquête. 4 ont un revenu très variable, entièrement dépendant de la période de l’année et
des commandes des clients. Leur revenu mensuel n’a donc pas pu être établi.
Il est primordial de distinguer les travailleurs bénéficiant de la sécurité sociale et d'une indemnisation pour les
transports, de ceux qui ne perçoivent que le salaire brut. En fonction de la distance entre le lieu de résidence et le
lieu de travail, le coût de déplacement peut atteindre des montants importants (certains allant jusqu'à
200$/mois). La sécurité sociale est par ailleurs un avantage fondamental (cotisation retraite, couverture maladie).
13%
9%
38%
29%
11%
Stabilité financière des alumni en activité professionnelle
Ne souhaite pas répondre
Revenu très irrégulier
Revenu régulier mais pas de sécurité socialeni de transports
Revenu régulier avec sécurité sociale ettransports
Pas de revenus (entraide familiale, stages…)
15
A quel niveau de salaire vous situez-vous ? ($/mois)
Revenu mensuel des travailleurs ayant un salaire
régulier (en dollars)
Salaire le plus bas 200
Quartile 1 600
Salaire médian 700
Quartile 3 835
Salaire le plus haut 2000
L’écart entre le salaire le plus bas (200$) et le salaire le plus haut (2000$)3 ne doit pas faire perdre de vue
que 50% des travailleurs ont un salaire compris entre 600$ et 835$ par mois.
Considérant le coût de la vie au Liban, le salaire médian des alumni (700$/mois) peut sembler faible. Cependant, il
est à relativiser:
Les alumni manquent d’ancienneté dans leur structure d'accueil or le salaire augmente avec le temps.
Une partie d'entre eux travaillent dans des zones économiquement faibles (zones rurales, le Sud Liban…).
Ils ont un niveau de qualification "baccalauréat technique": un niveau post-bac est davantage gratifiant
pour ce qui est des salaires.
3 Un seul jeune diplômé gagne 2000$/mois. Son cas est une exception: il travaille avec sa famille dans le secteur de la construction et
l'entreprise familiale reçoit beaucoup de commandes. Son salaire ne correspond pas aux normes du marché.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Moins de400$
400-500$ 500-600$ 600-700$ 700-800$ 800-900$ 900-1000$ Plus de1000$
Revenus des travailleurs ayant un salaire régulier (par mois en dollars)
Georges Bou Madi, superviseur à Mitsulift, une
entreprise d'ascenseurs
«Selon les règles du marché, un technicien qui a un
niveau BT sera payé 650/700$ maximum au début
de sa carrière tandis qu'avec un niveau TS (bac+2),
il sera payé 750$. Avec un niveau licence (bac+3),
un technicien est payé 800$. Bien-sûr, si le
technicien gagne en responsabilité et devient
superviseur, son salaire va augmenter
proportionnellement. »
16
Une partie des alumni interrogés reconnaissent avoir un faible salaire mais n’expriment pas d’inquiétude; ils
ont reçu des promesses d’augmentation et se voient déjà évoluer. Néanmoins, d'autres se disent très insatisfaits
de leur revenu et des perspectives d'emploi qui s'offrent à eux. Les conditions de travail et de rémunération dans
les pays du Golfe attirent plusieurs alumni, qui n’attendent plus que l’obtention de leur visa pour partir.
Georges Dib, directeur des études au foyer de
la Providence
« Le salaire dépend de la région, de la structure
qui emploie, de la motivation de l’élève…
Disons que dans le Sud, 600$ par mois est un
bon salaire pour un élève diplômé en bac
technique. Je pense que 500$ est le salaire de
base. En revanche, avec un niveau de
technicien supérieur, le salaire commence à
700-800$ par mois. Il n’y a pas de secret, le
niveau d’études définit le salaire. Tous les
élèves qui en ont les moyens continuent les
études après le bac technique. »
Ziad Bou Sakr, directeur de l’école technique de
Hammana
« Au Liban, quand on débute dans un poste, le
salaire est toujours faible. Quand on travaille dans
un domaine précis, les premiers mois sont à
considérer comme un stage. Si le jeune employé
démontre son sérieux et sa compétence, son
supérieur l’augmentera très vite. Pendant la
première année, un salaire de 400-500$ n’est pas
choquant ; il correspond au niveau débutant de
l’employé. »
17
Etes-vous satisfaits de votre situation professionnelle ?
Globalement, les alumni sont « plutôt satisfaits » de leur situation professionnelle. 70% des jeunes
diplômés se disent satisfaits ("très" et "plutôt satisfaits") de leur poste ainsi que des responsabilités qui leur sont
confiées et 81% se disent satisfaits de la distance entre leur lieu de travail et de résidence. Enfin, 64% des alumni
sont satisfaits de leur salaire.
'
Ceux qui ne sont « pas satisfaits » ont été contraints de prendre un emploi précaire et mal rémunéré
plutôt que de rester inactifs. Par exemple, trois alumni travaillant sur le port de Beyrouth se plaignent des
conditions de travail et d’un salaire trop faible au vu de la pénibilité du travail. Ils ne sont pas les seuls à aspirer à
un autre emploi; sur les 49 alumni qui travaillent, 5 déclarent chercher activement un autre emploi, soit 10%
d'entre eux.
17%
47%
12%
17%
7%
Satisfaction concernant la rémunération
Très satisfait
Plutôt satisfait
Plutôt pas satisfait
Pas satisfait
Ne souhaite pasrépondre
34%
36%
9%
21%
Satisfaction concernant le poste
Très satisfait
Plutôt satisfait
Plutôt pas satisfait
Pas satisfait
60% 21%
19%
Satisfaction concernant la distance entre le lieu de travail et
de résidence
Très satisfait
Plutôt satisfait
Pas satisfait
18
Les alumni qui étudient Sur les 72 jeunes interrogés, 46 poursuivent leurs études (soit 62%). Parmi eux, 20 se consacrent exclusivement à
leurs études, 15 travaillent parallèlement à leurs études, et 11 travaillent pendant les vacances scolaires.
Après le BT, les alumni souhaitant continuer les études dans le domaine de l’électricité ont deux
possibilités. D’une part ils peuvent poursuivre la formation technique : le diplôme de technicien supérieur
s’acquiert en 2 ans et peut être suivi d’une licence technique en 1 an. D’autre part, ils peuvent intégrer l’université
et obtenir en 5 ans un diplôme d’ingénieur.
Il est possible de rejoindre l’université après les deux ans de TS ou après l’année de LT. Après la licence
technique, les élèves peuvent intégrer la licence d’ingénieur directement en 4ème année, mais le système
d’équivalences les oblige parfois à répéter une année, ce qui rallonge le parcours pour devenir ingénieur.
19
Poursuivez- vous des études techniques ou universitaires ?
Parmi les 46 alumni qui poursuivent leurs études, 25 choisissent la formation de technicien supérieur.
Choix d'établissement des alumni qui poursuivent des études de TS
Établissements techniques Nombre d’alumni
Institut du foyer de la Providence 10
École des Arts et Métiers - Dekwaneh 5
Institut technique d’Eddé 4
École technique de Bir Hassan 3
École technique d’Aajaltoun 2
Ecole technique de Chhim 1
Poursuite d'études en TS
53%
Poursuite d'études à l'université
47%
Choix de poursuite d'études dans le supérieur: TS ou université
L’immense majorité des diplômés
en électrotechnique qui poursuivent des
études de TS choisissent la spécialisation
électricité, ce qui est la suite logique du
BT électrotechnique. Quelques autres se
tournent vers d’autres spécialités
(électromécanique, informatique
industrielle).
Marc Chouchani, ancien élève du BT électrotechnique de
Dekwaneh. Il étudie à présent en TS électricité à l’institut
technique d’Aajalatoun.
« J’ai choisi une éducation technique parce que j’aime la mise en
application et le côté pratique. Ce qui me plaît dans
l’électrotechnique, c’est que c’est un domaine très large avec des
débouchés importantes.»
20
Quels sont vos projets après obtention de votre diplôme de technicien supérieur ?
La majorité des étudiants en TS souhaitent continuer leurs études afin d’obtenir un diplôme universitaire
d’ingénieur.
Parmi les 46 alumni qui poursuivent leurs études, 21 choisissent la filière universitaire.
Choix d'établissement des alumni qui poursuivent des études universitaires
Établissements universitaires Nombre d’alumni
Lebanese International University (LIU) 8
Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) 4
Beirut Arab University (BAU) 3
Notre Dame University (NDU) 2
Lebanese Canadian University (LCU) 1
Arts Sciences and Technology University in Lebanon (AUL)
1
Arab Open University (AOU) 1
American University of Science and Technology (AUST) 1
La société libanaise valorise les diplômes universitaires plutôt que les formations techniques. Les alumni
du BT électrotechnique qui ont les capacités scolaires et les ressources financières choisissent généralement de
continuer leurs études à l’université, l’idéal étant le diplôme d’ingénieur qui confère un statut social et un salaire
élevé. Toutefois, le Liban compte trop d'ingénieurs, l'offre étant supérieure à la demande. A l'inverse, il n'y a pas
suffisamment de techniciens. Paradoxalement, les jeunes ingénieurs se retrouvent au chômage, ou doivent
accepter une faible rémunération qui n'est pas en phase avec leurs compétences. Cela conduit les jeunes
diplômés à émigrer.
56%
13%
9%
22%
Perspectives d'avenir des étudiants en TS
Veut devenir ingénieur
Veut obtenir un niveau LT
Veut obtenir un niveau TS
Ne se projette pas encore
21
Au Liban, les études d'ingénieur se font en 5 ans (maitrise, ou degree en anglais). Les licences d'électromécanique ou d'informatique se font
en 3 ans mais ne permettent pas d'accéder au diplôme d'ingénieur.
Parmi les 21 alumni qui suivent des études universitaires, 14 seulement poursuivent dans le domaine de
l’électrotechnique.
Ceux qui ne sont pas inscrits dans la filière électrotechnique sont soit intéressés par d’autres spécialités,
soit n’ont pas réussi à s’adapter au niveau d’exigence des maitrises d’ingénieur. Le BT électrotechnique est
exigeant sur le plan pratique tandis que le bac général est davantage théorique. L’université est dans le
prolongement du bac général, ce qui explique que les alumni aient des lacunes théoriques à combler à l’université
(généralement dans les matières scientifiques et en langues).
Maitrise d'ingénierie électrique et
électronique, 5
Maitrise d'ingénierie électrique, 2
Maitrise d'ingénierie
industrielle, 2
Maitrise d'ingénierie mécatronique, 1
Licence d'électromécanique, 4
Maitrise d'ingénierie mécanique, 1
Maitrise d'ingénierie informatique, 1
Licence d'informatique, 2
Licence d'architecture d'intérieur, 1
Licence de marketing, 1
Licence de gestion hôtelière, 1
Hors domaine électrotechnique, 7
Spécialisation universitaire
Sœur Souhaila, directrice de l’institut Cortbawi
« J'encourage beaucoup mes élèves à continuer les études supérieures. Ceux
qui commencent directement à travailler après le BT sont dans le besoin
matériel. C’est important de continuer les études si on le peut, car lorsque
l'on a la technicité et la praticité, on est autrement qualifié et rémunéré.
C’est vrai que nous avons besoin de praticiens, et pas seulement de
théoriciens. Mais le salaire et la reconnaissance sociale dépendent du
diplôme. Il faut tenir la théorie et la pratique, le savoir et le savoir-faire ».
22
Hassan Hamdan, ancien élève de Amilieh, il étudie à présent
l’ingénierie industrielle à l’Université Internationale Libanaise
(LIU).
« Pour aller à l’université directement après le Bac Technique, il
faut faire un grand effort personnel. C’est dur mais avec de la
motivation, on y arrive. J’ai eu des difficultés avec la physique, la
chimie et les maths. Par contre, j’étais très bon dans toutes les
matières pratiques. »
23
Témoignages des anciens élèves
vis-à-vis du bac technique
électrotechnique
Elie Chamoun, ancien élève du BT électrotechnique de Dekwaneh, sur son lieu de travail.
Elie Chamoun, ancien élève du BT
électrotechnique de Dekwaneh
Installe des tableaux électriques pour l’entreprise HITEK à
Sin el Fil.
« J’aime mon travail pour les responsabilités
qui me sont confiées et la bonne entente entre
collègues. Dès le commencement, je me suis
senti à l’aise ; ma formation en
électrotechnique m’a permis de me distinguer
des autres. Par exemple, le cours de "home
automation" m’a aidé à résoudre des situations
que mes collègues n’avaient jamais vues
auparavant. Je vois que ma formation me
donne une valeur ajoutée. »
Charbel Lebnen, ancien élève du BT
électrotechnique de Dekwaneh
Installe des ascenseurs pour l’entreprise Lift Tech.
« Ma formation BT en électrotechnique m’a
permis de trouver rapidement mes repères. Par
exemple, dans mon premier travail, un client
voulait que l’on installe un système de sonnerie
compliqué. Le technicien avec qui je travaillais
le trouvait infaisable, mais j’ai trouvé une
solution grâce à mon bagage technique.
Maintenant, je travaille seul. »
Charbel Chdid, ancien élève du BT
électrotechnique de Cortbawi
Travaille avec l’entreprise Unipac du groupe industriel
Indevco dans la maintenance de machines.
« Au travail, je vois très clairement la différence
entre les employés qui, comme moi, ont suivi la
formation BT électrotechnique et ceux qui ont
fait un BT électricité. Je vois que mes
compétences sont davantage adaptées aux
besoins dans le monde du travail. Le BT
électrotechnique a développé mon sens de la
logique, j’ai appris à penser par moi-même et à
résoudre différents types de problèmes
techniques, sur des machines modernes. »
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Témoignages des professeurs et
des employeurs
vis-à-vis du bac technique
électrotechnique
Cérémonie de remise des diplômes de la promotion 2014
(en mai 2015)
Ziad Bou Sakr, directeur de l’école
technique de Hammana
«L’électrotechnique, c’est la symbiose de
l’électricien et de la supervision.
L’électricien seul ne sait pas programmer.
L’électrotechnicien est plus proche du
marché du travail. En fait, l’ancien BT
électricité est inclut dans le nouveau BT
électrotechnique. L’ancien était trop
théorique alors que le nouveau insiste sur
la pratique. Tout est davantage poussé
dans la nouvelle méthode. Les nouveaux
examens sont des études de cas, des mises
en application. C’est beaucoup plus
formateur et stimulant pour les élèves. »
Georges Bou Madi, manager à Mitsulift
Il est le manager des techniciens à Mitsulift,
notamment de Joseph Saadé, un jeune diplômé du
BT électrotechnique promotion 2014.
« Joseph Saadé est le plus compétent de
nos jeunes techniciens. Il sait lire un
schéma électrique très rapidement. Il a
beaucoup d'idées et de pensée logique. Il
sait résoudre des problèmes techniques
tout seul, et a un fort esprit d'initiative. Je
le trouve davantage compétent que
d'autres techniciens qui sortent d'une
formation du CNAM. »
25
Conclusion
La promotion 2014 du BT électrotechnique compte 83 élèves. 72 ont pu être interrogés dans le cadre de
cette enquête. Les résultats sont les suivants:
33% des interrogés travaillent, 29% étudient et 36% étudient et travaillent en même temps. Lorsque le
BT électrotechnique a été mis en œuvre entre 2007 et 2010, l'objectif était de former des techniciens
employables dès l'obtention de leurs diplômes. Or, les deux tiers des alumni continuent leurs études après le BT
afin d'avoir un meilleur statut social et professionnel. Par ailleurs, la moitié des alumni continuant leurs études
choisissent la voie universitaire tandis que l'autre moitié reste dans la formation technique.
63% des alumni qui travaillent exercent un métier dans le domaine de l'électrotechnique. Les métiers
pratiqués au sein de ce domaine sont variés, allant du technicien en maintenance industrielle au monteur–câbleur
d'ascenseurs. 60% travaillent dans les services d'installation et de maintenance de systèmes électriques, et 40%
dans la construction et l'industrie manufacturière.
En revanche, ceux qui ne travaillent pas dans le domaine de l'électrotechnique (soit 37%) sont
globalement insatisfaits de leur situation professionnelle. Pour la plupart, ils ont été contraints de commencer à
travailler dès l'obtention de leurs diplômes, quitte à abandonner leur domaine de spécialisation, l'électricité.
Le salaire médian des jeunes interrogés est de 700$/mois, ce qui est un montant satisfaisant pour des
jeunes recrutés. Par ailleurs, 40% des jeunes travailleurs ont un contrat de travail, ce qui leur donne accès à la
sécurité sociale et à une stabilité de l'emploi. Enfin, 1/5 des alumni travaillent avec leurs familles, dans de petites
structures avec un marché très local.
Une ligne de fracture se dessine entre les élèves issus des écoles dans la banlieue de Beyrouth (les écoles
de Dekwaneh, Amilieh et Cortbawi) et celles situées dans les régions rurales (Hammana) et le sud du Liban (les
écoles de Jabal Amel et du foyer de la Providence). La quasi inexistence de grandes entreprises et d'usines dans
les zones rurales et celles du Sud réduit les opportunités de travail dans le domaine de l'électricité. Seuls les
secteurs de la construction et de la maintenance de générateurs sont porteurs d'emploi dans ces régions.
Il a été établi que la formation en électrotechnique répond efficacement aux besoins du marché et que les
élèves issus de ce BT sont très compétents sur le plan pratique. Pourquoi alors n'y a-t-il pas davantage d'alumni
qui trouvent un travail satisfaisant dans leur domaine? Quelques pistes de réflexion peuvent être avancées,
notamment les inégalités face au chômage en fonction des régions et le renforcement du dialogue entre les
écoles techniques et les entreprises en besoin d'électrotechniciens. Enfin, les modules du BT électrotechnique
pourraient être adaptés école par école, en fonction des besoins dans chaque zone géographique, de manière à
ce que les jeunes diplômés puissent s'insérer au mieux dans le marché du travail de leur région.