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Maître d'ouvrage : -Août 2001- -Rapport final - Maître d'oeuvre : SUIVI DE LA COLONISATION DE RECIFS ARTIFICIELS EN 2001 EN BAIE DE SAINT-PAUL

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Maître d'ouvrage :

-Août 2001-

-Rapport final -

Maître d'oeuvre :

SUIVI DE LA COLONISATION

DE RECIFS ARTIFICIELS EN 2001

EN BAIE DE SAINT-PAUL

Client :

Comité Régional des Pêches Marines et des Elevages Marins (CRPMEM)

Dossier n° : A 35 Contrat n° : Convention A 35

Titre : Suivi de la colonisation de récifs artificiels en baie de

Saint-Paul (en 2001).

Rapport final

Nb pages : 39 Nb annexe : 1 Nb figures : 16 Nb cartes: 1 Nb planches : 2 Nb photos : 10

Date : Novembre 2001

Auteurs : POTHIN K., TESSIER E., TURQUET J., JACQUET C., CHABANET P. et QUOD J.P.

Diffusion • Libre • Restreinte • Confidentielle

Résumé : A La Réunion, dans le cadre d’actions de gestion du littoral, des récifs artificiels expérimentaux ont été implantés en Baie de Saint-Paul par le CRMEM. Cette étude concerne l’aménagement et le suivi de la colonisation de 3 de ces récifs au travers d’évaluations qualitatives et quantitatives des peuplements ichtyologiques. Les récifs ont bien rempli leur rôle de concentrateurs de poissons puisqu’une quarantaine d’espèces regroupées en 4 familles principales (Lutjanidés, Mullidés, Chaetodontidés, Carangidés) ont colonisé les 3 récifs. Le nombre d’espèces, dans ces 2 structures, est stable dans le temps contrairement à l’abondance. De plus, les récifs, différents de par leur situation géographique, se distinguent les uns des autres. D’un point de vue méthodologique, les deux techniques utilisées (mesure direct et vidéo) ont montré des performances différentes, mais complémentaires. Coordonnées : Maître d’ouvrage : CRPMEM (Comité régional des pêches marines et des élevages marins), 47, rue Evariste de Parny, 97420 Le Port, Tel : 0 262 42 23 75, Fax : 0262 42 24 05. E-mail : [email protected] Maître d’œuvre : ARVAM (Agence pour la recherche et la valorisation marines), 14, rue du stade de l’Est, 97490 Sainte-Clotilde, La Réunion, Tél : 02 62 28 39 08, Fax : 02 62 28 08 81, E-mail : [email protected]

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 1

SOMMAIRE

1. CONTEXTE ET OBJECTIFS_________________________________ 2 1.1. Contexte.__________________________________________________________2

1.2. Objectifs spécifiques ________________________________________________2

1.3. Résultats attendus __________________________________________________2

2. RAPPEL BIBLIOGRAPHIQUE_______________________________ 3

2.1. Fonction des récifs artificiels _________________________________________3

2.2. Raisons de l’attraction des récifs ______________________________________4

2.3. Fonctionnement des récifs artificiels ___________________________________4

2.4. Méthodes de suivi __________________________________________________4

3. MATERIELS ET METHODES _______________________________ 6 3.1. La Baie de Saint-Paul _______________________________________________6

3.2. Les récifs artificiels _________________________________________________6 3.2.1. Situation géographique des récifs artificiels ______________________6 3.2.2. Structure des récifs artificiels __________________________________7 3.2.3. Mise en place des récifs_______________________________________8

3.3. Méthodes de suivi _________________________________________________10 3.3.1. Acquisition des données in situ________________________________10 3.3.2. Utilisation de la vidéo _______________________________________10 3.3.3. Méthode de comptage visuel __________________________________12

3.4. Comparaison des méthodes _________________________________________13 3.4.1. Similitudes ________________________________________________13 3.4.2. Biais _____________________________________________________13

4. RESULTATS ET DISCUSSIONS_____________________________ 14 4.1. Calendrier des sorties ______________________________________________14

4.2. La colonisation____________________________________________________14 4.2.1. Populations benthiques habituellement présentes_________________15 4.2.2. Populations ichtyologiques ___________________________________16

4.3. Comportement des poissons dans les RAR_____________________________31

4.4. Méthodologie _____________________________________________________32 4.4.1. Comparaison du protocole ECOMAR et du protocole de cette étude __32 4.4.2. Comparaison des méthodes de comptage (visuel/vidéo) ____________ 33

5. SYNTHESE_______________________________________________ 36

6. CONCLUSIONS/RECOMMANDATIONS_____________________38

7. BIBLIOGRAPHIE _________________________________________ 39

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1. CONTEXTE ET OBJECTIFS

1.1. Contexte. A l’heure actuelle, de très nombreux pays ont une politique d’immersion de récifs artificiels. En Europe, les pouvoirs publics participent de plus en plus aux projets s’intégrant dans une stratégie de développement de la bande côtière. Depuis 1995, un réseau européen de recherche a été mis en place. Cette même année, à La Réunion, des récifs ont été implantés dans la Baie de Saint-Paul par les pêcheurs de la Baie. A la Réunion, une première étude (pilotée par le Comité Régional des Pêches Marines et des Elevages Marins, CRPMEM) a constitué un des éléments montrant la participation de plus en plus active des pêcheurs aux actions de gestion du littoral. Cette première étude, réalisée en 1998 sur les récifs artificiels et le recrutement larvaire, avait montré l’impact significatif des DCP implantés actuellement en baie de Saint-Paul sur les captures de petits pélagiques côtiers. Cependant, les dispositifs immergés devaient être optimisés (architecture, agencement, …) afin d’avoir un impact également sur certaines espèces démersales d’intérêt commercial. Dans le cadre de cette deuxième phase, le CRPMEM a immergé des dispositifs d’un nouveau type, dans 3 secteurs de la baie de Saint-Paul. Les objectifs généraux de cette opération visent à :

(i) enrichir un milieu à faible capacité productive et (ii) offrir différentes options de gestion (repeuplement, pêche, aquaculture, …).

1.2. Objectifs spécifiques La présente étude concerne :

(i) l’aménagement définitif des récifs pour un suivi optimum, (ii) la mise en place et l’optimisation de l’utilisation de la vidéo en tant qu’outil de

comptage des populations ichtyologiques et (iii) le suivi scientifique des dispositifs immergés, et en particulier celui de la

colonisation par les poissons et certains organismes benthiques.

1.3. Résultats attendus Les résultats concernent essentiellement la description de la colonisation des récifs artificiels immergés et de l’évolution des peuplements ichtyologiques afin de mieux comprendre le fonctionnement ou l’impact écologique du récif artificiel. Ils passent par la mise en œuvre effective du protocole vidéo expérimental élaboré par le laboratoire d’écologie marine de l’université de La Réunion (ECOMAR) l’année dernière (Lacour, 2000).

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2. RAPPEL BIBLIOGRAPHIQUE L’utilisation des récifs artificiels pour la pêche n’est pas nouvelle et remonte au Moyen-Age pour le Japon et seulement en 1894 pour la France. Depuis, les structures ont évolué et se sont diversifiées de par le monde. Au Japon et dans beaucoup d’autres pays (35 pays identifiés par Stone et al., 1991), ces immersions de récifs artificiels constituent un véritable enjeu économique et écologique. Au départ, ces structures n’avaient pour finalité que de créer des lieux de pêche accessibles et productifs (biomasse variée et riche) dans des lieux habituellement très appauvris. Peu à peu ces structures ont vu leur rôle s’intensifier et se diversifier. Elles sont devenues (i) des modèles pour l’étude scientifique, (ii) des zones de protection contre une pêche intempestive et destructrice, (iii) des sites de loisir, (iv) des créations de nouveaux habitats… et ceci grâce à leur grande variabilité, leur flexibilité et leur capacité d’accueil. Le choix des sites se fait selon des paramètres :

• biologiques • physiques (vagues et courants, profondeur, qualité de l’eau) • morpho-sédimentaires (topologie, nature du fond) • socio-économiques (accès au site, coût des installations) • météorologiques • juridiques (autorisation d’exploitation par concession sur le domaine maritime, cf

décret N° 83-228 du 22 mars 1983)

2.1. Fonction des récifs artificiels Parmi les structures utilisées dans le milieu naturel pour concentrer les poissons, on distingue deux types d’outils :

• Les Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) utilisés essentiellement pour concentrer des espèces pélagiques.

• Les Récifs artificiels qui sont des structures constituées de matériaux divers posées sur le fond marin et qui concentrent essentiellement des espèces démersales voire benthiques.

Dans le cas des structures que nous avons à étudier, leur architecture leur confère à la fois un rôle de DCP et de Récif artificiel. Comme nous nous intéresserons dans ce rapport essentiellement à la fonction de récif artificiel nous appellerons ces structures RAR (Récifs Ar tificiels) dans la suite du rapport. L’immersion de ces récifs peut avoir un impact sur les plans halieutique, biologique, écologique et socio-économique. Un récif artificiel peut constituer un lieu de production d’organismes-proies, un lieu de logement et/ou un lieu de ponte pour les animaux marins hôtes.

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2.2. Raisons de l’attraction des récifs Les poissons peuvent être attirés par ces récifs pour différentes raisons. La première concerne les capacités sensorielles des poissons (Santos et al., 1996) utilisées pour repérer un récif :

• l’ouïe (sons et vibrations causés par les organismes, perturbations hydrodynamiques) par l’intermédiaire de la ligne latérale et de l’oreille interne

• la vision (couleur du récif, contrastes, ombre hydrodynamique) • l’odorat (odeur des organismes et de leurs déchets).

L’agrégation et la fixation des poissons est due à des causes secondaires :

• la recherche de nourriture, • le besoin de protection (cachette, ombre hydrodynamique), • la recherche de stabilité, • la recherche de zone d’habitat, de lieu de ponte ou de nurseries.

2.3. Fonctionnement des récifs artificiels Les 4 possibilités d’associations des différentes communautés dans les RAR sont les suivantes (Harmelin et Bellan-Santini, 1996) :

• tous les processus de la vie sont effectués dans la zone d’influence du RAR (nourriture, abri, reproduction, entrée des larves) en utilisant les ressources du RAR. C’est le cas pour les ophiures, les amphipodes et certains poissons.

• toutes les fonctions prennent place dans la zone d’influence du RAR mais la

production sexuelle (gamètes, œufs, larves) est exportée. C’est le cas des invertébrés et de certains poissons (labridés, gobies et blennies).

• les processus de vie des adultes (nourriture et/ou reproduction) ont lieu en dehors de la

zone d’influence du RAR.

• des espèces exploitent une partie des RAR pour une période limitée pour abri, lieu de frai, nid ou habitat. Ce phénomène peut être le fruit du hasard ou être régulier (labridés).

2.4. Méthodes de suivi L’évaluation quantitative et qualitative de la faune ichtyologique peut s’effectuer de différentes façons (Tableau 1). Les méthodes de comptage non destructrices (par relevés visuels ou à partir de films vidéo) présentent l’avantage de ne pas perturber les poissons et de ne pas appauvrir le milieu ce qui n’est pas le cas des méthodes destructrices comme la pêche. La méthode visuelle présente certes des avantages mais aussi des limites car elle induit des biais dus à la fois à l’observateur (le plongeur) et à l’observé (le poisson). La méthode de dénombrement à partir de la vidéo, utilisée dans ce présent travail, est une méthode alternative, complémentaire de la méthode de comptage visuel. Déjà utilisée en biologie marine, elle a pour but de quantifier et de caractériser les densités ichtyologiques.

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Tableau 1 : Récapitulatif des méthodes de comptages. D’après Charbonnel et al., 1996 et

Harmelin-Vivien et al., 1985 :

METHODES

DESTRUCTRICES

(pêche)

METHODES

NON DESTRUCTRICES

(comptages visuels, vidéo)

AV

AN

TA

GE

S

• Données taille et poids • Animaux peuvent être gardés pour

des analyses (sexes, otolithes, estomacs…)

• Evaluation des bénéfices pour la pêche professionnelle

• Surface d’échantillonnage connue • Espèces peuvent être comptées entre

et dans le RAR • Espèces nageant vite peuvent être

comptées • Observation des comportements

INC

ON

VE

NIE

NT

S :

• Pas d’échantillonnage dans le RAR

mais entre les RAR • Sous-estimation de la biomasse car

certaines espèces s’échappent • Pas d’observation des comportements • Impossible quand le RAR est petit • Pas de connaissance de la surface

d’échantillonnage

• Pas de comptage quand la visibilité

est nulle • Nécessité de toujours prendre le

même observateur • Interactions entre observateurs et

observés • Temps de plongée limité

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3. MATERIELS ET METHODES

3.1. La Baie de Saint-Paul La Baie de Saint-Paul est constituée d’une pente douce sableuse encadrée par le Cap La – Houssaye et l’estuaire de la Rivière des Galets. Cette zone est soumise à une houlographie peu importante, toutefois certaines houles australes peuvent l’affecter. La courantologie est essentiellement générée par l’onde de marée Nord-Ouest / Sud-Est (Troadec, 1991 ; Turquet et al., 1998). De plus, ce site est pauvre en faune ichtyologique. En effet, seules quelques espèces majoritairement pélagiques élisent domicile sur ces fonds sableux. Les récifs artificiels sont donc des zones qui enrichissent d’un point de vue spécifique la zone de pauvre production biologique que constituent les fonds sableux de la Baie de Saint-Paul. Les espèces présentes habituellement dans la Baie sont la torpille (Torpedo fuscomaculatus), le pêche cavale (Selar crumenophtalmus) qui vient s’y reproduire et le crabe girafe (Turquet et al., 1998).

3.2. Les récifs artificiels

3.2.1. Situation géographique des récifs artificiels Dans le cadre de cette étude, trois des récifs artificiels (nommés dans le reste du rapport RAR) de la Baie de Saint-Paul ont été suivis : le récif nord, le récif centre et le récif sud (Tableau 2 et Figure 1). Tableau 2 : Position (WGS 84) et profondeur des récifs.

Position Profondeur (m) Récif Nord 20° 59, 175

55° 16, 640 14

Récif Centre 21° 00, 007 55° 16, 284

18

Récif Sud 21° 00, 726 55° 15, 365

12

Le récif Nord est situé au nord du déversoir de l’étang de Saint-Paul. Le récif Centre se positionne entre les cages de l’ARDA (l’ Agence Réunionnaise pour le Développement Aquacole) et le lieu de mise à l’eau des pêcheurs de la Baie. C’est le récif le plus profond. Le récif Sud est face au cimetière et constitue le récif le plus soumis à la turbidité liée à la houle. Il est également le récif le moins profond (plus près de la côte).

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Figure 1 : Positionnement des 3 récifs étudiés (NORD, CENTRE et SUD) dans la Baie de

Saint-Paul.

3.2.2. Structure des récifs artificiels Les récifs artificiels de Saint-Paul sont constitués (Figure 2) :

• d’une base d’attraction (=abri) composée d’un amas de bidons plastiques et de pneus situés au centre des récifs artificiels pour les espèces benthiques ou associées au récif en milieu tropical (Campos et Gamboa, 1989 ; Brock et Norris, 1989) de 6 X 1 X 1 m soit 6m3.

• de cordes avec tout au long des bandes de cerclage communément appelés « strap bands » fixés tous les mètres qui délimitent et quadrillent ces structures. Ces cordes constituent une attraction visuelle pour les larves (cf planche photos)

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Figure 2 : Représentation schématique de la disposition des récifs.

3.2.3. Mise en place des récifs Les récifs ont eu au cours de cette étude deux configurations :

• Installation partielle par le CRPMEM des 3 modules aux mois d’avril et de mai (12 X 12 m soit une surface de 124 m2).

• Agrandissement de la surface attractive en juin (cf Figure 2) : 12 X 24 m soit une

surface totale de 288 m2.

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3.3. Méthodes de suivi

3.3.1. Acquisition des données in situ Deux méthodes de comptage in situ ont été utilisées en parallèle pour évaluer qualitativement et quantitativement les populations ichtyologiques qui se sont rassemblées au niveau des récifs artificiels :

� La méthode visuelle, la plus utilisée et � La méthode vidéo : protocole récent, décrit et mis en place par ECOMAR (Lacour,

2000) Les espèces, visualisées par les deux méthodes, ont été comptées après avoir été identifiées d’après les données bibliographiques (Allen et Steene, 1987 ; Cornic, 1987 ; Harmelin et Petron, 1989 ; Hiroaki et al., 2001 ; Lieske et Myers, 1995 ; Myers, 1991). Les comptages de poissons ont été faits avec la méthode visuelle et à partir de la vidéo de façon à optimiser cette dernière méthode, à évaluer ses limites et à la comparer avec la méthode visuelle. Les films ont été faits à chaque sortie, tous les 15 jours en moyenne (selon la visibilité et la courantologie) pendant la période d’avril à novembre 2001, ceci à la même vitesse et à la même profondeur pour une meilleure reproductibilité. De ce fait, les résultats ont pu être comparés. Le nombre de plongeurs a été minimal (un caméraman, un plongeur ichtyologue et un autre plongeur pour la sécurité plongée) de façon à limiter les perturbations du milieu et des peuplements en place. Les comptages et prises de film ont été effectués à chaque sortie entre 9 et 12 heures, de façon à éviter d’introduire un biais dû aux variations temporelles des populations ichtyologiques au cours du cycle nycthéméral (24h).

3.3.2. Utilisation de la vidéo Les images ont été prises avec une caméra numérique contenue dans un boîtier étanche, à une hauteur de 3 m du sol. La prise d’images s’est faite à une vitesse de 3 m/s. Le balisage de la zone forme un maillage précis et régulier (chaque maille = 3m2) facilitant la prise d’image (en particulier sur la hauteur).

a) Acquisition des données

• Evaluation quantitative (abondance) Au travers de prises de vue perpendiculaires, l’ensemble de la surface du récif est filmé en 4 passages schématisés sur la Figure 3. Le paramètre calculé est l’abondance exprimée en nombre d’individus par espèce et par récif.

• Evaluation qualitative (richesse spécifique)

Un travelling autour des bidons mais à distance éloignée (3m) a été effectué de façon à visualiser latéralement les espèces vivant à la surface du sédiment et à proximité du récif (rayon d’action compris entre 0 et 3 m). Un 2ème travelling a été réalisé de façon rapprochée (1m) autour des bidons pour visualiser les espèces fortement inféodées au récifs (surtout les Priacanthidae). Le caméraman a également filmé les pneus qui agrègent certains poissons (ex : Plotosus lineatus).

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Figure 3 : Représentation schématique des prises de film (4 passages + travellings)

• Etude du comportement des poissons Les strap bands permettent de donner le sens du courant. L’analyse des images vidéo a permis certaines observations comportementales vis à vis de ces structures récifales (agrégation, fuite, catégorie écologique …).

b) Traitement des images Après chaque sortie, le film a été visionné sur un écran de télévision afin d’évaluer l’abondance. Les comptages du nombre d’individus par espèce (abondance) ont pu être faits par arrêts successifs sur image par le même opérateur. En ce qui concerne l’évaluation quantitative, lorsque le nombre d’individus par espèce et par structure n’excédait pas 1000 individus, le comptage était total. En revanche, lorsque les densités étaient élevées (n>1000 individus), des mailles ont été prises au hasard et analysées (Lacour, 2000). Une moyenne du nombre d’individus par m2 et par structure a pu être obtenue, ce qui, après extrapolation, a permis de trouver l’abondance totale (superficie du récif = 288 m2). D’un point de vue qualitatif , deux paramètres ont été calculés : la richesse spécifique moyenne (nombre moyen d’espèces rencontrées à une sortie) et la richesse spécifique totale (nombre total d’espèces rencontrées entre avril et novembre).

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3.3.3. Méthode de comptage visuel Le comptage visuel est la méthode la plus utilisée pour quantifier l’abondance totale en milieu marin. Cette méthode est fiable, facile à mettre en œuvre mais nécessite des connaissances ichtyologiques et une pratique de terrain. En outre, elle ne bouleverse pas les peuplements en place. Les comptages ont été effectués par 1 ichtyologue, le même à chaque fois de façon à conserver toujours le même biais et à déranger le moins possible l’écosystème. Le plongeur a effectué des déplacements et a noté toutes les espèces rencontrées (évaluation qualitative) ainsi que le nombre d’individus par espèce (évaluation quantitative) (Figure 4).

Figure 4. Principales étapes des protocoles de méthodes de comptage.

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3.4. Comparaison des méthodes

3.4.1. Similitudes Les listes qualitatives des deux méthodes (visuelle et vidéo) ont été comparées entre elles grâce au coefficient de Jaccard. Ce coefficient permet de déceler s’il existe des similarités entre deux variables (ici les deux listes d’espèces rencontrées dans les récifs sont les deux variables). Les résultats obtenus par les deux méthodes (vidéo, visuelle) sont d’autant plus proches que le coefficient de Jacquard se rapproche de 1. Le coefficient de Jaccard (Cj) se définit ainsi :

Cj = a / (a+b+c) Avec Cj : coefficient de Jaccard, a : nombre de similitudes entre les deux résultats, b : nombre d’espèces absentes dans la liste 1, c : nombre d’espèces absentes dans la liste 2.

3.4.2. Biais Lorsque les densités de poissons ont été trop importantes, seules quelques mailles ont été tirées de façon aléatoire (le quadrillage étant constitué de mailles de 3 m2). Les densités obtenues ont été extrapolées à la totalité du récif, de façon à obtenir un dénombrement total pour chaque récif. Cette extrapolation induit un biais qui peut être quantifié selon la formule d’Elliott et Décamps : D2 = S2 / (n*x2) Avec D2 : erreur faite sur les observations, n : nombre de réplicats, x2 : moyenne, S2: variance.

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4. RESULTATS ET DISCUSSIONS

4.1. Calendrier des sorties Les comptages ont été effectués tous les 15 jours en moyenne selon les conditions météorologiques (cf. Tableau 3) et conformément à la convention. Tableau 3 : Calendrier des sorties.

Numéro de sortie

Date Nature de la sortie Récifs

0 16-17/02 1ère installation des récifs Nord, Centre et Sud 1 20/02 Comptage visuel Nord 2 08/03 Comptage visuel Nord, Centre et Sud 3 22/03 Formatages Nord et Centre 4 05/04 Comptages vidéo et visuel Nord et Centre 5 23/04 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud 6 09/05 Sortie annulée sur site 7 17/05 Formatages Centre 8 22/05 Formatages Nord et Sud 9 21/06 Comptages vidéo et visuel Centre 10 05/07 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud 11 14/08 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud 12 30/08 Comptages vidéo et visuel Centre et Sud 13 12/09 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud 14 25/09 Comptages vidéo et visuel Sud 15 09/10 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud 16 23/10 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud 17 06/11 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud 18 20/11 Comptages vidéo et visuel Nord, Centre et Sud

4.2. La colonisation L’analyse des résultats obtenus intègre les deux méthodes (vidéo, visuelle) qui seront comparées. Cette analyse des comptages ne commence qu’à partir du 05/04 (4ème sortie) alors que les sorties ont débuté courant février puisque le formatage des récifs n’a été définitif (même dimensions) qu’à partir de cette date. En ce qui concerne l’analyse des données pour les paramètres d’abondance et de richesse spécifique totale, le récif Sud n’a été pris en compte qu’à partir du 05/07. En effet, à cause du manque de visibilité et des conditions météorologiques, certaines prises d’image n’ont pu être effectuées au cours de certaines sorties (4 sorties). Cependant des dénombrements visuels ont pu être effectués ce qui a permis de faire quelques comparaisons.

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4.2.1. Populations benthiques habituellement présentes en Baie de Saint-Paul

a) Les oursins Un oursin régulier inféodé au milieu sableux a été observé à de nombreuses reprises uniquement sur le récif Centre. L’abondance de cette espèce (Astropyga radiata) est très fluctuante dans le temps (cf Tableau 5). Tableau 5 : Evolution temporelle de l’abondance des populations d’oursins (Astropyga

radiata) dans le récif Centre (+ : entre 0 et 100 individus ; ++ : entre 100 et 1000 individus ; +++ : entre 1000 et 2000 individus ; ++++ : + 2000 individus)

23/04 17/05 21/06 05/07 14/08 30/08 23/10

Nb total d’individus +++ + +++ 1152

+ 39

++ 379

+ 96

++++

Nb d’individus / m2 ++ + 13 0,14 1,3 0,3 +++ Les oursins arrivent en banc sur le récif, mais comme ils ne sont pas inféodés au récif, ils ne restent pas autour, expliquant la grande variabilité de leur abondance.

b) Les torpilles Les torpilles ne sont pas trop nombreuses sur les récifs (entre 1 et 3 individus par récif et par sortie). Elles ne se rencontrent qu’aux récifs Centre et Sud. Ce sont de bons indicateurs de la richesse sédentaire.

c) Les Pterois Les Pterois sont présents dans les 3 récifs et apparaissent dès les premières sorties. Ils participent donc à une des premières étapes de la colonisation. Leur abondance est comprise entre 1 et 8 individus par récif et par sortie. Ils sont plus nombreux sur le récif Nord.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 16

4.2.2. Populations ichtyologiques

a) Variations spatiales a.1) Abondance moyenne Le nombre moyen d’individus par récif est compris entre 250 et 2500 individus. Les valeurs trouvées à partir de la méthode visuelle sont proches de celles trouvées avec la méthode vidéo (Figure 5). Il existe une variation temporelle de l’abondance puisque les valeurs sont très dispersées pour les récifs Centre et Nord (forts écartypes). Cette variation temporelle sera analysée par la suite. Un résultat important est à signaler : le plus grand nombre d’individus se trouve au niveau du récif Centre.

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

Nord Centre Sud

Vidéo

visuel

Figure 5. Variation spatiale de l’abondance moyenne (nombre moyen d’individus observés

sur les récifs artificiels).

a.2) Au niveau des familles

0

5

10

15

20

25

30

Nord Centre sud

nom

bre

de fa

mill

es

VidéoVisuel

Figure 6 : Variation spatiale du nombre total de familles rencontrées.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 17

On observe le même nombre de familles avec la méthode visuelle et la méthode vidéo (Figure 6). Les familles dominantes dans les trois récifs sont : les Lutjanidés, les Mullidés, les Chaetodontidés et les Carangidés. Les Acanthuridés et les Serranidés sont surtout présents dans le récif Centre. Là encore, le récif Centre est le plus riche en termes de familles rencontrées.

a.3) Au niveau des espèces • Richesse spécifique

Lorsqure l’on compare les différents récifs (Tableau 6), on observe une plus grande richesse spécifique au récif Centre par rapport aux 2 autres récifs. Certaines espèces sont inféodées à un seul récif, :tels : Pterocaesio tile, Gnathodentex aureolineatus au récif Centre. Certaines espèces sont permanentes dans les récifs :

• Plotosus lineatus Priacanthus cruentatus , Lutjanus kasmira, Lutjanus bengalensis, Mulloides vanicolensis, Selar crumenophtalmus, et Heniochus acuminatus au récif Centre.

• Lutjanus kasmira, Lutjanus bengalensis, Mulloides vanicolensis et Heniochus acuminatus au récif Nord.

• Catégories écologiques Lors de ces comptages, les catégories écologiques des poissons ont été envisagées en fonction de la répartition spatiale des poissons au sein des récifs (Harmelin-Vivien, 1979):

Catégorie ① : espèces vivant à la surface du sédiment, Catégorie ② : espèces vivant à proximité du récif, Catégorie ③ : espèces s’éloignant dans un rayon de 2-3 m, Catégorie ④ : espèces à large rayon d’action, Catégorie ⑤ : espèces vivant à l’intérieur du récif, Catégorie ⑥ : espèces pélagiques.

L’analyse des répartitions spatiales des espèces selon la catégorie écologique et le récif, apporte certains résultats. Certaines espèces prédominent (Tableau 7, Figure7, Figure 8, Figure 9).

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 18

Tableau 6 : Nombre d’espèces rencontrées dans les récifs artificiels à partir de la vidéo (à partir des comptages visuels)

Nombre d’espèces

Familles RAR Nord RAR Centre RAR Sud Mullidae + Lutjanidae

8 (9) 9 (11) 7 (8)

Chaetodontidae 3 (3) 3 (4) 3 (3) Acanthuridae 3 (4) 6 (7) 2 (6)

Serranidae 4 (6) 5 (4) 1 (3) Pomacentridae 2 (2) 3 (2) 1 (1)

Carangidae 1 (3) 5 (6) 4 (5) Balistidae 2 (2) 0 (2) 1 (3)

Aulostomidae 1 (1) 0 (1) 0 (1) Plotosidae 1 (1) 1 (1) 1 (1)

Holocentridae 1 (2) 2 (2) 0 (1) Scorpaenidae 1 (1) 3 (1) 0 (1) Priacanthidae 1 (2) 1 (1) 1 (1)

Tetraondontidae 1 (1) 1 (1) Torpeinidae 1 (0) 1 (1) 1 (0) Diodontidae 0 (1) 1 (1) Apogonidae 1 (0) 1 (1) 1 (1) Caesionidae 1 (1) Cirrithidae 1 (0) 1 (1)

Monacanthidae 0 (1) 0 (1) 0 (1) Synodontidae 1 (0) 1 (1) Lethrinidae 1 (0) 1 (1)

Richesse spécifique totale

34 (37) 44 (50) 24 (37)

Richesse spécifique moyenne

18 (24) 26 (32) 9 (20)

Tableau 7 : Espèces prédominantes dans les récifs selon leur catégorie écologique :

ESPECES

PREDOMINANTES Catégorie 1 Parupeneus Catégorie 2 Acanthurus

Chaetodon Heniochus

Catégorie 3 + 4 Priacanthus cruentatus Lutjanidés Mullidés

Catégorie 5 Plotosus lineatus Myripristis berndti

Catégorie 6 Selar (fort effectif) Caranx (faible effectif)

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 19

Catˇgorie 1 (benthiques)

05

101520253035404550

Parup

eneu

s

Torpe

do

esp¸cesvidˇovisuel

Catˇgorie 3 et 4 (rayon d'action autour du

rˇcif)

0100200300400500600700800

Priacanthus cruentatus

Lutjanus+Mull.+Selar

esp¸ces

Catˇgorie 2 ( � proximitˇ du rˇcif)

0

100

200

300

400

500

600

Aulosto

mus

Diodon

Acant

huru

s

Chaet

odon

Henioc

hus

Dascy

llus

Canth

erine

s

esp¸ces

Catˇgorie 5 (� l'intˇrieur du rˇcif)

0

50

100

150

200

250

300

350

Epinep

helus

Sargo

cent

ron

Plotos

us

Myr

iprist

is

esp¸ces

Catˇgorie 6 (pˇlagiques)

0

50

100

150

200

250

300

Caran

x

Alectis

Selar

esp¸ces

Figure 7 : Nombre moyen d’individus par espèces et par méthodes de comptage pour les

catégories écologiques du récif Nord.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 20

Catˇgorie 1(benthiques)

050

100150200250300350400450500

Parup

eneu

s

Torpe

do

esp¸ces

vidˇovisuel

Catˇgorie 3+4 (rayon d'action autour du rˇcif)

0500

10001500200025003000

Priaca

nthu

s cru

enta

tus

Lutja

nus+

Mull

.+ca

r.

Ptero

caes

io

Gnath

oden

tex

esp¸ces

Catˇgorie 2 ( � proximitˇ du rˇcif)

050

100150200250300350400450500

Fistula

ria

Aulosto

mus

Apogo

n

Diodon

Acant

huru

s

Chaet

odon

Henioc

hus

Dascy

llus

Canth

erine

s

esp¸ces

Catˇgorie 5 (� l'intˇrieur du rˇcif)

0

50

100

150

200

250

Serra

nidae

Sargo

cent

ron

Plotos

us

Myr

iprist

is

esp¸ces

Catˇgorie 6 (pˇlagiques)

050

100150200250300350400450

Caran

x

Alectis

Selar

Pseud

ocar

anx d

ente

x

Atule

mat

e

esp¸ces

Figure 8 : Nombre moyen d’individus par espèce et par méthode de comptage selon leur

catégorie écologique dans le récif Centre.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 21

Catˇgorie 1 (benthiques)

0

50

100

150

200

250

Parupeneus

esp¸ces

Catˇgorie 3+4 (rayon d'action autour du rˇcif)

0

50

100

150

200

250

300

350

Priaca

nthu

s cru

enta

tus

Lutja

nus+

Mull

.+Sela

r

esp¸ces

Catˇgorie 2 ( � proximitˇ du rˇcif)

0

10

20

30

40

50

60

Fistula

ria

Aulosto

mus

Apogo

n

Acant

huru

s

Chaet

odon

Henioc

hus

Dascy

llus

Canth

erine

s

esp¸ces

Catˇgorie 5 ( � l'intˇrieur du rˇcif)

0102030405060708090

Epinep

helus

Plotos

us

esp¸ces

Catˇgorie 6 (pˇlagiques)

02468

101214161820

Caran

x

Alectis

esp¸ces

Figure 9. Nombre moyen d’individus par espèce et par méthode de comptage selon leur

catégorie écologique dans le récif Sud.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 22

b) Variations temporelles L’évolution temporelle des populations ichtyologiques (Figure 5) venues coloniser les récifs permet de faire certaines constatations. Dès avril, soit deux mois après les premières installations, l’abondance totale atteint environ 1000 individus et ceci pour les 2 récifs (Nord et Centre). b.1) Evolution temporelle de l’abondance totale et de la richesse spécifique totale D’un point de vue méthodologique, on constate tout d’abord que les valeurs trouvées à partir de la méthode vidéo sont toujours inférieures à celles obtenues avec la méthode visuelle (Figure 5 et Tableau 4) sauf pour le récif Nord. Pour ce dernier, la vidéo offre des résultats plus proches de la réalité. En effet, sur ce récif les poissons sont plus concentrés autour des bidons, les estimations visuelles sont donc plus aléatoire. Au niveau de la colonisation, on note une certaine stabilité des récifs dans le temps d’un point de vue qualitatif (Figure 10), les écarts types sont faibles (Figure 5) et une certaine variation temporelle du nombre d’individus (grandes valeurs d’écarts types) pour les récifs Centre et Nord (Figure 11 et Tableau 4). Cette variation est sans doute due à l’arrivée massive de carangues sur ces récifs notamment le 05/07. En effet, on observe un pic au récif Nord correspondant à une forte densité (+ 2000 individus) et un pic au récif Centre (+ 5000 individus) de Selar crumenophtalmus (pêch’cavale). Le nombre d’individus pélagiques est très fluctuant dans le temps car ces poissons ne sont pas fixés aux récifs et leur arrivée est occasionnelle. Tableau 4. Résumé de la dispersion des valeurs du nombre d’individus par récif.

NORD CENTRE SUD Min-Max Moyenne

+/-ecartype Min-Max Moyenne

+/-ecartype Min-Max Moyenne

+/-ecartype

ESPECES Vidéo 13-22 15,6 ± 3,3 14-30 23 ± 5 12-16 13,5± 2 Visuel 19-28 24± 2,7 26-37 33 ± 4 18-25 22 ± 3

INDIVIDUS Vidéo 567-2800 1244 ± 8,35 467-3570 1452 ± 963 207-458 330± 94 Visuel 699-2541 1147 ± 599 959-6111 2546 ± 1490 283-562 482± 107

Le nombre d’espèces est stable dans le temps (Figure 10) : il y a donc eu une grande vague de colonisation puis stabilisation des structures. Les données du récif Sud ne sont exploitables qu’à partir du 05 juillet. De par sa situation géographique, ce récif est le plus isolé. Il est donc peu soumis à l’influence de récifs avoisinants. La colonisation de ce récif peut être imputée au seul recrutement. En effet, on ne constate pas de variation tant d’un point de vue spécifique qu’au niveau de l’abondance totale (Figures 10 et 11).

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 23

Nombre d'espèce RAR CENTRE

05

10152025303540

sorties

Nombre d'espèces RAR SUD

0

5

10

15

20

25

30

5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

Nombre d'espèces RAR NORD

0

5

10

15

20

25

30

5/4 23/4 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

Figure 10 : Evolution temporelle du nombre d’espèces dans les récifs.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 24

Nombre d'individus RAR NORD

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

5/4 23/4 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

VidéoVisuel

Nombre d'individus RAR CENTRE

01000200030004000500060007000

sorties

Nombre d'individus au RAR SUD

0

100

200

300

400

500

600

5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

Figure 11 : Evolution temporelle du nombre d’individus dans les récifs.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 25

b.2) Evolution temporelle de l’abondance sans les pélagiques

Lorsque l’on analyse l’évolution du nombre d’individus dans les récifs en écartant les densités des individus pélagiques de catégorie écologique 6 (Figures 12A, 13A, 14A), on s’aperçoit que la variation temporelle de l’abondance diminue. La variabilité dans le récif Nord persiste tout de même, ceci sûrement dû à une instabilité du récif. En effet, le récif Centre est le récif le plus stable car il se trouve à proximité d’autres récifs. Les abondances pour les récifs Nord et Centre fluctuent tout de même car ils subissent des vagues de recrutements ou de colonisation d’individus autres que pélagiques. Cette analyse n’a pu être faite qu’à partir des comptages visuels car au niveau de la vidéo, il a été impossible de séparer les carangidés, les mullidés et les lutjanidés. En effet, les individus de ces familles présentent une forme semblable vue de dessus (passage de la caméra perpendiculaire au sol) et ne peuvent donc pas être distingués les uns des autres. b.3) Evolution temporelle des espèces principales

Pour chaque récif, l’abondance des pélagiques, a été déduite de l’abondance totale de chaque récif (Figure 12A, Figure 13A et Figure 14A). Les résultats utilisés sont ceux obtenus par la méthode visuelle, plus appropriée pour la détermination d’abondance des espèces démersales, et notamment des petits individus en phase de post recrutement.

• % des espèces principales Le récif Nord est caractérisé par une prédominance en proportion de Mullidés et de Lutjanidés (Figure 12B). Le récif Centre, quant à lui, se caractérise par une proportion très importante de Mullidés et de Beauclairs (Figure 13B) Enfin, le récif Sud est dominé par la présence de Mullidés (Figure 14B).

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 26

RAR NORD

0

200

400

600

800

1000

1200

1400

1600

1800

2000

5/4 23/4 17/5 21/6 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

Figure 12. A : Evolution du nombre total d’individus (ss pel. = sans les pélagiques).

0%

20%

40%

60%

80%

100%

5/4 23/4 21/6 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

ChaetodonsBeauclairsmullidˇslutjanidˇsHeniochus

Figure 12. B : Evolution du % des principales espèces dans le récif Nord.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 27

RAR CENTRE

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

5/4 23/4 21/6 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

Figure 13. A : Evolution du nombre total d’individus (ss pel. = sans les pélagiques).

0%

20%

40%

60%

80%

100%

5/4 23/4 17/5 21/6 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

ChaetodonsBeauclairsmullidˇslutjanidˇsHeniochus

Figure 13 B : Evolution du % des principales espèces dans le récif Centre.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 28

RAR SUD

0

100

200

300

400

500

600

700

5/4 23/4 21/6 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

Figure 14. A : Evolution nombre total d’individus (ss pel. = sans les pélagiques).

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

5/4 23/4 21/6 5/7 14/8 30/8 12/9 25/9 9/10 23/10 6/11 20/11

sorties

ChaetodonsBeauclairsmullidˇslutjanidˇsHeniochus

Figure 14. B : Evolution du % des principales espèces dans le récif Sud.

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 29

• Evolution temporelle de l’abondance des espèces principales

NORD

0

100

200

300

400

500

600

700

800

15-mars 4-mai 23-juin 12-aoû 1-oct 20-nov

Date

Heniochus

lutjanidés

mullidés

Beauclairs

Chaetodons

CENTRE

0

100

200

300

400

500

600

700

800

15-mars 4-mai 23-juin 12-aoû 1-oct 20-nov

Date

Heniochus

lutjanidés

mullidés

Beauclairs

Chaetodons

SUD

0

100

200

300

400

15-mars 4-mai 23-juin 12-aoû 1-oct 20-nov

Date

Heniochus

lutjanidés

mullidés

Beauclairs

Chaetodons

Figure 15. Evolution temporelle des espèces principales dans chaque récif.

En analysant l’évolution de l’abondance de chaque espèce principale dans le temps (Figure 15), croisée avec les tailles des individus des espèces principales observées lors des sorties, on a pu établir une chronologie des arrivées et des recrutements des différentes espèces (Figure 16).

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 30

Figure 16. Chronologie d’arrivées de nouvelles colonies ou de nouvelles recrues dans les récifs

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 31

4.3. Comportement des poissons dans les RAR Les films ont permis de faire quelques remarques sur certains comportements des poissons. Tableau 8 : Comportements des différentes familles rencontrées dans les RAR. Catégories écologiques : 1 : espèces vivant à la surface du sédiment. 2 : espèces vivant à proximité du récif. 3 : espèces s’éloignant dans un rayon de 2-3 m. 4 : espèces à large rayon d’action. 5 : espèces vivant à l’intérieur du récif. 6 : espèces pélagiques.

Famille Régime Alimentaire

Catégorie écologique Agrégation Rapport avec le courant

Commentaires

Mullidae +

Lutjanidae

Carnivores Nocturnes

4 sauf pour Parupeneus et Upeneus

qui sont du groupe 1

� En banc (nombreux) et les 2 familles sont souvent ensemble

� Ne tiennent pas compte du courant

� Parfois il y a mimétisme sur le sable pour Upeneus vittatus et Parupeneus

� Se positionne le long des bidons et des pneus � En plu surs couches � Leur concentration augmente � Quand on se rapproche des

bidons ou des pneus � Ils se positionnent jusqu’à environ 2-3 m de haut � Rayon d’action jusqu’à 7 m � Espèces très mobiles (tour du

récif) � Même s’ils nagent dans

plusieurs directions au bout d’un moment les individus se suivent

Acanthuridae Herbivores 2 � En petits bancs (1-4 ind.) � Autour des bidons et le long des strap bands � Sur 2-3 m de hauteur

Pomacentridae Omnivores 2 � Seul ou à deux � Juste au-dessus des bidons Scorpaenidae

(Pterois) Carnivores Nocturnes

� Seul ou petit groupe (2-3 ind.) � Tout près des bidons � Mobiles

Priacanthidae Planctonophages Nocturnes 3 � Banc (~10 ind.) � Très près des bidons � Peu mobiles � Changent de couleur quand sont stressés

Diodontidae Carnivores Nocturnes 2 � Seul � Très près des bidons Chaetodontidae Brouteurs d’invertébrés

sessiles 2 � Petit banc (4 à 10 ind. pour

Chaetodon et 4-5 ind. pour Heniochus)

� Sens du courant

� Près des bidons ou pneus � Mobiles

Torpeinidae Carnivores 1 � Seul � Sur sable (mimétisme) � 1 m des strap bands ou sur les pneus

Carangidae

Piscivores

6

� très grand banc (+ 300 ind.) � en hauteur dans la colonne d’eau

� vont dans toutes les directions

� très mobiles et rapides Apogonidae Carnivores

(crustacés) 3 � banc � au niveau des bidons

Plotosidae

Se nourrissent d’invertébrés, de déchets et de vers

5

� de 20 à 400 ind.

� Très proches des bidons ou dans les pneus

� Très près du sol � Forment une boule en

situation de danger (juvéniles)

� Quand on s’approche, ils se dispersent en un mouvement désordonné pour reformer une boule

Balistidae

Planctonophages ou Carnivores

Diurnes

2-3 � Seul � Se promènent

Serranidae

Carnivores Nocturnes

5 � 1 à 2 ind. � Farouches, se cachent ou fuient quand on s’approche

� Sur les pneus

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 32

4.4. Méthodologie

4.4.1. Comparaison du protocole ECOMAR et du protocole de cette étude Le protocole ECOMAR (Lacour, 2000) a été amélioré surtout pour le comptage des espèces accessoires avec la mise en place de travellings rapprochés (1m et 3m) au niveau des pneus et des bidons ce qui explique les différences observés dans le Tableau 9 : la présente méthode permet de compter un plus grand nombre d’espèces (donc meilleure évaluation qualititative) à l’aide le méthode vidéo par rapport aux données obtenues en 2000 par Lacour (10 espèces en plus). Les coefficients de Jaccard sont plus élevés en 2000 mais il n’y avait eu que 3 sorties effectuées (alors que cette étude présente 14 sorties). L’utilisation des mailles est donc surtout adaptée à de fortes densités. Quand les abondances sont plus faibles, le comptage total est plus efficace. Tableau 9 : Comparaison des évaluations du protocole précédent et ceux de la présente étude.

Protocole ECOMAR Protocole actualisˇ2000 2001

Catˇgorie * Bonne distinction pour les catˇgoriesˇcologique ˇcologiques 1, 2, 3, 4 et 5

* mauvaise estimation pour la catˇgorie Evaluation ˇcologique 6 (les pˇlagiques)qualitative

Coefficient de 0,64 > Cj > 0,84 0,5 > Cj > 0,7Jaccard 0,74 > Cj (sspel.) > 0,96 0,6 > Cj(ssacc) >0 ,92

Catˇgorie 1 Parupeneus ParupeneusEvaluation Torpedoquantitative Catˇgorie 2 Heniochus Heniochus

Chaetodon Chaetodonvidˇo+visuel Apogon Apogon

Zebrazoma Zebrazomavisuel Acanthurus Acanthurus

Aulostomus Aulostomusvidˇo Catˇgorie 3 et 4 Lutjanidae + Mullidae Lutjanidae + Mullidae

Gnathodentex GnathodentexPriacanthus hamrur Priacanthus cruentatusPterocaesio tile Pterocaesio tile

Catˇgorie 5 Myripristis MyripristisSargocentronSerranidae Serranidae

PlotosusCatˇgorie 6 Selar Selar

Caranx CaranxAlectisPseudocaranx dentex

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 33

4.4.2. Comparaison des méthodes de comptage (visuel/vidéo)

a) Comparaison des résultats (coefficients de Jaccard)

La comparaison des 2 méthodes a été effectuée avec les coefficients de Jaccard, pour les 3 récifs) qui sont significatifs (Tableau 10). En effet, ces coefficients sont élevés et supérieurs à 0,5 montrant ainsi une bonne corrélation entre la méthode vidéo et le comptage visuel pour l’évaluation qualitative de la faune ichtyologique. Ces coefficients sont même très élevés (allant jusqu’à 0,92) quand on ne comptabilise pas les espèces accessoires (abondance< 5individus). Les différences entre ces deux méthodes sont donc essentiellement dues à ces espèces accessoires. De plus, les coefficients sont assez constants dans le temps, ce qui montre une certaine efficacité de la méthode (reproductibilité).

Tableau 10 : Coefficients de Jaccard (sans les espèces accessoires) :

Dates 05/04 23/04 17/05 21/06 05/07 14/08 30/08 12/09 25/09 09/10 23/10

06/11 20/11 Moyenne

RAR NORD

0,54 (0,72)

0,63 (0,88)

0,48 (0,7)

0,52 (0,73)

0,5 (0,83)

0,64 (0,73)

0,55 (0,70)

0,54 (0,89)

0,56 (0,83)

0,55 (0,78)

RAR CENTRE

0,70 (0,92)

0,59 (0,83)

0,67 (0,69)

0,65 (0,65)

0,66 (0,79)

0,66 (0,88)

0,56 (0,81)

0,6 (0,7)

0,68 (0,84)

0,71 (0,88)

0,66 (0,78)

0,6 (0,85)

0,65 (0,80)

RAR SUD

0,52 (0,82)

0,52 (0,62)

0,56 (0,69)

0,26 (0,4)

0,52 (0,64)

0,48 (0,67)

0,57 (0,69)

0,38 (0,56)

0,6 (0,8)

0,49 (0,65)

ARVAM –A 35 – Suivi de la colonisation des récifs artificiels - Novembre 2001 34

b) Comparaison des deux méthodes

Tableau 11 : Tableau récapitulatif des avantages et des inconvénients des 2 méthodes de comptage.

Méthode Vidéo Méthode visuelle

Ava

ntag

es

• Les comptages peuvent être faits plusieurs fois • On peut faire arrêt sur image • On peut compter de fortes densités et

notamment lors de recrutements importants • La caméra numérique augmente les contrastes

lorsque la visibilité est faible. • C’est une méthode rapide (que le temps de 4

passages) : plus de récifs couverts et moins de temps de plongée

• Cette méthode ne nécessite pas la présence d’un spécialiste sur le terrain

• La majorité des espèces est

comptée • La vision est directe et pas par

appareil interposé. • Les petites espèces sont visibles

Les espèces très mobiles ne peuvent être comptées en totalité parcequ’elles : - sont farouches (serranidés, nasons…) - ou parcequ’elles ont un large rayon d’action (caranges, ti-jaunes)

Inco

nvén

ient

s

� Dus aux espèces : • Certaines espèces sont semblables de

forme, vus de dessus (ti-jaunes, rougets et carangues)

• Certains individus peuvent passer plusieurs fois devant la caméra (surestimation de l’abondance)

� Dus à l’outil lui-même : • L’arrêt sur pause déforme les formes et les

couleurs (l’identification doit se faire avant la pause)

• Les poissons ont parfois des reflets

• Il y a souvent sous-estimation ou sur-estimation du nombre d’individus (surtout quand le nombre d’individus est très élevé)

• Cette méthode nécessite un ichtyologue expérimenté

➨➨➨➨ COMPLEMENTARITE DES DEUX METHODES Cette complémentarité a permis de distinguer deux groupes de poissons :

a) catégorie A : Mullidés + Lutjanidés + Carangidés b) catégorie B : espèces accessoires

La comparaison des deux méthodes a permis de déduire que les poissons de catégorie A étaient surtout visibles en vidéo alors que les poissons de catégorie B étaient surtout vus avec la méthode visuelle. La méthode vidéo a permis également de voir les torpilles qui sont de bons indicateurs carnivores. En effet, ces animaux sont faciles à observer, sédentaires et territoriaux.

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Certaines espèces, autres que les Carangidés, les Mullidés et les Lutjanidés, peuvent être reconnues lors du passage de la caméra de par leur forme particulière :

c) Les Aulostomus parce qu’ils ont une forme allongée caractéristique d) Les Heniochus reconnaissables à leur longue épine dorsale e) Les Torpedo enfouis dans le sable mais dont on aperçoit les yeux f) Les Pterois g) Les Plotosus car ils sont en banc, planqués dans les pneus et facilement

identifiables grâce à leurs rayures et à leurs barbiches Si on s’intéresse de plus près à la catégorie écologique des poissons des récifs (Figures 7 à 9), on constate que les poissons de catégorie écologique 1 (ceux qui vivent sur le sédiment) ont été vus par les deux méthodes : les Torpedo qui sont des bons indicateurs carnivores, sédentaires et inféodés aux récifs et les Parupeneus. Cependant l’estimation quantitative de ces derniers a été mauvaise car on a du mal à les distinguer des autres Mullidés. Les poissons principaux de catégorie 2 (ceux qui vivent à proximité du récif) ont été visualisés à la fois par la méthode visuelle et par la méthode vidéo. Cependant, cette dernière n’a pas permis d’en quantifier l’abondance. En effet, ces poissons n’ont été vus qu’avec le travelling. Seuls les Heniochus, facilement reconnaissables de par leur forme et leurs couleurs,ont pu être comptés lors des passages vidéo. Pour les poissons de catégorie 3 et 4 (ceux qui ont un rayon d’action autour du récif), l’estimation de l’abondance par la vidéo est proche de celle estimée à partir de la méthode visuelle, pour les Lutjanidés et les Mullidés. Par contre, l’abondance des Priacanthus cruentatus visibles avec le travelling, est sous-estimée avec la méthode vidéo. Pour les poissons de catégorie 5 (ceux qui vivent à l’intérieur des récifs), les Epinephelus ont pu être observés mais ceci parce que le caméraman est allé à la rencontre de ces poissons. En effet, ces poissons sont farouches et rapides. L’estimation de l’abondance des Myripristis, quant à elle, est en général sous-estimée avec la méthode vidéo car cette espèce n’est observée qu’avec le travelling. Les Plotosus sont bien comptabilisés parce qu’ils sont sédentaires, grégaires et en général installés au niveau des pneus. Au niveau des espèces pélagiques (catégorie écologique 6), les Selar et les Caranx sont observés dans ces récifs mais leur abondance est en général sous-estimée avec la méthode vidéo.

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5. SYNTHESE Suite à une première expérience menée en 1998, le CRPMEM a implanté 3 récifs artificiels en baie de Saint Paul. L’objectif est de mieux comprendre le rôle de nurserie de ces structures pour les espèces démersales Ce travail présente le suivi 2001 de la colonisation de trois de ces récifs (Nord, Centre et Sud) pour lequel deux méthodes de dénombrement de la faune ichtyologique ont été utilisées et comparées (vidéo et visuel). Quatre familles principales ont colonisé ces récifs : les Lutjanidés (« ti-jaune »), les Mullidés (capucins), les Chaetodontidés (poisson-papillons) et les Carangidés (« pêch’caval »). La colonisation par cette dernière famille, composée de poissons pélagiques, montre l’effet DCP de ces récifs, DCP habituellement exploité par les pêcheurs de La Baie. Ces petits pélagiques sont rencontrés épisodiquement sur les structures (période d’avril à juin et de fin juillet-octobre pour les « pêch’caval » ; et mois de juillet pour Pseudocaranx dentex). De plus, ces structures montrent qu’elles remplissent bien leur rôle et qu’elles concentrent des espèces démersales n’existant pas habituellement dans la Baie, tels : les Chaetodon (poisson-papillons), les Heniochus (cochers), les Parupeneus (capucins), les Lutjanus (« ti-jaunes »), et les Priacanthus (beauclairs). Ces différentes espèces se sont positionnées sur le récif en fonction de leur comportement alimentaire, chacune avec son régime alimentaire et sa biologie, recréant ainsi les niches écologiques existantes dans le milieu naturel. Cependant, la colonisation est différente d’un récif à un autre. Le récif Centre est le plus riche en termes de nombre d’individus, nombre de familles et richesse spécifique. Il est de plus constitué en grandes proportions par les Mullidés (capucins) et les Lutjanidés (« ti-jaune »). Le récif Nord, quant à lui, est dominé par le Mullidés (capucins) et les Priacanthidés (Beauclairs) alors que le récif Sud voit son abondance essentiellement constituée de Mullidés (capucins). Ces différences s’expliquent par la situation géographique de ces structures : ces récifs sont dans des secteurs de la Baie très différents écologiquement. Ainsi, le récif Nord est influencé par l’Etang, situé à proximité. Le récif Centre est proche de structures immergées et se situe à forte profondeur entraînant ainsi une forte production biologique dans ce récif. Le récif Sud est le récif le plus isolé et se situe à la plus faible profondeur. Il est donc soumis à un hydrodynamisme chronique. Ce récif se caractérise donc par une faible production biologique. Ce suivi bimensuel montre en outre, pour les trois récifs, que le nombre d’espèces est stable dans le temps alors que l’abondance par espèce fluctue. En effet, l’évolution temporelle du nombre d’individus indique de fortes variations aux récifs Nord et Centre contrairement au récif Sud. Ces résultats s’expliqueraient par le fait que le récif Sud, récif le plus isolé, n’est pas contaminé par les récifs avoisinants. Ainsi sa colonisation reflète un recrutement pur. Au contraire, les fluctuations dans les deux autres récifs pourraient être à la fois le fruit de recrutements, de migrations mais également le fait d’arrivées occasionnelles et massives de pélagiques.

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Planche 2

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Au niveau des espèces benthiques habituellement présentes sur les fonds sableux de La Baie de Saint-Paul (oursins, torpilles, pterois), arriveraient sur les récifs de manière épisodique et en densités variables. La présence de torpilles est un bon indicateur de la richesse sédentaire car ce récif peut avoir un effet concentrateur sur ces individus. Le suivi 2001 a également permis l’utilisation de deux méthodes de dénombrements des faunes marines :

1. la méthode vidéo qui consiste à évaluer l’abondance à partir d’image sous-marines prises à l’aide d’une caméra numérique.

2. la méthode visuelle qui nécessite la présence d’un ichtyologue expérimenté in situ pour évaluer le nombre d’individus dans chaque récif.

Les deux méthodes (vidéo et visuelle) exposent le même nombre de familles et les mêmes espèces principales. Elles sont complémentaires pour l’estimation des abondances :

• la méthode vidéo est plus efficace pour apprécier l’abondance des espèces en forte densité et de taille supérieure à 10 cm.

• la méthode visuelle permet de mieux estimer l’abondance des espèces accessoires et

des individus de petite taille (les recrues en particulier).

6. RECOMMANDATIONS Suite à cette première étude (8 mois) certaines recommandations peuvent être émises :

1. Maintenir le suivi actuel afin de compléter le cycle annuel du recrutement dans la baie de Saint-Paul (même pas de mesure : tous les 15 jours pendant quatre mois).

2. Poursuivre ce suivi sur une plus longue période (2-3 ans) afin de déterminer les

variations inter-annuelles des peuplements, de préciser le processus de maturation des structures et leur durée de vie. Il est proposé un pas d’échantillonnage adapté (en accord avec la chronologie détaillée dans cette étude), à savoir : une fois tous les 2 mois en période creuse (avril à juin) et une fois tous les 15 jours en période de forts recrutements (juillet à octobre).

3. L’étude des flux migratoires entre les structures artificielles et naturelles afin

d’améliorer les connaissances sur le fonctionnement de ces récifs. L’identification d’axes d’exploitation pour ces structures en tant qu’outil de gestion du littoral pourra être envisagée suite à ces futures études.

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ANNEXE 1. DONNEES BRUTE

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