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MAI 2012 N O 4 l atelier

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Divers articles qui vont chercher des réponses derrière le rideau et révèle l'arrière du décors.

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MAI

201

2

NO4

l’atelier

ASARMAP 12

CONFERENCESNOUVEAUX PROFS

ARCHIZOOMYONA FRIEDMAN

& EMMANUELE LO GUIDICERASSEMBLER POUR CONVAINCRE

BIBLIOTHEQUEBAKKER ET BLANC

DEPOUSSIERAGECONCOURS, PAVILLONS ET LANGUE DE BOIS

ARCHI-FEMMESNU AUX BAINS

COUPS DE GUEULECRITIQUES FINALES

L’INVITE

UNE EXPOSITION AU F’AR ET UNE PUBLICATION 6

FIN D’UN CYCLE 7

A BESOIN DE BRAS 4

UN LIEU D’EXPOSITION QUI SE DEVOILE 10

Y AURA-T-IL REM KOOLHAAS DANS LES COULOIRS DU SG? 8

LES ÉTAPES DELA PRODUCTION D’UNE EXPO

12

EXPOSITION «GENESIS OF A VISION» 11

LE «LOVE HOTEL» 18

UN DÉFI OU UNE CHANCE ?

20

23

LE BOOK REVIEW 25

LAUSANNE DANSE 30

HORAIRES 27

UNE DOUCE LEÇON DE VIE 15

J’AURAIS VOULU ÊTRE UN BINÔME 26

ET SI J’APPRENAIS À LIRE ? 14

TEAM L’ATELIER: Patrick Ayer, Théo Bellmann, Stéphanie Dennig

Pierre des Courtis, Davide Di Capua, Marco Ievoli, Anna KosenkoMarlène Oberli, Sizhou Yang, Lauréline Zeender

https://www.facebook.com/revuelatelier

L’INVITE:La Fête de la Danse de Lausanne

03

EDITOEffeuiller

EDITO

Laissez-vous tenter et glissez votre regard derrière l’épais rideau de velours. Toute l’équipe de la revue est allée fouiller dans les vestiaires de l’architecture pour vous livrer ses dessous chics et quelques sujets classés X.

Nous le vin, ça nous connaît! A force d’apéros, nous avons trinqué et fraternisé autour de verres débordants, laissant échapper de nos bouches de mémorables commérages et dérapages. Nous nous faisons d’ailleurs tous une idée plus ou moins précise de l’origine de ce breuvage, issu de la fermentation de quelques innocents petits grains de raisin. Mais saviez-vous que nos chers viticulteurs se livrent périodiquement à l’art de l’effeuillage, ôtant les vieilles feuilles afin de favoriser l’éclairement des grappes? Ainsi seulement, il est possible de porter à nos lèvres ce précieux breuvage.

Nous aussi nous avons pour habitude de nous soumettre à la cérémonie de l’effeuillage afin de dévoiler le fruit interdit au rythme d’une mélodie lascive. Petit à petit, centimètre carré par centimètre carré, poil par poil, l’invisible est enfin révélé. Dita en a fait son métier. Le moulin rouge sa célébrité. Comme quoi, regarder derrière a toujours fait jaser. Alain Souchon chantait « Sous les jupes des filles » et il avait raison, on a les yeux qui brillent! Nous aussi nous avons voulu nous laisser prendre par nos pulsions voyeuristes pour vous révéler les rouages complexes du métier le plus sexy au monde.

Alors lâchez-nous la grappe avec vos tabous et croquons à pleines dents dans la chaire du raisin, et tant pis si nous nous enivrons. A dévorer sans modération !

Lauréline Zeender et Sizhou Yang

04

Marco Ievoli

ASARA BESOIN DE BRAS

ASAR

tratifs ont des oreilles et des yeux et - qualité suffisamment exceptionnelle pour être relevée – ils s’en servent. Ainsi, chemin faisant, les rapports s’améliorent au point que l’on peut aujourd’hui leur proposer nos idées sans qu’ils commencent systémati-quement à faire chauffer le bûcher.

En réalité, les principales difficultés nous viennent de l’interne. Ce qu’il nous manque c’est ce qu’accusait le couple Gargiani-Ortelli dans un numéro précédent, « Le manque d’engagement ». Trouver de l’argent, convaincre des responsables, obte-nir des autorisations n’est pas un problème comparé au manque de bras. Et des bras avec des cerveaux c’est mieux. Nous avons en architec-ture un potentiel immense, celui de 1000 à 1200 cerveaux qui, paraît-il, fonctionnent plutôt bien. La faute revient probablement au système écrasant dans lequel nous vivons, car le calcul est vite fait ; consacrer 10 à 20 heures par semaine à une association c’est autant d’heures de sommeil en moins, voire pire, d’heures qu’on retire au sacro-saint projet. Alors inévitablement, on retrouve toujours les mêmes en réunion, aux conférences, en staff, pendant les visites de chantier. Ce sont eux qui organisent, planifient, montent au créneau, ce sont eux qui font vivre la section. Mais à dix, la tâche est lourde.

Quand bien même, le jeu en vaut la chandelle. Car lorsque nous voyons des centaines d’entre-vous danser dans le Hall du SG, écouter les conférences, voir les expositions, visiter les chantiers, lire la revue, feuilleter la publication des travaux de Masters des étoiles dans les yeux, alors, le pari est réussi.

et restera systématiquement plus forte que l’impulsion personnelle. Aussi, ASAR, par le biais de ses dif-férentes commissions, offre l’oppor-tunité de définir une vraie culture de la section d’architecture. Elle est – ou tout du moins essaie d’être – fédé-ratrice.

Vous le savez, l’administration est rarement clémente avec les porteurs d’initiatives. Elle préfère largement ceux qui restent dans le rang et suivent le mouvement. Mal nous en a pris, nous ne sommes pas de ceux-là. De fait, des pierres, on nous en a jeté, mais Berlioz disait « Il faut collectionner les pierres qu’on vous jette. C’est le début d’un piédestal ». Les initiatives que nous portons ont l’ampleur de la section qui nous abrite et évidemment, cela pose un certain nombre de problèmes logis-tiques. Et l’EPFL n’aime pas les pro-blèmes logistiques… Dire à l’EPFL « 1500 personnes vont venir danser et boire de l’alcool dans le hall du SG, pour la soirée BeSAR », c’est un peu comme demander à Benoît XVI d’accueillir la Gay Pride dans la cour du Vatican. Inévitablement, les discussions sont un peu houleuses et chaque initiative est discutée, dé-cortiquée, analysée par une troupe d’acteurs administratifs au moins aussi calés en initiatives collectives que ne l’est Gilbert Montagné en matière de tir à l’arc… Cependant, afin de rendre à César ce qui appar-tient à César, ces acteurs adminis-

La question que l’on est en droit de se poser concernant ASAR est celle du Pourquoi? Pourquoi faire une as-sociation? Pour faire comme tout le monde? Parce que cela vous donne faussement l’impression d’accomplir quelque chose? Parce que cela vous apporte puissance, sexe et argent? Probablement pour toutes ces raisons en effet (principalement pour le sexe et l’argent), mais surtout car nous avons un but commun.

« l’entreprise collective reste et restera

systématiquement plus forte que l’impulsion

personnelle »

« Trouver de l’argent, convaincre des responsables, avoir des autorisations n’est pas un problème comparé au

manque de bras »

Ce que l’association défend, c’est une vision. Une vison, certes, moins noble que celle proclamée par Martin Luther King lors du « I have a dream », mais une vision tout de même. Celle de dire « Nous allons au même endroit, allons-y ensemble ». Oui ASAR se base, en fait, sur un système idéalisé de covoiturage, les pauses pipi en moins, les bières en plus.En fait une association d’étudiants propre à une section, contrairement à ce que l’on pense, cela ne coule pas de source. En fait, la commu-nauté en tant que telle ne coule pas de source et, avec elle, tout un tas de valeurs passent facilement à la trappe. En effet, dans un système académique où l’on pousse bon gré mal gré les étudiants à la compéti-tion, et où les plus faibles servent de podium aux plus forts, une associa-tion d’étudiants telle qu’ASAR tente de maintenir un cap clair : celui de dire que l’entreprise collective reste

06

FIN D’UN CYCLE

ASAR

La publication se fera lors de la rentrée académique 2012, elle sera diffusée au sein de l’EPFL ainsi que dans différentes librairies en Suisse. L’exposition au Forum d’Architecture de Lausanne se déroulera du 19 septembre au 7 octobre 2012. Celle-ci prendra aussi part à La Nuit des Musées 2012 de Lausanne.

que celle d’une simple publication universitaire. A l’occasion du MAP12, nous cherchons à transformer cette publication en un événement. Ce qui permet de créer une plateforme d’échange informelle, une passerelle entre professionnels et étudiants.D’une part, par l’exposition de l’ensemble des projets au Forum d’Architecture de Lausanne (f’ar). D’autre part, par la création d’une table ronde au f’ar à l’occasion de la-quelle plusieurs intervenants tels que professeurs, étudiants et profession-nels débattront à propos de thèmes architecturaux liés aux projets. La scénographie et la mise en place de l’exposition seront organisées par un comité d’architectes-étudiants fraîchement diplômés.

« MAP », Master of Architecture Pro-jects, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est la publication principale de l’ASAR. Celle-ci a été lancée en 2009, suite à une demande com-mune entre la SAR et l’ASAR. Le MAP a depuis été publié consé-cutivement depuis 3 ans. Ce livre regroupe tous les projets de diplôme de la section d’architecture de l’EPFL ainsi que plusieurs textes de profes-seurs, indiquant leurs préoccupa-tions contemporaines pour situer les travaux des élèves dans le contexte académique. Cette publication « MAP » a pour but de permettre aux jeunes architectes de quitter l’EPFL avec une trace concrète de leur tra-vail de dernière année. Ce document d’archives, facilement consultable, est aussi important pour tous les étudiants en architecture, profes-seurs, architectes et toutes les autres

« Pré-commandez le MAP12 dès aujourd’hui pour vous

assurer un des 300 exemplaires à la rentrée »

« L’exposition au Forum d’Architecture de

Lausanne se déroulera du 19 septembre au 7

octobre 2012. »

Davide Di Capua

MAP12 UNE EXPO AU F’ARET UNE PUBLICATION

personnes s’intéressant au projet architectural.Cette année, nous voyons dans la réussite des trois générations-pilote du MAP, l’opportunité de passer un nouveau cap. Il s’agit d’une nouvelle approche qui cherche à donner au MAP une dimension supplémentaire

Editions précédentes de la publication “MAP” (MAP11, MAP10, MAP09)

07

Marlène Oberli

CONFERENCESFIN D’UN CYCLE

rassembler des personnalités, pen-ser au lieu adéquat. Mais c’est par dessus tout le prétexte qui permet de créer la rencontre entre le monde académique et le monde profes-sionnel. La volonté de déplacer ces conférences au cinéma Oblò est d’ailleurs née de l’envie de créer une ambiance propice aux discussions informelles qui se déroulent après les conférences.

que pleine, le nombre de sièges était insuffisant pour accueillir toutes les personnes présentes. Un grand merci à tous de vous être déplacés!Mais parlons de la suite, car c’est pour nous bientôt le moment de faire un pas voir deux dans le monde professionnel, et de laisser la place aux plus inventifs et ambitieux des étudiants, qui à leur tour mettrons leurs idées en forme pour créer un nouveau cycle de conférences. Ce dernier attend d’être inventé, orga-nisé, nommé, défini et mis en place. C’est là une opportunité de déve-lopper ses capacités d’organisation, d’apprendre à gérer un budget, à créer des contacts et c’est aussi la possibilité de mener un projet à terme.Trouver un thème, une logique,

Le cycle de conférences « en paral-lèle » arrive à son terme, après « le rythme » et « le langage », « proces-sus » clôt la série. Dernière confé-rence durant laquelle nous avons pu découvrir le monde intriguant de deux jeunes réalisateurs, les frères Lionel et Adrien Rupp. L’un d’eux, Lionel, nous a ouvert les portes de l’univers sombre et intriguant qui entoure leur dernière réalisation, « Quai Ouest ». La tête en l’air mais les pieds bien ancrés au sol, il nous a transmis les doutes et les diffé-rentes phases au travers desquelles un réalisateur passe, les problèmes de financement qui influencent la di-mension temporelle que va prendre un ouvrage. En résonance avec cette première intervention, Guy Nicollier a su transmettre les valeurs que véhi-cule le bureau d’architecture Pont12, dont il est l’un des associés, avec François Jolliet et Antoine Hahne.Il le dit simplement, le projet est un travail de groupe, et l’horizontalité des rapports entre les différents in-tervenants est primordiale; le maître de l’ouvrage, les différentes équipes qui vont travailler à la réalisation du projet, les futurs usagers ainsi que les organes politiques.La salle du cinéma Oblò était plus

ASAR

Le cinéma Oblò a fait salle comble pour cette dernière conférence du cycle “ en parallèle “.

« Le maître de l’ouvrage, en vous

posant des questions, vous tire en avant. »

« Une envie de se créer un réseau de contact, de rencontrer des personnes

extérieures à l’école? Prenez en main l’organisation des conférences dès la rentrée

2012. »

08SAR

de mise, est très large. Il demande au candidat un enseignement de haut niveau à diffuser théoriquement et pratiquement dans le cadre du projet d’architecture. Le « Call « est aussi très ouvert au niveau du poste à pourvoir, qui peut-être celui d’un professeur ordinaire comme celui d’un jeune professeur, appelé « tenure track ».Les candidats soumettent un CV complet, une proposition d’enseignement et de recherche, et fournissent cinq noms de personnes dites de référence. Le dossier est ainsi évalué par chaque membre, pour finalement constituer une « short list ». Les candidats sélectionnés sont invités à une conférence publique durant laquelle ils seront à nouveau évalués. Puis, le candidat se soumet à un entretien à huis clos avec les membres du comité pour répondre à un éventail de questions en tout genre.Le comité finit par transmettre les dossiers choisis au président de l’EPFL, Patrick Aebischer. Celui-ci les recevra un à un, afin de donner son accord au sujet des personnes sélectionnées. Finalement, le

nommer un professeur.A l’EPFL, l’organisme chargé de chercher et de proposer des candidatures se nomme le « search comitee ». Il est composé de 13 à 14 personnes, choisies par le directeur de l’institut ainsi que le doyen de la faculté ENAC, Marc Parlange. Le comité réunit un panel de professeurs : d’architecture, de la faculté ENAC, de l’EPFL, de l’ETHZ et de représentants de la profession ainsi que du corps académique à travers le monde.

Ce comité met en place un profil, qui circulera autant dans les journaux et les revues architecturales que par le phénomène du bouche-à-oreille, à travers le carnet d’adresses de chaque membre. L’appel, ou le« Call », puisque les anglicismes sont

Face aux grands changements qui s’opèrent dans notre section, face aux rumeurs qui courent dans nos couloirs, face à la pénurie de professeurs à cause, notamment, des prochains départs à la retraite, le BP et l’un de ses capitaines, Luca Ortelli, directeur de l’Institut d’Architecture, nous ont dévoilé la méthode qui va leur permettre de trouver les perles rares qui, en septembre prochain, auront la difficile mission de vous enseigner le projet.

LE SEARCH COMITEELe recrutement de nos professeurs se fait selon une hiérarchisation stricte, très différente des commissions de nomination que l’on peut trouver dans d’autres pays d’Europe, qui ont, eux, la charge de

« Le cahier des charges en restant très large

permet de laisser aux candidats de quoi

innover»

Lauréline ZeenderThéo Bellmann

NOUVEAUX PROFSY’AURA-T-IL REM KOOLHAAS DANS LES COULOIRS DU SG?

09

Juste pour informationArt. 1614 Salaire

1 Le salaire initial convenu à l’entrée en fonctions est compris entre le salaire minimum et le salaire maximum de la catégorie dont relève le professeur concerné.2 Les salaires minimums et maximums sont (état 2012): a. de 206 991 francs et 272 355 francs pour les professeurs ordinaires; b. de 177 043 francs et 242 407 francs pour les professeurs associés; c. de 147 060 francs et 212 424 francs pour les professeurs assistants. 3 Le salaire initial convenu tient dûment compte de l’expérience professionnelle de La personne, de ses prestations antérieures et de l’état du marché de l’emploi.4 Dans le but d’attirer des professeurs ordinaires particulièrement compétents, le Conseil des EPF peut, dans des cas individuels, augmenter le salaire à 115 % du salaire maximal au plus.

Source : Ordonnance du Conseil des EPF sur le corps professoral des écoles polytechniques fédérales

EVALUATIONVu combien l’école investit dans un professeur (voir ci-dessous), une fois en place, qu’en est-il de leur évaluation?Dans toute autre discipline il y a des objectifs à atteindre, dans la nôtre c’est un peu plus flou. S’il s’agit d’un jeune professeur, « tenure track », il existe une évaluation régulière interne. Mais la première évaluation, indicative, serait celle des étudiants.

Alors notre questionnaire, une fois rempli, est-il pris en compte?Oui, nous répond L.Ortelli, en se référant à son ancienne expérience en tant que Directeur de section. « Le résultat des sondages est vraiment pris en compte, et on arrive souvent à corriger l’année suivante. » Lors de l’évaluation indicative, une note est donnée par les étudiants. Si celle-ci est en dessous de la moyenne, le Directeur de la section doit convoquer le professeur concerné et tenter de rectifier le tir, en procédant à une évaluation approfondie en collaboration avec le CRAFT (centre de recherche sur la formation technique).

dossier sera transféré au Conseil des écoles polytechniques fédérales suisses, qui est l’autorité qui nomme les professeurs des écoles polytechniques.

CRITERES D’ENGAGEMENTLes critères majeurs de sélection, adoptés par le « Search Committee » en charge pour le « Architectural Design », sont l’exercice d’une activité professionnelle ainsi que l’expérience dans l’enseignement. Un troisième, plus facultatif, est l’engagement dans la vie de l’école (à noter qu’un doctorat n’est pas exigé). En ce qui concerne le programme, la thématique, le sujet, les heures de présence ou le nombre de cours dispensés, cela reste à l’évaluation du candidat. Le cahier des charges, en restant donc lui même très large, permet aux candidats un espace d’innovation. Cela permet aussi à la SAR de continuer à pouvoir offrir un échantillon d’approches et de conceptions architecturales diverses à ses étudiants. Cependant, « le search comittee » fait ainsi le choix de ne pas imposer de vision pré-établie à propos des thèmes à enseigner. Chaque candidat propose un type d’enseignement et l’école choisit ce qui l’intéresse. Mais plus qu’une question de procédure, c’est une question de vision. L’école ne devrait-elle pas prendre position sur ce qu’elle souhaite enseigner aux étudiants afin qu’ils puissent se constituer une base solide? Les candidats professeurs pourraient proposer diverses manières de transmettre ces thèmes. L’école pourrait alors construire une vision forte et claire qui lui fait défaut aujourd’hui. Par exemple, contrairement à des idées toutes faites, l’enseignement théorique lors d’un atelier n’est pas expressément demandé par la direction. Pourtant ce sont des cours très appréciés par les étudiants et en les rendant obligatoires, la section se différencierait officiellement des autres écoles suisses, de Zürich et de Mendrisio, dans lesquelles ces cours n’existent pas.

SAR

« Ce qui est curieux, c’est le fait que durant la période où je dirigeais la section, mis à part deux cas, à chaque fois qu’il y a eu une évaluation approfondie, on a obtenu des résultats positifs. Qu’est-ce que cela signifie? Je ne sais pas...Peut-être que l’évaluation indicative est utilisée prioritairement par les étudiants mécontents.» Il serait donc plus crédible que nous autres étudiants, soyons cohérents dans nos évaluations, afin de pouvoir demander légitimement à l’école qu’elle clarifie sa ligne d’enseignement, notamment en ce qui concerne les cours théoriques en projet.Finalement, au moment où nous écrivons ces lignes, les noms sont certainement connus par la direction mais la procédure n’est pas encore arrivée à son terme, dans les hautes sphères de Berne. Nous n’avons donc pas de scoop, seulement des souhaits et des expériences qui nous permettent de dire que Camilo Rebelo a été énormément apprécié par les étudiants, que Marco Bakker et Alexandre Blanc font l’objet d’un article dans ce numéro ce qui signifie que la rédaction les apprécie et que la folie milanaise de Nicola Braghieri apporterait du sang neuf dans les ateliers de projet. Mais nous ne sommes qu’une revue d’étudiants, qui possède un pouvoir informatif mais non décisif... D’ailleurs justement les étudiants dans cette procédure... ils sont où? Ha oui, devant leurs ordis à bosser, mais certainement pas autour d’une table à parler du futur de l’école...

« Le résultat des sondages est vraiment

pris en compte, et on arrive souvent à corriger l’année

suivante »

10SAR

ARCHIZOOMUN LIEU D’EXPOSITION QUI SE DÉVOILE

Pierre des CourtisPatrick Ayer

en Suisse bien sûr, mais aussi dans les musées tout autour du monde.

A ces impératifs intellectuels s’ajoutent bien entendu des problé-matiques beaucoup plus pratiques, telles que la gestion des délais. Du choix du thème au vernissage, en passant par la rédaction d’une publication, une exposition peut ainsi prendre jusqu’à un an à prendre forme. Certaines expositions sont produites de A à Z par Archizoom (cf l’article ci-après, Rassembler pour convaincre, traitant de l’exposition «Pièces à convictions») mais d’autres sont louées (pour un coût d’environ 20 à 30’000 chf + frais d’assurance, de transport et d’adaptation) et se font sur des délais plus courts, puisqu’elles ne nécessitent qu’un travail d’adaptation scénique (sou-venez-vous de l’exposition Studio Mumbai).

Ce travail est effectué sous la direc-tion de Cyril Veillon qui, master en art en poche, a commencé sa carrière dans la production vidéo pour des musées tels que Beaubourg à Paris. Il est ensuite rentré à Lausanne, d’où il est originaire, pour monter la galerie Lucy Mackintosh dans les anciens locaux du département d’architecture, avenue de l’Eglise Anglaise, avant d’être choisi pour prendre la direction d’Archizoom.

Pour ceux qui s’interrogent sur les plans futurs d’Archizoom, les noms de Yona Friedman, Rahul Mehrotra et Pier Luigi Nervi ont été évoqués. Celui de Rem Koolhaas l’a aussi été, mais il paraît qu’il est surchargé.

Archizoom. Tout le monde connaît cette petite salle d’exposition cachée dans un coin à l’entrée du SG. Tout le monde connaît les conférences (les apéros!) organisées par Cyril Veillon et son équipe (Jean-Robert Gros et Pascale Luck). Mais qui ne s’est pas demandé ce qu’il leur a pris de peindre ce mur en rose?Nous avons donc voulu en savoir un peu plus sur cette «plateforme d’échanges sur l’architecture» qu’est l’espace Archizoom.

Né sous sa forme actuelle en 2007, Archizoom est l’héritier d’un programme d’exposition et de conférences datant de 1974 et dirigé autrefois par Edith Bianchi. Avec l’arrivée de Cyril Veillon aux manettes, il est décidé de lancer un concours afin de donner une nou-velle identité visuelle au programme. L’Atelier Poisson propose de garder le nom de l’exposition du moment, Archizoom Associati comme nom pour l’espace d’exposition, qui jusqu’alors n’en avait jamais eu. La réglementation de l’EPFL interdisant l’installation de panneaux direction-nels, le nouveau nom sera peint sur le plafond à la sortie du tsol et au sol à l’entrée du SG, ainsi que sur le fameux mur rose, signalant à tout un chacun la présence de l’espace d’exposition.

En parallèle de ce nouveau nom, qui permet de mieux communiquer les activités de l’espace d’exposition, un board de direction est créé. Com-posé de 4 professeurs (H. Gugger, D. Dietz, J. Huang et B. Jacquot, qui sera remplacé par Y. Weinand

et I. Lamunière), il a la charge de définir quels seront les expositions et les conférenciers, tout en assurant l’identité à long terme d’Archizoom, sans intervention de la direction de la section.

Depuis cette réorganisation, Archizoom prend petit à petit ses marques dans l’univers muséal lausannois, le gain en notoriété et en respectabilité d’Archizoom lui a d’ailleurs permis de rejoindre le cercle très fermé des membres de l’association des musées de Lau-sanne, élargissant ainsi son public au-delà de son coeur de cible que sont les étudiants et enseignants d’architecture à l’EPFL, en lui per-mettant par exemple de prendre part à «La Nuit des Musées». L’objectif premier d’Archizoom reste cepen-dant de fournir un complément de formation aux étudiants, tout en étant un lieu de validation de la produc-tion architecturale. Pour ce faire, il est essentiel que des personnalités connues et reconnues participent aux conférences ou y exposent leur travail, validant ainsi l’ensemble de la programmation.

Le board porte aussi beaucoup d’attention au «momentum» de chaque exposition. Non seulement le sujet doit s’intégrer dans la pro-grammation, mais il doit aussi faire du sens vis-à-vis du contexte plus global de la réflexion architecturale,

« avoir des personnalités permet de valider

l’ensemble du programme »

11SAR

Emmanuele Lo GuidiceNader Seraj

YONA FRIEDMAN& EMMANUELE LO GUIDICEExposition ‘GENESIS OF A VISION’19 sept - 27 oct 2012

Yona Friedman, architecte théorique de l’urbanisme, est internationalement reconnu pour ses ‘utopies réalisables’ et sa façon de définir le rôle de l’architecte comme consultant chargé de suivre l’élaboration des bâtiments construits par les habitants.

Friedman est une figure emblématique, représentant la pensée caractéristique de la deuxième moitié du vingtième siècle par ses positions philosophiques, ses théories, sa pédagogie et sa recherche pour une nouvelle liberté formelle, émancipée des idéologies et des dogmes usuels.

Si la pensée et le langage plastique de Fried-man sont aujourd’hui à l’avant-garde, c’est essentiellement car sa vision et sa façon de la transmettre à travers ses manuels illustrés, essais, maquettes d’études, conférences et leçons, reflètent et réinventent les principes fondamentaux universellement partagés.

Le point focal de la recherche de Yona Friedman est l’individu en qualité de créa-ture unique et indispensable à l’équilibre de l’univers, avec toutes ses capacités, inspira-tions et potentialités. Une pensée fortement adressée à l’autre, avec un regard pointé sur l’état du monde et les espaces adaptés pour réaliser un système démocratique partagé.

Auteur de nombreux livres et ayant enseigné en Angleterre et aux Etats-Unis, il exposera prochainement ses recherches personnelles et celles effectuées en collaboration avec Emma-nuele Lo Guidice à la Galerie Archizoom.

12SAR

RASSEMBLER POUR CONVAINCRE

LES ÉTAPES DE LA PRODUCTION D’UNE EXPO

Cyril Veillon

Un projet d’exposition comprend trois phases : la conception, le montage et l’exploitation, avec en fin de montage une date de vernissage immuable.

En architecture, l’exposition peut être considérée comme un projet en soi. Un projet d’architecture qui cherche à définir une forme au service d’un contenu. Dans une institution comme l’EPFL, le contenu, d’un niveau uni-versitaire, a des exigences scienti-fiques élevées. La recherche de la forme doit être du même niveau, et peut aussi devenir un terrain d’expé-rimentation et de prototypage pour la recherche d’interventions spatiales porteuses de sens. C’est l’une des ambitions d’Archizoom.

L’exposition sur l’Ouest lausannois a été proposée au board Archi-zoom début 2011 par Lorette Coen

et Ariane Widmer, alors qu’un livre sur ce thème était en préparation. La thématique était intéressante, mais la proposition n’offrait pas de contenu précis à exposer. Il fallait l’inventer. Un groupe de travail s’est constitué pour réfléchir à la question du discours sur une méthode de planification de la ville que nous trou-vions exemplaire, et sur la traduction de ce discours en exposition. Dans ce groupe siégeaient Lorette Coen (journaliste et auteure du livre), Ariane Widmer (architecte-urbaniste et cheffe de projet du SDOL), Benoit Biéler (géographe du SDOL), Giorgio Pesce (graphiste d’Archizoom et du SDOL), Harry Gugger (profes-seur et président d’Archizoom), et moi-même (directeur d’Archizoom). Il est assez facile d’imaginer une exposition à partir de belles pièces à exposer. Il est plus difficile de partir d’un thème et de trouver la matière à exposer. Après deux longues séances de brainstorming, toujours pas d’idée forte. Lorsque tout est possible, le premier pas est difficile à faire. Pour débloquer la situation, il fallait développer de manière anticipée la phase très concrète de la scénographie de l’exposition. La réflexion sur la forme devait préciser les questions sur le fond. J’ai donc engagé l’architecte Youri Krav-tchenko pour rejoindre le groupe de travail, avec la mission précise de concevoir et réaliser la mise en espace de la thématique. Après quelques allers et retours productifs, les idées se sont concentrées et l’exposition a pris forme.

« Partir d’une référence facilite beaucoup la discus-sion et la communication.»

Nous nous mettons d’accord sur la sélection d’objets de provenances différentes, que nous appelons les « objets trouvés », et qui vont évo-quer chacun un aspect précis de la thématique. Pour le traitement de l’espace, Youri va s’inspirer du film « Dogville » de Lars von Trier, où d’une manière très théâtrale, un village est représenté par des lignes dessinées sur le sol. Cette piste nous aide à trouver une stratégie pour construire une sorte de métalangage, une couche informative sur les objets exposés, qui va informer sur la méthodologie du SDOL. Cette idée ne sera pas retenue littéralement, mais l’inspiration de la scénographie du film donne le ton et l’ambiance de l’exposition. Partir d’une référence facilite aussi beaucoup la discussion et la communication.

L’architecte dessine un mobilier qui va recevoir les objets, pour les exposer correctement, mais aussi pour les muséifier, dans l’idée de les rendre expressifs, de leur donner un statut qu’ils n’ont pas hors de l’exposition. Nous sommes déjà en novembre, et l’exposition va ouvrir fin février, 4 mois plus tard. Les tests et le prototypage des meubles sont moyennement convaincants. La pression commence à monter : la sélection des objets piétine, les sup-

13SAR

Le mobilier de l’exposition

aucune indication au mur, ni aucun panneau. Nous voulons rester assez radical et privilégier une vision spa-tiale claire qui définira une atmos-phère forte. La solution des textes passe donc par des fiches, sortes de cartes d’identité associées à chaque objet, qui apportent du sens sans coloniser l’espace. La phase d’écri-ture commence donc assez tard, après la sélection des objets et leur mise en espace. C’est une phase capitale car ces textes valident le contenu scientifique de l’exposition. Il faut donc y consacrer suffisam-ment de moyens.

En parallèle, l’exposition est montée, passage décisif des plans et de la maquette à la réalité. Il faut adapter et souvent réinventer les concepts. Les questions de détail appa-

« Il faut adapter et souvent

réinventer les concepts. »

ports d’exposition sont incertains, et les textes explicatifs n’existent pas encore. Pour respecter le cadre budgétaire, les meubles devront être fabriqués in house, sur la découpe 3 axes de l’EPFL, dans les deux semaines où la machine est dispo-nible. Si l’on veut obtenir de la qualité avec une économie de moyens, il faut se donner du temps. Heureu-sement, la solution de fabrication est trouvée suffisamment tôt, et les meubles sont découpés en tout début d’année. Cette étape se fait un peu à l’aveugle, car les meubles sont spécialement dessinés à la mesure d’objets que nous n’avons pas encore.

L’exposition se base sur les objets pour faire passer un message. Nous avons pris le parti de ne mettre

raissent. Cette étape, probablement comme la phase de construction d’un bâtiment, nécessite une grande créativité. Chaque nouvelle décision peut nous éloigner de l’idée origi-nale, et affaiblir le projet. Par ailleurs, cette créativité est mise sous la pres-sion du temps et du budget. Nous sommes dans une sorte de course contre la montre, avec une date de vernissage impossible à déplacer. Architecte, graphiste, journaliste, imprimeurs, photographes, cura-teurs, tout le monde se coordonne étroitement pour respecter les délais de plus en plus courts.

Pendant ce temps, il faut gérer la campagne de presse, et organiser les événements et les conférences qui feront vivre l’exposition. Cette étape fait partie des différentes rela-tions publiques qui sont orchestrées pour qu’un projet atteigne sa cible. Archizoom a plusieurs publics cibles : les étudiants en premier lieu, les architectes actifs, qui peuvent ainsi garder un lien avec la recherche et la formation, et un public externe, non spécialiste, mais également très concerné par les réflexions sur notre environnement construit. Ces efforts de RP sont probablement encore un des points faibles d’Archizoom, qui doit faire des efforts particuliers pour se faire connaître hors du campus. Ils sont cependant décisifs, surtout dans le catalyseur du jeu social que constitue un espace d’expositions et de conférences. Nos efforts pour faire d’une exposition un projet d’architecture en tant que tel res-teraient improductifs si ils n’étaient pas soumis au regard externe et à la critique. Je termine donc en lançant un appel aux étudiants, lecteurs de cette revue : vous êtes notre public cible, mais vous êtes aussi nos porte-paroles. Par votre participation aux événements, par votre feedback et vos critiques, vous faites vivre Archizoom. Et vous pouvez renfor-cer cet outil de communication en relayant l’information autour de vous.

14REGION

UNE DOUCE LEÇON DE VIE

Sizhou Yang

BIBLIOTHEQUEET SI J’APPRENAIS À LIRE?

C’est imminent, l’espace revues «Rêv-d’arch» va déménager ! Steven Gheyselinck partira cet été à la retraite. Nous regretterons tous son humour décalé et les débats pas-sionnés que nous entretenions avec lui. Bientôt, personne ne se souvien-dra de l’ancienne bibliothèque de la section d’architecture, du temps où il était possible de feuilleter deux-trois revues le temps d’une pause. Les espaces SG 2210 et 2211 ne seront plus qu’un atelier parmi d’autres.

Alors que l’accès à la documentation devient encore plus difficile pour nous autres, étudiants d’architecture, je vous propose quelques astuces pour ne perdre aucune minute pré-cieuse et enfin savoir utiliser toutes les ressources proposées par la bibliothèque du Learning Center.

La collection d’architecture a tou-jours eu un statut particulier parmi l’ensemble des collections présentes à la bibliothèque. Alors que chaque section possède sa propre bible (je pense par exemple au fameux« Cell biology » de SV), en architecture nous devons souvent feuilleter des dizaines de livres pour réviser un examen d’histoire.

Il vous est probablement arrivé au moins une fois durant vos études de devoir attendre durant plusieurs mois un livre que vous aviez réservé. Pour ne plus être le 7e de la liste d’attente, il est possible d’utiliser la « proposi-

tion d’achat ». Cela permet aussi aux bibliothécaires de mieux connaître vos besoins. Il est toujours pénible de recevoir, à la fin d’un cours, une énorme bibliographie et de ne retrouver que le tiers dans la bibliothèque. Le manque de communication de la part des enseignants explique souvent ce problème. Il ne faut alors

pas hésiter à contacter directement la bibliothèque afin d’en discuter et de compléter la collection.

Les bibliothécaires seront toujours disponibles pour répondre à tous vos doutes et questions. Ils seront toujours heureux de recevoir vos moindres remarques et suggestions.

LIENS UTILES

N’oubliez pas d’utiliser la possibilité de « proposition d’achat » dont le formu-laire est disponible sur http://library.epfl.ch/

Lorsque nous sommes à la recherche d’un livre, nous avons pris le réflexe de nous diriger directement sur le catalogue NEBIS (http://www.nebis.ch/). Par contre nous oublions souvent que le réseau RERO (Réseau des biblio-thèques de Suisse occidentale, dont celle de l’UNIL) (http://opac.rero.ch/) permet de combler les manques et de compléter NEBIS.

Il existe une liste des ressources importantes (normes SIA, Cartes topogra-phiques suisse etc...) sur la page : http://library.epfl.ch/sources/?subject=archi

La Bibliothèque de l’EPFL offre des formations et miniguides sur des stra-tégies de recherche, d’utilisation et gestion de l’information scientifique et technique. http://library.epfl.ch/formation

Il ne faut pas oublier de citer que, jusqu’à la fin de ce semestre, les revues resteront accessibles dans le bâtiment SG à Rêv-d’arch : enac.epfl.ch/revues (recherche par titre de périodique et par article dans les bases de données Avery, Archipool, Archirès et Iconda)

N’hésitez pas à prendre contact directement avec les bibliothécaires qui s’empresseront de répondre à toutes vos questions ([email protected]). Catherine Sénéchaud et Chantal Blanc sont les bibliothécaires responsables de la collection d’architecture.

15REGION

Théo BellmannMarlène Oberli

BAKKER ET BLANCUNE DOUCE LEÇON DE VIE

rents personnages tissés ensemble et à la fin c’est mis en électricité et ça commence à vivre.»

Néanmoins chaque partie du brico-lage est choisie dans un répertoire hétérogène mais dirigée par des préoccupations claires «en rapport à la forme ou à la matérialité et qui ne partent pas dans tous les sens, il y a une certaine constance dans la façon de faire et toujours un besoin de synthèse.» Ce processus de partir du vécu de chacun est particulier et n’est pas du tout évident dans les murs du SG où les théories d’archi-tecture passées et l’histoire de l’ar-chitecture occupent un grand rôle. Dans leur démarche, les architectes perturbent «la perception habituelle de savoir qui sont les meilleures étu-diants et qui ne le sont pas car nous faisons appel à des connaissances que tout le monde possède.

Marco Bakker et Alexandre Blanc

« Le projet est alors un bricolage, construit avec

différentes choses qui ne se connectent pas à

première vue. C’est comme Frankenstein »

Lorsque l’architecte fait un projet, il entre dans l’intimité des usagers, imagine leurs gestes, leurs besoins et envies, il pénètre dans le monde secret des maîtres d’ouvrage et habi-tants des villes. Il imagine comment ils dorment, mangent, jouent ou font l’amour. L’architecte ne cesse de voir dans son imaginaire les gens se mettre à nu... et tente de traduire ces visions en espaces adaptés. C’est précisément cette question que les architectes Bakker et Blanc utilisent comme base de leur méthode projectuelle car «la densité urbaine est en relation avec l’intimité et que l’architecture fait partie des instru-ments de contrôle des intimités dans des endroits très denses.» Pour répondre à ces préoccupations une sensibilité accrue est de mise pour créer des espaces de qualité. C’est

donc un processus long et introverti qu’ils mettent en place depuis plu-sieurs années, autant dans le monde professionnel que dans le monde de la recherche, car « il y a comme une absence de limite entre l’atelier et le bureau, ce sont des territoires qui se recoupent et ça nous arrive assez souvent de pouvoir vérifier à l’atelier à travers des travaux d’étudiants des choses que nous imaginons être possibles» C’est donc une seule et unique méthode que le duo nous propose. Une méthode basée sur un bagage de vie très riche en voyages, en culture générale mais aussi en souvenirs d’enfance et de sensations quotidiennes. Le projet est alors «un bricolage, construit avec différentes choses qui ne se connectent pas à première vue. C’est comme Fran-kenstein: un corps composé de diffé-

Par contre, dans la traduction, il peut y avoir des différences, mais nous voulons rendre attentif que ce que chacun a déjà fait est recyclable dans le projet d’architecture. Tout n’est pas à apprendre, heureuse-ment et notre travail est de faire prendre connaissance aux étudiants de ce potentiel. (...)

16

Ci-contre : Rénovation du Musée Jenisch, Vevey, 2012 Les architectes insèrent leurs créations dans le temps

avec respect pour le passé et des visions pour le futur. Dans le bref instant présent leur architecture est presque

invisible, l’existant et le nouveau forme un ensemble prêt à affronter le temps.

Nous leur demandons de nous com-muniquer ce qui est derrière le pro-jet, avec une image de référence et tout d’un coup un dialogue se crée entre le prof et l’étudiant et ça facilite la communication. C’est la même chose avec les maîtres d’ouvrage, les images aident à montrer ce que nous avons derrière la tête dans un projet.»

C’est donc une méthode où la patience règne qui nous est dévoi-lée, un processus lent et long qui renie le génie d’un soir et d’une esquisse sur la nappe qui crée le projet parfait. «Il n’y a pas cette intuition spontanée, en allant sur le site et on fait un gribouillis mis ensuite en place par les techniciens. C’est une construction assez lente, parfois un peu timide et effacée mais

néanmoins il y a cette idée de rester en tension très longtemps, et c’est à travers le temps que petit à petit les choses viennent, s’accumulent, ou se choisissent. Le travail est ainsi assez résistant au temps qui passe, peut-être parce qu’il ne s’accroche pas à une évidence visuelle et qu’il possède une épaisseur.» Ce long procédé semble couler comme un long fleuve tranquille mais c’est à ce moment que le plus gros effort est à fournir et être capable de remettre en question le projet, car «jusqu’au dernier moment on peut remettre en question le projet, ce n’est pas un projet par étape et on aimerait culti-ver ça chez les étudiants,» leur faire comprendre que «au travers de ce qu’ils ont fait, ils ont appris quelque chose et jusqu’à trois semaines du rendu final on peut remettre en

question radicalement ce qu’on fait.» Soyez prêts, vous êtes juste dans les temps, les critiques sont fin mai... Et dans le monde professionnel «par-fois les décisions se prennent sur le chantier. Un jour nous n’arrivions pas à nous décider et nous avons choisi in situ avec le maçon à nos côtés l’emplacement d’un percement dans un mur...»

Au final « le projet, s’il a des qua-lités, c’est qu’il ne résout pas des problèmes mais qu’il en évite.» Et «que ça ne semble pas extraordi-naire» car «L’architecture contempo-raine n’existe pas pour nous, il faut s’inscrire dans l’histoire pour pouvoir faire quelque chose dans le futur qui devient, au moment où c’est fait, de l’histoire. Chaque chantier que l’on termine devient de l’histoire.»

Plus qu’une méthode de projet, c’est une philosophie de vie qui semble s’offrir à nous. Peut-être que nos personnalités fonctionnent comme des projets et qu’elles sont un bri-colage fait des influences qui nous entourent, et qu’à force de patience et de persévérance nous devenons des êtres humains capables de résister au temps qui passe... Réalité qu’aucun traitement ne permet de freiner...

Pour vous l’architecture c’est....C’est la vie !

Un conseil à donner aux étudiants? de ne pas essayer de réussir.

Les Neigles. Fribourg. 3 maisons individuelles en zone inondable

Image de référence du projet La coupe sur une des maisons. L’espace du séjour

“Les trois maisons font partie d’un plan de quartier controversé suite au débordement de la Sarine en été 2005. Les parcelles étant inondables, l’étude a consisté à imaginer le scénario de sauvetage des habitants en cas de crue séculaire. Pour être sauvés, un périmètre a été défini, dans lequel un remblai permet aux pompiers de porter les habit-ants sur leur dos en ayant au maximum les pieds dans 60 centimètres d’eau, ce qui est considéré comme sûr.Pour contempler les inondations, les maisons ont leur espace de séjour au 2ème étage, prolongé par une grande véranda en porte-à-faux sur l’eau. Un garage fait con-trepoids à l’arrière et évite que les bâtiments partent à la dérive.”Présentation du projet .www.bakkerblanc.ch

REGION

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18DEPOUSSIERAGE

Davide Di Capua

DEPOUSSIERAGELE « LOVE HOTEL »

« Une approche théorique sur le thème des « Love Hotels », une typologie particulière de lieux de

plaisir en Amérique du Sud »

Pour ce numéro « Striptease », on propose une nouvelle rubrique pour le journal « l’Atelier » intitulée «Dé-poussiérage ». Celle-ci s’intéressera particulièrement au souterrain du BP afin de dévoiler les quelques trésors cachés des archives de la SAR. Chaque nouveau numéro permettra la redécouverte de travaux, projets, thèses, articles, des années pré-cédentes. Cette rétrospective, des années 1960 à nos jours, apportera une compréhension plus appro-fondie des sujets qui ont séduit les étudiants de l’école d’architecture de

Lausanne.Pour ce premier article, il me semble approprié d’interpréter le « strip-tease » dans son sens propre. L’acte du « striptease » comme symbole érotique. Quelques-uns connaissent bien sûr la maison du plaisir « Oike-ma » dessinée en 1780 par Claude-Nicolas Ledoux. Trouve-t-on toujours des rapports entre architecture et sexualité ? Une approche théorique sur le thème des « Love Hotels », une typologie particulière de lieux de plaisir en Amérique du Sud, a été dévoilée par Manon Fantini lors de

«Au Brésil, le terme motel désigne communément un lieu d’héber-gement de courte durée dont les chambres sont exclusivement desti-nées aux couples en quête d’intimité. Encore peu connus en Europe, les hôtels pour couples (Love hotels) représentent un type d’établisse-ment très couru qui se retrouve dans diverses parties du globe, et qui connaît un succès significatif en Amérique du Sud (principalement au Chili, Guatemala, Mexique, Argentine) et en Asie Orientale (Corée du Sud, Thaïlande, Hong Kong, Japon). Extrêmement répandu, le phé-nomène reste toutefois difficile à appréhender dans son ensemble. En effet, si les Love hotels fonctionnent toujours selon les mêmes principes (des chambres pour couples qui se louent à l’heure ou à la période, dans un cadre discret et anonyme), ils

son énoncé théorique de master en 2009. Voici ce que l’on peut lire dans le premier chapitre « Miroirs »:

19DEPOUSSIERAGE

présentent des spécificités diffé-rentes en fonction de l’endroit où ils se trouvent, qui se traduisent dans leur esthétique, leur architecture, leur usage ou même leur nom. A Buenos Aires, par exemple, on les appelle communément Telos ou Albergues Transitorios. Ce sont des lieux extrêmement discrets et sobres qui s’établissent dans tous les quartiers de la ville, se cachant derrière l’apparence d’immeubles de logement traditionnels. Ils sont des lieux idéaux pour accueillir discrète-ment des couples cachés ou illicites. A Tokyo, en revanche, les Fashion hotels (anciennement Love hotels, mais dont l’usage s’est tellement diversifié qu’ils ont déjà changé de nom à plusieurs reprises) affichent une esthétique ostentatoire. Leurs chambres variées aux décorations élaborées permettent aux couples de tous âges d’assouvir leurs fantasmes dans des contextes extravagants sans cesse renouvelés. Les Love hotels sont des lieux qui évoluent en fonction de leur contexte

Suite especialEsquema horizontalEsquema vetical

sur les sociétés qui les ont vus naître. Ils en délivrent un reflet précis, que ce soit en fonction de leurs avancées technologiques ou de l’évolution de leurs moeurs. Comme le Japon ou l’Argentine, le Brésil est l’un des pays où les Love hotels - que les Brésiliens nomment communément motels - ont connu le succès le plus spectaculaire. En quelques décennies le phénomène a dépassé son caractère anecdo-tique pour devenir un nouveau type d’hébergement à part entière, qui se retrouve pratiquement dans toutes les villes du pays. A São Paulo, leur usage s’est démocratisé à mesure qu’ils ont envahi le paysage urbain, et aujourd’hui la plupart des habitants de la ville ont, au moins une fois dans leur vie, fréquenté un motel. Si un Love hotel est un phénomène

« exclusivement destinées aux couples en quête

d’intimité »

social et culturel. Apparus simultané-ment en différents points du monde dans les années 70, ils ont évolué au gré de décennies marquées par d’importants changements de men-talité vis-à-vis de l’intimité et de la sexualité. A bien des égards, ce sont des lieux qui regorgent d’informations

particulier qui reflète son contexte à la manière d’un miroir, cette analyse a pour but de déterminer quelles sont les spécificités des motels de São Paulo, de manière à découvrir les enjeux et le potentiel de ces lieux de plaisir dans la mégapole. » (Manon Fantini, « motel » Sao Paulo - L’intimité dans la mégapole, énoncé théorique de master en architecture, EPFL, 2009)

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Sizhou Yang

« ce No man’s land connu sous le nom de place

Cosandey. »

« Le Sud du campus a été traité dans le cadre d’un appel d’offres en

entreprise totale, pour le projet Objectif campus »

Depuis quelques années, le campus ne cesse de vibrer au rythme des marteaux-piqueurs. Encore plus que la présence de notre cher lac Léman, c’est l’omniprésence des grues et de leurs ombres portées qui captivent le champ de vision des étudiants de l’EPFL. A maintes reprises, il nous arrive de nous motiver à étendre nos recherches au-delà des ateliers du SG ou des Triaudes jusqu’au Lear-ning Center (a.k.a. Rolex ou Lear-nex). Inconsciemment, nous évitons d’emprunter cette place dont les cratères circulaires trament le sol, ce No man’s land connu sous le nom de place Cosandey. Lorsque votre pied se foulera dans un avenir proche dans ces cratères, sachez que ce sera le lieu du prochain chantier de notre cher campus.

Certains d’entre vous l’ignorent peut-être encore, mais sachez qu’en

ce moment même, douze bureaux dessinent les trois futurs pavillons de

Nous autres pauvres étudiants avons découvert la réalité des concours d’architecture durant nos stages, mais nous nous sommes parfois interrogés sur l’origine d’un concours. Qui sont ces gens qui ont pouvoir de vie ou de mort? Comment ce concours de pavillons a pris naissance ?

La décision part au niveau de la direction de l’EPFL. C’est clairement M. Aebischer qui a été à l’origine de ce projet. Ainsi que Francis-Luc Per-ret, vice-présidence à la planification et logistique. Par la suite, il y a auto-matiquement quelques personnes qui sont impliquées, apportant leur input, montant le programme petit à petit.

Le Sud du campus a été traité dans le cadre d’un appel d’offres en entre-prise totale, pour le projet « Objectif campus » pour les aménagements extérieurs, la signalétique, la lumière

sur le site. Et puis il y avait effecti-vement cette volonté de pavillons pour animer cette place. Toute la complexité réside dans le fait que nous voulions garder la place aussi

la place Cosandey. Sans broncher, j’ai parcouru le kilomètre qui sépare les ateliers des diplômants du DII (Domaine immobilier et infrastruc-ture) pour vous livrer les coulisses de l’organisation d’un concours qui ne fait pas beaucoup de bruit.

Arrivé sur les lieux, j’ai été reçu par M. Pierre Gerster, architecte EPFL et responsable du département des constructions. Il m’a livré quelques informations avec la retenue exigée par cette forme de procédure.

ESSAI

CONCOURS

ET LANGUE DE BOIS...PAVILLONS

21

libre que possible pour certaines manifestations, tout en apportant de la vie sur cette place (Ces pavillons ne seront pas démontables!).

Pour monter le programme, la direction est-elle autonome ou doit-elle répondre à la Confédération ?

Il y a une autonomie au niveau du choix du programme, par contre ces différents projets sont annoncés pour accord au niveau de la confé-dération. C’est le Conseil des écoles polytechniques fédérales qui nous permet de libérer les budgets pour la construction de ces éléments. Une partie du financement viendra de la confédération, et une autre partie viendra probablement du sponsoring (M. Gerster ne pouvait pas en dire plus).

Comment définit-on le programme des pavillons dont le budget s’élève à 7 mio ?

Le programme est monté par une étude de marché, on fait appel à des spécialistes en la matière. Automatiquement, il y a des gens aux compétences différentes sur le site que nous associons pour renforcer le programme. Si je prends par exemple le pavillon d’accueil, nous savons un peu quel type de délégation vient visiter le campus. Ainsi nous définissons la capacité et le programme : une salle de confé-rence, un espace d’exposition et autre. Ce sont des estimations que nous faisons et consolidons.

Durant le processus du concours, les architectes peuvent-ils modifier le programme ?

Lorsque les bureaux interviennent, c’est un processus continu. Quel que soit le projet, il y a un programme de base, et puis tout projet doit se développer en partenariat entre nous-même et le bureau d’architecte. Le projet évoluera sans doute, depuis le résultat du concours jusqu’à la réalisation finale. Mais l’objet restera proche du programme prévu à la base. Le résultat du concours n’est pas une image figée. Il y a douze pro-jets, mais même celui qui sera lauréat n’aura pas répondu à 100% à ce que

connaissances spécifiques. Nous avons aussi l’obligation d’avoir une majorité de spécialistes dans le do-maine du programme du concours (selon la loi sur les marchés publics).

Comment définit-on des spécialistes de pavillons, cela semble difficile ?

Nous choisissons des architectes avec qui nous avons un bon dia-logue. Il y a notamment Dominique

nous avons demandé. Comment a été défini le jury qui décidera du projet lauréat ?

Automatiquement la direction de l’école est impliquée. Nous faisons une proposition à la présidence et à la vice-présidence. Nous essayons de trouver différentes compétences qui sont liées au programme, pour que chacun puisse y apporter ses

ESSAI

Dès sa création en 2010, il y avait déjà l’intention de poser des pavillons sur la place Cosandey. Chacun d’entre eux aura une fonction particulière:

1. Avec la collection de films en haute définition que nous lègue Claude Nobs, le Montreux Jazz Lab sera le lieu où différents laboratoires pourront intégrer et tester leurs travaux, un lieu d’expérimentations des nouvelles technologies dans un cadre convivial tant pour les collaborateurs que pour les étudiants.

2. L’EPFL reçoit de nombreux visiteurs mais ne dispose pas d’un espace d’ac-cueil digne de ce nom. Le pavillon d’accueil et de présentation disposera d’un espace d’exposition qui présentera l’école; ce sera la « vitrine » de l’école, « l’espace devra être convivial! »

3. Le dernier pavillon sera culturel et artistique. « C’est la composante cultu-relle européenne qu’on veut donner là! Un lieu d’exposition d’éléments culturels associés à des recherches de laboratoires.»

Une sensation de déjà-vu. Encore un projet qui ne nous concerne pas vraiment, du moins indirectement. Mais il ne faut pas oublier que les derniers projets du campus reflètent cette vision de Patrick Aebischer, celle d’un campus où les laboratoires tournent jour et nuit. « Chaque époque a ses propres ambitions » nous rappelle Pierre Gerster. Les grands travaux initiés dès 2004 reflètent la vo-lonté de métamorphoser le campus pour répondre au contexte urbanistique en s’appuyant sur les axes Nord-Sud. Alors, quelles seront les étapes suivantes du développement du campus ? « Il y a la réhabilitation des bâtiments de Zweifel et Strickler par Dominique Perrault avec l’entreprise Steiner qui réalisera égale-ment le Teaching bridge au-dessus de la liaison du centre Midi et du centre Est. Et puis le futur va surtout se jouer sur les terrains Nord… »

?

22

UN DÉFI OU UNE CHANCE ?

Perrault. Il va aussi pouvoir donner son input par rapport à la connais-sance du site qu’il possède et par rapport à la proximité des autres pro-jets qu’il réalise. Ce sont des gens qui ont de bonnes connaissances du site. Nous avons également dans le jury Claude Nobs, Mathieu Jaton (CEO du Montreux Jazz festival) pour le Montreux Jazz Lab. Thierry Wegmüller (propriétaire de différents établissements publics de Lausanne) pour tout ce qui est lieux de vie. Et puis nous avons toujours un repré-sentant de l’AVACAH pour garantir que les projets soient adaptés pour les handicapés et avoir leur soutien dès le départ.

Pourquoi avoir choisi la procédure sous forme de ”concours en procédure sélective pour un mandat d’architecture et de direction des travaux” et pas une procédure ouverte? Un tiers des bureaux retenus seront de jeunes bureaux, mais les conditions sont telles que les jeunes bureaux ne peuvent pas y participer.

Si nous avions une procédure ou-verte, nous aurions plus d’une cen-taine de bureaux qui travailleraient sur le concours pour n’en retenir qu’un au final. Nous ne voulons pas faire travailler tout ce monde dans le vide. L’objectif c’est de faire travailler douze bureaux qui ont une certaine expérience et sensibilité par rapport aux pavillons. Ces douze bureaux recevront une rétribution au bout de la procédure. Mieux vaut quelque part cibler au départ. Tout en faisant travailler au minimum un tiers de jeunes bureaux. Nous avons demandé qu’ils aient cinq ans d’expérience. Nous voulons des bureaux qui puissent faire le suivi du projet et avoir une certaine indépendance. Nous avons deman-dé un certain nombre de preuves conformément au marché public. Si nous les demandons lors de la phase de sélection, c’est aussi pour savoir que de ce côté tout est en règle. Ainsi nous n’arriverons pas au terme de la procédure pour décou-vrir que des bureaux ne sont pas solvables. Nous voulons aussi nous assurer de la stabilité du bureau. Dans les documents que nous

avons demandés aux bureaux il y a par exemple le respect et l’égalité hommes et femmes ou l’extrait de l’office des poursuites. Tous ces éléments ne devraient pas poser de problème. De cette manière pour la deuxième phase, nous pouvons nous concentrer sur les aspects purement liés au projet. Certains candidats peuvent s’en indigner et estimer que nous demandons trop, libre à eux de ne pas participer. Demander des références, un CV, le

nombre de personnes qui sont dans le bureau,… c’est assez naturel!

Quels ont été les critères de sélection? Comment ont-ils été définis? Et comment se déroule la délibération du jury?

Ils ont été choisis selon 4 critères :- Qualité des références dans des domaines analogues (dans le style pavillonnaire)- Qualité de l’organisation du bureau et stabilité économique.- Qualité globale de la production architecturale- Conformité du dossier

Le DII reçoit les dossiers de sélec-tion. Nous faisons tout le travail de pré-analyse, nous vérifions tous les documents pour préparer la délibé-ration. Un rapport de pré-analyse est transmis par la suite au jury. Les membres du jury sont tous très oc-cupés, et nous ne pouvons pas nous permettre de passer trois semaines à délibérer. En général, nous deman-dons au jury de réserver une journée. Pour une phase de présélection, c’est toujours plus rapide. Pour la 2e phase, ce sera une journée plus que bien remplie! La décision finale devrait avant tout se faire sur le coup de cœur! Nous ne voudrions pas choisir un lauréat par élimination.

Pour ce concours il est possible de rendre des variantes. Que devrions-nous comprendre?

Comme pour tout projet, concours ou appel d’offres, il faut que les concurrents répondent au pro-gramme donné, simplement pour comparer les différents projets.Si maintenant, ils veulent proposer une variante, ils peuvent le faire. Mais ça doit être en plus de la proposi-tion de base, et clairement défini tel quel. Le jury regarde d’abord la proposition de base, et puis dans la variante. C’est plus un complément de programme ou une variante sur une partie. Mais l’essentiel doit être conforme au programme de base.

Aviez-vous pensé à proposer aux différents ateliers ou laboratoires de recherche de la section d’architecture de se lancer dans l’aventure ? Mettre à profit l’enseignement de l’EPFL directement à travers la réalisation d’un projet concret ?

Nous sommes souvent sollicités par l’ENAC pour des projets d’ate-liers, des études, etc. Proposer ce concours comme objet d’étude, mais en vue d’une réalisation, ça devient très honnêtement très com-pliqué. Le premier obstacle est votre statut d’étudiant. Ensuite il faut déve-lopper ce projet, avoir une équipe derrière, suivre le projet. C’est un mandat d’architecture et de direction des travaux. Il faut aussi, avoir une certaine expérience derrière. Je ne dis pas que les étudiants ne peuvent faire des propositions intéressantes, loin de là. S’il s’agissait d’une étude d’idée, ce serait imaginable. Mais là, il y a énormément d’éléments spé-cifiques et financiers au niveau de la réalisation qui doivent être donnés à des professionnels.

« Certains candidats peuvent s’en indigner et estimer que nous

demandons trop, libre à eux de ne pas participer »

ESSAI

23

Stéphanie Dennig

ARCHI-FEMMESUN DÉFI OU UNE CHANCE ?

« Vous êtes l’apprentie ? Où est donc le Directeur de

Travaux ? »

Alors que les études d’architectes sont totalement paritaires à l’EPFL en termes d’égalité hommes-femmes, la réalité du métier est tout autre. En effet, « Le rapport homme / femme à travers l’Europe tourne autour d’un tiers (1/3) pour les femmes et deux tiers (2/3) pour les hommes »* De quoi donc le quotidien de ces femmes évoluant dans un domaine masculin est-il fait ? Révélations sur le parcours de deux femmes en architecture.

L’atelier : Comment s’est passée l’insertion dans votre travail? Avez-vous noté des anecdotes particulières liées au fait que vous soyez une femme?

Filomeen, 28 ans, architecte EPFL, architecte et cheffe de projet : Très bonne insertion, je n’ai vécu aucun problème lié au fait que je sois une femme.

Fabienne, 40 ans, architecte EPFL, architecte et cheffe de projet : Insertion sans problème particulier au sein des différents bureaux d’architecture, en tout cas dans les premières années. Ensuite, plus les années passent, et plus cela se corse pour les femmes à qui l’on pose l’éternelle question du désir d’enfant. En effet, si on aspire à occuper un poste plus important, les boss deviennent beaucoup plus frileux.... le fameux plafond de verre !

Pour une anecdote: j’étais chargée de diriger un chantier. Lors de la première séance de chantier, un des contremaître m’a dit en début de séance: « Vous êtes l’apprentie ? Où est donc le Directeur de Travaux ? » J’avais quand même 30ans... Et finalement j’ai quand même rendu

ce chantier dans les temps et le coût donné...

L’atelier : Avez-vous eu du mal à vous faire accepter dans votre équipe? Vous a-t-on pris au sérieux tout de suite?

Filomeen : J’ai eu parfois un peu de mal à m’imposer dans certains cercles, p. ex. en séance avec uniquement des hommes ingénieurs, ou avec certains M.O. Ça s’est toujours arrangé.

Fabienne : Au début, il a fallu prouver que j’étais aussi capable qu’un homme donc j’ai beaucoup travaillé pour que l’éventuel doute de mes collègues masculins au sujet de mes capacités soit le plus vite possible levé ! Il me semble que depuis mes débuts (1998) et aujourd’hui, il y a une grande évolution: les filles sont bien mieux intégrées qu’il y a 15 ans en arrière.

L’atelier : Voyez-vous ou ressentez-vous des différences (de traitement) par rapport à vos collègues hommes?

Filomeen : Pas au bureau.

Fabienne : Nous sommes très respectées, voir trop: souvent mes collègues masculins me disent qu’ils vont manger avec tel représentant ou tel ingénieur alors que cela m’arrive très rarement.... Il est facile de réseauter pour un homme alors que pour une femme, c’est plus difficile car il y a toujours ce rapport de séduction entre hommes et femmes.

L’atelier : Pour vous, être une femme dans un domaine plutôt considéré comme masculin, est-ce une force ou une difficulté?

Fabienne : Plutôt une force: il me semble que les hommes avec lesquels je travaille font plus attention à ce qu’ils disent et font... et surtout, il n’y a pas de compétition entre nous et eux.

L’atelier : D’après vous, ces questions de différences hommes-femmes sont-elles encore pertinentes en 2012?

Filomeen : Oui, surtout avec les générations au-dessus de la nôtre. Mais il faut, pour être moderne, que ces quelques réfractaires apprennent à travailler avec des femmes, ils n’auront pas le choix.

Fabienne : Elles tendent à s’effacer: dans le bureau où je travaille, il y a de plus en plus de directrices de travaux. En 2004, j’aurais voulu continuer à faire du chantier mais on m’a découragé, déconseillé, etc... Alors qu’aujourd’hui, ce n’est pas si fou qu’une femme fasse du chantier.

*La profession d’architecte en Europe, une étude de secteur commandée par le Conseil des Architectes d’Europe, décembre 2008.

Filomeen : Il ne faut pas tomber dans le piège de la séduction, car cela peut se retourner contre nous. Je dirais plutôt une force, car cela peut calmer une ambiance «combat de coqs» quand il n’y a que des hommes. Je crois qu’en général les gens apprécient de travailler avec des femmes, cela varie les ambiances de travail.

ESSAI

24ESSAI

25BOOK

Je me souviens de Vincent Mangeat en première année qui tente de nous faire comprendre quelque peu que ce soit le concept et les règles qui se cachent dans les murs et les pierres des thermes de Vals de P. Zumthor. «Une pile une plaque» nous disait-il, ensuite tout est dit. De la pierre locale ainsi qu’une audace et une précision dans la mise en oeuvre crée ce paysage caverneux où lumière et eau plongent le baigneur dans un monde de détente inouï. Ça semble clair mais en première année, pas facile à comprendre...

En ces jours où mon parcours arrive à son terme, la librairie La Fontaine propose sa sélection de livres pour cette rubrique en relation au thème de ce numéro... Le choix n’est pas facile, mais comme par enchante-ment les thermes de Vals et l’archi-tecte grison apparaissent à nouveau mais cachent cette fois-ci dans leurs pierres bien d’autres secrets... Le concept s’efface et ce sont les pho-tographies de Domique Issermann qui révèlent la qualité des formes et des espaces de la femme et du décor simultanément. Les courbes de Leatitia casta et les angles droits de Zumthor se rencontrent le temps d’un instant et le résultat est riche car les qualités de chacunes des lignes sont mises en valeur.

Alors je me dis que le concept est une chose importante, mais regar-der les bâtiments à travers le regard des autres peut apporter tout autant à notre imaginaire... Et que si notre professeur avait eu ce livre pour sou-tenir son propos, alors le message serait peut-être mieux passé...

Théo Bellmann

NU AU BAINSLE BOOK REVIEW

CONCOURS

«Ce n’est pas un bassinC’est un bâtiment rempli d’eau

Un lieu où l’eau se répandLa lumière pénètre par des fentes

Poignarde les blocs de pierreTraçant sur les murs une carte

Le chemin où pendant trois joursJ’ai photographié Leatitia Casta.»

Dominique Issermann

Pour remporter un ouvrage rendez-vous le 08 mai lors

de l’apéro !!!

26CdG

Alexandre Sadeghi. polylinescomic.com

EN JUIN, LES GRILLADESNE SONT PLUS TRES LOIN...

À JOURNAUX UNE BOÎTE

COUPS DE GUEULE

Je gueule pour vous informer que cette boîte à journaux est occupée par les revues les semaines de la sortie des numéros, mais en dehors de ces dates, je vous invite à squatter cette boîte pour dif-fuser toutes idées, manifestes, et tracts. Une boîte à journaux au service de la communication !!!

© Théo Bellmann

DANS LE SGJ’AURAIS VOULU ÊTRE

La fin du second semestre de Master est comparable aux derniers cents mètres du 20 km de Lausanne: un peu difficile... Du coup, on s’efforce de se trouver vite fait bien fait un sujet de diplôme, puis un groupe de profs qui daigne bien nous suivre. Dans la précipitation, sans s’en rendre vraiment compte, je me retrouve tout seul à faire un diplôme.

«Pas grave, je ne serai ni le premier, ni le dernier à être passé par là» pensais-je.

En deux temps trois mouvements, je me retrouve à un mois des critiques finales. Alors que les binômes sont en période de production de masse, moi pendant ce temps là, je construis ma playlist:

Céline Dion - All by myselfNouvelle Vague - Dancing with myselfBeatles - Help!Jacques Brel - Ne me quittes pasThe Police - So LonelyDusty Springfield - I just don’t know what to do with myself

Histoire d’animer mes nuits (blanches) ...

SizhouUN BINÔME!

27TODO

CRITIQUES FINALESEN JUIN, LES GRILLADES

NE SONT PLUS TRES LOIN...ATELIERS DE PROJETS

28TODO

PROJETS DE DIPLÔMES UNE HEURE ET DEMI ET PUIS S’EN VONT...

29TODO

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Du 10 au 13 mai prochain se tient la 7e édition de la Fête de la Danse. 26 villes de Suisse proposent, le temps d’un week-end, une programmation riche qui décloisonne les styles, les générations et les espaces habituel-lement dévolus à la culture.A Lausanne, la danse investit le centre-ville : à la Place de l’Europe un battle de hip-hop enflamme le bitume et un bal en plein air vous fait danser sous les étoiles. Au Musée historique, l’exposition En Corps. Lausanne et la Danse, curatée par Marco Costantini, traverse un siècle d’histoire du mouvement dans la capitale vaudoise. Outre les très attendus cours de danse, les démonstrations rythmées des écoles lausannoises ou les par-cours et performances d’artistes de la région mettent le feu au moindre recoin de la ville. Zoom sur Schiller Thriller, une per-formance proposée par Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre à la Patinoire de Malley. Programmé par l’Arsenic, ce spectacle réanime l’esprit de Friedrich Schiller, drama-turge et philosophe allemand de la fin du Siècle des Lumières. Le projet part de l’un de ses discours, pronon-

Infos pratiqueswww.fetedeladanse.ch

Renseignements : Association Vaudoise de Danse Contempo-

raine 021 661 22 53 / 54

[email protected]

Billetterie :Pass pour toute la manifestation : 15.-

Schiller Thriller :Jeudi 10 mai, vendredi 11 mai, samedi 12 mai

2012, 20:30, Patinoire de MalleyEntrée libre sur présentation du pass de la Fête

de la Danse.

Pour en savoir plus sur le travail de Massimo Furlan : www.massimofurlan.ch

Milena Buckel (Association Vaudoise de Danse Contemporaine, Chargée de commu-

nication - Fête de la Danse Lausanne)Claire de Ribaupierre (Numero23Prod,

Dramaturge)

cé en 1789, sur le concept d’his-toire universelle : ce texte optimiste encense la Raison et le Progrès et ne perçoit aucunement les signes de la catastrophe qui s’annonce. Différentes images se succèdent ou se recouvrent, habitées voire même hantées par des figures issues de la tragédie du XVIIIe siècle, mais aussi par des figures contemporaines. Les fantômes de l’histoire se croisent, et Mickael Jackson surgit avec son armée de zombies, reprenant vie à travers l’interprétation, par une ving-taine de danseurs, de son célèbre clip, Thriller.

Chaque projet de Massimo Furlan propose une réflexion sur le lieu et instaure un espace propre. Etre dans un lieu spécifique facilite, dans un certain sens, la rêverie et la projec-tion du spectateur. C’est un niveau de récit supplémentaire. L’espace de la Patinoire de Malley convient parfaitement au projet ; ce qui est essentiel, c’est qu’il propose une scène complètement ouverte, un espace gigantesque et monu-mental. Il n’y a pas de coulisses, pas de cadre à l’image. Les person-nages avancent depuis le lointain,

et leur marche jusqu’à la lumière est longue. Le public se trouve donc dans une disposition non conventionnelle. Une relation particulière du spectateur avec les images qui s’ouvrent devant lui est ainsi privilégiée. A l’entrée publique, il découvre une image qui a déjà commencé, comme s’il entrait dans une installation. Pas de rideau, pas d’attente, pas de début…

LA VILLE DANSEL’INVITE

INVITE

LAUSANNE

Milena BuckelClaire de Ribaupierre

31©Leo Fabrizio©Christian Kleiner

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©LAURELINE ZEENDER