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1 Les streptocoques Culture & métabolisme Les streptocoques ont un métabolisme anaérobie, la plupart des souches tolèrent l'oxygène et peuvent être cultivées in vitro en atmosphère aérobie. Leur croissance est être favorisée par l'apport de CO 2 ou par une atmosphère anaérobie. Les streptocoques sont exigeants en nombreux facteurs de croissance : le sang ajouté aux géloses (TSS, Columbia au sang) permet leur multiplication in vitro. Les entérocoques sont proches des streptocoques (même morphologie et métabolisme anaérobie), mais ils peuvent se multiplier sur des milieux de culture ordinaires (non additionnés de sang). Contrairement aux streptocoques, les entérocoques sont résistants (NaCl, chaleur, bile…) et hydrolysent l’esculine (sur BEA par exemple).

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Les streptocoques

Culture & métabolisme

• Les streptocoques ont un métabolisme anaérobie, la plupart des

souches tolèrent l'oxygène et peuvent être cultivées in vitro en

atmosphère aérobie. Leur croissance est être favorisée par l'apport de

CO2 ou par une atmosphère anaérobie.

• Les streptocoques sont exigeants en nombreux facteurs de

croissance : le sang ajouté aux géloses (TSS, Columbia au sang)

permet leur multiplication in vitro.

• Les entérocoques sont proches des streptocoques (même morphologie

et métabolisme anaérobie), mais ils peuvent se multiplier sur des

milieux de culture ordinaires (non additionnés de sang). Contrairement

aux streptocoques, les entérocoques sont résistants (NaCl, chaleur,

bile…) et hydrolysent l’esculine (sur BEA par exemple).

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Critères d’orientationGenre Streptococcus et Enterococcus

⇒Catalase négative

⇒AAF / fermentatifs

⇒ résistants à l’azide de sodium et à l’acide nalidixique (ANC)

Classification1) En fonction de l’hémolyse sur gélose au sang frais :

⇒ ββββ-hémolytiques : Streptocoques des groupes A, B, C, G, F

⇒αααα-hémolytiques : Streptocoques « non groupables » dont S.

pneumoniae et S. viridans

⇒ non hémolytiques : autres streptocoques et entérocoques (en

général)

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Classification⇒2) En fonction de la composition en antigènes :

⇒ selon la composition du polyoside C (lorsqu’il est présent) :

Streptocoques « groupables » d’après Lancefield

⇒présence de polyosides capsulaires : S. pneumoniae

Schéma en « coupe »

des Streptococcus

Les streptocoques β-hémolytiques

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Les streptocoques non hémolytiques (mais groupables par la méthode de Lancefield)

Technique de groupage de Lancefield

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Technique de groupage par agglutination

Extrait enzymatique de la substance

C à partir d'une culture

+

Particules de latex sensiblisées par

des anticorps anti-polyosides C

spécifiques de chaque groupe

Identification biochimique

Inutile pour les streptocoques groupables ou le pneumocoque.

Permet de réaliser le diagnostic d’espèce pour les autres

streptocoques et les entérocoques.

Enterococcus faecalis (API 20 Strep®)

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Antibiogramme

Streptocoque du groupe A : S. pyogenes

L'infection est transmise principalement par les aérosols buccaux (porteurs

asymptomatiques et malades).

PATHOGENICITE

⇒ angines sévères qui peuvent se compliquer en :

- scarlatine (due à la toxine érythrogène de type « superantigène »)

- RAA (rhumatisme articulaire aigu) : douleurs articulaires / troubles cardiaques

- GNA (glomérulonéphrite aigue) : hypoalbuminémie / protéinurie +++

⇒ infections cutanées sévères nécrosantes (impétigo, érisypèle, fasciite...)

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Streptocoque du groupe A : S. pyogenes

En 1924, DICK démontre que la scarlatine est

due au streptocoque. a scarlatine associe une

angine et la diffusion à partir du foyer angineux

d'une toxine érythrogène secrétée par le

streptocoque. La toxine érythrogène,

responsable de la scarlatine, est une exotoxine.

Elle n'est sécrétée que par les streptocoques des

groupes A, C ou G lysogènes, c'est-à-dire qui

hébergent un bactériophage tempéré

(prophage).

Streptocoque du groupe A : S. pyogenes

Les complications RAA et GNA sont des complications aseptiques d'origine

immunologique (dysfonctionnement du système immunitaire).

Le RAA ou maladie de BOUILLAUD suit une angine non traitée chez des

personnes prédisposées pour certaines souches de Streptococcus pyogenes. Il se

manifeste par une polyarthrite et/ou une atteinte cardiaque (définitive), plus

rarement par la chorée de Sydenham.

La parenté antigénique (épitopes identiques) entre la paroi du streptocoque et

certains tissus humains entraîne la synthèse d'auto-anticorps par le patient, mais

ces derniers ne semblent pas vraiment responsables du RAA. Le mécanisme

physiopathologique serait plutôt lié à l’auto-immunité cellulaire ???

La GNA peut suivre une angine ou un impétigo. C’est une maladie à complexes

immuns (hyperproduction d'IgG) qui se manifeste par des dépôts sur le glomérule

d'IgG, de complément, de fibrine et de produits des cellules streptococciques

(hypersensibilité de type III).

Rhumatisme : ensemble de maladies inflammatoires (arthrite) ou dégénératives (arthroses)

portant souvent sur les articulations.

Chorée de Sydenham : appelée également chorée aiguë, ou chorée rhumatismale, ou danse de

Saint Guy (désordre neurologique entraînant des mouvements involontaires, qui commencent

aux mains puis s’étendent au tronc et à la face).

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Streptocoque du groupe A : S. pyogenes

Streptocoque du groupe A : S. pyogenes

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Streptocoque du groupe A : S. pyogenesFACTEURS DE VIRULENCE

⇒La protéine M, pili, permet de distinguer plus de 80 sérotypes (l’immunité acquise

étant spécifique). Elle a un rôle dans l'adhérence des streptocoques et joue aussi un rôle

majeur dans l'inhibition de la phagocytose (par liaison au fibrinogène notamment).

⇒ Une capsule est souvent présente (constituée d’acide hyaluronique).

⇒ La C5A peptidase empêche l’action du facteur chimiotactique du complément.

⇒ La toxine érythrogène liée à un phage lysogène (pouvant provoquer le choc toxique

streptococcique). Elles est responsable de l'éruption de la scarlatine.

⇒ La streptolysine O : de nature protéique, elle entraîne la lyse des hématies (et des

leucocytes) en se fixant sur le cholestérol membranaire (active sous forme réduite). Elle

engendre la formation d’anticorps (ASLO = antistreptolysine O).

⇒La streptolysine S

⇒ La streptokinase : catalyse la transformation du plasminogène en plasmine donc

provoque la destruction des caillots de fibrine

⇒ La streptodornase hydrolyse l’ADN des noyaux cellulaires Elle engendre aussi la

formation d’anticorps (ASDOR = antistreptodornase).

Streptocoques des groupes C et G

Bactéries commensales du rhino-pharynx, moins virulentes que S. pyogenes, elles sont

retrouvés dans les mêmes types de pathologie (angines principalement, mais aussi

endocardites…).

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Streptocoque du groupe B : S. agalactiaeCes streptocoques sont surtout responsables :

⇒ d’infections néonatales graves (sepsis et méningites)

⇒ d’infections uro-vaginales chez la femme.

Le nouveau-né est contaminé par la flore vaginale de la mère contenant des

Streptococcus agalactiae dont le réservoir est aussi intestinal. L'infection néonatale

est une urgence thérapeutique et le pronostic sévère des méningites néonatales

justifie la recherche de portage vaginal de streptocoques du groupe B en fin de

grossesse, et un traitement préventif en cas de colonisation.

Ces bactéries portent une

capsule permettant de

distinguer des sérovars.

Milieu chromogène CAMP test +

Les Enterococcus sont des coques gram + catalase – résistants et peu exigeants possédant

le même antigène que les streptocoques du groupe D (de nature acide teichoïque et non

polyoside C). Ce sont des bactéries intestinales retrouvées également dans

l’environnement.

Ils sont responsables, notamment en milieu hospitalier :

⇒ d’infections du tractus urinaire (facteurs d’adhésion = acides teichoïques)

⇒ d’endocardites (facteur d’agrégation permettant l’adhérence aux valves cardiaques)

⇒ de suppurations (en association avec d’autres germes)

Dans l'ordre on trouve comme pathogènes :

E. faecalis > E. faecium > E. durans

Ils sont particulièrement résistants aux antibiotiques :

- aux céphalosporines ;

- aux aminosides (résistance naturelle de bas niveau comme les streptocoques) ;

- résistances acquises aux aminosides à haut niveau, aux lincosamides, à la vancomycine…

Le genre Enterococcus

Les streptocoques du groupe D

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Le pneumocoque est un diplocoque constamment capsulé αααα-hémolytique .

C’est un streptocoque oral (présent sur les muqueuses du rhino-pharynx), transmis par voie

aérienne.

Il est lysé par la bile (car le désoxycholate active les enzymes autolytiques) et il est

sensible à l'optochine.

Les infections qu'il provoque sont multiples :

- les méningites ;

- les pneumonies ;

- les otites et les sinusites.

⇒ variations de pathogénicité selon les souches ;

⇒ infections plus fréquentes chez les sujets atteints de déficit immunitaire ou déjà

infectés au niveau respiratoire par un virus ou une autre bactérie.

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

FACTEURS DE VIRULENCE

⇒ capsule polyosidique (permettant le diagnostic par agglutination)

Il est possible de typer la capsule des pneumocoques. Il existe 84 types capsulaires.

Les vaccins contiennent ces polyosides capsulaires (vaccin heptavalent dirigé contre les

sérovars les plus fréquents)

⇒ C3 protéase qui dégrade le composant C3 du système du complément

⇒ des Ig protéases

⇒ pneumolysine :

- à faible dose, diminue l'efficacité du système immunitaire (fixe les Ig par le

fragment Fc) et ralentit les mouvements ciliaires au niveau des bronches ;

- à forte dose, lyse les cellules, facilitant l’envahissement tissulaire et vasculaire.

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

Examen direct (coloration de Gram) du

LCR d’une méningite à S. pneumoniae

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FACTEURS DE VIRULENCE

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES DE LA MENINGITE

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

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MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES DE LA MENINGITE

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES DE LA MENINGITE

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

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MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES DE LA PNEUMONIE

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

TERRAINS FAVORABLES

Streptococcus pneumoniae dans une aspiration

bronchique. Coloration de Gram (x1000).

En présence de quantité importante de mucus et de

débris cellulaires,la capsule du pneumocoque

devient particuliairement visible.

SENSIBILITE AUX ANTIBIOTIQUES

Le pneumocoque:

Streptococcus pneumoniae

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Autres Streptococcus « oraux »Selon les espèces, ils sont commensaux de l'oro-pharynx, des muqueuses génitales ou

intestinales. C'est à partir de ces portes d'entrée qu'ils vont devenir pathogènes opportunistes

et provoquer des pneumopathies ou des endocardites (S. mitis ; S. sanguis).

Certaines espèces (S. mutans et S. sobrinus) sont responsables de caries dentaires.

Ressources en lignehttp://www.microbe-edu.org/etudiant/streptocoques.html

http://www.techmicrobio.eu/

http://www.jle.com/e-docs/00/04/12/93/article.phtml