stimulations réflexes du pavillon

16
Mise au point Stimulations réflexes du pavillon de l'oreille et kinésithérapie Ann. Kinésithér., 1982, 9, 79-94 François RICARD 1 Depuis quelques années les séminaires et les publications sur l'auricu- lothérapie se multiplient, de plus ou moins bonne qualité. Il existe actuelle- ment un engouement certain de la part des patients et des kinésithérapeutes pour ce genre de techniques apportant un soulagement rapide dans certai- nes affections. Cet article se propose de faire un rapide examen des différentes théo- ries et enseignements proposés aujourd'hui aux kinésithérapeutes dans le cadre de la réjlexothérapie auriculaire: - auriculothérapie du 1er dégré, - auriculothérapie du 2e degré, - auriculologie. INTRODUCTION L'auriculothérapie est une technique réflexe utilisant le pavillon de l'oreille à des fins thérapeutiques, en effet en stimulant certaines zones appropriées de l'auricule on peut obtenir à distance des effets neuro-végé- tatifs plus ou moins importants: il existe à ce niveau une somatotopie comme au niveau de la frontale ascendante, des pieds, de l'oeil, des dents, du nez... Cette technique semble anciennè, Hippocrate, alJ 4e siècle avant J.-C., décrivait déjà des saignées du pavillon de l'oreille, Valsava, en 1717, cauté- risait l'oreille pour soulager les rages de dents, le « point corse)} depuis longtemps est utilisé sur l'île de beauté pour soigner les névralgies sciati- ques. L'origine de cette thérapie est inconnue, elle pourrait être chinoise, perse ou égyptienne. C'est à Nogier que revient le mérite d'avoir découvert, étudié et mis au point l'auriculothérapie, il échaffauda la première somatotopie en 1953. 1. Kinésithérapeute, chargé d'enseignement à l'INK, au GERAK et à l'ISCAM. 61, rue du Ruisseau - F 75018 Paris. 79

Upload: jfe

Post on 24-Oct-2015

236 views

Category:

Documents


2 download

TRANSCRIPT

Mise au point

Stimulations réflexes du pavillonde l'oreille et kinésithérapie

Ann. Kinésithér., 1982, 9, 79-94

François RICARD 1

Depuis quelques années les séminaires et les publications sur l'auricu­lothérapie se multiplient, de plus ou moins bonne qualité. Il existe actuelle­ment un engouement certain de la part des patients et des kinésithérapeutespour ce genre de techniques apportant un soulagement rapide dans certai­nes affections.

Cet article se propose de faire un rapide examen des différentes théo­ries et enseignements proposés aujourd'hui aux kinésithérapeutes dans lecadre de la réjlexothérapie auriculaire:

- auriculothérapie du 1er dégré,- auriculothérapie du 2e degré,- auriculologie.

INTRODUCTION

L'auriculothérapie est une technique réflexe utilisant le pavillon del'oreille à des fins thérapeutiques, en effet en stimulant certaines zonesappropriées de l'auricule on peut obtenir à distance des effets neuro-végé­tatifs plus ou moins importants: il existe à ce niveau une somatotopiecomme au niveau de la frontale ascendante, des pieds, de l'œil, des dents,du nez...

Cette technique semble anciennè, Hippocrate, alJ4e siècle avant J.-C.,décrivait déjà des saignées du pavillon de l'oreille, Valsava, en 1717, cauté­risait l'oreille pour soulager les rages de dents, le « point corse)} depuislongtemps est utilisé sur l'île de beauté pour soigner les névralgies sciati­ques. L'origine de cette thérapie est inconnue, elle pourrait être chinoise,perse ou égyptienne.

C'est à Nogier que revient le mérite d'avoir découvert, étudié et misau point l'auriculothérapie, il échaffauda la première somatotopie en 1953.

1. Kinésithérapeute, chargé d'enseignement à l'INK, au GERAK et à l'ISCAM. 61, rue du Ruisseau - F 75018Paris.

79

Depuis cette date l'auriculothérapie a été reprise par de nombreuses écolestant en France qu'à l'étranger, donnant ainsi naissance à de multiples car­tographies toutes différentes les unes des autres,

Il faut différencier l'auriculothérapie de l'acupuncture traditionnelle chi­noise, si l'auriculothérapie semble « la petite cousine)} de l'acupuncture quilui a donné naissance, elle s'en différencie nettement aujourd'hui: le seulcaractère commun est l'utilisation d'aiguilles, On ne peut en aucun casrabaisser l'acupuncture à une simple réflexothérapie, comme on essaye dele faire en Occident.

L'auriculothérapie aujourd'hui a beaucoup évolué, et ce grâce à ladécouverte du réflexe auriculo-cardiaque (RAC) par Nogier, Il existe actuel­lement trois courants d'idées que nous étudierons plus loin:

- l'auriculothérapie du 1er degré en France représentée surtout parPellin, Jarricot, Grobglas et Lévy.

- l'auriculothérapie du 2e degré née sous l'impulsion de Nogier etBourdiol au Groupe Lyonnais d'Études Médicales;

- l'auriculologie de Pagani essayant de rapprocher l'auriculothérapiedu 2e degré de l'acupuncture traditionnelle chinoise,

Quelle peut être l'utilité de l'auriculothérapie dans l'exercice de la kiné­sithérapie? Son rôle principal est surtout antalgique, ses indications princi­pales sont surtout la rhumatologie et la traumatologie, nous sommes doncbien dans le domaine du kinésithérapeute.

L'auriculothérapie permet de reconnaître et de traiter un blocageostéomusculaire. Elle renforce l'efficacité d'une séance par l'emploi de sti­mulations des points faussés du pavillon de l'oreille, par la normalisationdes réactions neuro-végétatives du sujet grâce à des techniques appro­priées. Elle renforce la sécurité des interventions kinésithérapiques : pre­nons pour exemple une capsulite rétractile au stade hyperalgique, l'auricu­lothérapie permet une sédation rapide des douleurs autorisant lamobilisation de l'articulation et évite ainsi l'enraidissement de l'épaule,Cette technique présente donc un progrès non négligeable pour le maladedans la qualité des soins. Cependant l'auriculothérapie n'est pas une pana­cée, elle ne doit être considérée par le kinésithérapeute que comme unetechnique de plus dans son arsenal thérapeutique,

Nous envisagerons quelques rappels sommaires d'anatomie del'oreille, les indications de la technique, et une revue des trois théories sus­citées. Il n'est cependant pas dans notre intention d'expliquer dans ledétail ces techniques, nous ne donnerons que quelques informations géné­rales et les caractères principaux propres à chaque mode d'exercice. Nousprésenterons les différents moyens de traitement, et enfin les résultats del'auriculothérapie sur un échantillonnage de 100 personnes en précisant leprotocole d'examen et de traitement, ce dans le cadre d'une clientèle encabinet de kinésithérapie.

80

RAPPELS D'ANATOMIE DE L'OREILLE (0 - 4)

1. - Configuration externe de l'oreille

L'oreille est une expansion de peau repliée sur elle-même, armée defibro-cartilage. Elle est rattachée à la face latérale du crâne par son tiersantérieur. L'oreille présente des ligaments et des muscles, extrinsèques etintrinsèques.

Elle présente plusieurs parties à décrire (fig. 1) :

- le tragus triangulaire surplombant la conque et qui recouvre le trouauriculaire;

- la conque dépression en forme d'entonnoir qui occupe le centre dupavillon et qui est divisée en deux hémiconques supérieure et inférieure parla racine de l'hélix;

- l'hélix, bourrelet en forme de point d'interrogation inversé qui formele pourtour de l'oreille. Elle naît dans la conque par la racine, puis se pour­suit par une branche montante comportant la jambe et le genou de l'hélix.Le corps de l'hélix occupe la partie supérieure du bourrelet jusqu'au tuber­cule de Darwin auquel fait suite la queue de l'hélix qui se termine au niveaudu lobule;

- l'anthélix surplombe la conque et se divise en deux branches supé­rieure et inférieure qui délimitent la fossette naviculaire;

4

FIG. 1. - Configuration externe du pavillon de l'oreille.

1 - racine de l'hélix2 - jambe de l'hélix3 . - genou de l'hélix4 - corps de l'hélix5 - tubercule de Darwin

6 - queue de l'hélix7 - gouttière scaphoïde8 - anthélix9 - branche supérieure de l'anthélix

la - branche inférieure de l'anthélix11 - fossette naviculaire

12 - hémiconque supérieure13 - hémiconque inférieure14 - trou auriculaire15 - tragus16 - antitragus17 - pont intertragien18 - lobule

81

- l'anti-tragus est une éminence triangulaire située au-dessus dulobule dans le prolongement de l'anthélix;

- la gouttière de l'hélix, ou gouttière scaphoïde, longe l'hélix depuisle corps jusqu'à la queue de l'hélix.

- le lobule est un repli de peau terminé par un bord libre appendu sousle pavillon de l'oreille.

Il. - Vascularisation

L'oreille est vascularisée par deux artères issues de la carotide externe:

- l'artère temporale superficielle qui lui donne trois branches;- l'artère auriculaire postérieure qui lui donne deux branches.

Les veines suivent le trajet des artères, l'oreille est drainée par la veinetemporale superficielle, les veines auriculaires postérieures et par les veinesémissaires mastoïdiennes qui se jettent dans les jugulaires externe et in­terne.

III. - Innervation

La conque est innervée par les paires crâniennes: X (pneumogastri­que), VII (facial), VII bis (intermédiaire de Wrisberg), IX (glosso-pharyngien).

Le mur de l'anthélix est innervé par des fibres issues de la chaîne laté-ro-vertébrale orthosympathique.

Le lobule, le tragus, la racine et le corps de l'hélix sont innervés par:- le nerf auriculo-temporal du V (trijumeau) ;- le grand nerf auriculaire issu du plexus cervical superficiel.Le reste de l'oreille est innervé par des branches du plexus cervical

superficiel.

INDICATIONS DE LA RÉFLEXOTHÉRAPIE AURICULAIRE

L'auriculothérapie agit sur toutes les douleurs en général, elle se carac­térise par la rapidité des résultats (dans les meilleurs des cas, sédationtotale des douleurs dès la première séance) :

- traumatologie: entorses, claquages musculaires, séquelles de frac­tures, douleurs post-opératoires;

- rhumatologie: polyarthrite rhumatoïde, pelvispondylite rhumatis­male, coxarthrose, gonarthrose, rachiarthroses, névralgies sciatiques et cru­rales, hallux valgus, rhizarthrose du pouce, tendinites, troubles neuro-végé­tatifs ;

- pneumologie: asthmes +t-+, bronchite chronique ...

82

LES CONTRE-INDICATIONS

Les contre-indications, à part la prise de neuroleptiques (action proba­ble au niveau des synapses intéressées) qui rend le traitement inefficace,sont relatives: grossesse, gros troubles psychologiques, affections graves.

L'auriculothérapie est inefficace sur les cancers, les fractures, les para­lysies, les déformations, les blocages articulaires ayant une cause anatomi­que.

Remarque: Il existe d'autres indications qui sont du domaine médical (gy­nécologie, gastro-entérologie, cardiologie, toxicomanies ...).

L'AURICULOTHÉRAPIE (1 - 2 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8)

1. - Théories

L'auriculothérapie se base sur la stimulation de points d'oreille dispo­sés en fonction d'une somatotopie représentant un fœtus en position inver­sée, ayant la tête en bas. Ce fait est reconnu par tous, cependant il existedes différences notoires dans les cartographies. Ceci peut être expliqué parle fait qu'il existe deux théories pour expliquer la somatotopie auriculaire:pour cette raison on retrouvera le cœur par exemple soit dans la conque,soit sur l'anthélix en arrière de la localisation de la 4e vertèbre dorsale.

A. - Théorie embryologique de Nogier:

Pour Nogier la somatotopie de l'oreille serait en correspondance avecles trois feuillets embryologiques (fig. 2) :

- L'endoderme: il est situé dans la conque, on trouvera à ce niveaules viscères abdomino-thoraciques sauf le cœur d'origine mésodermique(fig. 3).

- Le mésoderme: il correspond aux éléments ostéo-articulaires, aucœur et aux organes génitaux et urinaires. On trouvera le système génito­urinaire sur l'hélix, le membre inférieur dans la fossette naviculaire, lemembre supérieur dans la gouttière scaphoïde, le rachis, les côtes et lecœur sur l'anthélix.

- L'ectoderme: il correspond au système nerveux que l'on retrouverasur le tragus, l'anti-tragus, la queue de l'hélix et sur le lobule.

B. - Théorie neurologique

Pour d'autres la somatotopie auriculaire serait en relation avec l'inner­vation de l'oreille (fig.4) :

83

Para-sympathiquepelvien(appareil génito-urinaire)

Para-sympathiquecrânien(œil, appareilolfactif et gustatif)

11

r

FIG. 2. - Théorie

embrvologiquedu Dr Nogier.

1 - Endoderme2 - Mésoderme3 - Ectoderme

Pneumogastrique(viscères

abdomina-thoraciques)

FIG. 4. - Théorie neurologiquede la somatotopie auriculaire.

FIG. 3. - Cartographie générale.

1 - organes génito-urinaires2 - organes sexuels3 - main4 - membre supérieur5 - membre inférieur6 - rachis lombo-sacré6' - rachis dorsal et côtes6" - rachis cervical7 - viscères abdominaux8 - viscères thoraciques9 - crâne

10 - cerveau11 - tronc cérébral12 - moelle épinière

- la conque est innervée par le X, on y retrouvera pour cette raisonles viscères abdomino-thoraciques (cœur compris) ;

- le genou, la jambe et la racine de l'hélix sont innervés par le para­sympathique pelvien, on y retrouvera donc les organes génito-urinaires;

84

- le lobule est innervé par le para-sympathique crânien, on y trouverales organes des sens (olfaction, vision, gustation ...) ;

- le reste de l'oreille est innervé par le plexus cervical superficiel, ony trouvera la projection de tout l'appareil locomoteur.

II. - Particularités de l'auriculothérapie du 1er degré(1 - 2 - 4 - 5 - 6 - 7 - 8 - 9)

Le point d'auriculothérapie comme le point d'acupuncture présenteune résistance électrique plus faible que le reste de la peau, les détecteursélectriques actuellement sur le marché fonctionnent selon ce principe (DSK1000, diascope, stigmatoscope de Pellin, détecteur thérapeutique de Jarri­cot, etc.). Il est à noter que, contrairement aux points d'acupuncture quisont physiologiquement constants et détectables en permanence, lespoints d'auriculothérapie apparaissent et disparaissent en fonction desconditions physiologiques du sujet: autrement dit chez un sujet sain on nedevrait en théorie détecter pratiquement aucun point.

III. - Méthodologie:

On recherche sur les deux oreilles à l'aide d'un palpeur à pression lespoints douloureux qui entraînent de la part du sujet une grimace. On locali­sera ensuite électriquement ces points avant de les traiter.

Il est possible également lorsque l'on détecte un point viscéral devérifier si on retrouve au palpé-roulé la dermalgie réflexe de Jarricot corres­pondante sur les faces antérieure et postérieure du tronc. Jarricot a établile fait qu'un viscère qui souffre entraîne au niveau de la peau une dermalgieréflexe situé en regard du complexe nerveux sympathique commandant cetorgane dans le dermatome correspondant.

Le choix des points étant effectué, on stimulera ces points grâce à desagents physiques afin d'obtenir une modification des troubles périphéri­ques.

L'AURICULOTHÉRAPIE DU 2e DEGRÉ (3 - 1)

Elle s'adresse aux praticiens possédant déjà des bases solides en auri­culothérapie du 1er degré. L'auriculothérapie du 2e degré n'existe que parla prise du R.A.C., en effet si tout le monde peut pratiquer le 1er degré,dans le 2e degré le praticien doit être capable de percevoir les subtilesmodifications du pouls, ce qui demande un long entraînement.

Elle permet un traitement plus raisonné, qui dès lors n'est plus sympto­matique et qui ouvre la voie pour le traitement d'autres pathologies plus

85

complexes. L'auriculothérapie du 29 degré se veut être une thérapeutiqueénergétique globale de l'individu entier.

1. - Théories de l'auriculothérapie du 2e degré

A. - Le réflexe auriculo-cardiaque : le V.A.S. (Vascular Automatic Signal)

Le R.A.C. a été mis en évidence par Leriche en 1943. Nogier ayanteu l'idée de l'utiliser à des fins thérapeutiques. Le corps humain réagit auxstimulations externes par une réponse cutanéo-vasculaire inconsciente: cemécanisme passe par trois niveaux: un récepteur d'informations qui est lapeau; le cerveau; le pouls qui donne la réponse.

Le R.A.C. est à différencier des 12 pouls chinois des acupuncteurs:il est unique et se prend au niveau de l'artère radiale avec le pouce poséen arrière de la styloïde radiale, le sujet étant en décubitus dorsal. Le R.A.C.est un signal surajouté aux battements du pouls, il est indépendant de lui:il se traduit par une modification de la forme du pouls. On parlera deR.A.C.+ lorsque l'on ressentira une augmentation d'amplitude du pouls ouun déplacement de l'ondée sanguine vers la main du sujet. (Ce signal nedure que quelques pulsations, mais il est reproductible.) On parle deR.A.C.- lorsque l'on perçoit une diminution d'amplitude du pouls ou undéplacement de l'ondée sanguine vers le coude du sujet (fig. 5).

L'oreille réagit à plusieurs types de stimulations: lumière, touché,chaud-froid, filtres de couleurs, substances chimiques et organiques. Onstimulera l'oreille par ces différents moyens, on ne retiendra que les pointsayant entraîné une réaction anormale au pouls.

B. - Les trois phases de l'oreille

Il existe en réalité trois cartographies de l'oreille correspondant à troisphases se succèdant harmonieusement: la phase 1 est la cartographiela plus connue, c'est la phase fondamentale du fœtus en position inversée.Dans les deux autres phases la répartition des trois tissus embryologiquesest différente (fig. 6).

Ces trois phases s'étudient grâce à des filtres de couleurs appropriésque l'on pose sur le bras ou le front du sujet, ou que l'on approche del'oreille (le rebond en fonction du filtre indique la phase). Il peut exister unparasitage d'une phase sur l'autre, c'est-à-dire que sur une phase 4) 1 parexemple apparaîtront des points en 4>2, L'oreille est divisée en sept plagesrépondant chacune au pouls à des fréquences lumineuses propres: on par­Iera de parasitage lorsque pour un point donné on obtiendra un rebond aupouls avec une fréquence lumineuse autre que la fréquence fondamentale,c'est-à-dire avec une fréquence qui n'est pas celle à laquelle répond norma­lement la plage où se trouve le point.

Le déparasitage se fera à l'aide d'un courant électrique à la fréquenceparasite,

86

RAC

24 5

FIG. 5. - Le réflexe auriculo-cardiaque du Dr Nogier.

, - artère radiale2 - coude3 - main

4 - RAC+ (déplacement de l'ondée sanguine vers la main dusujet)5 - RAC- (déplacement de "ondée sanguine vers le coudedu sujet)

"'3

FIG. 6. - Les trois phases de l'oreille et les trois énergies.

, (croix) - ectoderme2 (pointillé) - mésoderme3 (hachures) - endoderme

'p 1 - Filtre rouge 25. Fœtus à I·envers. Phase mésodermique. Énergie magnétique.

'p 2 - Filtre vert 58. Homme droit. Phase ectodermique. Énergie électrique.

'p 3 - Filtre bleu 44. Homme debout. Phase endodermique. Énergie réticulée.

87

C. - Les trois énergies auriculaires

Il existe au niveau de l'oreille trois chaînes énergétiques correspondantchacune à une phase: à chaque phase prédomine une énergie:

phase qJ 1 : énergie magnétique;- phase cP 2: énergie électrique;- phase cP 3: énergie réticulée.Chaque énergie traduit au niveau de l'oreille son potentiel par un

rebond au pouls lorsque l'on approche de l'oreille le filtre correspondant.

D. - La latéralité auriculaire

Il existe une latéralité auriculaire, une oreille domine l'autre. La latéra­lité auriculaire est en fait triple:

- I:énergie magnétique correspond à la latéralité du reste du cerveauet prédomine en tIJ 1.

- l'énergie électrique correspond à la latéralité corticale et prédomineen cP 2 ;

- l'énergie réticulée correspond à la' latéralité sous-corticale (noyauxthalamo-striés) et prédomine en tIJ 3 ;

Pour qu'un individu soit en bonne santé les trois latéralités doivent êtreharmoniques: une atteinte d'une des chaînes énergétiques, d'une des laté­ralités sera responsable de troubles nombreux (on parlera alors de troublesde la latéralité, de latéralité contrariée).

E. - Les obstacles

Un certain nombre d'obstacles peuvent entraver le traitement et êtregénérateurs de pathologie, il s'agit:

- des îlots pathologiques: zones privées de relations avec le systèmeneuro-végétatif traduisant une faiblesse énergétique;

- des blocages inter-hémisphériques: apparition de troubles diversdus au fait que le passage des informations d'un hémisphère à l'autre nese fait plus correctement;

- les oscillations: l'oreille passe sans arrêt d'une phase à l'autre cequi empêche l'examen du sujet;

- les cicatrices toxiques: il s'agit de cicatrices à sensibilité modifiéecréant un court-circuit neuro-végétatif responsable d'une fuite d'énergie;

- le blocage ostéopathique de la première côte: le tiraillement sur leganglion stellaire perturbe les informations neuro-végétatives;

- le foyer dentaire: infection dentaire.

Il faudra, avant toute chose, lever ces obstacles.

88

t

Il. - Méthodologie

Traitement des obstacles, étude des trois énergies auriculaires, étudede la latéralité, et étude des trois phases.

Conclusion: Il apparaît nettement que l'auriculothérapie du 2e degré estcomplexe: il s'agit d'une méthode considérant l'individu dans son ensem­ble. Son intérêt réside dans le large éventail de pathologie qu'elle prétendtraiter, pathologies impossibles à traiter dans le cadre du 1er degré.

l'AURICUlOlOGIE (11)

1. - Théories

Mise au point par Pagani, cette méthode utilise les lois de l'acupunc­ture traditionnelle chinoise: vide-plénitude; Inn-Yang; cinq éléments ++ ;notions droite-gauche ...

L'utilisation de cette méthode nécessite donc un minimum de connais­sance en acupuncture.

« L'auriculologie exploite le clavier auriculaire de l'acupuncture grâceau pouls de l'auriculothérapie.»

Son but est de rétablir un dualisme harmonieux entre les deux hémis­phères cérébraux: elle cherche à rétablir la latéralité et à contrôler lestransferts interhémisphériques, à rétablir l'homéostasie.

Les tests utilisés sont différents de ceux de l'auriculothérapie du 1er

degré:

- Le pouls ou 1.K. : Il ne s'agit plus de percevoir simplement un R.AC.positif ou négatif, il faut percevoir la direction de l'ondée sanguine vers lecoude ou vers le pouce (et le balancement au moment du changement dedirection). mais surtout il faut compter tant de pulsations vers la main sui­vies de tant de pulsations vers le coude: il est question de battements phy­siologiques en fonction de l'appui du palpeur à pression sur l'oreille: 1-1 :appui superficiel; 4-4 : appui à mi-course; 8-8 : appui à fond de course.

On parlera de tissu « bloqué» lorsque l'on n'obtiendra pas en fonctionde l'appui du palpeur à pression, ces battements physiologiques.

- Le 1.1. : Ce test utilise l'analogie des battements au pouls entre cer­tains points du tragus et trois points d'acupuncture situés hors méridiens(lU-lAD droit et gauche, Inn-Trang entre les deux sourcils) pour déterminerd'une part la latéralité du sujet, d'autre part si il existe un blocage inter-hé­misphérique.

- Les cinq éléments: les cinq loges énergétiques (bois, feu, métal,eau, terre) sont placées au niveau du pavillon de l'oreille. Ces différents élé-

89

)T iLMETAL ]

l "'~/ .

Il. - Protocole d'examen

ments sont reliés par des axes: ainsion parlera d'axe bois-feu ou terre-mé­tal. On étudiera ces axes grâce aupouls pour rechercher un blocage surune des extrémités à l'appui du palpeurà pression.

Il est impossible de détailler pluscette méthode, nous donnerons pourexemple la localisation des cinq élé­ments au niveau de l'oreille (fig. 7J.

FIG. 7. - Disposition des cinq éléments au niveaude l'oreille, sens d'écoulement de l'énergie surl'oreille droite.

Étude de la latéralité et recherche des blocages inter-hémisphériques,études des cinq éléments (déblocage des axes), et utilisations des pointssymptomatiques (auriculothérapie).

MOYENS DE TRAITEMENT

Ils sont multiples: les plus couramment utilisés sont les courants élec­triques et les aiguilles.

1. - Les massages

A. - Les micro-massages du point:

On masse le point d'oreille à l'aide d'un bâtonnet de verre: les rota­tions à droite sont considérées comme tonifiantes, les rotations vers la gau­che comme dispersantes.

B. - Les massages énergétiques:

Il s'agit de massages orientés en suivant des lignes, utilisés pour relan­cer la dynamique énergétique de l'oreille.

90

Il. - Les aiguilles

On puncture en surface le point (2 à 3 mm) avec une aiguille de 6/10,classiquement on considère que l'or est tonifiant, l'argent dispersant, l'acierest mixte, c'est-à-dire qu'il disperse et tonifie en même temps (c'est lapiqûre homéostasique).

Les aiguilles sont laissées en place 10 à 20 minutes.Dans les affections chroniques il est possible d'utiliser des aiguilles

semi-permanentes (A.S.P.) : il s'agit de petites aiguilles de 2 mm de longen forme de petite punaise. Ces-A.S.P. sont mises en place à l'aide d'uninjecteur, le sujet les garde dans l'oreille en moyenne 15 jours.

III. - Les courants électriques

On utilise un courant rectangulaire de basse fréquence de 1 à 5 Hertzavec une intensité maximum de 150 micro-ampères, La durée de la stimu­lation est de l'ordre de 30 secondes par point. Classiquement, bien qu'iln'existe aucune preuve, on considère que:

- le courant positif est assimilé aux aiguilles d'or, il est tonifiant;

- le courant négatif est assimilé aux aiguilles d'argent, il est disper-sant;

- le courant alternatif a une action mixte, il est assimilé aux aiguillesd'acier.

Il est possible de se procurer des appareils offrant toute une gammede fréquence (1 à 200 Hz) permettant de faire de l'auriculothérapie du 2edegré.

IV Le laser

Phénomène physico-chimique, le laser se définit comme étant uneémission d'ondes lumineuses cohérentes mono-chromatiques dans unebande infra-rouge: c'est une émission de photons orientés en cohérencede phase se véhiculant sur une ligne droite. Les lasers utilisés en acupunc­ture sont fabriqués à partir de gaz rares (hélium - néon), Ce type de traite­ment est totalement indolore: son inconvénient majeur réside dans le prixélevé de l'appareil.

RÉSULTATS DE L'AURICULOTHÉRAPIEEN CLIENTÈLE KINÉSITHÉRAPIQUE

Les résultats sont classés en fonction des régions douloureuses trai­tées indépendamment de l'étiologie (sauf en cas d'échec), en fonction durésultat:

91

- bon: disparition rapide et totale des douleurs dès la premièreséance;

- moyen: diminution des douleurs, mais persistance d'une gêne aprèsla 1re séance;

- mauvais: aucun résultat après trois séances.

Protocole d'examen

N'ont été retenus que les points douloureux ayant entraîné une grimace de la partdu sujet et les points ayant entraîné un rebond à la prise du R.A.C. Le traitement a étéréalisé à l'aide d'aiguilles ou de courant électrique.

- Épaule (PASH, séquelles de fracture) : sur 15 cas: 11 bons, 3 moyens, 1 mauvais(luxation d'épaule traitée par Dujarrier).

Poignet (fractures de Pouteau-Colles) : sur 7 cas: 6 bons, 1 mauvais.

- Cheville (entorses, fractures de la cheville) : sur 7 cas: 7 bons.

- Genou (entorse, arthroses) : sur 7 cas: 3 moyens, 4 mauvais.

- Coude (tendinites, fractures) : sur 5 cas: 3 bons, 2 mauvais (épicondylites).

- Cervicalgies: sur 13 cas: 7 bons, 1 moyen, 5 mauvais (N.C.B. avec hernie discale).

- Dorsalgies: sur 10 cas: 8 bons, 2 moyens (pelvispondilite rhumatismale).

- Lombalgies: sur 21 cas: 17 bons, 1 moyen, 3 mauvais.

- Sciatalgies: sur 8 cas: 5 bons, 2 moyens (hernies discales). 1 mauvais (hernie dis-cale).

- Respiratoire: sur 4 cas: 4 bons (asthmes).

- Céphalées: sur 3 cas: 3 bons.

Conclusion:

On peut considérer que sur 100 cas, il y a 65 à 70 % de bons résultats. L'auriculothé­rapie semble donner des résultats positifs surtout dans les algies vertébrales, les entorses,les PA"SH et les asthmes (résultats spectaculaires).

Les échecs ont toujours porté sur des cas complexes qui peut-être n'étaient pas duressort de l'auriculothérapie du 1"r degré, mais plutôt de celui de l'acupuncture ou de l'auri­culothérapie du 2" degré.

Il est absolument impossible de détailler tous les traitements pris en considérationplus haut, cependant afin de donner un aperçu d'un traitement d'auriculothérapie dans lecadre du 1"r degré, nous allons détailler 2 traitements afin de montrer les raisonnementsutilisés.

1er exemple: lombalgie

Une jeune femme est adressée en rééducation pour des douleurs lombaires bassesirradiant dans la fesse droite et dans l'aine droite.

L'examen au palpeur à pression révèle 2 points douloureux sur l'oreille droite corres­pondant à la 5" lombaire et à l'articulation sacro-iliaque droite.

L'examen à la lampe à éclairage progressif met en évidence un rebond à la prise dupouls au niveau des points: fonction génitale sur les deux oreilles; zone para-vertébraleà la face postérieure de l'oreille droite.

92

La détection électrique met en évidence en plus des points précédents: 5e lombairegauche, thalamus à droite, point a sur les deux oreilles.

Le traitement a consisté à stimuler les points suivants: 5e lombaire et sacro-ili:aqueà droite, génital sur les deux oreilles, zone para-vertébrale à droite.

Ces points ont été retenus pour les raisons suivantes:

- L5 et sacro-iliaque à droite sont douloureux et traduisent donc bien une souffrance,les localisations auriculaires sont en rapport avec les symptômes.

- Les points fonction génitale ont montré un rebond au pouls: il faut se rappeler quecertaines lombalgies peuvent avoir une origine génitale, d'autre part il existe une irradiationvers l'aine dans la région des ovaires.

- La zone para-vertébrale correspond à la projection des muscles para-vertébraux etagit sur les contractures musculaires de la région lombaire.

Les points 0, thalamus et L5 gauche n'ont pas été retenus pour le traitement ((ig. B).

FIG. 8. - Premier exemple (lombalgie).

1 - 5" lombaire2 - sacro-iliaque

3 - point génital4 - zone para-vertébrale lombaire

2e exemple: P.A.S.H.

Un homme d'une quarantaine d'années est adressé pour des séances de kinésithéra­pie pour des douleurs de l'épaule droite.

Cette douleur gêne principalement les mouvements d'abduction.

L'examen au palpeur à pression met en évidence deux points douloureux correspon­dant à la région de l'épaule sur les deux oreilles. L'examen à la lampe de Heine met enévidence un rebond à la prise du pouls au niveau des points ganglion stellaire et gros intes­tin sur l'oreille droite ((ig. 9).

FIG. 9. - Second exemple (PASH).

1 - épaule2 - ganglion stellaire3 - gros intestin

Ces quatre points ont été retenus pour le traitement:

- Les points douloureux au niveau de la projection de l'épaule sur l'oreille droite cor­respondent bien à la localisation des douleurs du sujet, le point sur l'oreille gauche pourraittraduire un réflexe croisé dans la projection auriculaire des troubles.

93

- Le point ganglion stellaire (ganglion cervical inférieur de la chaîne latéro-vertébralesympathique) a été retenu en raison de sa proximité avec la région douloureuse, d'autrepart, les douleurs importantes s'accompagnent de manifestations neuro-végétatives,

- Le point gros intestin a été retenu également en raison des liens qui existent enacupuncture entre méridien du gros intestin et douleurs de la face externe du membresupérieur.

Références

1. NOGIER (P.). - Traité d'auriculothérapie, Maisonneuve, Moulins-les-Metz, 1969.2, NOGIER (P.J. - Introduction pratique à l'auriculothérapie, Maisonneuve, 1978.3. Revues d'auriculo-médecine, nOS1 à 22. Maisonneuve, Moulins-les-Metz.4. BOURDIOL (R.). - Éléments d'auriculothérapie. Maisonneuve, Moulins-les-Metz, 1980.5. JARRICOT (H.), MING WONG. - {( L'auriculothérapie». Méridiens, 21-22, Paris, 1973, pp.

85-139.

6. JARRICOT (H.). - {( Dermalgies réflexes viscéro-cutanées postérieures et nouvelle organisa­tion du méridien de vessie». Méridiens, 51-52, Paris, 1980, pp. 97-127.

7. RICARD (F.). - {(Auriculo-kinésithérapie ». Kinésith. Sc., 185, novembre 1980, ParisS.P.E.K., pp. 43-51.

8. RICARD (F.). - {(Stimulations réflexes du pavillon de "oreille et kinésithérapie ». Cahiers deformation continue en kinésithérapie, Paris, S.P.E.K., courant 1982 (à paraÎtre).

9, BOSSY. - Bases neurobiologiques des réflexothérapies. Masson, Paris, 1978.10. GROBGLAS, LÉVY. - Traité d'acupuncture auriculaire. Publi Réal, Paris, 1975.11. PAGANI Michèle - {( Le Maillon », MCM, Paris, 1978.

94