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3 mars 2011 2011ko martxoaren 3a 1240 SSN 0298 - 6698 - 2,80 - D D e e s s s s a a n n s s - - p p a a p p i i e e r r s s ? ? N N o o n n , , d d e e s s s s a a n n s s - - d d r r o o i i t t s s Muriel Lucantis Femmes et militantes, l’égalité par l’action

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Page 1: SSN 0298 - 6698 2,80 Des sans-papiers ? Non, des sans-droits3 mars 2011 2011ko martxoaren 3a N ... Maddi Oienart, Erramun Martikorena, Mixel Etxe-kopar, Ken 7, Pil Pil et Peio ta Pantxoa,

3 mars 2011 2011ko martxoaren 3a

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Muriel LucantisFemmes et militantes, l’égalité par l’action

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2011ko martxoaren 3a - n° 1240 - Ekaitza2

ASTEKO GAIA

Sar hitza

La gauche abertzale continue à mener desactions sur tous les fronts, déclaration departi politique opposé à la violence, mise enplace de schémas politiques vérifiables in-ternationalement, désobéissance civile ouencore affichage de ce que l’on pense êtreson bon droit. Ces démarches ont même re-cueilli l’adhésion de la plupart des politi-ciens locaux, de droite ou de gauche, dumoins en ce qui concerne le MAE. Et pour-tant, Paris continue à appliquer ce MAE, vé-ritable opposition aux droits civils etpolitiques, voté par la droite comme par lagauche et qui sert aujourd’hui à envoyer lesjeunes de ce pays dans les mains des tor-tionnaires d’abord et des geôles d’exceptionpar la suite. Et pendant ce temps, la guardiacivil arrête aussi en Bizkaia avec les mêmesconséquences. Madrid et Paris s’en soucientcomme de leur première chemise.Dans cette situation, le rapport de force

nous semble défavorable. On se dit que toutprend du temps, qu’il faut voir tout ça à longterme. Et pour certains, ceux qui se sont leplus engagés, continuer à souffrir. Et l’on semet à envier Tunisiens et Egyptiens qui sesont engagés eux aussi et qui ont renversédes montagnes en quelques semaines. Maislà encore, il reste à faire.Il n’aura pas échappé à la sagacité de nos

lecteurs que ce numéro a quelque chose departiculier. A quelques jours du 8 mars, quin’est pas un jour de fête mais qui est là pournous rappeler que des droits, ceux desfemmes, sont encore bafoués dans ce basmonde, nous avons voulu laisser une placesignificative à leur expression. Il n’a pas étéfacile pour l’équipe de rédaction entière-ment masculine d’Ekaitza d’engendrer desmotivations, de faire prendre la parole.Nous avions prévu, en ce début de semaine,d’interviewer trois jeunes militantes abert-zale, engagées dans le féminisme, mais l’in-tervention de la police française en a décidéautrement.Là aussi, il reste beaucoup à faire, et là en-

core, c’est une affaire d’engagement. Il y ades pas à franchir, des obstacles à renverser,des habitudes à bousculer, des comporte-ments à éradiquer. Nous engageons la so-ciété basque à le faire, en particulier lesfemmes, pour faire respecter leurs droits etleur expression, jusque dans nos colonnes.

Samedi 3 févrierCe samedi a été marqué par une nouvelle

manifestation à Bilbao, qui a rassembléquelque 40 000 manifestants pour exiger lalégalisation de Sortu, le nouveau parti de lagauche abertzale. Le mot d’ordre de cettemanifestation était en effet : « Bakerantz, lega-lizazioa » (Pour la paix, légalisation), l’ob-tention d’une situation de paix au PaysBasque étant ainsi subordonnée à une nor-malisation politique résultant de la fin de l’in-terdiction de toute représentation politiquede la gauche abertzale. Les orateurs, à la finde la manifestation, ont mis l’accent sur lefait que l’objectif de celle-ci, qui mobilisaitces dizaines de milliers de personnes dans

les rues de Bilbo, était largement partagé pardes dizaines de milliers d’autres Basques àtravers le territoire ; ils ont souligné qu’onne pouvait pas accepter un « non » pourréponse de la part du Tribunal suprême oudu gouvernement espagnol, car « l’espérancecommence à entrer de nouveau au sein de lasociété basque », espérance « de voir la trêved’ETA devenir définitive dans la cessationde toute activité violente, de toute imposi-tion antidémocratique, dans une situationde respect des droits humains, civils et poli-tiques, individuels et collectifs ». Et ils ontprévenu : « Nous ne pouvons tolérer de lapart de quiconque que cette espérancevienne à être brisée. »Depuis l’accord de Gernika, solennelle-

ment proclamé le 25 septembre 2010 parune trentaine d’organisations progressistesauxquelles se sont joints, depuis, des cen-taines d’autres groupements divers, cettemanifestation était la cinquième. La mobili-sation populaire en faveur d’un processusde paix dans la reconnaissance des droits desBasques ne faiblit pas. Ils étaient 46 000 àBilbo le 2 octobre pour les droits humains,civils et politiques ; plus de 20 000 à Donos-tia le 30 octobre pour réclamer la fin de latorture ; 64 000 le 8 janvier 2011 à Bilbo pour

exiger la fin de la politique pénitentiaireactuelle ; deux semaines plus tard, à Iruñea,10 000 manifestants environ protestaientcontre la multiplication des rafles policières.Avec les 40 000 manifestants de ce 19 févrierà Bilbo en faveur de la légalisation de Sortu,ce sont donc environ 180 000 manifestantsqui ont arpenté les rues des principales villesdu Pays Basque en moins de cinq mois. Cettemobilisation populaire ne peut pas être pluslongtemps traitée par le mépris dont sontcoutumières les autorités espagnoles : à ladétermination des Basques doit répondre auplus tôt un ensemble de mesures visant àsortir du conflit par une justice respectueusedes droits de l’homme, et non par une justice

au serviced’unerépressionqui ne cessede nier cesdroits del’hommed’une façoncriminelle. Ace propos,rappelonsque la Courpénale inter-nationaledevrait êtresaisie pourjuger lesfaits de tor-ture enEspagne,qui restentuneconstantemalgré lesprotesta-

tions d’organisations comme Amnesty Inter-national ; en effet, la torture est un crimecontre l’humanité, et, à ce titre, relève de laCPI : les policiers et gardes civils espagnolsdont c’est la spécialité, et qui ne sont sansdoute que quelques dizaines, n’en ont-ils pasété informés par leurs chefs, avec lesquels ilssont pourtant en situation, en tant qu’exé-cutants, d’encourir de lourdes sanctions dela part de la justice internationale par-delàl’impunité dont ils bénéficient (mais seule-ment provisoirement) sur le plan national ?

Lundi 21 févrierCe lundi s’ouvrait une semaine dense de

lutte contre le mandat d’arrêt européen(MAE). C’est en effet lors d’une conférencede presse donnée à Izpura, dans la salle Faus-tin Bentaberri, que huit jeunes de Segi, sou-tenus par une centaine de personnes issuesde diverses organisations regroupées dansun collectif opposé au mandat d’arrêt euro-péen, ont annoncé qu’ils s’enfermaient pourune semaine dans cette salle. Leur but ? Repa-raître au grand jour alors qu’ils étaient enfuite depuis le 22 octobre 2010, et s’assurerun soutien et des appuis au Pays BasqueNord en invitant population et élus à venirs’informer auprès d’eux durant toute la

40 000 à Bilbo - soutien àTendre l’autre joue ?

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semaine des raisons de leur action, ainsi quede leur situation.Ces huit jeunes gens et jeunes filles sont

tous du Pays Basque Sud. Ils n’étaient paschez eux lors de la grande rafle du 22 octo-bre 2010 où la police espagnole a arrêté14 jeunes accusés d’appartenir au mouve-ment Segi et les a torturés après les avoir misau secret ; ils sont venus depuis au PaysBasque Nord pour échapper à ce traitementqui n’aurait pas manqué de leur être appliquéà eux aussi. Ils ont entre 20 et 25 ans. L’uned’entre eux, Aiala Zaldibar, fait l’objet d’unMAE que la France a accepté, et pour lequelelle s’est pourvue en cassation. Les septautres, visés par un mandat d’arrêt enEspagne, s’attendent à être à leur tour sousle coup d’un MAE que la France, toujoursprompte à soutenir l’Espagne contre lesBasques, ne manquera pas d’examiner « avecbienveillance », comme elle a su le faire pournotre compatriote Aurore Martin. Il s’agit deBergoi Madernaz, Xalbador Ramirez, JazintRamirez, Aitziber Plazaola, Irati Tobar, EndikaPerez et Beñat Lizeaga. Le Collectif qui les soutient se compose

des organisations suivantes : AbertzaleenBatasuna, Anai Artea, Batasuna, Askatasuna,CDDHPB, LAB, NPA, Solidaires et Segi. Tousles jours, à 12 heures et à 19 heures, des ras-semblements auront lieu pour protestercontre le MAE à un carrefour proche de lasalle qu’ils occupent à Izpura avec l’accorddu maire. Un kantaldi va conclure, à Kanbo,cette semaine contre le MAE, le samedi26 février.Dernière précision à propos de ces mili-

tants de la gauche abertzale : ils menaientdes activités politiques au vu et au su de tousau Pays Basque Sud, et c’est pour cela qu’ilsse sont trouvés poursuivis. La police espa-gnole a pour habitude d’arrêter au coursd’une rafle un certain nombre de militants,qu’elle amène par la torture à s’auto-incul-per et à accuser d’autres militants de délitsque la police a décidé d’attribuer à ces der-niers : les déclarations faites devant le jugepar ces militants torturés constituent ainsi àbon compte des « preuves » de culpabilité etpermettent des condamnations à de lourdespeines de prison, d’où une neutralisationd’un certain nombre de personnes politi-quement très actives, et, en prime, l’entre-tien d’un climat de terreur clairement dis-suasif. Et la France participe à cette répressionespagnole bâtie sur un socle de torture, etcollabore ainsi avec sa voisine pour étoufferdans l’œuf les forces basques les plus dyna-miques. Honte à la France complice de l’Es-pagne tortionnaire !

Vendredi 25 févrierDepuis déjà un certain temps, les indé-

pendantistes de Segi avaient appelé à unemanifestation contre Michèle Alliot-Marie,place Louis-XIV, pour ce vendredi ; la minis-tre des Affaires étrangères devait en effet par-ticiper au conseil municipal de ce jour àDonibane Lohizune, en sa qualité de pre-mière adjointe au maire. Finalement, elle ne

viendra pas. Par contre, une petite centainede manifestants criera des slogans hostiles àMAM : « Michèle Alliot-Marie, dégage du PaysBasque ! » Sa proximité avec Ben Ali a en effetrévulsé bon nombre de jeunes Basques, quiont également été révoltés par son offre deservice sécuritaire au gouvernement tunisiencontre son peuple. Aussi le discours de clô-ture de la manifestation n’a-t-il pas manquéde rappeler le rôle joué par MAM dans le trai-tement infligé à Jon Anza, puisque lorsquecelui-ci a été enlevé et conduit aux portes dela mort, Michèle Alliot-Marie était ministrede l’Intérieur, et qu’elle était ministre de laJustice, et donc bien placée pour étouffercette affaire, lorsque le cadavre de Jon Anzaa reparu dix mois après sa mort.

Samedi 26 févrierLe kantaldi de Kanbo, auquel ont parti-

cipé Nat, Txomin eta Watson, Etxamendi etLarralde, Kattalin eta Isa, Eneko Labeguerie,Peio Serbielle, Jean-Mixel Bedaxagar, MaddiOienart, Erramun Martikorena, Mixel Etxe-kopar, Ken 7, Pil Pil et Peio ta Pantxoa, s’estdéroulé en présence d’environ un millier despectateurs. Tous étaient là pour exprimerleur rejet du MAE et pour soutenir les huitjeunes gens d’Izpura. Ceux-ci sont montéssur la scène, derrière laquelle apparaissaitl’inscription « Eskubide politiko eta zibilenalde », encadrés par une dizaine d’élus quivont les héberger. Le MAE pour raisons poli-

tiques suscite une opposition de plus en plusmarquée au Pays Basque depuis qu’AuroreMartin a été obligée de se cacher pour évi-ter d’être livrée à l’Espagne afin d’y effectuerune douzaine d’années de prison en raisonde son seul engagement politique, hors detoute action délictueuse.L’utilisation qui est faite du MAE doit être

rendue impossible à l’avenir, par la loi, et ilfaut laisser notre jeunesse en paix. Elle aautre chose à faire que de se défendre sansarrêt contre des agressions que la paranoïanationaliste franco-espagnole déchaîne à sonencontre.

Dimanche 27 févrierVers 4 heures du matin, la permanence

de Max Brisson, qui venait d’être inaugurée,a été attaquée : la vitrine a été brisée et on aretrouvé des affichettes « Le Pays Basque n’estpas à vendre » collées à proximité. Le mairede Biarritz, Didier Borotra, s’est rendu surles lieux et a exprimé son soutien au candi-dat UMP.

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ASTEKO GAIA

Segi - “MAM, dégage !”

MAM Kanporat !Azken asteetan Michèle Alliot-Marieren izaera agerian gelditu

da. Frantses legebiltzarrean egindako hitzartzearen ondotik, zi-nezko polemika sortu da. Interes ekonomiko eta politikoak nahasidituen Alliot-Marieren klana ipurdi bistan gelditu da. Frantses me-todoak aipatu zituen. Segurtasuna atxikitzeko hain baliagarriakomen diren metodoak. Herri xumea bere eskubideen alde alt-xatzen ari zen bitartean, diktadore zitalenei Frantziaren indarerrepresiboa eskaini zien herritarrak zapaltzeko. Onartezina da!

Baina maleruski, metodo horiek aspalditik ezagutzen dituguEuskal Herrian. Ez dugu Afrikako oldartzeak itxoin beharrik izan,bere zitalkeriaz ohartzeko. Horren adibide dugu Jon Anzarekinegin duena. Euskal militantea poliziaren esku desagertu zenean,barne ministro kargua betetzen zuen. Urte bat beranduago, JonAnzaren gorpua agertu zenean, Justizia ministroa zen. Michèle Al-liot-Mariek betetzen zituen beraz, aferaren bilakaera guzian,erantzukizun zuzena izan duten karguak.

Joan den abenduan Donibane Lohizuneko herriko kontsei-lura zihoala, herritarrek euroaginduari begira interpelatu nahi izanzutenean, ministroa « babestera » etorriak ziren poliziak mani-festatzaileen kontra oldartu ziren, pertsona bat zauritu eta bestebat atxilotuz.

Bahiketak, tortura, atxiloketak, kolpeak... herritarren hitzazapaltzea; hara zein diren MAMek hain gustuko dituen metodoak.Michèle Alliot-Marie sinbolo bat da Euskal Herrian. Baina sinboloizatetik haratago, zapalkuntzarekin segitzeko zinezko tresna po-litikoa ere bada frantziar estatuarentzat. Bera da, Parisen etagure herrietan gatazka politikoa luzarazten duten erabakiakpentsatzen eta aplikatzen dituena. Bera da, errepresio zital bateaneta elkarrizketaren ukapenean

oinarritutako estrategia baten bidez, bakeari ateak ixten diz-kiona.

Bere gisako pertsonaia batek ez du ardura politikorik izaterik!MAM, Kanporat !

SegiEuskal Herrian, 2011ko Otsaialaren 25an

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Le premier tour des élections cantonalesaura lieu le 20 mars prochain. Les abertzalese définissant de gauche ont choisi de par-tir groupés sous l’étiquette EH Bai. Ce n’estpas tant le résultat électoral que la tribunequi est ouverte à ce moment précis quiimporte pour la diffusion des idées abert-zale. Nous nous sommes entretenus avecune candidate de la coalition, Maite Etche-verry.

Peux-tu nous expliquer la démarched’Euskal Herria Bai pour ces électionscantonales ?Maite Etcheverry : Il s’agit avant tout deporter le projet abertzale de gauche dansla société. Les élections sont un momentparticulier au niveau de l’expression poli-tique et nous devons en profiter. Nous pou-vons nous adresser à un large panel. Parexemple, nous allons rencontrer la popu-lation du Boucau, zone où nous sommesmoins présents. Il est impensable pour nousde ne pas participer à cette échéance. Noussommes les seuls à porter un projet à la foisalternatif et tenant compte des droits quicorrespondent à ce territoire. De parleraussi de l’abertzalisme, à ne pas confondreavec le communitarisme.

Quelle importance ont pour vous cesélections ?Maite E : Il y a deux aspects dans les élec-tions cantonales. Le côté local bien sûr, avecdes représentants locaux au Conseil géné-ral. Mais ces représentants sont aussi desgrands électeurs destinés à élire les séna-teurs. C’est donc une élection qui entredirectement dans la stratégie des partis avecdes règles électorales favorisant la repré-sentation de l’UMP et de ses proches et duPS et de ses proches. Une part de propor-tionnelle serait importante du point de vuedémocratique. Mais en tenant compte dela découpe institutionnelle actuelle, EH Bai,même avec des élus sur la partie basque dudépartement, aurait une représentationminime.

Comment s’organise la campagne,quels sont les thèmes portés ?Maite E : Il y a un tronc commun entretoutes les candidatures. Chaque canton aurabien sûr sa spécificité. Par exemple, auniveau de Baiona, le canton Nord traiterade l’installation de l’usine de retraitementde déchets ou des problèmes liés au port.Sur le canton Est, ce sera l’installation d’Ikeaou encore le tracé de la LGV.Au niveau du tronc commun, il y a

d’abord l’aspect institutionnel. L’idée d’uneinstitution spécifique, quelque soit le nomqu’on lui donne, fait son chemin et est unerevendication des abertzale de gauche. Maisnous n’avons pas un projet institutionneldéfinitif, il reste à construire entre tous.Autre point particulier, l’euskara. Il y a

eu une évolution minimum pour l’euskara.Mais il est bien évident qu’il est avant toutimportant de doter l’euskara d’un véritablestatut. Nous voyons qu’en Corse l’appren-tissage de la langue a été rendu systéma-

tique en maternelle, mais avec une possi-bilité de refuser de la part des parents. Or,on constate que très peu de gens refusentcet apprentissage. Cela montre que l’onpeut trouver des solutions positives. C’estpour cela que nous parlons de volonta-risme, parce qu’il s’agit de décisions despouvoirs publics en opposition au laisser-faire qui est actuellement de mise.Sur un plan plus général, au niveau du

respect des droits civils et politiques, untravail est mené depuis des années poursortir de la situation d’illégalisation. On sentle besoin, à ce niveau, de refonder la gaucheabertzale, mais c’est une situation récente,pas de précipitation. Quant au MAE, la seuleprésence d’Aurore Martin en tant que sup-pléante suffit à l’évoquer.D’autres points seront abordés en com-

mun comme les transports en Iparraldeavec un ensemble de propositions ouencore le logement où l’on relève le retarddans la construction de logements sociauxou le problème d’avoir des salaires décentspour se loger correctement face à la spé-culation en cours. Parmi ces points, il y aaussi le maintien d’un service public deproximité ou encore des propositions enfaveur d’une économie solidaire et pérenne.

Comment organisez-vous cette cam-pagne ?Maite E : D’une manière classique, nousavons des rendez-vous avec les habitants etnous organisons des réunions publiquesavec des thèmes à débattre. Concrètement,à Baiona, des apéritifs sont prévus, cette finde semaine, vendredi soir au Txiri Bogapour Bayonne Est, et samedi à midi, au TxiriBoga toujours pour Bayonne Ouest et àMalegari pour Bayonne Nord. Les réunionspubliques auront lieu le 8 mars, au Bou-cau, sur le thème « Économie pérenne etsolidaire » et le 16 mars sur le thème « Étu-dier et se former en Pays Basque ».Par contre, il faut souligner que l’en-

semble du fonctionnement nécessite unbudget. A ce titre, il me faut préciser que laSociété Générale, banque où j’ai moncompte personnel, a refusé de m’ouvrir uncompte de campagne. La réponse de l’em-ployée à qui j’ai eu affaire est significative :« Vu votre compte, ce n’est pas la peine d’ypenser. » Il faut noter là l’obligation faited’ouvrir des comptes de campagne et laposition de certaines banques. Nos comptesont donc été ouverts dans d’autres établis-sements bancaires.

D’autres mouvements de gauche serontprésents à ces élections. Comment envi-sagez-vous cette présence et, éventuel-lement, les possibilités de travail encommun ?Maite E : Ces partis peuvent être, notam-ment sur le terrain social, susceptibles d’êtreamenés à partager nos propositions. C’estnotamment le cas du Front de gauche. Maisà l’intérieur de ces mouvements, il existedes personnes qui sont des acteurs impor-tants dans la situation de blocage qui existeavec cette gauche, en particulier au niveau

de la CGT et du PCF*. De la part des abert-zale, il n’y a pas d’hostilité à travailler avecces mouvements ou ces personnes. Desstructures dépassant ces clivages ont étécréées, comme Oldartu qui s’adresse à toutle monde. Il est important de travailler versune normalisation des relations et si lespositions de principe évoluent, alors…

Nous avons parlé de global et de sujetslocaux qui seront abordés. Candidateà Baiona, quels seront les sujets abor-dés sur ces cantons ?Maite E : Je l’avais dit auparavant, il y anotamment l’usine de Batz, usine de trai-tement des déchets. Il apparaît que ce trai-tement à base de tri mécano-biologiquen’est pas satisfaisant dans l’état. Cette pro-position a été adoptée en 2006 au Conseilmunicipal de Baiona. La gauche demande lamise en place d’une solution alternative.Notre point de vue est qu’il n’y a pas actuel-lement une solution mais un ensemble desolutions à proposer en prenant en comptedes solutions concernant la consommation.Il faut savoir qu’en attendant, 70 camionssont acheminés par jour vers la Gironde àdéfaut de solutions locales.Les transports en commun restent un pro-blème. Mais là encore, il faut étendre cesproblèmes à la Communauté d’aggloméra-tion Adour – Côte Basque, telle qu’elle estdénommée. Il y a des difficultés à traverserla conurbation dans son ensemble. Les nou-velles propositions du pouvoir en places’appuient sur un passage par Veolia, sansmême aborder la question du servicepublic. Ces mêmes pouvoirs n’abordent pasle problème globalement, à l’époque oùl’on parle de l’eurocité jusqu’à Donostia.On ne constate aucun souci de répondre àla demande, pas plus que de réhabiliterl’existant. En clair, c’est aussi un manqued’ambition qui empêche le développementdes structures de communication.

Une dernière question à quelques joursdu 8-Mars. La place du féminisme dansces élections ?Maite E : On a pu constater que pour la plu-part des partis, les candidats sont très majo-ritairement des hommes. Ceci est égalementvrai pour Euskal Herria Bai qui aura troiscandidates et six suppléantes, à l’inversepour les hommes, six candidats et trois sup-pléants.. Le problème ne s’est pas posé auniveau de la désignation. Tout simplementparce qu’il s’agit d’un moment où l’on nepropose aux militants que du travail sup-plémentaire. Il est certain que dans les cin-quante dernières années, il y a eu une évo-lution de ce point de vue. Mais pour nous, ausein d’Euskal Herria Bai, la représentationdes femmes ne tient qu’à leur participation.

* « Je suis un militant internationaliste (sic). Je me méfie un peu des dé-marches étroitement nationalistes. Après, je suis avec attention l’évo-lution d’ETA. Je pense que si la démarche actuelle se concrétise, les re-lations que nous avons avec cette mouvance (Batasuna, LAB)évolueront dans le sens d’un travail commun sur des questions autourdesquelles nous nous retrouverons.» (D. Romestant, dans le Journal dupays Basque du 26-02-2011) �

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ASTEKO GAIA

EH Bai, pour faire avancer nos idées

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Euskal Herria

Que se passe-t-il avec la gauche abertzale ? A-t-on baissé le pan-talon ? Va-t-on expulser du nouveau parti ceux qui applaudissentle Che, Mandela, Marti et tant d’autres amis qui luttent ou ontlutté les armes à la main ? Est-ce le premier pas pour s’assimiler auxautres ? Certains militants, des vétérans, sont surpris par Sortu etde nombreux amis à l’extérieur d’Euskal Herria nous question-nent, préoccupés. D’autres, plus malicieux, ébauchent des sou-rires satisfaits et disent : « Nous avons déjà pris cette voie il y a dixans… » Les réflexions ci-après leur sont destinées.

Depuis l’Alternative démocratique de 1995, la gauche abertzaleet ETA essaient de mener le conflit basque sur le strict terrain dela consultation démocratique des citoyens basques. Ce fut là lepremier grand pas stratégique. L’évolution du monde a renforcécette idée : l’éclosion de 19 nations européennes nouvelles ; l’at-tentat de New York et ses dérives antiterroristes ; l’espace poli-cier européen ; la fin des cycles armés dans d’autres lieux ; le suc-cès électoral des gauches d’Amérique latine….Les changements dans la société basque sont tout aussi impor-

tants, issus en grande partie de la lutte et de la tension antérieure :le parcours indépendantiste de la majorité syndicale basque ; laprise de position de partis comme EA ; le phénomène, impensa-ble auparavant, du Plan Ibarretxe… Et, face à tout cela, la radica-lisation de l’espagnolisme qui, de la même façon qu’il le fit à Cuba,en est venu à l’extrême, en s’unissant (libéraux et conservateursalors, PSOE et PP, aujourd’hui) pour perpétuer le contrôle desdernières colonies. Si la droite et le PSOE ont besoin de s’unirpour nous gouverner, en utilisant de surcroît des pièges électoraux,c’est le début de leur fin. Si l’activité armée donnait des atouts àl’État, acculait la gauche abertzale et rendait difficiles des alliancesabertzale et progressistes, eh bien ! il fallait « abandonner Lérin »,point à la ligne.Les Basques et leur langue ont survécu ces derniers millénaires

en raison de leur capacité de résistance et d’adaptation. Piégé aumilieu de grandes puissances, chaque petit peuple devient gué-rillero. Face à Charlemagne, nous n’avons pu défendre Iruña etnous l’avons donc attendu à Orreaga-Roncevaux où nous lui avonsréglé son compte. Tous les voyageurs du XIXe siècle ont particu-lièrement remarqué la capacité guerrière et le courage des basco-navarrais. Cependant, ils étaient surpris que ceux-ci n’aient pasle même sens de l’honneur que celui des milices professionnelles.En 1837, l’anglais Richard Ford disait que des gens si belliqueux« ne considéraient pas honteux de tourner le dos et de se mettreà courir lorsqu’une tentative échouait, pas plus qu’ils ne trou-vaient déshonorant un avantage injustement acquis ». Le partipris esthétique, utile pour les puissants est mortel pour les petits.

Scott, dans son livre les Dominés et l’art de la résistance (éd. Txa-laparta, 1990) l’explique très bien.Lors de la dernière guerre carliste, l’armée espagnole envoya

160 000 hommes dans nos quatre provinces du Sud, le plus impor-tant contingent de son histoire, pour « expurger le dernier recoinet finaliser l’unité espagnole ». Les villes et villages basques tom-bèrent un à un. Ils résistèrent autant qu’ils le purent et de l’und’eux reste un chant : S’ils viennent mille, restons tranquilles àLérin / S’ils viennent mille cinq cents, à Lérin restons tranquilles /Et s’ils viennent deux mille, laissons là Lérin. Plus tard, ils neperdraient rien pour attendre au détour d’un autre Orreaga. Aprèscette guerre, nous avons perdu les Fors (ou Libertés basques)mais cela a donné naissance à l’abertzalisme. Une nouvelle tran-chée, une nouvelle expression de la résistance.De Lérin, la gauche abertzale a acquis une discipline militante,

avec un ordre et une cohésion dignes d’admiration. En pleineclandestinité, alors que des condamnations brutales leur étaientinfligées, les dirigeants de toutes les organisations qui ont mis lamain à la pâte ont fait preuve de hauteur de vue, de dévouementet de capacité à mener à bien ce pays. De plus, du point de vue del’alchimie politique, leur travail mériterait mieux qu’une thèsedoctorale. Je ne connais pas dans toute l’Europe un groupe degauche d’autant d’importance, complexité et tradition que lagauche abertzale qui ait été capable de sortir d’un tel imbrogliosans une égratignure.Certains ont laissé Lérin avant eux, prévoyant la débandade

générale qui n’a pas eu lieu. La majorité est restée tranquille, dansl’attente de la décision collective. Empreints sans aucun douted’audace et de raisons, certains ont fait valoir qu’il fallait conti-nuer à résister là-bas. Le plus grand nombre a décidé qu’il fallaitpartir, revenir dans les villages, regrouper les forces et reprendrele combat avec les armes, maintenant exclusives, de la politique.Et tous, en bon ordre, ont entrepris la marche. Ceux, peu nom-breux, qui se sont mis à courir avant l’heure n’ont servi qu’à uneseule chose : nous signaler la voie erronée, celle que l’on ne doitpas emprunter. Et ils s’y trouvent encore, au milieu des chausse-trappes, sans retrouver la sortie.Arrivés où nous en sommes, nous plier à la Loi des Partis,

comme naguère à la Constitution, porter la carte d’identité espa-gnole ou passer un contrôle policier ne sont que des obstaclesde papier que place l’ennemi et que le résistant basque doit assu-mer pour attendre l’État là où il est le plus faible actuellement, làoù nous avons le plus d’avantages aujourd’hui : au détour de l’Or-reaga de la politique. Il y a des motivations, de la force et dumonde pour obtenir la liberté. Nous pouvons gagner la bataille dufutur comme nous allons gagner celle de la mémoire historique.Et quoi que disent leurs lois, nous serons toujours amis du Che.Pour cela, les statuts surprenants de Sortu ne sont en aucun casune expression de faiblesse, mais une démonstration de force etde cohésion interne. Le dirigeant du Sinn Fein, Alex Maskey, l’a dittrès clairement. Et le gouvernement espagnol le sait : il n’a pudétruire Lerin ; il n’a provoqué aucune débandade, aucune scis-sion, aucune conversion, aucune reddition. Ils provoquerontencore de gros dégâts physiques mais, moralement, ils sont vain-cus.

* Éditeur (Txalaparta argitaletxea). Ce texte a été publié dans le Diario de Noti-cias de Navarra et Insurgente.org du 16 février 2011 – Traduction pour Ekaitza :Ursoa Parot.

« Laissons là Lérin »Joxe Mari Esparza Zabalegi *

APPEL DU PARQUET CONTRE ION KEPA PAROT

Incarcéré en France depuis 21 ans, pour appartenance au commando Argala d'ETA, IonKepa PAROT devait connaître, le 17 février, la décision du Tribunal spécial d'application despeines, suite à sa 2e demande de libération conditionnelle. Celle-ci lui a été favorable maisle Parquet a immédiatement fait appel, bloquant sa libération pour 5 à 6 mois, en attented'une nouvelle décision.

Comme tout porte à le croire, il s'agit vraisemblablement de pressions espagnolesdont la substitut du Procureur, Mme Chaponneaux, s'est fait l'écho, le 17 février, allant mêmejusqu'à réclamer 30 ans incompressibles pour Ion Kepa, soit dix ans de plus, comme le pres-crit la fameuse loi rétroactive du Tribunal suprême espagnol (doctrine Parot). S'il s'avèrecependant que sa libération est prononcée dans quelques mois, cette suspension favori-serait un certain silence médiatique favorable au PSOE, avant les élections espagnoles deMai.

S'il est finalement libéré, Ion Kepa devra passer, comme le veut la sentence, une annéede période probatoire (surveillée) dans une ferme bio du nord de la France (Picardie), cetteannée s'ajoutant aux cinq autres d'interdiction de séjour dans tous les départements dugrand sud-ouest, y compris Euskal Herria... soit 27 ans loin, très loin, des siens.

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Emazteen eguna

Ekaitza : Tu es porte-parole d’Askatasuna. Au-delà du sou-tien et de la défense des militants politiques basques empri-sonnés, quelle importance attaches-tu au terrain de la luttedes femmes ?Muriel Lucantis : J’y attache une grande importance en tant quefemme et en tant que militante. Je regrette que le mot féminismesoit si galvaudé et caricaturé qu’il est devenu péjoratif au pointque de nombreuses personnes se sentent obligées de commencerleurs déclarations sur les luttes des femmes par « je ne suis pasféministe mais... ». C’est dommage et ça arrange bien ceux quiveulent maintenir le système tel qu’il est. Au-delà des définitions,le féminisme ou quel que soit le nom qu’on lui donne est le com-bat contre une des nombreuses oppressions qui nous sont impo-sées, il est légitime. Les femmes sont à la fois majoritaires sur terreet « minorité opprimée », c’est un comble. Cette lutte est trèsimportante.C’est d’ailleurs une des choses qui m’ont frappée quand j’ai

découvert Euskal Herria et le travail de la gauche abertzale. Parmitous les endroits et même tous les lieux de lutte que je connais-sais, c’était le seul (surtout au Sud) où on pouvait, par exemple,aller à un concert ou une fête sans jamais se sentir menacée pardes comportements sexistes. C’était un espace de liberté inéditpour moi et on sentait que c’était le fruit d’un gros travail mili-tant. Je crains que dans ce domaine-là aussi on soit malheureu-sement en plein recul.

Le 8-Mars, journée de lutte des femmes, cela a-t-il une réso-nance particulière auprès des militantes emprisonnées ?Muriel L. :D’abord, chaque jour en prison est un jour de lutte.Chaque droit même le plus minime fait l’objet d’un combat. C’estun monde fermé, qui reproduit au centuple toutes les formes d’op-pression que nous subissons à l’extérieur, c’est donc aussi unmonde encore plus sexiste. Et les femmes en prison ont des luttesspécifiques, notamment autour du droit à la maternité. Le droitde devenir père est toléré pour les hommes dans la plus parfaitehypocrisie (toléré mais pas reconnu, ce qui rend la paternité commela maternité en prison très difficile, surtout au regard des condi-tions de visites qui sont généralement ignobles). Le droit de de-

venir mère est qua-siment interdit auxfemmes. C’est une injus-

tice de plus et unevéritable souf-france. En ce quiconcerne les mili-tantes, ceux qui or-ganisent la répres-sion savent bien cequ’ils font en ajou-tant à ces difficul-tés déjà énormes lalongueur descondam nations,l’éloignement et ladispersion appli-quées aux prison-niers politiques.C’est un domaineoù il est importantde lutter.Sur le 8 mars

en particulier, c’estdifficile de répon-dre au nom detoutes les prison-nières politiques.Il a peut-être une

résonance particulière, oui, mais avec toutes les limites de cegenre de journée. La journée des femmes, c’est comme le jourdes droits de l’homme ou celui contre la torture. Pour la majo-rité des gens qui participent aux manifestations de ce jour-là ou desjournaux qui font leur une dessus, c’est un bon événement média-tique qui permet de se donner bonne conscience, comme ça, vitefait. Le reste du temps, l’image des femmes continue d’être exploi-tée à des fins consuméristes, leur corps, leur travail aussi. Il auraune résonance bien plus particulière quand il sera celui qui fêtela véritable abolition du patriarcat, du sexisme et de l’homopho-bie. Mais il y a du boulot.

Y a-t-il une spécificité propre aux prisonnières politiquesbasques, dans les prisons françaises, espagnoles ?Muriel L. :D’abord, il faut parler des femmes prisonnières engénéral. Elles ont une situation spécifique. Je n’ai connu que la pri-son de Fleury mais elle est édifiante. C’est la plus grande maisond’arrêt d’Europe, tant pour les hommes que pour les femmes. Àl’époque où j’y étais, il y avait je crois 3 000 hommes environ et250 femmes (beaucoup plus après la campagne présidentielle de2002 qu’avant, au fait(1)). Il faut ajouter à cela qu’une grande par-tie d’entre elles sont là parce qu’elles ont aidé un homme, ou ontété utilisées par un homme (comme prostituées, transporteusesde drogue, travailleuses clandestines, voleuses ou mille autresfaçons) ou se sont défendues contre un homme. Ça pose beaucoupde questions. Elles sont moins soutenues, beaucoup moins defemmes ont la visite d’un conjoint ou d’amis que le contraire. Lesystème carcéral les traite différemment, avec un système pater-naliste bien gluant à base de culpabilisation, de chantage et depastilles pour dormir.En ce qui concerne les prisonnières politiques basques, j’ai

déjà cité les mesures qui aggravent encore la violation du droit àla maternité. Il faut parler aussi des agressions sexuelles et viols quis’ajoutent aux tortures lors des mises au secret dans les caserneset les commissariats espagnols, beaucoup plus systématiquementque pour les hommes, même si ces derniers n’y échappent pastoujours. Celles qui sont passées par ce cauchemar ont, en plus,ces blessures-là à soigner(2).A part sur ces points spécifique, je ne pense pas que leur situa-

tion soit très différente de celle des hommes. On entend souventdire autour de nous que « ça doit être plus dur pour les femmes »,je n’en suis absolument pas convaincue. La souffrance, les agres-sions… ne sont pas différentes. La détermination dans la lutte, lasoif de liberté non plus. Tout cela ne dépend pas de leur sexemais de leur condition de militant(e)s engagé(e)s et de leur naturede conséquence du conflit politique.

Constates-tu une évolution du rôle des filles dans les actionsmilitantes ou revendicatrices ces dernières années (fêtes,manifs, etc) ?Muriel L. :C’est difficile de ne pas tomber dans les clichés sur cegenre de sujet, mais j’observe généralement que le quotidien,l’organisation concrète, sont beaucoup plus souvent portées parles femmes.Et je constate qu’il y a de plus en plus de mouvements, orga-

nisations, associations ou comités où les filles sont la grande majo-rité. Il me semble cependant que cela est moins vrai chez lesjeunes, comme on a pu le voir à Izpura et à Kanbo cette semaineoù ils étaient nombreux à travailler. Espérons !

A Askatasuna, vous êtes trois femmes porte-parole. Alors,Askatasuna est une organisation féministe ?Muriel L. :Nous sommes un exemple des mouvements que jeviens de citer. Nous ne sommes pas seules mais plus nombreusesdans les réunions et au travail quotidien, c’est clair. Chacune d’en-tre nous trois est sensible à cette lutte et porteuse des revendica-tions du droit des femmes défendues par la Gauche Abertzaledont nous faisons partie, mais ce n’est pas l’objet de notre orga-

Femmes et militantes, l’égalité parEntretien avec Muriel Lucantis

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Emazteen eguna

bwwwwwsekalde

nisation. Le fait que les trois porte-parole sont des femmes n’estpas un choix de notre part, d’ailleurs j’en profite pour lancer unappel aux hommes, qu’est-ce que vous faites ! Blague à part, siseules des femmes acceptent ce rôle, il y a beaucoup de questionsà se poser, auxquelles je n’ai pas la réponse. Mais ça n’a pas tou-jours été le cas, et cela peut changer à nouveau.

Pour toi, quelles sont les principales revendications desfemmes aujourd’hui ?Muriel L. :Nous sommes dans une époque où nos droits et liber-tés sont en grand danger. Comme dans tous les domaines, ceuxqui ont été gagnés par la lutte des militant(e)s qui nous ont pré-cédés sont fortement attaqués. Le droit à la contraception et àl’avortement notamment qui sont essentiels, mais également surbien d’autres aspects. Et là aussi, l’énergie qu’on doit mettre à lesdéfendre n’est pas consacrée à d’autres avancées possibles et lepouvoir en est conscient. La lutte et l’organisation sont plus impor-tantes que jamais.Ensuite, au-délà des luttes spécifiques, nous sommes toujours

dans une société sexiste et patriarcale, où l’oppression morale,sociale, familiale, etc, est encore plus forte sur les femmes. Jepourrais donner des pages d’exemples, en voici un : quand nousmenons un travail d’interpellation avec des élus, syndicalistes ouautres, il arrive souvent que l’homme auquel nous parlonss’adresse au garçon, s’il y en a un à côté de nous, pour répondre.Nous devons gagner d’avoir des droits égaux et une parole égale.Mais cela comme le reste est le combat de tous, femmes ethommes.

1- Campagne présidentielle où tous les candidats avaient misé sur la « sécurité », les prisons déjà pleinesse sont mises à déborder et Le Pen et Chirac sont arrivés au second tour. Bravo la « gauche ».2- À l’heure où je réponds à ces questions, quatre citoyens basques dont deux femmes, arrêtés ce matin enBizkaia sont aux mains de la guarde civile. Encore.

ÇA Y EST, les déclarations « tant attendues » sont tombées.Ouf ! Les parades sans « parades » vont pouvoir se dé-rouler sans risques. Tous les brimés de droite vont pou-

voir enfin s’exprimer sur nos ondes ; ils vont nous rappelerque le chemin sera long pour retrouver la confiance, que ouicette fois-ci semble être la bonne, que leur politique a payé.Il y aura aussi les anciens silencieux de gauche, inclus de

la gauche abertzale qui pensent aujourd’hui qu’il est indis-pensable de bien examiner ce nouveau processus, parce ques’il est nécessaire, la confiance doit prévaloir mais la mé-fiance reste de mise.Tout ce beau monde peut attendre en toute sérénité des

lendemains qui chanteront pour notre pays. Et tout ce beaumonde a tout le temps, surtout ne pas se précipiter…J’ai attendu d’être submergée par cette vague d’espoir,

d’espérance. RIEN…Impossible de lâcher prise, au contraire. Je suis dans un

état de vigilance extrême. Cet état de vigilance est facilité parla non évolution de notre situation à nous, presos et famillesde presos.Ce que nous connaissons bien, depuis des années, est

« toujours de mise » : arrestations, tortures (qui commencentà faire tousser certains, mais si peu !), emprisonnements, pro-cès, condamnations, dispersions, éloignements, extraditions,mandats d’arrêt, maladies incurables, accidents…Et parce que je sais que ce sera très long, je prends le

temps de réfléchir à ce qui doit être l’essentiel :Continuer à soutenir les nôtres emprisonnés parce que

cette période est peut-être la plus difficile qu’ils aient à af-fronter ;Ne surtout pas penser que nous aurons des choses à ou-

blier comme : qui est responsable de la répression féroce quiest infligée à une partie de notre peuple, et avec quels sou-tiens elle a perduré ?Qui a promu la dispersion et l’éloignement ?Qui a permis et soutenu la torture pendant tant d’an-

nées ?Qui a accepté comme dégâts collatéraux que certains d’en-

tre nous meurent sur les routes et tant d’autres en prison, qued’autres soient assassinés et leurs assassins jamais recherchéset jugés.Dans mes réflexions, il y en a une qui inclut et dépasse no-

tre seul vécu : comment a-t-on pu aussi facilement limiter no-tre réflexion sur la torture et la prison, comment a-t-on pu en-diguer aussi efficacement notre indignation et notre révolte ?Cette période me ramène au livre de Carlos Liscano le

Fourgon des fous, à sa résistance à des mois de tortures et à13 ans d’emprisonnement en Uruguay ; à celui d’Hyvernaud,la Peau et les os, sur ses années en camps de concentration.Les deux parlent de la nécessité absolue, à n’importe quelprix, de garder sa dignité pour vivre dedans et dehors après. Nos militants ont conservé la leur, l’accueil que nous leur

préparons devra être à la hauteur.Il m’arrive déjà de rêver au grand jour, quand on se

retrouvera tous : les militants reconnus, ceux de l’ombre etceux de la dernière heure pour un incontournable Euskalpreso eta iheslariak etxerat, amnistia osoa !

Janine Chembero Beyrie

Etat de vigilance extrême

l’action

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Ekaitza : Depuis combien de temps vivez-vous en France ?Ludmila : Cela fait cinq ans maintenant, depuis janvier, je suis mariéeavec un Français. On s’est marié dans mon pays et puis on est venuici.Mon ex-mari était assez « on s’en fout » de tout. Il ne voulait pas

me déclarer parce qu’il craignait que la CAF lui demande de trouverdu travail. Mais on est allé à la préfecture pour me faire établir despapiers.

Vous les avez obtenus sans problème ?Ludmila :Non, la première fois, il n’y a eu aucun problème. J’ai obtenuun titre de séjour de trois ans. J’ai déposé mes documents. La préfec-ture m’a donné un récépissé de demande de titre de séjour. Et au boutde trois mois, mon titre de séjour m’a été délivré.En 2008, mon mari est tombé en prison. Et à ce moment, j’ai com-mencé à avoir des problèmes. La première fois, en janvier 2009, quandje me suis présentée à la préfecture pour faire renouveler mon titrede séjour, on m’a tout de suite demandé où se trouvait mon mari.Puis on m’a me demandé un certificat de présence en prison et unelettre explicative du fait qu’il ne peut pas se présenter. Je leur donneces papiers et ensuite le dossier se trouve bloqué. Je me retrouvedonc avec juste un « récépissé de demande de renouvellement ».Quand mon mari est sorti de prison, ils m’ont délivré une carte vala-

ble jusqu’en février 2010. En février, je me suis présentée avec luipour faire une demande de carte de résident de dix ans. La préfecturea de nouveau bloqué le dossier.Quelque temps plus tard, on a eu des problèmes de couple et on

s’est séparé. Mon ex-mari est allé prévenir la préfecture de cette situa-tion. En fait, on est en procédure de divorce, qui dure depuis l’annéedernière. C’est long… parce que nous sommes d’accord sur le faitde nous séparer, nous n’avons pas d’enfants, ni de biens… C’est trèslong. Pour la préfecture, à ce jour, je suis toujours mariée, mais ilsveulent m’expulser.

Tu as du travail ?Ludmila : De temps en temps, en intérim. Je fais du nettoyage.La séparation d’avec mon ex-mari n’a pas été facile. J’ai dû porter

plainte contre lui pour agression. Il était sorti en conditionnelle et atrouvé du travail à côté de Bordeaux. Il rentrait le week-end. Nousnous sommes disputés et une fois, il était très en colère, il est sorti,a cassé ma voiture et a été violent avec moi. Je sortais de l’hôpitaldepuis deux jours où j’avais subi une opération. J’ai eu très mal. J’aidû appeler les secours. La police m’a incitée à porter plainte, pour neplus le laisser agir comme ça.Il a été condamné par le tribunal, mais il a fait appel. L’affaire est

passée devant la cour d’appel de Pau il y a quelques jours. Et le juge-ment est en délibéré. La préfecture ne veut rien savoir de toute cette affaire. Ils n’ont

même pas fait une enquête sociale pour savoir comment je vivais. Jen’arrive pas à comprendre pourquoi ils veulent me renvoyer.

Donc, tu es sans papiers définitifs…Ludmila : Ils ont rendu le 27 janvier un arrêté portant obligation dequitter le territoire sous 30 jours. Dans quelques jours, donc, ils peu-vent me renvoyer dans mon pays n’importe quand.Mon avocate a déposé un recours à cet arrêté devant le tribunal

administratif de Pau. Donc, normalement, la préfecture n’aurait pasle droit de m’expulser directement. Moi, je refuse de partir. Il y a beaucoup de gens qui arrivent dans des

bateaux, sans papiers. Moi, je ne suis pas arrivée comme ça. Je suisarrivée avec des papiers. Je ne veux pas partir parce que je ne suis cou-pable de rien. Dans mon pays, je travaillais dans un service juridiquede l’Assemblée législative. Je faisais des recherches législatives vis-à-visde la loi. Je ne sais pas ce que je fais ici. Je n’entre dans aucune situa-tion. Mais je ne veux pas m’en aller comme ça parce que ce serait recon-

naître que je suis coupable, or je ne le suis pas. Il faut respecter la loi.

Le divorce doit-il être prononcé ici ou dans votre pays d’origine ?Ludmila : Il doit être prononcé en France. Je crois que par rapportaux ressortissants étrangers, il faut passer par Nantes.

Aujourd’hui, il n’y a pas de décision de justice concernantvotre situation ?Ludmila : Il y a juste une décision de la préfecture. C’est une déci-sion administrative qui me notifie que je dois quitter le territoireavant le 27 février. Aujourd’hui, je conteste cette décision. Parce quela loi dit que s’il y a trois années de vie commune, la préfecture ne peutpas refuser le renouvellement du titre de séjour. De plus, quand unefemme est agressée par son conjoint, l’État doit protéger cette femme.C’est écrit dans la loi. Pour moi, ce n’est pas le cas. Lorsque j’ai été autribunal pour cette agression, on m’a dit de ne pas m’inquiéter etque l’État protège les personnes dans mon cas. Personne ne va vousagresser, vous pouvez vivre tranquille. En réalité, j’ai reçu l’avis d’ex-pulsion. Alors que l’administration a pu constater que j’étais ici depuis2006, donc depuis quatre ans au moment du renouvellement du titrede séjour.

Ce qui semble intéresser la préfecture, c’est la politique duchiffre...Ludmila : Oui, c’est ça. Mais on ne peut pas se contenter de ça, ilfaut comprendre les situations. Il y a des cas très différents. Il n’y a pasque des statistiques, il s’agit de personnes. Et de toute façon, il y a dansmon cas une loi à appliquer.Normalement, je dois recevoir une lettre me demandant de me pré-senter aux gendarmes, mais pour le moment, je ne compte pas me pré-senter.

Votre compagnon actuel peut-il témoigner pour vous ?Ludmila : Bien sûr, il se bat avec moi. Mais c’est très dur. Je n’imaginaispas la France comme ça. Je compte informer chez moi de ce qui sepasse ici, du non-respect qu’il y a envers la loi. Il faut ajouter à celal’incompétence des personnes travaillant dans les services. Aux ques-tions posées, on me dit toujours : « Je ne sais pas. » Or les textesdisent qu’après trois années de vie commune, je dois bénéficier d’untitre de séjour de dix ans et à ce moment-là faire une demande denationalité. Mais visiblement ce n’est pas la peine.

Après le recours déposé par votre avocat, y a-t-il un délai deréponse pour l’État ? Ludmila : On ne sait pas, les procédures durent parfois deux mois,trois mois ou six mois. Je remarque tout de même qu’il est demandéune intégration dans la société, or je pense que c’est ce que j’ai fait.Je parle la langue (L’interview a été réalisée entièrement en français– Ndlr), j’ai passé mon permis de conduire, etc. Aujourd’hui je suisdans une situation compliquée parce que même si je trouve du tra-vail, je n’ai pas le droit de travailler. Mais l’administration va medemander si j’ai du travail. Heureusement que je n’ai pas en plus deproblème de logement grâce à mon compagnon. D’autre part je nedemande rien, ni RSA, ni allocations. Ce que je veux, c’est juste un titrede séjour qui me permette de vivre normalement. Je ne suis pas ensituation illégale, je n’ai jamais été condamnée, je n’ai pas de casierjudiciaire. Si je n’avais pas raison, je serais la première à appliquerla loi et à m’en aller. Mais dans ces conditions, je ne lâche pas. Mêmesi c’est difficile, notamment du point de vue de la santé. Face à cettepolitique du chiffre et à la non application de la loi, il faut donnerun exemple. Ce n’est pas la peine de rédiger des articles de loi si l’ad-ministration n’en fait qu’à sa tête..

1- OQTF : obligation de quitter le territoire français2- CESEDA : code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.

Quand l’administration ignore la loiLa situation des personnes sans papiers, dans l’État français, revêt des formes différentes. Nous avons choisi nous intéresser à la situation d’une femme qui se retrouve dans une situation signifi-cative. Due à une attitude de l’État français, soucieux de la frange la plus réactionnaire de son électorat. En termes d’OQTF(1) et d’ignorance du CESEDA(2), les notions d’accueil, d’hospitalité ou dedroits de l’homme se limitent à quelques chiffres que sont chargés d’appliquer les Besson, Hortefeux ou dans un futur proche, Guéant, ex-éminence grise d’une présidence au bilan exhaustive-ment nul et qui pour se récupérer n’a d’autre solution que de rouvrir le chapitre de l’ennemi étranger, responsable de tous nos maux. Ça ne vous rappelle rien ?

Nous avons rencontré une jeune femme d’origine européenne qui a accepté de nous racconter son histoire, sous couvert d’anonymat. Nous l’appellerons Ludmila.

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Quand on vit ce que l’Histoire appelle une période troublée,c’est le glissement vers une répression bien gérée… celle desautres… La contestation de la loi, un vœu pieux dont on peut lar-gement débattre hors des champs d’application de son travail.Période trouble et troublée où celui qui conduit le train rétrécitson champ de vision pour se préparer (si l’Histoire le lui permet)à pouvoir dire : « Je ne conduisais que le train… je ne condui-sais que le train… je ne conduisais que le train… », sans mêmeoser dire : « J’avais peur d’être dans le wagon. » Et puis il y a ceuxet celles qui pensent qu’ils vont avoir un bon usage de la répres-sion pour aider ceux qui sont dans le wagon… pour aider ceux quisont dans le wagon… pour aider ceux qui sont dans le wagon…et ne même pas assurer cette vue qu’à tout malheur des autresse bâtit sa propre carrière humaniste et sociale, vu que si l’His-toire le leur permet, ils ou elles neseront pas dans le wagon… ils ou ellesne seront pas dans le wagon… ils ouelles ne seront pas dans le wagon…Car, en effet, l’Histoire le dit : « Pour-quoi les coiffeurs ? »L’école en France, ou l’école fran-

çaise, je ne sais trop comment le direou l’écrire, a eu des hoquets sur la notede vie scolaire, mais une institution quitourne sait patienter et maintenant, lanote de vie scolaire est entrée dans lesmœurs, elle est devenue un enjeu. Ilsuffisait d’y faire participer ceux quis’en sentaient exclus, ne vous inquié-tez pas, je ne parle ni des parents, nides enfants, ni des petits personnels,on ne va pas confier l’évaluation péda-gogique à ceux qui peuplent le wagon.C’est une note magique, c’est celle quibaisse après analyse institutionnelle.L’école en France, ou l’école fran-

çaise, est désormais chargée de dénon-cer les absents, c’est le nouvel arsenaldu signalement, celui qui danse surdeux voies, la judiciarisation et la psy-chiatrisation des enfants et de leursfamilles, la gestion de la misère estdevenue celle de la déviance, le nou-veau mot-clé de l’institution scolaire.La misère, c’est cette maladie qui sedécline en autant de postes institutionnels qu’il y a de déviancessociales, psychosociales, psychoaffectives, incivilités, absences,violences, désengagement de la chose scolaire, voire toutes enmême temps si l’on n’est pas au bon endroit, au bon moment…Vous savez, tous ces trucs qui rôdent dans le wagon, mais heu-reusement, ceux et celles qui vont le gérer conduisent le train…et, si l’Histoire le permet, continueront à conduire le train… et,si l’Histoire le permet, continueront à conduire le train… et, sil’Histoire le permet, continueront à conduire le train. Si le patronest sympa, il y aura peut-être même des subventions pour le faire…des élections pour devenir un ou une notable humaniste. Quelquechose de l’ordre de la foi dans les mots « démocratie » contre lesmots de la guerre sociale, vous savez, celle de ceux qui viventdans le wagon. Ah ! J’oubliais, ils ou elles ont bien l’intention deconduire le train.Imaginez, par exemple, mais j’extrapole, que si l’on est huma-

niste, on pourrait penser dénoncer certaines familles pour obte-nir les moyens de sa pédagogie humaniste. Bon, bien sûr, ça pour-rait créer des accidents, parce que l’on n’a pas vraiment le pouvoir,celui du contrôle de la répression que cela déclenche sur cesfamilles. Mais j’oublie. Ces familles sont dans le wagon et il y a

un sas entre la tête de train et les wagons. La seule chose qui estdemandée au conducteur, c’est de vérifier que tout ceux qui doi-vent y être sont bien dans le wagon, à l’heure. Le conducteur oula conductrice sympa, de gauche je veux dire, vous offre une bou-teille d’eau (pour boire ou mourir propre, ça reste à définir), l’au-tre s’en fout, il ou elle pense que si vous en êtes là, c’est que vousl’avez cherché. Et là commence l’autre guerre, pas celle des habi-tants du wagon, non, celle plus pernicieuse des conducteurs etconductrices de train.Imaginez par exemple, mais j’extrapole, si l’on est humaniste,

celui qui vous parle à la lucarne du wagon pour vérifier que toutle monde est là. Celui qui vous propose des habits propres poursortir propres de la gestion de vos misères, un petit coup de bou-lot, un petit coup de quelque intelligence pour quelqu’un dans sa

situation, un petit coup de bac propour croire qu’on a fait des étudespour être caissière, animatrice, pionne,femme de ménage, etc. Tout ce qui n’ad’autre plus-value sociale que celle quenous savons avoir au fond de noscœurs, que le respect de nos familles,n’est jamais dans leurs yeux. Bon, ben,ça pourrait créer des envies de révolte,de résistance, de refus de cet objet sco-laire qui… qui permet de magnifiquescarrières sociales, humanistes, degauche… non, vraiment là j’extrapole.Et puis arrivent les autres conducteursde train, ceux pour qui la répressionest plus simple : soit tu te douches,comme ils disent, et ils t’offrent lamême chose que les autres sans fairesemblant, sans papier cadeau vu quec’est leur patron qui a inventé ; soit tute démerdes pour ne pas crever, pourne pas te faire choper quand tu t’évadesdu wagon pour planquer tes enfants etles empêcher de las amener devant lejuge, le psychiatre, le flic. Là c’est durde choisir entre le loup que l’onconnaît, qui s’appelle fasciste, Pétain,président, pacte républicain, et lerenard qui te dévore les pieds en teregardant de haut. Le loup dévore letroupeau s’il a faim, le renard, crée

dans l’entre-deux-guerres les unités mobiles pour calmer le wagon.Le loup invente l’abattoir et le renard est parfois surpris de s’yretrouver. A ce moment-là, il vous regarde en disant : « Pourquoimoi ? » et vous demande d’aller manifester pour lui après vousavoir viré de l’école, du pôle emploi, de la sécu.Mais là, vraiment, en cette période trouble et troublée, j’ex-

trapole et demain, j’irai travailler en CDD en continuant d’aimerles enfants du wagon, de respecter leurs familles, d’aimer lesmoments de fête et de joie, de souffrir de nos défaites humainesindividuelles et collectives contre les loups et les renards. Mongrand-père qui était surnommé Gandhi, par ironie de la part de sescamarades, ses « compans », me confiait un jour qu’ils peuventtout nous voler, même le sentiment d’être humain, mais que sinous avions ri, alors, c’était perdu pour eux. C’était une culturede l’espoir, celle qui faisait que le mot rouge, que le rouge et noiridentifiaient notre dignité, comme eux s’identifient aux pétro-dollars. Je crois que je voudrais les deux pour nous, avec descamarades dont certains ne savent même pas encore qu’ils sontcamarades, car c’est leur moralité qui les définit et non pas lafonction qu’ils ont pour se nourrir chaque jour et faire échapperleurs enfants aux lois des loups appliquées par des renards.

Famille, à l’école, une répressionbien compriseSalvadora mujero

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Historioa

« On peut dissoudre une organisation, on ne peutMari Otxandi

Le 26 février, Jean-Marc Rouillan a entamé sa vingt-cinquième année de détention. Arrêté en 1987 en même temps que ses compagnons Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron etGeorges Cipriani, il est le dernier à être toujours en prison. Le 16 février 2011, le Tribunal spécial d’application des peine lui a accordé une mesure de semi-liberté. Aussitot, leparquet a fait appel. Ce même Tribunal, réuni le même jour au rendu une décision similaire pour Jon Kepa Parot. ces derniers jours, deux commissariats et trois postes de po-lice des Hauts-de-Seine auraient reçu une lettre de menace signée « Action directe ». Il n’en faut pas plus pour agiter le spectre du terrorisme et, pourquoi pas, justifier dans lafoulée le maintien en détention de Jean-Marc Rouillan. La ficelle est un peu grosse mais, comme on dit, calomniez, il en restera toujours quelque chose…

Qui se souvient encore dugroupe Action directe y associeinévitablement le nom desquatre personnes qui en ontconstitué ce que les médiasprésentèrent comme en étantle « noyau dur ». Et parmi cequatuor, celui de Rouillan fi-gure en bonne place dans lamémoire collective.

Né en 1952, il est encore ly-céen lorsqu’il s’engage dans le combat politique. Il vit alors à Tou-louse, ville cosmopolite et populaire, peuplée notamment par detrès nombreux républicains espagnols qui avaient fui leurs terresà la suite de leur déroute militaire. D’où son surnom de « capitalede l’Espagne républicaine ». Nombre d’entre eux s’étaient ensuiteengagés dans la Résistance française contre l’occupant nazi aucours de la Seconde Guerre mondiale, avant de subir cette se-conde trahison : une fois les nazis vaincus, personne ne bougeale petit doigt pour lutter contre Franco, pas plus que lorsque lescombats faisaient rage sur les rives de l’Ebre ou en Catalogne.

ToulouseJean-Marc Rouillan s’engage dans la lutte antifranquiste, anti-

impérialiste, anti-autoritaire, assembléiste, autonome… Il est surtous les fronts, et rien ne pourra arrêter sa rage de venir à boutde ce monde par trop injuste et inégalitaire. Si le slogan « Sex,drugs and rock’n’roll » est bien de sa génération, Mai 1968 l’estaussi, avec son cortège de débats houleux, de manifestations, d’oc-cupations et de guérilla urbaine. Puis le procès de Burgos et sonretentissement international. Première tentative d’action armée :contre le consulat d’Espagne de Toulouse. Un échec (« T’as bienallumé la mèche ? », se rappelle-il dans un de ses romans). Pre-mière « mission », encore bien floue : rendez-vous à Bayonne…Jean-Marc Rouillan commence à voyager « à l’intérieur », dans

l’Espagne franquiste. Ses premiers rendez-vous ont lieu à Do-nostia, ce qui lui valut le surnom de « Sebastián », puis très vite de« Sebas », qu’il garda pendant ses longues années de clandestinité.Pour le petit noyau dont il fait partie, former un groupe d’appuiaux « camarades basques » devient vite insuffisant : ils décidentdonc de créer leur propre structure armée. Oriol Solé faisait par-tie du groupe, lui qui s’évadera quelques années plus tard de laprison de Ségovie, lors de la fameuse « fuite de Ségovie », mais quifut abattu par la garde civile dès le lendemain, 6 avril 1976, auxalentours d’Auritz (Navarre), alors que les évadés tentaient de pas-ser la frontière par la montagne.

Le MILOriol Solé utilisait déjà le sigle « 1000 » sur certains documents,

auquel il ajoutait un dessin issu de la revue cubaine Tricontinen-tal représentant cinq fusils alignés. Le nom évolua ensuite en« Commando 1 000 », et enfin en « MIL », le nom que l’histoire re-tiendra, pour « Mouvement ibérique de libération». L’adjectif « ibé-rique » leur plaisait car il renvoyait à la légendaire FAI, mais aussiau DRIL, groupe armé antifranquiste qui avait agi de 1960 à 1964(dont l’une des bombes, déposée à la gare d’Amara à Donostia, tuala petite Begoña Urroz Ibarrola, victime désormais considérée parle pouvoir comme étant la première d’ETA – cf. Gara du 12 févrieret du 18 décembre 2010 -).Le groupe agira essentiellement en Catalogne, de janvier 1971

à août 1973. Leurs objectifs : affaiblir les forces de répression, ap-puyer les luttes radicales, soutenir la création de groupes auto-

nomes, créer des appareils d’information et de propagande. Leursmoyens : expropriations, actions à la bombe, publication de livres(Éditions Mayo 37). La figure que l’on retient de ce groupe estbien sûr Salvador Puig Antich, arrêté le 15 septembre 1973 à Bar-celone, et garrotté le 2 mars 1974 à la Modelo. Pour ces faits, Jean-Marc Rouillan fut jugé en décembre 1973 par un conseil de guerreespagnol qui le condamna à mort par contumace.

Les GariDès l’arrestation de Puig Antich, les GARI (Groupes d’action ré-

volutionnaire internationalistes) se mettent en place, pour sou-tenir leurs camarades emprisonnés (Oriol Solé Sugranyes et JosepLluis Pons Llobet, par exemple, sont en attente de procès) et at-tirer l’attention sur la situation dans l’État espagnol. Le 28 février1974, la voiture du chancelier d’Espagne à Toulouse est mitraillée.C’est la première action des GARI. En mars, une série de plasti-cages a lieu. Mais surtout, le 3 mai, le directeur de la Banque deBilbao à Paris est séquestré. Les revendications : la suppression dela peine de mort en Espagne et la libération des prisonniers ma-lades. Le 22 mai, le banquier est relâché, mais deux militants sontarrêtés à Paris : Lucio Urtubia et sa compagne, Anne. La Banquede Bilbao avait finalement payé une rançon de 3 millions defrancs, mais la police met la main dessus lors d’autres arrestations.Jean-Marc Rouillan, lui, est arrêté à Paris le 3 décembre 1974

pour ses activités au sein des GARI. Il ne sera libéré qu’en mai1977, en même temps que d’autres prisonniers des GARI. Cettemême année, un décret royal de Juan Carlos l’amnistie dans l’Etatespagnol, mais en contrepartie, il lui est appliqué une interdictionde territoire espagnol, mesure toujours en vigueur à ce jour.De nombreuses actions sont revendiquées par les GARI (ou

quelques-unes de ses variantes, comme le GAROT pour « Grouped’action révolutionnaire occasionnellement terroriste ») jusqu’àjanvier 1975. En novembre 1977, le nom des GARI apparaît pour

la dernière fois, lors d’une sé-rie d’attentats anti-nucléairescontre des installations EDF.Elle est menée avec l’aide demilitants issus des Noyaux ar-més pour l’autonomie popu-laire (NAPAP), autre organisa-tion apparue en 1976.

Action directeCette série d’attentats es-

quisse sans doute le rappro-chement entre ces deux orga-nisations, puisqu’elle estrevendiquée par la Carlos(Coordination autonome des

révoltés en lutte ouverte contre la société), une « coordination po-litico-militaire interne au mouvement autonome ». Coordina-tion dont une partie des membres prendra le nom en 1979 d’« Ac-tion directe », définie comme étant une « organisation deguérilla ». Son but est de lutter contre l’impérialisme capitaliste,les symboles de la puissance de l’État, le grand patronat et pour ladéfense du prolétariat.La première action revendiquée par Action directe (AD) a lieu

le 1er mai 1979 : il s’agit du mitraillage de la façade du CNPF(Conseil national du patronat français). Les attentats à l’explosifsuivent dès septembre 1979 : contre le ministère du Travail, de laSanté, ou la Sonacotra (Société nationale de construction de lo-gements pour les travailleurs, qui participe à l’exploitation des tra-vailleurs étrangers).

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Historioa

Le 13 septembre 1980, Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigonsont arrêtés à Paris, tombant dans un piège tendu par la police.Ils sont cependant amnistiés en septembre 1981 (en même tempsque d’autres militants d’AD également emprisonnés), après l’ar-rivée au pouvoir de François Mitterrand. Les actions se poursui-vent : mitraillage de la Mission commerciale israélienne, attentatcontre le siège du FMI, du journal d’extrême droite Minute… Undécret est finalement publié le 24 août 1982 rendant l’organisa-tion illégale. La chasse est ouverte.

La clandestinitéEn octobre 1982, Jean-Marc Rouillan réagit à cette illégalisation

en répondant aux questions d’un journaliste parisien : « Dissou-dre Action directe, c’est l’empêcher de diffuser ses analyses, des’exprimer, c’est obliger ses militants à rentrer dans la clandes-tinité ». Et il ajoute : « On peut dissoudre une organisation, on nepeut pas dissoudre le mouvement révolutionnaire. » En affir-mant cela, Jean-Marc Rouillan sait bien de quoi il parle : un siglen’est rien, seule l’action importe.Et il continue son combat,

avec quelques compagnonsqui doivent adopter des me-sures de sécurité de plus enplus strictes. Attentats contredes ministères, l’Agence spa-tiale européenne, le siège duParti socialiste ou de l’Unionde l’Europe occidentale… Le25 janvier 1985, René Audran,directeur des Affaires interna-tionales de la Délégation gé-nérale pour l’armement, estabattu. C’est la première ac-tion du genre menée par AD.Le 17 novembre 1986, c’est autour de Georges Besse, PDGde Renault qui appliqua desplans de licenciements dras-tiques pour « restructurer »l’entreprise.Une campagne d’affichage

est lancée dans tout l’État français avec les photos des quatre re-cherchés. Un million de francs est annoncé en récompense detoute information. L’arrestation des quatre militants intervient fi-nalement le 21 février 1987, après quatre ans de traque, dans uneferme de Vitry-aux-Loges, à 150 kilomètres au sud de Paris.

Les condamnations et la prisonLe premier procès en assises aura lieu en janvier 1989. Ils ont

affaire à une juridiction spéciale, composée uniquement de jugesprofessionnels et non de jurés. Cette décision avait été prise peude temps avant : lors du procès de Régis Schleicher, autre mem-bre d’AD arrêté dès 1984, qui se déroula en 1986, celui-ci avait me-nacé les jurés populaires, conduisant cinq d’entre eux à se retirer.Le procès avait donc dû être renvoyé, faute de jurés. Il sera doncfinalement condamné à la perpétuité en juin 1987, mais par unjury professionnel. Cette mesure est toujours appliquée à ce jour.Les quatre militants d’AD seront condamnés à la prison à per-

pétuité, assortie d’une peine de sûreté de 18 ans, en 1989. D’au-tres procès suivront, jusqu’en 1994. Pendant cette période, les« quatre d’AD » sont placés à l’isolement total (seuls en cellulecomme en promenade, limitée à une heure par jour). De 1987 à1994, ils mèneront de nombreuses luttes, dont des grèves de lafaim, pour obtenir la fin de l’isolement, l’amélioration de leursconditions de détention, leur droit à communiquer entre eux, etc.Une fois tous les procès terminés, les deux femmes du groupe

sont finalement transférées ensemble à la prison de Bapaume,Georges Cipriani à celle d’Ensisheim, et Jean-Marc Rouillan aucentre pénitentiaire de Lannemezan. Mais l’isolement a produitson effet destructeur, particulièrement sur Georges Cipriani quidut séjourner en « unité spéciale psychiatrique ».

En 2004, Joëlle Aubron connaît des problèmes de santé et estopérée d’une tumeur au cerveau, en détention. Elle sera finale-ment libérée pour raisons médicales au mois de juin, et décéderale 1er mars 2006. Nathalie Ménigon a fait plusieurs AVC en dé-tention et en porte les séquelles puisqu’elle est désormais par-tiellement hémiplégique. Elle obtiendra finalement sa libertéconditionnelle en août 2008, de même que Georges Cipriani enavril 2010. Quant à Régis Schleicher, il est en liberté conditionnelledepuis le 26 mai 2010.

Jean-Marc Rouillan obtient un régime de semi-liberté en dé-cembre 2007, assorti de multiples conditions, notamment celle de« s’abstenir de toute intervention publique relative à l’infra-ction commise ». En septembre 2008, il accorde deux interviewsà la presse, et l’une d’entre elles sera le prétexte à sa réincarcé-ration le 2 octobre 2008. Courant 2009, il est hospitalisé et on luidiagnostique la très rare maladie de Chester-Erdheim, qui nepeut être traitée en prison. Le 2 février de cette année, une au-dience a eu lieu à la prison de Muret-Seysses où il est incarcéré

pour statuer sur une nouvelledemande libération. Le jugeantiterroriste chargé d’étudierson cas s’est prononcé le 16 fé-vrier en faveur de sa semi-li-berté à compter du 7 mars,mais le parquet a fait appel lejour même. La décision finalese fait attendre. Et pendant cetemps, Jean-Marc Rouillan sebat toujours pour obtenir salibération.

Pour en savoir plus :Grand connaisseur de l’histoire du mouve-ment populaire et ouvrier, Jean-Marc Rouil-lan transmet depuis dix ans cette mémoire àtravers de nombreux livres, sous son nom deplume Jann-Marc Rouillan. De l’univers car-céral aux maquis antifranquistes, qui opérè-rent jusque dans les années 1970, sa princi-

pale arme est devenue sa plume. Écrivain prolifique (il sort à peu près un livre par an), son combatsemble se porter à présent sur la nécessité de la transmission, tant événementielle qu’analy-tique. Ainsi, il met en scène des personnages oubliés ou volontairement ignorés par l’histoireofficielle, celle des gagnants et des puissants, et nous injecte des piqûres de rappel quant à desévénements que trop d’entre nous avons oubliés.

Livres de Jann-Marc Rouillan :Je hais les matins (Éd Denoël, 2001).Paul des Épinettes (Éd L’insomniaque, 2002).Glucksamschlipszig, le roman du Gluck (Éd L’Esprit frappeur, 2003).Lettre à Jules (Éd. Agone, 2004).La Part des loups (Éd. Agone, 2005).Le Capital humain (Éd. L’arganier, 2007).De mémoire -1 (Éd. Agone, 2007).Chroniques carcérales (2003-2007) (Éd. Agone, 2008).Les Viscères polychromes de la peste brune (Éd de La Différence, 2009).De mémoire -2 (Éd. Agone, 2009).Paul des Épinettes et moi : Sur la maladie et la mort en prison (Éd. Agone,2010).Infinitif présent (Éd. de La Différence, 2010).

En lienLe Prolétaire précaire, J. Aubron, N. Ménigon, J.-M. Rouillan, R. Schleicher (Éd.Acratie, 2001).Joëlle Aubron, retour sur mon parcours militant (Documentaire de RossalindaScalzone, Alain Pojolat et Pierre Jourdain, État français, 2005).La fuite de Ségovie (Film d’Imanol Uribe, Euskal Herria, 1981).www.action-directe.net, nlpf.samizdat.net, www.mil-gac.info.

pas dissoudre le mouvement révolutionnaire »

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KIOSKO

Dimanche 20 février, à Do-mezain, Lurra a fêté l’installa-tion de Mathieu Mendizabal.Mathieu Mendizabal, Az-

kaindar âgé de 33 ans, réaliseaujourd’hui un projet qui luitient à cœur depuis 7 ans. C’esten Bretagne et en Mayenne,après un brevet en agriculturebiologique passé à Rennes en2003, qu’il découvre le métierde paysan boulanger.

Son projet s’est réalisé avecl’assistance de Lurra, le Grou-pement foncier agricole mutueldu Pays Basque (GFAM). Pourcela, un terrain de 10 hectaresa été acheté à la Safer après queMathieu en a demandé lapréemption. Une campagne desouscription du GFAM Lurra aété lancée. 650 parts sociales à63 euros ont été vendues enmoins de six mois et le 17 fé-vrier, Lurra devenait proprié-taire des terrains pour 36 000euros et établissait un bail de 18ans à Mathieu.

Avec deux hectares supplé-mentaires en location, c’est surune surface de 12 hectares queMathieu va pouvoir débuterson exploitation. Il a besoin de3 ha 1/2 de blé chaque année,pour produire les 6 tonnes deblé qui se transformeront en 6tonnes de pain. Il compte cul-tiver en petite quantité maïs et

sarrazin. La Cuma Lohitza sechargera de la culture du sol,en rotation.5 ha de blé, de 20 variétés

différentes, ont été semées,toutes ensemble mélangées.Des variétés anciennes, pauvresen gluten et donc écartées de laproduction intensive, maismieux assimilables par le corps,qu’il s’est procurées par l’in-termédiaire du Réseau se-mences – paysans, une struc-ture qui recherche et collec-tionne des vieilles semencespour les remettre en culture etqui met en relation les paysanset les chercheurs pour travail-ler, récolter, étudier les variétéslocales.Son objectif : cultiver des va-

riétés anciennes en agriculturebiologique, moudre le grain àla meule de pierre, pétrir la fa-rine fraîche, cuire dans un fourà bois et commercialiser sesproduits à travers des AMAP lo-caux et sur la côte, ainsi qu’unou deux marchés.

Mathieu souhaite établir sonatelier de fabrication à Ga-marthe. Pour l’instant, c’est à Do-nazaharre qu’il installera son lo-cal provisoire. Il a fait l’acquisi-tion d’une meule de pierre élec-trique qui lui permet de moudre15 kg de farine à l’heure, son ob-jectif étant de produire 150pains d’un kilo par semaine..

Integrazio BatzordeaMartxoaren 5 eta 6eko aste burua hautatu du aurten Integra-

zio Batzordek, ikastoletan eskolatuak diren ahalmen urriko haur-ren familia eta lagunen elkarteak, bere kanpainaren hitzordu nagu-sirako.Jakina da aurten egoera larriagotu egin zaiela Integrazio Bat-

zorde eta Seaskari : beharrak goiti joanik ere (39 haur eskolatuak,horietatik 29 laguntza berezi bati esker), Ministerioak ez du AVSpostu gehiagorik eskaini. Baionako Su Prefetura aitzinean elkarteak berriki salatu zuen

bezala, 20 haurren eskolatzea osoki ikastolen gain gelditzen da :175 000 € biltzera behartua da Integrazio Batzordea haur guziakberen beharrei egokitu laguntzarekin eskolatu ahal izateko, haurbakar bat ere ez dadila eskolatik kanpo medio eskasagatik gerta.Desafio ikaragarri honi erantzuteko hitzordua prestatua dute

martxoaren 5-6erako, informazio mahaiak atxikiko dituzte 17 her-ritan : Maule, Donapaule, D Garazi, Baigorri, Hazparne, Kanbo,Uztaritze, Hiriburu, Baiona, Angelu, Miarritze, Sara, Senpere,Azkaine, D Lohizune, Urruña, Hendaia.Egun horietan mobilizatzera deitzen du Integrazio Batzordeak

integrazioaren aldeko mezua jendartera zabaltzeko eta bakoitza,bere ahalen neurrian, diru emaitza bidaliz edo herrietako mahaie-tan utziz, ezberdintasuna barne hartu nahi duen eskola baten par-taide izan dadin.

Hona bestalde beste hiru hitzordu martxoan iraganen direnak.Martxoak 8. Matahamia + ostatu Hartzaro festibalean Uztaritze.Uztaritzeko ikastolako IB.martxoak 13. Itsas Lamien korrika, Angelu, Kimua Angeluko ikas-tolamartxoak 27. Pirritx, Porrotx, Marimotots (1 €/sartze) HendaiaAkelarre.Dei larria zabaltzen die Integrazio Batzordeak bere baitako ahu-

lenak baztertzen ez dituen gizarte bat nahi duten guziei elkarta-sunez erantzun dezaten bere S.O.S.ari : Jestu bat baino haratago gizarte hautua, integrazioak partaide

gehiago, gizarteak muga gutiago.

De la terre au fournil, le paysan boulanger

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KIOSKO

L’entreprise Luxat, située àHazparne, fait partie d’une hol-ding regroupant essentielle-ment quatre entreprises : Luxat(chaussure mi haut degamme), Pare Gabia (sandale),rachetée il y a deux ans, unetroisième entreprise située enTunisie plus une quatrièmeentité, Luxat Développement.L’entreprise a déposé le

bilan au mois de décembre.Depuis, un administrateur etun mandataire ont été désignéspar le tribunal. L’entrepriseattend donc un repreneur.Rendez-vous était pris ce lundiau tribunal de Commerce pourune offre de reprise par unmaroquinier de luxe. Elle vientd’une entreprise déjà consti-tuée et l’usine Luxat de Bes-koitze constituerait une unitéde production. Mais cette offre,considérée comme étantsérieuse, n’inclut qu’une cin-quantaine de salariés de Luxatsur 78 actuellement. Cette offrene satisfait évidemment pas lessalariés qui veulent le maintiendes emplois.Comment en est-on arrivé

là ?Selon la direction, « il y a

deux ans que l’on perd de l’ar-gent ». Cela remonte à peuprès au rachat de l’entreprisePare Gabia qui reste, de l’avisdes salariés, un achat véreux.Depuis cet achat, Luxat conti-nue à financer Pare Gabia. Il ya des financiers derrière et lesmêmes salariés craignent unemanipulation financière.Aujourd’hui, 60 % de la pro-

duction se fait en Tunisie oùl’usine existe depuis 2007. Unepartie de la production de PareGabia avait été délocalisée enTunisie en 2009.Quelles perspectives pour

les salariés ?L’ensemble des salariés de

Luxat est décidé à se battre.Leur présence banderole enmain aux portes du tribunal deBaiona ce lundi est là pour entémoigner. Le travail a bienrepris en attendant d’autrespropositions que celleaujourd’hui sur la table,sérieuse certes, mais insuffi-sante et laissant nombre desalariés sur le carreau. Mais letravail a repris lentement, lessalariés ayant volontairementbaissé le rythme. Il s’agitd’abord pour eux de faire pres-sion sur la direction pourqu’elle n’accepte pas n’importequel repreneur. C’est avanttout une lutte pour le maintiendes emplois.Les salariés comptent por-

ter leur revendication à la rueà Hazparne le 19 mars, à 16heures, souhaitant par là mêmela solidarité de la populationdans une zone où l’industriede la chaussure, pourtant pros-père autrefois, a quasiment dis-paru. Le repreneur déclaré estd’ailleurs un maroquinier, cequi représente une activité dif-férente. Ce point est unesource de contrariété pour lessalariés, attachés à leur pro-duction. Mais comme ils ledisent eux-mêmes : « L’impor-tant, c’est l’emploi. »

Dans le cadre du 8-Mars, journée internationale des luttesdes femmes, l’association Emazteek Diote organise à Haz-parne plusieurs manifestations.

« Continuons à inventer nos vies »Le vendredi 5 mars, au centre Elgar, se tiendra une confé-

rence sur le thème « Dedans, dehors », vivre la prison, avec destémoignages et des échanges.

A 17 heures, conférence « Continuons à inventer nos vies», avec Grazi Duguine qui tient régulièrement une émissionsur Gure Iratia. Puis « réflexions de lycéennes » avec Maddi etAne qui vont faire part des réflexions menées par les élèves ausein du lycée BE, de leur point de vue de jeunes femmes.

ExpositionA l’occasion de ses 30 ans d’existence, Emazteek Diote pré-sente une exposition artistique.Vendredi 5 mars à 12 h 30, vernissage de l’exposition desœuvres de Lorentxa Beyrie (pastels), salle Pierre-Choribit (auxArcades). Cette exposition durera jusqu’au 11 mars et seraouverte de 9 h 30 à 20 heures.

ManifestationsLe mardi 8 mars, des banderoles seront posées place des Til-leuls, pour fêter la journée internationale des luttes desfemmes.Emazteek Diote appelle au rassemblement à 18 heures à lamairie de Bayonne organisé par le collectif féministe contreles violences faites aux femmes.

8-Mars.Emazteek Diote se mobilise à Hazparne

Luxat : sauver des emplois à Hazparne

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KIOSKOKIOSKOA

Jon Anda gazte independen-tista kalera atera da 20000 eurokobermea eman ostean. Jon, 2009koazaroaren 24 an Gasteizen atxilo-tua izan zen Guardia Zibilaren es-kutik. Guardia Zibilen artean egonzen bitartean tortura latzak pairatuzituela salatu zuen. Ondotik, Sotodel Real eta Aranjuez eko es-

petxeetan atxikia izan da preso. Joseba Fernandez eta Mikel Kar-rera Poitiers en dauden euskalpreso politikoak mitardean edukidituzte patioan enkartelada bategiteagatik. Bi preso hauek daudenmoduloko arduraduna aldatu duteeta arduradun berriarekin hasidira iskanbilak. Mitard era eramanaurretik bi euskal preso politikoeiepaiketatxo bat egina izan zaie etaadierazia izan zaie hurrengo aldianisolamendura eramanak izanen zi-rela. Fleury ko kartzelan 2garren di-bisioan aurkitzen diren euskalpreso politikoek bukatutzat emandute beraien borrokaldia. Alde ba-tetik, kartzelako agintariek adierazidie neurriak hartuko dituztela ur-tarrilaren 15ean gertatutakoa ez da-din berriro pasa. Orroitu, egun hor-retan euskal preso politiko batenamak antsietate atake bat ukanzuela eta espetxezainek ezer ger-tatu balitz bezalako itxura eman zu-tela egoera honen aurrean. Beste-tik, istilu hauen sorburuan izan zen

espetxezainak ezin izanen du ino-lako harremanik ukan euskal presopolitikoekin. Zuhaitz Izagirre « Xumo » oiart-zuar euskal preso politikoa aske ge-ratu da Espaniako Entzutegi Go-renak zigorra murriztu ostean. Ha-ren aurkako epaia luzeegi izan ze-lakoan argudiaturik defentsak ele-

gitea jarri zuen, elegite hori onartudu Gorenak eta zigorra hiru urte-tara erabaki du. Zuhaitzi leporatzendiotena 1995 eta 2002 urtea arteangertatu da eta epaiketa 2010eanheldu da. Zuhaitzek hiru urteak ja-danik bete dituenez aske atera daSalamancako espetxetik. Jose Mari Sagardui « Gatza » etaJon Agirre « Elurtxuri » euskalpreso politikoak askatuak izanendira ondoko hilabeteetan. « Gatza »1980ko uztailaren 8an atxilotu zu-ten espaniako poliziek ETA era-kundeko kide izatea egotzita. Az-ken 31 urte hauetan Carabanchel,Soria, Puerto I, Herrera, Sevilla,Mallorca II, Sevilla I, Granada,Puerto II eta Jaen eko espetxeakezagutu ditu. Normalean Gatzak2009ko abuztuaren 20an eskuratubehar zuen askatasuna baina ins-tituzio juridikoek Parot doktrinaezarri eta beste bi urtez espetxeanegoteko kondena eman zioten,espaniako legeak gehien onartzenduen epea arte espetxealdia luza-tuz, hori da 30 urte eta 9 hilabete.

Elurtxuri-k ere 30 urte beteko ditudatorren maiatzean. Aramaiokoeuskal preso politiko hau 1981ekomaiatzaren 11an atxilotua izanzen. Honek ere espaniako kartzelaezberdinak ezagutu ditu eta gauregun Basauriko espetxean dagoosasun arazo larriak dituelarik.Maiatzaren 3an aske geratuko dakondena osorik bete ostean. Az-kenik, gaur egun, 64 euskal presopolitikori ezarria izan zaie biziar-teko kondena. 47 espetxean aur-kitzen dira ezarritako kondena be-tea duten arren. Bederatzi laguniaurrez ezarritako kondena beteaurretik luzatu diete bete behar-reko zigorra eta azkenik zortzipreso kalean daude gaixotasunlarriak dituztela eta. Bilboko 2garren gelako auzite-giak erabaki du Txiki eta Otaegiizena zuen plazaren izenatik bieuskal militanteen izena kentzea ar-gudiatuz izen hauek terrorismoa-ren bitartez hil diren pertsonenizena zikintzen dutela. Honen bert-zez, Zornotzako auzapeza den Da-vid Latxagak erran du ahal dituenmedio guziak erabiliko dituela(justizia maila guziak) plaza honenizena betikoa izan dadila. Astearte goizean (martxoaren1an) Guardia Zibilak lau lagunatxilotu ditu Bilbo eta GaldakaonETA rekin lotura dutelakoan. Guar-dia zibilaren ustez lau militanteakdiren Inigo Zapirain, Beatriz Etxe-barria, David Lopez eta DanielPastor ek Bizkaia komandoa osat-zen dute eta 2009ko ekainaren19an Arrigorriagan izan zen ekintzabatean parte hartzea leporatua

zaie. Ekintza honetan poliziakoinspektore nagusia zen EduardoPuelles hila izan zen. Eider Zuriarrain euskal mili-tante gazteari euroagindua notifi-katua izan zaio berriz ere PauekoDei Gortearen bitartez. Bestaldejoan den astean buruturiko zortzigazteen itxialdiak segida bat izandu. Astelehen goizean zortzietatiklau arrastatuak izan dira : AitziberPlazaola, Bergoi Madernaz, BenatLizeaga eta Aiala Zaldibar. Lehen hi-ruei beraien aurkako euroagin-dua datorren martxoaren zortzianepaitua izanen zaie aldiz AialaSeysses eko espetxean sartu duteargudiatuz bere « askatasun » bal-dintzak ez zituela segitu, hori da,egunero izenpetzera joatea ukoegin zuela.

Éditeur : Irakur elkarteaCPPAP n° 1110 G 87337RM 319 1404 490 000 14ISSN n° 0298-6698Mise en page : Irakur elkarteaImpression : Imprimerie artisanale14, rue Pannecau, 64100 BaionaMise en page : Irakur elkartea

Directeur de publication : Nat CazarréSecrétaire de rédaction :Mikel LapeyreEuskal Herria :Mikel MourguiartTarif d’abonnement• Abonnement normal / harpidetza arrunta1 an : 61,50 euros - 6 mois : 30,75 euros• Étudiants, chômeurs / Ikasleak, langabetuak1 an : 39 euros - 6 mois : 19,50 euros

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Errepresioaren berriak

Elkartasuna, askatasunaren bideanDans de précédents articles, je

parlais des conditions de vie en prison.En effet, il y a ceux qui sont soumis àl’administration pénitentiaire car ilssont drogués par les antidépresseursqu’on leur donne, puis ceux qui, pouressayer d’améliorer leur quotidien,travaillent dans des conditions inhu-maines.

Il y a une troisième catégorie deprisonniers ! Ce sont ceux qui arriventà survivre grâce à une aide extérieure.Eh oui, il ne faut pas croire qu’on est« logé », « nourri » et « blanchi » enprison. Ici, tout se paye et tout s’achète.

Comme dehors, les produits depremière nécessité, les fruits et lé-gumes (quand on peut les cantiner),

le café ainsi que tous les produits in-dispensables à une hygiène de vie« correcte » ont un coût et il faut doncpayer.

Parce que la terre ne s’arrête pasde tourner pendant l’incarcération,le prisonnier est obligé d’essayer de semaintenir informé. Pour resterconnecté avec la réalité extérieure, lapresse, les radios et tous autresmoyens d’information sont donc pri-mordiaux. Une vieille télévision carrée,par exemple, se loue entre 250 euroset 450 euros par an suivant les prisons.Si vous voulez la télécommande qui vaavec, vous devez encore l’acheter.

Comme vous pouvez le constater,la prison n’est pas seulement un en-

droit de privation de liberté ! En effet,ce sont aussi d’énormes centres com-merciaux qui fixent les produits et lesprix à leur bon vouloir ! La concurrenceest impossible et le monopole estgaranti pour les entreprises qui tra-vailleront avec !

En prison, le rapport qualité-prixn’existe pas et les détenus n’ont d’au-tre choix que d’accepter les tarifs« proposés » ! Voilà pourquoi les pri-sonniers qui travaillent en prison ac-ceptent de n’être payés que 2 eurosde l’heure !

Le conflit politique qui oppose laFrance et l’Espagne au Pays Basque apour conséquence l’emprisonnementde plus de 750 prisonniers politiques

basques dispersés à des centainesde kilomètres de chez eux.

La solidarité extérieure enversles prisonniers politiques basques vabien plus loin que la simple solidaritééconomique ! C’est grâce à cette so-lidarité économique mais aussi poli-tique que nous pouvons subveniraux besoins de tous les jours et doncne pas nous soumettre à l’autorité pé-nitentiaire ! Je voulais donc dire ungrand merci à vous tous, familles,amis et militants qui tous les jours par-ticipez aux différents rendez-vousd’Askatasuna !

Euskal presoak etxerat eta kitto !

Eñaut Aramendi

Page 15: SSN 0298 - 6698 2,80 Des sans-papiers ? Non, des sans-droits3 mars 2011 2011ko martxoaren 3a N ... Maddi Oienart, Erramun Martikorena, Mixel Etxe-kopar, Ken 7, Pil Pil et Peio ta Pantxoa,

Ekaitza - martxoaren 3a - n° 1240 15

2011ko otsailaren 3a - PRESOEN ZERRENDA

ARLESMA - rue Nicolas Copernic - BP 24113637 Arles CedexElorrieta Sanz, Ibon 100Lopez de Bergara Astola, Iñaki 52

BAPAUMEMA - 10, rue de la République62450 BapaumeGoirizelaia Gonzalez, Christina 4754

BOIS-D’ARCYMA Bois-d’Arcy - 5 bis, rue Alexandre-Turpault78390 Bois-d’ArcyEsparza Ortega, Iker 75515Garitagoitia Salegi, Iurgi 77213Iparragirre Galarraga, Iker 72281Iriondo Yarza, Aitzol 74735

BORDEAUX - GRADIGNANMA Bordeaux-Gradignan - 17, rue de Chouiney -BP 309 - 33176 GradignanAgirregabiria del Barrio, Arkaitz 70475Sagarzazu Gaztelumendi, Ramon 69872

CHATEAUROUXCP Le Craquelin, 8, rue Charlet-GrosB.P. 549 - 36021 Chateauroux CedexAramendi, Eñaut 8329Olzomendi, Mattin 8322

CLAIRVAUXCP - 10 310 Ville-sous-la-FertéFigal Arranz, Agustin 10 249Garcia Justo, Aitor 10 465Kortazar Garcia, Aitor 10 455Oiarzabal Txapartegi, Asier 10 420

FLEURY-MÉROGISMA - Allée des Peupliers91705 Sainte-Geneviève-des-Bois CedexAgirre Goñi, Ekaitz 359 054 B-D2Akarregi Casas, Alex 371 856 SAlcantarilla Mozota, Peio 383 680-UAlkalde Etxeandia, Gotzon 347 264 M-D5Aranibar Almandoz, Joseba Antton 359 055 C-D5Arruabarrena Carlos, Jabi 374 360 -D5Astiz Arangoa, Ugaitz 369 790 W-D2Bengoa Lopez de Armentia, Asier 366 959 D5Bilbao Aresti, Eneko 353 998 F-D5Cardaño Reoyo, Aingeru 359 053 A-D1Elizaran Aguilar, Aitor 376 473 K-D1Errasti Goiti, Zuhaitz 376 615 Q-D5Etxaburu Artetxe, Aitzol 375 338 B-D2Garcia Gonzalez, Jose Juan 359 242 F-D2Igartua Etxeberria, Igor 358 542 V-D1Iribarren Galbete, Iñaki 377 897 H-D2Larretxea Mendiola, Joanes 376 298 V-D5Lopez de Lacalle Gauna, Alberto 366 502 X-D1Lopez Peña, Xabier 366 077 K-D1Lorente Bilbao, Aitor 360 507 F-D2Mendinueta Mintegi, Iurgi 382 026 W-D2 Salaberria Sansinea, Jon 366 076 J-D2Sansebastian, Beñat 355 143 A-D1Suberiola Zumalde, Igor 366 075 H-D5Zeberio Aierbe, Josetxo 329 423 U-D2MAFAreitio Azpiri, Alaitz 358 367 E 6EComes Arranbillet, Olga 367 529 P 6ECornago Arnaez, Galder Bihotz 359 557 Y 6EChivite Berango, Mercedes 329 018 D 4EEtxeberria Simarro, Ainhoa 353 837 F 4EGarmendia Marin,Ohiane 374 359 N 4FLegorburu Madinabeitia, Itxaso 372 882 G 4ELopez Zurutza, Leire 381 362Ozaeta Mendikute, Ainhoa 366 074 G 6EPlaza Fernandez, Itziar 374 574 WSan Vicente Saez de Zerain, Oihana 376 472

FRESNESMaison d’arrêt - Allée des Thuyas94261 Fresnes cedexAlbisu Iriarte, Mikel 929 159 D3Eskizabel Urtuzaga, Peio 941 682Ezeiza Aierra, Asier 938 938 D3Gainza Salinas, Urtzi 923 022 D2Garro Perez, Zigor 928 123 D2Iruretagoiena Lanz, Luis 933 266 D3Mateo Esparza, Ibai 944 477 D1Matxain Beraza, Alberto 945 144 D1Mendizabal Mugika, Ekain 928 122 D3Merodio Larraona, Zigor 925 110 D1Olza Puñal, Mikel 940 707-D1Rodriguez Aretxabaleta, Liher 932 189 D2Salsamendi Abad, Zorion 935 755 D1Sueskun Gonzalez, Ibai 946 078MAFAramendi Jaunarena, Alaitz 942 466Bernado Bonada, Marina 951 978Beyrie, LorentxaIparragirre Genetxea, Marixol 929 121Madaras Orueta, Oihana 944 475Uruburu Zabaleta, Eder 947 666

JOUX-LA-VILLECentre de détention - La Poste aux Alouettes89 440 Joux-la-VilleAginako Etxenagusia, Asier 10156Aramendi Landa, Marian 10476Coello Onaindia, Aitziber 10142Eizagirre Uranga, Julen 10477

ILE DE RÉMaison centrale - La Caserne (E2)17410 Saint-Martin-de-RéEsnal, Jakes 14207Geresta Azurmendi, Ander 14452Gonzalez Bilbatua, Oier 14449Illaramendi Zabaleta, Mikel 14309Martinez Bergara, Fermin 14461Rubenach Roiz, Jon 14494Saez de Egilaz Murgiondo, Carlos 14231

LA SANTÉMA - 42, rue de la Santé75014 ParisAspiazu Rubina, Garikoitz 290 191- D1Gutierrez Elordui, Borja 289 244 - D2Maiza Artola, Juan Cruz 288 704 JMendizabal Cubas, Iker 288 666 D1Sarasola Yarzabal, Andoni 291 268 D2Sirvent Auzomendi, Ekaitz 290 744Ugartemendia Isasa, Jose Manuel 285 039 D2Urbieta Alkorta, Josu 292 432

LANNEMEZANCP Rue des Saligues - BP 166 65307 Lannemezan Cedex Agerre, Didier 1993Haranburu, Frédéric 1594Lete Alberdi, Jose Ramon 2196Zabalo Bilbao, Armando 2189

MEAUX - CHAUCONIN-NEUFMONTIERSCP Meaux, rue du Lycée - RD 5 - BP 20177 Chauconin-Neufmontiers 77351 MeauxAginagalde Ugartemendi, Beñat 7311Arietaleaniz Telleria, Iñaki 6779Beristain Gutierrez, Iker 5246Uriarte Cuadrado, Alexander 6039

MONT-DE-MARSANCentre pénitentiaire, chemin Pémegnan 40000 Mont-de-Marsan Saint-Pée, Jean-Marie 1683

MOULINS-YZEURELes Godets - BP 2403401 Yzeure CedexKONDENATUAK (M.C)Abaunza Martinez, Javier 13007Berasategi Eskudero, Ismael 13333Lizundia Alvarez, Iñaki 12769Vallejo Franco, Iñigo 13482

MURET - CDCD, route de Seysses - BP 31231600 MuretParot Navarro, Ion Kepa 9680Rego Sebastian, Iñaki 8739

MURET - SEYSSESZone industrielle du Segla, rue Danielle-CasanovaBP 85 - 31063 Muret cedexGesalaga Fernandez, Iraitz

NANTERREMA des Hauts-de-Seine - 133 av. Commune-de-Paris - BP 1414 - 92014 Nanterre CedexAgirre Garcia, Harriet 33306Ayestaran Legorburu, Jose Lorenzo 33306Barandalla Goñi, Oihan 28894Borrero Toribio, Asier 32256Hirigoyen, Peio 33461Martitegi Lizaso, Jurdan 31871Segurola Kerejeta, Joseba 34154

OSNYMA du Val-d’Oise, rte Dép. N927 - BP32 Osny95524 Cergy Pontoise CedexAzpitarte Rejado, Gorka 47099Suarez Huarte, Kepa 44137Zarrabeitia Salterain, Eneko 46553

PERPIGNANC.P. - Chemin Mailloles - BP 94566945 Perpignan cedexSoria Valderama, Inocencio 31905-CD-133-D

POITIERS - VIVONNEC.P. - Le Champ des Grolles - RD 74286370 VivonneFernandez Azpurz, Joseba 702Karrera Sarobe, Mikel Kabikoitz 1066MAFAranalde Ijurko, Maite 851Sanchez Iturregi, Saioa 964

POISSYMaison Centrale, 17, rue de l’Abbaye

78300 Poissy

Gorgoza Otaegi, Aitzol 11165

Otxoantesana Badiola, Jon Aingeru 11661

Vicario Setien, Gregorio 11498

RENNESMA femmes, 18 bis, rue de Chatillon - BP 3107 -

35031 Rennes Cedex

Alberdi Zubirrementeria, Ane Miren 6 994

Gimon, Lorentxa 7228

Lopez Resina, Maria Dolores 7075

Perurena Pascual, Argi 6411

ROANNECD - Rue Georges Mandel

43000 Roanne

Alkorta Zabaleta, Ekai 833

Juarros Ruiz de Gordejuela, Maite 832

Zaldua Iriberri, Miren Itxaso 930

SAINT-MAURMaison centrale - Bel Air

36255 Saint-Maur cedex

Atxura Egurola, Julen 4116

Bienzobas Arretxe, Jon 4411

Elizegi Erbiti Inigo 4403

Ilundain Iriarte, Alberto 4262

TARASCONCD - Quartier Radoubs - BP 82

13155 Tarascon cedex

Almendoz Erviti, Mikel 9734

Gonzalez Gonzalez, Jon 9605

TOULON - LA FARLEDECentre pénitentiaire, route de la Crau

Quartier Castille - BP 543 - 83041 Toulon cedex 9

Estevez Paz, Juan Carlos 7816

UZERCHECD d’Uzerche (BP 55), route d’Eyburie

19140 - Uzerche

Campo Barandiaran, Joxe 9751-Z

VILLEPINTEM.A. de Saint-Denis

93422 Villepinte cedex

Artetxe Rodriguez, Aitor 21524

Gojeaskoetxea Arronategi, Ibon 23900

Mujika Andonegi, Ander 19015

Ripoll Estarta, Iñigo 20544

CADIZCP PUERTO I, Apartada 555 entrada de Jerez -

rota km 5 - 11500 Puerto de Santamaria

Saez Arrieta, Arkaitz

CADIZCP PUERTO III - Aptdo 555 - Ctera Madrid-Cadiz - km 6

11500 El Puerto de Santa Maria

Gramont, David

Parot Navarro, Unai

DAROCACentro penitenciario de Cumplimiento de Daroca

Ctra de Nombrevilla - 50360 Daroca-Zaragoza

Zarrabe Elkoroiribe, Mikel

OCANA ICentro Penitenciario - c/Mártires de Ocaña, 4

45300 Ocaña - Toledo

Gomez Larrañaga, Aratz

VALENCIA - PICASSENTCP Valencia II - Apdo 1002

Carretera N-340 km 225 - 46220 Valencia

Esnal, Juantxo

ZUERACP Carretera nacional 330 - km 539

50 800 Zuera (Zaragoza)

Arkauz Arana, Josu

Zabaleta Elosegi, Jose Javier (Baldo)

Page 16: SSN 0298 - 6698 2,80 Des sans-papiers ? Non, des sans-droits3 mars 2011 2011ko martxoaren 3a N ... Maddi Oienart, Erramun Martikorena, Mixel Etxe-kopar, Ken 7, Pil Pil et Peio ta Pantxoa,

2011ko martxoaren 3a - n° 1240 - Ekaitza

Asteko gaiaÉdito : Tendre l’autre joue 240 000 à Bilbo - soutien à Segi - MAM, dégage ! 2EH Bai, pour faire avancer nos idées 4Mag Laissons là Lérin - Joxe Mari Esparza 5

Femes et militantes - Muriel Lucantis 6État de vigilance extrême - Janine Beyrie 7Quand l’administration ignore la loi - Ludmila 8Famille, à l’école... - Salvadora mujero 9Action directe - Mari Otxandi 10

KioskoPaysan boulanger 12Luxat, sauver des emplois à Hazparne 13Emazteek Diote, 8-Mars 13Errepresioaren berriak 14Elkartasuna, askatasunaren bidean - E. Aramendi 14

Oldartu Barnekalde

Ekaitza : Comment est né le col-lectif Oldartu Barnekalde ?Oldartu Barnekalde : Le collec-tif Oldartu Barnekalde est né dupuissant mouvement de contesta-tion de la contre-réforme des re-traites à l’automne 2010. Il a eupour point de départ l’envie decombattre aussi en Pays Basque in-térieur ce projet de réforme inique.Les manifestations du mouvementsocial sont toujours sur la côte, etil nous a paru important, à nous ha-bitants de Barnekalde, d’agir col-lectivement plus localement et denous organiser aussi à l’Intérieur.Différents appels ont alors été lan-cés pour manifester dans les bourgsdu Pays Basque intérieur : ainsi unemanifestation a réuni le 10 octobreà Donapaleu une centaine de per-sonnes à l’appel de LAB, une autreà Garazi le 21 octobre regroupait 90personnes, avec des prises de pa-roles de représentants des syndicatsFSU, LAB, ELB et de non-syndiqués.D’autres initiatives avaient lieu surKanbo, Hazparne ou Xiberoa. Nousavons donc décidé de nous re-grouper, travailleurs de plusieursprofessions, chômeurs, retraités,syndiqués ou non, de sensibilitéspolitiques diverses, et les pre-mières AG ont eu lieu dès octobreà Donapaleu sous le nom de Col-lectif Interpro du Pays Basque In-térieur.

Ekaitza : Le mouvement decontestation de la contre-ré-forme des retraites est au-jourd’hui retombé, avec le pas-sage en force du gouverne-ment. Pourquoi avez-vous doncdécidé de continuer ?Oldartu Barnekalde :D’une partnous continuons à exiger l’abro-gation de cette contre-réforme,d’autre part elle s’inscrit dans unensemble plus vaste de remise encause de la protection sociale etdes droits des travailleurs, chô-meurs et retraités : il s’agit pour lesystème capitaliste de tirer tou-jours plus de profits au bénéficed’une oligarchie financière, enorganisant le chômage et la pré-carité, en créant de pseudo déficitsdans les comptes publics pourmieux justifier la casse de tous lesservices. Aussi continuons-nousnos actions, tant sur le thème desretraites que dans une perspectiveplus large. Ainsi, en novembre,nous avons organisé des diffu-sions de tracts dans toutes les

villes de Barnekalde analysant lesvéritables enjeux de cette réforme; le 20 novembre, nous sommes in-tervenus devant plusieurs banquesde Maule pour dénoncer le rôle dumonde de la finance et en parti-culier des agences de notation ; le27 novembre, deux délégués ducollectif ont participé à Nantes àl’AG des AG qui regroupait lesstructures en lutte de tout l’Étatfrançais ; le 14 décembre, nousavons organisé un rassemblementdevant la mairie de Donapaleu ensoutien à la grève du LKP qui dé-marrait alors en Guadeloupe ; enfévrier 2011, nous avons parti-cipé au carnaval de Garazi sous laforme d’un chamboule-tout detous les acquis sociaux, noussommes intervenus aussi au mar-ché de Donapaleu pour dénoncerla plaquette de propagande que legouvernement a envoyée dans lesboîtes à lettres pour justifier sa ré-forme. Et nous allons continuer ànous mobiliser. C’est la raisonpour laquelle nous avons décidéde nous structurer.

Ekaitza : Quels sont vos objec-tifs ?Oldartu Barnekalde : Il s’agit denous rassembler d’abord afin denous informer et d’échanger surl’actualité locale et plus large, so-ciale et économique, de faireconverger nos réflexions et mu-tualiser nos moyens d’action, d’in-former la population locale surl’actualité, ses conséquences, surles solutions alternatives possi-bles et sur les mensonges de laclasse dirigeante.Nous nous inscrivons dans une

perspective locale et plus large(Pays Basque, État français, Eu-rope, international) afin de par-tager les réflexions et de participerà une action plus globale. Nous faisons nôtres aussi les re-

vendications de la plateformed’Oldartu : pour le respect desdroits sociaux fondamentaux, pourl’emploi et contre la précarité,pour un autre modèle de pro-duction et de consommation, pourla défense des libertés indivi-duelles et collectives.

Enfin nous défendons, et c’estfondamental, un projet de sociétéécologique.

Ekaitza : Quel est votre lienavec le collectif Oldartu – Lut-ter ensemble ?Oldartu Barnekalde : Au départ,aucun. Nous avons consacré lesdeux derniers mois à notre struc-turation, autour d’un texte fon-dateur qui précise nos objectifs etnotre fonctionnement. Il est ap-paru que nous adhérions pleine-ment à la plateforme revendicativedu collectif Oldar tu – Lutter en-semble, mais le fonctionnementest un peu différent puisqu’il neregroupe que des structures (as-sociations, syndicats et partis po-litiques). Aussi, lorsque nous avonschoisi un nom pour remplacer leCollectif interpro du Pays Basqueintérieur qui était une appellationprovisoire correspondant à unmoment de la mobilisation contrela réforme des retraites, il nous asemblé important de souligner lacohérence des luttes sociales enIparralde. Certes, le collectif Ol-dartu – Lutter ensemble regroupaitdéjà un collectif de l’intérieur (leComité d’action Soule), mais dansles faits, il réunit des structures etdes militants de la côte, essentiel-lement du BAB, et la réalité géo-graphique nous a amenés à créerun autre collectif, entièrement au-tonome, regroupant des individusde sensibilités diverses, mais quitissera, entre autres, des liensavec Oldartu – Lutter ensemblepuis que nos objectifs convergent.

Ekaitza : Comment vous re-joindre ?Oldartu Barnekalde : Dans lesluttes, les mobilisations… Et nousnous réunissons le deuxième mer-credi de chaque mois à 20 heures,deux fois sur trois à la salle inter-communale de Donapaleu (parceque c’est le bourg le plus central),et la troisième fois nous organi-sons notre réunion dans un dessecteurs du collectif. Ainsi, la pro-chaine réunion aura lieu sur le sec-teur Hazparne-Kanbo le 9 mars àXuri Atea. Nous y avons d’ailleursinvité le collectif Oldartu – Lutterensemble ; nous ferons aussi lepoint avec le Kolektif Errobi sur lasituation sociale sur Hazparne-Kanbo, et nous discuterons de nosprochaines actions. Notre email :[email protected].

Sommaire n° 1240

Le collectif Oldartu – Lutter ensemble rassemble des militants issus d’horizons politiquesdifférents qui ont décidé de lutter sur le terrain social par l’action et la communication. Denombreuses actions ont été menées sur la côte, notamment sur les transports et pendantle mouvement de contestation de la contre-réforme de l’automne 2010. Ce collectif se dé-veloppe aujourd’hui sur le Pays Basque intérieur. Nous les avons rencontré pour en savoirplus.