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Colloque Lundi 14 juin Sous la direction de Michel Laclotte président-directeur honoraire du musée du Louvre, Dominique Thiébaut musée du Louvre Autour de la peinture siennoise du Trecento et du Quattrocento Cinquante ans de travaux et de recherches Ugolino di Nerio, La Vierge et l’Enfant, musée du Louvre © musée du Louvre/Erich Lessing Programmation : Monica Preti-Hamard assistée de Sophie Beckouche Informations 01 40 20 55 55 www.louvre.fr Réservation 01 40 20 55 00

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Page 1: Sous la direction de Autour de la peinture siennoise ... · Colloque Autour de la peinture siennoise du Trecento et du Quattrocento Au cours de cette journée, Michel Laclotte et

ColloqueLundi 14 juin

Sous la direction de

Michel Laclotte président-directeur honoraire du musée du Louvre,

Dominique Thiébaut musée du Louvre

Autour de la peinture siennoisedu Trecento et du QuattrocentoCinquante ans de travaux et de recherches

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Programmation : Monica Preti-Hamard assistée de Sophie Beckouche

Informations 01 40 20 55 55 www.louvre.fr

Réservation 01 40 20 55 00

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Colloque

Autour de la peinture siennoise du Trecento et du Quattrocento

Au cours de cette journée, Michel Laclotte et ses invités reviendront sur cinquante ans d’études sur la peinture siennoise des XIVe et XVe siècles. Il s’agira de rendre compte des principales avancées de la recherche durant cette période, mais aussi de présenter quelques-uns des travaux les plus récents. Ces études ont enrichi et remodelé sensiblement nos connaissances de ce foyer artistique de première importance entre Gothique et Renaissance.

10hLes grandes expositions siennoises : Sienne, Avignon, New-York, Londrespar Michel Laclotte

Actuellement se tient à Sienne la grande exposition « Da Jacopo della Quercia a Donatello. Le arti a Siena nel primo Rinascimento » et l’on souvient de celle dédiée à Duccio en 2003. C’est largement grâce à ce type de manifestations que s’est peu à peu enrichie et affinée depuis la guerre, une histoire de la peinture siennoise, de Duccio à Beccafumi.On se propose d’esquisser un rapide bilan de ces expositions, sans oublier celles révélant les œuvres restaurées, souvent inédites, régulièrement organisées par

la Surintendance de Sienne et Grosseto. « Il Gotico a Siena » (1982) regroupait au Palazzo Pubblico (comme l’avait fait la légendaire « Mostra dell’antica arte senese » de 1904) des œuvres illustrant toutes les techniques artistiques ; une autre version du même thème (« L’Art gothique siennois ») était montée en 1983 au Petit Palais d’Avignon ouvert depuis peu. En 1985 la Pinacoteca Nazionale de Sienne présentait « Simone Martini e ‘chompagni’ ». Avec « Painting in Renaissance Siena 1420-1500 », c’est le XVe siècle qui était exploré par le Metropolitan Museum de New York (1988), tandis qu’en 1993, encore à Sienne, « Francesco di Giorgio e il Rinascimento a Siena » s’attachait aux arts de la seconde moitié du siècle, période également choisie par la National Gallery de Londres en 2007 (« Renaissance Siena : Art for a City »). Les acquis scientifiques de ces expositions, qui permettent des confrontations directes et souvent la recomposition de polyptyques démembrés, sont pérennisés par des catalogues qui constituent désormais d’indispensables ouvrages de référence.

Note biographiqueMichel Laclotte est conservateur général honoraire du patrimoine. Il a été inspecteur à l’Inspection générale des musées de province (1955-1966) puis conservateur en chef du département des Peintures au musée du Louvre (1966-1987). Il a participé à la création du musée du Petit Palais d’Avignon

(ouvert en 1976) et à celui du musée d’Orsay (ouvert en 1986). Après avoir été directeur du musée du Louvre (1987-1992), puis président-directeur de l’Établissement public du musée du Louvre (1992-1994), il a participé à la création de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Il est spécialiste des peintres italiens des XIVe et XVe siècles ainsi que des primitifs français et a assuré le commissariat de nombreuses expositions en France et à l’étranger.

10h40Le rôle crucial d’Avignon dans la diffusion de l’art siennois en Europepar Enrico Castelnuovo

Note biographiqueEnrico Castelnuovo a étudié à Turin avec Anna Maria Brizio et à Florence avec Roberto Longhi. Professeur à l’université de Lausanne, à celle de Turin puis à la Scuola Normale Superiore de Pise, il a longtemps travaillé sur les échanges artistiques entre l’Italie et la France à la fin du Moyen Âge (Un pittore italiano alla corte di Avignone. Matteo Giovannetti e la pittura in Provenza nel secolo XIV, Turin 1962, rééd. 1991, trad. fr., Paris 1996), avant de lancer des champs de recherches nouveaux en histoire de l’art (Arte, industria, rivoluzioni : temi di storia sociale, Turin 1985, rééd. Pise 2007; Vetrate medievali. Officine tecniche maestri, Turin 1994 ; La cattedrale tascabile. Scritti di storia dell’arte, Livourne 2000; Arte

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10 h Les grandes expositions siennoises : Sienne, Avignon, New-York, Londres par Michel Laclotte, président-directeur honoraire du musée du Louvre

10 h 40 Le rôle cruciale d’Avignon dans la diffusion de l’art siennois en Europepar Enrico Castelnuovo, Scuola Normale Superiore, Pise

11 h 20 Les peintres de la famille Memmi à San Gimignano et « Barna da Siena » : état de la questionpar Alessandro Bagnoli, Surintendance de Sienne

12 h Simone Martini et les frères Lorenzetti : à propos des fresques perdues de la façade de l’hôpital Santa Maria della Scalapar Andrea De Marchi, Università degli Studi, Florence

15 h Sienne et la France… Sassetta et Berenson par Dominique Thiébaut, musée du Louvre

15 h 40 Le génie subtil de Sassettapar Machtelt Israëls, université d’Amsterdam et Villa I Tatti, Florence

16 h 20 La restauration de la Vierge aux anges de Sassetta par Pierre Curie et Rosaria Motta, C2RMF

17 h La pittura di luce à Sienne au Quattrocento, entre avant-garde et passéisme par Neville Rowley, université Paris-Sorbonne

17 h 40 Du nouveau sur l’énigme de Francesco di Giorgio peintrepar Luciano Bellosi, professeur honoraire, Università degli Studi, Sienne

ColloqueLundi 14 Juin

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del Quattrocento nelle Alpi occidentali : percorsi di architettura e della pittura murale, Milan 2006). Il a aussi assuré la direction scientifique des quatre volumes Arti e Storia nel Medioevo, Turin 2002-2004, et de Artifex bonus. Il mondo dell’artista medievale, Rome-Bari 2004.

11h20Les peintres de la famille Memmi à San Gimignano et « Barna da Siena » : état de la questionpar Alessandro Bagnoli

Dans un passage significatif, Carlo Volpe (1966) a décrit les célèbres Storie della vita di Cristo, peintes sur le mur droit de la Collégiale de San Gimignano, comme « l’un des cycles les plus éclatants et de l’originalité la plus vive qu’ait produit le Trecento ».De Lorenzo Ghiberti à Giorgio Vasari, une longue tradition historiographique a attribué ces scènes murales à un certain « Barna da Siena », une figure sans consistance historique, comme l’ont démontré les travaux de Pèleo Bacci (1927) et de Gordon Moran (1976). Du débat critique qui, dans les dernières décennies du XXe siècle, a mis en évidence les liens étroits qui rapprochent l’œuvre en question des réalisations de Simone Martini et de son alter ego Lippo Memmi, se dégage la conviction que le cycle tout entier est né de l’étroite collaboration d’une équipe proche des Memmi, dans laquelle Lippo devait

assurer un rôle directeur, épaulé par son frère Tederigo, collaborateur de talent. Des travaux récents ont confronté l’analyse stylistique des œuvres aux résultats de la recherche documentaire, y compris l’examen physique et archéologique de la structure murale, et ont étendu le rayon de nos connaissances relatives à l’ancienne culture picturale de la Commune de San Gimignano, où Memmo di Filippuccio d’abord, et son fils après lui, eurent le quasi-monopole de l’ornement des murs de la Collégiale, au cours des vingt premières années du Trecento puis, après une interruption durant les années vingt, de nouveau dans les années trente. Relues à la lumière des récents travaux de restauration, certaines de ces peintures murales, longtemps négligées, nous permettent de mesurer l’étendue de l’activité des Memmi à San Gimignano, dans les localités limitrophes, mais également dans le centre de Sienne.

Note biographiqueHistorien de l’art, Alessandro Bagnoli a étudié à l’Università degli Studi de Sienne avec Giuliano Briganti, Giovanni Previtali et Fiorella Sricchia Santoro. Dès 1979 il est rédacteur en chef de la revue « Prospettiva » et, depuis 1980, il est directeur du laboratoire de restauration de la Surintendance de Sienne et Grosseto. Il a dirigé de nombreuses restaurations d’œuvres d’art parmi lesquelles des peintures de Duccio, Simone Martini, Lippo Memmi, Pietro et Ambrogio Lorenzetti, Benozzo Gozzoli,

Domenico Beccafumi, Il Sodoma ; et des sculptures de Giovanni Pisano, Marco Romano, Jacopo della Quercia, Donatello, Francesco di Giorgio Martini. Ses recherches portent principalement sur la sculpture et la peinture siennoise du XIIIe au XVIIe siècle. Depuis 2002, il enseigne l’histoire et la méthodologie de la conservation des biens culturels à l’Università degli Studi de Sienne. Il a participé à de nombreuses expositions parmi lesquelles : « L’arte a Siena sotto i Medici. 1555-1609 » (1980) ; « Il Gotico a Siena » (1982) ; « Simone Martini e ‘chompagni’ » (1985) ; « Scultura dipinta. Maestri di legname e pittori a Siena 1250-1450 » (1987) ; « Domenico Beccafumi e il suo tempo » (1990); « Francesco di Giorgio e il Rinascimento a Siena » (1993), « Duccio. Alle origini della pittura senese » (2003) ; « Marco Romano e il contesto artistico senese fra la fine del Duecento e gli inizi del Trecento » (2010).Parmi ses publications citons: « Donatello e Siena : alcune considerazioni sul Vecchietta e su Francesco di Giorgio », dans Donatello-Studien / Kunsthistorisches Institut in Florenz, Munich, 1989 ; « La pittura del Seicento a Siena », dans La pittura in Italia: il Seicento, Milan, 1989 ; La Maestà di Simone Martini, Milan 1999 ; « Considerazioni e novità sui cicli pittorici delle navate e del transetto », dans La Collegiata di San Gimignano. L’architettura, i cicli pittorici murali e i loro restauri, Sienne 2009.

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12hSimone Martini et les frères Lorenzetti : à propos des fresques perdues de la façade de l’hôpital Santa Maria della Scalapar Andrea De Marchi

Dans ses Commentaires, Lorenzo Ghiberti a célébré la beauté de quatre fresques ornant la façade de l’hôpital Santa Maria della Scala, face à la Cathédrale : deux d’entre elles peintes par Ambrogio Lorenzetti – Naissance de la Vierge et Présentation au temple –, les deux autres par Simone Martini – Mariage de la Vierge et Visite des vierges (mais plutôt

Retour de la Vierge à la maison des ses parents). Ces fresques, détruites au XVIIIe siècle, sont connues grâce aux descriptions d’érudits du XVIIe siècle, qui mentionnent également la présence d’une double signature des frères Pietro et Ambrogio Lorenzetti ainsi qu’une date : 1335 ou 1337. Ces chefs-d’œuvre d’une importance capitale pour

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Sano di Pietro, Retour de la Vierge à la maison de ses parents (dérivé de la composition perdue de Simone Martini sur la façade de l’hôpital Santa Maria della Scala à Sienne), Altenburg, Lindenau Museum © Lindenau Museum, Altenburg

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la peinture siennoise du XIVe siècle, admirés et copiés autant que le furent les retables des saints protecteurs de la ville au sujet marial dans la Cathédrale, sont à jamais perdus pour nous. Cette conférence propose une reconstitution des compositions originales à partir des nombreuses œuvres qui s’en sont inspirées et en particulier grâce à une prédelle de Sano di Pietro de 1448 qui, par contrat, devait les reproduire. On tentera ainsi d’établir de quelle manière la Naissance de la Vierge se distinguait de la célèbre peinture que Pietro Lorenzetti consacra au même sujet entre 1335 et 1342 pour l’autel de San Savino. Par la confrontation avec d’autres œuvres, on tentera également de corroborer l’attribution à Simone Martini des deux dernières scènes, dont Ghiberti a vanté la richesse de l’architecture et des personnages (« molto adorne di casamento e di figure »).

Note biographiqueAndrea De Marchi a étudié à l’Università degli Studi de Sienne avec Luciano Bellosi. Après avoir travaillé à la Surintendance de Pise, à l’université de Lecce et à celle d’Udine, il est actuellement professeur d’histoire de l’art médiéval à l’Università degli Studi de Florence. Ses premières recherches, sur la peinture gothique tardive dans les Marches et à Venise, ont abouti à un livre, Gentile da Fabriano. Un Viaggio nella pittura italiana alla fine del gotico (Milan 1992, rééd. 2006). Ses travaux ultérieurs ont porté sur divers

aspects de la peinture, du dessin et de la miniature, entre l’âge gothique et la Renaissance. En 1996, il a fondé Nuovi Studi. Rivista d’arte antica e moderna, dont il est aussi rédacteur. Il a collaboré avec Michel Laclotte à un répertoire des tableaux italiens conservés en France. Andrea De Marchi a participé à de nombreuses expositions : « Trecento. Pittori gotici a Bolzano » (Bolzano, 2000) ; « Il Quattrocento a Camerino. Luce e prospettiva nel cuore della Marca » (Camerino, 2002) ; « Fra Carnevale. Un artista rinascimentale da Filippo Lippi a Piero della Francesca » (Milan / New York, 2004-2005), « Gentile da Fabriano e l’altro Rinascimento » (Fabriano, 2006) et « Da Jacopo della Quercia a Donatello. Le arti a Siena nel primo Rinascimento » (Sienne, 2010). Dernièrement, il a dirigé la publication d’un ouvrage sur le livre d’heures de la famille Durazzo du miniaturiste Francesco Marmitta et d’un autre sur les peintres du Quattrocento à Ancône (avec Matteo Mazzalupi).

15hSienne et la France … Sassetta et Berenson par Dominique Thiébaut

Parallèlement aux écrits des théoriciens et hommes de lettres, aux voyages des artistes, les tableaux siennois présents sur le sol français racontent l’histoire de la fascination de nos compatriotes pour la peinture siennoise. On pense d’emblée aux œuvres du Trecento dont certaines

sont parvenues dès les années 1330-1340 à la cour pontificale d’Avignon – celles de Simone Martini en particulier – mais des peintures du Quattrocento font leur apparition dans les collections françaises à la fin du XVIIIe siècle et au début du siècle suivant. Il importe d’analyser les raisons de cet engouement, d’autant que peu d’entre elles étaient alors considérées comme siennoises, à commencer par les treize éléments du polyptyque de Borgo San Sepolcro de Sassetta recensés en France durant le XIXe siècle. On doit au grand historien d’art américain Bernard Berenson d’avoir non seulement favorisé l’entrée au Louvre en 1956 de trois des grands panneaux du registre principal, mais aussi d’avoir largement contribué, pendant plus de soixante ans, grâce à ses essais, précocement traduits, et à un cercle très étendu de relations mondaines, littéraires et érudites, à faire connaître et apprécier en France la peinture siennoise.

Note biographiqueAprès des études de lettres classiques et d’histoire de l’art, Dominique Thiébaut passe le concours de conservateur du patrimoine et entre au département des Peintures du musée du Louvre : Michel Laclotte lui confie alors la responsabilité des collections de peinture française et italienne des XIVe et XVe siècles. Elle travaille ensuite, dans le cadre du projet Grand Louvre, à leur redéploiement dans l’aile Richelieu et dans l’aile Denon. Parallèlement, elle publie livres et articles spécialisés dans ces deux domaines qu’elle tente d’aborder également sous

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l’angle du collectionnisme et de la fortune critique. Elle a participé à de nombreuses expositions dont « Les fastes du gothique » (1981), « Polyptyques » (1990), « Fouquet » (2003), « Antonello de Messine » (2006) et organisé notamment « Les Primitifs italiens du musée Fesch d’Ajaccio » (Ajaccio, musée Fesch, 1987), « Le Christ à la colonne d’Antonello de Messine » (musée du Louvre, 1993), « Primitifs français : découvertes et redécouvertes » (musée du Louvre, 2004) et « Mantegna » (musée du Louvre, 2008). Elle prépare actuellement la réédition du catalogue d’Ajaccio et une exposition-dossier sur les tableaux giottesques du Louvre.

15h40Le génie subtil de Sassetta par Machtelt Israëls

En 1900, Bernard et Marie Berenson dénichent dans « une sorte de caverne ou de recoin obscur au fond d’une ruelle » à Florence, le Saint François en gloire de Sassetta et deux autres panneaux du même artiste qu’ils présentent dans leur nouvelle demeure, la villa I Tatti. Ces peintures faisaient partie du chef-d’œuvre de ce maître de la première Renaissance italienne : un retable double face, réalisé entre 1437 et 1444 pour le maître autel de l’église San Francesco de Borgo San Sepolcro. Démonté pour des raisons liturgiques peu après le concile de Trente, le polyptyque fut dispersé lorsque les autorités napoléoniennes supprimèrent les couvents. Ses figures et

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Sassetta, Saint François en gloire (détail), 1437-1444, Florence, Berenson Collection © Antonio Quattrone

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ses scènes d’une intense poésie furent aussitôt convoités par les collectionneurs du monde entier. Un siècle après la découverte du couple Berenson, des historiens de l’art, des restaurateurs et des scientifiques venus de huit pays (dont la France, l’Italie et les États-Unis) se sont réunis sous les auspices de la Villa I Tatti pour reconstituer cet ensemble et le replacer dans son contexte historique. La présente conférence rend compte de l’aventure et des acquis de cette collaboration internationale. Dans cet équilibre qu’il a obstinément recherché, sur le plan de la forme, de la narration comme de l’inspiration religieuse, entre les exigences de la tradition et l’imagination la plus vive, Sassetta s’impose comme le génie subtil de cette école spirituelle par excellence qu’a incarnée durant la première Renaissance, le foyer siennois.

Note biographiqueNée à Amsterdam, Machtelt Israëls a conduit des études en histoire de l’art et en chimie avant d’obtenir un Ph. D. de l’université d’Amsterdam avec une thèse intitulée La Madonna della Neve de Sassetta : un exemple de mécénat. Spécialiste de l’art de la Renaissance italienne, elle s’est attachée dans ses publications et ses conférences, à étudier la fonction et les techniques de la peinture siennoise en même temps que le processus des commandes. Boursière en 2004-2005 de la Villa I Tatti de Florence, dépendant de l’université de Harvard, elle a dernièrement coordonné un

ouvrage collectif sur le retable de Borgo San Sepolcro de Sassetta (Florence et Leyde 2009). Elle a également participé au catalogue de l’exposition « Da Jacopo della Quercia a Donatello. Le arti a Siena nel primo Rinascimento » (Sienne, 2010). Parmi ses projets en cours, citons une monographie de Sassetta et, en collaboration avec Carl Brandon Strehlke, le catalogue des peintures de la collection Berenson à la Villa I Tatti. Elle est actuellement chercheur invité à l’université d’Amsterdam.

16h20La restauration de la Vierge aux anges de Sassettapar Pierre Curie et Rosaria Motta

Depuis sa découverte en France au début du XXe siècle, la Vierge aux anges de Sassetta (musée du Louvre) a fait l’objet de deux restaurations fondamentales, dont l’une à l’ICR de Rome à la fin des années 1950, que l’intervention d’aujourd’hui, rendue nécessaire par de légers problèmes de soulèvements, permet de mieux connaître. La récente et monumentale étude dirigée par Machtelt Israëls permet désormais de bien appréhender le retable de Borgo San Sepolcro dans son contexte historique et technique. Dès lors, le parachèvement du nettoyage du panneau et une nouvelle approche de la retouche, adaptée à la très grande usure de certaines parties de la couche picturale, renouvelleront la

compréhension de l’état de conservation de ce chef-d’œuvre insigne tout en lui redonnant son éclat disparu sous un vernis terni et opacifié.

Notes biographiquesAprès avoir été conservateur au musée du Petit Palais à Paris et à la sous-direction de l’Inventaire général, Pierre Curie est aujourd’hui conservateur en chef du patrimoine, chargé de la filière Peinture du département restauration du Centre de recherche et de restauration des musées de France.

Diplômée de l’Istituto Centrale per il Restauro de Rome (1978) en qualité de spécialiste de la restauration de la couche picturale, Rosaria Motta a travaillé en Italie pour les collections publiques à Rome, en Ombrie et dans les Abruzzes. Depuis 1982, elle travaille régulièrement pour les musées français, et notamment pour le Louvre, au sein du Centre de recherche et de restauration des musées de France.

Repères bibliographiques :– Rosaria Motta, Dominique Thiébaut, « À propos d’une Vierge à l’Enfant d’Ambrogio Lorenzetti : restitution ou dérestauration ? », Techné, n° 13-14, 2001, p. 226-228.– Ségolène Bergeon Langle, Pierre Curie, Peinture et dessin. Vocabulaire typologique et technique, 2 vol., Paris : CMN / Éditions

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Sassetta, Vierge aux anges, détail d’un ange en cours de nettoyage © Pierre-Yves Duval / C2RMF 2009

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17hLa pittura di luce à Sienne au Quattrocento, entre avant-garde et passéismepar Neville Rowley

À la suite de la révolution figurative initiée par Masaccio au début du Quattrocento, se développe à Florence, pendant un demi-siècle, un courant pictural fondé sur la lumière solaire et les couleurs claires, la pittura di luce (peinture de lumière). De Fra Angelico à Piero della Francesca, certains des artistes les plus éminents de l’époque ont pris part de ce mouvement, ce qui a conduit à l’interpréter, de manière univoque, comme la composante la plus moderne de la peinture florentine. L’étude du contexte siennois permet de reconsidérer un tel jugement. Si la pittura di luce y connaît un succès rapide, elle est largement délaissée dans les années 1440 et 1450, pour ressurgir, de manière tout aussi intense que surprenante, dans l’atelier de Vecchietta. L’étude de cette fortune « à contretemps » permettra de comprendre comment la pittura di luce a pu servir, parfois au même moment, des fins aussi bien avant-gardistes que passéistes.

Note biographiqueNeville Rowley termine son doctorat à l’université Paris-Sorbonne, où il a enseigné pendant trois ans. Il consacre sa thèse à l’étude de la pittura di luce au XVe siècle. Sa recherche porte également sur

la manière dont ce mouvement pictural a été longuement oublié, puis redécouvert. C’est dans cette optique qu’il a coordonné pour le Metropolitan Museum of Art de New York, à l’automne 2008, l’exposition Giorgio Morandi, 1890-1964. Pensionnaire de la Villa Médicis entre 2008 et 2009, il y a été commissaire d’une exposition consacrée la Villa elle-même et à son histoire (Villa aperta, 2009).

17h40Du nouveau sur l’énigme de Francesco di Giorgio peintrepar Luciano Bellosi

Francesco di Giorgio Martini (1439-1501) est le plus grand artiste siennois du Quattrocento. De fait, le caractère cosmopolite de son activité, qui s’exerçait bien au-delà de sa cité natale dans de nombreux centres artistiques et pour divers commanditaires, le distingue de ses contemporains siennois. Quand la gloire lui vint avec l’âge, les États italiens se pressèrent en nombre pour s’assurer ses services et la République de Sienne, enfin consciente de la valeur de son grand homme, s’employa à le retenir auprès d’elle.Grand sculpteur, grand architecte et dessinateur, théoricien de l’architecture, ingénieur, capable d’une activité multiforme et hors du commun, il présente cependant cette contradiction que la production picturale qu’on lui attribue d’ordinaire demeure en-deçà

de ce qu’il serait permis d’attendre d’un tel maître. C’est probablement que ses multiples engagements et la diversité des domaines où son génie s’exerçait ne lui permirent pas de se consacrer à la peinture avec toute l’attention requise et le contraignirent à en confier l’exécution à un « assistant ». Le fait est confirmé par la qualité exceptionnelle de quelques œuvres de jeunesse signées de sa main, ainsi que de certaines parties, certes marginales, de bon nombre de réalisations plus tardives qu’on s’accorde à lui attribuer. Cette conférence entend reconsidérer l’œuvre peinte de Francesco di Giorgio et souligner l’extraordinaire potentiel de l’artiste dans ce domaine.

Note biographiqueLuciano Bellosi a fait ses études avec Roberto Longhi à l’Università degli Studi de Florence dont il sort diplômé en 1963. Après avoir travaillé à la Surintendance des Galeries de Florence de 1969 à 1979, il devient professeur en 1979 et obtient la chaire d’Histoire de l’art médiéval à l’Università degli Studi de Sienne. Il a consacré de très nombreux essais à l’histoire de la peinture et de la sculpture (toscanes, en particulier) des XIIIe, XIVe et XVe siècles. Parmi ses ouvrages les plus importants : Buffalmaco e il Trionfo della Morte, Turin 1974 ; La pecora di Giotto, Turin 1985 ; Cimabue, Milan 1998. Entre autres articles, on peut citer : « I Limbourg precursori di Van Eyck ? Nuove osservazioni sui Mesi di Chantilly » (Prospettiva, 1, 1975). Il a organisé diverses expositions

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et collaboré à leurs catalogues, notamment : « Lorenzo Ghiberti. Materia e ragionamenti » (Florence, 1978) ; « Simone Martini e ‘chompagni’ » (Sienne, 1985) ; « Pittura di luce » (Florence, 1990) ; « Una scuola per Piero » (Florence, 1992) ; « Francesco di Giorgio e il Rinascimento a Siena 1450-1500 » (Siena, 1993) ; « Masaccio e le origini del Rinascimento » (San Giovanni Valdarno, 2002) ; « Duccio. Alle origini della pittura senese » (Siena, 2003).

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Francesco di Giorgio Martini et “Fiduciario di Francesco”, Couronnement de la Vierge (détail), Sienne, Pinacoteca Nazionale © Kunsthistorisches Institut di Firenze

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Pietro Lorenzetti, L’Adoration des mages, musée du Louvre © RMN/Hervé Lewandowski