sources de revenus et besoins d’accompagnement … a s e biotechnol. agron. soc. environ. 2016...

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BA SE Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2016 20(1), 42-56 Sources de revenus et besoins d’accompagnement des exploitations agricoles familiales en zone cotonnière ouest du Burkina Faso Mahamoudou Koutou (1) , Mamadou Sangaré (1) , Michel Havard (1, 2) , Aurélie Toillier (1, 2) , Lacina Sanogo (1) , Taladidia Thombiano (3) , Davo Simplice Vodouhe (4) (1) Centre International de Recherche-Développement sur l’Élevage en zone Subhumide (CIRDES). Unité de Recherche sur les Productions Animales (URPAN). 01 BP 454 Bobo-Dioulasso 01 (Burkina Faso). E-mail : [email protected] (2) Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD). Unité Mixte de Recherche Innovation et développement dans l’agriculture et l’alimentation. FR-34398 Montpellier (France). (3) Université de Ouagadougou (UO2). Unité de Formation et de Recherche en Sciences Économiques et de Gestion (UFR/ SEG). 11 BP 48. Ouagadougou 11 (Burkina Faso). (4) Université d’Abomey Calavi au Bénin (UAC). Faculté des sciences agronomiques (FSA). Département d’Économie et Socio-Anthropologie et de Communication pour le développement rural (DESAC). 01 BP 526. Cotonou (Bénin). Reçu le 9 février 2015, accepté le 26 aout 2015. Description du sujet. Dans la zone cotonnière ouest du Burkina Faso, la variabilité et la diversité des revenus des exploitations agricoles familiales (EAF) demandent pour ces dernières des accompagnements appropriés. Objectifs. Cet article rend compte de cette diversité et des besoins d’accompagnement selon les types d’EAF identifiés. Méthode. Les données ont été collectées par la méthode active de recherche participative et par enquête auprès d’un échantillon raisonné de 120 exploitations dans la commune de Koumbia. Une analyse en composante principale avec des indicateurs économiques de l’EAF suivie d’une classification ascendante hiérarchique ont été appliquées. Les caractéristiques structurelles, les pratiques de production agro-pastorales, les perceptions des chefs d’EAF sur les contraintes et opportunités de production agropastorale ont été comparées par une analyse de variance. Résultats. Les résultats montrent trois types d’exploitations : les exploitations à faible revenu culture (agriculteurs), à fort revenu culture (agro-éleveurs) et à revenu élevage (éleveurs). À la lumière de leurs structures, pratiques de production, performances technico-économiques et opportunités de production agricole, leur accompagnement peut porter sur plusieurs innovations durables communes ou spécifiques des types identifiés. Des accompagnements sur la gestion des ressources de l’exploitation, les bonnes pratiques de gestion de la fertilité des sols et des animaux sont communs aux trois types d’EAF. Les cultures fourragères, l’embouche et la production laitière sont spécifiques aux agro-éleveurs et éleveurs. L’amélioration de la valeur nutritive des résidus de cultures et l’entretien des bœufs de trait conviennent plus aux agriculteurs. Conclusions. Pour réussir, le processus d’accompagnement doit prendre en compte ces spécificités et la notion de durabilité. Mots-clés. Intensification, exploitation agricole familiale, système d’exploitation agricole, durabilité, Afrique de l’Ouest. Income source and accompaniment needs of family farms in the cotton growing area of West Burkina Faso Description of the subject. In the western cotton growing area of Burkina Faso, the variability and the diversity of the income levels of family farms (EAFs) mean that these farms require suitable agronomic accompaniment. Objectives. This article gives an account of this diversity and the need for accompaniment according to the type of identified EAF. Method. The data were collected by the active method of participative research and by investigation of the practices of 120 farms in the commune of Koumbia. Principal component analyses with economic indicators of the EAF were applied, followed by an ascending hierarchical clustering. The structural characteristics, the agro-pastoral practices of production, and the perceptions of the EAF regarding the constraints and appropriateness of agricultural production were compared by variance analysis. Results. The results showed three types of farm: farms with a low-income culture (farmers with few animals), those with a high income culture (farmers with a large number of animals) and those deriving income from breeding

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BASE Biotechnol. Agron. Soc. Environ.201620(1),42-56

Sourcesderevenusetbesoinsd’accompagnementdesexploitationsagricolesfamilialesenzonecotonnièreouestduBurkinaFasoMahamoudouKoutou(1),MamadouSangaré(1),MichelHavard(1,2),AurélieToillier(1,2),LacinaSanogo(1),TaladidiaThombiano(3),DavoSimpliceVodouhe(4)(1)CentreInternationaldeRecherche-Développementsurl’ÉlevageenzoneSubhumide(CIRDES).UnitédeRecherchesurlesProductionsAnimales(URPAN).01BP454Bobo-Dioulasso01(BurkinaFaso).E-mail:[email protected](2)CentredecoopérationInternationaleenRechercheAgronomiquepourleDéveloppement(CIRAD).UnitéMixtedeRechercheInnovationetdéveloppementdansl’agricultureetl’alimentation.FR-34398Montpellier(France).(3)UniversitédeOuagadougou(UO2).UnitédeFormationetdeRechercheenSciencesÉconomiquesetdeGestion(UFR/SEG).11BP48.Ouagadougou11(BurkinaFaso).(4)Universitéd’AbomeyCalaviauBénin(UAC).Facultédessciencesagronomiques(FSA).Départementd’ÉconomieetSocio-AnthropologieetdeCommunicationpourledéveloppementrural(DESAC).01BP526.Cotonou(Bénin).

Reçule9février2015,acceptéle26aout2015.

Description du sujet.DanslazonecotonnièreouestduBurkinaFaso,lavariabilitéetladiversitédesrevenusdesexploitationsagricolesfamiliales(EAF)demandentpourcesdernièresdesaccompagnementsappropriés.Objectifs.Cetarticlerendcomptedecettediversitéetdesbesoinsd’accompagnementselonlestypesd’EAFidentifiés.Méthode. Les données ont été collectées par la méthode active de recherche participative et par enquête auprès d’unéchantillon raisonnéde120exploitationsdans lacommunedeKoumbia.Uneanalyseencomposanteprincipaleavecdesindicateurséconomiquesdel’EAFsuivied’uneclassificationascendantehiérarchiqueontétéappliquées.Lescaractéristiquesstructurelles,lespratiquesdeproductionagro-pastorales,lesperceptionsdeschefsd’EAFsurlescontraintesetopportunitésdeproductionagropastoraleontétécomparéesparuneanalysedevariance.Résultats.Lesrésultatsmontrent trois typesd’exploitations: lesexploitationsàfaiblerevenuculture(agriculteurs),àfortrevenu culture (agro-éleveurs) et à revenu élevage (éleveurs). À la lumière de leurs structures, pratiques de production,performancestechnico-économiquesetopportunitésdeproductionagricole,leuraccompagnementpeutportersurplusieursinnovationsdurablescommunesouspécifiquesdestypesidentifiés.Desaccompagnementssurlagestiondesressourcesdel’exploitation,lesbonnespratiquesdegestiondelafertilitédessolsetdesanimauxsontcommunsauxtroistypesd’EAF.Lesculturesfourragères,l’emboucheetlaproductionlaitièresontspécifiquesauxagro-éleveursetéleveurs.L’améliorationdelavaleurnutritivedesrésidusdeculturesetl’entretiendesbœufsdetraitconviennentplusauxagriculteurs.Conclusions.Pourréussir,leprocessusd’accompagnementdoitprendreencomptecesspécificitésetlanotiondedurabilité.Mots-clés.Intensification,exploitationagricolefamiliale,systèmed’exploitationagricole,durabilité,Afriquedel’Ouest.

Income source and accompaniment needs of family farms in the cotton growing areaof West Burkina Faso Description of the subject.InthewesterncottongrowingareaofBurkinaFaso,thevariabilityandthediversityoftheincomelevelsoffamilyfarms(EAFs)meanthatthesefarmsrequiresuitableagronomicaccompaniment.Objectives. ThisarticlegivesanaccountofthisdiversityandtheneedforaccompanimentaccordingtothetypeofidentifiedEAF.Method. The datawere collected by the activemethod of participative research and by investigation of the practices of120farmsinthecommuneofKoumbia.PrincipalcomponentanalyseswitheconomicindicatorsoftheEAFwereapplied,followedby an ascendinghierarchical clustering.The structural characteristics, the agro-pastoral practices of production,andtheperceptionsoftheEAFregardingtheconstraintsandappropriatenessofagriculturalproductionwerecomparedbyvarianceanalysis.Results. The results showed three types of farm: farms with a low-income culture (farmers with few animals), thosewith a high income culture (farmers with a large number of animals) and those deriving income from breeding

Accompagnementdesexploitationsagricolesfamiliales 43

1. INTRODUCTION

En Afrique de l’Ouest, la productivité des culturespluvialesetdel’élevageresteendeçàdesperformancesenregistrées dans d’autres parties du monde àconditions édaphiques et climatiques similaires(François, 2014). L’agriculture familiale, levier decroissanceéconomique,yemploieplusde60%delapopulationactive.L’augmentationdesaproductivitéalongtempsétérecherchéeàtraversletransfertverslesproducteursdespaquetstechnologiquesplusoumoinscomplexes élaborés dans les centres de recherches(Banquemondiale,2008;Ferratonetal.,2009).Mais,ces dernières décennies, la vulgarisation agricole estinterrogéesursacapacitéàrépondreàdesdemandesnouvelles et diversifiées des exploitations agricolesfamiliales (EAF) (fertilisation organique, culturesfourragères, associations céréales légumineuses,agroforesterie, etc). Le caractère écologique et ladiversitédecesdemandesnécessitederéviserlecontenudesappuis-conseilsfournisauxEAFpardiversacteurs(organisations paysannes, non gouvernementales,sociétésprivées,etc.)suiteaudésengagementdesÉtatsdusecteuragricole(Faure,2007).

Danslebassincotonnierdel’ouestduBurkinaFaso,lesEAFsesontorganiséesdès1974engroupementsvillageois(GV),puisàpartirde1993engroupementsdeproducteursdecoton(GPC)fédérésdepuis1998enUnionNationaledesProducteursdeCotonduBurkinaFaso(UNPCB).Ellesbénéficient,àtraversl’UNPCBet la Société des Fibres etTextiles du Burkina Faso(SOFITEX), de différents services, avec entreautres des crédits (engrais, herbicides, insecticides,semences,pulvérisateursettracteurs)etdesactionsdevulgarisation.LescréditssontoctroyésauxmembresdesGPCenfonctiondelasuperficiecotonàemblaverpour les intrants et pulvérisateurs et de la capacitéde remboursement pour les tracteurs (cotonculteursn’ayantpasd’impayésetproduisantaumoins15tdecotongraineparan).Lesremboursementsdescréditssontdirectementprélevéssur les recettescotonnièreslors de la campagne de commercialisation du cotongraineenuneannéepourlesintrantsetpulvérisateursetencinqanspourlestracteurs.Enoutre,lesactions

devulgarisationportentsurtoutsurl’appuiàlagestionet au fonctionnement desGPC par l’UNPCB, et surlestechniquesculturalesducotonnierauprèsdesEAFparlaSOFITEXpourproduiremassivementlecoton,moteur de l’économie nationale (AICB, 2008). Cesactionsdevulgarisationneprennent pas (oupeu) encompteladiversitédesEAFsurlesplanstechniques,économiques et sociaux (Capillon, 1993; Landais,1996;IAC,2004;Lankoandé,2013).

Depuis2003,lafilièrecotonnièreafricainetraverseune crise due aux adversités du climat (irrégularitédespluies),àladégradationdesressourcesnaturelles(baisse de la fertilité du sol, pression accrue desadventicesetravageursducoton),àlabaisseducoursmondial du coton et à l’augmentation du prix desintrants. Cette crise a été marquée au Burkina Fasoentrelescampagnesagricoles2004-2005et2007-2008par un déficit de 70milliards de FCFA et une chutede 26% des revenus des producteurs (AICB, 2008).À cela s’ajoute la pressiondémographique.En effet,entre1985et2014, lapopulationde la communedeKoumbia a été multipliée par 5,11 avec une densitéestiméeà55habitantsparkm², lorsqu’onsoustrait lasuperficie des forêts classées qui sont inaccessiblesaux populations (INSD, 2006; BEAER, 2014).Cette situation défavorable à l’activité agricoleest accentuée par les phénomènes de la variabilitéclimatique (diminution de la durée de la saison despluies, sècheresse, inondation, vents violents, fortetempérature) et un environnement économiquecaractérisé par des fluctuations saisonnières desprix des produits agricoles et une augmentation desprix des facteurs de production (Ouédraogo et al.,2010). Pour mieux gérer ces risques climatiques etéconomiques, les EAF ont recomposé leurs activitésetdiversifiéleursproductionsagricoles(Traoréetal.,2013;Hathieetal.,2014).D’oùladiversitédeleurssourcesderevenus,pratiquesdeproduction,structuresetperformancestechnico-économiques(Djouaraetal.,2006;Blanchardetal.,2011;Phliponeauetal.,2011;Valletal.,2011).CettediversitédesEAFdemandederéfléchirà lapriseencomptede leursbesoinsdiversd’accompagnement. Ce dernier fait référence auxprocessusd’apprentissage individueletcollectifpour

(stockbreeders).Takingintoaccountthestructureofthefarms,theirproductionpractices,theirtechnico-economicperformanceand their appropriateness of agricultural production, the formof sustainable accompaniment neededmaybe identified inrelationtoseveralcommonorspecificinnovationsoftheidentifiedfarmtypes.Accompanimentsinthecaseoffarmstockmanagement,andgoodpracticeinthemanagementofsoilfertilityandofanimalswerecommontothethreetypesofEAF.Thefodderculture,fatteningonpastureandthemethodofdairyproductionwerespecifictothefarmerswithalargenumberof animals and to the stockbreeders.The improvement of the food value of culture residues and of some aspects of themaintenanceofoxenweremoreappropriatetothefarmerswithfewanimals.Conclusion.Inordertosucceed,theprocessofaccompanimentmusttakeintoaccountboththesespecificitiesandtheconceptofsustainability.Keywords. Intensification,familyfarms,farmingsystems,sustainability,WestAfrica.

44 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201620(1),42-56 KoutouM.,SangareM.,HavardM.etal.

maitriserlesdifférentesfacettesdeleursactivitésafind’atteindre leurs divers objectifs familiaux (Faure,2007).

Les typologies permettent d’appréhender plusfacilement la diversité des EAF et donc d’analyseret comprendre l’agriculture, identifier des solutions,planifierdesopérationsdedéveloppementoufairedelaprospective(Faure,2007).

Ces deux dernières décennies, de nombreusesétudes ont été conduites sur la diversité desEAF enzones cotonnières d’Afrique de l’Ouest et duCentre(Djouaraetal.,2006;Valletal.,2006;Mbetid-Bessaneetal.,2013;Traoréetal.,2013).Ellesmontrentqueles pratiques de gestion de la fertilité des sols et del’alimentationdutroupeauontbeaucoupévolué,maisaussiquelesperformancesetlesstructuresdesEAFsontextrêmement variables selon les contextes. Les EAFfont face à de nombreuses contraintes de production(pauvreté des sols, baisse des rendements, saturationdufoncierrendantdeplusenplusdifficilel’accèsàlaterre,pluviositéenbaisseetirrégulière,mécanisationpartielledes techniquesculturales,difficultésd’accèsdes animaux aux soins, à l’eau et à l’alimentation,faible niveau d’organisation des acteurs, conflitsd’usage des ressources) (CIRDES, 2008; BEAER,2014). Pour améliorer la productivité agricole et lesrevenus des producteurs, des solutions doivent êtrerecherchées avec les producteurs prenant en comptelescontraintesci-dessusetladiversitédesEAF(Vallet al., 2011;Coulibaly et al., 2012).L’hypothèse decette recherche est que la connaissance des relationsentre sources de revenus, performances technico-économiques,pratiques,contraintesetopportunitésdeproduction clarifient les besoins d’accompagnementdes EAF. L’objectif de cet article est d’analyser ladiversité des EAF et les besoins d’accompagnementtenant compte de cette diversité. L’analyse de ladiversité des EAF s’appuie sur les revenus parsource, les éléments de structure, les pratiques deproductionetlesperformancestechnico-économiques.Les contraintes et opportunités de production sontidentifiées pour chaque type d’EAFafinde proposerdesactionsd’améliorationdurablesadaptéesàchaquetyped’EAF.Aprèsunétatdel’artsurlesconceptsclésutilisésdans l’article, nousprésenterons la démarcheméthodologiqueadoptéepouranalyserladiversitédesEAF suivie des résultats, d’une discussion et d’uneconclusion.

2. ÉTAT DE L’ART SUR LES CONCEPTS D’INTENSIFICATION DURABLE, ÉCOLOGIQUE ET AGRO-ÉCOLOGIQUE

Lesmodèlesd’agriculturetechnicistesetproductivistesde la révolution verte (agriculture conventionnelle)

ontmontré leurs limites, en particulier en termes dedurabilité écologique et économique (Chevassus-au-Louis, 2006). Comment, dès lors, concevoir uneagriculture à la fois plus productive (qui satisfait lademande croissante en produits agricoles) et plusdurable (qui préserve les fonctions des écosystèmesnécessaires à sa propre viabilité et génère unevaleur ajoutée environnementale)? Le conceptd’«intensification durable» vise à faire davantagede compromis entre des objectifs environnementauxetdeproductionquidoiventêtregérésdansletemps(produire plus à court terme tout en préservant lescapacitésproductivesdessocio-agro-écosystèmessurle long terme) (Chevassus-au-Louis et al., 2008).Leconcept d’intensification écologique (IE) s’est invitédansledébatscientifiquecesdernièresannées(Griffon,2009).Ilprendsasourcedansceluidedéveloppementdurableetchercheàrapprocherl’agronomie,l’écologieetlessciencessociales.C’estunsystèmedeproductionagro-sylvo-pastoral durable qui intègre plusieursdimensionsquisontdialectiquement liées(culturelle,sociale, économique, écologique et politique). Elleallielasciencemoderneausavoirtraditionnel,permetaux producteurs de transformer des exploitationsagricolesàfaibleapportd’intrantsoudesubsistanceensystèmesplusproductifs,toutentirantdavantageprofitdesressourceslocalesdisponibles(FENAB,2014).AusensdeCassman(1999),elleestdéfinieparledoubleobjectif de continuer à augmenter les rendementstout en limitant les impacts négatifs des systèmesagricoles sur l’environnement. Cette définition faitpeu référence aux moyens, mais beaucoup plus àla finalité: le développement durable (Landais,1999). Selon Chevassus-au-Louis et al. (2008), l’IEvise à fonder des systèmes de production innovants,productifs et durables basés sur l’agro-écologie, engérant les socio-agro-écosystèmes et en valorisantleurs services environnementaux, d’une manièreinteractive avec les contraintes socio-économiquesévolutivesdesexploitationsagricoles.L’agro-écologieétant considérée par certains chercheurs comme unediscipline à part entière qui s’intéresse aux relationsentre le fonctionnement du peuplement végétalet les différentes composantes des écosystèmes(Wezeletal.,2009),leconcept«d’écologisationdespratiques»insistesurledoubleobjectifderéduirelesexternalitésnégativesdel’agricultureetdeproductionde services environnementaux sans faire référence àl’accroissementdelaproduction.EnAfriquedel’Ouest,l’IEdoitviser,enpremier lieu, l’accroissementde laproductivitédelaterreparunevalorisationefficacedesressourceslocales,sanspourautantécarterl’utilisationraisonnéeetefficientedesintrants.Ilaétémontréquel’intégration agriculture-élevage est une option poursatisfaire production et efficience (Vayssières et al.,2011).

Accompagnementdesexploitationsagricolesfamiliales 45

3. MATÉRIEL ET MÉTHODES

3.1. Zone d’étude

L’étude a été réalisée dans une commune à fortepressionfoncière,Koumbiaàl’OuestduBurkinaFaso(Figure 1).Situéeentrelesisohyètes800et1200mm,elle couvre une superficie de 1365km² dont 30%occupéspardes forêtsclassées.Leszonespastoralesetlespistesàbétailsontaujourd’huicultivées,créantparfois des conflits entre agriculteurs et éleveurs.À partir des résultats du recensement général dela population et de l’habitat de 2006 et du taux decroissancedémographique(4,73%), lapopulationdelacommunedeKoumbiaestestiméeà52469habitantsen2014,dont48,5%d’hommeset51,5%defemmes(BEAER, 2014). Le coton, lemaïs, le sorgho, le rizpluvial, l’arachide et le sésame sont les principalescultures. L’élevage de la commune de Koumbia estcomposédebovins(21000têtes),depetitsruminants

(32910têtes), de porcins (9570têtes), d’asins(810têtes) et de volailles (26940têtes) (BEAER,2014). Le flux migratoire a augmenté les pressionssur les ressources. Les défrichements ont progressé

Figure 1.Localisationdessitesd’études—Localization of the study sites.

Bekuy

HoundeFounzan

Koumbia

BondigiGuegere

Karangaso-Vigue

Léna

Koti

Bereba

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rapidement:20à30%desterresmisencultures(Vall,2004), faisant reculer les réserves sylvopastorales.Désormais,lesparcellessontcultivéesen«continu»,sansjachère,avecunedominancedelarotationcoton-maïs(Coulibalyetal.,2012).LesvillagesdeKoumbia(11185habitants, 800EAF) et de Gombèlèdougou(5310habitants, 400EAF), retenus pour la collectedesdonnées,sontdegrandsfoyersde laproductioncotonnière de la commune et d’intervention desprojetsetprogrammes.

LeursEAFbénéficientdesactionsdevulgarisationet d’appuis-conseils de l’UNPCB, de la SOFITEX,des services techniques de l’État et des projets etprogrammes.

LevillagedeKoumbiaestsituéà12°42’207’’N,4°24’010’’E et Gombèlèdougou est à 12°21’66’’N,4°23’57’’E.

3.2. Collecte des données

Enplusdelarecherchedocumentaire,lesdonnéesontétécollectéesendeuxphasescomplémentairesdontl’unequalitativeetl’autrequantitative.

Phase qualitative. Les données ont été obtenuesà l’aide des outils (assemblée villageoise, focusgroup, transect) de la méthode active de rechercheparticipative (MARP) pour identifier les principalescultures, le nombre et le type de groupements deproducteurs,lacompositionducheptel,lescontrainteset opportunités de production. Ces résultats ontété restitués aux populations et ont servi de basepour l’élaboration du questionnaire et le choix del’échantillond’EAFàenquêter.

Phase quantitative. Un échantillon d’EAF a étéchoisi de façon raisonnée à partir des résultats dela phase qualitative et d’une typologie des EAF duvillage de Koumbia élaborée par Vall et al., 2006.Cettetypologieestbaséesurlasuperficiecultivéeetlenombredetêtesdebovinsdel’exploitation:–agriculteurs: exploitants possédant moins de10bovins;

–agro-éleveurs: exploitants possédant plus de10bovinsetcultivantplusde5ha;

–éleveurs: exploitants possédant plus de 10bovinsetcultivantmoinsde5ha.

Les groupements de producteurs identifiésdans chaque village lors de la phase qualitative ontconstitué la base du sondage. Les EAF enquêtéesontétéchoisiesparmilesmembresdesgroupementsde producteurs de coton (GPC) et d’éleveurs (GE),principales organisations de producteurs dans lesvillages.Pour tenircomptede ladiversitédesEAF,desagriculteurscultivantmoinsde5ha,entre5haet

15haetplusde15haontétéchoisisdanschaqueGPC.DanslesGE,deséleveurspossédant10à20bovinsetplusde20bovinsontétéchoisis.Autotal,120EAFont été enquêtées, soit 10% du nombre d’EAF dechaque village, représentatif pour les inférencesstatistiques (Christiaensen, 1998). Un questionnaired’enquête élaboré par une équipe pluridisciplinaire(socio-économistes, agronomes et zootechniciens)a été soumis à chaque chef d’EAF. Il renseigne surles caractéristiques générales et structurelles, lespratiquesdeproduction,lescontraintesetopportunitésdeproductionagricoleetl’économiedel’EAF.

3.3. Cadre analytique

Trois méthodes se révèlent les plus complètes etles plus utilisées pour comprendre l’organisation etle fonctionnement de l’exploitation agricole danssa globalité: l’approche globale de l’exploitationagricole(AGEA),l’approchespatialedel’exploitationagricole (ASEA) et la méthode guide d’étude del’exploitationagricole(GEEA)(Abtetal.,2006).Lecadreanalytiquedecetteétudes’inscritdanslaméthodeAGEA,carelleexigedesinformationsdiversifiéessurl’EAF.Ellecernelesactivitésdeproductionvégétale(culturesetvergers),animales(toutesespèces)etlesactivités extra-agricoles (pêche, chasse, orpaillage,artisanat, commerce, prestation de travail horsexploitation, dons ou transferts monétaires, etc.).Uneanalyseencomposanteprincipale(ACP)suivied’uneclassificationascendantehiérarchisée(CAH)aétéappliquéeauxindicateurséconomiquesdel’EAFcomme les revenus culture, élevage, extra-agricoletotauxrapportésaunombred’actifpourregrouperlesEAFselonleursprincipalessourcesderevenus.Cesindicateursontétéchoisiscarilexisteunecorrélationentre les performances technico-économiques, lespratiques de production et les structures des EAFdans la zone cotonnière (Traoré et al., 2013). Lesmoyennes des caractéristiques structurelles, desperformancestechnico-économiquesetdespratiquesdeproductionagropastoraledechaqueclasseontétécomparées par une analyse de variance (ANOVA)avecletestdeNewmanetKeulsauseuilde5%.Letestdeχ2aétéutilisépouranalyser les tableauxdecontingence.

Estimation des indicateurs technico-économiques. Parmi les indicateurs proposés dans la littératurepourévaluerlesperformancestechnico-économiquesdes EAF (Ferraton et al., 2009), le produit brut, laconsommation intermédiaire, la valeur ajoutée, lerevenu, les rendements, les productions de fumureorganique (FO), de lait et les rations alimentairesontétéutilisésdanscetteétude.Ilsontétécalculésàl’aidedeséquationssuivantes:

Accompagnementdesexploitationsagricolesfamiliales 47

4. RÉSULTATS

4.1. Caractéristiques générales des EAF

Les résultats présentés dans le tableau 1 montrentque98%desEAFsontgéréespardeshommes.Surl’ensembledesdeuxvillages,69%deschefsd’EAFsont propriétaires de leur plus grande superficiecultivée.Cepourcentageestde74%àKoumbiacontre60%àGombèlèdougou(p<0,05).CertainsmigrantsdeKoumbia se sont arrogés ledroit depropriété enne s’acquittant plus des droits symboliques annuels(céréales, poulets, etc.) du donateur. Près de 96%des chefs d’EAF prennent personnellement lesdécisions relatives au fonctionnement de l’EAF etplusde99%sontmariés.Vingt-septpourcentontunniveau primaire et 19%ne savent ni lire, ni écrire.Seulement17%ontreçuuneformationentechniqued’élevage et 15% en technique de production de lafumureorganique (p<0,1).Pour72,5%desEAFàGombèlèdougou et 31% àKoumbia, le sol de leur

plus grande superficie cultivée est gravillonnaire(p<0,001). Cinquante-deux et demi pourcent desEAFàKoumbiacultiventdessolssableux.

4.2. Sources de revenus des EAF

Les résultats de l’analyse en composante principale(Figure 2) montrent que 75% de la variabilité estexpliquéeparleplanfactorielcomposédesaxes1et2représentantrespectivementlaproductionvégétaleetanimale.L’axe1estforméparlesvariablesrevenuculture par actif et revenu total par actif et l’axe2par le revenu élevage par actif. La variable revenuextra-agricole par actif contribue à la formation desdeux axes.La classification ascendantehiérarchiquea permis d’identifier trois types d’EAF selon leurssources de revenus.Le type1 (n= 27) est composédesEAFquitirentleursrevenusparordredécroissantdes cultures, des activités extra-agricoles et del’élevage. Elles sont désignées comme EAF à fortrevenu culture (agro-éleveurs). Le type2 (n= 17)

∀leproduitpdel’exploitation

PBexpl=∑[(Qtévenduep+Qtédonnéep)×PrixVentep)+(Qtéautoconsop×PrixAchatp)] (1)

avecPBexpl:produitbrutdel’exploitation;Qtévenduep,QtédonnéepetQtéautoconsop:quantitésdeproduitvendu,donnéetautoconsommé,(autoconsommé=quantitédéjàconsomméelorsdupassagedesenquêteurs,quantitéréservéepourlaconsommationfutureetpourlessemences);PrixVentepetPrixAchatp:prixmoyenlocaldeventeetd’achatdep.

CIexpl=∑ [(Qtébiensp×prixdechaquebien)+(QtéServicesp×prixdechaqueservice)] (2)

avecCIexpl :consommationintermédiairedel’exploitation;QtébienspetQtéServicesp:quantitésdebiensetservicesnécessairesàlaproductiondep.

VABexpl=∑ VABp=PBexpl -CIexpl (3)

VANexpl=VABexpl-A (4)

avecVANexpl:valeurajoutéenettedel’exploitation;A:amortissementannuel.

REVENUNetexpl=VANexpl-subvention-salaireouvriers-taxe-intérêtsuremprunt-rentefoncière(5)

Rendement=productiontotale (6) superficiecultivée

DéficitenFumureorganique(FO)=QuantitéFOmobilisée-Besoins (7)

avecBesoinsenFO,égaleàlasuperficietotalecultivéemultipliéepar5tmatièresèche(selonlarecommandationdelarechercheparhectaretouslesdeuxans)

Quantitéd’alimentdistribué=quantitéd’alimentmobilisé (8) nombred’UnitéBétailTropical

48 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201620(1),42-56 KoutouM.,SangareM.,HavardM.etal.

constitué d’EAF qui tirent respectivement leursrevenus de l’élevage, des cultures et des activitésextra-agricoles. Elles sont désignées comme desEAFàrevenuélevage(éleveurs).Letype3(n=76)estforméparlesEAFmoinsnantiesqueletype1etqui tirent respectivement leurs revenusdes cultures,desactivitésextra-agricolesetdel’élevagedansunemoindreproportionqueletype1.CesontdesEAFàfaiblerevenuculture(agriculteurs).

4.3. Structure des EAF

Commelemontreletableau 2,lesEAFsedifférencientsignificativementparlasuperficiecultivée(p<0,001),lasuperficiecultivéeparactif(p <0,001),lesnombresdechamps (p<0,001),depulvérisateurs (p <0,001),d’unités bétail tropical (UBT), de bœufs de trait(p<0,001) et de charrues (p<0,05). Ces variablessont positivement corrélées aux types d’EAF. Les

Tableau 1.Profilssociauxdesexploitantsagricoles—Social profiles of the farmers.Variables (%) Gombèlèdougou Koumbia Total χ2 p-valueSexe 1,01 -Masculin 100,0 97,5 98,33Féminin 0,0 2,5 1,66

Statutmatrimonial 2,01 -Marié 97,5 100,0 99,16Célibataire 2,5 0,0 0,83

Niveaud’instruction 6,02 -Analphabète 25,0 16,25 19,16Primaire 17,5 31,25 26,66Secondaire 5,0 11,25 9,16Ecolecoranique 27,5 27,5 27,5Alphabétisé 25,0 13,75 17,5

Gestionnairedel’exploitation 2,5 -Moi-même 95,0 96,25 95,83Enfant 0,0 1,25 0,83Frère 0,0 1,25 0,83Autres 5,0 1,25 2,5

Statutdelagrandeparcellecultivée 9,334 **Propriétaire 60,0 73,8 69,2Locataire 40,0 26,3 30,8

Typedesoldominantdugrandchamp 27,061 ***Sableux 5,0 52,5 36,7Gravillonnaire 72,5 31,3 45,0Argileux 22,5 16,3 18,3

Formationreçue 13,06 *Aucune 67,5 51,25 56,66ProductionFumure 7,5 18,75 15,0Productionfourrage 5,0 - 1,66Techniqued’élevage 17,5 16,25 16,66Bonnepratiqueagricole - 10,0 6,66Autres 2,5 3,75 3,32

-:nonsignificatif—not significant ;*:p<0,1;**:p<0,05;***:p<0,001.

Accompagnementdesexploitationsagricolesfamiliales 49

Éleveurs

Agriculteurs

Agro-éleveurs

Biplot (axes F1 et F2 : 74,62 %)

-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10

F1 (44,61 %)

8

6

4

2

0

-2

-4

F2 (3

0,01

%)

Figure 2.Distributiondesexploitationssurlesdeuxprincipauxaxesselonleurssourcesderevenus—Farms positionning on the two principal axis according to their incomes sources.

Tableau 2.Caractéristiquesstructurellesmoyennespartyped’EAF—Average structural characteristics by farm type.Agro-éleveurs(n = 27)

Éleveurs (n = 17)

Agriculteurs (n = 76)

F p-value

Proportion(%) 22,5 14,2 63,3 - -Personnes(n) 15,9a±1,5 13,4a±1,9 14,6a±0,9 0,529 -Actifs(n) 8,8a±0,9 6,9a±1,1 8,1a±0,5 0,781 -Champs(n) 3c±0 1a±0 2b±0 12,015 ***Superficiecultivée(ha) 16,4c±1,3 2,5a±1,6 7,9b±0,8 26,234 ***Superficiecultivéeparactif(ha) 2,1c±0,1 0,4a±0,2 1b±0,1 34,456 ***UnitésdeBétailTropical(n) 11,9a±2,3 35,3b±2,9 8,6a±1,4 34,348 ***Bœufsdetrait(n) 4,2c±0,3 2,4a±0,4 3,4b±0,2 5,846 ***Charrues(n) 1,9b±0,2 1,2a±0,2 1,6ab±0,1 2,915 **Charrettes(n) 1,4a±0,1 1,5a±0,4 1,1a±0,1 1,616 -Pulvérisateurs(n) 2b±0,2 0 1,7b±0,1 5,161 ***Tracteurs(n) 1,5a±0,3 0 1a±0,6 0,600 -Botteleuses(n) 1a±0,5 1,5a±0,4 1a±0,4 0,600 -Fossesfumières 2a±0,2 1,3a±0,5 1,5a±0,1 2,744 -

Lesdifférenteslettressurlamêmeligneindiquentdesdifférencessignificativesentrelesvariables—the different letters on the same line indicate significant differences between the variables ;-:nonsignificatif—not significant;**:p <0,05;***:p<0,001.

50 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201620(1),42-56 KoutouM.,SangareM.,HavardM.etal.

agro-éleveurscultiventlesplusgrandessuperficiesetsont plus équipés en matériel agricole. Les éleveursdétiennent plus d’animaux d’élevage (en UBT),cultiventdepetitessuperficiesetsontmoinséquipés.

4.4. Pratiques de fertilisation des cultures

Lespratiquesdefertilisationsurlesculturespratiquéessurdegrandessuperficies(coton,maïs,sorghoetniébé)sont variées (Figure 3). Les plus grands utilisateursd’engrais chimiques sont respectivement les agro-éleveurs et les agriculteurs qui bénéficient de créditsintrants (engrais chimiques, herbicides, insecticides,etc.)grâceàlaproductionducoton.Selonlesrésultats,les quantités moyennes de NPK-23-15-23 apportéesparlesEAFsurlecoton(144±21kg.ha-1)etNPK-15-23-15surlemaïs(137±41kg.ha-1)etlesorgho(95±43 kg.ha-1) sont inférieures à la dose recommandée(150kg.ha-1)parlesservicestechniquesdel’agriculturepour ces trois spéculations. Pour l’urée 46-0-0 parcontre,lesquantitésmoyennesapportées(coton:54±14kg.ha-1;maïs:60±27kg.ha-1etsorgho58±27kg.ha-1) sont supérieures à la dose recommandée (urée:46-0-0,50kg.ha-1pourcotonetmaïset0kg.ha-1pourle sorgho). La tendance de l’apport d’urée est plusimportante sur le maïs chez les agro-éleveurs (64±5kg.ha-1)quechezlesagriculteurs(60±3kg.ha-1)etchez les éleveurs (54±7kg.ha-1),mais la différencen’est pas significative (F= 0,704; p= 0,497). Lesagriculteursayantdes revenus faiblesetcultivant lesplus petites superficies en coton, l’accès à l’urée aucomptantest limitéparsonprixélevé(14400FCFA.kg-1contre13200FCFApourleNPKen2010/2011).Les éleveurs apportent les plus faibles quantitésd’engraischimiquessurlescultures.LacouverturedesbesoinsenFOestde22%pourl’ensembledesEAF,soit6543±9391kgdeFOmobiliséeannuellementpar

exploitation.Cettecouverturedesbesoins,fonctiondelasuperficiecultivéeetdelaquantitédeFOmobilisée,varie de 87% pour les éleveurs (3189± 2670kg),14%pourlesagriculteurs(5861±1147kg)et10%pourlesagro-éleveurs(9796±1814kg).LadifférencedesquantitésdeFOmobiliséespar typed’EAFrestenonsignificative(F=2,573;p=0,08).Parcontre,laquantité deFO apportée par hectare par les éleveurs(1840±330kg)restesignificativementdifférente(F=5,141;p=0,008)parrapportauxagriculteurs(760±140kg) et agro-éleveurs (660± 230kg) à cause deleurs faibles superficiescultivéesetde leurseffectifsplus importants en animaux d’élevage. Compte tenudu déficit en FO, les EAF développent différentesstratégiespouroptimisersonutilisation.Prèsde86%des EAF fertilisent prioritairement le maïs, suivi ducoton. Quand il s’agit de choisir entre les types desol, laprioritérevientauxsolsgravillonnaires,suivisdessolssablonneuxetdespartiespauvresduchamp.Des contratsdepâturagepermettant aux animauxdepâturerlesrésidusderécoltedansleschampspendantun à troismois contre fertilisation par les déjectionssont aussi négociés par 8% de l’ensemble des EAFpourenrichirleurssols.

4.5. Pratiques d’alimentation des animaux

LesEAFutilisent diverses ressources pour l’alimen-tationdesanimaux(Figure 4).

Lerégimealimentairedesanimauxpratiquéestlavaine pâture et la complémentation. Les ressourcesalimentairesendogènesdistribuéesauxanimauxsontrespectivement les pailles de céréales et de brousse,lessonsdecéréales, lesfanesdelégumineuseset lesfruitsdesarbres.Lesagriculteursdistribuenttouscesaliments à leurs animaux à raison de 315± 32kg.UBT-1parandepaillesdecéréales,79±23kg.UBT-1

Figure 3.Pratiquedefertilisationminérale(a)etorganique(b)—Practice of mineral (a) and organic (b) fertilization.

Leshistogrammesdemêmetypeportantdifférenteslettresdiffèrentsignificativementauseuilde5%—The histograms of the same type with different letters differ significantly at the threshold of 5%.

AE E A Total

Types d’exploitation

Qua

ntité

s d

’eng

rais

(kg.

ha-1)

160140120100

806040200

NPK coton

Urée coton

NPK maïs

Urée maïs

NPK Sorgho

Urée Sorgho

Types d’exploitation

Qua

ntité

de

fum

ure

orga

niq

ue (k

g)

20000

0

-20000

-40000

-60000

-80000

Disponible

Déficit

FO.ha-1

C CB

AAE E Totala

b

c

a b

Accompagnementdesexploitationsagricolesfamiliales 51

parandepaillesdebrousse,62±31kg.UBT-1parandesonsdecéréales,29±4kg.UBT-1parande fanesde légumineuses et 25± 6kg.UBT-1 par an de fruitsd’arbres.Le nombre réduit de leur cheptel (8,6UBTcontre 11,9 pour les agro-éleveurs et 35,3 pour leséleveurs) leur facilite l’alimentation. En plus, leursfaiblesrevenuslesobligentàentretenirleursanimauxprincipalementaveclesressourcesendogènes,surtoutles bœufs de trait considérés par les exploitantscomme des actifs pour leur rôle important dans lefonctionnementdel’EAF.Lesagro-éleveursn’utilisentpaslesfruitsdesarbresmaisplutôtletourteaudecotonenquantitéimportantedontl’accèsestfacilitéparleursrevenusélevés(p>0,05).Leséleveursexploitentplusles pâturages naturels à cause du nombre importantdeleurcheptel.Leursanimauxrestentlongtempsauxpâturagesetparcourentsouventdelonguesdistances.Soixante-seizeetdemipourcentdeséleveurspratiquentsignificativement la transhumance (p<0,001).Seulement7%del’ensembledesEAFpratiquentlesculturesfourragèreset18%l’embouche.

4.6. Performances technico-économiques des EAF

Les résultats du tableau 3 montrent une différencesignificative entre le rendement coton chez lesagro-éleveurs (1320± 74kg.ha-1) et les agriculteurs(974± 48kg.ha-1); les éleveurs ne produisant pas lecoton (p<0,001). Pour le maïs, principale céréalecultivée par tous les types d’EAF, les agro-éleveursprésentent les meilleurs rendements (2353±137kg.ha-1) comparativement aux deux autres types d’EAF(p<0,001). Le maïs bénéficie de l’arrière-effetdes engrais chimiques apportés sur le coton par lesagro-éleveurs et les agriculteurs grâce à la rotation.En outre, lemaïs étant le deuxième produit agricoledestiné au marché chez les agro-éleveurs après lecoton, ils utilisent les variétés améliorées (Espoir,Wari,Bondofa).Laproductionlaitièrejournalièreparvache en saison pluvieuse chez les agro-éleveurs etleséleveursestsignificativementélevéeparrapportà

celle des agriculteurs (p<0,1).Par contre, en saisonsèche,ladifférencedesquantitésdelaitproduitesparvachepar journ’estpasstatistiquementsignificative.Le cheptel bovin des agriculteurs est composéessentiellementdemâlespourlatractionanimale.Laquantité de FO produite par UBT chez les éleveursest faible, comparativement aux agro-éleveurs etagriculteurs(p<0,05).LafortemobilitédutroupeaudeséleveurscausedespertesdeFO.Lesagriculteursdépensent 78500± 4528FCFA par hectare cultivéet 30922± 4273FCFA par UBT contre 50247±9573et5224±8915pour leséleveurs (p<0,05)et66758± 7596FCFA et 24902± 7209FCFA pourles agro-éleveurs. Cependant, les agriculteurs ont unrevenucultureparhectarefaiblecomparativementauxagro-éleveurs (p< 0,05) malgré leur consommationintermédiairerelativementélevée.

4.7. Contraintes et opportunités d’intensification de la production agropastorale

Selon les exploitations enquêtées (Tableau 4),les principaux facteurs limitant de la productionagropastoralesontdansl’ordrelabaissedelafertilitédes sols (qui se traduit par de faibles rendementsagricoles), l’insuffisancedesfourrages(quise traduitparunefaibleproductionenlaitetunamaigrissementdes animaux), le cout élevédes intrants (NPK, urée,tourteau de coton, produits vétérinaires), le manquede terreetdemain-d’œuvre.Lecoutdes intrantsestperçucommeunecontrainteplusparlesagro-éleveurset les agriculteurs que par les éleveurs, en raisonde la culture du coton (p < 0,001). Heureusement,l’existence d’organisations paysannes efficaces,l’interventionduconseilàl’exploitationfamilialeetlaprésencedesinstitutionsdemicrofinancesontperçuescomme des opportunités pour lever ces contraintes.En effet, l’efficacité des organisations paysannes(fonctionnement et bonne entente entre OP) facilitela concertation entre les utilisateurs des ressourcespour réfléchir aux contraintes et chercher des pistes

Figure 4. Pratiques d’alimentation des animaux avec les ressources endogènes (a) et les sous-produits agro-industriels(b)—Practices of animal food with endogenous resources (a) and agro-industrial by-products (b).

Pailles céréalesFanes légumineusesFruits arbresPailles brousseSons céréales

AE E A Total

Types d’exploitation

Qua

ntité

dis

trib

uée

(kg.

UB

T-1)

350300250200150100

500

a a

b

AE E A Total

Types d’exploitation

Qua

ntité

dis

trib

uée

(kg.

UB

T-1)

50

40

30

20

100

Tourteau coton

Sel

a b

52 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201620(1),42-56 KoutouM.,SangareM.,HavardM.etal.

de solutions à l’échelle du terroir. Les agents devulgarisationcontribueraient,par leursconnaissancesetexpériences,àlarecherchedesolutions.Quantauxinstitutionsdemicrofinance,ellesfaciliteraientlamiseenœuvredesolutionsenaccordantauxproducteurslesmoyensfinanciersnécessairesàcrédit.

5. DISCUSSION

5.1. Des typologies d’EAF qui se ressemblent en zone cotonnière

La typologie des EAF basée sur les revenusmet enévidencetroisclassesd’EAF:lesexploitationsàfaiblerevenu cultures (agriculteurs), à fort revenu cultures(agro-éleveurs)etcellesàrevenuélevage(éleveurs).ÀpartirdescritèresdestructuresdesEAF,destypologiessemblablesavaientétéétabliesdanslazonecotonnière

ouestduBurkinaFasoetauMali-sud(Djouaraetal.,2006;Valletal.,2006).Eneffet,Traoréetal.(2013)montrentquelesperformancestechnico-économiques,lastructureetlespratiquesdeproductiondesEAFenzonecotonnièresontpositivementcorrélées.

Contrairement aux études précédentes limitéesà la caractérisation structurelle des EAF, le présentarticlemetenrelationlastructureetlefonctionnement(revenus,pratiquesdeproductionagropastorale).

Les EAF d’agro-éleveurs sont celles qui utilisentintensémentlesintrantschimiquesetlatractionanimalesur de grandes superficies, comme la SOFITEX etl’UNPCBlerecommandentdepuisplusieursdécennies.Ellesontaussiuncheptelimportant,alimentésurtoutavec du tourteau de coton et peu de résidus decultureetdeculturesfourragères.Ellesprésententlesmeilleurs revenus et rendements coton/maïs.Ce sontles «Producteurs Pilotes de Coton» promus par laSOFITEX pour encourager la production cotonnière

Tableau 3. Performances technico-économiques par type d’exploitation agricole familiale—Technical and economic performances by family farm type.

Agro-éleveurs(n = 27)

Éleveurs(n = 17)

Agriculteurs(n = 76)

F p-value

Rendement(kg.ha-1)Coton 1320a±74 0 974b±48 15,499 ***Maïs 2353b±137 1889a±178 1856a±82 4,985 ***Niébé 491a±86 429a±137 558a±54 0,510 -

Quantitélait/vache/jour(l)Saisonpluies 1,7b±0,3 1,5b±0,1 1,1a±0,1 3,098 *Saisonsèche 1a±0,3 0,7a±0,1 0,5a±0,1 1,425 -

FOproduite/UBT(kg) 931b±172 173a±235 858b±111 3,976 **Consommationintermédiaire(FCFAparan)Culture(ha) 66758ab±7596 50247a±9573 78500b±4528 3,849 **Élevage(UBT) 24902ab±7209 5224a±8915 30922b±4273 3,389 **

Produitbruttotal/actif(FCFA) 603400c±31553 395637b±39764 232049a±1807 52,294 ***Revenunet(FCFAparan)Total 3327748c±234708 1969412b±295791 985515a±139895 37,412 ***Total/actif 415624c±20110 310738b±25343 115672a±11986 91,139 ***Culture 3033722c±204378 277544a±257568 851791b±121818 50,548 ***Élevage 63748a±80489 1657750b±101436 8484a±47975 111,644 ***Extra-agricole 518125a±133492 193333a±266985 328216a±85871 0,953 -Cultureparha 198177b±13172 81345a±16600 105052a±7851 22,047 ***

PartÉlevageRA(%) 47,9a±34,8 86,7a±73,2 1,3a±62,9 0,406 -PartCotonRA(%) 110,4a±8,8 0 90,8a±13,6 1,461 -FO:fumureorganique—organic matter;RA:revenuagricole—agricultural income;lesdifférenteslettressurlamêmeligneindiquentdesdifférencessignificativesentrelesvariables—the different letters on the same line indicate significant differences between the variables ;*:p<0,1;**:p<0,05;***:p<0,001;-:nonsignificatif—not significant ;1Euro=655,957FCFA.

Accompagnementdesexploitationsagricolesfamiliales 53

(Bainvilleetal.,2009).LesagriculteursreprésentantlamajoritédesEAFdelazoneexploitentdessuperficiesmoyennes. Leurs revenus et les rendements desculturessontfaibles.Ilsutilisentdavantagelesrésidusde culture dans l’alimentation des animaux que lesautres types d’EAF et produisent plus la fumureorganique. Blanchard et al. (2011) ont montré quelespetitsagriculteurs intègrent fortement lescultureset l’élevage.LesEAFd’éleveurs cultivent depetitessuperficies et leurs pratiques en matière d’élevagesontencoreessentiellementextensives(transhumance,peu de collecte de résidus de culture et d’utilisationde tourteaux). L’élevage extensif en vigueur dans lazonecotonnièreouestduBurkinaFasoestsourcedeconflitsentreagriculteursetéleveurs(Valletal.,2011).

Cettevued’ensembledescapacités structurelles,despratiquesdeproductionetdesrevenusdesEAFpermetdemieuxidentifierlesbesoinsdechaquetyped’EAF.

5.2. Forces et faiblesses des actions de vulgarisation et d’appuis-conseils reçus

Danslesannées1960-1970,lemodèledelarévolutionverte, destiné à accroître la production agricole, aété promu en se fondant sur la diffusion de paquetstechnologiquesstandards(variétésaméliorées,engraischimiques,techniquesculturalesmécanisées,irrigation)accompagnéedepolitiquesagricolesfavorablesàleurdéveloppement (vulgarisation agricole, rechercheagronomique, subventions aux intrants, politiques

Tableau 4. Perceptions des contraintes et opportunités de production agricole — Perceptions of the constraints and agricultural production appropriatenesses.

Agro-éleveurs (n = 27)

Éleveurs(n = 17)

Agriculteurs (n = 76)

Total χ2 p-value

Contraintes(%)Baissedefertilité 0,149 -Oui 96,3 94,1 96,1 95,8Non 3,7 5,9 3,9 4,2

Manquedeterre 2,058 -Oui 92,6 88,2 81,6 85,0Non 7,4 11,8 18,4 15,0

Manquedemain-d’œuvre 0,230 -Oui 70,4 76,5 71,1 71,7Non 29,6 23,5 28,9 28,3

Coutélevédesintrants 15,459 ***Oui 100,0 64,7 92,1 90,0Non 0,0 35,3 7,9 10,0

Insuffisancesdefourrages 5,612 -Oui 96,3 94,1 92,1 93,3Non 3,7 5,9 7,9 6,7

Opportunités (%)Organisationspaysannesefficaces 4,462 -Oui 100,0 82,4 90,8 91,7Non 0,0 17,6 9,2 8,3

Présenced’institutionsdemicrofinance 1,142 -Oui 77,8 64,7 76,3 75,0Non 22,2 35,3 23,7 25,0

Interventiondelavulgarisation 0,391 -Oui 88,9 82,4 86,8 86,7Non 11,1 17,6 13,2 13,3

-:nonsignificatif—not significant;***:p<0,001.

54 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 201620(1),42-56 KoutouM.,SangareM.,HavardM.etal.

des prix et/ou contrôle des importations de produitsconcurrençant les productions locales, etc.) (Faure,2007). Dans l’ouest du Burkina Faso, les appuis-conseilsauxproducteursdecotonétaientbaséssurcemodèledeproduction,encoredominantdenosjours.Il a montré une capacité d’accroissement colossalede la production agricole et de la productivité de laterre et du travail par l’augmentation des superficiescultivées essentiellement (Dugué et al., 2011). Maisaujourd’hui, compte tenude ses impactsnégatifs surles écosystèmes (dégradation des sols, extension dessuperficiescultivées,réductiondesespacesdejachèreset de parcours naturels), de la nécessité de moyensfinanciersimportants(achatd’intrantsetdemachines)etdudésengagementdesÉtatsdel’agriculturetantauniveaudel’accompagnementdesproducteurs(conseil,crédit, commercialisation) que des politiques derégulationsectoriellesetnationales,ons’interrogedeplusenplussur ladurabilitéenvironnementaledecetyped’agriculture(Prettyetal.,2011).Ildevientdoncnécessairededévelopperdespratiquesdeproductionagricole durable (Blanchard et al., 2011; Coulibalyetal.,2012).

5.3. Besoins d’accompagnement complémentaires communs aux trois types d’EAF

Pour limiter lesconflitsentreagriculteursetéleveurset l’utilisation d’engrais chimiques (de plus en pluschers), les trois types d’EAF seraient concernés pardes accompagnements sur la gestion des ressourcesde l’exploitation (revenus, terre, animaux). LesEAFdoivent utiliser rationnellement leurs revenus pourréduire leur dépendance aux crédits agricoles. Lesanimauxdoiventêtresoignéspardesprofessionnelsetalimentésdavantageavecdesressourcesendogènes.Surlesbonnespratiquesdegestiondelafertilitédessols,ils’agiradedévelopperdestechniquesdeproductionde la fumureorganique en tas, dans les fosses et lesparcs améliorés adaptés à la diversité des capacitésstructurelles des EAF. La facilitation de l’adoptionde ces techniques améliorera quantitativement etqualitativement la FO et soutiendra la productionagricoledurable(Blanchardetal.,2014).Enoutre,leslégumineuses fourragères peuvent être associées auxcéréales(maïs/niébé,maïs/mucuna,etc.)pourfaciliterlafixationde l’azoteatmosphériqueet l’alimentationdes ruminants. Des baisses de rendements pour laprincipale culture ont été observées sur les culturesassociées comparativement à la monoculture auBénin et au Burkina Faso, mais elles permettent dediversifier la production et de réduire la contraintede terres (Azontondé, 1993; Coulibaly, 2012). Surl’agroforesterie,ils’agiradevaloriserlerôledel’arbredanslessystèmesdeculturesenaugmentantladensitéd’espèces arborées utiles pour les sols, l’homme et

lesanimaux(Faidherbia albida,Vitellaria paradoxa,Gliricidia sepium, etc.). Des expérimentationsd’activités de plantation et de régénération assistéesréaliséesdanslazonecotonnièreouestduBurkinaFasoen2010et2011ontdonnédesrésultatsencourageants(Coulibaly, 2012). Les techniques de conservationdes eaux et sols et de défense/restauration des sols(cordonspierreux,diguette,zaïmécanisé,etc.)peuventsoutenircespratiquesécologiquesetatténuerleseffetsde lavariabilité climatique (Ouédraogoet al., 2010).Une étude de l’organisation indienne Development Research Communication and Services Center(DRCSC) révèle un accroissement des revenus dans64%descas,avecaumoinsundoublementdans44%descaschezdesexploitationsagricolesayantmisenœuvredespratiquesagro-écologiquesenInde(Levardetal.,2013).

5.4. Besoins d’accompagnement spécifiques à chaque type

Lesagro-éleveursauraientbesoind’accompagnementpour développer davantage les cultures fourragères,la production laitière en saison sèche, l’embouche etoptimiserlarépartitiondesressourcesdel’EAFentrel’élevageetlesculturespourréduirelaconsommationd’intrantschimiques.Ladiversificationdeleursculturesselon les opportunités du marché s’avère nécessairepour sécuriser leurs revenus. L’accompagnement desagriculteursdoitportersurl’améliorationdelavaleurnutritive des résidus de récolte pour les animaux detrait. La promotion de variétés améliorées auprès decesderniersaugmenterait leur rendementencéréalesdontl’excédentpourraitêtremissurlemarché.

Lesbonnespratiquesdegestiondegrandseffectifsdetroupeaux,ledéveloppementdesculturesfourragèrespourl’emboucheetlaproductionlaitièreintéresseraientplusleséleveurs.Leprixdulitredelaitpeutatteindre400FCFAen saison sèche (Koutou,2012) et le tauxde rentabilité de l’investissement pour l’embouched’unbovin,46%.L’élevagedesagriculteursestlimitéaux animaux de trait. L’état corporel et sanitaire deces animaux reste une préoccupationmajeure de cesderniers, surtout en début de campagne (Vall et al.,2006).

5.5. Opportunités d’intensification durable

Dansuncontexteoùlescoutsdesintrantsdesynthèseaugmentent et où les terres agricoles et pastoralesdeviennent rares, les EAF doivent innover (Faure,2007). Des potentialités d’intensification de laproduction (variétés améliorées, intégration culturesélevages, existence des organisations paysannes,etc.)restentencoresous-valorisées(Valletal.,2011;Coulibaly, 2012; Blanchard et al., 2014). Il importe

Accompagnementdesexploitationsagricolesfamiliales 55

delesexploiterpouraméliorerdurablementlasécuritéalimentaireetlesrevenusdesEAF.

6. CONCLUSIONS

Dans la zone cotonnière ouest du Burkina Faso, lesdifférents appuis-conseils fournis aux exploitationsagricoles familiales, essentiellement basés sur desformesd’intensificationconventionnelles,onttenutrèspeucomptedeladiversitédesexploitationsetdeleursbesoins d’accompagnements évolutifs.Cemodèle deproduction conventionnel ayant aujourd’hui atteintses limitessur lecapitalproductif, l’améliorationdessystèmes de production nécessite des appuis-conseilsdiversifiés,adaptésetdurables.

Cette étude a permis d’identifier trois typesd’EAF à partir des sources etmontants des revenus.La caractérisation des performances technico-économiques, des pratiques de production et desdonnéessur lesstructuresdesEAFdechacundecestypes amis en évidence leurs points faibles et leurspoints forts. Ces résultats ont permis d’identifier desbesoins d’accompagnement adaptés aux différentstypesd’EAFetcomplémentairesdesaccompagnementsdontlesEAFbénéficientdéjà.

Abréviations

EAF:exploitationagricolefamilialeGE:groupementd’éleveursGPC:groupementdeproducteursdecotonGV:groupementvillageoisIE:intensificationécologique

Remerciements

Ledispositifderechercheetd’enseignementenpartenariatsur«l’IntensificationécologiqueetConceptiondesinnovationsdans les SystèmesAgro-Sylvo Pastoraux de l’Afrique del’Ouest»(DP-ASAP:CIRDES,INERA,IDR/UPB,CIRAD)aservidecadreàlaréalisationdecetravail.Ilaétéfinancéparl’AmbassadedeFranceauBurkinaFasoetAusAidviale projet CORAF Options d’Intensification Durable. Lesauteurs remercient tous leschercheursduDP-ASAPet lesbailleursdefonds.Noussommeségalementreconnaissantsaux producteurs de Koumbia et de Gombèlèdougou pourleuraccueiletleurfranchecollaboration.

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