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N°3 juin 2011 L a société française a mal à sa jeunesse. En aurait-elle peur ? Et si elle s’imaginait que ses jeunes sont dangereux parce qu’ils sont en danger ? Et si elle les rendait coupables parce qu’ils sont victimes ? Peut-être cette dramatisation a-t-elle pour point de départ l’angoisse des parents quant à l’avenir de leurs enfants. Mais pourquoi les médias, les politiques et les institutions semblent-ils ne parler des jeunes qu’en termes de problèmes, comme pour mieux justifier la possibilité de les mettre sous tutelle ? En mai 68, le sociologue Michel Crozier parlait déjà de société bloquée. Aujourd’hui encore- pour les jeunes, la quête d’autonomie s’assimile à l’escalade d’une forteresse dont les ponts-levis se lèvent à leur approche … pour mieux rejeter du haut de son donjon les plus de 45 ans? Dans les sphères de l’information et de la communication, les relations avec les jeunes tradui- sent ce monde hostile et difficile entre démagogie et jeunisme. Ils sont conscients que les adultes les épient, rêvent de les copier et de s’approprier leurs codes, les courtisent pour les influencer, les manipuler… et finalement les mépriser. Certes, les jeunes maîtrisent les tech- nologies emblématiques de l’ère nouvelle, mais ces nouveaux outils de communication ne leur permettent pas de défier le réel. La jeunesse, maladie de génération Pourquoi la parole publique résonne-t-elle souvent comme une illusion, voire une impos- ture, quand elle s’adresse aux jeunes ? Par préjugé ? Par crainte de leur émancipation ? Par peur de perdre sa position ? Et pourquoi les médias « traditionnels » semblent-ils participer à cette prévention – cette psychose collective ?– qui génère l’exclusion ? Pourquoi en Fran- ce le mot « jeune » est-il si souvent synonyme de « menace » ? Toute communication qui se veut efficace est basée sur la relation, elle passe par la confiance. Jamais les jeunes n’ont autant eu accès à l’information, jamais ils n’ont eu ce sentiment d’avoir aussi peu d’espaces d’expression face à des adultes qui font semblant de les écouter. « Il faut que jeunesse se passe… », mais aujourd’hui, elle se lasse… et se casse. Confiance, expression, écoute… les institutions pansent les plaies en permanence, à défaut d’accepter que les jeunes pensent leur avenir. Sans confiance, pas d’estime de soi, clé de la réussite. La jeunesse est la maladie d’une société qui génère ses symp- tômes. Génère… génération… Katherine Khodorowsky Directrice de la communication du CIDJ Administratrice déléguée de Communication publique Parler aux jeunes Quels codes ? Quels langages ? sommaire Qu’est-ce qu’un jeune au XXI e siècle ? - De l’enfance à la jeunesse : les codes évoluent - Génération Y, un monde inter- générationnel et interculturel Les jeunes ont-ils une langue ? Les jeunes, acteurs impliqués du monde de l’information Le téléphone, compagnon intime Internet, réseaux sociaux : la société de l’écran - L’impact du digital sur le comportement réel - Bilan de la première « génération numérique » À l’assaut des médias traditionnels - La radio en direct, la télévision en différé - Qu’est-ce qu’une émission de radio pour les jeunes ? Campagnes publiques : quel ton, quel langage ? - Comment parler de prévention, de santé, d’addiction ? - Les jeunes et la sécurité routière - Communiquer auprès des jeunes handicapés Quelle parole publique pour les jeunes ? - La communication publique : en phase avec la génération Y - La Défense sur Facebook : @ la conquête de la e-jeunesse - Un désintérêt pour les institu- tions mais… L’écoute active, spécificité de l’Information Jeunesse Les jeunes dans l’entreprise : autre culture, autre management Bibliographie 2 4 5 6 8 10 11 14 19 20 22 XP Les Cahiers N°3 OK_XP 24 P DICA N°133 OK 31/05/11 15:09 Page1

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N°3 juin 2011

La société française a mal à sa jeunesse. En aurait-elle peur ? Et si elle s’imaginaitque ses jeunes sont dangereux parce qu’ils sont en danger ? Et si elle les rendaitcoupables parce qu’ils sont victimes ? Peut-être cette dramatisation a-t-elle pourpoint de départ l’angoisse des parents quant à l’avenir de leurs enfants. Mais

pourquoi les médias, les politiques et les institutions semblent-ils ne parler des jeunes qu’entermes de problèmes, comme pour mieux justifier la possibilité de les mettre sous tutelle ?En mai 68, le sociologue Michel Crozier parlait déjà de société bloquée. Aujourd’hui encore-pour les jeunes, la quête d’autonomie s’assimile à l’escalade d’une forteresse dont les ponts-levisse lèvent à leur approche … pour mieux rejeter du haut de son donjon les plus de 45 ans ?Dans les sphères de l’information et de la communication, les relations avec les jeunes tradui-sent ce monde hostile et difficile entre démagogie et jeunisme. Ils sont conscients que lesadultes les épient, rêvent de les copier et de s’approprier leurs codes, les courtisent pour lesinfluencer, les manipuler… et finalement les mépriser. Certes, les jeunes maîtrisent les tech-nologies emblématiques de l’ère nouvelle, mais ces nouveaux outils de communication neleur permettent pas de défier le réel.

La jeunesse, maladie de génération Pourquoi la parole publique résonne-t-elle souvent comme une illusion, voire une impos-ture, quand elle s’adresse aux jeunes ? Par préjugé ? Par crainte de leur émancipation ? Parpeur de perdre sa position ? Et pourquoi les médias « traditionnels » semblent-ils participerà cette prévention – cette psychose collective ?– qui génère l’exclusion ? Pourquoi en Fran-ce le mot « jeune » est-il si souvent synonyme de « menace » ?Toute communication qui se veut efficace est basée sur la relation, elle passe par laconfiance. Jamais les jeunes n’ont autant eu accès à l’information, jamais ils n’ont eu cesentiment d’avoir aussi peu d’espaces d’expression face à des adultes qui font semblant deles écouter. « Il faut que jeunesse se passe… », mais aujourd’hui, elle se lasse… et se casse. Confiance, expression, écoute… les institutions pansent les plaies en permanence, àdéfaut d’accepter que les jeunes pensent leur avenir. Sans confiance, pas d’estime desoi, clé de la réussite. La jeunesse est la maladie d’une société qui génère ses symp-tômes. Génère… génération…

Katherine KhodorowskyDirectrice de la communication du CIDJAdministratrice déléguée de Communication publique

Parler aux jeunesQuels codes ?Quels langages ?

sommaire

Qu’est-ce qu’un jeune au XXIe siècle ?- De l’enfance à la jeunesse :

les codes évoluent - Génération Y, un monde inter-

générationnel et interculturel

Les jeunes ont-ils une langue ?

Les jeunes, acteurs impliquésdu monde de l’information

Le téléphone, compagnon intime

Internet, réseaux sociaux : la société de l’écran- L’impact du digital sur le

comportement réel- Bilan de la première

« génération numérique »

À l’assaut des médias traditionnels- La radio en direct, la télévision

en différé- Qu’est-ce qu’une émission de

radio pour les jeunes ?

Campagnes publiques : quel ton, quel langage ?- Comment parler de prévention,

de santé, d’addiction ? - Les jeunes et la sécurité routière- Communiquer auprès des

jeunes handicapés

Quelle parole publique pour les jeunes ?- La communication publique :

en phase avec la génération Y- La Défense sur Facebook :

@ la conquête de la e-jeunesse- Un désintérêt pour les institu-

tions mais… L’écoute active, spécificité del’Information Jeunesse

Les jeunes dans l’entreprise :autre culture, autremanagement

Bibliographie

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2 - Juin 2011

Qu’est-ce qu’un jeune au XXIe siècle ?

Katherine Khodorowsky- Historienne et juriste de for-

mation, scrute en permanen-ce l’évolution sociologique dela vie quotidienne au contactdes publics, et des jeunes enparticulier

- Depuis 1980, travaille au ser-vice des collectivités localeset des institutions publiques,dans les sphères culturelleset de la jeunesse

- Depuis 1994, directrice de lacommunication du CIDJ –Centre d’Information et deDocumentation Jeunesse – àParis

- Administratrice déléguée del’association Communicationpublique

l 2004 - a animé le Cercle deréflexion «Enfance, jeunesse etcitoyenneté » sur le thème :« Quels sujets, quelslangages, quels médias, pourun dialogue entre les institu-tions publiques et les jeunescitoyens ? »

- Commissaire générale denombreux colloques sur lesproblématiques de la jeunes-se, dont :

l 2005 - « Parler aux jeunes,avec les jeunes : institutionspubliques et futurs citoyens,quel dialogue, quelles rela-tions ? »l 2007 - « T’es Pas Cap ! » :450 collégiens de « zones sen-sibles » ont témoigné de leurinsertion citoyenne grâce authéâtrel 2009 - « Autonomie desjeunes : quelle information,quel accompagnement ? »l 2010 - « Communication etinformation des jeunes :quels codes, quels lan-gages ? »l 2011 - « Choisir un métier :quelle information, quelaccompagnement pour uneorientation choisie ? »(Novembre)

De l’enfance à la jeunesse : des codes qui évoluentKatherine Khodorowsky

En commençant à travailler à 14 ans, à la ferme ou à l’usine, nos grands-pères sont pas-sés directement du monde de l’enfance à celui des adultes. Il faut attendre les années1950 pour que la jeunesse devienne une catégorie d’âge. Le dictionnaire Robert la défi-nit alors comme « le temps de la vie entre l’enfance et la maturité ». C’est cet âge de lavie au sortir de l’enfance qui induit des comportements et des modes de pensée caracté-ristiques. La génération du baby-boom est la première à bénéficier d’une scolarisationplus longue (jusqu’à 16 ans, 18 ans, voire 22 ans), créant une nouvelle « civilisation de lajeunesse » qui se nourrit de ses apprentissages sentimentaux, sociaux ou professionnels.Contre la culture dite classique (grande littérature, musique classique, peinture desmusées nationaux…), la « contre-culture » apparaît à partir de Mai 68 comme un sym-bole (musiques spécifiques, BD, langage corporel…) qui dépasse le clivage de l’originesociale.

Une jeunesse pluriellePour Pierre Bourdieu, « La jeunesse n’est qu’un mot », en tous cas pas une catégorie socialehomogène dans ses attitudes comme dans ses comportements. « Les divisions entre les âges sontarbitraires ». Comment accepter qu’on parle « des jeunes » ? Parle-t-on « des adultes », engénéral ? Comment imaginer qu’un collectif soit homogène pour extrapoler toutes les généra-lités ? La jeunesse est plurielle selon sa condition sociale, économique et culturelle, que lasociété divise en appellations d’origine contrôlée : jeunes de banlieue (au lieu des jeunes quivivent dans des banlieues), jeunes chômeurs… Il n’existe pas UNE jeunesse mais DES jeunes,qui appartiennent à autant de communautés qu’ils ont de centres d’intérêt.

Des critères de définition en pleine évolutionLa définition des jeunes a longtemps reposé sur des critères que l’évolution de la société aaujourd’hui remis en cause : - La puberté plus précoce connaît des disparités d’âge entre les garçons et les filles, et selon

l’origine des flux migratoires.- Le changement du statut social lié à l’entrée dans la vie professionnelle est de plus en plus

retardé, souvent vers 25 ans.- Les codes culturels commencent dès la petite enfance : vêtements, idoles…- La confusion des âges entretient une confusion des générations : les jeunes mères adoptent

les codes juvéniles, certaines crises de l’âge adulte cristallisent une adolescence prolongée, laretraite anticipée n’est pas synonyme de vieillesse… Plus les parents jouent avec les codes del’enfance, plus les jeunes recherchent les codes de l’âge adulte… sans en avoir la maturité.

- Les jeunes adultes sont coincés chez papa-maman faute d’emploi. Mais le syndrome de PeterPan n’est-il pas un refus de grandir face à un futur anxiogène ?

- La disparition des rites de passage (Première puis Seconde Communion, service militaire,baccalauréat…) rend moins clairs les seuils d’entrée dans les classes d’âge. Les jeunes ontinventé leurs nouveaux rites « pas sages » autour des premières fois : premier téléphone por-table, première cigarette, premier « pétard » ou première « cuite » lors des soirées, premier jeuà risque (jeu du foulard), violences collectives…

L’âge n’est plus une norme sociale mais dépend des parcours individuels.

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Génération Y : un monde intergénérationnel et interculturel Benjamin Chaminade

En France, la « Génération Y » est un groupe de 13 millions de personnes. Nés entre1978 et 1994 - selon les sociologues - ses membres représentent 20% de la populationfrançaise. Ils sont plus nombreux et plus écoutés que la génération précédente, la « Géné-ration X ». Mais attention, réduire la Génération Y uniquement à des « jeunes » dont lecomportement se résume à cette jeunesse et penser que « ça leur passera » dès qu’ilsauront un appartement à payer et des enfants à élever serait se tromper aussi lourdementque de penser qu’Internet est un outil que l’on débranche au gré de ses besoins,ou que les « nouveaux » comportements ne concernent que les diplômés.

Si cette génération est définie par une empreinte démographique sur la pyramide des âges, elles’en est affranchie pour devenir une véritable culture dont l’état d’esprit se partage avec lesmembres des autres générations.

Un monde différent pour vous mais le seul que nous connaissionsÊtre jeune en 2011, c’est d’abord arriver dans le monde au moment où notre civilisation est à lacroisée des chemins. C’est avoir conscience que notre monde est malade, que la différence estune chance, que la crise n’est pas qu’économique et que les technologies deviennent « sociales ». Être jeune en 2011, c’est voir les conséquences inattendues de cette prise de conscience moraleet technologique dans l’éducation, l’apprentissage, les comportements, les institutions, lesentreprises, la hiérarchie des âges, etc. Et il va falloir passer le mot : le monde pré-Google est en train de disparaître, les réponses denos parents ne sont plus nos réponses d’aujourd’hui. Éducation, management, carrière, sens, cen’est plus l’heure du copier-coller et des réponses toutes faites. Il va falloir participer à l’inven-tion de nouveaux modèles, crédibles, durables et humains : ne pas adhérer mais co-créer !

Un monde intergénérationnel et surtout, interculturel Changer le monde n’est plus l’apanage des rêveurs mais de tous. S’engager dans le mouvementdemande d’abord de savoir s’il est possible de gagner sa vie en changeant les choses tout enassurant un réel équilibre vie privée-vie professionnelle. Après l’émancipation de nos parents(années 1960) et la recherche du confort de nos frères et sœurs (années 1980), nous sommesentrés dans l’ère de l’épanouissement personnel construit sur la libre expression de nos émo-tions, l’affirmation de notre différence, la quête de sens, l’équilibre entre raison et émotions, etle respect de l’autre.

Le monde de 2011 ne concerne donc pas que les jeunes ! Ce n’est pas un autre paragraphe quicommence mais bien un nouveau chapitre. Pour tous. Un nouveau chapitre où les plus jeunespeuvent apprendre aux plus anciens ; où un avenir excitant nous attend toujours après 50 ans ;où les plus jeunes savent qu’ils suivent d’autres générations avec lesquelles ils peuvent compter ;où virtuellement toute personne ayant accès à Internet peut partager sa vie, ses rêves et sesespoirs ; un nouveau chapitre dans lequel le sens vaut rémunération.

La question n’est donc pas de savoir quelles sont les spécificités de notre génération ni de savoirsi nous sommes plus conscients de l’environnement, plus connectés ou plus intelligents que lesautres générations. L’enjeu de 2011 est d’échanger sur les nouvelles voies que nous pourrionssuivre ensemble : pour prendre en charge nos responsabilités par rapport à la planète, auxhommes et femmes qui y vivent, tout en répondant à notre quête individuelle de sens pourréussir le développement durable de notre avenir collectif.

Benjamin Chaminade- Expert international franco-

australien spécialisé en« talent management » et enprospective RH, managementet marketing.

- Est surtout connu en Francepour avoir parlé le premier duconcept de « culture Y »,associée à la « Génération Y »(1978-1994).

- Assiste les PME, les grandesorganisations françaises etinternationales pour faire évo-luer leurs pratiques de gestiondes talents, de managementet  de marketing liés aux nou-veaux paradigmes du web etdes comportements.

La jeunesse n’est pasune période de la vie,elle est un état d’esprit,un effet de la volonté,une qualité del’imagination, uneintensité émotive, unevictoire du courage surla timidité, du goût del’aventure sur l’amourdu confort. Vousresterez jeune tant quevous resterez réceptif àce qui est beau, bon etgrand, réceptif auxmessages de la nature,de l’homme et del’infini.Si un jour, votre cœurdevait être mordu parle pessimisme et rongépar le cynisme, puisseDieu avoir pitié de votreâme de vieillard.

Général DouglasMacArthur - 1945

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Les jeunes ont-ils une langue ? Katherine Khodorowsky

Si utiliser leurs mots et leurs codes peut sembler efficace pour entrer dans leur imaginai-re, le message s’autodétruit dans la bouche d’un adulte qui veut faire « d’jeun’ ». Plus lesadultes essaieront de « parler jeune », plus les jeunes vont différencier leur langage pourles fuir.

Trois principaux mécanismes de linguistique permettent de décrypter le vocabulaire des banlieues - Le verlan, qui consiste à inverser les syllabes. Ex : relou au lieu de lourd.- L’apocope, qui consiste à tronquer la fin d’un mot pour renforcer son impact. Ex : biz pourbusiness, photo pour photographie.- L’aphérèse, qui consiste à couper le début d’un mot pour en obscurcir la signification. Ex :caille pour racaille, dic pour indic.A ces mécanismes se rajoutent les emprunts aux langues étrangères. Curieusement, les jeunesnourris au Coca-Cola©, au MacDo© et autre Nike© s’inspirent rarement du vocabulaire amé-ricain. Les enfants d’immigrés gardent en mémoire ou de leur retour au pays, des mots qu’ilsreformulent dans la langue française. Par exemple, le kif est le terme arabe désignant le tabac àpriser. Au Maghreb, on dit se faire un kif. Le verbe kiffer n’existe pas en français mais s’imposeaujourd’hui chez les jeunes. Qui a eu l’idée de le conjuguer une première fois ?

Une valeur, deux fondementsLaissons aux jeunes leurs langages spécifiques (SMS, tchatche…), riches de métaphores maisaussi sources d’exclusion et de ghettos linguistiques. Les spécialistes du management de la« génération Y » en entreprise l’ont compris : « Le défi consiste à gagner leur estime, car ils nerespectent pas la hiérarchie, mais l’expertise. A partir de là s’instaure un climat de confiance et ilsmettent au service de l’entreprise toute leur débrouillardise, en s’appuyant sur leurs réseaux exté-rieurs ». (Laurence Bret-Stern - Directrice Marketing EMEA de Linked In - Stratégies n° 1628du 7/4/2011)Plutôt que de singer les langues des jeunes, une communication efficace peut se résumer enune valeur : le respect ! C’est la valeur véhiculée, réclamée, clamée par les jeunes, celle quifonde l’harmonie et la cohésion de leur culture. C’est leur revendication pour exister ou êtrereconnu, ce qui impose le vouvoiement. Deux fondements consolideront les messages publics :- le fondement d’un pacte sociétal : chacun a sa place/chacun à sa place,- le fondement d’une société horizontale : la loi des frères rend légitime la parole réciproque.

4 - Juin 2011

Origine du mot : slam signi-fie claquer –  slam thedoor  : claquer la porteEn argot américain :la claque, l’impact Date de naissance :les années 1980Lieu de naissance :ChicagoFondateur : Marc Smith,ouvrier dans le bâtiment etécrivainHistoire : met en place desjoutes oratoires dans unclub de jazz, afin de donnerun nouveau souffle auxscènes de poésie en y fai-sant participer le public. Leslam est et mouvementd’expression populaireDéfinitions : une poésieorale qui engage la voix et lecorps, au sens grec poein –faire, créer –, qui part de cequi est vécu personnelle-ment, par tout un chacun, etqui se rapporte au « vivreensemble »Esprit : il s’agit d’attraperl’auditeur par le col et de le« claquer » avec les motspour le secouer, l’émouvoirRéalité : l’art du slam tientde la balistique : c’est l’artdes trajectoires, des effets,du visé juste

D’après le rapport d’analyse deLa Poste – Mars 2010 «  Leslam : une poésie balistique »

“ Il n’existe pas delangage spécifique auxjeunes, mais des lan-gages de générations.

Alain Rey

“ Le slam est unattentat verbal.

Grand Corps Malade

Le « parler » de banlieue a-t-il une fonction sociale ?Si je parle ainsi et si l’autre parle de manière identique, l’identification au même groupe socialest immédiate. L’usage de ce vocabulaire est donc avant tout un signe de reconnaissance. Ensecond lieu, il a une fonction cryptique. Ces jeunes, qui se sentent exclus, répondent à cetteexclusion en forgeant leur propre lexique. Chaque nouveau mot doit être incompréhensible pourle plus grand nombre, les parents, la police, les bourgeois et tous ceux qu’ils considèrent commehors de leur groupe. D’ailleurs, dès que le mot passe dans l’usage général, il est vite remplacé.L’exemple le plus caractéristique est celui de Beur, verlan d’Arabe qui s’est de nouveau « verlani-sé » sous la forme de « Reubeu ». Depuis, il a été remplacé par « Seconde G », abréviation deSeconde Génération ! Mais là, il est devenu compréhensible. Alors, les jeunes ont mis un nou-veau tour de clef en créant « Seconde èje ». (Extrait de l’interview d’Henriette Walter, lin-guiste et historienne de la langue française - « Tchatche de banlieue »)

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Les jeunes, acteurs impliqués du monde de l’information Etude de l’Observatoire de la confiance de La PosteEmilie Moreira

Les 15-25 ans, des êtres médiatiques Les jeunes d’aujourd’hui sont, au sens fort, des êtres médiatiques, comme on dit qu’un pois-son est un être aquatique. L’information est pour 73 % d’entre eux comme un flot permanentdans lequel ils vivent. Cet environnement médiatique, ils l’habitent, autant que celui-ci leshabite : ils gèrent leur image, transmettent et construisent de l’information… L’enjeu estmoins pour eux d’accéder aux flux que de parvenir à nager au sein de ce bain d’informations.Pour 86 % d’entre eux, ce qui compte avant tout, c’est de construire leur propre point de vue.

De nouvelles pratiques médiatiques Or, ceci passe par la déconstruction du modèle emblématique porté par les grands médias(dont 79 % des jeunes se méfient). Si la télévision reste pour 42 % d’entre eux le média leplus utilisé pour s’informer et, pour tous, le lieu de production des repères communs, elle estaccusée d’entretenir des liens trop étroits avec les pouvoirs politiques et financiers, et de pro-poser une information incomplète, orientée et dramatisée. Quant à la presse écrite tradition-nelle, l’emprise du point de vue du journaliste, doublée de celle du journal entre en divergen-ce radicale avec deux préoccupations majeures des jeunes: disjoindre autant que possible lesfaits de leur interprétation et ne pas déléguer la construction de leur point de vue.Prenant appui sur Internet et les nouvelles offres médiatiques (chaînes et sites d’informations,débats-radio, gratuits...), les jeunes valorisent de plus en plus fortement : - des séries d’informations brutes, bien plus qu’à l’information orientée par le point de vue

du journaliste : AFP, chaînes d’info, pages d’accueil… ;- la multiplicité des points de vue (pas seulement ceux des émetteurs autorisés mais d’autres

dans lesquels ils se reconnaissent davantage) et à leur propre participation à la productionde l’information ;

- la neutralisation de l’impact émotionnel de l’information en optant pour la factualité oubien le traitement ironique (zapping, Youtube, Facebook) ;

- la circulation à travers un bouquet de médias, composé à leur guise, pour ne pas être sou-mis à une seule source d’information.

Cette activité de démontage/remontage médiatique, loin d’être solitaire, alimente et se nourritde multiples échanges sociaux. Les conversations sur Facebook, dans le groupe d’amis et enmilieu professionnel, constituent autant d’occasions de forger leur point de vue, en testant deshypothèses auprès de ceux en qui ils ont confiance.

Une dynamique d’inventivité culturelleCette dynamique qui affecte les pratiques médiatiques des jeunes, ne résulte pas du seul déve-loppement technologique. Ce que les 15-25 ans font du développement technologique,répond à une nécessité culturelle. Dans un monde incertain et sans perspective, dans l’impos-sibilité de prendre appui sur les institutions pour établir une relation de confiance dans lemonde, les 15-25 ans prennent en charge, par eux-mêmes, la fiabilisation de leur rapport aumonde.C’est dans cette optique qu’il faut replacer cette activité intense qu’ils développent au sein etavec les médias, et qui leur permet de faire face au monde, de se déterminer et être sujet deleur histoire, dans l’histoire en cours.

Juin 2011 - 5

L’Observatoire de laConfiance de La Postemène depuis 2008 desétudes approfondies sur les15-25 ans. La quatrièmevague de l’Indice deConfiance des Jeunes (jan-vier 2011) analyse le rap-port qu’entretient la jeunegénération avec les médias. Pour découvrir tous lesrésultats, rendez-vous surwww.faitesnousconfiance.fr

“ La confusionentre l’époque et la« jeunesse » est fré-quente, tout simplementparce que l’adoptiondes pratiques est plusrapide chez la nouvellegénération. De là à yvoir une différence denature, c’est un pas quetrop ont franchi.Les jeunes ne sont pas« jeunes », ils sont laphoto la plus préciseque nous puissionsavoir des effets d’uneépoque sur des êtreshumains.

Pierre Bellanger, PDGfondateur de la radio Sky-

rock - « La jeunesse : unmythe dépassé » - 2010

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Le téléphone, compagnon intime

76 % des 12-17 ans en sont équipés. C’est dire que le téléphone symbolise le rite de passa-ge à l’adolescence. Le mobile est un élément de valorisation de leur identité, mais aussid’échange au sein de leurs groupes de copains. Le mobile, c’est le compagnon complice quiparle au creux de sa main. Il ne se prête pas. De la personnalisation (coque, sonnerie, logos) àl’envoi de plusieurs SMS par jour, il est à la fois un miroir et une scène qui permettent auxjeunes de vivre l’immédiateté des potentialités à saisir. Le SMS s’est imposé en l’espace dequelques années comme le média privilégié de proximité, d’impulsion et de mobilisation, pourcréer un lien, faire réagir… mais aussi faire connaître à la dernière minute le lieu de la fête.C’est un message qui incite toujours à l’action. Ceux qu’au Japon on appelle «  la tribu dupouce », ceux que Michel Serres appelle « Petite Poucette et Petit Poucet » rédigent des SMSde plusieurs lignes à la vitesse de l’éclair… comme s’ils l’avaient toujours fait. Mais ils l’onttoujours fait !

6 - Juin 2011

Allo, j’ai mal … au bout du fil Brigitte Cadéac

« Bonjour, j’ai un problème, je peux en parler ? », « J’ai eu un rapport non protégé avecmon copain et je ne sais pas quoi faire », « Ça va pas… mais je ne sais pas comment vousle dire »…Fil Santé Jeunes est une ligne téléphonique destinée aux jeunes qui souhaitent ou ontbesoin de parler de leur santé. Des médecins, des psychologues et des conseillères conju-gales et familiales sont à leur écoute, à l’autre bout du fil.

Fil Santé Jeunes, c’est quoi ?Après les mouvements de masse de lycéens en 1994, le Premier ministre sollicite une consul-tation nationale des jeunes sous la forme d’un questionnaire écrit. De cette consultationémerge une demande forte : « Trouver une écoute individualisée en matière de santé ». Lacréation d’une ligne téléphonique réservée aux jeunes est alors proposée. L’idée d’un serviceoù appeler sans être malade, sans devoir mettre en avant un symptôme s’impose. La ligne«Fil Santé Jeunes», dotée d’un numéro vert, aujourd’hui le 32 24, ouvre le 1er février 1995.Elle est anonyme, s’adresse aux adolescents et jeunes adultes, tous les jours de l’année de 8hà minuit, gratuitement d’un téléphone fixe. Depuis 2001, le site www.filsantejeunes.com lacomplète.

La rencontre au téléphoneElle a lieu d’emblée, sans préliminaires… Le téléphone permet, paradoxalement, la proxi-mité physique entre l’appelant et l’écoutant : on ne se voit pas mais la voix de l’autre, sonsouffle également, résonnent dans le creux de l’oreille. Il s’agit d’une relation intime, danslaquelle les fantasmes se mêlent aux mots pour donner corps à la voix. Chaque intonation,silence et vibration sont autant « d’indices » pour personnaliser son interlocuteur et ressentirson état émotionnel.Le temps d’une rencontre au téléphone n’est pas celui d’une rencontre en face-à-face. Unappel est bref, il n’a lieu qu’une fois. Dans ce cadre-là, on se rencontre vite. On se parle viteaussi. Anonyme et protégé du regard, la prise de parole au téléphone est facilitée : onpeut oser dire, en avançant masqué, parce qu’on se sent rassuré. En dehors de la voix, ce sontles mots qui constituent seuls le lien à l’autre. Il n’y a pas d’artifice, pas de geste pour aider soninterlocuteur à mieux comprendre de quoi il s’agit. Les mots de chacun doivent être exprimésavec précision, ils sont déversés souvent « comme ils viennent », parfois crûment.

Brigitte Cadéac- Responsable des plateaux de

téléphonie sanitaire et socialeà l’Ecole des Parents et desEducateurs d’Ile-de-France,en particulier Inter-Service-Parents, Fil Santé Jeunes,Jeunes Violences Ecoute.

- Conseillère conjugale etfamiliale.

- Spécialisée en santé del’adolescent, le terme santéincluant tout autant la santéphysique que mentale.

Fil Santé Jeunes, c’est :- 685 appels traités - 2 307 visites sur le siteInternet chaque jour(2009).

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Juin 2011 - 7

Ils sont formatés par les médias, diffusés par des adultes quiont méticuleusement détruit leur faculté d’attention en rédui-sant la durée des images à sept secondes et le temps des

réponses aux questions à quinze secondes, chiffres officiels  ;dont le mot le plus répété est « mort » et l’image la plus reprisecelle des cadavres. Dès l’âge de douze ans, ces adultes-là lesforcèrent à voir plus de vingt mille meurtres.

- Ils sont formatés par la publicité  ; comment peut-on leurapprendre que le mot relais, en français s’écrit -ais, alors qu’ilest affiché dans toutes les gares -ay ? Comment peut-on leurapprendre le système métrique, quand, le plus bêtement dumonde, la SNCF leur fourgue des s’miles ?

Nous, adultes, avons doublé notre société du spectacle d’unesociété pédagogique dont la concurrence écrasante, vaniteuse-ment inculte, éclipse l’école et l’université. Pour le tempsd’écoute et de vision, la séduction et l’importance, les médiasse sont saisis depuis longtemps de la fonction d’enseignement.Les enseignants sont devenus les moins entendus de ces insti-tuteurs. Critiqués, méprisés, vilipendés, puisque mal payés.

- Ils habitent donc le virtuel. Les sciences cognitives montrentque l’usage de la toile, lecture ou écriture au pouce des mes-sages, consultation de Wikipedia ou de Facebook, n’excitentpas les mêmes neurones ni les mêmes zones corticales quel’usage du livre, de l’ardoise ou du cahier. Ils peuvent manipuler

plusieurs informations à la fois. Ils ne connaissent ni n’intègrentni ne synthétisent comme leurs ascendants. Ils n’ont plus la même tête.

- Par téléphone cellulaire, ils accèdent à toutes personnes ; parGPS, en tous lieux ; par la toile, à tout le savoir ; ils hantent doncun espace topologique de voisinages, alors que nous habitionsun espace métrique, référé par des distances.Ils n’habitent plus le même espace.

Il ou elle écrit autrement. Pour l’observer, avec admiration,envoyer des SMS avec les deux pouces, je les ai baptisés, avecla plus grande tendresse que puisse exprimer un grand-père,Petite Poucette et Petit Poucet.

… voici des jeunes gens auxquels nous prétendons dispenserde l’enseignement, au sein de cadres datant d’un âge qu’ils nereconnaissent plus  : bâtiments, cours de récréation, salles declasse, bancs, tables, amphithéâtres, campus, bibliothèques,laboratoires même, j’allais même dire savoirs… cadres datantd’un âge et adaptés à une ère où les hommes et le mondeétaient ce qu’ils ne sont plus. De même donc que la pédagogiefut inventée par les Grecs, au moment de l’invention et de lapropagation de l’écriture ; de même qu’elle se transforma quandémergea l’imprimerie, à la Renaissance ; de même, la pédago-gie change totalement avec les nouvelles technologies.

Qui se présente, aujourd’hui, à l’école, au collège, au lycée, à l’université ?Extraits du discours de Michel Serres, de l’Académie française - Institut de France -Séance solennelle du 1er mars 2011- « Les nouveaux défis de l’éducation ».

Vers un ailleursLe téléphone permet au jeune appelant de tester sa capacité à rencontrer l’Autre, adulte etde surcroît professionnel. Les plaisanteries et scénarios sont, par exemple, des moyens d’expri-mer les angoisses ou désirs inconscients propres à l’adolescence et au bouleversement puber-taire. Ils permettent, brièvement et sur un éventail de modes très varié, d’aborder des problé-matiques centrales, inavouées et fantasmatiques. Avant de pouvoir « dire » et « être » dans saréalité, un adolescent teste la réaction de l’écoutant, s’éprouve dans la confrontation à l’adulte.Ainsi, il trouve des repères et construit peu à peu son identité de jeune adulte.Chaque appel est unique, il a lieu dans l’ici et maintenant : il ne s’agit pas de créer une rela-tion à deux qui ressemblerait à un suivi thérapeutique. Fil Santé Jeunes permet d’accueillir unjeune dans son questionnement ou son mal être, lors d’un moment de doute ou de crise, et del’accompagner, le temps d’un appel, vers un « ailleurs » où il pourra le déposer : un médecin,ses parents, un pair en qui il a confiance, un lieu près de chez lui où il pourra être aidé…L’écoute au téléphone se définit comme un relais dans un processus de demande d’aide.

Ça va pas… mais je nesais pas comment vousle dire… »

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Internet, réseaux sociaux : la société de l’écranKatherine Khodorowsky

Paradoxe des années 1980 : le programme « Informatique pour tous » à l’école a permisl’apprentissage des… parents ! Alors que les enfants réclament un ordinateur à domicilepour s’amuser avec des jeux vidéo, télécharger de la musique ou des films, les parentsvont apprendre à rechercher des informations.Aujourd’hui, 1 enfant sur 2 commence à surfer sur le web à partir de 8 ans.94 % des jeunes de 12 à 17 ans sont équipés d’un ordinateur à la maison : ils passent1 500 heures par an devant les écrans dont 800 heures à l’école. 90 % des adolescentssurfent tous les jours sur la Toile, consultent leurs réseaux sociaux et leurs messageries.

Un rapport au temps modifié Internet a institué une forme de réciprocité et une réactivité entre internautes qui permet unespontanéité, une visibilité et une inventivité qui attirent certains segments de la jeunesse. Lesétudiants ou les plus diplômés l’utilisent comme un tremplin pour l’action collective. Deuxchangements majeurs sont impulsés par ces nouveaux écrans : la prépondérance de l’imagesur le discours et l’instantanéité de l’information qui change le rapport au temps.

Le miroir inversé du monde des adultesL’utilisation quasi-permanente de ses nouveaux écrans permet aux jeunes de se protéger dumonde des adultes : - Les jeux vidéo, violents « pour de faux » qui dédramatisent les actualités à la télévision.- Le jeu des rencontres cachées sur Internet face à l’impudeur généralisée, est facilité avec des

codes respectés.- Les réseaux sociaux brouillent la réalité et la fiction, comme la téléréalité génère de faux héros.- Conscients de leur supériorité dans la maîtrise des nouvelles technologies, les jeunes impo-

sent leur expertise quasi innée à leurs parents… qui ont besoin d’eux pour comprendre !

8 - Juin 2011

L’impact du digital sur le comportement de la jeunegénération dans le réelPar Frédéric Winckler, co-président de l’agence JWT Paris

1- Le culte du « powernow » : La patience moyenne d’un « digital native » sur le web est d’envi-ron 9 secondes. Si cela est possible dans le virtuel, ça devient nécessaire dans le réel.2- La disparition des sources d’autorité traditionnelles : les interdits n’existent que pour êtreremis en cause.3- Le narcissisme et la mise en scène : comment rendre inacceptable par leurs semblables uncomportement inverse à celui qu’on veut faire adopter.4- L’impression de tout savoir avec Internet : une information est plus crédible lorsqu’elle vientd’une communauté « amie » que d’une source traditionnelle d’autorité.5- L’émotion au centre des comportements, des goûts, des choix : le temps passé sur un siteest en moyenne de 56 secondes… le plaisir doit être intense, fort, immédiat.6- L’éloge du raccourci : tout message doit être court, synthétique et « vrai ». On ne ment pas surInternet, car tout se sait.7- La gratuité, le sans-engagement : le la gratuité qui est devenue la norme sur Internet décou-lent les exigences de cette génération : l’expérience sans engagement, la récompense immédiateet l’impossible qui doit devenir réalité.8- Le pouvoir aux mains du « Nous », du groupe : le bouche à oreille version web 2.0 permet dedétruire la réputation d’une marque ou d’une personne sur les réseaux sociaux.

Enquête sociologique sur les comportements des « digital natives » (Septembre 2010)L’intégralité de l’enquête est sur le blog de Frédéric Winckler : lefreddie.posterous.com

“Les enseignants ledisent depuis toujourssans être entendus : lesmeilleurs apprentis desordinateurs sont, d’unepart, les bons élèves,d’autre part, le lotimposant de ceux quiont des difficultésrelationnelles.

Dominique Wolton« Internet et après ? »

éd. Flammarion

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Les réseaux sociaux, bilan de la première génération numérique Denis Muzet

Un individu en accès…Au chapitre des atouts, pour les 18-24 ans, les réseaux sociaux du type Facebook sont bien plusqu’un moyen de communication, une activité de loisirs. Comme la télévision, ils sont lepasse-temps de ceux qui n’ont pas le courage ou l’envie de faire autre chose. Ils favorisent lafutilité des interactions, mais on ne peut s’empêcher de les utiliser. Les réseaux sociaux sontaussi, pour cette génération qui a eu la plus grande ouverture sur l’étranger, un importantfacilitateur de l’hypersocialisation qui caractérise le village global. À ce titre, ils ont remplacéen partie le téléphone ; et ils prennent de plus en plus la place de l’e-mail, en perte de vitessedans tous les domaines, sauf professionnel. Née sous le signe de l’accélération des temps de la vie, la génération numérique cherche àlever tous les obstacles à la communication : adresses, numéros de téléphones et emails nesont que des codes qui permettent de parler in fine à une personne. Avec les réseaux sociaux,l’individu, que ce soit par son nom, un pseudonyme ou un avatar, est en « accès direct », joi-gnable « sans code ». Apparaît ainsi une autre forme de transparence, celle de l’identité virtuelle, nouvel interface àtravers lequel les individus échangent entre eux. Ces échanges promeuvent une société del’oral plutôt que de l’écrit, l’oral étant le vecteur de la communication horizontale, celle quidonne l’illusion du spontané, tandis que l’écrit renvoie à la communication verticale des orga-nisations. La génération numérique utilise les réseaux sociaux comme des plateformesd’échange qui facilitent la diffusion des meilleurs contenus par « recommandations » ou« liens ». Ils sont un outil de bouche-à-oreille. Mais attention : le contenu doit être créatif. Ildoit plaire immédiatement. Rompus au zapping, les 18-24 ans sont très exigeants dans ladéfinition de ce qui mérite d’être partagé ou non : il en va de leur propre e-réputation.

… mais pas question de tout partager !Au chapitre des points faibles, cette génération est parfaitement consciente des risques que lesréseaux sociaux font courir sur la vie privée. Elle les a intériorisés comme une évolutionlogique. Face à la tentation du voyeurisme et à la dérive vers l’exhibitionnisme, elle désap-prouve la prophétie de Mark Zuckerberg – « l’ère de la vie privée est révolue » - et ne se faitguère d’illusions sur la concrétisation du fameux « droit à l’oubli numérique » (Charte Kos-ciusko-Morizet). La protection de l’intimité est pour elle une priorité, d’autant qu’elle craint que la circulationd’informations personnelles aille plus loin encore dans l’avenir et qu’elle n’a pas confiancedans les organisations qui dirigent les réseaux sociaux. Les 18-24 ans ont un rapport singulieravec la notion de partage et celle de transparence. Contrairement à ce qu’on pense souvent, ils font aisément la distinction entre ce qui peut êtrecommuniqué et ce qui ne doit pas l’être, comme ils la font entre « vrais » et « faux » amis(Facebook, Twitter...). Dans le registre de la vie privée, ces utilisateurs « professionnalisés »sont rarement transparents sur ce qui les touche dans leur être, car ils ont bien conscience desdangers de la « publicisation » : loin du « village global », chacun préserve avant tout son « vil-lage gaulois ». Partager, oui. Avec tout le monde, pas forcément. Partager tout, certainementpas !

Juin 2011 - 9

Denis Muzet- Sociologue- Président de l’InstitutMédiascopie

L’enquête « Les mots desréseaux sociaux », réaliséepar l’Institut Médiascopiepour l’agence conseil encommunication d’opinion« Influences », montre quepour les 18-24 ans lesréseaux sociaux sont unesuite logique plus qu’unerévolution. Première généra-tion numérique, pas tout à faitnée avec Internet, mais ayantgrandi avec, elle a découvertces nouveaux outils en tempsréel. Elle est la première àpouvoir en faire un bilan cri-tique.

Partager, oui. Avec tout le monde, pas forcément. Partager tout, certainement pas !

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A l’assaut des médias traditionnelsLa radio en direct, la télévision en différé Avec un taux de 73 %, (Observatoire Ipsos des jeunes de 15-24 ans), la radio est le média leplus écouté en mode convergence par les jeunes, assez logiquement puisque nombre de sta-tions ont un flux sur Internet. Mode habituel de consommation de ce media instantané, ledirect (70 %) domine en radio sur le différé (streaming et podcast). Les radios jeunes (Sky-rock, Fun radio, NRJ…) renvoient à deux centres d’intérêt : la musique et la libre antenne,pour aborder les problèmes des jeunes qui témoignent pour les autres jeunes. En écoutantleur ego et leurs émotions, les radios reconnaissent leurs auditeurs comme les acteurs dumonde de demain. Leurs rêves et leurs envies de magie de grands enfants font l’objet de veillessystématiques sur tous les réseaux. La radio est leur media identitaire, en aucun cas une sourced’informations. Les rares messages utiles et sérieux seront distillés au milieu de futilités etseront d’autant plus efficaces qu’ils seront passés par un jeune dont l’expression, le débit etl’intonation seront naturels pour sa génération.

Pour la télévision, écoutée à 43 % en convergence par les jeunes, c’est le différé en streaming(31%) qui prévaut. Internet et la télévision apparaissent comme complémentaires pour attirerl’attention des 15-24 ans. Les chaînes peuvent ainsi promouvoir leurs émissions en utilisantles nouveaux vecteurs que sont les vidéos en ligne – Facebook, Twitter – et les Blogs. Cettefausse concurrence permet surtout de profiter du don d’ubiquité des jeunes qui, malgré uneconsommation importante d’Internet, ne désertent pas pour autant la télévision qu’ils regar-dent d’un œil… en surfant, en téléphonant et en envoyant des SMS.En Europe, 97 % des foyers ont au moins un poste de télévision, entre 1/3 et 2/3 des enfantsdans leur chambre.Les 18-24ans regardent moins la télévision, (en moyenne 16 heures/semaine) que leurs parents(21h en moyenne pour les Français). Les mises en scène qui sollicitent l’affect, les émotions, lesensationnel les attirent essentiellement. 57 % des 15-30 ans suivent régulièrement les Gui-gnols de l’info sur Canal + (plus les filles que les garçons) et 77 % pensent qu’ils n’exagèrent pasla réalité de la vie politique. Ils savent que la téléréalité est scénarisée, ils l’acceptent. Il n’y a plusde frontière entre le vrai et le faux, entre le réel et la fiction, entre le jeu et les enjeux.

10 - Juin 2011

Cyril Sauvageot – Rédacteur en chef du Mouv’ (35 ans, dont 10 à France Inter )

Quelle ligne éditoriale avez-vous défini pour cette radiodestinée aux jeunes ?Le Mouv’ s’adresse au public des moins de 30 ans à larecherche d’une information de qualité et d’une programmationmusicale ouverte d’esprit. Notre objectif est de favoriser ledébat, la diversité et l’échange des points de vue.

Comment vérifiez-vous la pertinence des thèmes abordés ? Culture, politique, société, environnement, Internet…Tous lesthèmes ont leur place sur le Mouv’. C’est la qualité du traite-ment – reportages, analyses, invités – et le ton général de l’an-tenne qui nous distinguent : ce n’est pas parce qu’on s’adres-se à des jeunes qu’on doit leur parler comme à des bébés.

Comment définissez vous l’ambiance, le style, le langage ?L’ambiance et le langage sont forcément plus cool et détendusque sur les grandes radios généralistes. L’habillage sonore, lamusique, l’humour contribuent à une certaine atmosphère.Mais sur le fond, l’ambition du Mouv’ est de pouvoir s’adresserà n’importe qui. La jeunesse, c’est d’abord un état d’esprit ! 

Qu’est-ce qu’une émission de radio pour les jeunes ?Nadia Bay – Journaliste à Radio Orient

Quelle ligne éditoriale avez-vous défini pour les émissions des-tinées aux jeunes ?Depuis 1982, Radio Orient a pour objectif le rapprochement des dif-férentes communautés de France, avec pour enjeu l’intégration et lacohésion sociale. Les jeunes des troisième et quatrième généra-tions, souvent stigmatisés, sont à la recherche d’une reconnaissan-ce qui passe par la réappropriation de la parole dans l’espacepublic. Sans tomber dans un discours moralisateur ou de victimisa-tion, notre objectif et de permettre à ces jeunes français dits « issusde l’immigration » de vivre en harmonie avec leurs origines. Ils peu-vent témoigner, à travers leur histoire, que cette diversité est unerichesse pour la France, loin des discours conventionnels.

Comment vérifiez-vous la pertinence des thèmes abordés ?Nous faisons régulièrement des sondages, nous étudions lesretours sur le net et le bouche à oreille…

Comment définissez vous l’ambiance, le style, le langage ?Ni manipulation, ni instrumentalisation, parce que les jeunes yseraient sensibles ! S’il faut parler leur langage, utiliser leurs codes,c’est de manière très subtile pour les tirer vers le haut. L’univers desjeunes est fait de spontanéité, de créativité et de rêves.

La radio est leur mediaidentitaire, en aucun cas une sourced’informations.

Ils ne désertent paspour autant la télévisionqu’ils regardent d’unœil… en surfant, en téléphonant et enenvoyant des SMS.

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Campagnes publiques : quel ton, quel langage ?

Comment parler de prévention, de santé, d’addiction ?Katherine Khodorowsky

Comment faire campagne auprès des jeunes quand on parle au nom du gouvernementou d’un service public ? Le soupçon est systématiquement de mise. L’opération de com-munication devient « propagande » et jette immédiatement le discrédit sur la réalitéd’une situation, le bien fondé ou le sérieux du message. D’ailleurs, de quel droit leministère de la Santé ose-t-il (hostile ?) limiter la consommation de chips, de tabac oude barres chocolatées ? Aujourd’hui, des établissements publics ou des agences se substi-tuent régulièrement au ministère théoriquement compétent pour émettre des cam-pagnes plus durables qui souffriront moins d’un rejet a priori des jeunes.

Eduquer sans jamais faire la moraleAlors que leurs parents cherchaient plutôt à résoudre leurs contradictions, les jeunes assumentles leurs : ils décodent, ils savent ce qui est mauvais ou pas bien, et le font en connaissance decause. Le message n’exige pas forcément une forme différente selon l’âge. Il est par contreessentiel d’entrer dans leur psychologie et de comprendre leurs attentes. A une époque oùprime l’instant, la peur du jeune de se sentir « coincé » se traduit par une attirance pourl’éphémère. Reste pour l’adulte à prendre le contrepied en installant une connivence et enproposant une participation dans la durée sous forme de défi, comme par exemple l’écritured’un scénario.L’important est plus dans le message que dans le langage. L’adulte ou l’institution doit rester àsa place et jouer pleinement son rôle au service du jeune citoyen, sans jamais tomber dans ladémagogie du langage « jeune », du discours moralisateur infantilisant ou culpabilisant. Lerespect de la parole et de l’engagement, le goût de l’aventure et de la solidarité, la culture de ladérision et de la connivence voire de la provocation, sont des valeurs sûres. Les styles vont dela relation entre pairs qui souligne la communautarisation, à la provocation dramatique, tra-gique ou humoristique.

Petite revue des mécanismes et des messages modèlesL’humour contre l’alcool : pour modifier les comportements, la comédie du spot publicitai-re à la Molière – « elle corrige les mœurs en riant » – semble être la meilleure langue. « Un verre, ça va, trois verres, bonjour les dégâts » (1984) est devenu un proverbe potache mêmepour les jeunes qui n’étaient pas nés en 1984.« Tu t’es vu quand t’as bu ? » (1992) joue sur le registre de l’humour grinçant et décalé quipasse le mieux auprès de cette génération. Un jeune homme veut jouer un héros mais obtientle contraire du résultat escompté en devenant ridicule. Grâce aux valeurs qui font mouche– l’intégration au groupe et le regard des autres – le score d’impact a été de 86 %. La psychologie dramatique pour la sécurité routière : seule la clé de la psychologie permetd’entrer dans les messages. Pour la Sécurité Routière, savoir qu’un jeune n’a pas peur de sapropre mort est essentiel. On a les meilleures chances de l’interpeller en parlant du risque derester handicapé ou de tuer un copain. Les spots spectaculaires délivrent un discours sanscomplaisance en évoquant la mort… de l’autre.La liberté au service des campagnes anti-tabac ou anti-drogue : si la consommation detabac en France régresse chez les jeunes depuis les années 1990, un tabagisme dur (plus de 10cigarettes par jour) subsiste parmi les collégiens et les lycéens. L’enjeu est donc de retarderl’âge de la première cigarette.« Une cigarette écrasée, c’est un peu de liberté gagnée » (1978) s’est décliné par « On n’a pas besoinde fumer pour s’amuser ni pour séduire » et « Sport et tabac ne font pas bon ménage ».

Juin 2011 - 11

“Une stratégie decommunication sur laprévention qui neprendrait passuffisamment en comptela dimension de laséduction et del’ambivalence de la prisede risques, pourraitentraîner, au moins chezune part des publics-cibles, une certainerésistance auxmessages diffusés, etmême parfois générerdes attitudes contre-productives ».

Marc Shelly, médecin

“Tu t’es vu quand t’as bu ? »

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Une récente campagne de l’INPES (2010) innove en diffusant un manga interactif baptiséAttraction. Le scénario écrit par un grand nom de cette littérature japonaise, Koji Morimoto,plonge les 14-20 ans dans un Tokyo sordide imaginé en 2040.« La drogue c’est de la merde », « Drogue : aidons-les à trouver la force de dire non » (1986) : cesmessages impliquaient la responsabilité familiale, parce que la drogue était un tabou quieffrayait les parents.La campagne contre le cannabis de l’INPES (2005) fait appel à des comédiens qui interprè-tent des verbatim de jeunes, après consultation de leurs chatrooms (forum de discussion surInternet). Le ton « vrai » assure la crédibilité et l’impact.

Une règle demeure : les adultes ne pourront jamais se mettre dans la peau des jeunes pour lespersuader. Conflit de langage ou de génération ? En 1976, Michèle Barzach, alors ministre dela santé, s’est fait interdire par Matignon d’employer le mot « préservatif » à l’AssembléeNationale, dans une intervention sur le thème de la protection contre le sida !

La sécurité routière : être mobilisateur sans devenir moralisateur…ou comment faire la chasse aux mauvaises habitudes avant de les retrouver au volant

Florence Gilbert

La route est la première cause de mortalité chez les jeunes de 15-24 ans. Tout d’abord,en raison de comportements à risques pris au volant suite à des consommations d’alcoolou de psychotropes, particulièrement la nuit et le week-end. En second lieu, du fait deconduites dangereuses lors de l’utilisation de leurs deux-roues motorisés (pas d’équipe-ment de protection ou port inadapté…), machines qui s’avèrent être de plus en plussouvent non-conformes (débridées…). De mauvaises habitudes contre lesquelles onpeut lutter. Mais comment faire prendre conscience aux jeunes qu’elles risquent de lesfaire finir comme de trop nombreux hérissons sur les routes ? Quels sont les moyens deparler aux jeunes pour les sensibiliser à la sécurité routière ?

Trouver les jeunesAvant de pouvoir les sensibiliser, il va falloir les dénicher ! Le secret : les rencontrer sur leurslieux de vie (écoles, universités, soirées en discothèque…). Mais dans un monde où les adoles-cents et les jeunes adultes sont sur-sollicités en permanence sur tous les fronts, comment lesfaire sortir de leurs terriers ?Pour les attirer dans vos filets, il va falloir utiliser toutes les ruses à votre disposition : standattrayant, couleurs éclatantes, banderoles lumineuses… et une communication percutante,comme la campagne « On fait tout pour l’emmerder ! » lancée par Voiture & co. Sans oublierles incontournables goodies et assiettes de bonbons qui feront plier les plus méfiants !Astuce : trouver des partenaires qui vous fourniront des petits cadeaux contre un échangede visibilité…

Quoi leur dire ?Une fois vos jeunes hameçonnés, il faut trouver le bon ton, être mobilisateur mais pas morali-sateur… La solution pour ne pas passer pour l’ancêtre rabat-joie : trouver des jeunes qui par-lent aux jeunes, en utilisant le même langage ! Vous doutez de réussir à trouver des jeunesprêts à s’investir à vos cotés ? Le Baromètre du bénévolat répond simplement : les jeunes veu-lent se sentir utiles, s’épanouir et acquérir de nouvelles compétences. A vous de leur proposerdes actions qui répondent à leurs besoins et qui les motiveront à s’engager avec vous ! Après une formation adéquate sur les questions d’alcool au volant, de consommation de psy-chotropes, de législation, mais aussi de gestion et d’animation d’un stand de prévention, vosjeunes sont prêts à la chasse aux mauvaises habitudes chez leurs pairs… Munis du kit du bon

12 - Juin 2011

Florence Gilbert- Directrice de l’association

Voiture & co- Développe une nouvelle idée

de la mobilité et imagine desactions de prévention poursécuriser les déplacementsfestifs des jeunes

Les 18-24 ans - 9 % de la population- 21% des tués- 22 % des blessésgraves par accidents dela route (automobile etdeux roues)Source : DSCR/fichiers BAAC -2009

“Un verre, ça va, trois verres, bonjour les dégâts.

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préventeur (documentation à obtenir auprès de la Sécurité Routière, de l’INPES, ou autreacteur de prévention ; outils type éthylotests chimiques, lunettes et tapis de simulation d’al-coolémie…) vos jeunes sont parés à partir sur le terrain. La clé de la communication par lespairs : l’identification, qui permet au jeune de ne pas se braquer ! Ainsi, en attisant la curiositéde leurs pairs, les jeunes créent un premier contact et nouent une relation de confiance, d’égalà égal, pour leur faire passer le message qu’ils ont eux-mêmes intégrés… Et le tour est joué !

Auprès des jeunes handicapés :une communication en actionAude de Chavagnac

2006 : Sur l’affiche du film « Paris Je t’aime », un jeune aveugle. Dans l’un des 18 courtsmétrages sur Paris et l’amour, imaginés par 18 grands réalisateurs internationaux, Mel-chior Beslon court à perdre haleine dans les faubourgs du 10ème arrondissement. Ilfraye, du bout de sa canne blanche, le chemin à la ravissante actrice, Nathalie Portmann.En retard, elle risque de rater son audition. Il la sauve …

2010 : La série de spots vidéos « J’en crois pas mes yeux » communique sur le handicapsur un ton novateur. Jérôme Adam et ses complices surprennent, à la fois pour inter-peller et ainsi créer du lien, mais aussi pour qu’en riant ensemble nous apprenions àmieux communiquer. Bien souvent en effet, plus que les maladresses, ce sont les silencesqui blessent…

2010 : Parmi les 100 élèves du master de l’EFAP qui ont planché sur la communicationdu Handicap, certaines des propositions, décalées, font appel au « marketing viral », aux« guérillas »…

De l’action, pas de compassion…Pragmatiques, les jeunes handicapés le sont autant, sinon plus, que les valides : communiquerne peut pas se limiter à des paroles ou à des images… Ainsi, lorsque le CIDJ évoque sesactions menées vers les jeunes handicapés, ils apprécient que la démarche ne se limite pas àune formation pour les comprendre lors de l’accueil, mais aussi à les orienter vers des lieuxaccessibles. Lorsque l’agence PLAN CREATIF milite pour que les salariés handicapés s’impli-quent eux-mêmes au sein du dispositif de communication, c’est encore de l’action. Lorsquel’association J’ACCEDE, avec des collectivités territoriales, recense les établissements acces-sibles et met à la disposition de chacun un outil gratuit qui nourrit un guide collaboratif, c’estencore de l’action.

Faire ensembleEt puis le contact…rien ne vaut une vraie explication, un échange… Lorsque l’UNAPEIlance « Investir la Cité pour devenir visible », partout en France, jeunes et moins jeunes vontsur la voie publique à la rencontre des Français pour les sensibiliser. Résultat : plus de 5 000signatures recueillies en une journée ! Et la campagne va s’intituler « Ensemble pour tous »…ainsi TADEO qui mutualise la communication à l’occasion de chaque promotion d’une per-sonne mal entendante… et on en parle.

Parler vrai« Le pipeau, il y en a marre. Donnez nous du concret… soyez moins séducteurs, et n’essayez pas denous récupérer, parlez-nous de ce vous faites, de ce vous nous permettez de faire grâce à vous, maissurtout, avec vous… » c’est ce qui ressort in fine des enquêtes. En cette matière, le savoir faireva avec le savoir dire.

Juin 2011 - 13

Aude de Chavagnac- Membre du Conseil National

du Handicap- Administrateur délégué de

Communication publique

Placez une personnevalide dans un lieuinaccessible... vous enfaites une personnehandicapée ; placezune personne handica-pée dans un lieu adap-té, elle devient une per-sonne valide ».

Louis-Pierre Grosbois,architecte

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Quelle parole publique pour les jeunes ?

La communication publique : un enseignement en phase avec la génération YLaurence Roux Vice-présidente de Communication publique (2008-2011)

D’après les études qui leur sont consacrées, les jeunes de la « génération Y », nés dans lesannées 85-90, cultivent une méfiance à l’égard des institutions. Ils sont plus autonomeset moins dans le « collectif ». Ils sont mus par le désir d’être utiles socialement et peumotivés par un engagement dans un parti politique. Complètement interconnectés, éle-vés au numérique et à l’information instantanée, comment perçoivent-ils la communica-tion institutionnelle des pouvoirs publics ? Sont-ils concernés par une communicationqui s’inscrit dans la durée et qui exige rigueur et éthique ?Au fil de l’enseignement, les étudiants découvrent avec un intérêt croissant que lesenjeux de la communication publique sont en phase avec les valeurs des jeunes.

Expliquer le fonctionnement de l’EtatPour comprendre la communication des institutions publiques, il est nécessaire de connaîtrele fonctionnement de l’Etat, la décentralisation, la déconcentration, les entreprisespubliques, les corps intermédiaires… Il faut constater que trop d’étudiants n’ont pas reçu aucours de leur cursus scolaire un minimum d’enseignement sur l’Etat et son organisation.Dans ce contexte, il est indispensable d’expliquer les principes et les normes publiques, auniveau central et local, et de présenter les différentes entités – administrations, institutions,entreprises publiques – qui sont les acteurs de cette communication. Un des moyens les plusefficaces de faire comprendre est de solliciter les témoignages des professionnels de la com-munication publique. Qu’il s’agisse d’illustrer la dialectique Gouverner/communiquer, de cla-rifier la distinction entre communication publique et communication politique, de concréti-ser la décentralisation par la communication de proximité, ou de montrer comment lacommunication de la sécurité routière a changé ses codes au fil des ans, la rencontre avec desresponsables de communication d’institutions publiques ou avec les experts des agencesconseil montrent que l’intérêt général et le civisme peuvent être des moteurs et des enjeuxprofessionnels puissants et attractifs.

L’intérêt général fait sensCar la notion d’intérêt général est également au cœur de cet enseignement. Sensibles à l’enga-gement citoyen, les étudiants sont réceptifs à l’idée selon laquelle la communication publiqueest au service de l’intérêt général et qu’elle constitue un service public en elle même. Ses objec-tifs – établir la confiance entre les citoyens et les pouvoirs publics, fortifier les liens sociaux –sont les éléments d’une communication vertueuse qu’ils apprécient particulièrement. Cepositionnement « fait sens » pour eux. C’est également un moyen de leur faire découvrir lesprincipes de la vie publique en phase avec leurs valeurs : authenticité, responsabilité, transpa-rence.

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“L’intérêt général et lecivisme peuvent être desmoteurs et des enjeuxprofessionnels puissantset attractifs.

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La Défense sur Facebook : @ la conquête de la e-jeunesseJérôme Marcadé

La page « Parlons défense », créée en janvier 2011, entend s’installer durablement ausein de la sphère Facebook en endossant, pour la jeunesse en quête de réponses et d’in-formations, le rôle d’un véritable « ami ». Les jeunes adeptes du réseau social Facebook pourront désormais se targuer de recenser, ausein de leur groupe, un ami tout particulier en la « personne » du ministère de la Défense. Ceministère se lance ainsi à la conquête d’une plus grande proximité avec la jeunesse. Dès lors, lapage « Parlons défense » a tout d’un véritable ami Facebook. On peut « l’aimer », lui envoyerdes messages, discuter, recueillir ses conseils et demander des informations sur l’ensemble desthématiques de défense. La page est même personnalisée, puisque les questions posées sur lemur seront traitées par Elodie, animatrice virtuelle, qui renforce le sentiment d’être en rela-tion avec une véritable interlocutrice, à l’écoute de chacun. Cette initiative symbolise l’adapta-tion de la communication de la Défense à l’évolution des nouveaux rites de la jeunesse, enprenant place au sein du lieu virtuel où elle se retrouve. Elle répond ainsi à un triple défi : l’in-teractivité, la proximité et la modernité.

Les jeunes au cœur de la cibleLes jeunes ont toujours été un public prioritaire pour la Défense, à la fois pour des raisonsopérationnelles – l’armée professionnelle étant essentiellement composée de jeunes soldats –mais aussi pour des raisons sociétales. Futurs électeurs et contribuables, les jeunes doiventaujourd’hui prendre la pleine mesure des responsabilités de citoyen qu’ils porteront demain.En outre, la Défense doit, chaque année, pour renouveler ses effectifs, recruter 20 000 jeunes,ce qui fait d’elle le premier recruteur de France.

Depuis la suspension du service national en 1996, la relation directe qui existait entre laDéfense et la jeunesse s’est de facto distendue, même si la participation obligatoire à l’ex jour-née d’appel de préparation à la défense (JAPD) reste aujourd’hui un rendez-vous incontour-nable avec les acteurs de la Défense. Considérée comme une première rencontre citoyenne des15-18 ans avec le monde des armées et de la Défense, ce moment constitue en soi une formi-dable opportunité de communication pour le ministère.De récentes études menées par la DICoD montrent néanmoins que la journée est souventassimilée à une occasion « manquée » sur certains points, peinant à gommer la vision stéréoty-pée qu’ont les jeunes des armées et des militaires. Or, les attentes sont nombreuses, et pas uni-quement centrées sur les perspectives d’emploi. Leur curiosité porte entre autres sur les enjeuxstratégiques, les opérations extérieures, le métier militaire et les équipements. Les jeunes inter-rogés disent rechercher d’abord une information pédagogique mais aussi un dialogue avec lacommunauté militaire. Ils attendent que la Défense aille à leur rencontre et réponde à leursinterrogations. En ce sens, la présence du ministère sur les réseaux sociaux est susceptible defédérer une communauté liée par des souhaits d’informations individualisés, au service d’inté-rêts communs.

Une communauté de Défense à construireTout naturellement, le choix de Facebook s’est imposé comme l’espace de communication parexcellence en vue de l’établissement d’une nouvelle relation avec la jeunesse. 97% des jeunesfrançais de 15 à 24 ans sont en effet aujourd’hui connectés sur ce réseau social. Ils y consa-crent en moyenne deux heures par jour pour entretenir leurs relations et échanger liens etcontenus. Il s’agit essentiellement d’un partage social entre pairs, à l’instar d’une cour derécréation ou d’une terrasse de café. Internet demeure également, à leurs yeux, une source d’information prépondérante, puisqueplus de la moitié des 18-24 ans utilisent la Toile comme seconde source d’information derriè-

Jérôme MarcadéChef du bureau prospective,opinion et campagnes de com-munication à la délégation àl’information et à la communi-cation de la Défense (DICoD)

Répondre à un tripledéfi : l’interactivité, laproximité et lamodernité.

Les jeunes recherchentaussi un dialogue avecla communauté militaire. Ils attendent que laDéfense aille à leurrencontre.

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re la télévision (Etude TNS Sofres Logica La Croix janvier 2010). En matière de défense, plusque dans tout autre domaine, les jeunes souhaitent des informations claires et concises. « Par-lons défense » constitue, en quelque sorte, le point d’entrée, le moteur de la recherche d’infor-mation et du débat sur les questions de défense. La page offre ainsi un espace de discussioninstantanée très prisé par la nouvelle génération Internet. Le jeune « Facebooker » est constamment à la recherche d’un partage d’idées, d’opinions,d’informations, qui seront, à ses yeux, d’autant plus crédibles qu’elles émanent de ses pairs.Internet n’est plus l’expression d’un individualisme, qui caractérise pourtant cette génération,mais une nouvelle forme de communauté virtuelle qui se développe au gré des amitiés renou-velées. Si un ami « aime » la page, celle-ci se retrouvera immédiatement sur son mur, ainsivisible par tous ses amis, et parfois même par les amis de ses amis. La « Like-attitude » est unemarée dont les multiples vagues ne rencontrent aucun écueil.

« Parlons Défense » : deux espaces pour un même objectifLa présence du ministère sur Facebook répond à un double enjeu :- celui de la création d’un intérêt, dans un monde ultra médiatisé où le public est très sollicité,

peu disponible et zappe facilement ;- celui de la formation de l’opinion, à un âge où les valeurs et les identités se forgent, pour

sensibiliser les jeunes Français à l’esprit de défense.Le parti-pris a été de s’adapter à leurs pratiques de communication, essentiellement commu-nautaires et personnalisées en utilisant leurs modes et leurs codes d’expression sans pourautant tomber dans le travers du « jeunisme », auxquels ils sont particulièrement réfractaires. Le dispositif, conçu et réalisé par l’agence Spintank pour le compte de la délégation de l’infor-mation et de la communication de la défense (DICoD), est à la fois simple et innovant.Optant pour le choix du dialogue, une première pour le ministère de la Défense, il repose surdeux espaces complémentaires, regroupés en un seul nom, « Parlons Défense » :- un espace interactif sur Facebook privilégie l’échange autour de thématiques mensuelles qui

croisent l’actualité de la Défense et leurs préoccupations, avec une animatrice virtuelle quirépond aux questions des internautes et les oriente vers la bonne information ;

- un espace informatif dédié aux jeunes sur le site Internet de la Défense, avec des rubriquesspécifiques et des liens renvoyant vers d’autres sous-sites de la Défense.

Ces deux espaces sont étroitement liés, facilitant la navigation de l’un à l’autre, et permettantainsi une recherche d’information transversale donc plus complète et plus efficace. Souhaitant s’adapter aux modes de fonctionnement des jeunes, l’engagement éditorial de laDICoD dans cette démarche est double : - poster chaque jour un contenu, écrit, photo ou vidéo pour générer de la discussion sur le

mur, maintenant ainsi l’attention et l’intérêt de l’internaute par une actualisation fréquente ;- répondre à toutes les questions dans un court délai (24 heures) afin de s’adapter à l’interacti-

vité.

Des premiers résultats encourageantsLa vague « Parlons Défense » semble ainsi poussée par des vents favorables. En trois semaines,le premier bilan est en effet prometteur : la page recensait déjà plus de 2 000 « amis » à la findu mois de janvier, dont plus de 70% sont dans la tranche d’âge initialement ciblée (15-24ans). Plus de 20 sujets de discussion ont été ouverts et on observe en moyenne 20 publications parjour. La règle du jeu semble acceptée, puisqu’à ce jour aucun dérapage n’a été constaté.Mieux, certains internautes n’hésitent pas à animer le mur et à répondre directement auxquestions de leurs pairs, ce qui en soit constitue les premiers pas d’une vraie communauté.L’objectif à terme est de rapidement atteindre 5 000 « amis », seuil symbolique, sachant qu’unpublic de 30 000 internautes s’intéressent déjà aux questions de défense sur Facebook.

En assumant une vraie présence sur Facebook, la Défense entend renforcer sa visibilité surInternet, nouveau lieu d’expression de l’opinion publique et de partage social, mais surtoutpromouvoir l’esprit de Défense, en réinventant un nouveau lien entre les jeunes et la Nation.

Comment parleraux jeunes de l’Armée ?En 1996,  la fin de laconscription et le début de laprofessionnalisation se sonttraduits par un défi pour lesarmées : recruter en 6 ans100.000 jeunes de 18 à 25ans. Mais commentconvaincre les jeunes d’en-trer dans l’armée de terre ? Quelques exemples de stra-tégies de communication etde recrutement :

- 1998 « Vous faites quoices 3 prochainesannées ? » - Campagne surles métiers, la modernité, latechnologie, « désacrali-sant » le métier militaire.

- 2000/2002 « L’armée deterre : l’engagement parexcellence » - Messagerecentré sur le métier de sol-dat (style de vie, disponibilitéen tous temps et en touslieux).

- 2004 « Un métier, bienplus qu’un métier » - Cam-pagne de communicationplus globale : 400 métiers etdes valeurs (l’engagement, ledépassement de soi, la pri-mauté du collectif, l’ouvertu-re aux autres…).

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Internet n’est plusl’expression d’unindividualisme, mais une nouvelle forme decommunauté virtuellequi se développe au grédes amitiés renouvelées.

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Un désintérêt pour les institutions mais…Katherine Khodorowsky

La récente enquête réalisée par l’institut CSA pour la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (Mars2011) confirme le désintérêt des jeunes pour les institutions. Ils ne se sentent pas considérés :- par les hommes politiques à 75 %- par l’Education Nationale à 71 %- par les services d’aide à la recherche d’emploi à 59 %- par les services d’orientation à 55 %.

Cette forte défiance à l’égard de l’Etat en général, des hommes et du système politique en par-ticulier, explique leur citoyenneté intermittente marquée par une démobilisation électorale, etdes allers-retours entre le vote et l’abstention. A cette désaffection des formes organisation-nelles de l’engagement se sont substitués des canaux plus individualisés et parfois sans étiquet-te politique. GÉNÉRATION PRÉCAIRE, JEUDI NOIR, LES ENFANTS DE DON QUICHOTTE… ras-semblent les jeunes dans des manifestations éphémères qui ne les engagent pas à long terme.Depuis Mai 68, une chose n’a pas changé : la manifestation dans la rue est un examen de pas-sage, une expérience rituelle significative du parcours de socialisation politique.Peut-être aussi un substitut ou une sorte de rattrapage : « 2002 : les jeunes descendent dans larue. Une manif par jour pendant les deux semaines de l’entre-deux-tours.(…). Les jeunes se présen-tent comme les défenses de l’ordre républicain. Mais cette défense se fait par défaut. C’est fauted’avoir voté, faute d’avoir pris sérieusement en compte « la chose politique » qu’ils investissent larue. » (Jean-Charles Lagrée)

De la défiance à l’égard des institutions à un engagement différentLoin des politiques publiques conçues par leurs aînés, les jeunes aspirent à devenir des acteurs àpart entière de la société sans s’engager forcément dans la politique. Selon un sondage Ifop de2010 sur les 15-30 ans, leurs domaines de prédilection sont plutôt l’environnement et le déve-loppement durable (41 %), la lutte contre les discriminations (41 %), les arts, le sport et la cul-ture (37 %), et l’aide aux personnes en situation d’exclusion (24 %). Mais surtout, 66 % de cesjeunes veulent que leur engagement soit utile… pour eux ! Cette recomposition de leur enga-gement traduit moins la défense de convictions qu’une façon d’acquérir des compétences. Ilsne séparent pas leur intérêt personnel du service des autres. Ils ont compris que ce besoin d’ex-périences sociales et de compétences sera d’autant plus valorisé pour faciliter leur insertion pro-fessionnelle, que le savoir-être et le sens des relations ne s’apprennent pas à l’université.

Quelles clés pour parler de l’Europe ? L’enthousiasme des pères fondateurs de l’Europe a rendu compréhensible le message de paixauprès des générations qui ont connu la Seconde Guerre Mondiale. Mais la volonté de déve-loppement économique et politique a retardé les finalités concrètes perceptibles par les jeunes.Strictement du domaine de la « subsidiarité », la jeunesse n’a eu son programme spécifiqueque dans les années 1980 et son Livre Blanc, appelant l’Europe à se mobiliser dans les années2000. Si les programmes sont plus significatifs dans le domaine de l’éducation, les mesures netouchent que les études, les échanges et l’équivalence des diplômes. D’où ces règles de communication qu’appliquent les programmes européens destinés auxjeunes : ne pas préjuger une compréhension automatique du passé : les grands parents, lesparents et les jeunes n’ont pas les mêmes attentes de l’Europe ; privilégier la dimension concrèteet pratique de leur avenir : c’est le seul terrain possible d’information et de dialogue. Ainsi l’Eu-rope se vit-elle au quotidien grâce à Erasmus ou au SVE (service volontaire européen).

« Être jeune, c’est apprendre à jouer sa partie dans le monde » (Paul Nizan). L’intérêt des jeuness’est déporté vers la scène mondiale. Porte-voix fédérateurs d’énergies, Internet et les réseauxsociaux sont de formidables outils de communication au service de leur liberté.

Leur vision del’avenir : optimisteindividuellement,pessimistes surleur génération

- 77 % optimistes surleur avenir personnel

- 26 % optimistes pourl’avenir des jeunes enFrance

- 20 % optimistes surl’avenir de la France

Enquête Jeunesse OuvrièreChrétienne (JOC) – CSA – Mars 2011

Être jeune, c’estapprendre à jouer sapartie dans le monde.

Paul Nizan

Depuis 1968, la manifest un examen depassage, uneexpérience rituellesignificative du parcoursde socialisationpolitique.

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L’écoute active, spécificité de l’Information JeunesseKatherine Khodorowsky

Les 1 535 structures de proximité sur tout le territoire font de l’Information Jeunesse lepremier réseau d’accueil de jeunes. Accueillir, informer, orienter tous les jeunes sur tousles sujets qui les intéressent, telle est la remarquable mission d’intérêt public que l’Etat adélégué au CIDJ, au lendemain de Mai 68. La manière dont le jeune est accueilli etconseillé est un modèle pour les nombreux pays qui viennent étudier l’éthique des pro-fessionnels de ce réseau.

Une éthique imposée par une CharteLa Charte européenne de l’Information Jeunesse a été adoptée à Bratislava (Slovaquie) le 19novembre 2004 par la 15e assemblée générale de l’Agence européenne pour l’information etle conseil des jeunes (ERYICA). Elle constitue « une base de standards minimums et de mesuresde qualité (…), en tant qu’éléments d’une approche globale, cohérente et coordonnée (…) ». Elleprécise « les lignes directrices pour le travail (…) qui vise à garantir aux jeunes le droit à l’infor-mation. »

Ses principes sont une source incontournable dans l’analyse d’un échange efficace entre lepublic des jeunes et les adultes qui les accueillent. - L’égalité d’accès à l’information est garantie, à tous les jeunes, quels que soient leur situation,

leur origine, leur sexe, leur religion ou leur catégorie sociale.- L’accès est libre, gratuit et sans rendez-vous.- L’information respecte la vie privée de l’usager ainsi que son droit à ne pas révéler son identité.- L’information fournie est déterminée par les demandes des jeunes, ainsi que par la percep-

tion de leurs besoins en information. Elle évolue constamment de manière à couvrir de nou-veaux sujets.

- L’information fournie est complète, à jour, exacte, pratique, conviviale et facile d’accès.- L’usager est respecté comme un individu à part entière.- La réponse à chaque question est personnalisée, d’une manière qui permet à l’usager de ren-

forcer sa capacité à penser et à agir par lui-même, d’exercer son autonomie et de développersa capacité à analyser et utiliser l’information.

- L’information est indépendante de toute influence commerciale.

Une relation basée sur le CounsellingPréconisée par l’OMS (à l’origine pour la prévention du sida), le Counselling permet à la per-sonne (le « client », en l’occurrence le jeune) de trouver à travers la verbalisation de son vécu,sa propre solution aux problèmes qu’elle rencontre. C’est donc un partenariat tacite puisquele jeune a fait la démarche de venir, sans obligation, et qu’il s’est adressé à un adulte librement.Pour générer cette démarche, le conseiller Information Jeunesse (le counsellor) écoute, faitpreuve d’empathie et pose les bonnes questions pour s’approprier la problématique, voiredécoder la demande. Le jeune précise son problème et envisage l’ensemble des options pos-sibles pour choisir celle qui lui semble la plus adaptée à ses besoins et son environnement.Basée sur la participation et la coopération, cette méthode s’oppose aux rapports habituelsentre l’expert et le stagiaire, le professionnel et le client. Elle introduit une meilleure compré-hension des logiques de chacun. Elle requiert de la part du conseiller un esprit ouvert etsouple : il n’est ni psychologue, ni assistant social, mais pratique l’écoute active.

Face à la concurrence d’InternetL’information trouvée sur Internet a rarement les qualités imposées par la Charte européennede l’Information Jeunesse : complète, à jour, exacte, pratique… La facilité d’utilisation et l’at-

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Basée sur laparticipation et lacoopération, cetteméthode s’oppose auxrapports habituels entrel’expert et le stagiaire, leprofessionnel et le client.

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tirante convivialité du Web qui font croire aux jeunes qu’ils sont informés, ont modifié enune décennie le métier d’Informateur Jeunesse. Les Principes pour l’Information Jeunesse enligne (reproduits en page 19) sont la réponse des professionnels qui ont compris qu’Internetfait partie intégrante de l’environnement social des jeunes. Cette nouvelle Charte qui en opti-mise les avantages et en minimise les risques potentiels, complète leur éthique quotidienne.

La qualité de la relation lors du conseil personnalisé demeure toutefois la base du serviceoffert et explique pourquoi plus de 4 millions de jeunes continuent à venir chaque année,malgré la concurrence d’Internet, dans le réseau Information Jeunesse.

20 - Juin 2011

Les jeunes dans l’entreprise : autre culture,autre managementLe terme de « culture » est plus approprié que celui de « génération » pour définir chaquetranche d’âge. Les comportements qui s’y attachent semblent nouveaux parce que différents.Comment comprendre la manière d’être au travail de ces jeunes dont l’insertion profession-nelle a été difficile, pour travailler efficacement avec eux ?

Comprendre les incompréhensionsL’accès à un premier emploi est un parcours du combattant : études prolongées plus ou moinsartificiellement, stages, CDD… précèdent pendant trop longtemps le CDI. Mais l’arrivéedans l’entreprise se traduit aussi, paradoxalement, par des désenchantements : du côté dujeune embauché comme de celui des collègues qui peuvent appartenir à plusieurs générationsdifférentes. Pour le dirigeant, la difficulté sera autant de gérer les discordances au sein de sonéquipe que d’accompagner avec efficacité ce jeune aux comportements nouveaux.L’entreprise d’aujourd’hui peut faire cohabiter des cultures issues d’époques différentes depuisl’après-guerre. On sait à quel point les vingt premières années de sa vie ancre dans les compor-tements du futur adulte, les valeurs générées par l’environnement économique et sociétal.

Le choc des culturesLes baby boomers, rejetons du pic de natalité des années 1945-1965, ont vécu leur enfanceet leur adolescence pendant les «Trente glorieuses», la période d’expansion économique quis’achève en 1973. La société de consommation, source d’abondance, incite à la réussite socialeet permet à chacun de trouver sa place dans le respect des règles de vie et de la morale. Lesévénements de Mai 68 traduisent un rejet de cette société perçue comme étouffante. Dansleur quête de libertés, individuelle, d’expression et de comportement, les jeunes remettent encause les institutions politiques.

La Génération X (née entre 1965 et 1980) qui connaît le mouvement hippie, se concentresur elle-même pour avoir comme modèle de vie réussie le succès personnel. Mais cette généra-tion est aussi celle de la désillusion : l’ascenseur social est en panne malgré un fort engagementde l’Etat. Toujours par réaction, la Génération Y (née entre 1980 et 1995) s’est construite contre leseffets de la mondialisation, contre le travail qui ne rend pas plus heureux. Ces jeunes tiennentà leur épanouissement personnel et au respect de leur cadre de vie. Ils croient plus à leursréseaux personnels qu’en la société dont ils n’attendent rien.

La génération Y au travailComment le jeune enfin embauché dans une entreprise peut-il trouver sa place et donner unelégitimité à son comportement, en cohabitant avec d’autres générations ?

D’un côté les baby boomers ont pour règle professionnelle le respect des institutions et de lahiérarchie. Leur rigueur est au service de la réussite professionnelle.

Pour le dirigeant, ladifficulté sera autant degérer les discordancesau sein de son équipeque d’accompagneravec efficacité ce jeuneaux comportementsnouveaux. L’entreprised’aujourd’hui peut fairecohabiter des culturesissues d’époquesdifférentes.

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De l’autre, la Génération X, plus carriériste, a pour culture l’individualisme et le sens de lacompétition. Son scepticisme vis-à-vis du futur la fait douter des institutions. La recherched’un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle s’est traduite par la limitation dutemps de travail.

La Génération Y, quant à elle, a du mal à reconnaître l’évolution des entreprises et le dit sanscomplexe. Récusant la prévalence du travail – l’asservissement ? – qu’acceptaient leurs parents,elle revendique le droit à une parole spontanée et remet en cause les règles qui manquent desens, ne reconnaît la hiérarchie que s’il y a compétence. Elle négocie les conditions de son tra-vail en échange d’un retour sur investissement rapide, avec la volonté de moins travailler aubénéfice d’un développement personnel.

L’adaptation nécessaire du managementCeux qui ont grandi au rythme des mutations technologiques appréhendent de manière diffé-rente leurs rapports aux autres. Ils investissent affectivement dans leurs outils de communica-tion, réagissent à la vitesse de leurs émotions, que l’origine du message soit affective, amou-reuse, amicale, familiale ou professionnelle. Importés dans l’entreprise, ces comportements qui laissent perplexes les chefs d’équipe, appel-lent une adaptation du management pour tirer parti des capacités des plus jeunes collègues.l La négociation est permanente. A l’embauche, avec un réflexe de consommateur, c’est don-

nant-donnant. Les jeunes « vendent » leur force de travail dans un intérêt partagé, ce quinécessite une relation individuelle plus pragmatique. Au quotidien, leurs compétences justi-fient, à leurs yeux, de ne pas à avoir faire leurs preuves.

l Dans un monde qui vit des changements rapides, le temps ne se définit qu’à court terme,tant dans l’engagement personnel que dans la réflexion. Les aînés interprètent leurs ajuste-ments permanents comme de l’instabilité.

l Cette culture de l’instant crée un paradoxe au quotidien : c’est tout, tout de suite… s’ils leveulent bien ! Et une consigne donnée dans l’urgence n’aura d’effet concret que si on passeparfois beaucoup de temps… à les en persuader du sens. De même, l’impact de toute actiondoit-il être immédiat, du remerciement aux félicitations… en passant par le recadrage.

l Les règles d’organisation sont vécues comme des contraintes, voire des obstacles à la créativi-té. L’exemplarité des situations concrètes sera plus efficace pour ancrer la règle que la lecturedu règlement intérieur, surtout si elle s’accompagne de valeurs comme le respect et l’équité.Afin d’éviter les malentendus et les tensions inter-générations, il est important d’expliciter lescodes tacites tels la tenue vestimentaire, un savoir-être spécifique, la ponctualité…

l Leur soif d’autonomie est le moteur de l’enthousiasme. Autant utiliser avec habileté cecontexte en maintenant un lien de proximité, d’autant plus direct qu’il permettra unmeilleur suivi dans leur logique d’impact rapide.

l Habitués à faire plusieurs choses en même temps, les jeunes savent canaliser leur énergiedans un cadre délimité au préalable. Leur maîtrise du traitement technique de l’informationappelle de leur part une appréhension plus globale des missions.

L’entrée dans le monde du travail de la dernière génération, dont le seul objectif est larecherche du bénéfice personnel, remet en cause tant les rapports entre les gens que l’organisa-tion. Leur management plus participatif doit privilégier la personnalisation de la relation et laproximité de l’encadrement. L’exigence vis-à-vis du manager passe par cette reconnaissanceindividuelle.

Tel est le message, formulé ou non, que diffusent ces jeunes à travers leur savoir être et leurmanière de travailler. Ne mettent-ils pas finalement le doigt sur la faiblesse de l’entreprisegérée par leurs parents ? Ne façonnent-ils pas, déjà, l’entreprise de demain ?

Le défi consiste àgagner leur estime, carils ne respectent pas la hiérarchie, maisl’expertise. A partir de làs’instaure un climat deconfiance et ils mettentau service del’entreprise toute leurdébrouillardise, ens’appuyant sur leursréseaux extérieurs ».

Laurence Bret-Stern,Directrice Marketing EMEA

de Linked In - Stratégiesn° 1628 du 7/4/2011)

Juin 2011 - 21

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Bibliographie - Nathalie Azoulai - « Les filles ont grandi » - éd. Flammarion, 2010- Pierre Bourdieu - « Le « jeunesse » n’est qu’un mot – in Questions de sociologie –

Editions de Minuit, 1984- Anne Muxel - « Avoir 20 ans en politique. Les enfants du désenchantement »

éd. Seuil, 2010- Denis Muzet - « La mal info – Enquête sur des consommateurs de medias »

Editions de l’aube 2006- Jean-Marc Benoit et Jessica Scale - « Bleu Blanc Pub – Trente ans de communication

gouvernementale en France » - éd. Le Cherche Midi, 2008- Daniel Ollivier et Catherine Tanguy – « Génération Y, mode d’emploi »

éd. De Boeck, 2008- Don Tapscott - « Grown Up Digital » - éd. McGraw Hill, 2009- Brigitte Cadéac - « Infos santé jeunes » - éd. La Martinière Jeunesse

Collection Hydrogène 2010- Pierre-Henri Tavoillot et Eric Deschavanne - « Philosophie des âges de la vie »

éd. Grasset, 2007- Béatrice Copper-Royer - « Vos enfants ne sont pas des grandes personnes »

éd. Albin Michel, 2010- Brigitte Cadéac et Dr Didier Lauru - « Génération Téléphone (les adolescents et la parole) »

éd. Albin Michel, 2002- Olivier Galland - « Les jeunes Français ont-ils raison d’avoir peur ? »

éd. Armand Collin, 2009- Serge Tisseron - « Psychanalyse de l’image » - éd. Hachette Pluriel Référence, 2010- Dominique Wolton - « Internet et après ? » - éd. Flammarion, 1999- Philippe Pierre-Adolphe, Max Mamoud et Georges-Olivier Tzanos - « Tchatche de

banlieue » - éd. Mille et une nuits, 1998- « Rencontres européennes pour la prévention » – Actes et Paroles du Ministère de la

Jeunesse et des Sports – ed. CIDJ, 1999- Dominique Sellier « La communication gouvernementale en Europe » - ed. L’Harmattan,

2006- « Les jeunes de 1950 à 2000, un bilan des évolutions » - ed. INJEP, 2001- « Les jeunesses face à leur avenir » - ed. Fondation pour l’innovation politique, 2008- Sous la direction de Patricia Loncle « Les jeunes, questions de société, questions de

politique » - ed. La Documentation Française, 2003- « Chroniques d’une guerre non déclarée, les accidents de la route » – ed. INJEP, 2000- Sous la direction de Myriam Lemaire et Pierre Zémor « La communication publique en

pratiques » - ed. La Documentation Française, 2008- Jean-Charles Lagrée « Les jeunes se désintéressent-ils de la politique » - ed. Agora

débats/jeunesse n° 30, 2002- Catherine Tourette-Turgis « Le Counselling » - ed. PUF – Que sais-je?

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Numéro réalisé sous la direction de Katherine KhodorowskyOnt participé à sa rédaction  : Brigitte Cadéac, Benjamin Chaminade, Aude de Chavagnac, Florence Gilbert,Jérôme Marcadé, Emilie Moreira, Denis Muzet, Laurence Roux, Frédéric Winckler

Communication Publique : Conseil d’Etat - Place du Palais Royal 75100 Paris Cedex 01 - Tél 01.40.20.92.00Courriel : [email protected] de la publication : Bernard Emsellem - Administrateur : Pierre-Alain Douay - Secrétariat de rédaction : Sandrine Gaillard.

L’ouvrage aborde méthodiquement divers scénarios dedémarches de communication publique et évalue les chan-gements possibles de comportements du citoyen (sécuritéroutière, maîtrise de l'énergie, écologie, culture...). Dans uncontexte en mutation, les auteurs s'interrogent aussi surl'évolution du métier de « communicateur public », propo-sent une démarche qualité avec une charte de déontologiede la communication publique et présentent une analysecomparée avec d'autres pays européens.

Ouvrage collectif sous la direction deMyriam Lemaire et Pierre Zémor.

Postface de Jean-Marc Sauvé,vice-président du Conseil d’Etat.

Mai 2008 - 446 pages, 16x24 cm,La Documentation française.

Ouvrage disponible à l’association.

« La communication publique est une exigence démocratique et un impératif de bonne gestion. »

CONSEIL D’ADMINISTRATION 2011-2014

Président : Bernard Emsellem, directeur général délégué, SNCFSecrétaire générale : Joëlle Vaucelle, Net-EntreprisesTrésorier : Hervé Marchal, Association des Régions de France

MEMBRES DU BUREAU Eve Aulong, Assistance Publique-Hôpitaux de ParisYves Bomati, direction de l'information légale et administrativeXavier Crouan, conseil régional Ile-de-FrancePhilippe Deracourt, conseil général Val-de-MarneKatherine Khodorowsky, Cidj Véronique Mély, SIG Pierre-Emmanuel Richard, ministères économie, finances,industrie

Délégué général : Pierre-Alain Douay

ADMINISTRATEURS Patrick Baudry, SénatDominique Bessières, université de Reims, IEP Lille Dorine Bregman, Cour des ComptesSylvane Casademont, CemagrefAude de Chavagnac Florence Ducasse, conseil général du Loir et Cher Joëlle Goepfert, communauté d’agglomération d’OrléansJean-Marie Guillemot, RFFNelly Haudegand, Union sociale pour l’habitatFrançois Kohler, Conseil d’EtatGeoffroy Lehideux-Vernimmen, BRGM Myriam Lemaire Sophie Maurand, ville de NancyJean-Emmanuel Paillon, SIG Jocelyne Randé, direction de l’administration pénitentiaireDiane de Sainte Foy, Institut français du cheval et de l’équitation Laurent Setton, ministères travail et santé Laurent Teisseire, Dicod, ministère de la défenseFabrice Van Borren, ville de Saint Etienne

Conseiller du président, délégué aux finances :Pierre Mouterde

Présidents d’honneur :Marceau Long, Renaud Denoix de Saint MarcJean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’EtatPrésident d’honneur, fondateur :Pierre Zémor, conseiller d’État honoraire

n Communication publique regroupe depuis 1989 les responsables de communicationdes institutions publiques soucieux de dynamiser les métiers et l’image de la communica-tion de service public : ministères, administrations centrales et déconcentrées, collectivitésterritoriales, établissements publics et entreprises ayant une mission de service public, orga-nismes sociaux et d'intérêt général. Cercle d'échanges d'expériences entre praticiens, l'as-sociation – 300 membres – est aussi un moyen de rencontre et de coopération des communi-cateurs publics avec les responsables politiques et administratifs de l'action publique, aupremier rang les élus locaux.

n Les rencontres réservées aux membres, et colloques ouverts, abordent la pratique pro-fessionnelle, l’actualité et les évolutions de la communication et du service public. Et confron-tent les points de vue avec des personnalités et des experts.

n Les groupes de travail approfondissent des thèmes : communication territoriale, marchéspublics, évaluation, outils audiovisuels, TIC, besoins de formation, recherche, formation à lacommunication des managers publics.

n Les cercles « Société & communication », ouverts sur la société civile, croisent un sujetde société et une approche de communication : Institutions publiques & relations internatio-nales ; Jeunesse & citoyenneté ; Décisions publiques & concertation ; Activités économiques& données publiques ; Ethique & publicité ; Europe & opinion ; Vulnérabilité & voies d'inser-tion; Science & grand public.

n Les études analysent la spécificité, l’organisation, l’image de la communication publique :L’évolution du métier de communicateur public et de l’organisation de services de communi-cation des institutions publiques (Ph.Heymann 2002 ) ; Le directeur de communication etinternet dans les collectivités territoriales (Ph. Deracourt 2006).Et, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'association, La perception par les Français dela communication des services publics (CSA 2009), 1989-2009 : bilans & perspectives de lacommunication institutionnelle publique - Points de vue de communicateurs publics (2009).

n Les publications : Le sens de la relation - Communication des services publics (P.Zémor,La Documentation Française, 1992) ; La communication publique en pratique (Éditions d'Or-ganisation, 1994) ; La communication publique en pratiques (La Documentation Française,2008).

n De 1989 à 2009, La Lettre de Communication publique a diffusé réflexions et fiches pra-tiques, fait écho aux travaux, études et enquêtes de l'association.

Depuis 2010, Les Cahiers de Communication publique proposent des dossiers thématiques : n Communiquer la science en territoires -

Regards croisés entre producteurs de science et acteurs territoriaux n Les citoyens et l'administration - De la réclamation à la réforme n Parler avec les jeunes - Quels codes, quels langages ? n La formation à la communication des futurs managers publics

La souscription à Communication publique donne droit, en plus de l'accès à certaines mani-festations, à l'envoi des Cahiers, des 15 derniers numéros de La Lettre, du fascicule Lesrègles d’or de Communication publique : 100 fiches pratiques, du hors-série 20 ans de com-munication publique (2009) et de l'ouvrage collectif La communication publique en pratiques.

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