solidarité guatemala 200

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Histoire du Collectif Guatemala et de son travail d’information Lettre d’information du Collectif Guatemala 1 Solidarité Guatemala n°200 septembre - octobre 2012 Numéro spécial 200 septembre - octobre 2012 Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel: 01 43 73 49 60 [email protected] www.collectifguatemala.org Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Cynthia Benoist, Quentin Bous- sageon, Amandine Grandjean, Vanessa Góngora, Marilyne Griffon, Nicolas Krameyer, Grégory Lassalle, Alexandra Marie, Aurélia Rapin, Isabelle Tauty, Martin Willaume. Sommaire Les fondateurs du Collectif Guatemala p.3-5 Jean Ziegler solidaire du Collectif Guatemala p. 6-7 Les directeurs de publication p.8-9 Editoriaux des anciens numéros p.10-11 Entretien avec Maurice Lemoine p.12-13 Témoignage des compas p. 14-15 Brèves p.16-18 Manifestation en solidarité avec l’Amérique centrale, Paris, 1983

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Les fondateurs du CG Jean Ziegler solidaire du CG Les directeurs de publication Editoriaux des anciens numéros Entretien avec Maurice Lemoine Témoignages des compas

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Page 1: Solidarité Guatemala 200

Histoire du Collectif Guatemala

et de son travail d’information

Lettre d’information du Collectif Guatemala

1 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Numéro spécial 200

septembre - octobre 2012

Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire

75011 Paris - France Tel: 01 43 73 49 60

[email protected] www.collectifguatemala.org

Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69

Ont participé à ce numéro : Cynthia Benoist, Quentin Bous-sageon, Amandine Grandjean, Vanessa Góngora, Marilyne Griffon, Nicolas Krameyer, Grégory Lassalle, Alexandra Marie, Aurélia Rapin, Isabelle Tauty, Martin Willaume.

Sommaire

Les fondateurs du Collectif Guatemala

p.3-5

Jean Ziegler solidaire du Collectif Guatemala

p. 6-7

Les directeurs de publication p.8-9

Editoriaux des anciens numéros p.10-11

Entretien avec Maurice Lemoine p.12-13

Témoignage des compas p. 14-15

Brèves p.16-18

Manifestation en solidarité avec l’Amérique centrale, Paris, 1983

Page 2: Solidarité Guatemala 200

V oici le 200ème opus de Solidarité Guatemala (SG) : 200 numéros, et trente-trois ans

d'existence, autant le dire, nous en sommes fiers ! L'occasion, dans ce numéro

spécial, de revenir sur l'histoire de SG, mais aussi celle du Collectif Guatemala, tant

leurs histoires sont liées. Nous avons souhaité le faire en entremêlant articles ou

illustrations emblématiques et témoignages de nombreuses personnes ayant participé à notre

histoire : les membres d'organisations que nous appuyons au Guatemala, des fondateurs guaté-

maltèques aux piliers historiques de l'association, mais aussi les compagnons de route, comme

Maurice Lemoine, du Monde diplomatique, ou plus récemment Jean Ziegler, ancien rapporteur

spécial des Nations unies à l'alimentation.

On s'aperçoit que si, au tout début, le Collectif Guatemala était clairement affilié à une organisa-

tion révolutionnaire politico-militaire, l'Armée de guérilla des pauvres (EGP), très rapidement,

l'association a pris ses distances avec celle-ci. Le soutien apporté à la représentation unitaire des

mouvements de guérilla : l'URNG, était lui aussi conditionnel. La solidarité du Collectif s'est

exercée surtout avec les organisations populaires guatémaltèques qui ont commencé à voir le

jour après les périodes les plus dures du conflit et à remplir chaque espace de lutte disponible :

associations de victimes, paysans sans terre, syndicats, réfugiés et déplacés, défenseurs des droits

des peuples autochtones...

Très rapidement donc, et contrairement à d'autres comités de solidarité européens similaires, le

Collectif Guatemala n'était donc plus affilié à un parti ou une idéologie mais soutenait les

organisations sociales dans leur diversité.

Notre cause a depuis ce moment toujours été double : appuyer les luttes et revendications des

organisations populaires guatémaltèques dans leurs exigences de justice sociale et de respect des

droits fondamentaux ; offrir une analyse poussée de l'actualité sociopolitique du Guatemala au

public français, pour un pays quasi-inconnu du grand public et ignoré des médias français. Ces

deux piliers d'une information approfondie et de solidarité ont toujours été pensés ensemble et

intrinsèquement liés.

Un autre tournant majeur de l'histoire du Collectif est la mise en place du projet d'accompagne-

ment international en 1993. Après avoir côtoyé la réalité des luttes, mais aussi le courage et la

force morale des personnes qui les portaient au Guatemala, difficile ensuite de ne pas vouloir

poursuivre son engagement au retour en France !

Cela a dès lors profondément renouvelé la composition des membres actifs du Collectif : ainsi

aujourd'hui, la très grande majorité d'entre nous a « accompagné » sur place le mouvement

social guatémaltèque. C'est aussi vraisemblablement l'un des facteurs qui explique la longévité

de notre association : des personnes ayant noué une relation intime avec le Guatemala et ses

populations, qui souhaitent redonner un peu de ce qu'ils ont appris et reçu de leurs multiples

rencontres.

Alors que plus aucun membre actuel n'était présent dans les années 80, il était pour nous passion-

nant d'interroger et d'écouter les « anciens » et d'en profiter pour rendre hommage aux milliers

d'heures de travail bénévole qui tout au long de ces années ont rendu possible la publication de

notre revue.

Nous espérons que vous trouverez autant d'intérêt à la lecture de ce numéro spécial que nous en

avons en eu à le concocter. Bonne lecture ! ■

2

Edito

Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Par Nicolas Krameyer

Page 3: Solidarité Guatemala 200

socialiste français (PS), le Parti socialiste unifié (PSU),

l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), la

Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués), Terre

des Hommes, Frères des Hommes, le Comité Catholique

contre la Faim et pour le Développement (CCFD) et Amnesty

International (qui lança le 15 septembre 1979 sa première

campagne de défense des droits humains au Guatemala). Des

contacts ont été établis avec des journalistes, comme Claude

Roire du Canard Enchaîné ou Ramón Chao de Radio France International et des comités de soutien au Guatemala en pro-

vince.

Le Collectif Guatemala avait besoin d'obtenir un statut

juridique pour pouvoir imprimer des documents, lever des

fonds, organiser des évènements, etc. avec nos propres

moyens. Ce processus a duré un an et finalement le 3

décembre 1980, la Préfecture de Police de Paris nous a donné

le statut d'association à but non lucratif -loi 1901-. Le premier

bureau exécutif était composé d’une présidente : Nicole

Bourdillat, du PS, de deux vice-présidents : Jean Paul Lévy,

avocat, et Dominique Camard, activiste des droits humains, et

d’un secrétaire : Michaël Leibman, militant de la Ligue

communiste révolutionnaire (LCR).

Le 22 décembre 1980, grâce à nos contacts avec le CCFD,

nous avons obtenu le financement pour l'élaboration d'un

bulletin sur le Quiché : La terre tremble, qui, avec le bulletin

de Solidarité Guatemala nous a permis de diffuser

l'information lors de nos évènements publics mais également

dans des librairies comme Artisans du Monde, La Brèche, etc.

Les fondateurs du Collectif

C ’est en 1976 à Paris, que naît le collectif de solida-

rité avec le Guatemala, à l'initiative d'exilés

guatémaltèques : Miguel Ángel Sandoval1 et moi

(Arturo Taracena2). Nous serons rejoints plus tard

par Arturo Arias3 et Camilo Ospina4. En septembre de la

même année, notre “Pré-comité de Solidarité avec le

Guatemala”, soutenu par le Centre d'Études et d'Initiatives de

solidarité internationale (CEDETIM), participe à la Fête

Rouge de la Villette. Dans le même temps, des contacts sont

noués avec les comités de solidarité avec le Salvador et le

Nicaragua, respectivement proches des Forces populaires de

libération Farabundo Martí (FPL) et du Front sandiniste de

libération nationale (FSLN).

En 1978 nous investissons, avec d'autres collectifs de

solidarité latino-américains, un local au 67, rue du Théâtre

dans le XVème à Paris, et nous adoptons le nom de Collectif

Guatemala. Fin 1979, Juan Mendoza, sympathisant de

l’Armée de guérilla des pauvres (EGP), nous rejoint. En

novembre, la première rencontre de solidarité européenne

avec le Guatemala est organisée à Bruxelles, à l'initiative des

comités belge et hollandais, avec des représentants

d'Allemagne, d’Autriche, d’Espagne, de France, de Suède, de

Suisse et d’Italie.

Dans le document final de la rencontre, nous nous sommes

tous engagés à :

- dénoncer les excès du gouvernement guatémaltèque,

- manifester notre appui aux luttes populaires et à la

lutte révolutionnaire en reconnaissant notamment le Front

démocratique contre la répression (FDCR),

- continuer les efforts pour coordonner efficacement la

solidarité et l'étendre à tous les pays d’Europe de l’Ouest en

travaillant en coordination avec les comités de solidarité

d'autres pays d'Amérique centrale,

- établir un échange permanent d'informations avec le

mouvement populaire guatémaltèque.

C'est à la suite de cette rencontre, en décembre 1979, que voit

le jour le bulletin de Solidarité avec le Guatemala, avec un

logo dessiné par l'artiste guatémaltèque, résidant à Paris,

Jacobo Rodríguez Padilla.

Parallèlement, nous avons établi des contacts avec le Parti

Arturo Taracena Arriola est docteur en histoire de l'Ecole des hautes études en Sciences sociales de Paris. Il a écrit plusieurs livres dont “Ethnicité, Etat et nation au Guatemala, 1808-1944”. Il est aujourd'hui professeur d'université au Mexique.

Arturo Taracena, fondateur du Collectif Guatemala

Manifestation devant l'ambassade du Guatemala, 1984

3 Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Page 4: Solidarité Guatemala 200

4

Les fondateurs du Collectif

Un moment clé de cette

première étape a été le

rassemblement « Six heures

pour le Salvador et l'Amérique

centrale », le 20 mars 1981 à

la Mutualité, avec la

projection de films et de

diapositives, des chants, des

poèmes, des témoignages et

expositions. Les trois comités

d'Amérique centrale s'étaient

mis d'accord pour soutenir le

Front Farabundo Martí de

libération nationale (FMLN)

salvadorien. L'évènement était

présidé par Laurent Schwartz

et l'ancien ambassadeur

chilien Armando Uribe. Il y

avait aussi Guillermo Manuel

Ungo du Front démocratique

révolutionnaire (FDR). Plus

de 3 000 personnes étaient

rassemblées pour le Salvador

ce jour là. Ca a été pour nous

comme un essai de ce que

nous allions faire plus d’un an

après, pour le Guatemala.

Suite à de nombreuses

réunions avec les collectifs de

solidarité du Salvador et du Nicaragua, la Coordination centra-

méricaine de Solidarité vit le jour fin 1981.

Cependant, au cours de cette année 1981, tous nos efforts se

sont concentrés pour retrouver la poète Alaide Foppa vivante.

Le 31 mars 1981 le Comité International pour la vie d’Alaide Foppa et des disparus guatémaltèques a lancé un appel inter-

national par la voix de sa présidente : Dominique Éluard.

L'appel fut signé par 125 personnalités. C'est dans ce contexte

que de nouveaux membres ont rejoint le Collectif comme

Philippe Morvannoux et Hugues Cayzac.

Le Collectif a pris contact avec l'association France Amérique

Latine (FAL) et avec les syndicats CGT, CFDT et FO. La

victoire électorale de François Mitterrand a permis au

Collectif de débuter des relations avec le gouvernement

français, notamment Régis Debray.

Le 6 janvier 1982, Rigoberta Menchú est arrivée en France.

Elle venait du Mexique pour participer à une tournée

européenne de dénonciation des crimes commis au Guatemala,

organisé par le CUC. Elle est restée une semaine à Paris. Son

témoignage a permis de mettre en lumière les activités

politiques des Guatémaltèques en Europe, au moment où s’est

créée la fonction de « Rapporteur spécial des Nations unies

pour les exécutions extrajudiciaires », et s’organisaient des

tournées du mouvement populaire guatémaltèque (Comité

d’unité paysanne CUC, Comité national d'unité syndicale

CNUS, Justicia y Paz). Le témoignage qui a paru l'année

suivante chez Gallimard sous le titre de Moi, Rigoberta

Menchú, avec pour seule auteure Elizabeth Burgos, est à

l'origine d'une grande polémique.

Le 23 février 1982, après des années d'efforts acharnés, le

Collectif Guatemala a pu organiser un grand événement de

solidarité avec le Guatemala à la Mutualité. Il s’agissait d’une

soirée artistique et politique, animée par le groupe « Les

Guaraní », Pancho Cabral et Ángel Parra. Différentes

personnalités politiques ont participé, dont la plus remarqué a

été celle d’Arthur London, membre des Brigades internationa-

les, résistant français, dirigeant du Printemps de Prague et ami

du Guatemala. Tout cela a pu aboutir grâce à l’appui des

membres de la solidarité comme Lisianne Marechal, Sophie

Féral et Juan Escamilla, entre autre. La coïncidence a fait que

deux délégués de l’Union révolutionnaire nationale guaté-

maltèque (URNG), qui étaient en tournée en Europe pour

discuter de la signature de l’unité révolutionnaire, ont égale-

ment pu participer.

Une nouvelle étape s’est ouverte dans l’histoire du Guatema-

la, surtout pour son appui décidé aux mouvements sociaux

urbains et paysans guatémaltèques. ■

Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Manifestation de soutien aux populations du Guatemala, Paris, 1981

1 Sociologue, candidat aux présidentielles de 2007 du parti de gauche

URNG-MAÍZ (Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque).

2 Professeur d’Histoire à l’Université au Mexique.

3 Ecrivain guatémaltèque, professeur de littérature espagnole et

américaine du XXème siècle, aux Etats-Unis.

4 Décédé en 2010 à Paris.

Page 5: Solidarité Guatemala 200

Les fondateurs du Collectif

J ’arrive en France en janvier 1979 et retrouve Arturo

Taracena et Miguel Angel Sandoval. Outre l’amitié,

nous avions en commun à cette époque-là d’être des ex

-militants de l’Armée de guérilla des pauvres (EGP).

Sur le plan politique, le Guatemala vivait une période de

transition. Après la période de relative ouverture des années du

général Eugenio Laugerud García (1974-1978), le Guatemala

est en effervescence. 1979 sera une année charnière,

symbolisée par le triomphe des Sandinistes au Nicaragua, la

mobilisation croissante des organisations populaires dans la

campagne, dirigées par le Comité d'unité paysanne (CUC) et

l’offensive de plus en plus puissante des organisations

politico-militaires. La répression va atteindre son paroxysme à

partir 1980, avec l’incendie de l’Ambassade d’Espagne.

Le Collectif Guatemala est né dans ce contexte-là, à l’initiative

principale de Miguel Angel et d’Arturo. Nous étions une petite

poignée de Guatémaltèques. Comme d’autres initiatives dans

d’autres pays d’Europe, le mouvement de solidarité dénonce la

répression et soutient ouvertement les organisations politico-

militaires. Pour les Guatémaltèques en exil, ex-militants ou

sympathisants (pour certains étudiants guatémaltèques, leur

séjour en Europe va leur faire découvrir une autre vérité), la

solidarité va être aussi un moyen de se réinsérer, de reprendre

une filiation organique avec les organisations révolutionnaires.

Miguel Angel part pour le Mexique et quelque temps après

Arturo va être désigné représentant de l’EGP en France et de

l’Unité révolutionnaire nationale Guatémaltèque (URNG) en

Europe. Après le départ des fondateurs, le Collectif cherche sa

voie. Il est quelque peu orphelin, orphelin de légitimité. Les

organisations révolutionnaires s’étaient dotées des représenta-

tions officielles et le Collectif ne jouait plus ce rôle implicite.

De plus, l’orientation de soutien à l’URNG ne « prend » pas (la

guerre de guérilla n’est pas populaire, ni au gouvernement, ni

dans les médias, ni auprès des ONG humanitaires). Nous

peinons à être écoutés. Pendant un certain temps, le bulletin

du Collectif , Solidarité Guatemala, va devenir un peu notre

raison d’être : notre crédibilité passait par la qualité de notre

revue, tant sur le fond que sur la forme. Mais nous restions

relativement isolés.

1984 va marquer le point de départ d’une autre époque pour le

Collectif. Après la période de « chape de plomb » totale de

1980 à 1984, les organisations populaires guatémaltèques vont

peu à peu émerger à la vie publique. Le Groupe d’appui mutuel

des familles de disparus (GAM) est le premier et sera suivi peu

à peu par d’autres organisations (les veuves, les déplacés

internes, les réfugiés au Mexique, etc.). Le Collectif a de

nouveau un lien direct avec des organisations populaires sur le

terrain. La défense des droits de l’homme et le soutien aux

organisations populaires qui détenaient

la légitimité de ce nouveau combat,

vont devenir le cœur de l’action du

Collectif. Peu à peu nous allons devenir

le centre de gravité d’un mouvement

de solidarité concrétisé dans

« l’inter-collectif Guatemala », avec la

Fondation France Libertés, l’ACAT, la

Cimade, la FIDH (Fédération Interna-

tionale des ligues des Droits de

l’Homme), le CCFD et d’autres.

L’Inter-collectif va mener une activité

militante intense, dès l’organisation de

manifestations tous les premiers

vendredis du mois devant l’Ambassade

du Guatemala (dès 1985), en passant

par le bulletin qui devient une

« lettre », jusqu’au point culminant que

fut la campagne pour le prix Nobel de

la Paix entre 1991 et 1992. C’est à cette

époque, avec l’accélération du

processus de négociations de paix, que

va naître une autre orientation du

Collectif : l’accompagnement des orga-

nisations et des personnes menacées

par la répression, orientation qui

perdure encore… ■

Juan Mendoza, membre historique du Collectif Guatemala

Juan Mendoza a été porte-parole puis président du Collectif Guatemala durant la période de 1980 à 1996.

5 Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Federico Castillo, Juana Vasquez (Comité d'unité paysanne CUC)

et Camilo Ospina, le troisième fondateur du Collectif Guatemala

Page 6: Solidarité Guatemala 200

Témoignage

Jean Ziegler, sociologue, homme politique, altermondialiste et auteur de nombreux ouvrages1, s’est engagé aux côtés du Collectif Guatemala pour la publication d’une tribune dans les pages du quotidien Libération en réaction à l’arrivée au pouvoir de l’ex-

général Otto Pérez Molina, le 14 janvier dernier2.

Jean Ziegler, solidaire du Collectif Guatemala

6

R apporteur spécial de l’ONU pour le droit à

l’alimentation, j’ai effectué, avec mes collabora-

teurs une première mission au Guatemala du 26

janvier au 5 février 20053. Durant notre séjour, le

commissaire pour les droits de homme du gouvernement

guatémaltèque, Frank La Rue, lui

-même ancien résistant contre la

dictature du général Ríos Montt,

m’avait signalé les crimes

commis jour après jour dans son

pays, contre les paysans.

Le 23 janvier, à la finca Alabama Grande, un travailleur

agricole vole des fruits. Trois gardes de sécurité de la finca le

découvrent et le tuent.

Le soir même, ne voyant pas revenir le père, la famille, qui,

comme toutes les familles de péons, loge dans une hutte à la

lisière du latifundium, s’inquiète. Accompagné par des voisins,

le fils aîné, âgé de quatorze ans, monte à la maison des maîtres.

Les gardes les interceptent. Une dispute éclate. Le ton monte.

Les gardes abattent le garçon et quatre de ses accompagna-

teurs.

Dans une autre finca, d’autres gardes interceptent un jeune

garçon dont les poches sont remplies de cozales, un fruit local.

L’accusant de les avoir volés sur les terres du patron, ils le

remettent à celui-ci... qui tue le garçon d’un coup de pistolet.

Frank La Rue me dit : « Hier, au palais présidentiel, le

vice-président de la république, Eduardo Stein Barillas, te l’a

expliqué : 49 % des enfants de moins de dix ans sont sous-

alimentés... 92 000 d’entre eux sont morts de faim, de maladies

de la faim l’an passé... alors tu comprends, les pères, les frères,

parfois, la nuit... ils remontent dans le verger de la finca... ils

volent quelques fruits, des légumes... »

En 2005, 4 793 assassinats ont été commis au Guatemala, 387

au cours de notre bref séjour.

Parmi les victimes figuraient quatre jeunes syndicalistes

paysans - trois hommes et une femme - qui venaient de rentrer

d’un stage de formation à Fribourg, en Suisse. Des tueurs

avaient mitraillé leur voiture dans la sierra de Chuacas, sur une

piste entre San Cristóbal Verapaz et Salama.

J’ai appris la nouvelle lors d’un dîner à l’ambassade de Suisse.

L’ambassadeur, un homme déterminé, aimant et connaissant

profondément le Guatemala, m’a promis qu’il déposerait dès le

lendemain une protestation énergique auprès du ministère des

Affaires étrangères.

À ce dîner assistait également Rigoberta Menchu, prix Nobel

de la Paix, une femme Maya magnifique qui a perdu sous la

dictature du général Lucas

Garcia, son propre père et l’un

de ses frères, brûlés vifs.

En sortant, sur le pas de la porte,

elle m’a glissé tout bas : « J’ai

regardé votre ambassadeur. Il était blême... sa main tremblait....

Il est en colère. C’est un homme bien. Il protestera... Mais cela

ne servira à rien ! ».

Près de la finca de Las Delicias, un latifundium de production

de café situé dans le municipio d’El Tumbador, j’interroge des

péons grévistes et leurs femmes. Depuis six mois, le patron n’a

pas payé ses ouvriers, prenant prétexte de l’effondrement des

cours du café sur le marché mondial. Une manifestation

organisée par les grévistes vient d’être violemment réprimée

par la police et les gardes patronales.

Président de la Pastorale de la terre interdiocésaine (PTI),

l’évêque Ramazzini de San Marcos m’avait averti : « Souvent,

la nuit, après une manifestation, la police revient et arrêtent au

hasard des jeunes... souvent ils disparaissent. »

Nous sommes assis sur un banc de bois, devant une cahute. Les

grévistes et leurs femmes se tiennent debout, en demi-cercle.

Dans la chaleur moite de la nuit, des enfants au regard grave

nous observent. Les femmes et les jeunes filles portent des

robes éclatantes de couleurs.

Un chien aboie au loin.

Le firmament est constellé d’étoiles. L’odeur des caféiers se mêle

à celle des géraniums rouges qui poussent derrière la maison.

Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

1 dont Destruction massive. Géopolitique de la faim. Éditions du Seuil,

coll. Points, 2012.

2 Tribune signée Collectif Guatemala et Jean Ziegler, « Guatemala, mili-

taires et multinationales », Libération, 28 décembre 2011. http://bit.ly/

s11JQ4

3 Rapport « Droit à l’alimentation, Mission au Guatemala » E/CN

4/2006/44.Add.

4 En 2005, le salaire minimum légal était de 38 quetzales par semaine (1

dollar valant 7,5 quetzales).

5 FlAN (Food Information and Action Network), The Human Right to

Food in Guatemala, Heidelberg, 2010.

« J’exprime ma solidarité

totale au Collectif Guatemala »

Page 7: Solidarité Guatemala 200

Témoignage

7 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Solidarité Guatemala , numéro 15, juin 1982 Ciudad Guatemala. 23 mars. 20h00 : sur le petit écran apparaît un homme souriant en tenue léopard : c’est le général Ríos Montt, chef de la nouvelle junte militaire, expliquant que ce coup d’Etat a été effectué pour le bien du peuple guatémaltèque. Enfin au Guatemala le « droit à la vie » va être respecté, enfin vont être jugés les corrompus, les fraudeurs, etc… Espérons que ce démocrate-chrétien et prédicateur évangélique se rappela qu’il a lui-même massacré des centaines de personnes entre autres à Sansirisay en mai 1973 … A partir de là, y a-t-il des possibilités de changements au Guatemala ? Est-il possible d’entamer le « dialogue » proposé par la junte ? La réponse de tous les secteurs populaires et révolution-naires est claire : face à cette dictature, face au terrorisme d’Etat, la lutte continue sous la direction de son avant-garde : l’Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque (URNG).

Solidarité Guatemala, numéro 1, novembre 1979 Les pays d’Amérique centrale sont les plus violents de la planète. A l’exception du Costa Rica ils ont été soumis quasiment sans interruption à la tyrannie des caciques et de l’armée au profit du capital international, essentiellement Nord-américain. Les récents évènements du Nicaragua ainsi que la chute de Somoza ont certes entrainé une accentuation de la répression du pouvoir militaire contre le peuple guatémaltèque, mais aussi, ont fait naître un grand espoir en Amérique centrale, car ces évènements ont réussi à démontrer qu’une rébellion populaire peut arriver à vaincre une armée si puissante soit elle. Le Front démocratique contre la répression, organisme civique, lutte au Guatemala même, contre la répression brutale qui s’abat en ce moment sur le pays. Le Collectif de Solidarité avec le Guatemala a entrepris, en imprimant ce premier bulletin, la tâche urgente de dénoncer en France la violence du pouvoir et de l’armée au Guatemala et l’élimination systématique de tous ceux qui aspirent à la justice et à la démocratie. Soutenez, avec nous et pour nous, la cause de l’humanisme contre la barbarie.

Manifestement, ces gens ont peur. Leurs beaux visages bruns

d’Indiens Mayas trahissent l’angoisse... certainement alimentée

par les arrestations nocturnes, les disparitions organisées par la

police dont m’a parlé l’évêque Ramazzini.

De façon franchement maladroite, je distribue mes cartes de

visite de l’ONU. Les femmes les pressent sur leur cœur, tel un

talisman. Au moment même où je leur parle des droits de

l’homme, de l’éventuelle protection de l’ONU, je sais déjà que

je les trahis.

L’ONU, évidemment, ne fera rien. Planqués dans leurs villas à

Ciudad de Guatemala, les fonctionnaires onusiens se

contentent d’administrer de coûteux programmes dits de

développement. Dont profitent les latifundiaires. Peut-être, tout

de même, Eduardo Stein Barillas, un ancien jésuite proche de

Frank La Rue, mettra-t-il en garde le commandant de la police

d’El Tumbador contre d’éventuelles « disparitions »

organisées à l’encontre des jeunes grévistes…

La plus grande violence faite aux paysans est évidemment

l’inégale répartition des terres. Au Guatemala, en 2011, 1,86 %

des propriétaires possèdent 57 % des terres arables.

Il existe ainsi, dans ce pays, 47 grandes propriétés s’étendant

chacune sur 3 700 hectares ou plus, tandis que 90 % des

producteurs survivent sur des lopins de 1 hectare ou moins.

Quant à la violence faite aux syndicats paysans, aux

manifestants grévistes, la situation ne s’est pas améliorée. Au

contraire : les disparitions forcées et les assassinats ont

augmenté.5

Craintes et espoirs pour la suite

Otto Pérez Molina, ancien chef des renseignements, est - selon

les ONG - complice ou auteur de nombreux meurtres. Sa

promesse de gouverner le Guatemala de « mano dura » menace

surtout les syndicalistes, les démocrates, les femmes, les

hommes qui luttent pour leur survie matérielle et pour un

minimum de justice sociale.

J’éprouve une profonde admiration pour le combat patient,

courageux du mouvement social guatémaltèque.

J’exprime ma solidarité totale au Collectif Guatemala. ■

Nos premiers éditos

Page 8: Solidarité Guatemala 200

Militant de la première heure du Collectif Guatemala, il a été directeur de publication jus-qu'en 1997 puis s'est installé au Guatemala où il a travaillé pour plusieurs institutions inter-

nationales.

Hugues Cayzac

Q uand je suis arrivé au Collectif fin 1981, Solidarité Guatemala était une feuille, un tract recto-verso avec

un discours général sur la situation au Guatemala.

Le premier grand changement a été la décision en

1982 de faire ce qu’on appelait un bulletin. A la différence de

la vision qu’en avaient les exilés guatémaltèques, liés à

l'Armée de guerilla des pauvres (EGP), qui ont créé le

Collectif, à partir de 1982, des Français décident d’apporter en

priorité leur soutien à l’Unité révolutionnaire nationale

guatémaltèque (URNG) avec, et c’est la grande nouveauté,

« un appui non inconditionnel ».

Fort de l’affirmation de son autonomie, il fallait que le Collec-

tif Guatemala démontre la justesse de son point de vue qui

refusait l’amalgame entre propagande et analyse. Avec les

années, le bulletin mensuel - qui rassemblait en 32 pages un

certain nombre de rubriques allant de l’actualité guatémaltèque

aux nouvelles du front en passant par des articles culturels avec

chaque fois un dossier thématique - deviendra une véritable

revue avec des signatures invitées « de prestige » parce que

nous avions également le souci de l’institutionnalisation du

Collectif. Il fallait faire sérieux, il fallait être exigeant sur le

contenu et sur la forme. Nous étions fatigués du bricolage. En

même temps, nous refusions l’idée de financements externes à

l’association et de permanents, de membres salariés. Cela

signifiait que chaque numéro était un effort extraordinaire pour

chacune et chacun, qui pouvait aller de la coordination de

l’élaboration de l’ensemble d’un numéro jusqu’à la mise sous

enveloppe et le compostage.

Evidemment, à un moment, il n’était plus possible de nier

l’évidence : bien que le Collectif Guatemala ait effectivement

gagné de la crédibilité grâce à sa revue, l’instrument ne corres-

pondait pas à la nouvelle période. Il était clair que le Front

Farabundo Martí de libération nationale (FMLN) salvadorien

ne gagnerait jamais et l’URNG encore moins. Comme la

victoire n’était plus pour hier, il fallait s’installer dans le temps,

mettre en place des réseaux et développer la base du Collectif

lui-même. Les statistiques d’envois de Solidarité Guatemala

montraient une disproportion entre les envois gratuits (et

souvent internationaux) et les envois à des abonnés payants (le

plus souvent en France). Le Collectif ne pouvait plus continuer

d’être un petit comité d’activistes, où comparer les résultats du

travail du groupe avec les sacrifices de chacune et chacun

devenait de plus en plus douloureux et posait la question de la

capacité qu’aurait l’association à survivre dans le futur.

Il était temps de donner au Collectif une identité réelle d’asso-

ciation, avec son réseau d’adhérents qui lui permettrait d’avoir

une assise minimale et un fonctionnement plus souple et plus

rationnel. Quand nous avons conçu la Lettre à l’adhérent, tout

le monde avait en tête l’idée que le défi était comment faire le

mieux possible mais avec le minimum d’efforts, pour dire ça

comme ça. Et les nouveaux outils informatiques devaient nous

y aider. On conservait la revue Solidarité Guatemala comme

outil de réflexion, y compris sur des thèmes plus amples et plus

internationaux, mais avec une périodicité trimestrielle. De fait,

le manque de financement provoquera son arrêt. Mais je crois

aussi que l’heure n’était plus à ce genre de revue qui finale-

ment correspondait davantage à l’outil analytique d’un institut

ou d’une fondation qu’un comité de solidarité internationale.

C’est ce que confirmera l’orientation que prendra le Collectif

au début des années 90 avec sa décision d’être sur place à

travers l’accompagnement aux réfugiés de retour au pays, les

Communautés de population en résistance (CPR), les organisa-

tions de droits de l’homme, organisations paysannes et syndi-

cats urbains, etc. Le conflit armé interne allait sur sa fin, les

Accords de paix se signaient, personne ne présageait que les

organisations membres de l’URNG auraient la capacité à mon-

ter un parti politique unifié en temps de paix. A quoi pouvait

bien servir une revue de réflexion dans ce contexte ? La Lettre à l’adhérent s’avérait avoir été un bon choix, qui relaierait en

France les initiatives de membres de l’association sur place.

Jusqu’à ce que je quitte le Collectif en 1997, je me souviens

qu’il y a toujours eu le désir que Solidarité Guatemala et

ensuite la Lettre à l’adhérent reflètent des convergences de

points de vue et d’activités du Collectif avec les comités de

solidarité de province et ensuite d’autres acteurs du tissu

associatif français, pas seulement géographiques mais aussi

thématiques. Nous y parvenions difficilement parce que dans la

réalité, l’association avait peu de ressources pour assumer cette

projection.

Tout ça, c’était il y a bien longtemps en fait, mais en y

repensant il y a des petits moments qui font sourire comme

lorsque qu’un vieil exilé guatémaltèque nous a confié des

photos originales pour le bulletin qui commémorait le coup

d’Etat de 1954, cela devait donc être en 1984 … Ou ce que

j’appelais la guerre des photocopies. Pour rédiger leurs articles,

les uns et les autres avaient besoin d’information, bien sûr.

Nous photocopions ce qui arrivait au Collectif dans notre

boulot respectif, en cachette. Et il y avait des tonnes de docs à

photocopier parce qu’il ne s’agissait pas qu’il y ait rétention

d’information ! Je crois que personne ne s’est jamais fait

attrapé. Et si c’est le cas, elle ou il a préféré ne pas le raconter

aux autres ! Ce que je veux dire, c’est que cela faisait toujours

plaisir à voir, cette satisfaction collective quand on ramenait un

nouveau numéro de Solidarité Guatemala ou de la Lettre à

l’adhérent fraîchement imprimé. Au point que je crois que la

critique, à ce moment précis, n’était plus admise ! ■

Les directeurs de publication

Depuis 1979, la parution de Solidarité Guatemala a nécessité des milliers d'heures de travail bénévole. Nos deux directeurs de

publication ont coordonné ce travail chacun à leur tour. Il témoignent aujourd'hui de leur motivation et de leur engagement.

8 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Page 9: Solidarité Guatemala 200

nouvelle dynamique au sein de ce que l’on a appelé la société

civile. L’Assemblée de la société civile et la Coordination des

peuples Mayas du Guatemala ont commencé à travailler et à

produire des propositions. En parallèle, la recherche de vérité

et la lutte contre l’impunité mobilisaient les associations de

victimes et des groupes de l’église catholique. L’URNG

déposait les armes et tentait sa mutation en parti politique.

Depuis le Guatemala nous produisions, d’abord avec Hugues

Cayzac, puis seule par la suite, un rapport mensuel d’une

vingtaine de pages distribués par abonnement en France pour

traiter de ce qui se passait. Notre axe de traitement était la

participation et les demandes des organisations militantes

guatémaltèques vis-à-vis des institutions internationales. En

France, le CG a ouvert des espaces, trouvé des appuis

politiques, financiers, a permis de tisser des liens entre la

France et le Guatemala. Solidarité Guatemala était notre outil

d’animation de réseau.

Mes vingt années de militantisme au sein du CG m’ont permis

de suivre et de participer à plusieurs types de travail d’informa-

tion, qui continuent aujourd'hui à coexister. L’isolement de

certaines régions, au nord du pays, comme l’Ixcán ou le Petén

font qu’il est toujours nécessaire, aujourd’hui encore de briser

le mur du silence, de dénoncer et de lutter contre la désinfor-

mation. Analyser et faire le lien entre le Guatemala et la France

sera toujours notre travail de base. Mais aujourd’hui s’impose

une nouvelle manière de travailler. L’information pleut de

toute part, nous sommes assaillis de communiqués, d’informa-

tion parcellaire, le Web nous donne accès à l’info brute en di-

rect, mais produite par qui et pour qui ? Notre nouveau défi est

de nous adapter. Il faut faire le tri et produire des documents de

référence sur les sujets de solidarité internationale choisie avec

nos interlocuteurs guatémaltèques. Il faut continuer à former

nos militants sur le terrain de la réalité guatémaltèque. Ne pas

se précipiter mais prendre le temps de réfléchir et construire. ■

J ’ai commencé à écrire pour Solidarité Guatemala en

1993, pour témoigner de la situation des réfugiés et

déplacés internes dans l’Ixcán (département du

Quiché, à la frontière mexicaine, au nord du Guatema-

la). Ecrire mon premier article a été une véritable épreuve.

Chaque mot, chaque phrase m’ont coûté des heures de travail.

D’ailleurs nous n’avions pas d’ordinateur. Il fallait écrire,

raturer, réécrire des dizaines de fois pour avoir quelque chose

de propre sur du papier que nous faisions parvenir en France

par le biais de voyageurs rentrant au pays.

Ce que je voulais c’était comprendre et expliquer. Comprendre

les témoignages effroyables des réfugiés sur ce qu’ils avaient

vécu. Comment on avait pu en arriver là ? Comprendre la cons-

truction de la mémoire et du discours autour de cette période.

Pourquoi autant d’enthousiasme autour des activités collectives

des réunions, de la prise de parole… ? J’ai appliqué la rigueur

de ma formation scientifique à la mise à niveau puis l’appro-

fondissement de mes connaissances. J’ai lu tous les livres que

j’ai pu trouver sur l’histoire du Guatemala et de l’Amérique

latine, des relations avec les Etats-Unis, sur les processus de

Paix naissants en Amérique centrale. Au Guatemala des

centres de recherches en sciences sociales comme Flasco ou

Avansco publiaient des livres et essais très intéressants, sur le

conflit et la reconstruction sociale post-conflit. Puis mes an-

nées de travail au Guatemala auprès des acteurs du mouvement

social ont fait le reste. J’ai pu côtoyer et accompagner des

membres des organisations Mayas, paysannes, victimes du

conflit, des groupes de femmes dont l’infatigable militantisme

m’a guidé et continue à me guider aujourd’hui.

Cela m’a permis d’être en phase avec le besoin d’analyse de

cette période dense et riche en enjeux de tout genre. Au milieu

des années 90 le processus de transition démocratique battait

son plein et l’élaboration des Accords de paix a généré une

Les directeurs de publication

Coordinatrice du Collectif Guatemala au Guatemala de 1993 à 1997, elle est devenue directrice de publication à son retour en France et est également la trésorière de notre association.

Isabelle Tauty

9 Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Solidarité Guatemala, numéro 21, septembre 1983 Encore un général ! « Chute de l’Ayatollah guatémaltèque », « revanche des généraux », « l’homme des Etats-Unis au pouvoir »… Le coup d’Etat qui renversa le général Ríos Montt le 8 août n’a eu de spectaculaire que les titres des journaux. Se déroulant dans le calme, mis à part les « sept petits morts » de la garde présidentielle, la prise du pouvoir par le ministre de la défense, le général Oscar Mejía Victores, n’a surpris personne : on a assisté au dernier épisode de la chute au ralenti de Ríos Montt. Une semaine de rencontre et de solidarité pour un nouveau Guatemala du 30 mai au 6 juin, sur des thèmes chaque fois différents, les quartiers de la ville de Paris ont manifesté leur solidarité avec la lutte du peuple guatémaltèque. Alors que les affiches dénonçant le « génocide du peuple en lutte » recouvraient les murs de la capital, les Parisiens pouvaient participer à des débats, des projections, des conférences, des expositions et des témoignages de militants guatémaltèques: Jour 1 : Jesus García Ruiz, ethnologue, nous a fourni une quantité impressionnante d’informations sur le rôle des sectes nord-américaines au Guate-mala… Jour 2 : le public dégustant des empanadas a pu entendre l’exposé d’un représentant de l’URNG sur la lutte de son peuple. Jour 3 : le thème de la soirée était l’Eglise des catacombes. Deux représentants du Comité pro justice et paix ont témoigné de l’engagement des chrétiens dans la lutte populaire Jour 4 : Manuel Jose Arce, écrivain poète et militant, nous a illustré l’histoire du Guatemala et de ses luttes à travers une promenade le long des chemins de la littérature. Jour 5 : Christina, représentante du CUC (Comité d’unité paysanne) nous a fait vivre le combat des femmes indiennes et l’insertion des femmes guatémaltèques dans la lutte contre la dictature. Jour 6 : En présence de M. Rouquette, député, a eu lieu une discussion sur la situation des réfugiés tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Page 10: Solidarité Guatemala 200

10 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Solidarité Guatemala, numéro 38, automne 1987

Sommaire L’accord d’Esquipulas II : débat Retour à Nubila : des réfugiés en danger Le conflit armé au Guatemala : un secret diplomatique La terre : les racines du conflit Les faux pas de Reagan favorisent la Paix ; l’Amérique centrale vue des Etats-Unis La concertation gouvernement-patronat à bout de souffle ; Vinicio Cerezo au cœur de la crise Des espoirs de démocratisation frustrée, où va le syndicalisme gua-témaltèque ? Utopie et liberté, les droits de l’homme : une idéologie ? Le religieux, l’Etat et le contrôle de la population indigène au Guate-mala Un savoir-faire particulier, l’Allemagne fédérale exporte sa police

Solidarité Guatemala, numéro 55, novembre 1991 500 ans de résistance noire, indienne et populaire Après le voyage de presse et l’envoi d’une délégation au Guatemala pour la seconde conférence continentale des peuples indiens, nous lan-çons toutes nos forces dans l’organisation d’une marche Paris-Albertville-Genève en association avec l’association coureurs du monde en février 1992 et ceux-ci avec 3 objectifs: Appuyer la nomination d’un rapporteur spécial sur les droits de l’homme de l’ONU dont la session se tiendra à Genève Soutenir la nomination de Rigoberta Menchu comme prix Nobel de la paix en 1992 Populariser l’appel pour la redécouverte des peuples d’Amériques d’hier et d’aujourd’hui.

Solidarité Guatemala, Lettre à l’adhérent, numéro 83, janvier 1995

Appel à un accompagnement solidaire

Il y a deux ans le Collectif Guatemala recevait une première demande d’accompagnement. C’était alors les populations déplacées qui sollicitaient une présence internationale parmi elles. Depuis, la demande n’a cessé de croître. Retornados, CPR (Communautés des populations en résistance), organi-sations paysannes, associations de défenses des droits de l’homme, syndicats, équipe d’anthropologues, tous lancent aujourd’hui un appel à l’accompagnement solidaire. En 1995 plus que jamais la solidarité doit répondre à cet appel.

Editoriaux des anciens numéros

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Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12 11

SG, Lettre à l’adhérent, numéro 86, avril 1995

Négociations de Paix : accord sur l’identité et les droits des peuples indigènes

Le 31 mars 1995, après plus de 5 mois de discussions a été signé l’accord sur l’identité et les droits des peuples indigènes entre le gouvernement et l’URNG (Unité révolutionnaire nationale guatémal-tèque). La signature de cet accord est célébrée par l’ensemble des institutions internationales qui salue la volonté politique des deux parties pour mettre fin au conflit armé interne. Cet effort fait renaître l’espoir d’une paix à court terme. L’URNG a affirmé son intention de signer des accords dont le contenu permettra d’envisager de véritables solutions aux origines du conflit armé interne. Elle a fait siennes les propositions consensuelles de l’Assemblée des secteurs civils. Celle sur le thème des droits indigènes reprenait quasiment intégralement celle formulée par la coordination des organisations du peuple Maya (COPMAGUA).

SG, Lettre à l’adhérent, numéro 116-117 avril 1998

L’assassinat de Monseigneur Juan Gerardi: la mémoire du Guatemala ensanglantée

Cet assassinat a engendré au niveau national et international stupéfaction, indignation et colère. Des messages de solidarité venus des quatre coins du Guatemala et du monde entier ont été adressés au Bureau des droits de l’homme de l’archevêché. La manifestation du premier eut pour principale revendication : que toute la vérité soit faite sur l’assassinat de Mgr Gerardi. (…) Un voile dissimule encore une partie de la mémoire historique du Guatemala. C’est un frein à l’accomplissement des accords de paix, la vérité doit être connue et chacun doit assumer ses responsabilités. Pour avancer vers la paix, la société guatémaltèque a besoin de retrouver un minimum de points de repères, doit connaître sa véritable histoire, savoir que justice peut être faite, sinon comment retrouver confiance ? Comment avancer vers la réconciliation ?

Solidarité Guatemala, Lettre à l'adhérent, numéro 164, mai 2005

La justice espagnole va enquêter sur le délit de génocide au Guatemala. En février dernier, après une décision du Tribunal Constitutionnel espagnol, l´audience nationale s´est déclarée compétente pour enquêter sans restriction sur les délits de génocide, terrorisme et torture imputés aux successifs dictatures et gouvernements guatémaltèques entre 1962 et 1996. Cette décision intervient après une plainte déposée par la Fondation Rigoberta Menchu Tum en 1999 et après un long feuilleton juridique pour savoir si oui ou non la justice espagnole pouvait appliquer la juridiction universelle dans le cas du Guatemala. La commission rogatoire mandatée par l´audience nationale et chargée de l´enquête sera au Guatemala en juin. Le juge Santiago Pedraz et le fiscal Juan Antonio Garcia Javaloy feront citer le 23 juin les présumés accusés, c´est-à-dire les hauts commandements des années les plus dures de la répression (1978 - 85).

de Solidarité Guatemala

Page 12: Solidarité Guatemala 200

Témoignage

Quelles sont les raisons de votre engagement pour le Guate-

mala ?

L’histoire est assez simple. A l’époque, comme beaucoup, je

travaillais sur l’Amérique centrale, alors déchirée par les

conflits armés, et plus particulièrement sur le Nicaragua et le

Salvador. Au Nicaragua, les sandinistes avaient renversé la

dictature de Somoza et pris le pouvoir en [1979] alors qu’au

Salvador, galvanisé par cet exemple, le Front Farabundo Martí

de libération nationale (FMLN) constituait une menace réelle

pour l’armée. L’ensemble de ces affrontements – le Nicaragua

étant en butte aux attaques de la contra, soutenue par les Etats-

Unis – était considéré comme s’inscrivant (artificiellement

d’ailleurs) dans le cadre du conflit Est-Ouest et de la guerre

froide. En revanche, au Guatemala, la guérilla de l’URNG n’a

jamais eu la capacité militaire de renverser le pouvoir. Donc,

ce pays, malgré la répression féroce qui y était menée (la pire,

au bout du compte, dans la région), n’intéressait guère les mé-

dias. Par ailleurs, à la différence du Nicaragua et du Salvador,

le Guatemala est un pays à majorité indienne, donc plus diffi-

cile, pour un journaliste, à aborder sur le terrain. Les indiens

sont silencieux, secrets, prudents, méfiants et ils ne se confient

guère à l’étranger, contrairement aux ladinos qui, vous

connaissant à peine, hésitent moins à se confier – jusqu’à

l’imprudence parfois.

Certes, les organisations guatémaltèques membres de l’URNG,

comme l’Organisation révolutionnaire du peuple en armes

(ORPA) ou l’Armée de guérilla des pauvres (EGP) avaient des

correspondants en Europe. Je me souviens d’une Canadienne

qui passait régulièrement chez moi, à Paris, pour partager les

Maurice Lemoine, journaliste, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique et spécialiste de l’Amérique latine, il est l’auteur de plusieurs ouvrages d’analyse, notamment sur l’Amérique centrale. Il connaît le Collectif Guatemala depuis sa création en

1979.

Entretien avec Maurice Lemoine

Propos recueillis par Marilyne Griffon

Photo prise lors du tournage sur les Communautés de Population en Résistance , « Les Naufragés de l’Ixcan »,

diffusé sur Antenne 2 en 1994.

De gauche à droite, Maurice Lemoine, Gonzalo Arijon (réalisateur), Hugues Cayzac (assis à droite)

et des membres des CPR Ixcan

12 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Page 13: Solidarité Guatemala 200

Témoignage

analyses de l’ORPA sur la situation. Donc, du côté du

mouvement révolutionnaire, on avait une information globale.

Du côté du gouvernement aussi, peu avare en propagande.

Pour le reste, c’était plus compliqué. Là où le Collectif

Guatemala a été d’un grand secours, c’est qu’il a servi de re-

lais, et de par sa connaissance du terrain et a été un formidable

pourvoyeur de contacts et d’informations.

J’ai donc connu Juan Mendoza [membre historique du CG],

Colette Benoît (à ma grande surprise ; nous nous étions connus

auparavant en pratiquant le… parachutisme sportif !), puis

Hugues Cayzac qui, en plus d’être des gens éminemment

sympathiques, m’ont beaucoup aidé sur place. Avec Hugo, ça a

été en servant de « guide », sur place, pour le tournage d’un

film – Les Naufragés de l’Ixcán – sur les Communauté de

populations en résistance (CPR). Diffusé dans le cadre de

l’émission « Géopolis », sur Antenne 2 (le 5 février 1994), il a

été l’un des rares moments où le mur du silence médiatique sur

le Guatemala a été brisé sur une grande chaîne de télévision.

Je n’ai pas participé aux activités internes du CG, mais ai

régulièrement répondu à ses invitations pour participer à des

activités spécifiques telles que des interventions, conférences,

manifestations publiques et débats. Tout simplement parce que

le Collectif était le seul à mobiliser sur ce pays et à offrir une

tribune pour faire passer de l’info.

Que pensez-vous du rôle joué par le CG actuellement ?

Actuellement, en tant que journaliste, je travaille moins sur

l’Amérique centrale car, depuis la fin des années 1990, une

série d’événements et de changements agitent le reste du

continent, en particulier l’Amérique du Sud : l’arrivée au

pouvoir de présidents tels que Hugo Chávez au Venezuela,

Rafael Correa en Equateur, Evo Morales en Bolivie, Lula (puis

Dilma Roussef) au Brésil, les Kirchner en Argentine, etc., ont

bouleversé le panorama. Cela fait malheureusement partie des

dysfonctionnements et des contraintes du journalisme : il y a

une vingtaine de pays à suivre, et, lorsque l’attention se con-

centre sur tel ou tel, particulièrement importants en terme de

géopolitique globale, d’autres disparaissent du panorama. Pas

forcément par désintérêt (si je prends l’exemple du Monde

diplomatique, un mensuel, il ne dispose que de douze numéros

de vingt-huit pages par an ; donc forcément, à l’inverse d’un

quotidien, la place est limitée, ce qui oblige, souvent la mort

dans l’âme, à faire des choix). Le Collectif n’en est que plus

utile, qui pallie ces longues plages de silence. C’est grâce à son

travail et à son alerte, par exemple que, voyant passer le

rapport « Perenco », l’occasion m’a été donnée d’y consacrer

un article – sans le Collectif, l’information serait passée inaper-

çue. C’est donc dans les périodes peut-être les plus difficiles

pour vous, lorsque l’appareil médiatique oublie le Guatemala,

et que pas grand monde ne semble s’y intéresser, que vous

êtes le plus utile : vous agissez comme une piqûre de rappel, un

signal d’alarme et vous conservez allumé le flambeau. ■

13 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Solidarité Guatemala, Lettre à l'adhérent numéro 192, janvier 2011

« Défendre notre territoire,

c'est défendre notre culture et notre identité » Du 5 au 21 novembre a eu lieu la tournée européenne organisée par le Collectif Guatemala avec l'aide de ses partenaires en Suisse, en Belgique et en France. Retour sur deux semaines riches en émotions et en rencontres. Résumer deux semaines remplies de réunions, rencontres, acti-vités publiques et autres n'est pas tâche facile. Nous avons eu la chance d'accueillir cette année deux femmes d'exception dont le combat, la ténacité et la joie de vivre devraient être des exemples pour nous tous-tes. Les accompagner pendant l'en-semble de cette tournée m'a appris beaucoup, ainsi qu'à toutes les personnes qui ont pu assister à l'une des activités. Dès le départ, le discours de María Guadalupe et celui de Carmen se sont complétés, la première développant davantage la théma-tique des femmes, du conflit et des consultations communau-taires, la seconde abordant le cas de la mine Marlin et ses im-pacts sur la vie des habitants et des habitantes de San Miguel Ixtahuacán.

Solidarité Guatemala, Lettre à l'adhérent numéro 185, avril 2009

Journée d’action pour les victimes

de la mine à ciel ouvert de Goldcorp, Inc Avril 2009. Le 22 mai, la multinationale Goldcorp, réalise son assemblée annuelle à Vancouver, Canada. À cette occasion, plusieurs comités de solidarité, dont le Collectif Guatemala, participent à une action de dénonciation des agisse-ments de cette compagnie au Guatemala.

Cette lutte contre Goldcorp s’inscrit dans le cadre du combat

contre l’impunité et la crise de gouvernabilité que vit le pays.

L’actuelle violence sociale, parallèlement à la fragilisation des

institutions étatiques, permet aux secteurs dominants (oligarchie

traditionnelle, militaires, crime organisé) de renforcer leur

processus d’accumulation de pouvoir et de richesses. Les

multinationales profitent également du vide institutionnel pour

imposer leurs règles du jeu et, par une logique d’alliance, forcer

la mise en place d’un agenda politique basé sur leurs intérêts

économiques.

Page 14: Solidarité Guatemala 200

14 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Maria Guadalupe García

Organisation de femmes

anciennes-réfugiées au

Mexique Mamá Maquín

Témoignages des compas

Romeo Tecu

Association Justice et Réconciliation (AJR)

Le système d’accompagnement international

au Guatemala a renforcé les communautés.

Avant, les personnes se sentaient seules,

mais à partir du moment où les accompagna-

teurs sont arrivés au sein des communautés,

les victimes se sont senties soutenues.

L'accompagnement leur apporte, en ce sens,

un soutien psychosocial.

Pour notre organisation, le travail du Collectif Guatemala est réellement très important, pour plusieurs raisons :

votre solidarité avec les communautés en lutte pour le respect de leurs droits qui sont constamment violés et avec

celles détruites durant le conflit armé et qui sont encore en processus de reconstruction;

votre accompagnement des communautés en lutte pour la défense de la vie et du territoire. Celles comme Mamá

Maquín qui ont souffert des menaces pour exiger des informations sur les mégaprojets comme celui de la « Frange

transversale du nord ».

Nous nous sentons soutenues. En même temps votre accompagnement a un sens politique, à travers la divulgation

et la dénonciation des attaques des gouvernements et des transnationales contre les communautés qui ont refusé

les projets portant atteinte à la dignité et l’identité des peuples. Vous contribuez aussi avec vos activités de sensi-

bilisation dans vos pays et auprès des autorités, à faire connaître les peuples qui luttent pour la défense de la vie.

Les ateliers vidéo, que le Collectif a mis en place, ont contribué au renforcement des capacités de nos organisa-

tions et de la jeunesse pour créer leurs propres matériels audiovisuels pour pouvoir divulguer ce qui se passe dans

la région. Le soutien que donne le Collectif au peuple du Guatemala est intéressant et précieux. L’organisation de

tournée de défenseurs permet de faire connaître de vive voix les acteurs et actrices de la lutte en défense du terri-

toire. Ça nous permet également d’être en contact avec le peuple français pour partager nos expériences mais éga-

lement lui faire connaitre notre cosmovision, comment nous comprenons la terre et le territoire. Ce partage fait de

notre lutte votre lutte, et dans un avenir proche nous globaliserons notre lutte, depuis Mamá Maquín nous remer-

cions toutes les personnes qui font fonctionner le Collectif Guatemala.

Page 15: Solidarité Guatemala 200

Solidarité Guatemala n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12 15

Témoignages des compas

L'accompagnement international n’est à

mon avis pas uniquement un soutien ou une

façon de dissuader les menaces ou attaques

des défenseurs de droits humains, mais c'est

aussi une obligation humanitaire que de

nous soutenir et d'accompagner des défen-

seurs de droits humains qui tentent de par

leur travail de faire respecter ces droits au

Guatemala.

Edwin Canil

Centre pour l’action légale en

droits humains (CALDH)

Nous sommes enchantés d'avoir eu l'opportunité de participer à une

tournée avec le Collectif et des nouveaux contacts qui s'en suivi-

rent. Aujourd'hui nous continuons de parler de justice et gardons

l'espoir de l'obtenir un jour. Nous sommes heureux de vous savoir

encore avec nous. *

Avant que ne commence l'accompagnement, nous souffrions de la

répression des finqueros, de leur personnel de sécurité privée, de la

police, de tous ceux qui étaient là-bas. Quand vous avez commencé

à être avec nous, les choses changèrent, nous étions alors plus tran-

quilles et la répression a commencé à se calmer. Leur idée était de

détruire notre mouvement, ils voulaient en finir avec nous - les

dirigeants de l'association -, désintégrer notre organisation, pour

que celle-ci perde sa force. Mais lorsqu'ils ont vu que vous vous

intéressiez beaucoup à nous, et que vous dormiez même là avec

nous, dans « l'Hôtel Pro-Justicia ». Ca nous a donné de la force.

Nous en sommes très reconnaissants.

Mariano Calel

Association

Pro-Justice Nueva

Linda

Les personnes d'ACOGUATE et du Collectif nous ont accompa-

gnés moralement et nous avons lutté ensemble, nous les remer-

cions de ne jamais nous avoir délaissés. Ils venaient dormir à nos

côtés, dans les champas. Ils ont partagé les souffrances de Nueva

Linda. Combien de risques à cause du passage des camions de

canne à sucre et des véhicules qui passaient en continu! J'en suis

reconnaissant, parce que la lutte est une chaîne, de cela nous avons

reçu de la force.

Nicolás Oxlaj

Association Pro-Justice Nueva Linda (pendant le discours

sur les nouvelles terres à Santa Rosa, décembre 2011)

* En décembre 2011, les per-

sonnes de Nueva Linda revendi-

quant justice au bord de la route,

km.207 en direction de Champe-

rico, ont détruit le campement

qu'elles occupaient depuis 2004,

après l'obtention de terres dans le

département de Santa Rosa. A

partir de cette date, s'est terminé

l'accompagnement international

de ACOGUATE (pour un suivi

ponctuel) mais le CG maintient

son partenariat et le contact avec

le groupe. Voir Solidarité Guate-

mala n°197.

Page 16: Solidarité Guatemala 200

16 Solidarité Guatemala

n ° 20 0 se p te mb r e - o c to b r e 20 12

Brèves

Tribunal Popular de Salud Goldcorp, transnationale canadienne déployant ses activités d’extraction de métal précieux dans de

nombreux pays d'Amérique centrale, se targue d'avoir été élue pour la cinquième année consécutive

« première entreprise socialement responsable au Mexique ». Le Tribunal Populaire International de la

Santé qui a eu lieu à San Miguel Ixtahuacán , les 14 et 15 juillet dernier, a un tout autre point de vue.

L’instance symbolique composée de 13 « juges » nationaux et internationaux spécialisés dans le droit à la

santé, l'environnement ou les droits humains a reçu les représentants de plusieurs départements du Guate-

mala mais également du Mexique et du Honduras.

L'objectif du tribunal était de rassembler, d’écouter, d’analyser et de juger les différents impacts de

l'activité d'extraction minière ainsi que le comportement de la deuxième multinationale aurifère au monde

vis-à-vis des populations voisines de ses exploitations. Les témoignages se sont succédés sur les

exploitations minières de Los Filos, San Martin et Marlin situées respectivement au Mexique, au

Honduras et au Guatemala, évoquant les conséquences sur la santé et l'environnement mais aussi les

divers aspects sociaux, politiques et économiques qui affectent les communautés.

Le Tribunal a condamné Goldcorp pour ses activités dans ces trois pays car en plus de ne pas respecter le

droit à un environnement sain, l’entreprise a floué le droit à la libre détermination des peuples. Il a

condamné les Etats d'où viennent les dénonciations d'être complices de l'entreprise et d'être responsable

de la non protection des populations affectées. Et enfin il a condamné l'Etat canadien pour son soutien aux

investissements irresponsables en Amérique centrale.

Si ce verdict n'a pas de force contraignante, le TPIS étant une instance symbolique, il n'est pas négligeable

pour les futures actions militantes. Il vient crédibiliser et alimenter les futures dénonciations.

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Brèves

9 Août : Journée Internationale des Peuples Autochtones

Seize ans après la mise en place de cette journée internationale, une multitude de

représentants de la société civile guatémaltèque, notamment les organisations paysannes

et de défense des droits humains ont tenu à dénoncer la situation de pauvreté extrême et

de discrimination que subissent les peuples Mayas, xincas et garifunas.

L’année 2012 a connu une augmentation sans précédent des conflits sociaux autour de la

problématique des mégaprojets, de nombreux leaders communautaires ont été attaqués,

menacés et assassinés. Le gouvernement d’Otto Pérez Molina continue, quant à lui,

d’entretenir une image folklorique du peuple Maya, allant jusqu'à revêtir le costume

traditionnel Maya Kaqchikel dans une apparition publique. Derrière cette image

kafkaïenne, se cache une réforme constitutionnelle qui ne tiendra pas compte du droit

ancestral des peuples autochtones, un budget national ouvertement discriminatoire

envers les populations les plus défavorisées, un processus de consultations communau-

taires sur l’implantation d’industries extractives totalement ignoré, des milliers

d’hectares de terres fertiles confisquées par des intérêts économiques qui laissent des

millions de familles sans moyens de subsistance.

Les populations en résistance de Polochic, Santa Cruz Barillas, San Miguel Ixtahuacán,

San José del Golfo, San Pedro Ayampuc, Sayaxché, Laguna del Tigre et de la région

Ixil, qui constituent la majorité de la force productive du pays, exhortent la communauté

internationale à regarder en face toutes ces violations des traités internationaux dans la

région. Elles gardent espoir que le changement de cycle dans le calendrier Maya augure

d’un avenir digne pour les générations futures.

L’armée expulse 223 familles et met des centaines d’enfants dans la rue

Le 14 août dernier, l’armée expulsait de force 223 familles des terres qu’elles occupaient depuis janvier

dernier dans la zone 5 de Ciudad de Guatemala. Les habitants, dont plus de 300 enfants, tous vivant en

situation d’extrême pauvreté, n’ont rien pu faire d’autre qu’observer la centaine de militaires des forces

anti-émeute qui détruisaient leurs maisons. Les terrains occupés sont des terres non cultivées appartenant

au ministère de la Défense. « Nous occupons ces terres, pour nous faire entendre, nous ne voulons pas de

cadeaux, mais seulement qu’on nous écoute ! » exprimait en janvier dernier Juan Gomez* représentant de

la communauté « Jacobo Arbenz ». De nombreuses demandes avaient été faites pour légaliser cette

occupation. Toutes restées sans réponses.

Ces faits se dont déroulés alors que le gouvernement remettait le même jour à l’armée, via l’Institut de

Prévision militaire (IPM), trois nouvelles « fincas » (grandes propriétés) dont une dans la zone 15 de la

capitale, à Cayalá, d’une valeur de 23 millions de Quetzales (2,6 millions d’euros).

* http://cpr-urbana.blogspot.fr/2012/08/militares-desalojan-asentamiento-jacobo.html

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18 Solidarité Guatemala

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Brèves

Manifestation pacifique contre la mine à San

Rafael Las Flores

Des milliers d’habitants de San Rafael Las Flores et des

communautés solidaires se sont réunies le 20 juillet dernier

dans le parc central de la ville pour protester contre le projet

industriel minier El Escobal, de l’entreprise filiale de

l’américano-canadienne Tahoe Resources.

Les communautés voisines demandent également la réalisation

d’une consultation qui puisse faire connaître l’opinion réelle

des habitants à propos de ce projet. Récemment, le maire de la

ville a destitué certains membres de la commission en charge

de la consultation communautaire sur les activités minières qui

lui reprochaient de ne pas vouloir réaliser cet événement

démocratique.

La persécution continue à Barillas

« Depuis que 33 nouveaux mandats d'arrêt ont été lancés contre des représentants communautaires de la municipalité de Barillas,

parmi ceux-ci, quatre femmes, le climat de terreur s'est réinstallé et inquiète toute personne ayant manifesté contre la construction

du barrage hydroélectrique de cette localité », déclarait la dirigeante Hermelinda Simón Domingo.

« Ces mesures judiciaires ont été émises par le ministère public de Sant Eulalia, Huehuetenango. La persécution continue, moi,

j'ai un mandat d'arrêt, comme d'autres dirigeant-es, accusés de vol aggravé et détention illégale », ajoute t-elle.

Selon Sergio Vives, un des avocats des organisations communautaires, cette persécution pénale est dirigée contre les leaders qui

ont revendiqué l'éclaircissement des faits du 1er mai. Ce jour là a été assassiné un dirigeant, ce qui a déclenché une émeute,

justifiant l’instauration d’un état de siège. Il s'agit d'un instrument punitif pour criminaliser et désarticuler le mouvement social

qui s'oppose à la construction du barrage.

Le journaliste Andrés Cabanas, indiquait dans un de ses derniers essais: "l'état de siège n'est pas une mesure isolée mais une

proposition institutionnelle pour un modèle économique et politique déterminé: un coup d'Etat au niveau municipal qui prétend

légitimer les gouvernements autoritaires."

Le journaliste affirme que l'entreprise [espagnole] Hidro-Santa Cruz est incapable de se développer sans avoir recours à la force,

et qu'elle a besoin au plus vite de commencer la production [d'électricité] afin d'obtenir un retour sur investissement. Pour cela,

elle compte sur le gouvernement, qui voit en Barillas la possibilité de renforcer son modèle "neolibéral militariste".

Enfin, soulignons que les organisations communautaires considèrent que les personnes détenues le 2 mai sont des prisonniers

politiques.

Source : LaCuerda n°158, août 2012

Augmentation des attaques contre les leaders du mouvement social

L’organisation Maya Waqib´ Kej dénonçait le 7 août dernier des attaques de « hackers » qui ont désactivé et sérieusement

endommagé son site. Celui-ci a pour objectif d’informer sur les luttes et résistances des peuples Mayas, xincas et métisses et

sur le positionnement politique des organisations et communautés de défense du territoire, de la vie et contre les mégaprojets.

« Quand ceux d’en bas communiquent, ceux d’en haut tremblent », résumait Waqib´ Kej. Ces évènements s’ajoutent à

l’atmosphère de criminalisation, de contrôle et d’attentat contre les organisations, les peuples et leurs leaders.

Le 10 juillet dernier, la maison de Domingo Ixcoy, leader de l'organisation Maya Uk'ux B'e, est cambriolée et des menaces

de mort écrites laissées en évidence. Membre du mouvement révolutionnaire durant le conflit armé, Domingo est l’un des

co-fondateurs du CUC (Comité d’unité paysanne).

Le 4 juillet, les membres du Conseil des Peuples Quichés (CPK), parmi lesquels la leader Lolita Chávez, ont été attaqués et

quatre femmes blessées, par des sympathisants du maire de Santa Cruz du Quiché. Une manifestation pacifique venait de se

dérouler à San Cruz pour y dénoncer les liens du maire avec l'entreprise DEOCSA, filiale de la compagnie anglaise Actis.

Quelques semaines auparavant, dans la même région José Tavico Tzunun, aussi membre du CPK, avait été sauvagement

assassiné.

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AGENDA

Des nouvelles du terrain

- Un nouveau volontaire français est arrivé au Guatemala!

Maxime Verdier est parti en août et a été affecté à l’équipe régio-

nale d’Ixcań Nous lui souhaitons la bienvenue et une bonne inté-

gration au sein de l’équipe d’Acoguate.

- Quentin Boussageon est revenu du Guatemala après 6 mois dans

l’équipe mobile. Cette expérience enrichissante lui a permis de

rencontrer de très nombreuses personnes en région et à la capitale

et d’apprécier l'organisation du mouvement des luttes sociales.

Merci Quentin et bon courage pour la rédaction de ton mémoire!

Le Collectif Guatemala à la fête de l’Huma (14-16 septembre 2012) à la Courneuve

Retrouvez-nous sur le stand du CSIA (Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques) situé sur l’avenue Che Guevara au n° 75

Venez rencontrer nos invités de la campagne 2012:

Ramón Cadena, Hilda Ventura et Mario Ramos

Soirée inaugurale de la tournée

des militants guatémaltèques à Paris

Lundi 24 septembre à 20h

Projection-débat à l’Action Christine

4, rue Christine, 75006, Paris

En présence de nos 3 invités et de Philippe

Texier, juge au tribunal permanent des peuples

et Braulio Moro, membre du Bureau National de

France Amérique Latine

Soirée publique « résistances et alternatives »

Mercredi 26 septembre à 20h

Amnesty International

72-76 bd de la Villette, 75019, Paris

Retrouvez tout le programme détaillée de la

tournée dans le supplément campagne 2012 et

sur notre site internet

www.collectifguatemala.org

Le Collectif Guatemala recrute

de nouveaux accompagnateurs!

Le Collectif recrute de nouveaux volontaires pour partir sur le

terrain en 2013. Si vous êtes intéressés par l’accompagnement

international et souhaitez postuler, adressez-nous vos candida-

tures (lettre de motivation + CV) à l’adresse suivante:

[email protected]

La session de formation aura lieu les 20 et 21 octobre à Paris.

Pour en savoir plus: www.collectifguatemala.org

Bloc notes

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité

internationale. Il est composé d’associations et de particuliers, dont une bonne dizaine de membres actifs, sur lesquels repose la vie de

l’association. Depuis octobre 2002, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’un permanent à mi-temps. Depuis mars 2006, l’association a

ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants

luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles).

Les activités du Collectif au Guatemala

● L’accompagnement international

√ des populations indigènes victimes du conflit armé impliquées

dans des procès contre les responsables de violations massives

des droits humains,

√ des personnes menacées du fait de leurs activités militantes.

Comment ?

√ à la demande des groupes ou personnes menacées,

√ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au

minimum 6 mois sur le terrain.

Pourquoi ?

√ pour établir une présence dissuasive,

√ pour avoir un rôle d'observateur,

√ pour relayer l'information.

Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeurs, de tous

horizons, désirant s’engager pour une durée minimum de 6 mois.

Des sessions d’information et de préparation ont lieu en France

avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont intégré

au projet international d’accompagnement ACOGUATE.

● L’outil vidéo

√ organisation d’ateliers vidéo destinés aux membres d’organisa-

tions communautaires pour la réalisation documentaire

√ soutien à la diffusion de ces films à la capitale et dans les com-

munautés

√ réalisation de film-documentaires comme outil de campagne et

de sensibilisation en France

Les activités du Collectif en France

● L'appui aux organisations de la société civile guatémal-

tèque qui luttent pour plus de justice et de démocratie

√ en relayant des dénonciations de violations des droits de

l'Homme,

√ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendica-

tions,

√ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets,

√ en recevant en France et en Europe des représentants de dif-

férentes organisations pour leur permettre de rencontrer des

décideurs politiques et financiers.

● L’information et la sensibilisation du public français

Sur quoi ?

√ la situation politique et sociale au Guatemala,

√ la situation des droits de l'Homme,

√ l'action des organisations populaires, indiennes et paysannes.

Comment ?

√ par la diffusion d’une lettre à l’adhérent bimensuelle,

√ par l'organisation ou la participation à des conférences, dé-

bats, réunions, projections documentaires

√ par des réunions mensuelles ouvertes à toute personne inté-

ressée.

● Le travail en réseau avec différents types de partenaires

présents au Guatemala

√ associatifs,

√ institutionnels.

Contact: [email protected]

ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien :

Adhésion au Collectif, permettant de recevoir la Lettre à l’Adhérent - Solidarité Guatemala 23 €

Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif) 15 €

Don, un soutien supplémentaire pour nos activités ………

Total : ………………

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Code Postal ........................................ Ville .....................................................................................................

Téléphone ........................................... Courrier électronique ..........................................................................

□ Je souhaite être informé(e) par e-mail des activités du Collectif Guatemala

□ Je souhaite faire partie du Réseau d’alertes urgentes électronique

Les dons et cotisations peuvent être déductibles des impôts à hauteur de 66%.

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