solidarité 3/2013

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Numéro 3, août 2013 POINT FORT Kosovo ACTUALITÉ Samba pirate pour un Mondial équitable Le magazine de

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Journal de Solidar Suisse

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Page 1: Solidarité 3/2013

Numéro 3, août 2013

POINT FORTKosovo

ACTUALITÉSamba pirate pourun Mondial équitable

Le magazine de

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Esther MaurerDirectrice de Solidar Suisse

2 ÉDITORIAL

REVUE DE PRESSE

24.5.2013Que deviennent les droits humains et syndicaux en Chine?En janvier, la plateforme Chine qui re-groupe des associations comme Alliance Sud, la Déclaration de Berne ou Solidar Suisse a remis au ministre de l’économie une pétition munie de près de 23 000 si-gnatures exigeant que l’accord de libre-échange comporte aussi un chapitre sur la durabilité, avec des exigences sociales et écologiques et le respect des droits fondamentaux du travail. (…) le parle-ment se devra de nettement corriger le tir s’il ne veut pas que l’accord soit at-taqué par un référendum (…).

6.5.2013Les cimetières se mettent au commerce équitable(…) La stèle qui orne la tombe de grand-maman est-elle équitable? (…) Pour le socialiste Hans-Jürg Fehr, il est inadmis-sible «que nos cimetières comportent des pierres tombales fabriquées par des en-fants ou dans des conditions de travail précaires». Le conseiller national et prési-dent de Solidar Suisse aimerait les faire interdire. Cette perspective est diverse-ment perçue dans la branche. (…) Certai-nes villes ont pris les devants. Zurich re-fuse les matériaux fabriqués par des enfants. (…)

25.6.2013Une pétition pour un Mondial «équitable»Une organisation non gouvernementale, Solidar Suisse, a remis hier une pétition réclamant «un Mondial équitable au Brésil» au président de la FIFA, Joseph Blatter. Cette pétition, signée par 28 000 person-nes, avait été lancée avant le mouvement de protestation actuel au Brésil. «Sifflez votre opinion à Sepp Blatter», invitait sur internet l’ONG qui entend ainsi dénoncer les expulsions forcées d’habitants et de marchands ambulants en vue de la Coupe du monde 2014, ainsi que les conditions de travail sur les chantiers.

Chère lectrice, cher lecteur, Les personnalités politiques qui ont plaidé pour que la Suisse re-connaisse l’indépendance du Kosovo en février 2008 ont vu dans cette démarche un acte politique symbolique fort. Elles affir- maient que clarifier le statut du Kosovo était une condition de la stabilité et du développement économique et politique de toute l’Europe du Sud-Est.Lors d’une réception donnée, à l’époque, à l’ambassade de Suisse à Bucarest, je me rappelle avoir rencontré notre ministre des affaires étrangères d’alors. Désireuse de donner une chance au développement au-tonome du Kosovo, elle n’avait pas ména-gé ses efforts en faveur de cette recon-naissance. Elle savait toutefois qu’un «acte symbolique» ne suffit pas, loin s’en faut, lorsqu’il s’agit du développement d’un pays où non seulement la pau vreté est endé-mique, mais encore où quasiment toutes les infrastructures ont été détruites par la guerre. Si la Suisse pensait sérieusement donner une «chance de développement au Kosovo», cela signifiait donc aussi soutenir le développement par des apports financiers et un transfert de savoir-faire.Donner ou recevoir des opportunités est une chose; c’est savoir si elles seront utilisées qui est crucial. Solidar Suisse agit depuis 1999 au Kosovo, pour favoriser le dialogue social

notam ment (dans l’économie laitière ou la santé, p. ex.) et dans la lutte contre le chômage des jeunes. Une bonne dose de patience et de vastes connaissances techniques ont permis de nouer des liens de confiance réciproques, qui ont conduit à des résultats concrets pour la population kosovare. Les efforts consentis

portent aujourd’hui encore des fruits.

Ces derniers mois, Solidar a consacré beau coup d’énergie et d’engagement à la mise sur pied d’un projet pilote novateur visant à soutenir le développement au Kosovo avec l’appui la nombreuse dias-pora kosovare en Suisse. Mandataires de la DDC, nous espérions assurer le suivi de ce projet et créer des avantages concrets pour les deux parties, main dans la main avec tous les concernés. Or la DDC a sus-pendu le mandat et interrompu un dia-logue prometteur dans sa phase initiale. Voilà donc une opportunité galvaudée!

Mais chacun sait que Solidar ne baisse pas si facilement les bras. Nous continuons d’apporter un soutien intégratif à la population kosovare, car nous nous sommes engagés à contribuer à offrir une chance au Kosovo et à lui permettre d’en profiter.

Je vous souhaite une lecture enrichissante! Esther Maurer

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ACTUALITÉ La population du Brésil a protesté contre le Mondial à la fin juin et Solidar a fait savoir ses exigences pour une Coupe du monde équitable. 15

POINT DE VUE Au Kosovo, l’éducation doit être adaptée aux besoins de l’économie. 13

PORTRAITSotkalingam Lankadevi a connu de nombreux coups du sort. Mais elle ne baisse pas les bras et a repris le chemin de son village à la fin de la guerre civile au Sri Lanka.

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POINT FORTQuelle est la situation au Kosovo cinq ans après la proclamation de l’indépendance? Et quelle est la contribution de Solidar Suisse au développement de la jeune nation? 4

IMPRESSUM

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POINT FORT Kosovo 4 Où en est le Kosovo cinq ans après le fol enthousiasme de la proclamation de l’indépendance? 6 Au Kosovo, les soins de santé sont déplorables et inabordables: un projet de Solidar vise à changer cette situation 8 Une qualité rehaussée dope le secteur laitier 10 POINT DE VUE L’économie du Kosovo doit explorer de nouveaux secteurs pour lutter efficacement contre la pauvreté et le chômage 13 ACTUALITÉ Samba pirate: soutenue par des dizaines de milliers de gens, une action en ligne de Solidar exige un Mondial équitable au Brésil 15 Harassant et dangereux: le travail des coupeuses et coupeurs de canne à sucre en Bolivie 17 CHRONIQUE 11 CONCOURS 12 RÉSEAU Nouvelles des OSEO régionales 16 PORTRAIT Sotkalingam Lankadevi a reconstruit sa vie après la guerre civile au Sri Lanka 18

Editeur: Solidar Suisse, Quellenstrasse 31, Postfach 2228, 8031 Zürich Tél. 021 601 21 61, E-mail: [email protected], www.solidar.ch CP 10-14739-9 Lausanne. Membre du réseau européen SolidarRédaction: Katja Schurter (rédactrice responsable), Rosanna Clarelli, Eva Geel, Alexandre Mariéthoz, Cyrill Rogger

Layout: Binkert Partner, www.binkertpartner.ch / Spinas Civil VoicesTraduction:Irene Bisang, Interserv SA Lausanne, Milena Hrdina, Jean-François ZurbriggenCorrection: Jeannine Horni, Sylviane Deriaz, Carol Le CourtoisImpression et expédition: Unionsdruckerei/subito AG, Platz 8, 8201 SchaffhausenParaît quatre fois par an. Tirage 37 000 ex.

Le prix de l’abonnement est compris dans la cotisation (membres individuels 50.– par an minimum, organisations 250.– minimum). Imprimé sur papier recyclé et respectueux de l’environnement.

Page de titre: La production familiale agricole au Kosovo est à même de créer des emplois. Photo: Christoph Baumann. Dernière page: Une sélection parmi les près de 300 messages adressés à Sepp Blatter pour exiger un Mondial équitable.

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Grâce à l’instauration d’un dialogue social, les laiteries et les agriculteurs et agricultrices coopèrent pour développer l’industrie laitière.

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POINT FORT

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Cinq ans après la proclamation de son indépendance, où en est le Kosovo? Comment vit la population de ce pays qui a connu la répression du régime de Milosevic dans les années 1990 et qui est aujourd’hui, quatorze ans après la fin de la guerre, en quête de reconnaissance internationale?Voici le portrait d’un pays étroitement lié à la Suisse par une importante diaspora et pour le développement duquel Solidar Suisse s’engage depuis quatorze ans. Photo: Brigit Ruprecht

KOSOVO

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considère elle aussi que la déclaration d’indépendance du pays est illégale. Les réactions positives sont en revanche ve-nues de ceux qui misent gros sur cet état désormais multiethnique et démocra-tique. Ce fut notamment le cas de Miche-line Calmy-Rey, conseillère fédérale suisse: elle a évoqué le devoir qui in- combe à la population kosovare de saisir la chance qui lui est donnée de faire de son pays un modèle pour l’Europe et le monde entier.Ce sont les Albanais-e-s kosovar-e-s qui ont fondé les plus grands espoirs sur cette indépendance attendue et rêvée pendant des années. Pour eux, ce chan-gement était le gage d’un avenir meilleur,

Suite à la proclamation de l’indépendance du pays par le parlement kosovar le 17 février 2008, neuf ans après la guerre du Kosovo, le Premier ministre Hashim Thaci déclarait «à partir d’aujourd’hui, le Kosovo est fier, indépendant et libre». A cette occasion, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes brandissant des drapeaux s’étaient réunies dans les rues de Pristina. Les Kosovar-e-s de Suisse s’étaient eux aussi rassemblé-e-s spon-tanément pour manifester leur joie.

De grands espoirsLa réaction de la Serbie ne se fit pas at-tendre. Belgrade ne reconnaîtra jamais l’indépendance du Kosovo. La Russie

notamment grâce à l’entrée du pays dans l’Union européenne (UE), qu’ils espé-raient rapide. L’objectif politique majeur fixé par le gouvernement de Pristina était de devenir un membre à part entière de l’UE. Cette dernière a, quant à elle, en-voyé environ 2000 policières, juges et douaniers au Kosovo dans le cadre de la mission «Etat de droit» EULEX, afin d’aider ce jeune pays à structurer ses services administratifs.

Après l’euphorie, la désillusionUn peu plus de cinq ans après la déclara-tion d’indépendance, l’euphorie a laissé place à la désillusion. Plus d’un tiers de la population vit encore et toujours sous le

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FIER, INDÉPENDANT ET LIBRE?Cinq ans après l’enthousiasme provoqué par l’indépendance, le Kosovo déchante. Des réformes durables impliquent une meilleure intégration de la population civile.Texte et photos: Cyrill Rogger

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Les problèmes sont toujours les mêmes: en 2008, les manifestant-e-s réclamaient l’instauration d’un dialogue social, un Etat de droit et un salaire minimum suffisant pour vivre.

7POINT FORT 7

seuil de pauvreté et le taux de chômage s’élève à 45%. A ce jour, près de la moitié des Etats membres de l’ONU, parmi les-quels certains Etats membres de l’UE, no-tamment l’Espagne et la Grèce, n’ont tou-jours pas reconnu la république du Kosovo. En ce qui concerne l’intégration à l’Union européenne, le Kosovo est très en retard par rapport aux Etats voisins comme la Serbie ou la Macédoine. Contrairement aux habitant-e-s de tous les pays des Balkans occidentaux, les Kosovar-e-s ont par exemple toujours besoin d’un visa pour se rendre dans l’espace Schengen. Même l’accord conclu entre la Serbie et le Kosovo ce 19 avril n’a pas suscité l’enthousiasme des Kosovar-e-s. Bien au contraire: si la Serbie a accepté, par cet accord, que le nord du Kosovo, où réside une importante minorité serbe, soit dirigé par le Gouvernement kosovar, la popula-tion albanaise se montre plutôt sceptique vis-à-vis de l’autonomie accordée à cette minorité.

Dépendant des aides extérieuresLa stabilité économique du Kosovo dé-pend en grande partie de l’argent versé par les donateurs internationaux et les émigré-e-s de la diaspora (envois d’ar-gent). Selon les estimations de la CIA, l’argent versé par les donateurs repré-sente 10% du produit intérieur brut (PIB), et celui envoyé par les émigré-e-s 14%, soit au total près d’un quart du PIB.

Les fonds envoyés, notamment par la dias pora kosovare vivant en Suisse et composée d’environ 180 000 personnes, sont principalement destinés à la consom- mation et sont finalement peu investis dans les entreprises locales. Un sondage réalisé auprès des Kosovar-e-s vivant en Suisse a démontré que le climat d’inves-tissement défavorable avait tendance à décourager les membres de la diaspora. La bureaucratie et les impôts trop élevés s’avèrent être les obstacles majeurs à un climat propice aux investissements. La crise financière et économique mondiale qui a débuté à l’été 2007, mais surtout la crise de la zone euro de 2009 n’ont pas permis aux nombreux programmes de dé-veloppement économique soutenus par les donateurs internationaux d’attirer des investissements internationaux directs.

Manque d’éducation, de soins de santé et de participationLe manque de main-d’œuvre qualifiée représente un autre obstacle au dévelop-pement économique du Kosovo. Cela

semble incompréhensible, mais, en dépit du taux de chômage élevé, les entrepri-ses kosovares peinent à trouver de la main-d’œuvre compétente. Durant la ré-pression imposée par le régime de Milo-sevic dans les années 1990, le système éducatif kosovar a été fortement fragilisé et aujourd’hui encore, les classes sont souvent assurées par roulement. Le gou-vernement fait pourtant des efforts pour réformer l’enseignement, et plus particu-

lièrement la formation professionnelle, sans que l’on puisse pour autant consta-ter des progrès notables.Il en va de même pour le système de san-té publique: le gouvernement s’efforce d’entreprendre des réformes plus qu’in-dis pensables. Certes, les soins de santé primaires à proprement parler sont gra-tuits. Mais en cas de réelle maladie, peu de choses le sont. En général, les pa tien-t-e-s doivent tout d’abord se procurer les médicaments et le matériel médical eux-mêmes afin de pouvoir suivre un traite-ment (voir p. 8). La médiocrité des servi-ces de santé publique fait d’ailleurs partie des principales préoccupations de la po-pulation. Pourtant, les citoyen-ne-s ne sont pas informé-e-s des initiatives du gouvernement pour faire face à ce pro-blème. Très peu de personnes savaient que la mise en place d’une caisse mala-die obligatoire était prévue au début de l’année 2013 (elle a depuis été reportée). Alors que la Banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds sont largement impli-qués dans la réforme du secteur de la

santé, la société ci-vile en est tenue à l’écart, comme ce fut le cas lors de nombreuses autres tentatives de déve-

loppement de ce nouvel Etat.Pour que la population kosovare puisse faire de son pays un modèle pour l’Europe et le monde entier, il faudrait qu’elle soit tenue informée des projets du gouverne-ment et des bailleurs de fonds internatio-naux. C’est la seule façon pour les Koso-var-e-s de contribuer à des réformes satisfaisantes. Grâce à des projets ciblés, Solidar Suisse soutient cet engagement de la société civile kosovare.

Plus d’un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.

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fois arrivé-e-s à l’étage, nous sommes accueilli-e-s par Mynevere Hoxha. Cette médecin a 30 ans d’expérience à son actif et dirige le service d’obstétrique.Chaque année, ce sont 11 000 enfants qui voient le jour dans son service, soit 30 naissances par jour. La Dr Hoxha est fière de nous montrer les incubateurs modernes qui permettent de sauver des nourrissons prématurés ou malades. Les appareils onéreux du service ont été of-ferts notamment par une association au sein de laquelle la médecin est bénévole.Les couveuses qui se trouvent dans la pièce voisine ne sont plus vraiment fia-bles: sur l’une d’entre elles, il est difficile de régler la température précisément et, sur une autre, le tuyau respiratoire abîmé est «réparé» à l’aide de ruban adhésif. «Nous l’avons rafistolé, déclare la méde-

cin, mais maintenant, cette couveuse n’est plus vraiment hygiénique. Mais que peut-on y faire? C’est tout ce dont nous disposons!» Le bébé qui se trouve de-

dans ignore tout cela. Il a le teint pâle, mais respire calmement.La médecin nous explique qu’elle a pris l’initiative d’établir des règles sanitaires et des procédures au sein de son service. Aucune directive nationale n’existe et au-cun contrôle n’est effectué.

Le matériel médical à la charge des patient-e-sDe retour dans la rue, je remarque les nombreuses pharmacies. C’est là que les

Pristina. La capitale du Kosovo compte environ 200 000 habitant-e-s. Nous som-mes dans une ville dans la ville. A gauche et à droite se trouvent de grands bâti-ments hospitaliers et, au milieu, quelques bâtiments plus petits. L’hôpital universi-taire. Des personnes patientent sur les trottoirs et dans l’entrée. D’autres mar-chent en petits groupes, la plupart d’entre elles ont des papiers à la main.«Beaucoup de personnes attendent toute la journée avant d’être enfin examinées», déclare Syzane Baja, coordinatrice de Solidar au Kosovo. «Parfois, elles ne sont examinées que le lendemain, ou le surlen-demain. Tout est une question de relations.»

Aucune règle sanitaireDes agents de sécurité surveillent l’entrée lugubre du bâtiment qui abrite le service d’obstétrique. Nous gravissons les marches d’un escalier délabré. Une

Beaucoup de personnes attendent toute la journée avant d’être enfin examinées.

DES SOINS DE

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Le système des soins de santé au Kosovo est en piteux état: un manque d’hygiène certain, des frais médicaux exorbitants et aucune assurance-maladie. Le projet Solidar Kosana a pour but de remédier à tout cela. Texte et photo: Christof Hotz

SANTÉ À PRIX D’OR

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patient-e-s viennent acheter les médica-ments, seringues et pansements dont ils ont besoin pour leur traitement. En effet, l’hôpital ne leur fournit pas ce genre de matériel.Selon la maladie à traiter, le prix de tout le matériel nécessaire peut rapidement at-teindre 600 à 800 euros, soit environ deux salaires mensuels moyens. Des sommes beaucoup trop élevées pour les Koso - var-e-s, surtout pour le tiers de la popula-tion qui vit sous le seuil de pau vreté. Il est donc quasiment impossible de réunir de telles sommes d’argent sans l’aide de proches vivant au Kosovo ou à l’étranger.En dehors de l’hôpital universitaire de Pristina, le Kosovo compte sept hôpitaux régionaux, un grand nombre de cliniques et de cabinets privés, ainsi que 426 cen-tres de médecine familiale, qui sont les premiers centres d’accueil pour les per-sonnes souffrant de maladies courantes.

Les traitements de base sont gratuits, en revanche, les temps d’attente sont longs et, ici aussi, les médicaments et le maté-riel médical sont à la charge des patien - t-e-s.Depuis la guerre, le secteur de la santé est en piteux état. Le personnel de santé est parfois mal formé et très mal payé. Les médecins conseillent aux patient-e-s de venir les voir en dehors des horaires de consultation pour une consultation complète privée, mais cela a un coût.

Une nouvelle loi sur la santéAfin de remédier à cette situation, le Mi-nistère de la santé envisage d’adopter une nouvelle loi sur la santé qui devrait permettre de réglementer les activités privées des médecins et de mettre en place un système d’assurance-maladie obligatoire. Mais la mission s’annonce complexe: comment peut-on empêcher les médecins de se focaliser sur les consultations privées au détriment des soins de base gratuits? A l’heure ac-tuelle, leur salaire mensuel de 500 euros seulement les rend dépendants des pa-tient-e-s privé-e-s. Et à quoi ressemblera le système d’assurance-maladie? Quel type d’organisation du remboursement des prestations fournies par les hôpitaux pourrait permettre d’améliorer la qualité du système de santé?

Prendre en compte les besoins des patient-e-sC’est dans ce contexte que Solidar Suisse a lancé le programme Kosana. Nous avons consulté les Kosovar-e-s afin de savoir où le bât blesse selon eux et dans quelle mesure ils seraient disposés à payer pour une assurance-maladie. Jusqu’à présent, les besoins des patient-e-s n’avaient aucunement été pris en compte. Il est ressorti de cette enquête que les Kosovar-e-s sont tout à fait prêts à payer pour une assurance-maladie, selon leurs moyens financiers évidemment. Cette en-quête a également montré que la popula-tion espère avant tout une amélioration des soins de santé. Ces constats doivent désormais être pris en compte lors des discussions à propos de la nouvelle loi.En outre, Kosana aide les organisations de la société civile à formuler leurs be-soins et ainsi à faire entendre qu’elles seront bientôt officiellement reconnues et prises en compte par la nouvelle loi.Qu’est-ce qui pousse Mynevere Hoxha à participer au projet Kosana? «Ce projet est l’initiative idéale, au moment idéal. Nous voulons aborder les questions de santé afin que nos enfants puissent es-pérer un avenir meilleur!»

Le projet Kosana a pour but d’améliorer les soins de santé au Kosovo. La ré-forme de la santé visée par le gouver-nement progresse lentement et ne prend pas en compte les besoins des pa -tient-e-s et du personnel de santé. Grâce à des actions de lobbying, les organisations de patient-e-s et les pro-fessionnel-le-s de la santé soutiennent la revendication des besoins de la population afin que la réforme en tienne compte.www.solidar.ch/kosovo_projets

Kosana

Dessin humoristique caricaturant la situation du service de santé publique par la dessina-trice kosovare Luljeta Goranci.«Sek. Publik Da Pagesë» = secteur public gratuit

POINT FORT 9

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POINT FORT10

Les agriculteurs et agricultrices et les laiteries font front commun afin de développer le potentiel inexploité de l’industrie laitière au Kosovo.Texte: Christoph Baumann. Photos: Brigit Ruprecht et Christof Hotz

PLEIN ESSOR GRÂCE À LA QUALITÉ

Salih Abazi ouvre l’imposante porte de sa ferme pour nous faire entrer. Nous arri-vons dans une grande cour. Un tracteur et d’autres engins sont rangés sous un abri, le long du mur. La grande maison en briques n’est pas crépie, comme la majo-rité des bâtiments d’ailleurs. Nous som-mes ici pour voir la laiterie où le lait issu du système de traite est gardé au frais. Nous suivons la contrôleuse laitière, Do-nika Nila, qui, sans prévenir, vient contrô-ler la qualité du lait de la ferme. L’amélioration de la qualité du lait fait partie des principales mesures mises en place pour développer la filière du lait au Kosovo, d’autant plus que ce secteur d’activité peut offrir des perspectives d’emploi aux populations rurales.

La guerre a tout détruitAprès la guerre, en 1999, l’industrie lai-tière au Kosovo était anéantie: une seule laiterie dans tout le pays était encore en activité et la plupart des agriculteurs et agricultrices devaient repartir de zéro. L’aide humanitaire a permis de ramener des milliers de vaches au Kosovo, de re-construire de nombreuses petites éta-bles et de soutenir les laiteries dans leurs projets de reconstruction. Mais cela n’a pas suffi à relancer l’économie laitière. En effet, l’industrie laitière kosovare souffre des importations massives de produits laitiers et les produits locaux sont souvent vendus sur le marché noir. Jusqu’à présent, le secteur laitier man-quait cruellement de soutien de la part

de l’Etat, mais également d’agricultrices et agriculteurs qualifiés, ainsi que de spécialistes des technologies de l’in dus-trie laitière. La qualité du lait étant mau-vaise, la réputation des produits locaux l’est également, et les Kosovar-e-s pré-fèrent acheter des produits étrangers.

Une belle réussiteLes produits de Salih Abazi, eux, sont de bonne qualité. Chaque jour, 600 litres de lait, conservés à quatre degrés comme le veut la réglementation, attendent d’être achetés. Le fils de Salih Abazi observe Donika Nila prélever un échantillon de lait et signe le procès-verbal, pendant que l’agriculteur nous raconte en alle-mand: «Avant la guerre, j’ai passé deux

Donika Nila contrôle la qualité du lait des vaches de Salih Abazi: une meilleure qualité permet de vendre plus de produits laitiers kosovars.

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ans en Suisse et trois ans en Allemagne. C’est là que j’ai appris le métier d’agriculteur. Une fois la guerre terminée, j’ai reconstruit cette ferme avec ma fa-mille.» Pour Salih Abazi, ce contrôle de qualité indépendant est une bonne chose. Son lait répond aux exigences de haute qualité. L’histoire de Salih Abazi té-moigne du succès du dialogue instauré

dans le secteur laitier (voir l’encadré). Ici, des mesures concrètes ont été adoptées afin d’améliorer les conditions générales de la production laitière.

Une vision commune pour une reprise durableLe chemin était pourtant semé d’em-bûches: lorsqu’en 2009 Solidar avait ren-contré les associations de producteurs et de productrices de lait et les associations de laiteries, les intérêts et les objectifs de chacune étaient loin de converger. Les organisations avaient pourtant réussi à établir une vision commune de laquelle était née une stratégie soutenue par les actrices et acteurs des deux organisa-tions. Elle avait même permis d’impliquer le gouvernement dans ce projet. L’élément capital de cette stratégie était la mise en place d’un contrôle de qualité du lait cru, indépendant et transparent à l’échelle nationale, comme le pratique ac-tuellement Donika Nila. Pour être soumi-ses à ce contrôle, les exploitations lai-tières devaient être en registrées et la vente du lait réglée contractuellement. Cela a eu pour effet positif de diminuer la vente informelle et non contrôlée du lait. Résultat: les agriculteurs et agricultrices ont un volume de vente garanti, leur lait est certifié de qualité et le lait kosovar bénéficie d’une meilleure réputation. Ce système est profitable pour les grandes autant que pour les petites fermes.

Des subventions pour une meilleure qualitéDébut 2013, le secteur laitier a connu un nouveau tournant: le gouvernement a ac-cueilli avec intérêt la proposition des as-sociations d’introduire des subventions. Les agriculteurs et agricultrices produi-sant du lait de haute qualité ont alors bé-néficié d’une subvention qui les incite à

améliorer la qualité du lait. L’industrie laitière kosovare est ainsi parvenue à faire concurrence aux industries laitières fortement subven-tionnées des autres pays eu-ropéens. Salih Abazi n’est pas

le dernier à s’en réjouir: «Le ministère de l’agriculture me verse sept centimes par litre de lait. Grâce à cet argent, je peux ag-randir les étables pour que mes vaches aient plus de place.» La prochaine étape consiste à mettre en place des program-mes de formation axés sur la pratique pour les agriculteurs et agricultrices et les spécialistes des technologies de l’industrie laitière. Grâce à des partenariats avec des centres de formation étrangers, un nom-bre croissant de producteurs et productri-ces de lait et d’employé-e-s de laiteries pourront gagner un salaire adéquat.

PAKISTAN 7

Le dialogue instauré par Solidar Suisse entre les agriculteurs et agricultrices, les laiteries et les services adminis-tratifs au Kosovo a permis aux associa-tions de producteurs et productrices de lait et de laiteries de développer une stratégie sectorielle solide dans le cadre d’un processus de trois ans. La mise en place d’un contrôle de qualité indépendant et l’introduction des sub-ventions furent les mesures fortes de cette stratégie.www.solidar.ch/lait

Un succès

basé sur le dialogue

Au Bangladesh, une usine de vête-ments s’est effondrée et a fait plus d’un millier de morts. Elle s’est écroulée car elle avait été mal construite. Aux yeux des maîtres d’ouvrage, les faibles coûts avaient plus d’importance que la vie des employé-e-s. Cette violation des droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses n’est pas rare dans les pays où les salaires sont bas et où les multinationales occidentales ont im-planté leurs sites de production de masse. Les entreprises et les adminis-trations ne sont pas les seules à faire fi de la vie humaine. Les dirigeants des multinationales aux Etats-Unis et en Europe ne sont pas en reste. Ils pour-raient garantir des salaires convena-bles et des emplois stables avec très peu d’argent (15 centimes par T-shirt!), mais ils ne le font pas de leur propre initiative, nous devons les y contraindre.La catastrophe du Bangladesh dé-montre à nouveau que c’est l’application du droit du travail qui devrait être un in-dice de développement et non la crois-sance du produit intérieur brut. Pour cela, l’accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine doit répon dre à des exigences autres que la simple réduc-tion des entraves commerciales. Il doit constituer une base pour l’amélioration des conditions de travail en Chine, pour la lutte contre le travail forcé et pour la liberté syndicale. Il existe un règlement au niveau international qui précise la voie à suivre: les grandes conventions de l’Organisation internationale du travail. Si l’accord de libre-échange ne répond pas à ces normes, nous devons lutter pour que cela change.

Faire un exemple

Les subventions favorisent l’amélioration de la qualité.

Hans-Jürg FehrPrésident deSolidar Suisse etconseiller national

CHRONIQUE

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12 CONCOURS

ÉNIGME SUR LE KOSOVO

1. Cette part de la population kosovare vit sous le seuil de pauvreté.

2. Elles permettent d’améliorer la situation des agriculteurs et agricultrices en Suisse comme au Kosovo.

3. Doit être mieux adapté aux exigences du marché du travail au Kosovo.

4. Est en piteux état au Kosovo. 5. Elle devrait être plus impliquée au Kosovo. 6. Ils représentent 45% de la population kosovare. 7. Doit parfois être rafistolé avec du ruban adhésif dans les

hôpitaux du Kosovo. 8. Les habitant-e-s du Kosovo souhaitent en obtenir une,

pour que les prix des soins de santé ne soient plus prohibitifs.

9. S’il était de meilleur qualité produit sur place, il aurait la préférence des habitant-e-s du Kosovo.

10. Les habitant-e-s du Kosovo doivent les payer eux-mêmes s’ils souhaitent suivre un traitement médical.

11. La société kosovare en a besoin. 12. Pourcentage de virements effectués par des migrant-e-s

qui contribue au produit intérieur brut du Kosovo.

Envoyez la solution à Solidar Suisse sur une carte postale ou par e-mail à l’adresse: [email protected], objet «Enigme». Chaque bonne réponse participera au tirage au sort.

Prix Une dose de safran bio en pistils du Kosovo.

La date limite d’envoi est le 23 septembre 2013. Les noms des ga-gnant-e-s seront publiés dans Solidarité 4/2013. Le concours ne donne lieu à aucune correspondance, ni à aucune recours. Le personnel de Solidar n’a pas le droit d’y participer.

La solution de l’énigme de Solidarité 2/2013 était «perspectives». Les ga-gnant-e-s ont été tiré-e-s au sort: Evy Merino-Dürr de Bonstetten, Martine Bartel de Bienne et René Chammartin de Rossens ont gagné un pot de chutney. Nous remercions les participants et le projet SalSAH de l’entreprise SAH Zürich pour les prix offerts.

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LE PAYS A BESOIN DE NOUVELLES STRATÉGIESPour combattre efficacement la pauvreté et le chômage, le Kosovo doit diversifier son économie.Texte: Bashkim Iseni, directeur d’Albinfo.ch*

Le Kosovo est un Etat jeune. Depuis cinq ans, il s’efforce de stabiliser sa situation et de se doter d’institutions politiques, administratives et juridiques. Il apprend également à exercer sa souveraineté, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Pauvreté extrême et chômage élevéSur le plan économique, des infrastructu-res routières ont vu le jour ces cinq der-nières années, des entreprises de l’Etat socialiste ont été privatisées, des immeu-bles neufs et des centres commerciaux sont sortis de terre un peu partout. Les responsables politiques ne semblent toutefois pas suivre une stratégie effi-cace pour contrer la pauvreté et le chô-mage structurel. Selon les données officielles, 29,7% des habitant-e-s vivent dans la pauvreté, disposant en tout et pour tout de 1,72 euro par jour, tandis que 10,2% des gens vivent dans une pauvreté extrême, soit avec moins de 1 euro par jour. Quant au chômage, son taux avoisine 45% de la population en âge de travailler.Le plus urgent est de trouver comment créer des emplois. Les investisseurs étrangers ne courent en effet pas les rues au Kosovo. L’absence de grands ca-pitaux étrangers est due notamment au

statut international incertain du pays, mais aussi à sa faible compétitivité et à son manque d’attrait. Viennent encore s’y ajouter la corruption, l’opacité des marchés publics, les problèmes d’approvisionnement énergé-tique et l’absence de garanties offertes aux investisseurs étran-gers.

Agriculture et tourisme: un grand potentiel Il importe de revoir les mesures privilé-giées jusqu’ici pour stimuler le dévelop-pement socio-économique du pays. En parallèle aux efforts actuels, qui visent à promouvoir les gros investissements, le Gouvernement kosovar doit également poursuivre de nouvelles stratégies et allouer des moyens à d’autres modes de développement, qui déboucheront sur des résultats concrets à moyen, voire à court terme. Dans la pratique, il est ur-gent de créer un marché du travail et d’adapter le système de formation aux besoins réels de l’économie. De plus, le pays importe la plupart des denrées ali-mentaires consommées, alors qu’on y trouve des exploitations agricoles fami-liales à foison. Or ce secteur est à même de créer des emplois, car il dispose de débouchés appréciables dans les pays

POINT DE VUE

voisins et dans les pays occidentaux abritant une nombreuse diaspora koso-vare. Force est toutefois de constater que les produits alimentaires répondant

à la demande de la diaspora proviennent essentiellement des autres pays des Balkans. La même réflexion s’applique au tourisme, car ni l’Etat ni les communes ne s’attachent à promouvoir les beautés de la nature, dont le Kosovo ne manque pourtant pas.L’expérience suisse en la matière peut servir d’exemple pour diversifier l’éco- nomie kosovare. Il convient toutefois d’associer les Kosovar-e-s de la diaspora à ce processus, car ils peuvent apporter une contribution décisive au développe-ment durable du jeune Etat.

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* Plateforme de la Suisse albanophone qui diffuse des informations sur l’actualité au Kosovo, en Albanie et dans les autres pays des Balkans à minorité albanophone, ainsi qu’en Suisse.

Il importe d’allouer des moyens à d’autres modes de développement.

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Conférence de l’OIT: travail décent et développementLors de la conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui s’est tenue en juin, les plus de 2000 délégué-e-s du patronat, des Etats et de la main-d’œuvre ont recon-nu pour la première fois le rôle d’un tra-vail décent pour le développement. Dans une prise de position, ils ont sou-ligné que dialogue social, sécurité so-ciale, normes du travail et emploi (soit les quatre piliers du travail décent) sont essentiels à un développement durable et doivent être au cœur de toute poli-tique visant à instaurer une croissance durable. Développement, emploi, pros-périté et justice sociale sont en effet indissociables. Négliger l’un de ces éléments, c’est renoncer à un dévelop-pement qui bénéficie à tout le monde.En adoptant à l’unanimité une résolu-tion allant dans ce sens, les délégué-e-s ont rappelé aux Etats membres de l’OIT que le dialogue social apporte une contribution cruciale à la cohésion sociale et les ont invités à faire cesser le mépris des partenariats sociaux engendré par la crise financière.

Dix ans de coopération au développement dans la Constitution vaudoise: ça se fête!A l’occasion du 10e anniversaire de l’inscription de la coopération au déve-loppement dans la Constitution vau-doise, la Fédération vaudoise de coopé-ration (Fedevaco) et ses associations membres se retrouvent pour une soirée spéciale ouverte au public. Au menu: des débats, un film, des saveurs d’ici et d’ailleurs et bien d’autres animations.

BRÈVES

Solidar a une nouvelle responsable de la communicationEva Geel a entamé ses activités chez So-lidar Suisse en remettant notre pétition à la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Responsable de la communication depuis mai, elle a pour-

suivi ses débuts sur les chapeaux de roues: conférence des coordinatrices et des coordinateurs nationaux de Solidar, conférence annuelle de la DDC et, fin juin, action dans le cadre de la campagne pour un Mondial équitable (voir p. 15).Durant de nombreuses années, Eva Geel a travaillé comme journaliste au-près de divers quotidiens et hebdoma-daires avant de rejoindre Greenpeace, où elle fut tout d’abord porte-parole, puis responsable de la section climat et éner-gie. Ces deux dernières années, elle a été en charge de la communication et des campagnes dans le secteur des ser-vices au sein du syndicat Unia. Son avis sur ses premières semaines chez Soli-dar? «Aussi passionnant que prenant!»

Avec la participation du président du Conseil d’Etat vaudois Pierre-Yves Maillard et de la conseillère d’Etat Jac-queline de Quattro ainsi que de per-sonnalités politiques de tout bord. En trée libre, sur inscription: 021 601 21 12, [email protected]

Mardi 24 septembre 2013, 18 h–22 h, Casino de Montbenon (salle des fêtes), Allée Ernest-Ansermet 3, 1003 Lausanne Plus d’infos sur www.fedevaco.ch

Salvador: non à la violence envers les femmes!Au Salvador, le taux de meurtres parmi les femmes bat tous les records: chaque année, 12 Salvadoriennes sur 100 000 sont tuées et la violence sexuelle envers les femmes et les jeunes filles atteint un niveau alarmant. Avec la participation de 57 organisations et 19 communes, Solidar Suisse a dès lors mené, de no-vembre 2012 à février 2013, une cam-pagne contre les violences faites aux femmes. Des panneaux publicitaires ont été placés le long des routes et dans les parcs. Le slogan «Cette maison est un espace où les femmes vivent à l’abri de

la violence» a été sprayé sur 370 habita-tions, avec l’accord des propriétaires. La campagne comprenait aussi des cours de perfectionnement, des débats pub-lics et des manifestations.

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Les internautes qui ont suivi le lien de notre action (www.fifa-brazil-2014.com) le dimanche 23 juin ont été fort surpris: après quelques secondes, le slogan «Nous voulons une Coupe du monde équitable» apparaissait sur le site officiel de la Fédération Internationale de Foot-ball Association (FIFA), tandis qu’un Sepp Blatter dansant la samba sautillait sur l’écran. L’effet boule de neige a fait le reste: en l’espace de 24 heures, 240 000 personnes ont participé à la samba pirate.Nos critiques sont justifiées: grâce à une loi spéciale, la FIFA est largement exoné-rée de l’impôt au Brésil. Autour des sta-des, elle a imposé des zones exclusives pour elle-même et des sponsors comme Coca Cola. Aujourd’hui déjà, des dizaines de milliers de marchand-e-s de rues sont privés de revenu, car ils se voient retirer

leur licence. Au moins 200 000 person-nes ont été chassées de chez elles pour faire place à la Coupe du monde, tandis que la précarité règne sur les chantiers des stades.

Forcée de réagir sous la pression populaireLa FIFA a longtemps passé sous silence la remise, pourtant annoncée, de la péti-tion de Solidar. Au dernier moment, Sepp Blatter s’est déclaré prêt à recevoir en mains propres les quelque 28 000 signa-tures. La pression populaire y est pour beaucoup: alors que plus d’un million de manifestants protestaient contre la cor-ruption et les milliards dépensés pour le Mondial au Brésil, un grand nombre de personnes ont soutenu l’action internet de Solidar Suisse contre la FIFA.

Pas de foot sur le dos des pauvres!L’action contre la FIFA a également sus-cité d’autres réactions: près de 300 per-sonnes ont adressé des messages à Sepp Blatter. En voici deux exemples: «En lien avec le mondial 2014 au Brésil veuillez assumer vos responsabilités» et «Combien de sang le football devra-t-il faire couler, pour que la FIFA revoie sa politique de maximisation des profits aux dépens des plus pauvres?» (Lire aussi en dernière de couverture.)Au Brésil, le parlementaire Romário, ex-star du foot, a commenté la colère contre la FIFA: «La FIFA débarque chez nous pour engranger un bénéfice de près de quatre milliards de réaux (deux milliards de francs) et exige encore que le gouver-nement se porte garant d’éventuelles pertes!»

Sepp Blatter promet le dialogueLors de la remise de la pétition en pré-sence d’un danseur de samba, au siège de la FIFA, à Zurich, Sepp Blatter a pro-mis à Esther Maurer, directrice de Solidar, de prendre part au dialogue en faveur d’une Coupe du monde équitable. A le croire, la FIFA prend les protesta-tions au sérieux et est prête à intervenir auprès du Gouvernement brésilien pour améliorer les conditions de travail sur les chantiers des stades. Certains points, telle la large exonération fiscale de la FIFA au Brésil, restent en suspens. Sepp Blatter s’est cependant engagé à partici-per cet automne à un premier entretien avec Solidar. Quant à Esther Maurer, elle a déclaré: «Nous espérons beaucoup qu’un dialogue se mette en place, car nous voulons contribuer à ce que la Coupe du monde profite à tout le monde et non juste à une minorité.» Nous conti-nuerons à coller au ballon.

Fin juin, Solidar a mené une action en ligne en faveur d’une Coupe du monde équitable. Sepp Blatter lui-même a reçu notre pétition. Texte: Katja Schurter. Photo: Sabine Rock

SAMBA PIRATEPOUR UN MON-DIAL ÉQUITABLE

La directrice de Solidar, Esther Maurer, en discussion avec Sepp Blatter lors de la remise de la pétition pour un Mondial équitable au Brésil en 2014.

ACTUALITÉ 15

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OSEO Valais: Lignes de vieNeuf femmes provenant de huit pays différents que le hasard de la vie a fait se rencontrer à Sion, dans le cours d’intégration pour femmes etrangères (CIFE) de l’OSEO Valais. Elles y sont ve-

Nouvelle secrétaire nationaleAprès le départ d’Yves Ecœur en avril cette année, Kim Schweri a dirigé ad in-terim le secrétariat national des associa-tions régionales de l’OSEO. Le 1er juin, elle a été nommée officiellement à ce poste. Les tâches prioritaires du secré-tariat national comprennent le dévelop-pement du réseau d’associations régio-nales, les relations publiques et la communication, ainsi que l’acquisition et le suivi de projets d’envergure nationale. «Je me réjouis vraiment de m’atteler à la tâche, déclare Kim Schweri. A mes yeux, nous devons surtout renforcer nos relations avec nos parrains et avec Solidar Suisse.»Avant de devenir, en août 2011, l’assistante du secrétaire national de l’OSEO, Kim Schweri a surtout travaillé dans le domaine social, passant de la garde d’enfants à Pro Infirmis. Dési-reuse de participer activement aux pro-cédures législatives, elle a entamé des études de droit. Elle a par ailleurs siégé au Grand Conseil du canton d’Argovie et au sein de la direction des Verts argoviens.www.sah-schweiz.ch/fr

Journée des réfugié-e-sA Lucerne la Journée mondiale des ré-fugié-e-s a été célébrée le 15 juin: le Kapellenplatz a été occupée par des at-tractions et des stands, dont le banc d’information de l’OSEO Suisse centrale. Celle-ci a d’ailleurs participé à la campa-gne de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), intitulée «Réussir en-semble!». L’action voulait montrer tout ce que l’économie et la société ont à ga-gner en offrant non seulement protec-tion mais aussi travail aux réfugiés. Car travailler, c’est être reconnu et participer à la société. Lorsqu’ils travaillent, les ré-fugiés se passent de l’aide de l’Etat et l’économie peut profiter de leurs compé-tences. www.sah-zs.ch

OSEO Suisse centrale: nouvelle directriceDébut août, Ursula Schärli a pris les commandes de l’OSEO Suisse cen-trale. Responsable des finances et ser-vices depuis 2002, elle assurait la di-rection ad interim de l’association depuis 2004. Lorsque le nouveau sec-rétaire général, Ruedi Fahrni, a renoncé à son poste durant sa période d’essai au printemps de cette année, Ursula Schärli a assuré l’intérim. Elle a ensuite été retenue parmi 80 candidat-e-s pour oc cuper le poste de directrice. Sa connaissance approfondie du domaine social et de l’OSEO, ainsi que ses qua-lifications professionnelles, constituent ses meilleurs atouts pour relever les défis qui attendent l’OSEO.

Cette rubrique constitue la plateforme des organisations de notre réseau. On y trouve des informations sur les associations régionales de l’OSEO, qui dispensent notamment un soutien aux personnes sans emploi et aux migrant-e-s. Une longue histoire et des racines communes unissent Solidar et les OSEO régionales.

nues pour apprendre le français et con naître leur nouveau contexte de vie, mais aussi pour participer à un projet collectif: l’atelier de créativité.En 2012, l’OSEO a expérimenté le jeu théâtral et la musique, guidé par deux artistes valaisannes: ce travail d’intro- spection a permis aux femmes de se raconter, en mots et en musique. «Li-gnes de vie» est le fruit de ce travail qui met en valeur leur culture et leur a don-né la chance d’exprimer leurs senti-ments et surtout de les faire partager à la population valaisanne. «Lignes de vie» a été présenté dans différents lieux culturels valaisans de janvier à juin 2013. Il a suscité un vif intérêt de la part des médias valaisans. Un DVD du spec-tacle est disponible. www.oseo-vs.ch

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UN TRAVAIL DUR ET DANGEREUX

Depuis quand vivez-vous à Bermejo?J’ai passé toute ma vie ici. Mes parents ont déjà coupé de la canne à sucre à Ber mejo. Pour ma

part, j’ai commencé à l’adoles cence.

Etes-vous allé à l’école?J’ai fréquenté l’école primaire jusqu’en troisième année, mais je ne sais ni lire ni écrire.

Vivez-vous ici seulement pendant la récolte?Non, je passe toute l’année à Bermejo, avec ma femme Aurora et notre fille Jen-nifer. La récolte de canne à sucre s’étend de mai à novembre. En dehors de cette période, je suis l’un des rares à pouvoir exécuter de menus travaux sur la planta-tion, comme désherber les champs.

Comment se présente votre journée de travail?Pendant la récolte, je travaille douze à treize heures par jour. La journée com-mence entre 3 et 4 heures du matin. Nous chargeons alors sur des camions les cannes à sucre coupées la veille. A 6 heures, nous avons une demi-heure pour petit déjeuner. Ensuite, nous cou-

pons des cannes à sucre jusque vers 10 heures, puis les chargeons sur des ca-mions jusqu’à midi. La pause de midi, de 12 à 15 heures, je la passe à la maison. Nous coupons ensuite de la canne à su-cre jusqu’à 19 heures. Durant la saison, nous travaillons sept jours sur sept.

Combien gagnez-vous par jour?Avec l’aide de ma femme et de mon frère, je parviens à couper environ trois tonnes de canne à sucre par jour. Le propriétaire de la plantation me paie 53 bolivianos (7 francs environ) par tonne. Toutes les deux semaines, il me verse un salaire partiel de 400 à 600 bolivianos (50 à 80 francs). Je touche le reste à la fin de la saison, en novembre.

Quelles personnes vivent du revenujournalier de 160 bolivianos?Mon frère, ma famille et moi. Dans la me-sure du possible, je viens aussi en aide à mes parents et à mes autres frères et sœurs. Durant la saison, le salaire suffit et je peux économiser un peu. Nous de-vons puiser dans cette épargne en de-hors de la saison, où je ne reçois que 70 bolivianos (9 francs) par jour.

Avez-vous une assurance-maladie?Il existe une caisse maladie publique, mais elle ne couvre de loin pas toutes les dépenses.

Coupeur de canne à sucre dans la plaine bolivienne, Weimar Franco Cardoso, 19 ans, travaille dans des conditions très pénibles. Interview: Joachim Merz. Photos: Désirée Good et Joachim Merz

Solidar Suisse soutient le syndicat des ouvriers et ouvrières de la canne à sucre, afin de relever leurs salaires et d’améliorer leur accès à la santé et à la formation de même que celui de leurs familles, dont la plupart vivent dans des bâtiments communautaires durant toute la récolte. L’émission ra-dio «La voz del zafrero» explique leurs droits aux coupeurs et coupeuses de canne à sucre.www.solidar.ch/conditions_de_travail

Salaires plus élevés,

formation et santé

ACTUALITÉ 17

Appréciez-vous votre travail?La récolte de la canne à sucre est un tra-vail dur et physiquement pénible, car tout se fait le plus souvent à la main. Il com-porte aussi des risques: il m’est arrivé, lorsque nous chargions un camion, de tomber de l’échelle avec mon fagot. Je me suis blessé à la hanche. Un fagot de cannes pèse entre 65 et 70 kilos. De plus, on trouve des serpents venimeux dans les champs. Je ne voudrais pas que mes enfants travaillent dans une planta-tion de canne à sucre. Je leur souhaite un sort meilleur.

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«TOUT N’ÉTAIT QUE RUINES»Après la fin de la guerre civile au Sri Lanka, Sotkalingam Lankadevi est rentrée dans son village détruit. Malgré plusieurs coups du sort, elle est parvenue à rebâtir son existence.Texte: Katja Schurter. Photos: Malith Jayakody

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«Le retour à Arasarkerny fut un véritable choc. Les rues, les bâtiments, les jardins et les champs, tout était en ruines et en-vahi par la végétation. Ma petite maison était détruite et sur les 60 cocotiers, 40 jonchaient le sol.» Comme bien d’autres, Sotkalingam Lankadevi a été confrontée à la destruction voilà deux ans, lorsqu’elle est retournée dans son village du nord du Sri Lanka à la fin de la guerre civile. Elle avait déjà dû le fuir en 2006.

Déplacée à plusieurs reprisesCe n’était pas le premier coup du sort pour Sotkalingam Lankadevi. En 1994, son époux a dû être hospitalisé d’urgence parce qu’il souffrait de coliques intestina-les. Malgré la guerre civile, ils parvinrent à gagner Jaffna pour qu’il puisse y être

opéré. Mais il décéda trois jours plus tard, laissant Sotkalingam Lankadevi seule avec sa fille de quatre ans. «L’avenir s’est assombri, se rappelle-t-elle. Tout d’un coup, j’avais l’entière responsabilité de ma fille, moi qui n’avais aucune expé-rience professionnelle.» Mais elle n’a pas renoncé: avec les feuilles de ses 60 co-cotiers, elle a commencé à tresser des nattes et à les vendre. Comme cela ne lui permettait pas de gagner sa vie, elle a planté du riz sur les terres reçues de ses parents. «J’ai pensé que je pourrais alors voir grandir ma fille sans souci financier», explique Sotkalingam Lankadevi. Mais la guerre a réduit cet espoir à néant. Elle a dû laisser derrière elle son stock de nat-tes de feuilles de coco tressées et fuir à Murasumoddani. Là, elle a investi toutes ses économies dans la culture du riz. Mais la guerre atteint bientôt cette localité également: «Les incessants bombarde-ments nous ont contraints à chercher re-fuge dans un bunker. Nous avons survé-cu grâce aux denrées sèches distribuées aux familles déplacées. C’était terrible. En 2009, nous avons gagné le camp de ré-fugiés de Menik Farm où j’ai été témoin d’inimaginables tragédies humaines.»

Reconstruire son existenceAprès deux ans passés à Menik Farm, Sotkalingam Lankadevi et sa fille sont re-tournées dans leur village d’origine, dé-truit: «Je ne pouvais même pas atteindre ma maison, car je n’avais pas l’argent né-cessaire pour déblayer la route d’accès.» Elle a donc été heureuse de pouvoir prendre part au projet «travail contre ré-munération» de Solidar dans le cadre du-quel les villageois-e-s recevaient cinq francs par jour pour réparer des bâti-ments publics, des rues et des puits. «J’ai de nouveau tressé des nattes de coco mais avec 20 palmiers seulement, ma production était bien inférieure à celle d’avant et la demande n’était pas la même non plus. C’était insuffisant pour survivre.»Solidar lui a octroyé une contribution de soutien pour qu’elle puisse retrouver un gagne-pain. «Souhaitant intensifier ma production de nattes de coco, j’ai suivi le

cours d’élaboration d’un business plan. Mais les informations que j’ai reçues sur divers produits très demandés m’ont donné d’autres idées», raconte-t-elle.

Piments convoitésSotkalingam Lankadevi a commencé à planter des légumes. Avec une première contribution de 20 000 roupies (145 francs), elle a pu acheter des semences, des engrais biologiques et installer une conduite d’eau. «J’ai pu tirer 3000 rou-pies (22 francs) par semaine de la vente des piments verts, courges, cacahuètes et haricots, raconte-t-elle. Le deuxième paiement m’a permis d’acheter une pompe hydraulique d’occasion et d’étendre mes cultures de légumes. Comme les piments sont très demandés, je vais en cultiver 1000 pieds au lieu de 600.»Mais les terribles expériences qu’elle a vécues la poursuivent parfois, raison pour laquelle elle profite d’une offre de soutien de Solidar: «Les groupes de dis-cussion pour les femmes subvenant seu-les aux besoins de leurs familles m’ont aidée à accepter la perte de mon époux et ce que j’ai vécu pendant la guerre. Je comprends que je ne suis pas la seule; les autres ont même connu des choses encore pires que moi. Nous sommes très liées les unes aux autres et, pendant la saison des pluies, des femmes du groupe m’ont aidée à récolter mon riz.»Il est particulièrement important pour Sotkalingam Lankadevi de pouvoir finan-cer les études universitaires de sa fille: «J’ai accepté bien des privations pour qu’elle ait un avenir meilleur.»

Grâce à la culture maraîchère, Sotkalingam Lankadevi gagne sa vie

et finance les études de sa fille.

PORTRAIT 19

Votre contribution de 50 francs permet à une famille d’obtenir des semences pour une saison. Un don de 130 francs suffit à l’achat d’une pompe hydrau-lique d’occasion pour irriguer les champs.

une aide réelle

Votre don est

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Près de 300 personnes nous ont envoyé un message adressé

à Sepp Blatter afin d’exiger une Coupe du monde équitable au Brésil.

Merci beaucoup pour ce soutien! Nous restons sur la brèche.

COUPE DU MONDE ÉQUITABLE

«NOUS REMERCIONS LA

FIFA D’AVOIR DÛMENT INDEMNISÉ LES PER-SONNES QUI ONT ÉTÉ DÉLOGÉES DE FORCE

POUR FAIRE PLACE AUX STADES DE FOOT

AU BRÉSIL…»

«LA FIFA DOIT PAYER DES IMPÔTS SUR SES BÉNÉFI-CES, POUR QUE LE BRÉSIL PUISSE CONSTRUIRE NON SEULEMENT DES STADES, MAIS AUSSI DES HÔPITAUX ET DES ÉCOLES!»

«PLEASE PLAY FAIR!»

«EN TANT QUE GRAND CHEF DE LA FIFA, VOUS POSSÉDEZ POUVOIR ET INFLUENCE. POUR-QUOI VOTRE ASSOCIATION NE PARVIENT-ELLE PAS À FAIRE RÉGNER DE MEILLEURES CONDITIONS AUTOUR DE LA COUPE DU MONDE? SERAIT-CE PARCE QUE VOUS N’Y TENEZ PAS? DANS CE CAS, CIAO SEPP!»

«POURQUOI NE DITES-VOUS RIEN

AU SUJET DES AFFRONTE-MENTS SANGLANTS QUI

AGITENT LE BRÉSIL? ASSUMEZ VOS

RESPONSABILITÉS!»