soirÉe dÉcryptage États gÉnÉraux de l’alimentation€¦ · france. les États généraux de...

2
LES TEMPS FORTS Dès l’ouverture de cette soirée, Olivier Allain, coordinateur des États généraux de l’alimentation et lui-même éleveur, a dressé le décor : « la ferme France représente un chiffre d’affaires de € 70 milliards et dégage un revenu de € 13,5 milliards dont € 15 milliards d’aides. Sans ces aides à la production, les 500 000 entrepreneurs de la ferme France auraient un revenu négatif ». Cette situation nécessite une réflexion sur la construction de prix plus rémunérateurs pour les agriculteurs. Lors de son discours inaugural, le Président de la République lui-même a fait de la rémunération des agriculteurs un élément phare de ces États généraux. Olivier Allain a donc rappelé « la nécessité que l’ensemble des acteurs de la filière s’engage pour s’organiser et travaille sur la montée en gamme des produits pour avoir des prix plus rémunérateurs ». Réfléchir ensemble Très vite, s’est dégagé un consensus sur la nécessité de réfléchir ensemble sur le partage de la valeur pour obtenir des prix plus rémunérateurs pour les agriculteurs. Si la grande majorité des agriculteurs, des transformateurs et des distributeurs a accepté d’échanger autour d’une table « c’est que le système est à bout de souffle dans un environnement d’une complexité réelle » précise François Eyraud, Directeur général de Danone produits frais France. Les États généraux de l’alimentation, dans leur première partie, ont été menés rapidement avec une « forte aide de services de l’Etat » explique Serge Papin, Président-directeur général de Systeme U. « On nous a demandé de résoudre un problème de 30 ans en 1 mois, mais maintenant on nous annonce qu’il faut attendre le printemps pour obtenir les textes de lois. Pourquoi ? À cause de Bercy et de la crainte de l’inflation ! ». Miser sur la contractualisation En attendant, agriculteurs, transformateurs et distributeurs ont préparé une charte d’engagements début novembre. Cette Charte reprend les solutions qui se dégagent et l’implication de chacun. À savoir : la contractualisation entre l’agriculteur et le transformateur et entre le transformateur et le distributeur SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION Synthèse des débats du mardi 7 novembre 2017 1 SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION La création et la répartition de valeur Mardi 7 novembre 2017 Groupe Les Echos - Le Parisien Auditorium « 10 Grenelle » De gauche à droite : David Barroux, LES ECHOS ; Guillaume Pezzali, FIDAL ; François Eyraud, DANONE produits frais ; Christiane Lambert, FNSEA ; Thierry Blandinières, IN VIVO ; Serge Papin, Système U.

Upload: others

Post on 12-Jul-2020

1 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION€¦ · France. Les États généraux de l’alimentation, dans leur première partie, ont été menés rapidement avec une

E.health FORUM • Synthèse des débats du mardi 19 septembre 2017

LES TEMPS FORTS

Dès l’ouverture de cette soirée, Olivier Allain, coordinateur des États généraux de l’alimentation et lui-même éleveur, a dressé le décor : « la ferme France représente un chiffre d’affaires de € 70 milliards et dégage un revenu de € 13,5 milliards dont € 15 milliards d’aides. Sans ces aides à la production, les 500 000 entrepreneurs de la ferme France auraient un revenu négatif ». Cette situation nécessite une réflexion sur la construction de prix plus rémunérateurs pour les agriculteurs. Lors de son discours inaugural, le Président de la République lui-même a fait de la rémunération des agriculteurs un élément phare de ces États généraux. Olivier Allain a donc rappelé « la nécessité que l’ensemble des acteurs de la filière s’engage pour s’organiser et travaille sur la montée en gamme des produits pour avoir des prix plus rémunérateurs ».

Réfléchir ensembleTrès vite, s’est dégagé un consensus sur la nécessité de réfléchir ensemble sur le partage de la valeur pour obtenir des prix plus rémunérateurs pour les agriculteurs. Si la grande majorité des agriculteurs, des transformateurs et des distributeurs a accepté

d’échanger autour d’une table « c’est que le système est à bout de souffle dans un environnement d’une complexité réelle » précise François Eyraud, Directeur général de Danone produits frais France.Les États généraux de l’alimentation, dans leur première partie, ont été menés rapidement avec une « forte aide de services de l’Etat » explique Serge Papin, Président-directeur général de Systeme U. « On nous a demandé de résoudre un problème de 30 ans en 1 mois, mais maintenant on nous annonce qu’il faut attendre le printemps pour obtenir les textes de lois. Pourquoi ? À cause de Bercy et de la crainte de l’inflation ! ».

Miser sur la contractualisation En attendant, agriculteurs, transformateurs et distributeurs ont préparé une charte d’engagements début novembre. Cette Charte reprend les solutions qui se dégagent et l’implication de chacun. À savoir : la contractualisation entre l’agriculteur et le transformateur et entre le transformateur et le distributeur

SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION • Synthèse des débats du mardi 7 novembre 20171

SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATIONLa création et la répartition de valeur

Mardi 7 novembre 2017Groupe Les Echos - Le ParisienAuditorium « 10 Grenelle »

De gauche à droite : David Barroux, LES ECHOS ; Guillaume Pezzali, FIDAL ; François Eyraud, DANONE produits frais ; Christiane Lambert, FNSEA ; Thierry Blandinières, IN VIVO ; Serge Papin, Système U.

Page 2: SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION€¦ · France. Les États généraux de l’alimentation, dans leur première partie, ont été menés rapidement avec une

(double contrat en cascade) et la construction du prix en marche avant. Cette construction prendra en compte les coûts de production. « Pour faire face à la volatilité, il faut voir à long terme avec des contrats pluriannuels » précise Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA. La contractualisation permet de garantir  un approvisionnement sur plusieurs années et avec une construction de prix donnant de la visibilité aux agriculteurs pour investir, pour se moderniser et pour accroitre leur compétitivité. C’est aussi un outil qui apaise les relations.

Relever le seuil de revente à perteChristine Lambert insiste également sur la nécessité du relèvement du seuil de revente à perte et sur l’encadrement des promotions. « À force de promotion, les consommateurs ont perdu la notion des prix alimentaires ». Ainsi, les « engagements de cette charte constitueront le droit de demain » selon Guillaume Pezzali, Avocat expert au cabinet Fidal.

Ce 8 novembre donc, toutes les parties sont tombées d’accord, mais la charte n’est pas signée. Serge Papin dénonce la encore cette lenteur « on se réunit, tout le monde est d’accord, mais on ne sait pas quand elle va être signée ». « On ne sait pas qui freine, mais pour moi la signature de cette charte est conditionnée par le contenu de la future loi » précise Christiane Lambert.

Tenir compte des exportations Toutefois, ces accords et ces échanges ne vont pas résoudre toute les problématiques de la ferme France. « 40 % de lait français est exporté. Fixe-t-on un prix juste pour les 60 % du marché intérieur et pas pour les autres ? » demande François Eyraud. En effet, ces États généraux de l’alimentation semblent avoir oublié que certaines de nos productions sont majoritairement exportées. Pour Thierry Blandinières, Directeur général d’InVivo, « on a l’impression que la France vit retranchée sur son territoire ». Selon lui, un benchmark avec les autres pays d’Europe devrait être réalisé. On y verrait que certains coûts de production sont plus élevés en France. Là, l’enjeu est de redonner de la compétitivité à la Ferme France.

L’élément saillant de cette soirée et de ces États généraux de l’alimentation est le consensus qui se dégage sur la nécessité de réfléchir sur le partage de la valeur et sur la construction d’un prix plus rémunérateur pour les agriculteurs. Si la grande majorité des acteurs est d’accord, c’est que tous souffrent depuis plusieurs années de la guerre des prix. Le succès de ces états généraux repose sur la bonne volonté des acteurs à travailler ensemble. Cet état d’esprit doit se formaliser dans un engagement multilatéral à travers la signature de la Charte. À condition que l’État lui aussi joue le jeu.

Alphonse DelaroqueAssocié KPMG

SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATIONLa création et la répartition de valeur

De gauche à droite : Thierry Blandinières, IN VIVO ; Serge Papin, SYSTÈME U.

De gauche à droite : David Barroux, LES ECHOS ; Alphonse Delaroque, KPMG.

E.health FORUM • Synthèse des débats du mardi 19 septembre 2017SOIRÉE DÉCRYPTAGE ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’ALIMENTATION • Synthèse des débats du mardi 7 novembre 20172