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Chloé Beernaerts Les inégalités en éducation au Maroc Chloé BEERNAERTS 111-061-737 Maîtrise en sociologie avec stage Sociologie de la Stratification Sociale SOC-7130 Automne 2013 Les inégalités en éducation au Maroc Pr. G. Fréchet Université Laval Québec 1

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Chloé Beernaerts Les inégalités en éducation au Maroc

Chloé BEERNAERTS111-061-737

Maîtrise en sociologie avec stage

Sociologie de la Stratification SocialeSOC-7130

Automne 2013

Les inégalités en éducation au Maroc

Pr. G. FréchetUniversité Laval

Québec

1

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Chloé Beernaerts Les inégalités en éducation au Maroc

Table des matières

1. Introduction ....................................................................................................................... p.31. Choix du sujet et problématique .................................................................................... p.32. Le Maroc et la région MENA ........................................................................................ p.3

2. Méthodologie ...................................................................................................................... p.41. Quelles sources, quelles données ? ................................................................................ p.42. Quelles mesures de l'éducation ? ................................................................................... p.5

a) Taux de scolarisation .............................................................................................. p.5b) Taux d'alphabétisation ............................................................................................. p.5c) Niveau de scolarité maximum atteint ...................................................................... p.5

3. Quelle mesure des inégalités en éducation ? ................................................................. p.5

3. Analyse ............................................................................................................................... p.61. Contexte politico-économique au Maroc ...................................................................... p.6

a) Contexte politique ................................................................................................... p.6b) Contexte économique .............................................................................................. p.7c) Contexte éducationnel ............................................................................................. p.7

2. Inégalités spécifiques en éducation ............................................................................. p.11a) Les inégalités de genre .......................................................................................... p.11b) Les inégalités générationnelles .............................................................................. p.12c) Les inégalités territoriales ...................................................................................... p.14

3. Un exemple-type : l'alphabétisation ............................................................................ p.154. Comparaison des inégalités en éducation dans la région MENA ................................ p.17

4. Conclusion ........................................................................................................................ p.21

5. Bibliographie .................................................................................................................... p.231. Articles et ouvrages ..................................................................................................... p.232. Sites Internet ................................................................................................................ p.233. Liste des tableaux ........................................................................................................ p.244. Liste des graphiques .................................................................................................... p.24

6. Annexes ............................................................................................................................ p.25

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Chloé Beernaerts Les inégalités en éducation au Maroc

I. Introduction

1. Choix du sujet et problématique

Mon essai a pour thématique centrale les inégalités en matière d'éducation au Maroc. La

problématique choisie a de quoi étonner, quand on sait que je viens de Belgique et que je suis

actuellement au Canada. Je vais donc prendre quelques lignes pour vous expliquer les raisons du

choix de ce sujet. Tout d'abord, il est vrai que je suis, depuis toujours, interpellée par les différentes

inégalités à travers le monde. C'est donc un thème qui s'est imposé à moi sans que je dusse y

réfléchir durant de longues heures. Ensuite, il est vrai que je viens de Belgique, mais c'est un pays

(et principalement sa capitale) qui regorge d'immigrés. Ces populations viennent, en grande

majorité, d'Afrique et surtout d'Afrique du Nord. De plus, je pense que la proximité géographique

de l'Afrique m'a également conduit à m'y intéresser plus qu'à l'Amérique latine dont l'étude est plus

répandue en Amérique du Nord. En ce qui concerne le choix du Maroc à proprement parler, un

élément méthodologique a été considéré. En effet, il fallait que je resteigne mon champ d'analyse à

un pays. De plus, comme je prévois de faire mon stage de maîtrise au Maroc, j'ai jugé bon d'étudier

ce pays en particulier.

Dans ce travail, ce sont les inégalités en éducations qui vont être présentées. Je commencerai

par une analyse globale, brute, des inégalités en éducations au Maroc en expliquant le contexte

dans lequel elles se déroulent. J'analyserai ensuite plus en profondeur les différents types

d'inégalités qui sévissent dans l'éducation, à savoir les inégalités de genre, d'âge et de territoire. Je

terminerai mon analyse par une brève comparaison des inégalités éducationnelles dans les différents

pays du Maghreb.

2. Le Maroc et la région MENA

Il est difficile de choisir à qui comparer le Maroc. On peut le comparer aux autres pays du

Maghreb. Selon le Larousse1, le Maghreb comprend le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Une Union du

Maghreb Arabe a été créée en 1989 et réunit en plus la Lybie et la Mauritanie. Le Maghreb étant

assez restreint en terme de nombre de pays, j'ai choisi de considérer une autre aire géographique.

On pourrait également le comparer aux pays d'Afrique du Nord. L'ONU2 parle de sept pays en

Afrique du Nord : Algérie, Egypte, Lybie, Maroc, Mauritanie, Soudan, Tunisie. C'est toute la région

1 Larousse, Afrique, http://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Maghreb/131068, consulté le 14 décembre 2013.

2 ONU, Afrique du Nord, http://www.uneca.org/fr/sro-na, consulté le 14 décembre 2013.

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qui s'étend de la Méditerranée au Sud du désert du Sahara. Un troisième découpage est possible. En

effet, certains auteurs parlent de la région MENA. Il s'agit du regroupement de deux régions, celle

du Moyen-Orient et celle d'Afrique du Nord. La région MENA va du Maroc à l'Iran. En plus des

pays d'Afrique du Nord déjà cités, elle comprend Israël, la Jordanie, la Palestine, le Liban, la Syrie,

l'Irak, l'Iran, l'Arabie Saoudite, le Yémen, Djibouti, Oman, les Emirats Arabes Unis, le Qatar,

Bahrain et le Koweit. C'est de la région MENA que je parlerai dans ce texte car je me base sur le

rapport de la Banque Mondiale sur cette région.

II. Méthodologie

1. Quelles sources, quelles données ?

Dans cet essai, je mobilise plusieurs sources qui ne se basent pas exactement sur les mêmes

données. Le pilier de ce texte est tiré d'un colloque international qui s'est déroulé en Egypte en

20103. Je me suis également fortement appuyée sur un rapport de la Banque Mondiale4 pour les

questions relatives à la comparaison dans pays de la région MENA.

Venons-en aux données à présent (cfr tableau A5). Les différents textes peuvent se baser sur

les trois derniers recensements (à savoir ceux de 1982, 1994 et 2004), alors que d'autres utilisent les

données de Barro et Lee. Ces dernières datent alors de 2010. De ces nombreuses données vont

parfois résulter des chiffres différents, mais de vraiment peu de chose.

3 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.1-23.

4 BANQUE MONDIALE, « Un parcours non encore achevé : La réforme de l'éducation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », Résumé analytique, Rapports sur le développement de la région MENA, 2007, p.1-24.

5 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.17.

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Tableau A :

2. Quelles mesures de l'éducation ?

Maintenant que nous avons identifié les données utilisées pour corroborer nos analyses, il

s'agit de se pencher sur ce que ces données vont analyser, mesurer. Il y a différentes mesures de

l'éducation et chacune a ses limites et ses avantages. En voici trois :

a) Taux de scolarisation : il renseigne sur l'accès à l'éducation mais sous-estime la durée

de la scolarisation, le nombre d'années que l'on passe à l'école.

b) Taux d'alphabétisation (des jeunes) : ne saisit que les premiers stades de

l'apprentissage et ne permet donc pas de refléter les connaissances acquises au-delà

des premières années de scolarisation.

c) Niveau de scolarité maximum atteint (pour mesurer le niveau de capital humain) :

permet de mesurer jusqu'où une population a été dans le parcours scolaire, mais ne

permet pas de caractériser la distribution de l'éducation au sein de cette population.

3. Quelle mesure des inégalités en éducation ?

Ce n'est pas tout de mesurer l'éducation et les niveau d'éducation d'une population. Comme

la limite du niveau de scolarité maximum atteint nous l'a montré, on ne peut toujours pas calculer la

distribution de la population en éducation. Différents auteurs vont décider d'utiliser le coefficient

Gini pour essayer de mieux comprendre les inégalités en éducation. Pour mieux comprendre

également les différences qui existent entre la situation des moins favorisés et celle des plus

favorisés (toujours en éducation). Le Gini a ici été détourné de son utilisation commune de mesure

d'inégalités en terme de revenu pour s'intéresser à l'éducation. Et le résultat est surprenant.

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Certains auteurs vont, dans leurs textes, décomposer toute la formule du coefficient Gini et

vont nous expliquer comment et pourquoi ils arrivent à de tels résultats. C'est bien sûr intéressant

d'un point de vue méthodologique, mais cette dimension n'étant pas la base de mon travail, je ne

vais pas m'y attarder ici. Ce qu'il faut seulement savoir, c'est que le coefficient Gini est utilisé ici

pour mesurer les inégalités de capital humain. Il utilise le nombre moyen d'années de scolarisation6

(sur une population âgée de quinze ans et plus) afin de calculer les écarts entre les individus. On

peut donc le comprendre en terme d'écart entre ceux qui ont un grand nombre d'années de

scolarisation et ceux qui n'ont pas de scolarisation. Dans le calcul, Barro et Lee ont décidé de

désagréger les données par âge pour tenir compte de « l'hétérogénéité individuelle et temporelle »7.

Ca facilite la comparaison étant donné que les niveaux d'études, les différents diplômes, etc varient

dans le temps et dans l'espace. Il est donc plus facile de comparer en termes d'âge que de niveau de

scolarité.

III. Analyse

1. Contexte politico-économique au Maroc

a) Contexte politique

Officiellement, le Royaume du Maroc est une monarchie constitutionnelle dans laquelle le

pouvoir au parlement est en constante augmentation. Un peu moins officiellement, on remarque que

le Roi (Mohammed VI actuellement) n'a pas un pouvoir seulement symbolique comme peuvent

l'avoir les Rois des monarchies européennes par exemple. Au Maroc, il a toujours le dernier mot sur

toutes les décisions. Il a donc un droit de veto, entre autres choses. Mais je ne suis pas là pour vous

faire une analyse politique du Maroc. Il faut savoir également que ce pays subit des instabilités

territoriales avec le territoire du Sahara (ce sera utile quand on parlera des inégalités territoriales).

Parlons maintenant chômage. Selon la source consultée, on note au Maroc des chiffres allant de 9 à

15% de chômage. Notons également que la sécurité sociale ne couvre qu'un quart des travailleurs.

Ce phénomène est dû aux nombreux travaux non reconnus et non considérés (travail aux champs,

travail des enfants, ...).

6 Nombre moyen d'années de scolarisation ou encore average year of schooling ou AYS7 BENAABDELAALI, HANCHANE et KAMAL, Wail, Said et Adbelhak, « Les inégalités de capital humain au

Maroc », Machrek-Maghreb, IRD, 2012, p.4.

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b) Contexte économique

Attardons-nous un moment sur la situation économique du Maroc, en lien bien sûr avec

l'éducation. Tout d'abord, il faut dire que, si le Maroc a eu, ces dernières années, de bons résultats

d'un point de vue macro-économique, les performances sociales n'ont pas suivi. A titre d'exemple, le

Maroc est classé 124e pays selon l'IDH sur une liste de 177 pays.

Ce pays a subi (ou a bénéficié, selon la perspective) des plan d'ajustement structurel dont

l'un d'entre eux a été la politique de privatisation. L'objectif de cette politique était une meilleure

gestion des entreprises publiques. Malheureusement, elle a vite été détournée en instrument au

service de l'équilibre budgétaire, de la réduction de la dette et a été utilisée pour regagner la

confiance d'éventuels partenaires capitalistes. Cette politique de privatisation est présentée par le

FMI et la BM comme une «recette magique »8 pour pallier la faible performance des entreprises

publique, leur gestion défaillante ainsi que pour mettre un terme au gaspillage et à la corruption.

Cette politique va vite réduire les efforts faits par le Maroc en matière sociale dès les années 1950.

Tout doucement, différentes entreprises vont commencer à se privatiser (raffinerie, transport routier,

banque, eau, électricité). Mais, ce qui devient plus grave, c'est la privatisation discrète du secteur de

la santé et de l'éducation. Cela va contribuer à augmenter les inégalités sociales. On le voit

notamment en matière d'éducation avec les nombreuses écoles privées implantées au Maroc.

c) Contexte éducationnel

On pourrait à présent se demander quels impacts sont nés de cette politique de libéralisation.

Tout d'abord, nous pouvons dire que la politique en elle-même a été appuyée par le fait que le

secteur de l'éducation est jugé assez faible et inefficient. Il n'est pas encore privatisé mais, même si

l'Etat subventionne l'enseignement public, il octroit également des aides à l'enseignement privé et le

promeut dans la population. Les conséquences à long terme pourraient être la suppression du droit à

l'éducation, une montée importante des inégalités sociales, une réduction de l'accès à l'enseignement

primaire et secondaire ainsi qu'une difficile mise en place de la formation permanente et du

perfectionnement du personnel enseignant.

Abordons rapidemment la structure du système éducatif au Maroc. Comme dans la plupart

des pays européens, l'enseignement est constitué d'un cycle préscolaire, d'un cycle primaire, d'un

cycle secondaire et du cycle supérieur. Le préscolaire peut se faire dans des écoles coraniques qui

privilégient les enseignements du Coran et de la langue arabe. C'est ce qui est préféré par la

majorité des parents. Les autres cycles se font alors dans l'enseignement public régulier ou dans

8 DAUMAS, Lucille et al., Maroc - Vers le creusement des inégalités sociale, Rapport sous la coordination d'Espace Associatif, p.1.

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l'enseignement privé. Le privé est accessible non seulement pour les classes supérieures, mais

également pour les classes moyennes. La plupart des personnes dans ces catégories préfèrent alors

mettre leurs enfants dans le privé.

L'enseignement préscolaire peut se faire, je l'ai mentionné plus haut, dans l'enseignement

coranique. En plus de privilégier la langue arabe et l'étude du Coran, ces écoles visent à conserver

l'identité marocaine à travers ses valeurs éthiques et morales. L'entrée au préscolaire se fait vers

quatre ans et l'entrée au primaire à six ans. Le primaire veut permettre l'égalité des chances de

réussite scolaire (et professionnelle par la suite) et vise à assurer « un environnement et un

encadrement pédagogique stimulant »9. A la fin du cycle primaire, on reçoit un certificat d'études

primaires. L'enseignement secondaire est divisé en deux parties. L'enseignement secondaire

collégial et l'enseignement secondaire qualifiant. Le premier dure trois ans et est accessible aux

titulaires d'un certificat d'études primaires. Une fois réussi, ce premier cycle nous permet d'obtenir

un brevet d'enseignement collégial et d'accéder alors au second cycle. L'enseignement qualifiant a

pour but de diversifier les domaines d'apprentissage et de spécialiser les élèves. L'élève aura donc le

choix entre faire une formation professionnelle courte (deux ans) ou des formations générales,

techniques ou professionnelles (trois ans). L'élève qui réussit sort alors avec son baccalauréat et

peut postuler dans des universités ou dans des écoles.

Maintenant que nous avons parlé des conséquences du plan d'ajustement structurel et du

système éducatif, attardons-nous sur la situation inégalitaire dans l'éducation. Ce qu'il faut savoir en

premier lieu, c'est que 44% de la population est analphabète. Concernant les différentes mesures

d'éducation que nous avons vues dans la section méthodologie, nous avons des informations sur le

taux de scolarisation maximum atteint. Environs 32% de la population a réussi le cycle primaire,

16% le cycle secondaire et 5% le cycle supérieur (cfr tableau B10). En terme de moyenne d'années

de scolarisation, le Maroc est passé de 0.28 années de scolarisation en 1950 à 5 années en 2010.

Pour mettre en perspective et nous permettre une comparaison plus aisée, il faut savoir que la

moyenne d'années de scolarisation dans les pays en voie de développement est de 7.1 années et de

11 années dans les pays développés. En sachant ça, ça ne nous dit toujours rien des inégalités au

Maroc, mais seulement que le Maroc n'a pas une éducation très développée. C'est pourquoi certains

9 Royaume du Maroc, Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle, Cycles d'Enseignement, http://www.men.gov.ma/sites/fr/Lists/Pages/Cycles_Enseignement_fr.aspx, consulté le 5 novembre 2013.

10 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.6.

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auteurs utilisent le coefficient Gini qui est passé de 0.97 à 0.57 de 1950 à 2010 (cfr tableau C11).

Grâce à ces chiffres, on note une augmentation du nombre d'années de scolarisation et une

importante baisse des inégalités. Cependant, les inégalités restent fortes. N'oublions pas que le Gini

parfaitement égalitaire est situé à zéro, et le Maroc est encore à 0.57 (il est donc plus proche de un

que de zéro).

Tableau B :

11 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.4.

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Tableau C :

Quels sont les facteurs qui ont mené à un changement si important de la situation ? Tout

d'abord, dans les années 1990, la lutte contre l'analphabétisme a vraiment été prise au sérieux, ce

qui a fait chuter de beaucoup le taux d'analphabètes au Maroc. En effet, il est passé d'une population

comprenant 96% d'analphabètes en 1950 à 44% d'analphabètes en 2010. On le remarque aussi dans

les taux de scolarisation atteints. En 2010, 24% de la population a atteint le primaire, 23% le

secondaire et 10% le supérieur. Si on compare avec l'année 1950, où les chiffres sont

respectivement de 1%, 2% et 0.3%, on note une grande différence. Il faut cependant faire attention

avec les chiffre de niveau de scolarisation atteint car ils montrent quelle proportion de la population

a eu accès à un cycle quelconque, mais il ne fait pas état de la réussite dudit cycle. Par exemple, si

en 2010, 24% de la population a atteint le cycle primaire, ce sont 21% qui le réussissent. Si 23% a

atteint le cycle secondaire, ce sont 12% qui le réussissent. On voit bien ici l'écart considérable et le

piège qui se cache derrière les différentes mesures. Bien que l'utilisation d'une mesure ou d'une

autre dépende de ce qu'on veut montrer, ma préférence va pour la mesure de réussite d'un cycle. Je

ne trouve pas que l'on puisse interpréter quoi que ce soit de la proportion d'enfants inscrits au

primaire. Ils peuvent être inscrits et arrêter après le premier mois. Alors que la proportion de

réussite du cycle primaire nous renseigne sur le niveau d'éducation qu'ont les jeunes. On peut faire

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des suppositions sur leurs connaissances et leur degré de réflexion selon qu'ils ont réussi tel ou tel

cycle scolaire. C'est notamment ce que va souligner Manacorda12 en parlant des problèmes

d'abandons scolaires et de redoublements dans les pays en voie de développement.

2. Inégalités spécifiques en éducation

Nous avons observé quelques inégalités de manière globale sur le territoire du Maroc. Nous

allons maintenant pousser un peu plus loin en faisant des distinctions, des nuances. Pour ce faire,

nous allons rentrer dans différents types d'inégalités pour essayer de les comprendre. Nous nous

intéresserons aux inégalités de genre, aux inégalités générationnelles ainsi qu'aux inégalités

territoriales. Le tout compris bien sûr dans l'ensemble plus grand des inégalités d'éducation.

a) Les inégalités de genre

Les inégalités de genre existent partout et dans beaucoup de domaines. Au Maroc et dans le

domaine de l'éducation, on remarque une diminution des inégalités de genre. En effet, comme nous

allons le voir plus loin, c'est un constat qui est fait dans la plupart des pays de la région MENA qui

sont arrivés assez bien à réduire les inégalités de genre.

On distingue deux types d'inégalités de genre. Les inégalités intra groupe (within) et les

inégalités inter groupe (between). Je vais commencer par expliquer la deuxième catégorie qui est la

plus facile. Les inégalités inter groupe sont les inégalités communément appelées hommes-femmes,

c'est-à-dire les inégalités entre les hommes et les femmes (les hommes sont-ils plus éduqués que les

femmes?). Ce type d'inégalité explique environ la moitié des inégalités. Le premier type

d'inégalités, les intra groupe, regarde les inégalités à l'intérieur de chaque sexe. Il analyse les

inégalités entre les femmes et les inégalités entre les hommes (y a-t-il une grande différence de

niveau d'éducation entre les marocaines?). Ce qu'on remarque alors, c'est que la baisse d'inégalités

inter groupe s'explique surtout par une baisse conséquente d'inégalités chez les hommes. Leur

coefficient Gini est passé de 0.30 à 0.25 (de 1950 à 2010) alors que celui des femmes est passé de

0.20 à 0.23 (cfr tableau D13). Nous pouvons aussi noter que 54% des femmes n'ont toujours pas

accès à l'éducation et seulement 7% d'entre-elles atteignent l'enseignement supérieur.

12 BENAABDELAALI, HANCHANE et KAMAL, Wail, Said et Adbelhak, « Les inégalités de capital humain au Maroc », Machrek-Maghreb, IRD, 2012, p.6.

13 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.9.

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Tableau D :

b) Les inégalités générationnelles

Les inégalités générationnelles consistent à regarder les inégalités présentes dans différentes

classes d'âge. Néanmoins, de manière globale, nous pouvons dire que les inégalités ont baissé dans

toutes les classes d'âge depuis les années 1950 et que le nombre moyen d'années de scolarisation

augmente dans le même temps. Il me semble important d'ajouter que, quand nous parlons de classes

d'âge en éducation, nous commençons nos observations à partir de quinze ans.

Les inégalités sont en forte baisse chez les 15-19 ans ainsi que chez les 19-24 ans. Ce sont,

sans grande surprise, les plus de 75 ans qui réalisent les pires scores avec 0.53 années de

scolarisation et 0.95 de coefficient Gini (cfr tableau E14). Pour les 15-19 ans, les progrès se sont faits

au niveau de l'enseignement primaire et un peu du secondaire. Dans cette classe d'âge, 29%

achèvent le primaire et 12% le secondaire. Les non scolarisés sont 25% alors qu'ils étaient 98% en

1950. Les 20-24 ans, eux, ont plutôt mieux réussi. Ils ont réussi le primaire à 32% et le secondaire à

17%. Avec l'âge, les coefficients Gini vont en augmentant.

14 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.10.

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Tableau E :

Les auteurs ramènent en une classe les 15-24 ans et les appellent la « génération de la

Charte ». En effet, de nombreuses mesures en éducation ont été prise dans tout le Maghreb et nous

pouvons en observer les conséquences aujourd'hui sur cette classe d'âge en particulier. On remarque

alors que la lutte contre l'analphabétisme ainsi que l'accès à l'école primaire ont vraiment bien

réussi. Par contre, il reste encore des progrès à faire concernant l'accès et la réussite du secondaire et

surtout du supérieur. Pour revenir à cette classe d'âge particulière, on note une réduction

impressionnante des disparités de genre, qui s'inversent même parfois au profit des femmes. En

effet, en 2010, le taux d'analphabétisme s'élève à 22% pour les filles contre 27% pour les garçons.

Concernant l'accès au primaire, ça a été possible pour 34% des filles contre 23% des garçons. La

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moyenne des années de scolarisation elle aussi a changé : 6.63 années pour les filles et 6.68 pour les

garçons. Enfin, pour reprendre la conclusion de Barro et Lee, si nous voulons un jour réduire l'écart

en terme d'années de scolarisation entre les pays développés et les autres, il faut tout miser sur les

nouveaux entrants, c'est-à-dire les jeunes enfants. Il faut augmenter les possibilités d'aller à l'école

et agir surtout sur le secondaire et l'accès à ce dernier.

c) Les inégalités territoriales

Après avoir parlé du genre et des classes d'âge, nous allons aborder les inégalités sur base du

territoire. Notre vision des inégalités peut être biaisée quand on analyse un pays par les disparités

géographiques importantes. Je vais ici présenter les inégalités par régions, mais je suis bien sûr

consciente que ce n'est pas toujours généralisable. Les inégalités s'analysent également au niveau

provincial, elles s'analysent également de par la proximité ou non d'une grande ville, etc. Ici, nous

remarquons que les inégalités dépendent du niveau de développement socio-economique des

régions. Je rajouterai une petite précision encore : quand je parle ici d'inégalités ou de Gini faible,

c'est bien entendu que je parle à l'échelle du Maroc et non en termes absolus.

Tout comme pour les classes d'âge et le sexe, les inégalités territoriales ont baissé de manière

globale entre 1982 et 2004. Ce sont les régions du Sud qui ont vu chuter leurs inégalités de manière

substantielle. Malgré tout, les écarts entre les régions en matière d'éducation ne cessent

d'augmenter. Souvent, une hausse de la moyenne d'année de scolarisation va avec une baisse du

coefficient Gini. Néanmoins il faut se garder de généraliser et nous approfondirons cette relation

plus tard dans la comparaison avec la région MENA. Gardons à l'esprit également que, même si les

inégalités baissent de manière générale, elles restent fortes.

Selon les régions, le Gini sera faible, moyen ou élevé et le niveau d'éducation sera haut ou

bas (cfr cartes15). Nous allons en voir quelques exemples qui prouvent que les inégalités en

éducation (mais pas seulement) sont un phénomène fortement localisé. Ce que l'on remarque c'est

que ce sont les régions du centre qui ont un coefficient Gini très mauvais. Les régions du Sud et du

Nord se débrouillant mieux. On remarque également que les régions ayant une bonne moyenne

d'années de scolarisation ont un coefficient Gini faible (assez égalitaire), mais l'inverse ne se vérifie

pas.

15 D'après Suprateam Travel, Nos voyages, http://www.supratravel.com/fr/voyages/voyage-a-la-carte, consulté le 10 décembre 2013. (modifiée par Chloé Beernaerts)

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Chloé Beernaerts Les inégalités en éducation au Maroc

(Gini) (AYS)

3. Un exemple-type : l'alphabétisation

Dans l'amélioration de l'éducation dans les pays en voie de développement, la lutte contre

l'analphabétisme est un enjeu de taille. C'est en partie grâce à l'alphabétisation des populations que

les inégalités diminuent. De 1950 à 2010, l'analphabétisme a baissé de moitié et est passé de 96% à

44%. Cette diminution a été possible notamment grâce à des politiques sociales actives en matière

de promotion de l'éducation dans les années 1990. L'Etat voulait faire passer le taux d'analphabètes

de 52% (en 1998) à moins de 20% en 2010 pour le supprimer totalement en 2015. On voit bien

qu'ils en sont encore loin, mais la progression est là et il ne faut pas qu'elle stagne.

En ce qui concerne les projets qui permettent ces avancées, l'Etat ne peut les mettre en place

seul. Dans la lutte contre l'analphabétisme, la société civile au travers des associations et des

coopératives est beaucoup mobilisée. Comme je l'ai dit, c'est dans les années 1990 qu'une lutte

contre l'analphabétisme a été proclamée. On a voulu apprendre à lire et à écrire aux adultes à travers

quatre programmes (les enfants passant par l'école, et ayant déjà vu les avancées des classes d'âge

les plus jeunes, je ne ferai mention ici que des adultes). Le premier est une campagne générale,

vient ensuite les programmes d'autres opérateurs publics, le troisième est le programme de la société

civile et le dernier est le programme des entreprises. L'alphabétisation en milieu familial n'a pas été

soulevé, et c'est peut-être une faiblesse de la politique. Concrètement, l'action de l'Etat ne fait de

baisser alors que celle de la société civile ne fait qu'augmenter. Les initiatives des entreprises restent

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elles, marginales.

Attardons-nous un instant sur la société civile et sa marge d'action. Cette société agit, on l'a

vu, à travers des associations et des coopératives. Le rôle de cette société civile est d'interpeller

l'Etat et de mobiliser la population. Les différentes associations sont assez hétérogènes et se

distinguent par leur degré de spécialisation. Cela signifie que certaines ont pour objectif principal la

lutte contre l'analphabétisme, alors que pour d'autres, il ne s'agit que d'une activité connexe. Ces

associations se distinguent également par leur degré d'insertion dans le tissu social et politique de la

société marocaine (toute la question étant de savoir à quel point elles sont, ou non, rattachées à

l'Etat). A un moment donné, une professionnalisation des associations a eu lieu, ce qui leur a permis

de se constituer en réseau. Malgré cela, elles sont toujours limitées en terme de budget et sont

parfois victimes d'instrumentalisation par des acteurs. Se pose également la question de la

fidélisation des individus à ces associations. C'est particulièrement difficile pour les hommes qui

s'inscrivent moins, sont moins assidus et abandonnent plus. Il s'agit parfois d'un manque de

motivation lié à l'absence d'impact de l'apprentissage sur l'activité professionnelle. Les hommes, en

participant plus que les femmes à la vie politique sont plus susceptibles d'être cynique à l'égard de

ces institutions et de les discréditer en raison de leur instrumentalisation par le politique.

Comme je l'ai dit plus haut, la situation des jeunes est moins catastrophique car elle a

bénéficié des réformes de l'éducation. Il y a même un retournement dans les inégalités de genre qui

s'est effectué. A côté de ça, il reste de grandes inégalités de genre et de territoire. Les hommes

urbains étant bien plus favorisés que les femmes rurales. En effet, les premiers concentrent un taux

d'analphabètes de 19%, alors que les deuxièmes sont à 75% (cfr tableau F16). Cette différence ne

peut pas laisser indifférent, elle n'est en aucun cas minime. Des inégalités sont également présentes

en fonction du degré de scolarisation du chef de ménage. Le niveau le plus élevé contient 11%

d'analphabètes, alors que le niveau le plus défavorisé « éducationnellement » voit son taux

d'analphabètes monter à 61%. Les inégalités se situent aussi dans le secteur économique. Ainsi, les

plus aisés sont à 30% analphabète, alors que les plus pauvres le sont à 67%. Il existe également des

différences selon le statut professionel et le secteur d'emploi.

16 BOUGROUM, Mohammed et al., « La politique d'alphabétisation au Maroc : quel rôle pour le secteur associatif ? », Mondes en développement, 2006/2 no 134, p.65.

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Tableau F :

L'analphabétisme est donc devenu un problème structurel de par son ampleur. C'est un

facteur d'inertie sur le plan du développement social et économique. Les moyens mis en place pour

lutter contre ce problème ne sont pas assez important. Il y a des associations, mais elles ne sont pas

vérifiées sur le plan de leur qualité. En général, les rêves et les espoirs sont plus grands que les

réalisations effectives.

4. Comparaison des inégalités en éducation dans la région MENA

Après avoir fait une analyse des inégalités en éducation au Maroc, il serait judicieux de

comparer ces résultats à ceux de la région MENA. Je n'aurais peut-être pas fait de comparaison si

j'avais travaillé sur le Canada car nous avons une idée plus précise de la situation actuelle de ce

pays et de celle de ses voisins. Mais, dans le cas du Maroc, il s'agit d'un pays que nous connaissons

peu et il est donc intéressant de le mettre en perspective avec d'autres pays similaires.

Dans la région MENA, trois groupes se distinguent selon leur degré d'inégalité (cfr tableau

G17). Les meilleurs élèves sont la Turquie et la Jordanie avec un Gini de 0.30 ; les élèves moyens

sont l'Algérie, l'Iran, la Syrie, la Libye, l'Egypte et la Tunisie avec, en moyenne un Gini de 0.40 ; et

les pires sont la Mauritanie, le Maroc et le Yémen avec respectivement 0.48, 0.58 et 0.66 de

coefficient Gini. On le voit ici, le Maroc est loin d'être dans la moyenne des pays de la région

MENA. Il connait de bien plus fortes inégalités. Si on regarde maintenant l'évolution de ce

coefficient Gini, on remarque qu'il a beaucoup baissé pour la Turquie, la Jordanie, l'Algérie, l'Iran et

la Syrie qui ont réalisé des avancées considérables en matière d'accès à l'éducation. Le Maroc, la

Mauritanie et le Yémen enregistrent, eux, des inégalités persistantes.

17 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.12.

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Tableau G :

A partir des données sur le nombre moyen d'années de scolarisation et l'écart-type de

scolarisation ou le coefficient Gini, deux relations différentes vont être mises en lumière.

Commençons avec l'écart-type de scolarisation. Quand il est croisé avec le nombre moyen d'années

de scolarisation, il suit une courbe en cloche qu'on appelle la courbe de Kuznets (cfr graphe A18).

Cette courbe montre que, quand le nombre moyen d'années de scolarisation augmente, l'écart-type

de scolarisation augmente également jusqu'à un pic de sept ans. Une fois que le nombre moyen

d'années de scolarisation atteint sept ans, l'écart-type de scolarisation commence à chuter.

Concernant le coefficient Gini, on remarque une corrélation négative forte entre ce coefficient et le

nombre moyen d'années de scolarisation. Les pays ayant un faible taux de scolarisation ont

également un coefficient Gini élevé. Ou encore, les pays avec un haut taux de scolarisation

connaissent moins d'inégalités dans le domaine de l'éducation. Sur le graphique, on remarque

quelques exceptions. En effet, la Mauritanie, le Maroc, le Yémen et la Syrie amorcent une baisse de

l'écart type avant le pic des sept ans. Malgré tout, une tendance nette est visible pour la plupart des

18 BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.15.

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pays.

Graphe A :

Si certains pays de la région se débrouillent bien, c'est en partie grâce aux réformes de taille

en éducation qui ont eu lieu dans les années 1960. Il est vrai que ces pays ont attendu longtemps

avant d'investir dans le capital humain, mais quand ils l'ont fait, ils y ont consacré une part

importante de leur PIB et ont eu rapidemment de très bons résultats. En effet, ils ont réussi une

universalisation de l'école primaire, ont multiplié par trois l'accès au secondaire et par cinq l'accès

au supérieur. Malgré ces bons résultat, les pays MENA sont moins avancés que d'autres au même

niveau de développement économique. Si nous nous penchons sur le nombre moyen d'années de

scolarisation, sur le coefficient Gini et sur l'alphabétisme, la région MENA est devancée de

beaucoup par l'Amérique latine et l'Asie du Sud-Est.

Notre réflexion ici dépasse le point strictement éducatif pour penser à l'après éducation,

c'est-à-dire l'emploi. Ce qu'on remarque dans la région MENA, c'est que, malgré des avancées en

éducation, la croissance économique, la distribution des revenus et l'atténuation de la pauvreté ne

suivent pas. D'abord, tous les pays n'ont pas su tourner les réformes des années 1960 en leur faveur,

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et en plus, même si l'éducation a avancé dans certains autres, les résultats en matière d'emplois ne

sont pas là. On note toujours des taux d'abandons et d'échecs importants, ainsi que de faibles

résultats aux tests internationaux (à part peut-être en sciences et en mathématiques),

l'alphabétisation des adultes n'est pas encore un total succès et le taux de chômage est assez élevé

pour les diplômés. Le point positif est que ces réformes ont permis une grande avancée dans

l'égalité de genre.

Les bons résultats en éducations devraient permettre des avancées en terme de

développement, ce qui n'est pas le cas contrairement à l'Amérique latine ou à l'Asie du Sud-Est. Ce

qui se passe, c'est que l'accès à l'éducation ne suffit pas. Il faut d'abord une meilleure qualité

d'éducation, il faut ensuite se baser sur les résultats relatifs plutôt qu'absolus (en éducation), il faut

également garder à l'esprit qu'une distribution égale des résultats est corrélée positivement avec la

croissance économique, et enfin il y a trop d'emplois dans le secteur public et pas assez dans les

secteurs dynamiques et compétitifs sur le plan international.

En ce qui concerne les revenus, l'éducation pourrait servir de facteur égalisateur si elle est

acquise par les plus pauvres, mais elle pourrait tout aussi bien créer une divergence entre personnes

instruites et les autres. En effet, il y a une forte corrélation entre la distribution du revenu et celle de

l'éducation (dans les pays en voie de développement).

Mis à part toutes les difficultés encore d'actualité pour ces différents pays, de nombreux

nouveaux défis les attendent. La région MENA se doit de restructurer ses systèmes d'éducation pour

faire face à ces nouveaux phénomènes structurels. Trois défis sont majeurs : l'importance croissante

de l'économie du savoir dans le processus de développement, les changements démographiques et

les contraintes de financement. Le premier défi concerne donc la main d'oeuvre. En effet, si une

main d'oeuvre peu qualifiée et à bas salaire peut permettre une croissance rapide, aujourd'hui c'est

une main d'oeuvre qualifiée qui est nécessaire, capable de vendre des biens et services sophistiqués,

capable d'adopter de nouvelles technologies, ... Dans la même veine, les langues étrangères

deviennent de plus en plus importantes, tout comme les sciences et la résolution de problèmes et les

techniques de communication qui sont essentielles pour la productivité. Malgré tout cela, la région

MENA continue son enseignement sur un mode plus traditionnel, moins flexible. Le deuxième défi

concerne l'explosion de la jeunesse. Les cohortes 0-14 ans et 15-24 ans sont les plus importantes au

monde. L'éducation va donc en être affectée de manière considérable. Ces cohortes arrivent à

l'enseignement secondaire et supérieur. Or, si les taux d'abandons et d'échec scolaire se

maintiennent, la région MENA va se retrouver avec une population active instruite mais sans

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diplôme, ce qui va poser un problème dans l'accès au marché du travail. Les chercheurs estiment

qu'en 2030, 50% de la population sera dans cette catégorie. Et enfin, malgré l'universalisation de

l'enseignement primaire, il reste 5% d'enfants qui n'ont toujours pas accès à l'école et ce sont les

plus difficiles à toucher. Le dernier défi relève des contraintes financières. Pour faire face aux

réformes du système scolaire et au changement démographique, des ressources supplémentaires

vont être nécessaires. Or, nous l'avons vu, la région MENA dépense déjà beaucoup dans le secteur

de l'éducation. Il faut alors tenir compte de trois paramètres. Tout d'abord, l'éducation risque d'être

de plus en plus financée par le privé (ce qui est aujourd'hui encore faible car les gouvernement ont

préféré la gratuité de l'enseignement). Ensuite, il faut se rendre compte de l'ampleur des dépenses.

La région MENA dépense 50% de plus pour son enseignement secondaire que d'autres pays de

même niveau économique. Elle dépense également deux fois plus que les pays de l'OCDE pour

l'enseignement supérieur (en proportion du PIB/habitant). Et enfin, il faut être attentif car la réaction

des pays de la région MENA va être possiblement de transférer les ressources du primaire vers le

secondaire et le supérieur, ce qui aura pour effet de baisser la qualité du premier cycle.

IV.Conclusion

Le Maroc est vraiment un cas intéressant en matière d’éducation. On l’a remarqué

principalement dans la comparaison avec la région MENA. En effet, le Maroc, avec la Mauritanie et

le Yémen, est classé dernier de la région. C’est on ne peut plus marquant quand on sait également

que beaucoup de chercheurs hésitent à inclure la Mauritanie et le Yémen dans les comparaisons

MENA au vu de leur situation économique et sociale qui se rapproche plus de celle de l’Afrique

subsaharienne.

Apparaît alors la question des causes. Pourquoi le Maroc est-il dans une situation tellement

précaire? Est-ce à cause de l’Islam (mais tous les pays environnant pratiquent cette religion)? Est-ce

à cause du régime politique (mais il existe d’autres monarchies au Moyen-Orient)? Je pense que la

volonté est là, mais elle n’est peut-être pas assez forte. Les inégalités et donc l’accès à l’éducation

découle également d’autres inégalités comme les inégalités rural-urbain ou encore homme-femme,

etc.

Nous avons vu également que les avancées dans le domaine éducatif n’ont pas forcément

débouché sur de l’emploi, sur une croissance économique ou encore une réduction de la pauvreté.

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Chloé Beernaerts Les inégalités en éducation au Maroc

Je pense qu’actuellement, le Maroc a atteint un point de rupture. Des avancées sont visibles dans

beaucoup de domaines, mais elles stagnent. Les inégalités qui persistent sont enchevêtrées dans tous

les domaines : ce sont des inégalités de genre ou de territoire qui déterminent les inégalités

d’éducation, d’emploi, de participation politique, etc.

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V. Bibliographie

1. Articles et ouvrages

• BANQUE MONDIALE, « Un parcours non encore achevé : La réforme de l'éducation au

Moyen-Orient et en Afrique du Nord », Résumé analytique, Rapports sur le développement

de la région MENA, 2007, p.1-24.

• BARRO et LEE, Robert J. et Jong-Wha, « A new data set of educational attainment in the

world, 1950-2010 », NBER Working Paper Series, National Bureau of Economic Research,

Cambridge, 2010, p.32.

• BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La dynamique des inégalités

d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au territorial », Colloque international :

Innovations et développement dans les pays méditerranéens, GDRI Développement des

Recherches Economiques Euro-Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.1-23.

• BENAABDELAALI, HANCHANE et KAMAL, Wail, Said et Adbelhak, « Les inégalités de

capital humain au Maroc », Machrek-Maghreb, IRD, 2012, p.1-13.

• BOUGROUM, Mohammed et al., « La politique d'alphabétisation au Maroc : quel rôle pour

le secteur associatif ? », Mondes en développement, 2006/2 no 134, p.63-77.

• DAUMAS, Lucille et al., Maroc - Vers le creusement des inégalités sociale, Rapport sous la

coordination d'Espace Associatif, p.1-5.

• HAMDY, Amr, « ICT in Education in Morocco », Survey of ICT and education in Africa :

Morocco Country Report, 2007, p.1-8.

2. Sites Internet

• Aventure berbère, Cartes, http://www.aventure-berbere.com/cartes.html, consulté le 10

décembre 2013.

• Knock on Wood, MENA : enjeux politiques et économiques, http://www.knock-on-

wood.net/article-enjeux-67537242.html, consulté le 14 décembre 2013.

• Larousse, Afrique, http://www.larousse.fr/encyclopedie/autre-region/Maghreb/131068,

consulté le 14 décembre 2013.

• Lexilogos, Maroc, http://www.lexilogos.com/maroc_carte.htm, consulté le 10 décembre

2013.

• Maison des Français de l'Etranger, Villes principales,

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Chloé Beernaerts Les inégalités en éducation au Maroc

http://www.mfe.org/index.php/Portails-Pays/Maroc/Presentation-du-pays/Villes-principales,

consulté le 13 décembre 2013.

• ONU, Afrique du Nord, http://www.uneca.org/fr/sro-na, consulté le 14 décembre 2013.

• Royaume du Maroc, Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle,

Cycles d'Enseignement,

http://www.men.gov.ma/sites/fr/Lists/Pages/Cycles_Enseignement_fr.aspx, consulté le 5

novembre 2013.

• Suprateam Travel, Nos voyages, http://www.supratravel.com/fr/voyages/voyage-a-la-carte,

consulté le 10 décembre 2013.

• Wikipédia, Maroc, http://fr.wikipedia.org/wiki/Maroc, consulté le 13 décembre 2013.

3. Liste des tableaux

a) Tableau A : Comparaison des estimations selon les sources de données

b) Tableau B : Répartition de la population selon le degré d'achèvement des cycles

1950-2010 (en %)

c) Tableau C : Moyenne d'année de scolarisation et indice de Gini de l'éducation 1950-

2010

d) Tableau D : Décomposition de l'indice de Gini de l'éducation par genre 1950-2010

e) Tableau E : Nombre d'années de scolarisation et inégalités d'éducation par tranche

d'âge, Maroc

f) Tableau F : Taux d'analphabétisme par sexe et par milieu de résidence (en %)

g) Tableau G : Nombre moyen d'années de scolarisation et inégalités de capital humain

dans les pays du Sud de la Méditerranée (2010)

4. Liste des graphiques

a) Graphe A : La courbe de Kuznets entre l'inégalité de l'éducation et la durée moyenne

de scolarisation 1950-2010, pays sélectionnés (15 ans et plus)

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VI. Annexes

1. Tableaux supplémentaires

a) Indicateurs socio-économiques : HAMDY, Amr, « ICT in Education in Morocco »,

Survey of ICT and education in Africa : Morocco Country Report, 2007, p.2.

b) Taux d'analphabétisme selon différentes situations : BOUGROUM, Mohammed et

al., « La politique d'alphabétisation au Maroc : quel rôle pour le secteur

associatif ? », Mondes en développement, 2006/2 no 134, p.66.

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2. Graphes supplémentaires

a) Inégalités de genre : BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak, « La

dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au

territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays

méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-

Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.8.

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b) Inégalités générationnelles : BENAABDELAALI et KAMAL, Wail et Abdelhak,

« La dynamique des inégalités d'éducation au Maroc, 1950-2010 : du national au

territorial », Colloque international : Innovations et développement dans les pays

méditerranéens, GDRI Développement des Recherches Economiques Euro-

Méditerranéennes, Le Caire, 2010, p.10.

3. Cartes du Maroc

a) Les grandes villes : HAMDY, Amr, « ICT in Education in Morocco », Survey of ICT

and education in Africa : Morocco Country Report, 2007, p.1.

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b) Le relief : Aventure berbère, Cartes, http://www.aventure-berbere.com/cartes.html,

consulté le 10 décembre 2013.

c) Les groupes ethno-linguistiques : Lexilogos, Maroc,

http://www.lexilogos.com/maroc_carte.htm, consulté le 10 décembre 2013.

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