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EN ENTREPRISE travail & sécurité n° 755 – novembre 2014 L e site idéal pour implan- ter une antenne de télé- phonie mobile ? Tout dépend de quel point de vue on se place, avance Didier Thiesse, expert radio chez Orange. Pour nous, le premier critère est la couver- ture de la zone. Donc plus le site est en hauteur, meilleur il est. Mais se posent ensuite des problèmes d’accès, de sécu- rité et de maintenance, que l’on doit également prendre en compte. » À l’heure actuelle, plus de 130 000 antennes de téléphonie mobile seraient ins- tallées en France, réparties de la façon suivante : 50 % sur des pylônes, 30 % sur des terrasses d’immeubles, 13 % sur des châ- teaux d’eau et 7 % sur des bâti- ments divers, comme des lieux de culte, des silos, des phares. « Les risques professionnels pour les intervenants sur ces installations sont multiples, sou- ligne Alain Karznia, technicien conseil à la Carsat Rhône-Alpes. Ils sont liés aux accès (risques de chutes), aux manutentions et aux rayonnements électroma- gnétiques. » Les conséquences d’une exposi- tion aux champs électromagné- tiques émis par ces émetteurs sont une élévation de la tempé- rature corporelle. Si, à ce jour, les études scientifiques n’ont pas démontré d’effets sur la santé autres qu’une hyperthermie, le risque n’en est pas moins réel. QUELLE QUE SOIT l’intervention prévue sur un site radioélectrique de téléphonie mobile ou à proximité, une procédure est prévue pour couper l’émission d’ondes. Mais il persiste toujours une incertitude pour la personne intervenant… SITES RADIOéLECTRIQUES DE TéLéPHONIE MOBILE Vers des interventions plus sûres 46 47 n LA SOCIéTé intervient fréquemment pour installer ou camoufler des antennes de téléphonie mobile. n POUR GARANTIR aux intervenants que l’antenne a bien été mise hors circult, elle a développé deux types de boîtiers. Ils indiquent, grâce à un signal lumineux, si l’émission de l’antenne a été réellement coupée. L’essentiel Fiche d’identité n NOM : Volx. n OBJET : intégrations architecturales et paysagères. En particulier les antennes de téléphonie mobile. n DATE de création : 1998. n LIEU : Savigny, près de Lyon. 130 000 émetteurs d’ondes électromagnétiques seraient installés sur tout le territoire français. LE CHIFFRE Delphine Vaudoux © Guillaume J.Plisson pour l’INRS

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en entreprise

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014

Le site idéal pour implan-ter une antenne de télé-phonie mobile ? Tout dépend de quel point de vue on se place, avance

Didier Thiesse, expert radio chez Orange. Pour nous, le premier critère est la couver-ture de la zone. Donc plus le site est en hauteur, meilleur il est. Mais se posent ensuite des problèmes d’accès, de sécu-rité et de maintenance, que l’on doit également prendre en compte. » À l’heure actuelle, plus de 130 000 antennes de téléphonie mobile seraient ins-tallées en France, réparties de la façon suivante : 50 % sur des pylônes, 30 % sur des terrasses d’immeubles, 13 % sur des châ-

teaux d’eau et 7 % sur des bâti-ments divers, comme des lieux de culte, des silos, des phares. « Les risques professionnels pour les intervenants sur ces installations sont multiples, sou-ligne Alain Karznia, technicien conseil à la Carsat Rhône-Alpes. Ils sont liés aux accès (risques de chutes), aux manutentions et aux rayonnements électroma-gnétiques. » Les conséquences d’une exposi-tion aux champs électromagné-tiques émis par ces émetteurs sont une élévation de la tempé-rature corporelle. Si, à ce jour, les études scientifiques n’ont pas démontré d’effets sur la santé autres qu’une hyperthermie, le risque n’en est pas moins réel.

Quelle Que soit l’intervention prévue sur un site radioélectrique de téléphonie mobile ou à proximité, une procédure est prévue pour couper l’émission d’ondes. Mais il persiste toujours une incertitude pour la personne intervenant…

SiteS radioélectriqueS de téléphonie mobile

Vers des interventions plus sûres

4647

n la société intervient fréquemment pour installer ou camoufler des antennes de téléphonie mobile.

n Pour garantir aux intervenants que l’antenne a bien été mise hors circult, elle a développé deux types de boîtiers. Ils indiquent, grâce à un signal lumineux, si l’émission de l’antenne a été réellement coupée.

L’essentiel

Fiche d’identitén nom : Volx.

n objet : intégrations architecturales et paysagères. En particulier les antennes de téléphonie mobile.

n Date de création : 1998.

n lieu : Savigny, près de Lyon.

130 000émetteurs d’ondes électromagnétiques seraient installés sur tout le territoire français.

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Volx, ils sont plusieurs dizaines à intervenir près des antennes. « Régulièrement, je voyais des collaborateurs se plaindre de maux de tête, ou tout simple-ment s’inquiéter des conditions d’intervention. ça m’ennuyait car je me demandais toujours si le nécessaire avait bien été fait pour couper l’alimentation de l’antenne », souligne Denis Gar-nier, président de l’entreprise. Début 2011, la société réfléchit à un projet mêlant électronique et gestion à distance. En colla-boration avec le CNRS, l’École centrale de Lyon et l’Université Claude-Bernard (de Lyon), naît un détecteur, destiné à pro-téger les opérateurs exposés aux ondes. Il existe sous deux formes : l’un est mobile, plutôt destiné aux chantiers ; l’autre est fixe. L’idée est simple : per-mettre à tout intervenant sur toi-ture, et quel que soit son métier – technicien ascensoriste ou de climatisation, paysagiste, net-toyeur de vitres, étancheur, etc. – de savoir si l’alimentation de l’antenne a été réellement cou-pée grâce à un signal lumineux fixé sur le boîtier.Le détecteur fixe est un système de signalisation relié à un cap-teur fixé sur l’antenne. « C’est un équipement de sécurité com-préhensible par tous, visuel

et sécurisé : si l’antenne émet des ondes, le boîtier les capte et les transforme en signal. Une led rouge s’allume alors, signalant le danger à toute personne intervenant à proxi-mité », explique Denis Garnier. Il couvre des fréquences de 750 à 2 600 MHz qui comprennent celles de la téléphonie mobile, à l’exception des fréquences de faisceaux hertziens. Quant au boîtier pour les chantiers, il est destiné à être mis en place par les équipes lors d’interventions. Il se fixe sur un trépied qu’il faut régler à hauteur de tête. « Il faut le positionner correc-tement pour qu’il soit efficace, remarque le président de Volx. Il permet de signaler le risque à 360 degrés et son capteur n’est pas masqué par le corps comme pour les systèmes por-

tatifs. Quant au spectre d’ondes captées, il est le même que celui du détecteur fixe. » « Si ces systèmes peuvent être une bonne aide, voire rassurer les intervenants quant aux émis-sions (ou non) d’ondes, il est de toutes les façons nécessaire que ces derniers soient au moins sensibilisés à la problématique, insiste le technicien-conseil. Et l’utilisation de ces matériels aide à la prise de conscience du danger potentiel. » n1. Il peut s’agir de personnes relevant d’activités électriques ou d’antennistes.

Le souci est qu’il demeure invi-sible. Par conséquent, beau-coup de travailleurs n’en ont pas conscience. « De nombreuses antennes, situées sur des toits-terrasses, sont camouflées pour qu’elles ne nuisent pas à l’archi-tecture de l’ensemble. Aussi, si certains intervenants sur les antennes connaissent leur exis-tence, d’autres, souvent des inter-venants très ponctuels comme par exemple les laveurs de vitres ou les couvreurs, peuvent ne pas savoir qu’elles sont là », poursuit Alain Karznia. La société Volx est installée à Savigny, près de Lyon, dans le département du Rhône. Si, à l’origine, elle était spécialisée dans le matériel d’escalade, elle s’est rapidement diversifiée dans bien d’autres domaines, parmi lesquels l’intégration d’antennes de téléphonie mobile. En d’autres termes, le camouflage de ces dernières. Elle a réfléchi, en s’appuyant sur l’aide technique d’Orange, aux problèmes posés lorsque des opérateurs doivent intervenir sur des installations de télépho-nie mobile ou à proximité. « Pour ce qui nous concerne, explique Olivier Chetot, responsable sécurité production mainte-nance chez Orange, réseau Sud-Est, lorsqu’une personne, un sous-traitant 1 ou une personne d’Orange, intervient sur l’un de nos sites de téléphonie mobile, elle doit appeler la supervision et donner le numéro correspon-dant au site afin de faire couper l’émission. Quand on fait cette demande, on doit fournir une estimation du temps d’interven-tion, mais il est évident que le champ n’est remis qu’après un deuxième appel de l’interve-nant annonçant qu’il a terminé son travail. »

Gestion à distance et électroniqueCependant, rien ne garantit que c’est la bonne antenne qui a été mise hors circuit. « C’est vrai qu’il suffit d’une erreur sur un chiffre pour que l’opérateur cen-tral coupe la mauvaise antenne. La personne qui est sur place n’a aucun moyen de le vérifier », poursuit Olivier Chetot. Chez

n Des zones bien Délimitées

Pour chaque site de téléphonie mobile, une étude de zonage doit être réalisée. Elle permet de définir une zone d’exclusion du public lorsqu’elle recoupe une zone de circulation ; celle-ci est alors matérialisée par un balisage de couleur jaune et noir qui ne doit pas être franchi sans que la coupure des émissions ait été préalablement demandée.

Même si, avant l’intervention, l’opérateur appelle un central afin de faire couper l’émission, rien ne lui garantit que c’est la bonne antenne qui a été mise hors circuit.

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brochures inrS

n SiteS radioélectriqueS de téléphonie mobile. ED 6160.

n téléphoneS mobileS et stations de base. champs électromagnétiques. ED 4200.

À consulter et à télécharger sur www.inrs.fr.

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