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Day Sylvia

Sept ans de désir

Flammarion

Maison d’édition : J’ai Lu

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Dubois

© Éditions J’ai lu, 2013

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Dépôt légal : Novembre

ISBN numérique : 978-2-290-07462-6ISBN du pdf web : 978-2-290-07457-2

Le livre a été imprimé sous les références :ISBN : 978-2-290-08062-7

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo

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Présentation del’éditeur :Un soir qu’elle sepromène dans le parc,Jessica Sheffieldsurprend les ébatsd’Alistair Caulfield etde lady Trent.Embusquée dans lapénombre, elle observela scène avec unmélange d’embarras etde fascination. Alistairl’aperçoit. Ils échangentun long regard. Entre cesdeux mal-aimés, le désir

IllustrationdeCouverture: © IlonaWellmann/ Arcangel

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est immédiat. Sept anss’écouleront avant qu’ilspuissent l’assouvir.

Auteure de renomméeinternationale, n°1 sur leslistes du New York Times,Sylvia Day a écrit unedouzaine de romansprimés, traduits dans plusde quarante langues. Sasérie Crossfire s’estvendue à plus de 12millions d’exemplaires.Elle est n°1 dans vingtpays, et ses livreshistoriques, paranormaux

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ou romantiques ontconquis un large public.Nominée pour le prixGoodreads du meilleurauteur, son œuvre a étérécompensée par le prixAmazon dans la catégorie« Meilleure romance del’année ». Elle aégalement reçu le prixRomantic Times et a éténominée à deux reprisespour le prestigieux RITAAward. Elle est présidentede la célèbre associationRomance Writers ofAmerica, à laquelle

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participent 10 000écrivains

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Du même auteuraux Éditions J’ai lu

La série Crossfire1 – DÉVOILE-MOI

2 – REGARDE-MOI3 – ENLACE-MOI

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Titre originalSEVEN YEARS TO SIN

Éditeur originalKensington Books, published by

Kensington Publishing Corp., New York

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Je dédie ce livre à toutes meslectrices

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SOMMAIRE

Du même auteur aux Éditions J’ai luPrologueChapitre 1

Sept ans plus tard…Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9

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Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Chapitre 25

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ÉpilogueRemerciements

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Prologue

Rien de plus excitant que le spectaclede deux beaux mâles en train de sebattre. Dans le combat, leurs corpstémoignent d’une sauvagerie qui émeutprofondément la plupart des femmes.

Lady Jessica Sheffield n’y était pasaussi indifférente qu’elle aurait dû.

Elle ne quittait pas des yeux les deuxjeunes gens qui s’affrontaient sur lapelouse de l’autre côté du petit pland’eau. L’un était Michael Sinclair, son

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futur beau-frère, l’autre, AlistairCaulfield, un gredin qui pouvait sepermettre toutes les audaces car il étaitbeau et charmant.

— J’aimerais bien pouvoir en faireautant, dit Hester.

Elle aussi les admirait. Les deuxsœurs étaient assises à l’ombre d’unvieux chêne. Une petite brise balayait leparc et caressait au passage leursépaisses chevelures blondes, un legs deleur défunte mère. Le splendide manoirdes Pennington, blotti dans un écrin decollines boisées, dégageait une

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impression de sérénité qui frappait tousles visiteurs.

Jessica se pencha de nouveau surl’ouvrage de broderie qu’elle avaitemporté.

— Passé un certain âge, les fillesn’ont plus le droit de se rouler dansl’herbe, dit-elle. À quoi bon désirer cequ’on ne peut avoir ?

— Je ne comprendrai jamais pourquoiles hommes peuvent rester des gaminstoute leur vie alors qu’on nous demanded’être sages dès notre prime jeunesse.

— Le monde a été fait pour leshommes, murmura Jessica.

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Dissimulée sous le large bord de sonchapeau de paille, elle continuad’observer les deux lutteurs. Quelqu’unleur cria d’arrêter. Aussitôt, ils sefigèrent. Jessica tressaillit, commechaque fois qu’elle entendait une grossevoix d’homme. Toutes les têtes setournèrent dans la même direction. Envoyant son fiancé qui se dirigeait versles deux jeunes gens, Jessica soupira etson inquiétude reflua comme la vaguequi se retire après s’être fracassée surles rochers. Pour la énième fois, elle sedemanda si elle était vouée à redoutertoute sa vie la colère des hommes ou

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bien si elle finirait un jour par se libérerde ses peurs.

Grand, élégamment vêtu, BenedictReginald Sinclair, vicomte Tarley etfutur comte de Pennington, traversa lapelouse d’un pas décidé. Jessica nesavait pas ce qu’elle devait penser d’unetelle démonstration de force. Certainshommes se contentent d’être puissantsquand d’autres ont sans cesse besoin demanifester leur pouvoir.

— Et quel rôle reste-t-il aux femmes ?demanda Hester avec une moue qui lafaisait paraître encore plus jeune que sesseize ans. Servir les hommes ?

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— Les enfanter, repartit Jessica.Tarley lui fit un petit signe de la main

en passant. Ils allaient se marier demain,dans la chapelle des Sinclair, enprésence d’un petit nombre de ladies etde gentlemen triés sur le volet. Jessicaavait hâte d’y être, pour plusieursraisons, la première étant qu’une foismariée elle n’aurait plus à tremblerdevant son père, dont les accès de rageavaient toujours été aussi fréquentsqu’imprévisibles.

Hester émit un bruit qui ressemblaitfurieusement à un reniflement de dédain.

— Tu parles comme papa, dit-elle.

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— Et comme la majorité des gens. Toiet moi, nous sommes bien placées pourle savoir.

Leur mère était morte en essayant dedonner un héritier mâle au marquis. Ducoup, Hadley avait dû en passer par uneseconde épouse et une troisième fille etattendre encore cinq ans avant d’assisterenfin à la naissance d’un fils.

— Je ne crois pas que Tarley teconsidère seulement comme un ventre,dit Hester. En fait, j’ai l’impressionqu’il a un faible pour toi.

— J’espère que tu as raison. Tout ceque je sais, c’est qu’il n’aurait jamais

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demandé ma main si je n’avais pas eu lebon pedigree.

Benedict était en train de faire desreproches à son jeune frère. Un Sinclairne se bat pas comme un chiffonnier !Michael Sinclair avait l’air penaud maispas Alistair Caulfield. Son attitude étaitfière et impassible, voire ouvertementprovocatrice. Les trois hommesformaient un joli tableau – les Sinclairavec leurs boucles acajou et leurssilhouettes d’apollon, et Caulfield, avecses cheveux noirs comme du jais et sestraits d’une séduction diabolique.

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— Promets-moi que tu seras heureuseavec lui, dit Hester en tournant vers sasœur un regard rempli d’inquiétude.

Elle avait les yeux verts de sa mère,clairs et brillants comme des émeraudes.Jessica, quant à elle, avait les mêmesyeux gris que son père. C’était tout cequ’elle tenait de lui et elle n’endemandait pas davantage.

— J’en ai bien l’intention.Il n’y avait aucun moyen d’en être sûre

mais à quoi bon inquiéter Hester ?Tarley avait été choisi par son père ;Jessica n’avait plus qu’à s’enaccommoder.

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— Lorsque je mourrai, dit encoreHester, je n’ai pas envie que mondernier soupir soit un soupir desoulagement, comme pour notre mère. Lavie est faite pour qu’on en profite.

Jessica pivota légèrement sur le bancde marbre où elles étaient assises etrangea son ouvrage dans le sac posé àcôté d’elle. Pourvu que Hester préservetoujours son heureux tempérament,pensa-t-elle.

— Tarley et moi, nous avons beaucoupde respect l’un pour l’autre, dit-elle. Jeme plais en sa compagnie, j’aime saconversation. Il est intelligent et patient,

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attentionné et poli. Et puis, il est beau etbien fait, ce qui ne gâte rien.

Le sourire de Hester illumina lapénombre mieux que le soleil ne l’auraitfait.

— Tu as raison et j’espère que lemoment venu père me choisira un mariaussi attrayant que le tien.

— As-tu déjà des vues sur quelqu’un ?demanda Jessica.

— Non, pas vraiment. Je cherchetoujours l’homme idéal.

Hester regarda les trois hommes, quiétaient en train de discuter sérieusement.

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— J’en voudrais un qui ait la positionsociale de Tarley, ajouta-t-elle, maisavec la gaieté de Michael Sinclair et labeauté d’Alistair Caulfield. Hélas,question beauté, je pense qu’il n’y en apas deux comme M. Caulfield dans toutel’Angleterre, pour ne pas dire dans toutel’Europe – je serai donc obligée d’enrabattre dans ce domaine. Qu’en dis-tu ?

— Rien, répondit Jessica. De toutefaçon, il est trop jeune pour moi…

— Quelle blague ! répliqua Hester. Ilest mûr pour son âge. C’est ce que toutle monde dit.

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— Il n’est pas mûr, il est pourri, çafait une grosse différence.

Si Jessica avait souffert d’un manquede liberté, Caulfield avait souffert d’unmanque de contrainte. Avec trois frèresplus âgés, l’aîné se préparant à hériter,le deuxième se réservant l’armée et letroisième l’Église, il n’était rien restépour le dernier-né. Sa mère, qui était enadoration devant lui, n’avait jamaischerché à le discipliner. Au contraire,elle avait plutôt encouragé ses vices. Àprésent, tout le monde disait que c’étaitun casse-cou, qu’il avait le diable au

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corps et qu’il n’était pas près des’assagir.

Jessica aperçut la mère de Benedictqui se hâtait dans sa direction, ce quisignifiait que la pause était finie, qu’ilallait falloir se replonger dans letourbillon des préparatifs de dernièreminute. Elle se leva.

— Je te conseille de réserver tonadmiration pour quelqu’un qui en soitdigne, dit-elle à sa jeune sœur. Caulfieldne fera jamais rien de bien dans la vie.Dans notre monde, le quatrième fils,c’est le fils en trop, celui dont il n’y apas grand-chose à attendre. Il porte un

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nom glorieux mais, au lieu d’en tirerparti pour se faire une petite positiondans le monde, il préfère courir aprèsdes chimères. Il commet une graveerreur. Et tu en commettrais une autre ent’attachant à lui.

— J’ai entendu dire que son père lui adonné un bateau et une plantation decanne à sucre.

— À mon avis, Masterson a fait çadans l’espoir que son fils irait faire sesfredaines à l’autre bout du monde.

Hester poussa un soupir empreint denostalgie.

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— Moi aussi, quelquefois, j’aimeraisvoyager loin, très loin. Suis-je la seule ?

Jessica aurait voulu répondre : « Pasdu tout ! » Il lui arrivait parfois de rêverd’évasion. Mais, dans sa position,c’était impossible. De ce point de vue,elle était moins heureuse que les femmesdu peuple. Qu’était-elle d’autre que lafille du marquis de Hadley, futurevicomtesse Tarley ? Si son mari avaitenvie de voyager, elle voyagerait, sinon,elle n’irait jamais nulle part.Malheureusement, elle ne pouvait pasavouer son insatisfaction à une jeune

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fille aussi sensible et impressionnableque Hester.

Au lieu de cela, elle répondit :— Avec un peu de chance, tu auras un

mari aventureux, qui te fera faire le tourdu monde. Tu le mérites.

Jessica détacha la laisse de sachienne, un carlin nommé Temperance,et fit signe à sa servante de ramasser sonsac. Avant de s’en aller, elle se penchapour embrasser Hester sur le front et luichuchota à l’oreille :

— Regarde bien lord Regmont tout àl’heure au souper. Il est gentil etcharmant et il vient juste de rentrer d’un

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long voyage sur le Continent. Çam’étonnerait qu’il reste indifférent à unepetite merveille comme toi.

— Il ne faudrait pas qu’il soit pressécar je ne vais pas faire mes débuts dansle monde avant deux ans, réponditHester avec une pointe de dépit.

— Tu vaux largement la peine qu’ont’attende pendant deux ans. Tout hommede goût s’en rendra compte au premiercoup d’œil.

— De toute façon, je n’aurais pas monmot à dire, même s’il devait s’intéresserà moi.

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Jessica fit un clin d’œil à sa sœur etprécisa en baissant la voix :

— Regmont est un bon ami de Tarley.Je suis sûre que Benedict lerecommanderait à notre père en cas debesoin.

— Vraiment ? s’exclama Hester avecl’enthousiasme de la jeunesse. Oh, alors,il faut que tu me le présentes !

— Je n’y manquerai pas.Jessica commença à s’éloigner en

faisant un petit signe de la main.— D’ici là, ajouta-t-elle, défense de

regarder les bons à rien.

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— Promis ! lança Hester en se cachantles yeux dans un grand geste théâtral.

Pourtant Jessica était persuadéequ’aussitôt qu’elle aurait le dos tournésa petite sœur se remettrait à admirer cediable de Caulfield.

En tout cas, à sa place, c’est cequ’elle aurait fait.

— Tarley a les nerfs à fleur de peau,dit Michael Sinclair en s’époussetantalors que son frère s’en allait.

— Quoi de plus normal ? s’exclamaAlistair Caulfield. Demain, il se faitpasser la corde au cou.

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— Par la plus belle fille du monde,répliqua Michael. Il y a des sorts plusfunestes. Ma mère dit qu’elle ressembleà une statue grecque.

— Froide comme du marbre, jeconfirme, dit sarcastiquement Alistair.

Il suivait des yeux lady JessicaSheffield tandis qu’elle s’en retournaitvers la maison avec sa petite chienne surses talons. Sa gracieuse silhouette étaitenveloppée depuis le cou jusqu’auxchevilles dans une mousseline bleue quela brise collait à ses formes. Elle luitournait le dos mais il connaissait par

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cœur les moindres détails de son visage,qu’il avait si souvent admiré.

Sa chevelure était une merveille de lanature, longue et épaisse. Certainesmèches étaient d’un blond si clairqu’elles étaient presque transparentes,d’autres, sombres comme du vieil or.Avant son entrée dans le monde, elleavait porté ses cheveux dénoués.Maintenant, ils étaient aussi sages etretenus que le reste de sa personne.

— Cette blondeur, ce teint clair, cesyeux gris…, murmura Alistair.

— Eh bien ?

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Alistair perçut une note d’ironie dansla voix de son ami, aussi il se contint.

— Tout cela est merveilleusementassorti à son caractère, ajouta-t-il d’unton brusque. C’est un glaçon, cette fille.À la place de ton frère, je me méfierais.On ne doit pas pouvoir coucher avecelle sans risquer d’attraper une maladiede poitrine.

Michael le regarda curieusement.— As-tu des raisons de lui en

vouloir ? À t’entendre, on dirait bienque oui

— C’est vrai, reconnut Alistair. Elle amis un point d’honneur à m’ignorer hier

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soir. Pas comme lady Hester, qui a ététout à fait charmante.

— Oui, Hester est vraiment adorable.Michael employait pour parler de

Hester le même ton admiratif qu’Alistairpour parler de Jessica. Alistair souritnarquoisement. Du coup, Michael rougitun peu.

— Possible que Jessica ne t’ait pasentendu, reprit-il.

Alistair ramassa sa veste sur le sol etl’enfila après l’avoir secouée pour fairetomber les brins d’herbe qui y étaientcollés.

— J’étais juste à côté d’elle !

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— À sa gauche ? Elle est sourde del’oreille gauche.

Alistair eut besoin d’un moment pourdigérer l’information. Il n’avait jamaisenvisagé que Jessica puisse avoir lamoindre imperfection. Curieusement, ilen éprouvait plutôt du soulagement quede la déception. Ce n’était donc pas unedéesse mais une simple mortelle.

— Je ne le savais pas, dit-il.— La plupart du temps, les gens ne

s’aperçoivent de rien. C’est seulementdans les grandes assemblées, quand il ya beaucoup de bruit, que ça peut devenirgênant.

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— Maintenant, je comprends pourquoiTarley l’a choisie. Une femme quin’écoute que d’une oreille lescolporteurs de ragots, c’est un don duciel.

Michael ne sourit pas.— Lady Jessica est très réservée,

concéda-t-il. Mais, pour une futurecomtesse de Pennington, c’est lamoindre des choses. Et, selon Tarley,elle a une personnalité plus riche qu’iln’y paraît.

Alistair fit une moue sceptique.— Tu n’as pas l’air convaincu mais,

en dépit de ta jolie petite gueule, tu n’as

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pas autant d’expérience que Tarley.Une grimace déforma la bouche

d’Alistair.— En es-tu sûr ?— Si je prends en considération le fait

qu’il a commencé dix ans avant toi, jecrois pouvoir répondre avec beaucoupde chances de ne pas me tromper : oui.

Michael prit familièrement Alistairpar les épaules et l’entraîna vers lemanoir.

— C’est pourquoi, poursuivit-il, tuferais mieux d’admettre qu’il est mieuxplacé que toi pour juger des qualitéscachées de sa promise.

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— En général, j’ai beaucoup de mal àadmettre ce genre de choses.

— Je sais, mon ami. C’est pourquoi jene m’attends pas que tu reconnaisses tadéfaite. Pourtant, lorsque nous avons étéinterrompus, tu étais sur le point demordre la poussière.

— Au contraire ! s’exclama Alistairen donnant un coup de coude dans lescôtes de Michael. Si Tarley n’était pasarrivé à temps, c’est toi qui serais entrain d’implorer ma pitié à l’heure qu’ilest.

— Alors, je propose une course pournous départager. Le premier arrivé à…

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Il s’interrompit car Alistair était partien courant sans attendre la fin de saphrase.

Dans quelques heures, elle seraitmariée.

La nuit était en train de passer du noirau gris. L’aube était proche. Jessicarajusta son châle et s’enfonça dans lebois qui entourait le manoir, pressant lepas derrière Temperance. Les gravillonsde l’allée crissaient sous ses pieds.

— Je ne comprends pas que tu fassesautant de façons, dit Jessica à sa chiennesur un ton de réprimande.

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La nuit avait été longue, il commençaità faire frais et elle avait hâte d’aller secoucher.

— Un arbre est un arbre. N’importelequel devrait faire l’affaire, ajouta-t-elle.

Temperance la regarda d’un airsuppliant, Jessica était incapable de luirefuser quoi que ce soit.

— Soit ! dit-elle. On continue.Un peu plus loin, la chienne finit par

s’arrêter au pied d’un arbre. Le coin,apparemment, lui convenait. Jessica sedétourna avec tact et en profita pourregarder les alentours. À la différence

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de beaucoup de propriétés dont lesjardins et les parcs étaient envahisd’obélisques, de fausses statuesgrecques ou romaines, de temples, voirede pagodes, dans le domaine desPennington, la nature était si bienpréservée que, par endroits, on pouvaitse croire à cent lieues de la civilisation.Jessica s’y trouva bien, surtout après desheures de bavardage avec des gens quine voyaient en elle que la futurecomtesse.

— C’est charmant par ici, dit Jessicasans se retourner. Nous reviendrons nous

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y promener quand il fera jour et que jeserai convenablement habillée.

Temperance fit sa petite affaire etrepartit vers la maison, tirant sur salaisse, impatiente de rentrer, elle quiavait pris tout son temps à l’aller.Jessica suivit le mouvement. Soudain, unbruit tout proche alerta la petite chienne,qui s’immobilisa, les oreilles dressées,prête à bondir.

Le cœur de Jessica se mit à battre àcoups redoublés. Si par hasard c’était unsanglier ou un renard, la situation seraitdésastreuse. Elle serait effondrée sijamais il devait arriver malheur à

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Temperance, la seule créature sur cetteterre qui l’aimait pour ce qu’elle étaitsans en demander plus.

Un écureuil traversa brusquementl’allée. Jessica se détendit… mais pasTemperance. La petite chienne se lançad’un bond à la poursuite de l’animal.Jessica, surprise, laissa échapper lalaisse. Les bruits de la cavalcade – lesfeuilles froissées, les petits grognementsdu chien – s’éloignèrent rapidement.

Levant les bras au ciel, Jessica serésigna à quitter l’allée pour s’aventurerdans les sous-bois. Elle était tellement

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occupée à suivre la piste qu’elle aperçutle kiosque au dernier moment.

Elle allait le contourner…C’est alors qu’un rire de femme vint

troubler le silence. Jessica s’arrêtabrusquement.

— Dépêche-toi, Lucius ! dit la femmed’une voix haletante. Trent va finir pars’apercevoir de mon absence.

C’était lady Wilhelmina. Jessica n’osaplus bouger ni même respirer. Leplancher du kiosque couina.

— Patience, dit une voix d’hommefacilement reconnaissable. Laissez-moi

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le temps de vous en donner pour votreargent.

Le kiosque craqua de nouveau, un peuplus fort que la première fois. LadyWilhelmina se mit à gémir.

Alistair Lucius Caulfield. Surpris enflagrant délit avec la comtesse de Trent.Mon Dieu ! Belle, certes, mais avec unevingtaine d’années de plus que lui. Elleaurait pu être sa mère.

L’utilisation du second prénom étaitinsolite. Et peut-être révélatrice d’unecertaine intimité. Se pouvait-il que lecynique Caulfield nourrisse de tendressentiments pour la ravissante comtesse,

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assez pour qu’elle s’estime en droit del’appeler par un nom réservé à elleseule ?

— Oh, toi ! ronronna lady Wilhelmina.Tu vaux largement le prix que j’y ai mis.

Mon Dieu ! Tout bien considéré, il n’yavait peut-être pas de sentiments du tout,mais une… transaction. Un arrangement.Avec un serviteur s’acquittantscrupuleusement de ses devoirs.

Jessica essaya de s’éloigner sans sefaire remarquer. Elle fit deux pas sur lapointe des pieds. Un mouvement dans lekiosque l’incita à s’immobiliser denouveau. Elle plissa les yeux, cherchant

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à voir quelque chose. Par malheur, ellebaignait dans le clair de lune alors quel’intérieur du kiosque était obscurci parle toit et les arbres en surplomb.

— Lucius ! Pour l’amour de Dieu, net’arrête pas ! murmura lady Trent.

Jessica vit une main agrippée à l’undes montants, une main d’homme. Danscette position, ça voulait dire qu’il étaitdebout… et tourné vers elle !

Les yeux de Caulfield luisaient dansl’obscurité.

Il l’avait vue. En fait, il la regardait.Jessica aurait voulu rentrer sous terre.

Que pouvait-elle dire ? Comment est-on

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censé se comporter dans une tellesituation ?

— Lucius, à quoi joues-tu ? s’écrialady Wilhelmina. J’adore sentir ton grosengin entre mes cuisses, c’est une affaireentendue, mais c’est quand mêmemeilleur quand il bouge !

Jessica porta la main à sa gorge.Malgré le froid, son front se couvrit desueur. Elle aurait dû être horrifiéedevant un tel spectacle, mais ce n’étaitpas le cas. Parce que c’était Caulfield etqu’il l’envoûtait. Il lui inspirait dessentiments mélangés. D’un côté, elle luienviait son audace et sa liberté d’esprit

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mais, d’un autre côté, elle désapprouvaitson total mépris du qu’en-dira-t-on.

Il fallait qu’elle s’en aille avant quelady Trent ne s’aperçoive de saprésence. Elle fit un pas…

— Attendez !La voix de Caulfield était devenue

rude.— Je ne peux pas ! protesta lady

Trent.Ce n’était pas à la comtesse que

Caulfield avait parlé. L’une de ses mainsétait tendue vers Jessica. Elle sepétrifia.

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Un long moment passa, pendant lequelJessica et Caulfield se regardèrent dansles yeux. Caulfield se mit à respirerbruyamment.

Il s’agrippa de nouveau au montant etcommença à bouger.

Le mouvement de va-et-vient, d’abordlent, s’accéléra progressivement. Lekiosque grinçait. Jessica ne voyait pasgrand-chose mais elle en entendait assezpour imaginer. Caulfield ne la quitta pasdes yeux une seconde, même quand ils’agita si furieusement qu’elle en vint àse demander comment une femmepouvait supporter tant de brutalité.

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Pourtant, lady Wilhelmina délirait deplaisir, criant des gros mots entrecoupésde petits cris suraigus.

Jessica était hypnotisée par cespectacle. Elle ignorait presque tout del’amour physique. Oh ! elle connaissaitles rudiments. Sa belle-mère lui avaitfait les recommandations d’usage :« Lorsqu’il va te pénétrer, ne frémis pas,ne te défends pas, ne pleure pas. Essaiede te détendre, ça facilitera les choses.Ne fais aucun bruit. Ne te plains pas ».Pourtant, Jessica avait surpris desconfidences entre femmes quisuggéraient davantage. Maintenant, elle

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en avait la preuve. Les cris de plaisirpoussés par la comtesse avaient trouvéun écho en elle. Son propre corpsréagissait d’instinct. Sa peau frissonnait,sa poitrine gonflait, sa respirationdevenait haletante.

Elle aurait voulu s’en aller mais ellene pouvait plus bouger. Le regard deCaulfield la fascinait comme le serpentfascine l’oiseau. Au moment critique, ilpoussa un grognement et ferma enfin lesyeux, rompant le charme. Alors, elle seretrouva libre et se mit à courir,agrippée à son châle, les mains sur sesseins. Lorsque Temperance surgit d’un

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taillis, elle poussa un soupir desoulagement qui la secoua comme unsanglot. Prenant la petite chienne dansles bras, elle fila vers le manoir.

— Lady Jessica !Elle venait de rejoindre la relative

tranquillité du jardin lorsqu’elle entenditl’appel. De nouveau son cœur s’affola.Dans le froufroutement de sa robe, ellese retourna, à la recherche de celui quivenait de crier son nom, craignant que cene soit encore Alistair Caulfield. Oupire, son père.

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— Jessica ! Par Dieu, je vous aicherchée partout.

Elle fut soulagée de voir s’approcherBenedict mais bientôt le soulagement fitplace à l’inquiétude. Il se faufilait dansles allées du jardin d’un pas vif. Ellefrissonna. Était-il en colère ?

— Quelque chose ne va pas ?demanda-t-elle timidement.

Il fallait que ce soit le cas, sinon il neserait pas sorti à sa recherche.

— Vous êtes partie longtemps. Il y aune demi-heure, votre servante m’a ditque vous étiez sortie promener votrechienne et vous étiez déjà absente depuis

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un quart d’heure lorsque j’ai posé laquestion.

Elle baissa les yeux pour ne pasparaître insolente.

— Je vous présente mes excuses.— Pas la peine de vous excuser, dit-il

d’un ton sec. J’avais juste envie de vousparler. Nous allons nous marieraujourd’hui. Je voulais savoir si vouséprouviez de l’appréhension et si jepouvais vous rassurer d’une façon oud’une autre.

Jessica releva les yeux, charmée partant de sollicitude.

— Milord, je…

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— Appelez-moi Benedict, dit-il en laprenant par la main. Vous êtes glacée.Où êtes-vous allée ?

Il semblait sincèrement inquiet. Saréaction était tellement différente decelle qu’aurait eue son père que, pourcommencer, elle ne sut pas quoirépondre.

Il s’agissait de son futur époux. Ilfaisait partie de sa vie, désormais. Ellel’avait accepté sans se poser dequestions. Dans l’ensemble, elle était àl’aise avec lui. Mais pas maintenant.Maintenant, elle éprouvait une certaine

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gêne car elle était encore troublée par lascène à laquelle elle venait d’assister.

— Je vous aurais accompagnée sivous l’aviez souhaité, dit Benedictlorsqu’elle eut fini de raconter commentTemperance l’avait entraînée dans unechasse à l’écureuil. À l’avenir, ajouta-t-il en lui pressant doucement la main,demandez-le-moi, je vous en prie.

Enhardie par la gentillesse de sonfiancé et les quelques verres de vinqu’elle avait bus au souper, elle ne s’entint pas là.

— Temperance et moi, nous avonstrouvé quelque chose dans les bois.

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— Oh ?Elle lui décrivit le couple dans le

kiosque d’une voix mal assurée,bafouillant un peu car elle manquait devocabulaire. Elle ne parla pas del’argent échangé entre la comtesse etCaulfield et ne donna pas non plus leursnoms.

Benedict resta immobile tout le tempsqu’elle parla. Lorsqu’elle eut fini, ils’éclaircit la voix et dit :

— Je suis fâché que le hasard vous aitmis sous les yeux quelque chose d’aussidéplaisant, qui plus est à quelquesheures de notre mariage.

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— Ils n’avaient pas l’air de trouver çadéplaisant du tout, repartit Jessica.

Benedict rougit.— Jessica !— Vous avez parlé de soulager mon

appréhension, s’empressa-t-elled’ajouter tant qu’elle en avait encore lecourage. J’aimerais être honnête avecvous mais j’ai peur de dépasser leslimites de votre patience.

— Lorsque ce sera le cas, je nemanquerai pas de vous le faire savoir.

— De quelle manière ?Benedict se rembrunit.— Je vous demande pardon ?

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— De quelle manière me le ferez-voussavoir ? insista Jessica. D’un mot ? Enme privant d’un avantage ? Ou par unmoyen plus… percutant ?

Benedict se raidit.— Je ne lèverai jamais la main sur

vous, si c’est bien ce que vous suggérez.Et je ne vous reprocherai jamais votrefranchise. Je m’efforcerai d’être bon etjuste avec vous. Vous êtes très précieuseà mes yeux. J’ai attendu avec impatiencece jour où vous allez être enfin mienne.

— Pourquoi ?— Eh bien, parce que vous êtes une

très belle femme, bougonna-t-il.

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Elle éprouva d’abord une grandesurprise et puis un grand espoir.

— Milord, au risque de vous froisser,je vous dirai que, de mon côté, je priepour que l’aspect physique de notremariage soit agréable. Pour nous deux.

Une chose était sûre : elle seraitincapable de batifoler comme ladyTrent. Une telle conduite n’était pas danssa nature.

Tarley révéla son embarras en triturantle nœud de sa cravate.

— J’ai l’intention qu’il en soit ainsi,dit-il. Il en sera effectivement ainsi, pourpeu que vous me fassiez confiance.

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— Benedict…Il sentait le musc, le tabac et le porto.

Engagé dans une discussion qu’il ne seserait jamais attendu à avoir avec safuture épouse, ses réponses étaientdirectes, aussi directes que son regard.Elle ne l’en aima que plus.

— Vous prenez cette conversation sicourtoisement que je ne peux pasm’empêcher de me demander jusqu’oùje peux aller.

— Jusqu’où vous voudrez, répondit-il.Je vous en prie, dévoilez-moi le fond devotre cœur. Je ne tiens pas à ce que vous

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éprouviez des doutes ou des scrupulesau moment d’avancer vers l’autel.

Jessica dit, sans respirer :— Je voudrais que vous veniez avec

moi dans le jardin d’hiver. Maintenant.Il poussa un soupir et ses traits

devinrent durs. Sans s’en rendre compte,il lui étreignit la main au point de luifaire un peu mal.

— Pourquoi ?— Ça y est, je vous ai fâché, dit

Jessica en fermant les yeux et en faisantun pas en arrière. Pardonnez-moi ! Jevous en conjure, ne doutez pas de mon

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innocence. Il se fait tard et je ne suisplus moi-même.

Benedict plaqua la main de Jessicacontre son cœur, la forçant à serapprocher.

— Rouvrez les yeux.Elle fit comme il disait et fut frappée

par la manière dont il la regardait, sansinquiétude ni embarras.

— Nous sommes à quelques heures denotre nuit de noces, lui rappela-t-ild’une voix sourde. Je suppose que lesévénements dont vous avez été témoindans les bois ont provoqué en vous desréactions que vous ne comprenez pas.

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D’autres jeunes filles à votre placeauraient éprouvé du dégoût devant un telspectacle. Pas vous. Tant mieux. Je voussens émue et ce genre d’émotion estcontagieux. Mais vous êtes ma futurefemme et à ce titre vous méritez monrespect.

— Vous me respecteriez moins dans lejardin d’hiver ?

L’espace d’une seconde, il parutdérouté. Puis il rejeta la tête en arrièreet partit d’un rire dont le bruit serépercuta dans tout le jardin. La bonnehumeur le faisait paraître plus abordable

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et éventuellement plus beau qu’il nel’était déjà.

Il la serra dans ses bras et l’embrassasur le front.

— Vous êtes un trésor, dit-il.— Benedict, murmura-t-elle en

s’abandonnant contre lui, si j’ai biencompris, dans le lit conjugal, onaccomplit un devoir. Quant au plaisir, onle recherche au-dehors, avec desmaîtresses. Me jugerez-vous mal si jevous avoue que je souhaite que vous metraitiez en maîtresse et non point enépouse, du moins entre les quatre mursde la chambre à coucher.

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— Je n’ai aucune raison de mal vousjuger. Vous êtes parfaite.

Elle était loin d’être parfaite mais, sonpère ayant la main leste et le fouetfacile, elle avait appris à dissimuler sesdéfauts. Encouragée par la bienveillancede son fiancé, elle dit :

— M’est-il permis d’espérer que vousvous intéresserez à moi de cette façon-là ?

— Vous pouvez même en être sûre.Benedict l’embrassa sur la bouche, la

forçant à ravaler les paroles desoulagement et de gratitude qu’elles’apprêtait à prononcer. Ce fut un baiser

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timide et tendre. Elle s’agrippa auxrevers de sa redingote. Il l’incita àécarter les lèvres et lui glissa sa languedans la bouche d’un seul coup. Ellesentit ses jambes se dérober sous elle etvacilla. Il la serra plus fort contre lui, laplaqua contre son ventre pour lui fairesentir la preuve de son désir. En mêmetemps, il la caressait, la pétrissait,trahissant une grande agitation.

Lorsqu’ils furent à bout de souffle, ilfallut bien s’arrêter.

— Mon Dieu ! s’exclama alorsBenedict d’une voix sourde. Pourinnocente que vous soyez, milady, vous

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êtes arrivée à vos fins aussi sûrementqu’une séductrice émérite.

Sur ce, il la souleva dans ses bras etla porta jusqu’au jardin d’hiver.Consciente de la solennité de lasituation, Temperance les suivit ensilence. Puis elle attendit sur le seuilavec une docilité exceptionnelle etregarda le soleil se lever.

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Sept ans plus tard…— Je t’en conjure, réfléchis encore,

dit Hester.Lady Jessica Tarley passa le bras par-

dessus la petite table à thé, saisit la mainde sa sœur et l’étreignit doucement.

— C’est tout réfléchi. Je pense quec’est à moi d’y aller.

— Pourquoi ? demanda Hester.Les coins de sa bouche s’affaissèrent

un peu.

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— Si seulement ton mari était encorelà pour t’accompagner ! reprit-elle.Mais à présent qu’il n’est plus de cemonde… Est-ce bien prudent, un telvoyage, toute seule ?

Cette question, Jessica se l’étaitsouvent posée et elle n’avait toujourspas de réponse. Malgré tout, elle étaitdécidée à partir. Pour une fois qu’elleavait une occasion de faire quelquechose d’extraordinaire, elle n’allait pasla laisser passer.

— Ne t’inquiète pas, dit-elle en seredressant. Il n’y a pas de danger. Lefrère de Tarley, Michael – désormais,

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c’est lui, Tarley ; il va falloir que jeprenne l’habitude de l’appeler commeça –, donc Michael a réglé tous lesdétails du voyage et quelqu’unm’attendra de l’autre côté. Tout sepassera bien.

— Je ne suis toujours pas rassurée.Hester se mit à triturer l’anse de sa

tasse. Elle avait l’air pensive et fâchée.— Toi aussi, naguère, tu avais envie

de faire de longs voyages, rappelaJessica. Où est passé ton espritd’aventure ?

Hester soupira et tourna la tête vers lafenêtre voisine. Par les fentes des

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persiennes, on pouvait voir le défilé descarrosses et des fiacres dans Mayfair.Cependant Jessica concentrait sonattention sur sa sœur. Hester étaitdevenue une jolie femme, admirée poursa blondeur et l’éclat de ses yeux vertsourlés de longs cils noirs. Jeune fille,elle avait été bien en chair, exubérante etmême un peu folâtre, mais le temps avaitgommé ces traits. À présent, la comtessede Regmont était gracile, calme etdistinguée. Elle était réputée dans toutLondres pour l’austérité de sesmanières, ce que Jessica trouvaitsurprenant car, de son côté, lord

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Regmont était d’un naturel jovial etchaleureux.

— Je te trouve pâlotte, remarquaJessica. Es-tu souffrante ?

— Je compatis à ton chagrin. Et jedois t’avouer que je ne dors plus trèsbien depuis que tu m’as fait part de tonprojet de voyage.

Hester se retourna vers sa sœur etajouta :

— Franchement, je ne te comprendspas.

Presque un an avait passé depuis queBenedict était mort et, auparavant, ilavait été gravement malade pendant trois

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mois. Jessica avait eu largement letemps de se résigner à la vie sans lui.Mais le chagrin s’agrippait à ellecomme le brouillard sur la Tamise.

— J’ai besoin de prendre du champ.— Va à la campagne, ça devrait

suffire, suggéra Hester.— Ça n’a pas suffi l’hiver dernier.

Maintenant, une nouvelle saisonmondaine va commencer et je n’ai pas lecœur à la fête.

— Mon Dieu, Jessica ! s’exclamaHester, de plus en plus pâle. Tu ne vaspas porter le deuil éternellement ! Tu es

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encore jeune et mariable. Tu as la viedevant toi.

— Je sais. Alors, s’il te plaît, net’inquiète pas pour moi. Je ne resterailà-bas que le temps de vendre Calypso.

Calypso était le nom du domaine queson mari lui avait légué à la Jamaïque.

— Et puis, ajouta-t-elle en remplissantla tasse de Hester, quand je reviendrai,je serai toute ragaillardie… et çatranquillisera les gens qui s’inquiètentpour moi.

— Je n’arrive pas à comprendrepourquoi il t’a légué ça, dit Hester. Oùavait-il la tête ?

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Jessica sourit tendrement. Elle laissaerrer son regard sur le petit salon auxcouleurs pimpantes, avec ses tentures desoie jaune d’or et ses rideaux à fleursbleues. Hester l’avait décoré peu detemps après son mariage et le stylereflétait bien son tempérament optimiste.

— Tarley a voulu assurer mon avenir.Et puis, son geste a aussi un aspectsentimental. Il savait que j’avais adoréle voyage que nous avons fait là-bas etque j’en gardais de bons souvenirs.

— La délicatesse de sentiments, c’estbien beau, tant que ça ne t’expédie pas àl’autre bout du monde, maugréa Hester.

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— Comme je te l’ai dit, j’ai envie defaire ce voyage. J’irai jusqu’à dire quej’en ai besoin. Pour moi, ce sera unefaçon de tourner la page.

À contrecœur, en bougonnant, Hestercapitula.

— Tu promets d’écrire ?— Oui.— Et de revenir le plus tôt possible ?— Bien sûr. Et toi, tu promets de

répondre à mes lettres ?Hester hocha la tête, prit sa tasse et la

vida d’un trait. Jessica pouvaitcomprendre, elle qui avait de plus enplus souvent besoin du réconfort d’une

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tasse de thé alors qu’approchaitl’anniversaire de la mort de son mari.

— Je te rapporterai des cadeauxexotiques, dit-elle d’un ton léger, dansl’espoir de faire sourire sa jeune sœur.

— Reviens saine et sauve, ça mesuffira comme cadeau, répondit Hesteren agitant un doigt menaçant.

— Viendras-tu me chercher si je traîneen route ? demanda Jessica.

— Regmont ne le permettrait pas. Jepourrais sûrement convaincre quelqu’unde partir à ta recherche. Pourquoi pasl’une des bonnes grosses dames qui sontsi attachées à ton bien-être ?

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Jessica fit semblant de frissonner.— Là, tu marques un point, sœurette.

Compte sur moi pour revenir en toutehâte.

Alistair Caulfield tournait le dos à laporte de son bureau lorsqu’elle s’ouvrit.Un tourbillon d’air marin se rua àl’intérieur et lui arracha des mains lemanifeste qu’il s’apprêtait à ranger.

Il le rattrapa au vol et puis regardapar-dessus son épaule. Quel ne fut passon étonnement en reconnaissant levisiteur !

— Michael !

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Non moins surpris, le nouveau lordTarley écarquilla les yeux. Et puis undemi-sourire incurva sa bouche.

— Alistair ! Ah, gredin ! Tu ne m’aspas fait savoir que tu étais en ville !

— Je viens juste de rentrer, expliquaAlistair en rangeant le papier dans untiroir. Comment vas-tu, milord ?

Michael ôta son chapeau et se passa lamain dans les cheveux. Il avait l’air las.Il était vêtu de couleurs sombres etagitait sans cesse les doigts de sa maingauche, où se trouvait la chevalièreornée du blason des Tarley, comme s’iln’arrivait pas à s’habituer à la sentir là.

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— Aussi bien que possible, étantdonné les circonstances.

— Je te présente mes condoléances,ainsi qu’à ta famille. As-tu reçu malettre ?

— Oui. Et je t’en remercie. J’avaisl’intention de te répondre mais le tempsm’a manqué. Depuis un an, je n’ai pas euune minute à moi.

— Je comprends.Michael hocha la tête.— Je suis ravi de te revoir, mon ami.

Tu as été parti beaucoup trop longtemps.— Telle est la vie d’un marchand,

répondit Alistair.

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Il aurait pu déléguer son autorité detemps à autre mais demeurer enAngleterre voulait dire croiser son pèreet Jessica. Son père pestait contre saréussite comme il avait jadis pestécontre son manque d’ambition. C’étaitune épreuve pour sa mère, qu’ils’efforçait d’alléger en disparaissant leplus souvent possible.

Quant à Jessica, elle prenait soin del’éviter chaque fois qu’elle l’apercevait.Il s’était mis à faire de même lorsqu’ilavait constaté à quel point le mariagel’avait changée. Elle était toujours aussiréservée mais sa sensualité s’était

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épanouie. Ses mouvements étaient pluslents et plus gracieux et ses grands yeuxgris avaient perdu leur ingénuité. Pourles autres hommes, elle était un mystèremais Alistair avait vu sous le voile, etc’était cette femme-là qu’il voulait. Horsd’atteinte mais à jamais gravée dans sonesprit.

— Je bénis tes talents d’armateur, ditMichael. Tes capitaines sont les seuls àqui je ferais confiance pour emmener mabelle-sœur en Jamaïque.

Habitué à cacher ses émotions,Alistair réussit à garder un visage

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impassible mais cette nouvelle jetal’alarme dans son esprit.

— Lady Tarley a l’intention de serendre à Calypso ?

— Oui. Ce matin même. C’estd’ailleurs la raison de ma présence ici.J’ai l’intention de parler au capitainepour lui recommander de bien veillersur elle pendant la traversée.

— Qui voyage avec elle ?— Une seule servante. J’aimerais

pouvoir l’accompagner mais c’estimpossible en ce moment.

— Et elle ne veut pas remettre à plustard ?

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— Non, répondit Michael en faisant lamoue. Je n’ai pas réussi à la convaincre.

— Ou plutôt, tu ne sais pas lui direnon, rectifia Alistair en s’approchant dela fenêtre qui donnait sur les docks.

Des navires déchargeaient leursprécieuses cargaisons et d’autresfaisaient le plein de marchandises àexporter. Tout autour de ses entrepôtss’élevait un haut mur de briques destinéà décourager les voleurs qui pullulaientdans le port de Londres.

— Hester non plus, dit Michael. Ouplutôt lady Regmont.

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Les deux derniers mots furentprononcés avec peine. Alistair avaittoujours soupçonné que Michael étaitamoureux de la jeune sœur de Jessica etil s’était attendu que, le moment venu, ilfasse sa demande. Au lieu de cela,Hester avait été présentée à la cour etaussitôt après fiancée à Regmont, ce quiavait brisé le cœur de plus d’unprétendant.

— Pourquoi tient-elle tant à partir ?demanda Alistair.

— Benedict lui a légué la plantation.Elle veut s’occuper personnellement dela vente. Je crains que la mort de mon

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frère ne l’ait beaucoup affligée et ellecherche un dérivatif à sa douleur.

Alistair répondit sur un ton faussementindifférent.

— Je pourrais peut-être lui être dequelque secours, moi, en lui présentantdes gens, en lui fournissant desinformations qu’elle aurait du mal àtrouver toute seule.

— C’est très gentil de ta part, ditMichael. Mais tu m’as dit toi-même quetu venais de rentrer. Je ne peux pas tedemander de repartir si vite.

Alistair s’arracha à la contemplationdes docks et se retourna.

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— Ma propriété est voisine deCalypso et j’ai l’intention de m’agrandir.J’aimerais me porter acquéreur de laplantation. Pour une belle somme,naturellement.

Le soulagement se peignit sur les traitsde Michael.

— Cela me tranquilliseraitconsidérablement. Je vais lui en parlersur-le-champ.

— Et si tu me laissais le soin de m’encharger ? suggéra Alistair. Si, comme tule dis, elle cherche un dérivatif, ellen’aura pas envie qu’on décide à saplace. Il faut qu’elle puisse faire les

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choses à son rythme. J’ai tout montemps, pas toi. Vaque à tes affairespendant que je veille sur lady Tarley.

— Tu as toujours été un bon ami, ditMichael. Je forme des vœux pour que tureviennes bientôt en Angleterre et que tuy restes un certain temps, que nouspuissions nous voir. D’ici là, s’il teplaît, encourage Jessica à écrire souventet tiens-moi au courant de la situation.J’aimerais qu’elle soit revenue avantque nous n’allions passer l’hiver à lacampagne.

— Je ferai de mon mieux.

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Alistair resta pensif un long momentaprès le départ de Michael. Puis ils’approcha du bureau pour établir unenouvelle liste de provisions. Il apportaaussi quelques rapides et coûteusesmodifications à la liste des passagers,transférant deux voyageurs dans un autrede ses navires.

À part Jessica, sa servante et lui-même, il n’y aurait à bord de l’Achéronque les membres de l’équipage.

Jessica allait être à portée de mainpendant des semaines – c’était unechance extraordinaire qu’Alistair n’avaitpas l’intention de gâcher.

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Confortablement installée au fond de

son carrosse, Jessica regardait le navire– le noble contour de sa coque et lahauteur vertigineuse de ses trois mâts.C’était le plus majestueux des vaisseauxamarrés dans les docks, comme elleaurait dû s’y attendre. Étant donnél’inquiétude de Michael à propos de cevoyage, il avait dû se donner beaucoupde mal pour être sûr qu’elle le feraitdans les meilleures conditions. Çadevait l’aider à faire son deuil des’affairer ainsi autour de la veuve de sonfrère, mais c’était précisément l’une des

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raisons pour lesquelles elle avait enviede prendre la fuite.

Le parfum de l’océan vint flatter sesnarines. L’émoi du départ faisait battreson cœur, ou peut-être une certaineappréhension. Les gens à la Jamaïque laconnaissaient à peine et le rythme de vielà-bas était lent. Elle avait hâte desavourer des moments de solitude aprèsavoir failli étouffer sous les égards etles témoignages d’affection.

À la queue leu leu, ses valets de piedtransportaient ses malles à bord. Le bleuazur de leur livrée contrastait avec lesvêtements ternes des marins. Bientôt, il

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n’y eut plus de raison d’attendre dans lecarrosse.

Elle mit pied à terre avec l’aide d’unvalet, lissa sa longue jupe lavande etpartit vers la passerelle d’un pas décidé.Lorsqu’elle arriva sur le pont, elle sentitle navire qui tanguait sous ses pas et eutbesoin d’un moment pour s’yaccoutumer.

— Lady Tarley.Jessica se retourna et vit s’approcher

un fringant gentleman. Bien avant qu’ilne parle, elle comprit à son costume et àsa prestance qu’il s’agissait ducapitaine.

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— Je suis le capitaine Smith, dit-il ens’inclinant. C’est un immense plaisir devous avoir à mon bord, madame.

Un sourire émergea des profondeursde son épaisse barbe blanche.

— Tout le plaisir est pour moi,répondit Jessica en souriant aussi. Vouscommandez un bien beau navire,capitaine.

— Oui, c’est vrai qu’il est beau.Il releva légèrement son chapeau pour

la voir mieux.— Ce serait un grand honneur si vous

acceptiez de vous joindre à moi pour ledîner, reprit-il.

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— Très volontiers.— Excellent.Smith fit signe à un moussaillon.— Voici Miller. Il va vous conduire à

votre cabine. Et il sera à votre entièredisposition chaque fois que vous aurezbesoin de quelque chose.

— Je vous en suis très reconnaissante.Le capitaine se dépêcha de retourner à

son poste car il était temps d’appareilleret Jessica se tourna vers Miller, qui nedevait pas avoir beaucoup plus de seizeou dix-sept ans.

— Milady, murmura le gamin enmontrant une écoutille ouverte et un

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escalier qui descendait vers les étagesinférieurs. Par ici.

Elle le suivit, admirant au passage lecourage des hommes qui grimpaient dansles haubans comme d’industrieux petitscrabes. Une fois qu’elle eut descendul’escalier, son admiration se porta sur ledécor.

Les parois étaient revêtues depanneaux de bois qui brillaient, ainsique les clenches des portes et leslanternes. Elle n’avait pas su à quois’attendre mais cette attention auxmoindres détails la surprenaitagréablement. Miller s’arrêta devant une

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porte et frappa. Aussitôt, Beth, laservante de Jessica, cria :

— Entrez !La cabine n’était pas très grande mais

bien équipée. Il y avait un petit lit, unepetite fenêtre rectangulaire, une petitetable et deux chaises. Par terre, près deses malles, se trouvait une caisse de sonbordeaux préféré. C’était l’endroit leplus exigu qu’elle ait jamais habité etcependant elle s’y trouva bien. Elleappréciait surtout de ne plus avoir às’observer, à calculer ses réactions demanière à rassurer ses proches.Désormais, et pour quelques semaines

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du moins, elle serait libre de sesmouvements.

Elle ôta son chapeau et le tendit àBeth.

Miller promit de revenir chercherJessica à l’heure du dîner et s’éclipsa.Lorsque la porte fut refermée, Jessicaregarda Beth dans les yeux. La servantese mordilla les lèvres.

— C’est une grande aventure, milady,dit-elle. La Jamaïque me manque depuisla dernière fois.

Jessica poussa un profond soupir etsourit.

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— La Jamaïque… et un certain jeunehomme ?

— Oui, concéda la servante. Lui aussi.Ces derniers temps, Beth avait été

d’un grand réconfort pour Jessica, laseule qui approuvât son projet devoyage alors que tout le monde autourd’elle était contre.

— Une aventure ? répéta Jessica. Je lecrois bien.

Lorsque quelqu’un vint frapper à laporte de sa cabine peu avant 18 heures,Jessica posa le livre qu’elle était entrain de lire et se leva à contrecœur, car

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elle avait apprécié ce moment de calmeen compagnie de Beth, qui était en trainde raccommoder un bas.

Beth alla ouvrir. Dans l’encadrementde la porte apparut la jeune frimousse deMiller. Il souriait d’un air timide,dévoilant des dents mal plantées. Jessicaencouragea Beth à savourer son propredîner et suivit le moussaillon. Enapprochant de la cabine du capitaine, ilsentendirent un violon. Celui qui en jouaitconnaissait son affaire. Séduite par lamusique, Jessica pressa le pas. Millerfrappa à la porte, une seule fois, et entra

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sans attendre de réponse. Puis ils’effaça.

Jessica plaqua un sourire sur seslèvres, pénétra dans la vaste cabine etchercha des yeux le capitaine Smith. Enla voyant paraître, il se leva, aussitôtimité par deux messieurs qu’il présentacomme le commandant en second et lemédecin du bord. Elle répondit à leursamabilités par des paroles convenues etpuis s’intéressa au violoniste. Il luitournait le dos. Comme il était enmanches de chemise, elle se dépêcha deregarder ailleurs. Mais lorsque lecapitaine l’accompagna jusqu’à sa

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chaise, elle ne put s’empêcher de jeterun coup d’œil à l’indécent personnage.Sans les basques d’une redingote pourfaire obstacle, elle eut un beau point devue sur le postérieur du monsieur, quiétait remarquable. Elle n’avait encorejamais eu l’occasion d’étudier cettepartie de l’anatomie masculine. Elledécouvrit que c’était un spectacle fortplaisant quand les fesses étaient rondeset fermes.

Tandis qu’elle papotait avec lesofficiers du bord, Jessica regardafréquemment ce musicien qui tirait deson violon une fort belle mélodie. Les

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muscles de son épaule et de son dos semouvaient sous sa chemise au rythme dubras qui poussait l’archet. Elle avaittoujours trouvé magnifiques ces corpsd’homme, si grands et si puissants,taillés pour la force et en même tempscapables de douceur et de grâce.

La musique cessa. Le musicien pivotapour ranger le violon et l’archet dansleur étui. Jessica aperçut son profil etaussitôt elle frissonna. Sa redingote étaitaccrochée au dossier d’une chaise : il laprit et l’enfila. Jusqu’ici, Jessica nes’était jamais doutée que le fait deregarder quelqu’un s’habiller pouvait

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être aussi troublant que de le regarder sedéshabiller. Pourtant, avec cet homme-là, c’était le cas. Ses mouvements lentset mesurés étaient indéniablementsensuels.

— À présent, dit le capitaine en ledésignant d’un geste, permettez-moi devous présenter M. Alistair Caulfield,propriétaire de ce magnifique bâtimentet excellent violoniste, comme vous avezpu le constater.

Jessica eut l’impression que son cœurne battait plus. Ce qui est sûr, c’estqu’elle cessa de respirer. Caulfield setourna vers elle et exécuta la plus

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humble et la plus élégante desrévérences. Cependant, il n’inclina pasla tête et ne cessa pas une seule secondede la regarder dans les yeux.

Ô mon Dieu…

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2

Combien de chances y avait-il pourque leurs chemins se croisent de cettefaçon ?

Il ne restait presque rien du jeunehomme qu’elle avait connu dansl’homme qui lui faisait face. AlistairCaulfield avait été mignon. Le tempsavait buriné ses traits, lui sculptant unvisage viril. Des sourcils noirs et delongs cils accentuaient l’éclat de sesextraordinaires yeux bleus. Dans lesoleil couchant et les flammèches des

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lampes à pétrole, ses cheveux noirs,insolents de santé, brillaient. Autrefois,il avait déjà été d’une beauté frappante,mais à présent il était plus grand, plusmûr. Impressionnant.

D’une virilité à couper le souffle.— Lady Tarley, dit-il en se redressant,

quelle joie de vous revoir !Sa voix était d’un registre plus grave

qu’autrefois. Elle avait quelque chosed’un feulement. Il marchait avec unegrâce non moins féline, le pas léger endépit de sa puissante carrure. Son regardétait direct et pénétrant. On aurait dit

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qu’il avait le don de la sonder jusqu’aufond du cœur.

Elle inspira profondément et lui tenditla main.

— Monsieur Caulfield, il s’est écoulépas mal de temps depuis notre dernièrerencontre.

— Des années.Il prit la main qu’elle tendait et lui

sourit avec tant de familiarité qu’elle neput s’empêcher de repenser à cettefameuse nuit dans le parc desPennington.

— Je vous prie d’accepter mescondoléances, reprit-il. Tarley était un

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honnête homme. J’avais de l’amitié et del’admiration pour lui.

— Cela me touche infiniment, parvint-elle à répondre en dépit d’une bouchedevenue subitement sèche. Veuillezaccepter les miennes en échange. J’ai eubeaucoup de peine en apprenant la mortde votre frère.

Il relâcha doucement la main deJessica, non sans en profiter pour luicaresser la paume au passage.

— C’est deux de mes frères que j’aiperdus, rectifia-t-il d’un ton lugubre.

Jessica récupéra sa main et la frottadiscrètement contre sa cuisse. En vain.

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Les picotements continuèrent.— Je propose que nous passions à

table, dit le capitaine.Alistair s’assit juste en face de

Jessica. Pour commencer, elle se sentitmal à l’aise mais il donna l’impressionde ne plus se soucier d’elle dès lorsqu’on eut apporté les plats. Pourentretenir la conversation, elle posa desquestions sur la mer, les bateaux et lanavigation. Les hommes répondirentsans se faire prier, trop heureuxd’échapper aux sujets futiles quipassionnent ordinairement les dames. Ils’ensuivit un délicieux repas agrémenté

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de causeries comme Jessica n’en avaitjamais connu. Jusqu’ici, aucun hommen’avait jamais parlé métier devant elle.

Il devint rapidement évident que lesaffaires d’Alistair étaient florissantes etqu’il connaissait son métier sur le boutdes doigts. Par ailleurs, il était vêtu avecgoût. Sa redingote de velours gris-vertlui allait à merveille, superbementajustée pour mettre en valeur sasilhouette d’apollon.

— Allez-vous souvent en Jamaïque,capitaine ? demanda Jessica.

— Pas aussi souvent que les autresnavires de M. Caulfield.

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Il posa ses coudes sur la table et semit à triturer sa barbe.

— Londres est notre port d’attache,reprit-il. Mais nous faisons relâchequelquefois à Liverpool ou Bristol.

— Combien de bateaux y a-t-il ?Le capitaine se tourna vers Caulfield.— Combien de bateaux avez-vous ces

temps-ci ? Cinq ?— Six, répondit Caulfield en

s’adressant directement à Jessica.Elle eut du mal à soutenir son regard.

Elle n’aurait pas pu expliquer pourquoielle se sentait ainsi. C’était comme si unlien mystérieux les unissait depuis la

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nuit où elle l’avait surpris dans lekiosque avec une femme. Au moment oùleurs regards s’étaient croisés dans lapénombre, quelque chose d’irréversibles’était passé. Désormais, elle savait deschoses qu’elle n’aurait jamais dû savoirà propos de cet homme et il n’y avaitaucun moyen de revenir au temps de labienheureuse ignorance.

— Beau succès, murmura-t-elle.Félicitations.

— Je peux vous en dire autant.Il posa son avant-bras sur la table. La

manche de sa veste était démesurémentlongue, comme l’exigeait la mode,

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couvrant la main jusqu’aux premièresphalanges. On ne voyait que le bout deses doigts mais cela suffit pour rappelerà Jessica d’autres circonstances…lorsqu’elle avait aperçu cette mêmemain accrochée au montant du kiosquetandis que…

Alistair pianota sur la nappe. Jessicas’arracha à sa rêverie.

— De quels succès parlez-vous ?réussit-elle à articuler après unesalutaire gorgée de vin.

— Ce sont mes navires quitransportent la récolte de Calypso.

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Jessica ne fut pas étonnée del’apprendre.

— Oh ! Alors, j’aimerais en discuteravec vous, monsieur Caulfield.

Alistair fronça les sourcils et les deuxautres hommes se tinrent cois.

— Quand vous aurez le temps, ajoutaJessica. Il n’y a rien d’urgent.

— J’ai le temps maintenant.Il avait pris son regard d’oiseau de

proie et elle se rendit compte que sonhumeur avait changé. Il était prêt àparler affaires. Jessica s’efforça dedissimuler son inquiétude. La vie luiavait appris à reconnaître les hommes

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qu’il valait mieux ne pas contrarier etAlistair Caulfield était indéniablementl’un d’entre eux. Il lui sourit – avec leslèvres, pas avec les yeux.

— Je vous remercie de votreobligeance, répondit-elle.

Alistair se leva, fit le tour de la tableet vint l’aider à s’extraire de son siège.Elle se tourna vers M. Smith.

— Je vous remercie infiniment pourcette charmante soirée, capitaine.

— J’espère que vous vous joindrez ànous chaque soir.

Malgré son maintien impeccable,Jessica était péniblement consciente de

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la présence de Caulfield tout près d’elle.Lorsqu’ils quittèrent la cabine ensemble,son embarras décupla. La porte sereferma derrière eux et le claquement dela serrure suffit à la faire sursauter. Elleavait les nerfs tendus. Tarley s’étaitdonné toutes les peines du monde pourqu’elle se sente bien. Au contraire,Caulfield n’avait pas eu besoin debeaucoup de temps pour troubler sabelle sérénité. Il avait le don de lui fairesentir à quel point elle était féminine,par conséquent vulnérable.

— Voulez-vous que nous allions fairequelques pas sur le pont ? demanda-t-il

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doucement.Il se tenait trop près d’elle, la tête

penchée pour ne pas se cogner auplafond du couloir. Il sentait bon : unmélange de bois de santal, de musc et unsoupçon de verveine.

— Il va falloir que j’aille chercher unchâle, répondit Jessica d’une voixaltérée par l’émotion.

— Naturellement.Il l’accompagna jusqu’à sa cabine en

silence, ce qui permit à d’autres sons dese faire entendre – la démarcheconquérante d’Alistair, la respiration

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haletante de Jessica, le clapotis desvagues contre la coque.

Jessica entra dans sa cabine en toutehâte, referma la porte et aspira unegrande goulée d’air. Voyant cela, Bethposa son raccommodage sur la table etse leva.

— Mon Dieu, vous êtes toute rouge !dit la servante de cette voix calme etautoritaire qui faisait tout paraîtresimple – y compris un voyage à laJamaïque.

Elle s’approcha de la table de chevet,où se trouvaient un pichet et une cuvette,puis revint avec un linge mouillé.

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— Vous n’êtes pas en train de tombermalade au moins ?

— Non.Jessica accepta la compresse et se

l’appliqua sur les joues.— J’ai peut-être bu un peu trop de vin

au dîner, voilà tout, ajouta-t-elle enguise d’explication. Veux-tu m’attraperun châle ?

Beth fouilla dans la malle au pied dulit et en sortit un châle de soie noire, queJessica échangea contre la compresse.Elle eut beau sourire, la servante avaittoujours l’air sombre.

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— Vous devriez sans doute vousreposer, milady.

Jessica en convint. Elle s’en voulaitd’avoir engagé cette discussion avecCaulfield. Elle aurait pu patienterjusqu’au lendemain. Ou même jusqu’ausurlendemain. Ou, mieux encore, laisserson intendant s’en charger.

— Je n’en ai pas pour longtemps.Ensuite, tu pourras te retirer dans tacabine.

— Ne vous pressez pas pour moi,milady. Je suis trop énervée pourdormir.

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Jessica s’enveloppa dans son châle etretourna dans le couloir.

Alistair s’était adossé contre lacloison. Il se redressa en la voyantsortir. Pris dans le cône de lumière quis’échappait de la cabine, il ne putdissimuler un regard approbateur, ce quila fit rougir de plus belle. Il s’en renditcompte et changea d’expression mais lemal était fait. Elle se souvint de cequ’elle avait éprouvé devant ces yeux-làdes années plus tôt. Ils avaient toujoursle même effet paralysant.

Alistair fit un geste en direction del’escalier et ce signal suffit à ranimer

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Jessica. Ils montèrent sur le pont. Labrise soufflait. Le clair de lune effaçaittoutes les couleurs. Il n’y avait plus quedu noir et d’innombrables nuances degris, ce qui atténuait quelque peul’extraordinaire magnétisme qui avaittoujours caractérisé Alistair Caulfield.

— Dites-moi, milord, commença-t-elle, à seule fin de rompre le silence,quelles étaient les chances pour quenous nous retrouvions à voyager sur lemême navire au même moment ?

— Excellentes, si l’on considère quej’ai tout arrangé, répondit-il suavement.J’espère que vous êtes bien installée.

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— Comment pourrait-il en êtreautrement ? C’est un magnifique navire.

Il sourit et elle éprouva unfrémissement au creux de l’estomac.

— Je suis bien aise d’entendre ça, dit-il. Si vous avez besoin de quoi que cesoit, je suis à votre service. Lorsquenous serons arrivés à destination, j’aipromis à Michael de vous présenter desgens et de vous fournir toutes lesinformations dont vous pourriez avoirbesoin.

— Michael, répéta-t-elle dans unsouffle, je n’étais pas au courant.

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Jessica fut grandement étonnéed’apprendre qu’elle avait été confiéeaux bons soins d’Alistair Caulfield –l’homme le moins rassurant de la terre –par son beau-frère – l’homme le plusprotecteur de la terre.

— Pardonnez-moi, dit Alistair. Je luiai dit que ce n’était pas la peine qu’ilvous prévienne que je m’en chargerai. Ila beaucoup de choses à faire en cemoment et j’ai voulu le soulager d’unpoids.

— Oui, bien sûr. C’est très délicat devotre part.

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Elle partit vers le gaillard d’avantdans l’espoir que quelques pasl’aideraient à se détendre. Elle neconnaissait pas suffisamment Caulfieldpour affirmer qu’il avait changé,pourtant l’homme avec qui elle était entrain de parler ne ressemblait pas aujeune rebelle dont elle avait gardé lesouvenir.

— Je n’agis pas que par délicatesse,précisa-t-il en lui emboîtant le pas.

Il avait les mains dans le dos, ce quimettait en valeur la puissance de sesépaules et la largeur de sa poitrine. Il

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avait toujours été plus athlétique que lesSinclair et même que ses propres frères.

Elle n’aurait pas dû l’admirer de cettefaçon.

— Je serais curieuse de connaître vosautres motivations.

Il la fixa du coin de l’œil.— J’ai vécu à l’étranger pendant des

années, ne faisant que les visitesnécessaires pour empêcher ma mèred’envoyer des gens à ma recherche.J’espère qu’en échange de ce quej’aurais fait pour vous à la Jamaïque,vous m’aiderez à m’acclimater à la vielondonienne quand je rentrerai.

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— Vous avez l’intention de rentrer enAngleterre ?

— Oui.Il regarda devant lui.— Votre famille et vos amis seront

ravis, j’en suis certaine, dit Jessicad’une voix entrecoupée.

Caulfield respira bruyamment. Sesouvenant que sa famille avait étéendeuillée, elle balbutia :

— Vos frères…Jessica baissa la tête. Elle s’en voulut

de le mettre mal à l’aise parce qu’ellesavait exactement ce que cela fait

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lorsqu’on vous rappelle sans cesse ceque vous avez irrémédiablement perdu.

Il s’arrêta près du mât de misaine. Enla prenant doucement par le coude, ill’incita à faire de même.

Elle se tourna vers lui. Il se rapprochad’elle, si près qu’ils auraient pus’enlacer.

— Je vais retourner en Angleterreparce que la raison pour laquelle jem’étais exilé n’existe plus et qu’unebonne raison de rentrer vient de seprésenter.

La voix de Caulfield était plutôttendre. Jessica se demanda si ce n’était

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pas une femme qui l’incitait à rentrer aubercail.

— Je ferai de mon mieux pour vousêtre aussi utile que vous n’allez pasmanquer de l’être pour moi, dit-elle.

— Merci.Il resta un instant silencieux, comme

s’il hésitait à ajouter quelque chose. Ils’en abstint finalement et l’invita d’ungeste à reprendre la promenade.

— Vous vouliez parler du transport devos récoltes, je crois ?

— Les obligations de Calypso enversvous, quelles qu’elles soient, sontdésormais les miennes. C’est tout ce que

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j’avais à en dire. Pour en savoir plus, jem’adresserai à mon intendant. Je vous enprie, ne vous en faites pas pour moi.

— J’ai toutes les réponses auxquestions que vous allez vous poser.N’hésitez pas à avoir recours à moichaque fois que vous en éprouverez lebesoin.

Levant les yeux vers lui, elle se renditcompte qu’il la regardait fixement.

— Vous devez être très occupé. Je nevoudrais pas abuser de votre temps.

— Je n’aurai jamais le sentiment quevous abusez. Au contraire, j’aurai grand

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plaisir à vous procurer tout ce que vouspourrez désirer.

— Très bien, murmura-t-elle.La voix de Caulfield, qui avait été

chaleureuse, devint soudain cassante.— J’ai l’impression de vous avoir

déplu ?Jessica se sentit autorisée à parler

franchement.— Je vous remercie de votre

obligeance, monsieur Caulfield. Mais,d’un autre côté, je ne sais pas quoipenser de tant de sollicitude. Je ne suispas en verre, je ne vais pas tomber enmiettes au premier choc. Si j’ai entrepris

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ce voyage, c’est, entre autres, pourm’éloigner des gens qui me traitaientcomme si j’étais une petite chose fragile.

— J’ignore comment l’on traite lespetites choses fragiles, dit-il sur un tonaigre-doux. Si je me mettais en têted’essayer, j’échouerais lamentablement.En vérité, ayant rencontré votreintendant en de multiples occasions, j’ail’impression qu’il pourrait avoir du malà être complètement franc avec unefemme. Je veux que vous ayez tous lesatouts en main. Et je tiens à être celuiqui vous montrera les contrats, pourvous expliquer ce qui pourrait paraître

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obscur. Loin de moi le projet de vousenvelopper dans du coton.

Avec un sourire malicieux, il ajouta :— Au contraire.Il fit une petite moue. Il était

charmant… dans le genre canaille.— Il se fait tard, dit-il alors qu’ils

retournaient vers le gaillard d’arrière.Me permettez-vous de vousraccompagner jusqu’à votre cabine ?

Jessica se rendit compte avec stupeurqu’elle se plaisait en sa compagnie.

— Volontiers, répondit-elle.Lorsqu’ils furent arrivés à destination,

il esquissa une révérence, s’inclinant

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autant que le permettait l’étroitesse ducouloir.

— Je vous souhaite une bonne nuit,lady Tarley. Faites de beaux rêves.

Il partit sans attendre de réponse,laissant derrière lui un grand vide.

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3

Michael Sinclair, vicomte Tarley, seretrouva devant l’hôtel particulier desRegmont dans Mayfair à l’heure où ladyRegmont était habituellement visible. Ildescendit de cheval avant d’avoir eu letemps de changer d’avis et donna labride à un valet de pied, puis il montaquatre à quatre les marches du perron. Ilrésista à la tentation d’arranger sacravate, qu’il avait nouée le plussimplement du monde. Son anxiété étaitextrême, au point d’avoir longtemps

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hésité dans le choix du gilet quis’assortirait le mieux avec la redingotebleue qu’il portait, pour la bonne raisonqu’elle lui avait dit un jour que le bleului allait bien.

Bientôt, il fut introduit dans un salonoù se trouvaient déjà une demi-douzainede visiteuses et de visiteurs. Hester étaitassise dans un fauteuil au milieu de lapetite assemblée, plus fragile et plusbelle que jamais.

— Lord Tarley ! s’exclama-t-elle sansse lever.

Il vint à grands pas baiser les deuxjolies mains blanches qu’elle lui tendait.

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— Lady Regmont ! Cette journée estd’autant plus belle que je l’auraicommencée en votre présence.

Sa joie se changerait en tristesse aumoment de partir, comme s’il passait dela lumière à l’obscurité. Il croyaitqu’elle était faite pour lui, à tel pointqu’il n’avait jamais envisagé d’épouserquelqu’un d’autre. Autrefois, il avaitpensé que ce serait parfait pour lesfrères Sinclair d’épouser les sœursSheffield et de mener des existencespareillement heureuses. Mais Hadleyavait nourri de grands projets pour ses

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filles et Michael, en tant que cadet,n’aurait jamais eu la moindre chance.

Pour comble de malheur, Hestern’avait même pas pu profiter d’une seulesaison mondaine. Exactement comme sasœur, elle avait été fiancée aussitôtaprès sa présentation à la cour.

— Je croyais que vous m’aviezoubliée, dit-elle. Cela fait des sièclesque vous ne m’avez pas rendu visite.

— Vous oublier ? C’est impossible !Certaines nuits, pourtant, il priait pour

que ça arrive.Elle fit signe à quelqu’un derrière lui

et un court instant plus tard un valet de

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chambre vint poser près d’elle unechaise ornée de splendides tapisseries.Michael salua plutôt sèchement lesautres invités, qui lui répondirent pardes sourires aimables et de chaleureusesparoles de bienvenue.

— Je vous en prie, dit Hester en luidésignant la chaise. Asseyez-vous.Racontez-moi tout ce qui vous est arrivéd’intéressant depuis la dernière fois.

Il prit place près d’elle et se mit à ladévorer des yeux. Elle était magnifique.Ses cheveux blonds étaient arrangés à ladernière mode, avec des frisettes sur lefront et des boucles sur les oreilles. Elle

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portait une robe rose pâle et son couétait orné d’un camé attaché à un largeruban de velours noir.

— Je suis venu vous rassurer. Jessicaest en de bonnes mains. AlistairCaulfield va veiller sur elle pendant sonvoyage. Cela fait plusieurs années qu’ilvit à la Jamaïque, il connaît tout lemonde là-bas.

— Alistair Caulfield, répéta Hester ens’assombrissant. Je ne pense pas qu’elleait jamais eu beaucoup de sympathiepour lui.

— Et, à mon avis, c’est réciproque.Les rares fois où je les ai vus ensemble,

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ils n’avaient pas l’air de s’apprécier.Mais ce sont de grandes personnes àprésent et Jessica a besoin de conseilsdans un domaine où Alistair est mieuxplacé que quiconque pour en donner. Quiplus est, elle veut vendre Calypso etCaulfield pourrait s’en porter acquéreur.Ainsi donc, toutes les conditions sontréunies pour que l’affaire soit régléepromptement et que votre sœur prennebientôt le chemin du retour.

Le beau regard de Hester pétilla.— Milord, vous êtes d’une habileté

diabolique. J’ai toujours admiré celachez vous.

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En entendant ces derniers mots,Michael éprouva un pincement au cœur.Ce n’était pas de l’admiration qu’ilattendait d’elle.

— Je mentirais en m’attribuant tout lemérite, dit-il. En fait, Caulfield s’estpour ainsi dire porté volontaire. Je mesuis juste trouvé au bon endroit au bonmoment.

— Ta, ta, ta ! s’exclama Hester. C’estla providence qui vous envoie !

Puis son sourire s’effaça.— Jessica n’est partie que depuis hier

et elle me manque déjà. Mais quelleégoïste je suis ! Elle a eu beau essayer

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de me le cacher, j’ai bien vu qu’elle sefaisait une joie d’entreprendre cevoyage. Je devrais plutôt être contentepour elle.

— C’est pourquoi je suis ici, ditMichael. Je sais à quel point vous aimezJessica et je devine que son absence vavous peiner. Je veux que vous sachiezque, jusqu’à son retour, je… je suis àvotre entière disposition.

— Vous avez toujours été unmerveilleux ami pour moi.

Elle avança la main et – ce fut douxmais beaucoup trop bref ! – lui touchal’avant-bras.

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— Vous avez déjà tant à faire ! Vousn’avez pas besoin d’un fardeausupplémentaire.

— Vous ne serez jamais un fardeaupour moi. Je le considérerai comme unefaveur chaque fois que vous ferez appelà moi.

— Méfiez-vous, répondit-elle d’un tonléger. Je pourrais vous prendre au mot.

À cette innocente plaisanterie,Michael réagit un peu trop vivement.

— Oh, oui, je vous en prie, faites-le !J’ai hâte de vous prouver que je serai àla hauteur de la tâche.

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Une rougeur subite se répandit sur lesjoues de Hester.

— Milady ?Le majordome s’approcha avec un

plateau d’argent sur lequel se trouvaientune petite boîte enrubannée et une lettre.L’une des invitées, la marquise deGrayson, taquina Hester à proposd’admirateurs secrets et de Regmont, quin’allait pas être content, car sa jalousieétait bien connue.

Hester commença par lire la lettre etpuis la posa sur le bras de son fauteuil.Michael remarqua qu’elle avait lesmains qui tremblaient lorsqu’elle ouvrit

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la boîte, révélant une broche incrustéede pierres précieuses et manifestementde grand prix. Il jeta un coup d’œil à lalettre, qui avait été mal repliée, et neparvint pas à déchiffrer grand-chose carl’écriture était mauvaise. Mais les mots« pardonnez-moi » étaient assez lisibles.Ce qui lui fit serrer les dents et se poserbeaucoup de questions.

— Alors ? demanda lady Bencott.Nous mourons littéralement de curiosité.Qu’est-ce que c’est ? Qui a envoyécela ?

Hester posa la broche dans la main dela comtesse.

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— Regmont, évidemment.Tandis que le précieux bijou passait

de main en main, Michael se dit que lesourire de Hester n’avait pas l’airsincère. En tout cas, elle était beaucouptrop pâle pour ne pas susciterd’inquiétude.

Il prit congé, incapable de supporterl’idée que quelque chose clochait dansla vie de Hester et qu’il n’avait pas ledroit d’y remédier.

C’était la fin de l’après-midi etJessica ne s’était toujours pas montréesur le pont.

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Alistair eut besoin de beaucoup devolonté pour ne pas se mettre à faire lescent pas. Si elle avait décidé de l’éviter,il aurait du mal à lui faire la cour. Maisce n’était pas le genre d’homme quirenonce au premier obstacle. Il avaitl’intention de se rapprocher d’ellependant cette traversée. Il n’avait plusqu’à découvrir le meilleur moyen d’yparvenir. La veille au soir, il avaitessayé la franchise, peut-être avait-il eutort.

Agrippé au bastingage, il regarda lesflots. Il ne put s’empêcher de remarquer

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qu’ils étaient pour l’heure de la mêmenuance de gris que les yeux de Jessica.

Elle était belle à couper le souffle.Il repensa au moment où elle était

entrée dans la grande cabine pour dîner.Par sa seule présence, elle avait changél’atmosphère de la pièce et il avaitvéritablement senti le poids et la chaleurd’un regard qui passait comme unecaresse le long de son dos. Il s’étaitarrangé pour être dans cette position-làau moment de son arrivée, en manchesde chemise et occupé. Il avait vouluqu’elle le découvre tel qu’il étaitdevenu. Cultivé, distingué. Cette mise en

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scène devait être la première étape d’unlong et patient processus de séduction.

En fait, c’est elle qui lui avait fait unchoc, avec ses cheveux d’or et son teintde porcelaine. Son corps de jeune fillegracile s’était métamorphosé en un corpsde femme, avec une poitrine épanouie,une taille bien prise, de longues jambesentre lesquelles il rêvait de se glisser.Elle avait quelque chose deprofondément vulnérable qui éveillaitses instincts les plus primaires.

Il avait envie de s’emparer d’elle,qu’elle soit à lui.

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Lorsqu’elle l’avait reconnu, l’espaced’un instant son visage avait trahi sessentiments. Sept ans plus tôt, elle avaitété attirée par lui. Il pouvait faire jouercela contre elle aujourd’hui, à conditionde procéder délicatement.

— Bonjour, monsieur Caulfield.Juste ciel ! Rien que le son de cette

voix suffisait à lui inspirer des penséeslascives. C’était une voix claire, aussicalme et mesurée que celle à qui elleappartenait. Il aurait bien voulu lui faireprendre des intonations plus sensuelles,plus caressantes. Il aurait bien voulu

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l’entendre pousser des cris de plaisir etprononcer son nom.

Après avoir pris une profondeinspiration, il se retourna vers elle.

— Lady Tarley. Vous avez l’airreposée. Je suppose que vous avez biendormi.

— Très bien, merci.Elle n’avait pas seulement l’air bien

reposée. Elle était extraordinairementbelle. Vêtue d’une robe bleue ets’abritant sous une jolie ombrelle, onaurait dit une apparition. Il n’eut pasbesoin de regarder autour de lui pour

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savoir que tous les marins devaient êtreaussi charmés que lui. Elle était parfaite.

Le rejoignant, Jessica posa sa maingantée sur le bastingage et regardal’océan.

— J’ai tout de suite adoré naviguer,dit-elle, les mots se bousculant sur seslèvres. On éprouve un vertigineuxsentiment de paix et de liberté lorsqu’ona devant soi un horizon sans limites.Certes, je n’aimerais pas me retrouverseule au milieu de cette immensité.Mais, sur ce beau bateau, avec unéquipage nombreux, le bonheur est sans

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mélange. Lord et lady Masterson doiventêtre fiers de vos succès.

Dès qu’Alistair entendait prononcer lenom de son père, il se crispait. Il haussales épaules.

— Fiers, ce n’est pas le mot quej’emploierais, mais ils sont certainementau courant de ce que je fais.

Jessica le regarda. Le débit rapide deparoles trahissait sa nervosité ; quant àelle, elle se mordillait les lèvres. Bienqu’ils fassent semblant d’avoir oubliécette fameuse nuit dans les bois dePennington, le souvenir était entre eux,d’autant plus encombrant qu’ils évitaient

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d’en parler. Alistair aurait préféré qu’ilsen parlent. Ô combien ! À cause detoutes les questions qu’il avait envie delui poser.

Au lieu de cela, il en revint à un sujetqui ne risquait pas d’être gênant.

— Je suis d’accord avec vous, levaste océan est comme une pageblanche. Les possibilités sont infinies.Et que de mystères !

— Oui, répondit-elle avec un sourireadorable.

— Et comment va votre famille ?— Très bien. Mon frère est à Oxford.

Hadley est ravi, naturellement. Et ma

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sœur Hester est mariée. Sa table et sonsalon sont renommés. Elle vous serad’une grande utilité lorsque vousreviendrez en Angleterre.

— Elle a épousé le comte deRegmont, je crois.

— Oui. C’est moi qui les ai présentésl’un à l’autre la veille de mon mariage etcette rencontre a eu pour conséquence unmariage d’amour… si atrocementdémodé que cela puisse paraître.

— Quelle nuit mémorable ! dit-il.— Et votre famille ? demanda Jessica

tandis qu’elle rougissait un peu.Comment vont-ils ?

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— De ce côté-là, c’est sans surprise.Mon frère Albert – désormais lordBaybury – n’a toujours pas d’héritier, cequi dérange beaucoup Masterson. Ilcraint que je n’hérite un jour du duché,ce qui serait la réalisation de son pirecauchemar.

Jessica le regarda sévèrement.— C’est difficile pour tout le monde

quand on a du mal à avoir un enfant, dit-elle. Ce doit être également trèsattristant pour lady Baybury.

La compassion de Jessica était sincèreet profonde et, du coup, Alistair se

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souvint qu’en six ans de mariage ellen’avait pas eu d’enfants non plus.

Il se dépêcha de changer de sujet.— Je ne sais plus à quelle époque de

l’année Tarley vous a emmenée àCalypso. En cette saison, la chaleur estsupportable. Il y a parfois des ondées enfin d’après-midi mais elles ne durentguère et le soleil revient vite. La plupartdes gens apprécient ce climat et je penseque vous aussi vous l’apprécierez.

Elle sourit d’une façon qui n’était pasdestinée à plaire mais qu’Alistair trouvanéanmoins charmante.

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— Vous naviguez fort bien entre lesécueils, dit-elle plaisamment.

Alistair comprit qu’elle ne parlait pasdes hauts-fonds ni des récifs mais desécueils de la conversation.

— C’est la moindre des choses pourun marin, répondit-il sur le même ton.Êtes-vous surprise ? Impressionnée ?

— Vous le souhaiteriez ?— Oui.Elle leva les sourcils.— Pourquoi donc ?— Vous incarnez l’élégance et la

distinction. On ne peut qu’envier ceuxqui reçoivent votre approbation.

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Elle fit la moue.— Vous m’accordez plus de crédit que

je n’en ai.Il se tourna vers elle et s’accouda

négligemment au bastingage.— Alors, permettez-moi de vous dire

que, quant à moi, je serais très heureuxde conquérir votre estime.

Jessica se cacha derrière sonombrelle.

— Pour l’instant, vous vous en tirezplutôt bien.

— Merci, répondit Alistair.Cependant, ne m’en veuillez pas si jeredouble d’efforts.

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— Vous vous y employez suffisammentcomme ça, répliqua-t-elle d’un ton sec.

Alistair cessa de sourire. Cette fois,ce fut Jessica qui changea de sujet.

— La mer autour de l’île est-elletoujours aussi claire ?

— Claire comme du cristal. Depuis lagrève, on voit les poissons nager. Parendroits, les eaux sont très peuprofondes sur des distances relativementlongues, au point qu’on peut aller à piedjusqu’aux récifs de corail.

— Il faudra que je voie ça.— Je vous y conduirai.

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Jessica releva brusquement sonombrelle.

— Je suis certaine que vous pourrezfaire honneur à vos obligations enversMichael sans aller aussi loin.

— Certes. Mais rien ne pourrait meprocurer davantage de satisfaction.

Au moment même où les motsfranchissaient ses lèvres, Alistair serendit compte que sa voix le trahissait,trop moelleuse, trop rauque. C’étaitinévitable, alors qu’il était en train del’imaginer dans l’eau, sa robesuffisamment relevée pour dévoiler de

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fines chevilles. Peut-être des molletsronds…

— Assez de soleil pour aujourd’hui,dit Jessica en faisant un pas en arrière.J’ai été ravie d’échanger ces quelquesmots avec vous, monsieur Caulfield.

Alistair se redressa.— Je ne bougerai pas d’ici pendant

les deux ou trois prochaines semaines,dit-il d’un ton léger. Je dis ça pour lecas où vous auriez encore envie deprendre le soleil en ma compagnie.

Alors qu’elle s’éloignaitgracieusement, elle lança par-dessus sonépaule :

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— Je tâcherai de m’en souvenir.Il se rendit compte qu’elle faisait la

coquette avec lui et il en éprouva unecertaine joie. C’était une petite victoireet toutes les victoires sont bonnes àprendre.

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4

Pendant le dîner, encore une foisétonnamment délicieux, Jessica lança defréquents regards en direction d’Alistair.Elle ne pouvait s’empêcher des’émerveiller en voyant l’homme qu’ilétait devenu. Il faisait facilement jeuégal avec l’impressionnant capitaine,pourtant plus âgé que lui. Le médecin dubord – qu’on lui avait simplementprésenté comme étant Morley –s’adressait à lui avec une déférence quine s’expliquait pas seulement par le fait

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qu’il était son employé. Les deuxhommes donnaient l’impressiond’admirer Alistair et de respecter sesavis. En retour, il leur parlait comme àdes égaux, ce qui impressionnaitbeaucoup Jessica.

Comme la veille, elle s’arrangea pourorienter la conversation vers des sujetssusceptibles d’intéresser ces messieurs.Pour l’heure, ils parlaient du commercedes esclaves – sujet brûlant danscertains milieux. Au début, Alistair paruthésiter à livrer ses idées sur la question.Mais lorsque Jessica l’interrogea, il sefit un devoir de répondre. Elle se

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souvint qu’autrefois elle l’avait mal jugéen raison de son non-conformisme, maismaintenant elle l’appréciait à cause decela. Ni son père ni son mari n’avaientjamais parlé affaires ou politique devantelle alors que Caulfield y était toutdisposé. C’est pourquoi elle trouva lecourage de poser des questions.

— La plupart des plantationsdépendent-elles encore de l’esclavage ?demanda-t-elle, consciente quel’abolition du commerce des esclavesn’avait pas aboli l’esclavage lui-même.

Le capitaine tritura sa barbe.

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— C’est comme pour la piraterie, dit-il. Ce n’est pas une loi contre la traitequi va impressionner les négriers.

— Avez-vous des problèmes avec lespirates, capitaine ?

— La piraterie sévit sur toutes lesmers du monde mais je suis fier depouvoir affirmer qu’aucun des vaisseauxque j’ai commandés n’a jamais été pris àl’abordage.

— Cela va de soi, dit-elle avecconviction, ce qui lui valut un radieuxsourire du capitaine Smith.

Avant de se tourner vers Alistair, ellese prépara à subir un choc. Peine

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perdue. Ni le temps ni l’habituden’atténuaient son pouvoir de séduction.

— Est-ce que Calypso utilise desesclaves ?

Alistair hocha la tête.— C’est le cas de la plupart des

plantations.— Y compris la vôtre ?Il rejeta la tête en arrière et pinça les

lèvres, comme s’il avait besoin deréfléchir avant de répondre. Il étaitcirconspect – qualité qu’elle ne luiaurait jamais accordée auparavant.

— D’un point de vue strictementcommercial, l’esclavage est rentable.

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Cependant, je préfère que les gens quitravaillent pour moi n’y soient pascontraints et forcés.

— Vous ne répondez pas vraiment àma question.

— Il n’y a pas d’esclaves à Sous lalune, dit-il en la regardant fixement pourvoir sa réaction. J’ai quelques ouvriers.Des Chinois et des Indiens pour laplupart. J’emploie aussi plusieurs Noirs,mais ce sont des hommes libres.

— Sous la lune, répéta-t-elle. C’estjoli comme nom.

— Oui, dit-il avec un sourirecomplice. Vous allez me trouver

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sentimental.Cela fit venir la chair de poule sur les

bras de Jessica. Une fois de plus, ilavait l’air de faire allusion à cettefameuse nuit dans les bois dePennington. Si c’était le cas, il le faisaitd’une façon surprenante, sur un ton léger,sans moquerie, sans allusion directe.

Mais comment un tel incident pouvait-il avoir la moindre valeur sentimentale ?

Caulfield porta son verre à ses lèvressans cesser de la contempler. Son regardbleu était si ouvertement admiratifqu’elle le sentit sur sa peau comme elleaurait senti les rayons du soleil.

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Elle repensa à ce qui s’était passécette nuit-là. Il était en train decommettre un acte obscène et, pourcommencer, elle n’avait vu que cetaspect des choses. Pourtant, lorsqueleurs regards s’étaient croisés, il y avaiteu… quelque chose d’autre. Elle necomprenait pas ce que c’était, ellen’aurait pas su l’expliquer, et c’était unedes raisons pour lesquelles ça lui faisaitpeur. Si quelqu’un lui avait décrit unetelle scène, elle aurait été dégoûtée etn’y aurait rien trouvé de bon. Mais ça luiétait arrivé à elle et la conversationqu’elle avait eue juste après avec Tarley

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avait changé sa vie irrévocablement.Elle avait été incitée à reconnaître enelle des désirs insoupçonnés et elleavait trouvé le cran d’avouer ces désirsà son futur mari. En conséquence, elleavait eu droit à six années de bonheurconjugal.

Alistair y avait peut-être gagnéquelque chose, lui aussi.

Elle espérait trouver le courage de luiposer la question un de ces jours.

— Pourquoi Tarley continuait-il derecourir à des esclaves s’il y avaitd’autres moyens ? demanda-t-elle parce

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qu’elle avait besoin de se concentrer surquelque chose de moins personnel.

— Ne le jugez pas mal, réponditAlistair. Ce n’est pas lui qui supervisaitCalypso. Il y a un contremaître et unintendant qui s’occupent de ce genre dedétails, et ils agissent toujours dansl’intérêt de leur patron.

— Ce qu’ils appellent l’intérêt de leurpatron, c’est le profit ?

— Intérêt, profit, c’est plus ou moinsla même chose, non ?

Il se pencha en avant et la regardaavec dureté.

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— J’espère que vous en êtesconsciente, ajouta-t-il. Les idéesgénéreuses, c’est bien beau, mais cen’est pas ça qui vous vêtira, rempliravotre assiette et mettra du bois dansvotre cheminée l’hiver.

— Vous n’avez pas besoin d’esclaves,vous !

Jessica détestait l’idée que c’était àdes esclaves qu’elle devait ses robes,ses bijoux, son carrosse, son fringantattelage et une multitude d’autres objetsde luxe. Elle savait trop bien ce quec’était que d’être faible et à la merci descaprices de quelqu’un d’autre.

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— Mes activités d’armateur merapportent suffisamment pour mepermettre d’être généreux.

— Si j’ai bien compris, les idéauxcoûtent cher. Quand on est riche, on peutse permettre d’en avoir. Quand on nel’est pas, on est obligé de les sacrifier.

— Ce n’est pas très exaltant, sansdoute, concéda Alistair. Pourtant c’estvrai.

Le revoilà, le jeune homme capable derelever n’importe quel défi et de fairel’amour à lady Wilhelmina en échangede quelques pièces d’or. Jessica s’étaitdemandé où l’ancien Alistair était passé

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et elle se rendait compte qu’il n’étaitallé nulle part. Il avait juste appris àcouvrir ses défauts sous un vernis depolitesse.

— Comme c’est réjouissant ! dit-elleavant d’avaler une gorgée de vin.

Dès qu’elle le put, Jessica prit congéet fila vers sa cabine. Elle parcourut lescouloirs aussi vite que possible.

— Jessica ?Son prénom prononcé par la voix

grave d’Alistair avait quelque chose dedésarmant. Elle attendit d’être devant laporte de sa cabine pour s’arrêter et fairevolte-face.

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— Oui, monsieur Caulfield ?Comme la veille, sa haute stature

occupait tout l’espace dans ce petitcouloir.

— Je n’avais pas l’intention de vousfroisser.

— Je m’en doute bien.Alistair avait l’air calme mais la

brusquerie de son geste lorsqu’il sepassa la main dans les cheveux indiquaitle contraire.

— Je ne voudrais pas que vouscondamniez Tarley à cause des décisionsqu’il a prises. Il n’était pas idiot. Il asaisi les opportunités qui s’offraient.

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— Vous vous méprenez, répondit-elled’une voix égale.

Comme avec Benedict, elle necraignait pas de parler franchement avecAlistair.

— Je n’ai rien contre le bon sens,l’esprit pratique ni même le goût duprofit, poursuivit-elle. Ce qui mechagrine, c’est qu’on me rabaisse. Jevais d’abord veiller sur mes intérêts,même si c’est au détriment de mes bonspenchants. Cependant, il se pourrait queje veuille renégocier le contrat deCalypso afin de me procurersuffisamment d’argent pour employer

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des hommes libres. Ou bien, je vaispeut-être m’apercevoir que l’achat d’unbateau pourrait s’avérer rentable à longterme. Ou bien la solution serait peut-être d’augmenter la production de rhum.Il va falloir que je réfléchisse. Il n’estpas impossible qu’à la fin je me procureles moyens d’être aussi idéaliste quej’en aurai envie.

Les yeux d’Alistair brillèrent dans lafaible lumière des lampes.

— Me voici surpris, milady, carj’avais l’impression que vous vouliezvendre Calypso.

Jessica resta impassible.

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— Je vous ai sous-estimée, reconnut-il en se croisant les mains derrière ledos. C’était il y a bien longtemps.

Jessica ne put s’empêcher dedemander :

— Qu’est-ce qui vous a fait changerd’avis ?

— Vous, répondit-il avec son fameuxsourire canaille. Quand vous avez lechoix entre fuir ou rester, vous restez.

Le cœur de Jessica se serra et ellefaillit perdre tout courage. Elle se tournapour ouvrir sa porte, pourtant elle leregarda une dernière fois par-dessus sonépaule avant d’entrer dans sa cabine.

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— Moi, par contre, je ne vous aijamais sous-estimé.

Alistair fit une élégante révérence.— Je vous prie de ne pas commencer

maintenant. Bonne nuit, lady Tarley.Une fois dans sa cabine, Jessica

s’adossa à la porte en attendant deretrouver son calme.

Jamais prise au dépourvu, Beth avaitun linge mouillé à portée de main.Jessica se l’appliqua volontiers sur lesjoues. En même temps, elle constata quesa servante la regardait d’un air entendu.Elle se retourna et lui présenta la rangéede boutons qui fermait sa robe.

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Pour lire en elle comme dans un livreouvert, il y avait déjà eu AlistairCaulfield. Ça suffisait comme ça pour cesoir.

Hester venait de piquer une dernièreplume blanche dans son chignon lorsqueson mari entra dans son boudoir. Iln’avait pas fini de s’habiller. Sa cravaten’était pas nouée et son gilet étaitdéboutonné. Mais Regmont s’étaitbaigné et rasé de frais, à en jugerd’après ses cheveux humides et sesjoues lisses. Il était indéniablementséduisant avec ses cheveux blonds et ses

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yeux bleu azur. Tels quels, ils formaientun très beau couple – lui, aussiexubérant et charmeur qu’elle étaitfroide et réservée.

Regmont désigna du regard la femmede chambre, Sarah, qui était en train delisser la robe bleue que Hester avaitl’intention de porter ce soir.

— J’avais espéré que vous mettriez larose pâle avec les poignets de dentelles.Elle vous met magnifiquement en valeur,surtout quand vous l’assortissez avec lecollier de perles que vous a offert mamère.

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Hester capta le regard de la femme dechambre dans le miroir et hocha la tête,cédant au désir de son mari. C’était çaou une querelle qu’il valait mieux éviter.

Sans bruit, la femme de chambreéchangea les robes. Lorsque la rose futétendue sur le lit, Regmont ordonna àSarah de se retirer. Blême, l’air triste,elle se dépêcha d’obéir, craignant lepire. Certes, il n’y avait aucune raisonpour que Regmont devienne violent,mais la violence n’a rien à voir avec laraison.

Lorsqu’ils furent seuls, Regmont pritsa femme par les épaules et l’embrassa

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dans le cou, juste au-dessous del’oreille. Il se mit à la caresser. Elletressaillit et il s’en rendit compte.

Se raidissant, il regarda l’endroit qu’ilvenait de toucher. Hester l’observa dansle miroir, s’attendant à le voir pris deremords. En cela, il n’était pas commeson père. Hadley ne regrettait jamaisrien.

— Avez-vous reçu mon cadeau ?murmura-t-il, sa main n’osant plus seposer sur l’ecchymose qu’elle avait àl’épaule.

— Oui.

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Elle montra du doigt la table detoilette où il était posé.

— Merci, ajouta-t-elle. C’est beau.— D’une beauté qui ne soutient pas la

comparaison avec la vôtre, répondit-ilen lui parlant si près de l’oreille que lemouvement de ses lèvres lui chatouillaitle lobe. Je ne vous mérite pas.

Elle pensait souvent le contraire. Tantqu’elle avait été à la maison, Jessicaavait attiré sur elle la fureur de leurpère, mais dès lors qu’elle avait étémariée, c’était Hester qui était devenuela victime. Elle s’était fait un devoir detout endurer sans se plaindre pour ne pas

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troubler le bonheur et la paix de sagrande sœur. Par une terrible ironie dusort, Hester avait cru que Regmont etelle étaient faits pour s’entendre, ayantété tous deux dans leur enfance victimesdes brutalités d’un mauvais père. Ilssavaient ce que c’était que les cicatriceset ils avaient appris à survivre. Elle nes’était pas doutée que certaines chosess’incrustent dans le caractère de ceuxqui ont souffert étant enfants. Laviolence laisse au fond de l’âme uneempreinte qui ne se voit pas tout desuite. Comme on dit, la pomme ne tombejamais très loin du pommier.

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— Vous avez passé une bonnejournée ? demanda-t-elle.

— Elle m’a semblé longue. Je n’aicessé de penser à vous une seuleseconde.

Il l’incita à se retourner, ce qu’elle fit,pivotant doucement sur son tabouretjusqu’à ce que le miroir se retrouve dansson dos.

Regmont s’agenouilla devant elle et semit à lui caresser les mollets.

— Pardonnez-moi, ma chérie, dit-il enposant la tête sur ses genoux.

Elle soupira.— Edward…

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— Vous êtes tout pour moi. Il n’y apersonne au monde qui me comprenneaussi bien que vous. Je serais perdu sansvous.

Elle lui passa la main dans lescheveux.

— Vous n’êtes plus vous-même quandvous avez bu.

— C’est vrai, reconnut-il en se frottantcontre sa cuisse qui, tout comme sonépaule, était couverte de bleus. Voussavez que je ne vous ferais jamais demal exprès.

Il n’y avait pas d’alcools forts chezeux mais il pouvait toujours en trouver

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ailleurs. De l’avis général, c’était unbon vivant, un convive agréable etspirituel. Jusqu’à ce qu’il rentre auprèsde sa femme. C’est là que l’attendaientses démons.

Il pleurait. Hester sentit la chaleur deslarmes à travers ses vêtements.

Levant la tête, il la regarda avec desyeux rougis.

— Pouvez-vous me pardonner ?Elle avait de plus en plus de mal à

répondre à cette question. La plupart dutemps, il était un mari parfait. Gentil,attentionné. Il la couvrait de cadeaux, luidonnait sans cesse des gages d’affection,

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lui écrivait des lettres d’amour. Ilécoutait quand elle parlait. Elle avaitappris à ne plus trop dire qu’elle aimaitquelque chose car aussitôt il se mettaiten tête de le lui procurer, à n’importequel prix et par n’importe quel moyen.Mais, parfois, il se conduisait comme unmonstre.

Certes, elle était toujours amoureusede lui, car les premiers temps de leurmariage avaient été merveilleux, maispar moments elle le haïssait.

— Ma très chère Hester, murmura-t-il,tandis que ses mains remontaient le longde ses jambes jusqu’à la taille.

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Permettez-moi de faire amendehonorable. Permettez-moi de vousadorer autant que vous en êtes digne.

— Milord, dit Hester en lui saisissantles poignets, nous sommes attendus aubal chez les Grayson. Et je suis coiffée.

— Ça ne vous décoiffera pas, promit-il sur ce ton enjôleur qui avait jadisréussi à la convaincre de faire l’amourdans des calèches, des alcôves ou mêmedans n’importe quel recoin où ilspouvaient espérer trouver un minimumde tranquillité. Laissez-moi faire.

Regmont la regarda les yeux mi-clos.Il avait les joues en feu. Il avait l’air

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déterminé. Lorsqu’il s’agissait de sesélans amoureux, il n’était pas homme àse contenter d’un refus. Les rares fois oùelle avait essayé, incapable de supporterqu’il la touche, il avait commencé par sesaouler et puis il l’avait prise de force,le fait qu’elle jouisse lui servantd’excuse, voire de justification. Aprèstout, se disait-il, elle devait êtreconsentante pour y avoir pris autant deplaisir. Elle aurait presque préféré ladouleur des coups à cette humiliation.

Il lui ôta ses pantalons de dentelles etpuis il lui écarta les genoux. Elle sentitson souffle sur ses cuisses.

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— Que c’est beau ! murmura-t-il enécartant les petites lèvres avec desdoigts tremblants de convoitise. C’estdoux, c’est velouté, c’est vermeil.

Avant de la demander en mariage, lecomte de Regmont avait été un fameuxlibertin dont les gazettes relataient lesexploits. Comme amant, il était expert.Ç’aurait dû être interdit d’être aussihabile avec ses mains, sa bouche et sonsexe. Lorsqu’il sortait le grand jeu,même furieuse contre lui, elle étaitincapable de résister.

Une fois de plus, il fit ladémonstration de ses talents, lui titillant

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le clitoris avec le bout de la langue. Ellelutta vainement contre le plaisir, les yeuxfermés, les dents serrées, agrippée auxrebords de son tabouret. Lorsquel’inévitable orgasme la secoua, elle neput retenir ses larmes.

— Je vous aime, dit-il d’une voixâpre.

Quel genre de femme était-elle doncpour prendre encore du plaisir auxcaresses d’un homme qui lui faisait tantde mal ? Peut-être l’héritage de son pèrese trouvait-il là, dans sa vie privée, plusencore que dans sa vie publique.

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Regmont repartit à l’assaut, l’incitantà se rejeter en arrière et à s’ouvrir.Lorsqu’il fit coulisser sa langue en elle,Hester connut un moment d’oubli.C’était peu de chose. Mais toujours bonà prendre.

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5

— Navire en vue !Beth regarda en l’air comme si elle

pouvait voir à travers le plafond ce quise passait là-haut.

— Mon Dieu, quelle est la raison dece vacarme ?

Les sourcils froncés, Jessica posa sonlivre. Il était environ midi et elle étaitrestée dans sa cabine pour penser àAlistair Caulfield. Cela avait quelquechose d’effrayant, l’irrésistibleséduction qu’il exerçait sur elle. Il était

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tellement loin du genre de vie auquelelle était habituée qu’elle ne voyait pasce qu’il pourrait lui apporter, à part debrefs moments de plaisir. Ce qui neserait pas sans risque, étant donné queson bien le plus précieux était saréputation.

De toute façon, elle ne pourrait jamaisdevenir la maîtresse de quelqu’un, mêmesi elle avait la hardiesse nécessaire. Sonexpérience de la galanterie et dulibertinage était égale à zéro. Elle nesavait pas du tout comment on gère uneliaison clandestine. Combien d’adultèresse commettaient-ils dans des kiosques ?

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Combien d’amants capables de secroiser en public en faisant semblant dene pas se connaître ? De telles liaisonsavaient forcément un côté sordide. Ellen’aurait jamais pu faire la même chosesans se sentir salie.

Dans les coursives, des bruits decavalcade et des cris laissaientsoupçonner un problème. Le grondementd’objets lourds qu’on faisait rouler àtravers le pont mit le comble àl’inquiétude des deux femmes.

— Des canons ? demanda Beth enécarquillant les yeux.

Jessica se leva.

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— Reste ici !Ouvrant la porte, elle découvrit un

navire en plein chaos. Les couloirsétaient pleins de marins qui sebousculaient, les uns courant par-ci, lesautres par-là.

— Que se passe-t-il ? cria Jessicadans l’espoir de se faire entendre.

— Des pirates, milady.— Ô mon Dieu ! murmura Beth en

regardant par-dessus l’épaule deJessica.

— Le capitaine m’a assuré qu’aucundes vaisseaux qu’il avait commandés

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n’avait jamais été pris à l’abordage, ditJessica.

— Alors, pourquoi s’affoler ?— Se préparer au combat n’est pas un

signe d’affolement, répliqua Jessica. Tupréférerais que les pirates nous voientincapables de leur résister ?

— Je préférerais qu’ils ne nous voientpas du tout.

Jessica montra du doigt la caisse debordeaux.

— Bois un verre de vin. Je ne seraipas longtemps partie.

Se mêlant à la foule des matelots,Jessica n’eut qu’à suivre le mouvement

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pour se retrouver sur le pont. Elleregarda dans toutes les directions à larecherche d’un autre bateau et ne vit rienque les flots. Toutefois, lorsqu’elle setourna du côté de la poupe de l’Achéron,elle découvrit un spectacle qui lui coupale souffle : Alistair, à la barre duvaisseau et ressemblant à un pirate lui-même. Sans veste ni gilet, il était campésur le gaillard d’arrière, un poignard àla ceinture.

Le vent faisait flotter ses cheveuxnoirs comme une oriflamme et gonflaitsa chemise. Elle fut subjuguée par cespectacle.

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Il la vit. Une expression sauvage passasur ses traits. Il lui fit un signe de tête.Traversant la cohue des marins en pleinbranle-bas de combat sur le pont,Jessica le rejoignit. Dès qu’elle fut assezprès, il la saisit par le poignet et l’attiraà lui.

— C’est dangereux ici, dit-il sansdonner l’impression de crier mais d’unevoix très distincte en dépit du tumulte.Retournez dans l’entrepont et ne vousapprochez pas des sabords !

Regardant de nouveau vers l’océan,elle hurla :

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— Je ne vois pas les pirates. Où sont-ils ?

Avant d’avoir eu le temps decomprendre ce qui se passait, elle seretrouva coincée entre lui et la barre dugouvernail.

— Ils sont là tout près, répondit-il.Trop près.

Trop près, il l’était !— Mais que faites-vous ?Il répondit en lui parlant à l’oreille.— Puisque vous avez l’intention de

vous entretenir avec moi dans descirconstances hasardeuses, permettez au

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moins que je vous fasse un rempart demon corps.

— Ce n’est pas la peine, je…Le bruit d’une explosion la fit

sursauter. Un instant plus tard, un bouletde canon s’abattit dans l’océan pas trèsloin derrière eux, soulevant une énormegerbe d’eau.

— Trop tard.Il était derrière elle, solide et brûlant

comme un mur de granit chauffé ausoleil.

— Je ne peux pas vous laisser prendrele moindre risque, reprit-il.

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Chaque fois qu’il respirait, son soufflelui caressait l’oreille et de délicieuxfrissons la firent trembler. Cela semblaitinvraisemblable qu’elle puisse éprouverdu désir au milieu de tous ces étrangers,mais elle était bien obligée de constaterque ses mamelons durcissaient et qu’ilsétaient de plus en plus sensibles à labrise qui soufflait sur son corsage demousseline.

Alistair la serrait de plus en plus fortcontre lui. Elle avait les seins quireposaient sur son avant-bras. Dans sondos, elle sentit la preuve irréfutablequ’il n’était pas indifférent non plus.

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Tout ce qui la séparait d’AlistairCaulfield, vaurien notoire, c’étaientquelques épaisseurs d’étoffe. Elle auraitvoulu qu’il n’y ait rien du tout. Elle avaitenvie d’un homme sur elle, en elle.

Un an, pas plus, et il suffisait d’uncharmeur pour lui faire oublier tous sesdevoirs.

Mon Dieu… un an ! Lorsqu’elle serendit compte de la date, elle se crispa.Cela ferait un an demain que Tarleyavait disparu. Et elle était là, sonderrière collé contre un homme dont lesintentions étaient rien moinsqu’honorables – ce qui ne l’empêchait

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pas de penser qu’il y avait sept ansqu’elle ne s’était pas sentie aussivivante. Son désir lui faisait l’effetd’une trahison. Elle était la veuve d’unbrave homme qui lui avait offert le genrede vie dont elle n’aurait jamais osérêver. Un homme qui l’avait sincèrementaimée. Mais alors, pourquoi éprouvait-elle pour cette canaille de Caulfield plusd’attirance que pour le malheureuxBenedict ?

Alistair s’inquiéta de son changementd’attitude.

— Jessica ?

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Sur sa droite, un marin hurla. Le cri lafit sursauter. C’est alors qu’elle pritvraiment conscience du tohu-bohu.Chaque éclat de voix, chaque choc,chaque craquement se répercutait danstout son être.

Un autre boum suivi de peu par leplouf d’un boulet de canon beaucouptrop proche.

Prise de panique, elle se débattit.— Lâchez-moi !Alistair desserra son étreinte

immédiatement.Elle détala.— Jessica !

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Elle se faufila entre les matelots, lescabestans et tous les obstacles quiencombraient le pont. Elle n’avait plusjamais éprouvé une telle frayeur depuisle jour où elle avait épousé Tarley. Ellefut assaillie par des souvenirs : les crisde son père, les larmes de sa mère, lesifflement du fouet, la détonation d’unearme à feu, ses propres gémissements.Cela se mélangeait avec le chaosenvironnant. C’était plus qu’elle n’enpouvait supporter. Le tintamarre se ruaitdans sa seule oreille valide, la laissanttout étourdie.

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Éperdue, elle fonça à travers la fouledes marins, accéléra encore sa course,pressée de se mettre à l’abri dans sacabine.

Alistair avait mal dormi et s’était levéavant l’aube. Il était monté sur le pontpour donner un coup de main àl’équipage. Il avait besoin d’un exutoirepour évacuer son trop-plein d’énergie.

La veille au soir, Jessica n’était pasvenue dîner avec eux dans la grandecabine, et maintenant que le soleildescendait doucement sur l’horizon, ellene s’était toujours pas montrée.

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Il n’aurait jamais dû l’empoignercomme ça ! Il avait un peu progresséavec elle depuis le départ et il avait toutgâché en quelques instants par manquede tact.

Il savait qu’il était l’uniqueresponsable du fiasco. Avec le vent dansla figure et le remue-ménage autour delui, il avait eu la tête en feu bien avantqu’elle n’apparaisse et ensuite lescirconstances avaient concouru à cequ’elle se retrouve dans ses bras etqu’elle y reste.

Il avait voulu se lancer à sa poursuitequand elle s’était enfuie, mais il ne

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pouvait pas quitter la barre. Sadéception de ne pas la voir au dîneravait été grande. Elle égayait la tabléepar ses manières charmantes et savivacité d’esprit. C’était un régal deconstater avec quelle aisance elleséduisait son monde. Le capitaine et letoubib étaient en admiration devant elle.

Alistair avait envie d’aller la voir. Ilétait en train de peser le pour et lecontre lorsque la servante apparut sur lepont. Elle avait un bonnet tuyauté sur latête et un gros châle sur les épaules. Ellefit un petit signe à Miller, qui la

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regardait bêtement, et s’approcha dubastingage.

Alistair la rejoignit et lui souhaita lebonjour.

Elle fit la révérence.— Monsieur ?— J’espère que votre maîtresse va

bien. Elle nous a beaucoup manqué hiersoir au dîner. Si elle a besoin de quoique ce soit, je vous en prie, n’hésitezpas à le demander.

Beth répondit par un sourire rassurant.— Personne ne peut rien pour elle,

j’en ai bien peur. Cela fait un an

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aujourd’hui que M. le vicomte a étérappelé à Dieu.

— C’est la mort de Tarley quil’afflige ?

Le veuvage de Jessica n’était sansdoute pas la seule cause de son désarroi.Ce qui s’était passé sur le pont hieraprès-midi devait y être pour quelquechose.

— Je crois qu’elle a juste besoind’être un peu seule, monsieur, repritBeth. Elle m’a dit que je pouvaisdisposer, qu’elle allait se coucher debonne heure et qu’elle n’aurait plus

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besoin de moi. Vous verrez qu’elle iramieux demain.

Après un bref salut, Alistair sedétourna. Il serrait les dents si fort queça lui faisait mal.

Bon Dieu ! Il était jaloux d’un mort.Jaloux, il l’avait été pendant des années.Depuis le moment où, ayant suiviJessica jusqu’à l’orée des bois dePennington, il l’avait vue demander autrès convenable vicomte Tarley de bienvouloir éteindre un feu que lui-mêmevenait d’allumer. Il avait éveillé desdésirs que Tarley était le seul à avoir ledroit de satisfaire.

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Et si l’histoire s’était répétéehier après-midi ?

Et si, après le contact de leurs deuxcorps, elle avait eu des regrets de sondéfunt mari ?

En grognant un peu, il alla jusqu’àl’écoutille et descendit l’escalier. Ilarriva devant la porte de Jessica, vérifiaqu’il n’y avait pas de témoin et entracarrément.

Il s’immobilisa. Son cerveau cessa defonctionner. Il fut tellement stupéfié que,l’espace d’un moment, il laissa la porteentrouverte. Lorsqu’il s’en renditcompte, il se dépêcha de la refermer –

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après s’être assuré qu’il n’y avait eupersonne dans le couloir pour profiterdu même spectacle que lui.

— Monsieur Caulfield, ronronna cellequi était l’objet de toutes ses pensées.On ne vous a jamais appris qu’il fallaitfrapper avant d’entrer ?

La jambe qui pendait par-dessus lerebord du tub en cuivre était longue,superbement galbée et très, très nue. Lesjoues de Jessica étaient rouges à causede la chaleur du bain… et sans douteaussi du vin de Bordeaux, à en jugerd’après son élocution pâteuse, sonabsence de pudeur et la bouteille posée

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sur le tabouret tout près d’elle. Mêmedans ses rêves les plus fous, il ne l’avaitjamais imaginée aussi désirable, avec sapeau de pêche, ses seins épanouis, sesjambes interminables.

Sa décision de faire charger uneprovision d’eau supplémentaire pourqu’elle puisse prendre autant de bainsqu’elle voudrait avait été un coup degénie.

Comme il n’avait toujours pasrecouvré l’usage de la parole, Jessicaleva les sourcils.

— Puis-je vous offrir un verre devin ?

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Alistair s’approcha du tabouret d’unedémarche aussi digne que le permettaitson érection. Il prit la bouteille et but augoulot. Le vin était excellent, même s’iln’en restait pas beaucoup. Son désir nefit que croître car, de là où il étaitmaintenant, il pouvait la voir de face.

Rejetant la tête en arrière, elle levavers lui des yeux lourds de sommeil.

— Je constate que vous n’éprouvezaucune gêne à regarder une dame à satoilette.

— Je constate que vous n’éprouvezaucune gêne à être regardée, répliquaAlistair du tac au tac.

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— Faites-vous cela souvent ?Il savait qu’il ne faut jamais parler de

ses anciennes maîtresses, qu’il n’y a riende bon à en attendre. Il ne l’avait jamaisfait. Il n’allait pas commencermaintenant.

— Et vous ? demanda-t-il.— C’est une grande première pour

moi.— Dans ce cas, sachez que je suis

sensible à l’honneur que vous me faites.Il s’approcha d’une des chaises près

de la table et commença à réfléchir à unetactique. La situation était nouvelle pourlui. Hier, il avait brusqué les choses. Il

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ne pouvait pas se permettre decommettre deux fois la même erreur et,cependant, il était en présence d’unefemme nue, pompette et impudique, unefemme qu’il désirait depuis sept ans.Même un saint aurait eu du mal à secontrôler et il était loin d’être un saint.

En s’asseyant, Alistair remarqua lacaisse de bordeaux. Le nombre debouteilles trahissait une personne quicherchait quelquefois l’oubli. Ça luidéplut de penser qu’elle avait tenu à cepoint à son mari. Comment rivalise-t-onavec un fantôme ?

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— Êtes-vous en train de vous préparerpour le dîner ? demanda-t-il sur un tonaussi détaché que possible.

— Je n’ai pas l’intention de mejoindre à vous ce soir.

Jessica appuya sa tête contre le reborddu tub et ferma les yeux.

— Et vous ne devriez pas voustrouver dans ma cabine, monsieurCaulfield, ajouta-t-elle.

— Si vous voulez que je parte, vousn’avez qu’un mot à dire. Mais ce neserait pas raisonnable. Vous avez besoinde quelqu’un pour vous aider. Et puisquevous avez donné congé à votre femme de

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chambre, vous devriez être contente quequelqu’un la remplace.

— Donc, vous avez appris que j’étaisseule et vous avez décidé d’en profitersur-le-champ. Vous êtes téméraire,fougueux, irréfléchi et…

— … penaud, fit-il en l’interrompant.Je suis désolé de vous avoir plongéedans l’embarras hier après-midi.

Elle poussa un profond soupir. Ilattendit qu’elle s’explique. Au lieu decela, elle dit juste :

— Je tiens beaucoup à ma réputation.Elle sous-entendait évidemment qu’il

n’avait pas le même souci.

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— Votre réputation est importantepour moi aussi, dit-il.

Elle rouvrit un œil.— Pourquoi ?Cet œil unique, en train de le jauger,

aurait pu le mettre mal à l’aise s’il avaiteu l’intention de lui mentir.

— Parce que ça l’est pour vous.Elle hocha la tête.— J’aime sentir votre regard sur moi,

dit-elle avec une candeur surprenante.C’est un plaisir très curieux.

Le vin lui déliait la langue. Alistairsourit.

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— J’aime vous regarder. J’ai toujoursaimé. Je n’y peux rien changer. Il y avraiment quelque chose entre nous.

— Quelque chose qui n’a sa place nidans votre vie ni dans la mienne.

Alistair allongea les jambes.— Mais nous sommes sur un navire,

pas dans la vraie vie. Au milieu del’océan, tout peut arriver.

— Vous et moi, nous sommes deuxpersonnes très différentes, murmuraJessica. Vous vous méprenez sur le sensde ma stupeur, cette nuit-là dans les boisde Pennington, si vous pensez que cela

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révèle des aspects cachés de moncaractère. J’étais scandalisée, c’est tout.

— Cependant, vous êtes là,accomplissant un long voyage, seule, parchoix et non par nécessité. C’est bizarre.Et puis, Tarley vous a légué uneplantation qui rapporte beaucoupd’argent. Il n’avait pas seulement lesouci que vous ne manquiez de rien, ilvoulait que vous soyez immensémentriche. Il vous donne les moyens de fairetout ce que vous voulez et en mêmetemps il vous force à devenir une femmed’affaires. D’une main, il vous protège,

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de l’autre, il vous projette dansl’inconnu. Cela aussi, c’est bizarre.

Jessica but son restant de vin et reposale verre sur le tabouret. Elle redressason buste, replia les jambes et passa sesbras autour de ses genoux.

— Je ne pourrai jamais être votremaîtresse, dit-elle.

— Ce n’est pas ce que j’attends devous, lui répondit Alistair.

Son regard se concentra sur la longuemèche de cheveux qui cascadait jusqu’àsa taille en épousant les gracieusescourbes de son dos.

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Elle tourna vers lui ses beaux yeuxgris.

— Qu’attendez-vous de moi ?Le sexe d’Alistair, dur comme de

l’acier, était bien visible sous sa culottemoulante.

— Je voudrais juste finir ce que nousavons commencé il y a sept ans.

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6

Alistair eut l’impression que Jessicaréfléchissait à sa proposition.

— Je n’arrive pas à comprendrecomment je me retrouve à parler de çaavec vous, dit-elle enfin. Aujourd’hui,qui plus est !

— Ce serait pour cela que Tarley vousa légué Calypso ? Pour que vous n’ayezaucune raison de chercher quelqu’und’autre ? Parce qu’il voulait vous garderpour lui par-delà la mort ?

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Elle tourna la tête vers lui, appuyantsa joue contre ses genoux.

— C’était un brave homme, incapabled’un calcul aussi égoïste. Il m’a bienrecommandé d’être heureuse. D’aimerde nouveau. Et, cette fois-ci, quelqu’unque mon père n’aurait pas choisi à maplace. Je suis certaine qu’il pensait à unmariage et non à une liaison avec unhomme qui mène une vie de débauche.

La main d’Alistair se crispa sur legoulot de la bouteille mais il eut lasagesse de tenir sa langue.

— Les hommes ont tellement plus deliberté que nous, dit-elle en soupirant.

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— Si c’est la liberté que vous voulez,pourquoi vous remarier ?

— Ce n’est pas dans mes intentions !protesta Jessica. À quoi cela meservirait-il ? Je n’ai pas besoin d’êtreentretenue. Et puis, les hommes decondition ne se marient guère que pouravoir un héritier, et comme je suisstérile…

— L’argent a certes son importance,mais qu’en est-il de vos besoins en tantque femme ? Envisagez-vous de vouspriver éternellement des caresses d’unhomme ?

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— Les mains de certains hommes neprocurent que de la souffrance, rétorqua-t-elle.

Elle ne parlait pas de Tarley. Tout lemonde savait qu’ils s’étaient bienentendus.

— De qui parlez-vous ?Elle pivota. Agrippant les bords du

tub, elle émergea de l’eau comme laVénus de Botticelli. Ruisselante etinnocemment nue. Elle se passa lesmains sur les seins et sur le ventre,lentement, en se regardant faire.Lorsqu’elle releva les yeux versAlistair, il cessa de respirer. C’est un

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vrai regard de sirène qu’elle lui adressa.Un regard enchanteur.

— Mon Dieu, dit-il d’une voix graveet forte, que vous êtes belle !

Il se sentait devenir fou tant il avaitenvie d’elle. Il aurait voulu la couchersous lui et satisfaire enfin le violentdésir qui le tyrannisait depuis silongtemps.

— Je pourrais presque vous croire.Une jambe splendide passa par-dessus

le bord du tub. Le geste ressemblait àune gracieuse invitation. Apparemment,le vin la rendait lascive.

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— Vous auriez tort d’en douter, ditAlistair avec conviction.

Ses aréoles étaient d’un rose délicat etla pointe de ses mamelons, froncée parle froid de l’air, appelait les caresses dedeux mains et d’une bouche. Alistairpassa sa langue sur ses lèvres, mimantles pensées qui s’agitaient dans sonesprit. Il aurait pu la rendre folle deplaisir. Il s’était souvent fait payer pourfaire l’amour, il était expert. Si elle luien donnait la possibilité, il ferait ensorte qu’elle soit perdue pour les autreshommes.

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Elle comprit ses intentions et rougit unpeu plus. Tandis qu’elle regardait saserviette et sa robe de chambre, elleavait l’air d’hésiter à les récupérer.

S’il avait pu, il l’aurait aidée à secouvrir, ne serait-ce que pour ne plusêtre soumis à la tentation. Mais il nepouvait plus bouger. Chacun de sesmuscles était tendu à craquer. Son sexeétait si dur qu’il était douloureux.

— Vous voyez à quel point je vousdésire, dit-il d’une voix sourde.

— Vous n’avez honte de rien.— J’aurais honte si je ne vous

désirais pas. Ça voudrait dire que je ne

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suis pas un homme.Elle esquissa un sourire et tendit la

main vers la serviette.— Il était sans doute inévitable que

j’aie envie de vous, moi aussi. Celaarrive à toutes les femmes. Ce seraitcurieux que ça ne m’arrive pas à moi.

Il sourit avec malice.— Dans ce cas, la seule question qui

demeure, c’est : Qu’allez-vous faire ?

Jessica s’immobilisa. Elle était devantAlistair Caulfield dans le plus simpleappareil. C’était de la folie pure. Elle ne

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se reconnaissait pas – à l’aise,disponible.

Qu’allait-elle faire ? Cela donnait unaperçu de sa naïveté, le fait qu’elle n’aitjamais envisagé d’y réfléchir.Néanmoins, placée devant le choixd’agir ou non, elle s’apercevait qu’elledisposait d’un certain pouvoir. Ellen’avait jamais pensé à Alistair en termesde pouvoir. Devant la fascination qu’ilexerçait sur elle, elle s’était toujourssentie démunie.

Abandonnant l’idée de s’emparer dela serviette, elle se tourna vers lui.

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— Si je vous autorisais à me toucher,par où commenceriez-vous ?

Il posa la bouteille sur la table et seredressa avec difficulté. Jessica compritfacilement pourquoi en discernant lataille de son érection sous l’étoffe de saculotte.

— Approchez un peu, dit-il de cettevoix chaude qu’elle avait toujourstrouvée irrésistible. Je vais vousmontrer.

Elle hésita. Ses premiers pas ne furentpas très assurés. Peut-être à cause duvin, peut-être à cause de sa nervosité,elle n’aurait su le dire.

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Il était incroyablement beau. Ramassésur sa chaise, il avait l’air d’unepanthère, tout en violence contenue,prête à bondir. Les muscles de sescuisses, bien dessinés, rappelaient saforce. Jessica imaginait sans peine toutce qu’un tel corps pouvait faire à uncorps de femme – au sien en particulier.

Un frisson la secoua au souvenir de sapuissante main agrippée au montant dukiosque.

— Je peux vous réchauffer, murmura-t-il en tendant les mains vers elle.

La réchauffer ? Mais il la brûlait, rienqu’en la regardant !

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— J’ai peur que vous ne soyez troppour moi.

— Dans quel sens ?Les yeux braqués sur le renflement de

sa culotte, elle lui répondit :— Dans tous les sens.— Permettez-moi de vous prouver le

contraire.Avec le doigt, il lui fit signe de

s’approcher de façon plutôtimpertinente. Elle regarda son verre etregretta qu’il soit vide.

— Il y a un fond de bouteille, ici,rappela-t-il. Apportez votre verre.

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Elle décida de se passer de vin et deprofiter de tout le reste. Ce fut unedécision vite prise, et elle courut verslui avant d’avoir eu le temps deredevenir sage. Sachant qu’il pouvait luifaire tout oublier, elle se rua vers lui etses talons mouillés glissèrent sur leparquet ciré.

Perdant l’équilibre, elle se seraitaffalée bel et bien si Alistair ne l’avaitrattrapée au vol. Il se leva si vite qu’ellen’eut pas le temps de s’en rendrecompte. Tout ce qu’elle comprit, c’estqu’au lieu de s’écraser par terre elle se

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retrouvait blottie dans les bras d’unhomme.

— Vous avez bien fait de laisser leverre là-bas, dit Alistair d’un ton taquinmais d’une voix troublée.

En même temps, ses yeux bleus étaientdevenus sombres comme des saphirs.

Pendant un instant, Jessica ne sut plusquoi faire. Au contact du corpsd’Alistair, grisée par le parfum de sapeau, elle n’arrivait plus à penser.

Il se rassit et l’installa sur ses genoux.— Regardez-moi ça, vous m’avez

coupé les jambes.

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N’étant plus qu’à quelques centimètresde lui, elle subit le charme de son regardperçant. En quête d’un bon mot et netrouvant rien, elle se rabattit sur lapremière remarque qui lui passa par latête.

— Là ! Vous êtes tout mouillé à causede moi.

— J’espère avoir bientôt l’occasionde vous rendre la pareille.

Cette réponse passablementlicencieuse la fit rire. Il sourcilla.

— Refaites-le.— Ce ne serait pas malin. J’aurais pu

me faire très mal si vous n’aviez pas été

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là.— Pas la chute, dit-il avec une pointe

d’ironie. Le rire.Elle leva le menton.— Désolée, je ne ris pas sur

commande.Alistair lui chatouilla les côtes. Alors

elle se mit à frétiller en riant. Il s’arrêtaaussi subitement qu’il avait commencé.

— Suffit ! dit-il. Si vous continuez, çarisque de nous entraîner plus loin que jene le voudrais.

Lorsqu’elle se rendit compte qu’en setrémoussant elle avait frotté sa cuissecontre le sexe d’Alistair, le sang lui

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monta à la tête, ce qui eut pour effetd’accentuer encore son ivresse.

— Vous n’êtes pas très sage, dit-elle.— Trop sage encore à mon goût,

répondit-il, mais j’ai l’intention d’yremédier sur-le-champ. Accrochez-vousà mon cou.

Il se leva, la déposa sur le lit ets’installa près d’elle. Le changement deposition eut un effet immédiat surJessica. Son esprit ralentit, son sangs’épaissit. Elle se sentit plus nue quejamais et croisa instinctivement lesmains sur ses seins.

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Il se mit sur le côté, se redressa pourla voir mieux et sourit – un sourire àmoitié tendre et à moitié amusé. Du boutd’un doigt, il lui toucha le bras.

— J’aimerais autant que vous mecaressiez. Qu’en dites-vous ?

Elle se dit que l’idée étaitextrêmement tentante.

— Vous caresser où ?— Où vous voudrez.En soupirant bruyamment, elle avança

la main et lui toucha la joue. La peauétait rêche de barbe, à cause de l’heuretardive. Ça lui plut. Une délicieuseimpression de chaleur se répandit dans

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son corps avant qu’elle ne se rendecompte de ce qu’elle était en train defaire.

Le sourire d’Alistair s’effaça. Il pritun air grave. D’une gravité inquiétante.

Elle retira sa main.— Il est clair que je ne m’y prends

pas comme il faut.Après avoir respiré profondément, il

attrapa la main de Jessica et la reposasur sa joue.

— Ce que nous sommes en train defaire n’est pas comme il faut.

— Ni très romantique, rétorquaJessica. Je n’envisage pas de vous

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toucher à moins d’avoir envie deconsommer.

Alistair roula sur le dos et éclata derire. Sa bonne humeur était contagieuse.Cette fois-ci, c’est Jessica qui se couchasur le côté et le regarda en souriant.

— En effet, finit-il par dire. Je n’aijamais rien entendu de moinsromantique.

Jessica se sentit un peu sotte, maisacceptée comme telle. Il l’encourageaità être elle-même. C’était bon.

Il avança la main et lui caressa lajoue, exactement comme elle l’avait fait

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avec lui. La tendresse d’un tel geste étaitune divine surprise.

— Vous aimez ça ? demanda-t-il.— C’est très agréable.— C’est aussi ce que je me suis dit

quand vous me l’avez fait. Je vais vousproposer quelque chose : que nous nousfassions réciproquement tout ce qui noussemblera naturel.

Penchant la tête, elle se lécha leslèvres et s’apprêta à l’embrasser. Ils’immobilisa et attendit, lui laissantl’initiative. Mais, dès qu’elle l’euttouché, il prit le relais. La saisissant parla nuque, il ajusta leurs deux bouches et

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entrouvrit ses lèvres avec une voracitémal contenue.

Jessica eut un hoquet de surpriselorsque sa langue plongea dans labouche d’Alistair. Il avait les lèvresfermes mais douces. Il était doué. Lesbaisers de Tarley avaient été empreintsde respect, ceux d’Alistair étaient trèssensuels. Il y avait quelque chosed’excessivement raffiné dans la manièredont il la savourait. Il l’embrassait tantôtavec une exquise lenteur et tantôt avecune brusque ferveur. Il avait une façonde mouvoir ses lèvres qui affolaitJessica. Elle aurait voulu davantage.

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Elle appuya plus fortement sa bouchecontre celle d’Alistair pour essayer deprendre ce qui lui faisait envie. Il le luipermit. Même s’il la tenait par la nuque,elle était libre de ses mouvements. Il luipétrissait le cou comme s’il ne pouvaits’empêcher de la toucher mais que, pourl’instant, il se cantonnait à cetteinnocente portion de son anatomie.

Comme si elle allait s’opposer à uneplus ample exploration !

Elle tourna la tête pour aspirer unegoulée d’air. La main d’Alistair desserrason étreinte sur sa nuque. Elle l’imagina

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descendant le long de son dos pour finirpar se nicher entre ses cuisses.

— Alistair !Elle avait trouvé tout naturel de

l’appeler par son prénom. Il réagitaussitôt, roulant jusqu’à ce qu’elle seretrouve sur le dos. Tout en lui dévorantla bouche, il lui caressa le buste, leventre et enfin il lui agrippa la hanche,pas assez fort pour que cela soitdouloureux mais suffisamment pourtraduire la violence de son désir.

Jessica fut bouleversée par cetteétreinte qui en disait long. Elle se sentitforte, féminine, séductrice.

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Elle le prit par les cheveux, enfonçases doigts dans ses boucles épaisses ettira, afin qu’il sache qu’elle n’était pasmoins passionnée que lui. La langued’Alistair allait et venait dans sabouche, mimant si bien d’autresavancées et d’autres retraits que la chairdélicate de son sexe devint toute chaudeet toute mouillée.

Elle se cambra, plaquant ses seinscontre les broderies du gilet d’Alistair.

— Tout doux, dit-il en la caressantcomme s’il s’agissait de calmer unepouliche capricieuse. Vous êtes en debonnes mains.

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Elle voulait bien le croire : il ne luiavait encore presque rien fait et déjàelle avait l’impression que son corps nelui appartenait plus.

Il l’embrassa sur le menton et puis toutprès de son oreille droite.

— Laissez-moi faire.— S’il vous plaît…Les lèvres d’Alistair glissèrent le long

de la gorge de Jessica, suçotant juste cequ’il faut pour être perceptibles sansrisquer de laisser de traces. Il savait êtregourmand avec délicatesse. Les mainsde Jessica se crispèrent dans sescheveux lorsqu’il lui embrassa la base

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du cou. Il la grisait avec ses baisersmieux que tout le vin de France n’auraitpu le faire. C’était la pire forme defolie… ou la meilleure.

— S’il vous plaît quoi ? demanda-t-il,son souffle lui caressant la poitrine aupassage.

Tout en l’observant attentivement, iltitilla du bout de la langue un de sesmamelons durcis. Quelle ne fut pas sasatisfaction lorsqu’elle poussa un cri ets’agrippa à ses épaules ! Le velours desa veste parut doux à Jessica. Il luirappela aussi qu’Alistair avait encoretous ses habits et elle aucun.

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Cette différence lui plut. Nue dans lesbras d’un homme habillé, elle se sentaitaudacieuse, effrontée, deux épithètesqu’on n’aurait jamais songé à luiappliquer jusqu’ici.

— S’il vous plaît, touchez-moi !— Où ?— Vous le savez mieux que moi !

s’écria-t-elle.Elle lui appuya sur la tête – en pure

perte, car il était beaucoup plus fortqu’elle.

— Je vais le faire, promit-il à voixbasse. Bientôt, je connaîtrai votre corpsmieux que personne ne l’a jamais connu,

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mieux que vous-même, peut-être. Pourl’instant, j’apprends. Dites-moi ce quevous aimez.

Bombant sa poitrine, elle projeta sesseins en avant pour les offrir sansretenue.

— Caressez-les. Longtemps.Alistair exprima son contentement par

une contraction de la bouche qu’onaurait eu tort d’appeler un sourire – oualors un sourire carnassier. Il couvritl’un de ses seins avec sa main et pressajuste ce qu’il fallait pour qu’elle enveuille davantage.

— Avec ma main ?

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— Avec votre bouche.C’était le bordeaux qui lui donnait ce

surcroît d’audace et, malgré cela, elle sesentait si vulnérable qu’elle ferma lesyeux.

Elle perçut la caresse d’une haleinechaude et humide une fraction deseconde avant qu’il ne happe le bout deson sein. Elle entendit un râle si sauvagequ’elle eut de la peine à croire quec’était elle qui l’avait poussé. Et puis ilfit tournoyer sa langue sur l’aréole.Quand il aspira le mamelon dans sabouche, la sensation se propagea jusque

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dans son ventre et elle ne se soucia plusdu genre de bruits qu’elle faisait.

Elle passa une jambe par-dessus lemollet d’Alistair et se mit à remuer souslui. Il avait allumé un feu en elle sept ansplus tôt, un feu qu’il allait enfin éteindre.

Il cessa brusquement de l’embrasser,la laissant désemparée.

— Ne bougez pas ! ordonna Alistaird’une voix sévère.

Avec ses joues rougies et ses yeuxbrûlants de fièvre, il avait l’air aussiexcité qu’elle. Enhardie par cettedécouverte, elle lui sourit d’un airentendu.

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— Essayez donc de m’en empêcher !

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7

Alistair était fasciné par la femmeallongée sous lui. Elle était trop brûlantepour que ce soit la même que la froidejeune fille qu’il s’était plu à suivre desyeux autrefois. C’était peut-être à causedu désir qu’il lui inspirait ou peut-êtreseulement à cause du vin de Bordeaux,qu’importe ! Il s’estimait heureux. Parcontre, si elle continuait à se frottercontre lui, il n’arriverait sûrement pas às’abstenir de lui faire l’amour – un pasqu’il n’avait pas envie de franchir avant

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qu’elle ne soit complètement dégrisée eten pleine possession de ses moyens.

— Essayez donc de m’en empêcher,répéta-t-il alors qu’elle souriait etqu’elle mettait ses nerfs à l’épreuveavec un nouvel éclat de son adorablepetit rire. Et comment devrais-je m’yprendre, selon vous ?

Elle fronça les sourcils, ce qui n’étaitpas compatible avec l’image d’uneséductrice émérite. Elle n’en a pas lamoindre idée, pensa-t-il. Lui, enrevanche, il en avait une,particulièrement amusante.

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— Quand je serai exténuée, je nebougerai plus, dit-elle enfin.

Et puis elle se mordit les lèvres. Legeste ne suffit pas à dissimuler l’aviditéavec laquelle elle attendait sa réponse.

Trop pour elle, avait-elle dit. Ilsoupçonnait que, lorsqu’elle auraitperdu sa timidité au lit, c’est elle quiserait trop pour lui. Et Dieu sait s’ilavait un appétit d’ogre, s’agissant decette femme ! Une telle idée fit perlerdes gouttes de sueur sur son front.Comment diable allait-il faire poursortir de cette pièce avec un sexe aussidilaté ?

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— Dénouez ma cravate ! ordonna-t-il.Elle ronronna, clairement ravie à

l’idée de lui ôter une pièced’habillement. Elle s’employa donc àdéfaire le nœud de la cravate avecautant d’efficacité que le permettaientles vapeurs du vin.

Pour sa part, Alistair se réjouit deconstater qu’elle le déshabillaitvolontiers. Il songea que décidément laJamaïque était l’endroit idéal pour avoirune idylle, la chaleur et l’humiditéincitant les gens à porter aussi peu devêtements que possible.

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Lorsqu’elle tira sur la longue banded’étoffe, il la saisit par les poignets etsourit. Penchant la tête, il s’empara desa bouche, détournant son attention avecun voluptueux baiser. Elle répondit avecardeur. Pendant ce temps-là, mine derien, il attacha sa cravate à un montantdu lit. Même lorsqu’il lui fit lever unbras au-dessus de la tête, elle ne sedéfendit pas. Au lieu de cela, elle luisuça le bout de la langue. Il réagit entressaillant comme s’il avait été frappépar la foudre. Elle avait le goût du vin,de la passion et du péché. Elle étaitcomme un philtre qu’il voulait savourer

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jusqu’à la dernière goutte, tout ensachant que ça ne suffirait pas à étanchersa soif.

C’est seulement lorsqu’il fit un nœudautour de son poignet qu’elle revint à laréalité. Elle hoqueta, décollabrusquement sa bouche de celled’Alistair et se dévissa le cou pourregarder ce qui se tramait derrière satête. Il en profita pour lui attacher l’autrepoignet avant qu’elle n’ait eu le tempsde protester.

— Qu’est-ce que vous faites ? s’écria-t-elle en écarquillant ses beaux yeux gris

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dans lesquels il y avait autantd’excitation que d’inquiétude.

— Eh bien, je vous empêche debouger, expliqua-t-il. Vous m’avez misau défi d’y parvenir. Et vous savez ceque je pense des défis.

— Je ne suis pas certaine d’apprécier,dit-elle d’une petite voix.

— Ça viendra.Par nécessité, il avait appris à bien

faire l’amour. Son intérêt avait toujoursété de satisfaire suffisamment une femmepour qu’elle prenne goût à lui – mais pasdavantage. Il fallait qu’elle reste sur safaim. Rassasiée, elle se serait détournée

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de lui, ce qui n’aurait pas arrangé sesaffaires. Au fil des ans, tandis qu’il seperfectionnait dans l’art de donner duplaisir, il se persuadait que c’étaitsurtout pour en faire profiter Jessica.Que, le moment venu, il n’en aurait queplus de prix à ses yeux. C’était unargument auquel il ne croyait pas lui-même mais il ne pouvait pas sepermettre d’envisager l’autrehypothèse : qu’elle se détourne de luiavec dégoût à cause de son passé.

Alistair se concentra sur ses seins. Ilaurait été prêt à jurer qu’il n’en avaitjamais vu de plus beaux. Ils avaient les

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dimensions idéales pour sa silhouette,mettant en valeur la finesse de sa tailleet contrebalançant les charmantescourbes de ses hanches. Quels vilainsdéguisements que les robes à la dernièremode, avec leur taille haute et leur jupeinforme ! Il avait tout juste imaginé unemignonne petite poitrine alors qu’enréalité elle avait un trésor dans soncorsage.

Il faudrait du temps pour devenirindifférent à de tels appas.

Alistair résolut de faire tout ce qu’ilpourrait pour la convaincre de prolongerson séjour dans l’île. Lorsqu’elle le

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quitterait, il faudrait qu’il en ait eu toutson soûl. Il ne voulait plus jamaisconnaître les cruels manques quil’avaient tourmenté pendant ces septdernières années.

Il se mit à califourchon sur elle etadmira la vue. Entre les seins et leventre, il se demanda par où commencer.

— Alistair, soupira-t-elle en tirant surses liens.

Sauvage comme il était, il trouva cettepetite tentative de rébellionprofondément excitante, combinée à lamanière haletante dont elle avaitprononcé son nom, il allait avoir du mal

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à s’en tenir à sa décision de ne pas luifaire l’amour tant qu’elle ne serait pasdessoûlée. Son sexe en érectionl’embarrassait de plus en plus. Ill’attrapa à travers l’étoffe de sa culotteet le rangea dans le creux de son aine.

Jessica s’immobilisa et le regardafaire avec intérêt. Elle s’humecta leslèvres avec la langue et il se demanda sielle avait déjà pris un homme dans sabouche. Il n’envisageait pas de faire cegenre de choses dès maintenant, mais unjour…

Ayant porté remède à son inconfort,Alistair se prépara à festoyer. Il

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commença par embrasser le sein dont iln’avait pas encore eu le loisir des’occuper. Jessica ravala son soufflelorsqu’il se mit à le téter. Elle était trèssensible, elle répondait superbement.Les bruits de gorge qu’elle faisait tandisqu’il lui léchait le mamelon étaient unvrai régal. Autant elle était digne enpublic, autant elle était déchaînée au lit.Elle n’avait aucune retenue lorsqu’ils’agissait d’exprimer son plaisir par descris et des râles.

C’était bien la femme qu’il avait vuedans les bois de Pennington. C’était bienla maîtresse dont il avait rêvé, qu’il

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avait désirée jusqu’à ce que sesentrailles le brûlent.

Prenant l’autre sein, il le pétrit en sedélectant. Elle réagit aussitôt. Elledevait être humide et chaude entre lesjambes et il décida de s’en assurer. Il enavait besoin. Il avait besoin de la goûteret de la sentir frémir contre ses lèvres.

Il lui lécha le nombril, ce qui la fittrembler de tous ses membres. Elle étaitdonc chatouilleuse, ce qui ne fut paspour lui déplaire. Ainsi, il pourrait lafaire rire quand il voudrait. Il en étaitravi car son rire avait des sonoritéschaudes et enchanteresses. Enjôleuses.

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C’était le rire de la femme sensuellequ’elle était en réalité et non celui de laglaciale lady Tarley, modèled’aristocrate fière et dédaigneuse.

Elle tressaillit lorsqu’il se rapprochade la toison blond foncé qui dissimulaitson sexe.

Il leva les yeux. Leurs regards secroisèrent.

— Vous êtes un peu voyeur, dit-elle.— Ça ne peut pas mieux tomber

puisque nous avons déjà établi que vousétiez un peu exhibitionniste.

— Seulement quand c’est vousl’observateur, répliqua-t-elle d’un ton

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guindé qui le fit sourire.Elle ajouta tout de go :— J’ai envie de vous toucher.— Pourquoi ?— Vous risquez de m’oublier si je ne

laisse pas mon empreinte sur vous.En guise de réponse, Alistair glissa

une de ses jambes entre celles deJessica et la força à écarter les cuisses.Si elle croyait que ce serait leur seulécart de conduite et qu’elle n’aurait pasd’autre occasion de le toucher, elle setrompait lourdement.

Il jugea plus prudent de ne pas le direen ces termes.

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— Vous me ferez tout ce que vousvoudrez une autre fois.

Avant qu’elle n’ait eu le temps derépondre, il se redressa, lui souleva unejambe et la posa sur l’épaule. Elleravala son souffle. Les yeux mi-clos, leslèvres entrouvertes, elle respirait tropvite. Elle tourna son bassin, s’offrant àsa bouche. La situation lui étaitfamilière. Tarley avait eu de la chance.Il avait possédé tout ce qu’un hommepeut désirer – il avait été respecté etadmiré, il avait connu le bonheurconjugal et une vie sexuelle agréableavec une femme à la réputation sans

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tache et que tout le monde croyaitrespectable.

Alistair avait peu de chose à lui offriren comparaison. En dehors d’une assezjolie fortune et d’un grand sens desaffaires, il ne pouvait se prévaloir derien, à part qu’il brûlait de désir pourelle et qu’il était un bon amant. Et peut-être aussi le fait qu’il n’avait pas depréjugés et qu’il était prêt à la traiterd’égal à égale.

Jessica leva toute seule son autrejambe et la lui posa sur l’épaule. Puiselle lui lança un regard qui trahissait sonimpatience.

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Il glissa les doigts dans les replis deson sexe.

— Même là, vous êtes parfaite.Il promena le bout de sa langue sur le

sillon avant de le faire tournoyer sur lapointe du clitoris. Elle était aussimouillée qu’il l’avait espéré, la rosée deson désir accrochée à ses petites lèvres,tout son corps semblant implorer lavisite d’un sexe.

— Oui, murmura-t-elle.Alistair fit courir sa langue sur la fente

tout en poussant des soupirs desatisfaction parce que la réaction deJessica devenait de plus en plus

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frénétique. Inclinant la tête, il lécha lebord de cette chair si tendre etpalpitante. Plus elle criait, plus ils’enflammait. Elle l’encourageait àaccélérer le rythme. Bientôt, ce futcomme s’il lui faisait l’amour avec salangue. Il la dévorait tel un affamé. Ellecommença par le supplier de mettre fin àson supplice. Il s’en garda bien, alorselle le menaça des pires représailles.Toujours plus habile, il l’emmenajusqu’au point où elle se mit à luipromettre tout et n’importe quoi pourvuqu’il la libère de son tourment.

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Avec une telle promesse, il n’y avaitrien qu’on ne pût obtenir de lui.

Il lui lécha lentement la fente puis il larendit folle en embrassant son clitoris.Les lèvres entrouvertes, il suçota lebouton hypersensible, puis il le caressaavec sa langue. Lorsqu’elle se mit àvibrer sous l’effet d’un brusqueorgasme, il glissa deux doigts dans lafine entaille.

Le bois du lit couina. Jessica tirait surses liens. En même temps, les musclesde son vagin se contractèrent autour desdoigts qui allaient et venaient en rythmeavec les mouvements de la langue. Il la

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léchait sans relâche, impitoyablement, laprojetant dans les tourbillons d’undeuxième orgasme alors que les atteintesdu premier se faisaient encore sentir.Elle cria au moment suprême, la boucheappuyée contre son bras pour étouffer lebruit.

Elle fut secouée par des frissons. Unefois encore, la réaction de Jessica lui fitpousser des grognements de satisfaction.Il se souciait davantage de son plaisir àelle que du sien propre.

Il glissa un autre doigt dans la fente.Elle était incroyablement serrée. Il seréjouit d’avance à l’idée de son sexe

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dans cet étroit logement. Il fit glisser sesdents sur le clitoris aux innombrablesterminaisons nerveuses et ne s’arrêtaque lorsqu’elle eut connu un troisièmeorgasme dans le sillage du deuxième.

— Assez ! implora-t-elle en essayantd’échapper à l’avidité de sa bouche. Jevous en prie…

À contrecœur, Alistair releva la tête.Ses doigts humides glissèrent tout seulshors de la fente palpitante. Les jambesde Jessica s’appuyaient mollement surses épaules. Il les prit par les chevilleset les reposa sur le lit.

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— Où allez-vous ? demanda-t-elle enle voyant se lever.

— Je ne peux pas rester, répondit-il.Il entreprit de la détacher. Lorsqu’elle

fut libre, elle mit les bras le long de soncorps en faisant la grimace. Il compritfacilement pourquoi. À chaque orgasme,elle avait tiré très fort sur ses liens,maltraitant des muscles peu habitués àce genre d’effort. Du coup, il lui massales épaules avec un savant dosage dedouceur et de fermeté jusqu’à ce que lesdouleurs s’apaisent.

— Ne partez pas, dit-elle— Il le faut.

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— J’ai… j’ai envie de vous, balbutia-t-elle.

— Mon intention était de voussatisfaire.

Ça le tuerait de quitter cette cabinealors que Jessica le suppliait de fairel’amour avec elle. Mais ce serait plusdouloureux encore si, demain, elledevait lui reprocher d’avoir profitéd’elle alors qu’elle n’était pas dans sonétat normal.

Il l’enlaça et l’embrassa à pleinebouche.

— Vous étiez magnifique.

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Elle le saisit par le poignet avant qu’ilne se redresse.

— Pourquoi devez-vous partir ?— Moi aussi j’ai envie de vous, mais

j’ai envie de vous lucide. Je ne veux pasde malentendus entre nous, ni demauvais souvenirs ni de regrets…

Il commença à nouer sa cravate.— Faites-moi la même demande

quand vous serez à jeun, reprit-il, etc’est avec joie que je vous exaucerai.

Jessica se redressa brusquement.— Si vous restez, je vous donnerai

tout l’argent que vous voudrez.

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Alistair se figea. Ce fut comme uneaverse glacée. Pire, ce fut comme unelame qui lui aurait transpercé la poitrineet qu’un bourreau aurait remuée dans laplaie. Il fit quelques pas en arrière, ladouleur le faisant tituber.

Il acheva machinalement de nouer sacravate.

— Bonsoir, Jessica, dit-il en tournantles talons.

La Providence voulut qu’il n’y aitpersonne dans le couloir lorsqu’il sortitde la cabine.

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Il était plus de minuit lorsque Michaeldescendit de son carrosse devantl’imposant portique à colonnade du clubRemington. Il escalada les marches duperron jusqu’aux doubles portes quetenaient ouvertes des valets de pied enlivrée noir et argent. Lorsqu’il donnason chapeau et ses gants au portier, il neput s’empêcher de remarquer unsomptueux bouquet sur la table quitrônait au milieu du hall. LucienRemington était un homme de goût et sonétablissement était le plus sélectd’Angleterre, en partie à cause du soinqu’il accordait au décor. Remington ne

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suivait pas les modes, il les dictait.En face était située la salle de jeu – le

point stratégique. De là, on pouvaitaccéder, au premier étage, à la salled’escrime ainsi qu’aux chambres dequelques charmantes courtisanes. Ausous-sol se trouvait la salle de boxe. Àgauche, le bar et les cuisines. À droite,le bureau de Lucien Remington.

Michael traversa le hall dallé demarbre jusqu’à la salle de jeu, qu’ilfallait franchir pour accéder au grandsalon où flottait en permanence uneplaisante odeur de tabac et de cuir. Ilavait les nerfs à fleur de peau depuis la

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visite qu’il avait rendue la veille àHester.

Son humeur ne s’améliora guèrelorsqu’il aperçut le comte de Regmont.

Assis dans l’un des six fauteuilsdisposés en cercle autour d’une tablebasse, Regmont riait aux propos de lordWestfield. À la même table se trouvaientégalement lord Trenton, lord Hammondet lord Spencer Faulkner. CommeMichael les connaissait tous fort bien, iln’eut aucun scrupule à s’asseoir dans lefauteuil libre.

— Bonsoir, Tarley, dit RidgelyTrenton d’une voix traînante tout en

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faisant signe à un valet. Vous venez vousréfugier ici dans l’espoir d’échapper àla meute de filles à marier qui vousharcèle depuis que vous êtes le nouveaucomte de Pennington ?

— C’est vrai, milord, réponditMichael sur un ton plaisant. Ah, la vien’est pas rose tous les jours pour un paird’Angleterre qui a l’infortune de ne pasêtre encore marié !

Il commanda un cognac au valet quiétait accouru. Regmont fit de même. Lesautres hommes avaient encore leursverres à moitié pleins.

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— J’aime mieux que ce soit vous quemoi, intervint lord Spencer.

N’étant pas l’aîné, il était moinsrecherché. Quant aux autres, ils étaientmariés.

Observant Regmont du coin de l’œil,Michael se demanda pourquoi lebonhomme était en train de faire la fêteavec des amis au lieu de cajoler safemme. Il avait du mal à tenir sa langueaprès avoir constaté à quel point Hesterétait malheureuse. Si elle avait été à lui,il aurait veillé à ce que rien ne viennejamais assombrir son existence.

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Le valet revint avec deux verres decognac. Regmont prit une gorgée sansattendre. L’attention de Michael futattirée sur ses doigts quand il porta à seslèvres le verre ballon. Ses phalangesétaient couvertes de petites écorchureset d’ecchymoses.

— Vous vous êtes battu récemment,Regmont ? demanda-t-il.

Pour autant qu’il sache, le comte étaitdébonnaire et tout le monde l’aimait. Lesfemmes vantaient sa bonne mine, sonsourire aimable et ses manièrescharmantes. C’est sans doute pour ça

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qu’il avait plu à Hester, si insouciante etjoyeuse autrefois.

— Boxe, répondit Regmont. Unexcellent sport.

— Je suis tout à fait d’accord,répondit Michael. Moi-même, je m’yadonne parfois. Vous vous entraînez ici ?

— Oui, très souvent. Si ça vous dit devous entraîner avec moi…

— Très volontiers, dit Michael enl’interrompant.

Il se réjouissait d’avance de pouvoirêtre le champion de Hester, même sipersonne d’autre que lui ne connaissaitses motivations. À voir les phalanges de

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Regmont, le comte préférait s’entraîner àmains nues, ce qui convenaitparfaitement à Michael, étant donné lescirconstances.

— Fixez le jour et l’heure, je serai là,ajouta-t-il.

— Oyez, gentlemen ! Je vaisdemander le livre de paris, cria lordSpencer, attirant sur lui l’attentiongénérale.

Regmont sourit.— Vous avez hâte d’en découdre,

n’est-ce pas, Tarley ? Moi aussi, j’aiconnu ça. Je suis prêt à vous accordercette faveur sur-le-champ.

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Michael le soupesa du regard.Regmont n’était pas gros mais tout enmuscles, avec la silhouette idéale pourporter les vestes et les culottes trèsajustées qui étaient à la dernière mode.Michael, de son côté, avait l’avantaged’être plus grand, avec une meilleureallonge. Se carrant dans son fauteuil, ildit :

— J’aimerais mieux en début d’après-midi. Nous nous amuserions mieux enétant bien reposés et à jeun.

On apporta le livre des paris, ce quiattira du monde.

Regmont s’assombrit.

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— Bien vu ! s’exclama-t-il. Je vouspropose de nous retrouver aujourd’huien huit, à 15 heures ?

— C’est parfait.Un sourire plein de ruse incurva les

lèvres de Michael. Il prit le livre etrisqua sur ses propres chances une assezjolie somme au nom d’AlistairCaulfield.

Exactement le genre de pari que sonami aurait apprécié.

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8

Jessica se réveilla le lendemain matinavec ce qui ressemblait furieusement àune migraine. Le sang lui battait auxtempes et elle avait un mauvais goûtdans la bouche. Elle tenta vainement desurmonter sa nausée. Elle étaitégalement consciente d’un picotemententre ses jambes. Les souvenirs de cequi s’était passé la veille la firent rougiret puis grimacer. Comment avait-elle puêtre assez effrontée pour s’offrir auxcaresses d’Alistair ? Et assez excitée

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pour faire cette indécente propositionqui l’avait rendu furieux ?

Elle connaissait la réponse – AlistairCaulfield lui avait toujours plu. Elle nese reconnaissait plus lorsqu’elle étaitavec lui. Et elle avait du mal à décidersi elle aimait la personne qu’elledevenait alors. En tout cas, ce n’étaitcertainement pas quelqu’un de bien,sinon elle ne se serait pas sentie aussiconfuse, honteuse et coupable.

Sa servante, comme toujours, futparfaite. Elle lui prépara un broc d’eauchaude pour sa toilette et une assiette debiscuits secs – manger remédia

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considérablement à son malaise. Le soirvenu, elle se trouva suffisammentrequinquée pour avoir envie d’un vrairepas et se sentit de taille à revoirAlistair. Connaissant trop bien laviolence des colères masculines pourl’affronter en tête à tête, elle choisit dedîner dans la grande cabine avec lesautres messieurs. Pendant le repas,Alistair la regarda le moins possible etlui parla encore moins. Elle se ditqu’elle avait pris la bonne décision. Il yavait un abîme entre eux et ça lachagrinait.

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Toutefois, si elle lui avait fait passerl’envie de la courtiser, cela valait peut-être mieux. Ainsi, elle n’aurait plus à seposer les questions qui la hantaientdepuis leurs retrouvailles. Ce qu’il luiavait demandé – d’être sa maîtresse – necorrespondait absolument pas à l’idéequ’elle se faisait d’elle-même. Pourtant,il avait tout ce qu’il fallait pour venir àbout de sa résistance. Pour qu’il ne sepasse plus rien entre eux, il faudrait queça vienne de lui. Même si elle regrettaitd’avoir dû le blesser pour en arriver là,elle se réjouissait du résultat. Leurintérêt, à l’un comme à l’autre, était d’en

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rester là.Jessica se retira aussitôt que cela fut

décemment possible. Les hommes selevant pour la saluer, Alistair dit :

— Je vais me promener sur le pont.Me ferez-vous l’honneur dem’accompagner, lady Tarley ? Peut-êtreque l’air frais vous fera du bien.

Nerveuse, Jessica esquissa un sourirequi signifiait qu’elle acceptait soninvitation. Ils quittèrent la cabine enmême temps que l’officier en second,qui s’empressa de déguerpir pour leslaisser seuls.

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Elle s’arrêta devant la porte de sacabine.

— Laissez-moi le temps d’allerchercher un châle.

— Pas la peine. Tenez !Il déboutonna sa redingote.— Un gentleman ne se montre jamais

en bras de chemise, protesta-t-elle endétournant le regard.

La réponse d’Alistair fut cinglante.— Vous êtes la seule personne à bord

qui risquerait de s’en offusquer, milady,et après ce qui s’est passé hier, je trouvecette démonstration de pudeurparticulièrement déplacée.

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Le cœur de Jessica cessa de battre.Alistair avait les mâchoires serrées etune lueur diabolique dans les yeux. Ellene savait que trop à quoi ressemble unhomme en colère. Ça ne présageait riende bon.

— Nous ferions sans doute mieux deremettre cette conversation à plus tard,dit-elle.

— Je ne crois pas. Nous avons àdiscuter de certaines choses et le plus tôtsera le mieux.

Malgré ses pressentiments, Jessicaacquiesça. Une douce chaleurl’enveloppa lorsqu’il lui posa sa veste

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sur les épaules. Elle huma avec plaisirl’odeur à nulle autre pareille dont levêtement était imprégné, celle d’unhomme très viril, et elle fut assaillie pardes souvenirs de la veille.

Ils montèrent sur le pont. Alistairs’arrêta dans un endroit qui n’étaitencombré par aucun gréement. Deuxmarins travaillaient tout près. D’un gesteimpérieux, il leur fit signe de s’éloigner.

Il la dominait d’une façon qui laséduisait et l’inquiétait à la fois. Il étaitmanifestement très beau. Ses hautespommettes prenaient bien la lumière dela lune. Il aurait pu être une statue

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antique, à part la prodigieuse vitalité quiémanait de lui.

— Je ne sais pas comment on fait ça,dit-il en se passant la main dans lescheveux.

— Ça quoi ?— Tourner autour du pot. Dire des

banalités au lieu d’entrer dans le vif dusujet.

— Les banalités ont du bon, murmuraJessica. Elles permettent desrapprochements entre inconnus.

— Nous ne sommes pas des inconnus.Dites-moi ! Pourquoi êtes-vous restée ?

— Je vous demande pardon ?

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— Ne faites pas la mijaurée. Pourquoin’êtes-vous pas partie tout de suite, cettenuit-là, dans les bois ?

Elle agrippa les deux pans de la vestepour s’emmitoufler. Non pas parcequ’elle avait froid mais parce qu’elle sesentait vulnérable.

— C’est vous qui m’avez demandé derester.

— Ah oui ? fit Alistair en souriantméchamment. Faut-il en conclure quevous êtes prête à obéir chaque fois queje vous donnerai un ordre ?

— Bien sûr que non !

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— Pourquoi avez-vous obéi cette fois-là ?

— Pourquoi pas ? répondit-elle enlevant le menton.

Alistair se rapprocha.— Vous étiez une innocente jeune fille.

Vous auriez dû être horrifiée. Vousauriez dû déguerpir.

— Qu’essayez-vous de me fairecomprendre ?

Il la prit par les avant-bras et lasouleva un peu. Elle se retrouva sur lapointe des pieds.

— Avez-vous repensé à cette nuit-là ?Y avez-vous repensé pendant que vous

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couchiez avec Tarley ?Jessica fut passagèrement désarçonnée

car il était très près de la vérité.— Quelle importance ?Il la prit par la nuque et la força à

incliner la tête.— Moi, dit-il en se penchant si près

qu’elle sentit son haleine toute chaude,je me souviens de chaque seconde decette scène. Je revois votre poitrine quise soulevait au même rythme que votrerespiration précipitée, vos yeux quibrillaient de fièvre, votre main sur votregorge, comme si vous étiezbouleversée…

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— Il y a des gens qui nous regardent,chuchota-t-elle, tremblante de colère etde peur.

Et d’excitation. Que c’était étrange deréagir ainsi à ses brutalités ! Elle étaitpourtant la dernière qui aurait dûprendre plaisir à des mauvaistraitements.

— Eh bien, qu’ils nous regardent, jem’en moque ! grommela Alistair.

Ne sachant plus à quel saint se vouer,Jessica répliqua sèchement.

— Vos manières grossières suffisentpeut-être avec certaines femmes mais,

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moi, je vous assure qu’elles nem’amusent pas.

Il la lâcha si brusquement qu’ellefaillit perdre l’équilibre.

— Ma belle dame, c’est plus quesuffisant pour vous. À vous voir, vousavez autant envie de moi aujourd’huiqu’à l’époque.

Ses traits prirent soudain uneexpression douloureuse, puis il pivotaen marmonnant un juron.

Par-dessus son épaule, il dit :— J’ai essayé d’oublier cette nuit-là

mais c’est impossible.

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Jessica se détourna, offrant son visageaux vivifiantes caresses de la brise.

— Pourquoi ce souvenir vous trouble-t-il à ce point ? demanda-t-elle. Vousn’avez jamais eu à craindre uneindiscrétion de ma part.

— Et je vous en suis reconnaissant.À la limite de son champ de vision,

elle le vit enfoncer ses mains dans lespoches de sa culotte de satin.

— Vous m’évitez depuis ce jour-là,reprit-il. Pourquoi, si ce qui s’est passén’a pas d’importance pour vous ?

— Je sais quelque chose sur vous queje ne devrais pas savoir. Cela m’a mise

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mal à l’aise.— C’est moi qui vous ai mise mal à

l’aise, rectifia-t-il. Et c’est toujoursvrai.

Jessica se sentit comme une bête auxabois. Il la désirait avec une telle fouguequ’il y avait de quoi prendre peur. Oualors, ce n’était pas tant les appétitsd’Alistair que les siens propres quil’effrayaient.

Il se retourna et se rapprocha au pointde lui bloquer la vue.

— Plus vous me fuyez, plus je suisdéterminé à vous poursuivre. Oui, il y aquelque chose à mon sujet que vous êtes

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la seule à savoir. Ça devrait nousrapprocher l’un de l’autre au lieu denous séparer.

— Nous rapprocher commemaintenant, en tout bien tout honneur ?demanda-t-elle avec une pointe d’ironie.

— Nous rapprocher comme hier soir,le vin en moins, répliqua Alistair. Nivous ni moi n’avons souhaité ce quis’est passé il y a sept ans, mais c’estarrivé et il n’y a pas moyen de reveniren arrière. Je vous ai demandé de resteret vous l’avez fait. Nous avons partagéun moment à part. Vous respectez lesbonnes mœurs et les bons usages. Mais

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nous sommes au-delà des convenances.La main du destin nous a réunis. Ellenous pousse l’un vers l’autre. Et, quant àmoi, je suis fatigué de lui résister.

L’idée qu’ils étaient peut-être voués àêtre amants avait quelque chose deréconfortant pour Jessica. Puisque cen’était pas elle qui décidait, elle neserait pas non plus responsable desconséquences. Il y avait une certainelâcheté à voir les choses de cette façonmais c’est aussi ce qui lui donna lecourage de se lancer.

Elle prit une profonde inspiration etdit en toute hâte :

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— Je regrette ce que je vous ai dithier soir avant votre départ. Je… jevoulais que vous restiez et…

— Oui, interrompit-il d’une voix rude.J’ai couché avec des femmes pour del’argent. Et je tiens à ce que voussachiez pourquoi.

Dès que les mots eurent franchi seslèvres, Alistair ressentit un profondsoulagement, vite suivi par un sentimentde malaise. Il n’avait jamais aimédévoiler le fond de son âme.

Jessica inclina la tête. Une longuemèche blonde glissa sur son épaule. Elle

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se pelotonnait dans la veste qu’il luiavait prêtée. De fines rides encadraientses lèvres bien ourlées. Sa robe griseétait là pour dire qu’elle n’était pasencore tout à fait consolée de la perte deson mari. Alistair ne pouvait s’empêcherd’éprouver de l’amertume lorsqu’ilpensait à cet homme dont les mœursirréprochables et la haute moralité enfaisaient un rival redoutable.

— Allez-y, dit-elle. Je vous écoute,j’ai envie de comprendre.

Il se lança avant d’avoir eu le tempsde changer d’avis.

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— Sur les instances de ma mère,Masterson m’a fait don d’un bout deterrain en Jamaïque. La propriété étaitremarquable en ceci qu’elle étaitridiculement petite et qu’il n’y poussaitrien de bon. De plus, il n’y avait pas demain-d’œuvre, pas de bâtiments, pasd’outils. Ma mère insista pour que M. leduc me procure aussi un navire et il adéniché le plus ignoble rafiot que j’aiejamais vu. Je me retrouvai doncpropriétaire terrien mais sans le moindresou pour mettre en valeur mes terres.

Jessica soupira.

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— À votre place, je ne sais pas ce quej’aurais fait.

— Dieu merci, ça ne vous arriverajamais. Mais peut-être pouvez-vouscomprendre que j’aie été tenté demonnayer mes petits talents.

— C’est alors qu’on a commencé àparler de vous comme d’une têtebrûlée ?

Alistair acquiesça d’un signe de tête.— Oui, toutes les occasions étaient

bonnes pour me mesurer aux autrespourvu qu’il y ait de l’argent à la clé. Jegagnais toujours, à tel point qu’on disaitque j’avais une veine de pendu. J’avais

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aussi la chance de ne pas déplaire auxfemmes.

— C’est le moins qu’on puisse dire,approuva Jessica. Vous étiez si jeunealors…

— … et déjà assez grand pour savoirque je ne pouvais pas me permettred’avoir un idéal, acheva-t-il d’un tonsec.

À l’époque, il n’avait pas eu àdélibérer longtemps pour arriver à laconclusion que tous les moyens sontbons quand il s’agit d’assurer sasubsistance.

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— Par certains côtés, reprit-il, majeunesse était un avantage. J’étais pleind’énergie et pas très raisonnable.

Cette dernière phrase fut prononcéeavec plus de hargne qu’il n’auraitsouhaité en montrer mais il était à cran,l’estomac noué par l’inquiétude. Et sielle refusait d’accepter son passé ?

— Au début, cela me plaisait, reprit-il. Faire l’amour le plus souventpossible, avec des femmesexpérimentées. La première fois qu’onm’a offert un cadeau, j’ai été surpris. Jeme rends compte à présent que, pourcertaines d’entre elles, c’était un moyen

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de se racheter, parce qu’elles avaienthonte de coucher avec un homme assezjeune pour être leur fils. À l’époque, jetrouvais drôle d’être récompensé pouravoir fait quelque chose qui me plaisaitbeaucoup. En même temps, j’exploraisle corps des femmes, j’apprenais à enjouer comme d’un instrument de musiquepour en tirer de belles mélodies. C’estun art de faire jouir les femmes et,comme les autres arts, ça s’apprend…

— Vous aviez manifestement desdispositions naturelles, dit Jessica, mi-figue, mi-raisin.

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— Les femmes sont bavardes,continua-t-il d’un ton sinistre, surtout àpropos de choses qui leur plaisent. Ellesme firent une réputation de bon étalon.C’est pour ça comme pour tout : plus lademande grandit, plus les prix montent.J’ai vu rapidement le profit que jepouvais en tirer et je me suis dit que ceserait bête de me priver d’une tellesource de revenus, étant donné lescirconstances. Au bout d’un certaintemps, que ça plaise ou non, on ne sepose plus de questions. Et le corps faitce qu’on lui demande.

— Bien, dit simplement Jessica.

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Après un silence interminable, elleajouta :

— Suis-je bête ! Il ne m’était jamaisvenu à l’esprit que la chose ait pu vousdéplaire. Après tout, lady Trent est trèsjolie…

— Certaines l’étaient, d’autres pas.Certaines étaient belles au-dehors ethideuses au-dedans. Quoi qu’il en soit,quand vous vendez quelque chose, ça nevous appartient plus. Vous perdez ledroit de refuser quoi que ce soit et, sivous voulez que la dame revienne ouqu’elle vous recommande à une amie, ilfaut être souple et accommodant.

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Lorsque j’ai compris que j’étais devenuune denrée à la disposition d’uneclientèle, j’ai cessé d’y prendre plaisir.C’est devenu un travail comme un autre,quoique mieux payé.

— Et votre famille ? Ils n’auraient paspu…

— J’ai pris la foutue barcasse et leterrain, mais c’est seulement parce queje n’avais pas assez d’amour-proprepour les refuser. Croyez-moi, si j’avaispu compter sur l’aide de quelqu’un, jene m’en serais pas privé.

Alistair attendit que Jessica luidemande pourquoi il n’avait pas pu se

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tourner vers Masterson et commença àréfléchir à une réponse. Révéler sonpassé abject à Jessica – la femme qui luiplaisait le plus au monde – était unsupplice. Elle pouvait prétendre àtellement mieux que lui !

— Alors, vous avez fait la seule chosepossible, dit Jessica sur un ton deconviction qui avait de quoi surprendre.Je conçois qu’on fasse ce qu’il faut poursurvivre dans des circonstancesdifficiles.

Avec quelle aisance elle réglait lesujet ! C’était à peine croyable.

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Il se rapprocha, incapable desupporter plus longtemps la distance quiles séparait.

— Voulez-vous toujours de moi ?Pouvez-vous m’accepter tel que je suis ?Même si je le regrette amèrement, je nepourrai jamais vous toucher sans voussouiller. Pourtant, je n’ai jamais riendésiré comme je vous désire, vous.

— Bien sûr que je vous accepte telque vous êtes, Alistair, répondit Jessica.

Elle prit une profonde inspirationavant d’ajouter :

— Quant au reste…Elle laissa sa phrase en suspens.

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— Continuez, ordonna-t-il.— Je ne suis pas meilleure que les

autres femmes qui se sont servies devous pour leur propre plaisir.

Ses yeux étaient grands et sombres,ses nobles traits reflétaient un tourmentintérieur.

— J’ai voulu vous acheter, reprit-elle.Acheter le droit de vous donner desordres, comme lady Trent, non pas pourma tranquillité mais parce que l’idée meplaisait.

Le sang afflua si vite dans le bas-ventre d’Alistair qu’il dut changer de

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position. Tant d’honnêteté excitait sondésir.

— Jessica !Soudain, elle le contourna et marcha

jusqu’au bastingage. Elle s’y agrippaavec tant de force que ses phalangesdevinrent blanches.

Alistair la rejoignit, se planta derrièreelle et s’appuya aussi au bastingage desorte qu’elle se retrouva enfermée dansle cercle de ses bras. Elle se tenaitdroite comme un i, tout son corps tendu àcraquer. Il se pencha et il l’embrassa surla tempe pour lui faire comprendre qu’ilétait profondément ému par son désarroi.

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— C’est ma soumission que vousvoulez ? L’idée de me forcer à vous…servir, c’est cela qui vous fouette lesang ?

— Non !Elle ravala sa salive avant d’ajouter :— Il faut que ce soit de votre plein

gré. Mais, par certains côtés, vous mefaites peur. J’ai besoin de contrôler lasituation.

— Parce que vous croyez que je lacontrôle, moi ? se récria-t-il. Ce qu’il ya entre nous n’a jamais été sans dangeret ne le sera jamais. Vous devez

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l’accepter tel quel, en espérant que lejeu en vaut la chandelle.

— Je n’en suis pas capable.— Essayez.Elle se retourna et leva les yeux vers

lui.— Pardonnez-moi pour hier soir. Je

voulais que vous restiez. Je le voulaistellement que j’ai parlé sans réfléchir.

Il saisit une mèche de ses cheveuxdorés, qu’il fit rouler entre ses doigtstout en parlant.

— Ne vous excusez jamais d’avoirenvie de moi. Mais que ce soit bienclair entre nous : je m’offre à vous sans

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artifice. Vous ne pourrez jamais avoirLucius. Cet homme-là n’existe plus et,de toute façon, il n’a jamais existé pourvous.

À l’époque, il s’était dit qu’il seservait de son second prénom pour nepas révéler le premier. En vérité, c’étaitplutôt un moyen de protéger son moi, decréer une distance entre lui et lepersonnage abject qui acceptait del’argent pour coucher avec des femmeset faire avec elles des choses qu’ellesn’auraient pas pu obtenir ailleurs sansrisquer le scandale et le déshonneur.Quelques-unes n’avaient rien souhaité

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de plus que de jouir d’un beau corpsvigoureux, mais la plupart avaient vouluquelque chose d’autre. Elles avaientvoulu un amant réputé pour faire tout cequ’on demandait, pourvu qu’on y mettele prix. Elles avaient acheté le droitd’être aussi débauchées qu’elles enavaient envie.

Jessica hocha la tête.— Je comprends.Alistair se pencha doucement vers elle

jusqu’à ce qu’ils se retrouvent frontcontre front, triste à l’idée qu’ellesouhaitait obtenir de lui ce qu’il nepouvait justement pas lui donner.

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— Vous n’avez jamais eu Lucius, voussavez ? Cette nuit-là, à la seconde où jevous ai vue, il n’est resté que vous etmoi. Lucius s’occupait de lady Trent.Moi, j’étais avec vous.

Elle poussa un profond soupir.— Tant mieux, dit-elle. Ce n’est pas

Lucius qui m’intéresse. Je me rendscompte maintenant qu’en proposant devous payer, c’est lui que je réclamais.Alors que c’était vous qui veniez deme… de me toucher. Je suis navrée.

Les yeux de Jessica étaient clairs,grands ouverts, remplis de tristesse et deregret. Il y avait peut-être aussi une

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pointe de pitié, ce qui était bien ledernier sentiment qu’il avait envie de luiinspirer.

— Je vous donnerai tout ce que vousvoulez. Librement. Gratuitement. Vousn’avez qu’à demander.

Glissant les mains sous la veste, il laprit par les hanches.

— Racontez-moi en détail ce que vousimaginiez.

— Non ! s’exclama-t-elle d’un tonhorrifié. C’est indécent.

Il se pencha davantage et lui lécha lelobe de l’oreille. Elle frissonna.

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— Je vous ai confié un secret quipourrait me nuire si jamais…

— Je ne vous blâme pas.— Ce dont je vous sais gré. Je

voudrais vous remercier. Dites-moi cequi vous ferait plaisir.

— Vous ne devriez pas être aussifamilier avec moi, dit-elle en apercevantquelqu’un sur le pont. Nous ne sommespas seuls.

— Puis-je vous rejoindre dans votrecabine ce soir ?

Alistair attendit longtemps uneréponse qui ne vint pas. Au lieu de cela,

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elle s’agita de plus en plus, triturant laveste, passant d’un pied sur l’autre.

Craignant d’avoir encore une fois toutgâché par sa brusquerie, il se recula deplusieurs pas.

— Ma cabine est la deuxième àgauche quand vous sortez de la vôtre. Sile cœur vous en dit, venez me rejoindre.

Elle le regarda avec des yeux ronds.— Je ne pourrai jamais.Il sourit. C’était peut-être vrai, mais il

aurait toujours le plaisir d’attendre savenue.

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9

Comme chaque matin depuis unequinzaine de jours, Hester se réveillaavec la nausée.

— Milady, lui dit sa femme dechambre, j’ai préparé du thé pas tropfort et des toasts.

— Merci.— Peut-être que, si M. le comte savait

que vous êtes enceinte, il serait plusprévenant.

Hester tourna vers Sarah des yeuxembués.

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— Surtout, n’en parle pas.— Aussi longtemps que vous ne m’y

aurez pas autorisée, milady, je ne ledirai à personne, soyez tranquille.

Tout en se tapotant le front avec unlinge humide, Hester pleura à chaudeslarmes. Pendant les premières années deson mariage, elle avait désiré par-dessustout que la naissance d’un enfant viennecouronner le bonheur qu’elle avaittrouvé avec Edward. Par chance, sesvœux n’avaient pas été exaucés. LorsqueEdward avait révélé la noirceur de soncaractère, elle s’était mise à utiliser deséponges imprégnées de cognac pour

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éviter la conception. Elle ne pouvait passe résoudre à accueillir une créatureinnocente dans un foyer où régnait laviolence. Après tout ce que Jessica etelle avaient enduré petites, commentaurait-elle pu exposer son propre enfantaux mêmes sévices ?

Mais Regmont n’était pas toujoursdisposé à attendre le moment opportunpour se satisfaire, et le destin estaveugle.

— Si seulement tu étais là, Jessica,murmura-t-elle, car elle aurait eu besoinde quelqu’un qui l’écoute d’une oreillebienveillante et la conseille sagement.

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Elle avait soupçonné qu’elle étaitenceinte avant le départ de sa sœur maiselle avait préféré ne pas en parler.Jessica souffrait trop de sa proprestérilité. Il était impossible de déplorerdevant elle une grossesse.

Hester essaya de se lever et vacilla.Sarah l’aida à se recoucher. Regmontdormait dans sa propre chambre, àpoings fermés sans doute.

— Je vous en conjure, madame,chuchota la femme de chambre enarrangeant les oreillers de Hester,parlez-en avec M. le comte le plus tôtpossible.

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Hester ferma les yeux et poussa unsoupir.

— Je ne sais pas comment m’yprendre, reconnut-elle. Je pense quec’est à cause de moi qu’il est aussimalheureux. Sinon, comment expliquerque tous les hommes que j’ai rencontrésdans ma vie aient été en proie auxmêmes démons ?

Lorsqu’elle rejoignit son mari quelquetemps plus tard dans la salle à manger, iln’avait pas du tout l’air malheureux. Aucontraire, il était fringant et d’excellentehumeur. Il l’embrassa sur la joue

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lorsqu’elle passa près de lui pour allers’asseoir.

— Du hareng et des œufs ? proposa-t-il en s’approchant du buffet sur lequel setrouvaient des plateaux recouverts decloches pour les tenir au chaud.

L’estomac de Hester se souleva.— Non, merci.— Ma chère, vous ne mangez pas

assez, dit-il sur un ton de réprimande.— J’ai pris quelques toasts dans ma

chambre.— Et cependant vous vous joignez à

moi pour le petit-déjeuner, dit-il avec unradieux sourire. Comme c’est gentil de

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votre part ! Avez-vous passé une bonnesoirée ?

— Rien d’exceptionnel, mais agréablequand même.

Elle détestait ces moments où ilsfaisaient comme si tout était pour lemieux dans le meilleur des mondes : iln’y avait rien à craindre, Edward étaitun merveilleux mari et elle une épousecomblée. C’était comme de regarder unebombe sans savoir à quel moment elleallait exploser. L’attente étaitdouloureuse en soi.

Hester laissa errer son regard. Leurmaison était renommée pour ses

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couleurs vives, telles les rayures jauned’or et bleues dont elle s’était serviepour tendre les murs de la salle àmanger. Ils avaient acheté cette maisonjuste avant leur mariage. Dans leuresprit, cela aurait dû être l’occasiond’un nouveau départ dans un endroitneutre, hors d’atteinte des blessures dupassé. Elle se rendait compte qu’ilsavaient eu tort d’espérer. Les souilluresétaient dans leurs âmes et ils étaientdestinés à les emporter avec eux partoutoù ils iraient.

— J’ai bu un verre avec Tarley hiersoir, dit Regmont entre deux bouchées. Il

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cherchait à échapper à ses nombreusesadmiratrices. Il commence à en avoirassez qu’on lui coure après, je crois.

Hester le regarda. Le rythme de soncœur s’altéra, accélérant brusquement.

— Oh ?— Je me souviens fort bien de

l’époque où c’était après moi qu’oncourait. C’est un des nombreux périlsdont vous m’avez sauvé, très chère.Pauvre Tarley ! Je vais lui donner uneoccasion de se détendre. Il sait que jem’intéresse à la boxe et nous avonsconvenu de nous affronter un de cesjours.

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Mon Dieu ! Hester ne connaissait quetrop son mari, la dureté de ses poings etsa méchanceté fondamentale. Trèschatouilleux question amour-propre, iln’acceptait jamais la défaite.

L’estomac de Hester se serra.— Un combat ? Entre vous et lui ?— Savez-vous par hasard s’il est bon

à ce sport ?Elle hocha la tête.— Il chahutait avec Alistair Caulfield

quand nous étions jeunes. C’est tout ceque je connais de ses talents depugiliste. Lui et moi, nous avons été trèsproches à une certaine époque, mais je

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ne l’ai presque jamais revu depuis quenous sommes mariés.

— Alors, ce sera une victoire facile.Hester ravala sa salive.— Vous deviez peut-être lui suggérer

de se choisir un adversaire moinsexpérimenté que vous ?

Regmont sourit.— Vous avez peur pour lui, n’est-ce

pas ?— Jessica l’aime beaucoup, répondit-

elle, esquivant la question.— Tout le monde l’aime beaucoup,

enfin, je suppose. Ce n’est pas la peine

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de vous inquiéter, ma chérie. Il s’agitd’une rencontre amicale, je vous assure.

S’adressant à l’un des deux valets depied qui attendaient au garde-à-vous, ildit :

— Lady Regmont va prendre destoasts et de la confiture.

Elle soupira, résignée à manger cequ’on lui servirait, que ça lui plaise ounon.

— Je vous trouve pâlotte ce matin,reprit-il. Avez-vous bien dormi ?

— Oui, merci.Hester prit l’un des journaux posés sur

la table. L’idée que Michael allait

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affronter Regmont la troublaitexcessivement. Depuis qu’il avait héritédu titre, Michael ne manquait pas desujets d’anxiété, notamment le choixd’une épouse. Il risquait de passer sesnerfs sur Regmont. À propos d’épouse,elle connaissait toutes les femmes à lamode, depuis les maîtresses de maisonles mieux établies jusqu’aux jeunesdébutantes. Peut-être accepterait-il sonaide.

Elle se réjouirait de le voir bienmarié. Michael méritait d’être heureux.

Regmont posa ses couverts sur sonassiette vide.

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— Vous me feriez plaisir en venantvous promener avec moi cet après-mididans Hyde Park. Ne me dites pas quevous avez déjà quelque chose de prévu.

Si cela avait été le cas, Hester auraitchangé ses plans. Lorsque Edwarddemandait quelque chose, elle n’avaitpas intérêt à refuser. Elle était sa femme,après tout. Sa chose, irrévocablement,jusqu’à ce que la mort les sépare.

Hester se força à sourire.— C’est une charmante attention,

milord. Merci.Dehors, sous le soleil, au milieu de

gens qu’Edward souhaitait tant

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impressionner, ce serait le moment idéalpour annoncer qu’elle était enceinte.

Et peut-être l’occasion pour soncouple de recommencer de zéro. Ellel’espérait. Pour étonnant que celaparaisse, parfois, elle espérait encore.Elle ne pouvait pas se permettre dedésespérer. L’espoir était la seule issue.

En début d’après-midi, Miller vintdire à Jessica que milord Caulfield lapriait de bien vouloir le rejoindre sur lepont.

Faisant fi de son inquiétude, elle suivitle moussaillon jusqu’à l’air libre. Sa

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dernière conversation avec Alistair auclair de lune avait été tendue. Aprèsl’avoir quitté, elle avait repensé pendantdes heures à sa proposition de lerejoindre dans sa cabine. Ce n’était pasle genre d’offre qu’elle pouvait accepteret il le savait fort bien, mais c’étaitdésormais entre eux comme un défi qu’illui aurait jeté en la sommant de lerelever. Il y avait une part d’elle-même– celle qu’Alistair avait incitée à malfaire – qui aurait été tentée de céder,mais sa nature profonde lui interdisait untel abandon.

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Qu’avait-il à lui dire ? Enrelativement peu de temps, ils avaientdéjà connu plus d’un moment d’intimité.À présent, elle pensait à lui comme ellen’avait pensé à rien ni à personne.Jessica avait de la peine à comprendrecomment il avait pu s’emparer aussifacilement de son corps et puissubjuguer son esprit, mais c’était le cas.Il l’avait laissée libre de sa décision,tout en affirmant clairement qu’il nerenoncerait pas, et elle était certainequ’Alistair Caulfield finissait toujourspar obtenir ce qu’il désirait.

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Lorsqu’elle se tourna vers la poupe,l’air marin lui fouetta le visage,éveillant tous ses sens. Revigorée, elleralentit à la vue d’une couverture étaléesur le pont, maintenue à chaque coin parun cageot rempli de boulets de canon.Sur la couverture se trouvaient plusieurscoussins et un grand panier débordant devictuailles.

Un pique-nique. En pleine mer.Alistair attendait près de la

couverture. Il portait une culotte couleurchamois enfoncée dans des bottesrutilantes, un gilet rayé et une vestemarron. Ses cheveux étaient décoiffés

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par le vent, le résultat ressemblantbeaucoup au désordre qu’elle y avaitmis elle-même en y passant les doigts.

Comme beaucoup de femmes avantelle, Jessica pensa que c’était le plus belhomme qu’elle ait jamais vu. Exotique.Outrageusement séduisant. Vaguementdangereux.

Délectable.Elle aurait voulu le mettre tout nu pour

l’apprécier sans l’obstacle desvêtements. Elle ne pouvait pluss’empêcher d’avoir de telles penséesmaintenant que le désir n’était plus unsecret entre eux.

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C’était impressionnant de le voircampé sur le pont d’un aussi beaunavire, entouré d’hommes qui étaient àses ordres. Elle ne reconnaissait plus levaurien toujours prêt à relever n’importequel défi et qui était sans cesse sur lacorde raide. Mais elle savait qu’il étaittoujours là, sous la surface. C’était luiqui la soumettait à la tentation et quifaisait de malicieuses promesses dontelle pouvait être certaine qu’il lestiendrait.

— Milady, murmura-t-il ens’inclinant.

— Monsieur Caulfield.

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Jetant un coup d’œil alentour, elleremarqua que la douzaine d’hommesaffairés autour d’eux gardaientprudemment les yeux baissés.

Alistair lui fit signe de s’asseoir. Elles’agenouilla. Il fit de même et se mit àfouiller dans le panier. Il en sortitd’abord une boule de pain qu’il partageaen deux. Vinrent ensuite un gros morceaude fromage et une poire coupée enquatre. Il rassembla la part de Jessicadans une serviette et la lui fit passer.

Elle accepta avec un sourire.— Un vrai festin ! s’exclama-t-elle.

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— Profitez-en. Vous en serez bientôtfatiguée, du pain, du fromage et du reste.

— En attendant, il y a sûrement desgens qui considéreraient cela comme unefaçon de faire la cour, dit Jessica sur unton de moquerie. Un pique-nique sur lepont d’un bateau, c’est indéniablementromantique.

— Mon seul but est de vous plaire.Il n’eut qu’à sourire d’un air malin

pour qu’elle éprouve un fourmillementdans tout le corps. Il pouvait charmern’importe quelle femme pourvu qu’ils’en donne la peine. Elle n’aurait su dires’il employait ce ton léger pour la

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tranquilliser ou pour lui faire regretterses récents excès de ferveur.

Il arracha une bouchée de pain avecses dents parfaitement blanches etrégulières. Il avait une façon trèssuggestive de mâcher et il n’avait mêmepas l’air de le faire exprès. Ce qui laconforta dans son opinion qu’il étaitnaturellement sensuel.

Tout en mordillant son morceau defromage, elle regarda l’immensité del’océan. L’eau brasillait sous le soleil et,bien que le fond de l’air fût frais, lajournée était agréable. L’inquiétudequ’elle avait éprouvée jusqu’ici en

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présence d’Alistair avait cédé la place àune espèce d’exacerbation de tous lessens. En vérité, elle ne s’était jamaissentie aussi vivante.

On lui avait appris à tenir les autres àdistance et les hommes avec elle étaientprompts à se décourager. Alistair, aucontraire, était apparemment stimulé parla difficulté. Il ne la laissait pas battreen retraite et, ce faisant, il la forçait àreconnaître qu’elle n’y tenait pasvraiment. Elle avait envie d’être là : entrain de vivre une aventure avec unhomme à la réputation sulfureuse.

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Et puis, il y avait les souvenirs de cequ’il lui avait fait sur ce lit. Elle avaitpartagé de semblables momentsd’intimité avec Tarley, et elle n’avaitjamais éprouvé la moindre gêne en facede lui le lendemain matin. Avec Alistair,elle se surprenait à rougir souvent et àtout propos, son corps réagissant à saprésence par des bouffées de chaleur.Étrangement, le contact d’Alistair luisemblait plus familier que celui de sonpropre mari. Comment était-cepossible ?

— Avez-vous bien dormi la nuitdernière ? demanda-t-il.

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Reportant son attention sur lui, elle fitsigne que non.

— Vous n’êtes pas la seule.Il s’allongea sur le côté, la tête

appuyée sur la paume de sa main, etposa sur elle son regard bleu sipénétrant. Si les yeux sont les fenêtresde l’âme, les siens révélaient quelquechose de ténébreux qui n’aurait pas dûse trouver là chez quelqu’un d’aussijeune.

— Parlez-moi de ce qui s’est passél’autre jour, lorsque vous avez pris lafuite, pendant la confrontation avec les

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pirates ? De qui aviez-vous peur ?D’eux ou de moi ?

Jessica haussa les épaules.— D’aucun des deux. Il y avait trop de

bruit et de mouvement. J’étais…étourdie, c’est tout.

— Que vous soyez sourde de l’oreillegauche y est-il pour quelque chose ?

Elle le regarda en écarquillant lesyeux. Soudain, elle se rendit comptequ’il lui parlait toujours dans l’oreilledroite.

— Vous avez remarqué ?— C’est Michael qui me l’a dit.Il la regardait avec tendresse.

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Elle ne parlait jamais de sa surdité.Elle refusait formellement d’aborder lesujet. C’est pourquoi elle se dépêcha depasser à autre chose.

— Tarley n’est mort que depuis un an,vous comprenez ?

Alistair la regarda d’un air moqueur.— Et vous honorez sa mémoire en

restant chaste ? Pendant combien detemps ?

— Douze mois, apparemment,répondit-elle sur un ton d’autodérision.

— Vous avez honte de votre désir pourmoi ? Oui ? Il en faudra plus pour medécourager.

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Honte ? Le mot était-il bien choisi ?Ce n’était pas de la honte qu’elleressentait. Il aurait mieux valu direqu’elle était désorientée. Elle avaitappris à vivre dans un certain monde,selon certaines règles. Une liaison avecAlistair la projetterait sur une autreplanète. C’était comme une dansenouvelle dont elle ignorait les pas ;donc, elle trébucherait. C’est difficiled’oublier ce qu’on a appris dès leberceau.

— Une femme n’a pas besoin d’unamant pour être heureuse, dit-elle. Il estpossible et respectable, quoique

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démodé, de trouver le plaisir dans le litconjugal.

— Êtes-vous en train de dire que nousdevrions nous marier ? demanda-t-ilavec une pointe d’agacement dans lavoix.

— Non ! s’empressa-t-elle derépondre. Je ne me remarierai jamais.Avec personne.

— Pourquoi pas ? Votre premiermariage a été heureux.

Il prit une poire dans le panier.— C’est vrai, concéda Jessica. Tarley

et moi, nous nous entendions bien. Ilconnaissait mes désirs, je connaissais

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ses attentes. De tout cela, nous avons faitun mélange harmonieux. Il y a peu dechances que je retrouve jamaisl’équivalent.

— L’harmonie, c’est important pourvous ? demanda Alistair.

Elle le regarda dans les yeux. Commetoujours, il avait l’air de la mettre endemeure de ne pas se mentir à elle-même et de dire à haute voix ses penséesles plus secrètes.

— Oui, dit-elle laconiquement.Alistair la considéra longuement, la

tête penchée sur le côté.

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— Pour apprécier l’harmonie, il fautavoir connu la discorde, dit-il enfin.

— Pourrions-nous parler d’autrechose ? répliqua-t-elle.

— Comme vous voudrez, réponditAlistair après un silence.

Elle grignota son pain en essayant derassembler ses pensées. Il lui donnaitsans cesse l’impression de pouvoir lasonder jusqu’au tréfonds. C’étaitd’autant plus injuste que lui-mêmeconservait tous ses mystères.

— Pourquoi avez-vous choisi cemétier ? demanda-t-elle.

— Pourquoi pas ?

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— Vous avez dit que votre père avaitacheté une plantation et un vieux navirepour vous. Je me demandais si c’estvous qui les aviez demandés ou bien sivous vous êtes contenté de suivre la voietracée pour vous par Masterson ?

Alistair baissa les yeux.— Je ne voulais rien accepter de

Masterson. Je l’ai fait pour ne pasblesser ma mère. C’est moi qui ai eul’idée d’une plantation de canne à sucreparce que je savais que ça rapportaitbeaucoup d’argent et aussi parce quel’éloignement inhérent à ce genre deculture comblerait Masterson. J’avais

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toujours été une source de désagrémentpour lui.

Jessica se souvint d’avoir dit quelquechose d’approchant à Hester, des annéesauparavant, et elle en éprouvait desremords à présent. Elle avait supposéqu’Alistair n’avait ni ambition ni sensdes affaires. Et puis, elle n’avait pasaimé que Hester le trouve à son goût.Elle pouvait se l’avouer aujourd’hui.Certes, les sentiments de sa sœur pourCaulfield n’avaient été que desenfantillages mais ils avaient suffi àéveiller chez Jessica l’envie et même lajalousie.

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— Il y a des pères qui pensent agirpour le mieux en étant sévères, dit-elle.Leurs méthodes laissent à désirer maisils ont leur conscience pour eux.

Elle ne pensait pas que son père aitjamais eu des intentions louables maisun seul exemple ne prouve rien.

— Qu’est-ce qui vous permet del’affirmer ? objecta-t-il. Vous aveztoujours été parfaite. Et moi, jamais.

— La perfection, pour reprendre votremot, ne s’obtient pas sans effort.

— À vous voir, on le croirait.Elle allait protester et il leva la main

pour la faire taire.

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— Toute l’affection dont Mastersonest capable va à ma mère et à personned’autre. Sans elle, il serait dépourvu detoute générosité. Tout ce qu’il a fait pourmoi, il l’a fait par amour pour elle. Endépit de tout ce qui nous sépare, je luiconserve mon estime, mais c’estseulement à cause de ses sentiments pourelle.

— Qu’est-ce qui vous sépare de votrepère ?

— Quand vous me confierez vossecrets, je vous confierai les miens,répondit-il en souriant pour atténuer lasécheresse de son refus. Vous êtes

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mystérieuse, Jessica. Pour préserverl’équilibre, j’ai intérêt à ne pas trop medévoiler non plus.

Jessica prit un air pensif. Il lui prêtaitune personnalité extraordinaire et elleaurait bien aimé que ce soit vrai. Elleavait reçu une éducation stricte, touteinfraction étant sévèrement punie. C’estpourquoi elle était persuadée que, mêmes’il y avait eu la moindre originalité, lamoindre fantaisie dans son caractère audépart, tout cela avait été étouffé dansl’œuf.

Pourtant, Alistair semait le doute dansson esprit. Et si elle s’était trompée ? Et

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si elle était encore en mesure d’éveillerl’intérêt d’un homme comme lui ? Unhomme si sensuel et si beau que denombreuses femmes avaient été prêtes àpayer cher pour le posséder, ne serait-cequ’un court instant ?

Pour commencer, elle devaits’inventer un passé qui la rendevraiment intéressante.

Son imagination s’emballa.— Et si je vous racontais la fois où

j’ai été la captive d’un cheik ?Une lueur malicieuse passa dans le

regard d’Alistair.— Oh, oui, je vous en prie.

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10

Jessica le fascinait davantage de jouren jour et il se mit à craindre qu’aprèsce pique-nique son sort ne soitdéfinitivement scellé. Avec sa fable, elleallait forcément trahir sa vraiepersonnalité. Le simple fait qu’elle enait conçu l’idée était déjà révélateur debeaucoup de choses – elle avait del’imagination, de l’audace, de lafantaisie… Il avait toujours su qu’elleavait des aspects cachés. Il les avaitmême entraperçus.

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Mais, plus que tout, ce qui l’attirait enJessica, la cause de leur profondeaffinité, c’était qu’il reconnaissait enelle une âme sœur, quelqu’un qui,comme lui, avait été obligé de sedissimuler derrière un masque poursurvivre. Il attendait avec impatience lejour où elle se déciderait à l’ôter.Quelle femme merveilleuse ce serait unefois qu’elle aurait accepté d’exploiterses charmes secrets !

Elle détourna la tête pour ne plus levoir en face.

— Donc, commença-t-elle, jetraversais le Sahara avec une caravane

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quand nous fûmes attaqués par unebande de pillards.

L’endroit semblait bien exotique pourquelqu’un qui passait pour une parfaitelady anglaise. Alistair adorait déjà cettehistoire.

— Et puis, d’abord, que faisiez-vousau Sahara ?

— Je fuyais les rigueurs de l’hiver.— Avez-vous eu peur ?— Au début, oui. Je n’avais pas la

moindre idée de la façon dont on traitaitles femmes dans ces contrées sauvages.Je fus emmenée dans une oasis. On me

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conduisit directement dans la tente ducheik.

Captive ? L’histoire devenait de plusen plus intéressante.

— Aviez-vous des liens ?— Oui, aux poignets, répondit-elle

d’une voix entrecoupée qui trahissait sontrouble.

Alistair se réjouit en secret. Àl’entendre, elle aurait aimé le dominerau lit mais apparemment elle avait aussil’envie d’être soumise. C’était unepensée très stimulante.

— Quel genre d’homme était-ce, votrecheik ?

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— Plus jeune que je ne l’aurais cru.Séduisant.

— De quoi avait-il l’air ?Jessica le gratifia d’un sourire plein

de mystère avant de répondre.— Il vous ressemblait.— Charmant, murmura-t-il, ravi

d’apprendre qu’elle lui avait réservé unrôle dans sa fable.

Par la même occasion, cela voulaitpeut-être dire que ce n’était pas le casde Tarley, mais il fallait attendre la finpour en être sûr. Son impeccable maripouvait aussi bien être le héros qui

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viendrait la tirer des griffes de sonlibidineux ravisseur.

— Qu’a-t-il dit quand il vous a vue ?— C’était lui qui m’avait enlevée. Il

m’a couchée sur l’encolure de soncheval et il m’a emmenée au loin.

Le parallèle avec la réalité était facileà faire – le désert sans limites estsouvent comparé à un océan. Alistair secoucha sur le dos. Il glissa un oreillersous sa tête et regarda le ciel sansnuages.

— Il y avait de la nourriture et desjarres de vin, poursuivit-elle. Le solétait couvert de tapis qui étaient jonchés

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de coussins. Il s’allongea et me priad’en faire autant. Un peu comme vous etmoi en ce moment. Il m’ôta mes liensmais je n’étais toujours pas rassurée.

— Pourquoi ? Il me fait plutôt l’effetd’un brave garçon.

— Il m’avait kidnappée ! protestaJessica, tout en souriant.

— On ne peut pas lui en vouloir pourça. Ce n’est pas tous les jours qu’onrencontre une merveille telle que vousen plein désert.

Là aussi, il voyait quelquessimilitudes avec le présent.

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— D’après vous, un homme a le droitde prendre ce qui lui fait envie ?

— Si cela ne fait de tort à personne,pourquoi pas ?

Jessica éclata de rire et cela sonna auxoreilles d’Alistair comme la plus belledes musiques.

— Vous êtes incorrigible, mon chermonsieur.

— Le plus souvent possible, concédaAlistair.

— Le cheik aussi, j’en ai bien peur. Jel’ai trouvé tout à fait charmant maisentêté. J’ai eu beau lui répéter cent foisque je venais d’un monde où les mœurs

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étaient plus strictes que dans le sien etque cela finirait par nous séparer, il n’arien voulu entendre.

— Il me plaît de plus en plus, cetindividu.

— Oui, je n’en doute pas.Jessica s’interrompit pour manger.— Alors, qu’avez-vous fait ? demanda

Alistair.— Ce n’est pas drôle de raconter une

histoire à quelqu’un comme vous, seplaignit Jessica. Permettez-moi de livrerles détails à mon rythme. Heureusementpour moi, le cheik était plus patient quevous.

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— Quels détails étiez-vous en train delui révéler ?

— Quoi, vous persistez dans vosmauvaises manières alors que je vousles ai fait remarquer ?

Alistair leva les yeux vers elle et latrouva en train de l’observer. Pas sonvisage mais le reste, ce qui lui fit plaisir.

— L’erreur est humaine, dit-il.— Persévérer est diabolique,

répliqua-t-elle. Quoi qu’il en soit, je nelui révélai pas des détails. Je luiracontai des histoires.

— Pendant ce temps-là, il ne songeaitpas à vous séduire.

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— C’était mon but.Elle baissa les yeux sur ses mains,

occupées à triturer machinalement sonmorceau de pain.

— De quoi vouliez-vous que je parleavec lui ? reprit-elle. Du savoir-vivredans les salons londoniens ou du jeud’échecs ? De tels sujets deconversation auraient eu tôt fait delasser un aventurier.

— Je suis certain qu’il était prêt às’intéresser à tout ce que vous diriez,répondit Alistair. Et même si vousn’aviez rien dit, il aurait quand même

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passé un bon moment, rien qu’en vousregardant.

— Vous avez le compliment facile, ditJessica en faisant la moue.

— Vous n’avez pas l’air d’aimer ça.Moi, vous pouvez me flatter tant quevous voudrez, je ne me plaindrai pas. Enrevanche, je ne peux pas vous promettrede rester sage…

— Pour quel genre de chosessouhaitez-vous être admiré ?

— Peu importe, pourvu quel’admiration soit sincère.

Alistair mordit dans sa poire et serendit compte qu’il était très bien où il

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était, qu’il n’avait aucune envie d’êtreailleurs, ce qui lui procura un étrangesentiment de calme. D’aussi loin qu’ils’en souvienne, il avait toujours eu labougeotte. Il était toujours sur le qui-vive pour ne pas laisser passer unebonne occasion de se faire de l’argent.Rester pauvre n’avait pas été dans sesprojets.

Jessica prit un air pensif.— Quitte à être admirée, dit-elle,

j’aimerais mieux que ce soit pourquelque chose que j’aurais fait. Ça n’estpas encore arrivé. J’espère que çaviendra un jour.

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— Expliquez-moi ça, s’il vous plaît,dit Alistair.

— Eh bien, comment pourrais-je meprévaloir de mon apparence ? Le mériteen revient à mes parents. Commentpourrais-je me prévaloir de ma conduitealors que je ne pourrais pas mecomporter autrement, même si je levoulais ?

— Vous ne le pourriez pas ?— Non. Je n’avais pas le choix étant

petite et aujourd’hui c’est gravé en moi,je n’arrive même pas à imaginer ce queje pourrais faire d’autre.

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— Pas le choix ? répéta-t-il. On atoujours le choix. Ou bien on fait ce queveulent les autres, ou bien on fait cequ’on veut.

Lorsqu’elle le regarda, ses beaux yeuxgris s’étaient assombris.

— Ça dépend des conséquences.Il remarqua son brusque changement

d’humeur. Le terrain était glissant. Ellerisquait de se fâcher s’il tentait de s’yaventurer. C’est pourtant ce qu’il fit,mais par un chemin détourné.

— J’avais un ami à Eaton, commença-t-il. C’était le garçon le plus intelligentque j’aie jamais rencontré. Il m’a

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impressionné, non point tant parl’étendue de sa culture que par son sensde l’observation et la vivacité de sonesprit. Je pouvais lui faire tous lescompliments que je voulais, il ne selaissait pas convaincre. Il doutait de sescapacités et je ne parvenais pas àcomprendre pourquoi. Quand j’airencontré certains membres de safamille, tout est devenu clair à mes yeux.Ses parents n’appréciaient pas sesqualités intellectuelles à leur justevaleur. Ils voulaient voir des bonnesnotes sur son bulletin, tout le reste leursemblait insignifiant.

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— Je peux comprendre.— J’en suis bien convaincu. Vous avez

des points communs avec ce garçon. Parexemple, vous faites tout pour medissuader de penser du bien de vous.Sauf que, dans votre cas, ce ne sont pasles autres qui vous sous-estiment. C’estvous-même qui n’accordez aucunevaleur aux traits de votre caractère queles autres trouvent admirables.Maintenant, vous laissez entendre quevous avez eu du mal à acquérir vosqualités. Qui donc vous a mené la viedure ? Vos parents ?

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Jessica lui lança un regard pleind’exaspération.

— Êtes-vous toujours aussi curieuxavec tout le monde ou ce traitement est-il réservé aux femmes avec lesquellesvous avez envie de coucher ?

— Vous vous hérissez facilement. Ilvaut mieux vous manier avec prudence.J’adore ça !

— Vous adorez les défis, corrigeaJessica. Si je vous courais après, vousverriez les choses autrement.

— Essayez, pour voir, réponditAlistair en la regardant dans les yeux.Faisons l’expérience.

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— Encore un défi ou un pari ! C’estplus fort que vous.

Elle avala sa dernière bouchée depain et entreprit d’arranger les coussinsselon sa convenance. Lorsqu’elles’allongea de nouveau, Alistair trouva lespectacle charmant. Désinvoltureélégante et beauté naturelle.

Il choisit de ne pas insister sur lesquestions qui l’intéressaient vraiment etrevint à leur précédent sujet deconversation.

— Vous avez dit tout à l’heure quevous espériez avoir l’occasion de vous

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distinguer, rappela-t-il. Quels sont vosprojets ?

Avant de répondre, Jessica mordit dubout des dents dans sa poire.

— Je réussirai peut-être à bien gérerCalypso, dit-elle enfin. J’espère être à lahauteur de la tâche.

— Vous n’aurez rien à faire. Tarley aun excellent contremaître ainsi qu’unintendant très compétent, sans compterun contrat de premier ordre pour letransport des marchandises, même si cen’est pas à moi de le dire. C’est unemachine dont les rouages sont bienhuilés.

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Lorsque le visage de Jessicas’assombrit, il comprit son erreur. Envérité, il redoutait par-dessus toutqu’elle n’ait pas besoin de lui, ce quiserait sans doute le cas si elle necherchait pas d’acheteur. Mais ce n’étaitpas une raison pour la décourager. Elleavait envie de s’atteler à une tâcheénorme. Il se devait de l’aider, même sicela ne favorisait pas ses propresprojets.

— Je ne dis pas que tout est parfait,s’empressa-t-il d’ajouter. On peuttoujours améliorer les choses.

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Elle le regarda d’une façon quisignifiait qu’elle n’était pas dupe.Quoique novice dans les jeux de laséduction, elle se rendait compte qu’ilfaisait des concessions pour lui plaire.

— Je l’espère, dit-elle. Mais, à défautde les améliorer, je devrais au moins megarder de les endommager.

Alistair sourit aimablement.— Et avec tout ça, vous n’êtes pas

mystérieuse ?Jessica baissa les yeux, admirant le

gros saphir qui ornait sa main.— Peut-être un petit peu, concéda-t-

elle. De votre point de vue, du moins.

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— C’est le seul point de vue quivaille.

S’il avait dû lui offrir une pierre, ilaurait choisi un rubis. Le rouge, commesymbole de ce feu intérieur qu’elledissimulait avec soin.

Elle releva les yeux, son regard voilépar ses longs cils.

— Pouvez-vous, euh, consentez-vousà m’aider ? Vous avez commencé avecrien. Il est permis de supposer que vousconnaissez tout ce qui est nécessairepour la culture et le commerce de lacanne à sucre.

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Un sentiment très tendre se mêla ausoulagement que ressentit Alistair.

— Tout à fait. Une fois que vous aurezrepéré les lieux et que vous serez bieninstallée, j’aurai des choses à vousapprendre. Je n’ai pas l’intention de memêler de vos affaires, cependant si vousavez des questions ou si vous rencontrezdes difficultés, je me ferai une joie devous aider.

— Merci.Ils mangèrent en silence pendant un

moment. Alistair était content departager un repas au soleil avec Jessica.De son côté, plus il se taisait, plus elle

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se détendait. Ce qui le conduisit à sedemander jusqu’où elle accepterait dese dévoiler. Elle éludait presque toutesles questions. En résumé, elle avait étéélevée à la dure et cette éducationn’avait pas été sans « conséquences ».Elle se sentait un peu gênée auxentournures.

Il regarda de nouveau le saphir quiornait sa bague de fiançailles et sedemanda si Tarley l’avait aussi bienconnue que ça. La plupart des mariagesdans la haute société sont des alliancesqu’on fait durer en évitant les questionsépineuses. Il n’est pas rare que les

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époux se parlent à peine de ce qu’ilsfont dans la journée et ne partagent pasleurs sentiments sur telle personne ou telévénement.

Jessica avait-elle jamais eu quelqu’unà qui se confier ?

— Si je me souviens bien, dit-il, vousaviez un chien qui vous suivait partout ?

— Temperance, répondit Jessica avecune note de tristesse dans la voix. Il y aquelques années qu’elle est morte.Savez-vous qu’elle me manque encore !Parfois, le bas de ma robe frotte contremes chevilles d’une certaine façon et,l’espace d’une seconde, j’oublie qu’elle

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n’est plus là et je pense que c’est peut-être elle.

— Je suis désolé.— Avez-vous jamais eu un animal

auquel vous étiez attaché ?— Mon frère Aaron avait un beagle

que j’aimais bien. Albert avait unmastiff qui répandait des quantitésinvraisemblables de salive. Et Andrewavait un fox-terrier qui était une vraieteigne. Inutile de vous dire que noussommes rapidement devenus lesmeilleurs amis du monde, lui et moi.Hélas, lorsque le fox-terrier eut fini desaccager les meubles et les tapis,

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Masterson décréta qu’il ne voulait plusde chien à la maison. Voilà ce qu’il encoûte d’être le plus jeune et le dernierservi.

Jessica sourit tendrement.— Je pense que votre chien aurait été

gâté.C’était elle qu’il avait envie de gâter

– la couvrir de cadeaux, la mettre nue etl’enfouir sous des diamants…

Il toussota pour s’éclaircir la voix.— Lady Regmont aime-t-elle autant

que vous les animaux ?— Hester a toujours été trop occupée

pour avoir du temps à consacrer à un

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chat ou un chien. Lorsqu’elle n’a pas unemploi du temps surchargé, c’est un jourà marquer d’une pierre blanche.

Alistair n’avait pas oublié laprodigieuse vitalité de Hester.

— Michael l’aimait beaucoup pourcette raison, rappela-t-il. Lui aussi, ilapprécie une nombreuse compagnie.

— Tout le monde adore Hester. C’estimpossible de faire autrement.

La brise lui rabattit une mèche de sescheveux blonds en travers de la joue.Elle la repoussa d’un geste gracieux dela main.

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— Lorsque Michael se trouvait dansla même pièce qu’elle, il ne regardaitpersonne d’autre.

— Oui, elle a le pouvoir d’illuminerpar sa présence n’importe quelleassemblée.

Alistair perçut de la tristesse dans savoix.

— Elle vous manque.— De bien des façons, répondit

Jessica en soupirant. Elle a beaucoupchangé depuis un an. J’ai honte del’avouer mais je ne sais pas si elle achangé petit à petit ou tout d’un coup.Lorsque Tarley était malade, je n’avais

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plus le temps de rendre la moindre visitea quiconque.

— Elle a changé en quel sens ?Jessica haussa les épaules en signe

d’ignorance.— J’ai peur qu’elle ne soit malade.

Elle a maigri, elle est pâle. Parmoments, elle a les yeux cernés, labouche pincée, comme si elle avait malquelque part. Quand je la supplied’appeler un médecin, elle me dit quetout va bien.

— Si quelque chose ne va pas, je suissûr que Michael s’en occupera pendant

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votre absence. Vous pouvez êtretranquille.

— Avec ses nombreuses obligations,il a à peine le temps de régler sespropres affaires. Quel brave garçon, toutde même ! Il aurait besoin d’une bonneépouse pour l’aider à porter son fardeau.

— Votre sœur continue à l’obnubiler,et c’est, je crois, la raison pour laquelleil ne s’est jamais marié.

Jessica écarquilla les yeux.— Êtes-vous en train de dire que

Michael a un faible pour Hester ?— Oui, depuis des années, répondit

Alistair d’un ton un peu brusque.

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Il était bien placé pour savoir cequ’on ressent lorsqu’on est dévoré parce genre de sentiment.

— Non, dit Jessica dans un soupir. Çane se peut pas. Il ne lui a jamaistémoigné autre chose que de l’amitié.

— Et vous les avez suffisamment bienobservés pour en être certaine ? répliquaAlistair du tac au tac.

Elle le regarda un long moment et puissourit d’un air penaud.

— Je ne me suis jamais doutée derien.

— Lady Regmont non plus, et c’estbien là le drame de Michael.

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— Elle a parlé de lui une fois enfaisant la liste de ses fiancés possibles.

— Oh ? Qu’en a-t-elle dit ? Cela leconsolerait peut-être d’apprendrequ’elle lui trouvait des qualités. Oualors, ça ne servirait qu’à aggraver sonmalheur puisqu’il est de toute façon troptard pour changer les choses.

— Si ma mémoire est bonne, ellel’appréciait pour son tempéramentjovial. Mais, ajouta Jessica tandis queses yeux se mettaient à briller,physiquement, c’est vous qu’ellepréférait.

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— C’est flatteur. Étiez-vous du mêmeavis qu’elle ?

— J’ai menti.Il sourcilla.— Enfin, pas vraiment, rectifia-t-elle.

J’ai seulement dit que je n’avais pasd’opinion pour la bonne raison que vousétiez trop jeune pour moi.

Alistair porta la main à son cœur.— Aïe ! La jolie dame m’a piqué au

vif !— Fadaises ! s’exclama-t-elle.— La jeunesse a ses avantages, vous

savez ? Vigueur, endurance…— … impétuosité.

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— Ce qui n’est pas sans avantage nonplus, pourvu qu’on agissejudicieusement, répliqua-t-il. Mais,puisque vous venez d’avouer que vousaviez menti, cela veut dire que vous metrouviez séduisant déjà à l’époque.Pourquoi ne pas l’avoir avoué à votresœur ?

Fallait-il comprendre qu’elle nepartageait jamais ses sentiments avecpersonne ?

— Je ne voulais pas l’encourager,expliqua Jessica. Je pensais que vous neseriez pas bien assortis.

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— De toute façon, je n’aurais pas étéintéressé. Il faudrait être bête pourcourtiser une jeune fille tout en étantsecrètement épris de sa sœur.

Les joues de Jessica s’empourprèrent.— Vous n’avez sans doute jamais été

épris d’aucune femme. Ce n’est pas dansvotre nature. Par ailleurs, tout comme M.Sinclair, vous n’avez jamais eu l’air devous apercevoir de mon existence.

— Ni vous de la mienne.Apparemment, nous nous plaisions, maisvous étiez promise à Tarley et moi,j’étais trop jeune. Je n’avais pas lamoindre idée de ce que je désirais faire

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avec vous, à part forniquerfrénétiquement, et je ne voyais pascomment y parvenir. Vous étiez parfaite,radieuse, pure. Gigoter sur vous dans unaccès de fureur lubrique, cela semblaitobscène et impossible.

Le fait qu’elle ne soit pas scandaliséepar un langage aussi cru, comme celaaurait encore été le cas quelques joursplus tôt, était le signe qu’elle se sentaitde plus en plus à l’aise avec lui.

— D’après ce que j’ai vu dans lesbois de Pennington, vous vous contrôlezfort bien dans ces circonstances-là.

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— Ç’aurait été très différent avecvous.

Les joues de Jessica passèrent du rosefoncé au rouge vif. Elle baissa les yeuxet changea de sujet.

— Peut-être que si Michael avaitmanifesté ses sentiments enversHester… Euh, je ne veux pas dire par làqu’elle n’est pas heureuse avecRegmont, mais…

— J’évite autant que possible despéculer sur ce qui aurait pu être et n’apas été, dit Alistair. La vie, c’est ce quiadvient et rien d’autre. C’estsuffisamment difficile d’en tirer le

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meilleur parti possible. À quoi bonregretter ce qui ne peut plus êtrechangé ?

Jessica acquiesça d’un hochement detête mais son regard était un peu vague,pensif.

— Vous agissez avec l’espoir de nejamais regretter vos choix, murmura-t-elle, comme si elle se parlait à elle-même. Tandis que moi, j’ai toujourschoisi de ne pas agir, afin de ne pasavoir de regrets.

— Qui peut dire lequel de nous deux araison ?

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— Je devrais peut-être agir commevous. Au moins pendant un certaintemps.

Alistair leva les yeux au ciel afin dene pas donner trop de poids à ce qu’ilallait dire.

— C’est le moment ou jamais. Vousêtes loin de chez vous, profitez-en pourchanger de conduite. Personne n’ensaura jamais rien.

— Vous, vous le sauriez.— Ah ! mais je ne le dirais à

personne.Elle le menaça avec le doigt, un geste

qu’il trouva d’une gaminerie charmante.

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— Vous cherchez à m’influencer. Sic’est à mon avantage ou à mondétriment, Dieu seul le sait.

— Je sais exactement ce qu’il vousfaut.

— Ah oui ?— Oui, une liberté totale, dit-il en se

redressant. Elle existe et je peux vousl’enseigner.

— La liberté est inséparable de sesconséquences.

— Admettons. Mais le qu’en-dira-t-onest-il une conséquence de la liberté ?C’est juste un petit inconvénient. Ce queles autres pensent, ce n’est pas bien

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grave tant qu’on a les moyens de s’enmoquer.

Jessica poussa un soupir.— Je commence à m’inquiéter de ce

que vous pensez de moi.— Je peux vous le dire. Je suis fou de

vous. C’est bien simple : j’aime tout ceque je connais de vous.

Il tendit la main vers la bouteille devin qui dépassait du panier.

— Nous ne pouvons pas mépriser tousles deux les conventions sociales, ditJessica. Il faut qu’il y en ait un qui resteraisonnable. Je propose que ce soitvous.

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Alistair éclata de rire.— Ah bon ?— Oui. Nous allons échanger les

rôles. À partir de maintenant, je vaisagir sans plus me soucier desconséquences et, de votre côté, vousobserverez scrupuleusement lesconvenances. Il faut d’ores et déjà vousexercer puisque vous avez l’intention deretourner en Angleterre et de reprendrevotre place dans la bonne société.

Alistair était sidéré par l’audace decette proposition.

— Allons, insista-t-elle. Tout lemonde sait que vous êtes doué pour

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enfreindre les règles. La question est :serez-vous capable de les suivre ?Serez-vous capable de renoncer à uneentreprise simplement parce qu’elle estscandaleuse ? Serez-vous capable derenoncer à une opportunité afin d’éviterla réprobation générale ?

— Et vous, serez-vous capabled’enfreindre les règles ? répliqua-t-il.Serez-vous capable de continuer, mêmesi ça scandalise ? Serez-vous capable desaisir une bonne occasion au risque dechoquer les gens ?

— Je peux toujours essayer, réponditJessica, plus radieuse que jamais. Et,

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pour rendre ma proposition plusintéressante, je vous propose de parier,qu’en dites-vous ?

— J’en dis qu’elle est déjà trèsintéressante comme ça.

L’inversion des rôles offrait une foulede possibilités toutes plus engageantesles unes que les autres.

— Mais, reprit Alistair, quand ils’agit de relever un défi, vous savezdéjà que je suis toujours partant. Alors,vingt guinées ?

Jessica tendit la main.— Topez là !

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11

— C’est un joli chapeau ! s’exclamalady Bencott.

En voyant l’horrible chose juchée surla tête de lady Emily Sherman, Hester sedemanda si lady Bencott plaisantait oubien si elle était victime de goûtsatroces. Comme lady Bencott étaituniversellement réputée pour l’élégancede ses toilettes, elle opta pourl’hypothèse de la mauvaise farce.

— Il y a un charmant bonnet dans lavitrine, intervint-elle. Je crois qu’il vous

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irait très bien, Emily.En s’approchant de la vitrine, Hester

se rendit compte à quel point Jessica luimanquait. Les après-midi de shoppingétaient beaucoup plus agréables quandsa sœur y participait. Jessica avait ledon de canaliser les ardeurs de femmestelles que lady Bencott avec des motssavamment choisis pour être clairs sansêtre vexants. Hester enviait cette fermetécar, de son côté, elle était d’un natureltrès conciliant, toujours prompte àdésamorcer les conflits, quoi qu’il lui encoûte.

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Hester tendit la main vers le bonnetsusmentionné, qui était perché avecgrâce au sommet d’un support de boisverni, puis elle s’immobilisa. BondStreet était noire de monde, commed’habitude, et cependant une silhouetteparticulière venait d’attirer sonattention.

L’homme était grand et svelte, élégant,avec des cuisses de cavalier et desépaules qui n’avaient pas besoin derembourrage pour paraître carrées. Saveste vert foncé et son pantalon de daim,quoique sobres, avaient étéconfectionnés chez un grand tailleur. Il

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avançait avec tant d’assurance que lesfemmes le dévoraient des yeux et que leshommes s’écartaient instinctivement deson chemin.

Comme s’il s’était senti observé, iltourna la tête vers elle. Sous le bord deson chapeau, Hester aperçut unemâchoire au dessin volontaire qu’elleaurait reconnue entre mille.

Michael. Une bouffée de chaleur serépandit dans tout son corps – uneimpression qu’elle n’avait plus jamaisressentie depuis la première fois qu’elleavait vu Regmont. Depuis ce jour,quelque chose s’était engourdi en elle, et

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on aurait dit que ce quelque chose étaiten train de se ranimer.

Mon Dieu ! Quand était-il devenu cethomme magnifique ?

Quand avait-il laissé son adolescencederrière lui ? En devenant lord Tarley ?Ou plus tôt ? Elle le voyait si rarementqu’elle ne pouvait situer précisément lemoment où avait eu lieu lamétamorphose.

Il s’arrêta, seule silhouette immobileau milieu d’un tourbillon d’activité. Ilavait l’air désinvolte, parfaitement àl’aise dans son grand corps. Ce quin’était jamais arrivé à son mari, pourtant

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plus petit de quelques centimètres, etperpétuellement encombré par sacorpulence.

Hester laissa retomber sa main. Sansprendre le temps de réfléchir, elle seretrouva dehors en train d’attendreMichael. Il traversa la rue d’un pas quirévélait son impatience de la rejoindre.

— Bonjour, lord Tarley, dit-elle d’unevoix étonnamment claire et ferme alorsqu’elle était très impressionnée.

Il souleva son chapeau, dévoilant sabelle chevelure acajou.

— Lady Regmont, dit-il en s’inclinant.Je remercie le sort qui m’a placé sur

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votre chemin par ce bel après-midi.Hester fut ridiculement ravie de ce

compliment, pourtant assez fade.— C’est réciproque, dit-elle.Michael jeta un coup d’œil dans la

boutique de modiste.— Un après-midi avec quelques

amies ?— Oui.Ce qui signifiait qu’elle ne pouvait

pas aborder le sujet qui lui tenait le plusà cœur.

— Il faut que je vous voie, ajouta-t-elle. Il y a quelque chose dont jevoudrais vous parler.

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Le visage de Michael se crispa.— Que se passe-t-il ? Un souci ?— J’ai entendu parler de votre pari

avec Regmont.Michael haussa les sourcils.— Je ne lui ferai aucun mal, dit-il.

Enfin, pas beaucoup.— Ce n’est pas pour lui que je

m’inquiète, répondit Hester.Michael n’avait pas l’air de se douter

qu’une bête sauvage sommeillait enRegmont.

Les lèvres de Michael tremblèrentcomme s’il se retenait de sourire. Maisce fut plus fort que lui et finalement il

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sourit pour de bon. Hester en eut lesouffle coupé. Elle se rendit comptealors qu’elle ne l’avait presque jamaisvu sourire. En sa présence, il avaittoujours fait preuve de retenue, presquede froideur. Il ne s’était jamais laisséapprivoiser par elle, à la différence detant d’autres.

— Je me demande si je dois être flattépar l’intérêt que vous me portez oufroissé par votre manque de confiancedans mes talents de boxeur, dit-il.

— Je ne supporte pas l’idée que vouspuissiez être blessé.

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— Afin de ne pas vous infliger cechagrin, je vous promets de bien meprotéger, répondit Michael, mi-figue,mi-raisin. Toutefois, je dois à la véritéde vous prévenir que cela risque detourner au détriment de votre mari.

Elle se demanda s’il l’avait toujoursregardée avec autant de tendresse dansles yeux.

— Regmont est très capable de sedéfendre.

Lorsque Michael fronça les sourcils,elle se rendit compte qu’elle en avaittrop dit. Elle se dépêcha de changer desujet.

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— Votre visite de l’autre jour m’a faitplaisir. J’aimerais que vous veniez mevoir plus souvent.

— Ah, Hester, si je pouvais ! réponditMichael d’une voix sourde. Je vaisessayer.

Ils se séparèrent. En retournant vers laboutique de la modiste, Hester s’abstintde regarder par-dessus son épaule.C’était une chose d’échanger quatrephrases avec le beau-frère de sa sœur,c’en serait une autre de le suivre desyeux tandis qu’il s’éloignait.

Elle rejoignit ses amies.

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— Son titre de vicomte lui réussit, fitobserver lady Bencott.

Hester acquiesça, tout en sachant quece nouveau statut s’achetait au prix d’undeuil et n’allait pas sans fardeau.

— Avec un peu de chance, Emily,continua lady Bencott en s’adressant à lajeune lady Sherman, un nouveau bonnetattirera peut-être son attention et vouspermettra de faire un beau mariage.

Emily posa un autre abominablechapeau sur ses superbes bouclesbrunes.

— Ce serait une chanceextraordinaire, dit-elle d’un ton rêveur.

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Il y a longtemps que je l’admire.À ces mots, Hester ressentit un

pincement au cœur. Elle se dit quec’était lié à sa grossesse, certainementpas à un sentiment plus complexe etimprobable… comme la jalousie.

— On m’a dit que tu voulais me voir ?Michael leva les yeux lorsque sa mère

entra dans son bureau. Elspeth Sinclair,comtesse de Pennington, malgré sa frêlesilhouette, dominait la pièce qui étaitloin d’être petite. Sa volonté inflexibleet son attitude majestueuse imposaient le

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respect. Sa beauté et son élégancecomplétaient la force de son caractère.

— Oui, dit Michael en posant saplume.

Il se leva, contourna son bureau,désigna un fauteuil et attendit qu’elle ysoit installée. Puis il s’assit en faced’elle et sourit.

— Mère, j’ai une faveur à vousdemander.

La comtesse l’observa. La perte deson fils aîné se reflétait dans ses yeuxnoirs. Sa tristesse la rongeait.

— Tu n’as qu’à demander, mongarçon. Si c’est en mon pouvoir, ce sera

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fait.— Merci, mère.Il rassembla ses idées, réfléchissant à

la meilleure façon de formuler sarequête.

Elspeth posa ses mains sur ses cuisseset pointa le menton. Des mèchesargentées ornaient ses tempes mais sonvisage était à peine marqué par l’âge.Elle était encore belle.

— Comment vas-tu ? demanda-t-elle.J’ai essayé de respecter ta tranquillitémais, je l’avoue, je m’inquiète pour toi.Tu n’es plus toi-même depuis la mort deBenedict.

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— Sa mort nous a tous affectés,répondit Michael en s’enfonçant dansson fauteuil.

Cette conversation avait tardé à venir.Sa mère avait fait preuve de beaucoupde patience, elle qui d’ordinaire setenait informée régulièrement et dans lesmoindres détails de tout ce qui arrivait àses proches. Pennington était resté à lacampagne pour pleurer son fils maisElspeth était arrivée quelques semainesplus tôt pour veiller sur Michael. Ellefaisait semblant de ne s’occuper que deses amies et de ses bonnes œuvres maisil savait pourquoi elle était là – pour

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soutenir le seul fils qui lui restait alorsqu’il s’efforçait, en vain, de combler levide laissé par la mort de son frère aîné.

— Même si c’était en toute innocenceet avec les meilleures intentions dumonde, dit Michael d’une voix lasse, lefait est que nous vivions comme siBenedict était éternel. Nous n’avonsjamais pensé qu’un jour nous serionsobligés de nous débrouiller sans lui.

— Selon moi, tu te débrouilles bien,dit Elspeth. Tu es tout à fait capabled’assumer tes nouvelles responsabilités.À ta façon. Trace ton propre chemin.

— J’essaie.

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— Non, tu te donnes beaucoup de malpour faire exactement comme ton frère.Ton père et moi, ce n’est pas ce que nouste demandons.

Michael fit la moue.— Où trouverais-je un meilleur

modèle que Benedict ?— Lorsque je suis entrée, dit Elspeth

en désignant ses bottes et sa cravate d’unample et gracieux geste de la main, c’estbien simple, je t’ai à peine reconnu. Desvêtements sombres, presque pas debijoux… ce n’est pas toi.

— Je ne suis plus un Sinclair, voilàtout, se défendit-il. Je suis Tarley et un

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jour – Dieu veuille que ce soit le plustard possible ! – je serai Pennington.Cela requiert de la sobriété.

— Sottise ! Rien n’est requis, hormista santé et ton bonheur. Et, dans tanouvelle position, sers-toi de tespropres qualités, de tes idéespersonnelles, cela vaudra toujours mieuxque d’imiter servilement ton frère. Volede tes propres ailes.

— Voler de mes propres ailes, j’ensuis loin ! Pour l’instant, je n’arrivemême pas à suivre le rythme. J’ai untravail considérable. Je ne sais pas

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comment Benedict se débrouillait pourtout faire.

— Tu devrais t’en remettre à nosintendants. Tu n’es pas obligé de toutfaire tout seul.

— Si, je m’y sens obligé. On verraquand je serai au courant de tout. Pourl’instant, je ne peux pas confier lesaffaires de la famille à des employéssimplement parce que ça m’arrange.

Michael regarda autour de lui. Il avaitl’impression d’être un imposteur aumilieu de cette pièce encore toutimprégnée de la présence de son frère.Les rouges sombres et les bruns, ce

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n’était pas les couleurs qu’il auraitchoisies, mais il ne s’était pas senti ledroit de changer les tentures ni les tapis.

— Et, en plus, Benedict devait encores’occuper de Calypso !

Elspeth secoua la tête.— Je ne suis toujours pas convaincue

qu’il ait bien fait de léguer cettepropriété à Jessica.

— Ainsi, elle est à l’abri du besoinjusqu’à la fin de ses jours.

— Elle serait une très riche veuvemême sans Calypso. Cette plantationrapportait énormément d’argent à tonfrère pour la bonne raison qu’il y

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consacrait beaucoup de temps. J’ai peurque ce ne soit trop compliqué pour elle.Je sais que moi, à sa place, ça me feraitpeur.

— Benedict en a discuté avec moiavant de rédiger son testament et j’aibien compris son point de vue.

— Alors, s’il te plaît, explique-le-moi.

— Il l’aimait infiniment, dit Michael.Il a dit qu’elle s’était trouvée bien là-bas, qu’elle s’y était épanouie. Il voulaitqu’elle soit financièrement indépendantesi jamais il devait la laisser seule. Il m’adit qu’elle avait quelque chose de trop

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sage et qu’il fallait l’encourager à selibérer.

— Les intentions de Benedict étaientbonnes, je suppose, mais Jessica devraitêtre ici avec nous. Cela me fait de lapeine de la savoir là-bas toute seule.

— Sa sœur, lady Regmont, est dumême avis que vous, dit Michael.

Ça lui fournit l’occasion d’aborderenfin le sujet pour lequel il lui avaitdemandé de venir.

— Justement, reprit-il, c’est à proposde Hester que j’ai une faveur à vousdemander.

— Oui.

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— J’aimerais que vous la fréquentiezun peu plus. Invitez-la. Passez du tempsavec elle.

Elspeth haussa les sourcils.— Elle est charmante, bien sûr, mais

il y a une grande différence d’âge entrenous. Je ne pense pas que nous ayons lesmêmes centres d’intérêt.

— Essayez.— Pourquoi ?Michael se pencha en avant pour

répondre.— J’ai peur qu’elle n’ait un problème.

J’ai besoin de votre opinion. Si quelque

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chose ne va pas, vous le remarquereztout de suite.

— Pourquoi ce soudain intérêt pourlady Regmont ? À cause de Jessica ?

— Si je pouvais contribuer à rassurerJessica, j’en serais ravi, répondit-il enbiaisant. Les deux sœurs tiennentbeaucoup l’une à l’autre.

— Ce qui est tout naturel et néanmoinsestimable. Mais cela ne me dit paspourquoi tu t’intéresses tant au bien-êtrede lady Regmont.

Dans le ton de la comtesse, il y avaitde la curiosité, une vague inquiétude,mais pas de reproche.

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— Si quelque chose ne va pas, reprit-elle, Regmont y veillera. Et toi, de toncôté, si tu tiens absolument à t’inquiéterpour quelqu’un, procure-toi une épousebien à toi.

Michael poussa un soupir et ferma lesyeux.

— Ces temps-ci, les gens ne pensentqu’à me marier ! Les journaux sontremplis de supputations sur mes choix.Et maintenant, je ne peux même pasespérer avoir un peu de répit dans mapropre maison !

— Y a-t-il au moins une femme qui teplaise ?

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Tout à fait. Comme vous l’avez déjàdeviné, je suis fou de la femme d’unautre.

— Assez parlé de ça, dit-il en seredressant. Je vais bien. Nos affairesvont bien. Il n’y a aucun sujetd’inquiétude. Je suis fatigué, je ne mesens pas compétent, mais j’apprendsvite, bientôt je connaîtrai sur le bout desdoigts tout ce qu’il y a à connaître.Tranquillisez-vous, je vous prie.

Elspeth se leva et alla tirer le cordon,ses jupes de satin froufroutant à chaquepas.

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— J’ai besoin d’une bonne tasse dethé.

Michael, quant à lui, aurait eu besoinde quelque chose de beaucoup plus fort.

— Donc, dit la comtesse d’un tonrésigné, qu’est-ce qui te tracasse àpropos de lady Regmont ?

La capitulation de sa mère ne luiprocura aucune satisfaction. Pourquoidiantre Hester s’inquiétait-elle autantpour un simple combat de boxe entredeux parfaits gentlemen ? Pourquoi, toutà l’heure, devant la boutique de lamodiste, l’avait-elle regardé avec des

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yeux suppliants, presque effrayés ?C’était bizarre.

— Elle est maigre et beaucoup troppâle. Elle a l’air fragile, aussi bienphysiquement que moralement. Ça ne luiressemble pas. Elle a toujours ététellement pleine de vie !

— Il est rare que les hommesremarquent ce genre de choses quand ils’agit de leur propre femme, alors, lafemme d’un autre !

Michael leva la main pour ladécourager de poursuivre.

— Je connais ma place et la sienne,dit-il d’un ton ferme. Notez bien que je

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m’en remets à vous dans cette affaire.Vous allez me soulager d’un grave souciet j’aurai l’esprit libre pour vaquer àmes nombreuses occupations.

Une femme de chambre en bonnetblanc apparut dans l’encadrement de laporte. Elspeth commanda du thé. Puiselle retourna à son fauteuil, lissant sesjupes avant de s’asseoir.

— Je suis au courant de ton futurcombat avec Regmont, dit-elle. C’estdans toutes les gazettes. Mais, à lalumière de ce que tu viens de me dire,cela prend soudain une tout autresignification. Je pensais que le nouveau

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vicomte Tarley ne serait pas homme àrisquer la réprobation de ses collèguesde la chambre des pairs. Je constateavec joie le retour du vieux MichaelSinclair.

— Vous voyez des arrière-pensées làoù il n’y en a pas. Et ce n’est pas uncombat – ce qui risquerait effectivementde déplaire à ces messieurs de lachambre haute. Nous avons justeconvenu de nous entraîner ensemble.

Elle lui lança un regard exaspéré.— Je vois ce que je vois. Tu es en

train de jouer avec ta chaîne de montreet tu tapes du pied. Il y a longtemps que

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tu ne faisais plus cela. Il suffit que tupenses à lady Regmont ou que tu parlesd’elle pour que ça recommence. Elle tefait manifestement beaucoup d’effet.

Michael se passa la main sur levisage.

— Pourquoi faut-il toujours que lesfemmes accordent des significationsprofondes à des petits faits sansimportance ?

— Parce que nous sommes attentivesaux infimes détails de la vie, et pas leshommes. C’est pourquoi les femmes sontplus intelligentes que les hommes.

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Elle sourit suavement. Michael savaitque ce sourire annonçait généralementquelque chose de malicieux.

— Je vais m’occuper de Hester, dit-elle d’un ton sucré. Mais à unecondition…

Il s’en était douté !— Laquelle ?— Tu dois me permettre de te

présenter quelques jeunes fillesconvenables.

— Vous ne savez donc pas agiruniquement par gentillesse ?

— C’est exactement ce que je fais.J’agis par gentillesse envers toi. Tu es

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fatigué, tu as trop de travail, tu n’aspersonne pour t’estimer à ta juste valeur.Pas étonnant que tu sois attiré par unefemme que tu connais depuis toujours.C’est rassurant et c’est reposant.

Ce n’était pas la peine de discuter.Michael garda ses objections pour lui etse leva. Du thé n’allait pas lui suffire. Ils’approcha de la bibliothèque et sepencha pour ouvrir un des placards dubas, où se trouvaient les bouteilles.

— Je suis contente que tu ne cherchespas à répliquer, poursuivit la comtesse.Écoute. J’ai épousé un Sinclair et j’en ai

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élevé deux. Je sais très bien comment ilssont faits.

Il hésita lorsque son verre fut rempli àmoitié et puis il décida de continuerjusqu’à ras bord.

— Nous ne sommes pas faits commeles autres ?

— Certains hommes font des mariagesde raison, expliqua Elspeth. Avant desauter le pas, ils pèsent le pour et lecontre. D’autres – comme ton amiAlistair Caulfield – se laissent guiderpar leurs désirs. Mais les Sinclairn’écoutent que ça, dit-elle en se frappantle cœur. Une fois qu’ils ont arrêté leur

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choix, rien ne peut les faire changerd’avis. Il a fallu des années avant que tagrand-mère m’accepte. Selon elle,j’étais trop têtue et intraitable.

Michael vida son verre d’un trait et lacomtesse fit tss-tss !

— Je me demande où elle était alléepêcher ça ! s’exclama Michael avec unepointe d’ironie.

— Mais ton père a tenu bon,poursuivit Elspeth comme s’il n’avaitrien dit. Quant à Jessica… Je l’aimecomme ma propre fille, mais j’aitoujours eu des réticences à son égard.C’est le genre de personne qui ne se

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livre jamais tout à fait. Elle a un jardinsecret. Mais Benedict ne s’est pas laisséconvaincre d’en choisir une autre.

— Et il a été heureux.— Vraiment ? C’est dans la nature de

l’homme de souhaiter posséder la femmeaimée, de la posséder corps et âme. Àforce, il aurait sûrement fini par lui envouloir d’être aussi secrète. Quoi qu’ilen soit, leur mariage n’est plus un souci.Maintenant, c’est toi qui as mal choisi ladame de tes pensées. C’est toi qui asbesoin d’un nouvel objet d’affection.Depuis toujours, c’est la meilleure façonde se guérir d’un amour impossible.

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— J’ai des choses plus importantes àrégler.

— Tu pouvais peut-être te permettrede rester célibataire tant que ton frèreétait en vie, mais plus maintenant.

Michael regarda son verre et l’inclinadans tous les sens pour le faire miroiterdans la lumière de la grande fenêtre. Detoutes les obligations dont il avait héritéen même temps que son titre, celle quilui coûtait le plus était le mariage. Celasignifierait consentir à un mensongequ’il devrait faire durer jusqu’à la fin deses jours. À cette seule pensée, il sesentait envahi de tristesse et de dégoût.

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— Occupez-vous de lady Regmont,dit-il d’un ton maussade. Donnez-luitous les conseils dont elle peut avoirbesoin, réconfortez-la le mieux possible.En échange, vous pourrez jouer lesmarieuses avec moi tant qu’il vousplaira.

Elspeth esquissa un sourire.— Marché conclu !

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12

Jessica se promenait sur le pont, brasdessus, bras dessous avec sa femme dechambre. Le vent était fort, gonflant lesvoiles et poussant le navire vers sadestination. Pourtant, il n’allait pasencore assez vite au gré de Beth.

— Je commence à en avoir par-dessusla tête de cet océan et de ce bateau, dit-elle en maugréant. Quand je pense qu’ily en a encore pour des semaines !

— Oh, ce n’est aussi déplaisant queça !

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La soubrette regarda sa maîtresse ensouriant avec malice.

— Cela vous est facile à dire. Vousavez de charmantes distractions qui fontpasser le temps plus vite.

Jessica n’essaya pas de nier puisqueBeth l’avait percée à jour.

Il avait fallu cette relation avecAlistair pour comprendre des sentimentsque la plupart des jeunes filles explorentà l’adolescence. Jessica n’avait rienconnu de tel jusqu’à maintenant. Ellepensait à Alistair avec une régularitéinquiétante, de jour comme de nuit etjusque dans son sommeil.

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— Parle-moi plutôt de ton ami à laJamaïque, dit Jessica dans l’espoir de sechanger les idées.

— Harry ? C’était un garçon câlin etvigoureux. Ce qu’il y a de mieux, selonmoi.

Jessica éclata de rire.— Petite coquine !— C’est vrai, reconnut Beth sans se

démonter.— Câlin et vigoureux, dis-tu ? On ne

m’a jamais appris à rechercher cesqualités-là chez un homme.

— On vous en a appris suffisammentpour attraper dans vos filets les deux

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gentlemen les plus séduisants que j’aiejamais vus, répliqua la femme dechambre. Naturellement, plus ils sontbeaux, plus c’est dur pour leurs femmes.

— Oh ? Et pourquoi donc ?— Ils ont droit à un traitement à part.

D’un côté, on est plus exigeant avec euxet de l’autre on l’est moins. Il y a deschoses qu’on leur pardonne et qu’on nepardonnerait pas aux autres, et il y en ad’autres qu’on attend d’eux et qu’on nedemanderait à personne d’autre.

Beth regarda fixement Jessica avantd’ajouter :

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— Sauf votre respect, milady, il fautque vous le sachiez.

Jessica hocha la tête. Elle le savaitdéjà.

— Donc, expliqua la servante, c’estdes hommes qui veulent la liberté totaleet pas de comptes à rendre. On leurpardonne tout. Et nous autres, femmes,nous ne pouvons pas nous empêcher deles aimer quoi qu’il arrive, même si çafait mal. Si je devais choisir entre unbeau et un gentil, je prendrais le gentil.Je sais que je serais plus heureuse.

— Tu es sage, Beth.La servante haussa les épaules.

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— Une sagesse chèrement acquise,dit-elle. Pourtant je ne regrette rien.D’un autre côté, pour dire la vérité, jeserais prête à faire une exception pourM. Caulfield. Il y a des hommes qui nesont que beaux et il y a ceux qui nousaffolent. Ça, c’est encore autre chose.

— Oui, il est affolant, c’est le mot,confirma Jessica.

Voilà pourquoi c’était si difficile delui résister, malgré les fâcheusesconséquences qui découleraientimmanquablement d’une liaison avec lui.Elle cherchait encore une bonne raison

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d’en prendre le risque. Quelques heuresde plaisir, cela semblait bien léger.

— Vous n’avez pas besoin de fairecette tête, milady. Vous ne risquez rien.

Comme elle avait exactement lesentiment inverse, Jessica regarda saservante d’un air curieux.

— Que veux-tu dire ?— Que c’est trop tôt pour tomber

amoureuse. Vous êtes encore en deuil.Lorsqu’on a du chagrin, on cherchequelqu’un pour se consoler. Et puis, unbeau jour, on n’a plus besoin duconsolateur et on le laisse filer. Lorsquece sera le moment, vous direz à M.

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Caulfield au revoir et merci. Vous leregarderez partir sans regret. C’estcomme ça que les femmes survivent à lamort de leurs hommes.

— Vraiment ?Qu’elle puisse être immunisée contre

le risque de s’attacher à Alistair – cetteidée l’intéressait au plus haut point !

— Quant à M. Caulfield, dit Beth enposant familièrement la main sur le brasde sa maîtresse, si j’étais vous, je ne meferais pas beaucoup de souci pour lui. Ila quelque chose de spécial. D’aprèsmoi, les hommes comme lui, il y alongtemps qu’ils se sont dotés d’une

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carapace. Ils s’y trouvent bien et rien nepourra les en faire sortir.

Un gamin traversa en courant legaillard d’arrière. Jessica fut tellementsurprise qu’elle perdit le fil de laconversation. C’était un garçon d’unedizaine d’années, avec une tignasseblonde et des joues rebondies. Il couraitvers la proue lorsque quelqu’un lui fit uncroc-en-jambe. Il tomba sur le pont etpoussa un cri de douleur.

Jessica fut horrifiée par la cruautéd’une telle agression. Sa colère décuplalorsque le coupable releva brutalementle garçonnet, le gifla, puis se mit à

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déverser sur lui des tombereauxd’injures. Le gamin commença par fairele gros dos avant de redresser la têteavec l’énergie du désespoir.

À cet instant-là, Jessica se souvintqu’elle s’était souvent trouvée dans unesituation semblable étant petite,tremblante de peur en attendant leprochain coup. Des hommes comme sonpère ou comme ce marin n’ont pasbesoin de provocation pour se mettre enfureur et ils ne s’arrêtent de frapper quelorsqu’ils sont trop fatigués pourcontinuer.

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Incapable de faire comme si ellen’avait rien vu, Jessica lâcha le bras deBeth et s’avança.

— Hé ! Vous !Le marin était tellement occupé à

hurler des insanités qu’elle n’obtint pasde réponse. Elle appela une secondefois, d’une voix plus forte, mais il nel’entendit toujours pas. Il fallut qu’unautre membre de l’équipage vienne luitoucher l’épaule pour attirer sonattention.

Elle se campa en face de lui.— Monsieur, la manière dont vous

traitez cet enfant est intolérable. Il y a

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d’autres façons de se faire obéir.L’homme la regarda froidement.— Ça n’est pas vos oignons.— Sois poli avec Mme la comtesse,

intervint Beth, ce qui lui valut un regardmauvais.

Jessica savait ce qu’un tel regardsignifiait. Son sang bouillait et elle avaitbesoin de décharger sa colère surquelqu’un. Par malheur, il y avaitbeaucoup d’hommes comme son père,qui n’ont pas assez de bon sens ni devolonté pour s’abstenir d’être violents.Ils ne savent que faire souffrir et ils sont

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tellement pervers qu’ils y prennentplaisir.

— Vous ne savez pas comment ça sepasse sur un bateau, madame lacomtesse, dit-il avec un sourireméprisant. Et, tant que vous n’aurez pasappris, laissez faire ceux qui savent.

D’autres marins étaient en train des’agglutiner autour d’eux. Jessicadevenait de plus en plus nerveuse.

— Il n’y a pas que le métier de marinqui s’apprend, répliqua-t-elle. Si vousprétendez faire l’éducation de ce garçon,permettez-moi de vous dire que vousvous y prenez mal.

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Le marin mit les mains dans sespoches et se balança d’avant en arrièresur ses talons. Il souriait d’un airsardonique dans sa barbe roussâtre.

— Lorsqu’on dit à un marin d’allerchercher quelque chose, il a intérêt à nepas oublier ce que c’est, ce qu’on lui ademandé d’aller chercher, ni que c’est àlui qu’on a demandé d’aller le chercher !

— Ce… euh… ce n’est qu’un enfant,balbutia Jessica.

En même temps, elle se rendit comptequ’elle avait parlé d’une voix fêlée, etelle fut stupéfaite de constater qu’elleétait toujours aussi facile à ébranler.

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Elle s’était persuadée qu’au cas où elleserait confrontée avec une brute,maintenant qu’elle était adulte, elleserait capable de contrôler la situation,qu’elle lancerait toutes les répliquescinglantes qu’elle avait imaginées étantpetite sans oser les dire. Et voilà qu’ellerestait pétrifiée, l’estomac noué et le dosraide.

Le méchant marin sortit les mains deses poches, attrapa le petit par lescheveux et tira fort. Le gosse s’affalacontre lui en poussant un cri.

— C’est peut-être un môme mais c’estd’abord un matelot, répliqua l’espèce de

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brute. Il doit apprendre à ne pas sefourrer dans les jambes des gens.

Jessica ravala sa salive malgré la peurqui lui serrait la gorge.

— D’après ce que j’ai vu, c’est plutôtvotre pied qui s’est malencontreusementretrouvé dans ses jambes à lui.

— Lady Tarley !En entendant la voix d’Alistair,

Jessica se retourna.Les marins attroupés s’écartèrent et le

silence se fit sur son passage. Son alluresuffisait pour retenir l’attention etinspirer le respect. Jessica commençapar desserrer les poings, puis elle les

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serra de nouveau, furieuse contre elle-même, cette fois. Normalement, ellen’aurait pas dû avoir besoin d’aide,mais c’était le cas, semblait-il, et elle setrouva d’autant plus désemparée.

— Oui, monsieur Caulfield ?Il posa sur elle son regard pénétrant.— Je peux me rendre utile ?Elle réfléchit avant de répondre.— Puis-je vous parler en privé ?— Bien sûr.Il fusilla du regard les marins

assemblés autour d’eux.— Vous autres, reprenez votre travail !

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La petite troupe se dispersa en toutehâte.

Alistair désigna celui qui avait motivéla colère de Jessica.

— Toi !L’homme ôta son vieux bonnet.— Ouais, monsieur Caulfield ?Un changement brutal s’opéra sur la

physionomie d’Alistair. Ses yeux bleusdevinrent si durs que Jessica frémit. Ilavait déjà eu dans le temps ce regardfroid et distant qui avait le don d’attirerles femmes et de défier les hommes.

— Tu vas faire très attention à lamanière dont tu traites ce jeune marin,

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dit-il d’un ton menaçant. Je n’admets pasqu’on brutalise les enfants sur monbateau.

Jessica ressentit de l’admiration. Ildevait en avoir vu assez en arrivant pourcomprendre le problème, et sa manièrede le résoudre signifiait beaucoup pourelle.

— Il pourrait peut-être rester un peuavec nous, suggéra-t-elle en tendant lamain vers le gosse, dont les yeuxs’arrondirent de frayeur.

Il hocha la tête avec vigueur et reculade plusieurs pas.

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Elle fut passagèrement déroutée, carelle s’était plutôt attendue à dusoulagement et de la gratitude. Et puiselle comprit. Une des leçons les plusamères qu’elle avait apprises dans sajeunesse, c’était qu’il faut savoir souffrirce qui est inévitable et que le plus tôt esttoujours le mieux.

Ses yeux se mirent à la piquer. Elleretint ses larmes – des larmes de pitiépour ce gosse car, en intervenant, ellen’avait sans doute fait qu’aggraver leschoses.

Sans un mot de plus, Jessica tourna lestalons et partit vers l’écoutille.

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Lorsqu’elle sentit la main d’Alistair aucreux de ses reins, sa vue se brouilla.

Elle se laissa guider jusqu’à l’étageinférieur et entra sans réfléchir dans lacabine dont il lui tint la porte.

Sa cabine à lui. Malgré son émoi etses yeux mouillés de larmes, elle lesentit. Une odeur d’homme flottait dansl’air.

Cette cabine était à peu près aussigrande que la sienne et meublée de lamême manière. Mais l’impression étaitdifférente. Comme s’il devait fatalements’y passer quelque chose.

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Elle se mit à respirer par saccades etse tordit les mains – autant de gestes quireflétaient son agitation intérieure. Ellene s’était toujours pas libérée de sonpère, contrairement à ce qu’elle avaitcru. Et elle savait maintenant que celan’arriverait jamais.

Alistair se planta devant elle.— Jessica ? dit-il d’une voix tendre.

Mon Dieu, non, je vous en prie, nepleurez pas !

Elle essaya de s’éloigner. Il l’attrapaet la serra contre lui. La joue appuyéecontre la moelleuse étoffe de sa veste,

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elle pouvait entendre les battementssourds et réguliers de son cœur.

— Dites-moi ce qu’il y a.— Ce marin me répugne. Il est abject

et fier de l’être. Je connais ce genred’homme. C’est un animal. Vous feriezbien de vous en débarrasser.

Cela fut suivi d’un long silencependant lequel Alistair respira troprégulièrement pour que ce soit naturel.Elle le connaissait suffisamment poursavoir qu’il était en train de sedemander pourquoi elle était si inquiète.

Il lui caressa le dos.

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— Je vais en toucher deux mots aucapitaine Smith. Ce malotru seradébarqué à la prochaine escale.

Elle se redressa et recula. Précisémentparce qu’elle avait un peu trop envie des’appuyer sur lui et pas seulementphysiquement.

— Jess…Cette familiarité, jointe à la douceur

dans la voix d’Alistair, ne fitqu’accentuer la confusion dans l’espritde Jessica.

— Cela vous ferait sans doute du biende parler des raisons pour lesquellesvous êtes bouleversée, ajouta-t-il.

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— Avec vous ? répliqua-t-elle d’unton railleur. Vous prétendez que jedevrais me confier à un étranger ?

Il se laissa rabrouer de si bonne grâcequ’elle eut honte.

— Vous ne pourriez sûrement pastrouver meilleur interlocuteur, dit-ilcalmement. Je suis neutre. De plus, voussavez des choses sur moi qui ne sont pasà ma gloire. Et même si j’étais enclin àtrahir vos secrets – ce que je ne suis pas–, il n’y a personne dans les parages quisoit susceptible de s’en servir contrevous.

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— Je n’ai absolument pas envie deparler de ça !

Elle se dirigea vers la porte. Alistairlui barra le chemin. Elle se sentit priseau piège, ce qui aggrava encore samauvaise humeur.

— Vous avez l’intention de meséquestrer ?

Le magnifique sourire d’Alistair étaiten soi un défi.

— Vous êtes troublée, expliqua-t-il.Vous allez rester ici jusqu’à ce que vousvous soyez ressaisie.

Jessica repensa à ce que Beth avait ditun peu plus tôt sur le pont, même s’il ne

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l’entendait pas tout à fait de la mêmefaçon. Grâce à Beth, elle savaitmaintenant pourquoi elle était attirée parAlistair. Mais elle ne voyait toujours pasce qu’il avait à y gagner, lui.

— Pourquoi vous souciez-vous demoi ?

— Parce que vous êtes ma maîtresse,Jess.

— Pas encore.— Au point où nous en sommes, l’acte

n’est plus qu’une simple formalité, dit-ild’un ton affectueux. Entre vous et moi, ilest fatal que ça arrive. Et je ne suis pas

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homme à me contenter de miettes. Il mefaut tout. Le bon comme le mauvais.

— Il faudrait que je déverse tout monpoison sur vous ? rétorqua Jessica avecviolence. Cela ferait de moi quelqu’undu même acabit que cet ignoblepersonnage. Forcer quelqu’un d’autre àporter le poids de mes peines !

Alistair se rapprocha.— À la différence du môme, je suis de

taille à le supporter. Qui plus est, je lesouhaite. Je vous l’ai dit : je veux toutde vous.

— Pourquoi ?

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— Parce que ! répondit-il. Mon désirest sans limites. Je ne veux pas que vousgardiez quelque chose pour vous.

Jessica eut envie de faire les cent pas,mais elle s’en abstint. Elle avait été biendressée. Une lady ne fait pas les centpas. Une lady ne montre jamais riend’autre que la plus inaltérable sérénité.Une lady est là pour soulager les peinesd’un homme, pas pour en rajouter.

Pourtant Alistair – l’homme le plusviril qu’elle connaisse – était le seulavec qui elle pouvait envisager departager ses secrets les mieux enfouis.Elle savait avec une quasi-certitude

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qu’il ne la jugerait pas, qu’il nechangerait pas d’attitude envers elle. Iln’ignorait pas que chaque âme a sa partd’ombre. Il avait exploré la sienne et çal’avait rendu plus fort. Elle était toujourssidérée de voir à quel point il étaitambitieux et déterminé, prêt à tout pourréussir sans jamais rien demander àpersonne.

Jeune, sa sensualité et sa beautéavaient fait de lui la proie de femmeslascives et dépravées. Comme il nepouvait compter que sur lui-même, ilavait profité des circonstances. Mais àquel prix ?

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— Jessica, à quoi pensez-vous quandvous me regardez comme ça ?

Elle était en train de le dévorer desyeux, fascinée par sa beauté et soncharme. Elle était peut-être trop naïvepour comprendre ce « quelque chose despécial » dont Beth avait parlé, mais çane l’empêchait pas d’être une femmesensible. Elle s’était accoutumée à saprésence. Lorsqu’elle n’était pas aveclui, il lui manquait, et cette dépendancel’effrayait de plus en plus, sachant qu’iln’y aurait jamais rien de durable entreeux.

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Elle vivait dans un certain monde etlui dans un autre. Ils suivaientprovisoirement le même chemin, mais, àla fin, ils partiraient chacun de son côté.Elle ne pourrait pas rester indéfinimentaux Antilles et il ne se plairait paslongtemps à Londres, quoi qu’il en dise.Il était audacieux et rebelle. Les gens debon ton – parmi lesquels elle se rangeait– auraient tôt fait de l’ennuyer.

Non, elle n’en savait pas aussi longque Beth… mais Alistair, oui. Lui aussiavait défini leur liaison comme quelquechose de bref. Sitôt commencée, sitôt

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finie. Du plaisir, de l’amitié, de lagratitude et rien d’autre.

Elle n’avait qu’à se fier à eux.— Je vous admire, dit-elle.Il ne broncha pas mais elle eut quand

même l’impression qu’il avait tiqué.— Après tout ce que vous savez sur

moi ?— Oui.— Eh bien, dit Alistair après un

moment de silence, parmi les gens quin’ignorent rien de mes transgressionspassées, vous êtes certainement la seuleà penser cela.

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— Pourtant, vous n’avez pas hésité àêtre honnête avec moi. Comme si vousétiez sûr que je comprendrais.

— J’avais quand même un peud’appréhension, reconnut-il, mâchoiresserrées. Mais oui, je croyais qu’il yavait de grandes chances pour que vouspardonniez mes fautes plutôt que de lesretenir contre moi.

Le cœur de Jessica se gonfla detendresse.

— En vérité, je ne me serais jamaiscrue capable d’une telle ouvertured’esprit, dit-elle avec un pâle sourire.

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Elle n’avait pas les mots pourexpliquer ce qu’elle éprouvait. Celas’apparentait à de l’enthousiasme – auxantipodes du désespoir qu’elle avaitressenti en quittant le pont. Que deuxémotions aussi différentes se suiventd’aussi près, cela semblaitinconcevable.

En dépit des épreuves, elle avaitpréservé sa liberté. Indéniablement, soncorps avait souffert et elle prenait peurfacilement. Mais son esprit était intact.Elle était capable de juger Alistairautrement que selon les valeurs qu’onavait essayé de lui inculquer. Malgré

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tous ses efforts, son père avait échoué,car elle ne pensait pas comme lui. Il yavait des parties d’elle-même qu’iln’avait pas atteintes. Cette révélation futprofondément émouvante et libératrice.Et c’était Alistair qui l’avait renduepossible. Sans lui, elle n’aurait peut-êtrejamais eu à faire un choix aussidéterminant. Jusqu’ici, elle n’avaitjamais eu à accepter l’inacceptable.Chez les gens comme il faut, de telleschoses n’étaient pas censées arriver.

Tandis que l’univers de Jessicabasculait, Alistair restait immobile

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comme une statue, le visage fermé. Elleavait pris sa décision et lui, pas encore.

Avec beaucoup de délicatesse, elledétacha son chapeau, l’ôta et le posa surune chaise. Elle se dirigea vers la porteet frôla Alistair. Bien qu’il la suivît desyeux, il ne fit rien pour l’arrêter, maiselle savait qu’il la rattraperait si ellequittait la pièce.

Lorsqu’elle tira le verrou, ellel’entendit ravaler son souffle.

Elle s’approcha du lit et s’assit sur lebord du matelas.

Il lui lança un regard conquérant qui lafit frissonner. Et puis, il reprit

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rapidement une contenance étudiée,sérieuse, presque austère.

— Pour ce qui est de notre pari, dit-ilen mettant les mains sur les hanches, jevous rappelle qu’un tête-à-tête avec unhomme dans une pièce fermée à clé estgénéralement considéré comme unesituation hautement compromettante pourune honnête femme.

Un large sourire incurva les lèvres deJessica. Jusqu’ici, ils n’avaient pasencore eu l’occasion d’inverser lesrôles, comme ils en avaient convenu.

— Ai-je l’air d’une femme qui a peurde se compromettre ?

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— Avez-vous réfléchi à toutes lesconséquences possibles ?

Oui. Des caresses, des baisers, duplaisir. Elle avait besoin d’un momentd’intimité totale avec lui. Elle éprouvaitune véritable affection pour lui et de lagratitude pour les changements qu’ilopérait en elle.

— Oui, toutes, sans en oublier aucune.À cette réponse, le regard d’Alistair

devint brûlant.— Je ferais mieux de les énumérer,

pour être sûr, dit-il.— Non ! s’exclama Jessica. On ne

joue plus, on ne parie plus.

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— Dites-moi au moins pourquoi vousavez changé d’avis.

— La belle affaire !— Et pourquoi justement maintenant ?

Je vous ai invitée à me rejoindre dansma cabine et vous n’êtes jamais venue. Ily a cinq minutes, vous avez essayé departir. Pourquoi ce brusque revirement ?Cherchez-vous un moment d’oubli ?Croyez-vous que le fait de coucher avecmoi vous fera le même effet que le vinde Bordeaux ? Je vous préviens, je suisloin d’être un aussi bon cru.

— Je ne cherche pas l’oubli. Aucontraire, j’ai la ferme intention de me

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souvenir de chaque seconde de cettejournée.

Alistair ne trahit aucune émotion maisl’air semblait vibrer autour de lui.

— Je me sens proche de vous, reprit-elle. Mais pas encore assez. En medéshabillant, ça irait déjà mieux.

— Si vous êtes à bout de forces oudiminuée d’une façon ou d’une autre, jene veux pas de vous.

— Je suis en pleine possession de mesmoyens, rassurez-vous.

La prudence d’Alistair en disait longsur ses intentions. S’il avait juste voulucoucher avec elle, il l’aurait prise sans

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se soucier plus longtemps des raisonsqu’elle avait de s’offrir.

— J’ai envie de vous, ajouta-t-elle.Ça devrait vous suffire.

— Cette fois-ci, je ne suis pas prêt àm’arrêter en route. Il est midi. On vas’apercevoir de votre absence. Il y auraau moins votre femme de chambre etmon valet qui sauront ce que vous avezfait pendant ce temps-là. Et ils ne serontpeut-être pas les seuls, si jamais nousnous laissons aller à des débordementset qu’on nous entende.

Jessica le soupesa du regard.

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— Vous essayez de me décourager ?C’est peut-être vous qui n’avez plusenvie ?

Elle savait que ce n’était pas vrai, pasavec la façon dont il la regardait, maisson attitude était quand même unmystère.

— Je vous désire depuis tellementlongtemps, dit-il d’une voix sourde, queje ne me souviens pas d’un jour où cedésir m’aurait laissé en paix. Mais j’aibesoin de savoir que vous avez prisvotre décision en pleine connaissance decause. Il y a ce que vous êtes, il y a

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l’endroit où nous sommes et il y a ce queje suis. Réfléchissez bien !

Il marqua une pause et la regarda droitdans les yeux.

— Imaginez un peu la situation unefois que nous aurons franchi le point denon-retour, reprit-il gravement. Imaginezla tête des gens que vous allez croiser ensortant d’ici, quand ils verront votretoilette en désordre, vos cheveux enbataille et vos joues en feu. Imaginez-vous, assise en face de moi ce soir àdîner, entourée d’hommes qui n’aurontqu’à vous regarder pour savoir que j’ai

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fait des pirouettes avec vous toute lajournée.

La crudité du langage, au lieu de lachoquer, l’excita davantage. Ce n’étaitpas un galant qui se tenait devant ellemais un homme à l’esprit caustique, prêtà tout pour obtenir ce qu’il voulait.

Et il la voulait, elle. Cette certitudel’aidait à se sentir forte.

Alistair se rapprocha.— Demandez-vous ce que vous faites

ici, Jessica, insista-t-il. J’attendraijusqu’à ce que vous ayez la réponse.

— Pas besoin d’attendre, répondit-elle en montrant la chaise la plus proche.

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Asseyez-vous là, monsieur Caulfield.Vite ! Depuis le temps que j’y pense, ilest grand temps de passer à l’acte !

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13

Alistair pivota sur ses talons ets’approcha de la chaise que Jessica luiavait désignée. Avant de s’y asseoir, ilôta sa veste et l’accrocha au dossier.

— En vertu de notre accord, dit-il, jesuis censé faire entendre la voix de laraison, être un modèle de bonneconduite.

Jessica admira la fluidité de sesmouvements. Elle admira aussi sesfesses rondes et musclées et eut hâte deles voir nues.

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— Faites comme vous voudrez. Il estnotoire que vous détestez perdre vosparis. Mais je vous préviens que je neme laisserai pas détourner de monprojet.

Il posa ses mains à plat sur ses genouxet attendit. Entre ses jambes, sonpantalon étroit, à la mode du temps,laissait deviner les contours d’unemagnifique érection.

— Je serais prêt à sacrifier ma fortunepour vous avoir, dit-il avec ferveur.Alors, perdre mon pari, ce ne serait pascher payé.

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À ces mots, la poitrine de Jessica sedilata et elle se sentit à l’étroit dans soncorsage. Elle s’approcha d’Alistair etlui présenta son dos.

— Débarrassez-moi de ça !Ce qu’il s’empressa de faire,

délicatement. Lorsque sa robecommença à s’ouvrir en deux, Jessica sesentit un peu étourdie. L’odeurd’Alistair, ce mélange sans pareil,emplissait ses narines à chaqueinhalation. Elle brûlait de désir – et luiaussi sans doute. Elle avait hâte decaresser sa peau, de la humer, del’embrasser.

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Alistair lui dénuda les épaules, fitglisser les manches, et la robe serépandit sur le sol. Ensuite, il s’attaquaaux lacets de son corset avec la dextéritéd’un séducteur expérimenté. Elle avaitdéjà profité une fois de ses dons, s’enétait souvenue, en avait rêvé.

Il l’aida à faire descendre le corsetjusqu’à ses chevilles. Elle n’eut qu’àl’enjamber pour se sentir libre commejamais.

— Jess, murmura-t-il, une secondeavant de l’enlacer et de se blottir contreson dos.

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Il lui prit les seins et les pétrit avec unsavant mélange de douceur et defermeté.

Elle rejeta la tête en arrière, ferma lesyeux et soupira. Le désir des’abandonner était presque irrésistible,pourtant elle se retint. Elle ne voulaitpas lui laisser l’initiative. Des femmesqui se laissaient faire, il en avait eu plusque sa part. Jessica n’avait pas envie deleur ressembler, surtout après ce qu’ellelui avait dit l’autre soir. Cette fois, ilfallait que ce soit elle qui donne leplaisir et lui qui le reçoive.

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Elle fit demi-tour et se retrouvadebout entre ses cuisses. Elle lui prit latête entre ses deux mains et, se penchant,l’embrassa sur les lèvres. Il la prit parla taille et l’attira contre lui.

— Laissez-moi le temps de voussavourer, lui dit-elle en lui parlant toutcontre sa bouche. La dernière fois, vousn’avez pas voulu.

— Après sept ans, vous ne pouvez pasme demander d’être patient.

Elle enfonça ses doigts dansl’épaisseur soyeuse de ses cheveux.

— Après sept ans, nous ne sommesplus à cinq minutes près.

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Alistair leva vers elle des yeuxremplis de désir. Elle n’en revenait pasde susciter une telle réaction chez unhomme aussi superbe et voluptueux quelui. Elle, la veuve d’un paird’Angleterre, renommée pour sa retenue,pour ne pas dire sa froideur, et lui,débordant de sensualité.

Elle suivit le dessin de ses sourcils.Ils faisaient un arc élégant qui surmontaitdes yeux extraordinaires tout enconférant à son visage un je-ne-sais-quoid’espiègle. Elle lui caressa lespommettes avec le pouce et le força à

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rester immobile tandis qu’elle luidéposait un baiser sur le bout du nez.

— Bon Dieu, Jess ! dit-il d’une voixsourde. Si vous avez envie de me tuer,faites vite. Ne me torturez pasdavantage.

S’écartant légèrement, elle s’attaquaau nœud de sa cravate.

— J’ai encore quelque chose à faire.— Vous me rendez fou.Il la saisit par les hanches et la força à

se rapprocher jusqu’à ce qu’il puisseattraper un mamelon entre ses lèvres etle retenir captif dans la chaleur de sabouche.

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Même à travers le lin de sa chemise,le contact était brûlant. Elle se cambra,hoqueta, se cramponna à l’épauled’Alistair lorsque ses genoux sedérobèrent sous elle. Il la léchaitimpitoyablement, avec un art consommé.Elle fut forcée de se souvenir de la foisoù cette bouche avait déjà été sur elle.Ses seins devinrent lourds de désir.Lorsque le premier mamelon fut bien duret dilaté, Alistair s’occupa de l’autreavec la même application. Jessicaressentit les premiers effets de sa propreexcitation, un chaud suintement, la chair

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entre ses cuisses se préparant pour lasuite.

— Je vous veux nu, gémit-elle. Jeveux vous sentir en moi.

Il s’arrêta de la lécher.— Comptez-y. Vous allez très bien me

sentir. Je n’ai jamais été aussi dur. Jevais vous combler, et je vais vous fairejouir encore et encore.

Alistair défit les boutons d’ivoire deson gilet et s’en débarrassa. Lorsqu’il seleva, d’un seul mouvement à la foispuissant et souple, Jessica se recula d’unpas. Son propre corps lui paraissaitétranger. Elle n’était plus qu’un chaos

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d’émotions, à tel point qu’elle auraitpeut-être cherché à s’enfuir si sesjambes avaient accepté de la porter.

Sept ans. Tout se passait comme si sondésir pour lui avait couvé comme un feusous la cendre, n’attendant qu’unprétexte pour se réveiller. Maintenant, ilse répandait en elle par vagues,enflammant sa peau. Sa chemise et sespantalons, pourtant si légers, luisemblaient un fardeau, pourtant ellen’osait pas les ôter. Pour le moment, elleétait trop vulnérable, trop timide. Aucunde ses moyens de défense habituels –son comportement hautain, ses reparties

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cinglantes, ses manières impeccables –n’avait cours ici. Sans eux, elle ne savaitplus exactement qui elle était.

Alistair se rendit compte de l’agitationde Jessica. Il acheva lui-même dedénouer sa cravate et la mit de côté. Puisil ôta sa chemise, qui suivit le mêmechemin. Il allait déboutonner sabraguette lorsque Jessica l’en empêcha.

— Arrêtez, dit-elle, ravalant sa salive.Elle avait soudain la bouche sèche.

Habillé, Alistair était l’élégance faitehomme mais, sous ses vêtements, il yavait un mâle magnifique. Sa peau doréeavait été souvent au soleil. À voir les

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muscles de ses bras et de son ventre, ilne répugnait pas à travailler avec sesemployés.

Sa main se projeta en avant comme sielle était animée d’une volonté propre.En sentant le cœur d’Alistair battre soussa paume, Jessica frissonna de la têteaux pieds. Il y avait tant de force en lui.Il avait hâte de la posséder, cela sevoyait, cela se sentait. Et elle tremblaitd’impatience à l’idée que toute cetteénergie allait bientôt servir à lui donnerdu plaisir.

Il l’attrapa par les poignets.

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— Je vous désire si fort que ça faitmal.

— Vous n’êtes pas le seul.Elle se libéra facilement et le prit par

les épaules. De ses deux mains, ellecaressa sa carrure, puis descendit lelong des biceps, si fermes qu’elle neréussit pas à y enfoncer les doigts. Ilétait dur et tiède comme du marbrechauffé au soleil. Elle avait envie de letoucher partout, de prendre son temps, lehumer, l’absorber avec l’air qu’ellerespirait. Elle le voulait, lui. Elle levoulait plus que tout au monde. Du désir,

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voilà tout ce qu’il restait d’elle une foisprivée de ses repères habituels.

Il serra les poings lorsqu’elle sehasarda à lui caresser le ventre.

— Est-ce que vous mouillez ? Est-ceque vous sentez un vide entre voscuisses ? Un vide que vous voudriez queje comble ?

Jessica acquiesça tandis que son sexese contractait.

— Laissez-moi vous pénétrer, dit-ild’une voix rauque, la tentation incarnée.Laissez-moi me glisser en vous et vousfaire jouir…

— Plus tard.

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Elle l’enlaça, se serra contre lui,remettant à plus tard sa reddition. Dubout de la langue, elle lui lécha unmamelon. Il ravala son souffle etl’empoigna par les hanches avec un peutrop de force pour que ce soit agréable.

— Dans une seconde, je vais vousplaquer contre la cloison et vousprendre sans vous demander votre avis.

— Où est passé ce louable sang-froiddont vous avez fait preuve l’autre soir ?

— Vous étiez soûle comme une grive.Je savais en commençant que je n’iraispas jusqu’au bout. Maintenant, c’estdifférent. Il est trop tard pour faire demi-

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tour. Je sais que je suis sur le point devous posséder enfin après avoir eu enviede vous pendant trop longtemps.

— Alistair…Il l’embrassa sur le front – un baiser

bref et un peu brutal.— Bon Dieu, j’essaie de me

comporter comme un être civilisé. Je meretiens de vous renverser sur le plancheret de vous sauter dessus comme un cerfen rut. Mais je ne suis qu’un homme – etpas le meilleur d’entre eux – et je saisque ça va être bon, nous deux. Je nepourrai plus m’arrêter. C’est pourquoi jesuis pressé de commencer.

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Jessica se figea. Son souffle haletantcaressait la poitrine d’Alistair. Ilattendait beaucoup de leur étreinte. Ellene pouvait pas le décevoir. Elle n’enavait pas le droit. Elle allait faire ensorte de lui donner tout le plaisir qu’ilespérait. Elle commença à luidéboutonner sa braguette.

De son côté, il lui ôta une à une lesépingles qui retenaient ses cheveux.

— Je veux sentir la caresse de voscheveux sur tout mon corps. Je veux m’yagripper quand je vous chevaucherai.

Elle glissa une main dans son caleçon.Il grogna et sursauta quand elle s’empara

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de son sexe.— Que vous êtes brûlant ! dit-elle.Elle lui baissa le pantalon et le

caleçon. Alistair poussa une plainteanimale lorsque Jessica s’empara de sonsexe.

Elle hoqueta en voyant ce membremagnifique qui se tendait vers elle. Elleaurait peut-être dû s’y attendre maisdans ce domaine elle n’avait pasbeaucoup d’expérience. Elle s’étaithabituée à un homme et n’avait jamaispensé devenir intime avec un autre.

Après ses yeux, ses doigts partirent enexploration. Elle suivit le tracé sinueux

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de la grosse veine qui courait sur toutela longueur. Il était complètement,superbement déployé. Il était très bienmonté – aussi impressionnant au-dessousde la ceinture qu’au-dessus. Elle sedemanda si elle allait pouvoir loger enelle ce membre-là, avec toute salongueur et toute son épaisseur.

— Dites quelque chose, Jessica.Dites-moi qu’il vous fait envie.

— Je vais plutôt vous le montrer.Après s’être léché les lèvres, elle

tomba à genoux.Il s’immobilisa, agrippé à ses

cheveux.

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— Jessica !En entendant la voix d’Alistair,

éraillée par une émotion nouvelle,Jessica en oublia la dureté du sol sousses genoux nus. Il se mit à respirerlaborieusement et une fine pellicule desueur fit briller son ventre.

De cette façon-là, au moins, elle étaitcertaine de lui donner du plaisir. Elleouvrit les lèvres. L’eau à la bouche, elleengloutit le gros bulbe.

Alistair tressaillit violemment et lâchaun juron. En réponse, Jessica fit entendreun murmure de satisfaction, ses joues se

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creusant tandis qu’elle l’aspirait pour nerien perdre de sa saveur.

Il lui prit la tête entre ses deux mainset se mit à psalmodier tout en luicaressant les joues.

— J’en ai rêvé, Jessica, dit-il. J’enavais tellement envie qu’il y avait dequoi devenir fou.

Il se mit à remuer d’avant en arrière,faisant coulisser son sexe entre leslèvres de Jessica. Elle leva les yeuxvers lui. Dans le plaisir, ses beaux traitsavaient pris une expression terrifiante.La peau de ses joues était tendue sur sespommettes. Une grimace presque

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douloureuse tordait sa bouche. Elleaurait peut-être pris peur s’il n’y avaiteu la tendresse de son regard et de sescaresses.

Elle repensa au traitement qu’il luiavait réservé l’autre jour, se souvint ducontact de sa langue et de ses doigts surelle, en elle et, pour finir, del’intolérable extase. Elle voulait luirendre la pareille, graver dans samémoire un souvenir tout aussiinoubliable.

D’une main, elle s’agrippa à sesfesses et, de l’autre, elle lui caressa lesbourses. Il sursauta en lançant un juron

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lorsqu’elle soupesa la lourde grappe,puis se mit à la pétrir du bout de sesdoigts délicats. Sa langue n’était pasmoins aventureuse. Elle papillonnaitautour du gland, s’attardant parfois surla saillie en couronne à sa base.

— Bon Dieu ! dit-il en hoquetant,tandis que les muscles de son ventre secontractaient et vibraient sous la peau.Oh, Jess ! Plus fort… Plus vite…

Elle saisit son phallus tout près de laracine, serrant juste assez pour le fairetrembler et gémir. Il s’abandonnaittotalement. Elle serra les cuisses – unetentative pour soulager la tension qui

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devenait insupportable. Sa fente étaitmouillée, palpitante de désir. Mais ellene voulait pas se laisser distraire pourpouvoir engranger dans sa mémoiretoutes les nuances de son expressionlorsqu’il jouirait, ce qui, elle le sentait,n’allait pas tarder. Elle ne sereconnaissait plus. Elle avaitl’impression d’être quelqu’un d’autre,une créature sauvage, sans frein nilimites, sans règle ni loi, une force de lanature…

Alistair lui passa ses doigts sur leslèvres. Elle ouvrait grand la bouchepour lui faire de la place. Il en résultait

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un léger inconfort qui lui interdisait deperdre la notion du temps. Cela n’avaitjamais ressemblé à ça avec Benedict.Son mari avait toujours été doux etdélicat, faire l’amour avec lui avait étéplein de tendresse et de sollicitude. Aucontraire, Alistair était spontané,instinctif, ce qui permettait de créer unevéritable intimité. Elle ne s’était jamaissentie aussi proche de quelqu’un d’autre,n’avait jamais eu l’impression d’unaussi beau lien.

— Ça vient, dit-il d’une voix rauque.Ah ! cette bouche est divine…

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Alistair lui immobilisa la tête et pritson dû, les allées et venues de sonbassin se faisant de plus en plus rapides.Elle lui agrippa les cuisses, suça plusfort, fit tournoyer sa langue autour dugland avec une fiévreuse impatience.Les bruits qu’il faisait, les grognementset les cris d’approbation qu’il poussaitexcitèrent tellement Jessica qu’elle futtoute proche de l’orgasme.

— Oh, oui ! s’écria-t-il tandis que songland se dilatait encore, une secondeavant que la première giclée de semencese répande sur la langue de Jessica.

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Il jouit avec la même intensité qu’ilfaisait tout le reste. Les tendons de soncou saillirent lorsqu’il renversa la têteen arrière pour pousser un cri gutturaltandis qu’il se déversait dans la bouchede Jessica.

Elle récolta le reste avec de gracieuxmouvements de la main et du poignet, nevoulant rien perdre d’un si ardent désir,réclamant son tribut avec une exultationbarbare.

Son membre n’avait pas encorecommencé à mollir que déjà il la prenaitpar les bras et l’incitait à se relever.

— Jessica !

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Il la souleva et l’emporta jusqu’au lit.

Après un orgasme assez violent pourlui couper les jambes, Alistair n’avaitqu’une envie : faire subir le même sort àJessica. Il se sentait à l’étroit dans sapropre peau. Ses cheveux étaienttrempés de sueur. De grosses gouttes luidégoulinaient dans le cou. Tous sesmurmures et tous ses gémissements luiavaient asséché la bouche.

Il n’avait jamais imaginé que çapuisse être aussi bon. Elle l’avait sucécomme une affamée, se cramponnant àlui comme si sa vie en dépendait et qu’il

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n’aurait pas pu la repousser sans la tuer.Comme si une telle chose eût étépossible ! Même si le bateau avaitsubitement fait naufrage, il n’aurait sansdoute pas pu lui demander d’arrêter.

Jessica fourrageait dans ses cheveux,son corps adorable lové contre lui. Ill’assit sur le bord du lit et lui ôta sachemise, qu’il jeta dans un coin. Iladmira ses seins ronds et pleins qui sesoulevaient à chacune de sesinspirations. Il les prit dans ses mains etpromena ses pouces sur les mamelonsdurcis. Elle se rejeta en arrière enprenant appui sur ses coudes. Son beau

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visage était empourpré et ses yeux grisétaient si sombres qu’ils étaient presquenoirs. Son abondante chevelure blondecascadait en désordre sur ses épaules.Elle était sublime, sans doute la plusbelle femme qu’il ait jamais vue.

— Merci, susurra-t-il en se penchantpour prendre un mamelon dans sabouche.

Elle se laissa faire. Son abandon totalsignifiait beaucoup pour Alistair – bienplus qu’il n’aurait pu l’exprimer avecdes mots. Il avait tellement eu besoind’elle depuis si longtemps, et elle sedonnait avec générosité et enthousiasme.

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La langue d’Alistair allait et venait surla pointe du sein. Parfois, il l’aspirait. Ileffleurait, suçait délicatement. Juste cequ’il fallait pour qu’elle demandedavantage.

— Alistair, murmura-t-elle d’une voixqui exprimait sa complète reddition.

Elle avait abdiqué toute résistance,toute prudence. Il ne savait pas pourquoielle s’abandonnait totalement entre sesbras et il se dit qu’il aurait tout le tempsd’y réfléchir plus tard. Pour l’heure, toutce qu’il voulait, c’était qu’elle sedisloque de plaisir et qu’elle crie sonnom en jouissant.

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Il glissa sa main entre les cuisses,dans l’échancrure de ses pantalons,cherchant la fente dans la toison. Elleétait là, humide et glissante à souhait. Ilfureta, écarta les replis soyeux, glissadeux doigts en elle. Elle était prête. Plusque prête. Mouillée, chaude. Comme unfruit mûr qu’il n’y avait plus qu’àcueillir. Il fit aller ses doigts d’avant enarrière et d’arrière en avant, grinçantdes dents malgré lui lorsqu’il la sentit secontracter. Il lui téta le sein une dernièrefois avant de la lâcher.

Jessica s’écroula sur le lit. Tout enblancheur et en blondeur sur fond de

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courtepointe brun foncé, elle avait l’aird’un ange déchu. Il la prit par les genouxet lui fit écarter les jambes.

— Que c’est beau ! soupira-t-il enadmirant avec convoitise les nymphesroses et luisantes.

Il se demanda s’il allait la mettre toutenue, puis il décida que non. Ils sedéshabilleraient plus tard, lorsqu’ilsauraient fait l’amour une fois et qu’ill’aurait imprégnée de sa semence etqu’elle serait comblée.

Alors, il s’allongea sur elle et, tout enla couvrant de baisers, il empoigna sonsexe, le lui glissa entre les cuisses et

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frotta son bulbe contre les petites lèvres.Elles étaient comme des pétales de rose,douces et veloutées. La sensation futexquise au point que son pénis grossitencore, se gorgea de sang, comme s’iln’avait pas déjà connu un orgasmefoudroyant dix minutes plus tôt.

— Vous êtes encore tout dur, soupira-t-elle en redressant un peu son buste.

— Pour vous, toujours. J’ai l’intentionde vous chevaucher toute la saintejournée, promit-il d’une voix sourde. Ettoute la nuit.

— C’est plus facile à dire qu’à faire,dit narquoisement Jessica.

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Alistair dévoila ses dents, enesquissant ce qui pouvait être interprétécomme un sourire.

— Un défi, Jessica ? Vous meconnaissez, vous savez comment j’yréagis.

Il s’installa au bord de la fente etpoussa tout doucement, rencontrant unerésistance qui était le gage d’un and’abstinence. Elle hoqueta lorsque legland força le passage dans l’étroitfourreau. Il ravala un cri de plaisir et necéda pas à la tentation de plonger en elled’un seul coup, ce qui l’auraittranspercée. Il ne fallait pas aller trop

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vite en besogne, qu’elle ait le tempsd’apprécier pleinement, de savourertous les plaisirs des sens. Il voulaitqu’elle sente sa chair s’ouvrir tandisqu’il s’enfoncerait en elle, millimètreaprès millimètre, jusqu’à la garde.

Alors, il lui tint les cuisses grandesouvertes et la pénétra, les yeux rivés surle point où leurs ventres se joignaient. Ilcherchait de l’air, ses poumons lebrûlaient. Les parois entre lesquelles ilse faufilait étaient douces et palpitantes.Alistair dégustait ces magnifiquessensations. Il n’y avait plus un seul nerfde son corps qui ne participât à la fête.

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Il ruisselait de sueur, son dos et sapoitrine en étaient trempés, conséquencedes efforts qu’il faisait pour secontrôler.

— Vous êtes si étroite, dit-il entre sesdents. Étroite et brûlante.

Elle s’agitait fiévreusement sous lui,se mordillait les lèvres tandis qu’ilallait et venait avec une lenteur calculée,s’enfonçant un peu plus profondément àchaque nouvelle poussée.

— Par pitié, plus vite ! gémit-elle.Alistair la mordit à l’épaule. Assez

fort pour laisser une marque, mais pasassez pour abîmer la peau. C’était un

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geste instinctif. Le sexe de Jessica étaiten train d’aspirer le sien comme unebouche. Chair dans chair, sans rien pourfaire écran. La sensation était inouïepour lui. Pas une seule fois dans sa vie iln’avait pris une femme sans protection.Avec Jessica, c’était différent. Il avaittoujours su qu’elle lui était destinée,depuis la première seconde où il l’avaitvue.

Il s’appuya sur les bras tendus et semit à osciller du bassin sur un rythmelent et régulier. Elle profita de sa libertéde mouvement pour lui enrouler sescuisses autour de la taille et pour

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l’inciter à plonger le plus profondémentpossible en elle. Lorsqu’il y fut jusqu’àla racine, avalé complètement, elle sevida de son souffle avec un son rauquequi était à moitié son prénom et à moitiéun cri.

Il s’immobilisa, le temps qu’elles’habitue à cette invasion. Elle leregarda avec des yeux ronds. Où étaientpassées la froideur, la morgue qui lacaractérisaient ? Elle était brûlante souslui.

Ils étaient en présence l’un de l’autre,sans artifices, toute distance abolie, etleurs physionomies reflétaient la même

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vulnérabilité, le même abandon, lamême confiance.

Lorsqu’elle se redressa pourl’embrasser sur la pointe du menton, ilen fut ému jusqu’au tréfonds de l’âme. Iln’était que désir après sept ans d’attenteet elle avait le pouvoir de l’apaiser avecun simple baiser. À la férocité de sondésir elle opposait sa tendresse.

Alistair frotta sa joue contre celle desa chère Jessica. Ils allaient bienensemble – exactement comme il s’yétait attendu. Belle, irréprochableJessica. Une femme qui n’avait besoinque d’un seul regard pour ramener

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l’ordre dans une assemblée de gensturbulents. Pourtant, elle semblait avoirété faite pour lui, le moins sage de tous.

Il était né pour donner du plaisir auxfemmes de toutes les façons possibles.Sans prétention, il savait que la naturel’avait avantageusement pourvu.Aussitôt qu’il s’était rendu compte queça plaisait aux femmes, il en avait tiréparti.

Mais, au fond, ses généreux attributsn’avaient jamais été destinés qu’àJessica. Il avait été fait pour elleexactement comme elle pour lui.

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Il lui lécha le lobe de l’oreille, elleréagit par une contraction involontairedes muscles de son vagin.

— C’est la perfection même,murmura-t-il en l’accompagnant tandisqu’elle se laissait retomber sur le lit.Vous et moi, les deux moitiés d’un tout…

Jessica l’agrippa par les avant-bras etfit tournoyer son bassin, lui ouvrant lepassage.

— Par pitié ! implora-t-elle une foisde plus d’une voix rauque comme unfeulement.

Solidement appuyé sur ses paumesouvertes, il se retira doucement,

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savourant la pression des paroishumides qui semblaient vouloir leretenir. Puis il replongea en elle enpoussant pour vaincre une légèrerésistance. La tête de Jessica se mit à sebalancer d’un côté et de l’autre. Elleferma les yeux, ce qu’il ne pouvait pasaccepter. Il avait besoin qu’elle gardeles yeux ouverts pour traverser ensemblel’orage qui s’annonçait. La pressions’accumulait et faisait frémir son sexe,l’avertissant que l’orgasme était proche.

Il lui passa ses bras sous les épauleset, après l’avoir immobilisée en lasaisissant par la nuque, il l’embrassa à

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pleine bouche en inclinant la tête sur lecôté pour sceller leurs lèvres. Elle leprit par la taille et se cambra. Leurstorses étaient collés l’un à l’autre parune fine pellicule de transpiration. Ilbougeait. Elle bougeait. Ils trouvèrent lebon tempo. Elle lui griffait le dos. Ill’embrassait avec âpreté. Sa langueallait et venait au même rythme que sonsexe avec pour seul et unique but de larendre folle de plaisir.

Maintenant, Alistair plongeait en ellede toute la longueur de sa hampe. Iltrouva un point qui la faisait frissonneret s’y attarda, passant et repassant

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dessus. Lorsqu’elle jouit, il poussa ungrognement en sentant les musclesdélicats de son vagin frémir autour deson phallus. Il attendit qu’elle soit aupinacle avant de jouir à son tour.

Puis il ralentit, glissant lentement dansun sens puis dans l’autre, redressé surses bras tendus pour voir comment leplaisir se répandait en elle. La voie étaitouverte. Elle l’acceptait sans réserve.Elle avait les yeux dans le vague, leslèvres gonflées. Elle murmura sonprénom. Aussitôt, il redevint dur.

— Vous n’avez pas, euh, vous allezencore… balbutia-t-elle.

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— J’ai dit « toute la sainte journée »,rappela-t-il en accélérant le rythme. Ettoute la nuit.

Elle lui enfonça ses ongles dans le doset écarta les jambes autant qu’elle put.

— Oui…

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14

Jessica fut réveillée par une caressesur son avant-bras. Elle était couchéesur le ventre, un bras en travers du torsed’Alistair. Son corps était lourd,endolori mais satisfait. Pendant un longmoment, elle resta là sans bouger.C’était étrange de se réveiller auprèsd’un homme. Étrange et étonnammentagréable. L’intimité d’après l’amour…

Dehors, le soir tombait. Le soleil, quiavait brillé tout l’après-midi à traversles hublots, était en train de pâlir.

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Quelques heures avaient passé, pendantlesquelles Jessica avait connu plusieursorgasmes. Elle ne se serait jamais cruecapable de jouir autant de fois à la suiteni qu’un homme puisse avoir autantd’énergie. Il était arrivé que Benedict laprenne deux fois dans la même nuit maisil avait laissé passer quelques heuresentre la première union et la seconde.Alistair, lui, n’avait pas eu besoin debeaucoup de temps pour reprendre desforces – un bref instant, pas plus. Il avaitexpliqué que c’était à cause d’elle,parce qu’elle était incroyablementdésirable. Et puis, il était plus jeune que

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Benedict. Et même un peu plus jeunequ’elle… mais elle aimait mieux ne pasy penser.

La grande révélation de la journée,c’était que l’ardeur d’Alistair nel’effrayait plus. Évidemment,puisqu’elle n’était pas moins ardenteque lui. La gratitude dont Beth avaitparlé, elle était bien là, mais au milieud’une douzaine d’autres émotions.L’affection qu’elle éprouvait pourl’homme étendu à côté d’elle était assezforte pour lui dilater le cœur.

Se retournant, elle glissa une jambesur celles d’Alistair et lui embrassa

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l’épaule. Il poussa un soupir d’aise.— Si j’avais su que cela vous rendrait

aussi tendre, dit-il tandis que ses yeuxbrillaient, j’aurais attendu moinslongtemps pour vous mettre dans mon lit.

— Une semaine ! Ça vous a parulong ? s’écria-t-elle.

En le disant, elle s’étonna de lui avoircédé si vite.

— Une semaine et sept ans, rectifia-t-il. Je me demande ce qui a brusquementfait céder votre résistance et adoucivotre caractère.

Il attrapa la main qu’elle lui avaitposée sur la poitrine et l’embrassa.

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— Eh bien, je vais vous le dire. Pourcommencer, je ne comprenais pas tousles aspects de notre association. Et je nepouvais pas concevoir une liaison avecvous autrement que comme une sourcede complications superflues. Je ne medoutais pas qu’un amant était ce quipouvait arriver de mieux à une veuve,que c’était un moyen naturel de laconsoler et que ça lui permettait dereprendre goût à la vie sans son époux.

L’étreinte d’Alistair sur la main deJessica se resserra d’un cran.

— Vous avez découvert çaaujourd’hui ?

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Jessica hocha la tête et se rapprocha.Elle se sentait bien, lovée contre lui. Ensûreté. Libre.

— Je suis prête à profiter de voussans vergogne, maintenant que je saisque, lorsque l’heure viendra de nousséparer, nous le ferons d’un cœur léger.Cette expérience m’aura rendue plussavante et plus forte.

— C’est tout ce que je suis pour vous,une expérience ? demanda-t-il d’un tonpensif. Et vous les prévoyez pour quand,ces aimables adieux ?

Elle haussa les épaules.

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— Je n’en sais rien. Et, pour tout vousavouer, je ne m’en soucie guère.

Elle avait déjà beaucoup changé grâceà lui, et de maintes façons. Cette liaisonn’allait pas seulement être uneexpérience mais aussi une aventure, nonmoins riche en promesses que sonvoyage aux Antilles.

— Et si je m’en souciais, moi ?murmura-t-il.

Il avait parlé d’un ton léger. Jessica enfut peinée mais elle fit en sorte de ne pasle montrer. Ce n’était pas la fauted’Alistair si elle n’était pas capable dela même désinvolture que lui et elle ne

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voulait pas qu’il regrette de s’êtreautorisé une passade avec elle.

— Balivernes ! Nous savons tous lesdeux que vous serez le premier à vouslasser.

— Soyons clairs, dit Alistair. Nousnous séparerons dès que l’un d’entrenous cessera de désirer l’autre, c’estbien ça ?

— Vous savez mieux que moi commentcela se passe dans ce genre de situation.

Alistair la força à se coucher sur ledos, se mit sur elle et se glissa entre sesjambes. Son odeur de mâle était plusgrisante que jamais.

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— Vous rendez-vous compte que vousme mettez au défi encore une fois ? dit-ild’une voix caressante. Cette fois-ci, ils’agit de vous attacher à moiindéfiniment.

Elle leva les yeux vers lui. Sescheveux, qui pendaient autour de sonvisage, lui donnaient un air de brigand.Elle lui caressa le front.

— Vous auriez tôt fait de vous lasserd’une maîtresse un peu trop énamourée,j’en suis certaine.

Avec un mouvement de bassin d’uneprécision diabolique, il appuya songland contre la fente de Jessica et la

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pénétra d’un millimètre. Elle étaitencore mouillée. Il l’avait comblée toutà l’heure et elle était prête àrecommencer. Alistair glissa la mainentre leurs deux ventres, chercha leclitoris et, lorsqu’il l’eut trouvé, lecaressa d’un doigt léger comme uneplume. Elle poussa un soupir. Elle étaitun peu endolorie mais il en aurait falludavantage pour l’arrêter. Elle avaitbesoin de se laisser emporter par leplaisir. Elle avait besoin d’oublier cetteconversation au sujet de la fin de leuraventure alors qu’elle n’en était encorequ’à savourer les prémices.

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La bouche d’Alistair planait au-dessusde la sienne, incurvée par un sourire,mais son regard était empli dedétermination.

— Moi, me lasser d’une maîtresseénamourée ? dit-il. Je demande à voir.

D’une seule poussée, il la pénétra.Surprise, Jessica laissa échapper unpetit cri. Alistair avait été si délicatjusqu’ici, lui donnant le temps desavourer chaque étape avant de passer àla suivante. Cette fois, il s’agissait de sel’approprier. Il la revendiquait commesa chose. La chair de Jessica s’écartadocilement.

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— Allez-y, amourachez-vous de moi,dit-il d’un ton cajoleur. Soyez aux petitssoins pour moi. Vous verrez bien lerésultat.

Jessica voulait répondre qu’ellen’avait nulle envie de hâter leurséparation, mais il commença à aller etvenir. Ses mouvements étaient toujoursaussi fluides qu’auparavant mais plusviolents. Il plongeait en elle jusqu’aufond, l’épaisse hampe de son magnifiquepénis excitant d’innombrablesterminaisons nerveuses. Elle se mit à luigriffer le dos.

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Il l’embrassa sur la tempe et se frottacontre sa joue.

— Cette fois, Jessica, murmura-t-il, jevais vous baiser comme j’en ai rêvépendant toutes ces années.

La crudité de cette menace contrastaitavec la tendresse de son baiser. Le désirde Jessica décupla. Alistair la prit parles mollets et lui leva les jambes,l’écartelant. Le coup de boutoir suivantla fit crier. Cet infatigable mouvement deva-et-vient procurait un plaisir bienproche de la douleur. Elle se mordit leslèvres pour s’empêcher de crier encore.

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Comme il prenait appui sur sesgenoux, son bassin flottait librement au-dessus de Jessica, ce qui autorisait unegrande mobilité. Elle avait les jambesaccrochées aux bras d’Alistair et lepubis tourné vers le haut, si bien qu’elleétait sans défense contre ses assauts. Sonphallus pénétrait en elle à une vitessevertigineuse, ses hanches ne faisaientque s’élever et retomber, ses bourses luiclaquant contre les fesses à intervallesréguliers.

— Est-ce bon ? demanda-t-il d’unevoix éraillée.

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Elle laissa échapper des sanglots deplaisir. Le grand corps d’Alistair lasurplombait, la dominait, elle ne voyaitplus rien en dehors de lui. Elle n’avaitplus rien à quoi se raccrocher. Elle neconnaissait plus que le désir, chaquecellule de son corps chantant leslouanges de l’homme qui était en trainde la chevaucher.

— Jess, grogna-t-il, je ne m’enlasserai jamais. Mon Dieu… je ne saispas si je pourrai m’arrêter.

Des gouttes de sueur tombèrent de sonfront tandis qu’il allait et venait à grandscoups.

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— N’arrêtez surtout pas ! cria Jessica.Elle libéra une de ses jambes et

l’enroula autour de la taille d’Alistair,s’emparant de lui à sa manière.

Ses entrailles se mirent à palpitersoudain et, lorsque l’orgasme déferla enelle, sa peau s’enflamma comme si elleétait léchée par un feu. Sous les coupsde fouet du plaisir, la coquille danslaquelle elle avait vécu toute sa vie sefendilla, éclata. L’amour avec Alistairl’avait ébranlée jusqu’au tréfonds, lalaissant démunie contre le déferlementde ses émotions. Elle eut l’impression

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de se désagréger. Ses yeux, tout à coup,s’emplirent de larmes.

La violence de son orgasme la fittressaillir. Les yeux bleus d’Alistairbrillaient fiévreusement dans lapénombre. Jessica gémit lorsqu’ils’enfonça le plus profondément possibleet se mit à faire tournoyer son bassin, luiappuyant sur le clitoris juste ce qu’ilfallait pour qu’elle jouisse encore etencore.

Elle le prit par la nuque et se soulevapour l’embrasser à pleine bouche. Enmême temps, elle sentit le sexed’Alistair qui palpitait.

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— À mon tour, dit-il, l’agrippant parles épaules et recommençant à bouger.Accrochez-vous à moi.

Jessica colla son visage contre lapoitrine trempée de sueur et se laissabercer au rythme de ce corps quis’agitait contre le sien. Il se remit à alleret venir en elle sur toute la longueur desa hampe. Le frottement provoquait dessensations exquises. Jessica faillit sepâmer, mais elle résista car elle voulaitêtre lucide pour assister à l’orgasmed’Alistair. Il avait passé l’après-midi àne penser qu’à elle, sans jamais donnerlibre cours à ses propres envies.

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Maintenant, enfin, il semblait sur lepoint de s’abandonner.

Elle l’entendit grincer des dents.— Oui, oui ! psalmodia-t-elle.D’avance, elle consentait à tout, au

martèlement de ses hanches et au furieuxpilonnage de son énorme phallus.Laissant là toute pudeur, elle devintsoudain assez audacieuse pour dire desmots salaces censés le rendre fou.

— Versez votre foutre en moi ! cria-t-elle.

— Eh bien ! s’exclama-t-il.Son gland se dilata en elle. À la

première giclée, épaisse et brûlante, elle

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hoqueta de plaisir. Il jouit avec force,longtemps, frémissant à chaque jet,agrippé au drap.

Ensuite, il frotta son visage et sontorse contre elle, comme s’il voulaits’imprégner de son odeur. Il donnal’impression d’être sur le point detomber en morceaux, exactement commeelle tout à l’heure. Alors, elle l’enlaçapour empêcher que ça n’arrive.

Le dîner tirait à sa fin. Alistairpianotait nerveusement sur la table, lesyeux rivés sur Jessica, qui était enconversation avec le capitaine.

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Elle portait une robe de couleur grise,discret rappel de son veuvage,boutonnée jusqu’au menton pourdissimuler la morsure d’Alistair.Comme il l’avait prévu, elle avaitvraiment l’air d’une femme qui a faitl’amour toute la journée, le teint vif etles lèvres gonflées. Ses yeux brillaient,sa voix était rauque et ses mouvementsétaient empreints d’une grâce nouvelle.Il ne l’avait jamais vue si détendue ni sibelle. Il aurait dû être fier de son œuvre,mais sa joie n’était pas sans mélange.

Il était fou d’elle, amoureux comme ilne l’avait jamais été d’aucune femme.

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Son destin avait radicalement changéaujourd’hui. Tout ce qu’il avaitconsidéré comme sacré – son célibat, saliberté d’aller et venir à sa guise, lapossibilité de se tenir en marge de lasociété autant qu’il en avait envie –, toutcela avait disparu. À partir demaintenant, c’était Jessica qui guideraitsa vie, parce qu’il ne pouvait plus sepasser d’elle. Cette révélation lestupéfiait. Il avait toujours su qu’ill’aurait. Mais il ne s’était pas douté que,l’ayant eue, il aurait envie de la garder.

Alistair poussa un soupir et se passala main dans les cheveux. Jessica le

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regarda par-dessus le bord de son verreet fronça les sourcils. D’un geste de lamain, il lui fit signe de ne pass’inquiéter.

Au lit, elle était d’une générosité quiallait au-delà du simple don de soncorps. Elle ne gardait rien pour elle :larmes, sourires, soupirs… Il avait dansle dos la trace de ses ongles, maisc’étaient les égratignures du cœur quipiquaient le plus.

Comment pouvait-elle avoir l’airaussi sereine après ce qu’ils avaientvécu cet après-midi ? C’était comme sielle ne mesurait pas les conséquences de

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ce qui s’était passé. Pourtant, ça n’étaitsans doute pas le cas. Jessica n’était legenre de femme qui fait l’amour à lalégère. Pour elle, l’union devait se fairesur deux plans, celui du corps et celui del’âme. Elle était forcément émue, mêmesi son satané maintien et ses bonnesmanières l’empêchaient de le montrer. Etlui, pendant ce temps, il se décomposaitet il n’était pas fichu de le cacher.

Il se sentit soudain à l’étroit dans cettecabine pourtant vaste. Sa respirationdevint laborieuse et il eut une bouffée dechaleur. Il passa un doigt entre sa

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cravate et son cou pour se donner del’air car il suffoquait.

Ce dîner n’en finissait pas. Il refusa letraditionnel verre de porto et prit congéaussitôt que ce fut possible sans paraîtregrossier. Après un bref sourire à Jessica,il sortit. Une fois sur le pont, il avalaune grande goulée d’air marin ets’appuya au bastingage en attendantd’aller mieux.

— Monsieur Caulfield ?Au son de la voix de Jessica, il ferma

les yeux. Des images de cet après-midilui revinrent en mémoire. Mais bien viteil se rendit compte de son erreur. Elle

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n’était pas dans son imagination. Il n’yavait pas d’échappatoire.

— Oui, Jessica ?— Êtes-vous, euh, est-ce que tout va

bien ? balbutia-t-elle.Tourné vers l’océan, il hocha la tête.Elle prit place à côté de lui et

ensemble ils regardèrent le reflet de lalune qui tremblait à la surface de l’eau.

— Vous êtes resté silencieux pendanttout le dîner.

— Je suis désolé, dit-ilmachinalement.

— J’aimerais savoir ce qui vouspréoccupe.

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— Je pensais à vous.Elle se tourna vers lui pour répondre.— Oh ? Ce serait flatteur si vous

n’aviez pas l’air si maussade.— Pas maussade, songeur, rectifia-t-

il.Mais, en son for intérieur, il dut

reconnaître qu’il était effectivementmaussade. Ce qui ne lui ressemblait pas,c’était de le montrer. Dans sa vie,beaucoup de choses dépendaient de sonaptitude à afficher en toutescirconstances un visage impassible.

— Au fait, reprit-il, nous n’avons pasfini notre conversation à propos de

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l’incident de ce matin sur le pont.Le menton levé, elle respira

profondément.— Je ne refuse pas de répondre, dit-

elle, mais êtes-vous sûr d’avoir envied’entendre parler de certains aspectsdéplaisants de mon passé ? Je vousavoue que j’aimerais mieux que vouspensiez à moi comme à une princesse deconte de fées plutôt que comme à unesimple femme faible et esquintée.

— Est-ce à dire que vous n’enattendez pas davantage de moi ?demanda-t-il d’un ton sec, furieux àl’idée qu’il puisse subsister la moindre

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distance entre eux. Vous seriez prête àvous contenter de la surface sanschercher plus loin ?

— Non.Elle lui posa la main sur l’avant-bras.

Aussitôt, il la recouvrit avec la sienne.— Il y a beaucoup de choses que

j’aimerais savoir de vous, dit-elle en leregardant dans les yeux. Tout, en fait.

— Pourquoi ?Un léger pli barra le front de Jessica.

Elle était très belle dans le clair de luneavec ses cheveux blonds teintés d’argentet sa peau aussi lumineuse qu’une perle.Il émanait d’elle une douceur qu’Alistair

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n’avait pas remarquée jusqu’ici. Il sedemanda si elle avait déjà été comme çapendant tout le dîner ou seulementmaintenant parce qu’ils étaient seuls. Ilpencha pour la seconde possibilité, cequi ne servit qu’à augmenter sonamertume – du diable s’il avait besoind’elle !

— Parce que vous me fascinez,répondit-elle à mi-voix. Chaque fois quej’ai l’impression de vous connaîtreenfin, vous faites quelque chose qui medéroute.

— Par exemple ?

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Elle baissa les paupières. Ses yeuxdisparurent dans l’ombre de ses longscils.

— Par exemple, lorsque vous prenezle gouvernail en pleine bataille. Ouquand vous organisez un pique-nique surle pont. Ou quand vous quittez ma cabinecomme l’autre soir.

Il hocha la tête.Elle se mordilla les lèvres, puis elle

se rendit compte que ce geste trahissaitsa nervosité et préféra s’arrêter.

— Je ne comprends pas votre attitude,ce soir. Vous ai-je déplu ?

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— Au contraire. Vous ne pourriez pasme plaire davantage sans que j’y perdela raison.

Il lui prit la main et entrecroisa leursdoigts. Jessica inspira longuement etprofondément avant de parler.

— La devise de mon père, c’était :« Qui aime bien châtie bien. »

Alistair se crispa.— Oh !— Et j’ai été bien « aimée », si vous

voyez ce que je veux dire, expliquaJessica en lui pressant un peu plus fort lamain. C’est pourquoi les brutes

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m’indisposent, surtout celles quin’épargnent même pas les enfants.

Alistair trépigna de colère.— Hadley vous battait ?— Je devais être une petite fille

particulièrement turbulente.— Et alors ? Raison de plus pour être

patient !— Ce qui est fait est fait, conclut

Jessica avec fatalisme mais d’une voixqui tremblait un peu malgré tout. C’estloin, tout ça.

— Loin mais pas oublié, dit Alistairen se rapprochant. Vous avez étébouleversée aujourd’hui. Les vieilles

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plaies ne sont pas cicatrisées, ellessuppurent encore.

Jessica lui sourit timidement, plusadorable que jamais.

— En un certain sens, oui, dit-elle.Mais j’ai compris aujourd’hui quej’étais plus forte que je ne le croyais. Endépit de mon éducation, je suis capabled’admirer quelqu’un comme vous, qui aune conception du monde très différentede la mienne. Hadley a eu beau ne pasépargner le fouet, je suis toujourscapable de profiter complètement de ceque vous avez à offrir.

Le cœur d’Alistair se serra.

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— Coucher avec moi a été un acte derébellion envers Hadley, parce que voussaviez qu’il désapprouverait ?

— Non ! J’ai couché avec vous pourcélébrer le fait que l’opinion de Hadleyne me préoccupait plus. Vous ne pouvezpas imaginer le soulagement que j’aiéprouvé lorsque je me suis rendu compteque son emprise sur moi était moinsforte que je ne l’avais cru. J’avais gardéun peu de mon individualité et, en tantqu’individu, j’avais envie de vous.

— Cela a-t-il quelque chose à voiravec le fait que, selon vous, il n’y a rien

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de tel qu’un amant pour consoler lespeines d’une veuve ?

Il aurait préféré parler sur un tonmoins amer mais le nœud qui luiétreignait l’estomac interdisait ladésinvolture. Pas sur un tel sujet. Il avaitapparemment tout pour plaire à Jessica,sauf le plus important – elle ne semblaitpas disposée à lui livrer son cœur. Ilaurait voulu se contenter du rôle qu’ellelui assignait. L’aider à se libérer deHadley et à faire son deuil de Tarley,c’était déjà beaucoup mais pas assezalors que, pour lui, c’était une nouvellevie qui commençait.

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Jessica se détourna brusquement, samain libre agrippée au bastingage. Elleavait la tête haute et le dos raide. Il yavait quelque chose de farouche dansson attitude. Alistair la trouva d’autantplus désirable et digne d’égards.

— Vous savez ce que je pense,Alistair ? Je pense que vous voudriezme faire dire quelque chose – n’importequoi – qui me dégrade à vos yeux etvous donne un prétexte pour battre enretraite.

Battre en retraite ? L’idée étaitabsurde. En faisant l’amour avec elle, ilavait pris goût à la pureté, à l’innocence.

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Il ne pouvait plus rien y changer. Ildépendait d’elle, désormais, lui quin’avait jamais voulu dépendre de rien nide personne.

— Que pourriez-vous révéler quirefroidirait mon intérêt pour vous ?Éclairez-moi, afin que je sache ce que jedois cacher pour ne pas déchoir dansvotre estime. Si le fait que je me soisprostitué ne vous a pas dégoûtée, jerisque peut-être de vous déplaire en meconduisant décemment. Qui sait, ce sontpeut-être mes vices qui vous attirent ?

— Assez ! s’écria-t-elle en lui lançantun regard noir. Je n’aime pas beaucoup

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ce ton.— Je vous demande pardon, répondit

Alistair avec ironie. Ai-je dépassé lesbornes ? Si j’ai bien compris, pourquelqu’un comme vous, l’amant idéaldoit être juste un peu vaurien, pourvuqu’il ne pousse pas trop loinl’insubordination ?

Elle se libéra brusquement et pivota.— À demain, Alistair. J’espère

qu’après une bonne nuit de sommeil,vous serez de meilleure humeur.

— Ne partez pas !Il fut tenté de la retenir. Mais jamais il

ne ferait usage de la force contre elle,

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surtout après ce qu’elle avait vécu danssa jeunesse.

Elle se retourna.— Vous êtes impossible, ce soir.

Odieux. Et je me demande bienpourquoi.

— Je vais vous le dire : jusqu’ici, j’aitoujours cru que je pouvais avoir tout ceque je voulais pourvu que je m’en donnela peine. Si je faisais les sacrificesnécessaires, pactisais avec le diable, ymettais le prix… je pensais que tout étaitpossible, à portée de main.

Une petite voix dans sa tête luirecommanda la prudence mais il refusa

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de l’écouter.— Maintenant, continua-t-il, je me

trouve en présence de quelqu’un que jedésire plus que tout et je sais que je nepeux pas l’acheter ou le forcer àm’accepter. Le sentiment d’impuissanceest nouveau pour moi, nouveau etdéroutant. Ça me rend nerveux, irritable.

Des fossettes encadrèrent la joliebouche de Jessica.

— Que voulez-vous dire ?— Je voudrais que vous commenciez

à réfléchir à notre arrangement comme àquelque chose de permanent. Essayezd’envisager une interminable suite de

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jours comme aujourd’hui.D’innombrables matins à vous réveillerdans mes bras. Des chevauchées dansHyde Park. Vous et moi valsant devant leTout-Londres.

Jessica porta la main à sa gorge.— Vous seriez malheureux comme les

pierres.— Sans vous, oui.Il croisa les bras. La brise marine

fouettait ses cheveux.— Je regrette de ne pas vous avoir

présenté les choses de cette façon dès ledébut, reprit-il. Je sais que j’ai parlé denotre liaison comme étant temporaire.

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Mais mes intentions – mes besoins – ontchangé.

— Je ne suis pas sûre de biencomprendre vos intentions, réponditJessica. Qu’attendez-vous de moi ?

— Vous avez dit que vous ne vousinquiétiez pas de savoir quand la ruptureaurait lieu mais vous la considérezcomme inévitable, n’est-ce pas ?J’aimerais mieux que vous commenciezà penser qu’elle n’est peut-être pasfatale.

— Je croyais que nous étionsd’accord pour rester amants jusqu’à ce

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que l’un d’entre nous se lasse de l’autre.Que pouvons-nous faire de plus ?

— Nous pourrions essayer depréserver ça, dit-il en faisant un geste dela main qui semblait tracer une ligneentre leurs deux cœurs. Il ne faudra pasle laisser mourir. Si des problèmes seposent, on les résout. Si le désir faiblit,on cherche des moyens de le ranimer…

Jessica se lécha les lèvres.— Comment appelleriez-vous ça ?Alistair surmonta l’anxiété qui

menaçait de le rendre muet.— Je pense, répondit-il d’un ton

neutre, qu’on appelle ça « faire la

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cour ».

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15

Hester but son thé lentement. Autant,le soir venu, elle mourait de faim, autantle reste de la journée elle avait le cœurbarbouillé.

— Je vous suggère d’inverser lesrubans, Votre Grâce, dit-elle à lacomtesse de Pennington. Essayez lefeuille-morte avec le chapeau bleu et levert avec l’orange.

Elspeth se tourna vers Hester qui étaitassise sur un canapé dans un coin de lapièce.

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— Vous croyez ?Puis elle regarda les échantillons

d’étoffe étalés sur son lit. Finalement,elle fit signe à sa modiste de suivre leconseil de Hester et hocha la tête.

— Vous avez raison.Hester sourit. Elle avait été surprise et

passablement troublée quand ElspethPennington s’était soudain intéressée àelle. Et puis elle avait pensé que lacomtesse cherchait quelqu’un qui luitienne lieu de fille – rôle précédemmenttenu par Jessica –, et elle avait acceptéavec joie qu’elle lui tienne lieu de mère.

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— Vous devriez goûter les galettes aucitron, dit Elspeth. Je suis sûre que vousn’en avez jamais mangé d’aussi bonnes.Elles fondent dans la bouche.

— Merci. Une autre fois peut-être.La comtesse vint s’asseoir en face de

Hester.— Avez-vous essayé le thé au

gingembre ou le potage aux légumes ?Cela soulagerait votre estomac. Etabstenez-vous de nourritures tropgrasses au souper.

Il y eut un intervalle de silence et puisHester murmura :

— Cela se voit tant que ça ?

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— Seulement pour quelqu’un qui vousobserve presque tous les jours depuisune semaine.

— S’il vous plaît, n’en parlez àpersonne.

Les yeux d’Elspeth brillèrent devanttant de mystère.

— Regmont et vous, vous avez décidéde garder le secret ? Comme c’estromanesque !

Hester hésita avant de livrer le fondde son cœur.

— Regmont n’est pas encore aucourant.

— Oh ! Et pourquoi donc ?

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— Je ne me sens pas très bien. Je nepeux m’empêcher de penser que quelquechose ne va pas. Regmont n’est pas, euh,sans doute qu’il…

Hester posa sa tasse et sa soucoupesur la table basse qui les séparait.

— Bref, reprit-elle, il vaut mieuxattendre d’être sûrs que tout se passenormalement.

La comtesse se munit des pincettes enargent pour prendre une galette au citron.

— Ma chère, vous êtes en train deperdre une excellente occasion de vousfaire dorloter par votre mari. Une femme

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enceinte peut se permettre de demandern’importe quoi, on ne lui refuse rien.

— Regmont me donne déjà tout ce queje veux, répondit Hester.

En même temps, elle pensa : « Tout,sauf le plus important – être en paixavec lui-même. »

— Je ne l’ai pas dit non plus àJessica, ajouta-t-elle.

— Elle sera heureuse pour vous.— Sans doute, murmura Hester en

lissant ses jupes. Mais cela pourraitaussi la chagriner. J’ai estimé que pourle moment elle avait assez de raisonsd’être triste…

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— Elle en souffrira davantage si vousne le lui dites pas.

— Je lui ai écrit peu de temps aprèsson départ. Je pense que c’est lameilleure façon de faire. Si je ne suispas présente lorsqu’elle apprendra lanouvelle, elle ne se sentira pas obligéede faire bonne figure. Elle pourra réagirlibrement et lorsque nous nous reverronssa joie sera sans mélange.

Elspeth grignota sa galette et but unegorgée de thé.

— Vous êtes très proches, Jessica etvous ?

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Hester porta la main à sa poitrine, quilui faisait un peu mal, et la massadiscrètement.

— Oui. C’est non seulement une sœurmais une mère pour moi. Et, en mêmetemps, ma meilleure amie.

— Jessica m’a dit que vous étiezencore très jeune quand votre mère estmorte.

— J’avais dix ans, mais en un certainsens il y avait déjà longtemps qu’elleétait perdue pour moi. Elle étaitaccablée de mélancolie. Je ne faisaisque la croiser. Pour moi, c’était unfantôme – fragile, blême, sans vitalité.

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— Ma pauvre petite, dit Elspeth avecun sourire doux et compatissant. Lamaternité est un privilège. C’estdommage que lady Hadley ait étéincapable de s’en apercevoir.

— Jessica aurait fait une merveilleusemère. Et Tarley, un merveilleux père.

— On peut en dire autant de Regmontet de vous, j’en suis certaine.

Hester détourna les yeux. Elle sourittristement à la modiste qui était en trainde s’en aller avec les coupons choisispar Elspeth.

— Très chère, dit Elspeth d’un tondoux mais ferme pour attirer l’attention

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de Hester, serait-il possible que voussoyez tombée dans la mélancolie à votretour ?

— Oh, non ! En vérité, c’est juste quela plupart du temps je ne me sens pastrès bien. Et, pour tout vous avouer, jem’inquiète à propos du combat dedemain entre Regmont et Michael. Siseulement il existait un moyen de lesfaire changer d’avis. Regmont prend ceschoses-là tellement au sérieux !

— Vous avez de l’affection pourMichael.

Hester se sentit rougir. Depuis unesemaine, elle s’était souvent surprise à

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penser à Michael. Elle l’avait cherchédes yeux en ville ou dans les soiréesmondaines. La joie qu’elle éprouvait enl’apercevant était mêlée de tristesse carc’était la preuve que son amour pour sonmari ne l’obsédait plus.

— Michael est quelqu’un de bien, dit-elle sans se compromettre.

Elspeth posa sa tasse.— Je vais être honnête avec vous. J’ai

plus d’une raison de cultiver votreamitié. Je vous sais gré de votre aidedans le choix de mes chapeaux maisc’est un autre de vos talents dont j’aibesoin.

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— Si je peux vous aider d’unequelconque façon, j’en serais honorée.

— J’aimerais votre avis sur les jeunesfilles qui pourraient convenir à Michael.Puisque vous avez de l’affection pourlui, je pense que vous avez envie de levoir heureux en ménage.

— Bien entendu.Hester soutint le regard de la

comtesse. Sa bonne éducation lui avaitappris à dissimuler ses sentiments. Elleétait déçue mais elle ne pouvait pass’attendre que Michael reste toute sa viecélibataire.

Elspeth sourit gracieusement.

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— Merci. J’espère le voir casé avantla fin de l’année.

— Ce serait merveilleux, murmuraHester. Avec un peu de chance, nouspourrions même y arriver plus tôt queça.

On frappa à la porte.Jessica sourit, sachant d’avance qui

c’était. Alistair ouvrit la porte sansattendre de réponse et entra dans lacabine, sûr d’être le bienvenu.

Il était de plus en plus avenant. Il avaitbeaucoup changé depuis qu’ils avaientlevé l’ancre et surtout depuis qu’ils

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étaient amants. Ses beaux yeux bleussemblaient plus lumineux, plus rieurs,plus chaleureux. Il y avait une douceurnouvelle sur ses traits qui le rendaitencore plus beau – en supposant qu’unetelle chose soit possible. Il était toujoursaussi sensuel mais se mouvait à présentavec une lenteur mesurée. Comme si elleavait apprivoisé le fauve qui était en lui.C’était une idée un peu folle mais quiplaisait beaucoup à Jessica.

Il s’approcha de l’endroit où elle étaitassise et se pencha pour l’embrasser surla tempe. Avec un murmure de

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protestation, elle lui tendit ses lèvrespour un vrai baiser.

— Bonsoir, dit-elle d’une voix douce,toujours aussi extraordinairementheureuse de le revoir.

Certes, elle s’était toujours sentie bienavec Tarley, mais pas de cette manière.Avec Alistair, c’était plus intense, plusprofond. Elle se rendait compte avec unecertaine tristesse que sa relation avecBenedict n’avait pas été aussi richequ’elle croyait. Cependant, ellesoupçonnait que, s’il avait manquéquelque chose à son mariage, c’était àcause d’Alistair. Sans qu’elle le sache,

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il avait toujours été là dans l’ombre,occupant dans son esprit une place quepersonne ne pouvait lui disputer.

Il se redressa, révélant un portefeuilleen cuir coincé sous son bras.

— Qu’est-ce que c’est ?— Du travail.Il posa le portefeuille sur la table.

Jessica mit de côté la plume aveclaquelle elle était en train d’écrire.

— Je suis heureuse que vous soyezvenu me voir alors que vous avez deschoses importantes à régler.

— Je préférerais faire l’amour avecvous mais je pense que vous n’allez pas

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tarder à être indisposée.Jessica ouvrit des yeux ronds. Elle

avait eu ses règles le matin même.— Comment le savez-vous ?Il ôta sa veste et l’accrocha au dossier

d’une chaise.— Comment je le sais ? Je touche

votre corps plus encore que je ne touchele mien. Vos seins sont gonflés etmoelleux et depuis deux jours vous êtesinsatiable. Et ce ne sont là que quelquessignes parmi d’autres.

Jessica eut un sourire amusé.— Vous êtes très observateur.

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— Absolument, répondit-il en souriantà son tour. Je n’ai d’yeux que pour vous.

— Vil flatteur, dit-elle plaisamment.Oui, hélas, je suis indisposée. Mais jeconnais plusieurs autres façons de voussatisfaire…

Alistair s’assit en face d’elle.— C’est fort délicat de votre part

mais votre compagnie me suffit.Jessica avala une grande goulée d’air

– une réaction involontaire à la brusqueaccélération de son cœur. Il avait parléd’un ton léger mais elle fut sensible à safranchise et à la vulnérabilité qui en était

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nécessairement la conséquence. Dieusait si, elle aussi, elle était vulnérable.

— J’éprouve exactement la mêmechose, murmura-t-elle.

Il tendit le bras par-dessus la table etlui toucha la main.

— Vous ne pouvez pas imaginer ceque ça représente pour moi de savoirque vous aimez passer du temps avecmoi, que nous fassions l’amour ou pas.

Elle n’aurait su dire pourquoi elleétait surprise d’apprendre que ce belhomme avait envie d’être apprécié pourd’autres motifs que sa belle apparence etses prouesses amoureuses.

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— Alistair…— Je vous interdis d’avoir de la pitié

pour moi, l’interrompit-il sèchement carelle avait parlé sur un ton qui lui avaitdéplu. Vous pouvez éprouver tous lessentiments que vous voudrez, sauf celui-là.

— Je vous adore.Il se radoucit.— En voilà un qui a mon approbation.Elle hocha la tête.— Je n’accepterai jamais que vous

ayez honte de vous-même à cause demoi. Je ne vous juge pas, je ne vousjugerai jamais. Mais si vous êtes

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incapable de vous accepter tel que vousêtes en ma présence, nous ferions mieuxde nous séparer.

Alistair se rembrunit.— Holà ! Écoutez-moi…— Non ! C’est vous qui allez

m’écouter. Je vous donne une minutepour accepter l’idée que vous êtes toutaussi digne de mon affection quen’importe qui d’autre. Si vous ne vousen croyez pas capable, vous n’avez plusqu’à partir.

Alistair ravala un juron.— Vous ne pouvez pas me parler de

cette manière.

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— C’est ce que nous allons voir,rétorqua-t-elle. Vous vous illusionnezsur mon compte. Vous me voyez commeune créature céleste mais je ne suisqu’une femme ordinaire et, en un sens, jesuis même un peu moins que celapuisque je suis stérile.

Alistair la regarda droit dans les yeux.— En êtes-vous certaine ? C’était

peut-être la faute de Tarley.— Non. Il a eu un enfant avec une

maîtresse avant de m’épouser.— L’enfant n’était peut-être pas de lui.— Si vous aviez vu ce garçon, vous

n’auriez pas le moindre doute. C’est tout

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le portrait de son père.Alistair acquiesça d’un hochement de

tête et parut s’intéresser à sonportefeuille.

Le sang de Jessica se glaça. L’échecde leur relation était inévitable si,comme la plupart des hommes, il voulaitdes enfants. Et il méritait certainementce bonheur-là.

— Je vous ai vu avec le gamin, dit-elle, faisant allusion au pauvre gossequ’elle avait essayé de protéger unesemaine plus tôt.

Alistair s’était intéressé aumoussaillon, il lui avait appris les

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nœuds marins et quelques autres tours demain, et elle s’était plu à les regarder.

— Vous ferez un excellent père lemoment venu, ajouta-t-elle.

Il releva les yeux, s’appuya au dossierde sa chaise et croisa les bras. Sescheveux avaient poussé depuis deuxsemaines et lui encadraient le visage debelle façon. Émue, Jessica porta la mainà sa gorge.

Alistair poussa un profond soupir.— Écoutez ! Jusqu’ici, je n’ai pas

souvent pensé aux enfants que jepourrais avoir. À partir de maintenant, jene vais plus y penser du tout.

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— Ne dites pas cela. Vous ne pouvezpas vous priver d’une telle joie sansraison.

— La raison, je l’ai. Les enfants sefont à deux. La femme avec qui j’auraiséventuellement envie d’en avoir, c’estvous. Si vous ne pouvez pas en avoir,tant pis. Je ne conçois pas d’essayeravec une autre.

Les yeux de Jessica s’emplirent delarmes. En battant des paupières, elle seleva et courut jusqu’à la caisse de vinqui se trouvait dans un coin.

— Jess…

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Elle entendit dans son dos unraclement de pieds de chaise sur le sol,puis deux puissantes mains s’abattirentsur ses épaules avant qu’elle ne sepenche pour saisir une bouteille.

— Ce que je viens de vous dire vous adonné envie de boire ? demanda-t-il enlui parlant à l’oreille.

— Oui, parce que je suis assez égoïstepour m’en réjouir et que j’ai envied’arroser ça.

— Soyez égoïste tant que vousvoudrez avec moi.

Jessica secoua la tête violemment.

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— Mais l’amour est désintéressé !Enfin, il est censé l’être.

— Dans certains cas, oui, sans doute.Mais, vous et moi, on nous a volé tant dechoses. Alors, il n’y a pas de mal àprofiter l’un de l’autre.

Les yeux clos, elle rejeta la tête enarrière et l’appuya contre l’épauled’Alistair. Il lui passa ses bras autour dela taille.

— Vous avez eu trois frères. Vousaurez peut-être envie d’avoir unenombreuse famille à votre tour ?

— Si nous devons parler de mafamille, alors nous allons avoir besoin

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de ce vin.Il s’éloigna. Jessica attrapa une

bouteille par le goulot et se redressa.Lorsqu’elle se retourna, Alistair était entrain de fouiller dans le placard. Il ensortit deux verres à pied.

Elle mit la bouteille au milieu de latable et s’assit. Alistair posa les verreset déboucha la bouteille. Laissant le vinrespirer, il s’installa sur sa chaise etcontempla Jessica d’une manière à lafois calme et songeuse.

Elle attendit patiemment.— Vous ne vous êtes jamais demandé

pourquoi mes frères ressemblaient tant à

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Masterson alors que je suis tout leportrait de ma mère ?

— Non, quand un homme a été bientraité par la nature, on se contente del’admirer.

Il la remercia d’un sourire.— Maintenant que vous m’y faites

penser, reprit-elle, je suppose queMasterson n’est pas votre père.

— Et cela ne vous dérange pas,remarqua-t-il.

— Non, pourquoi ?Alistair ricana.— Je n’osais pas vous le dire. Vous

avez une telle réputation de probité !

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J’avais peur de dégringoler dans votreestime.

— Impossible ! Vos frères vous ont-ilsmal jugé pour autant ? N’êtes-vous pastrès proche de lord Baybury ?

— Vous avez raison, Albert et moisommes les meilleurs amis du monde.Ma bâtardise n’était pas non plus unsujet de discorde avec mes deux autresfrères. Le problème a toujours été avecMasterson. Quoi que je fasse, il n’estjamais content. Personnellement, je m’enmoque, mais ma mère en souffre. Si jepouvais y faire quelque chose, je leferais, mais c’est sans espoir.

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Jessica comprit enfin pourquoiMasterson n’avait pas beaucoup aidéAlistair à débuter dans la vie.

— C’est dommage pour Masterson,dit-elle. Il se prive d’un bon fils.

Stupéfait, Alistair hocha la tête.— Vous êtes d’une tolérance

incroyable. Mais, je vous préviens,chaque fois que vous écoutez avecbienveillance un de mes vilains petitssecrets, je m’attache un peu plus à vous.Apparemment, rien de ce que je pourraidire ne vous dégoûtera jamais de moi.

À ces mots, une douce chaleur serépandit dans la poitrine de Jessica.

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— Il faut bien que quelqu’un vousmaintienne dans le droit chemin, dit-elle.

— Personne n’y est plus apte quevous.

— Je l’espère bien, sinon gare àvous !

— Holà, milady, s’exclama Alistairavec un sourire, ne me remerciez pas !Ce n’était pas un compliment mais unemenace.

Jessica prit un air sévère.— Sachez, monsieur Caulfield, que la

constance et la loyauté sont deprécieuses vertus pour moi.

— Pour moi également.

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Alistair pianota sur le plateau de latable.

— Vous savez, reprit-il, j’ailongtemps cru que Masterson aimaitprofondément ma mère et qu’il lui avaitpermis de me garder parce qu’il savaitqu’elle ne le lui pardonnerait jamais s’illa forçait à m’abandonner. Maismaintenant…

— Maintenant ? insista-t-elle lorsqu’illaissa sa phrase en suspens.

En soupirant bruyamment, il dit :— Maintenant, je prends en

considération le fait qu’il y a entre euxune très grande différence d’âge. Ma

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mère était encore jeune alors queMasterson était déjà plutôt vieux. Mais,même si je devenais impuissant, je jureque je ne pourrais jamais vous laissercoucher avec quelqu’un d’autre en touteindifférence et appeler ça de l’amour. Ily a d’autres moyens de satisfaire safemme. Ce qui est à moi est à moi. Jeserais incapable de partager.

— Peut-être n’ont-ils jamais abordé lesujet franchement. Si j’étais vous, je neserais pas aussi sévère avec eux.

— Promettez-moi de ne pas fairecomme eux et de parler de tout sanscrainte.

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C’était une promesse facile à tenir. Ilavait une façon de la regarder quiincitait aux confidences. Benedictn’avait jamais posé de questions. Sonaffection avait été donnée sanscontrepartie. Au contraire, Alistair étaittrès exigeant. Mais, en échange, ilacceptait qu’on exige beaucoup de lui.

Elle acquiesça d’un hochement de tête.Il montra du doigt la feuille de papier

devant elle.— Une lettre ?— À ma sœur. Je lui raconte mon

voyage.— Vous parlez de moi ?

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— Oui.Les yeux d’Alistair brillèrent.— Que dites-vous ?— Oh, je n’ai pas encore fini.— Avez-vous tant de choses que cela

à raconter ?— Oui, et je dois peser mes mots car

Hester se souvient sans doutequ’autrefois je l’ai mise en garde contrevous.

— Vous étiez vraiment inquiète ?— Non, juste un peu jalouse.Jessica se leva et fit le tour de la

table. Il la suivit des yeux, le regardouvertement approbateur. D’une main

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elle lui toucha l’épaule et de l’autre elleécarta la mèche qui l’empêchait del’embrasser sur le front.

— Je suis heureuse de vous informerque j’ai jeté mon dévolu sur vous,monsieur Caulfield.

Alistair la prit par la taille.— Je me demande si vous serez

toujours dans les mêmes dispositions àLondres, murmura-t-il, lorsque vousserez entourée de gens quin’approuveront pas votre choix.

— Croyez-vous qu’on me maniecomme de la cire molle ?

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— Je n’en sais rien, répondit-il en laregardant droit dans les yeux. Et jepense que vous n’en savez rien non plus.

Il avait raison – dans une certainemesure. Jusqu’ici, elle avait toujours faitexactement ce qu’on attendait d’elle.

— Mon père ne serait pas d’accordavec vous. Il vous dirait que je suistêtue.

Alistair la fit asseoir sur ses genoux etl’étreignit tendrement.

— Quand je pense à votre père et à lafaçon dont il vous a traitée, j’ai envie dele frapper.

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— Il n’en vaut pas la peine, réponditJessica en lui passant la main dans lescheveux. Et puis regardez avec quellefacilité vous avez effacé ses traces surmoi. En deux semaines, il n’en restepratiquement plus rien.

De jour en jour, elle se sentait pluslibre. À peu près comme lorsque, auterme d’une longue journée, elle ôtaitson corset. Elle commençait à sedemander si elle serait encore capabled’accepter des contraintes si oncherchait à lui en imposer et,franchement, elle en doutait.

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— Cela vous effraie-t-il ? repritJessica. Ou bien cela me rend-il moinsintéressante à vos yeux ? Lorsque jetombe dans vos bras sans résistance,cela ne risque-t-il pas de vous ennuyer àla longue ?

— Pas de danger que je m’ennuie,Jessica. Je vous avouerai que j’ai peurconstamment. Je n’ai jamais dépendu depersonne pour rien et voilà que jedécouvre que je dépends de vous.

Il appuya sa tête contre la poitrine deJessica. Elle lui passa les bras autour ducou. Elle savait qu’Alistair ne faisaitrien à moitié mais elle n’aurait jamais

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cru qu’il serait prêt à se consacrer à uneseule femme alors qu’il pouvait lesavoir toutes.

— Moi aussi, j’ai peur, dit-elle. Tout achangé si vite.

— Est-ce donc si terrible ? Étiez-voustellement heureuse avant ?

— Je n’étais pas malheureuse.— Et maintenant ?— Je ne me reconnais plus. Qui est

cette femme assise sur les genoux d’unlibertin et qui accorde ses faveurs aussifacilement qu’elle offrirait une tasse dethé ?

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— C’est ma maîtresse et j’ajouteraisque je l’aime bien telle qu’elle est.

— Cela ne m’étonne pas de vous,méchant garçon.

Elle frotta sa joue contre ses cheveux.— Votre mère vous aime-t-elle,

Alistair ? Est-ce pour cela que vousvous occupez aussi bien de moi ?

— C’est vrai qu’elle m’aime bien,répondit-il. Malgré les tourments qu’ellea endurés à cause de moi, ajouta-t-il surun autre ton. Je ferai n’importe quoi pourqu’elle soit heureuse.

— Elle aimerait sûrement avoir despetits-enfants ?

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Il se recula un peu pour la scruter.— Baybury est l’héritier. C’est à lui

de s’en occuper. Chacun son rôle.— Quel est le vôtre ? demanda-t-elle

en lui caressant doucement la joue.— Être le mouton noir de la famille,

corrompre de gentilles veuves et lesconduire sur le chemin de la perdition.

Elle l’embrassa. Leurs bouches sefrôlant, elle dit :

— Pendant ce temps, je veillerai à ceque vous ne vous écartiez pas du cheminde la rédemption dans lequel vous venezde pénétrer.

Il lui caressa le dos.

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— Quelle belle équipe nous allonsfaire ! La veuve indigne et le vaurienrepenti.

Jessica réprima un soudain accès dedoute. Il s’était passé beaucoup dechoses en peu de temps mais il faudraitencore attendre avant de savoir s’ilsétaient vraiment faits l’un pour l’autre.D’ici là, elle n’aurait qu’à se laisserporter par les événements. Si leurbonheur n’était pas destiné à durertoujours, soit ! De toute façon, c’étaittrop tard pour faire demi-tour.

Elle l’embrassa sur le bout du nez.— Alors, on le boit, ce vin ?

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16

— Je vous demande pardon, lordTarley.

Michael s’apprêtait à entrer au clubRemington. Un pied sur la premièremarche du perron, il se retourna. Uncocher se trouvait là, le chapeau à lamain.

— Ma cliente demande si vous auriezla bonté de lui accorder un instant ?

Regardant par-dessus l’épaule ducocher, Michael vit un fiacre quiattendait non loin, ses fenêtres masquées

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par des rideaux. Son cœur se mit à battreplus vite. La passagère serait sans doutel’une de ces jeunes filles qui luicouraient après, mais il ne puts’empêcher d’espérer que ce soit Hester.

Michael acquiesça d’un hochement detête et s’approcha de l’équipage. Ils’arrêta près de la portière.

— En quoi puis-je vous être utile ?— Michael ! Montez, s’il vous plaît.Il se retint de sourire. Ouvrant la

portière, il monta et s’assit en face deHester. Sa présence illuminait le petitespace. Malgré le soleil qui filtrait àtravers les rideaux, une atmosphère de

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liaison clandestine régnait dans lefiacre.

Ou alors seulement dans l’esprit deMichael.

Il le crut jusqu’à ce qu’il aperçoive lemouchoir qu’elle était en train de lissersur ses cuisses. Elle lui avait déjà offertun mouchoir, jadis, en gage d’estime, dutemps où il était son chevalier servant.Cela semblait si loin ! Dans une autrevie…

— Êtes-vous venue m’offrir untalisman qui me portera chance pendantla bataille ? demanda-t-il d’un tonfaussement léger.

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Elle le regarda pendant un longmoment, fragile et belle dans sa pelissevert clair bordée d’un galon d’unecouleur plus sombre qu’il ne putdistinguer à cause de la pénombre. Ellesoupira.

— Aucun argument ne vous ferachanger d’avis, n’est-ce pas ?

Il y avait tant de tristesse dans sa voixqu’instinctivement Michael se pencha enavant. Elle avait beaucoup changé. Ellesemblait éteinte, comme si un chagrinsecret la privait de cette vitalité quiavait toujours fait son charme.

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— Pourquoi vous inquiétez-vous tantpour un simple combat de boxe ?

Elle serra les poings.— Parce que, quels que soient le

vainqueur et le vaincu, cela finira mal.— Hester…— Regmont sera de bonne humeur au

début, dit-elle d’un ton neutre, mais, dèsqu’il se rendra compte que vous n’êtespas facile à battre, il risque dedécharger sa bile. À ce moment-là,faites attention. Il voudra gagner par tousles moyens. C’est quelque chose que jene serais prête à répéter devantpersonne, poursuivit-elle en levant le

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menton avec dignité, mais je pense qu’ilne reculera devant aucune traîtrise. Devotre côté, vous serez calme, vousgarderez la tête froide, vous respecterezles règles du jeu, et cela, je le crains, vavous exposer à recevoir des mauvaiscoups.

— Décharger sa bile sur qui ?demanda Michael. Êtes-vous maltraitée,Hester ?

Elle lui sourit mais il en aurait falludavantage pour endormir ses soupçons.

— Il s’agit de vous, dit-elle. C’estvous qui êtes sur le point de participer àun pugilat.

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Et il avait hâte que ça commence –surtout après ce que Hester venait de luidire. Car, en changeant de sujet deconversation, elle avait indirectementrépondu à sa question. Le sang luibouillait dans les veines. Elle pensaitqu’il saurait garder la tête froide. Elle setrompait.

Elle lui tendit le mouchoir et le retiralorsqu’il s’apprêta à le prendre.

— Si vous le voulez, promettez-moid’abord de venir me voir.

— Du chantage ? dit-il.— Je veux juste une occasion de

m’assurer que vous n’êtes pas trop

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esquinté.Michael serra les dents. Si Hester

était battue, il n’avait aucun moyend’intervenir. Un mari faisait tout ce qu’ilvoulait de sa femme, cela ne regardaitpersonne. Son seul recours, c’était lerendez-vous d’aujourd’hui – quelquesbrefs moments sur un ring, pendantlesquels il pourrait frapper Regmont tantqu’il voudrait.

— Je vous promets de venir vous voir.— Avant la fin de la semaine, insista-

t-elle en plissant les yeux.— Oui.

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Il s’empara du mouchoir. Un Hsuperbement brodé dans un coin enfaisait un cadeau très précieux.

— Merci, dit-il.— Soyez prudent, je vous en prie.Après un bref signe de tête, il

descendit du fiacre, qui partit aussitôt.

— Ne soyez pas dupe de son petitgabarit.

Michael, qui était en train de sautillersur place, regarda par-dessus son épaulepour voir qui lui parlait. C’était le comtede Westfield. Pair d’Angleterre, jeune,beau, charmant, célibataire, il était lui

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aussi une cible de choix pour les jeunesfilles à marier.

— Concernant Regmont, je ne suisdupe de rien, répondit Michael.

Westfield entra dans le ring, un carréde trois mètres de côté, délimité par deslignes de peinture tracées à même leparquet.

— Cela me confirme dans l’idée quej’ai bien fait de parier sur vous, dit-il.

— Vous avez parié sur moi, vraiment ?Michael promena son regard sur la

pièce qui, quoique vaste, était bondée.— Oui, confirma Westfield. Mais je

suis l’un des rares. Regmont est vif et

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agile. Et il a beaucoup d’endurance. Ilest capable de tenir indéfiniment. C’estcomme ça qu’il gagne. Voilà pourquoipresque tous les autres ont parié sur lui.Ils pensent que Regmont va vous avoir àl’usure.

— Ça doit quand même dépendre dunombre de coups qu’il encaisse.

Westfield hocha la tête.— Pour quelqu’un comme moi, perdre

est désagréable mais, pour Regmont,c’est un déshonneur. Lorsque votrecolère sera passée, lui, il sera toujourslà avec son orgueil.

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— De quelle colère parlez-vous,Westfield ? Ce n’est qu’un jeu.

— À d’autres ! J’ai vu la manière dontvous le regardez. Vous avez un compte àrégler avec lui, c’est évident. Peuimporte. Je veux juste gagner mon pari.

À un autre moment, Michael auraitpeut-être souri mais, pour l’heure, ilétait trop furieux. Ce qui ne l’empêchaitpas de reconnaître les bons conseils etd’en tirer profit à l’occasion.

Il n’y avait qu’à voir le large sourirede Regmont pour comprendre qu’il étaitsûr de gagner. Michael décida del’humilier plutôt que de le faire souffrir.

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Le châtiment n’en serait que plus sévère.Il esquiva les premiers coups deRegmont et puis il rassembla dans sonpoing toute la haine que lui inspirait lebourreau de Hester et cogna.

Regmont s’affala sans connaissancesur le parquet.

Le combat avait duré moins d’uneminute.

— J’ai beaucoup de mal à meconcentrer quand vous me regardezcomme ça, dit Jessica.

Alistair était assis par terre de l’autrecôté du pont, adossé à une caisse. Il

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avait ôté sa veste, allongé une jambe etreplié l’autre pour y appuyer sespapiers. Elle l’avait souvent vu danscette position sur le lit pendant qu’illisait ou travaillait et chaque fois celal’avait attendrie.

C’était une belle journée malgré leciel légèrement couvert. Assez fraîchepour qu’elle supporte un châle mais pasassez froide pour être désagréable. Elleétait venue sur le pont pour prendrel’air. Alistair l’avait rejointe une heureplus tard. Il s’était assis en face d’elle, àquelques mètres, et il s’était plongé dansses papiers, levant souvent les yeux pour

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la regarder avec une intensitéinexplicable.

— Ne faites pas attention à moi, dit-il.C’était impossible, alors qu’il était

magnifique de désinvolture en bras dechemise ; alors que la longueur et lapuissance de ses jambes étaient mises envaleur par sa culotte bien coupée et sesbottes ; alors que le vent lui ébouriffaitles cheveux exactement comme elleaurait aimé le faire.

Pour toute réponse, Jessica renifla. Etpuis elle fit mine de s’intéresser denouveau à sa tapisserie.

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— Est-ce bien l’exemplaire ladyTarley que j’entends renâcler ? demandaAlistair en sourcillant.

— Apprenez que les dames nerenâclent pas.

Jessica avait pensé qu’il était biengentil de venir lui tenir compagnie,même s’il avait apporté du travail.Alistair était désormais un ami.Quelqu’un avec qui elle partageaitpresque tout. C’était un miracle d’avoirrencontré dans sa vie deux hommes prêtsà l’accepter telle qu’elle était. Non pasla lady façonnée par une éducationstricte mais la femme qu’elle était

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vraiment et qu’elle dévoilait devant euxsans crainte.

— Les autres dames, peut-être, dit-il àvoix suffisamment basse pour n’êtreentendu que d’elle seule. Vous, parcontre, vous faites toutes sortes de petitsbruits délicieux.

Jessica fut émue par cette évocationde leurs ébats. Cela faisait une semainequ’ils n’avaient pas fait l’amour et ledésir qu’elle éprouvait depuis qu’ellen’avait plus ses règles était presqueintolérable.

— Maintenant, c’est vous qui meregardez, dit-il sans prendre la peine de

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relever les yeux pour s’en assurer.— Parce que vous êtes trop loin pour

que je puisse faire autre chose.Cette fois, il la regarda. Le sourire aux

lèvres, elle se leva.— Passez une bonne fin d’après-midi,

monsieur Caulfield. Quant à moi, je vaisrejoindre le confort de mon lit et faire unpetit somme avant le souper.

Lorsqu’elle rentra dans sa cabine,Beth était en train de défroisser sesrobes.

— Que Dieu ait pitié de M.Caulfield ! dit Beth. Vous avez un de cesairs malicieux !

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— Vraiment ?— Vous savez bien que oui, dit Beth

en souriant. Il y a des siècles que je nevous ai pas vue aussi heureuse. Jecommence à avoir pitié de lui.

— Tu as dit toi-même qu’il était àl’abri des peines de cœur.

— Il arrive que je me trompe, milady.Pas souvent, mais quand même…

À ces mots, le sourire de Jessicas’épanouit. L’opinion de Beth lui mettaitdu baume au cœur car la seule chose quitempérait sa joie, c’était la crainte de nepouvoir retenir longtemps l’attentiond’un homme comme Alistair. Non pas

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parce qu’elle serait indigne de lui maisparce qu’il y avait d’autres femmes plusdignes encore. Des femmesexpérimentées, à l’esprit aventureux,capables de lui donner des enfants…

Son sourire s’effaça tandis qu’elleôtait son châle. Ils étaient jeunes tous lesdeux. Alistair avait déjà accompliénormément de choses mais beaucoupd’eau coulerait encore sous les pontsavant qu’il ne ressente le désir de fonderun foyer. C’était à elle de faire en sorteque leur liaison ne finisse pas trop vite.

Alistair frappa à la porte de la cabineà sa façon caractéristique, preste et

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enjouée. Beth rit sous cape, rangea larobe qu’elle venait de rafraîchir et allaouvrir.

— Bonjour, monsieur Caulfield.Jessica tourna le dos à la porte, les

yeux fermés, se réjouissant d’avance deses retrouvailles avec Alistair.

— Avez-vous encore besoin de moi,milady ? demanda Beth.

— Non, merci, répondit Jessica.Amuse-toi bien.

Aussitôt la porte refermée, elleentendit quelque chose tomber sur le sol.Elle eut à peine le temps de se retournerqu’elle se retrouva plaquée contre la

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cloison par un Alistair manifestement enérection. Enchantée par cettedémonstration de ferveur, elle le prit parla taille et l’embrassa avec passion.

— Chipie, dit-il, vous essayez de merendre fou.

— Je ne comprends même pas de quoivous parlez.

Il lui mordilla le lobe de l’oreille.Elle se dégagea en riant. C’est alorsqu’elle vit le portefeuille qu’il avaitlaissé tomber et se figea.

— Quand vous ne serez plusindisposée, dit-il d’une voix impatiente,je vous apprendrai à allumer un homme

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qui se passe déjà de vous depuis unesemaine.

— Je ne suis plus indisposée, dit-elle,l’esprit ailleurs, fascinée par les dessinsqui dépassaient du portefeuilleabandonné sur le sol. Ça fait deux jours.

Alistair eut un mouvement de recul.— Je vous demande pardon ?Jessica repoussa les bras d’Alistair et

s’accroupit à côté des feuilles de papierqui jonchaient le sol.

— Qu’est-ce que c’est ?— Deux jours, répéta Alistair.Ouvrant le portefeuille, Jessica eut un

hoquet de surprise.

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— Mon Dieu, Alistair… C’estétonnant.

— Ce qui est étonnant, c’est votremanque de désir pour moi.

— Ne soyez pas ridicule. Il faudraitqu’une femme soit morte pour ne pasavoir envie de vous.

Elle contempla un portrait finementexécuté à la mine de plomb. Un portraitd’elle, tout à l’heure, sur le pont – celaexpliquait pourquoi il l’avait observéeaussi attentivement.

— C’est ainsi que vous me voyez ?— C’est comme ça que vous êtes !

Bon Dieu, Jessica ! Je meurs de désir

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pour vous depuis une semaine. Vous nepouviez pas l’ignorer. C’est là, en relief,facile à deviner sous ma culotte.

Elle résista à la tentation de caresserle dessin. Il lui avait fait un visage demadone, avec des traits d’une grandedouceur et des yeux chaleureux. Elle nes’était jamais vue aussi charmante.

— Oui, soupira-t-elle, toujours un peudistraite. Ce serait impossible d’ignorerun accessoire aussi volumineux.

— Assez plaisanté ! dit-il d’un toncassant.

— Est-ce que je ressemble vraiment àcela ?

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— Oui, quand vous me regardez.Maintenant, expliquez-vous, Jess, sinonje ne réponds plus de rien.

— Fadaises ! Balivernes ! Je voulaisjuste vous faire savoir, preuve à l’appui,que j’apprécie votre compagnie biendavantage que les kyrielles d’orgasmesque vous prodiguez si généreusement.

Elle se releva, le portefeuille à lamain, et soupira bruyamment. Elleregarda les autres portraits qu’il avaitfaits d’elle, émerveillée par son talent.

— Je suis la moins mystérieuse desfemmes, n’est-ce pas ? Tous messentiments se reflètent sur mon visage.

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— Vous n’avez pas besoin de ledéplorer, murmura-t-il en serapprochant. Je vais continuer à vousregarder avec les mêmes yeux.

— Non, je ne crois pas, répondit-elle.Vous me regardez comme un félin sur lepoint de bondir sur sa proie.

— J’ai du tempérament, c’est tout,mais ça ne veut pas dire que je manquede douceur. J’espère que vous ne mejugez pas seulement sur le feu de mesyeux !

— Non, soyez sans crainte.Elle continua de feuilleter la liasse de

dessins, s’arrêtant devant un portrait

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d’elle qui avait l’air ancien. Elle y étaitvisiblement plus jeune et le papier avaitjauni avec le temps mais, ce qui lafrappa, ce fut l’expression du visage.Les yeux étaient arrondis, les pupillesdilatées, la bouche entrouverte, commepantelante. L’image même du désir.

— Alistair…— C’est vous, telle que vous m’êtes

apparue cette nuit-là, dans le jardin…— Comment pouvez-vous posséder

une image comme celle-là et douter demon désir pour vous ?

Il lui ôta des mains la liasse dedessins et la jeta sur la table.

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— Vous allez finir par me rendre fou !Pour me prouver votre affection, vousallez me priver de votre corps ?

Elle esquissa un sourire.— Vous êtes chaud comme un lapin.

Copuler, pour vous, c’est comme mangeret boire.

Il était insatiable. Elle en avait eu lacertitude dès le début de leur liaison.Cela aidait à comprendre comment ilavait pu satisfaire sa nombreuseclientèle au temps où il se prostituait.Faire l’amour, pour elle, c’était unerelation intime, toujours. Pour Alistair,une chose nécessaire à la santé, comme

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de se brosser les dents, et tout aussidépourvue d’émotion. Cela ne voulaitpas dire qu’elle ne se sentait pas choyéequand elle partageait son lit, mais ellesavait qu’il se servait de l’acte dans unbut qu’elle ne comprenait pas très bien.

À l’entendre, il s’était prostitué parnécessité et elle voulait bien le croire,mais pas pour les raisons qu’ilinvoquait. Être jeune, plein d’ardeur etavoir un grand besoin d’argent, celan’expliquait pas tout. Elle soupçonnaitun motif plus personnel. Que ce soit àcause de sa bâtardise ou d’autre chose,Alistair en était venu à s’estimer lui-

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même en fonction de ce que les femmesavaient été disposées à payer pourl’avoir. Elle voulait lui montrer qu’elletenait à lui pour des motifs qui n’avaientrien à voir avec ses prouessesamoureuses, mais il n’était pas encoreprêt pour ça. Il dévoilait ses plus noirssecrets, ses souvenirs les plusdouloureux, et il exigeait qu’elle enfasse autant, mais, en fin de compte, ilavait toujours besoin qu’elle le touche etqu’elle le désire pour se sentir accepté.

Il la plaqua contre la paroi une fois deplus, lui glissa une de ses cuisses entre

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les jambes pour l’empêcher de bouger etla toisa.

— N’abusez pas de ma patience.— Ce n’est pas mon intention, dit-elle

honnêtement, tandis que son corpsdevenait brûlant. Personnellement, jesuis juste émue par vos dessins etémerveillée par votre talent.

Il l’embrassa sur la tempe. En mêmetemps, il lui caressa l’entrejambe avecson genou. Elle ferma les yeux etsavoura. Le désir d’Alistair étaitcontagieux, elle le percevait par tous lespores de sa peau, il se faufilait jusqu’àla moelle de ses os, il lui donnait

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soudain l’audace de passer la main surle bas-ventre d’Alistair, qui sursauta enpoussant un juron.

— J’ai eu envie de vous dès lapremière fois que je vous ai vu, avoua-t-elle en se léchant les lèvres pour leshumecter. Chaque heure qui passe, jevous désire davantage.

Les yeux bleus d’Alistair semblaientplus sombres.

— Il n’y a qu’à demander, madame…Elle lui attrapa le sexe à travers sa

culotte et le caressa doucement.— Faire l’amour est une seconde

nature pour vous, dit-elle. Comment

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pourrais-je me distinguer des autresfemmes qui ont eu envie de vous, àmoins de vous montrer que je veuxdavantage qu’un corps ?

— Quelles autres femmes ?Cette repartie la fit sourire mais le

visage d’Alistair ne perdit rien de sasévérité pour autant.

— Touchez-moi, dit-elle, car elleavait l’impression d’avoirmalencontreusement creusé un fosséentre eux.

— Pas tout de suite.Le refus d’Alistair fut aussi inattendu

qu’alléchant. Elle avait l’habitude qu’il

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prenne toutes les initiatives au lit. Sonmanque de coopération le rendait encoreplus désirable.

— Pourquoi ?— Je veux que vous sachiez ce que

c’est que de brûler en vain.Levant la tête, elle l’embrassa sur la

pointe du menton.— Vous voulez me punir ?Il lui prit la tête entre ses deux grandes

mains.— Non, mais vous avez semé la

confusion à propos du désir. Vous l’avezexilé sur les confins de notre relation. Jeveux le remettre à sa vraie place.

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Jessica tira sur la chemise d’Alistairjusqu’à ce qu’elle ait la place d’yglisser les mains et lui caressa le dos.

— N’oubliez pas que je vous ai attiréici pour abuser de vous !

— Oh ? fit Alistair en lui effleurantles lèvres avec son pouce. Je ne suis passi bête. Cela fait des semaines que vousm’initiez au plaisir. J’ai appris la leçon.

Elle lui enfonça ses ongles dans lesmuscles du dos.

— La première fois que je vous aiprise, murmura Alistair en se penchant,j’ai compris la différence entre ce que jecroyais savoir et ce que j’avais encore à

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apprendre. Maintenant, je ne mesouviens plus de l’avoir fait avant vouset je ne vois pas comment je pourraisenvisager de le faire sans vous.

Se hissant sur la pointe des pieds,Jessica l’étreignit comme si ellecherchait à se fondre en lui.

— J’ai besoin de vous, dit-elle en seblottissant au creux de son épaule. C’estainsi, vous m’avez rendue dépendante devous.

— Dire que jusqu’ici j’ai cru que leplaisir c’était chacun pour soi, murmuraAlistair.

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Lorsqu’il retira le genou qui faisaitpression sur son mont de Vénus, ellepoussa un soupir de protestation. Alors,il empoigna sa robe à pleines mains et laretroussa jusqu’à ce qu’il ait dévoilé lespantalons. Il lui pétrit les fesses avecforce, presque douloureusement. Elleaimait lorsqu’il était doux et caressantmais elle aimait encore mieux lorsqu’illa désirait tellement qu’il en devenaitpresque brutal.

En tâtonnant, elle lui déboutonna sabraguette. Elle finit par libérer sasuperbe érection, qui se retrouva aucreux de ses mains. Au comble du désir,

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elle promena ses paumes sur la longuehampe. Avec quelle hâte ne l’avait-il passuivie dans sa cabine ! Grâce à lui, ellepouvait se sentir éminemmentséduisante.

Il la regarda et, en même temps, ilbougea ses hanches, faisant aller et venirson membre entre les mains de Jessicadont le sexe, devint tout mouillé.

Comme s’il avait compris, il lui mit samain entre les jambes, glissa deux doigtsdans l’ouverture des pantalons et trouvales petites lèvres.

— Vous êtes trempée.— Je n’y peux rien.

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— Ne vous excusez pas.Sans crier gare, il la prit par les

cuisses et la souleva. Elle poussa unepetite plainte de dépit lorsqu’il luiéchappa des mains. Peu après, elle sentitle gland soyeux qui appuyait contre safente. Elle s’agrippa aux épaulesd’Alistair et l’embrassa derrièrel’oreille, à l’endroit où la peau était leplus tendre.

— Attention ! dit-il en commençant àla pénétrer.

Jessica fut projetée en arrière contrela paroi. Il la laissa descendre le long deson phallus le plus lentement possible

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pour être sûr qu’elle en sente chaquemillimètre.

Elle hoqueta. Dans cette position, lapénétration était totale. Lorsqu’il fut enelle jusqu’à la garde, elle gémit. Ne pasbouger, c’était le supplice de Tantale. Lebesoin d’aller et venir étaitinsupportable. Le fait qu’ils soiententièrement habillés tous les deux, sauf àl’endroit de leur union, étaitextrêmement troublant. Alistair ne s’étaitsans doute jamais laissé arrêter par unerobe.

Il la coinça contre la paroi, lui prit unemain et se l’appliqua sur la poitrine.

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— Je n’ai pas fait d’efforts, dit-il.Vous êtes légère comme une plume.Alors, expliquez-moi pourquoi j’ai lecœur battant, si ce n’est pas à cause devous ?

De sa main libre, elle lui caressa lescheveux. Elle aurait voulu dire quelquechose, n’importe quoi, mais sa gorgeétait nouée.

— Si je pouvais, reprit Alistair, jeresterais comme ça indéfiniment – vousautour de moi, moi en vous, sans plussavoir où l’un commence et où l’autrefinit. Lorsque nous faisons l’amour, jefais tout mon possible pour ne pas jouir

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trop vite. Je ne veux pas que ça finisse.Même si je fais durer longtemps leplaisir, ça n’est jamais assez. Je m’enveux quand je m’aperçois que je ne vaisplus pouvoir me retenir. Pourquoi, Jess ?Si je cherchais seulement la satisfactiond’un instinct naturel, comme boire etmanger, pourquoi est-ce que jem’infligerais ça ?

Pour toute réponse, elle l’embrassa àpleine bouche, désespérément.

— Dites-moi que vous comprenez ?demanda-t-il alors que leurs lèvresétaient encore soudées.

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— Oh, oui, répondit-elle dans unsouffle, aussi étourdie que si elle avaitbu d’un trait une bouteille de bordeaux.Vous êtes devenu tout pour moi.

La serrant bien fort contre lui, ilpivota et partit vers le lit.

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17

Ils s’abattirent ensemble, le sexed’Alistair plongeant dans Jessica commeune lame et la clouant au matelas. Ellegémit. Il s’enfonça de nouveau en elleavec une telle force qu’elle glissa sur lacourtepointe de velours. Il la cala en luipassant un bras autour du cou.

— Non, hoqueta-t-elle, sur le point dejouir.

Si elle le laissait faire, il laprécipiterait dans les turbulences d’unorgasme qui ne serait que le premier

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d’une longue série. Il la chevaucheraitsans répit, jusqu’à ce qu’elle soitfourbue, remettant à plus tard son propreplaisir. Il profiterait d’un moment oùelle ne pourrait plus bouger pour lesdéshabiller. Puis il recommencerait etferait durer cela des heures.

Il s’arrêta et la regarda avec des yeuxbrûlants.

— Non quoi ?Elle s’appuya sur les coudes.— Laissez-vous faire.Alistair se redressa. Il se débarrassa

prestement de sa veste, de sa cravate etde sa chemise, tout ça sans se retirer. Il y

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fut contraint au moment d’ôter ses bottes,sa culotte et son caleçon.

Lorsqu’il fut nu, elle prit le temps del’admirer. Il était parfait. Un apollon.Elle ne pourrait jamais se lasser d’un telspectacle, elle en était certaine. Il étaitgrand et mince, avec des muscles biendessinés sous sa peau soyeuse. Elle lecaressa lentement du regard, de haut enbas et de bas en haut. Il ne bougea pas,se laissant contempler aussi longtempsqu’elle voudrait. Quand enfin leurs yeuxse croisèrent, elle était à bout de souffle,éperdue d’admiration et de désir.

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— Vous êtes superbe, murmura-t-elleen se relevant.

Elle s’approcha, le prit par leshanches et l’embrassa sur la poitrine,juste à l’endroit du cœur.

— Superbe et inestimable, ajouta-t-elle.

Il l’enlaça avec force.— Et tout à vous, Jessica, renchérit-il.

N’en doutez jamais.— Ça tombe bien parce que je me suis

entichée de vous à un point que vousn’imaginez pas.

Elle colla sa joue contre lui, humantune fois de plus sa délicieuse et grisante

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odeur de mâle. Elle se rendit compte quele cœur d’Alistair s’était mis à battreplus vite, preuve qu’il n’avait pas enviede la perdre. Notion absurde pourquiconque aurait connu le cœur deJessica. Mais, justement, il ne leconnaissait pas.

— Voilà des choses que vous devriezme dire plus souvent, marmonna-t-il.

Devant tant de franchise, elle eut hontede ses propres réticences.

— Je ne saurais pas comment m’yprendre.

Elle pencha la tête sur le côté pour luipermettre de déboutonner sa robe.

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— Faites à votre guise, ça ne pourrapas être mal.

Il embrassa l’épaule qu’il venait dedénuder, puis la mordilla, juste assezpour que ce soit agaçant sans êtrefranchement douloureux.

— Avez-vous jamais parlé de vossentiments avec Tarley ?

— Non, répondit Jessica sans hésiter.Ce n’était pas un sujet de conversation.C’était là, entre nous, implicite etpaisible.

Il la fit pivoter pour détacher leslacets de son corset.

— Moi, ça ne me suffirait pas.

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— Cela m’emporte si vite, si loin, dit-elle d’une voix tremblante. Même si jele voulais, je ne pourrais pas l’arrêter nimême le ralentir. Mes sentiments pourvous m’effraient quelquefois. Si vous lesconnaissiez, je suis certaine qu’ils vouseffraieraient aussi.

— Faites comme moi, parlez-en.Jessica ferma les yeux. Il y avait

encore tant de choses qu’elle ignorait àson sujet. C’était un peu sa faute car ellene posait pas assez de questions. Lesgens bien élevés ne sont pas indiscrets.Mais elle allait devoir s’affranchir de sa

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bonne éducation pour espérer rendreAlistair heureux.

— Je vais essayer, promit-elle. Aprèstout, vous y arrivez fort bien. Je vousenvie cette facilité.

Sa robe se répandit sur le sol. Alistairla libéra de son corset, de sa camisole,de ses pantalons, avec la dextéritéqu’elle lui connaissait.

— Avez-vous déjà été…Elle s’interrompit, s’éclaircit la voix

et reprit :— Il doit bien y avoir eu une femme

qui a vraiment compté dans votre vie ?— Est-ce obligatoire ?

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Il recula d’un pas. Elle le regarda par-dessus son épaule. Elle finit parcomprendre qu’il attendait qu’elleprenne l’initiative.

— Couchez-vous sur le lit, ordonna-t-elle.

Il obéit de bonne grâce, suprêmementà l’aise dans sa nudité. Elle s’approchadu lit et se demanda par où commencer.Son sexe en érection était un irrésistibleappât – épais, dur, fièrement dressé –,mais elle adorait tout de lui.

— Qui était-ce ? demanda-t-elle,soudain jalouse de celle – et de

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quelques autres – qui l’avait déjà vucomme ça.

— Vous avez l’air certaine qu’il y a euquelqu’un.

— Vous n’avez pas toujours étéLucius. Je ne suis pas la seule femme quivous ait connu en tant qu’Alistair, c’estfatal.

Il prit son pénis dans une main et lecaressa lentement, ses paupièresbaissées dissimulant mal un regard dedéfi. Il la mettait à l’épreuve.

— Vous êtes sans vergogne, dit-elled’une voix rauque en le rejoignant sur lelit.

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— Vous êtes nue. Ma queue vousréclame.

Elle était prête à la recevoir, encorechaude et mouillée. Si elle n’était plusau bord de l’orgasme, comme tout àl’heure, il ne lui faudrait pas longtempspour l’y ramener.

Lorsqu’il lui tendit les bras, ellehocha la tête.

— Je veux que vous restiez sansbouger et que vous preniez ce que jevous donnerai.

— Sans bouger ? Êtes-vous folle ?— S’il le faut, je vous ligoterai.

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— Jess… par tous les diables ! Celava faire sept jours ! Gardez vos capricespour plus tard, quand je serai disposé àla complaisance.

Elle saisit son membre, si dur et sichaud qu’elle en eut le souffle coupé. Ilpoussa un soupir de soulagementlorsqu’elle se mit à le caresser bien plusdoucement qu’il ne l’avait fait lui-même.Elle se lécha les lèvres.

— Non ! s’écria-t-il. Je suis tropexcité pour bien profiter de votrebouche.

— Comme vous voudrez.

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Elle se mit à califourchon sur lui, sepostant juste au-dessus de son pénis.Elle le réprimanda d’un clappement delangue lorsqu’il la prit par la taille.

— Tss ! Pas touche !— Bon Dieu, comment pourrais-je

vous donner du plaisir si je n’ai pas ledroit de vous toucher ?

Elle sourit.— Toute la question est là.Il ouvrit la bouche pour protester mais

les mots restèrent coincés au fond de sagorge lorsqu’elle commença à s’empalersur son sexe. Elle poussa une plainteinvolontaire, puis elle se laissa

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descendre avec une lenteur inexorable,absorbant d’abord l’énorme gland etpuis toute la longueur du membre quipalpitait.

Alistair se redressa, la prit par lataille et blottit son visage entre sesseins.

Déjà, il remuait ses hanches, d’avanten arrière, d’arrière en avant, ou biendécrivait des petits cercles, la tenantsolidement pour l’empêcher de bougertandis qu’il cherchait le point sensible.

— Allongez-vous, dit-elle alorsqu’elle était plutôt tentée de le laisserfaire.

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— Laissez-moi vous donner duplaisir, murmura-t-il. Laissez-moi…

Elle frissonna car il était en train de sefrotter contre son bassin, appuyantdélibérément sur son clitoris.

— Arrêtez ! ordonna-t-elle. Vous avezpromis !

Il s’abstint de pousser un juron maisobéit.

— Jess, dit-il dans un soupir, à quoijouez-vous ?

— Je veux vous faire l’amour,répondit Jessica en repoussant les brasd’Alistair. Je veux vous voir jouir.

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Elle avait l’air tellement déterminéequ’il se laissa retomber contre l’oreiller– non sans manifester sa mauvaisehumeur par un grognement. Se penchant,elle l’embrassa sur la bouche. Il avaitcru longtemps que le plaisir, c’étaitchacun pour soi. Plus maintenant. En toutcas, il le prétendait. Mais ce n’était pastout à fait vrai. Il attendait toujoursqu’elle soit épuisée et qu’elle n’y voieplus très clair avant de s’autoriser lui-même à jouir, et encore, en se cachant levisage. Même quand elle lui donnait duplaisir avec la bouche, il avait soin derejeter la tête en arrière pour qu’elle ne

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puisse pas le voir.Il lui prit la tête entre ses deux mains

et lui dévora la bouche. Elle frémit desorteils à la racine des cheveux. Ses seinsdurcirent, comme s’ils réclamaient lesmêmes attentions. Alistair embrassaitcomme personne. Il y avait de la passiondans ses baisers. Jessica redouta queson cœur n’explose de joie.

Au fond de ses entrailles, elle le sentits’allonger et durcir encore. C’étaitbouleversant de penser qu’il pouvaitjouir rien qu’en l’embrassant.

Il tourna la tête, pantelant, s’efforçantde retarder l’inévitable.

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Elle le saisit par les poignets, luiécarta les bras et se redressa. Puis elleentrelaça leurs doigts et, prenant appuisur les paumes d’Alistair, elle se mit àglisser le long de son membre vers lehaut, vers le bas, avec une lenteurexquise.

Elle lui tenait fermement les mains.Cette fois, il n’allait pas pouvoir secacher derrière.

La respiration d’Alistair était devenuesifflante. Ses yeux bleus étaient sisombres qu’ils avaient l’air de saphirs.Il avait le teint plus foncé, les lèvres

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gonflées, les cheveux ébouriffés. Elle nel’avait jamais trouvé aussi beau.

Roulant des hanches, elle se hissa,redescendit, prodiguant à chaquepassage, dans un sens et puis dansl’autre, la plus voluptueuse des caresses.Elle entendait les petits clapotis quitémoignaient de sa propre excitation. Enmême temps, elle l’observait sous sespaupières mi-closes, cherchant àdéchiffrer sur son visage les signes deson plaisir. À quelle vitesse fallait-ilaller ? Jusqu’où ? Sous quel angle ?

Il ravala son souffle lorsqu’elle selaissa retomber de tout son poids. Il était

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fiché en elle, tendu comme un arc.Jessica se mit à le chevaucher pour de

bon, de plus en plus vite. Une vraiegalopade. Alistair balançait sa tête danstous les sens et ses jambes étaientagitées de mouvements incontrôlables.

— Attendez ! dit-il en s’efforçant dese relever. Pas si vite !

— Laissez-vous aller, murmura-t-elled’une voix entrecoupée.

Elle passa l’une de ses mains derrièreses fesses, trouva les bourses d’Alistair,les pétrit et les caressa. Du coup, il seretrouva avec une main libre. Il récupérafacilement l’autre et prit Jessica par les

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hanches, l’immobilisant tandis qu’il lapilonnait tellement vite qu’elle ne putrien faire d’autre que de s’agripper à luiet de se laisser faire.

Il poussa une sorte de feulementlorsque la première giclée s’échappa,puis il laissa retomber ses bras sur le litet s’agrippa à la courtepointe. Il secambra. Son orgasme fut splendide,d’une violence inouïe.

— Oui, dit Jessica avec enthousiasme,balancée sur lui comme sur une merhouleuse, se retenant de jouir pour nerien perdre du spectacle.

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Elle n’aurait jamais cru qu’il puisseêtre transporté à ce point par un actequ’il avait autrefois tenu pournégligeable.

— Mon Dieu, murmura-t-elle, quevous êtes beau !

Et totalement vulnérable. Exténué.Toutes sortes d’émotions se peignaientsur ses traits : une extase mêlée dedouleur, peut-être de la colère, peut-êtrede l’amour… et un désir renouvelé.

Alistair les fit rouler tous les deux.Jessica se retrouva au bord du lit. Ils’était remis à donner des coups deboutoir avant même qu’elle n’ait eu le

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temps de comprendre ce qui se passait.Agrippée aux flancs d’Alistair, lesjambes grandes ouvertes, elle ne put quejouir. Elle fut bien proche de pleurerquand les spasmes la secouèrent.

Il l’embrassa pour étouffer les crisqu’ils poussaient aussi bien l’un quel’autre.

— Je vous aime, soupira-t-elle,incapable de retenir plus longtempsl’aveu de ses sentiments.

Pour toute réponse, il la serra très fortcontre lui.

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Le cœur d’Alistair tanguait plusencore que son bateau. Tout en caressantl’abondante chevelure de Jessica, ilrepensait sans cesse aux trois mots qu’ilétait presque certain d’avoir entendus.

Il savait par expérience que lesfemmes sont capables de dire de telleschoses dans l’étreinte – après quoi ellesles oublient. Il était certain que Jessicaavait été au comble de la voluptélorsqu’elle avait prononcé la phrasefatidique.

Et maintenant, elle était paisiblementblottie contre lui. Ils reprenaient leursouffle. Pendant un moment, il s’était

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senti fatigué mais heureux. Et puis ilavait commencé à s’inquiéter.

Pourquoi ne disait-elle rien ?Pourquoi ne répétait-elle pas tout hautles trois mots ?

Il prit l’initiative de parler par peurque le silence ne le rende fou.

— Puisque vous le voulez, je vousdirai que j’ai commencé à courir lesfilles à peu près comme tous les garçonsqui ont un peu de sang dans les veines :il suffisait que la personne soitprésentable et consentante pour fairel’affaire.

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— Grands dieux ! s’exclama Jessicaen riant. Vous n’avez pas dû enrencontrer beaucoup de réticentes. Aucontraire, elles devaient se jeter à votretête.

C’était la vérité mais Alistair nerépondit rien car il n’avait pas envie dela rendre jalouse.

— Un soir, mon grand frère, Aaron,m’a emmené faire la fête. J’allais surmes quinze ans et j’avais envie deparaître aussi dégourdi que lui. Nousnous sommes retrouvés chez une demi-mondaine.

Elle releva la tête et le regarda.

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— À quatorze ans ?— Presque quinze, rappela-t-il. Et je

n’étais pas innocent. Souvenez-vous quema mère a été obligée de m’expliquertrès tôt pourquoi Masterson n’aimait pasma figure.

— Il est bien le seul ! dit finementJessica.

— Il y avait là une prostituée, continuaAlistair. Je lui tapai dans l’œil et ce futréciproque.

— À quoi ressemblait-elle ?— Elle était mince. Blonde. Les traits

délicats. Des yeux bleus qui viraient augris selon son humeur.

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Jessica fronça les sourcils.— Oh, j’ai bien de la chance de lui

ressembler, dit-elle d’un ton aigre-doux.Alistair se retint de sourire pour ne

pas aggraver les choses.— En réalité, je vous avais aperçue

une quinzaine de jours plus tôt et il n’enavait pas fallu davantage pour fixer mesgoûts. De ce fait, c’est plutôt elle qui aeu de la chance de vous ressembler.

Jessica arrêta de froncer les sourcilslorsqu’elle comprit la portée de cetteprécision.

— Vous remplacer par elle, c’étaitcomme de remplacer de l’or par du

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cuivre, poursuivit Alistair. Elle n’avaitni votre raffinement d’esprit ni vosqualités de cœur. Elle ne s’était jamaisaimée elle-même et il y avait longtempsqu’elle n’était plus capable d’aimerquelqu’un d’autre. Ce qui me convenaittout à fait. Je n’étais pas là pour l’aimermais pour la baiser.

Jessica n’entendit pas cette grossièretésans tressaillir mais elle resta coite.

— Dans les premiers temps,poursuivit Alistair, notre liaison futidyllique. Tout le monde y trouvait soncompte. Elle trompait son ennui enfaisant mon éducation et moi j’apprenais

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tout ce qu’il faut savoir pour contenterune femme. J’étais un élève appliqué.Elle insistait sur la partie mécanique,sans doute pour éviter que je nem’attache à elle.

— Cela a-t-il marché ?Il haussa les épaules.— Plus ou moins. Pas assez, sans

doute, parce qu’un jour je l’ai trouvéeavec une autre femme. Une autreprostituée. Elle m’a demandé de lesservir toutes les deux, ce que j’ai fait.

Jessica se rapprocha d’Alistair etglissa un bras entre le matelas et sondos, au creux des reins.

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— Des femmes, il en vint d’autres.Parfois, elle participait, parfois, elle secontentait de regarder. Certains jours,elle invitait aussi des hommes et çadégénérait en orgie.

— Mon Dieu ! soupira Jessica enouvrant des yeux horrifiés. Pourquoiêtes-vous resté ? Pourquoi ne l’avez-vous pas laissée à son infamie ?

— Pour aller où ? Je n’avais qu’àparaître pour semer la zizanie entreMasterson et ma mère. Il lui faisait unevie d’enfer quand j’étais dans lesparages. Et puis, de toute façon, çan’avait rien d’affreux, Jessica. Tout ce

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que j’ai fait, je l’ai fait de mon plein gré.À cet âge-là, j’avais sans cesse envie defaire l’amour et la situation me procuraitde nombreuses occasions.

Il parlait d’un ton léger, mais elle serendit compte qu’il se forçait. Elleredoubla de tendresse, frottant sa jouecontre le ventre d’Alistair, le bout deson nez sur la fine bande de poils qui ledivisait en deux.

— Je n’aurais peut-être pas dû vousquestionner, murmura-t-elle. Pardonnez-moi.

Alistair ricana.

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— Vous ne me devez pas d’excusesalors que vous venez de me faireconnaître le meilleur orgasme de ma vie.

Elle avait toujours un bras coincé sousle dos d’Alistair. Elle se libéradoucement pour s’installer àcalifourchon sur lui.

— Le meilleur orgasme jusqu’àprésent, corrigea-t-elle. Car vous n’avezencore rien vu. J’ai la ferme intention devous faire jouir de mieux en mieuxchaque fois que nous ferons l’amour.

Elle sentit que le sexe d’Alistairtressaillait déjà contre sa cuisse.

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— Pas si vite, lui dit-elle à l’oreille.Vous n’êtes pas sans cesse obligé defaire ça pour me prouver vos sentiments.

Alistair eut une bouffée de tendresse,chose inouïe pour lui, qui lui fit venir leslarmes aux yeux et lui piqua la gorge. Ilmit les mains à plat sur le lit pour cacherqu’elles tremblaient.

— Est-ce la seule femme que vousayez aimée ? demanda Jessica en secouchant sur lui.

— Vous appelez ça de l’amour ?— Comment voulez-vous que je

l’appelle ?

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— Je n’en sais rien. En tout cas, cen’en était pas.

— Il doit bien y avoir eu des femmesqui vous ont aimé.

Ce n’était pas vraiment une question.— Celles à qui c’est arrivé, elles s’en

sont mordu les doigts. À la fin, lesavantages n’ont pas compensé lesinconvénients.

Elle le prit par la nuque. Les musclesdu cou étaient durs comme du bois.Machinalement, elle se mit à les masser.

— Vous n’avez aucune raison d’avoirhonte, dit-elle.

— Vous n’en savez rien.

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— Je vous connais. Je vous aime. Etje sais que je ne m’en mordrai jamaisles doigts, moi.

Alistair fut parcouru par un frissond’une violence inouïe.

— Ça non plus, vous n’en savez rien,dit-il sèchement.

— Si, Alistair, croyez-moi, je le sais.Elle l’enlaça moins fort et se fit plus

légère, comme si elle voulait lui donnerla possibilité de fuir.

À vrai dire, il était tenté. Il y avaitdans sa vie des choses qui le rendaientpeu fréquentable. Ne serait-ce que sanaissance illégitime. Elle avait tant

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souffert pour devenir la femme qu’elleétait. En restant près d’elle, il allaitdétruire sa réputation. Il ne pouvait pasla retenir perpétuellement prisonnièredans la chambre à coucher, où il étaitsûr de pouvoir lui faire tout oublier saufle plaisir qu’il lui donnait.

Il la serra dans ses bras, s’efforçantd’être doux alors que son humeurl’incitait à la violence. Elle avait besoinde tendresse, de protection, pas d’unebrute qui se ruait sur elle comme si elleétait un bastion à conquérir.

— Je vous crois, dit-il.

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— Alors, arrêtez de vous calomnier,répondit-elle en se redressant pour leregarder dans les yeux. Non seulementvous n’arrêtez pas de dire de vilaineschoses à votre sujet, mais vous les ditesavec un air crâneur, comme si vouscherchiez à me dégoûter.

C’était vrai. Si elle devait le quitter,qu’elle le quitte. Le plus tôt serait lemieux. Elle lui était de plus en plusnécessaire. À ce rythme, elle lui seraitbientôt indispensable. Parfois, déjà, ilavait l’impression de ne plus pouvoirrespirer sans elle.

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Elle l’embrassa sur un coin de labouche et puis l’autre.

— Soyez fidèle et vous ne me perdrezjamais.

— Vous êtes mon seul désir.Il poussa un soupir lorsqu’elle se

frotta contre lui.— Prouvez-le, dit-elle dans un

souffle.Comme toujours, il releva le défi. Il

connaissait ses points forts – téméraire,riche, bel homme et bon amant. Cen’était pas beaucoup pour une femmecomme Jessica. Il n’y avait plus qu’àprier pour que ça suffise.

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Hester s’immobilisa au pied du litpour regarder dormir son mari. Celafaisait une semaine qu’il la rejoignaitpresque toutes les nuits, comme s’ilvenait chercher auprès d’elle un refugecontre ses angoisses. Elle avait beau luidire que plus personne ne se souvenaitd’un match de boxe vieux d’une huitainede jours, qu’il n’était ni humilié nidiminué, rien ne parvenait à leréconforter. Elle était épuisée,démoralisée. La veulerie de Regmont la

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dégoûtait. Mais, malgré toutes lesvilaines choses qui s’étaient passéesentre eux, elle ne lui voulait toujoursaucun mal.

Il n’y a pas de plus grand échec pourune femme que de ne pouvoir sauverl’homme qu’elle aime – ou, du moins,qu’elle a aimé. Elle ne pouvait mêmepas sauver leur amour, qui avaitlentement dépéri et qui se mourait.Même si elle le regrettait, elle n’avaitplus envie de se vouer à un homme quine remarquait même pas les effortsqu’elle faisait. Elle devait penser à sonenfant, désormais, un petit être qui aurait

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besoin de tout son temps, de toute sonattention et de toute son adoration. Laforce qu’elle n’avait pas trouvée pour sedéfendre elle-même, elle devait latrouver pour défendre son bébé.

Elle redressa la tête et s’approcha dulit.

Regmont avait tout ce qu’il fallait pourêtre un homme formidable. Il était beauet charmant. Il avait de l’esprit. Ilréussissait tout ce qu’il entreprenait. Lesfemmes l’aimaient et les hommes lerespectaient. Pourtant, il ne sereconnaissait aucune qualité. Lesinsultes de son père résonnaient toujours

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dans sa tête et l’empêchaient d’entendreles compliments qu’on lui adressait detoutes parts aujourd’hui. Il s’estimaitindigne d’être aimé et, quoi qu’il arrive,il ne connaissait qu’une seule façon deréagir, celle que son père lui avaitinculquée : la violence.

Mais Hester n’avait plus envie de luitrouver des excuses. C’était un tyran. Ilne lui laissait aucune parcelle de liberté.Il voulait tout contrôler, depuis lesvêtements qu’elle portait jusqu’à lanourriture qu’elle mangeait. Ses accèsde violence n’étaient jamais sa faute.Tantôt il avait trop bu, tantôt elle l’avait

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provoqué. S’il ne pouvait pas accepterses responsabilités, il ne changeraitjamais. Elle devait faire en sorte deprotéger son bébé.

Tandis qu’elle se rapprochait, ilbougea, et un de ses bras se retrouva entravers du lit. Sentant qu’elle n’était paslà, il leva la tête. Lorsqu’il l’aperçut, ilsourit mollement. Elle frissonna. Avecl’air endormi et les cheveux endésordre, son charme était indéniable.Un démon dans l’enveloppe d’un ange.

Il s’assit dans le lit et s’adossa à sonoreiller. Dans cette position, le drap ne

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lui allait pas plus haut que la taille,dévoilant son torse musclé.

— J’entends d’ici les idées quis’entrechoquent dans votre tête,murmura-t-il. À quoi pensez-vous donc ?

— Mon ami, j’ai quelque chose à vousdire.

Il sortit du lit et se leva dans le plussimple appareil.

— Je serai tout ouïe… dans un courtinstant.

Il l’embrassa sur la joue avant departir vers le paravent derrière lequel setrouvait le pot de chambre.

À la seconde où il reparut, elle dit :

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— Je suis enceinte.Il tituba avant de se figer. Il écarquilla

les yeux et pâlit.Hester n’aurait su dire à quelle

réaction elle s’était attendue maiscertainement pas à cette affreuseimmobilité.

— J’espère que vous êtes heureux.Il prit une profonde inspiration.— Oui, bien sûr. Pardonnez-moi, je

suis un peu surpris. Je n’étais pas loinde penser que vous étiez stérile, commevotre sœur.

— Est-ce pour cette raison que vousm’en vouliez ? demanda-t-elle, n’osant

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pas imaginer sa réaction s’il savait lemal qu’elle s’était donné depuis desannées pour ne pas tomber enceinte.

— Vous en vouloir ? s’exclama-t-il endevenant tout rouge. Ah ! Je vous enprie, ne me cherchez pas querellemaintenant, ce n’est vraiment pas lemoment !

— Je ne vous cherche pas querelle,répondit Hester sans s’émouvoir. Je haisles conflits, vous le savez très bien. Jen’en ai connu que trop pendant monenfance, je n’en veux plus.

Un éclair de férocité passa dans lesyeux de Regmont.

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— Si je ne connaissais pas aussi bienvotre charmante nature, je jurerais quevous êtes en train de me provoquer.

La peur lui faisait battre le cœur maiselle refusa de baisser la garde.

— En disant la vérité ? demanda-t-elle sur un ton faussement candide. Noussommes simplement en train de discuter,Edward.

— Vous n’avez pas l’air heureused’être enceinte.

— Je le serai quand je pourrai êtresûre que le bébé va bien.

Il retrouva soudain l’usage de sesjambes et s’approcha du fauteuil sur

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lequel il avait jeté sa robe de chambre laveille au soir.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? Avez-vous consulté un médecin ?

— J’ai des nausées matinales, ce quiest parfaitement normal. On m’a dit quetout se passait très bien jusqu’ici.Toutefois, il faut que je fasse attention àmoi et que j’évite les, euh, accidents.

Un muscle frémit furieusement sous lajoue de Regmont.

— Bien sûr.— Il va falloir que je mange

davantage.— Je ne cesse de vous le dire.

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— Oui, mais l’on n’a guère d’appétitquand on souffre.

Les lèvres de Regmont pâlirent.C’était un signal d’alarme. Hesterchoisit de l’ignorer.

— C’est pourquoi j’aimerais partir àla campagne sans attendre la fin de lasaison mondaine. Vous me rejoindrezquand vous voudrez.

Regmont noua nerveusement laceinture de sa robe de chambre.

— Vous êtes ma femme, glapit-il.Votre place est à mon côté.

— Je comprends, mais nous devonspenser au bébé.

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— Vous parlez sur un ton que jen’aime qu’à moitié. Vous suggérez que jepourrais être un danger pour mon propreenfant !

Elle fut obligée de mentir.— Pas vous. L’alcool.Regmont croisa les bras.— Je ne boirai pas, voilà tout ! Au cas

où vous ne l’auriez pas remarqué, celafait presque trois semaines que je n’aipas bu une seule goutte d’alcool.

Par le passé, il était déjà resté sobreplus longtemps que ça mais il finissaittoujours par rechuter.

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— Edward, nous ne serons jamaistrop prudents lorsqu’il s’agit de notreenfant.

— Vous resterez ici, aboya-t-il enpartant vers la porte de sesappartements. Et je ne veux plusentendre un seul mot sur ce sujet.

— Edward, je vous en prie…Un claquement de porte mit un terme à

la conversation.

— Te voilà bien élégant, mon cherfils ! s’exclama Elspeth en entrant dansle petit salon. Quelle bienheureuse jeune

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fille vas-tu honorer de ta visiteaujourd’hui ?

Michael, debout devant un grandmiroir, était en train d’arranger unecravate d’une blancheur immaculée.

— Bonjour, mère, dit-il en seretournant.

Elle fronça les sourcils lorsqu’ilattrapa le chapeau posé sur la console etne dit rien de plus. Le soleil qui entraitpar les fenêtres se reflétait sur le sol demarbre. Il pensa que sa mère étaitparticulièrement belle dans cette lumièreet que sa robe aux couleurs chatoyantesla faisait paraître plus jeune.

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Un sourire malin incurva les lèvres dela comtesse.

— Lady Regmont m’a aidée à établirla liste des filles à marier qui seraientsusceptibles de te convenir. Elle abeaucoup de discernement. Elle connaîttout le monde. Et, surtout, elle estimpatiente de te voir marié.

Michael se crispa. Sa veste,parfaitement coupée, lui sembla tout àcoup trop étroite.

— Je suis heureux d’apprendre quevous l’appréciez. À vrai dire, cela neme surprend pas.

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— Oui, nous nous entendons très bien.Mieux que je ne l’aurais cru. La pauvrepetite a perdu sa mère étant jeune et, enl’absence de Jessica, je peux la gâtercomme si c’était ma propre fille.

Michael aurait voulu qu’elles puissentêtre vraiment mère et fille, au moins paralliance. Mais le sort en avait décidéautrement.

— Et maintenant qu’elle est enceinte,poursuivit Elspeth d’un ton enjoué, jevais enfin connaître cette joie. Cela meservira d’apprentissage pour ta futurefemme, quelle qu’elle soit.

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Michael s’appuya à la console ets’efforça de faire bonne figure. Un coupde poignard dans le cœur aurait étémoins douloureux.

— Nous savons tous les deux queHester n’est pas pour moi, dit-il avecamertume. Ce n’est pas la peine de me lerappeler.

La comtesse rentra la tête dans lesépaules.

— Je suis désolée, murmura-t-elle.Je…

— Vous quoi ?— J’ai peur que ton amour pour elle

ne t’empêche d’avancer.

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— Je connais mes devoirs. Je ne vaispas m’y soustraire.

— Je veux que tu sois heureux, c’estmon souhait le plus cher, dit-elle en serapprochant. C’est pourquoi je me suisdit que si tu savais qu’elle attend unenfant…

— Je me guérirais instantanément dessentiments qui m’encombrent ? ditMichael avec un petit rire sans joie. Siseulement ça pouvait être aussi simple…

Elspeth poussa un soupir dedécouragement.

— Je ne désire que t’aider, mais je nesais que faire.

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— Je vais vous le dire. Occupez-vousde Hester. Aidez-la autant que vouspourrez.

— J’ai bien peur que personne nepuisse rien pour cette pauvre fille. Entout cas, pas nous…

Il la regarda fixement.— Regmont ! s’exclama-t-il avec un

goût acide dans la bouche.— Elle change de visage quand on

prononce son nom… J’ai déjà vu cegenre de réaction. Cela ne présage riende bon. Mais que pouvons-nous y faire ?

Michael coiffa son chapeau.

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— Lui témoigner de l’amitié, dit-il enpartant vers la porte qu’un majordomes’empressa d’ouvrir. Et prier.

La respiration de Hester s’accélérabrutalement lorsqu’elle entra dans lesalon. En la voyant paraître, Michael seleva, ses yeux noirs ouvertementadmiratifs. Hester remarqua cesilencieux hommage, qui lui fit chaud aucœur.

— Vous avez attendu une semaineentière avant de venir me voir afin detenir votre promesse, dit-elle sur un tonde reproche.

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Il lui sourit avec tristesse.— Ma mère m’a recommandé

d’attendre.Hester lui fit signe de se rasseoir et

s’installa dans un fauteuil en face de lui.— Votre mère est de bon conseil, dit-

elle.— Elle vous aime beaucoup.— C’est réciproque.Hester lissa sa jupe. Elle se sentait

inexplicablement nerveuse.— Comment allez-vous ? demanda-t-

elle.— C’est plutôt à moi de vous

demander cela. Je m’inquiète pour vous.

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Cela me rend fou. La dernière fois quenous nous sommes vus, vous avezévoqué certaines choses. J’ai eu peurd’avoir aggravé la situation, de vousavoir apporté de nouveaux ennuis.

Il se passa la main sur le visage.— Je vais très bien, mon ami.— Vraiment ? demanda-t-il en la

regardant d’un œil pénétrant. Je penseque j’aurais dû le laisser gagner, maisj’étais trop en colère. J’aurais dû penserà vous.

Le cœur de Hester se mit à battresourdement, comme s’il se réveillait. En

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présence de Michael, elle se sentaitvivante comme jamais.

— C’est exactement ce que vous avezfait, n’est-ce pas ? Penser à moi ?

Il se crispa, puis il rougit.— Je ne sais pas quelle promesse

vous avez faite à ma sœur, reprit Hester,cependant je ne crois pas qu’elles’attendait que vous vous sentiezresponsable de moi à ce point.Toutefois, votre sollicitude me touche.

— Avez-vous besoin d’un champion ?demanda-t-il sur le ton de la confidenceen se penchant en avant.

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— Moi, non. Mais il y a sans douteune princesse quelque part qui n’attendque vous, preux chevalier.

— Bon Dieu, je déteste les énigmes !Il se leva avec un mélange d’élégance

et de fureur – il se maîtrisait malgré soninsatisfaction.

Une femme de chambre apporta le théet repartit aussitôt.

— Vous ne m’avez toujours pas ditcomment vous alliez, rappela Hester.

Michael poussa un profond soupir etse rassit.

— Aussi bien que possible étantdonné les circonstances. Je ne me

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doutais pas que Benedict avait autant detravail. Je n’ai toujours pas compriscomment il s’y prenait pour tout faire.Pour lui comme pour moi, les journéesn’ont que vingt-quatre heures.

— Il avait sa femme pour l’aider.— Bon Dieu ! s’exclama Michael. Le

prochain qui prétend que j’ai besoind’une femme pour m’aider dans matâche, je l’étrangle.

Hester rit tout bas, secrètement ravied’entendre que la premièrepréoccupation de Michael n’était pas dese marier.

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— J’ai déjà du mal à garder la têtehors de l’eau, ajouta-t-il. Je ne vois pascomment je pourrais m’occuper d’uneépouse dans ces conditions.

— Votre mère et moi, si noussouhaitons que vous trouviez uneépouse, ce n’est pas pour vous occuperd’elle mais pour qu’elle s’occupe devous. Ça ne devrait pas être une corvée.Vous n’êtes pas difficile à aimer.

Hester versa quelques pincées defeuilles de thé dans l’eau bouillante dela théière.

— Nous allons vous trouver quelqu’unqui vous aimera à la folie, reprit-elle

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d’une voix sourde. Quelqu’un qui n’aurapas d’autre ambition que de vous rendreheureux.

— Elle finira par m’en vouloir, ditMichael.

— Non. Pour commencer, vous vouslaisserez adorer. Mais, bientôt, vousrépondrez à ses sentiments. Ce sera plusfort que vous. À partir de là, commedans les contes de fées, vous vivrezheureux et vous aurez beaucoupd’enfants.

— Et vous, pendant ce temps-là ?Hester se redressa.

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— Mon futur bonheur, il est là,répondit-elle en mettant la main sur sonventre.

Michael eut un sourire empreint demélancolie.

— Je suis très heureux pour vous.— Merci. Et maintenant, la liste !Elle se leva et il la suivit.

S’approchant du secrétaire, elle l’ouvritet en sortit une feuille de papier. Elles’assit et déboucha l’encrier.

— Quelle liste ?— Dites-moi vos préférences, je vais

les noter.

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— J’aimerais mieux aller m’asseoirsur le tabouret de l’arracheur de dents.

Elle prit un air fâché.— Ne me regardez pas comme ça,

Hester, s’il vous plaît. Je croyais quevous m’aimiez bien.

— Couleur de cheveux ?— Tout sauf blonds.— Couleur des yeux ?— Tout sauf verts.— Michael…Il croisa les bras.— Il faut lui donner une chance, à

cette fille. Ce ne serait pas fair-playautrement.

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Hester rit doucement. De l’autre côtédu mur, on entendit des fouets claquer etdes chevaux hennir. La plupart du temps,Hester s’asseyait près de la fenêtre etregardait le monde vaquer à sesoccupations. Pour l’heure, elle étaitheureuse de se concentrer sur soncharmant visiteur.

— Grande ou petite ?— Peu importe.— Maigre ou plutôt bien en chair ?— Des proportions harmonieuses,

c’est tout ce que je demande.Il se rapprocha. Il se déplaçait avec

une telle élégance et une telle autorité

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qu’elle ne put se retenir de l’admirer. Ils’arrêta près d’elle et posa la main surle secrétaire.

— Des talents particuliers ? demanda-t-elle.

— Par exemple ?— Le chant ? Le piano ?— Je ne me soucie pas de ce genre de

choses. Je m’en remets à vous.Hester regarda sa veste.— Le bleu vous va bien, milord. Je

l’ai toujours dit. J’irai même jusqu’àaffirmer que je ne connais personne àqui cette couleur aille aussi bien.

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Les yeux de Michael pétillèrent dejoie.

— Eh bien, merci, milady.Il parut tellement heureux de ce petit

compliment que Hester eut une boufféede nostalgie en pensant à tout ce quiaurait pu être et n’avait pas été.Pourquoi ne s’était-elle pas aperçue plustôt que Michael avait un faible pourelle ? Mais, à l’époque, elle était éprised’un autre. Elle avait attendu sa nuit denoces avec impatience, enflammée parles baisers de Regmont, ses caressesfurtives et ses promesses de plaisir sansfin.

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Elle se tira d’embarras en ramenant laconversation sur un sujet plus innocent.

— Oh, je m’aperçois que je manque àtous mes devoirs de maîtresse demaison ! s’exclama-t-elle. Le thérefroidit.

— Tant pis, répondit-il. Ce n’est pasdu thé froid qui m’empêchera de jouir devotre compagnie.

Ils ne bougèrent pas. Michael étaitassez proche pour que Hester sente leseffluves de son savon à la citronnelle,qui se mêlait à sa propre odeur pourformer un parfum particulièrement

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grisant. Un souvenir remontabrusquement à la mémoire de Hester.

— Ma première valse, je l’ai danséeavec vous, dit-elle tout de go.

— C’est vrai, répondit Michael ensouriant. Comment pourrais-je jamaisl’oublier ? J’en ai encore les piedsmeurtris.

Hester resta bouche bée.— Quoi ! s’exclama-t-elle en faisant

semblant d’être outragée. Quel toupetvous avez !

Elle avait tenu à ce que Michael soitson premier cavalier parce qu’elle avaitété certaine qu’il ne se moquerait jamais

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d’elle méchamment si elle se trompait –mais elle ne s’était pas trompée uneseule fois. Il l’avait si bien guidéequ’elle n’avait même pas songé à avoirpeur, et elle était sortie de la piste dedanse dans un état de béatitude totale.

Cela faisait longtemps qu’elle n’avaitplus rien ressenti de pareil.

— Mais enfin, souvenez-vous !insista-t-elle. Je ne vous ai jamaismarché sur les pieds !

Michael sourit.— Comme si je pouvais oublier le

moment où vous avez été dans mes bras,dit-il avec une tendresse désarmante.

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À ces mots, Hester se leva sibrusquement qu’elle renversa sa chaise.Elle attrapa Michael par les revers de saveste et l’embrassa sur les lèvres. Ce futun baiser bref et chaste, pour leremercier de ne pas avoir oublié lapétulante jeune fille qu’elle avait été.

Elle se recula en rougissant.— Je suis désolée.— Eh bien, pas moi, répondit

Michael.Relevant ses cheveux d’une main

tremblante, Hester s’approcha duservice à thé. Elle essaya de reprendreson souffle et de calmer son cœur, qui

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battait la chamade. Dans son dos, elleentendit Michael qui rangeait la chaise.Au même moment, elle aperçut Regmontdans l’encadrement de la porte.

D’un seul coup, son cœur cessa debattre.

— Milord, soupira Hester.Michael se pétrifia. Dans la voix de

Hester, il y avait toute la terreur dumonde. Il se retourna pour affronter lamenace et se trouva confronté à unhomme aux traits enflammés par lacolère. Michael remarqua que le comteavait les poings fermés et les mâchoires

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serrées. Il avait connu Regmont autrefoiset se souvenait d’un gaillard à l’allurefringante qui regardait sa femme avecune tendresse infinie. Il n’y avait plusrien de tendre dans ses yeux à présent.Rien qu’une mortelle jalousie.

— Regmont, dit Michael d’un tonétrangement calme alors qu’il ne rêvaitque de se jeter sur le persécuteur deHester et le rouer de coups.

— Tarley ? Que faites-vous ici ?Michael haussa les épaules. Il n’avait

aucun moyen de savoir ce que Regmontavait vu et il devait prendre garde à nepas aggraver les choses.

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— C’est ma mère qui m’envoie. Elles’est mis en tête de me marier et ellem’a laissé le choix entre coopérer à sonentreprise ou bien prendre le risque deme retrouver avec une femme que je nepourrais pas supporter.

Regmont regarda sa femme.— Oh ? fit-il, l’air pensif. En effet,

j’ai appris que lady Pennington vousrendait souvent visite.

Hester était pâle. Elle ouvrait desyeux de biche aux abois.

— Oui, dit-elle, la comtesse secherche une bru. Elle se serait adresséeà Jessica mais ma sœur n’est pas là,

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alors c’est moi qui l’aide à faire le triparmi les jeunes filles à marier.

— C’est fort aimable de votre part,très chère.

— Grands dieux, Regmont ! s’exclamaMichael en retournant s’asseoir. Ne lesencouragez pas !

Le comte se joignit à eux, s’arrogeantle fauteuil le plus proche de celui deHester. Après avoir respiréprofondément, elle servit le thé.

Elle commença par son mari, qui butune gorgée.

— C’est à peine tiède, dit-il enreposant sa tasse.

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Hester fit la grimace.— C’est ma faute, intervint Michael.

Je me suis brûlé la langue ce matin avecmon café et ça pique toujours. LadyRegmont a eu l’obligeance de laisserrefroidir.

Regmont pivota dans son fauteuil,pointant ses genoux vers sa femme.

— Et qu’avez-vous fait pendant cetemps-là ?

Hester se redressa bravement ets’efforça de sourire.

— Tarley m’a dicté la liste de sespréférences.

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Le comte regarda dans la direction dusecrétaire. Il se leva et traversa la pièceà petites enjambées rapides. Il prit lafeuille de papier et lut ce qui était noté.Puis il se tourna vers Michael.

— Que des brunes et des rousses ?Michael répondit par un signe de la

main qui ne voulait rien dire departiculier.

Regmont éclata de rire, soudaindétendu, apaisé.

— Les rousses ont un fichu caractère,vous savez, Tarley ? Demandez àGrayson ou à Merrick.

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— J’aime les femmes qui ont ducaractère.

— Nul doute que lady Regmont vousen trouvera quelques-unes de cet acabit.

Michael se détourna pour cacher aucomte la haine et le dégoût qu’il luiinspirait et qui devaient se lire sur sonvisage. Si Benedict avait toujours étéparmi eux, Michael aurait arrachéHester à son malheur. Il l’auraitemmenée en Europe continentale ou enAmérique – elle n’aurait eu qu’à choisir.Mais il ne pouvait plus quitterl’Angleterre désormais.

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Ils étaient tous deux enchaînés à desexistences dont ils ne voulaient pas.

Il n’y avait pas d’issue, ni pour l’un nipour l’autre.

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19

— Lady Tarley !Jessica releva son ombrelle et

aperçut, au bout de la passerelle, unventripotent personnage qui lui faisait degrands signes.

— Votre intendant, M. ReginaldSmythe, expliqua Alistair en la prenantpar le coude pour la soutenir.

— Que pensez-vous de lui ?Elle adressa un petit salut à M. Smythe

en récompense des vaillants efforts qu’ilfaisait pour attirer son attention au

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milieu du tohu-bohu qui régnait sur lequai. L’odeur du goudron mêlée à celledu café lui taquinait les narines. Les crisdes mouettes rivalisaient avec ceux desmarins occupés à entasser des barriqueset des caisses dans les flancsd’imposants bateaux.

— C’est un brave homme. Sans doutecompétent. Il n’y a pas loin de deuxcents esclaves à Calypso et ilss’estiment suffisamment bien traités pourne pas saboter le travail. Toutefois, il estpeut-être un peu réactionnaire. Il n’aimeguère les femmes qui se mêlent decommerce et d’industrie.

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— Dans ce domaine, je crois que vousavez des idées plus modernes que laplupart des hommes.

— J’ai souvent constaté que lesfemmes sont aussi malignes que nous. Çapaye de faire des affaires avec elles.

— Et je serais prête à parier que lesdames sont plus accommodantes avecvous que les messieurs.

Une lueur malicieuse passa dans lesyeux d’Alistair.

— Qui sait ?Elle sourit. La présence d’Alistair ne

faisait qu’ajouter à sa joie de revoircette île du bout du monde dont elle

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gardait un souvenir attendri. Sa mémoirelui avait dépeint le paysage sous descouleurs enchanteresses et elle étaitravie de constater qu’elle n’avait rienenjolivé. L’océan avait la même couleurbleu-vert que l’aigue-marine, et lescollines étaient vert émeraude. Benedictlui avait expliqué qu’en n’importe quelendroit de l’île on n’était jamais à plusd’une trentaine de kilomètres du rivage.

Elle avait dit que c’était le paradis surterre. Il avait répondu : « Oui, unparadis qui rapporte. »

— Monsieur Caulfield, dit M. Smytheen portant la main à son chapeau.

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— Monsieur Smythe.L’intendant se tourna vers Jessica.— J’espère que vous avez fait bon

voyage, milady.— Je ne vois pas comment il aurait pu

être meilleur, répondit-elle.Elle pensait naturellement à Alistair et

à tout ce qui s’était passé depuis qu’elleétait montée à bord de l’Achéron. Elleavait commencé le voyage en tant queveuve résignée d’avance à rester seulejusqu’à la fin de ses jours. Elle lefinissait avec un amant, un hommedevant qui elle avait dénudé son corps etson âme, révélant des souvenirs qu’elle

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n’avait jamais partagés avec personne,sauf avec Hester.

Alistair lui caressa discrètement lebras.

M. Smythe hocha la tête et montra dudoigt un landau qui attendait non loin.

— Nous ferons suivre vos bagages,lady Tarley. Je vous souhaite le bonjour,monsieur Caulfield. Je prendrai rendez-vous avec vous d’ici la fin de lasemaine.

Jessica regarda Alistair. Après sixsemaines de mer, pendant lesquelles leurrelation avait prospéré, le moment était

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venu de se séparer. Elle irait chez elle etlui chez lui.

Il la regarda aussi et attendit.Jessica n’eut aucune peine à déchiffrer

la question inscrite dans ses yeux :comment allait-elle réagir maintenantqu’elle avait rejoint la terre ferme ?

La réponse était sans ambiguïté. Ellele voulait près d’elle tout le temps. Enpublic et en privé. Le matin, assis enface d’elle à la table du petit-déjeuner,et le soir, à côté d’elle dans une loge authéâtre. Elle le voulait et elle l’aurait,s’il était d’accord.

Elle parla avec son cœur.

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— Je suppose que vous avezbeaucoup de choses à faire, monsieurCaulfield, mais vous serait-il possiblemalgré tout de vous libérer pour dîneravec nous ? Ainsi, M. Smythes’épargnerait la peine d’aller vous voiret d’être obligé ensuite de me faire sonrapport.

M. Smythe cligna des yeux,manifestement surpris.

Alistair apprécia comme il se doitcette première bataille pour le contrôlede la plantation. En s’inclinantrespectueusement, il dit :

— Avec joie, milady.

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Relevant légèrement le bas de ses

jupes, Jessica escaladait la colline. Sesbottines glissaient parfois sur le solhumide mais Alistair était derrière elleet elle savait qu’il la rattraperait sijamais elle tombait.

— C’est là, dit-il, attirant son attentionsur un kiosque situé au milieu d’uneclairière.

Le petit édifice était facile àreconnaître. C’était la réplique de celuiqui se trouvait dans le parc desPennington, mais avec l’ajout d’un

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treillage sur les côtés et au fond. Le solétait couvert de tapis et de coussins.

Elle se tourna vers Alistair. Depuis cepromontoire, ils découvraient unpaysage magnifique : au-dessous, leschamps de canne à sucre et, au loin,l’océan.

Il vint se placer tout près d’elle.— Avez-vous déjà vu un incendie

dans les champs de canne à sucre ?demanda-t-il.

— Non.— Je comblerai cette lacune lorsque

l’occasion s’en présentera. Je vousconduirai quelque part où nous aurons le

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vent dans le dos pour ne pas risquer derespirer la fumée. C’est dangereux etdestructeur mais ça vaut le coup d’œil.

Jessica admira son farouche profil.— J’ai hâte de voir ce spectacle avec

vous, dit-elle. Je veux tout voir avecvous.

Il posa sur elle des yeux brûlants.— C’est donc à cela que vous

occupiez vos journées ? dit-elle ens’approchant du kiosque.

Ces derniers temps, il rentrait le soiravec des petites écorchures aux mains etparfois des ecchymoses sur les avant-bras. Elle avait essayé de lui tirer les

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vers du nez mais il n’y avait rien eu àfaire – elle avait pourtant employéabsolument tous les moyens à sadisposition pour l’amadouer…

— Alors ? demanda-t-il en guettant saréaction. Est-ce qu’il vous plaît ?

— C’est flatteur pour moi que vousayez fait tous ces efforts pour meséduire, dit Jessica avec un demi-sourire. Je constate aussi qu’à chaquefois que j’ai mes règles vous ne savezplus quoi faire de votre énergie. Vous nepouvez vous passer de faire l’amour.

— Seulement avec vous.

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Il posa dans le kiosque le panier àpique-nique qu’il avait apporté.

— Et vous savez pourquoi ? reprit-il.Parce que, lorsque je suis en vous, jesuis sûr que vous ne me quitterez pas. Jesuis sûr que, dans ces moments-là, vousn’en avez pas envie.

Elle se détourna du spectacle de lanature et se tourna vers lui, le plus beauspectacle entre tous.

— Tant que vous y êtes, que diriez-vous de vous arroger aussi l’extérieur dema personne ? En me donnant votrenom ? En me passant la bague au doigt ?Cela vous apaiserait-il ?

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Alistair parut se pétrifier d’un seulcoup. Il ne cillait même plus.

— Je vous demande pardon ?— À présent, on dirait que vous avez

peur ? demanda-t-elle doucement.— Oui, j’ai peur de rêver.Retrouvant l’usage de ses membres, il

vint vers elle.— Je vous ai déjà dit que je vous

aimais, murmura Jessica. Plus d’unefois. Tous les jours, en vérité.

Elle poussa un profond soupir,rassemblant son courage. Elle ne pouvaitplus contenir cet immense amour qui lui

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dilatait le cœur et l’empêchait derespirer.

— Je vous aime, répéta-t-elle. Je vousaime assez pour m’effacer sans bruit siun jour vous souhaitez être père.

Alistair déglutit péniblement.— Ce ne sont pas les orphelins qui

manquent si jamais j’ai envie de gâterdes enfants.

Jessica resta bouche bée. Un folespoir lui fit battre le cœur.

Alistair la prit par la main etl’entraîna dans le kiosque. Il luidemanda de s’asseoir, ce qu’elle fit.Alors, il mit un genou en terre.

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Elle devina la suite.— Alistair…— Franchement, je ne m’attendais pas

que vous abordiez le sujet avant moi,dit-il sur un ton faussement bougon.

Il glissa la main dans la poche de songilet. Il ne portait ni veste ni cravate.Chose scandaleuse et tout à faitinacceptable. Mais il n’y avait personnepour les voir.

Le plus difficile depuis une semaineavait été de se comporter comme s’ilsn’étaient que de vagues connaissancesen public alors qu’ils étaient des amantspassionnés en privé.

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Jessica était au supplice lorsque lesjeunes filles, les veuves et même lesfemmes mariées s’empressaient autourd’Alistair. Il y avait celles quirevendiquaient de danser avec lui ou dese faire donner le bras au moment depasser à table. Les plus jolies jeunesfilles flirtaient ouvertement avec lui. Iln’aurait eu que l’embarras du choix.

Il n’encourageait aucune de sesadmiratrices. C’est elle qu’il cherchaitdes yeux en toutes circonstances. De soncôté, elle essayait de le regarder lemoins souvent possible, par crainte detrahir ses sentiments. Elle était

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désespérément amoureuse. Sans lui, ellen’aurait plus qu’une vie morne et triste.

En vérité, il se comportait avec plusde facilité qu’elle en société. Autant ilétait impérieux en privé, autant il étaitdiscret en public. Il semblait se plaire àla voir évoluer au milieu des gens. Iladmirait l’aisance avec laquelle elledonnait la réplique, dansait et souriait. Ilétait fier d’elle, de la manière dont ellebrillait au milieu des mondanités, et il sedemandait s’il fallait vraiment regrettertout ce qu’elle avait enduré dans lepassé quand on voyait le résultat.

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Il sortit de sa poche une bague. Unanneau d’or surmonté d’un énorme rubis.La pierre, du rouge le plus éclatant, étaitentourée de diamants et témoignait del’opulence de l’homme qui l’avaitachetée. Ce manque de discrétion fitsourire Jessica. Si son mariage avecAlistair ne réussissait pas à prouver àtout le monde qu’elle avait changé, cettebague s’en chargerait.

— Oui, murmura-t-il en glissant lerubis à l’annulaire gauche de Jessica, jeveux vous épouser. Le plus tôt possible.Avant la fin de la semaine si c’estpossible.

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Elle prit le visage d’Alistair entre sesdeux mains, ses pouces jouant avec leslourdes mèches noires qui lui tombaientsur le front.

— Non, dit-elle doucement. Je tiens àrespecter les traditions. Faisons cela enAngleterre. Après avoir publié les bans.Je veux une belle cérémonie, des fêtes àn’en plus finir, avec nos famillesréunies. Je veux que le monde entier – àcommencer par vous – sache que je faisça après mûre réflexion. Car je sais ceque je fais, Alistair, et je sais ce que jeveux.

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— Je préférerais quand même quenous soyons mariés avant notre retour.

— Je ne vous quitterai pas, promit-elle, allant au-devant de son inquiétude.

— De toute façon, vous ne le pourriezpas. Je ne vous laisserais pas faire.

Il la prit par les poignets, d’un gestedoux et ferme à la fois.

— Mais il y aura des femmes qui…balbutia-t-il. Des femmes, dans desraouts ou des bals… Elles sauront que…

— Elles sauront pour Lucius, intervintJessica. Mais vous, elles ne vousconnaissent pas. Enfin, pas comme jevous connais, moi.

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Se penchant, elle planta un baiser surson front rembruni.

— Mon chéri, reprit-elle, je n’auraisjamais cru qu’on puisse aimer sansréserve, parce que je n’ai jamais vupersonne aimer de cette façon-là. Etpourtant, c’est ce que je fais. J’aime toutde vous. Je ne peux pas m’en empêcher.Vous avez fait de moi une autre femme etje ne reviendrai jamais en arrière. Jesuis celle que je suis aujourd’hui grâce àvous. Sans vous, je n’existerais plus. Jene sais même pas comment je vais fairepour survivre en attendant que vouspuissiez me rejoindre…

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— Vous rejoindre ? demanda-t-ilbrusquement. Où cela ?

— Une lettre de Hester est arrivéetantôt. Elle a dû l’envoyer peu de tempsaprès mon départ, voire le jour même.Ce qui veut dire qu’elle savait qu’elleétait enceinte avant que je ne parte maisqu’elle ne me l’a pas avoué par peur quela nouvelle ne m’incite à annuler mondépart.

— Votre sœur attend un enfant ?— Comment peut-elle croire que je

vais rester ici maintenant que je suis aucourant ? Cela faisait quelque tempsqu’elle n’allait pas très bien. Elle va

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avoir besoin de quelqu’un pour veillersur elle. Il faut que je rentre par lepremier bateau.

— Je pars avec vous, évidemment.C’est dit ! L’Achéron sera prêt à leverl’ancre après-demain. Je vais m’enoccuper toutes affaires cessantes. Si lesvents sont favorables, nous serons enAngleterre dans une quinzaine de jours.

— Je ne peux pas vous demander cela.Vous êtes venu ici pour une raison.

— Oui, vous. C’était déjà la raisonpour laquelle j’étais revenu enAngleterre. J’ai fait la traversée avecvous parce que je n’avais plus de

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raisons d’y rester alors que vous n’yétiez plus. L’inverse est vrai.

Jessica se souvint de la conversationqu’ils avaient eue sur le pont del’Achéron le premier soir. Il avait ditmystérieusement que la raison pourlaquelle il était parti n’existait plus etqu’une bonne raison de rentrer aubercail venait de se présenter. Elles’était demandé s’il ne s’agissait pasd’une femme. Maintenant, elle savait quela femme en question, c’était elle.

La surprise se peignit sur ses traits.— Je vous désirais ardemment, je

l’avoue. Je ne dirai pas que j’étais

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amoureux mais, si ça n’allait pas jusqu’àl’âme, ça n’avait rien d’une tocade. Mondésir pour vous me donnait l’espoir dereprendre goût à l’amour, de ne plus lefaire par simple besoin. Il fallait doncque je vous aie, Jess, à n’importe quelprix.

Elle le regarda avec des yeux ronds,se demandant pourquoi il ne disait pasqu’il l’aimait. Peut-être parce que,justement, ce n’était pas le cas. Peut-êtreparce qu’il en était incapable. Peut-êtreparce qu’elle n’avait rien de plus àattendre de lui que ce qu’elle avait déjà.

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Après un moment de réflexion, elledécida de se contenter de ce qu’il luidonnerait. Pour ce qui était de l’amour,elle en avait assez pour eux deux.

Elle se répandit sur les coussins, lesmains derrière la tête, les seins projetésen avant, les reins cambrés, provocante.S’il n’avait que du désir à donner, soit,mais elle voulait tout.

Alistair s’allongea sur elle etl’embrassa sur la bouche. Une doucebrise vint rafraîchir l’atmosphère. Dansle lointain, des gens s’interpellaient. Lesmouettes poussaient leurs cris stridents.Ils étaient dans la nature, où l’on pouvait

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les voir. Jessica n’en fut que plusexcitée. Elle prit Alistair par le cou et selaissa embrasser en ronronnant.

— Lorsque j’ai décidé de vousdemander en mariage, dit-il ensuite, j’aivraiment cru que vous seriez difficile àconvaincre. Que ça risquerait de prendredu temps. Des semaines, des mois, voiredes années. J’ai construit cet endroitpour vous compliquer la tâche si vousdécidiez de prendre la poudred’escampette pendant que je ferais madéclaration.

Elle sourit.

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— Comment m’auriez-vous empêchéede partir ?

— Peut-être en cachant vos vêtements.J’ai aussi apporté quelques bouteilles devotre vin préféré. Je me souviens quevous êtes beaucoup plus accommodanteaprès un verre ou deux.

— Je ne vous croyais pas si retors.Alistair la regardait avec tendresse.

Les veines de son cou battaient fort soussa peau.

— Puisqu’il en est ainsi, reprit-elle,j’annule mon consentement. Faites voirde quoi vous êtes capable.

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Alistair frotta le bout de son nezcontre celui de Jessica.

— Ah, mais vous n’avez pas consenti.Vous avez demandé. C’est moi qui aiaccepté, et je ne peux pas vous dire àquel point c’est important pour moi.

Elle lui caressa la nuque de la façonqu’il aimait tant.

— Si vous ne pouvez pas le dire, vouspouvez toujours le montrer.

Il s’allongea à côté d’elle.— Tournez-vous.Elle obéit. Lorsqu’il lui dénoua sa

ceinture, elle en eut des frissons dans ledos. Puis il déboutonna la robe de soie

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violette. Plus les mains d’Alistairs’approchaient du creux de ses reins,plus elle se troublait. Il la désirait et ellene le désirait pas moins, surtout aprèsune semaine d’abstinence.

— Je vais renouveler votre garde-robe, dit-il. Sans regarder à la dépense.Je ne vous reproche pas de regretterTarley – je sais qu’il a été un bon mari–, mais je ne veux plus que vous portiezdes toilettes tristes quand vous serez mafemme.

Elle le regarda par-dessus son épauleet lui sourit, plus amoureuse que jamais.

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Il l’embrassa et la lécha entre lesomoplates

— J’aimerais vous voir en rouge feu,en jaune d’or, en bleu azur.

— En bleu ? Pour être assortie à vosyeux ? répliqua-t-elle finement.J’aimerais bien. Vous pourriez peut-êtrevenir avec moi chez les couturières ?

Alistair glissa les mains dans la robeentrouverte.

— Volontiers, répondit-il. D’autantque vous serez à moitié nue pendant lesséances d’essayage. Cela va me plaire.

— Pour l’heure, j’aimerais êtreentièrement nue.

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Il lui caressa la taille, puis s’écarta.— Eh bien, déshabillez-vous, dit-il en

s’installant pour jouir du spectacle.Jessica se leva. La profusion de

coussins lui rappela l’histoire qu’elleavait inventée, à propos d’une aventuredans le désert et d’un cheik lubrique.

Tête basse, elle prit une posturehumble et soumise.

— Vous pourriez demander unerançon, Excellence, murmura-t-elle. Lasomme s’ajoutant au butin que vous aveztiré de la caravane compenseraitlargement le plaisir de m’avoir pourconcubine.

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La surprise d’Alistair fut grande.Pendant un moment, il resta silencieux.

— Mais, dit-il enfin, c’est vous laraison pour laquelle j’ai fait cette razzia,ma beauté. Je ne me serais pas donnétout ce mal si c’était pour vous libérerensuite.

— Cela vous rapporterait une fortune.— La seule fortune qui m’intéresse est

sous votre robe.Jessica rougit d’émotion.— Enlevez-la, ordonna-t-il avec un

impérieux mouvement du menton.Jessica s’humecta les lèvres et

s’octroya un moment de répit avant

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d’obtempérer. Puis elle descendit sesjupes, doucement, comme si elle avaithonte de dévoiler un corps qu’ilconnaissait pourtant mieux qu’elle. Larobe glissa et se répandit sur le sol.

— Maintenant, le reste.— S’il vous plaît…— N’ayez pas peur ! Dans un instant,

je vais vous donner un plaisir tel quevous n’en avez jamais connu. Et, ajouta-t-il en plissant les yeux, tel que vousn’en connaîtrez plus jamais.

Jessica passa d’un pied sur l’autre,l’observant à la dérobée.

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Il mit la main sur son bas-ventre etcaressa son sexe à travers sa culotte.Voluptueux jusqu’à la moelle des os. Ilétait expérimenté, bien plus qu’elle ne leserait jamais. À moins qu’il ne consenteà l’éduquer, ce qui était peu probable,car il redouterait sans doute de lacorrompre, tandis qu’elle redoutaitsurtout qu’il s’ennuie avec elle.

Se levant, il s’approcha, avec ladangereuse élégance d’un fauve. Il luitourna autour, comme s’il l’examinait.Puis il s’arrêta derrière elle. Il l’enlaçaet s’empara brusquement de ses seins,lui arrachant un hoquet de surprise.

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Elle appuya sa tête contre la poitrined’Alistair.

— Vous avez eu tellement deconcubines plus audacieuses que moi.Vous aurez tôt fait de vous lasser.

— Vous sous-estimez mon désir pourvous.

Il lui effleura l’oreille avec seslèvres : la position s’y prêtait. Il laplaqua contre son ventre pour lui fairesentir son érection.

— Sentez-vous comme c’est dur ? Jevous désire tant et depuis si longtempsque je ne me rassasierai jamais.

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— Avant la razzia, avez-vous imaginéde m’avoir ? Avez-vous parfois rêvé dela manière dont vous me prendriez ?

— Toutes les nuits, répondit-il en luicaressant les seins.

Elle tourna la tête. Ils se retrouvèrentjoue contre joue.

— Montrez-moi ce dont vous avezrêvé. Enseignez-moi les manières devous plaire. J’ai envie d’apprendre.

Une main d’Alistair descendit le longde son ventre et vint se poser entre sesjambes. Jessica cessa de respirer quandil glissa la main dans l’ouverture de sespantalons et écarta ses petites lèvres.

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Avec des doigts rendus calleux par unesemaine de menuiserie, il lui caressa leclitoris, exactement comme il fallaitpour la faire frissonner.

— Avez-vous toujours envie que jevous libère contre rançon ?

— Si vous faites cela, qui éteindra lefeu qui ravage mes veines ?

— Personne, répondit-il en luimordillant le lobe de l’oreille. Je seraisprêt à châtrer n’importe quel homme quiessaierait.

Affolée par les mains qui pétrissaientses seins et le doigt soudainementintroduit dans son sexe, Jessica ondula

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des hanches en gémissant. Un deuxièmedoigt se faufila dans l’onctueuse fente,lent et délicat. Elle prit une profondeinspiration, grisée par l’odeurd’Alistair, un mélange d’homme, d’airmarin et de soleil.

— Penchez-vous, ordonna-t-il en luiinclinant la tête.

Jessica trébucha et se rétablit enécartant les bras. Lorsque Alistair seredressa, elle sentit la caresse de labrise sur son dos nu. La sueur étaitcomme une fine rosée sur sa peau. Il luibaissa ses pantalons.

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— Que c’est beau ! s’exclama-t-il enlui caressant les fesses. Et lui, continua-t-il en lui mettant le bras entre lescuisses pour attraper le mont de Vénus,si doux, tout gonflé ! Avez-vous besoind’une grosse queue en vous, ma bellecaptive ?

Elle se sentait terriblement vulnérabledans cette position, incapable de voir levisage d’Alistair, de prévoir sesmouvements.

— Oh, oui ! murmura-t-elle d’une voixrauque.

Il y eut un bruit d’étoffe et puis le grosbulbe d’Alistair appuya légèrement

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contre sa fente. Il n’y eut pas d’autreavertissement. L’agrippant par leshanches, il l’attira en arrière en mêmetemps qu’il plongeait en elle d’un seulcoup de reins.

Elle poussa un cri et s’efforça de nepas perdre d’équilibre.

— Je suis en vous jusqu’au fond, Jess,vous le sentez ?

Elle ferma les yeux. Elle sentit laculotte d’Alistair contre ses cuisses etses manchettes qui frottaient contre seshanches. Regardant par terre, elle vit sesbottes boueuses. Il était tout habillé etelle, presque entièrement nue, croupe

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offerte. Elle se représenta le tableauqu’ils auraient offert à un passant et celastimula encore son désir. Excitée au-delà de toute expression, elle étaittellement mouillée que chaque coup deboutoir d’Alistair s’accompagnait depetits clapotis. Les grognementsd’Alistair portaient loin, on aurait pu lesentendre, mais elle s’en moquait. Elleavait les yeux rivés sur le point dejonction où sa chair frémissait autour dusexe d’Alistair, gros et dur.

Il commença à bouger. Non pas avecla brutalité à laquelle elle se seraitattendue dans une telle position mais

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avec une lenteur avisée. Il allait etvenait avec des mouvements longs etsinueux. Elle était au supplice. Il avaittout son temps et beaucoupd’expérience. Il lui secouait les hanchesau même rythme que ses avancées et sesretraits afin de caresser tous ses pointssensibles.

Ses jambes se dérobèrent, elle seretrouva à genoux. Ils se détachèrentmalgré eux mais il la rejoignit et lapénétra aussitôt, d’une seule poussée.Elle cria, vaincue. Il lui fit écarter lescuisses et accéléra le rythme. Sesbourses claquaient en cadence contre le

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clitoris de Jessica, ajoutant une nouvellenote au concert du plaisir. Bientôt, ellen’eut plus de force dans les bras, sesépaules s’affaissèrent, projetant seshanches un cran plus haut. Désormais,Alistair la possédait sans entraves, maisil ne s’emballait pas pour autant. Ilcontinuait imperturbablement au mêmerythme. Au comble de l’excitation, elles’agrippait à tout ce qui était à portée demain, griffait les coussins.

— Que vous êtes serrée comme ça !s’exclama-t-il. Et tellement mouillée ! Jeveux jouir en vous.

— Oh, oui ! cria-t-elle.

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— Pas tout de suite. Je vais vousbaiser jusqu’à ce que vous ne teniez plusdebout.

Cette obscénité la fit frissonner. Sonorgasme fut si violent qu’elle vibra de latête aux pieds. Il poussa un juronlorsqu’elle se contracta autour de luimais il tint bon, retardant encore sonpropre plaisir. Il lui pétrit les cuisses aupoint de lui faire mal. Elle adora ça,l’idée qu’elle puisse lui faire perdre sonmagnifique sang-froid.

Elle laissa le plaisir se répandrelibrement dans tout son corps. Alistairdesserra son étreinte. Tandis qu’elle

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redescendait lentement sur terre, il lacaressa et lui murmura des mots doux.Elle était tellement extatique qu’elle mitun certain temps à se rendre comptequ’Alistair était devenu un peu tropcalme. Elle rouvrit les yeux, tourna latête et le trouva en train de la regarderd’un air qui n’avait rien à voir avec ledésir.

— Qu’y a-t-il ?Alistair avait l’air furieux, ce qui

dissipa son euphorie.— D’où viennent ces marques sur

votre peau ?

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Jessica fit la grimace. Elle étaitdésolée qu’il ait vu les fines cicatricesargentées qui striaient son derrière et lehaut de ses cuisses. S’ils n’avaient pasété dehors, sous l’implacable soleil destropiques, il ne se serait peut-être jamaisaperçu de rien. Même si elle détestait laréponse, elle répliqua quand même.

— Je suppose que vous reconnaissezles traces d’une badine ?

— Bon Dieu !Dans un élan protecteur, il se pencha

sur elle, lui faisant un bouclier de sonpropre corps, comme si le danger étaittoujours là.

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— Avez-vous d’autres cicatrices ?— À l’extérieur, non.— Des séquelles ?— Peu importe.— Bien sûr que cela importe !

répliqua Alistair.Jessica hésita. Elle n’avait envie que

d’une chose à propos du passé :l’enterrer.

— J’écoute, Jessica.— Je n’entends plus de mon oreille

gauche, comme vous le savez.— C’est la faute de Hadley ?— Je n’ai pas envie d’y repenser, se

plaignit-elle. Pas ici, pas maintenant.

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Alistair l’embrassa dans le dos.— Je vais vous faire oublier tout cela,

promit-il.Elle poussa un soupir de soulagement,

tous ses mauvais souvenirs emportés parla brise marine.

— Mais moi non, répliqua-t-il, lesouffle haletant. Moi, je n’oublieraijamais.

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20

Le gros rubis au doigt de Jessica selaissait deviner à travers le gant de soieblanche. Elle le portait fièrement. PourAlistair, c’était une source de réconfort.

Il aida Jessica à descendre du tilbury.Derrière lui, l’hôtel Regmont sedressait. La grande bâtisse en briquerouge semblait plutôt accueillante mais,pour lui, elle recelait un terrible danger.

Il n’avait pas la moindre idée de ceque Jessica ferait si sa sœur condamnaitses projets de mariage. Il n’avait pas la

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moindre idée de ce qu’il ferait, lui, caril ne voyait pas comment il pourrait laperdre sans en mourir.

— Tout ce qu’elle veut, c’est monbonheur, murmura Jessica, plusattendrissante que jamais sous sonchapeau de paille à large bord. Elle serapeut-être surprise de constater que je nesuis pas aussi sage que j’en ai l’air, maiselle ne fera aucune objection.

Il ronchonna. Il avait manifestementperdu son aptitude à masquer sesémotions dès lors que Jessica étaitconcernée.

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Il lui donna le bras pour monter lesquelques marches du perron. Lorsqu’unmajordome vint ouvrir, il n’eut qu’àmontrer sa carte pour se retrouveraussitôt dans un salon aux couleurspimpantes. Il resta debout tandis queJessica s’asseyait pour attendre. Il étaittrop nerveux pour se poser et il n’avaitpas l’intention de s’éterniser une foisque lady Regmont aurait fait sonapparition. Ils venaient juste dedébarquer et il avait beaucoup de chosesà régler. Ses serviteurs n’avaient pas étéprévenus de son retour et sa maisonlondonienne n’était pas prête à le

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recevoir. Il fallait qu’il écrive une lettreà sa mère, pour la prier de l’héberger. Etune autre à Baybury.

Il bouillait d’impatience. Il y avaitencore bien des obstacles à surmonteravant que Jessica et lui puissentannoncer officiellement leurs fiançailles.

Il se tourna vers la porte lorsqueHester fit son entrée et resta bouche bée.Cela faisait des années qu’il ne l’avaitpas vue et, à l’époque, comme elle avaittoujours été en compagnie de Jessica, cen’était pas elle qui avait retenu sonattention. Néanmoins, il était certain quelady Regmont n’avait jamais été aussi

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fluette. Il fit un rapide calcul mental.Elle devait être dans son cinquièmemois ou quelque chose d’approchant,pourtant cela ne se voyait pas. Elle étaittrop maigre et son fard à jouescontrastait désagréablement avec sapâleur.

Alistair passa par un momentd’angoisse. Et si elle avait perdu sonbébé ?

Hester et Jessica s’embrassèrent. Lesdifférences étaient d’autant plusflagrantes entre les deux sœurs qu’ellesse ressemblaient beaucoup. Jessica étaitresplendissante de santé – ses yeux

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brillaient, ses lèvres étaient pulpeuses,elle affichait un teint de rose. Hesteravait presque l’air fantomatique encomparaison.

— Mon Dieu ! s’exclama Hester d’unevoix haletante. Tu as l’air en pleineforme. Je ne t’ai jamais vue aussiheureuse et épanouie.

Jessica sourit.— Le mérite en revient à M.

Caulfield.Hester tourna vers Alistair un regard

chaleureux. S’approchant, elle lui donnasa main à baiser. Il remarqua le réseaude veines bleues sous la peau

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parcheminée. Les cernes sous les yeuxétaient également inquiétants.

— Je vous en sais infiniment gré, dit-elle. Occupé comme vous l’êtes sansdoute, c’est très généreux de votre partd’avoir pris soin de ma sœur.

— Ce fut un plaisir, rassurez-vous,murmura Alistair avec un sourire.

La conduite de Regmont étaitincompréhensible. S’il aimait sonépouse, comment pouvait-il la laisserdépérir de cette façon ? Surtout qu’elleétait enceinte. Ne se rendait-il comptede rien ? Était-il aveugle ? Alistair étaitpersuadé que, si un jour Jessica avait

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l’air aussi souffreteuse, il la forcerait àgarder le lit et à manger, quitte à luimettre lui-même la nourriture dans labouche, et il demeurerait à son chevetjusqu’à ce qu’il soit sûr qu’elle aitretrouvé sa bonne forme.

— Comment vas-tu ? demandaJessica.

Elle regarda Alistair par-dessusl’épaule de sa sœur. Ils avaient l’airaussi préoccupés l’un que l’autre.

— Je me porte comme un charme,prétendit Hester.

Elle pivota lentement et alla s’asseoirsur le canapé.

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— Dites-moi, vous deux, reprit-ellesur un ton faussement accusateur, pourêtre déjà ici, vous avez dû reprendre lamer aussitôt après votre arrivée là-bas ?

— Que voulais-tu que je fasse aprèsavoir reçu ta lettre ? demanda Jessica.

— Me souhaiter bonne chance etprofiter de la vie.

Jessica commença à ôter ses gants.— J’ai fait l’un et l’autre et à présent

me voici.— Je vais très bien, dit Hester.

J’avais d’abominables nausées qui sontpassées. Je suis souvent fatiguée. Lemédecin dit que ça n’a rien de

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surprenant. Venez donc vous asseoir,monsieur Caulfield. Il y a des sièclesque je ne vous ai vu.

— Merci, mais je ne peux pas rester.J’ai été absent pendant quelque temps etj’ai beaucoup à faire.

— Naturellement, dit Hester. Je suisdésolée de vous avoir retardé. Et jevous remercie vivement de m’avoirramené ma sœur. Verrez-vous bientôtlord Tarley ?

— C’est fort probable.— Dans ce cas, transmettez-lui mes

amitiés, s’il vous plaît ?— Je n’y manquerai pas.

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Jessica posa ses gants sur l’accoudoirdu fauteuil le plus proche.

— J’aimerais rester un moment avectoi. Tu m’as manqué.

— Dis plutôt que tu t’inquiètes pourmoi, rectifia Hester. Je t’assure qu’il n’ya pas de quoi.

— Mes mobiles ne sont pas aussidésintéressés que tu le crois, réponditsuavement Jessica. Qui va m’aider àpréparer mon mariage si ce n’est pastoi ?

Hester écarquilla les yeux.— Je te demande pardon ? Tu as bien

parlé de mariage ?

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— Oui, c’est ce que j’ai dit.En souriant, Jessica se tourna vers

Alistair. Il était toujours fascinélorsqu’elle le regardait comme ça. Sonvisage était tellement expressif,tellement beau, avec tout cet amour quitransparaissait dans ses yeux et sur sestraits. Il cessa de respirer.

— Avec Alistair Caulfield ? s’écriaHester.

Il fit la grimace car elle avait l’airchoquée. Puis elle se leva d’un bond etcourut se jeter à son cou.

Jessica prit un air triomphant quisignifiait : « Je vous l’avais bien dit »,

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et ses yeux s’emplirent de larmes.Profondément soulagé, Alistair serraHester dans ses bras. Elle n’avait plusque la peau sur les os.

Après avoir quitté l’hôtel Regmont,Alistair se rendit sur-le-champ au clubRemington. Il avait besoin d’un verre,voire de deux.

Il avait eu beaucoup de mal à laisserJessica. Ici, à Londres, tout allaitconspirer contre eux, et d’innombrablesforces hostiles s’emploieraient bientôt àles éloigner l’un de l’autre. Lorsqu’ilsétaient ensemble, il avait l’impression

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que rien ne pouvait les atteindre. Quandils étaient séparés, un malin génie luifaisait craindre le pire.

Après avoir franchi la double porte, iltraversa la salle de jeu et entra dans legrand salon, parcourut des yeuxl’assistance et repéra une place libredans un coin reculé. Son frère Albert,par malheur, n’était pas là. Il avait hâted’annoncer la nouvelle de ses fiançaillesaux membres de sa famille. Pour ne plusavoir à y penser. Une fois que Jessica etlui seraient mariés, la bonne sociétépourrait aller au diable avec ses cancanset ses manigances. Certaines institutions

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étaient encore sacrées, Dieu merci –parmi elles, le mariage : ce qu’unhomme faisait avec sa femme neregardait que lui et personne d’autre.

Tandis qu’il allait s’asseoir, il serendit compte qu’ils étaient nombreux àle suivre des yeux. Il salua ceux avec quiil était en affaires et ignora les autres.Au bar, il commanda un scotch etdemanda une plume, de l’encre et dupapier. On commença par vérifier soninscription, ce qui lui rappela qu’iln’avait pas fréquenté Londres depuisbien longtemps. Il alla s’installer dans lefauteuil qu’il avait repéré.

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— Diantre ! maugréa-t-il en portantson verre à ses lèvres.

Tous les regards se tournaient vers luiet il n’arrivait pas à comprendrepourquoi. Il alla jusqu’à vérifier satenue, cherchant l’éventuelle tache oul’éventuel accroc qui aurait pu expliquerce surcroît d’intérêt pour sa personne.

Ne trouvant rien, Alistair promena surl’assemblée un regard hautain. À sagrande surprise, il ne vit que desgentlemen fort avenants qui le saluaienten souriant comme s’ils étaient de vieuxamis à lui. Sa défiance fit place à del’incompréhension. Lorsqu’une

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silhouette familière fit son entrée dans lapièce, Alistair se leva, soulagé.

Michael l’aperçut. Les yeux ronds desurprise, il rejoignit Alistair à grandesenjambées et lui donna l’accolade.

— Les gens seraient-ils tous devenusfous ! aboya-t-il, le bras tendu pour nepas renverser son verre dans le dos deson ami.

— Comment allez-vous ? demandaMichael en dévisageant curieusementAlistair avant de faire un signe augarçon derrière le bar.

— Comme vous voyez, réponditAlistair sans se compromettre.

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Ils s’assirent. Un instant plus tard, unserviteur vint poser un verre devantMichael.

— Je ne m’attendais pas à vous revoiravant plusieurs mois, dit-il.

— Ç’aurait été idéal. Mais une foisque lady Tarley a su que sa sœurattendait un enfant, elle a voulu rentrerimmédiatement.

Michael renifla bruyamment mais nedit rien.

Alistair compatit. Il était bien placépour savoir que désirer la femme d’unautre est source de tourments.

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— Je suis chargé de vous transmettreles amitiés de lady Regmont. J’ajouteque cette commission m’a semblé luitenir à cœur car elle s’est inquiétée desavoir si j’allais vous rencontrer bientôtafin de m’en acquitter.

— Elle pensait sans doute que nousavions beaucoup en commun désormais.

— Parce que nous sommes tous lesdeux amoureux d’une Sheffield ?

Michael se figea.— Qu’avez-vous dit ?— Allons ! Il y a des années que je

sais ce que vous ressentez pour la sœurde Jess.

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Michael faillit s’étrangler.— Ah ! Parce que vous l’appelez Jess,

maintenant ! s’écria-t-il en reposantbrutalement son verre sur la table.Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?J’espère que vous n’avez pas été assezfou pour jouer à votre petit jeu avec laveuve de mon frère.

— Jamais ! protesta Alistair.Michael poussa un soupir de

soulagement.— Toutefois, reprit Alistair, les jeux

auxquels je joue avec ma fiancée neregardent que moi.

— Par Dieu, Alistair…

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Michael resta sans voix pendant unlong moment et puis il vida d’un trait sonverre de scotch et fit signe qu’on lui enapporte un autre.

— Qu’avez-vous en tête ? demandaMichael lorsqu’il se fut ressaisi. Jessican’est pas une femme avec laquelle unhomme peut tricher. Votre position, vosrevenus, ça ne suffira pas à son bonheur,même si vous l’épousez. Vous devrezêtre la discrétion même, la prudenceincarnée…

— … ou simplement la fidélité faitehomme.

— Cette blague !

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— Je ne plaisante pas, Tarley.Tout en faisant rouler son verre entre

ses mains, Alistair regarda l’assembléeen se disant que tous ces gentlemenpenseraient bientôt comme Michael – àsavoir que Jessica serait plus heureuseavec n’importe qui d’autre.

— Je suis amoureux d’elle depuisl’enfance. À l’époque, je croyais qu’elleétait inaccessible, une sorte d’ange, entout cas le seul être en ce bas monde quiavait une chance de sauver mon âmepécheresse…

— Épargnez-moi votre lyrisme depacotille.

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Alistair sourit. Il lui suffisait depenser à Jessica pour s’adoucir. Il étaitsur le point d’épouser un diamant de laplus belle eau. Tout le monde laconsidérait comme la femme idéale etelle était à lui.

— Mais, continua-t-il, j’ai eul’occasion de découvrir que ce sont nosdéfauts qui nous rendent parfaits l’unpour l’autre. J’ai l’intention de vivredans la foi conjugale jusqu’à la fin demes jours.

— Qu’en dit Masterson ?— Qui s’inquiète de savoir ce que

pense Masterson ?

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— Et votre mère ? insista Michael.Elle y verra peut-être une occasion devous réconcilier avec le duc. Jessica eststérile, Alistair. C’est une certitude.

— Je le sais, et je m’en fiche.— Vous ne pouvez pas être aussi

catégorique. Je sais que vous ne vousêtes jamais bien entendu avec votrepère, mais cette affaire vous dépassel’un comme l’autre.

Un verre fut déposé devant Michael.Alistair s’en empara et fit cul sec.

— Vous n’avez plus les idées claires,Michael, dit-il en s’essuyant les lèvres.Vous travaillez trop, c’est ça ?

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— Il n’y a pas de quoi ironiser, monami. Désormais, vous allez prendre desdécisions dont les répercussions seferont sentir pendant des générations.

— Rien que ça ! Si j’ai bien compris,la raison pour laquelle vous essayez deme dissuader d’épouser Jessica ne tientpas au fait que je serais indigne d’ellemais parce que vous vous êtes mis entête que je suis dans l’obligation d’avoirune progéniture.

— Les responsabilités sont des plaies,n’est-ce pas ? dit Michael avecamertume.

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— La mort de votre frère vous amanifestement affecté. Mais moi, je nevais certainement pas renoncer à lafemme que j’aime pour faire plaisir àMasterson.

— Il ne s’agit pas seulement derecoller les morceaux avec votre père.Le plus important, c’est d’accomplirvotre devoir envers votre famille.

Alistair se demanda s’il ne serait pastemps de s’en aller. Autrement, ilrisquait fort de céder à la tentationd’étrangler son meilleur ami. Michaelignorait bien des choses mais ça nel’empêchait pas de dire des bêtises.

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— Ce n’est pas à moi d’assurer unedescendance à Masterson. Ça n’a jamaisété mon devoir et ça ne le sera jamais.

Michael pencha la tête sur le côté etplissa les yeux. Soudain, il eut l’airhorrifié.

— Mon Dieu… Vous n’êtes pas aucourant, c’est ça ?

— Alistair Caulfield, répéta Hester enhochant la tête. Alors, ça, je ne l’auraisjamais cru ! Vous étiez si froids l’unenvers l’autre. J’ai toujours pensé quevous ne vous aimiez pas beaucoup.

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L’air penaud, Jessica haussamollement les épaules.

— Il a changé… mais, surtout, il a unepersonnalité attachante, plus riche, plussubtile qu’on ne croit. Et puis je l’aitoujours trouvé très beau.

— Comme toutes les femmes !Hester se pencha en avant et continua

sur le ton de la confidence :— Il a un côté vaurien qui ne manque

pas de charme. Quelque chose derebelle et de non-conformiste. Et c’estun vrai homme maintenant, grand et fort.Plus beau que jamais… Il était déjà

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époustouflant dans sa jeunesse ! C’estdifficile de ne pas le dévorer des yeux.

— Je sais. Moi-même, je suisperpétuellement en admiration devantlui. Je n’arrête pas de lui jeter desregards énamourés. Il faut que jel’épouse vite, sinon je vais bientôtpasser pour une idiote.

Hester se leva pour reverser du thé.— La manière dont il te regarde est

d’une indécence ! Tu te l’es fait ?— Hester ! s’écria Jessica, outrée.— Oh, alors, c’est oui !Hester rejeta la tête en arrière pour

rire plus librement. L’espace d’un

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instant, elle ressembla à la radieusejeune fille qu’elle avait été autrefois.

— Eh bien ? reprit-elle. Ce n’est pastout d’être beau, mais est-il bon au lit ?

Jessica ne pouvait pas penser àAlistair sans se troubler.

— Comment peux-tu être certaine quenous avons été amants ? Il s’est peut-êtrecomporté en parfait gentleman.

Hester fit entendre son petit rire perlé.— Alistair Caulfield ? Sur un bateau

pendant des jours et des jours ?N’importe qui d’autre, oui, mais pas uncoquin comme lui. Alors ?

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— Alors… il est aussi bon qu’il en al’air.

— Je m’en doutais ! s’exclama Hesteren souriant par-dessus le bord de satasse. Je suis si contente pour toi, Jess !

Jessica aurait voulu pouvoir lui endire autant mais les circonstances ne s’yprêtaient guère. Hester était bien tropfrêle, surtout pour une femme enceintede quatre ou cinq mois.

— Comment cela va-t-il entreRegmont et toi ?

— Il est toujours aussi bon au lit,répondit Hester avec une pointed’amertume dans la voix. Beaucoup trop

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habile, en vérité. Un homme ne devraitpas avoir le droit de connaître aussi bienle corps des femmes.

— A-t-il une maîtresse ?Hester resta pensive un instant.— Je n’en ai pas la moindre idée. Si

c’est le cas, ça n’a pas amoindri sondésir pour moi.

Un long silence suivit, pendant lequelJessica se demanda ce qui faisait autantsouffrir sa sœur.

— Hester, qu’est-ce qui ne va pas ?demanda-t-elle finalement. Tu as perdubeaucoup trop de poids. Pense à ton

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bébé, il a besoin de nourriture pour sedévelopper.

— L’appétit va revenir maintenant quetu es là.

— Et quand je ne suis pas là ?Jessica se leva. Nerveuse, elle se mit

à faire les cent pas, une sale habitudeque son père lui avait fait passer à coupsde trique quand elle était jeune.

— Tu as changé, remarqua Hester.— Toi aussi, répondit Jessica en

montrant les galettes au citroninentamées sur le plateau. Par exemple,autrefois, tu aurais tout englouti, avecdes monceaux de crème fouettée qui

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t’aurait dégouliné sur les doigts à chaquebouchée. Aujourd’hui, tu n’y as pastouché. Tu ne les as même pasregardées.

— Je n’ai pas faim.— Et ton bébé ? Je suis certaine qu’il

a faim, lui.Hester accusa le coup et Jessica s’en

voulut, mais on ne pouvait pas restersans rien faire.

Elle vint s’agenouiller près de sa sœuret lui prit les mains, remarquant leurextrême maigreur.

— Dis-moi ! Es-tu malade ? As-tu vuun médecin ? Ou bien s’agit-il d’autre

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chose ? Est-ce à cause de Regmont ? As-tu peur de me le dire parce que c’est moiqui ai attiré ton attention sur lui ? Parle,Hester. Je t’en prie.

Hester se mit à respirer par saccades.— Il y a longtemps que mon mariage

n’est plus heureux, dit-elle lugubrement.Le cœur de Jessica se serra.— Oh, Hester ! Que s’est-il passé ?

Vous êtes-vous querellés ? Ce n’estpeut-être pas si grave. Est-ceréparable ?

— Autrefois je l’espérais. Ce seraitpeut-être possible si j’étais plus forte,comme toi. Ma faiblesse l’exaspère.

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— Tu n’es pas faible.— Si, je le suis. Quand père se mettait

en colère contre moi et que tut’interposais, je te laissais faire. J’étaissoulagée que ça retombe sur toi plutôtque sur moi, dit-elle avec un rictus.Vraiment soulagée.

— Tu étais une enfant, dit Jessica, deslarmes dans la voix. Tu as bien fait deme laisser m’interposer. Il aurait falluque tu sois folle pour agir autrement.

— Folle, répéta Hester. Oucourageuse !

Ses yeux verts paraissaient immensesdans son visage défait. Le fard écarlate

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qu’elle mettait pour se donner de bellescouleurs contrastait péniblement avecson teint blafard, la faisant ressembler àune douairière de l’ancien temps,poudrée et perruquée.

— Le courage que je n’ai jamais eu,j’en aurais bien besoin maintenant et jene sais pas où le trouver.

— Je t’aiderai, promit Jessica enpressant la main de sa sœur. Ensemble,nous le trouverons. Quant à Regmont, jesuis certaine qu’il s’inquiète à ton sujet,même s’il ne le montre pas. Lorsqu’ilverra que tu te remplumes, les chosess’amélioreront entre vous. C’est normal

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d’être irritable et mélancolique quand onest enceinte, mais c’est peut-êtredifficile à comprendre pour un homme.Il va falloir l’éduquer.

Hester sourit et caressa la joue deJessica.

— C’est désolant que tu ne puissespas avoir d’enfants, Jess. Tu ferais unebonne mère. Bien meilleure que moi.

— Sottises ! Tu seras une mamanmerveilleuse et moi, je dorloterai mesneveux et nièces.

— Ton fiancé t’aime infiniment.— Je le crois, acquiesça Jessica en

appuyant sa joue contre la cuisse de

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Hester. Il ne se résout pas à le dire touthaut mais je le sens quand il me touche.Et c’est là, dans sa voix, quand il meparle.

Hester caressa le front de Jessica. Lebout de ses doigts était glacé.

— Bien sûr qu’il t’adore et son désirne fait pas le moindre doute. Tu vas fairedes milliers de jalouses. AlistairCaulfield est riche, beau à couper lesouffle et éperdument amoureux de toi.Ajoutons-y un titre de duchesse et il n’ya pas une femme dans toute l’Angleterrequi hésiterait à tuer pour prendre taplace.

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Jessica releva la tête. Elle riait.— Tu vises trop haut, sœurette. Jamais

Alistair n’héritera du titre.Hester battit des paupières. Et puis,

soudain, elle ouvrit des yeux horrifiés.— Mon Dieu… Tu n’es pas au

courant, c’est ça ?

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21

Les mains derrière le dos, Alistairfaisait les cent pas devant la cheminéemonumentale dans le grand salon del’hôtel particulier des Masterson. Lebruit de ses bottes était absorbé parl’épais tapis persan.

— La variole.— Oui, dit sa mère d’une voix

étranglée.Louisa, duchesse de Masterson, était

assise sur une chaise en bois précieux,le dos très raide. Ses cheveux étaient

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aussi noirs que ceux d’Alistair. Siaucune mèche grise ne ternissait l’éclatde sa chevelure, son visage, ravagé parla détresse d’avoir dû porter en terretrois de ses quatre fils, trahissait sonâge. Son portrait au-dessus de lacheminée était plus grand que nature. Lajeune Louisa souriait éternellement àquiconque se trouvait dans le salon, lacandeur de ses yeux bleus pas encoregâtée par les tragédies à venir.

Alistair ne savait pas quoi dire. Sestrois frères étaient morts et il étaitconsterné. Le titre qu’il portait à présent

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et qu’il n’avait jamais convoité était unchagrin de plus.

— Je ne veux pas de ça, maugréa-t-il.Dites-moi comment y échapper.

— Il n’y a aucun moyen d’y échapper.Il la dévisagea. Masterson était à la

maison mais elle gérait seule la situationparce que son mari bien-aimé nesupportait pas la vue du bâtard qui allaitmaintenant hériter de tout.

— Il pourrait me renier, suggéraAlistair, ce qui permettrait à quelqu’und’autre d’avoir le titre.

— Alistair…

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Elle pleura derrière son mouchoir. Lessanglots de sa mère avaient le don de luidéchirer les entrailles.

— Il ne peut même pas m’affronter. Ilcherche sans doute un moyen de se sortirde cette situation impossible, lui aussi.

— S’il y en avait un, oui, ils’empresserait de l’adopter. Mais il neveut pas me faire honte publiquement etl’héritier suivant dans l’ordre desuccession est un lointain cousin qui a laréputation d’être un bon à rien.

— Je n’en veux pas, insista Alistair,l’estomac noué.

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Il voulait une vie de voyages etd’aventures avec Jessica. Il voulait luiapporter la joie et surtout une libertésans frein, pour lui faire oublier le jougsous lequel elle avait passé sa jeunesse.

— Tu vas être l’un des hommes lesplus riches d’Angleterre…

— Par Dieu, je ne veux pas un shillingde sa fortune, dit-il d’un ton mordant.Vous n’avez pas idée des choses que j’aifaites pour de l’argent. Il ne m’a presquepas aidé lorsque j’en avais vraimentbesoin. Aujourd’hui, je ne veux plus rienaccepter de lui.

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Louisa se leva en malaxant sonmouchoir. Sur ses joues amaigriescoulaient des larmes qu’elle ne songeaitmême pas à essuyer.

— Que veux-tu que je fasse ? dit-elle.Je ne peux pas regretter ta naissance. Sic’était à refaire, je referais exactementla même chose. Pour te garder, il fallaitprendre le risque de se retrouver un jourdans cette situation, avec la couronneducale sur la tête de l’enfant illégitime.Je l’ai pris ce risque et Masterson l’apris avec moi. Nous avons décidéensemble. Nous allons nous y tenir.

— Pourtant, vous êtes seule ici.

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Elle leva fièrement le menton.— J’ai choisi. J’assume.Abandonnant la cheminée, Alistair

s’approcha d’elle. Le plafond était loinau-dessus de leurs têtes, le mur le plusproche était à cinq mètres. Toutes lesrésidences des Masterson étaientimmenses et regorgeaient de meubles etd’œuvres d’art accumulés pendant dessiècles.

Alistair eut l’impression que les mursse refermaient sur lui.

Il ne s’était jamais senti le moindrelien avec tout cela. Il n’avait jamais eule sentiment d’appartenir à cette noble

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famille. Il n’en avait jamais été fier.Porter le titre serait comme porter unmasque. Jadis, il avait dû jouer un rôlepour survivre, mais à présent il sesatisfaisait de ce qu’il était. Il étaitl’homme que Jessica aimait de toute sonâme.

— Vous avez choisi, vous assumez,murmura-t-il. Mais c’est moi qui paye.

Jessica logea chez sa sœur. Elle nedormit pas de la nuit. Mille sujetsd’inquiétude s’agitaient dans son esprit.

Alistair était désormais le marquis deBaybury. Un jour, il deviendrait le duc

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de Masterson. Un immense prestiges’attachait à chacun de ces titres, ainsique d’immenses responsabilités.

Il ne pouvait pas épouser une femmestérile.

Sur l’Achéron comme en Jamaïque, ilsavaient dormi jusqu’à midi. Toutefois,après leur première nuit à Londres,Alistair lui rendit visite dès 8 heures dumatin. Elle était prête et l’attendait,sachant qu’il viendrait le plus tôtpossible, sachant aussi qu’il faudraitqu’elle soit forte pour deux.

Elle descendit l’escaliermajestueusement alors qu’elle avait

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l’impression de se diriger vers lapotence. Arrivée sur le palier, elle vitAlistair qui l’attendait dans le vestibule,une main sur le pilastre, un pied sur lapremière marche, entièrement vêtu denoir. En la voyant paraître, il ôta sonchapeau. Il avait l’air aussi désoléqu’elle.

Elle descendit les dernières marchesen courant pour aller se jeter dans sesbras. Il la serra fort contre lui.

— Je compatis à votre deuil, dit-elledans un souffle en lui caressant la nuque.

— Compatissez plutôt à mon héritage.

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Sa voix était froide mais pas sonétreinte. Il la tenait comme s’il ne devaitplus jamais la laisser partir.

Après un long moment, elle l’entraînajusqu’au salon. Ils restèrent debout l’unen face de l’autre. Alistair avait l’airfatigué et vieilli.

Il se passa la main dans les cheveuxen bougonnant.

— On dirait que nous voilà pris aupiège.

Elle hocha la tête avant de se laisserchoir dans le fauteuil le plus proche. Soncœur battait trop vite, elle était étourdie.Il avait dit « nous », comme elle s’y était

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attendue. Elle s’installa confortablementcontre les coussins moelleux et prit uneprofonde inspiration.

— Vous allez être très occupé.— Oui, plutôt. C’est déjà commencé.

Dès qu’il a appris mon retour,Masterson m’a préparé un emploi dutemps tellement chargé que je ne vaispas avoir une seconde à moi au moinspendant les trois prochains jours. Je nesais pas quand je vais pouvoir mereposer.

Jessica le plaignit sincèrement maiselle le savait de taille à tout affronter. Ilavait de l’esprit, le sens des affaires et

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une autorité naturelle qui inspirait lerespect aux plus grands.

— Je suis sûre que vous vous ensortirez tellement bien que les gensseront stupéfaits.

— De toute façon, je me moque de ceque peut penser ce vieux chenapan.

— Je ne parlais pas spécialement deMasterson. N’empêche, vous vousinquiétez au moins de ce que pense votremère et elle s’inquiète de ce qu’il pense,lui. Elle vous aime, elle s’est battuepour vous…

— Pas assez.— Ça n’est jamais assez.

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Il lui lança un regard plein de hargne.Mais elle ne baissa pas les yeux.

Il soupira.— Bon Dieu, vous me manquez ! Je

déteste être obligé d’attendre certainesheures pour vous voir et je détesteencore bien davantage dormir sans vousà mon côté. Cela me manque de ne pluspouvoir vous dire tout ce qui me passepar la tête.

Les yeux de Jessica se mouillèrent delarmes. Il avait l’air découragé et mêmeun peu perdu. Il triturait nerveusement lebord de son chapeau.

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— Vous pourrez me voir tant que vousvoudrez, dit Jessica.

— Je sais ce que vous voulez, dit-ild’un ton bourru, mais je ne peux pasattendre. La situation est tellementembrouillée qu’il me faudrait des moispour m’en dépêtrer. Je ne peux pas meconcentrer alors que je ne pense qu’àvous. C’est pourquoi je suis venu vousdemander de partir avec moi.

Elle joignit ses mains sur son ventre.La douleur dans sa poitrine était atroce.

— Ce ne serait pas sage.Il se figea, plissant les yeux.— Ne me faites pas ça.

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— Vous vous doutiez de ma réponse,n’est-ce pas ? dit-elle avec un soupir àfendre l’âme. Et c’est pour ça que vousêtes aussi nerveux et que vous êtes venume voir à la première heure. Il faut queje fasse cela pour vous permettred’avancer.

— Faire quoi, Jess ? demanda-t-ilavec une douceur trompeuse. Dites-le.

— Vous donner tout le temps dontvous avez besoin pour vous accoutumerà votre nouvelle vie.

— Je sais ce que je veux.— Vous savez ce que vous vouliez,

rectifia-t-elle. Mais maintenant la

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situation a changé. Il y a des choses quiavaient une place dans votre vie et quin’en ont plus. Vous ne saurez paslesquelles tant que vous n’aurez pasassumé pleinement votre nouveau rôle.

— Non ! s’exclama Alistair, samâchoire tremblant de fureur malcontenue. Je vous interdis de parler dela fin de notre relation sur ce tondétaché, comme si la question était desavoir si je prends du lait ou du sucredans mon thé alors que vous me brisez lecœur !

— Alistair…

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Jessica se mordit la lèvre et nes’arrêta que lorsqu’elle sentit la saveurmétallique du sang.

— Vous avez peur, dit-il sur un tonaccusateur.

— Vous aussi, rétorqua-t-elle. Et lapeur n’est pas le meilleur état d’espritpour prendre des décisions cruciales.

Les narines d’Alistair frémirent.— Vous non plus, vous ne pouvez pas

vous passer de moi, Jess.C’était vrai. Elle en était consciente.

Elle espérait ne jamais y être obligée,mais ça ne résolvait rien.

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— Hester a besoin de moi maintenant.Je ne peux pas la laisser.

— Mais vous pouvez me laisser, moi.— Vous êtes beaucoup plus fort

qu’elle.— J’ai quand même besoin de vous !

s’écria-t-il en détachant rageusementchaque syllabe. Elle a Regmont, Michaelet vous. Moi, je n’ai que vous. Vous êtesla seule à prendre soin de moi. Vous êtesla seule à vous préoccuper de monbonheur. Si vous me quittez, Jess, il neme restera rien.

— Je ne vous quitterai jamais,murmura-t-elle. Mais ça ne veut pas dire

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que je doive être avec vous.Jessica savait qu’il n’avait qu’à la

regarder pour être sûr qu’elle l’aimait.Cependant l’amour est le contraire del’égoïsme, quoi qu’en ait dit Alistair.Leur mariage pouvait le brouillerdéfinitivement avec sa mère, la seulepersonne qui l’aimait vraiment – endehors de Jessica. Après mûre réflexion,s’il était encore prêt à prendre ce risque,elle le prendrait avec lui. Mais, pour lemoment, il ne réfléchissait pas, il fonçaittête baissée pour échapper à un destindont il ne voulait pas.

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— Jessica, dit-il, ses yeux durs etfroids comme des saphirs, à la secondeoù je vous ai vue, j’ai su que vousm’étiez destinée. J’avais beau êtrejeune, j’étais quand même certain demoi. Je ne me suis jamais marié, malgrétoutes les filles d’armateurs ou depropriétaires fonciers qu’on m’aprésentées, avec leurs énormes dots etleurs relations haut placées. Je les aitoutes repoussées, certain qu’un jourvous seriez à moi. Je n’aurais pascompris qu’il en soit autrement. J’étaisprêt à vous attendre vingt ans et mêmedeux fois plus longtemps si nécessaire.

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Vous ne pouvez pas me demander decontinuer ma vie sans vous. Je seraiscomme mort.

— Comprenez-moi bien, dit Jessicad’une voix ferme. Je ne vais nulle part.Je ne vais pas chercher quelqu’und’autre. Je serai ici avec Hester.

— À m’attendre ?— Non. Surtout pas. Cela vous

entraverait.Elle voulut ôter le rubis, commença à

le faire glisser le long de son doigt.— Non !Lâchant son chapeau, Alistair se

précipita. Il arriva juste à temps pour

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empêcher la bague de dépasser ladeuxième phalange et la remit en place.Ils se retrouvèrent front contre front. Ilétait haletant.

— Aidez-moi à comprendre.Elle lui prit la main et la serra fort,

comme si elle cherchait à lui transmettreson énergie et son amour.

— Je me suis demandé ce que jeressentirais si j’étais obligée derenoncer à vous pour épargner quelqu’unque j’aime et j’ai pensé que ce seraitterriblement injuste si Hadley devaitprofiter de mon sacrifice.

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— Je ne renonce pas à vous, Jessica.Jamais. Je ne le pourrais pas.

— Chut ! De là, j’ai essayé decomprendre comment cela s’était passéentre votre mère et Masterson. Il a dûfaire semblant de pardonner mais, enmême temps, par des reprochesinnombrables et savamment distillés, ilne lui a sans doute jamais permisd’oublier sa faute ni le tort qu’elle luiavait causé. Il a fait en sorte qu’elle sesente éternellement coupable. Et, parremords, elle s’est laissé punir. Et vousavez été le témoin de tout ça. Et vousvous êtes senti responsable.

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— Vous avez trouvé ça toute seule ?dit-il ironiquement en lui effleurant leslèvres avec son pouce

— Vous êtes très protecteur enversmoi, à vos dépens. Ce n’est pas la peinede protéger quelqu’un qui ne risque rien.

Alistair lui toucha la joue avec uneinfinie tendresse.

— Ma mère a une volonté de fer, dit-il, sauf quand il s’agit de moi.

Jessica inclina la joue, allant au-devant de ses caresses.

— Ce n’est pas votre faute, mon chéri.Réfléchissez bien. Il y a des moyensd’éviter d’être enceinte. Si elle avait

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seulement cherché du plaisir dans lesbras d’un homme, elle se serait protégéeou elle aurait demandé à son amant defaire attention.

— Où voulez-vous en venir ?— Il se peut que votre mère ait connu

une grande passion. Quelque chose quivous emporte comme une tornade, sansvous laisser le temps de réfléchir. C’estpeut-être pour ça qu’elle se sent à cepoint coupable.

— Elle aime Masterson, Dieu saitpourquoi.

— Et moi je vous aime de tout monêtre, à un point tel que je n’ai jamais

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rien ressenti de pareil pour personne.Pourtant, il y a eu des moments oùTarley m’a fait perdre la tête, desmoments où j’ai eu l’impression quej’allais devenir folle s’il ne me touchaitpas…

Alistair lui mit son index sur leslèvres.

— Pas un mot de plus, dit-il.Le ton était rude mais le regard doux.— Vous êtes bien placé pour savoir

que le plaisir peut se passer d’amour.Cela expliquerait pourquoi votre mère atellement besoin de faire pénitence. Il sepeut que Masterson ait cessé de la

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désirer et qu’elle ait eu envie de vérifierle pouvoir de ses charmes sur un autrehomme. Ou bien qu’elle ait souhaité unautre enfant, un enfant que Mastersonn’était plus capable de lui donner. Il y ade multiples raisons possibles à lamésentente dont vous avez été témoin.Aucune d’entre elles ne vous concerne.

Il la regarda attentivement. Ilcommençait à entrevoir pourquoi elleavait de la compassion pour sa mère.Elle aussi, elle avait connu le désespoiret le sentiment de sa propre médiocrité.

— Ce n’est pas à cause de vous,insista-t-elle. Mais vous vous sentez

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responsable quand même. Toute votrevie, vous avez essayé de vous effacer.Maintenant, vous allez être le membre leplus éminent d’une famille à laquellevous n’avez même pas le sentimentd’appartenir. Et l’on va s’attendre quevous ayez une descendance. Dans cedomaine, je ne peux vous être utile.

— Non ! dit Alistair en l’embrassantsur le front. Je vous interdis de parler devous de cette façon.

— Ce n’est pas la première fois de mavie que ma stérilité me fait souffrir.Mais Tarley avait son frère Michaelpour le suppléer. Vous n’avez personne.

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— Je ne suis pas un martyr, Jessica. Jesuis prêt à sacrifier beaucoup de chosespour cette ducale mascarade. Mais vous,il n’est pas question que je vous sacrifie.Ni pour cela ni pour autre chose.

— Et moi je ne veux pas être unecause de remords. J’aimerais mieuxvous perdre maintenant, alors qu’il y ade l’amour entre nous, que dansquelques années, quand la tristesse devotre mère et votre sens desresponsabilités auront gâché quelquechose entre nous.

— Que voudriez-vous que je fasse ?demanda-t-il. Si je ne vous ai pas, je

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n’aurai jamais personne d’autre. Et toutle monde sera perdant.

— Mettez de l’ordre dans vosaffaires, mettez de l’ordre dans votrecœur. Habituez-vous à votre nouvellevie. Quand ce sera fait, si vous avezencore envie de moi et que votre mèredonne sa bénédiction, vous saureztoujours où me trouver.

Il l’embrassa sur les lèvres. Lorsqu’ils’écarta, il la regarda avec des yeuxvoilés par la souffrance.

— Je vais m’occuper de mes affaireset vous allez vous occuper de votresœur. Dépêchez-vous de la remettre sur

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pied car je reviendrai bientôt vouschercher, Jess, et vous aurez intérêt àêtre prête, avec ma bague toujours àvotre doigt. Et si vous ne voulez pas mesuivre, eh bien, je vous emmènerai deforce.

Sur ce, il sortit, se doutant bien qu’ilemportait avec lui le cœur de Jessica.

Jessica avait bu trois verres de vin etétait toujours dans le salon lorsqueHester la rejoignit.

— On m’a dit que Baybury t’avaitrendu visite ce matin, dit Hester.

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Jessica fit la grimace en entendant lenouveau titre d’Alistair. Elle acquiesçad’un signe de tête et se resservit unverre.

Hester s’immobilisa près de la tableet fronça les sourcils.

— Du bordeaux au petit-déjeuner ?Jessica haussa les épaules. Elle avait

commencé à boire étant gamine, lacuisinière ayant pris l’habitude deverser du brandy dans son thélorsqu’elle avait été tellement battuequ’elle avait trop mal pour dormir. Elles’était vite rendu compte que l’alcoolavait le don d’endormir aussi les

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douleurs morales. Dans les premièresannées de son mariage, elle avait cesséde boire, n’en voyant plus la nécessité.Mais quand la maladie s’était mise àronger les poumons de Benedict, Jessicaavait de nouveau cherché du réconfortdans la bouteille et elle n’y avait plusrenoncé depuis.

Hester s’assit près d’elle sur lecanapé.

— Je ne t’ai jamais vue aussimélancolique mais ce n’est pas uneraison pour ingurgiter des boissonsalcoolisées le matin à jeun.

— Ne t’inquiète pas pour moi.

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— Il a rompu ? demanda Hester dansun souffle.

Hester envisageait spontanément laconséquence la plus logique. CommeJessica, elle avait été élevée dans l’idéeque les femmes de l’aristocratie neservent qu’à une seule chose : enfanterdes héritiers, aussi nombreux quepossible.

Jessica prit la main de sa sœur et lapressa.

— Non. Et ça n’arrivera pas. Ilm’aime trop.

— Alors, pourquoi fais-tu la mêmetête que lorsque Temperance est morte ?

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Veut-il retarder le mariage ?— Au contraire, il était venu me

proposer de m’enfuir avec lui.Les yeux de Hester se mirent à

pétiller.— Tu as refusé ? Pourquoi ? Grands

dieux ! Je t’en conjure, ne dis pas que tues restée pour moi ! Je ne lesupporterais pas. Tu t’es déjà tropsouvent sacrifiée pour moi.

— Je l’ai fait pour lui, parce que c’estce qu’il y a de mieux. Il a besoin detemps, même s’il refuse de l’admettre.L’homme que j’avais l’intentiond’épouser n’existe plus. Pour l’homme

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qu’il est contraint d’incarner désormais,je serai un poids. L’ancien Alistairs’accroche à moi. C’est pourquoi je luiai demandé de vivre pendant quelquetemps la vie du nouvel Alistair, pourvoir. Si le nouvel Alistair peut m’aimerautant que l’ancien, s’il veut toujours demoi, alors je l’épouserai de grand cœur.Mais il ne peut pas le savoir tant qu’iln’a pas fait l’essai. Il croit qu’il peuttranquillement continuer à être AlistairCaulfield.

— Il reviendra te chercher, n’est-cepas ?

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Le cœur de Jessica se serradouloureusement.

— J’en suis certaine. Il est amoureuxde moi depuis longtemps. Avant mêmeque je n’épouse Benedict.

— Vraiment ? soupira Hester enessuyant les larmes accrochées à seslongs cils. Comme c’est romantique !

— Il est tout pour moi. Je ne peux paste dire tout ce qu’il a fait pour moi. Ilm’a changée. J’ai parfois l’impressionqu’il me connaît mieux que je ne meconnais moi-même. Il sait tous messecrets, toutes mes peurs, tous mesespoirs. Je n’ai rien à lui cacher. Il

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accepte mes faiblesses. Pour lui, ce sontdes raisons supplémentaires de m’aimer.

— Et ses fautes à lui ?Jessica trouva très pertinente la

question de Hester.— Il y en a beaucoup, personne ne

l’ignore. Il m’a tout avoué, quoi qu’ilpuisse lui en coûter.

— Il a fait ça ? Pourquoi ?— Il a voulu que je sache tout ce qui

risquait de nous séparer avant d’êtretrop attachée à lui. Pour pouvoir rompresans souffrir, éventuellement…

Tant de bonnes intentions pour rien.Hester devint songeuse.

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— Je n’aurais jamais cru qu’AlistairCaulfield puisse être aussi…

— … sage ? compléta Jessica ensouriant tristement. Il a eu une vie plusdure qu’on ne croit. Sa sagesse lui acoûté cher. Au départ, il était cynique etblasé. Moralement, il est plus vieux queson âge.

— Que vas-tu faire maintenant ?— Travailler à te remettre sur pied. Et

sortir en ville.Incapable de tenir en place, elle se

leva.— Il me faut de nouvelles robes,

décréta-t-elle.

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— Fini, le deuil ?Que répondre ? En un certain sens,

elle était peut-être toujours en deuil,mais plus de son défunt mari.

— Oui. Il est grand temps.— En effet, approuva Hester.Jessica regarda la bouteille sur la

table et résista à la tentation del’attraper. De cette dépendance-là aussi,il faudrait sortir un jour. Elle n’avait pasle droit de demander à Alistair devaincre ses démons tandis qu’ellecontinuerait de céder aux siens.

— Nous allons avoir besoin d’unpetit-déjeuner copieux pour prendre des

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forces avant toutes les courses que j’ail’intention de faire aujourd’hui.

Hester se leva avec toute la grâced’une créature immatérielle.

— Je t’imagine bien dans une robeframboise, dit-elle.

— Ou rouge feu. Ou jaune d’or.— Formidable, dit Hester. En voyant

cela, père aura une attaque d’apoplexie.Jessica se représenta la scène. Elle

aurait ri mais brusquement Hesters’évanouit. Jessica eut tout juste letemps de la rattraper avant qu’elle netombe à terre.

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22

— Elle est en train de se laissermourir de faim, dit le Dr Lyons. Elle esttrop maigre et, dans son état, c’estdangereux.

Les yeux du médecin, d’un bleudélavé, paraissaient inquiets derrièreses lunettes.

— Elle mange un peu mieux depuisque je suis ici, mais ça ne fait quequelques jours, dit Jessica.

Elle était angoissée. Et où donc étaitpassé Regmont ? Elle ne l’avait pas

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encore vu. Ou bien il avait des horairesbizarres, ou bien il n’était pas rentré à lamaison… depuis près de trois jours !

— C’est loin d’être suffisant, dit lemédecin.

Il posa les mains sur ses hanches. Pourquelqu’un qui s’inquiétait de la maigreurde Hester, il avait l’air efflanqué.

— Elle est dans son lit, reprit le DrLyons. Il faut qu’elle y reste jusqu’à sonterme. Il faut aussi qu’elle mange.Souvent mais un petit peu à la fois. Etpas d’émotions fortes dans cet état : soncœur est affaibli.

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— Je n’y comprends rien, dit Jessica.Cela fait des mois qu’elle est malade.Qu’est-ce qui la mine ?

— Je n’ai aucun moyen de le savoir,madame. Lady Regmont répugneétrangement à se laisser examiner.Néanmoins, je crois pouvoir dire qu’elleest portée à la mélancolie. L’esprit agitsur le corps, c’est indéniable, même sinous ne savons pas très bien comment.

Les lèvres de Jessica tremblèrent maiselle réussit à retenir ses larmes.

La vie, c’est si fragile, si précieux. Etbeaucoup trop court.

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Le médecin empocha ses honoraires etdéguerpit.

Jessica se rendit dans la chambre desa sœur et s’assit sur le bord du lit.Hester était d’une pâleur extrême, elledont le teint avait été autrefois silumineux !

— Tu as l’air bien sérieuse, dit Hesteren tâchant de sourire. Il n’y a rien degrave. J’ai eu des nausées abominablesmais maintenant c’est passé.

— Écoute-moi bien, dit Jessica avecune pointe de colère dans la voix. J’enai assez de veiller des mourants.

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— Ça ne t’est encore arrivé qu’unefois, répliqua sèchement Hester.

— Une fois de trop. Si tu crois que jevais le refaire, tu te trompes lourdement.

Jessica prit la main de sa sœur pouradoucir l’effet de ses paroles.

— Ton bébé se donne beaucoup demal pour survivre dans ton ventre,reprit-elle, et nous allons l’aider,crénom !

— Jess, murmura Hester tandis queses yeux s’emplissaient de larmes, je nesuis pas aussi forte que toi.

— Tu me trouves forte ? Je ne le suispas. Je bois trop. J’ai repoussé l’homme

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que j’aime parce que j’ai peur qu’unjour ce soit lui qui me repousse et que jene supporte pas cette idée. Sur le bateaud’Alistair, il y avait un homme quibrutalisait un moussaillon. Je l’aiaffronté mais, en face de lui, j’ai cru quej’allais m’évanouir. Je suis faible,peureuse et absolument incapable de tevoir languir. C’est pourquoi je ne veuxplus entendre de mauvaises excuses. Tuvas manger tout ce que je te donnerai àmanger et tu vas boire tout ce que je tedonnerai à boire et d’ici quelques moistu vas tous nous récompenser en mettantau monde un beau bébé à aimer.

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— À vos ordres, répondit Hester sanschercher à dissimuler son irritation.

Jessica interpréta ce mouvementd’humeur comme un signe encourageant.Elle tira aussi la leçon des événementsde la journée, à savoir que la vie et lebonheur sont trop précieux pour êtredédaignés. Elle allait accorder à Alistairtout le temps dont il avait besoin pourtrouver ses marques ; elle le perdraitpeut-être, mais pas sans combat. S’il lefallait, elle l’enfermerait quelque partavec sa mère et Masterson pour lesforcer à clarifier les choses entre eux.

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Après avoir embrassé Hester sur lefront, elle alla parler à la cuisinière.

Lorsque Michael entra dans le bureaud’Alistair, il le trouva penché sur lesplans d’un nouveau système d’irrigation.

— Mon ami, vous avez l’air d’unépouvantail, lui dit-il en remarquant lesjoues mal rasées et la chemisechiffonnée. Pourquoi n’habitez-vous paschez Masterson ?

Alistair releva les yeux.— Rien au monde ne pourrait me

contraindre à vivre sous le même toitque lui.

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— Je savais que vous répondriez ça.— Alors, pourquoi le demander ?— Par pure perversité.Avec un raclement de gorge qui

ressemblait furieusement à ungrognement, Alistair se redressa et sepassa la main dans les cheveux. Michaelétait bien placé pour savoir à quel pointles premiers mois allaient êtreéprouvants pour son ami. Un an et demiaprès la mort de Benedict, ilcommençait à peine à se sentir à l’aisedans sa nouvelle existence.

— J’ai assez de soucis comme ça sansque les pervers s’en mêlent.

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— Ce sera encore pire quand voussortirez de votre repaire pour paraître enpublic. Déjà, les gazettes disent quevous m’avez supplanté, que, désormais,le plus beau parti d’Angleterre, ce n’estpas moi mais vous, ce dont je vous suisinfiniment reconnaissant.

Alistair invita Michael à s’asseoir ets’installa dans le fauteuil de cuirderrière le bureau. Le décor évoquait lamer et la marine. Pour les couleurs,c’était surtout du bleu et du blanc. Lesmeubles avaient les formes fluides descoques de bateau. Les abat-jour, lesferrures, les gonds et les poignées de

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porte étaient en cuivre. Cet endroit étaitparfaitement assorti à celui quil’habitait, un aventurier, un perpétuelerrant. C’est pourquoi son affirmationsuivante résonna comme une incongruité.

— Je ne suis pas célibataire.— Vous n’êtes pas marié non plus,

repartit Michael. Ce qui fait que vousêtes libre.

— Pas dans mon esprit.— Vous êtes toujours décidé à avoir

Jessica ?— Elle est déjà à moi, dit Alistair

avec un haussement d’épaules. Le resteest une simple formalité.

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— J’espère que ça ne veut pas direque vous vous êtes permis desprivautés ?

L’idée avait quelque chose dedéplaisant. Jessica était la veuve de sonfrère. Elle était un membre de sa familleet une amie. Elle avait aimé Benedict,elle l’avait rendu heureux. Quand il étaittombé malade, elle avait refusé toutesles invitations pour ne pas le laisserseul, boudant les dîners et les bals, et,lorsqu’il était entré en agonie, elle luiavait tenu la main jusqu’à la fin. Pourtout ce qu’elle avait fait, Michael étaitprêt à la protéger tant qu’elle vivrait.

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En pianotant sur le bras de sonfauteuil, Alistair le regarda fixement.

— Les détails de ma relation avecJess ne vous regardent pas.

— Si vos intentions sont honorables,pourquoi ne pas annoncer vosfiançailles ?

— Si cela ne dépendait que de moi,nous serions déjà mariés. C’est Jessicaqui veut remettre à plus tard, pour desraisons que je ne comprends pas trèsbien. Elle se comporte comme sicertaines choses pouvaient modifier messentiments pour elle.

— Par exemple ?

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— Par exemple, que Masterson tienneà ce que j’épouse une jeune fille capablede lui donner des petits-enfants. Ou quema mère désapprouve mon choix. Ouque je me découvre soudain uneirrésistible envie de procréer.

— Je ne vois rien de déraisonnabledans tout cela.

— Je suis follement amoureux d’elledepuis toujours et il n’y a aucune raisonpour que ça change un jour.

— Cela ne vous a pas empêché defaire d’innombrables conquêtes.

— Si elles vous semblentinnombrables, vous devriez prendre des

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cours d’arithmétique.— Je n’ai pas eu besoin de les voir

pour savoir qu’il y en a eu beaucoup.Quand on vous rencontrait, quelle quesoit l’heure, il y avait toujours une odeurde femme sur vous.

À la grande surprise de Michael, lespommettes d’Alistair rougirent un peu.

— Celles que vous avez vues,grommela Alistair, qu’en avez-vousretenu ?

— Désolé, cher ami, mais vosdonzelles ne m’intéressaient pas tant queça. Et, en général, on n’avait pas souventl’occasion de voir deux fois la même.

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— Vous n’avez pas remarqué quec’étaient toutes des blondes ? Avec leteint pâle et les yeux clairs ? Je n’en aijamais trouvé une avec les yeux grismais, en un certain sens, tant mieux. Jene suis pas homme à me contenter de lacopie d’un inestimable joyau. Il n’y arien de tel que l’original, murmura-t-il,l’esprit ailleurs. Et lorsqu’un homme aeu la chance d’acquérir un trésor, ehbien, il le garde précieusement.

Michael resta pensif un moment. Ilfinit par comprendre que les sentimentsd’Alistair pour Jessica ressemblaient

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beaucoup à ceux que lui-même éprouvaitpour Hester.

On vint frapper à la porte. Alistairleva un sourcil interrogateur. La voix dumajordome se fit entendre.

— Pardonnez-moi, monsieur lemarquis, mais Mme la duchesse deMasterson est ici, qui demande à vousvoir.

En soupirant, Alistair hocha la tête.— Faites-la entrer.Michael agrippa les bras de son

fauteuil, s’apprêtant à se lever.— Restez, dit Alistair.Michael se rembrunit.

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— Je vous demande pardon ?— S’il vous plaît.Michael se rassit, pour se lever de

nouveau lorsque la mère d’Alistairentra. Il sourit, heureux comme le sontles hommes à la vue d’une belle femme.À la différence de ses frères, Alistairressemblait beaucoup à sa mère. Mêmescheveux noirs, mêmes yeux bleus. Mêmeesprit caustique, même charme. Et tousdeux élégants, bien faits, majestueux.

— Milord Tarley ! s’exclama-t-elled’une voix douce. Vous avez l’air enpleine forme et beaucoup trop séduisantpour le repos de la gent féminine.

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Il baisa la main qu’elle lui tendait.— Madame la duchesse, c’est toujours

un rare plaisir.— Avez-vous l’intention d’assister au

bal masqué chez les Treadmore ?— Je ne manquerai cela pour rien au

monde.— Excellent. Dans ce cas, iriez-vous

jusqu’à prier mon fils de vous yaccompagner ?

Michael regarda Alistair et sourit enle voyant, les mains à plat sur sa tablede travail et la mine sévère.

— Je n’ai pas de place dans monemploi du temps pour ce genre de

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sottises, dit Alistair.— Débrouille-toi, répliqua la

duchesse sur un ton sucré. Les genscommencent à bavarder.

— Qu’ils bavardent !— Tu as été absent pendant des

années. Les gens ont envie de te voir.— Dans ce cas, dit-il avec une pointe

d’ironie, un bal masqué est le dernierendroit où je dois aller.

— Alistair Lucius Caulfield ! dit laduchesse en agitant son index.

— Dieu tout-puissant ! Quand a-t-illieu, ce maudit bal ?

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— Mercredi, ce qui te donne cinqjours pour libérer une simple petitesoirée.

— La première d’une longue série,bougonna-t-il, si cela ne tient qu’à vous.

— Je suis fière de toi. Est-ce un crimed’avoir envie de te montrer ?

Michael, les bras croisés, buvait dupetit-lait. C’était un régal de voirAlistair courber l’échine devantquelqu’un.

— C’est bon, j’irai, dit Alistair.Comme sa mère triomphait déjà, il

s’empressa d’ajouter :

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— Mais à condition que ma fiancée yassiste aussi. Il n’y a guère que saprésence qui puisse rendre l’épreuve àpeu près tolérable.

— Ta fiancée ?La duchesse s’installa doucement dans

le fauteuil le plus proche. Uneexpression de stupeur se répandit sur sesnobles traits.

— Oh, Alistair, reprit-elle. De quis’agit-il ?

— Jessica Sinclair, lady Tarley.— Tarley, répéta la duchesse en

regardant Michael.

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Michael s’agrippa aux accoudoirs deson fauteuil.

— Ma belle-sœur.— Oui, bien sûr…Elle se tourna de nouveau vers

Alistair.— Mais, reprit-elle après s’être

éclairci la voix, elle est plus vieille quetoi, il me semble ?

— Si peu. Deux ans, cela ne vaut pasla peine d’en parler.

— Elle est restée longtemps mariéeavec Tarley, n’est-ce pas ?

— Oui, plusieurs années. Ce fut unmariage heureux.

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La duchesse hocha la tête mais elleparaissait estomaquée. Avait-elle besoinde savoir si ce mariage avait été heureuxou malheureux ?

— C’est une jolie fille, dit-elle.— La plus belle femme du monde,

renchérit Alistair en jetant sur sa mèreun regard d’oiseau de proie. J’auraishâte de vous la présenter mais Jessica sefait prier. Elle a peur que vous ne lajugiez mal. Je lui ai pourtant assuré queson inquiétude était sans objet. Commentpourriez-vous mal juger une femme demérite, et qui fait de moi le plus heureuxdes hommes ?

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La duchesse ravala sa salive.— Évidemment.— Vous pourriez peut-être lui écrire

une gentille lettre ? Je suis sûr que ça latranquilliserait.

Elle acquiesça d’un signe de tête et seleva.

— Je vais chercher quelque chose deconvenable à lui dire.

Michael et Alistair se levèrent à leurtour. Tandis qu’Alistair raccompagnaitla duchesse, Michael se servit un verrede brandy. Il en voulait à Alistair del’avoir mis encore une fois dans unesituation inconfortable.

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— Qu’est-ce qui vous a pris,Baybury ? s’écria-t-il lorsque Alistairrevint. Êtes-vous tombé sur la tête ?

— Et vous, qu’est-ce qui vous prendde brandir mon titre de la sorte ?répliqua Alistair avec désinvolture. Sivous êtes surpris de la façon dont j’aigéré la situation, c’est que vous nem’avez jamais regardé.

— Il n’y avait aucune raison pour queje reste. C’était gênant pour moi etgênant pour votre mère.

Alistair s’approcha du guéridon surlequel se trouvait la bouteille de brandyet se versa un verre.

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— C’est précisément pour ça que jevous ai demandé de rester, expliqua-t-il.J’avais peur qu’elle réagisse mal,qu’une parole regrettable ne lui échappe.Votre présence l’a obligée à se contenir.Maintenant, elle va avoir le temps de laréflexion. J’espère qu’elle arrivera à laconclusion que mon bonheur passe avanttoute autre considération.

— Vous avez toujours été non-conformiste, mais cette fois… cette fois,d’autres gens sont concernés.

Alistair vida son verre et s’appuyacontre le guéridon.

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— Êtes-vous en train d’essayer de mefaire croire que vous ne seriez pas prêt àtout pour avoir lady Regmont ?

Michael s’immobilisa, la main crispéeautour de son verre. Considérant lahaine que lui inspirait le comte, il nepouvait décemment pas répondre à cettequestion.

Souriant d’un air entendu, Alistairreposa son verre.

— J’ai des courses à faire. Voulez-vous m’accompagner ?

— Pourquoi pas ? bougonna Michael.Avec un peu de chance, nous finirons lajournée chez les fous ou en prison. Dieu

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sait qu’on ne s’ennuie jamais avec vous,Baybury.

— Ah ! Mon titre, une fois de plus !Vous devez beaucoup m’en vouloir.

— Vous feriez mieux de vous yhabituer, répliqua Michael. À la soiréeTreadmore, vous allez l’entendre descentaines de fois.

Alistair prit Michael par le cou etl’entraîna vers la sortie.

— Je l’aimerai peut-être quand Jesssera marquise de Baybury. En attendant,amusons-nous !

— Bien dit !

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— Cette nuance de rouge est trèssurprenante, dit Hester depuis son lit.

Au milieu d’une montagne decoussins, elle avait l’air juvénile, mêmesi le décor de ses appartementsconvenait à une femme adulte. En fait,Jessica avait trouvé le domaine de sasœur plus étonnant encore que le rouleaud’étoffe que Hester était en traind’examiner. À l’opposé des tons vifsrépandus dans le reste de la maison, lachambre et le boudoir de Hester étaientle règne de la grisaille. L’effet étaitsobre, apparemment. Selon Jessica,

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c’était plutôt sombre. Pas du tout cequ’elle s’était attendue à voir.

— Très audacieux, renchérit ladyPennington.

Jessica tourna de nouveau sonattention vers la pièce de soie rougesang. Elle imagina sans peine ce quecela signifierait pour Alistair – qu’ill’avait changée, rendue plus hardie,aidée à s’épanouir.

— Je n’aurai jamais l’occasion deporter une robe de cette couleur.

— En tête à tête, suggéra Hester.Jessica se demanda ce qu’Elspeth

pouvait penser de cette conversation.

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Reprocherait-elle à la veuve de son filsd’essayer de revivre ?

— Ma chère enfant, lui dit Elspethcomme si elle avait lu dans ses pensées,ne vous tourmentez pas pour moi.Benedict vous aimait. Il n’a jamais rienvoulu d’autre que votre bonheur. Moiaussi, c’est ce que je vous souhaite.

Jessica détourna vite la tête car sesyeux commençaient à s’emplir delarmes.

— Merci.— Ce serait plutôt à moi de vous

remercier, dit la comtesse. La vie deBenedict a été brève mais grâce à vous

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elle a été heureuse et je vous en seraiéternellement reconnaissante.

De l’animation du côté du lit attiral’attention de Jessica. Hester s’étaitpenchée pour caresser la luxueuseétoffe. La modiste était en train d’envanter les mérites à mi-voix, le tonrévérencieux et la mine ravie – ce qui endisait long sur le genre de réactions querisquait de provoquer une femme assezaudacieuse pour s’en faire une robe.

— Tu pourrais te contenter d’uncorsage, suggéra Hester. Assorti à unejupe de satin, ou même de soiedamassée, d’une couleur plus froide.

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— Non, murmura Jessica en croisantles bras. Je veux toute la robe dans cetissu. Avec un corsage drapé. Etdécolleté dans le dos.

— Magnifique ! s’exclama la modiste,avec un grand sourire.

D’un claquement de doigts, elle fitsigne à ses deux assistantes des’approcher pour prendre les mesures.

Une servante à bonnet blanc entra et fitla révérence.

— Lady Tarley, dit-elle. Quelquechose vient d’arriver pour vous.Souhaitez-vous que je l’apporte ici ?

Jessica fronça les sourcils.

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— Y a-t-il un motif particulier pourque je le voie maintenant ? Ne pourriez-vous le mettre dans ma chambre ?

— Le commissionnaire nous a bienrecommandé de vous le remettre sur-le-champ.

— Curieux ! Eh bien, oui, apportez-le.— De quoi peut-il s’agir ? demanda

Hester.— Je n’en ai pas la moindre idée,

répondit Jessica.Mais elle priait en secret pour que ce

soit de la part d’Alistair. Son humeurs’altérait depuis qu’elle était séparée delui – et ça ne faisait que quelques jours.

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Sans la santé précaire de sa jeune sœuret la nécessité de veiller constamment àce qu’elle se nourrisse, Jessica l’auraitdéjà rejoint.

Un court instant plus tard, la servantereparut, portant un panier. Lorsqu’ellel’eut posé sur le sol, il se mit à tangueret à faire entendre des plaintes. Jessicas’approcha.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda ladyPennington en se débarrassant de latasse et de la soucoupe qui luiencombraient les mains.

Jessica s’accroupit, souleva lecouvercle du panier et resta bouche bée

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à la vue d’un bébé carlin qui s’agitaitcomme un fou entre les paroiscapitonnées.

— Regardez-moi ça ! s’exclama-t-elle, séduite.

Elle prit délicatement le chiot entreses mains et rit de le sentir si doux, sivivant.

— Mon Dieu ! s’écria Hester. Un petitchien !

Jessica rit de plus belle. S’asseyantsur les talons, elle posa le chiot sur sesgenoux et regarda la plaque qui pendaità son collier de cuir rouge.

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Achéron, pouvait-on lire d’un côté, cequi lui serra le cœur. De l’autre côtéétait gravé : Avec tout mon amour, ALC.

— Qui vous envoie cette créature ?demanda la comtesse.

— Je crois que j’ai deviné, dit Hesterd’un ton rêveur.

Jessica s’empara de la lettreaccrochée à l’anse du panier par unruban de soie noire. Les armoiriesimprimées dans le sceau de cire rougelui rappelèrent qu’Alistair étaitdésormais marquis de Baybury. Ellen’en fut que plus déterminée à se battrepour le garder.

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Jessica très chère et très têtue,J’espère que le petit personnage ci-joint vous fera plaisir. Je l’aichargé de veiller sur vous et devous protéger car je sais qu’il vousaimera à la folie, tout comme moi.Ma mère tient à ce que j’assiste aubal masqué chez les Treadmoredans cinq jours. Je lui ai dit que jen’irai que si ma fiancée y va aussi.Vous voyez, je suis prêt à toutes lesaudaces pour vous voir.Transmettez s’il vous plaît à votresœur les vœux que je forme pour leprompt rétablissement de sa santé.

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Je comprends sans peine qu’elle aitséché sur pied pendant votreabsence. J’en ressens moi-même lesnéfastes effets.Vôtre à jamais,

ALISTAIR

Avec la lettre, il y avait un dessin quila représentait allongée dans le kiosquequ’il avait construit là-bas. Elle avaitles yeux rêveurs, les lèvres gonflées, lescheveux en désordre, le buste à peinevoilé par sa chemise en linon. Il n’avaitpas emporté son matériel de dessin cejour-là, ce qui signifiait qu’il avait gravé

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cette image dans sa mémoire pour yrepenser à loisir.

— Jess, ne pleure pas ! s’écria Hester,affolée par les larmes qui lui coulèrentsur les joues.

— Tout va-t-il bien, très chère ?demanda la comtesse en s’approchant.Cela vous a-t-il fait repenser à la mortde Temperance ? Cela a-t-il réveillé lechagrin que vous en aviez conçu ?

Jessica serra sur son cœur le petitchien et la lettre qui l’accompagnait.

— Non. Même si je ne peux paspenser à elle sans que cela me rappelleà quel point la vie est brève. Benedict

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était l’homme le plus solide que j’aiejamais connu. Alistair a perdu ses troisfrères. Hester et moi avons perdu notremère. On ne peut pas se permettre demépriser le bonheur. Il faut l’exiger, aubesoin se battre pour l’obtenir.

Elspeth s’accroupit à côté de Jessicaet tendit les mains.

— Comme tu es adorable, toi !roucoula-t-elle lorsque Jessica lui eutdonné Achéron.

Jessica se leva et regarda de nouveaula chatoyante pièce de soie.

— Maintenant, j’ai une occasion deporter du rouge.

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— Que Dieu ait pitié de lui !s’exclama Hester avec une lueurnarquoise dans ses yeux verts.

— Pour lui, c’est trop tard, réponditJessica en se tournant vers lesassistantes de la modiste. Il est déjà enmon pouvoir.

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23

On se sent plus libre derrière unmasque, incontestablement.

Alistair se le redit mille fois alors queles invités se pressaient pour le saluer. Ilfut souvent tenté de poser la main sur lalettre rangée dans sa poche comme untalisman, mais il se retint. Son contenului donnait la force de supporter cesgens soucieux de faire bonne impressionau futur duc de Masterson. Ils nesemblaient pas se douter qu’Alistairavait une excellente mémoire. Il se

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souvenait de ceux qui l’avaient mépriséquand il n’était que le cadet. Il sesouvenait des femmes qui l’avaient payépour lui faire faire des chosesindécentes. Il n’avait pas oublié non plusceux qui l’avaient humilié.

Alistair bien-aimé,Votre cadeau et le billet quil’accompagnait m’ont remplie dejoie. La prochaine fois que je vousverrai, je vous ferai mesurerl’étendue de ma gratitude.Quant au bal masqué, rien nepourra m’empêcher de vous y

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rejoindre – comme je suis prête àvous rejoindre n’importe où,n’importe quand. Vous voilàprévenu.Irrévocablement vôtre,

JESSICA

À sa gauche, il y avait Masterson,impassible et austère. À sa droite, samère, occupée à faire du charme à tousceux qui s’approchaient. Toutefois, ellen’avait pas écrit à Jessica. Il ne s’y étaitpas vraiment attendu.

— La fille Haymore est ravissante,murmura Louisa en se servant de son

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éventail pour indiquer une jeunepersonne en train de s’éloigner.

— Je ne vois pas qui c’est.— Tu viens juste de la rencontrer. Elle

a fait exprès d’abaisser son masque pourque tu puisses voir son visage.

D’un air désabusé, il haussamollement les épaules.

— Je vous crois sur parole.L’orchestre, au balcon, joua quelques

notes guillerettes pour annoncer le débutdu bal. Les invités s’écartèrent pourlibérer la piste de danse.

— Ils vont commencer par unquadrille, dit la duchesse d’un ton pincé.

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Tu aurais pu inviter l’une de ces jeunesfilles à danser. Cela aurait été lamoindre des politesses.

— Je crois avoir été extrêmement poliavec chacune d’entre elles.

— Tu es un merveilleux danseur. J’aitoujours adoré te regarder. Je suiscertaine que tous ceux qui sont iciauraient été du même avis que moi.

— Mère ! s’exclama-t-il en setournant vers elle alors que l’orchestrecommençait à jouer. Je ne pourrais paschoisir une cavalière sans qu’aussitôtles gazettes fassent des commentaires etje n’ai pas envie que ça arrive. Je ne

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suis pas disponible et je ne veux surtoutpas donner l’impression que je le suis.

— Tu n’as même pas regardé lamarchandise ! protesta la duchesse avecune trivialité qui ne lui ressemblaitguère. Tu t’es entiché d’une femme plusvieille que toi. Je n’y vois pasd’inconvénient. Étant donné lescirconstances, elle peut te servir. Elleconnaît beaucoup de monde, elle a deschoses à t’apprendre. Mais, je t’en prie,réfléchis aux conséquences à long terme.C’est une veuve, Alistair, elle adavantage de liberté qu’une jeune fille,

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tu n’as pas besoin de l’épouser pourt’amuser avec elle.

Alistair avala bruyamment une grandegoulée d’air. Et puis, une deuxième, caril ne tenait pas à se mettre en colère aumilieu de cette assemblée.

— Pour notre bien à tous les deux, jevais me dépêcher d’oublier ce que vousvenez de dire.

Il jeta un coup d’œil à Masterson, quifaisait semblant de n’avoir rien entendu.

— On n’en finira donc jamais aveccette hypocrisie ? lui demanda Alistair.Vous prétendez avoir pardonné à mamère, mais c’est pour mieux la punir

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encore et encore. Jusqu’à quand faudra-t-il qu’elle paye ?

Le duc s’obstinait à regarder devantlui. Seul le frémissement de sa mâchoireindiquait qu’il avait entendu.

Alistair se retourna vers la duchesseet ôta son masque.

— Vous n’avez peut-être pas assezpayé mais moi, oui. Toute ma vie, j’aisouhaité votre bonheur, mère. J’aiessayé de vous faciliter la vie de toutesles façons possibles. Là-dessus, je necéderai pas.

Les yeux de Louisa s’emplirent delarmes. Alistair compatit mais ne vit pas

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de remède à sa détresse.C’est alors qu’un brouhaha s’éleva

dans la vaste salle. Alistair se renditcompte que sa mère, les yeux écarquillésde stupeur, fixait quelque chose qui setrouvait derrière lui. Au même moment,il ressentit ce tressaillement particulierqui signalait la présence de Jessica.

En la voyant, il reçut un coup enpleine poitrine. Ses poumons se vidèrentd’un coup. Du rouge. Elle était tout enrouge. Emballée dans de la soie commeun cadeau. Le décolleté laissait nues desépaules et une gorge d’une exquiseblancheur. Les seins montraient leur

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naissance et faisaient deviner le reste.Sa riche chevelure était divisée en deux,avec des mèches retenues sur le sommetde la tête et d’autres qui tombaientlibrement, ce qui lui donnait un airéchevelé. Les longs gants d’uneblancheur immaculée qui lui montaientjusqu’à mi-bras renforçaient encore lasensualité de l’ensemble.

Comme les danseurs continuaient desautiller, Alistair en déduisit quel’orchestre jouait toujours, mais il nepouvait plus entendre la moindre note àcause du sang qui grondait dans sesveines tout près de ses tympans. Presque

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tous les regards étaient fixés sur Jessica,alors qu’elle longeait la piste de dansede sa démarche lente et sensuelle.Voluptueuse. Séductrice.

Il prit une profonde inspirationlorsque ses poumons commencèrent à lebrûler. Sa poitrine était oppressée. Il ladévorait des yeux, sans perdre un seuldétail, pour se rassasier de sa beautéaprès tant de jours d’absence.

En s’approchant, elle ôta son loup desatin rouge, afin qu’on puisse la regarderpendant qu’elle le regarderait, lui. Ellevoulait que tout le monde – la hautesociété londonienne dont elle avait tant

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redouté le jugement – voie qu’elle étaitéperdument amoureuse. Ses yeux grisbrillaient, illuminés par un surcroîtd’émotion qu’elle ne cherchait pas àcacher. Alistair était tout pour elle etaucun de ceux qui la regardaient nepouvait plus en douter.

Mon Dieu, qu’elle était brave ! Elleétait restée sourde d’une oreille à forced’être battue, son esprit avait étéfaçonné dans le même moule que celuide toutes ces belles dames et tous cesbeaux messieurs, et cependant ellevenait à lui sans hésitation ni peur.

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Il ne voyait plus personne d’autre danscette vaste salle de bal alors qu’elle leregardait de cette façon tellement pluséloquente que des mots – elle l’aimaitde toute son âme. Sans réticence. Sanséquivoque. Sans condition.

— Regardez bien, mère ? dit-il à mi-voix, fasciné. Vous avez vu beaucoup demensonges et vous en verrez encore,mais vous ne verrez nulle part de plusbelle vérité que celle qui se tient en cemoment même devant vous.

Il se mit en marche vers Jessica sansl’avoir décidé, comme s’il était aimanté.Lorsqu’il fut assez près pour la humer, il

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s’arrêta. Ils n’étaient plus séparés quepar quelques centimètres. L’envie de laprendre dans ses bras et de la serrercontre lui était irrépressible.

— Jessica, dit-il en fermant les poingspour s’empêcher de la caresser.

Les danseurs les dévisageaient enpassant mais il s’en moquait.

La robe de Jessica était un prodigieuxacte de bravoure pour lequel iln’arriverait jamais à lui exprimercomplètement son admiration. Ce n’étaitplus la femme qui était montée à bord del’Achéron. Elle ne pensait plus qu’ilétait trop bien pour elle ni elle indigne

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de lui. Demain, il ne l’en aimerait quedavantage. Et encore un peu plus le joursuivant.

— Milord, dit-elle en le dévorant desyeux, la manière dont vous meregardez…

Il s’inclina, sachant qu’on lisait sessentiments sur son visage. Cela devaitêtre évident pour tout le monde qu’ilétait fou d’elle.

— Vous m’avez manqué terriblement,avoua-t-il. Pour moi, il n’y a pas de piretourment que d’être séparé de vous.

Les premières notes d’une valse sefirent entendre. Alistair ne laissa pas

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passer l’occasion. Il prit Jessica par lataille et l’entraîna vers la piste de danse.

Alistair était superbe. Il n’y en avaitpas deux comme lui dans l’assistance.

Jessica était émerveillée de le voir sibeau. Il portait un habit noir, l’austéritéde son costume accentuant la perfectionde sa silhouette et de ses traits. Ilsemblait rayonner, avec ses cheveuxnoirs et ses yeux extrêmement bleus quireflétaient la lumière des lustres. Iln’avait pas besoin d’ornements pour êtresplendide. Son regard perçant et sondemi-sourire attiraient les femmes.

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Même les hommes subissaient soncharme, fait d’autorité naturelle et deconfiance en soi.

À l’idée que cet homme extraordinaireétait à elle, Jessica en eut le soufflecoupé. Et la manière qu’il avait de laregarder, avec ce mélange de tendresseet de désir…

Comment avait-elle pu être assez follepour envisager, ne serait-ce qu’uneseconde, de renoncer à lui ?

— Dois-je comprendre que vousm’invitez à danser ? ronronna-t-ellelorsqu’ils arrivèrent au milieu de lapiste.

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— Je n’aurai pas d’autre cavalièreque vous ce soir, alors, s’il vous plaît,faites-moi cette faveur.

D’une main il la prit par la taille et del’autre il lui fit tendre le bras. Il serapprocha. Très près. Scandaleusementprès. Elle adora ça. Ils n’avaient encorejamais dansé ensemble, mais elle l’avaitsouvent imaginé. Il se mouvait avec unegrâce naturelle. Ajouté à la sensualité desa nature, ça le rendait fascinant àregarder. C’était le supplice de Tantalede se trouver si proche de son corps –ce corps magnifique, qu’elle connaissaitsi bien – sans pouvoir le caresser, à

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cause du décorum et de quelquesépaisseurs d’étoffe.

— Je vous aime, dit-elle en rejetant latête en arrière pour mieux le voir. Je nevous laisserai pas partir. Je suis tropégoïste et j’ai tellement besoin de vous.

— Je vais vous arracher cette robeavec les dents.

— Et moi qui espérais qu’elle vousplairait.

Une lueur malicieuse brilla dans lesyeux d’Alistair.

— Elle me plaît tant qu’il s’en faut depeu qu’elle ne soit déjà retrousséejusqu’à votre taille.

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Elle s’agrippa à lui. Il sentait le mâle,le bois de santal et la citronnelle. Elledétesta les gants qui l’empêchaient de letoucher et les centaines de gens autourd’eux. Elle pourrait vivre seule avec luijusqu’à la fin de ses jours. Travaillercôte à côte en silence. L’écouter jouer duviolon. Lui parler de ce qu’elleressentait, de ce qu’elle pensait, jusqu’àce qu’il n’ignore plus rien d’elle.

La musique s’emballa. Il souritparesseusement avant d’entraînerJessica dans une volte vigoureuse. Elleéclata de rire, se trouvantmerveilleusement bien dans ses bras. Il

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dansait comme il faisait l’amour – avecun mélange de douceur et de force, avecune passion maîtrisée et juste ce qu’ilfallait de brusquerie. Ils étaient collésl’un à l’autre. Leurs cuisses se frôlaientà chaque pas.

Il se laissait emporter par la musiqueexactement comme elle se laissaitemporter par lui. En même temps, il lacouvait des yeux.

— Tout le monde va savoir ce quevous ressentez pour moi, dit-elle.

— Je m’en moque.— Pas moi.

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En tournoyant de plus en plus vite, ilsfirent le tour de la piste, la jupe rouge deJessica enroulée comme du lierre autourdes jambes d’Alistair. Elle s’enflamma.Elle aurait voulu les lèvres d’Alistairsur sa peau nue et qu’il lui murmure àl’oreille les voluptueuses promesses quila rendaient folle.

— Comment va votre sœur ?demanda-t-il d’une voix rendue rauquepar le désir.

— De mieux en mieux. Elle garde lelit et elle s’alimente convenablement.C’est tout ce qu’il lui faut.

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— Moi aussi, c’est tout ce qu’il mefaudrait. Avec vous.

— On ne peut pas dire que vous vousreposez quand je suis au lit avec vous,milord.

— Est-ce qu’elle pourra se passer devous dans un mois ?

Jessica sourit.— D’ici que les bans soient publiés,

elle n’aura plus autant besoin de moi.— Bon. Parce que moi aussi j’ai

besoin de vous.Jessica ne lui demanda pas de

nouvelles de sa mère. Inutile. Ellel’avait vu en conversation avec la

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duchesse. Il avait eu l’air résolu.Lorsqu’il affichait ce visage-là, tout lemonde savait que rien ne pourrait lefaire reculer. C’était un trait de caractèrepour lequel il était réputé : la force deses convictions. Quoi que dise sa mère,son choix était arrêté et il s’y tiendrait.

— Je ne vais pas pouvoir rester tardce soir, dit-elle. Je ne sais pas ce queRegmont fait de ses journées mais toutela maisonnée est déjà couchée lorsqu’ilrentre et, quand il s’en va, personnen’est encore levé. Si je ne le connaissaispas aussi bien, je penserais qu’ilm’évite. Quoi qu’il en soit, il faut que

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quelqu’un tienne compagnie à Hestercette nuit et puis Achéron aussi va avoirbesoin de moi.

Il se pencha jusqu’à ce que leurs deuxbouches se touchent presque.

— Je vais me contenter de ça pouraujourd’hui, dit-il. J’avais besoin devous voir, de vous toucher. C’est fait. Sivous n’y voyez pas d’inconvénient, jevais commencer à vous faire la courpubliquement.

— Je vous en prie.La tête lui tournait. Alistair la grisait

davantage que le vin de Bordeaux. Il yavait plusieurs jours qu’elle n’avait pas

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bu une goutte. L’abstinence avait étéatroce au début mais elle commençait àse sentir mieux. Plus forte.

— Oui, faites cela, dit-elle encore.Autrement, je passerais pour une traînée.Songez à ma réputation, milord.

— Après tout le mal que je me suisdonné pour vous dévergonder ?

— Soyez sans crainte, en privé, jeresterai la même.

Alistair ralentit lorsque la musiques’arrêta mais le cœur de Jessicatambourinait toujours. Il se recula d’unpas et lui baisa la main à travers songant.

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— Venez, dit-il. Avant que vous nepartiez, je vais vous présenter à ma mèreet à Masterson.

Elle acquiesça d’un signe de tête et,comme toujours, le suivit docilement.

Alistair récupéra son chapeau, sonmanteau et sa canne et s’en alla vers laporte. Depuis que Jessica était partie, lebal avait perdu tout son attrait.

— Lucius ?Il marqua un temps d’arrêt. Son dos se

redressa. Tous ses muscles se crispèrentau même moment. Il se retourna.

— Lady Trent.

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Elle s’approcha en ondulant deshanches. Elle sortit même le bout de lalangue pour s’humecter les lèvres.

— Tu es bien cérémonieux, dit-elle.Appelle-moi Wilhelmina. Nous avons eude beaux moments d’intimité, tous lesdeux, souviens-toi !

Elle avait toujours l’œil lubrique. Elleétait toujours aussi mignonne. Sescourbes étaient toujours aussigénéreuses. Mariée à un barbon. Quelgâchis !

Alistair éprouva de la honte. Il n’étaitplus plus celui d’autrefois. Grâce àJessica, il avait pris conscience de sa

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propre valeur. Les choses qu’il avaitfaites avec des femmes comme ladyTrent l’écœuraient aujourd’hui.

— Nous n’avons jamais été intimes,dit-il. Je vous souhaite le bonsoir, ladyTrent.

Alistair quitta en hâte le manoir desTreadmore et poussa un soupir desoulagement en apercevant son carrossequi l’attendait déjà au pied du perron. Ilsauta à bord et s’installa.

Le fouet claqua et l’équipage se mit enbranle. Le véhicule ralentit en arrivantprès de la porte cochère, ouverte à deuxbattants, car la voie était encombrée.

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Alistair savait que ce serait comme çatout du long, les rues pleines de voiturestransportant leurs passagers d’une fête àl’autre.

Il soupira. Se détendant peu à peu, ilrepensa au moment où il avait présentéJessica à sa mère et à Masterson.Comme ils étaient tous les trois fort bienélevés et d’une politesse exquise, iln’avait aucune idée de ce qu’ils avaientpensé. Ils n’avaient échangé que desbanalités et s’étaient séparés juste avantque l’ennui s’installe.

Le carrosse s’arrêta entre les deuxpiliers de la porte cochère, surmontés

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chacun d’un lion de pierre. C’est alorsqu’une silhouette surgit de la pénombre.La portière du carrosse s’ouvrit. Maisl’intrus se retrouva confronté à la pointed’un poignard – celui qu’Alistair tenaitcaché dans sa canne.

Alistair ôta la capuche du forban… etdévoila le malicieux sourire de Jessica !

— Si je dois être embrochée par vous,je préférerais que ce soit avec quelquechose d’un peu moins pointu, dit-elle.

Alistair l’attira à l’intérieur. Lepoignard lui glissa des mains, atterrit surle sol et y resta. La portière fut referméepar le valet à qui Jessica avait graissé la

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patte. L’habitacle était faiblement éclairépar une seule lampe à huile.

— À quoi jouez-vous, Jess ?Elle se laissa tomber sur lui.— La danse vous a peut-être suffi,

mais pas à moi.En prenant appui sur la poitrine

d’Alistair, elle se pencha pour tirer lesrideaux. Ensuite, elle retroussaimpatiemment sa robe. Il eut le tempsd’apercevoir les dentelles de sespantalons et puis elle se mit àcalifourchon sur lui.

— Jess.

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Ce fut un faible soupir. Il avait chaud.Sa poitrine était oppressée. Il n’avaitplus assez de souffle pour parler. Lesentiment qu’il éprouvait pour elle étaitincontrôlable. Elle l’émerveillait, elle lesurprenait, elle le séduisait.

— Il faut que je vous dise… vousdevez savoir… balbutia-t-elle. Je suisdésolée. J’ai eu peur. Je vous demandepardon si je vous ai causé un seul instantde chagrin ou d’incertitude. Je vousaime. Vous méritez mieux.

— En vous, j’ai la meilleure desfemmes, répondit-il. Je n’en veux pasd’autre.

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Sans même prendre le temps de retirerses gants, elle commença à luidéboutonner sa braguette. Alistair ritdoucement, ravi de la voir aussiimpatiente. Pourtant, il la prit par lespoignets pour arrêter son geste.

— Du calme, dit-il.Les yeux de Jessica brillaient

fiévreusement dans la lueur de la lampe.— Vous me manquiez terriblement,

dit-elle. La manière dont vous dansez…J’ai cru que ça passerait après vousavoir quitté mais ça n’a fait qu’empirer.

— Qu’est-ce qui a empiré ? demanda-t-il car il voulait se l’entendre dire.

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— Mon envie de vous, répondit-elleingénument.

Aussitôt, le membre d’Alistair sedilata et durcit.

— Alors, je vous emmène chez moi.— C’est impossible. Je ne peux pas

laisser Hester seule aussi longtemps. Etmoi, je ne peux pas attendre.

Ainsi, elle envisageait de fairel’amour dans le carrosse ! Il fut tenté dela culbuter sur la banquette et de laprendre sauvagement sans lui laisser letemps de reprendre son souffle.Cependant, les circonstances ne s’yprêtaient guère. De l’autre côté de la

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portière, les cochers s’interpellaient.Les passants dans la rue étaient siproches qu’on entendait ce qu’ilsdisaient et qu’en passant le bras par lafenêtre on aurait pu les toucher.

— Chut ! fit-il en lui caressant le dosen douceur. Je vais vous donnersatisfaction mais il ne faudra pas fairede bruit.

Elle secoua la tête violemment.— Prenez-moi ! J’en ai besoin…— Par Dieu, Jess ! murmura Alistair.

Nous avançons comme des escargots.Trop lentement pour expliquer les

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secousses du carrosse. Et il y a des genspartout autour de nous.

Jessica approcha sa bouche del’oreille d’Alistair.

— Trouvez une solution, dit-elle. Ayezde l’imagination, que diable ! Je suistoute chaude et toute mouillée. À causede vous, mon chéri. Vous ne pouvez pasme laisser dans cet état !

Alistair frissonna de la tête aux pieds.C’était une magnifique preuve deconfiance qu’elle lui donnait. Pourtant,sa hâte et son ardeur suggéraient qu’ellen’était pas seulement poussée par ledésir. C’était peut-être aussi une

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conséquence de sa rencontre avec lacomtesse et Masterson, qui ne laportaient pas dans leur cœur. Alistairsavait bien que sa situation familialeétait très différente de celle que Jessicaavait connue avec Tarley. L’attitudeprotectrice de Michael en fournissait lapreuve.

Alistair était révolté. Sa Jessica étaitidéale, irréprochable, et après ce qu’elleavait enduré pour devenir la parfaiteépouse d’un pair d’Angleterre, personnen’avait le droit de la mépriser.

Il l’incita à se redresser un peu afin dela regarder droit dans les yeux.

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— Jess, dit-il d’un ton grave.Elle se figea. Inclinant la tête, il

l’embrassa sur les lèvres et murmura :— Je vous aime.

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24

Après le fervent aveu d’Alistair,Jessica resta un long moment sansbouger, puis son esprit finit par sedétendre. Elle se remit à respirernormalement et son fougueux désir cédala place à un besoin plus doux.

— Alistair.— J’avais peur, moi aussi, dit-il. Vous

voyez, nous sommes quittes.Les yeux de Jessica s’emplirent de

larmes brûlantes. Elle avait la gorgetrop serrée pour parler.

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— Vous deviez vous en douter, ajouta-t-il d’une voix douce.

Il porta la main à sa bouche, pinça songant entre ses dents et tira.

— Oui, je m’en doutais, murmuraJessica. Mais c’est bon de se l’entendredire.

— Alors, je vous le redirai souvent.Il ôta le gant et le laissa tomber en

écartant les dents. Puis, tout en laregardant d’un air qui en disait long, ilfit de même avec l’autre gant. À sagrande surprise, Jessica trouvaincroyablement érotique le déshabillagede sa main. Ça lui rappela qu’il avait

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promis de lui ôter sa robe de cettefaçon-là.

Le second gant, détaché à son tour,tomba. Le carrosse tourna lentement aucoin d’une rue.

Jessica tendit une de ses mains àAlistair. Déganté, il lui fut facile d’ôterun par un les petits boutons autour dupoignet. Lorsqu’il eut dévoilé un trianglede peau blanche, il l’embrassa. Lefrôlement des lèvres d’Alistair la fittressaillir et son sexe palpita.

Son gant lui caressa le bras sur toutesa longueur lorsque Alistair le fitglisser. Le temps qu’il enlève l’autre,

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Jessica était haletante. Il posa un baisersur les phalanges au-dessus du rubis,puis il la lécha entre les doigts. Ellen’aurait pas été plus excitée s’il l’avaitléchée entre les cuisses.

Hardiment, elle attrapa le sexed’Alistair. Il émit un son qui ressemblaità un feulement. Elle adora la manièredont il s’offrit à ses caresses. De la têteaux pieds, il était voluptueux etconsentant.

— Je ne serai jamais rassasiée devous, dit-elle. Même si je devais vivremille ans.

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Il glissa les mains sous sa robe et luiempoigna les cuisses. Elle adora celaaussi. C’était sa façon de faire. Ilcommençait toujours par ce gestepossessif, comme pour réaffirmer sonpouvoir sur elle. En observant saréaction, il lui pétrit les fesses. Ensuite,il glissa une main dans la fente de sespantalons.

— Vous êtes brûlante et mouillée,murmura-t-il en écartant les replisintimes à la recherche du clitoris. Etvous me faites bander.

Il était très dur au toucher, en effet.Elle n’était pas peu fière d’exciter à ce

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point un aussi bel animal. Débarrasséede ses gants, elle lui ouvrit sa braguetteet recueillit au creux de ses mains lemembre d’Alistair, si long, si épais. Ellele trouvait magnifique, avec ce glandénorme qui lui donnait l’impression dela déchirer quand il forçait le passage etces veines dont les reliefs caressaienttous ses points sensibles.

Ce rare instrument de plaisir, ellel’empoigna à deux mains et le frictionna.Alistair sembla bientôt perdre toutcontrôle. En grognant, il rejeta la tête enarrière contre le dossier de la banquette.Presque subrepticement, il glissa deux

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doigts en elle, les fit tourner etcommença à aller et venir, préparant lesillon pour la prochaine intrusion de sonsexe.

Elle était prête. Elle l’avait été depuisle moment où Alistair s’était retourné etl’avait regardée comme si elle avait étéune oasis dans le désert et qu’il venaitd’errer dans les dunes pendant des jourset des jours.

Se redressant, elle ôta les doigtsd’Alistair et les remplaça par sonmembre. Au moment où le bulbe appuyacontre sa fente, elle se mit à trembler. Illa prit par les hanches pour la stabiliser

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mais en lui laissant la liberté de faire leschoses à son rythme.

En poussant des cris plaintifs, Jessicase laissa descendre le plus lentementpossible pour savourer chaquemillimètre de la pénétration. Ill’étreignait si fort qu’elle aurait desbleus.

— Jess, attendez ! grommela-t-il entreses mâchoires serrées. Laissez-moi uneseconde de répit. Vous êtes tellementétroite ! Non, par Dieu, ne bougezplus… Ah !

Il jouit en grognant, ses dentsgrincèrent, son sexe fit des bonds en elle

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et son sperme fusa. Le membred’Alistair se retrouva aspergé d’écumegluante et Jessica glissa, l’absorbantd’un coup jusqu’à la garde.

Elle enfonça ses ongles dans le cuir dela banquette. Alistair était secoué àchaque jet. Elle le regarda, bouleverséepar la brutalité de son orgasme. C’étaitun expert en amour et elle arrivait à luifaire oublier son art sans rien faire despécial ! Fallait-il qu’il la désire !

Il l’enlaça, la força à se redresser unpeu et enfouit son visage entre ses seins.Il rit mais d’un rire plein d’amertume.

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— Vous vous êtes donné tout ce malpour ça !

Elle lui caressa les cheveux. Elle serendait compte qu’il avait prisl’habitude d’estimer le plaisir qu’ildonnait par sa quantité et non par saqualité ; et les mauvaises habitudes sontdifficiles à perdre.

— Pour ça, je serais prête à faire letour du monde sur les genoux !

Il avait les joues rougies et les yeuxbrillants. Le carrosse tanguait sur lespavés inégaux, les bruits de la villes’infiltraient dans l’habitacle.

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Jessica embrassa Alistair sur le boutdu nez et lui sourit tendrement.

— Votre plaisir est le mien, Alistairchéri, reprit-elle. Je n’en aurais guère sij’étais la seule dans ce cas. Et vousbandez encore. Vous avez de l’énergie àrevendre. Vous m’avez toujourssatisfaite.

Sans avoir l’air de forcer, il lasouleva et la porta sur la banquetteopposée. Les positions s’inversèrent.Jessica se retrouva dessous, avec sacape de velours en guise de couche et lecorps d’Alistair en guise de couverture.Il prit appui d’une main sur la custode et

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de l’autre sur le repose-bras. Elle avaitles jambes grandes ouvertes, un pied surle dossier de la banquette, l’autre quipendait dans le vide.

Elle était sans défense et Alistair enprofita. Il fit librement aller et venir sonmembre en elle, avec d’habilesmouvements du bassin pour qu’elle enéprouve davantage de plaisir.

Elle gémit.— Ne faites surtout pas de bruit, dit-

il.Mais aussitôt après il rendit la chose

impossible avec un coup de boutoirparticulièrement dévastateur.

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Jessica l’agrippa par les hanches,consciente qu’ils étaient entièrementvêtus. Il agita son bassin de façon àexciter les parois les plus sensibles duvagin avec la couronne de son gland. Ilse retira presque en entier, marqua unepause et replongea. Elle eut beau semordre les lèvres, elle ne put retenir uncri de plaisir.

— Chut ! fit-il.Ses yeux brillaient malicieusement.Il se retira de nouveau, marqua de

nouveau une pause. Il savait très bien cequ’il faisait en lui infligeant ce supplice

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– cette exquise lenteur, cette attenteavant de plonger de nouveau.

— Alistair…Les muscles de son vagin se

resserrèrent autour de lui, comme si elleessayait de le retenir.

— Mon Dieu, que c’est bon ! soupira-t-il.

Son sexe enfoncé jusqu’à la garde, ilse frotta contre elle, sa toison effleurantle clitoris.

— Je sens mon foutre en vous. Il y ena tant que vous êtes déjà toute trempée.Et j’en ai encore en réserve.

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Jessica était haletante, affolée,couverte de transpiration. Elle auraitvoulu de violents coups de boutoir, devigoureux frottements, un orgasme quil’emporte, et tout ce qu’il lui offrait,c’étaient des avancées et des retraitsd’une lenteur agaçante.

Elle se cambra, cherchant à accélérerle rythme, son corps tendu comme unarc. Il la bâillonna avec sa main,étouffant les sanglots de plaisir qu’ellene pouvait retenir.

— Ma chérie, lui dit-il à l’oreille, il ya des dizaines de personnes autour denous et je suis en train de vous baiser.

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Elle tressaillit, son désir à soncomble. Les voix des promeneurs luiparvenaient, indistinctes, comme si ellesétaient lointaines, alors qu’elles setrouvaient juste là, de l’autre côté de laportière. Elle entendit les sabots deschevaux sur les pavés, les roues desvoitures qui passaient, et même les riresde leurs passagers. Le risque d’êtredécouverts était immense. Elle ne s’ensouciait pas. Seule comptait la quête del’orgasme.

— Ah ! s’exclama Alistair avec unsourire espiègle, s’ils pouvaient vousvoir maintenant, allongée sur la

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banquette d’un carrosse, les cuissesécartées, la robe retroussée jusqu’à lataille, avec votre joli petit con envahipar ma queue et déjà tout gluant de monsperme…

Elle le regarda par-dessus la main quila bâillonnait. L’amour et la tendresse aufond de ses yeux compensaient lagrossièreté de ses paroles. L’hommequ’elle aimait avait tant de facettes !Parfois il était rugueux, parfois il étaitpoli. Parfois il était innocent, parfoisdépravé. Parfois il était vulnérable,parfois il avait l’air invincible. Mais, detous ces traits de caractère, il n’aurait

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pas fallu qu’il en manque un seul.Ensemble, ils formaient l’homme qu’elleaimait.

— Votre audace est un trésor, Jessica.Vous êtes un trésor et j’en suis conscient.Je mesure le privilège que vousm’accordez en vous offrant de cettefaçon, la confiance et l’amour que vousy mettez. Et je vous aime pour ça.

Il profita d’un cahot de la voiture pourporter l’estocade.

— Je vous aime trop, Jess, ajouta-t-il.C’est presque intolérable.

Il jouit avec un grognement qu’ilétouffa en enfouissant sa bouche dans le

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cou de Jessica. Elle se mit à vibrer souslui. Ils s’enlacèrent, émerveillés l’un del’autre.

Autour d’eux, la ville grouillait.

Michael, à demi caché derrière lejournal, lut tout haut la fin de lachronique mondaine.

Nous compatissons sincèrementavec les jeunes filles qui rêvaientde passer la corde au cou dumagnifique marquis. Lady T.,réputée pour sa froideur, désormaisveuve et toute de rouge vêtue, a

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attiré lord B. comme la flammeattire la phalène. Chers lecteurs, cefut intense.Quel scandale ! Quel régal !

Sa lecture achevée, Michael abaissale journal et regarda Alistair.

— Quoi ? demanda Alistair avant deboire sa bière à longs traits.

— Ne faites pas l’innocent. J’ai vuJessica hier soir. Cette robe… Qu’avez-vous fait à ma belle-sœur ?

— Demandez plutôt ce qu’elle m’afait à moi. La réponse serait beaucoupplus intéressante, je vous assure.

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Alistair promena son regard sur legrand salon du club Remington. Il glanaau passage de nombreux saluts et autantde sourires. Il comprenait maintenantl’intérêt qu’il avait suscité la semaineprécédente. Tout le monde avait connuavant lui son nouveau statut auquel iln’était pas encore tout à fait habitué.

La veille, il avait rendu visite à laveuve d’Albert pour voir comment elleallait et si elle avait besoin d’aide. Ellebénéficiait d’un legs important mais elleavait adoré son mari et il lui faudraitsans doute autre chose que de l’argent etdes biens pour surmonter l’épreuve. Il

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lui faudrait une épaule solide surlaquelle s’appuyer, et il était prêt à luioffrir la sienne. En échange, elle luiavait appris une nouvelle qui pouvaittout changer.

— Votre nom associé à celui deJessica, je n’ai rien entendu d’autredepuis ce matin, ronchonna Michael.

— L’annonce de nos fiançaillesparaîtra demain dans les gazettes et ainsil’âcre parfum de scandale se trouveradéfinitivement recouvert par une suaveodeur de respectabilité. La nouvelleaurait déjà paru aujourd’hui si je n’avais

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pas été malencontreusement retardé hiersoir.

Alistair avait décidé de garder cecarrosse jusqu’à la fin de ses jours.Jessica et lui en utiliseraient beaucoupd’autres, sans doute, mais celui-ciresterait à jamais sous sa remise,attendant qu’il y vienne en pèlerinageavec Jessica de temps en temps.

— Et vos parents ? demanda Michael.Ils ont l’air mécontents.

Alistair haussa les épaules. S’ilregrettait leur attitude, il n’éprouvait pasde remords.

— Ça leur passera.

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Un bruit de papier froissé attiral’attention d’Alistair vers les mains deMichael, brusquement crispées sur lejournal. Il se demanda ce qu’il avaitbien pu dire pour susciter cette réaction.Puis il remarqua que son ami était entrain de regarder vers la porte du salon.Alistair jeta un coup d’œil par-dessusson épaule. Edward Regmont venait defaire son entrée, suivi par un groupe dejeunes gens particulièrement excités.

— On l’invite à se joindre à nous ?proposa Alistair en se retournant.

— Êtes-vous fou ? dit Michael enpâlissant. Je ne vais quand même pas

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trinquer avec un homme que j’estimeindigne de voir le jour.

Alistair leva les sourcils. Il n’avaitrien à répondre à cela. Malgré lessimilitudes de leurs situations, Alistairne pouvait pas être d’accord. Lui, iln’avait jamais éprouvé de haine enversTarley.

— Il a sûrement le diable au corps, ditMichael entre ses dents. Sa femme est àla maison, malade et enceinte, et il faitla noce comme un célibataire.

— La plupart des gentilshommes fontça.

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— La plupart des gentilshommes nesont pas mariés avec Hester.

— Je vous proposerais bien de quitterle pays mais c’est impossible.

Michael le regarda intensément.— Est-ce la raison pour laquelle vous

avez quitté l’Angleterre pendant silongtemps ? Parce que Jessica étaitmariée à Benedict ?

— Dans une certaine mesure, oui.— Je ne me suis jamais douté de rien.

Vous êtes un habile dissimulateur.Si c’était un compliment, Alistair

l’écarta d’un revers de main.

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— Tellement habile que je me lecachais à moi-même. Je me suispersuadé que je n’avais que des besoinsordinaires et faciles à satisfaire. À laréflexion, cet aveuglement fut sans douteune bonne chose. Si j’avais su d’avancequ’elle allait me mettre le cœur sensdessus dessous, j’aurais été terrifié.

— Effectivement, vous avez changé,dit Michael d’un ton songeur enl’examinant. Vous êtes plus calme. Pourainsi dire apprivoisé.

— Apprivoisé ? répéta Alistair ensouriant. Mon Dieu, Michael, baissez la

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voix quand vous dites des choses commeça.

Des rires gras se firent entendre,attirant l’attention de Michael.

— Excusez-moi un instant.— Je vous en prie, répondit Alistair.Il but une gorgée de bière, hocha la

tête et soupira. Michael avait raison : laconduite de Regmont étaitincompréhensible. La seule raison pourlaquelle il se trouvait ici, lui, c’était queJessica ne l’attendait pas à la maison.

— Lord Baybury ?Alistair leva les yeux, vit Lucien

Remington et lui sourit.

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— Remington. Comment allez-vous ?— On ne peut mieux. Puis-je me

joindre à vous un moment ?— Faites donc.— Je ne vous retiendrai pas

longtemps, promit Remington ens’asseyant dans le fauteuil à côté decelui que Michael venait de quitter. Si jene suis pas rentré dans une heure, mafemme va venir me chercher. Vousexcuserez mon audace. Comme vousdevez vous en douter, je sais beaucoupde choses sur chacun des membres demon club.

— C’est sage de votre part.

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Remington hocha la tête gravementmais une lueur amusée passa dans sesyeux.

— Par exemple, je sais que nousavons un point commun que personne nesoupçonne et c’est pourquoi je suis bienplacé pour comprendre que la situationactuelle ne doit pas être confortablepour vous.

Alistair se figea. Remington était lebâtard d’un duc. Il était l’aîné de sonauguste père mais c’était son demi-frère,plus jeune mais légitime, qui hériteraitun jour du titre et du domaine.

— Diable ! marmonna Alistair.

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Ainsi Remington était au courant de sabâtardise – un secret pourtant si biengardé que seuls sa mère, Masterson etJessica le connaissaient.

Il avait entendu dire que Remingtonenquêtait soigneusement sur les membresde son club mais il ne s’était pas attenduque ça aille aussi loin. Ce qui l’incita àse demander si, par la même occasion, ilne connaissait pas l’identité de sonpère…

— Si vous avez besoin d’aide ou d’unami à qui vous confier, dit Remingtonavec affabilité, faites-moi l’honneur devous adresser à moi.

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— Solidarité entre bâtards ? ditnarquoisement Alistair.

Il se retint toutefois de poser certainesquestions, n’étant pas sûr d’avoir enviede connaître les réponses.

— Quelque chose comme ça.Alistair le remercia. Il y a des gens

qui valent la peine d’être gardés enréserve. Lucien Remington était de ceux-là.

On entendit crier du côté du bar.Remington se leva.

— Je vous prie de m’excuser, milord.Il faut que j’aille m’occuper d’un

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problème qui est en train de devenirpassablement ennuyeux.

Alistair se retourna pour voir ce quefaisaient Regmont et ses turbulentsacolytes.

— Un instant encore, Remington, s’ilvous plaît. À propos de Regmont, dansla mesure où sa femme sera bientôt mabelle-sœur, dois-je craindre qu’il nedevienne problématique pour moiaussi ?

— Oui, répondit Remington.Il salua et partit. Alistair se leva et

chercha des yeux Michael. Il le trouva

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nonchalamment appuyé au bar, non loinde Regmont et des autres. Il le rejoignit.

— Partons !— Pas tout de suite.Michael sortit de sa poche son étui à

cigares. Regmont éclata de rire lorsqueRemington lui demanda soit de parlermoins fort, soit de vider les lieux.

— Partons, répéta Alistair. Je vousassure que ce serait plus sage.

Autour d’eux, l’atmosphères’alourdissait comme avant l’orage.Regmont était assez soûl pour deveniragressif et Michael n’attendaitvisiblement que ça.

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Lord Taylor, l’un des amis deRegmont, perdit l’équilibre et bousculaMichael, qui laissa échapper l’étui àcigares et le mouchoir qu’il tenait à lamain. En tombant, l’étui à cigaress’ouvrit et de précieux cigares deManille roulèrent sur le sol.

— Faites attention ! aboya Michael ense penchant pour ramasser son bien.

Regmont réprimanda vertement Tayloret s’accroupit pour aider Michael. Ilramassa un cigare et puis le mouchoir.En voyant le carré d’étoffe, il se figea,brusquement dessoûlé.

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— Merci, dit Michael en tendant lamain.

Le pouce du comte passa et repassasur le monogramme brodé dans un coin.

— Intéressant, dit-il. Très intéressant.Alistair regarda à son tour et ravala un

juron en apercevant un H d’autant plusvisible qu’il était rouge.

— S’il vous plaît, Regmont, insistaMichael.

Regmont toisa Michael et puisAlistair.

— Je ne crois pas que je vais vous lerendre, dit-il à Michael en rangeant le

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mouchoir dans sa propre poche. J’ai desraisons de penser qu’il m’appartient.

La fureur de Michael était palpable.Alistair lui mit la main sur l’épaule pourl’inciter à se contrôler. L’haleine deRegmont sentait l’alcool et il y avaitquelque chose de fou dans ses yeuxinjectés de sang.

Michael se dressa sur ses ergots.— Vous allez me rendre ça tout de

suite, Regmont.— Venez le chercher.Michael serra les poings. Remington

s’interposa. Il était non seulement grandet fort, tout à fait capable de se faire

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respecter, mais trois de ses serviteursl’accompagnaient.

— Messieurs, je vous rappelle qu’il ya une salle de boxe au sous-sol. Si celavous chante, vous pouvez égalementsortir dans la rue pour vous battrecomme des chiffonniers. Je le laisse àvotre appréciation. Mais il n’y aura pasde violence entre ces murs.

— Nous pouvons aussi régler ça sur lepré, lança Michael. Choisissez vostémoins, Regmont.

— Bon Dieu ! grommela Alistair.— Taylor et Blackthorne, dit Regmont.Michael acquiesça.

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— Baybury et Merrick iront les voirdemain pour s’occuper des détails.

— Il me tarde d’y être, dit Regmontavec un sourire carnassier.

— Pas autant qu’à moi, repartitMichael.

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25

Jessica trempa sa plume dans l’encrieret écrivit.

Alistair bien-aimé,Je l’avoue, j’ai pensé à vous toutela journée, d’une façon qui vousaurait plu, je crois.

Achéron, couché sur un coussin auxpieds de Jessica, grogna. Elles’immobilisa avec sa plume en l’air au-dessus de la feuille de papier.

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— Qu’est-ce qui ne va pas ?demanda-t-elle au petit chien.

Il grogna de nouveau. Puis il se leva ettraversa la pièce. Près de la porte, il fitdes bonds et des virevoltes. Alors queJessica commençait juste à comprendrele message, il poussa une petite plainteet là, sans plus de cérémonie, il s’oubliasur le parquet.

— Achéron ! dit-elle d’un ton doux etrésigné.

Le chiot répondit par un gémissementpathétique.

Jessica s’empara d’une serviette dansle meuble de toilette. En se rapprochant

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de la porte, elle entendit des éclats devoix. Elle laissa tomber la serviette dansla petite flaque et tourna la clenche. Lescris devinrent plus clairs sans l’écran dechêne massif et leur origine était facile àreconnaître : les appartements de Hester.

Jessica se pencha vers le petit chien.— Pas étonnant que tu sois dérangé,

murmura-t-elle. Attends-moi ici.Elle descendit le couloir d’un pas vif.

La voix de Regmont était plus sonore àchaque pas. L’estomac de Jessica senoua et ses paumes devinrent moites. Lapeur s’empara d’elle, une sorte de peur

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qu’elle ne connaissait que trop. Elles’efforça de respirer lentement.

— Vous m’avez humilié !… Depuis leduel !… Votre complicité avec Tarleydans mon dos !… Est-ce que j’ai unetête de cocu ?

Les réponses de Hester étaient à peineaudibles. Toutefois, leur débit rapideindiquait la colère… ou la frayeur.Entendant un choc, Jessica se précipitapour ouvrir la porte.

Le spectacle qu’elle découvrit lalaissa pantoise.

Sa sœur était debout près du lit, levisage livide, les lèvres exsangues. Ses

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yeux étaient remplis de terreur. Unetrace de coup toute fraîche noircissait satempe.

Regmont tournait le dos à la porte, lesbras le long du corps, les poings serrés.Il était en tenue de soirée. Il puaitl’alcool et le tabac. Une table de chevetétait renversée. Le vase qui l’avaitdécorée gisait sur le sol en millemorceaux.

Regmont s’avança vers Hester. Jessical’appela. Il se pétrifia.

— Sortez, lady Tarley, aboya-t-il sansse retourner. Ce qui se passe ici ne vousregarde pas.

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— Je pense que c’est plutôt vous quidevriez sortir, milord, répliqua Jessicaen tremblant. Hester est enceinte et lemédecin a recommandé le plus grandcalme.

— Est-il seulement de moi ? hurlaRegmont, s’adressant à sa femme. Dieuseul sait combien d’amants vous avezeus !

— Va-t’en, Jess ! implora Hester.File !

Jessica secoua la tête.— Non.— Tu ne peux pas toujours venir à

mon secours !

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— Regmont ! lança Jessica d’une voixqui claqua comme un fouet. S’il vousplaît, sortez !

Il se retourna et fonça sur elle. Lecœur de Jessica cessa de battre. Lecomte avait l’œil mauvais. Son pèreavait eu ce regard-là chaque fois qu’ils’apprêtait à se servir de ses poingscontre plus faible que lui.

— Je suis chez moi, glapit-il. Et vous,vous débarquez ici avec vos manièresde fille de joie. Vous êtes un objet descandale pour toutes les honnêtes gens !Et voilà que votre sœur ambitionne de

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suivre le même chemin. Je ne lalaisserai pas faire.

Jessica comprit qu’il s’apprêtait à luidonner une leçon. La tête lui tourna. Elleavait déjà vécu de tels moments, entendude telles menaces.

Sa peur s’évanouit aussi vite qu’elleétait venue, remplacée par une étrangeimpression de calme. Non, elle n’étaitplus une petite fille craintive et solitaire.Alistair lui avait révélé qu’elle étaitplus forte qu’elle ne l’avait cru. Etlorsqu’il viendrait, ce qu’il feraitaussitôt qu’elle aurait trouvé le moyen

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de l’appeler à l’aide, Regmont payeraitcher sa conduite de ce soir.

— Frappez-moi, dit-elle. Ce serait lapire erreur que vous puissiez faire.

Regmont éclata de rire et leva la main.

Michael sauta sur son cheval etAlistair fit de même.

Michael tremblait de rage. Il voulaitrécupérer le mouchoir. Il voulait Hester.Il voulait la mort de Regmont avec uneferveur qui l’effrayait lui-même.

— Dites quelque chose ! demanda-t-ilà Alistair, qui n’avait plus parlé depuisla provocation en duel.

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— Vous êtes un imbécile.— Crénom !— Donc, vous le tuez en duel. Et

alors ? Pour éviter des poursuites, vousêtes obligé de fuir le pays. Votre familleen pâtit. Hester vous hait pour avoir tuéson mari. Jessica m’en veut parce quej’ai joué un rôle, si minime soit-il, danscette sinistre pantomime. Vous serezcontent de vous à ce moment-là ?

— Vous ne savez pas ce que c’est !Vous ne savez pas ce que j’endure alorsque je sais qu’elle aurait besoin de moiet que je ne peux rien faire.

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— Je ne sais pas ce que c’est, moi ?ironisa Alistair.

— Non, vous ne le savez pas. Mêmesi vous avez envié le bonheur de monfrère, vous saviez du moins qu’il tenait àJessica et qu’il veillait sur elle. Il larendait heureuse. Vous n’aviez pas àvous demander sans cesse s’il n’étaitpas en train de la frapper…

Alistair, en sursautant, tira si fort surla bride de son cheval que l’animalpoussa un hennissement de protestation.

— Qu’avez-vous dit ?— Il la bat. Je le sais. J’ai vu des

choses. Et ma mère aussi.

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— Et vous l’avez laissé partir ?s’exclama Alistair au comble de lafureur. S’il est rentré chez luimaintenant…

Du coup, la colère de Michaelredoubla.

— Que puis-je faire ? Elle est safemme. Je n’ai aucun recours.

— Jessica est là-bas. Et elle a debonnes raisons d’avoir peur des hommesviolents.

— Quoi ?— Hadley battait ses filles, dit

Alistair entre ses dents. Il les punissait

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le plus souvent et le plus cruellementpossible.

Le cœur de Michael se serra.— Mon Dieu !Alistair partit au triple galop, couché

sur l’encolure de son cheval, se frayantun chemin comme il pouvait dans lesrues encombrées. Michael le suivit deprès.

Jessica regarda s’élever le poing deRegmont et attendit bravement.

Mais avant qu’il ne s’abatte, un bruitsourd résonna dans la pièce. Les yeux de

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Regmont se révulsèrent. Il s’écroula surle sol comme une poupée de chiffon.

Sidérée, Jessica fit un pas en arrière.Du sang s’écoula parmi les cheveux deRegmont. Il y eut un fracas. C’était letisonnier que Hester venait de laissertomber sur le parquet.

— Jess…Soudain, Hester se plia en deux en

poussant un cri atroce. Du sangdégoulina le long de ses jambes et finitpar former une flaque à ses pieds.

Des bruits de pas se firent entendredans le couloir.

— Jessica ?

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— Par ici ! cria-t-elle.Elle enjamba le corps de Regmont

pour rejoindre Hester. Alistair apparut,suivi de Michael. Les deux hommess’immobilisèrent à la vue de Regmont.Les genoux de Hester se dérobèrent souselle. En tombant, elle entraîna Jessicadans sa chute.

— Est-il mort ? demanda Jessica enfaisant les cent pas dans le grand salondu rez-de-chaussée.

— Non, lui répondit Alistair.Achéron, retranché sous la table,

piaulait. Alistair s’approcha de Jessica,

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un verre de brandy à la main.— Tenez, buvez ça.Elle regarda le verre avec envie. Sa

gorge était sèche et ses mainstremblotaient – preuve qu’elle aurait eubesoin d’un remontant. Pourtant, elletrouva la force de refuser. Elle n’allaitpas rechuter. Après ce qui venait de sepasser, elle était plus résolue que jamaisà cesser de boire.

Elle laissa errer son regard sur ledécor du salon. Étant donné lamésentente du couple qui vivait ici, cetteabondance de couleurs gaies semblaitabsurde.

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— Elle l’a assommé avec le tisonnier,murmura Jessica.

Elle n’en revenait toujours pas queHester ait pu être battue depuis desannées sans qu’elle remarque rien.

— Bien fait ! dit Michael avecvéhémence.

Alistair posa le verre de brandy.Passant derrière Jessica, il lui massadoucement les épaules.

— Le médecin dit que Regmont aurabesoin d’être recousu… mais ils’occupe d’abord de votre sœur.

Le cœur de Jessica se serra.

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— Elle était déjà démoralisée…Maintenant qu’elle a perdu son bébé…

Michael attrapa le verre de brandy etle vida d’un trait. Ses cheveux étaientébouriffés à force d’y passer les doigtset ses yeux étaient presque hagards.

Jessica vit enfin à quel point il aimaitHester. Elle s’en voulut car c’était ellequi avait poussé Hester vers Regmont audétriment de Michael, un hommevraiment digne d’elle et qui l’auraitrendue heureuse.

Elle tourna la tête vers Alistair.— Lorsque nous serons mariés,

j’aimerais que Hester vienne habiter

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avec nous aussi longtemps qu’elle levoudra. Je ne pense pas qu’elle doiverester dans cette maison un jour de plusque nécessaire.

— Bien sûr.Les beaux yeux d’Alistair étaient

pleins d’amour et de compassion. Ellehuma son parfum – un mélange de boisde santal et de musc avec une touche deverveine particulièrement revigorante.Elle lui caressa les mains, remerciant lesort de l’avoir mis sur son chemin. Ilétait son point d’ancrage au milieu de cechaos. Il lui donnait la force dont elleavait besoin pour venir en aide à Hester.

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— D’ici là, dit Michael, vous pourriezvous installer chez moi. Vous avez habitédans cette maison avant moi, Jessica, lesdomestiques vous connaissent, ils serontaux petits soins pour vous. Hester s’ysentira bien. Ma mère y réside en cemoment. Elle sera d’un grand secours.

Un coup de pistolet retentit alors,suivi d’un cri à glacer le sang. Le cœurde Jessica bondit dans sa poitrine. Ellese retrouva en train de courir versl’escalier avant même d’avoir pris letemps de la réflexion. Michael ladépassa sur le palier du premier étagemais Alistair resta avec elle, la prenant

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par le bras lorsqu’ils arrivèrent près duDr Lyons. Il était dans le couloir, l’airsinistre. Il montra la porte de la chambrede Hester.

— M. le comte est entré et il a tiré leverrou.

Les jambes de Jessica flageolèrentmais Alistair la soutint. Michaelempoigna la clenche et donna un coupd’épaule dans la porte. Le panneaucraqua mais le verrou tint bon.

Le médecin raconta ce qui s’étaitpassé, en parlant de plus en plus vite etde plus en plus fort.

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— Il était inconscient dans sa chambrequand j’ai commencé à le recoudre. Ilest revenu à lui… Il s’est mis encolère… Il a voulu savoir où était ladyRegmont. Je lui ai demandé de secalmer. Je lui ai expliqué que sa femmeavait perdu son bébé et qu’elle sereposait… Il est devenu littéralementfou… Il est sorti de la pièce encourant… J’ai essayé de le suivremais…

Michael chercha encore une fois àenfoncer la porte. La serrure couina sansrien céder. Alistair vint à la rescousse.Ensemble, ils poussèrent sur la porte,

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qui s’ouvrit avec un fracas terrible. Ilsse précipitèrent à l’intérieur, ainsi que lemédecin. Jessica voulut les suivre maisAlistair se retourna, la prit par la tailleet la ramena dans le couloir.

— N’entrez pas ! ordonna-t-il.— Hester ! cria-t-elle en essayant de

voir par-dessus l’épaule d’Alistair.Il la plaqua contre lui et la tint

solidement.— C’est Regmont ! annonça Michael.Le sang de Jessica se figea dans ses

veines.— Mon Dieu, Hester !

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Pelotonnée sous l’épaissecourtepointe, Hester avait quand mêmefroid. Jessica lui caressait les cheveuxen lui murmurant des paroles deréconfort – exactement comme quandelles étaient petites.

Hester avait mal partout. Elle avaitperdu son bébé. Son mari était mort. Etelle avait l’impression d’être morte, elleaussi. Si bien qu’elle était surprise desentir son haleine sur ses lèvres etd’entendre son cœur battre. Elle seserait crue incapable de tels symptômesde vie.

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— Edward était atroce, murmura-t-elle.

Jessica ne dit rien.— Il a fait irruption dans la chambre,

poursuivit Hester. Il brandissait unpistolet en hurlant comme un possédé. Jen’ai pas eu peur. J’étais plutôt soulagée.J’ai pensé : « Enfin, mon martyre vaprendre fin ! » J’ai pensé qu’il auraitpitié et qu’il mettrait un terme à messouffrances.

Jessica resserra son étreinte autour desa sœur.

— Il ne faut plus penser à ça.

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Hester essaya d’avaler sa salive maissa bouche et sa gorge étaient tropsèches.

— Je l’ai supplié : « Vas-y, tue-moi !J’ai perdu mon bébé. Je t’en prie,achève-moi ! » Et soudain il s’estdégrisé. Je l’ai vu dans ses yeux. Desyeux d’une tristesse infinie. Il venait dese rendre compte de ce qu’il avait faitquand il ne se contrôlait plus.

— Hester, chut ! dit Jessica. Tu asbesoin de te reposer.

Hester poursuivit malgré tout.— Mais il ne m’a rien épargné du tout,

dit-elle. Il n’a pensé qu’à lui. Égoïste

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jusqu’au bout ! Et pourtant il me manque.Pas lui tel qu’il était devenu, non, maistel qu’il avait été. L’homme que j’aiépousé. Tu te souviens de lui, n’est-cepas, Jess ? Tu te rappelles combien ilétait gentil autrefois ?

Les yeux rougis de larmes, Jessicaacquiesça.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?demanda Hester. D’un côté, je suiscontente qu’il soit mort et, de l’autre, jesuis accablée.

Un long silence suivit, puis Jessicahasarda une réponse.

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— Je suppose que tu as la nostalgie dubonheur qui n’a pas existé et qu’enmême temps tu es soulagée que tonmalheur ait pris fin.

— Sans doute, dit Hester en seblottissant contre Jessica car ellen’arrivait toujours pas à se réchauffer.Qu’est-ce que je vais faire maintenant ?Comment vivre après cela ?

— Un jour à la fois. Tu te lèves, tumanges, tu fais ta toilette et tu vois desgens. Avec le temps, cela fera de moinsen moins mal. Et puis, un beau matin, auréveil, tu t’apercevras que ta douleurn’est plus qu’un souvenir. Ça sera

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toujours là, mais ça ne t’empêchera plusde vivre.

Jessica s’était glissée dans le lit touthabillée. Le corsage de sa robe étaittrempé par les larmes de Hester.

— Je suppose que c’est bien de neplus être enceinte quand on se retrouveveuve, chuchota Hester. Mais je n’arrivepas à me réjouir. Ça fait trop mal.

Un affreux sanglot retentit dans lesilence de la chambre, l’écho d’unedouleur trop récente pour être apaisée.

— Je voulais cet enfant, Jess. Je levoulais…

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Jessica se mit à bercer sa sœur etessaya de la consoler.

— Tu en auras d’autres. Un jour, tuconnaîtras le bonheur que tu mérites.

— Ne dis pas des choses pareilles !protesta Hester.

Elle ne pouvait pas envisager unenouvelle grossesse. Cela aurait été unesorte de trahison à l’égard de l’enfantqu’elle venait de perdre. Comme si lesbébés étaient interchangeables !

— Quoi qu’il arrive, je serai là, ditJessica en embrassant le front de Hester.Nous nous en sortirons ensemble,sœurette. Je t’aime.

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Hester ferma les yeux, persuadée queJessica était la seule à pouvoir dire detelles choses. Elle se sentait abandonnéede tous, même de Dieu.

Alistair rentra chez lui épuisé. Lasouffrance de Jessica faisait écho à lasienne et il se trouvait non moins triste etnon moins horrifié qu’elle.

Il se débarrassa de son chapeau et deses gants.

— Mme la duchesse vous attend dansvotre bureau, annonça son majordome.

Jetant un coup d’œil au cadran de lagrande horloge à balancier, Alistair

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constata qu’il était tard, presque 1 heuredu matin.

— Elle attend depuis longtemps ?— Depuis environ quatre heures,

milord.Louisa n’était sans doute pas porteuse

d’une bonne nouvelle. Se préparant aupire, Alistair se rendit dans son bureau.Elle était assise dans un fauteuil,occupée à lire. Un feu flambait dansl’âtre. Elle avait posé un plaid sur sesgenoux. Un candélabre sur la table touteproche éclairait son livre et jetait desreflets d’or sur sa sombre beauté.

Elle leva les yeux.

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— Ah, te voici…Alistair fit le tour de son bureau et ôta

son manteau.— Bonsoir, mère. Que se passe-t-il ?Elle l’examina de la tête aux pieds.— Je devrais peut-être te poser la

même question.— La journée a été interminable et la

soirée plus longue encore.Il se laissa tomber dans son fauteuil en

poussant un soupir de lassitude.— Qu’avez-vous encore à me

demander ? reprit-il.— C’est vraiment ce que tu penses de

moi ? Que je ne t’adresse la parole que

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pour te demander quelque chose ?Il la regarda avec soin, remarquant les

marques de fatigue autour des yeux etaux coins de la bouche, les mêmes qu’ilvenait justement d’observer chez ladyRegmont – les stigmates de la femmemal mariée. Il ne risquait pas de lesretrouver un jour sur le visage deJessica car il aimerait mieux mourir quede lui causer le moindre chagrin.

Comme il ne répondait rien, Louisaécarta son plaid, posa les mains sur sescuisses et se redressa.

— Je mérite sans doute ta méfiance,reprit-elle. J’étais tellement obsédée par

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mes propres sentiments que je n’aijamais prêté attention aux tiens. J’en suisterriblement désolée. Je t’ai causé tropde tort, et depuis trop longtemps.

Le cœur d’Alistair se mit à battre plusfort. Dans son esprit, la stupeur ledisputait à l’incrédulité. C’étaient lesparoles qu’il rêvait d’entendre depuistoujours.

La comtesse enchaîna.— Je suis venue te dire que

désormais, pour moi, ton bonheur passeavant tout. Je suis heureuse qu’il y aitcette femme qui t’aime et qui t’admire.

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Cela se voit et cela se sent. Elle seraitprête à baiser la trace de tes pas.

— J’en ferais autant pour elle, ditAlistair. Et elle ne risque pas de memépriser un jour. Elle sait tout ce qu’il ya à savoir sur moi, le pire comme lemeilleur, et elle m’aime en dépit de meserreurs… ou peut-être à cause d’elles,parce que c’est elles qui ont fait de moice que je suis.

— C’est un inestimable trésor d’êtreaimé sans condition, dit la comtesse ense levant. Je regrette de ne pas en avoireu autant à te donner, mon fils. Je veux

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que tu saches que j’approuve ton choix.La femme que tu aimes, je l’aimerai.

Alistair pianota sur son bureau. MonDieu, qu’il était épuisé ! Il aurait eubesoin de Jessica à son côté. Il aurait eubesoin de la serrer contre son cœur.

— Cela me touche infiniment que voussoyez venue, mère, et que vous ayezattendu mon retour pendant des heures,et que vous me donniez votrebénédiction. Merci.

Louisa hocha la tête.— Je t’aime, Alistair. Je vais faire de

mon mieux pour te le prouver en

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espérant qu’un jour il n’y aura plus demalentendus entre nous.

— Ça me plairait bien.La comtesse contourna le bureau, se

pencha et l’embrassa sur la joue.L’attrapant par le poignet, il

l’empêcha de se redresser pour pouvoirla regarder de près. Était-elle vraimentsans arrière-pensées ? Pleine de repentiret de bons sentiments ? À moins que sasoudaine générosité ne s’explique par lefait qu’elle était déjà au courant de lanouvelle qu’il s’apprêtait à luiannoncer ?

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— Vous allez être grand-mère, dit-iltout à trac.

D’abord, elle en eut le souffle coupéet puis ses yeux s’emplirent de joie.

— Oh, Alistair !Le cœur d’Alistair se dilata en

constatant qu’elle n’avait rien sud’avance et que son revirement étaitsincère.

— Pas grâce à moi, s’empressa-t-ild’ajouter. Comme vous l’avez sansdoute déjà deviné, Jessica est stérile.Mais grâce à Emmaline… Albert avaitfait son devoir, finalement. Ce ne serapeut-être pas un garçon qui pourra

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hériter mais, indépendamment du sexede l’enfant, vous aurez du moins lebonheur d’être grand-mère.

Elle sourit et ses beaux yeux bleus,tellement semblables à ceux de son fils,s’illuminèrent. Alistair lui rendit sonsourire.

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Épilogue

— Votre sœur a très bonne mine, dit lacomtesse de Masterson.

Jessica regarda la mère d’Alistair,assise en face d’elle sous la véranda.

— Oui, elle va de mieux en mieux.Elle reprend des forces tout doucement.Elle rit quelquefois. Elle a retrouvé unpeu de sa joie de vivre.

De l’autre côté de la balustrade quiséparait la véranda des somptueuxjardins se déroulait la garden-party. La

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petite douzaine d’invités s’étaitrassemblée à l’ombre des ifs. MêmeMasterson était sorti profiter du beautemps. Il donnait la main au petit lordBaybury, qui trottinait dans les alléesgravillonnées.

— Lord Tarley semble beaucoup tenirà elle, remarqua Louisa.

Jessica tourna ses regards vers Hesteret Michael. Ils se promenaient, Hestersous son ombrelle et Michael luidonnant le bras. Le beau brun et la belleblonde formaient un couple magnifique.

— C’est un ami de longue date, ditJessica. Mais, ces deux dernières

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années, il s’est montré irremplaçable. Illui a procuré la sécurité et la tranquillitéd’esprit dont elle avait besoin pourguérir. Disons qu’il a été pour elle cequ’Alistair a été pour moi.

— Vous lui avez fait au moins autantde bien qu’il vous en a fait, dit laduchesse dont le visage de porcelainedisparaissait à moitié dans l’ombre deson grand chapeau de paille. Où est-il,au fait ?

— Il s’occupe d’un problèmed’irrigation, je crois.

— J’espère qu’il sait que Mastersonest très impressionné par ses talents.

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Alistair n’avait aucun moyen de lesavoir puisque les deux hommes separlaient à peine, mais ce n’était pas lemoment d’évoquer cet épineux sujet.

— Il excelle en tout, dit Jessica.Vraiment, je trouve extraordinaire quecet esprit tellement romantique,tellement sensible, soit également douépour les chiffres, les problèmestechniques et le reste.

Sans parler de ses prouessesamoureuses dont Jessica était la seule àprofiter.

— Milady ?

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L’attention de Jessica fut attirée parune servante qui s’approchait, une lettreà la main. En souriant, elle prit la lettreet reconnut tout de suite l’écriture de sonmari. Elle la décacheta.

Trouvez-moi !

— Je vous prie de m’excuser, madamela duchesse, dit-elle en se levant.

— Un problème ?— Oh, non, madame. Jamais.Jessica rentra. L’intérieur était

silencieux et paisible. Bien qu’immense,le château donnait malgré tout un

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sentiment d’intimité. Alistair et elleoccupaient une aile pendant les moisd’été alors que le duc et la duchesseoccupaient l’autre pendant la plusgrande partie de l’année. C’était ladeuxième fois qu’ils passaient l’été avecles Masterson et l’ambiance étaitmeilleure que l’année précédente. Lanaissance de l’enfant posthume d’Albert– un fils, un héritier – avait été un grandsoulagement pour tout le monde.

Pour attirer Hester à sa garden-party,Jessica avait prétexté qu’elle avaitbesoin d’aide. Elle espérait laconvaincre de prendre part à la

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prochaine saison mondaine, qui allaitbientôt commencer. Les deux dernièresannées avaient été rudes, avec lescandale autour de la mort de Regmontet les racontars qu’elle avait suscités. Lemariage de Jessica avec AlistairCaulfield, débauché notoire, avaitpermis de détourner l’attention. Mais iln’y avait pas eu moyen d’accélérer laconvalescence de Hester. Elle serétablissait lentement mais sûrement. Etpuis Michael était là quand elle avaitbesoin de lui, toujours présent, jamaisenvahissant. Un jour peut-être serait-ilpour elle un peu plus qu’un ami. Lorsque

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Hester serait prête. Il semblait disposé àattendre indéfiniment.

Commençant par le bureau d’Alistair,elle le trouva vide. Elle se rendit ensuitedans le grand salon et puis dans la sallede billard. Il n’y était pas non plus.C’est seulement lorsqu’elle s’engageadans l’escalier qu’elle entendit les douxaccords d’un violon. Son cœur s’emplitde joie. Elle adorait l’écouter jouer.Parfois, après avoir fait l’amour, il luiinterprétait une mélodie. C’était sa façonà lui de traduire les émotions qu’il nepouvait pas extérioriser autrement. Demême pour ses dessins. Avec une simple

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feuille de papier et un bout du fusain, ilétait capable de saisir sur le visage deJessica des beautés que seul un amantétait capable de voir. Mieux qu’un longdiscours, ces portraits disaient à quelpoint elle était précieuse à ses yeux.

En se guidant sur la musique, Jessicase retrouva devant leurs appartements.Deux servantes s’étaient arrêtées dans lecouloir pour écouter. Elles paraissaientsous le charme. Lorsqu’elles virentJessica, elles s’empressèrent dedisparaître.

Jessica entra et verrouilla la portederrière elle. Son mari était dans la

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chambre, devant la fenêtre grandeouverte, tout nu mais ayant gardé saculotte. Achéron, couché à ses pieds, leregardait avec adoration, aussi envoûtéque n’importe qui.

Pendant qu’Alistair faisait glisserl’archet sur les cordes, les muscles deses épaules et de ses bras dansaient sousla peau un ballet que Jessica ne selasserait jamais d’admirer. Elle s’assitsur le banc au pied du lit, regardant,écoutant, attendant la suite avecimpatience.

C’était le milieu de l’après-midi.Leurs invités comptaient sur eux.

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Pourtant, il avait réussi à l’attirer dansla chambre pour la séduire avec sestalents de musicien et d’amant. Lamusique cessa, les dernières notesemportées par la brise parfumée quientrait par la fenêtre. Jessica applauditdoucement. Il rangea le violon dans sonétui.

— J’adore vous écouter jouer, dit-elletout bas.

— Je sais.— Et j’adore aussi votre dos nu et vos

petites fesses musclées.— Et je sais ça aussi.

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Lorsqu’il se retourna, Jessica ravalason souffle. Une majestueuse érectionétait bien visible, incrustée dans l’étoffede sa culotte.

Jessica se lécha les lèvres.— Je me sens engoncée dans mes

vêtements.— Débarrassez-vous-en.Il s’approcha, gracieux et terrible,

comme un fauve en chasse. Sa démarche,les muscles de son ventre… Les désirsde Jessica s’éveillèrent tous en mêmetemps.

— Quels malicieux projets votrelubricité vous a-t-elle inspirés

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aujourd’hui ? demanda-t-elle.— Nous sommes mariés depuis un an

et nous n’avons pas eu de lune de miel.Un frisson de plaisir parcourut

l’échine de Jessica.— Mon pauvre chéri ! Avez-vous été

privé d’autre chose ?— Vous vous seriez privée vous-

même, répondit Alistair.Il la prit par les coudes et l’incita à se

relever. Il y avait dans ses gestes unerudesse et une urgence qui contrastaientavec la douceur de la mélodie qu’ilvenait d’interpréter. En réponse, les

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pointes de ses mamelons devinrent duressous son corsage.

Il s’en douta, bien entendu. Il prit lesseins à pleines mains et les pétrit,sensuellement mais avec un peu trop devigueur. Jessica devint chaude etmouillée, ardente. Elle aimait tout danssa manière de faire l’amour mais surtoutquand il donnait l’impression de ne plusse contrôler.

Elle l’attrapa par les hanches et leplaqua contre elle.

— Je suis incapable de me refuserquoi que ce soit quand il s’agit de vous,reconnut-elle.

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— Surtout, ne vous refusez rienpendant notre lune de miel, dit-il de savoix au charme diabolique. Quelquessemaines sur un navire, et quelques moisà la Jamaïque. Nous avons des affaires àrégler là-bas, vous et moi. Hester estassez forte désormais pour se passer devous pendant quelque temps. Michaelveillera sur elle comme sur la prunellede ses yeux.

— Pouvez-vous partir maintenant ?Êtes-vous sûr de pouvoir rester absentaussi longtemps ?

— J’en ai discuté avec Masterson.C’est le moment ou jamais de partir,

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pendant qu’il est encore valide et qu’il atoute sa tête.

Tout en parlant, il la prit par la pointedu menton. Inclinant la tête, ill’embrassa légèrement.

— Je veux nager nu dans le lagon avecvous, reprit-il. Je veux vous faire voirles champs en flammes, je veux…

— … baiser sous la pluie ? acheva-t-elle d’un ton coquin, rien que pour leplaisir de le sentir frissonner. Vousn’avez pas besoin de vous donner tout cemal pour obtenir mon consentement.J’irais avec vous n’importe où.

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Ployant un peu les genoux pour être àla bonne hauteur, il frotta son membrecontre l’entrecuisse de Jessica.

— Avec les fenêtres ouvertes et nosinvités dans le jardin, vous allez devoirretenir vos cris de plaisir, ma chérie.

— Ce sera peut-être vous le plusbruyant des deux, mon chéri, répliqua-t-elle en souriant. C’est peut-être moi quivais vous faire grogner et jurer etdemander grâce !

— Un défi, madame ? Vous savez trèsbien que je les relève tous.

Elle l’attrapa par les fesses et lescaressa, les ayant trouvées toujours

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aussi délicieusement rondes et musclées.— Je sais. D’ailleurs, j’y comptais.Achéron, qui commençait à bien

connaître les habitudes de ses maîtres,s’esquiva. Il rejoignit son coussinfavori, à l’abri entre deux fauteuils dansle salon voisin, s’y laissa tomber sur leflanc et s’endormit aussitôt comme unbienheureux, bercé par les rires et lesrâles qui sortaient de la chambre.

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Remerciements

Je tiens à remercier mes deux tendresamies, Karin Tabke et Maya Banks, quim’ont encouragée en particulier lorsd’un dîner à Catalina. Merci pour votreamitié.

Merci à mon éditrice, Alicia Condon,qui m’a permis d’écrire ce livreexactement comme je l’entendais.

Merci à Bonnie H. et à Gina D.,modérateurs du site

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www.TheWickedWriters.com. Et mercià tous les blogueurs.

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Auteure de renommée internationale,classée n° 1 sur les listes du New YorkTimes, Sylvia Day a écrit une douzainede romans primés, traduits dans plus dequarante langues. Elle est n° 1 dans plusde vingt pays, et ses livres historiques,paranormaux ou érotiques, ont conquisun public enthousiaste.

Elle a été nominée pour le prixGoodreads du Meilleur Auteur, et sonœuvre a été récompensée par le prixAmazon dans la catégorie « MeilleureRomance de l’année ». Elle a également

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reçu le prix Romantic Times et a éténominée à deux reprises pour leprestigieux RITA Award. Elle estprésidente de la célèbre associationRomance Writers of America, à laquelleparticipent plus de 10 000 écrivains.

Rendez-lui visite sur son site Internetofficiel : www.sylviaday.com, sur sapage Facebook : facebook.com/authorsylviaday et suivez-la sur Twitter :

twitter.com/sylday