Sminaire sur lamnagement et la mise en valeur des bas-fonds au Mali organis par

lInstitut dEconomie Rurale ( IER ) de Bamako

le Centre de Coopration Internationale en Recherche Agronomique pour le Dveloppement -Cultures Annuelles ( CIRAD-CA ) France

la Compagnie Malienne pour le Dveloppement des Textiles ( CMDT ) le Consortium Bas-Fonds / Association pour le Dveloppement de la Riziculture en Afrique

de lOuest ( ADRAO-WARDA ) Bouak - Cte dIvoire

Sikasso, 21 - 25 Octobre 1996

Bilan et potentialits des amnagements hydro-agricoles

en rgion septentrionale de Kayes ( Mali ):

quelles leons pour le dveloppement rural rgional ?

communication prsente par Jean-Louis Couture ( GRDR - CNEARC/GSE )

Groupe de Recherches et de Ralisations pour le Dveloppement Rural dans le Tiers-Monde 20 rue Voltaire, 93100 Montreuil, France

BP 291 Kayes, Rpublique du Mali Centre National dEnseignement Agricole des Rgions Chaudes - Gestion Sociale de lEau

BP 5098, 34033 Montpellier cedex 1 - France

Avertissement: Lexprience voque ne concerne que partiellement les bas-fonds proprement dit. Le texte tente de resituer les problmatiques lies la matrise de leau dans un contexte historique et gographique plus large pour les terroirs situs au nord de la rgion de Kayes, hors de la haute valle du fleuve Sngal. Paris, le 15 octobre 1996

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Bilan et potentialits des amnagements hydro-agricoles en rgion septentrionale de Kayes ( Mali ):

quelles leons pour le dveloppement rural rgional ?

communication prsente par Jean-Louis Couture ( GRDR France - CNEARC/Gestion Sociale de lEau Montpellier )

Avertissement: Lexprience voque ne concerne que partiellement les bas-fonds proprement dits. Le texte tente de resituer les problmatiques lies la matrise de leau dans un contexte historique et gographique plus large pour les terroirs situs au nord de la rgion de Kayes, hors de la haute valle du fleuve Sngal. Mots-cl: Mali, Kayes, Trkoll, Kolimbinn, Sonink, migration, dcrue, riz, mas, calebasse, matrise de leau, pche, amnagement hydro-agricole. Rsum: La premire rgion du Mali connat dans les cercles de Kayes et Yliman une pluviomtrie moyenne de 500 mm mais avec de forts carts interannuels ( 300 650 mm ) et des distributions irrgulires. Le relief contrast de la rgion a donn naissance un vaste rseau hydrographique dont les riches sols alluvionnaires et les ressources en eau ont historiquement command le peuplement humain, majoritairement Sonink, ainsi que son organisation sociale et foncire. Les grandes valles de la Trkoll et de la Kolimbinn, ainsi que celles du Krigou et du Gary, offrent de larges possibilits de dcrue, dont le contrle social reste un enjeu majeur. Sorti des valles, lessaimage rcent ( cent ans ) des villages de culture sest opr sur des situations plus classiques de bas-fonds. Au nord, des systmes de culture plus typiquement sahliens sont prsents. La crise climatique actuelle a amen le GRDR et les associations intervillageoises partenaires proposer des solutions diversifies dans le domaine de la matrise de leau qui vont de la matrise du ruissellement la parcelle ( diguettes, cordons pierreux ) aux amnagements de dcrue de plusieurs centaines dhectares en passant par les digues filtrantes, les barrages-seuil ou les amnagements de mares rizicoles ou pastorales. La plupart de ces amnagements rpondent un objectif de scurisation des cultures. De nombreux avantages sont nots autour des ouvrages de scurisation de la dcrue ( pche, fourrages, abreuvement du btail,...) ainsi quun impact positif sur lenvironnement. Ces amnagements valorisent trs bien les cultivars locaux. On note un regain dintrt pour toutes ces propositions, y compris dans lmigration Sonink en France, qui finance une part significative des amnagements. Les savoir-faire locaux, surtout en matire de dcrue, doivent tre mieux connus, ainsi que les situations socio-foncires. Les potentialits sont trs importantes et peuvent offrir une alternative la migration actuellement en crise. Elles ncessitent un schma rgional damnagement et de gestion des eaux du bassin de la Trkoll-Kolimbinn.

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SOMMAIRE INTRODUCTION..................................................................................................................................................4

1) LE CONTEXTE REGIONAL. .......................................................................................................................4

1.1. LA PREMIERE REGION DU MALI..........................................................................................................................4 1.2. JUSTIFICATIONS DE LINTERVENTION:................................................................................................................7

1.2.1. Des raisons conomiques...........................................................................................................................7 1.2.2. Des raisons sociales...................................................................................................................................7 1.2.3. Des raisons lies aux projets de dveloppement........................................................................................8

2) TROIS GRANDS SYSTEMES DE CULTURE:...........................................................................................9

2.1. LES GRANDES VALLEES: DES SYSTEMES HISTORIQUES DE CULTURE DE DECRUE. ...............................................9 2.1.1. Mise en valeur des zones de dcrue. ..........................................................................................................9

Encadr n1: Une proto-hydraulique Africaine: les terrasses alluviales de dcrue. ............................................10 2.1.2. Evolution des zones de dcrue. ...............................................................................................................11

2.2. LESSAIMAGE HISTORIQUE DES VILLAGES ET LA MISE EN VALEUR DES BAS-FONDS HORS DES GRANDES VALLEES. ................................................................................................................................................................12 2.3. DES SYSTEMES DE CULTURE SAHELIENS. .........................................................................................................12

3) DES SOLUTIONS DIVERSIFIEES APPLICABLES DANS LE DOMAINE DE LA MAITRISE DES EAUX. ...................................................................................................................................................................12

3.1. DABORD MAITRISER LEAU POUR SECURISER LES CULTURES. .........................................................................12 3.2. UNE EXPERIENCE DE SIX ANNEES SUR CINQ TYPES DAMENAGEMENTS: PRESENTATION ET RESULTATS. ..........13

3.2.1. La matrise du ruissellement la parcelle: diguettes en terre et cordons pierreux.................................15 3.2.2. Les amnagements de bas-fonds: digues filtrantes, seuils dversants batardeaux...............................16 3.2.3. Les barrages-seuil sur valle: barrages-masse sur lit mineur.................................................................16 3.2.4. Les amnagements de mares: reprofilage des chenaux, installation de ponts-vanne, surcreusement vocation pastorale..............................................................................................................................................16 3.2.5. Les amnagements de dcrue: barrages -vanne et endiguements. ..........................................................17

3.3. METHODE DE SUIVI ET DEVALUATION. ............................................................................................................17 3.4. UN BILAN POSITIF... .........................................................................................................................................17

3.4.1. Dindniables avantages agricoles. .........................................................................................................17 3.4.2. Des avantages conomiques, ...................................................................................................................18 3.4.3. Autres intrts. .........................................................................................................................................19

3.5. CEPENDANT DES LIMITES REELLES EXISTENT...................................................................................................19 Encadr n 2: Droits de pche aprs les amnagements: nouvelles rgles publiques ou crispation sur les droits anciens, deux attitudes contradictoires. .........................21

4) DES PERSPECTIVES IMPORTANTES. ...................................................................................................22

CONCLUSION ....................................................................................................................................................23

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...........................................................................................................24

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INTRODUCTION. La rgion de Kayes fait souvent figure de parent pauvre dans les programmes de dveloppement rural du Mali, malgr les espoirs mis dans lOrganisation de Mise en Valeur du Sngal et le barrage de Manantali dont limpact rgional pour lagriculture est trs limit. Cest la fois une chance et un handicap. Handicap car elle reste enclave et dpourvue dinfrastructures conomiques et routires essentielles. Chance car elle a amen ses populations villageoises et leurs migrants ltranger ragir, non sans ambiguts, devant les carences de l'tat et des programmes de dveloppement pour doter leurs villages dquipements et de services puis, avec une certaine vigueur depuis quelques annes, damnagements hydro-agricoles permettant de valoriser certaines ressources naturelles parmi lesquelles leau et les terres inondables qui restent centrales dans les patrimoines villageois. Nous replacerons dabord lexprience du GRDR1 et de ses partenaires locaux dans le contexte de la rgion septentrionale de Kayes, qui possde certaines particularits naturelles afin de mieux comprendre ensuite quels sont les principaux systmes de culture, parmi lesquels les cultures de bas-fonds sinsrent. Nous prsenterons ensuite les diffrents types damnagements de matrise de leau raliss au cours de ces six dernires annes pour mieux en cerner les rsultats tant au niveau des impacts et de lefficacit, que sur le plan de linsertion dans les terroirs villageois. Enfin, au regard des rsultats et de lengouement des paysans et des migrants pour les amnagements mais aussi de leurs limites, nous essaierons daborder les perspectives dvolution prometteuses de cette forme de scurisation de lagriculture, qui rpond bien un goulet dtranglement du dveloppement rural local, lirrgularit de la pluviomtrie et des crues, et appelle ncessairement un schma rgional damnagement des eaux de la Trkoll-Kolimbinn dont les termes et les conditions de russite sont mieux dlimiter.

1) Le contexte rgional.

1.1. La premire rgion du Mali. La premire rgion du Mali est situe louest du pays, frontalire de la Mauritanie au nord et du Sngal louest. Situe autour de 15 de latitude nord et 11 de longitude ouest, elle possde un climat soudano-sahlien au sud et sahlien dans sa partie nord. ( Figure n1 ) La pluviomtrie de ces vingt-cinq dernires annes est marque par une longue priode de scheresse et une forte irrgularit interannuelle. La distribution des pluies est aussi trs irrgulire au cours de la saison des pluies. De frquents retard dans linstallation des pluies en juin-juillet, des ruptures de deux trois semaines au cours de la saison et des fins brutales en septembre sont nots. Lisohyte 700 mm est descendu de prs de 70 km vers le sud enjambant la haute valle du Sngal et la ville de Kayes. Le nord de la rgion est situ sous lisohyte 400 mm depuis 1970.

1 Groupe de Recherches et de Ralisations pour le Dveloppement Rural dans le Tiers-Monde, Organisation non gouvernementale fonde en 1969, travaillant sur le fleuve Sngal.

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Carte 1

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Tableau n1: Evolution statistique des totaux pluviomtriques annuels depuis la scheresse en rgion septentrionale de Kayes. (ORSTOM, 1992) depuis

lorigine 1969

anne anne anne de 1970 1991

anne anne anne

poste pluviomtre

nombre annes

humide 10

mdiane sche 10

nombre annes

humide 10

mdiane sche 10

Yliman 38 769 570 432 20 591 421 290 Nioro 44 808 603 455 22 523 394 302 Kayes 60 955 717 557 22 741 591 477 Dima 28 837 646 491 14 787 512 389 10: dcennale Le model de la rgion de Kayes, de gologie trs ancienne ( Prcambrien et Cambrien ), est assez marqu par rapport celui des rgions voisines. Il peut culminer plus de 450 m avec le massif de Bafoulab. Il est compos de formations argilo-grseuses et dintrusions dolritiques, qui stirent du Bakoye jusqu la Mauritanie. A louest du massif et en contrebas, stendent les plaines alluviales de la Kolimbinn et de la Trkoll. Il en rsulte des toposquences marques pour nombre de terroirs villageois installs au pied du massif surtout vers Yliman. Les sols sont assez diversifis mais dominante ferrugineuse, sableuse et pauvre sur les hauteurs, argileuse ou sablo-argileuse dans les valles et les bas-fonds. Lrosion et le ruissellement sont marqus. Le rseau hydrographique est surtout compos des deux principales rivires de la rgion, si on excepte le Karakoro la frontire Mauritanienne louest, savoir la Kolimbinn venant du nord et la Trkoll venant de lest et qui rejoint la premire vers Diongaga dans le Dyahunu. La Kolimbinn, approvisionnant le lac Magui, rejoint ensuite le fleuve Sngal la hauteur de Kayes. Dautres valles, comme celles du Krigou et du Gari, rejoignant la Kolimbinn en aval de Magui, jouent un rle important tant du point de vue hydrologique quagricole. Les crues, autrefois rgulires et abondantes daprs les paysans, ninondent plus quune partie des plaines. Les dernires se sont produites en 1965 et 1985. Les ressources en eau de la rgion sont importantes et les riches sols alluvionnaires ont de tout temps attir les populations. (cf. Figure n2) La population de la grande rgion de Kayes dpasse le million dhabitants, avec pour les cercles de Kayes et Yliman environ 250 000 et 100 000 habitants respectivement. La densit trs ingale dpasse 40 50 habitants au km2 dans les grandes valles. Il existe une forte migration masculine de travail vers lextrieur. Le peuplement est majoritairement Sonink sur la rive droite du Sngal. Les actions de matrise de leau dcrites se droulent dans deux petites rgions: le Jombuxu (cercle de Kayes ) et le continuum Dyahunu/Guidyim/Kaniaga ( cercle de Yliman ). Dautres actions plus diffuses se multiplient dans le Guidimaxa louest et le Kaarta ( Nioro, Dima ) lest.

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1.2. Justifications de lintervention: Le GRDR appuie des initiatives communautaires de dveloppement qui touchent un peu tous les domaines du dveloppement rural: sant, alphabtisation, formation agricole, banques de crales, marachage, hydraulique souterraine, organisation du monde rural, etc... Lintervention du GRDR et de ses partenaires dans le domaine de lamnagement des terroirs villageois en rgion de Kayes se traduit par des amnagements de mares rizicoles ou pastorales, des micro-barrages, des actions de lutte anti-rosive et des digues filtrantes de scurisation des cultures. Elle est justifie par trois sries de raisons.

1.2.1. Des raisons conomiques. La rgion de Kayes connat une relative scurit alimentaire, bien que non autosuffisante, mais elle est aussi rpute, comme Gao, pour avoir des crales deux trois fois plus chres que dans le reste du Mali. Les raisons tiennent bien sr aux irrgularits climatiques frquentes qui induisent un dficit de production, li aussi au dpart en migration de la main doeuvre agricole, lenclavement et aux difficults de transport, la situation de monopole du march de gros et de frt ( Chemin de Fer du Mali ) mais aussi la surliquidit de lconomie locale en raison de lafflux de largent rapatri par la migration Sonink vers la France. Cette scurit alimentaire est donc trs coteuse et dtourne une fraction significative de lpargne des migrants au profit des intermdiaires de la filire (Weygel, 1982). Plusieurs tentatives de rponses cette situation cohabitent: augmenter la production locale qui devrait tre encourage par les hauts prix avec la limite que reprsentent la part des cots de transport, fluidifier le march avec la mise en place dautres rseaux ou oprateurs, raliser des conomies sur la filire avec les banques de crales, les magasins coopratifs dapprovisionnement, matriser les dpenses des familles avec le systme de commande/rglement distance des associations de migrants. La matrise de leau intervient dans le premier point ( augmentation de la production agricole ) car une fraction significative de la population villageoise tire toujours une partie de sa subsistance de lagriculture.

1.2.2. Des raisons sociales. La migration de travail Sonink vers la France, sa destination la plus rmunratrice, connait une crise de reproduction actuellement exacerbe en raison des problmes de chmage, de logement et de sjour que rencontrent les migrants en rgion Parisienne (Lavigne-Delville, 1994). La fermeture des frontires, bien relle, a provoqu la rupture de la rotation ans/cadets dans la migration et provoque linstallation durable des migrants en France avec leurs familles dans le cadre du regroupement familial. Cette migration cote de plus en plus cher2 , renvoie de moins en moins dargent au pays3 et pourtant les villages en dpendent de plus en plus. Les redploiements gographiques4 de la migration Sonink vers dautres destinations ny supplent que partiellement. Il convient de trouver des alternatives locales la migration tout au moins pour les jeunes qui ne peuvent plus partir et pour les familles pauvres qui dpendent de la redistribution clientliste des revenus migratoires. 2 prix du passage clandestin et des faux papiers, risques aggravs, expulsion,... 3 cot du logement Paris mme collectif, charges familiales, chmage et inadaptation de la main doeuvre peu qualifie, travail clandestin mal rmunr,... 4 migration de commerce de dtail vers les pays ctiers ( Cte dIvoire, Gabon , Congo,...) puis de gros aujourdhui (Hong-Kong, Indonsie,...); migration de diamantaires ou d orpaillage ( Sierra-Lone, Angola, Zare, Afrique du Sud,...); nouvelles migrations de travail trs slectives ( Etats Unis, Core du Sud, Japon,...)

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1.2.3. Des raisons lies aux projets de dveloppement. Les projets de dveloppement des villageois et des migrs, dont certains sont accompagns par le GRDR depuis 1978, ont surtout concern les infrastructures et services villageois: coles, medersa, centres dtat civil, dispensaires, magasins coopratifs, puits villageois et adductions deau potable, etc...visant amliorer le confort et le cadre de vie des villages pour une population trs tourne vers lextrieur avec le phnomne migratoire. Non dnu dun sens politique local ( signes de reconnaissance des migrants, image de marque de certaines fractions ), daucuns y voyaient les signes de la modernit et du progrs mais peu de projets touchaient directement la production agricole jusqu prsent. Seuls quelques primtres craliers ( riz, mas ) ou marachers irrigus villageois ont vu le jour et fonctionnent sur la haute valle du fleuve Sngal, non sans difficults (Lavigne-Delville, 1991). Pour limmense hinterland de cette rgion, les propositions damlioration de lagriculture, essentiellement vivrire, restrent peu oprantes jusqu ce que quelques petits projets de dveloppement intgrs initis par des associations paysannes intervillageoises de dveloppement 5 ou des petits projets de jumelage-coopration 6 appuys par le GRDR dcident ds 1989 de dpasser lappui classique aux producteurs ( vulgarisation, formation, intrants, centrales dapprovisionnement,...), certes trs utile, pour mettre laccent sur la matrise des eaux et lamnagement des terroirs. Des initiatives paysannes disperses et souvent individuelles, ainsi que de nombreuses demandes formules envers le GRDR, montraient que les producteurs attachaient de plus en plus dimportance la retenue des eaux et la lutte contre le ruissellement dans leurs parcelles mais aussi la rhabilitation de terres autrefois inondables. Labsence de services publics rgionaux spcialiss dans ce domaine et dONG de dveloppement a amen le GRDR entreprendre un programme souple dappui aux initiatives de matrise des eaux des associations partenaires qui depuis sest tendu dautres partenaires 7 ou rgions 8 dans le cadre de la poursuite dun partenariat engag depuis plus de dix ou quinze annes avec certains. Limmense rgion de Kayes na pas pour autant t exempte de conflits fonciers ces dernires annes en raison de lextrme concentration de sa population sur les grandes valles avec le phnomne de conurbation li lhistoire du peuplement Sonink. Ainsi, en 1993, un village Maure, Krouan, satellite du gros village Sonink de Niogomra, tait ras et sa population dcime par ses voisins pour avoir spontanment tent de scuriser ses cultures avec des digues filtrantes. En juillet 1996, un notable de Yaguin tait abattu lors dune rattribution foncire. Autant dvnements qui doivent nous inciter, en mme temps, laudace dans les ncessaires oprations de rhabilitation des terres agricoles et la prudence en matire foncire.

5 ORDIK: Organisation Rurale pour le Dveloppement Intgr de la Kolimbinn, ADD: Association Diama Jigui 6 Programme de jumelage-coopration Montreuil-Yliman 7 association intervillageoise Guidimakha Jikk, association Soob 8 Guidimakha Mauritanien, Sngal Oriental ( Association de Lutte Anti-rosive de la Falm )

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2) Trois grands systmes de culture: Trois grands systmes de culture se sont dvelopps sur les principales parties de la toposquence utilisables dun point de vue agricole: dunes fixes et glacis, bas-fonds et grandes valles alluviales.

2.1. Les grandes valles: des systmes historiques de culture de dcrue. La rgion de Kayes est drain par un vaste rseau hydrographique trs ramifi de 24000 km2 dont les grandes valles de la Trkoll et de la Kolimbinn qui possdent de vastes plaines dpandage ( prs de 70000 ha ). Les zones de dcrue des ces deux cours deau qui se rejoignent dans le Dyahunu connaissent une densit de population leve pour la rgion ( 40 50 habitants / km2 ) avec un chapelet de gros villages le long des cours deau, dont les terroirs sont dcoups perpendiculairement ceux-ci, au peuplement ancien attest ds le XIIme sicle pour le Dyahunu (Pollet, Winter, 1971).

2.1.1. Mise en valeur des zones de dcrue. Ces zones de dcrue forment le coeur des terroirs villageois: elles constituaient en anne normale le lieu de culture principal et souvent unique, car la crue tait rgulire avant les annes 1965-70. Loutillage y est en partie spcifique, il reprend pour partie la houe ( goh ) des cultures sches, mais surtout le plantoir ( pandi ) auxquels on ajoute le dopaad, sorte de pieu en bois de 1,7 m et trs pointu qui sert approfondir le trou de semis fait avec le pandi lors du retrait progressif des eaux (Chastanet, 1984). Les cultures pratiques sont essentiellement le mas, associ au haricot, et la calebasse. Le sorgho Mangani Xor de 7 mois de cycle tait autrefois cultiv soit sous pluie sur les parties hautes de dcrue avec une inondation toujours possible, soit en dcrue. Son cycle trop long la condamn avec les scheresses et labsence de crues rgulires. Le mas, plus rapide et plus plastique, aux grains mieux protgs des oiseaux, lui est aujourdhui prfr. (Watt, 1986) Deux traditions culturales, Haalpulaar du Fuuta Tooro - le dopaad Sonink, pieu plantoir en bois, bien que moins labor, est proche du luugal Halpulaar (Lericollais, 1984)- et Sonink, teinte dinfluence Bambara pour certaines houes pour sols argileux, semblent stre croises pour lquipement agricole traditionnel . Les terroirs villageois font lobjet dun double rgime foncier pour les terres de brousse, essentiellement pluviales, dune part et pour les terres de dcrue, dautre part. (Saint-Pre, 1925) Les terres de dcrue forme le noyau du systme agraire des gros villages Soninke de la Trkoll-Kolimbinn. Le contrle social restreint du foncier de dcrue par quelques grands lignages fondateurs reflte la fois lhistoire du peuplement de la zone, dont les gros villages Soninke ont exclu par la force ou par lachat (Marna) les premiers occupants, souvent Bambara, la constitution et la mobilisation ancienne dune force de travail captive numriquement importante, et la pratique dune dvolution clientliste des droits dusage du foncier de dcrue aujourdhui majoritaire.

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Encadr n 1

Une proto-hydraulique Africaine: les terrasses alluviales de dcrue. La culture de dcrue dans les zones inondables, souvent trs argileuses, nest pas chose aise surtout avec un outillage soudanien ( famille des houes tong ou daba ). On remarque que les paysans du Jombuxu, du Dyahunu et du Guidyim pratiquent, depuis une poque ancienne antrieure la pntration coloniale, des chenaux sur le bourrelet alluvial ( dund, holo/falo ) partir des courbures extrieures des mandres du cours deau principal vers certaines dpressions argileuses ( xaar ) en retrait du bourrelet ou bien des cuvettes (napo) situes sur celui-ci. Cet amnagement est souvent un acte fondateur de village. La fonction de ces chenaux (laqq ), parfois aux noms vocateurs (larantingu: la bouche de leau, laraleng xor: la grande porte ) est de capter les pointes de crue de la Trkoll ou de la Kolimbinn avec un triple objectif: - raliser une irrigation complmentaire pour les sorghos mangani xor et mangani lenm installs ds le dbut de la saison des pluies dans les petites cuvettes des parties hautes du bourrelet alluvial - raliser un captage de limons et de matires en suspension, appel daxadaqq, dans les eaux de crue pour fertiliser ces petites cuvettes et qui garde bien ensuite lhumidit du sol - capter vers les parties plus basses des grandes zones inondables des sables fins, appel bull binn (noir ) ou bull xull (blanc), charris par la crue afin damender les sols argileux nyniambinn et de pouvoir les travailler plus facilement ensuite. Avec cette pratique continue sur plusieurs gnrations, on assiste une construction progressive dune terrasse alluviale par litage conduit des sdiments fins de la crue. Ainsi les sites de Mandiar, Xoroba, Xarabitant,... Jonkulan et de Salaban, Larantingu, ... Marna. La crue peut aussi apporter des sdiments striles ( sables blancs appels mru ) quil faut rgnrer par la suite, cest un lment de risque pris en compte par le paysan. Ces chenaux creuss main dhomme, autrefois par les captifs ou taalib (lves coraniques), aujourdhui plus souvent entre voisins du mme quartier de culture ( tenkunda ), dnotent un vrai savoir-faire paysan qui aujourdhui a tendance tre ignor mais peut tre raviv, parfois sans succs, lors de scheresses notables. La diffusion de cette technique paysanne a peut-tre correspondu la rgression de la riziculture au profit de lextension du mas de dcrue, culture moins exigeante en travail. Cette pratique est aussi en crise compte-tenu du cot ou de la difficult rassembler la main doeuvre pour certains agriculteurs mais aussi en raison de la drgulation de la crue qui, plus violente et irrgulire, approfondit les chenaux et les transforment en drains, les paysans nayant pas les moyens de faire des barrages tanches. La culture de dcrue nest donc pas si passive et les valles alluviales si naturelles que lont observ bien des trangers de passage. Ces terrasses alluviales, trs apprcies pour leur fertilit et leur facilit de travail, sont fortement appropries en tant que construits sociaux du point de vue foncier: ainsi les clans fondateurs Siby et Bathily de Marna se partagent la bouche de leau Marna. Il en est de mme Jonkulan. Labsence darchitecture durable et de matriaux prennes dans les pratiques hydrauliques Africaines a trop tt fait conclure une absence de savoir-faire hydraulique des paysans Africains: mme si les traces ne perdurent pas en raison de la nature des matriaux alluviaux mobiliss et des remaniements permanents par les crues et dbordements, il nen demeure pas moins que les berges, bourrelets alluviaux, cuvettes et zones dpandage sont construits par lhomme qui mobilise pour ce faire la force de leau. Ainsi chenaux, terrasses alluviales, fosses poissons des fonds de mares ( nioqq ), endiguements, petits barrages de dcrue ou de pche sont autant damnagements hydrauliques ( construits sociaux et historiques ) dont la mise en oeuvre rpond des vocations bien prcises. Les amnagistes du Gnie Rural et les agro-dveloppeurs seront bien inspirs de les percevoir et les interprter avant de bouleverser les paysages des valles. Ny aurait-il pas l un champ de rinterprtation de la dcrue dans la valle du Sngal o les grandes cuvettes inondables ( kollade ) auraient t plus facilement inondes et draines par des chenaux creuss dans le bourrelet alluvial ( appels cangol en pulaar ) une poque o la mobilisation de la main doeuvre pour les creuser tait captive, tant chez les Soninke que les Halpulaaren, ce qui semblerait corrobor par la formation sociale de lpoque ?

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La riziculture de plaine inondable autrefois pratique et releve par plusieurs auteurs coloniaux9 tait une culture qui correspondait certains rapports sociaux ( culture de captifs dabord, culture coloniale impose par les rquisitions par la suite10). Les exigences lies sa conduite ( repiquage, dsherbage slectif des riz sauvages, contraintes de gardiennage,...) en faisaient une culture gourmande en main doeuvre quil fallait pouvoir mobiliser cet effet mais aussi moins rentable avec les risques de scheresse. Elle nest devenue exclusivement culture de femmes que dans la priode rcente ( depuis 1945). Elle peut redevenir culture masculine la faveur damnagements efficaces car reprsentant un enjeu conomique comme le montre lexprience de la mare amnage de Kurukula o les hommes Soninke et Khassonke11 ont investi lessentiel de la mare (58 ha) relguant les femmes aux marges ou dans les interstices non attribus. La culture de dcrue de mas et de calebasses fortement implante au Jombuxu reprsente une valorisation optimale du travail paysan. Le mas, au cycle court, bien protg des oiseaux, cultiv aussi bien en pluvial quen dcrue, essentiellement autoconsomm, est moins exigent en travail que le riz. La calebasse, vendue jusquau Sngal, peut rapporter jusqu un million de Fcfa par agriculteur par campagne12.

2.1.2. Evolution des zones de dcrue. Nous avons not une inscurisation des zones hautes par rapport linondation en raison de la crue insuffisante, trop courte et irrgulire durant lhivernage. Une baisse de fertilit se fait sentir, faute dalluvionnement mais aussi de ptures et de pacage des dchets de culture par les animaux Peuls ou villageois rompant ainsi la complmentarit agriculture-levage. Les cultivateurs ramassent toutes les pailles et les leveurs Peuls cherchent aujourdhui chez qui aller alors quils rservaient leurs troupeaux aux plus grands propritaires, il y a encore vingt ans. Labsence de crue provoque un enherbement important et les termites, auparavant installes sur la ceinture de la plaine, ravagent jusquaux zones les plus basses. Ces zones hautes sont cultives en pluvial avec le double risque de la scheresse et de linondation dvastatrice. Nous relevons une extension des zones de dcrue vers les parties les plus basses avec pour inconvnients un dfrichement des forts rsiduelles de Gonaki diab ( Acacia nilotica ), la mise en culture de sols trop lourds et peu poreux, une impossibilit dalluvionnement de ces parties basses loignes du lit mineur, un retard calendaire pour la floraison avec des risques de maladies fongiques ( mall ) sur mas, haricot et calebasse occasionns par le froid et lhumidit des mois de novembre janvier.13 Avec la confirmation de la scheresse, labandon de la riziculture est consacr mais nous avons vu quil tait en partie caus par lmancipation des captifs ds 1895 et qui sest progressivement mais lentement gnralis.

9 Viguier Pierre, 1939, La riziculture indigne au Soudan Franais, Paris, Larose Ed. 10 entretiens personnels avec les vieux notables de Jonkulan, aot-septembre 1996 11 sauf ceux, exclusivement Sonink, de Kabat, leurs co-amnageurs et co-propritaires , depuis le partage public et lgal de la mare entre les deux villages, trop loigns ( 5 km ) pour venir dsherber des petites parcelles de 2000 m2 12 chiffres nots pour plusieurs familles de Marna et Jonkulan en 1995-96 mme en absence de crue. Une enqute sur la filire calebasses est en cours avec un tudiant de l IPR. 13 L norme travail d inventaire cartographique ralis par le PIRT et le PIRL n est que d un maigre secours pour les zones de dcrue pourtant centrales dans les systmes agraires de la rgion.

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2.2. Lessaimage historique des villages et la mise en valeur des bas-fonds hors des grandes valles. La rgion toute entire semble avoir connu un grand tournant dans sa rpartition ethnique et spatiale au dbut du XIXme sicle puis la fin de celui-ci. Il en rsulte un essaimage des villages autour de noyaux historiques et une colonisation des bas-fonds dont la mise en valeur a redoubl depuis vingt ans en raison de la scheresse. Dans un premier temps, le Jihad de El Hadj Omar Tall et ses prolongements ont implant une forte colonie peule Tooronk autour de chefferies Toucouleurs y compris dans les grandes valles comme Koniakary sur le Krigou. Puis la paix coloniale ( ralentissement des razzia des Maures et des guerres Omariennes ), le poids de llevage, la ncessaire segmentation lignagre de villages surpeupls dans les grandes valles a provoqu une installation de villages de culture (soxodb ) temporaires, dont beaucoup sont devenus permanents, par la suite mais gardant des liens troits avec le village-mre. Certains villages ont t fonds par des clans venus de trs loin (Soroma, Gidimaxa, Gajaaga). Cette implantation de villages sest faite sur des terroirs o un quilibre levage, cultures pluviales ( sorgho, mas, arachide ) et cultures de bas-fonds ( assez rcentes ) en sorgho cycle long, mais aussi riz, tait possible. Les bas-fonds ont fait lobjet de dfrichage loccasion de scheresses marques mais taient laisss ensuite en jachre longue. Ce nest plus le cas aujourdhui o, ultime refuge des cultures dhivernage, ils sont surexploits et en voie de dgradation ( rosion ).

2.3. Des systmes de culture sahliens. Des systmes de culture strictement pluviale ( petit mil, sorgho prcoce, arachide ) sur dunes fossilises de lOgolien ou glacis existent aux marges de la rgion de Kayes sur la frontire nord avec la Mauritanie et dans la rgion de Nioro. Seuls quelques rseaux endorques et des mares de dcrue viennent diversifier les possibilits de culture. Llevage transhumant domine au contact des pasteurs Peuls et Maures. Lvolution rcente des systmes de culture de la rgion de Kayes est marque par labandon de certains terroirs situs sur les parties hautes (Bradley, 1977) mais aussi dans les grandes valles, la disparition ou la rgression de cultures de rente autrefois importantes ( arachide, coton, calebasse,...), lexpansion des varits cycle court, le recours une main doeuvre salarie extrieure en raison de lmigration masculine, lextension de la traction animale (extensification ) mais aussi par des tentatives paysannes de matrise de leau. Il faut voir ces cultivateurs essayant dsesprment de barrer la route leau avec des sacs de sables, des barrages dpineux ou de troncs darbres ou louant des bulldozer pour creuser des chenaux, lanant des appels infructueux envers les amnagistes ou encore ayant recours aux marabouts pour barrer la route leau.

3) Des solutions diversifies applicables dans le domaine de la matrise des eaux.

3.1. Dabord matriser leau pour scuriser les cultures. Lenjeu premier pour les paysans est aujourdhui de matriser leau pour leurs cultures. Les autres adaptations la scheresse ont leurs limites. La matrise de leau est prioritaire sur les

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autres facteurs damlioration ou dintensification ( intrants , varits,...) qui sont trop coteux au regard des risques climatiques. Lobjectif des amnagements et pratiques de matrise de leau est la scurisation des cultures dans un contexte dagriculture extensive pour les nombreuses raisons que nous avons soulign plus haut mais aussi parce quil reste de lespace encore disponible et que nous sommes encore dans un contexte de prpondrance conomique de la migration de travail vers la France. Les propositions de matrise de leau doivent viser une scurisation des cultures plus simple et moins coteuse que lirrigation gravitaire par pompage ( type PIV14 ).

3.2. Une exprience de six annes sur cinq types damnagements: prsentation et rsultats. Notre dmarche a t de privilgier des choix damnagements simples pour des sites aux caractristiques parfois complexes. En voici la prsentation dont le total fait 685 hectares amnags hors amnagements la parcelle. Tableau n 2: Types damnagement, localisation et vocations. Localisation de l'amnagement

Type Localits Vocations

Parcelle cordons pierreux 10 villages du nord-Yliman; Marna, Jallan

cultures de sorgho, mas

diguettes en terre avec dversoirs

Gamra cultures de sorgho

6 diguettes rizicoles vannettes

Kurukula, Gamra, Kabat,...

petites rizires

fascines, bouchons pierreux

Marna, Jallan comblement de ravines, lutte anti-rosive

Bas-fonds 27 digues filtrantes (D.F.) en pierres libres

15 villages du nord-Yliman: Kersinian, Larangumu, Bandiugula, Krmiss,...

cultures de sorgho

2 D. F. en gabions ( pente forte )

Makhana cultures de sorgho

2 seuils dversants vanne

Diumu, Kardidi

rizires scurises cultures de sorgho, recharge de nappe

Mare chenal de drainage et barrage sur collature

Kurukula: 58 ha mares rizicoles hors valle

chenal de captage de crue et barrage-vanne

Jango, Fentenxar, Gunu-Gunu Marna: 47 ha

mares rizicoles adjacentes une valle

surcreusement mare et rhaussement de seuil dversant laval

Guiffy, Gory-Banda mares vocation pastorale, recharge de nappe, marachage

Plaine de dcrue barrages-vanne ou seuils dversant

Jonkulan: 380 ha, Diakadoromu: 37 ha Bandiugula: 24 ha

cultures de dcrue sorgho, mas, calebasses, haricots; pche, abreuvement

Barrages-seuils sur les grandes valles

barrages-masse dversants double rgime (noy/dnoy)

Kanamakunu, Tafasirga, Gamra sur la Falao Kabat, Niamiga, Jallan sur la Kolimbinn : 80 ha

abreuvement, pche, marachage, arboriculture, cultures de dcrue, riz, radiers dsenclavement, fabrication de briques

14 primtres irrigus villageois avec groupe motopompe et dun rseau de canaux en terre et douvrages dart.

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Carte 2.

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3.2.1. La matrise du ruissellement la parcelle: diguettes en terre et cordons pierreux. Les limites de la vulgarisation de thmes de productivit a incit trs tt orienter les actions agricoles sur la matrise des risques hydriques et la rhabilitation de terres dgrades. Dans les trois zones ( ORDIK15, ADD16, Yliman ), des dizaines de familles ( environ 180 ) pratiquent maintenant des cordons pierreux sur les zones de glacis pour l essentiel et, plus rarement des diguettes en terre avec dversoirs sur les katamangu, sols argileux de plateaux. Les temps de travaux de ralisation tournent autour de 20 40 mtres linaires par jour de travail pour les diguettes en terre une fois la topographie faite au niveau eau, sans dpenses financires importantes. Les cordons pierreux ne sont pas diffusables partout en raison de lloignement des matriaux. Limpact est trs net sur les rendements en grains et en paille, sur le remplissage des grains mais aussi, et cest le premier avantage vu par les paysans, sur la scurit des semis et de la leve do un gain de temps en cas de mauvais dmarrage de la campagne. Tableau n 3 : Quelques exemples damnagement et de rsultats en conditions paysannes ( carts de rendement en grains entre parcelles amnage et tmoin, PMG ) Indicateurs, cultures et lieux Ecart de rendement grains:

de 1 x ou gain en % cart poids 1000 grains (PMG) de 1 x ou gain en %

sorgho semi-tardif17 sur diguettes terre Gamra (ORDIK )

de 1 4,3 en 1991, 2 essais de 1 1,5 1,7 en 1991, 2 essais

sorgho local prcoce18 sur diguettes terre Kanamakunu (ORDIK )

de 1 1,9 en 1991, 1 essai + 1,4 % en 1991, 1 essai

sorgho local prcoce et cordons pierreux Niamiga,Jallan (ORDIK)

* + 2 8 % en 1993, 2 essais

mas local et cordons pierreux Niamiga, Jallan (ORDIK)

de 1 1,4 - 1,6 au minimum de 1 3,5 - 13 au maximum en 1993, 2 essais

de 1 1,2 - 1,6 en 1993, 2 essais

sorgho semi tardif derrire digues filtrantes Yliman DFC: digues filtrantes collectives DFf: digues filtrantes familiales

+ 2 + 90 % en 1991, 3 essais + 32 + 266 % en 1992, 8 essais DFC de 1 2 - 5 en 1992, 3 essais DFf + 8 + 72 % en 1993, 6 essais + 21 + 62 % en 1994, 2 essais

+ 4 + 30 % en 1991, 3 essais de 1 1,7 en 1993, 4 essais

sorgho local prcoce derrire digues filtrantes Yliman

* 1 1,2 en 1993, 4 essais

NB: Chaque essai concerne un agriculteur et plusieurs placettes de rendement dans sa parcelle selon les situations culturales et les zones dimpact de lamnagement.

*: rcoltes mlanges ou dgts sur les lots, chantillons non interprtables

15 Organisation Rurale pour le Dveloppement Intgr de la Kolimbinn, 8 villages. 16 Association Diama-Djigui, 4 villages. 17 Mangani-Mangalemm local, 130-150 jours 18 Niniko, cultivar Saliambugu, 120 jours

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3.2.2. Les amnagements de bas-fonds: digues filtrantes, seuils dversants batardeaux. Dans la partie nord de la rgion de Kayes, vers Yliman, ( Guidyim, Kaniaga ), ce sont surtout les digues filtrantes en pierres libres et en gabions qui ont t testes et diffuses tant donn labondance des matriaux et la configuration des sites. Ralises collectivement par une mobilisation villageoise massive, sous la ferme autorit des chefs de village, pour les premires, elles se multiplient surtout l chelle individuelle et par quartier de culture en y associant les cordons pierreux sur la parcelle. Certains villages connaissent des ralisations spontanes. Les grosses digues collectives connaissent des problmes dentretien par les usufruitiers, la mobilisation collective ne se reproduisant pas au quotidien. Ajoutons que certaines ont toujours des problmes de stabilisation, mme avec des gabions dans le coeur de la ravine, vu la pente des bassins-versants. Limpact sur les cultures de sorgho est net surtout pour ceux cycle semi-tardif. Au Jombuxu, ce sont surtout les seuils dversants batardeaux vocation rizicole en particulier qui se multiplient ces dernires annes, surtout autour de sites de petite taille (parcelles de 1 quelques ha souvent familiales ). Pour ces deux types damnagements, les familles investissent beaucoup de travail et dargent dans leur ralisation. Lappui technique est apport par les associations intervillageoises ou le GRDR. La ralisation collective de grosses digues filtrantes reste souvent un point de passage social oblig pour initier un travail plus fin et plus cibl en matire de matrise de leau.

3.2.3. Les barrages-seuil sur valle: barrages-masse sur lit mineur. Dans le Jombuxu, dans la partie troite et encaisse de la Kolimbinn, plusieurs villages ressentaient une crise deau aigu depuis 1973. Avec leur association intervillageoise ORDIK, ils se sont lancs dans la ralisation dun programme de barrages assez importants pouvant supporter les crues de la Kolimbinn ou de la rivire Falao. Ce sont des barrages-masse dversants double rgime ( noy / dnoy ) installs dans le lit mineur et pourvu de fortes protections latrales. Pouvant ncessiter jusqu 6000 journes-homme, ils ont t raliss en deux quatre mois selon les sites grce une forte mobilisation intervillageoise. Les migrants en financent une grande partie ( 25 80 %). Ils sont multifonctionnels et procurent de grands avantages aux habitants ( cf 3.4.).

3.2.4. Les amnagements de mares: reprofilage des chenaux, installation de ponts-vanne, surcreusement vocation pastorale. Plusieurs mares, soit situes dans les grandes valles et ce parfois en chapelet, soit perches entre des reliefs, toutes cultives autrefois, ont t remises en eau par amnagement des prises partir des cours deau (reprofilage des chenaux de prise et quipement dun pont-vanne ) ou quipes dun chenal de drainage avec vanne pour vacuer les excs deau compromettant la culture de riz. Ces amnagements ne scurisent que partiellement les cultures de riz car on peut toujours connatre des annes sans pointe de crue utile mais ils ont eu des rsultats intressants en permettant pour linstant des cultures chaque anne, surtout dans la zone de Marna-Jombuxu.

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A Yliman, ce sont surtout des mares vocation pastorale qui ont t surcreuses et renforces dun seuil dversant leur sortie. Mais elles ont eu dautres impacts trs profitables ( pche, marachage, recharge nappe,...).

3.2.5. Les amnagements de dcrue: barrages-vanne et endiguements. La dcrue est passe de la place dunique culture garantie dautrefois la place de seconde culture annuelle (ou seconde chance aprs les cultures pluviales ). Pour plusieurs villages du cercle de Yliman, c est loccasion de remettre en valeur des plaines inondables, soit par les dbordements de la Trkoll, soit par la capture complte des coulements des bassins-versants adjacents qui jouent un rle de complment. Les collatures leur jonction avec les grands cours deau sont bouches par des barrages-vanne ceinturs dendiguements. Il ne sagit que dune matrise partielle de leau: on capte les pointes de crue19 quand elles se produisent et on gre la dcrue aprs lhivernage. C est un mode de mise en valeur adapte la microtopographie: les savoirs paysans sur les sols et le retrait des eaux permettent dadapter les itinraires techniques ( date et outil de semis,...) sans raliser de planage ( trop de risque de bouleversement des horizons, risque de colmatage des collatures naturelles ncessaires au drainage). La dcrue a le gros avantage dviter les concurrences de travail avec les cultures pluviales: on pige leau pour sen servir plus tard en saison froide ce qui est indispensable pour certaines cultures comme la calebasse. Les itinraires de culture sont peu exigeants en travail mais ncessitent une mise en oeuvre rapide ( suivre la dcrue, coller au calendrier des micro-saisons ). Les premiers amnagements raliss, certains en mobilisation intervillageoise, suscitent beaucoup dintrt dans la rgion. Plusieurs milliers dhectares sont ltude.

3.3. Mthode de suivi et dvaluation. Tous ces amnagements font lobjet dun suivi agricole ( suivis de parcelles, mise en culture, comparaison de varits, composantes du rendement,...), dun suivi hydrologique (pizomtrie et limnimtrie, calendrier des lachures ) et pluviomtrique, ainsi que denqutes quantitatives et qualitatives cibles sur les impacts. Ces suivis sommaires sont conduits par les techniciens des associations intervillageoises aids de releveurs villageois et de stagiaires de lInstitut Polytechnique Rural de Katibougou. Ils forment une premire base de donnes, bien imparfaite et encore trop disperse, mobilisable pour les nouveaux amnagements entreprendre sur la rgion. Cette fonction de suivi doit tre renforce car la production dinformations est stratgique sur une rgion aussi vierge dexpriences dans ce domaine. Elle doit permettre de comparer avec les autres rgions du Mali. Pour ce faire une collaboration avec les organismes de recherche ( IER ) est aujourdhui indispensable.

3.4. Un bilan positif...

3.4.1. Dindniables avantages agricoles. Des avantages agricoles sont relevs: - pour les diguettes, cordons pierreux, digues filtrantes et digues dversantes: scurit des semis et de la leve, limitation des risques en dbut et en fin de mauvaise saison des pluies, augmentation de la rserve utile en eau du sol, limitation du Striga (Striga hermontica 19 la crue de la Trkoll est hache, son hydrogramme est hrisse de multiples pointes, le dbit varie en quelques jours de 0 50 voire 80 m3/s.

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Del.), gains de rendements en grains et en fourrages, meilleur remplissage, surtout pour les cultivars locaux, prservation et reconstitution des sols, comblement de ravines, etc... - pour les amnagements de mares et de dcrue: relance de la culture du riz et du mas de dcrue ainsi que de la calebasse, rintroduction de la complmentarit des terroirs, rcolte de fourrages spontans et de pailles,... La valorisation des varits slectionnes par la recherche semble cependant peu vidente au vu de certains essais qui demanderaient tre prolongs. Des perspectives intressantes se dessinent pour rintroduire les sorghos cycle long. Des essais seraient tenter avec diverses varits de riz locales. - pour les barrages-seuils: dsenclavement avec les radiers, plus grande assurance des pches dhivernage et de saison sche, abreuvement du btail, fabrication de briques, marachage et arboriculture, recharge de nappe, etc...

3.4.2. Des avantages conomiques, De nombreux avantages conomiques ( moindre ponction sur les revenus migratoires, revenus des briques pour les jeunes, diversification avec le marachage et larboriculture,... ) et sociaux ( gestion du temps de travail, pnibilit de certains travaux diminue,...) sont aussi nots. Les cots de ralisation en conditions paysannes ou avec des oprateurs locaux sont corrects au regard des autres rgions du Mali malgr lenclavement de Kayes et le faible nombre doprateurs: Tableau n 4: Eventail des cots de ralisation des amnagements Kayes-Nord: Type damnagement temps de travail par

ouvrage en jours-homme (j-h)

cot financier au mtre linaire ou lhectare (Fcfa)

cot total ( Fcfa)

Financement

diguettes-cordons 5 20 j-h /100 m.l. _ _ travail familial digues filtrantes villageoises ou villageoises

21 j-h / 100 m.l.

350 3000 Fcfa/ m.l. selon distance matriaux 100 m.l. = 1,5 ha

_

appui: au dbut 100% camion , appui partiel aujourdhui familles: 100 % mais appuis ponctuels

mares et seuils rizicoles

500 1000 j-h mares: 35 320000 Fcfa/ha seuils: 400000 Fcfa /ha

petites mares: 1 1,6 M Fcfa grande: 10 M seuils: 6 M

villages: 36 53% appui: 46 64 % migrants: 0

barrages dcrue _ 100 600000 Fcfa/ha

4 28 M Fcfa villages:8 34 % migrants:28 51% appui: 15 57 %

barrages-seuils 1300 6000 j-h 500 1,6 M Fcfa/ha; ajouter berges cultives

5 15 M Fcfa villages:7 28 % migrants:14 80% appui:13 88 %

NB: La participation des migrants et de leurs associations ne concernent que les gros amnagements intervillageois, villageois ou de quartier. Il sagit de cots hors encadrement GRDR, celui-ci pouvant tre trs faible. La matrise des eaux de surface reprsente une alternative lirrigation par pompage qui, elle, est coteuse, rigide et difficile, et engendre des charges rcurrentes insupportables sans parler des rseaux de canaux en terre difficiles entretenir.

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3.4.3. De nombreux autres intrts. Mais lagriculture nest pas la seule valorisation attendue pour les amnagements de mares et de plaines de dcrue avec des barrages-vannes ainsi que pour les barrages-seuil sur lit mineur. De nombreux autres avantages sont souligns pour ces deux types d'ouvrages: - pche et poissons: ressource forte valeur conomique ( gain dans les budgets familiaux par substitution aux protnes animales achetes ) et alimentaire ( consommation immdiate et schage ), mais aussi sociale (revitalisation des grandes pches collectives en eaux dormantes et de leurs rgles anciennes, quit relative de laccs malgr le maintien de quelques privilges claniques, pratiques de dons et contre-dons...) - fourrages spontans: coupe journalire libre en hivernage, rserve de pture en saison sche dans les plaines de dcrue amnages - abreuvement du btail assur pour plusieurs mois de saison sche, gain de temps pour la ralisation des puisards, dtournement du btail des zones cultives en dcrue par des rampes dabreuvement vers les points deau amnags ( baisse des risques de prdation ) - marachage individuel et de groupement: la troisime culture en plein dveloppement - dveloppement rcent de larboriculture fruitire prive et marchande, - fabrication de briques, talement dans le temps des travaux de construction, non concurrence avec les tches agricoles, opportunit de revenus montaires pour les jeunes - recharge de la nappe alluviale et conomies sur les constructions et rhabilitations de puits - radiers associs aux ouvrages et dsenclavement, accs facilit aux champs et aux villages isols en hivernage, conomies sur les cots de transport,... - impact environnemental: rgnration de la ripisylve et des gonaki ( Acacia nilotica), retour des abeilles et du miel, recru fourrager, frayres poissons, retour des oiseaux et nidification,... mais aussi attraction de prdateurs des cultures - occasion de valoriser de manire productive lpargne des migrants - mulation cre par les chantiers intervillageois et revivification des liens dentraide, sentiment de prise en main de son destin, mobilisation des jeunes ( chantiers villageois d'amnagement: occasion de rencontres, de repas collectifs, dchanges, de fte...et de comptition )

3.5. Cependant des limites relles existent. - des limites techniques: malfaons ( engabionnement, ouvrage de vidange, tude de bassins-versant atypiques ), ne pas ngliger la qualit de louvrage de vidange et la question du drainage, difficult dhomogniser et de transmettre lexprience, cas densablement sur trois digues filtrantes et juste en amont ( sur 200 m ) des barrages-seuil soit heureusement une faible partie de la retenue,... - des limites de gestion: charges rcurrentes en partie assumes ( cotisations, page vhicules sur les ouvrages radiers, caisse de pche,...), modalits de gestion pas toujours claires mais sinstallant progressivement au rythme de lexprience des villageois, tensions relatives amont/aval sur la ressource halieutique, manque de surveillance de la reproduction des poissons,... - des limites socio-foncires: saturation foncire relative de certains village do risques de blocage sur la surface amnage ( la terre, une fois scurise par rapport leau,

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redevient un enjeu social: cas des digues filtrantes de Makhana ), fragilisation des usufruitiers simples, exclusion des femmes perdurant, modification des contenus des contrats. Lurgence est de mieux connatre les situations socio-foncires sur les amnagements raliss et sur les sites ltude qui, bien que cernes dans leurs grands principes, doivent nous aider mieux concevoir les amnagements et la conduite de leau ainsi qu percevoir les modes de rgulation adopts par les villageois. En matire damnagement de bas-fonds, nous ne percevons pas encore de risque de cration dune rente foncire contrairement aux zones de dcrue. - une division sociale du travail qui perdure ( sdentaires/nomades, place des leveurs Peuls et des cueilleurs maures autour des amnagements, place des femmes dans le foncier: fragilises en hivernage, favorises en saison sche pour le marachage ), - des points de passage sociaux obligs ( ouvrages collectifs villageois sous lautorit de la chefferie ) avant une diffusion plus large parfois hypothtique, une reproductibilit qui nest pas assure pour certaines familles ( exigence de main doeuvre, de moyens de transport,...) - approfondir la connaissance des systmes de production pour mieux cerner les critres dappropriation ou de non appropriation qui ne sont cependant pas lis qu des ncessits conomiques ( qui a intrt intensifier ? qui le peut ? ). En fonction de toutes ces remarques, il nous faut aujourdhui dpasser le stade de lexprimentation locale et passer un amnagement densemble progressif des terroirs et des petites rgions mais toujours sur la base du partenariat existant avec les groupements paysans en respectant leurs propres rythmes dvolution, tout en prenant du recul sur lexprience. La question des alliances est dcisive: tout le monde ne se structure pas sur le mode des associations villageoises de dveloppement, parfois artificielles et opportunistes. Il faut savoir reprer et travailler avec les chefferies progressistes, ce qui demande un gros travail de connaissance sociologique et de relationnel.

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encadr n 2 :

Droits de pche aprs les amnagements: nouvelles rgles publiques ou

crispation sur les droits anciens, deux attitudes contradictoires. Le village de Jonkulan, dont le clan Soukouna est propritaire minent et exclusif des terroirs villageois, a ralis un barrage-vanne en 1994-95 pour retenir les eaux dans la grande mare de Falakata-Mandiar et a mis en place un comit de barrage pour grer les lachures deau donc la dcrue et la pche. Le barrage a t quip par les villageois dune grille poissons qui permet de les recueillir chaque enlvement dun batardeau dont la date est rendue publique par le chef de village et le chef des eaux (jigumme) via le crieur public. Les poissons sont ramasss par les membres du comit barrage derrire la grille et remonts sur les berges du chenal amnag pour tre compts, rpartis et mis dans des sacs. Une partie est rserve aux dons aux villages voisins et amis, le reste est rparti entre les chefs de clans pour tre redistribu dans leur famille ou clientle. Cinq tonnes de poissons ont t distribues comme cela en 1995-96 loccasion de neuf lachures. La grande pche collective, traditionnellement de fin de saison sche mais aujourdhui plus prcoce, dans les points bas de la mare reste de rgle et daccs libre en fonction des rgles habituelles. Seules les fosses poissons ( nioqq ) creuses et appropries par les clans fondateurs Soukouna et des matres des eaux Dabo restent daccs rserv et exclusif. La taille de leur parent et clientle pour laquelle est opre une redistribution tempre lexclusion ainsi gnre. Au Jombuxu, les villages Khassonk agissent diffremment, avec une simple variante. Kanamakunu, village enclav et affaibli par de nombreux dparts suite la scheresse, a construit son barrage sur la rivire Falao en association avec les sept autres villages de lORDIK en 1989. Depuis cette date, un voile pais de secret et de non-dit entoure les effets de ce barrage surtout sur la question de la pche. Les villageois disent quil ny a pas beaucoup de poissons alors quils organisent les pches de nuit et en cachette rompant ainsi le pacte de solidarit intervillageoise pour viter davoir en partager les produits. Niamiga, un des villages les plus anciens de la zone qui avait concd il y a plus dun sicle des terres et des droits dusage aux villages nouvellement installs, a revendiqu son antriorit quand il sest agi dexploiter la ressource halieutique derrire son barrage construit en 1993. Ainsi, il a interdit aux gens de Jallan, village de marabouts Sonink, de venir pcher derrire le barrage en saison sche et mme de faire abreuver leurs animaux dans la longue retenue ( 9 km ) sur la rivire Kolimbinn, mais il na pu empcher les autres voisins Sonink de Banaya de sassocier aux pches, en raison de la prsence des matres de leau trs puissants qui peuvent changer le poisson pch sans leur accord en autre chose . Jallan a t amen construire son propre barrage en 1996 avec... le concours en travail des gens de Niamiga et des autres villages de lORDIK. Mais les tensions sur la ressource halieutique ne se limitent pas aux relations entre les huit villages de lORDIK. A lamont, prs du Lac Magui, on accuse, pcheurs en tte, les barrages darrter la remonte du poisson lors du dbut de la crue. Ce peut tre vrai en cas de monte de crue trs lente vu la pente aval ( 1/1 ) des barrages et labsence dchelles poissons mais il suffit dtre sur place pour voir les remontes ds que leau dverse sur quelques 10 - 20 cm sur le seuil. Ces barrages fonctionnant aussi en rgime noy, les remontes de poissons passent inaperues ds linstallation de la crue. La drgulation des crues et la non inondation des mares frayres depuis 1969 a t bien plus dommageable pour la reproduction du poisson et la disparition de certaines espces. Depuis les barrages, la pche a connu une embellie. Elle est pratique selon la rgle de laccs libre tant que les eaux scoulent, linterdiction de la pche courant jusquaux grandes pches collectives durant la priode des eaux dormantes. La matrise exclusive exerce par un clan dominant sur la ressource peut tre plus facteur dquit quun partage formel et rcent construit par le dveloppement , ft-il dassociations villageoises, en raison des relations sociales dinterdpendance et dobligations rciproques historiquement construites entre les lignages et groupes sociaux.

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4) Des perspectives importantes. Il existe de vastes potentialits pour la matrise de leau et ses multiples valorisations en rgion septentrionale de Kayes. Elles ont t soulignes depuis longtemps, mais ngliges dans laction depuis la colonisation, en raison de la marginalisation de fait de cette rgion. Lchec de projets damnagement trop classiques et descendants ( mare de Doro par le BDPA ) et les tudes et recherches lourdes et sans suites ( GTZ, TKLM, IWK ) ont fait douter des possibilits de matrise de leau lchelle paysanne. Mais celle-ci reprsente un enjeu rgional de premier plan par rapport la crise de la migration Sonink et ltat des ressources naturelles ( pression sur la ressource ligneuse jusqu 50 km de Kayes: accroissement du ruissellement damont, ncessit dune rgulation de la pche ). Linventaire ralis par le PIRL ( Projet dInventaire des Ressources Ligneuses ) donnait en 1990 les chiffres suivants. Tableau n 5: Surfaces par cercle et par type de zone ( en ha ), potentiel amnageable. cercle type et

occupation

C2 dpts alluviaux grands cours deau

C4 zones hydromorphes

C5 valles troites et bas-fonds

TOTAL

Yliman 4 arrondisse- ments

cultures et jachres rcentes

_ 14400 7400 21800

potentialits 3300 10800 1000 15100 Kayes-nord 5 arrondisse- ments

cultures et jachres rcentes

_ 14000 9000 23000

potentialits 700 35000 18400 54100 TOTAL tous types 4000 74200 35800 114000 NB: Le PIRL ne distingue pas bien les units C2 et C4 sur les valles de la Trkoll et de la Kolimbinn.

Pour ce faire, les oprateurs ressentent le besoin dun schma damnagement rgional des eaux o devront simpliquer les communes, les associations villageoises et paysannes et les ONG. Ce schma ne doit pas tre conu dune manire centrale et descendante comme le Schma Directeur de mise en valeur des ressources en eau du Mali ( PNUD/DNHE 1991). Aujourdhui, une donne stratgique supplmentaire existe: cest le grand intrt des communauts villageoises pour ces amnagements et une participation relle des populations comme des migrants sur les plans dcisionnel, matriel et financier. Cet engouement saccompagne dune demande solvable pour des oprateurs privs ( bureaux dtude, entrepreneurs,...) mais la vigilance sur la qualit des tudes et des travaux simpose. Les oprateurs privs ont besoin dun appui mthodologique, technique et commercial consquents. Le march ne rgle pas encore le problme en raison des dfaillances mthodologiques et de communication. Des oprateurs ( privs, ONG, quipes techniques des associations intervillageoises ) sont maintenant prsents dans la rgion. Un mode de travail commun et une rpartition des tches doivent tre labors avec les services techniques locaux ( DRA, DRGR, IER ), les gros

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projets (PGRN, PRODESO,...). Un capital dexprience est acquis mais il faut lentretenir et le dvelopper. Il y a suffisamment de dbouchs sur cette rgion pour cela. Certaines conditions de russite du dveloppement des actions de matrise de leau sont bien identifies parmi lesquelles: - agir dans la dure en respectant les rythmes dvolution des projets des communauts et en tissant des rapports de confiance, - approfondir les enqutes socio-foncires pour mieux veiller une certaine quit foncire et prvenir les conflits, - faire supporter par les villageois les cots directs de ralisation dans un contexte de revenus migratoires importants, - instituer des Fonds dInvestissement Local pour les communes, les particuliers ou les villages sans migrants.

CONCLUSION: Les expriences damnagement hydro-agricoles hors PIV dans la rgion de Kayes ont fait preuve de leurs multiples intrts qui se manifestent dans la valorisation agricole, halieutique, pastorale, au travers de leurs consquences sur lenvironnement et de leur impact social, institutionnel et mme symbolique. Trs diversifis dans leurs modes de fonctionnement et leurs structures, ils permettent de rpondre la diversit rgionale des situations hydrologiques et agropdologiques. Dune technologie abordable et relativement peu coteuse dans un contexte de rgion forts revenus migratoires, ils sont en voie de multiplication. Toutefois certains points limitent leur diffusion et leur reproductibilit dans le temps: rgles de gestion et dentretien, modalits damortissement mieux dfinir, situations socio-foncires qui ne favorisent pas toujours lamnagement des parcelles pour la scurisation des cultures et leur intensification. Les situations sociales mais aussi les savoir-faire paysans doivent tre mieux connus afin de mieux cibler les actions et juger de leur faisabilit. Les amnagements de bas-fonds dans le contexte de la rgion de Kayes doivent tre remis leur juste place dans les systmes agraires. Pour les grosses concentrations villageoises de la Trkoll-Kolimbinn, ce sont les amnagements de plaines de dcrue qui auront limpact le plus important dans le dveloppement agricole rgional. Pour tous les villages ou zones loignes de ces valles, en particulier dans le Kaniaga et le Guidimakha, les digues filtrantes et seuils dversants dans les bas-fonds sont appels jouer un grand rle pour peu quon respecte certaines conditions parmi lesquelles un meilleur dialogue entre amnagistes, agronomes, socio-anthropologues et paysans pour mieux tenir compte de lHistoire, des trajectoires villageoises et de lexprience paysanne dont certaines pratiques sont clairantes. La multiplication des initiatives et la mobilisation actuelle des villageois et des migrants en faveur de la matrise de leau dans la rgion de Kayes appellent la dfinition dun schma rgional damnagement et de gestion des eaux, la mise en place doutils financiers adapts pour soutenir leur ralisation et leur mise en valeur, un approfondissement des connaissances hydrologiques, agronomiques et socio-anthropologiques dans le contrle dune ressource qui savre encore et toujours stratgique pour lavenir de la rgion: leau et les zones inondables.

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Rfrences bibliographiques: 1. Documents de travail du GRDR utilisables pour la recherche: * Rapports dactivits et de suivi-valuation du GRDR, de lORDIK, de ADD et du programme Montreuil-Yliman parmi lesquels: - Couture Jean-Louis, 1992. Premires leons des actions de matrise de leau lORDIK, GRDR, Aubervilliers, 96p. - Dao Soungalo, 1994. Rapport de suivi-valuation des amnagements Yliman, 30 p. - Keta Siaka, 1994. Rapport de suivi-valuation des amnagements de lORDIK, 42 p. - Konar Dadio, 1993. Rapport de suivi-valuation des amnagements Yliman, 56 p. - Konar Dadio et Diarra Salimou, 1994. Rapport de suivi-valuation des amnagements Yliman, 41 p. - Sidib Moussa et Konar Dadio, 1992. Rapport de suivi-valuation des digues filtrantes Yliman, atouts et obstacles la diffusion, 53 p. * Mmoires dingnieurs ou de fin dtudes: - Camara Modibo, 1991., Suivi-valuation technico-conomique des digues filtrantes Yliman, Mmoire d'Ingnieur agronome IPR Katibougou, Mali, 75 p. - Kiemtor Christophe, 1991. Diagnostic dune petite rgion en vue de propositions de dveloppement, nord Guidimakha Mauritanien, Mastre dveloppement agricole IAM-M, Montpellier, France 93 p. Annexes. - Kont Modibo, 1991., Suivi-valuation technico-conomique des actions de matrise de leau lORDIK, Mmoire d'ingnieur agronome IPR Katibougou, Mali, 82 p. - Sidib Amadou, 1992. Suivi-valuation technico-conomique des amnagements lORDIK, Mmoire de technicien suprieur option gnie rural IPR Katibougou, Mali, 41 p. * Mmoires de DEA: - Matthis Christine, Sabrou Josiane, 1993. La cartographie, un outil pour lamnagement des terroirs, mmoire de DEA de Gographie, Universit de Nanterre, France, 62 p. - Thierry Benot, 1989. Jombuxu, royaume pass, terre davenir , mmoire de DEA de Gographie, Universit de Nanterre, France, 88 p.

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BIBLIOGRAPHIE Lericollais Andr, Schmitz Jean; 1984. La calebasse et la houe: Techniques et outils des cultures de dcrue dans la valle du Sngal, in Les outils aratoires, Cahier ORSTOM, srie sciences humaines , XX (3-4), p. 427-452. Chastanet Monique, 1984. Cultures et outils agricoles en pays Sonink (Gajaaga et Gidimaxa), complment La calebasse et la houe de A. Lericollais et J. Schmitz, cahier ORSTOM, srie sciences humaines , XX (3-4), p. 453-459. Lavigne-Delville P., 1994. Migrations internationales, restructurations agraires et dynamiques associatives en pays Sonink et Halpulaar, (1975-1990), Essai danthropologie du changement social et du dveloppement, thse de doctorat EHESS Marseille, 394 p. Lavigne-Delville P., 1991. La rizire et la valise, coll. Ateliers du dveloppement, Syros-GRET-FPH, 231 p. Pollet E., Winter G., 1971. La socit Sonink, Thse de sociologie, Universit de Bruxelles, 556 p. Bradley P., Raynaut C., Torralba G., 1977. Le Guidimakha Mauritanien, War on want, London, 156 p. Saint-Pre, J.-H., 1925. Les Sarakoll du Guidimakha, Larose, Paris, 185 p. Viguier Pierre, 1939. La riziculture au Soudan Franais, Larose, Paris, 134 p. Watt A., 1986. Le semis du sorgho de dcrue au Fuuta Tooro, initiation aux techniques populaires n 4, ENDA Dakar, 60 p. Weygel J.-Y. 1982. Migration et production domestique des Sonink du Sngal, Travaux et documents de l'ORSTOM n 146, Paris, 133 p.

INDEX DES SIGLES ADD: Association Diama Djigui, Marna, Kayes BDPA: Bureau pour le Dveloppement de la Production Agricole CIRAD: Centre International de Recherche Agronomique pour le Dveloppement CNEARC: Centre National dEtudes Agricoles des Rgions Chaudes GRDR: Groupe de Recherches et de Ralisations pour le Dveloppement Rural dans le Tiers-Monde GSE: Gestion Sociale de lEau GTZ: Gesellschaft fr Technishe Zuzamenarbeit, coopration Allemande IPR: Institut Polytechnique Rural, Katibougou, Bamako IWK: Institut fr Wasserbau und Kulturteknik, Karlsruhe, Allemagne OMVS: Organisation de Mise en Valeur du fleuve Sngal ONG: Organisation Non Gouvernementale ORDIK: Organisation Rurale pour le Dveloppement Intgr de la Kolimbinn, Kabat, Kayes ORSTOM: Centre International de Recherche Scientifique pour le Dveloppement en Coopration ( ex-Office de Recherche Scientifique et Technique dOutre-Mer ) PIRL: Projet dInventaire des Ressources Ligneuses PIRT: Projet dInventaire des Ressources Terrestres PRODESO-FAO: Projet de Dveloppement de lElevage au Sahel Occidental-Food and Agriculture Organization TKLM: projet Trkoll-Kolimbinn-Lac Magui ( GTZ-INSTRUPA-RODECO )