segalen 1975 rituels funeraires normandie

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Martine Segalen Rituels funéraires en Normandie [ Funeral Rites in Normandy.] In: Archives de sciences sociales des religions. N. 39, 1975. Évolution de l'Image de la Mort dans la Société contemporaine et le Discours religieux des Églises [ACTES DU 4e COLLOQUE DU CENTRE DE SOCIOLOGIE DU PROTESTANTISME DE L'UNIVERSITÉ DES SCIENCES HUMAINES DE STRASBOURG (3-5 OCTOBRE 1974)] pp. 79-88. Citer ce document / Cite this document : Segalen Martine. Rituels funéraires en Normandie [ Funeral Rites in Normandy.]. In: Archives de sciences sociales des religions. N. 39, 1975. Évolution de l'Image de la Mort dans la Société contemporaine et le Discours religieux des Églises [ACTES DU 4e COLLOQUE DU CENTRE DE SOCIOLOGIE DU PROTESTANTISME DE L'UNIVERSITÉ DES SCIENCES HUMAINES DE STRASBOURG (3-5 OCTOBRE 1974)] pp. 79-88. doi : 10.3406/assr.1975.2768 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1975_num_39_1_2768

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Rituels funéraires France

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Page 1: Segalen 1975 Rituels Funeraires Normandie

Martine Segalen

Rituels funéraires en Normandie [ Funeral Rites in Normandy.]In: Archives de sciences sociales des religions. N. 39, 1975. Évolution de l'Image de la Mort dans la Sociétécontemporaine et le Discours religieux des Églises [ACTES DU 4e COLLOQUE DU CENTRE DE SOCIOLOGIE DUPROTESTANTISME DE L'UNIVERSITÉ DES SCIENCES HUMAINES DE STRASBOURG (3-5 OCTOBRE 1974)]pp. 79-88.

Citer ce document / Cite this document :

Segalen Martine. Rituels funéraires en Normandie [ Funeral Rites in Normandy.]. In: Archives de sciences sociales desreligions. N. 39, 1975. Évolution de l'Image de la Mort dans la Société contemporaine et le Discours religieux des Églises[ACTES DU 4e COLLOQUE DU CENTRE DE SOCIOLOGIE DU PROTESTANTISME DE L'UNIVERSITÉ DES SCIENCESHUMAINES DE STRASBOURG (3-5 OCTOBRE 1974)] pp. 79-88.

doi : 10.3406/assr.1975.2768

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1975_num_39_1_2768

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Arch Sc soc des Rel. 39 1975 79-88 Martine SEGALEN

RITUELS FUN RAIRES EN NORMANDIE

ET ATTITUDES VIS-A-VIS DE LA MORT

If it is commonplace to say that 20th century urban civilization death has become taboo at the same time it should not be forgotten that in the rural milieu its importance is still recognized This is particularly true in Normandy where highly developed cult of the dead can be observed This recognition is attested notably by the survival of ancient Confra ternities of Charity which continue to assume the responsibility of tite burial of the dead in numerous parishes in the Eure district The uses an outline of the history of these confraternities to point out the major periods of change and also the permanence of certain feelings when confronted with what is the ultimate rite of passage

on peut expliquer la survivance institutions aussi anciennes que les confréries de charité normandes est principalement dans leurs rap

ports avec la mort Associations pieuses de laïcs unissant pour faire la charité et principalement cette forme de charité qui consiste enterrer les défunts une centaine entrelles continuent de fonctionner dans des communes rurales situées dans deux départements de Normandie dans le Nord-Ouest de Eure et Est du Calvados principalement dans le Roumois le Lieuvin le pays Auge Si la structure et le fonctionnement de ces confréries dont certaines sont très anciennes ont évolué au cours des siècles leur présence au moment de la mort assure la filiation entre les confréries autrefois et aujourdhui

On sait maintenant après les travaux Ariès 1) de Lebrun 2) Vovelle et Agulhou que les mentalités et les sentiments vis-à-vis de la mort ont pro fondément changé exemple des confréries de charité offre occasion de suivre évolution de ces attitudes dans le temps travers étude de leurs statuts de leurs pratiques de leurs difficultés Les pratiques funéraires des Charités norman des suivent en effet ce tracé depuis la mort re ue comme un châtiment aux temps des grandes mortalités la mort aujourdhui plus discrète mais pas encore aussi effacée dans la vie rurale que dans les grandes agglomérations

Philippe ARIES Attitudes devant la vie et la mort du xvne au xixe siècles Popula tion 1949 3pp 463-470 La Mort inversée Le changement devant la mort dans les sociétés occidentales Archives Européennes de Sociologie 1967 pp 169-175

Fran ois LEBRUN Les Hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles Paris- La Haye Mouton 1971 562

Michel VOVELLE Piété baroque et déchristianisation en Provence au XVIIIe siècle Les attitudes devant la mort après les clauses des testaments Paris Pion 1973

Maurice AGULHON La Sociabilité méridionale Annales de la Faculté des Lettres Aix- en-Pro vence Travaux et mémoires no XXXVI 1966 t. 878

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

urbaines La survivance des confréries de charité apparaît liée en grande partie au culte des morts encore très développé en milieu rural et surtout en Normandie

Dans étude de évolution historique des Charités on évoquera trois pé riodes depuis leur création au xvme siècle le xixe siècle époque ac tuelle Les matériaux de cet article proviennent enquêtes menées directement sur le terrain auprès de plusieurs de ces associations de contacts avec Union diocésaine des Confréries de Charité du diocèse Evreux 5) de la consultation de nombreux registres de confréries et de documents archives principalement relatifs au xixe siècle 6)

DE LEUR CR ATION AU XVIIIe SI CLE Les confréries de charité qui se sont circonscrites la Normandie participent

du grand mouvement association qui couvert Europe chrétienne époque de formation de glise Comme montré Le Bras glise est née dans un pullulement de confréries qui suppléaient la famille et Etat défaillants 7) dans un élan spirituel entraide mutuelle Les confréries se font plus nombreuses la fin du Moyen Age la suite des épidémies pour lutter contre les hérétiques pour adoucir les malheurs spirituels et temporels des hommes hérésie suscite des confréries de combat comme le Bigallo de Florence la Sainte-Croix de Bergame les Blancs de Toulouse et des confréries de liturgie populaire comme les Laudi La passion de la pénitence inspire les Flagellants la pitié la prévoyance font surgir les Miséricordes toscanes les Charités normandes ... Tous les chrétiens sont embrigadés 8)

La fondation des Charités inscrit dans état esprit régnant dans les temps de grandes mortalités de peste où les défunts restaient sans sépulture et où des hommes courageux au nom de leur foi unissent pour les ensevelir La mort omni-présente inquiétante toujours été apanage des Charités et tient une place considérable dans leur propre mythologie comme le montrent ces lignes un folkloriste du xixe siècle

Les sentiments religieux étaient au Moyen Age surexcités par la persuasion une fin prochaine les croyances étaient vives et profondes Les hommes doutant eux-mêmes osant compter sur leur force individuelle reconnue insuffisante réunissaient leurs efforts en vue du salut commun On associait pour tout même pour la prière On se croyait plus forts parce on était plus nombreux et avec une humble ferveur on sollicitait le secours en haut ... idée de la mort surtout dominait toutes les autres et une loi immuable partout répétée obligeait les confrères ensevelir réciproquement et se donner une sépulture convenable et chrétienne 9) Certaines confréries avancent des dates de fondation difficilement vérifia-

bles Orbec-en-Auge aurait été fondée en 1006 celles de Landepeureuse Menneval et Folleville en 1080 celle Ailly en 1144 celle de Giverville en 1240 La tradi-

Je remercie particulièrement Maurice Queruel secrétaire de Union et Bernard Hucher archiviste qui ont communiqué nombre de documents inédits ai également eu occasion de rencontrer les frères de la Charité de Daubeuf de Hauviïle Trouville-Ia-Haule Goupillères etc Un ouvrage sur Les Confréries dans la France contemporaine Les Charités est sous presse chez Flammarion et ai publié une monographie sur la confrérie de Charité de Daubeuf-la-Campagne paru dans Ethnologie Fran aise 1971 pp 65-88)

Archives départementales de Eure relatives Daubeuf série 1684 559 6) et archives départementales de Eure relatives au règlement émis par Mgr Olivier en 1842

sous-série dépôt évêché Gabriel LE BRAS Etudes de sociologie religieuse II De la morphologie la typolo gie

Paris P.U.F. 1956 424 Ibid. 420 Chanoine DAVRANCHES Quelques Charités normandes Rouen Cagniard 1892 57

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tion orale perpétué ces dates qui attestent une ancienneté incontrôlable mais dont les frères tirent grande fierté En fait les premiers statuts manuscrits des confréries remontent la fin du xive et au début du xve siècles Ceux des Corde liers de Bernay datent de 1391 ceux de Saint-Jean-de-Saint-Lô de 1331 ceux de Saint-Denis-de-Rouen de 1358 10 existence des confréries est probablement antérieure la date de dépôt de leurs statuts Elles se sont créées par vague copiant entre elles ceux des statuts qui recevaient approbation de autorité episcopale Par exemple la Charité de Menneval dont les statuts datent de 1407 copie ceux de la Couture de Bernay datés de 1406 11)

Liées la mort par leur fondation les Charités le sont également par leurs fonctions Si leurs buts charitables étaient plus larges et recouvraient aide aux nécessiteux aux pèlerins en route pour Saint-Jacques aux femmes accouchant etc. leur domaine principal est celui qui trait la mort au moment de agonie et du trépas Dans le cadre des sentiments vis-à-vis de la mort caractérisant ce Ariès nomme la familiarité immémoriale avec la mort 12) les frères de Charité contribuent rendre la mort présente et publique pour les vivants Ils sont aussi les agents dispensateurs des soins relatifs aux agonisants et aux morts Les statuts et les pratiques des confréries en fournissent de nombreux exemples

Un des frères de la confrérie est appelé crieur ou campanellier tintenellier clocheteur clogeteur etc. du nom donné aux clochettes il doit sonner pour annoncer les décès Il doit aussi crier les patenôtres Vêtu de sa tunique dont la forme rappelle le vêtement ecclésiastique et brodée aux symboles de la Charité il se poste dans les carrefours et réveille la population en criant Entre vous bonnes gens qui dormez Réveillez-vous Réveillez-vous Pensez que vous mourrez Et priez Dieu pour les trépassés 13) ou bien Veillez veillez vous tous qui dormez la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ pensez Priez Dieu pour les trépassés en indiquant le nom de la personne décédée heure de inhumation et en ajoutant Dites vos prières par charité pour âme de. qui est trépassé il plaise Dieu lui pardonner autre criée ancienne était la sonnerie des agonisants qui comme la criée des patenôtres pour but de remémorer aux vivants le souvenir de leur mort mais pas occasion un décès Ces criées sont inscrites dans les statuts Menneval par exemple on précise que seront ordon nées deux campanelles main pour faire les crys et prières pour les trépassés que en dit les patenostres et qui seront aussi sonnées quant en portera le corps en terre 14)

Souvenir des morts rappel de la mort future et proche tel est le sens de ces criées accompagnées de son de cloche pour assurer la publicité du rituel La confrérie de charité est chargée aussi et surtout des soins relatifs au corps et âme des défunts Elle aide préparer la mort en entourant agonisant de ses prières Elle enterre avec une certaine pompe propre impressionner les vivants

rendre la mort publique Enfin elle est chargée des prières intercession visant assurer le repos de âme après le décès On trouve peu indications dans les

statuts anciens et en cela ils diffèrent profondément des statuts du xixe siècle sur le rituel relatif inhumation elle-même Les statuts font état des linceuls que certaines confréries se font un devoir de fournir aux indigents On en trouve

10 Maurice QUEBUEL Les Charités normandes Etudes Normandes no 201 1er trimestre 1968 pp 1-8 Queruel également écrit Les confréries de charité de Normandie extrait de an nuaire des cinq départements de la Normandie 1956 23

11 Gabriel LE BRAS op cit. 440 12 Les grandes étapes et le sens de évolution de nos attitudes devant la mort

supra pp 7-15 13 Publié dans le journal de Union diocésaine Les Tintenelles également dans Chanoine

DAVRANCHES op cit 14 VEUCLIN Documents concernant les confréries de Charité normandes Evreux Herissey

1892 56

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mention par exemple dans les statuts de la Charité de Haaville 1619 15 Pirs que sur les rituels funéraires les statuts anciens mettent accent sur les dévo tions propres assurer le salut de âme des frères Les indications sur les prières entourant agonie et les services posthumes sont nombreuses Les Charités re oivent des dons et des legs dont le revenu sert faire dire des messes pour âme du défunt Les arrangements post mortem sont stipulés dans tous leurs détails Par exemple Marguerite Delano veuve de Jean Bosher passe devant notaire un contrat en 1737 par lequel elle donne la Charité de Saint-Eloy de Fourques

Une pièce de terre en labour contenant acre asseze en la paroisse de Saint-Denis des Monts au triège du perre Fouquet ... charge de faire dire et célébrer tous les ans au jour de Sainte Marguerite un service de deux hauttes messes ... dont il sera sonné une annelée environ la veille ... Lesdits frères obligez assister Sera dit aussi un Libéra la fin de chaque service En outre laditte Charité oblige faire dire 10 basses messe ... Le mercredi de la troisième semaine des mois de septembre juin de chaque année ... payées 10 sols pièce ... recommandez au prosné les dimanches précédents ... et dittes inten tion de la donnatrisse tant pour elle que cest prédécesseurs 16)

Les Charités participent ainsi de cette spiritualité vis-à-vis de la mort dominée par la crainte de au-delà que les hommes des xvie et xvne siècles cherchent circonvenir par des messes Leur succès comme celui des confréries de Pénitents ou Agonisants explique donc dans le rôle intercesseurs terrestres auprès de au-delà

une fois les grandes épidémies passées la fondation des confréries de Charité continue et ces nouvelles créations servent le clergé engagé dans la Contre- Réforme Moins liées image de la mort par leur fondation elles en restent toute fois étroitement solidaires au fur et mesure elles se trouvent dépouillées de leurs autres fonctions sociales Se pose alors interrogation de leur degré ou verture Sont-elles uniquement consacrées au mutualisme est-à-dire enterre ment des confrères ou au contraire ouvrent-elles sur extérieur et acceptent- elles enterrer les non-membres Rappelons un de leurs buts toujours été enterrement des indigents mais ainsi que Michel Bée le souligne les confréries ont hésité entre la formule des mutuelles funéraires ou des confréries de bien faisance 17 Il distingue deux périodes au cours des siècles qui nous intéres sent aux xive et xve siècles la confrérie existe dans et par sa seule fonction funé raire Limage de la confrérie se lie aux scènes fréquentes et tragiques des morta lités collectives Aux xvie et xvne siècles leurs fonctions se trouvent réduites assistance hospitalière par exemple passant aux mains des municipalités et certaines confréries se replient sur le mutualisme et la convivialité

Notre propos étant pas ici de faire histoire des Charités nous évoquerons que pour mémoire leurs difficultés avec le clergé paroissial ou episcopal leurs rivalités leurs pratiques intempérance qui servirent si souvent de prétexte

des dissolutions Le courant idées qui se développe au xvine siècle aboutit la suppression de ces types associations la Révolution mais dès le début du xix siècle elles reprennent leurs activités enterrement et de pratiques religieuses Une liste des Charités est dressée en 1843 au moment où Mgr Olivier qui reste célèbre dans histoire des Charités pour le vigoureux règlement il tenta im-

15 Paul EUDELINE Hauville Notes pouvant servir Vhistoire de cette commune Evreux Impr de Eure 1918 Rouen Lestringant 1918 595

16 Abbé Pierre MINIAC Les Confréries de Charité du Saint-Sacrement et du Rosaire de Saint-Eloi de Fourques Manuscrit de Union diocésaine des confréries de charité de Eure après 1940)

17 Michel Les Confréries de Charité mutuelles funéraires et confréries de bien faisance Communication au IIe Congrès des Sociétés Historiques et Archéologiques de Nor mandie Alen on 11-14 octobre 1972 Cahiers Leopold Delisle 1972

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poser et qui suscita tant de difficultés était évêque Evreux 550 confréries sont recensées dans le seul diocèse Evreux dont certaines fonctionnant encore dans les villes Evreux Louviers Bernay par exemple 18)

LE XIXe SI CLE La répartition géographique des confréries de charité se modifie au xixe

siècle avec un glissement des villes vers les petites communes rurales De nou velles confréries se créent autres se réorganisent et émettent de nouveaux statuts dont la lecture nous montre évolution des pratiques et des sentiments égard de la mort Les préoccupations spirituelles estompent accent est mis sur enterrement en grande pompe révélant le goût pour un cérémonial funéraire imposant et peut-être une nouvelle attitude égard du corps travers ces rituels maintenant très détaillés se dessine une certaine distance vis-à-vis de la mort Sa présence est plus permanente comme autrefois et intimité que on sentait poindre sous les pratiques de haute spiritualité efface Il agit moins désormais aider agonisant passer de vie trépas que de respecter la mort plus rare et plus étrangère Ce nouveau sentiment participe peut-être aussi des nouvelles attitudes vis-à-vis de la famille Dans enterrement on conduit un parent une connaissance aimée sa dernière demeure et par la pompe funéraire on exprime encore une fois son attachement au défunt

Les exemples de ce respect dû aux morts sont nombreux Ils se marquent abord dans une codification poussée extrême du rituel Les statuts du xixe siècle consacrent de longs paragraphes régler le cérémonial dans ses moindres détails Voici comment se déroulait ce rituel Les frères se rassemblent la veille de enterrement au domicile du défunt pour une dernière prière Le jour de inhumation ils assemblent église appel de la cloche et se revêtent de leurs ornements puis se rendent en cortège au domicile du défunt avec la bannière la croix et les tintenelles les autres frères suivant sur deux rangs accompagnés du curé la maison du défunt une prière est récitée puis les frères chargent le corps bras et le portent église Là le cercueil est déposé sur un catafalque et recouvert du drap mortuaire de la confrérie Les frères aident le célébrant pendant le service le maître de la confrérie accompagné de deux frères porte la croix au prêtre qui la baise Les frères chantent le Libéra une fois le service terminé et se rassemblent autour du cercueil ils rechargent épaule et conduisent en procession au cimetière Le rituel dans le cimetière est également précisé dans ses moindres détails position du cercueil sur la tombe place du drap mortuaire fa on de combler la fosse etc Après enterrement le clergé se retire et la famille se porte entrée du cimetière pour recevoir les condoléances Les frères restés seuls sur la tombe entonnent un dernier chant adieu Puis la confrérie raccompagne la famille du défunt sa demeure en tenant le drap mortuaire tendu aux quatre coins La famille offre généralement un don appelé de main-morte 19) utilisé pour faire un repas qui portait ce nom-là

La codification du rituel conduit les confréries hiérarchiser les prestations en pompes funèbres et prolonger ainsi inégalité sociale travers la mort Au milieu du xixe siècle et encore plus la fin les confréries possédaient plusieurs séries ou levées de chaperons étole brodée portée par le frère et ornements dont les plus beaux étaient réservés aux enterrements de première classe La

18 Michel La Révolte des Confréries de Charité de Eure en 1842-1843 Annales de Normandie mars 1974 pp 89-115 Archives départementales de Eure sous-série

dépôt évêché 19 René DES MAISONS Essai sur la Charité de Caumont Eure Evreux Imprimerie de

Eure 1888 158

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plupart des statuts des confréries proposent une réglementation des classes enterrements Le règlement de Malleville-sur-le-Bec par exemple détaille cinq classes de funérailles

Iré classe cette classe la charité prendra ses plus beaux ornements chaperons et drap mortuaire sauf le cas où il tomberait de eau car alors pour le transport on prendrait un drap mortuaire une classe inférieure mais en arrivant le maître et échevin poseraient le drap de la première classe Frais ornement pour inhumation sans compter le service 40 avec service 43 2e classe

cette classe la charité prendra ses chaperons de première classe et son drap de 2e classe même observation que ce précédemment Frais ornement pour inhuma tion sans compter le service 25 avec service 28 3e classe cette classe la charité prendra les chaperons de soie rouge et le drap de 2e classe Frais orne ment pour inhumation 10 4e classe cette classe la charité prendra les ornements de soie rouge ordinaire Drap ordinaire 5e classe chaperons de dernière classe drap ordinaire Gratuit

Le nombre des frères suivant le convoi était également proportionnel la classe choisie Les enterrements en grande pompe étaient très prisés et apparte nance une confrérie était un moyen de assurer un tel service gratuitement une des obligations des frères était de enterrer en grande pompe sans frais Le chariton appelation populaire du frère de charité engageait donc servir quelques années dans la confrérie et sa sortie il lui était décerné un di plôme ou agréé de charité certificat pour un enterrement avec tout le cérémonial souhaité sorte assurance pour pompe funèbre Ces certificats imprimés repro duisent tous une formule assez identique celle-ci relevée sur Agréé du frère Lion Adolphe Fran ois On lit

De un des Registres des délibérations de la Charité de la Ville Evreux est extrait ce qui suit an de Jésus-Christ 1833 le dimanche juillet issue de la messe de la Charité est présenté assemblée des frères tenue dans la salle ordinaire de ses séances présidée par... le frère Lion Adolphe Fran ois époux de dame. demeurant en la ville Evreux lequel dit que croyant avoir satisfait aux enga- gemens il avait contractés et avoir rempli fidèlement le tems de son service il priait la société de vouloir bien lui accorder son Agréé Pourquoi monsieur le syndic présent après avoir consulté assemblée et de avis de tous les membres

dit Mon frère la société satisfaite de votre bonne conduite et des services que vous lui avez rendus me charge de vous témoigner ses sincères remercimens de vous offrir les éloges que vous avez si bien mérités vous en donner par écrit une preuve authentique elle regardera toujours comme le premier et le plus sacré de ses devoirs de vous accorder ainsi notre ur. votre épouse les honneurs qui sont déterminés par les statuts Telle fut dans tous les tems la récompense elle accorda tous les frères et urs elle ne peut être que très-agréable celui qui fut toujours guidé dans son service par amour de la religion et de la so ciété 20) La pompe funèbre avec décorum est signe du respect porté aux morts Celui-ci

se marque également travers les longs règlements amendes qui constituent semble-t-il une autre originalité des Charités et se mettent en place au cours du xixe siècle la fondation des confréries les amendes occupaient que quelques lignes dans les règlements et servaient de moyen de coercition égard des frères qui manquaient aux offices Au xixe siècle et partir de la seconde moitié surtout ces règlements allongent se multiplient et constituent une sorte de

20 Estampe déposée au Musée des Arts et Traditions populaires atp ico 44 8.1 Le musée conserve une collection importante Agréés de Charité

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règlement envers La Charité de Goupillères en est un bon exemple En 18(50 il existe que peu de cas amendes manquement aux pénitences deux fois par an désobéissance échevin ivresse être jureur En 1846 les amendes sont réglementées en 201 articles répartis en deux sections et multiples para graphes Ces amendes vont de deux sous deux francs selon la gravité du cas et sont doublées dans le cas de manquement aux offices du 20 juin la mois son est-à-dire en période de travaux agricoles Ce règlement est un véritable carcan rituel dans lequel le moindre geste est codifié par la négative et où tout est prévu depuis la paille qui sort des sabots au fait de laisser tomber le corps par suite de boisson francs amende) ou par maladresse francs seulement)

Derrière ces règlements amendes se cachent un ensemble attitudes de familiarité vis-à-vis de la mort que la confrérie tente de réformer en rétablissant la dignité du mort et le respect dû au chaperon qui sacralise le frère Les amendes ne frappent en effet le coupable que dans le cadre de exercice de ses fonctions de frère et non en tant que particulier Pas amende qui punirait un frère dont la vie privée est pas exemplaire ou qui adonne la boisson dans des cir constances publiques autres que celles de la confrérie travers la liste pitto resque des amendes transparaît le souci du respect dû au chaperon la Charité au défunt et au mort

Il selon les règlements trois catégories principales amendes celles qui sanctionnent les manquements aux offices aux inhumations donc des absences celles qui sanctionnent des manquements au rituel liturgique de la messe ou de enterrement donc une licence avec une codification ceremonielle celles enfin qui sanctionnent une conduite en désaccord avec les règles morales de la confrérie en général des pratiques liées abus de boisson Les pratiques condamnées nous font entrevoir un frère bon enfant prompt boire un verre familier avec la mort Si souvent condamnées par le clergé les confréries tentent de se réformer sponta nément de intérieur en éliminant ces conduites qui paraissent indignes des hom mes qui côtoient sans cesse une mort il faut respecter

LES CHARIT AU XXe SI CLE Les confréries de Charité normandes tant de fois promises disparition

rapide survivent toujours Elles sont au nombre une centaine regroupant un millier hommes environ Elles connaissent des difficultés principalement dans leur recrutement mais elles semblent avoir pris un nouvel essor au lendemain de la seconde guerre mondiale dans le cadre de Union diocésaine des confréries de Charité du diocèse Evreux sous autorité et avec encouragement de épis- copat Evreux Plus que jamais elles apparaissent liées la mort Leur survie est assurée tant elles remplissent cette fonction sociale dans les communes où elles servent

il eu en milieu rural comme en milieu urbain une évolution du senti ment égard de la mort on ne peut cependant parler de mort la sauvette car le décès est encore occasion de marquer la solidarité villageoise Plus que le baptême ou le mariage qui restent des événements familiaux la mort est assumée par toute la communauté Dans ce cadre les confréries de charité jouent un rôle encore important Certes le rituel est simplifié et dépouillé La Charité de Hauville qui vient de remanier son règlement en 1971 pour mettre en accord la pratique avec la règle en donne un exemple Le rituel des inhumations commence maintenant église et non plus la maison du défunt puisque le cercueil est déposé la veille des inhumations sur un reposoir entrée de église recouvert du drap Le matin de inhumation les frères revêtent leur chaperon et se rassem blent près du cercueil ils assistent le curé pendant office Puis ils conduisent le cercueil au cimetière où ils le déposent sur la tombe pour la récitation des prières enfin ils descendent le cercueil dans la fosse Le cérémonial enterrement

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donc abrégé les rites On ne va plus chercher le défunt chez lui mais on le retrouve église autre part la famille est pas raccompagnée chez elle mais laissée au cimetière Le rituel est plus important lorsque la confrérie enterre un ancien frère La participation est plus nombreuse puisque tous les anciens frères et anciens maîtres sont tenus assister Lors de enterrement le drap des morts et un chaperon seront placés sur la fosse tous les frères lanceront une pelletée de terre etc Fait important signaler dans la plupart des confréries les enterre ments sont faits gratuitement ou ils sont payants ils sont beaucoup moins onéreux que si un organisme de pompes funèbres en chargeait En général le prix est de 50 et les classes ont été supprimées

Souvent aussi les confréries ont fait acquisition la fin du xixe ou au début du xxe siècle de chars de bois qui facilitent beaucoup les trajets Certaines commu nes sont très étendues et il était souvent pénible de porter de lourds cercueils soit pendant la chaleur estivale soit en hiver De même contribuant largement

faciliter la tâche des frères ensevelissement du cercueil sous la terre est confié maintenant un employé du cimetière Les amendes ont aussi considé rablement régressé et elles ne sanctionnent plus que des manquements aux offices Les pratiques joyeuses devinées sous les règlements du xixe siècle ont disparu

Dans ces confréries du xxe siècle le respect dû la mort plus être imposé coup amendes Les frères sont conscients du rôle ils jouent intercesseurs

entre le vivant et au-delà médiateurs entre le profane et le sacré Il faut analyser leur maintien dans le cadre du respect dû aux morts en Normandie il est une messe laquelle assistance est nombreuse est bien celle de la Toussaint et secondairement celle des Rameaux où le buis est béni puis déposé sur les tombes Le culte des morts est déplacé sur le cimetière En même temps ce il reste de cérémonial est toujours très apprécié Les cortèges enterrement ont en effet grande allure avec des chaperons brodés la bannière en tête la croix le grand drap mortuaire souvent très richement brodé importance de la confrérie est liée aussi au sentiment appartenance la communauté Etre enterré par la Charité est assurance être porté en terre par un de chez soi de sa paroisse de son terroir Précisons que est là un élément nouveau Autrefois confrérie ou non on était toujours porté en terre par les co-villageois hui où les pompes funèbres prennent le monopole des enterrements dans les villes et parfois dans les villages les frères de Charité revêtent une importance accrue inhumation sera faite par un de proche et non par des inconnus salariés

CONCLUSION Les rituels vis-à-vis de la mort ont changé en milieu rural Leur champ est

rétréci Les confréries de charité qui auraient pu freiner cette évolution partici pent et en font agent Le cérémonial funéraire qui autrefois suivait toutes les étapes depuis agonie aux messes du souvenir se concentre et se déplace vers église et la tombe lieux du culte des morts La pompe funéraire est plus conséquence de la crainte de au-delà mais prolongement de amour familial pour le défunt et respect nouveau pour la dépouille mortelle Les Charités ne peuvent ni ne souhaitent combattre cette évolution qui correspond un changement profond dans les mentalités Comme le disait une informatrice dans le cadre une enquête menée sur les rituels de la mort dans Orne Chardonneret où il pas de confrérie de Charité 21) les familles sont moins accablées maintenant

21 Cette enquête été menée par équipe Organisation familiale du Centre Ethnologie fran aise en 1971 1972 et 1973 Plusieurs chercheurs du Centre se sont interrogés sur les problèmes de la transmission au sein de organisation familiale et ai plus particulièrement observé les rituels familiaux et les problèmes de choix du conjoint paraître dans Ethnologie Fran aise 1973 sous presse)

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RITUELS FUNERAIRES EN NORMANDIE

De fait les signes extérieurs de la mort se font moins visibles Le port du deuil très long et soigneusement codifié en milieu rural qui faisait que les jeunes filles il encore trente ans passaient leur jeunesse en noir portant le deuil un parent après autre considérablement régressé Autre changement important les horaires des enterrements autrefois toujours célébrés le matin ils ont hui souvent lieu après-midi ce qui supprime la tradition du repas enterrement Les changements vis-à-vis de la mort se per oivent dans le rituel du décès mais aussi dans les comportements des familles endeuillées

Ce qui reste encore très vivant dans les communes où les pompes funèbres ont pas obtenu le monopole des inhumations est intervention de la commu nauté qui décharge la famille des tâches matérielles Chardonneret dès un décès est connu les voisins viennent offrir leurs services préviennent le curé appellent la personne chargée de la toilette mortuaire Le menuisier fait souvent la mise en bière il fabrique le cercueil et le conduit le jour de enterrement dans sa camionnette de la maison église Le prêtre qui autrefois allait chercher le cercueil la maison attend maintenant église et après le service le conduit au cimetière La solidarité villageoise se manifeste aussi par la taille consi dérable de assistance la messe enterrement Contrairement aux mariages qui restent une fête familiale et où le nombre des invités est soigneusement dé compté on invite très largement aux enterrements Une nombreuso assistance est une garantie de bonne renommée et de notoriété sociale du défunt et de sa famille En Normandie il est pas rare de voir 300 500 personnes assistant un enter rement parfois même un millier

Au cours des querelles qui opposèrent glise et les Charités nombreux étaient ceux qui notaient que dans les communes où il existait pas de confrérie les morts ne restaient toutefois pas sans sépulture et que les municipalités trou vaient les moyens de pourvoir aux inhumations soit en faisant appel aux entre prises de pompes funèbres soit comme Chardonneret en laissant la coopération villageoise jouer son rôle Entre ce type organisation fondé sur entraide commu nautaire et la prestation que fournit la confrérie il une première différence qui réside dans institutionnalisation du service Une confrérie est une institution avec ses règles de recrutement de fonctionnement sa trésorerie ses pratiques internes Certaines de ces associations se dépouillent actuellement de leur aspect traditionnel elles allègent les obligations religieuses des frères simplifient le rituel réduisent un seul ces repas en commun qui ont fait couler autant encre que de cidre Ces confréries modernisées ne sont finalement séparées que par ins titutionnalisation des pratiques observées Chardonneret Il subsiste toutefois une différence essentielle Les frères de Charité qui sont des chrétiens des hommes de foi sincère jouent le rôle de médiateur entre le profane et le sacré le laïc et le religieux la vie et la mort Ils secondent le clergé pendant les rituels et suppléent même au manque de prêtres Les familles sont très attachées aux prières que disent les frères et au réconfort moral ils apportent par leur présence

La mort reste donc le domaine des confréries de charité dans un jeu réci proque de soutien entre la communauté et la confrérie Remplir la fonction sociale de enterrement reste la raison être des frères se faire assurer un service très solennisé par les costumes anciens église et au cimetière est une prestation très appréciée de la communauté Il est un autre angle par lequel on peut envisager les rapports entre les confréries et la mort en prenant le point de vue des con frères Mesurant évolution du sentiment égard de la mort on pourrait pro poser une explication du penchant ancien des frères pour la boisson Longtemps les frères ont par fonction côtoyé la mort qui apparaissait dans sa matérialité ils aidaient mettre en bière Ceux ils enterraient étaient pas des morts inconnus et anonymes mais des connaissances un des frères disait il faut avoir le ur bien accroché Ne peut-on précisément attribuer cette familiarité avec la mort le goût pour un breuvage apte faire oublier et masquer angoisse De même que dans les repas enterrement abondance de la nour-

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Page 11: Segalen 1975 Rituels Funeraires Normandie

ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

riture semble une contrepartie nécessaire au chagr de même abus de boisson aurait agi comme un moyen de libération de anxiété ressentie dans cette proxi mité de la mort La sobriété des frères aujourdhui est incontestable et le spec tacle du cortège sinueux portant le mort depuis la maison église appartient au passé Depuis une vingtaine années les frères de Charité ont perdu le contact physique et matériel avec le défunt Leur nouvelle sobriété peut expliquer par leur détachement du spectacle de la mort dans sa réalité qui rendu plus facile la réforme des urs

Pour finir il faut poser le problème de la survie des confréries Elles rencontrent des problèmes difficiles de recrutement avec les changements qui se produisent dans les régions des bords de la Seine La population agricole diminue et le nombre ouvriers usine augmente Pour ceux-là il est difficile de se libérer plusieurs reprises dans année pour faire un enterrement De plus la majorité des confrères est âgée Cependant on voit se dessiner une relève pour un ensemble de raisons diverses Certaines confréries fixent des heures enterrement très tôt le matin qui permettent aux frères travaillant en usine de ne pas manquer une journée de travail Le nouvel esprit regionaliste fait regarder un il nouveau ces antiques institutions dans lesquelles certains ne voyaient alors que du folklore attardé Les Charités bénéficient le plus souvent du soutien des municipalités reconnaissantes être déchargées du souci des inhumations Le danger pour les confréries vient de glise elle-même Non pas de glise au plus haut niveau puisque les Charités sont vigoureusement soutenues par évêché mais au niveau paroissial où certains prêtres au nom de la nouvelle liturgie ecclésiastique pré tendent faire disparaître ces traditions qui ne leur semblent être que du folklore Ils empêchent le fonctionnement de la confrérie par exemple en interdisant les quêtes et la nouvelle liturgie qui pas attiré de nouveaux fidèles chassé les anciens Ces prêtres jouent un peu par rapport aux confréries le rôle des insti tuteurs du xixe siècle qui empêchaient la transmission des cultures locales en interdisant emploi du dialecte Dans les confréries les croyances les pratiques forment un tout Si les frères doivent renoncer totalement leurs repas aux parti cipations aux pèlerinages et processions au port de leurs ornements ils renonce ront aussi aux enterrements Le problème est pas nouveau Déjà en 1842 un farouche défenseur des Charités en réponse au règlement de Mgr Olivier écri vait Un usage datant de loin comme nos Charités départementales ne se déracine pas en un jour en un an même de esprit de nous autres paysans il faut que deux générations et plus descendent dans la tombe 22)

Inscrites dans le rituel de la mort incarnant la solidarité du groupe au moment du décès on peut penser que les Charités ont encore de avenir devant elles

Martine SEGALEN Centre Ethnologie fran aise

C.N.R.S

22 AMAND HUREL Défense et droits des Charités du département de Eure par un con seiller municipal Evreux Du Breuil 1842 pp 35-36

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