Technique

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enduit intervient logiquement entre deux importantes phases du chantier : la pose des bottes et l’application des enduits. Sur un chantier mené par des professionnels, il est primordial que les tâches soient clairement réparties. Qui s’occupe de l’aplomb du mur ? Qui débroussaille ? Qui pose le larmier(3) en bas de mur ? L'électricien est-il prêt à poser ses circuits et équipements avant la phase finale des enduits ? Les formes des contours des ouvertures ont-elles étaient anticipées ? Autant de réponses nécessaires à une transition claire entre les étapes du chantier et permettant aux professionnels d'établir sans ambiguité la réception du support.

L’approvisionnement en matériau pour la phase de préparation du mur en paille est relativement aisé. En effet, elle se pratique en utilisant la matière composant le mur (la paille) mélangée à celle qui va composer l’enduit (terre ou chaux). En pratique, on peut préparer le mur avec de la terre et faire les enduits finaux à la chaux ou inversement. C'est un choix personnel à faire en fonction de son affinité avec les matériaux, son équipement, son budget...Conseil d'enduiseur : les matériaux (terre-paille, chaux-paille) servant notamment pour le rebouchage des trous doivent être solidaires du mur paille et avoir une densité au moins aussi importante que celle des bottes

(soit 80kg/m3) pour ne pas fragiliser le futur enduit.

Réceptionner un mur en paillePour valider l'étape de mise en œuvre des bottes de paille en mur, il faut « réceptionner le support », c'est-à-dire vous assurer que le mur respecte cer-taines règles importantes notamment celles établies dans les Règles profes-sionnelles de la construction en paille(2) : taux d’humidité inférieur à 20%, expo-sition et classification de la façade, bon maintien des bottes et bonne densité - si besoin et selon les cas, la recompression est possible pour redensifier le mur.

Arrive enfin le moment où l'on peut commencer à niveler le mur, pour cou-per les excédents de paille, de ficelles et le débarrasser des brins mal arri-

més. Commencez par retirer au cutter les ficelles qui dépassent, puis passez sur la surface du mur une débroussail-leuse dorsale (le moteur se porte dans le dos). Préférez la tête avec fil lorsque les bottes sont posées à chant (ce qui ne découpera ni les ficelles, ni les feuil-lards plastiques utilisés en construction paille porteuse), et la tête avec disque coupe herbe si les bottes sont placées à plat (pour bien couper les brins). On obtient alors un support rugueux et bien rectiligne. D’autres outils sont par-fois employés mais nous les trouvons moins efficaces : le taille haie qui se désaffute rapidement, manque de puis-sance, et qui est plutôt lourd ou encore la débroussailleuse classique (moins maniable que la dorsale).

Si l’aplomb du mur à reprendre est important, l’utilisation du persua-

Souvent mise de côté, la préparation des supports avant l'application des enduits est pourtant une étape importante. Elle assure leur tenue et leur pérennité. Deux professionnels nous livrent leurs secrets pour bien préparer la paille...

Texte de Julie Laurin et Noé Solsona, spécialistes de la construction paille et des enduits terre en France

Avant de commencer toute application d'enduit sur un mur, de quelque nature qu’il soit, il faut évaluer le support et le préparer(1) en conséquence. Un mur

érigé en bottes de paille se travaille de manière bien spécifique : il s'agit de transformer ce support « meuble » en une surface « ferme ». Les premières maisons construites en bottes de paille dans le monde (fin 19eme au Nébraska, et début 20eme en France) étaient enduites. Elles étaient ainsi protégées du feu, des rongeurs, et de l’eau. Les enduits parti-cipent également à la solidité du mur (dureté de la surface, contreventement dans certains cas) et permettent la fixation d’éléments de déco et d'équi-pements tels que les interrupteurs, prises, étagères...

Professionnalisation de la construction pailleEn Europe, et notamment en France, le secteur de la construction paille a connu ces dernières années un rapide essor. L’évolution des pratiques a permis la rédaction des très officielles Règles Pro-fessionnelles de la Construction en Paille (CP 2012(2)), et la définition des carac-téristiques d’une « bonne botte » pour construire : des brins longs, une densité minimale de 80 kg/m3 et une humidité relative inférieure à 20%.

Maintenant que les autoconstruc-teurs ne sont plus les seuls à construire en paille, se pose la question de savoir à quel corps de métier revient la tâche de préparer ce support pour l'enduire... Logiquement, cela devrait incomber aux enduiseurs (filière humide), qui pos-sèdent dans leur logistique les matériaux

et le matériel nécessaire (terre, chaux, malaxeurs, etc.). L’équipe en amont, celle qui pose la paille (filière sèche), doit par contre s’assurer que le mur est bien dressé d’aplomb, et peut éventuellement s’occuper de l’arasement. En pratique, ce peut être la même équipe qui réalise toutes ces étapes, assurant a priori une bonne cohérence dans le chantier.Conseils d’enduiseur : meilleure sera la sélection et la mise en forme des bottes ainsi que la préparation du sup-port paille, plus facile et rapide sera la phase d’application des enduits. Vous économiserez en outre d’importantes quantités d’enduit  ; intéressant en terme de temps, de matière et de soli-dité de l'ouvrage.

Qui, quoi, quand ?L'étape de préparation de la paille avant

Secrets pour préparer la paille avant d’enduire

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Matières• Tampon paille : morceau détachable d’une botte (sous forme de galette) recoupé à la dimension nécessaire du trou.• Poupée : poignée de paille torsadée et repliée aux extrémités de manière à former un élément de paille sèche solidaire et dense.• Terre-paille gras : mélange de paille en vrac dans une barbotine de terre (consistance crème fraiche épaisse) ; densité environ 1000 kg/m3.• Terre-paille allégé : mélange de paille en vrac dans une barbotine de terre (consistance pâte à crêpe) ; densité environ 600 kg/m3.• Chaux-paille allégé : mélange de paille en vrac dans un lait de chaux, densité environ 400 kg/m3.• Barbotine : mélange fluide composé d’environ 50 % d’argile et de 50 % d’eau.• Gobetis : mince couche de mortier, appliqué en couche préparatoire d’accrochage d’un enduit.

Etat de la surface• Trou : toute cavité forée où ménagée dans l'épaisseur d'une paroi.• Creux : retrait par rapport à un plan de référence, à un nu de façade, à un niveau.• Nu : plan de référence (le plus souvent vertical) correspondant à la surface de parement fini d’un mur.

LES TERMES UTILISÉS

zzz

h (hauteur)

b (base)

face

ficelles

L (longueur)

chant

bout

Les côtes de la botte

Liaison soubassement et paroi verticale

Extérieur Intérieur

Paille

Enduit extérieur

Enduit hydrofuge

Isolant de soubassement

Lisse basse

Lisse d'implantation

Larmier

Isolant

Enduit intérieur

Trame de renfort

Isolant de complément

Coupure capillaire

Joint souple

Sol intérieur

Soubassement

© Règles Professionnelles de Construction en Paille, Le Moniteur 2014

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deur (masse de bois de taille importante pour enfoncer les bottes) est préconisée avant le passage de la débroussailleuse.

Patience et minutieEnsuite il s’agit de repérer et de com-bler les trous profonds que l'on trouve en général et selon les techniques de construction, à l'intersection entre les bottes et à l'interface avec les autres élé-ments (montants en bois notamment).Conseils de pros : reformer les bottes « au carré » (angles bien droits) avant leur pose paraît fastidieux, mais permet de gagner un temps précieux dans cette phase de rebouchage. Pour combler les inévitables vides, on évitera d’introduire des matières humides au cœur du mur et on préfèrera la paille sèche, « coin-cée » dans le mur et suffisamment ferme pour supporter le futur enduit.

Utilisée sous forme de « galettes » (quartiers de botte bien denses), la paille se découpe facilement à la dimension voulue avec une scie égoïne électrique ou une scie « crocodile ». Elle est ensuite insérée en force au « chausse-botte » ; de petites plaques souples, plastiques ou métalliques permettant de faire glisser facilement la galette entre deux bottes. A certains endroits, plus fins, on préfé-rera la forme « poupées », qui consiste à tordre et plier de longs brins de paille pour former un bouchon à enfoncer dans le trou.

Pour boucher certains vides profonds, d'autres préfèrent insérer un mélange de chaux (peu dosé) et de paille par com-pression dans un coffrage mobile.

Concernant les creux (défaut de pla-néité sur le mur), ils sont corrigés avec un mélange de terre et paille. Ce mor-tier léger se prépare facilement dans une bâche résistante (ou à l’aide d’un malaxeur planétaire). Il s’agit d’obte-nir une matière très fibreuse mais bien collante (chaque brin doit être juste recouvert de barbotine), proche de celle utilisée pour les murs en torchis. Atten-tion cependant à ne pas emmener trop d’humidité dans la profondeur du mur. Si la cavité est trop profonde, bien rebou-cher avec de la paille sèche avant de finir avec un mélange de liant et paille.

Il faudra ensuite respecter un délai de séchage (variable selon la météo) avant d’appliquer l’enduit. Les prépara-tions humides doivent en effet avoir le temps de durcir pour être en capacité de supporter l’enduit.

Interfaces entre les matériaux à enduirePour les besoins du système construc-tif, le mur est souvent composé d'autres matériaux que la paille : pièces de bois, autre isolant ou autre élément tech-nique difficile à enduire directement. Il faudra alors prévoir de les recouvrir avec des matériaux supports d'enduit comme des panneaux de fibre de bois haute densité, de liège, de roseaux, ou encore de canisse… Ces produits pos-sèdent les mêmes propriétés que la paille (isolation, densité) et sont faciles à fixer. On les utilise généralement là où il est compliqué d'insérer les bottes, haut de pignon, dessus de fenêtre, angle de construction... Selon leur aspect, il fau-dra également les préparer pour rece-voir l’enduit (ajouter une accroche sur la fibre de bois et le liège - voir fiche fabri-cant ; canisse et roseaux enduisables directement). L'interface entre la paille et ces matériaux devra également accueil-lir une trame au moment de l'applica-tion de la couche de corps de l'enduit. Les prochaines étapes d'un tel chantier, celles détaillent la mise en œuvre des enduits sur la paille vous seront expli-quées dans le prochain numéro par nos deux professionnels aguerris...z

1. Lire aussi à ce sujet notre article « enduit, le secret des supports » dans LME82.2. L'ouvrage officiel relatant ces règles est disponible sur le site http://rfcp.fr/la-boutique3. Le larmier sert à évacuer l'eau en bas de mur.

Contacts : page 77

PRÉPARATION DU SUPPORT PAILLE

5 Pose de la barbotine : avant de reboucher un trou profond et large

(entre les bottes en général), appliquer une barbotine en la faisant bien pénétrer dans la paille et sans mettre d'épaisseur.

7 Larmier : Poser le larmier sur un support droit (plus facile sur du

bois, souvent sur la lisse-basse). Le viser tous les 50 à 60 cm en fonction de la taille des vis. Faire les coupes à la scie à métaux, la disqueuse n’étant pas assez minutieuse, risquée pour les doigts et les étincelles qu'elle produit ne sont pas recommandées sur les chantiers où traînent des fétus de paille.

Outillage spécifique • Scie circulaire • Débroussailleuse• Malaxeur électroportatif• 2 bâches 3 m x 6 m• 10 seaux – 3 cuves (les conte-nants de 50 l se trouvent facile-ment dans le commerce et sont portables par deux personnes)• Tuyau d’eau• Humidimètre• Fourche• Visseuse avec embouts• 2 scies à métaux• Gants étanches, équipements de sécurité, masque et outillage général au chantier

Matériaux • Bottes de paille• Argile• Larmier• Vis larmier 4 x 50 autoforante

Temps de réalisation• Débroussaillage ≈ 4 mn/m2

• Rebouchage (sec et terre-paille compris) ≈ 30 à 60 mn/m2

• Solin ≈ 5 mn/ml

Technique

2 Rebouchage paille sèche : les trous profonds et non évasés vers

l’extérieur sont rebouchés avec de la paille

sèche. Avec des tampons (galette - ci-dessus) lorsque l’espace est important, sinon avec une poupée (à gauche).

8Préparation des angles : Le mélange de terre-paille gras est plus long à

sécher mais permet de rectifier la forme originale des bottes, et de régler la forme des arrondis (angle de mur, fenêtre...)

3 Préparation du mélange humide : préparer une barbotine dans

une cuve. Étaler la paille longue sur une bâche de manière homogène. Verser la barbotine dessus.

4 Préparation du mélange humide : replier en tirant une extrémité de

la bâche pour faire rouler en va et viens le cordon de mélange qui se forme. Sauter dessus et le ré-étaler de temps en temps peut améliorer le malaxage.

6Pose du mélange humide : une fois le support bien imprégné de barbotine,

poser le mélange terre-paille léger en une fois en le comprimant afin d’assurer une bonne cohésion. Eviter d’appliquer plusieurs couches à la suite. Dresser de niveau à la taloche ou à la règle.

1 Débroussaillage : rectifie la surface à enduire afin d’homogénéiser l’épaisseur

du futur enduit et d’assurer son bon maintien dans des brins de paille solidaires. Bien insister dans les parties creuses et/ou moins denses (entre les bottes) afin de révéler les parties à reboucher.

Conseil de lecture : LE Livre pour les professtionnels.

Coûts• Bottes de paille ≈ 2 à 4 €/bottes • Argile ≈ 0 à 250 €/t.• Solin ≈ 8 à 12 € / ml

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