sc 15 m1 education et motricité partie ii les violences scolaires christine mennesson

37
SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Upload: eloi-gerard

Post on 04-Apr-2015

106 views

Category:

Documents


2 download

TRANSCRIPT

Page 1: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

SC 15 M1 Education et motricité

Partie II Les violences scolaires

Christine Mennesson

Page 2: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Introduction

Un phénomène en augmentation? L’idée de « fantasme d’insécurité » ou le « paradoxe de

Tocqueville » (Roché, Chesnais, Elias) Violence et insécurité sociale (Castel,

Macé) La violence « gratuite » n’existe pas

Page 3: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Introduction (suite)

Les difficultés de fonctionnement du système scolaire sont néanmoins bien réelles: l'importance des

« incivilités » (Debarbieux) Un phénomène pluriel:Définition réductrice (Chesnais),

extensive (Debarbieux), subjective (Pain, Dubet): la violence comme processus relationnel

Page 4: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Introduction (suite)

Debarbieux (96): 3 formes de violences: crimes et délits, incivilités, sentiment de violence

Un phénomène difficile à objectiver:Des chiffres de la délinquance à questionner

(Macé, Mucchielli)Le problème de la construction sociale de la

déviance (Becker)

Page 5: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Typologie des comportements déviants (Becker)

Obéissant à la norme

Transgressant la norme

Perçu comme déviant

Accusé à tord Pleinement déviant

Non perçu comme déviant

Conforme Secrètement déviant

Page 6: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

La construction sociale de la déviance

La théorie de l’étiquetage: déviants « primaires » et « secondaires » (Lemert)

Le problème de la gestion du stigmate (Goffman)

Le rôle central des institutions: l’exemple du rôle de la justice (Chamboredon) et de la police (Mucchielli)

Page 7: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) Les violences scolaires comme problème social: une construction progressiveA) Une violence intégrative (années 60) La violence juvénile: une question

ancienne: les « blousons noirs » Une violence liée aux inégalités de

richesse à l’intérieur d’une même société Les violences scolaires n’apparaissent

pas comme un problème social: enquête de Testenoire sur le chahut comme élément fort de le vie collective

Page 8: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) B) La violence de l’école et les violences légitimes (années 70) Violence symbolique et chahut

anomique (Bourdieu et Passeron): loi de conservation de la violence et loi de proximité

Le chahut comme manifestation de la lutte des classes (Baudelot et Establet)

La violence comme forme de contre acculturation (Grignon)

Page 9: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) C) Un nouveau souci sécuritaire (années 75) Une montée du thème des violences

urbaines… …En relation avec l’entrée dans la crise

économique et sociale …et des décideurs politiques sensibles à ce

thème (Poniatowski, mise en place comité d’études sur la violence…)

Début des rapports sur le thème de la violence à l’école: Selosse (72), Tallon 79/80

Page 10: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) C) Suite

Premiers chiffres sur la violence à l’école: 80% collèges concernés par les dégradations, 58% par le racket, 44% par des agressions contre les adultes…

…et sur les effets de contexte: collèges/lycées, effet taille/remplissage, effet discipline

Page 11: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) D) L’insécurité: un thème central (années 80) Des difficultés économiques qui

s’accroissent (problème du chômage des jeunes sans qualification)

Une exploitation politique accrue du sentiment d’insécurité, corrélative de la montée du FN

La sur médiatisation des violences urbaines (81, premier « été chaud ») et l’ethnicisation de la violence

Page 12: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) D) Suite

Le rapport Léon (83): des données plus précises:

Le problème du suicideUne violence circonscrite à des « noyaux durs »Les victimes: un profil spécifiqueDes pistes de réflexion L’émergence de travaux en sociologie

Page 13: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) E) Médiatisation et politiques publiques (années 90)

Une ghettoïsation accrue des quartiers populaires

La médiatisation des violences scolaires

Une mobilisation institutionnelle Des chiffres plus modérés et qui

questionnent le mythe de l’intervention extérieure

Page 14: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

II) La violence à l’école: perspectives sociologiques A) Etat des lieux

1) Principales tendances Un phénomène difficile à appréhender:

de l’évaluation de la gravité au logiciel SIGNA

Globalement peu de faits graves (enquête de Lorin, 99: 2,6% surtout des violences verbales, 22% coups et blessures)

Page 15: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

1) Suite

Violence verbale 65% collèges, 43% lycées, 64% lycées prof; violence physique 64% collèges, 37% lycées généraux et pro

2003 (Debarbieux): violence physique sans arme 21000 signalements/0,3% élèves impliqués; 16000 insultes ou menaces/0,2%; 7800 vols/0,1%

Page 16: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

1) Suite

Des élèves auteurs et victimes (86% et 78%)

12% d’auteurs extérieurs et 20% de personnels victimes

Les victimes sont majoritairement réparties dans 6% seulement des établissements, surtout situés en zone sensible

Page 17: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

1) Conclusion: une vision différente des représentations médiatiques Un risque de victimisation assez rare Peu de violence « dure », incivilités La délinquance des mineurs est

essentiellement une petite délinquance, y compris à l’école (Farrington)

Pas d’augmentation globale de la violence scolaire entre 85 et 2000 (Gott Fredson)

Page 18: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

2) Les enquêtes de victimisation (Debarbieux)

Le problème du chiffre noir des violences non déclarées: l’intérêt de l’enquête auprès des victimes

Des chiffres en hausse: 8% élèves se déclarent rackettés (0,03% dans SIGNA), 52% adultes ont connaissance du racket dans leur ét.

50% élèves ont subi des vols, 24% des coups, 70% des insultes

Page 19: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

2) Suite

Une victimisation et un sentiment d’insécurité plus forts dans les ét. Défavorisés (racket de 64% à 23%, violence très présente pour 30% élèves de ZEP, 8% élèves collèges plus favorisés)

Des victimisations multiples: 30% des élèves déclarent 2 violences, 3% 5

Page 20: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

2) Suite

Des multi victimes en difficulté: environ 10% élèves en souffrance, sentiment d’insécurité important et rapport à l’école dégradé, plus souvent 6/5ème et des garçons, ces victimes à répétition sont aussi plus souvent agresseurs

Page 21: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

3) Les évolutions récentes

Le nombre d’élèves victimes est stable mais le sentiment d’insécurité progresse

Agressions plus souvent commises en groupe, augmentation nb racketteurs, aug. multi victimisation : délinquance d’exclusion tournée vers les proches

Augmentation des violences anti scolaires (dégradations matérielles, agressions contre les adultes)

Page 22: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

3) Suite

Etudes sur le school bullying: des effets très importants pour les victimes

L’inquiétude des enseignants: sur représentation des 50/60 ans parmi les victimes, enseignants ét. favorisés moins concernés mais plus marqués, faits difficiles à quantifier

Page 23: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

B) Approches sociologiques des violences scolaires

Intro: violences sociales et violences anti-scolaires (Dubet)

1) Les violences sociales: l’introduction des conduites délinquantes à l’école

Une représentation dominante chez les enseignants

a) La construction sociale des comportements violents

Une violence de classe (Chamboredon)?

Page 24: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

1) Suite Violences urbaines et violence sociale: la

genèse des « nouvelles classes dangereuses » (Beaud et Pialoux)

Des violences qui résultent d’une triple logique (Macé, Mucchielli)

L’importance de la « tchache » et de la bagarre (Lepoutre), du « capital guerrier » (Sauvadet)

Le rôle des produits culturels (Fuchs)

Page 25: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

1) b) Une école plus vulnérable

L’école n’est plus perçue comme un sanctuaire: plus de porosité à la violence (Carra, Faggianelli)

Une perte de sens de l’expérience scolaire (Dubet, Charlot) qui ne protège plus l’école des violences extérieures

Des jeunes en difficulté qui sont « exclus » à l’intérieur du système scolaire

Page 26: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

1) c) L’ordre scolaire en question Les incivilités comme produit d’un conflit

de civilité (Debarbieux): la confrontation de deux systèmes de valeurs

Un désaccord sur la déviance tolérée qui renvoie à un affaiblissement de la connivence culturelle (Dubet)

Dérégulation de la relation pédagogique et importance de la co construction du règlement scolaire (Ballion)

Page 27: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

2) Les violences anti scolaires

a) Violences scolaires, massification et ségrégations

Les violences scolaires comme réponse à l’incivisme du marché scolaire (Debarbieux), une école qui légitime les inégalités sociales Bourdieu et Passeron)

Les ségrégations sociales et ethniques entre établissements

Page 28: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

2) a) Suite

Les ségrégations internes: effet filière ou classe est un des prédicteurs les plus sûrs de la violence (Payet), problème des classes « cocotte minute » (Montoya)

Des pratiques ségrégatives et une représentation misérabiliste des élèves qui suscitent des stratégies de résistance (Payet): problème du stigmate et de son retournement

Page 29: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

2) b) Une situation scolaire violente? L’imposition de la culture scolaire et la

nécessité de donner du sens aux apprentissages (Bourdieu, Lahire, Fumat)

L’autorité pédagogique en question (Thin): le problème de la face et des interactions en boucle, l’importance de la déférence

L’imposition du jugement scolaire: les effets délétères de l’étiquetage

Page 30: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

2) b) Suite Les enseignants agressés comme

victimes de remplacement et la nécessité de ne pas personnaliser l’événement

Des situations scolaires plus ou moins propices aux violences: les effets de contexte (Debarbieux): relation entre le climat de l’ét., les pratiques éducatives et le taux de victimisation

Perspectives de lutte (Dubet, Debarbieux)

Page 31: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Conclusion: l’EPS, une discipline privilégiée pour lutter contre les violences scolaires?

Des enseignants moins concernés par la violence (67% enseignants pensent que leur établissement est peu violent contre 88% des ens. D’EPS)(Bodin, Robène, Héas, Blaya, 2006)

Page 32: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

L’EPS, une discipline privilégiée pour lutter contre les violences scolaires? Des enseignants d’EPS moins

démunis:Tous enseignants

Enseignants d’EPS

Démunis 59,4% 28,3%

Impuissants 53,5% 26,6%

Non préparés

44,6% 23,7%

Page 33: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

L’EPS, une discipline privilégiée pour lutter contre les violences scolaires? (suite)

Violence et EPS, une relation ambiguë: lieu d’apprentissage du contrôle de l’agressivité ou lieu de débridement des émotions (Elias et Dunning)?

Page 34: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

I) L’EPS, un lieu privilégié d’expression et de contrôle de la violenceA) La violence comme objet

d’enseignement La violence comme partie intégrante

de l’EPS La gestion de la violence, une finalité

de l’EPS

B) L’EPS comme lieu d’apprentissage du contrôle de la violence

Page 35: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Conclusion suite

L’expression d’une violence contrôlée Une discipline moins contraignante? Le caractère structurant de

l’apprentissage des règles

II) L’EPS, un lieu privilégié pour lutter contre les violences anti scolaires?

A) Une violence symbolique plus euphémisée?

Page 36: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Conclusion suite

Un lieu de réussite Le statut de matière secondaire: un

atout? Des interactions enseignants/enseignés

moins hiérarchiques?

B) Des pratiques pédagogiques propices à la régulation des comportements violents

Page 37: SC 15 M1 Education et motricité Partie II Les violences scolaires Christine Mennesson

Conclusion suite

Un travail en équipe La question du sens des apprentissages:

une discipline en phase avec les pratiques sociales de références

Une relation aux autres spécifique?

CCl: une discipline à part entière et entièrement à part qui peut jouer un rôle spécifique