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SAUVONS LE SAINT-LAURENT !

L’impact désastreux des changements climatiques

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SAUVONS LE SAINT-LAURENT !

L’impact désastreux des changements climatiques

Ce que pourrait faire le Québec pour le Canada… et pour lui-même

F. Pierre Gingras

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Gingras, F. Pierre, 1946-

Sauvons le Saint-Laurent : l’impact désastreux des changements climatiques

Comprend un index.

ISBN 978-2-89726-056-9

1. Saint-Laurent (Fleuve) - Conditions environnementales. 2. Saint-Laurent (Fleuve) - Effets de la sécheresse sur. 3. Climat - Changements - Aspect de l’environnement - Saint-Laurent (Fleuve). I. Titre.

GE160.C3G56 2013 363.7009714 C2013-940693-X

Pour l’aide à la réalisation de son programme éditorial, l’éditeur remercie la Société de Développement des Entreprises Culturelles (SODEC), le Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres - gestion SODEC. L'éditeur remercie également le Gouvernement du Canada pour son aide en regard du programme du Fonds du livre du Canada.

Marcel Broquet Éditeur 351 Chemin Lac Millette, Saint-Sauveur (Québec) Canada J0R 1R6 Téléphone : 450 744-1236 [email protected] www.marcelbroquet.com

Révision: Christine Saint-Laurent Couverture et mise en page : Roger Belle-Isle

Distribution : Messageries ADP* 2315, rue de la Province Longueuil (Québec) Canada J4G 1G4 Tél. : 450 640-1237 Téléc. : 450 674-6237 www.messageries-adp.com * filiale du Groupe Sogides inc.

filiale du Groupe Livre Quebecor Media inc.

Distribution pour la France et le Benelux : Distribution pour la Suisse : Pour tous les autres pays: DNM Distribution du Nouveau Monde Diffusion Transat SA Marcel Broquet Éditeur 30, rue Gay-Lussac, 75005, Paris Case postale 3625 351 Chemin Lac Millette, Saint-Sauveur Tél. : 01 42 54 50 24 Fax : 01 43 54 39 15 CH-1211 Genève 3 (Québec) Canada J0R 1R6 Librairie du Québec Tél. : 41 22 342 77 40 Téléphone : 450 744-1236 30, rue Gay-Lussac, 75005, Paris Fax : 41 22 343 46 46 [email protected] Tél. : 01 43 54 49 02 [email protected] www.marcelbroquet.com www.librairieduquebec.fr

Diffusion – Promotion : [email protected]

Dépôt légal : 2er trimestre 2013 Bibliothèque et Archives du Québec Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque nationale de France

© Marcel Broquet Éditeur, 2013 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction interdits sans l’accord de l’auteur et de l’éditeur.

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Table des matières

Avant-propos ....................................................................................................................................................7

Partie 1

Introduction ..................................................................................................................................................... 9

1.1 La situation actuelle alarmante du fleuve Saint-Laurent ........................................................... 9

1.2 Changements climatiques : effets anticipés ..................................................................................12

1.3 Mitigation des effets climatiques : alternatives en présence .................................................12

1.4 Ententes et organismes de gestion des eaux du Saint-Laurent ...........................................14

1.5 La Commission mixte internationale ................................................................................................17

1.6 Problématique mondiale de l’eau potable ......................................................................................17

1.7 Rehaussement du niveau des océans ............................................................................................. 18

Partie 2

Gestion des débits et niveaux du bassin du Saint-Laurent ............................... 21

2.1 Origine et objectifs du projet ...............................................................................................................21

2.2 Critères de conception des projets ....................................................................................................25

2.3 Études techniques des ouvrages .......................................................................................................31

2.4 Études de rentabilité – ouvrages de gestion du Saint-Laurent ............................................. 49

2.5 Ce fameux projet de Nawapa ..............................................................................................................51

Partie 3

L’Eau du Nord ................................................................................................................................................55

3.1 Description du projet ...............................................................................................................................57

3.2 Environnement : enjeux majeurs ........................................................................................................86

3.3 Critères de conception et d’estimation de projet ........................................................................ 99

3.4 Planification et estimation du complexe ......................................................................................110

3.5 Étude de rentabilité ..............................................................................................................................119

3.6 Recommandations .................................................................................................................................123

3.7 Bibliographie (pour la 3e partie) ...........................................................................................................125

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HYDROÉLECTRICITÉ, ÉTUDES CONCEPTUELLESUNITÉS DE MESURE PRATIQUES

Pour calculer rapidement dans ce cadre moins précis des études conceptuelles, l’étude a recours à certaines unités de mesure pratiques quoique légèrement approximatives.

Unitésm. ca. Ou m2: mètre carrém. cu. Ou m3 : mètre cubeMCS ou M3/S: mesure de débit, en mètres cubes par secondekm : kilomètrekm cu. : kilomètre cube, pour les volumes d’eau des réservoirsMW : mégawat, mesure de puissance, pour le lecteur moins familier, équivaut approximativement à la puissance d’une locomotive de taille moyenne. Donc, si on cite que la centrale est d’une puissance de 100 MW, on appréciera immédiatement les enjeux en présence.MWh : quantité d’énergie, soit une puissance de un MW pendant une heureTWh. un millions de MWh

Facteurs d’estimation rapides Débit : se mesure en mètres cubes d’eau par seconde MCS ou M3/S En tenant compte qu’un débit de 31.6 MCS remplit un volume d’eau d’un kilomètre cube en un an, rapidement on appréciera, par exemple le volume d’eau requis ou disponible dans un réservoir.Puissance: MW , soit 1 000 kilowatts, La puissance produite pendant un certain temps donne la quantité d’énergie : MW hre, TWan, etc.En sachant qu’une centrale de 114 MW produit pendant une année (8 766 heures) une quantité d’un TWan, (1 000 000 MWhre), on peut rapidement convertir la production d’une centrale en TWan.Pour calculer la puissance d’une centrale, il faut tenir compte des rendements ou efficacité de la turbine puis de l’alternateur, du débit, de la hauteur de chute et de plusieurs autres facteurs dont les pertes de charge hydrauliques. Dans le cadre d’une étude conceptuelle, le produit de la chute (m) par le débit (MCS) par 0.009, vous donnera généralement en quelques secondes cette puissance avec une précision d’environ un pourcent. Toutefois, par exemple, de longs ouvrages d’adduction fausseront évidemment cette approximation à cause de l’importance des pertes de charge hydrauliques.

Coût de l’énergieComme dans les années 1 900, l’industrie compte encore en cent par KWh. Pour éviter des erreurs et apprécier rapidement les enjeux financiers des alternatives, à l’étape conceptuelle, l’étude estime ici en dollars par MWhre.

Avant-propos

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Comment sauvegarder l’environnement du bassin du fleuve Saint-Laurent

des effets des changements climatiques.

Les experts en changements climatiques s’entendent de plus en plus sur la probabilité que la région des Grands Lacs soit déjà en train de s’assécher dans une proportion de 20 à 30 % au cours du siècle. Pour sa part, Environnement Canada estime ces effets à environ 24 %. Déjà, les lacs Huron et Michigan sont au-dessous de leur niveau de plus de 60 cm. Au niveau du Québec, entre Montréal et la ville de Québec, là où le fleuve est peu profond à l’exception d’un étroit canal, cette diminution du débit de l’ordre de 1 500 à 2 200 mètres cubes par seconde pourrait avoir pour effet d’assécher le lit du fleuve dans une proportion importante de 30 % de la largeur et même plus. En fait, l’environnement de plus de 18 000 kilomètres de rives et de plus de 1 000 kilomètres carrés de milieux humides d’importance primordiale sont en jeux, tant celui du lac Saint-Pierre que celui de la baie Georgienne.

Comment prévenir cet assèchement ? Comment même le Québec pourrait-il tirer avantage de cette situation où il est seul en mesure d’intervenir pour compenser ou tout au moins contrôler cette menace ?

L’auteur

Monsieur F. Pierre Gingras est impliqué depuis plus de quarante-cinq ans dans les études et la réalisation des grands ouvrages hydroélectriques du Québec. Il a œuvré notamment comme chef estimateur des grands barrages d’Hydro-Québec pendant 32 années, vivant intensivement la construction des complexes Manicouagan-Outardes et de la Baie-James. S’ajoute encore l’expérience des réfections majeures des ouvrages existants tels ceux des rivières Saint-Maurice, Bersimis, Gatineau, Beauharnois, des Outaouais, de même que des études à diverses phases de quelque 200 autres projets potentiels. À sa retraite, il poursuit ses études sur divers projets avec l’Institut économique de Montréal (IEDM) et l’Académie canadienne du génie (ACG), ainsi qu’avec plusieurs firmes de génie. De ces travaux résultent notamment le projet dit de « L’Eau du Nord », celui du Réseau de transport haute-tension pancanadien et le projet de gestion complète des bassins du fleuve Saint-Laurent, études mettant l’accent sur la nécessité de gérer les effets désastreux sur l’environnement des changements climatiques déjà en cours.

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Partie 1

Introduction

1.1 La situation actuelle alarmante du fleuve Saint-Laurent

1.2 Changements climatiques anticipés

1.3 Effets des changements climatiques anticipés

1.4 Les alternatives en présence

1.5 Les ententes et organismes de gestion

1.6 Origine de l’étude

1.1 La situation actuelle alarmante du fleuve Saint-Laurent

La situation actuelle de l’ensemble des bassins du fleuve Saint-Laurent est de plus en plus préoccupante. En effet, au cours des dernières années, les apports du Bassin du Saint-Laurent et des Grands Lacs semblent s’être amenuisés de façon importante, expliquant d’ailleurs le faible niveau des eaux des Grands Lacs et du Saint-Laurent et les difficultés d’opération tant pour la Voie maritime que pour les stations municipales de pompage d’eau potable.

Actuellement, le niveau du lac Supérieur est déjà à un minimum critique. En réalité, la topographie est telle que ce grand lac ne draine qu’une région bien limitée, de quelques dizaines de kilomètres de largeur à sa périphérie. L’ouvrage de contrôle de Sault Sainte-Marie est donc d’une utilité déterminante pour le maintien du niveau d’eau du lac Supérieur, ce qui cache les effets de réduction des apports.

Plus en aval, le niveau des lacs Michigan et Huron est déjà plus bas d’environ 60 centimètres par rapport à son niveau naturel historique, ce qui constitue une catastrophe pour l’environnement. L’abaissement se poursuit à un rythme pouvant atteindre trois centimètres ou plus annuellement. Or, faut-il le rappeler, le lac Huron et sa baie Georgienne sont au nombre des milieux biologiquement les plus riches et les plus fréquentés au Canada, faisant l’objet de multiples réserves fauniques et biologiques. Ce qui laisse craindre que la situation s’aggrave est le fait que le débit de la rivière Saint-Clair demeure inchangé malgré l’abaissement des lacs Michigan et Huron ; le seuil serait-il en cours d’érosion ?

Les lacs Érié et Ontario sont déjà contrôlés par des ouvrages, en termes de débits et d’élévation. Cependant, la nécessité de soutirer de plus en plus fréquemment de ces lacs des volumes d’eau afin d’atténuer les étiages de la partie aval du bassin implique que le niveau des eaux des lacs Érié et Ontario est de plus en plus bas malgré ces ouvrages de contrôle. Le lac Saint-François, contrôlé par les ouvrages de Beauharnois, est soumis à la même problématique.

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En ce qui concerne le lac Saint-Louis et le bassin de La Prairie, les eaux sont plus basses, mais il semble, à première vue, que les seuils naturels situés à l’amont des Rapides de Lachine et du Sault Normand atténuent quelque peu ces étiages.

La problématique s’étend ensuite de plus en plus à l’ensemble du bassin du Saint-Laurent, incluant la région de Montréal et l’exploitation de la Voie maritime.

Plus loin à l’aval, les pires conséquences se font déjà sentir dans la partie aval du fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et Québec. Dans cette partie du fleuve, la profondeur est généralement faible de l’ordre de cinq à sept mètres, à l’exception d’un étroit et profond canal naturel. Une réduction du débit de 20 à 30 % pourrait avoir un effet plus significatif en concentrant les eaux dans ce canal, ce qui pourrait assécher le fleuve dans une proportion importante de sa largeur.

Ce faible niveau réduit de beaucoup la qualité de l’eau potable. Au cours des dernières années, les journaux ont plusieurs fois fait état des difficultés d’approvisionnement en eau des municipalités riveraines du fleuve où les prises d’eau sont souvent à découvert, sinon presque mises à sec par l’abaissement des eaux.

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Bassin du fleuve Saint-Laurent - profil

Ce faible niveau réduit également la capacité de charge des navires qui empruntent la Voie maritime et fréquentent le port de Montréal Ce dernier est le septième port en Amérique du Nord et son importance stratégique ne cesse de s’accroître, notamment sur les activités de type « container ». Le complexe « Eau du Nord » vise donc aussi à sauvegarder les plans d’eau du Saint-Laurent à leur niveau « naturel » en y dérivant certains apports du versant baie James.

Dans une mesure appréciable, la gestion des niveaux des eaux dans les différentes parties du bassin du fleuve Saint-Laurent s’est faite jusqu’à maintenant par la gestion des débits. On relâchait un peu d’eau aux seuls ouvrages existants de Sault Sainte-Marie pour le lac Supérieur ou encore à Niagara pour le lac Érié ou, enfin, à Cornwall en ce qui concerne les eaux du lac Ontario. Plus à l’aval, des ententes ponctuelles étaient parfois également requises pour permettre de faciliter la navigation. Or, l’eau se faisant de plus en plus rare, ces mesures ne suffisent plus.

Par conséquent, il devient évident que les quantités d’eau « gaspillée » dans le seul but de maintenir le niveau des eaux sont de moins en moins disponibles et ce, au moment où les besoins des populations sont croissants. Il en va de même des eaux que l’on laisse « filer » lors des crues. De plus, on doit tenir compte également que seulement 1 % de l’eau des Grands Lacs se régénère de façon naturelle sur une base annuelle.

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1.2 Changements climatiques : effets anticipés

Il faut savoir que dans le cadre des études de prévisions relatives aux études des changements climatiques, les experts prévoient de plus en plus un effet d’assèchement pouvant atteindre en un siècle une proportion de 20 à 30 % des apports au niveau de la région des Grands Lacs où déjà la situation est souvent préoccupante. Environnement Canada estime à 24 % cette réduction des apports hydriques dans le bassin des Grands Lacs. On trouvera également dans les nombreuses études du groupe « Ouranos » plusieurs rapports traitant de ces effets d’assèchement des changements climatiques sur le bassin du fleuve Saint-Laurent, dont celui des chercheurs Parent et Anctil, de l’université Laval, « Plan d’action sur les changements climatiques, mesure 26, GCS 1201, 2012 ».

Il semble à propos d’insister d’abord sur le fait que cette réduction des apports hydriques du bassin du fleuve Saint-Laurent au niveau des Grands Lacs de 20 à 30 % suite aux changements climatiques correspond à un débit de quelque 1 500 à 2 200 mètres cubes par seconde (MCS).

Les enjeux de cette situation concernent la sauvegarde de l’environnement de plus de 18 000 kilomètres de rive, de même que de plus d’un millier de kilomètres carrés de riches milieux humides. Ces milieux humides comprennent autant la baie Georgienne que les milieux humides du lac Saint-Pierre, d’une importance écologique primordiale dans ces deux cas.

D’autre part, selon ces mêmes prévisions climatiques, le Québec serait « de plus en plus mouillé », dans une proportion de 15 à 18 %, alors que les Grands Lacs seraient de plus en plus « secs », ce qui augmente davantage encore l’intérêt à long terme du projet « Eau du Nord ». Il semble que l’évaporation croissante des eaux du bassin des Grands Lacs causée par les changements climatiques aura pour effet que ces eaux entraîneront des précipitations d’autant plus importantes sur le Québec.

Ces eaux évaporées de la région des Grands Lacs retomberaient sur l’ouest du Québec où les apports augmenteraient de l’ordre de 15 à 18 %, provoquant des crues possiblement dévastatrices. Comme les rivières concernées par le projet « Eau du Nord », principalement les rivières Bell, Waswanipi et Nottaway coulent du sud vers le nord, les crues y sont déjà dévastatrices puisque l’amont du bassin dégèle alors que l’aval est encore encombré de son couvert de glace. Le projet permettrait donc d’ajouter un contrôle des crues de plus en plus indispensable à la protection des collectivités et du territoire. Les effets dévastateurs bien connus des crues de ces rivières qui coulent du sud vers le nord sont parfaitement mis en évidence annuellement sur la rivière Chaudière. Il semble donc également que les vieux ouvrages hydroélectriques de la rivière des Outaouais devront être modifiés de toute façon pour en augmenter au moins la capacité de déversement.

Comment éviter ou tout au moins diminuer l’envergure des effets appréhendés sur l’environnement du fleuve Saint-Laurent ?

1.3 Mitigation des effets climatiques : alternatives en présence

Afin d’atténuer les impacts croissants de cette problématique d’assèchement du bassin du Saint-Laurent, trois alternatives apparaissent d’emblée, à savoir : assister passivement à cette catastrophe écologique à l’échelle du continent qu’est l’assèchement des Grands Lacs et du fleuve, construire des ouvrages de contrôle sur le fleuve

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pour maintenir les niveaux en dépit de la réduction des débits ou, en troisième lieu, importer des apports d’eau douce d’un bassin adjacent.

La première alternative serait d’assister passivement à une diminution des apports de 20 à 30 % au niveau de la région des Grands Lacs. Ceci entraînerait des impacts énormes sur tout le bassin du fleuve Saint-Laurent, y compris au Québec où les changements climatiques entraînent cette baisse importante du niveau du fleuve constatée depuis quelques années. La section d’écoulement du fleuve, entre Montréal et Québec, prend généralement l’aspect d’un lit très peu profond à l’exception d’un canal étroit. Une réduction de débit de 20 à 30 % pourrait facilement entraîner l’assèchement du fleuve sur 40 % ou plus de sa largeur. Des centaines de kilomètres carrés d’aires riveraines seraient possiblement asséchées et les processus de sédimentation et d’érosion du fleuve s’en trouveraient radicalement modifiés. Si rien n’est fait, une longueur de quelque 18 000 kilomètres de rive risque de connaître des impacts importants sur l’ensemble du bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, en amont de la ville de Québec.

La seconde alternative présume la réalisation éventuelle de cinq ouvrages sur le fleuve Saint-Laurent et ce, afin de conserver l’élévation des plans d’eau malgré la réduction du débit du fleuve. Les ouvrages nécessaires seraient ceux de Sarnia, des Rapides de Lachine, du Havre de Montréal, de Sorel et de Deschambault. Même si cette alternative permet de maintenir les niveaux et de contrôler les crues et les étiages, elle entraînerait sans doute des impacts majeurs, mais beaucoup moins importants sur la faune et la qualité des eaux, ce qui fait qu’elle se doit de constituer la première ligne de défense.

Par contre, il semble qu’il y aurait de toute façon urgence de considérer la construction d’un ouvrage de contrôle au droit de Sarnia, tel que prévu lors de la réalisation de la Voie maritime. Si la valeur de l’eau potable ne le justifiait pas lors de la construction de la Voie maritime, au début des années soixante, il en est maintenant tout autrement. À l’avantage de pouvoir désormais y retenir les crues s’ajouterait au besoin probable de mettre fin à l’érosion du seuil de sortie du lac Huron, probabilité basée sur le fait que le débit déversé continue apparemment d’augmenter malgré l’abaissement du lac Huron.

Il faut désormais rendre indépendante la gestion des niveaux d’eau de celle des débits, alternative apparemment non pleinement considérée jusqu’à maintenant. Cette alternative est présentée de façon détaillée en deuxième partie de ce volume.

Le projet du complexe « Eau du Nord » analyse ici la troisième alternative, soit de dériver vers le bassin du fleuve Saint-Laurent certains apports de la Baie-James et ce, dans le respect de l’environnement. Ce projet dériverait un débit de 800 MCS (mètres cubes par seconde) tirés des rivières Bell et Waswanipi.

Surface des Grands Lacs, d’amont vers l’aval

Lac Supérieur 82 100 km ca contrôlé

Lac Michigan 57 800 km ca non contrôlé

Lac Huron 59 600 km ca non contrôlé, 5 150 MCS moyen

Lac Érié 25 700 km ca non-contrôlé

Lac Ontario 18 960 km ca contrôlé

Total 244 160 km ca, dont 143 100 sont non contrôlés, soit 58,6 %

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1.4 Ententes et organismes de gestion des eaux du Saint-Laurent

Ententes Canada-États-Unis, historique sommaire

Depuis plus d’un siècle, la possibilité de dériver des eaux du Canada vers les États-Unis a été soulevée régulièrement. Cette question a toujours provoqué des protestations pour des raisons de principe, sans étude technique véritable et approfondie d’un projet spécifique pour en définir les implications réelles. C’est le cas notamment de ce projet dit de NAWAPA qui propose ni plus ni moins d’assécher le Canada au profit des États-Unis, projet dont tout un organisme fait la promotion depuis le début des années soixante et sur lequel nous reviendrons. On craignait automatiquement l’assèchement de certaines rivières, ce qui peut désormais être évité avec la réalisation de ce complexe « Eau du Nord ».

On craignait aussi d’encourager nos voisins du sud à pratiquer un gaspillage de l’eau, comme si les Canadiens avaient des leçons à donner. Actuellement, on se méfierait surtout d’établir un précédent et de voir l’ALÉNA (Accord de libre-échange nord-américain) s’appliquer ensuite à la ressource « eau », même si ce traité spécifie que l’on ne peut imposer un projet ou une mesure qui porterait atteinte à la qualité de l’environnement. Par ailleurs, une déclaration conjointe des gouvernements du Canada, des États-Unis et du Mexique confirmait en 1993 ce caractère spécifique de l’eau, l’excluant du commerce.

Au cours des années, des lois ont été passées dans différentes législatures pour interdire tout projet de dérivation transfrontalière, allant jusqu’à s’interdire, au niveau des différents gouvernements impliqués, de financer l’étude technique d’un tel projet. Comme si l’ignorance délibérée pouvait constituer une solution. En 1981, le gouvernement du Québec votait l’interdiction de « toute exportation d’eau en vrac ». Or, ces lois deviennent évidemment chaque jour de plus en plus irréalistes avec les changements climatiques en cours.

Depuis le début du vingtième siècle, des négociations ont eu lieu sur le partage du potentiel hydroélectrique du fleuve Saint-Laurent, puis la Voie maritime a été réalisée au cours des années 50. Depuis, plusieurs comités techniques et/ou politiques interviennent continuellement pour veiller aux intérêts de la douzaine de gouvernements concernés par cette gestion des eaux des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, principalement dans le cadre de la « Commission mixte internationale (CMI) » qui chapeaute l’ensemble. Ces gouvernements concernés sont ceux des États-Unis, du Canada, de l’Ontario, du Québec et des huit états américains riverains de ces eaux. Une liste partielle des principales ententes est jointe au rapport technique.

Dans les années 60, la plupart des hommes politiques semblaient favorables à une vision nord-américaine de la gestion des eaux. Monsieur Lester B. Pearson, alors premier ministre du Canada, déclarait notamment, en 1965 que « Les États-Unis découvrent que l’eau est une de leurs ressources les plus précieuses et qu’elle devient une des plus rares… La question des ressources en eau est un problème continental et international. ». En 1969, monsieur Jean Chrétien affirmait que « d’ici vingt-cinq ans, nous exporterons de l’eau ».

D’autre part, dès 1981, le gouvernement du Québec votait une première interdiction de « toute exportation d’eau en vrac ». Puis, le refus du Canada a toujours été catégorique sur cette question, a été reconnu à nouveau le 14 décembre 2005 par un nouvel accord international.

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En juin 2004, le ministre de l’Environnement du Québec, monsieur Thomas Mulcair lui-même, pourtant défenseur apprécié de l’environnement, relançait le débat en appuyant la vision de l’exportation d’eau en vrac, au grand désarroi de l’opinion publique, de l’opposition et de son propre parti, le Parti Libéral du Québec. D’autre part, au même moment, une entente sur une étude d’agrandissement de la Voie maritime fut aussitôt annulée suite aux pressions des groupes de défense de l’environnement.

Dès le lendemain de ce nouveau refus d’exportation d’eau de la part du Canada, par la signature d’un nouvel accord international daté du 14 décembre 2005, dans tous les grands journaux, monsieur Peter Lougheed, alors premier ministre de l’Alberta, parmi plusieurs autres personnalités, soulignait avec éclat l’importance et la valeur inestimable de l’eau douce, allant jusqu’à affirmer qu’elle « a une plus grande valeur que le pétrole ».

Pourtant, en 1985 encore, monsieur Henry Kissinger lui-même, alors ex-secrétaire d’état des États-Unis, ne laissait guère planer de doutes sur ce qui serait fait le moment venu, c’est-à-dire puiser dans les Grands Lacs, s’il n’y avait d’autres choix. Encore en 1985, monsieur Robert Bourassa, dans son traité intitulé « L’Énergie du Nord » supportait activement le projet « Grand Canal » de monsieur Kierans et relançait personnellement plusieurs décideurs de l’époque, notamment au niveau des ingénieurs-conseils et du monde politique.

Par contre, une nouvelle entente additionnelle sur la dépollution, de 20 milliards de dollars, était approuvée en décembre 2005 et remise à jour au printemps 2007. Le 16 juin 2009, on renouvelait encore une fois cette entente.

D’autre part, au printemps 2008, monsieur Lee Fisher, lieutenant-gouverneur de l’Ohio, revenait subitement à la charge sur ce sujet que tant d’interlocuteurs espéraient définitivement classer et déclarait que « les Grands Lacs appartiennent à tout le monde et que, d’ici dix ans, il faudrait bien partager avec d’autres états qui ont besoin d’eau ». À long terme, devant ce besoin croissant d’eau des états américains et de la province de l’Ontario, la pression augmentera encore. Comment pourrait-on éventuellement empêcher les États-Unis et l’Ontario de puiser des eaux à partir des Grands Lacs ?

Enfin, le 22 février 2010, les médias rapportaient l’engagement de l’administration Obama, par la voix de madame Lysa Jackson, responsable de l’Environmental Protection Agency, relativement à un nouveau programme additionnel quinquennal de restauration des Grands Lacs d’une valeur de 2,2 milliards de dollars. Ce plan vise notamment une protection contre les espèces envahissantes, dont la carpe asiatique, et la restauration de secteurs marécageux ou de faible profondeur.

Comme la question ne semble jamais réglée définitivement, encore au début de l’année 2013, le gouvernement du Canada passait un bill 257 interdisant à nouveau toute exportation d’eau.

Or, en plus des effets d’assèchement des changements climatiques, il faut désormais s’attendre un jour à devoir faire face à une situation aussi pénible que l’assèchement précipité du fleuve Saint-Laurent. Il faudra alors pouvoir répondre aux besoins des populations et de l’écologie des Grands Lacs et du Québec.

Au cours des dernières décennies, en fait surtout depuis les années 60, la question environnementale a pris une place de plus en plus prépondérante. Le principal organisme de gestion de ce bassin du Saint-Laurent est la « Commission mixte internationale », celle-là même qui tentait sans succès, en 2008, et tente encore et

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encore de faire accepter et sanctionner la dernière révision du plan de gestion des eaux, chose de plus en plus difficile avec l’assèchement en cours du bassin concerné.

Il appartient aux Québécois de prendre dès maintenant les mesures nécessaires pour faire de cette catastrophe appréhendée une opportunité profitable, ce qui demandera au moins quinze années de travaux, d’où l’urgence de se mettre à l’œuvre. Alors que des conflits éclatent de plus en plus de par le monde pour l’accès à l’eau, le premier Ministre du Québec est possiblement le seul chef d’état au monde qui pourrait avoir un fleuve à offrir. Hydro-Québec sera-t-elle ainsi chargée par le gouvernement d’une nouvelle mission continentale ?

La question est d’autant plus importante que les experts estiment que les changements climatiques auraient pour effet « d’assécher » dans une mesure de 20 à 30 %, les apports parvenant aux Grands Lacs. Or, ces ententes, ces traités et ces lois du passé deviennent évidemment chaque jour de plus en plus irréalistes avec les changements climatiques en cours. Évidemment, ces lois et ententes passées se sont conclues dans l’ignorance des présentes possibilités offertes par la réalisation de diverses alternatives dont le contrôle des sous-bassins du Saint-Laurent ou la réalisation du complexe « Eau du Nord ».

Les États-Unis : un voisin très respectueux

Convenons quand même qu’il est tout à l’honneur des États-Unis de ne pas avoir encore à ce jour puisé dans les eaux du bassin du fleuve Saint-Laurent pour leurs besoins en eau de plus en plus critiques. D’autres puissances se seraient servies depuis fort longtemps. Ailleurs, des guerres de plus en plus fréquentes se font et/ou se feront pour l’accès à l’eau. À titre d’exemple, citons le cas du Nil où l’Éthiopie ne peut même pas conserver une goutte de ce fleuve qui y prend une partie importante de sa source.

Ententes en vigueur et juridictions des gouvernements

Le cadre du projet « Eau du Nord » est d’une envergure jamais rencontrée. Comme cité précédemment, le projet concerne le gouvernement du Canada, le gouvernement des États-Unis, auxquels s’ajoutent deux provinces et huit états américains riverains des Grands Lacs. À ces gouvernements s’ajoutent plusieurs commissions, comités et autres organismes dont l’Autorité de la Voie maritime du Saint-Laurent et la Commission mixte internationale.

Liste très partielle des ententes en application

1. Baie-James et le Nord Québécois

– Convention de la Baie-James et du Nord québécois

– Lois relatives à la création de la SEBL et de la création de la SEBJ

– « Paix des braves »

– Ministère de l’environnement

– Ministère des richesses naturelles

2. Rivière des Outaouais

– Entente interprovinciale entre le Québec et l’Ontario sur le partage des sites de production (1943)

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– Comité de régularisation de la rivière des Outaouais entre le Québec, l’Ontario et le gouvernement du Canada (1970).

3. Grands Lacs et fleuve Saint-Laurent, entre le Canada et les États-Unis

– Commission mixte internationale

– Agence de la Voie maritime du Saint-Laurent

1.5 La Commission mixte internationale

Cette importante commission gère l’ensemble du bassin du fleuve Saint-Laurent. Elle regroupe notamment les gouvernements du Canada et des États-Unis, les organismes des huit états américains concernés, de même que les organismes des provinces de l’Ontario et du Québec. Il faut ajouter encore à ces organismes des divers gouvernements, tous les groupes de pression intéressés, les exploitants de l’hydroélectricité, de la voie maritime et combien d’autres parties impliquées.

Au printemps 2013, on semble enfin s’entendre pour l’application du plan dit « PLAN BV-7 », après des années d’études et d’échanges. Or, ce plan, malgré l’envergure des études qu’il a nécessitées se résume à quelques bien faibles mesures insuffisantes pour affronter les défis à long terme. En fin de compte, on s’entend pour rehausser le lac Ontario de quelques centimètres afin de disposer d’une réserve d’eau additionnelle pour amoindrir les pires périodes d’étiage de la partie aval du fleuve, de Cornwall à Québec.

Peut-on douter qu’une réduction éventuelle des débits de 20 à 30 %, ajoutée aux besoins en eau des populations, demandera des moyens plus efficaces ?

1.6 Problématique mondiale de l’eau potable

La problématique du Saint-Laurent est loin d’être exceptionnelle dans un contexte mondial.

Une proportion d’à peine 3 % de l’eau de la planète est reconnue potable, dont 2 % irrécupérable parce qu’elle forme les glaciers. Il ne reste donc que 1 % de l’eau de la planète pour assurer la vie des humains, des animaux et des végétaux. Tel que proposé dans les projets décrits plus loin, il est devenu opportun de penser à utiliser judicieusement l’eau potable, plutôt que de laisser celle-ci perdre toute valeur au contact de l’eau de mer.

En effet, aucun détracteur du projet ne saurait proposer une alternative plus « verte » et plus profitable que de laisser cette eau douce de si grande valeur se gaspiller en mer et ce, tout en provoquant l’assèchement du fleuve Saint-Laurent.

Il faut savoir qu’actuellement, ailleurs dans le monde, on construit des dérivations gigantesques afin de fournir de l’eau potable à certaines régions. On trouve de tels projets notamment en Chine, en Égypte et en Russie. On y réalise des canaux bétonnés sur des distances dépassant parfois 500 kilomètres, équipés de multiples

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centrales de pompage exigeant des milliers de mégawatts (MW) d’énergie et d’un coût atteignant 500, voire 800 milliards de dollars d’investissement ou plus. C’est dire à quel point l’eau potable peut être précieuse.

En fin de compte, tous ces projets de dérivation et de réutilisation des eaux douces dans le monde permettront-ils à la fois de freiner le rehaussement des océans et d’aménager une planète Terre plus verte que jamais ?

L’eau potable disponible pour tout être vivant en dehors des mers, humains, animaux et végétaux, ne compte que pour 1 % des eaux de la planète terre, ce qui explique qu’elle devienne de plus en plus précieuse encore face aux effets des changements climatiques. De plus, en octobre 2009, la convention des Nations Unies contre la désertification prévoyait effectivement que d’ici 2025, 70 % de la terre pourrait être frappé par la sécheresse. 41 % l’est déjà, dont 10 à 15 % depuis le début des années 1990. Ce présent projet propose de faire désormais de l’eau potable une utilisation efficace et rationnelle plutôt que de la laisser passivement perdre toute valeur au contact des eaux de mer.

1.7 Rehaussement du niveau des océans

Selon les spécialistes, on anticipe un rehaussement du niveau des océans de l’ordre d’un à trois mètres en 100 ans. Pour l’instant, retenons une probabilité de rehaussement d’un seul mètre en un siècle, évaluation la plus fréquemment citée.

Considérant la surface totale des océans de 354 millions de km ca, tout rehaussement du niveau des océans d’un mètre correspond à un volume d’eau additionnel de 354 000 kilomètres cubes. Au rythme d’un mètre de rehaussement par siècle, ce volume d’eau annuel de 3 540 kilomètres cubes équivaut à un apport moyen de l’ordre de 112 000 MCS. Ce débit correspond à 13,4 fois le débit moyen du fleuve Saint-Laurent au droit du pont Mercier qui est de 8 470 MCS, ce qui permet de mieux réaliser l’ampleur catastrophique de ce phénomène.

Le meilleur exemple concret à ce jour est celui du fleuve Colorado, dont l’eau est utilisée à plus de 50 % avant son rejet dans le golfe de Californie. Cette situation, considérée actuellement comme négative par les environnementalistes, pourrait bien devenir un exemple à suivre face au rehaussement des océans. Si, jusqu’à maintenant, il semblait inacceptable de mettre en réserve et/ou de dériver des apports d’eaux pour « desservir une agriculture qui gagnerait théoriquement à être pratiquée ailleurs », il en va autrement lorsque le but de cette dérivation est de répondre simultanément aux besoins de la population tout en évitant le rehaussement des océans.

Développements récents

Lors de la publication du plus récent plan de gestion des eaux du bassin du fleuve Saint-Laurent par la Commission mixte international, le 15 avril 2013, madame Lana Pollack, responsable de la Section américaine, a refusé de signer le document, dans une lettre annexée à cause du peu de considération donnée aux effets à long terme relatifs aux changements climatiques.

Il faut noter que ce plan de gestion, dit BV-7, se limite à quelques petites modifications des opérations des barrages de Sault Sainte-Marie qui contrôle le lac Supérieur et du barrage du Long Sault, à Cornwall, qui

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contrôle le lac Ontario. On cite également la possibilité d’ouvrages mineurs dans la rivière Saint-Clair pour modérer l’assèchement des lacs Michigan et Ontario.

Déjà, on remarquera que tout le plan de gestion de la Commission mixte internationale repose sur d’infimes mesures du projet de gestion des eaux de l’ensemble du bassin du fleuve Saint-Laurent décrit dans ce volume.

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