sapeur no 6

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Sapeur no 6

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Page 1: Sapeur no 6
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SSSS AAAA PPPP EEEE UUUU RRRR SSSS AAAA PPPP EEEE UUUU RRRR SSSS AAAA PPPP EEEE UUUU RRRR SSSS AAAA PPPP EEEE UUUU RRRR

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SommairSommairee

ÉDITORIAL du Général de division CHINOUILH commandant l’ESAG .................................................... 3

ÉTUDES ET PROSPECTIVE

L’appui génie en opérations : une nécessité reconnue…avec cependant des capacités toujours comptéesPlaidoyer pour une manœuvre génie intégrée .............................................. COL AUTRAN ............................ 7

Les armes à létalité réduite appliquées à la contre-mobilité.................... COL PARMENTIER .................. 11

La montée en puissance du mécanisme communautaire de Protection civile et ses enjeux pour les armées ...................................... COL PONCELIN de RAUCOURT 17

Numérisation de l’espace de bataille.................................................................. LCL EGLEMME .......................... 21

Processus d’élaboration des concepts et de la doctrine AGESTERApplication à la sauvegarde-protection ............................................................ LCL PINOT .................................... 25

La théorie des trois blocs appliquée au domaine NRBC .......................... CES CAUDRILLIER .................. 29

Le combat du feu en zone urbaine ...................................................................... CNE BOUTOLLEAU ................ 31

DOSSIER : LA SAUVEGARDE-PROTECTION DES FORCES

La protection-sauvegarde sur une base aérienne projetée ...................... COL BILBAULT .......................... 37

Protéger nos stationnements contre les attentats à l’explosif ................ COL LORIDANLCL MARTIN ................................ 41

Pour une approche globale de la sauvegarde-protection.......................... LCL (TA) SOUCASSE .............. 45

Le rôle du génie de l’air dans la sauvegarde-protectionen opérations extérieures ........................................................................................ LCL CHAPELLE .......................... 49

Le RGBIA dans la mission de protéger les forces en 2005 ...................... LCL KIRSCHER .......................... 53

Opération CALAO : Le 5e RG en Côte d’Ivoire : acteur de la fonction CBA ANDRIAMOLISONAGESTER ou simple prestataire de service ? .................................................. CNE MACHELON ...................... 57

Concept ISOPEX et sauvegarde-protection...................................................... CBA MERCURY .......................... 61

Montage d’un poste de combat de type HESCO BASTION ...................... CNE FOUQUET .......................... 65

Côte d’Ivoire : Retour d’expérience en sauvegarde-protection .............. CNE GEROUDET ...................... 69

SAPEURSAPEURRevue d’études

du génie militaire françaispubliée par la direction

des études et de la prospectivede l’école supérieure

et d’application du génie106, rue Éblé - B.P. 3412549041 ANGERS CEDEX 01

Directeur de la publicationGénéral de division Jean-Loup CHINOUILH

Rédacteur en chefColonel Pierre-Yves HENRY

Conception-RéalisationPIR ESAG

Dépôt légal à parutionISSN en cours

Juin 2006

N° 6

SSSS AAAA PPPP EEEE UUUU RRRR

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ÉQUIPEMENTS ET STRUCTURES

SPECTRE - 2006-2007 : années cruciales .................................................... LCL CORNEFERT ...................... 75

FORMATION

La sauvegarde-protection : repenser la formation ...................................... CNE CASTEL .............................. 81

LE GÉNIE DANS L'HISTOIRE

Les uniformes du génie de la Révolution et de l’Empire .......................... CDT GARNIER de LABAREYRE 87

Génération de forces et emploi du génie

Les sapeurs de la Campagne d’Alger ................................................................ CNE GIUDICELLI ...................... 93

Les ingénieurs dans les troupes émigrées ...................................................... M. FOUGERAY .......................... 97

SSSS AAAA PPPP EEEE UUUU RRRR

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ÉditorialÉditorial

SAPEUR consacre aujourd'hui son dossier central à la sauvegarde-protection dontl'importance n'est plus à démontrer face aux nouvelles menaces. Plus que dans lesautres missions confiées au génie, nous avons là des progrès à réaliser pour renforcernos moyens et les adapter au contexte urbain.

Comment caractériser le bouclier qu'il nous faut en opération ?

Il est nécessairement passif pour protéger au minimum, dans la durée, les abris deregroupement et les espaces sensibles activés en permanence (centres opérationnels,stations de production d'énergie etc.). Il comporte pour cela des obstacles à la pénétrationet des parois massives de terre ou de béton sur lesquelles travaillent aujourd'hui encommun l'École du génie et le Service technique des bâtiments, fortifications ettravaux.

Mieux encore, il doit être réactif en associant une capacité de détection et d'alerteimmédiate d'une intrusion ou d'une amorce d'attaque par aviation ou artillerie afin quechacun rejoigne sans délai, qui son poste de combat, qui son abri. Se déclencheraitalors instantanément une riposte de neutralisation, automatique ou humaine, corres-pondant au type d'agression. Un lien est déjà établi entre sapeurs et artilleurs dont lesradars de détection d'approche et de trajectographie compléteront les capteurs répartissur le terrain. Une coopération se prépare également avec les transmetteurs dont lesbrouilleurs mobiles pourraient venir à bout de certains dispositifs explosifs commandésà distance.

Ce bouclier doit enfin et surtout se montrer proactif, le but étant de dissuader d'embléeun agresseur potentiel de toute attaque en le persuadant d'un bilan dérisoire, d'uneriposte immédiate et, par là, d'une défaite médiatique. Il convient que l'effet psycholo-gique recherché découle aussi d'un discours politique et d'une action militaireconformes aux attentes de la population locale, incitée de ce fait à rejeter nosadversaires.

Il s'agit bien d'une affaire interarmes, voire interarmées. Les sapeurs sont despartenaires privilégiés, avec les protections passives dont ils ont la charge, maisleur expérience dans ce domaine leur permet de se poser en pilotes.

Sparte, qui n'avait pas de remparts, comptait plus sur ses hommes que sur desmurailles pour assurer sa défense. Comme Vauban, je suis sûr qu'aujourd'hui les unsne vont pas sans les autres.

le général de division CHINOUILHcommandant l'école supérieure

et d'application du génie

Général de division

Jean-Loup

CHINOUILH

Le général de division Jean-LoupCHINOUILH commande l'école supé-rieure et d'application du génie depuisaoût 2003.

Entré à Saint-Cyr en 1969, il sertcomme chef de section au 13e régi-ment du génie et commandantd'unité au 17e régiment du génieparachutiste, où il revient en 1988au poste de chef du bureau opéra-tions-instruction.

Il est chef de corps du 6e régimentdu génie de 1994 à 1997.

Il a commandé la brigade du génied'août 2001 à août 2003.

Il est breveté de l’école de guerre,diplômé de l’institut d’administrationdes entreprises de Paris.

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ÉtudesÉtudesetet

prprospectiveospective

L’appui génie en opérations : une nécessité reconnue… avec cependant des capacités toujours comptéesPlaidoyer pour une manœuvre génie intégrée .......................................................................................................................... COL AUTRAN .......................................................... 7

Les armes à létalité réduite appliquées à la contre-mobilité ................................................................................................ COL PARMENTIER ................................................ 11

La montée en puissance du mécanisme communautaire de Protection civile et ses enjeux pour les armées ............................................................................................................................................................ COL PONCELIN de RAUCOURT .................... 17

Numérisation de l’espace de bataille .............................................................................................................................................. LCL EGLEMME ........................................................ 21

Processus d’élaboration des concepts et de la doctrine AGESTERApplication à la sauvegarde-protection ........................................................................................................................................ LCL PINOT ................................................................ 25

La théorie des trois blocs appliquée au domaine NRBC ...................................................................................................... CES CAUDRILLIER ................................................ 29

Le combat du feu en zone urbaine .................................................................................................................................................. CNE BOUTOLLEAU .............................................. 31

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AVERTISSEMENT

Le propos n’est pas ici d’amender la doc-trine d’emploi du génie en opérations etencore moins de réécrire les règlementsqui en découlent. Adaptés au nouveaucontexte d’engagement des forces, cesdocuments couvrent l’éventail des mis-sions pouvant être confiées au génie.Cependant, un certain nombre d’ensei-gnements pratiques et fondamentauxapparaissent à la lumière de tous lesengagements opérationnels auxquelsles unités du génie, de la section aubataillon, ont participé, notamment cesdix dernières années. Il s’agit donc ici,de dégager des marges d’efficacité pourun emploi optimal des unités du génieen accompagnement de la forcedéployée sur un théâtre d’opérations.

** *

Depuis près de 30 ans, les unités dugénie, quels que soient leur nature etleur volume, sont omniprésentes dans lepaysage tactique des forces engagéesen opérations extérieures. S’il en étaitbesoin, la preuve pourrait être donnée

par la marque durable de leur action surle terrain au profit des groupements tac-tiques et des états-majors de forces opé-rationnelles qui les commandent.

Aujourd’hui comme autrefois, nul chefdésireux de conserver sa liberté d’actionet de préserver ses moyens de comman-dement, de combat et de soutien, ne peutdécemment remettre en cause la perti-nence, et même l’impérieuse nécessitépour la force de bénéficier d’un appuigénie direct. Toute la question est donc dedisposer d’un appui adapté et suffisantdès l’engagement des unités quel que soitle théâtre considéré. Cette question resteentière à chaque génération de forces.

Être présent dès le lancement du proces-sus de génération de forces en faisantvaloir les effets recherchés et non exclu-sivement les moyens qui vont les pro-duire, fournir un appui génie qui soitsignificatif d’emblée mais évolutif et enprévoir un commandement centralisépermettant les bascules d’efforts et depriorités par une mise en œuvre décon-centrée des moyens pourraient être troispistes de progrès réalistes et réalisablesà coût limité.

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Colonel

Francis

AUTRAN

Saint-cyrien de la promotion MONTCALM(1980-1982) et officier du génie, le colonelAUTRAN a servi dans les Troupes demontagne comme chef de section puiscommandant d’unité, à la 77 e compagniedu génie de la division alpine et au7 e bataillon du génie de la division alpine.Affecté aux Écoles de Coëtquidan en1990, il commande une compagnie à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr(1990-1993).

Breveté de l’enseignement militaire supé-rieur (3 e promotion du CID), il rejoint laLégion étrangère en 1998. Il prend partcomme chef du bureau opérations-ins-truction à la création et à la montée enpuissance du 2e régiment étranger degénie, qu’il commande de 2001 à 2003. À l’issue de son temps de commandement,il est affecté à l’état-major de la 27 e brigaded’infanterie de montagne comme chefd’état-major (2003-2005).

En 2005, il est auditeur de la 55e sessiondu Centre des hautes études militaires etde la 58 e session de l’Institut des hautesétudes de défense nationale.

Le colonel AUTRAN possède en outreune expérience opérationnelle variée àdes postes de responsabilités, notammentchef G3 de l’état-major de la Brigademultinationale Nord (BMN-N) au Kosovoen 2000, chef de corps du BATGEN (12 e mandat) de la BMN-N au Kosovo en2003 et sous-chef d’état-major opérationsdu Poste de commandement interarméesde théâtre de la force LICORNE enRépublique de Côte d’Ivoire en 2005.

L’APPUI GÉNIE EN OPÉRATIONS :UNE NÉCESSITÉ RECONNUE…

AVEC CEPENDANT DES CAPACITÉSTOUJOURS COMPTÉES

PLAIDOYER POUR UNE MANŒUVRE GÉNIE INTÉGRÉE

The idea of an engineer support to an intervention force is never questioned basically.However, this support is most of the time expressed in terms of means and equipmentinstead of effects to produce on the ground or on the belligerents.

But this effect-based process must prevail over any other, considering simultaneouslythe financial constraint on every military overseas operation.

It is thus necessary that the engineer command must be associated from the start tothe decision making process and to the force generation.

In so far as engineer support never covers all units’ demands because engineer abili-ties are never sufficient, whatever the operation concerned, a real integrated engineermanœuvre does exist.

This manœuvre must be centralized with a proper command in order to give all neces-sary flexibility and reactivity to engineer units with efforts and priorities precisely defi-ned in regard to Force commander’s objectives.

Centralization of engineer support conception must go hand in hand with a de-centra-lization of the execution and if the mission demands it, engineer unit must be attachedto battle groups, even to the lowest level of responsibility (squad or even team).

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PRIMAUTÉ DES EFFETS À PRO-

DUIRE DANS LE PROCESSUS DE

GÉNÉRATION DE FORCES

La gestion de crise, sous toutes sesformes et jusqu’à son paroxysme des-tructeur s’il ne peut être évité, paraîtêtre le cadre des opérations militairesfutures jusqu’à un horizon visible.L’expérience de l’armée française, etnotamment des forces terrestres, estgrande et reconnue en la matière, parmises partenaires alliés.

Parmi les caractéristiques majeures deces opérations, deux ont un impactimportant en terme d’appui génie avecdes effets parfois antagonistes. Il s’agiten premier lieu de la réversibilité dessituations tactiques. Elle impose auxforces terrestres une grande réactivité etpar conséquent de disposer en perma-nence de la capacité de rétablir la libertéde mouvement pour les unités de com-bat et les flux logistiques, mais égale-ment la capacité de réorganiser rapide-ment le déploiement de la force. Ensecond lieu, ces opérations s’inscriventtoutes dans la durée. Les conséquencessont alors mesurables en termes de can-tonnements, d’infrastructures et de sou-tien au stationnement.

Or, un constat s’impose à l’étude desopérations récentes ou en cours, auregard de cette exigence opérationnellecroissante : les moyens génie sont tou-jours comptés. L’emploi du génie doitdonc être conçu globalement avec uneffort capacitaire initial selon des effets àproduire clairement identifiés, cet effortcapacitaire génie variant logiquement enfonction de l’évolution de l’opérationdans le temps. Malheureusement, hor-mis le cas des crises majeures (Kosovo),la tendance a longtemps été de choisirsur catalogue des moyens (perversité duprincipe de modularité), avant de raison-ner en termes effets à obtenir sur le ter-rain (pour quoi faire ?). De façon plusgénérale la fonction agencement de l’es-pace terrestre (AGESTER) est le plussouvent évoquée sous l’angle de l’articu-lation des moyens, avant même que soitabordé le niveau d’emploi (qui com-mande ?). Si l’idée d’un appui génie n’estpas discutée, c’est bien à ces deux ques-tions fondamentales qu’il convient derépondre dès la génération de force, entenant compte bien entendu descontraintes fixées par notre employeurpolitique et en toute connaissance desconséquences des choix à effectuer.

À ce stade, deux logiques s’affrontent :

- une logique capacitaire, qui à partird’effets à produire sur le terrain iden-tifie les capacités ad hoc et lesmoyens associés pour remplir lamission. L’appui génie ainsi définicorrespond alors aux besoins de laforce et participe pleinement à lacohérence de la manœuvre ;

- à cette logique capacitaire s’opposeune logique de moyens, elle-mêmedépendante de contraintes budgé-taires fortes qui aujourd’hui dimen-sionnent les contingents d’interven-tion extérieure.

Le processus de génération de forcesreste alors un compromis entre unvolume de moyens à ne pas dépasser etdes capacités opérationnelles les pluscohérentes et complètes possibles pourremplir avec succès la mission danslaquelle la France s’engage. C’est pour-quoi, il est indispensable que le " com-mandement génie " participe au proces-sus de génération de forces et à l’élabo-ration de la manœuvre par le biais de laMEDO, au même titre que cela estdemandé au DL génie de BIA lors desexercices AURIGE.

Aujourd’hui, l’optimisme peut être de miseen raison de la dynamique capacitairequi se met en place au sein des armées.

La manœuvre génie doit donc permettreà la fois de concentrer les capacités et debasculer rapidement les efforts par lebiais d’un commandement unique etd’un emploi centralisé des moyens. Eneffet, l’objectif est bien de fournir d’em-

blée un appui approprié aux effetsrecherchés sur le terrain ou sur l’adver-saire selon un emploi souple mais cen-tralisé, la mise en œuvre étant le plussouvent et logiquement déconcentrée.Cette conception de l’emploi du génies’appuie sur une structure de comman-dement adaptable, sans toutefois jamaisfusionner les niveaux de conception etde mise en œuvre.

DU COMMANDEMENT DU GÉNIE

EN OPÉRATIONS, OU L’ÉTERNELLE

REMISE EN CAUSE DU COMMAN-

DEMENT CENTRALISÉ DE L’ACTION

Le commandement du génie dans touteopération doit impérativement obéir à desprincipes intangibles, que des querellesde personnes ou des mésententes chro-niques ne peuvent remettre en cause aurisque de rompre la cohérence du disposi-tif génie et de l’appui qu’il doit fournir.

Les principes définis dans le GEN 100,sont plus que jamais d’actualité, d’au-tant qu’ils ont été largement éprouvésaussi bien au Kosovo qu’en Républiquede Côte d’Ivoire, pour ne retenir que lesdeux dernières opérations d’importanceen volume de forces déployées. Dansl’opération TRIDENT, le choix a été faitd’engager d’emblée des moyens génieconséquents. En revanche, pour l’opéra-tion LICORNE, l’appui génie s’est limité àune compagnie de combat renforcéed’une section organisation du terrain.

La continuité des douze mandats dubataillon du génie de la brigade multina-

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Schéma organisation du commandement génie dans le cas d’un BATGEN

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tionale Nord de la KFOR (1999-2003) etl’adaptation terrain des principes édictésont permis d’identifier les structures decommandement du génie souhaitableset leur évolution au cours d’une opéra-tion. L’organisation du commandementdoit par conséquent rester souple etreprésentative du volume de moyensdéployés, avec un positionnement impé-ratif au niveau d’emploi le plus hautdans l’état-major considéré. On peutciter deux configurations, qui d’expé-rience, concourent à l’efficacité opéra-tionnelle en jouant sur la complémenta-rité des moyens.

1. Tous les moyens du génie, et plus lar-gement de la fonction AGESTER, sontregroupés sous un commandementunique génie (COMGENIE) qui disposedes structures pour valider l’emploi,conduire la mise en œuvre des moyens,assurer la gestion du personnel et lesoutien des matériels. Les moyens don-nés en renforcement et dédiés à unemission particulière sont alors placéssous contrôle tactique (TACON, voiresous TACOM) du commandant de la for-mation qui assure la coordination géné-rale de l’action génie sur le théâtre.

2. Lorsque le niveau de responsabilité duCOMGENIE n’est plus représenté en rai-son de la disparition du bataillon dugénie, la cohérence opérationnelle d’em-ploi, voire de mise en œuvre, est alorscentralisée soit au niveau d’un détache-ment de liaison et de mise en œuvre(DLMO) dans le cas où un DETGEN est

mis en place, soit directement au niveaude la cellule G3-2D de l’état-major (bri-gade, task force ou PCIAT) dans le cas oùl’appui génie se limite à une compagnierenforcée voire à des sections spéciali-sées (cas de la Bosnie). À cet égard, il estindispensable de positionner au sein desGTIA, un DL ou une " cellule de mise enœuvre " qui de fait sont aux ordres ducommandant d’unité génie voire directe-ment aux ordres de la cellule G3-2D.

UNE CAPACITÉ D’APPUI GÉNIE

COHÉRENTE DANS LA CONTINUITÉ

MÊME À PETITE ÉCHELLE

Considérant, nous l’avons vu, qu’il nepeut y avoir d’opérations sans un appuigénie, la Force doit bénéficier de cetappui dans tout le spectre de sa mission,soit en action d’ensemble ou en appuidirect des GTIA. Or, les moyens génieétant limités, les GTIA ne peuvent se voirdétacher en permanence des moyens decombat. En revanche, parce que l’emploicentralisé des moyens permet de varian-ter les efforts et de faire face à un besoininopiné, les capacités existantes doiventêtre détachées et mis sous contrôle tac-tique (TACON) du GTIA dès lors que lamission l’exige. Le commandant d’unitéou le chef de section a alors toute lati-tude pour mettre en œuvre ses moyensen fonction des effets souhaités par lecommandant du GTIA. Cette articulationdes moyens génie peut aller jusqu’à dis-socier le groupe de combat en équipespour des actions spécifiques comme lesfouilles par exemple ou le combat enzone urbaine. On mesure ici toute l’im-portance de la formation de métier et del’entraînement interarmes pour lesjeunes cadres et caporaux, qui sur le ter-rain peuvent être investis de missionsdélicates dans une relative autonomie.On mesure aussi tout l’intérêt pour legénie de disposer d’un système de com-munication performant.

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Schéma organisation du commandement génie dans le cas d’un DETGEN

Schéma organisation du commandement génie dans le cas d’une UE GEN

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Cette cohérence de l’appui génie s’ex-prime également à travers le renforce-ment de la capacité " organisation duterrain-travaux " et " aide au déploie-ment " des compagnies d’appui desRGBIA, et le maintien de capacités certeséchantillonnaires mais indispensables àl’appui d’une Force d’intervention, etdont le génie lui-même ne doit pasremettre en cause la nécessité. Ce sontla section équipement montagne du 2eREG et les sections spécialisées équipe-ment plage et équipement piste du 6eRG et du 17e RGP. Ces capacités doiventnon seulement être pérennisées maiselles doivent surtout l’être en simplequalification, peut-être au détrimentd’autres capacités plus facilementexploitables en double qualificationcomme le franchissement. En effet, encas de besoin opérationnel plus impor-tant, elles pourraient dériver au sein dechaque corps des sous-ensembles spé-cialisés qui seraient alors employés enaction d’ensemble.

Enfin, la capacité d’appui génie doitsuivre l’évolution de la mission ou del’état de la Force (volume, (re) déploie-ment) et non pas être en décalage com-plet avec l’action envisagée. Cette évolu-tion ne peut être strictement homothé-tique et indexée sur le volume global dela Force. À cet égard, il faut logiquementconsentir un volume significatif demoyens lors de l’entrée sur le théâtre etlors du retrait de la force, en tolérant unefois la phase d’installation terminée unvolume minimum strictement néces-saire mais cohérent pour l’appui desgroupements tactiques.

CONCLUSION

Considérant la gestion de crise dans uncadre national ou en coalition, les condi-tions d’engagement d’une force opéra-tionnelle resteront toujours dépen-dantes de la part que la France souhaiteprendre dans la résolution de la crise, etsoumises aux contraintes budgétaires

qui fixeront in fine le format de la Force.Toutefois, cette réalité ne doit pasestomper la nécessité de disposer dès ledébut de crise, des capacités en effets eten volume suffisantes pour marquer sonascendant sur l’adversaire et préserversa liberté d’action.

Dans ce cadre, seule une véritable

manœuvre intégrée du génie permet derépondre aux exigences opérationnellesqui vont toujours croissantes avec desmoyens toujours comptés. Il faut pourcela, être présent au moment où tout sedécide, voire en amont ; mettre en placeun système de commandement génieunique, adapté et représentatif duniveau d’emploi considéré ; et surtoutmaintenir les capacités génie dans unspectre large en recherchant l’aptitude àagir sur tous les terrains (y compris lazone urbaine), la robustesse des équipe-ments et la suffisance technologique.

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En 2001, l’état-major de l’armée de terrerédigeait et validait un nouveau conceptde contre-mobilité1. L’élaboration de cedocument tenait compte des deux évolu-tions majeures suivantes :

• d’une part, la mise en œuvre desmoyens relevant du domaine clas-sique de la « contre-mobilité », c’est-à-dire la constitution d’obstacles,devient de plus en plus contraintepar la nature des engagements danslesquels il s’agit plus de maîtriser laviolence que de vaincre un ennemi.Cependant, il est clair que, sur lelong terme, ce domaine reste perti-nent et justifie la poursuite des tra-vaux engagés, qui doivent cepen-dant tenir compte des contraintesjuridiques et d'opinions publiques,

• d’autre part, la technique offre deplus en plus de possibilités poursatisfaire de multiples besoins opé-rationnels, dont ceux de contre-mobilité, ce qui élargit singulière-ment le spectre de mise en œuvredes activités correspondantes et destechniques auxquelles elle peut faireappel, permettant ainsi de satisfaireles nouveaux besoins générés parles évolutions des engagements.

Le nouveau concept de contre-mobilitése fonde, d'une part sur l'optimisationdes capacités existantes par la gradua-

tion des effets2 et d’autre part sur ledéveloppement de deux aptitudes, laréversibilité et la réactivité. Il sous-tendle projet de système de contre-mobilité

réactif (SYCOMORE) qui permettra, avecun nombre réduit d'opérateurs, de sur-veiller, contrôler, interdire des itinérairesd'accès et des compartiments de terrain,en particulier en zone urbaine, face à desvéhicules ou à du personnel débarqué. Ils'intégrera dans l'architecture généraledu système de contrôle de zone futur. Lepremier maillon de cette chaîne devaitêtre constitué par le système HPD F4.

Or, d’arbitrages budgétaires en indéci-sions structurelles, il devient de moinsen moins probable de pouvoir lancer etmener à terme un programme d’arme-ment concernant des mines et leur sys-tème de pose. Volens nolens, l’armée deterre risque à moyen terme de perdre sacapacité de contre-mobilité.

Cependant, aujourd’hui, les évolutionsen matière de technologie permettentd’envisager des développements capaci-taires à court et moyen terme, en parti-culier dans le domaine de la contre-mobilité, tout en s’affranchissant del’emploi des mines antichars et des destructions irréversibles des infrastruc-tures. En effet, si les armes à létalitéréduite ont trouvé une application régle-mentaire, à défaut d’être consensuelle,dans les armées, leur application dans ledomaine de la contre-mobilité n’est tou-jours pas envisagée, or, elles offrent despotentialités importantes qui devraientattirer l’attention des sapeurs dans lecadre du combat futur des forces terrestres.

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LES ARMES À LÉTALITÉ RÉDUITEAPPLIQUÉES À LA CONTRE-MOBILITÉ

Non-lethal, hardware dedicated weapon systems seem to be well adapted tools for

peace keeping operations, and they could constitute a main axis of development.

They provide new and non-conventional capabilities to armed forces, especially in

counter-mobility actions.

Nevertheless, the efficiency and even the concept of these weapons are subject to

debates. There remain a lot of controversies, and regarding to legal, political, military

and moral aspects, this is a very sensible domain.

Therefore, a conceptual and standardizing work is necessary before any further deve-

lopment.

Colonel

Denis

PARMENTIER

Admis en 1980 à l’école spécialemilitaire de Saint-Cyr, le colonelParmentier choisit l’arme du génieet effectue son stage d’applicationà l’ESAG (1982-1983).

Sa carrière d’officier se partageentre des affectations en régimentou en administration centrale.

Il a notamment servi au 11e RG etau 6e RG comme CDS et CDU. Il aété chef du BOI du 34e RG.

Promu colonel en 2001, i l a commandé, de 2002 à 2004, le13e régiment du génie à EPERNAYpuis au VALDAHON. Pendantcette période, il a pris le comman-dement du BATFRA 6 auKOSOVO.

Il a également servi au bureau deconception des systèmes deforces de l’EMAT, une premièrefois de 1998 à 2002 en tant quechargé de la fonction « Agencementde l’espace terrestre », puis de2004 à 2005 en tant qu’adjoint etofficier en charge de la cohérenceopérationnelle du système deforces « Maîtrise du milieu aéro-terrestre ».

Ingénieur de l’école nationale desponts et chaussées, il a suivi la108e promotion du cours supé-rieur d'état-major et la 3e promo-tion du CID.

Depuis l’été 2005, il occupe lesfonctions de chef du BureauAPPUIS au sein de la Direction duPersonnel Militaire de l’armée deTerre.

1) Concept de contre-mobilité XXI n° 46/DEF/EMAT/BCSF/AET du 02/02/20012) La capacité de graduer les effets permet d'accroître les possibilités d'emploi d'un système de

combat et, en conséquence, la liberté d'action du commandant de la force.

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DE QUOI S’AGIT-IL ?

RECHERCHE D’UNE DÉFINITION

La notion de létalité ou de mort ren-voyant à l’homme, il s’agit tout d’abordinterrogé sur la définition d’armes à léta-lité réduite. Le Chef d’État-Major desArmées a diffusé, en date du 27 janvier2005, un premier concept d’emploiapplicable par l’ensemble de nos forcesarmées. Ce document donne la défini-tion suivante :

Les armes à létalité réduite sont deséquipements spécifiquement conçuset mis au point pour mettre hors decombat ou repousser les personnes, etqui, dans les conditions normales pré-vues pour leur emploi, présentent unefaible probabilité de provoquer uneissue fatale, des blessures graves oudes lésions permanentes.

Ce document précise que les matérielsqui permettraient de limiter les dom-mages sur l’environnement et tous lesmoyens qui visent à mettre hors d’étatles matériels sont à exclure de cettecatégorie, sauf lorsqu’ils sont employésdans le but de réduire par effets indirectsles dommages aux personnes.

Cette définition est assez proche de celleadoptée par l’OTAN, à ceci près que cettedernière utilise l’expression « non létales »,au lieu de « létalité réduite », tout en recon-naissant les risques de létalité et qu’elleadmet explicitement que ces armes puis-sent avoir une finalité anti-matériels « Lesarmes non létales (ANL) sont des armesspécifiquement conçues et mises au pointpour mettre hors de combat ou repousserle personnel, avec une faible probabilitéd’issue fatale ou de lésion permanente oumettre hors d’état le matériel, avec unminimum de dommages non intentionnelsou d’incidences sur l’environnement ».

Nos forces étant le plus souvent appe-lées à intervenir en milieu urbain, face àdes éléments hostiles pouvant disposerd’équipements diversifiés et innovants,il paraît justifié d’envisager de les doterd’armements capables de neutraliser oude détruire certains moyens adversestout en limitant à la fois les perteshumaines, en particulier dans la popula-tion, et les dégradations des infrastruc-tures dont la disponibilité est indispen-sable au retour à la paix. On observed’ailleurs que, confronté en Irak à la mul-tiplication des attaques suicides

conduites à bord de véhicules chargésd’explosifs et aux risques de méprise, lePentagone vient de retenir commebesoin prioritaire la capacité d’arrêter unvéhicule sans mettre en cause la vie duconducteur et des tiers.

Les expressions « Armes à EffetsContrôlés » ou « Armes à Effets Colla-téraux Réduits » sont parfois utiliséespour définir ce type d’équipements ;elles trouvent un écho favorable auprèsdes États-majors. Je me tiendrai cepen-dant à l’expression « Armes à LétalitéRéduite visant le Matériel » que, dansl’intention d’alléger la lecture de cetarticle, je désignerai sous le sigle ALRM.

Il s’agit bien de moyens qui, par la spéci-ficité de leur conception, ne sont prévusque pour réduire ou neutraliser les capa-cités des équipements et des matérielsde l’adversaire, ainsi que la disponibilitédes infrastructures en s’efforçant delimiter les dommages indésirables,en particulier envers les personnes.L’emploi de ces armements ne peutexclure totalement le risque de létalité,notamment du fait d’un enchaînementimprévisible de réactions ou d’une utili-sation non conforme. Il convient d’ad-mettre également à ce stade de laréflexion que certaines des technologiesqui seraient développées à cette fin puis-sent trouver, avec des caractéristiquesou des réglages différents, des applica-tions létales et capables de détruire leurscibles. En tout état de cause, il s’agit biend’armes dont l’emploi ne peut être envi-sagé que dans le cadre plus général del’usage de la force.

PÉRIMÈTRE

Le nombre important de systèmesd’armes, de protection ou d’informationqui, en apparence, satisfont à la défini-tion retenue nécessite d’en préciser lepérimètre.

Dans la typologie des ALRM, ne peuventêtre retenues comme telles que cellesqui, en dehors de leurs effets indirectssur l’homme, agissent sur les capacitésphysiques des matériels et des infra-structures. En conséquence, les moyensde guerre électronique et en particulierles moyens d’agression (intrusion,brouil lage…) ne peuvent pas êtrenormalement considérés comme desALRM. Les effets recherchés par ce typede moyens n’ont en effet rien à voir avecla notion de non-létalité, malgré l’ab-

sence de dommages occasionnés auxéquipements visés. On admettra cepen-dant quelques exceptions dictées par lebon sens. Par exemple, l’emploi d’unprojecteur de micro-ondes destiné àneutraliser le dispositif électronique demise à feu d’un individu soupçonné depouvoir commettre une attaque suicide.Les ALRM n’incluent pas non plus lesopérations psychologiques, ni cellesliées à l’information qui revêtent uneconnotation immatérielle et agissentdans un champ particulier.

En revanche, certains moyens NBC peu-vent entrer dans cette catégorisationdans les limites autorisées par les lois ettraités en vigueur : en effet, certainesALRM relèvent de processus chimiques,les polymères par exemple, d’autres deprocessus biologiques.

POURQUOI DES ALRM ?

UN ENVIRONNEMENT STRATÉGIQUE

MOUVANT

Le nouvel environnement géostraté-gique conduit à repenser l’usage de laforce. Il ne s’agit plus de démoraliser unennemi bien identifié et de le battre parla destruction de ses forces armées etde son potentiel économique. En effet,sans pouvoir être exclu, l’engagementde nos forces armées dans un conflitmajeur est communément considérécomme peu probable pour les vingt àtrente prochaines années. En revanche,la gestion de crises de diverses naturesconstituera très vraisemblablement l’es-sentiel de notre activité opérationnellesur cette période.

Dans la plupart des cas, l’engagementde nos forces a pour objet la séparationde groupes hostiles ou l’impositiond’une volonté politique, en cherchant àlimiter l’emploi de la force au plus basniveau compatible avec le succès de lamission et en évitant, autant que faire sepeut, d’endommager gravement lesinfrastructures dont le bon fonctionne-ment est indispensable au retour à lapaix. Le développement de l’urbanisa-tion, avec une fréquente imbrication,délibérée ou non, des installations mili-taires et civiles, conduit également àimaginer de nouveaux modes d’action.

La logique de choix des options mili-taires en soutien des actions politiquesde résolution des crises et des conflits

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doit désormais prendre en compte lesdonnées suivantes :

• L’emploi aussi maîtrisé, gradué etmesuré que possible de la force afinde limiter les pertes humaines chezles différents acteurs du conflit ou dela crise. En effet, assez souvent, l’ad-versaire ne sera plus une nationmais une partie de la classe diri-geante, un groupe actif, des partiesantagonistes de la population…

• La présence des populations : sur toutthéâtre d’opérations, nos forces ont à faire face à la présence de non-combattants (populations civiles,ONG), ce qui interdit l’acceptation depertes collatérales. Simultanément,tout ou partie des populations tend às’ériger en acteur des crises et desconflits et n’hésite plus à rechercherl’affrontement avec nos forces, ou àprovoquer des bavures. La notion deligne de front tend alors à disparaître.

• La nécessité de la reconstruction :l’effet final recherché des engage-ments vise généralement à faire plierla volonté adverse, tout en se gardantla possibilité de rétablir au plus viteles conditions permettant la restaura-tion d’une vie économique, sociale etadministrative normale. Les atteintesaux infrastructures devront donc êtreaussi limitées que possible.

• Le facteur temps : les méthodesmodernes de conduite des opéra-tions militaires en ont considérable-ment accéléré le tempo. La phase destabilisation et celle de reconstruc-tion interviennent donc très viteaprès les combats ; elles sont mêmesouvent imbriquées. La rapidité deremise en route des installationsdevient alors un facteur déterminantpour gagner la confiance des popula-tions, lorsqu’il en est encore temps.

Les caractéristiques des armes doiventrépondre à ces nouvelles exigences. Ladiversité des menaces implique parailleurs une grande variété de moyensde riposte. Dans ce contexte, l’emploid’armes classiques, létales et explo-sives, comme les mines ou les chargesformées, peut dans certains cas se révé-ler inadapté et disproportionné auregard des missions à accomplir. C’estpourquoi des Armes à Létalité Réduitevisant le Matériel (ALRM) leur serontalors préférées.

ÉVALUATION DU BESOIN OPÉRA-

TIONNEL

Ces armes doivent permettre de neutra-liser des matériels ou des infrastructurespendant une période limitée, ou éven-tuellement de les détruire, tout en ayantégalement des effets réduits, et si pos-sible réversibles, sur les personnescomme sur l’environnement des ciblesvisées. Cette réflexion s’inscrit dans unevision de conduite d’opérations visant àobtenir des effets politico-militaires défi-nis, théorisée par le concept d’ " opéra-tions basées sur les effets " (EBO).

Selon la situation opérationnelle rencon-trée, le choix entre la neutralisation ou ladestruction d’une cible pourra répondreà l’un ou plusieurs des critères suivants :

• besoin de donner un avertissement,

• besoin d’immobiliser des mobilesterrestres ou maritimes,

• auto-protection de nos forces,

• volonté de préserver des infrastruc-tures en vue de la sortie de crise,

• risques d’effets collatéraux inaccep-tables,

• niveau de protection de la cible,

• cible contenant des produits dangereux.

Les cibles doivent pouvoir être choisiesen fonction de l'effet politico-militairerecherché, ce qui justifie un premierbesoin de diversification des effets desarmes. Les impératifs tant logistiquesqu’opérationnels amènent ensuite natu-rellement à favoriser une aussi grandepolyvalence que possible de ces armes.

Par ailleurs, l’environnement politique,médiatique, et juridique de ces actionsrend de plus en plus nécessaire la maî-

trise de l’ensemble des effets des armes.En effet, la capacité de réponse à la gra-dation des formes d’engagement, de lacrise au conflit, nécessite l’obtentiond’effets contrôlés (désorganiser, neutra-liser, détruire). Enfin, la décision d'em-ploi d'un moyen d’action ne repose plusuniquement sur l'efficacité des effetsdirects obtenus sur la cible, mais égale-ment sur la maîtrise des effets indirectsou « collatéraux » au sens large (effetsnon planifiés et non intentionnels, maisaussi effets environnementaux), aux-quels les opinions publiques, acteursimportants de la gestion de crise, sontparticulièrement sensibles.

EMPLOI DES ALRM

Les leçons apprises des crises et desopérations récentes, leur nature, leurenvironnement médiatique, l’évolutionde la sensibilité des opinions publiquesoccidentales montrent l’intérêt de doterles forces d’armes non létales, notam-ment dans le cadre du contrôle urbain.Toujours plus engagées dans la durée etau contact de la réalité complexe desmilieux humain et physique, particuliè-rement dans des conflits asymétriques,s’engageant parfois au sein d’alliancesinternationales, les armées doivent pou-voir répondre à tout type de situationrelevant du concept de juste suffisance.Dépassant le seul contrôle des foules,les ALRM ouvrent des horizons nou-veaux dans la résolution des engage-ments futurs, notamment lorsqu’ils don-nent lieu à des actions relevant essen-tiellement de la maîtrise de la violence.

Ainsi, dans le cadre d’opérations commela Côte d’Ivoire ou la Bosnie, quels quesoient le type d’opération et le modeopératoire retenu initialement, la forcepeut être confrontée à une foule, par

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définition versatile. Après avoir imposéun cessez-le-feu et afin d’éviter lesaffrontements interethniques, il s’agit decontrôler ou sécuriser une zone (effet surle terrain), de s’interposer entre deuxfactions ethniques (effet sur la popula-tion, les milices) tout en assurant sapropre sécurité et sauvegarde (effet surles amis).

Dans le cadre d’une opération de guerre3,comme le conflit irakien, il s’agit demener des actions de combat intensivesparfois en zone urbanisée tout en limitantles dommages collatéraux. Enfin, lors desopérations aériennes au Kosovo, il s’agis-sait, avant de lancer une opération ter-restre, d’entamer la force morale de l’ad-versaire, et plus particulièrement de sesdirigeants, par la destruction ou la neu-tralisation d’objectifs politiques (bâti-ments administratifs), économiques (pro-duction d’énergie, ponts) et militaires(réseaux de télécommunications).

L’emploi des ALRM paraît pouvoir êtreenvisagé :

• Dans tous les types d’engagement :en coercition, pour neutraliser tem-porairement, ou si nécessaire plusdurablement, des infrastructures,barrer des axes ou des points de pas-sage. Dans le cadre de la maîtrise dela violence, et des actions de basseintensité, pour contrer la mobilitédes foules. Dans le cadre d’opéra-tions de contrôle d’embargo pourlutter contre les trafics et l’immigra-tion illicites.

• Sur l’ensemble de la zone d’opéra-

tion, aussi bien sur des objectifs

stratégiques par la neutralisationd’une infrastructure ou d’un centre

de décision, que sur des objectifs

tactiques comme, par exemple, desaxes de pénétration ou des colonnesde véhicules.

- Pour l’auto-protection de nos forces,comme la protection de nos installa-tions et infrastructures en opérationsextérieures.

L’emploi des ALRM peut concerner troisgrandes catégories d’objectifs : desinfrastructures (usines électriques,centres d’émission radioélectrique…),des matériels militaires et particulière-ment les véhicules de combat (blindés,aéronefs au sol, systèmes d’armes), etenfin des véhicules de gamme commer-ciale (bus, voitures).

Grâce à la réversibilité de leurs effets ouà la limitation de leur pouvoir destructif,les ALRM peuvent grandement contri-buer au succès tactique en maintenantou ramenant la violence au plus basniveau possible. En limitant l’effet per-manent des destructions endurées parl’adversaire, ou l’ami sur le territoireduquel on intervient, elles concourent àune sortie de crise plus rapide

COMMENT UTILISER LES ALRM ?

PRINCIPES D’EMPLOI OPÉRATIONNEL

DES ALR ET ALRM

Il n’existe pas d’opérations non létales.L’emploi de la force armée a pour objetd’exercer un effet décisif sur l’adversairepour détruire, réduire ou neutraliser sescapacités de manœuvre. Dans ce cadre,l’utilisation des seules ALR ne peut doncpas correspondre à un principe d’emploi.

Elles constituent une capacité, parfoisindispensable, qui contribue à diversifierla gamme des moyens mis en œuvre parles forces, et à compléter le vide existantentre le « tout ou rien » d’une action quipourrait paraître dans certaines opéra-tions disproportionnée ou inadaptée. Laconception, comme l’utilisation de cesarmes, s’inscrivent pleinement dans lecadre d’une opération basée sur les effetset ne doivent être pensées qu’en complé-mentarité des moyens classiques quigarantissent la supériorité opération-nelle. Cependant, il est à noter que l’effetmaximum des ALR et ALRM est obtenulorsque celles-ci sont employées de façon« coordonnée » avec des armes classiques.

Cependant, même si l’utilisation desALR-ALRM ne peut exclure des perteshumaines, leur emploi reste moins létalque les armes « classiques » employéesdans les mêmes conditions et sur lemême type d’objectifs. Il s’agit doncd’accepter le risque avec un niveau delétalité contrôlé par rapport aux armesexistantes.

LES ASPECTS JURIDIQUES DU

DÉVELOPPEMENT DES ALR-ALRM4

Les armes non létales constituent dansles faits une nouvelle génération d’arme-ments que ne régit spécifiquementaucun texte de droit ; il n’existe aucunedéfinition commune internationale desALR, lesquelles ne constituent pas, auregard du droit international, une caté-gorie d’armements distincte. Les États etdifférentes organisations internationalesont ainsi développé leur propre politiquevis-à-vis de ces armes et en donnent leurpropre définition. L’OTAN par exemple

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3) Au sens de l’IM 10004) Cette analyse vaut pour les ALR comme pour les ALRM.

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déclare que « la recherche et le dévelop-pement, l’acquisition et l’emploi d’armesnon létales sont à tout momentconformes aux traités, aux conventionset au droit international applicables, enparticulier le droit des conflits armés,ainsi qu’à la législation nationale et auxrègles d’engagement agréées ». En2001, la France a adopté la définitiondonnée par l’OTAN en 1999, en introdui-sant la notion de létalité réduite5.

Cependant, les armes non létales peu-vent être juridiquement rattachées auxtextes nationaux, communautaires etinternationaux réglementant les armesconventionnelles et les armes chimiqueset biologiques. L’usage des armes nonlétales doit en effet se conformer auxdispositions du droit internationalhumanitaire et du droit des conflitsarmés, et il est possible d’étendre auxALR les conventions sur les armes tradi-tionnelles, chimiques et biologiques.

Cependant, le problème commun de cestextes réside dans leur imprécision : ilsportent tous interdiction totale de déve-loppement et d’emploi d’agents biolo-giques et chimiques qui ne sont pas des-tinés à une utilisation pacifique, et cesans exception. Mais dans aucun de cestextes n’est établie la distinction entre lecaractère létal et le caractère non létaldes armes concernées. Les intentionsfinales des ALR et des armes chimiqueset biologiques classiques sont très diffi-ciles à différencier tant les produits utili-sés et les processus mis en œuvre sontsimilaires. Ainsi, selon l’interprétationfaite de ces textes, le développement etl’emploi d’ALR est légal ou non, puisqu’iln’est pas explicitement interdit d’utiliserdes moyens chimiques ou biologiques siles fins sont pacifiques.

Le développement des armes nonlétales devrait conduire à court terme àun réajustement de la législation inter-nationale. En tout état de cause, l’EMAprécise dans sa « Doctrine d’emploi desarmes à létalité réduite », du 21 janvier2005 : « L’encadrement juridique del’usage des ALR en opérations est assuréau moyen des ROE (règles opération-nelles d’engagement), élaborées aucours de la planification ».

MEDIA ET ARMES A LÉTALITÉ

RÉDUITE

L’engagement des forces armées occi-dentales se déroule désormais en tempsréel sous le regard de l’opinion publiqueinternationale. Les scènes les plus vio-lentes et les plus sensibles peuvent êtreprojetées à de nombreuses reprises afinque nul ne l’ignore.

Qu’elle soit relayée ou façonnée par lesmédias, l’opinion publique pèse sur ledéroulement des conflits au point deprésenter un pouvoir de dénonciationd’actes jugés immoraux mais aussi de(dé-) légitimation de décisions gouver-nementales sans que le dossier à chargesoit toujours convenablement instruit ;l’extrême judiciarisation dont font l’objetles conflits armés et les interventionsmilitaires ajoutent d’ailleurs à la diffi-culté de l’exercice. La couverture média-tique des opérations militaires condi-tionne donc en partie leur déroulement,elle est de nature à compromettre lamarge de manœuvre des décideurs poli-tiques et à introduire des changementsdans les modes d’action des forces etleurs armements. Les exemples sontnombreux. Sur le plan militaire, oncitera l’interdiction des mines anti-per-sonnel, celle des obus à uranium appau-vri ou encore celle des lasers d’aveugle-ment. Face à des images de violence, lesréactions des opinions publiques sontd’autant plus vives qu’il s’agit d’opéra-tions destinées à ramener la paix ou àprotéger les populations. Ainsi, récem-ment, lors des opérations de Côted’Ivoire, la presse française s’étonna del’usage d’armes à feu par nos forces,tandis que ceux qui s’employaient àgêner leur mission prenaient à témoinl’opinion internationale.

L’apparition d’armes à létalité réduiteparaît donc de nature à répondre à l’at-tente de l’opinion, mais il faut se garderde laisser penser qu’il est toujours pos-sible d’employer les forces armées sansfaire de victimes. L’emploi d’ALR, y com-pris celles visant les matériels, risqued’être perçu par des observateurs ou lesparties en présence comme l’engage-ment moral de ne pas faire courir derisques létaux à l’adversaire du moment.Or, outre le fait qu’un accident est tou-

jours possible, il peut être nécessaired’utiliser des armes de guerre pour assu-rer la sécurité de nos forces, sans oublierle risque de provocation ; face à des bles-sures graves ou des pertes mortelles,l’adversaire pourrait considérer qu’il y arupture des règles du jeu, tandis que lesmédias internationaux estimeraientdevoir dénoncer ce qu’ils jugeraientcomme une faute grave de notre part.

Il y a donc lieu de bannir l’expression« armes non létales » et de faire perce-voir les armes à létalité réduite commeun des moyens, à côté des armes de pré-cision en particulier, de réduire lespertes humaines et de minimiser leseffets collatéraux indésirables, sans quecela puisse faire douter de notre déter-mination.

POUR CONCLURE

En dépit de la rapidité et de la nature deschangements qui affectent tous les typesd'engagement dans les domaines géo-politique, éthique, juridique, opération-nel et technique, la contre-mobilité resteun besoin opérationnel permanent desforces.

Il ne serait pas raisonnable de continuerà penser et donc à baser notre doctrinesur d’improbables financements d’équi-pements dont ni les décideurs politiquesni une partie des chefs militaires n’envi-sagent plus l’emploi face aux contraintesdiverses et variées.

En revanche, il nous appartient d’arrêterune stratégie générique qui soit claire-ment orientée vers les moyens d’inter-vention au détriment de certains vec-teurs conventionnels. Elle permettrait demettre à la disposition de la force deséquipements contribuant à sa spécifi-cité, à savoir la capacité à adapter sonaction aux circonstances, sans réduire leconflit à une relation manichéenne ami-ennemi. Le Génie se doit d’être présentdans ce domaine exigeant en matièred’innovation.

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5) OTAN, « Politique de l’OTAN sur les armes non létales », Déclaration de presse, 13 octobre 1999.

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Le 8 octobre 2005, un séisme d’unemagnitude de 7,6 sur l’échelle de Richterfrappe le nord du Pakistan. Le 9 octobre,la Commission européenne décide dedéclencher le Mécanisme Communautaire

de Protection civile. Étant à Islamabaddans le cadre de l’aide bilatérale fran-çaise, je suis désigné coordonnateureuropéen adjoint de l’ensemble descontributions fournies par les 25 Étatsmembres sur le théâtre.

L’équipe de coordination, désignée parle Centre de suivi et d’information de laCommission européenne (MIC1), est ini-tialement composée d’un anglais (chefde la coordination) et d’un français (moi-même). Elle sera renforcée ultérieure-

ment par un officier français du COM-FORMISC (capitaine Bourgoin) et par unfonctionnaire du MIC.

Pendant 11 jours, du 9 au 20 octobreinclus, les missions dévolues à cette cellule de coordination déployée sur leterrain se résument aux points suivants :

• évaluer les besoins d’assistance complémentaire,

• informer quotidiennement les Étatsmembres, via le MIC, de la situationsur le terrain, des besoins supplé-mentaires ou ultérieurs et de l’em-ploi des contributions des Étatsmembres,

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Colonel

Gaëtan

PONCELIN

de RAUCOURT

Le colonel Gaëtan PONCELIN de RAUCOURTest le chef de corps du 3 e Groupementd’incendie depuis l’été 2004.

Saint-cyrien de la promotion GrandeArmée (1981-83), il sert successivementaux 2 e et au 3 e Groupements d’incendie,ainsi qu’au Bureau Opérations de laBSPP.

Admis à l’EMSST en 1994, il est diplôméde l’IEP de Paris.

Breveté de l’Enseignement militairesupérieur (110 e promotion du CSEM et5 e promotion du CID), il sert successive-ment au Centre de relations humainesde l’armée de terre (CRH), au Bureauétudes générales de la BSPP.

En 2003, il rejoint le 3 e Groupement d’in-cendie en tant que commandant ensecond.

LA MONTÉE EN PUISSANCE DU MÉCANISMECOMMUNAUTAIRE DE PROTECTION CIVILE

ET SES ENJEUX POUR LES ARMÉES

On October 2005, the North of Pakistan was hit by a strong earthquake. The

Monitoring and Information Centre (MIC) at the European Commission sent a French

Army officer on scene as deputy head of a coordination team to monitor the EU emer-

gency relief from Islamabad.

On January 2006, an other French Army officer followed an EU training program in

order to take part in civil protection assistance interventions through the Community

Mechanism.

Issued in 2001 by the 2001/792/CE statement, this Mechanism is triggered on request

in case of a disaster inside or outside the EU. Its main purpose is to send a rapid reac-

tion force composed of civilian and military experts, ready to commit on short notice

and to coordinate the different contributions.

In this context, the Army officers from the civil affairs component have an important

role to play. Thanks to their operational background and their culture in military and

civil protection, these officers may claim to be relevant counterparts for building up

the European civil defence and asserting the French leading role in the EU.

1) MIC : Monitoring and Information Center (situé à Bruxelles)

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• fournir une assistance technique etscientifique aux autorités pakista-naises compétentes et aux servicesde la Commission,

• coordonner l’assistance fournie parles États membres participant aumécanisme communautaire,

• coordonner cette assistance aveccelle délivrée via l’ONU,

• assurer la liaison entre les autoritéslocales requérantes et les équipesd’assistance provenant des Étatsparticipant au mécanisme,

• maintenir des relations étroites avecla nation hôte, les autres organisationsinternationales sur place et le chef de la Délégation de l’UE au Pakistan.

Le 23 janvier, je suis convié à Bruxellespour participer au RETEX sur cettemission, en présence des représentantsdes différents États membres. Il en ressort très nettement que l’équipe decoordination sur le terrain doit êtresignificativement renforcée, en termesd’effectifs et de soutien logistique, pourlui permettre d’assumer efficacementl’ensemble des missions qui lui sontdévolues.

* **

Du 20 au 27 janvier 2006, le colonelMONARD, commandant le 1er Groupe-ment d’incendie, participe à un stageintitulé « European Union CommunityMechanism Induction » à la TeknischesHilfwerk (THW) Schule.

Ce stage, financé par l'Union Européenne,constitue le premier volet d’un cycle deformation (« évaluation », « managementopérationnel », « coordination »), destiné àformer un réservoir d'experts en sécuritécivile pour l'Union Européenne. Il dure sixjours pleins et est dispensé en langueanglaise par des spécialistes de l'actionhumanitaire de la THW, des consultantsinternationaux en sécurité civile desNations Unies ou de l’OTAN.

L'objet de cette formation est de donnerles bases réglementaires et institution-nelles d'une mission d'évaluation man-datée par le MIC, en coopération avecl'UN Office for Cooperation in Humani-tarian Affairs (UNOCHA). Elle est fonciè-rement orientée vers l'étude pratique decas et procède du travail de groupe.

Les participants à ce stage sont de hautsfonctionnaires civils ou militaires desdirections européennes de sécuritécivile. La représentation des pays del'UE est la suivante : Allemagne, Irlande,Slovénie, Chypre, Grèce, Pays-Bas,

Suède, République tchèque, Belgique,Bulgarie, Hongrie, Pologne, Italie etFrance.

L'élément central du stage est une resti-tution d'une journée sur le terrain, surun thème de sécurité civile : missiond’évaluation dans un pays fictif, sousl’égide UE, ponctuée d’incidents.

* **

Ces deux missions réalisées par deux

officiers de la BSPP soulèvent une

question de fond : qu’est-ce que le

Mécanisme communautaire de protec-

tion civile et en quoi est-il susceptible de

concerner les armées ?

* **

Le mécanisme communautaire de protection civile ne cesse de monter enpuissance et les forces armées y serontde plus en plus étroitement associées.

Le mécanisme communautaire de protection civile a été établi en 2001 par ladécision 2001/792/CE du Conseil2 afin defaciliter la mobilisation des secours pro-venant des États membres en cas d’ur-gence majeure. Il couvre tous les Étatsmembres, les pays candidats et les paysde l’EEE3. Il prévoit des interventionsaussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur del’Union européenne. Il ne s’agit pas d’uninstrument financier ; le mécanisme estaxé sur la mobilisation des moyens exis-tants (habituellement du matériel derecherche et de sauvetage, des servicesmédicaux, des hébergements tempo-raires, des installations sanitaires, etc.)nécessaires pour sauver des vies et sou-lager les souffrances dans les premiersjours qui suivent une catastrophe.

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2) Décision 2001/792/CE du 23 octobre 20013) EEE : Espace Economique Européen

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À la suite de la tragédie du tsunami qui afrappé l'Asie du Sud en décembre 2004,le Conseil des ministres de l'UE a décidéd'examiner les différents moyens de per-fectionner le mécanisme communautairede protection civile et les possibilités dedoter l'UE d'une force d'intervention

rapide en cas de catastrophe. Le Parlementeuropéen a également appelé de sesvœux la création d'un groupe d'unités

spécialisées dans la protection civile.Le 31 janvier 2005, la présidence luxem-bourgeoise a présenté un plan d'actionportant sur divers aspects des opérationsde secours en cas de catastrophe.

En avril 2005, la Commission a proposéun instrument de préparation et de réac-tion rapide aux urgences majeures quifournit le cadre juridique futur permet-tant de financer les opérations de protec-tion civile. Elle a proposé une augmenta-tion notable du financement, avec desmontants annuels allant de 16 millionsd'euros en 2007 à 30 millions d'euros en 2013. La Commission reconnaît ainsil'importance d'une mobilisation immé-diate des secours en tant que manifesta-tion concrète de la solidarité de l'Europeen cas d'urgence majeure.

Également en avril 2005, la Commissiona adopté une communication intitulée« Renforcer la capacité de réaction del'UE en cas de catastrophes et decrises ». Cette communication présentela réponse globale de la Commission auplan d'action communautaire et proposeune série de mesures visant à améliorerla capacité générale de réaction de l'UE.

La Commission a aussi adopté une communication spécifique intitulée« Perfectionner le mécanisme commu-nautaire de protection civile », quiexplique en détail les moyens proposéspar la Commission pour renforcer les

secours européens en matière de protec-tion civile et améliorer la capacité del'UE dans ce domaine.

Cette communication proposait diffé-rentes mesures pouvant être immédiate-ment mises en œuvre afin de perfection-ner le mécanisme et d’optimiser seseffets sur le terrain. Il s’agit notamment :

• d'améliorer le niveau de préparationgrâce à de nouvelles actions de for-mation et de nouvelles analyses ;

• d'établir des scénarios couvrant tousles types de catastrophes afin dedéterminer quelles sont les lacuneset les faiblesses du système européende protection civile, avec l'entièreparticipation des États membres ;

• d'élaborer une approche modulairefondée sur des modules nationauxde protection civile pouvant êtredéployés rapidement. Tous les paysparticipants doivent recenser àl'avance les modules autonomes deprotection civile (épuration de l'eau,opérations de recherche et de sauvetage, télécommunications, etc.)pouvant être déployés rapidement

suite à une demande d'aide envoyéepar le Centre de suivi et d'informa-tion de l'UE (MIC) ;

• de resserrer les liens entre le méca-nisme et les systèmes d'alerterapide, et de renforcer les capacitésd'analyse et de planification du MIC ;

• d'améliorer l'évaluation, sur le terrain,des besoins spécifiques en matièrede protection civile et la capacitéde coordination du déploiement desmoyens communautaires de protectioncivile, en totale coopération avec lesautres parties concernées ;

• d'améliorer l'accès aux ressources

militaires de l'UE en cas d'opérations

de secours ;

• d'octroyer un financement commu-nautaire pour couvrir les coûts detransport.

Le 26 janvier 2006, la Commission aadopté un nouvel ensemble de proposi-tions visant à renforcer le mécanisme età élargir le champ de l’action commu-nautaire.

Elles reposent sur les idées exposéesdans sa communication d'avril 2005citée ci-dessus. Parmi les propositionsles plus récentes figure l'adoption d'unenouvelle approche de la question destransports. Bien que la responsabilitédes transports relève toujours des Étatsmembres, la proposition permettrait à laCommission de mobiliser et de financerdes moyens de transport si cela s’avèrenécessaire.

Les nouvelles propositions permet-traient aussi à la Commission de mobili-ser des secours et des équipements sup-plémentaires indispensables pour unesituation d’urgence donnée et que les

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États membres ne peuvent pas fournir. Ilest apparu, lors d’urgences passées,qu’en cas de catastrophes simultanées,certains types d’équipements risquentd’être difficilement mobilisables via lemécanisme, comme le matériel de

décontamination de masse en cas d’at-

taques terroristes simultanées, ou lespompes à grande capacité en cas d'inon-dations. Les nouvelles propositionsvisent à faire en sorte que l’Union dansson ensemble puisse réagir à tout typed’urgence majeure.

Par ailleurs, la Commission sera aussimieux à même de contribuer à l’élabora-tion de systèmes d’alerte précoce per-mettant au MIC et aux États participantsd’agir dans les meilleurs délais. La coor-dination des interventions dans les paystiers serait renforcée, qu’il s’agissed’opérations menées en autonomie oude contributions à des opérations diri-gées par une organisation internatio-nale. Les propositions chargent aussi laCommission de fournir un appui logis-tique de base aux experts et aux équipesenvoyés sur les lieux d’une catastrophe,notamment sous la forme d’équipe-ments de communication.

* **

Cette montée en puissance incontes-table du mécanisme communautaires’inscrit dans un contexte plus large decoopération internationale destinée àrépondre, à un niveau politico-militaire,aux catastrophes majeures, qu’ellessoient naturelles ou non.

Ainsi, lors de son dernier stage de for-mation, le colonel MONARD a pu noterla présence de deux officiers supérieursde la division LOG des forces arméesirlandaises et d’un hongrois inséré àl’OTAN.

Cette participation montre la volonté decréer dans ces pays un pool d'excellenceet d'expertise militaire en sécurité civile.En effet, l'OTAN a créé en 1998 l'Euro-Atlantic Disaster Response CoordinationCenter (EADRCC), organe de centralisationde l'Euro-Atlantic Partnership Council(46 pays). Comme le MIC, ce centre estsitué à Bruxelles, à l'état-major del'OTAN. Il travaille en liaison avecl'UNOCHA.

L'intérêt marqué de l'OTAN pour la mon-tée en puissance d'une Joint Task Forcede sécurité civile se développant encoopération avec l'UE et les NationsUnies, s’illustre en outre par la présenceà la SHAPE NATO SCHOOL d’une celluleCIMIC4 dirigée par un officier inséré.

La prestation des militaires du stage aété particulièrement remarquée lors destravaux de groupe et des exercices derestitutions par les observateurs de l’UEet prouve toute la pertinence pour lesarmées d'investir ce champ de compé-tences.

Elles disposeront en effet d’un vivierd’experts susceptibles de détenir les différents niveaux de qualification requisdans le domaine de la coordinationeuropéenne, afin d'insérer dans ceréseau des officiers capables d'activerdes passerelles avec l'OTAN, les NationsUnies et les différents États contribu-teurs dans le cadre d’engagement demoyens civilo-militaires au profit depopulations sinistrées.

Dans cette perspective, les officiers dudomaine sécurité présentent l’avantagede bénéficier d’une double culture (mili-taire et sécurité civile). Ils constituentdès lors un atout majeur pour les arméesen matière d’emploi et de coordinationdes forces en cas de catastrophe, natu-relle ou non, en ou hors d’Europe.

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4) CIMIC : Civil-Military Cooperation

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En fixant comme objectif à l’armée de terrede pouvoir disposer d’ici 2009 de deux bri-gades entièrement numérisées avec leurenvironnement (Commandement, Appuiet Soutien) et « immédiatement aptes àl’engagement », le CEMAT oriente l’actionde multiples acteurs vers ce but opération-nel. Fruit d’un travail commencé à la findes années 90, cette numérisation de l’es-pace de bataille (NEB) traduit la volonté dedisposer d’une armée de terre profession-nelle à la pointe des innovations technolo-giques. Actuellement, les 2e BB et 6e BLBterminent leur équipement, 2006 verral’équipement de la 7e BB et 2007 celui de la9e BLBMa. L’environnement opérationnelpermettant un engagement immédiat n’estpas oublié puisque des unités de toutesles fonctions opérationnelles réalisentsimultanément leur montée en puissance(4e RMAT de Nîmes, 511e RT d’Auxonne,1er GLCAT de Brétigny, etc.).

Si le processus de numérisation estconnu, au-delà des erreurs de jeunesse, ils’agit maintenant d’intégrer ses capacitésdans les modes opératoires liés aucontexte nouveau des opérations : actionen zone urbaine, combat lacunaire,« three block war »1. La mise en perspec-tive de tous ces éléments doit servir debase de travail aux réflexions à venir.

C’est pourquoi, au-delà du simple affichage,tous les acteurs doivent être persuadésqu’au regard des sommes déjà investies,ainsi que des travaux réalisés aussi bien

par la STAT que par les premières unitésnumérisées (2e BB et 6e BLB), il ne sauraitêtre question de baisser les bras devantles difficultés rencontrées.

Après un rapide rappel des attendus de laNEB, cet article mettra successivementen perspective les évolutions possiblesdes structures de commandement desunités et leurs conséquences en matièred’organisation et d’instruction.

** *

LES OBJECTIFS DE LA NUMÉRI-

SATION DE L’ESPACE DE BATAILLE

La maîtrise de l’information constitue unfacteur-clé du succès des opérations. Enaidant la prise de décision, par uneconnaissance globale et instantanée de lasituation tactique dans tous les domaines,la numérisation permet de prendre l’as-cendant sur l’adversaire en devançant sonaction. Le partage permanent de cetteinformation à tous les niveaux sera rendupossible, à terme, par la compatibilité destrois principaux systèmes concernés : leSIC.F du niveau LCC jusqu’aux brigades, leSIR pour les régiments et les unités élé-mentaires, enfin le SIT2 pour les sections,groupes et engins spécifiques. Sur cestrois outils se greffent ensuite des sys-tèmes spécifiques à certaines fonctionsopérationnelles (ex : ATLAS pour lesliaisons de l’artillerie ou le support de

Lieutenant-colonel

François

EGLEMME

Avant d’intégrer l’EMIA - promotion« Capitaine Legrand » (1987-1989), leLCL EGLEMME sert comme aspirant puisORSA au 5e Dragons.

À sa sortie de Coëtquidan, il choisitl’arme du génie et sert successivementaux 32 e et 9 e RG avant de commander laCompagnie de Génie Aéromobile du1 er Régiment d’Infanterie.

Après son temps de commandement, il rejoint l’état-major de la 4 e DAM àNancy.

Après sa scolarité EMS 2 (113 e promo-tion du CSEM et 8 e promotion du CID), ilrejoint la brigade du génie à Strasbourgavant d’être, de 2003 à 2005, chef du BOIau 1er RG.

Le LCL EGLEMME a servi au Cambodge(1993 - DAMI déminage), en Bosnie(1996-Cellule Génie de la DMNSE), enAfghanistan (2002 - ACOS J3/J5 du PCISAF) et au Liban (2005 - chef de corpsdu 420 e DIM).

NUMÉRISATION DE L’ESPACE DE BATAILLE

French Army is facing a huge challenge with the Network Centric Warfare (calling

« NEB » in French for battle space digitalisation). The aim is to gain superiority on the

enemy using faster communication data tools and computer systems. Army Chief of

Staff wants to have two Combat brigades plus, CS and CSS units fully operational for

2009. These two brigades have to be deployable on short notice and immediately ope-

rational in a digitalized environment.

But digitalisation offers new opportunity in terms on C2 structures. By sharing infor-

mation, units are more reactive. Concentration of units for a specific task will be pos-

sible by navigation system.

However, « NEB » requests more training and drill for regimental and company HQ

level because of the always more and more complex software systems. But in digitali-

sation matter also sappers are in the vanguard.

1) Concept lié aux retours d’expérience d’engagements récents, mettant en avant la conduite simultanée, surde faibles distances d’actions d’intensité variable (coercition, maîtrise de la violence et aide aux populations).

2) Les SIT (Systèmes d’Informations Terminaux) se déclinent en plusieurs versions selon les fonctionsopérationnelles. Le précurseur est constitué du SIT V1 du char Leclerc. De cette base ont été déclinés dessystèmes spécifiques à chaque fonction opérationnelle (pour le Génie, SITEL pour « SIT Élémentaire ») etcomprenant des applicatifs systèmes génériques et des applicatifs métiers particuliers.

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Page 23: Sapeur no 6

transmission MAESTRO-GRANITE initiale-ment développé pour répondre auxbesoins de la fonction RENS).

La compatibilité totale des échanges serarendue possible au travers d’un ModèlePivot Global Terre (MPGT). Il s’agit à la fois,au travers de niveaux de couplage, demettre en concordance un langage com-mun et des modes d’échanges inter-sys-tèmes compatibles ainsi qu’un niveau desécurité adapté. Cette interopérabilitécomplète est attendue à l’horizon 2010. La fédération de tous les outils informa-tiques divers, réalisés dans des langagesdifférents et par des industriels parfoisen concurrence, rend donc l’Opérationd’Ensemble des Systèmes d’Informationset de Communications de l’Armée deTerre (OE-SIC Terre) lourde et complexe.À titre d’exemple, 180 millions d’eurossont destinés à financer le MPGT et45 autres millions sont destinés à la version 3 du SIC.F.

Après les travaux exploratoires du SIR-GEX, le génie n’est pas dépourvu dans laNEB. Toutefois, confronté à la position en« double étage » de la fonction AGESTER(cellule G3/2D de niveaux 2 et 3 équipée enSIC.F et PC régimentaire doté de SIR), lamise en place de la totalité de la message-rie papier dans les SIC représente un coûtfinancier important. C’est pourquoi, paral-lèlement aux travaux réalisés au sein duLand Engineer Working Group de l’OTAN,dans un souci permanent d’interopérabi-lité, la France cherche à réduire le nombrede messages génie en rationalisant leurformatage. Toutefois, jusqu’à l’aboutisse-ment des travaux de l’OTAN et la mise enservice du MPGT, la cohabitation de laprocédure numérisée et celle de l’OTAN(APP-11) entraînera un surcoût d’instruction.

Au travers des exercices numérisésdéjà réalisés, les enseignements sontnombreux et variés. Si de redondantsproblèmes techniques liés aux matériels et aux logiciels associés existent, ladémarche « d’apprendre en marchant »permet une grande réactivité. Ainsi, lecomité annuel de satisfaction des usagersreprésente une remarquable opportunitéd’échange d’informations et d’expériencesentre directions (DCMAT, STAT) et usagers(écoles, brigades et régiments).

** *

VERS UNE ÉVOLUTION DES STRUC-

TURES DE COMMANDEMENT ?

L’accélération des échanges d’informa-tions permis par la NEB amène à s’inter-roger sur la validité de l’organisationpyramidale du commandement. En effet,la connaissance par un CO de brigade dela situation sur une zone d’action impor-tante peut avoir pour corollaire un écra-sement des niveaux de commandement.Ainsi, on peut s’interroger sur l’utilité demaintenir le niveau régimentaire alorsqu’un CO de brigade plus étoffé pourraitêtre capable de conduire la manœuvrede plusieurs S/GTIA pour des phasesparticulières. Alors, le PC de GTIA neserait plus en charge de façon perma-nente de l’action. Les études menées parla 6e BLB sur une organisation du PC BIAen deux entités égales (un PC principalet un PC détachable) offrent des pers-pectives dans ce sens. Ces études trou-vent un champ d’application natureldans le combat décentralisé qui caracté-rise l’action en zone urbaine.

La connaissance exacte de la situationtactique, rendue possible demain parla mise en serv ice du Drone deRenseignement Au Contact (DRAC),permet de repenser les engagementsfuturs, au travers de la manœuvre vecto-rielle dans des espaces lacunaires. Pourles moyens nécessaires à une action par-ticulière, la faculté pour toutes les unitésde rejoindre un point de regroupement

identifié, répond à la fois au principe deliberté d’action et à celui de concentra-tion des efforts. Ce constat d’écrasementdes chaînes de commandement étaitabordé dès 2000 par le général GuyHUBIN dans son ouvrage « PerspectivesTactiques »3.

Les mentalités sont difficiles à faire évo-luer. Pourtant la NEB doit permettre deprofiter de la totalité des opportunitésoffertes pour repenser nos structuresactuelles de commandement.

** *

LES CONSÉQUENCES EN MATIÈRE

D’ORGANISATION ET D’INSTRUCTION

Dans l’optique de la NEB, le point-clédes enseignements tirés des exercices(FATEXTEL, PALMEX 2, ANVIL) est l’im-

périeuse nécessité d’une formation du

personnel, quel que soit son niveau.Cette formation doit s’appuyer sur ladémarche volontariste dans laquelle lesrégiments s’inscrivent totalement. Eneffet, la complexité des procédures liéesaux contraintes techniques des sys-tèmes de commandement, comme del’évolution très rapide des logiciels asso-ciés imposent un entraînement à unrythme régulier. En effet, les principauxdéfauts constatés résident dans unmanque de pratique consécutif à despériodes d’activités différentes, ce qui

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3) Guy HUBIN « perspectives tactiques » éditions Economica janvier 2000.

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entraîne la perte de savoir-faire face ausystème. Cela est difficilement compa-tible avec le rythme des activités (projec-tions, stages, concours, etc.) mais aussiavec les mouvements de personnel liésau PAM et les aspirations du personnel àdes conditions de travail toujours plusproches de celles que connaît l’évolutionde la société civile. En outre, cette ins-truction nécessite de posséder desmoyens dédiés, prenant en compte

notamment l’alimentation électrique desmatériels.

L’organisation et le suivi de l’instructionspécifique NEB représentent une chargede travail conséquente et nécessitent dupersonnel compétent dans ce domainetoujours plus complexe. Il est envisagéde mettre en place dans les régiments,« sous enveloppe constante », un officierspécifiquement en charge de la NEB. Cet

officier serait chargé de conseiller le chefde corps dans l’organisation des réseauxSIC, de coordonner le travail de la sec-tion SIC régimentaire, ainsi que des cel-lules MSI et SSI4. Le profil d’un tel offi-cier devrait être un NR 4 issu de l’arme(afin de bénéficier d’une culture propre àla mise en œuvre). Il devrait suivre pourtenir ce poste le stage d’officier SIC encorps de troupe (durée 5 semaines) dis-pensé par l’ESAT. Le DUO 2006 devraitvoir la traduction en organisation despremiers postes.

** *

Pour conclure, si le défi est lourd, il estindispensable de garder présent à l’es-prit que la démarche de numérisationest maintenant dans une phase irréver-sible au regard des sommes déjà inves-ties et des bénéfices probants obtenusgrâce au partage de l’information. Si laprojection de la 6e BLB à Licorne ausecond quadrimestre 2006 se fait sousformat numérisé, elle devrait permettrede quantifier les gains obtenus enréactivité opérationnelle. Alors, il faudrapenser à revoir l’organisation de notrecommandement…

4) Section SIC : section des Systèmes d’Informations et de Commandement – MSI : management des systèmes informatiques – ACSSI = article classé de la sécuritédes systèmes d’information.

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Fidèle à sa devise «… par les Forces,

pour les Forces… », le centre de doctrine

d’emploi des forces (CDEF), commandépar le Général DESPORTES, est par voca-tion à l’écoute des forces. Une des quatredivisions de cet organisme, la divisionemploi-organisation (DEO) que dirige lecolonel DESTRIBATS, coordonne le pilo-tage et la conduite des études opération-nelles tout en veillant à la cohérence dela doctrine de l'armée de terre.

Dans le cadre du comité de coordination desétudes opérationnelles (COCOOPS), cettedivision élabore ou fait élaborer l'ensembledes documents d'emploi des forcesterrestres (niveaux tactique et opératif).

Le domaine AGESTER y tient son rang etce ne sont pas moins de dix études etexpérimentations qui sont suivies parson officier traitant, en liaison étroiteavec les directions des études et de laprospective (DEP) des différentes écolesd’armes. Ainsi, cet officier est chargé depiloter ou de conduire les études etexpérimentations qui relèvent de cedomaine (Génie - NBC - Géographie).

Le bilan des études ainsi que le plan decharge de l’année à venir sont examinéslors des comités directeurs ou de coor-dination des études opérationnelles(CODIROPS ou COCOOPS). Ces étudessont répertoriées dans une base infor-

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PROCESSUS D’ÉLABORATIONDES CONCEPTS

ET DE LA DOCTRINE AGESTER.

APPLICATION À LA SAUVEGARDE-PROTECTION

A part of the concepts and doctrine of « AGESTER » - French designation for Engineer,

CBRN and Geography area of expertise - are validated or approved by the Center for

Force Employment Doctrine (CDEF), located in Paris.

Working closely with the Prospective and Study Department of the Arm Centers and in

charge of either the control or the supervision of studies, it is not less than ten studies

or experimentations, which are currently followed by the consulting officer.

Among these studies, two of them have a connection with survivability and protection

area of competence.

One relates to the treatment of the threat generated by the improvised explosive devices

(IEDs) and for the other one the recasting of former regulation documents in a new

« TTA 702 », a regulation book on the use and the realization of obstacles by land forces.

Lieutenant-Colonel

Jean-Henri

PINOT

Le lieutenant-colonel Jean-Henri PINOTest l’officier traitant du domaine AGESTERdepuis 2005 au sein de la DivisionEmploi-Organisation du Centre deDoctrine d’Emploi des Forces (CDEF)situé à l’École Militaire (Paris).

Issu de l’école militaire interarmes (promotion lieutenant LHUILLIER 1985-1986), il est diplômé de l’école d’état-major depuis 1996. Il détient les qualifi-cations d’officier NBC d’état-major etd’officier NEDEX.

Il a servi au 13 e RG (Trèves) et au 6 e RGDIMa (Angers) en qualité de chef desection puis d’officier adjoint et de commandant d’unité entre 1987 et 1995.

Après un temps d’officier génie au seinde la 9 e DIMa (Nantes) de 1995 à 1998,il rejoint le 19 e RG pour y servir en tantqu’adjoint BOI jusqu’en 2002.

Jusqu’à son affectation au CDEF en2005, il assurait de nouveau la fonctiond’officier génie, cette fois à l’état-majorde force n° 1 (EMF1) de Besançon.

Il a participé à six opérations extérieures(FORPRONU - IFOR - SFOR - KFOR -CONCORDIA) dans la région des Balkansentre 1992 et 2003.

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matique, dite « base COCOOPS1 », véri-table outil de gestion et de suivi desétudes. La consultation de cette base estaccessible par tout un chacun sur le sitedu CDEF.

Aussi est-il intéressant d’apporter unéclairage sur deux études majeures dudomaine AGESTER, et plus particulière-ment génie, ayant trait à la sauvegarde-protection, thème de ce numéro de larevue « Sapeur ». Actuellement, cesétudes présentent un caractère priori-taire pour les forces.

* **

En ce début 2006, nul doute que la luttecontre les Engins Explosifs Improvisés(EEI) ou « Improvised Explosive Devices(IED) » est parmi les études qui occupentle devant de la scène. L’État-major desarmées (EMA) et son bras « armé » enmatière doctrinale, le centre interarméesde concepts, doctrines, expérimenta-tions (CICDE), ont défini un ensembled’actions à réaliser en réponse à cettemenace qui connaît depuis ces dernièresannées une forte recrudescence à tra-vers le monde, notamment sur le théâtreafghan et bien plus encore en Irak.

L’objectif est clair : traiter la menaceengendrée par les EEI et cela dans desdélais contraints. Sur le plan doctrinal, ils’agit de créer une série de documentscohérents entre eux et balayant l’en-semble du spectre :

- Un concept interarmées de lutte

contre les EEI (le quoi faire),

échéance : juin 2006. Ce document,en cours d’approbation par le chefd’état-major des armées a été rédigéen groupe de travail interarméesentre novembre 2005 et janvier 2006.Son préambule insiste sur le côtémultiforme et éminemment évolutifde cette menace. En outre, la luttecontre les EEI est devenue inéluc-table. « Elle s’inscrit pleinement dansla problématique, de plus en plusprégnante, de la protection de laforce, voire de la population, et cellede la lutte contre le terrorisme ».

- Une doctrine interarmées de lutte

contre les EEI (le comment faire),

échéance : fin 2006. Elle déclinera le

concept, cité précédemment, et aurapour objectif, d’une part, de fixer lesconditions d’emploi des capacitésinterarmées (renseignement, inter-vention NEDEX…) et, d’autre part,d’optimiser l’interaction des compé-tences spécifiques de chacune desarmées. La composition du groupede travail, qui rédigera ce document,sera à l’identique de celui ayantrédigé le précédent concept.

- Un mémento de mesures pratiques à

prendre contre les EEI, en déplace-

ments et lors des stationnements.Ce document est en cours de diffu-sion, jusqu’au niveau unité élémen-taire ou équivalent interarmées.L’étude, pilotée par le CDEF, a étéconduite tambour battant par la DEPESAG en liaison étroite avec l’éche-lon central NEDEX et en associationavec les autres armées et orga-nismes de la défense.

- Un aide-mémoire, distribué jusqu’ausoldat permettra la sensibilisationimmédiate du combattant. Réalisépar l’échelon central NEDEX en liai-son avec la DEP ESAG, il rappellel’essentiel des mesures de préven-tion, d’alerte, de protection et delutte que chaque combattant doitconnaître. Il sera édité au format depoche et sera résistant à l’humiditéet au sable.

Ainsi, cette production s’inscrit dans la sériede travaux, lancée par l’état-major desarmées, en matière de prévention et de luttecontre ces dispositifs dans les domainesde la doctrine et de l’équipement.

* **

Dans la sphère d’intérêt de la sauve-garde-protection, une autre étude, duniveau EMAT pour son approbation,possède des applications interarmes.Pilotée par le CDEF, conduite parl’ESAG/DEP, elle devrait aboutir dans lecourant du second semestre 2006.

Il s’agit de la refonte du TTA 702 en unrèglement sur l’emploi et la réalisationdes obstacles par les forces terrestres2.Compte tenu des contextes d’engage-ments actuels et à venir ainsi que deséquipements et systèmes d’armes encours de développement, cette étude

risque de modifier la problématique dela réalisation des obstacles. Certainesincertitudes relatives à l’aptitude desarmes, autres que le génie, à réaliser ouprendre en compte des obstaclessimples à base d’explosif ou de minesAC doivent être levées. Ainsi, quid :

- des obstacles simples à bases demines ou d’explosifs réalisés par l’IA?

- des savoir-faire concernant la miseen œuvre d’explosifs ou la pose demines par un soldat n’appartenantpas au génie ?

En filigrane, se pose la question dudevenir de l’emploi des mines AC à plusou moins long terme et de l’intégrationde systèmes de protection de zones telsque SPECTRE - Système de protectiondes éléments terrestres - ou SYCOMORE

- Système de contre mobilité réactif 3.Actuellement la phase de concertationdes principales fonctions opération-nelles impliquées est en cours.

D’ores et déjà, si la nécessité de mainte-nir la capacité de mise en œuvre d’explo-sifs et de conserver certains savoir-faireest reconnue, la capacité à réaliser desobstacles minés préliminaires ou demanœuvre est discutée et cela en fonc-tion des contextes d’engagement. Enoffensive, par exemple, le combat « àtemps » (actions brèves mais intenses)et la rapidité des mouvements ne justi-fient plus la réalisation d’obstacles decombat par les unités de cavalerie blin-dée. En revanche, pour l’infanterie, dansson emploi tactique, la notion d’autono-mie, même si ce point est discutable4, enmatière de réalisation d’obstacles ponc-tuels est primordiale pour appuyer samanœuvre, réaliser son effet majeur etrenforcer sa sûreté. Dans tous les cas, lebesoin d’une protection de proximitépour toutes unités en stationnementsemble permanent, que cela soit avec leconcours du génie ou non.

Il reste à définir précisément ce que la« sape » peut apporter aux uns et auxautres en fonction de son organisation etde ses possibilités. Il convient d’expri-mer le besoin sous forme de résultats àobtenir et d’étudier la meilleure façond’y parvenir dans le cadre des dévelop-pements actuels de la modularité ainsi

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1) Base COCOOPS : base de données consultable et modifiable en temps réel par les pilotes ou conducteurs d’études. Elle est l’unique référence enmatière de suivi des études opérationnelles.

2) Étude OPS 2002 GEN 12 : refonte du TTA 702 : synthèse des anciens TTA 703, 704, 704 TER sur les obstacles à base de mines.3) Ces systèmes sont en cours d’étude et de développement (STAT et DGA).4) À l’autonomie, il semble plus pertinent d’opposer une génération de force qui associe les compétences.

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que de l’interarmisation aux plus basniveaux. Cette étude, d’apparence ano-dine, aura des conséquences non négli-geables en matière d’actions de forma-tion et de dotations.

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L’imbrication de la sauvegarde-protec-tion apparaît encore dans bien d’autresétudes, pilotées ou conduites par leCDEF, et cela à des niveaux variables.

Ainsi, en prise directe avec les diffé-rentes DEP et les organismes de ladéfense, le CDEF et plus particulière-ment la DEO fournit « aux hommes et

femmes du terrain » les éléments deréponse et d’emploi dont ils ont besoinpour remplir au mieux leurs missions.

Être à l’écoute des forces, c’est le rôle de la doctrine qui s’inscrit, avec les

hommes et les équipements, comme

l’un des trois piliers fondateurs de la

capacité opérationnelle5.

5) Directives annuelles 2005-2006 du CDEF.

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Autant que les attentats du 11 septembre,l’explosion d’AZF à Toulouse ainsi quel’envoi de lettres chargées de charbonont profondément changé la donne dansle domaine NRBC. Aujourd’hui, la Frances’est dotée d’un moyen de défense : le2e Régiment de Dragons, Nucléaire,Biologique et Chimique, stationné àFontevraud, composé de trois escadronsde défense actuellement et jusqu’à cinqescadrons en 2008. Or, le champ desmissions que peuvent remplir les différentsmodules NBC apparaît de plus en plusvaste, au fur et à mesure que le comman-dement découvre les matériels et lessavoir-faire de ces modules. Il faudrad’ailleurs du temps pour parvenir à cernerl’étendue de nos possibilités d’emploi, tantelles sont larges et variées, mais aussiparce que le domaine NRBC est enconstante évolution, ainsi que ses équi-pements. À l’expérience de la crise du

Kosovo, les modules de défense NRBC

doivent être déployés depuis le premier

jour d’une opération, jusqu’au retrait des

forces.

En juin 1999, la deuxième brigade blindée,renommée pour l’occasion brigade Leclercentrait au Kosovo et implantait ses unitésdans la partie la plus industrialisée decette province. Le raid blindé mené parl’escadron Leclerc (du nom des 15 charsmis en œuvre par le 2e escadron du501e Régiment de Chars de Combat) sefaisait sous menace NRBC, les troupesserbes n’ayant pas encore quitté leterritoire et une division mécaniséeadverse étant encore déployée au nordde la zone des opérations. L’équipeNRBC déployée en appui de la brigade(niveau tactique) menait trois missionsgénéra les : appuyer les t roupesdéployées, renseigner sur les capacités

technologiques au profit de la coopérationcivilo-militaire (CIMIC), et soutenir l’état-major de la KFOR dans le domaine del’hygiène et la sécurité en opérations(HSO).

En réalité, l’accomplissement de ces troismissions ne se fait pas à parts égales. Enfonction de la phase à laquelle en estrendu l’accomplissement de la mission,l’une ou l’autre des composantes seratraitée prioritairement. Mais les change-ments de postures pouvant être fréquentset brutaux, la théorie des trois blocss’applique parfaitement aux troupesspécialisées de la défense NRBC : un jourparticipant au déminage d’un enginexplosif chargé au charbon (actionmenée en synergie avec les EOD), le chefdu module rédigera le lendemain unrapport sur les risques encourus par lestroupes déployées travaillant à proximitéd’un fût de chlore, tandis que ses équipesrenseigneront sur les capacités deproduction d’une usine pharmaceutique.Il reste néanmoins logique d’attribuerune priorité à l’une des trois missions enfonction de l’évolution de la situationglobale.

Lors d’une phase d’imposition de lapaix, le module NRBC, dont la tailledépend à la fois de la force soutenue etde la mission (nature de la menace,géographie de la zone d’opérations),doit absolument être intégré dans lesforces d’entrée en premier. En effet, lefacteur primordial d’efficacité dans unemission de décontamination est letemps écoulé entre l’attaque et le débutde la restauration. D’autre part, lespatrouilles de reconnaissance, dotéesde véhicules blindés de reconnaissance(VAB RECO NBC), exécutent leur mis-

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LA THÉORIE DES TROIS BLOCSAPPLIQUÉE AU DOMAINE NRBC

More than 9/11 events, letters send full of Anthrax in United States deeply removed

the context in CBRN defence. French government decided to build a modern defence

system in front of a new threat : the 2nd Dragoons Regiment, located in Fontevraud,

which will finally be composed of five compagnies in 2008. This battalion can carry out

a large scale of different missions : regarding what happened in Kosovo, CBRN assets

must be layed out from the beginning of the mission to redeployment.

In june 1999, with the french brigade in Kosovo, the CBRN team was in charge of three

missions : support deployment of forces, perform intelligence about industrial net-

work for CIMIC, and supply french headquarters in health topics. Even if these three

missions are carried out simultaneously during the operation, they don’t have the

same importance, depending on the different phases of this operation.

Chef d’escadrons

Marc

CAUDRILLIER

Recruté sur t i tre avec un diplômed’ingénieur, le CES CAUDRILLIER Marca effectué une première partie de carrièredans la maintenance et a commandél’escadron de maintenance du 501-503e

régiment de chars de combat.

Breveté technique dans le domaineNRBC, il a obtenu en 2003 un Mastère« Génie des procédés et environnement »de l’École Centrale de Paris et a servi auCentre d’Études du Bouchet (DGA) dansla détection d’agents biologiques patho-gènes. Dans ce cadre, il a participé,depuis Dugway Proving Ground (Utah,USA) au déploiement d’une équipe multinationale de réaction de l’OTAN, autitre du laboratoire opérationnel françaisde détection biologique.

Après avoir suivi le Cours Supérieur d’É-tat-Major en 2004, le CES CAUDRILLIER asuivi le Cours Supérieur d’État-Major àl’Institut Royal de Défense, équivalentbelge du Collège Interarmées deDéfense.

Le CES CAUDRILLIER est depuis juillet2005 le chef du Bureau OpérationsInstruction du 2 e Régiment de Dragons,régiment spécialisé de la défense NBC.

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sion en avant des troupes, sur la lignede front. Enfin, il faut que les équipes dereconnaissance et d’évaluation (ERE)soient déployées au plus près desforces afin de leur éviter une implanta-tion hasardeuse dans une zone présen-tant un niveau de risque technologiqueélevé. Bien entendu, ces forces NRBCparticipent également à la collecte durenseignement tactique, opératif etstratégique.

Dans une phase de maintien de la paix,le renseignement au profit de l’actioncivilo-militaire prend toute son ampleur.Cette mission a évidemment débuté dèsl’entrée des forces sur le théâtre, maiselle devient à ce moment-là prioritaire,sans pour autant être exclusive.

Enfin, la mission de soutien effectuéeau profit du HSO, si elle a débuté dèsl’implantation des troupes, prendra de

plus en plus d’importance, devenantprimordiale lors de la phase de stabili-sation et jusqu’au désengagement.

L’exemple du Kosovo dans ce domaineest très révélateur de cette perma-nence des missions NRBC. Après avoirappuyé les troupes déployées, lemodule armé alors par le Groupe deDéfense NBC a participé à la collectedu renseignement et soutenu l’état-major dans le domaine HSO. Parce quela situation s’est stabilisée, il a étédécidé au printemps 2005 le désenga-gement de ce module. Mais, assezrapidement, des lacunes ont étéconstatées sur le terrain, tant dans ledomaine du renseignement que danscelui du HSO. Aussi ont-ils demandé,et obtenu, la réactivation de cetteéquipe. Le 2e Régiment de Dragons,nucléaire, biologique et chimiqueprojettera ainsi une ERE dès la mi-mai au profit de la Task ForceMultinationale Nord (TFMN). Gageonsque son action restera déterminantejusqu’au désengagement de la KFOR.

Engagement du module NRBC sur toute la largeur du spectre

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Plus de 3300 véhicules incendiés, 14 desplus gros incendies de la Brigade deSapeurs-Pompiers de Paris, 13 sapeurspompiers blessés suite à des agressionsdirectes, 56 engins endommagés, voilàle bilan-choc que l’on pourrait livrer desviolences urbaines qui ont frappé du27 octobre au 12 novembre 2005. La quasi-totalité du personnel des trois groupe-ments d’incendie, soit 4300 militaires surles 8000 que compte la Brigade, a étéimpliquée une nouvelle fois dans ce typed’opération particulière, à la limite de laguérilla urbaine, où les voitures brûlentdans les rues, où les sapeurs-pompiersinterviennent sous protection policièreet où les projectiles fusent.

Lors du précédent épisode (juin 2001),le phénomène avait été localisé à uneseule cité de la Seine-Saint-Denis etavait duré six nuits. Cette fois, la violenceest montée d’un cran : plus étendue(presque toute la petite couronne), pluslongue (12 nuits d’affilée), plus intense.

Si le fait générateur des agitations sur le secteur de la 14e compagnie est clair(le décès de deux jeunes à Clichy/Bois),la flambée de violence qui s’est étendueà l’ensemble du département peut s’expliquer par un souci de mimétisme,de médiatisation et de défi à l’autoritérépublicaine.

De tels événements bouleversent nosconceptions traditionnelles et portentatteinte à la vie économique et socialede quartiers entiers.

Prendre en compte le phénomène, enconnaître les caractéristiques propres,en déduire les modes opératoires enfonction des niveaux de violence, telssont les enseignements qui ont permis àla Brigade de sapeurs-pompiers de Parisd’améliorer les normes d’engagementet, partant, la sécurité de nos interven-tions et de notre personnel lors de cesnuits agitées.

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LE COMBAT DU FEU EN ZONE URBAINE :OCT-NOV 2005 DANS LE 93

FIBUA : Firefighting In Built-Up Areas ?

The last events in Seine-Saint-Denis have testified that an important milestone in vio-

lence was overtaken when using lethal weapons against police forces. Systematic

harassment of the emergency services through physical aggression, destruction of

numerous warehouses and thousands of vehicles have resulted from heavy anger

against every representation of the State authority in a democracy.

Then, the Paris Fire Brigade SOPs for urban unrest have become a blueprint for emer-

gency organization during riots. It will become a zonal emergency plan on the AOR of

the Fire Brigade. Therefore, new steps are taken as for dealing with emergency calls or

leading the overall operation.

Everyone must preserve the firefighter resource, worn out by the length of such ope-

rations and disabled with such mugging against men and women dedicated to serve

their fellow citizen.

Capitaine (TA)

Gérald

BOUTOLLEAU

Le capitaine (TA) BOUTOLLEAU est offi-cier supérieur adjoint au 1 er groupementd’incendie et chef de la section comman-dement de son état-major, depuis juin2003.

Après la sortie de la division d’applica-tion de l’ESAG en 1996, il est affecté à la13 e compagnie d’incendie, centre desecours AULNAY-SOUS-BOIS, en tantque chef de garde incendie, pendant3 ans.

Puis il est affecté à la 12 e compagnie,centre de secours MENILMONTANT , entant qu’adjoint au commandant de com-pagnie, puis en tant que CDU.

Il quitte son commandement en 2003 etest affecté à l’état-major du 1er groupe-ment d’incendie. Il intégrera la 120 e pro-motion du cours supérieur d’état-majoren janvier 2007.

Le capitaine (TA) BOUTOLLEAU est issude l’EMIA, promotion capitaine MAINE(1993-1995).

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VIOLENCE ET GRANDS ENSEMBLES

URBAINS

La violence urbaine, en tant que telle, n’aété prise en compte par les services del’État qu’au début des années 1990. En2001, la BSPP, confrontée brutalement à cephénomène, a été jusqu’à chercher chezses collègues de Belfast une expériencedont elle ne disposait pas jusqu’alors.Depuis, les Renseignements Généraux ontclassé les différentes manifestations de laviolence urbaine en 8 niveaux (ci-contre).

État des lieux

Les cités sensibles ont toutes été édi-fiées dans les années 1960, avec le souciarchitectural de rétablir un sentiment decommunauté humaine, à défaut de créerun « esprit village ». Ainsi, les entréesdes bâtiments sont-elles généralementorientées vers l’intérieur de la cité, lesroutes périphériques sont rares, les che-minements sont sinueux et les espacesverts sont relativement nombreux, avecune forte présence de talus, visant àcréer une certaine intimité.

Les bâtiments sont généralement de grandetaille (entre 28 et 50 mètres de hauteur doncde 4e famille) et ne sont, généralement, plusaux normes de sécurité incendie. Afin decompléter cette recherche de sentimentidentitaire, l’installation de commerçants aété encouragée par les pouvoirs publics.De véritables zones de vie prennent doncpied en bas des immeubles : magasins, airesde jeux, salles associatives et de culte…

On peut mesurer aujourd’hui à quel pointla volonté des urbanistes s’est retournéedans un sens diamétralement opposé àl’effet recherché! En effet, les cités, pasaussi radieuses que l’avait imaginé LeCorbusier, sont devenues des campsretranchés où le droit d’entrer se négocie.Les bâtiments ont mal vieilli, par défautd’entretien et par détérioration volontairede l’existant. Le vieillissement prématurédes installations a contribué ensuite ausentiment d’insécurité ou, à tout lemoins, de malaise de populations demoins en moins volontaires pour vivredans cet univers artificiel. Les sociologuess’accordent aujourd’hui à reconnaître quele type même de cette architecturegénère également, par lui-même, descomportements agressifs.

Il n’y a qu’à s’aventurer dans cesensembles pour mesurer l’étendue des

dégâts. On ne compte plus, en effet, lenombre de locaux vide-ordures marquéspar les incendies à répétition, les car-casses de véhicules brûlés, les portesd’immeubles forcées, les vitres fractu-rées, les murs souillés de tags en tousgenres… Les commerçants ont désertéles lieux et les services publics (EDF,GDF, La Poste) interviennent avec parci-monie et sont la cible de malveillancesimportantes et coûteuses.

Les jeunes qui habitent dans ces cités nesont pas tous des délinquants, loin s’enfaut. Mais une part infime de cette jeunesse concentre sur elle toute la délin-quance, sous toutes ces formes. Sanschercher à dramatiser la situation, il fautbien être persuadé que les trafics neconcernent pas que les stupéfiants et lesvoitures. Il convient d’y ajouter les trafics

d’armes, la prostitution, l’extorsion…Une véritable économie souterraine sedéveloppe, économie qui a besoin decalme. Les aînés se chargent donc de lut-ter contre la petite délinquance qui attireégalement les forces de l’ordre.

On assiste également à une montée ducommunautarisme, avec une empriseplus ou moins forte de la religion, selonles zones. L’errance à toute heure du jouret de la nuit, le refus d’aller à l’école,ainsi que le rejet des institutions placentrapidement les jeunes en positiond’échec scolaire. L’école n’a plus la maî-trise sur ceux-ci. Certains sont mêmeparfois non-francophones. Les parents,quant à eux, peinent à exercer leur auto-rité parentale, souvent déléguée à un« grand frère », lui-même piètre exemplepour les plus jeunes.

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Nombre de quartiersDegré Manifestations concernés en 1997

1 Petits groupes.Vandalisme, vol à l’étalage.Dégradation de l’environnement.Pillage, intimidation sur les commerçants.Racket et vol sur les écoliers.Rodéos de voitures volées avec incendie à l’issue.Affrontement et règlement de compte entre bandes rivales. 439

2 Agressions verbales et gestuelles ceux qui symbolisent la réussite ou l’autorité(police, pompiers, chauffeurs de bus, facteurs, enseignants).Attaque furtive contre des locaux de police ou de gendarmerie.Vandalisme contre les écoles, notamment lorsqu’il y a eu exclusion, mauvaises notes ou punitions. 143

3 Agressions physiques contre les porteurs d’uniforme et les représentants de l’ordre scolaire.

4 Protestation de manifestants contre une intervention de police dans un quartier.Menace téléphonique aux familles de policiers.Jets de pierre sur les voitures de patrouille et les engins de secours.Manifestation devant les commissariats. 167

5 Regroupements agressifs et vindicatifs de jeunes.Invasion de commissariats pour libérer un suspect.Développement visible de recel et des trafics de drogue.Mise en place d’une économie parallèle.Amplification de la toxicomanie.

6 Agressions physiques contre des policiers qui reçoivent des cocktails molotov, sont attirés dans des piègespar de faux appels téléphoniques, des incendies volontaires ou des rodéos automobiles. 21

7 Mini-émeute.Escalade de violence brève et sans lendemain. Potentiellement tous.

8 Émeute (plusieurs jours) avec affrontement en règle des forces de l’ordre et des institutionnels. Potentiellement tous.

Source : Violences urbaines, des vérités qui dérangent – L. BUI TRONG – Éd. Fayard.

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Enfin, du point de vue des policiers, lessuites judiciaires de leur travail ne sontpas toujours à la hauteur de leurs espé-rances. Les tribunaux compétents sontsouvent saturés, regroupant dans leurressort une grosse concentration decités dites sensibles.

Les formes de la violence

La violence est, hélas, familière dusapeur-pompier. Celle-ci se construitessentiellement autour d’un rapport deforce entre l’Institution et le fauteur detroubles.

En juin 2001, la cité des Beaudottes àSevran a ainsi été le théâtre d’émeutes(degré 8) six nuits durant. Plusieurs véhi-cules de police et de sapeurs-pompiersont été endommagés. Cette violences’est prolongée en juillet, à Aulnay-sous-Bois, avec la charge d’un véhicule dechantier volé contre un fourgon desapeurs-pompiers qui intervenait pouréteindre l’incendie d’une PMI, danslaquelle une femme était prisonnière desflammes.

Nous pouvons aussi évoquer, pourmémoire, les attaques à la voiture-béliercontre des engins de secours, le tir avecun pistolet à grenailles, les embuscades,les agressions en règle, dont les consé-quences physiques (jours d’incapacitétotale de travail) sont toujours (heureu-sement, dans une certaine mesure)moins importantes que les consé-quences psychologiques ou éthiquespour le sauveteur et sa famille.

Ces nuits tragiques sont relayées parcelles d’octobre et novembre 2005 surl’ensemble de la Seine-Saint-Denis, dontles conséquences sont énormes : denombreuses entreprises en chômagetechnique, des infrastructures scolairesinutilisables, des commerces détruits…

SAPEUR-POMPIER PENDANT LES

VIOLENCES URBAINES

Le 1er groupement d’incendie a, le pre-mier, pris en compte la question destroubles urbains, en apportant uneréponse opérationnelle à ces événe-ments, lesquels, désormais, se répètenttraditionnellement les nuits de 14 juilletet de 31 décembre.

Les travaux conduits depuis 1996 ontabouti en 2005 à l’adoption d’un plan

« troubles urbains » au niveau de laBSPP, qui comporte 3 niveaux :

- Vigilance (niveau vert) ;

- Alerte (niveau orange) ;

- Déclenchement du plan (niveau rouge).

Lorsque le nombre de feux criminels,notamment sur voie publique, augmentede manière significative et que le déclen-chement du plan est décidé, il est définiune zone d’engagement composée desquartiers concernés par ces actes, danslesquels les secours interviennent aprèssécurisation de la zone par la police, etlorsque le feu présente un risque d’ex-tension (une poubelle située sur la voiepublique et ne menaçant aucun bâtiments’éteindra d’elle-même par manque decombustible et ne justifie pas la prise derisque de l’envoi de secours).

Lorsque deux jeunes ont péri dans untransformateur à Clichy-sous-Bois, il deve-nait évident que cette commune allait êtrele théâtre de scènes de violences urbaines« classiques ». L’extension départementale,puis quasi-nationale qui a suivi était moinsprévisible.

Très rapidement, un officier de perma-nence par compagnie a été dédié au suivides opérations du plan. Deux chaînes decommandement parallèles coexistaientdonc : celle traitant les interventions cou-rantes et celle, dite « de délestage »,dédiée au plan « troubles urbains ».

Une soudaine flambée de violence afrappé le secteur du 1er groupement d’in-cendie, entraînant de nombreux incen-dies majeurs (garage, entrepôts, écoles,gymnase…) et de très nombreuses nuitsblanches pour les hommes et lesfemmes de la BSPP.

Le dispositif a été reconduit chaque nuit,douze fois de suite. La fatigue s’accumu-lait, mais l’expérience de 2001 a apprisqu’il fallait durer. L’enchaînement desnuits blanches risquant d’entraîner desaccidents, il était impératif de prévoirdes relèves et de tempérer la fougue dupersonnel de repos s’étant spontané-ment porté volontaire pour épauler leurscamarades. Lorsque les violences serenouvellent plusieurs jours, l’organisa-tion de la vie du centre de secours doitêtre revue, avec la mise en place derepos en journée, la préparation logis-tique de la nuit, la remise en état desengins et les mesures de sécurisationcroissantes de nos infrastructures (plu-sieurs centres de secours ont été la ciblede bandes organisées, menaçant direc-tement les ménages y résidant).

L’intensité et le nombre des interven-tions ne faiblissant pas, le général com-mandant la Brigade décida, pour la pre-mière fois dans l’histoire de la Brigade,de demander, en renforcement, descolonnes de sapeurs-pompiers civils (6 colonnes ont été envoyées, chaquecolonne étant l’équivalent d’une compa-gnie). L’état-major de la Brigade a étéréellement utilisé en tant que PC OPS,durant une semaine entière. Toutes lescellules composant traditionnellementun PC OPS ont été activées (même celleMANFUT), armées par bordées par lescadres des différentes sections.

Au bilan, treize sapeurs, blessés légers,seront à déplorer. Du côté des dégâtsmatériels, le bilan est beaucoup pluslourd. De très nombreux engins sontendommagés et nécessiteront de lourdesréparations. La protection, par film anti-explosion, des vitres de la totalité desengins de la Brigade est décidée.

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Les officiers de permanence des compa-gnies feront le point des dégâts enduréspar le personnel et les véhicules et enga-geront la procédure contentieuse, par undépôt de plainte initial au nom de laBrigade. Cette étape est essentielle, carelle est la seule qui témoigne adminis-trativement des incivilités à l’encontredes sapeurs-pompiers.

CONCLUSION

Au-delà des séquelles que ces événe-ments laisseront sur nos engins et dansl’esprit de nos sapeurs-pompiers, cesont surtout les familles logées dans lescasernes concernées, qui ont le plus

souffert. En effet, c’est maintenant unlong travail qui commence, afin de res-taurer la confiance des ménages, ainsique celle des jeunes des cités à l’égardde leurs pompiers. Les menaces et lesintimidations, notamment à l’école àl’encontre des enfants des pompiers,continueront encore quelques semaines,perturbant la scolarité des enfants.

Enfin, nul doute que l’expérience de laBSPP dans ce domaine peut être d’uneutilité certaine pour l’armée de terre.Celle-ci a, d’ailleurs, bien compris sonintérêt, en associant des officiers de labrigade au groupe de travail concernantle CENZUB (piloté par le CFAT).

Bibliographie.

• Guide d’intervention du sauveteur : vic-times, violences, secours - LoïcCADIOU - Editions Estem, De BoeckDiffusion - 2005 (notamment le cha-pitre 30).

• Violences urbaines, des vérités quidérangent - Lucienne BUI TRONG -Paris : Bayard éditions - 2000.

• Violences : les racines du mal - Gordes :Le Relié - 2002.

• Les racines de la violence : de l’émeuteau communautarisme - Paris : éditionsLouis Audibert - 2003.

• Violences et insécurités urbaines -Alain BAUER, Xavier RAUFER - PUF« Que sais-je ? » - 1999.

• La dimension cachée - Edward T. HALL.

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La sauvegarLa sauvegarde-prde-protectionotectiondes fordes forcesces

La protection-sauvegarde sur une base aérienne projetée .................................................................................................. COL BILBAULT ........................................................ 37

Protéger nos stationnements contre les attentats à l’explosif ............................................................................................ COL LORIDANLCL MARTIN ............................................................ 41

Pour une approche globale de la sauvegarde-protection ...................................................................................................... LCL (TA) SOUCASSE .......................................... 45

Le rôle du génie de l’air dans la sauvegarde-protection en opérations extérieures .................................................. LCL CHAPELLE ........................................................ 49

Le RGBIA dans la mission de protéger les forces en 2005 .................................................................................................... LCL KIRSCHER ........................................................ 53

Opération CALAO : Le 5e RG en Côte d’Ivoire : acteur de la fonction AGESTER CBA ANDRIAMOLISONou simple prestataire de service ? .................................................................................................................................................... CNE MACHELON .................................................. 57

Concept ISOPEX et sauvegarde-protection .................................................................................................................................. CBA MERCURY ...................................................... 61

Montage d’un poste de combat de type HESCO BASTION .................................................................................................. CNE FOUQUET ...................................................... 65

Côte d’Ivoire : Retour d’expérience en sauvegarde-protection .......................................................................................... CNE GEROUDET .................................................... 69

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Si l’armée de l’air a la capacité de porter,vite et loin, les hommes et le feu grâce àdes vecteurs performants aux capacitéssans cesse améliorées, la base aérienneest son talon d’Achille, comme le faisaitremarquer récemment le général (2S)Copel1.

Il en était ainsi au temps de la guerrefroide, où il s’agissait d’assurer la viabi-lité des aires aéronautiques pour per-mettre l’emploi de la force aérienne,notamment celui de la force nucléaire ;

il en est de même aujourd’hui avec lesbases aériennes projetées (BAP) suscep-tibles d’être mises en œuvre dans unenvironnement de menace multiforme.

Si alors, la mission quasi-exclusive dugénie de l’air était la réparation rapidede piste, aujourd’hui le bon fonctionne-ment d’une BAP en OPEX conduit àréorienter ses savoir-faire, et plus précisément dans le domaine de la« protection - sauvegarde ».

Colonel

Bernard

BILBAULT

Le colonel BILBAULT est chef du bureauinfrastructure en opération de l’arméede l’air depuis 2002.

Originaire de l’EMIA (73-74), il a serviaux 71e RG (chef de section), 32 e RG(commandant d’unité), 1 er RG (chef deBOI) et 10 e RG (chef de corps).

Stagiaire de la 101 e promotion de l’ESG,il a commandé la promotion 93-95 del’EMIA.

Avant d’occuper son poste actuel, il atenu les fonctions successives de DEP etde DGF à l’ESAG.

LA PROTECTION-SAUVEGARDESUR UNE BASE AÉRIENNE PROJETÉE

The French Air Force (FAF) capability to send far and fast troops fully fitted with their

logistics, and fire systems thanks to never-ended upgraded aircraft is balanced by the

vulnerability of the air base.

French Air Force has defined three different types of DOB with a 400, 800, 1500 men

strength, to perform the deployments of the immediate reaction force (FRI), the rapid

reaction force (FRR), and the main reaction force (FAT).

Nowadays the deployable air base (DOB) may have to be deployed in a versatile threat

environment. If therefore the main task of air engineer support units was rapid

runway repair, the current needs of a DOB abroad lead to shift the air sapper skills to

protection and survivability knowledges. So, these units can either reinforce the air

force protection or ensure themselves the defense of the DOB as they did during the

ARTEMIS-MAMBA operation in BUNIA.

As preceding, the concept of « soldier - sapper - specialist » occures fully relevant.

Even if the measures described are not novelties, the task to accomplish is hugefull.

A DOB is larger than a traditional one thousand men french post plus aeronautic areas

with logistic points, which matches with a three to five square km area. The preparation

of the deployment is an essential stage and the decisions have to be made accurately.

The protection and survivability have to be the very first concern during the decision

making process concerning the DOB deployment type forward operational base (FOB).

1) Un penseur bien connu de l’armée de l’air

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Après avoir défini les conditions de miseen œuvre d’une BAP, puis examiné sesvulnérabilités et les menaces encourues,il sera précisé la nature de l’appui quepeut apporter le génie de l’air, en coopéra-tion avec les compagnies d’infrastructureopérationnelle (CIO) de l’armée de l’air, enterme de protection et de sauvegarde, dèslors qu’il ne peut être envisagé de faireappel à des unités spécialisées du géniede théâtre engagées par ailleurs.

*

CADRE GÉNÉRAL DE MISE ENŒUVRE DES BAP

Faute d’un corpus doctrinal aussi struc-turé que celui de notre CDEF, l’armée del’air ne dispose pas encore aujourd’huide concept et de doctrine relatifs à laBAP. Au mieux s’appuie-t-elle actuelle-ment sur un besoin capacitaire défini parl’EMA, lui imposant d’être apte à mettreen œuvre 1 à 3 BAP (400/800/1500 h) surdifférents théâtres afin d’assurer ledéploiement progressif d’une force deréaction immédiate (FRI), puis celuid’une force de réaction rapide (FRR) etenfin celui d’une force de réaction àtemps (FAT), les conditions environne-mentales n’étant pas définies.

Aussi, à la lumière des OPEX de ces15 dernières années, françaises oualliées, il est possible de retenir lesconstantes majeures suivantes :

a) trois types de BAP peuvent être définis :

- les bases principales ou MainOperating Bases (MOB), accueil-lant essentiellement des avions decombat ainsi que des ravitailleurset des ATS2, situées assez loin deszones d’opération sur des sitesalliés ou amis et qui permettent ànos chasseurs, avec un minimumde contraintes, la maîtrise du cielet l’action contre des objectifs ausol (Al Kharj, Istrana) ;

- les bases avancées ou ForwardOperating Bases (FOB), accueillantquasi exclusivement des avions detransport et des hélicoptères,situées sur le théâtre au plus prèsdes zones d’engagement desforces terrestres, afin d’acheminerle personnel et les matériels etd’assurer les opérations logis-tiques (Kaboul, Sarajevo, Bunia) ;

- les bases « mixtes », qui constituentle plus généralement des pointsd’entrée du théâtre (AIRPORT OFDEBARKATION - APOD) et sontsituées dans un pays voisin de lazone d’engagement (Entebbé,Douchanbé).

N.B. : En dépit d’une menace de natureterroriste jamais à négliger du fait desopérations, la vulnérabilité des MOB etdes APOD reste très limitée, au regard deleur site d’implantation. Aussi sera-t-ilconsidéré uniquement le cas des FOB,l’expérience américaine et britanniqueen Irak montrant la nécessité de mesuresde protection-sauvegarde conséquentes.

b) pour être au plus près des zonesurbaines, où œuvrent le plus sou-vent les forces terrestres, ces BAPs’appuient de préférence sur uneinfrastructure existante, générale-ment un aéroport civil, car situé leplus couramment à la périphérie,voire à l’intérieur, des zones urbaines.Toutefois l’utilisation d’une empriseexistante un peu plus éloignée (ex. :base aérienne située à 50 à 100 kmde la zone urbaine) reste à privilégierafin de limiter une vulnérabilité liéeà la proximité urbaine.

c) les infrastructures utilisées sontsouvent dégradées du fait généra-lement d’opérations antérieures oud’un manque d’entretien.

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VULNÉRABILITÉS, MENACES

Vulnérabilités

Les vulnérabilités d’une BAP sont liéesen premier lieu à l’accessibilité de l’em-prise. Ainsi :

- la zone environnante, pour ce qu’elleoffre de lieux de dissimulation etd’emplacements de tir,

- les accès routiers, véritables pointsde passage obligés où transitenttous types de mouvements entrantset sortants,

- la clôture périphérique dont l’inté-grité est le premier élément anti-intrusion,

- les réseaux souterrains éventuels.

La planéité d’une BAP constitue un autrefacteur de vulnérabilité car elle permet,par simple vision au ras du sol ou a for-tiori sur tout point en surplomb, deconstater l’agencement de l’infrastruc-ture existante et l’ensemble des mouve-ments et stationnements.

Par ailleurs, les zones à concentrationpermanente ou ponctuelle de personnelsur la BAP (zone vie, zone OPS, zone detransit, etc…) doivent être une préoccu-pation majeure du commandement, enraison du nombre important de victimespouvant résulter d’une attaque.

Enfin le périmètre et les élongationsinternes de l’infrastructure rendent plus

2) Avions de transport stratégiques

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complexe l’organisation du systèmedéfensif même si, a contrario, ils favori-sent les possibilités de dispersion desdifférentes implantations en les rendantmoins vulnérables.

Menaces

L’implantation d’une BAP sur une zoneoù une force terrestre est engagée, n’estconcevable que si les opérations mili-taires ont abouti au contrôle des centresdéterminants de l’adversaire et à celuide la zone d’engagement.

Aussi, si l’on exclut de ce propos lesactions contre les appareils au décollageou en approche finale, pour lesquelles laparade relève de leur auto-protection, etcelles en provenance d’aéronefs hostiles,traitées par les unités sol-air, les menacesà considérer sont essentiellement liéesau fait terroriste.

Ainsi convient-il de prendre en compte :

- les tentatives d’intrusion par lesaccès et les ouvertures existantes oucréées dans la clôture ;

- les actions contre les convois aumoment de leur entrée ou sortie dela BAP ;

- les tirs directs aux armes légères d’in-fanterie effectués par des snippersou groupes armés ;

- les tirs semi-directs ou courbes (mor-tiers de circonstance) ;

- la mise en œuvre de moyens RBC(utilisation des réseaux d’eau) ;

- l’action de foule à l’extérieur, voire àl’intérieur de la base.

** *

LES MESURES DE PROTECTION-

SAUVEGARDE

De ce qui précède, il apparaît clairementque le concept « soldat-sapeur-spécia-liste » trouve ici toute sa pertinence.

Si les missions de spécialistes restentvalides (maintien de la viabilité des airesaéronautiques incluant la réparationrapide de pistes pour le génie de l’air,réalisation d’infrastructure opération-nelle, eau et énergie pour les CIO), l’ap-pui du soldat et du sapeur que peuventapporter ces unités aux différents déta-chements de l’armée de l’air œuvrant

sur une BAP est essentiel, au regard deleurs compétences et de leurs capacités.

Au titre du soldat, elles peuvent interve-nir en renforcement des commandos del’air pour la défense de la BAP, voire ensubstitution en leur absence comme cefut le cas à Bunia lors de l’opérationArtémis-Mamba. Un renfort limité doitpouvoir aussi être apporté dans ledomaine du contrôle des foules, en par-ticulier lors de livraison d’aide humani-taire.

Au titre du sapeur, ces unités d’infra-structure peuvent appuyer les unitésopérationnelles. Ainsi :

- les commandos de l’air, chargés de laprotection-défense de la BAP, en dur-cissant les accès par des obstaclespassifs et des corridors, en réalisantdes points d’appui, des emplace-ments de combat et autres fossés, enmettant en œuvre tout un systèmed’éclairage nocturne permettant, àl’intérieur de la BAP, de détecter plusfacilement tout mouvement suspectautour des zones sensibles et, à l’ex-térieur, d’éblouir tout observateur ouagresseur potentiel ; il pourra égale-ment être nécessaire de réaliser unautre accès moins vulnérable quecelui d’origine, avec son raccorde-ment au réseau routier ;

- les unités sol-air, essentiellement enembossant leurs systèmes d’armes(Aspic, Crotale) ;

- les escadrons déployés en réalisantdes merlons de protection autourdes aires de stationnement des aéro-

nefs, rehaussés par des filets ou desgrillages.

Les unités d’infrastructure auront aussi àagir au profit du COMDETAIR par destravaux limitant la vulnérabilité de l’in-frastructure telle que les zones :

- OPS (PC OPS, tour de contrôle,radars, systèmes d’aide à la navi-gation) ;

- techniques (dépôt de munitions etde carburant, centrales électriques) ;

- vie (hébergement, transit, etc.).

Dans ce cadre, les travaux à exécuterconsisteront à cloisonner les différenteszones (réalisation de murs, merlons, fos-sés et écrans), à durcir l’infrastructure(toits, planchers, ouvertures), à enfouiréventuellement le ou les PC en incluantleur approvisionnement en énergie eteau.

En outre, la dispersion des installations,nécessaires pour une moindre vulnéra-bilité, doit résulter d’un compromis avecles contraintes techniques de mise enœuvre des différents réseaux.

Toutes ces mesures doivent permettrel’obtention d’une bonne protection faceaux tirs directs. Bien qu’elle ne relèvepas des unités d’infrastructure, la combi-naison d’un contrôle de zone à l’exté-rieur de la base associé à des systèmesde contre-mesure devrait réduire sensi-blement la vulnérabilité face aux tirsindirects.

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Les mesures préconisées ne sont pasnovatrices, sauf que la tâche est incom-mensurable. En effet, une BAP repré-sente un gros camp 1000 hommes, plus

des aires aéronautiques avec leurs servi-tudes, sur une surface totale de trois àcinq kilomètres carré. Tout est alorsaffaire de choix au moment de laconception de l’opération :

- décision ou non d’implanter une BAPau plus près ;

- durée d’existence de la BAP ;

- prise en compte totale ou partielledes vulnérabilités, avec détermina-tion d’un niveau de protection accep-table en fonction de la menace ;

- définition de priorités pour la mon-tée en puissance de la BAP (placedes moyens nécessaires à la protec-tion-sauvegarde dans le plan d’ache-minement) ;

- renfort des moyens du génie dethéâtre.

Aussi, lors du processus de planificationdu déploiement d’une BAP type FOB, laprotection et la sauvegarde doivent êtrela préoccupation essentielle de l’état-major qui en a la charge.

Page 42: Sapeur no 6

La protection du soldat, lequel représenteplus que jamais une ressource précieusequ'il importe au plus haut point de pré-server, a toujours constitué l'une des pré-occupations principales du commande-ment lors des opérations. Si les moyensd'améliorer cette protection pour le com-battant en action, depuis la cuirasse desorigines jusqu'au gilet pare-éclats de 2006,ont fait l'objet d'améliorations continues,la prise en compte de cette sauvegardesur les lieux de stationnement n'a pas tou-jours été traitée de façon aussi approfondie.

Il y a là une vulnérabilité singulière pournotre personnel présent dans les infra-structures, qu'il se repose dans les can-tonnements ou qu'il s'active dans lesétats-majors déployés. Comprendre lesphénomènes en jeu, et tout particulière-ment leurs interactions avec l'infrastruc-ture, doit permettre d'adapter cette der-nière pour minimiser autant que faire sepeut les effets d'un attentat à l'explosif.

CONNAÎTRE LA MENACE

Si une action militaire de type « hauteintensité » (tir d'artillerie, bombarde-ment…) visant nos installations ne peutjamais être totalement exclue, elle neconstitue plus la menace principale pourles forces déployées hors du territoirenational.

En revanche, une agression par attentatà l'explosif est toujours possible (et passeulement à l'extérieur, malheureuse-ment), avec une forte probabilité qu'ellesoit conçue et préparée pour causer lemaximum de dommages.

Quelle que soit la mouvance dont il estissu, le terroriste qui n'est pas rapide-ment mis hors d'état de nuire se perfec-tionne très vite dans le maniement desarmes et des explosifs. Par ailleurs, il estde plus en plus rarement inculte : « lesterroristes ne deviennent pas intelli-gents, ce sont des intelligents quideviennent terroristes ». À cet égard, lesattentats qui ont frappé les grandesmétropoles depuis quelques annéesattestent de la compétence de ceux quien ont été les organisateurs et les logisti-ciens. Enfin, l'indifférence des terroristesà leur propre sort, voire leur volontéaffirmée de sacrifier leur vie, car ils sonttrès souvent des kamikazes, en fait desvecteurs d'une efficacité redoutable.

Ces « combattants » (d'un genre particu-lier) s'attaquent à des cibles plus oumoins vulnérables, habituellement quali-fiées de « molles » ou de « dures » selonleur degré de protection physique.Entrent dans la première catégorie, desobjectifs comme les gares de Madrid oude Londres, les Twin towers de New-York…, dans la seconde, les bureaux du représentant de l'ONU à Bagdad(M. Vieira de Mello) en 2003, les gendar-meries de Corse…, sans que cette distinc-tion ne semble dissuader les agresseurs.

Si les installations que nos forces occu-pent en opérations sont censées êtreplus « dures » que « molles », elles n'enrestent pas moins très exposées a priori.D'une part, elles représentent une ciblefixe, adaptée à la préparation minutieusede l'attaque car nombre de leurs caracté-ristiques sont invariantes ou répétitives.

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PROTÉGER NOS STATIONNEMENTSCONTRE LES ATTENTATS À L'EXPLOSIF

The soldier has become increasingly a very sensitive resource that has to be preserved

on any theatre of operation. Therefore, protecting him was and remains a main worry

of any commander.

The individual protections, from the breastplate to the latest recent flak jackets are

more and more efficient. However, the protection when the soldier is back to the

military compound, has not been so deeply studied.

By this way, the officers, NCO and soldiers are vulnerable when they are standing at

ease or working in a staff or a workshop.

In this case the infrastructure needs to be adapted in order to face the threat considered

by the commander. So the understanding of the different phenomena occurring, and the

way they interact with buildings, is essential to design efficient protection systems.

Colonel

Philippe

LORIDAN

Saint-cyrien de la promotion Général Lasalle(79-81), il sert comme lieutenant au 9 e régi-ment du génie de 82 à 86. Après avoir suivi laformation du diplôme technique de l'ESGMde Versailles, il commande à Mont-de-Marsanla 2 e compagnie du 15 e régiment du génie del'air puis sert comme chef du bureau d'étudesde la direction des travaux du génie de Lille.

Admis dans le cycle de l'EMS2 par la voie dubrevet technique, il est ingénieur civil desPonts et Chaussées et breveté de l'enseigne-ment militaire supérieur (CSEM et CID).

Chef des moyens opérationnels du 25 e Ré-giment du génie de l'air de 1996 à 1998, il commande ce même régiment de 2001 à 2003.

Chef du bureau maîtrise des coûts du servicetechnique des bâtiments, fortifications et tra-vaux (STBFT) de 1998 à 2001, il y revientcomme adjoint opérations en 2004 et en est ledirecteur adjoint depuis l'été 2005.

Lieutenant-Colonel

Patrick

MARTIN

Saint-cyrien de la promotion de LINARES , ilest affecté successivement au 32 e RG à VieuxBrisach, au 5 e RG, à l’École Supérieure duGénie Militaire, au 10 e RG, à la Direction detravaux de Paris.

En 1988 il rejoint le STBFT où il participe à laconception d’ouvrages spécifiques commel’infrastructure du missile nucléaire préstraté-gique HADES ou le centre de guerre électro-nique, puis rejoint le groupe « NucléaireProtection » où il participe à la conception et àla validation de divers dispositifs de durcisse-ment des réseaux stratégiques, aux essaisdes magasins de stockage des munitions et àla rédaction d’ouvrages relatifs à la protection.

Il intègre la DCG pour y servir successivementau sein de la sous direction travaux puis de lasous direction opérations d’infrastructure entant que conducteur d’opérations puis chef dela section planification.

En 2000 il retrouve le STBFT comme chef de la section « Protection effets des armes »puis du bureau « Protection et Sécurité desInfrastructures ». Il y conduit des études liées àla sécurité pyrotechnique puis d’autres sur laprotection offerte par l’infrastructure face auxarmes conventionnelles ou asymétriques enopérations extérieures ou en métropole.

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D'autre part, elles abritent des occupantssuffisamment nombreux pour quel'agresseur puisse escompter un bilansignificatif. Enfin et surtout, elles sontpar nature un symbole qui garantit paravance le retentissement recherché parles terroristes.

Par ailleurs, trouver de l'explosif enquantité suffisante ne représente guèrede difficulté majeure pour des terroristesdéterminés. Il peut avoir été pris dans lesréserves à usage civil (carrières…), fabri-qué artisanalement à partir d'engrais oude désherbants (les recettes sont acces-sibles sur Internet), ou plus simplementissu d'anciens stocks militaires aujour-d'hui dispersés. Notons au passage lapropension des « bombes humaines » àdoper la charge qu'ils transportent pardes projectiles aussi divers (billes, clous,écrous…) que vulnérants.

QUELS EFFETS SUR LES INFRA-

STRUCTURES… ET LEURS OCCU-

PANTS ?

Parmi les différents phénomènes causéspar la détonation d'une charge explosive« classique », c'est le souffle qui pro-voque le plus d'effets. Il convient doncd'en connaître les caractéristiques, etsurtout les effets sur l'infrastructure.

Une explosion engendre un pic de pres-sion qui s'atténue extrêmement rapide-ment quand il se propage à l'air libre.

Ainsi, à charge équivalente, les effetsd'une explosion seront réduits dansd'importantes proportions si la distanceavec le point zéro s'accroît. Par contre, lamême explosion dans un volumeconfiné (tunnel, bunker…) générera uneonde de choc bien plus durable et dontles effets seront multipliés (il est parexemple connu que le bilan de l'attentatdu 20 juillet 1944 contre Hitler aurait ététout autre s'il avait été commis dans unbunker et non dans un bâtiment tropléger pour confiner l'explosion).

À ces effets primaires s'ajoutent ceux,secondaires, consécutifs à l'effondre-ment des structures ou à la projection dedébris divers dans les volumes occupéspar le personnel.

La résistance d'un bâtiment à une ondede choc est fonction de sa fréquencepropre : plus elle est élevée, plus il estfragile, plus elle est basse plus il résiste.

Ainsi, les immeubles massifs de type« murs et refends porteurs » s'avèrentbien plus robustes que les structures« poteaux-poutres ». Dans ces dernières,la propagation de l'onde de choc peutprovoquer la rupture des poteaux etentraîner l'effondrement de la totalité del'immeuble, tel un château de cartes (cf.attentats du Drakkar - Beyrouth 1983 - ouOklahoma City - 1995).

Enfin, il a souvent été constaté qu'unegrande partie des dommages causésaux personnes, résulte de la projectionde débris divers et tout particulièrementles éclats de verre des vitrages dont leseffets sur les personnes non protégéessont particulièrement dévastateurs.

PREMIÈRE PARADE : ORGANISER

L'ESPACE

Ces effets peuvent être sinon annihilésmais à tout le moins minimisés dansd'importantes proportions par la miseen œuvre d'une infrastructure raison-née, pensée en fonction de cette menaceparticulière.

Pour cela, les principales paradesconsistent en une organisation de l'es-pace qui exploite la décroissance extrê-

mement rapide des effets du souffle enfonction de la distance, un choix detypes de structures aussi peu sensiblesque possible à ces effets, et un emploijudicieux des matériaux et équipementspotentiellement dangereux.

En premier lieu, il convient de mettre laplus grande distance possible entre toutsite potentiel d'explosion (circulationpublique, parking, local courrier…) et lesimmeubles ou locaux sensibles.

Pour ce faire, l'on se doit de classifier lesdifférents locaux selon leur sensibilité etde les positionner en conséquence. Quatregroupes génériques sont à considérer :

• un sanctuaire : partie de l'emprisehébergeant le personnel et les maté-riels dont la perte ne permet pas depoursuivre la mission ;

• une zone tampon : partie de l'em-prise dédiée aux installations dont laperte ne remet pas en cause l'exécu-tion de la mission principale ;

• un glacis : espace périphérique per-mettant de détecter puis de prendreà partie et d'arrêter un éventuelagresseur ;

• des accès : partie du glacis traversée

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par les voies de circulation et équipéedes moyens de contrôle du personnelet des véhicules accédant au site.

D'évidence, la répartition des différentesfonctions entre les groupes définis ci-dessusne relève pas du technicien mais constitueun choix majeur de commandement.

Puis, l'organisation ainsi établie, ilconvient de mettre en place les mesuresqui permettront de lui conserver toute sapertinence, en équipant le glacis et lesaccès pour interdire toute approche duvecteur et de la charge transportée. Ilpeut s'agir de points de contrôle oud'obstacles passifs : dénivelées périphé-riques (escaliers), chicanes, bornesrétractables ou non, mobilier urbain…

Leur implantation sera fonction d'une partde la menace prise en compte, d'autre partdu risque consenti : là encore, le comman-dement, conseillé mais non pas remplacépar les spécialistes, doit au préalable seprononcer clairement.

Le diagramme ci-dessous permet d'esti-mer les dommages, humains et maté-riels, en fonction de la quantité d'explo-sif utilisée et de la distance par rapportau siège de l'explosion.

Cet abaque, d'un usage simple, peut êtred'une aide précieuse lors des choix d'or-ganisation de l'espace « horizontal ».

Par exemple, si la distance « sûre » autourdu sanctuaire est de 400 m, il ne sera quepeu affecté par les effets de l'explosiond'une charge de 500 kg (équivalent TNT).

De même, si la menace retenue est unecharge de 700 kg, il apparaît d'embléequ'aucun personnel ni matériel impor-tant ne devrait être positionné à moinsde 200 m de la limite extérieure du glacis.

Enfin, cette organisation de l'espace doitêtre considérée dans les 3 dimensions,en parant aux possibilités offertes parles égouts, tunnels et autres voies depénétration souterraine d'une part, en

dédiant les étages supérieurs à l'usagede glacis d'autre part.

COMPLÉTER CETTE ORGANISATION

SPATIALE EN ADAPTANT LE BÂTI À

LA MENACE

Quelle que soit l'organisation spatialeretenue, la nature du bâti est d'une telleimportance en cas d'explosion qu'elledoit au mieux constituer un critère essen-tiel dans le choix des immeubles de sta-tionnement et à tout le moins être adap-tée et modifiée pour gagner en sécurité.

Ains i , les ouvrages de s t ructure« poteaux-poutre » doivent si possibleêtre évités, et ce tout particulièrement sileur façade est constituée de mursrideaux. Cependant, ils sont si répandusque leur emploi doit être envisagé.

Dans ce cas, préférence doit être accor-dée à ceux dont les façades les plusexposées sont constituées d'un pare-ment lourd (béton armé) et comportentpeu d'ouvertures. En effet, les possibili-tés de propagation des ondes de chocsont alors bien moindres que dans le casd'un remplissage léger des façades.

À défaut, il faut renforcer les murs exis-tants par des procédés additionnels appli-qués sur la face externe (par exemple parajout d'un mur extérieur constitué de blocscreux de ciment ou de bois remplis debéton et liaisonnés par des fers à béton) ousur la face interne (blindage par ajout depoteaux métalliques connectés au plan-cher et au plafond et sur lesquels sont

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fixées des plaques d'acier, projection defilms polymères, collage ou fixation de tis-sus spéciaux…).

Dans tous les cas, les éléments porteurs(poteaux, poutres) et les liaisons entre leséléments de structure devront être renfor-cés pour, si possible, prévenir toute rupturefragile et à défaut en contenir les effets defaçon à éviter un l'effondrement total dubâtiment par effet domino. Les techniquesà employer (chemisage métallique, posede fibres de carbone ou composites…)sont, pour certaines, inspirées des savoir-faire de la construction parasismique.

Enfin, les menuiseries, vitrées ou non,doivent faire l'objet d'une attention par-ticulière en raison de leur grande vulné-rabilité et de leur dangerosité affirmée.

Quand la menace est élevée et qu'unefenêtre n'est pas indispensable, l'on doittout d'abord envisager de retirer la vitreet condamner, voire murer l'ouverture.

Cette solution, certes radicale, présentede nombreux avantages (simplicité, effi-cacité, faible coût…).

Si son maintien s'avère indispensable, ilconvient alors de protéger les élémentsvitrés (pose d'un film de sécurité, rem-placement du vitrage par du verrefeuilleté ou du polycarbonate…) enveillant de plus à ce que le panneau verrier complet ne puisse pas être lui-même projeté dans le volume à protéger(renforcement des huisseries et de leursfixations, mise en place de barres ou decâbles de rétention…).

De même, les portes devront être renfor-cées, voire remplacées par des portesblindées fortement ancrées dans desparois elles-mêmes résistantes.

Il apparaît donc nettement que les choixconcernant l'infrastructure de stationne-ment sont lourds de conséquences poten-tielles sur la sécurité de notre personnel.

Si les principes qui doivent guider ces choixsemblent aisés à appréhender, leur mise enpratique nécessite de solides connaissancesdans le durcissement des infrastructures.Cette culture particulière ne peut s'acquériren quelques semaines ni par la lectured'aide-mémoire spécifiques. Elle est le fruitd'une double expérience, dans le bâtimentd'une part et dans le raisonnement sécuri-taire d'autre part, et se trouve chez nos ingé-nieurs militaires du domaine TOI (tech-niques des opérations d'infrastructure).

C'est en s'appuyant sur ces spécialistes,que l'on trouve principalement dans le ser-vice d'infrastructure de la défense (SID) etplus particulièrement au service techniquedes bâtiments, fortifications et travaux(STBFT), que le commandement pourrafaire stationner nos formations dans lesmeilleures conditions de sécurité.

Ce ne sera alors plus seulement la sueur,mais aussi l'expertise technique, quiépargneront le sang.

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Les opérations menées depuis le débutdes années 1990 avaient souligné lebesoin en matière de protection, malgréle caractère souvent semi-permissif del’environnement dans lequel évoluaientnos forces. En outre, les opérations encours en Afghanistan et en RCI pour nosforces ou sur le théâtre irakien pour desforces alliées, nous rappellent la néces-sité de préserver toute force engagée,son personnel et son potentiel, afin decontribuer à sa liberté d’action.

La menace évolue, sa nature est plushétérogène, en particulier dans lesconflits de type asymétrique, ses effets setrouvent amplifiés par la résonancemédiatique. L’emploi de modes d’actioncontre insurrectionnels nous impose uneprotection accrue et une mise à distancede la menace qui doit permettre unemeilleure discrimination pour une appli-cation graduée et réversible de la force.

L’approche en matière de sauvegardeprotection ne peut plus seulementconcerner quelques spécialistes ou fonc-tions spécialisées, elle doit être multidis-ciplinaire et intégrée, usant de combinai-sons de dispositifs actifs ou passifs quiemploient des technologies désormaisdisponibles et qui participent à la dimi-nution de l’empreinte logistique et desbesoins en main-d’œuvre tout en répon-dant au besoin opérationnel.

L’examen de la menace conduit à propo-ser la constitution d’éléments de protec-tion dédiés et à examiner, pour la com-posante AGESTER, des voies de déve-loppement possible pour répondre auxbesoins désormais identifiés.

Il s’agit de proposer des solutions quiaugmentent significativement les capa-cités d’une force déployée, atténuent sesvulnérabilités, réduiraient l'empreintelogistique tout en participant à unemeilleure appréciation de situation parle commandement, afin d’augmenter laliberté de manœuvre et de mouvementpour la force.

LA MENACE ET SES CONSÉ-

QUENCES

La menace continue à se développerrapidement. L’emploi par l’adversairepotentiel de stratégies adaptatives deplus en plus sophistiquées est actuelle-ment démontré sur des théâtres tels quel’Irak ou la Tchétchénie. Ses manifesta-tions seront de nature conventionnelleou non, les éléments chargés de la miseen œuvre seront assurément plusmobiles. La menace est donc multiformedans ses effets : tirs directs et/ou indi-rects, emploi possible d’armes à effetthermobarique, de moyens NRBC,attaques suicides ou par dispositifsexplosifs improvisés.

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Lt-colonel (TA)

Jean-Jacques

SOUCASSE

EMIA de la promotion LieutenantLhuillier (85/86), commande le 1er régimentdu Génie depuis le 28 juillet 2005.

Il a servi successivement au 71 e, 6 e RGcomme chef de section, puis de com-mandant d’unité au 3 e RG. Il a servicomme instructeur à l’ESM de Saint-Cyret commandant de compagnie élève àl’ENSOA.

En 1999, il intègre la 113 e promotion duCSEM puis la 8 e promotion du CID.

Après avoir été chef de BOI au 31e RG(2000-2002), il a été affecté comme officier de liaison de l’armée de terref rançaise auprès de l ’US ArmyManeuver Support Center de FortLeonard Wood (Missouri) jusqu’à l’été2005.

POUR UNE APPROCHE GLOBALEDE LA SAUVEGARDE-PROTECTION

This article is an initial look at the potential application of emerging technology to

support force protection and physical security enablers for the force as a means of

maximizing layered and integrated force protection and physical security capabilities

across the range of operations.

It will examine innovative ways and means of increasing these capabilities without

excessive logistical and manpower burden in order to ensure greater survivability of

the personnel and assets performing the main mission.

The engineer force employment through its battlespace management tasks remain

particularly relevant in supporting a proactive approach to an integrated, layered

and modular force protection system for both static and on-the-move mission

requirements.

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Page 47: Sapeur no 6

Il est d’ores et déjà évident que l’adver-saire s'efforcera d'identifier les fai-blesses et les vulnérabilités des forcesauxquelles il sera confronté, en particu-lier celles des dispositifs ou procéduresde protection des forces, pour profiter deces vulnérabilités dans l'accomplisse-ment de ses buts.

L’adversaire, en particulier dans desconflits de nature asymétrique, a surtoutun but politique plus que militaire etrecherche l’accroissement de sa puis-sance politique, de son image et de soninfluence. Il compense le rapport deforce défavorable en termes de capaci-tés armées en visant les objectifsmajeurs. Par ces modes d’action, ilcherche à gagner l'attention à sa causeen infligeant des pertes et en détruisantdes cibles symboliques, y compris parl’emploi de commandos suicides.

Cette tactique est souvent couronnée desuccès.

La sauvegarde-protection permet à laforce de préserver son intégrité, c’est-à-dire son potentiel militaire et humain,ses installations. La protection vise à lapréservation du potentiel de combatd'une force afin de permettre au com-mandant d’appliquer la force à l’endroitet au moment décisifs avec les effetsrequis. Toutefois, les mesures de protec-tion sont le fruit d’un compromis entreimpératifs d'accomplissement de la mis-sion et acceptation d’un risque.

La sauvegarde-protection a pour but deréduire au minimum les effets de la puis-sance de feu ennemie et de samanœuvre. Elles sont le plus souventtraduites en mesures passives par lebiais d’ouvrage de protection réalisé parle Génie.

La protection de la force sur un espacede bataille lacunaire est encore actuelle-ment une carence capacitaire. Lesbesoins en main-d'œuvre et en res-sources détournées de la mission princi-pale pour mettre en œuvre les mesuresou dispositifs de protection réduisent lesressources opérationnelles et tactiquesdisponibles et limitent ainsi la libertéd'action de la force.

Le besoin en unités, en systèmes de pro-tection intégrés et redondants conti-nuera à croître pour répondre aux

contraintes de protection du personnelinterarmées et/ou interarmes et de leursmoyens.

Les opérations récentes démontrent quela réponse à ce défi est d’un faibleniveau technologique et recourt généra-lement à une main-d’œuvre importante.

LA RÉPONSE

Les forces comptent naturellement surleurs moyens tactiques organiques pourobtenir le niveau de protection adéquat,ce qui détourne le plus souvent une par-tie des troupes de ses missions essen-tielles et limite leur potentiel de combat.

Les unités d’appui et de soutien ont, enoutre, des capacités intrinsèques limi-tées pour assurer leur protection et sontsouvent les plus vulnérables auxattaques.

La protection doit être le fruit d’uneaction combinée et concertée quiimplique de la recherche de renseigne-ment, de l’analyse du terrain, de lacoopération entre armes de mêlées etd’appui, de l’utilisation de réseaux decapteurs et de communication, de l’amé-nagement du terrain et des infrastruc-tures permanentes ou semi-perma-nentes.

Pourtant, il ne semble plus concevablede dédier un volume de force importantaux missions de protection.

Les technologies disponibles actuelle-ment offrent des possibilités d’améliora-tion de la protection en accroissant lescapacités des unités investies de sesmissions par le biais de solutions à basede systèmes intégrés. Leur combinaisonavec un juste volume de forces, quipourraient être non spécialisées, per-mettrait d’atteindre un niveau satisfai-sant.

Cela passe par la conception d’un sys-tème combinant différents moyens etpermettant une meilleure détection, iden-tification et évaluation de la menace,ainsi que des capacités de réponse rapidequi doivent être plus précises et persis-tantes dans leurs effets. Il est nécessaire,dans les opérations contemporaines, depouvoir bénéficier d’une meilleure capa-cité d’observation à distance, de pouvoir

interroger et évaluer l'intention adverse àdes portées accrues qui permettent dedévelopper rapidement les réponsesadaptées et d’obtenir les effets désiréslétaux ou non, graduels et réversibles.Ces capacités pourraient être obtenuespar l'emploi de la robotique (terrestre ouaérienne), l’emploi de radars, de détec-teurs et d'autres technologies émer-gentes en matière de protection balis-tique ou NRBC.

Une solution envisageable pourrait êtrela constitution de détachements de pro-tection qui ne nécessiteraient pas forcé-ment de personnel spécialisé. Des unitésde type PROTERRE seraient potentielle-ment utilisables pour ce type de mission.

Ce détachement pourrait être du volumede la compagnie et serait employé par lecommandant d’une force déployée pourassurer la protection de ses unités ou deses sites importants (PC, base logis-tiques ou base vie, etc.), rendant ainsidisponibles les soldats préemptés parles services de garde.

Avec l'évolution actuelle de la technolo-gie, il est dès à présent concevable depouvoir réduire ses éléments à desvolumes inférieurs (sections, groupes)en maintenant, voire en améliorant leurscapacités.

L'élément de protection pourraitemployer des capteurs ou des réseauxde capteurs du champ de bataille, voiredes radars pour la détection, des sys-tèmes de surveillance vidéo qui autori-sent l'identification et facilitent l’inter-ception de toute menace.

Les plates-formes robotisées, terrestresou aériennes ou des ballons captifspourraient être utilisés pour fournir lesportées de détection nécessaires et pourréduire les zones cachées du terrain.

Ces moyens doivent être complétés pardes systèmes de contre-mobilité alliantaménagement du terrain, emploi de sys-tèmes télécommandés actifs avec muni-tions létales ou non, et de moyens pas-sifs. Ces systèmes seront intégrés, coor-donnés et dirigés à partir d’une stationportable de commandement connectéeau réseau tactique, permettant à unepetite équipe de faire fonctionner tousles systèmes et de répondre auxmenaces.

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Ce détachement de protection procurerait :

- la détection et l’identification de lamenace à distance accrue ;

- la précision, le maintien et la persis-tance des capteurs employés ;

- la capacité de déterminer les inten-tions adverses à plus grande dis-tance ;

- la capacité de répondre par desmoyens létaux ou à létalité réduite àdistance ;

- des éléments supplémentaires à l’ap-préciation de situation et de sonenvironnement par le commandantde la force ;

- une réduction des coûts en main-d'œuvre dédiée et une restaurationdu potentiel de combat des unitéschargées de la mission principale ;

- un accroissement corrélatif de l’effi-cacité de la force déployée ;

- une approche systémique et un pro-cessus aboutissant à une capacité deprotection multiple et intégrée.

Ainsi, ce détachement de protection nefournit pas seulement une capacitésimple d'avertissement contre touteintrusion, comme les capacités actuelle-ment employées, mais une capacité plusglobale de dissuasion, de détection,d’évaluation, d’alerte et de défense.

LES CAPACITÉS ACTUELLES OU À

COURT TERME

Les technologies actuelles et émer-gentes qui pourraient être mises enœuvre par des éléments de protec-tion de force, qui étendraient signifi-cativement la portée de mise à dis-tance (standoff) de la menace tout enautorisant son suivi (tracking) puisl’identification précise dans des opé-rations de sécurité opératives et tac-tiques sont listées ci-dessous :

- Les systèmes de surveillance vidéoqui incluent des systèmes de sur-veillance périmétrique, desensembles ou des réseaux de cap-

teurs et un centre de contrôle surordinateur portable qui offre desconfigurations multiples.

- Des ensembles de capteurs montéssur véhicules ou engins pilotés ourobotisés qui fournissent desmoyens de détection, de vérificationdes alertes, des capteurs anti-intru-sion ou anti-dérangement, une capa-cité automatique de détection desmouvements et de leur suivi reliéspar réseau de communication sécu-risé.

- Des systèmes anti-intrusion compre-nant des radars de surveillance ter-restre portables qui permettent unealerte avancée, la détection d'intru-sion et la discrimination entre unemenace constituée de véhicules (àroues ou chenillés) ou de personnelsau niveau section ou au-dessus, ycompris au moyen de radar terrestre.

- Une capacité de commandement deséléments de réaction qui permet lalocalisation, le suivi, l’interceptiondes menaces potentielles hors ducontact.

- Des systèmes d’armes létaux et àlétalité réduite qui fournissent uneréponse graduelle, qui réduisent letemps de latence dans la boucle de« détection - décision – engagement »et démultiplie des technologiesprouvées pour l'économie de forceet fournit l'offensive éloignée dansdes capacités défensives 1.

- Des capacités conventionnelles decontrôle et de protection des accèsde type barrière pour limiter l'accèsaux sites critiques.

- L’interconnexion avec les moyens dedétection et d’alerte contre lesmenaces non conventionnellesNRBC, y compris la détection dessubstances explosives.

La fonction de protection est par consé-quent une fonction transverse qui assureune posture permanente de sûreté à plu-sieurs niveaux. Ainsi, l’emploi d’une par-tie de ses moyens pourrait être adaptéaux besoins pour les points de contrôleou les installations temporaires.

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1) Comme le système de contrôle LACS (Local Area Control System), pour la protection des zones de vie contre les intrusions pédestres (détache-ments armés, groupes terroristes…) et mécaniques. Le LACS, est un outil fondé essentiellement sur un travail de senseurs et d’intégration de sys-tèmes, de Thales. En décembre 2005, Thales s’est vu notifier par la DGA le Spectre (système de protection des éléments terrestres, avec une cin-quantaine de partenaires), un démonstrateur visant notamment à quantifier le besoin opérationnel des forces pour leur protection (sécurisationde cantonnement…).

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RÔLE DE L’AGESTER

Le rôle de la fonction agencement del’espace terrestre (AGESTER) reste émi-nent par sa participation à la conceptionau travers de l’appui géographique, ladétermination des vulnérabilités par uneanalyse terrain ou structurelle, les tra-vaux d’aménagement et d’organisationdu terrain pour canaliser, protéger, voirepar l’emploi d’actions de déception oude camouflage. Cela comprend naturel-lement des actions de contre-mobilitéface à une menace diversifiée en natureet en volume, de protection contre lamenace NRBC et de réalisation d’infra-structures adéquates tant en phased’aide au déploiement que de soutien austationnement.

Cet appui doit être envisagé et entreprisde façon graduelle dès la phase de l’en-trée sur le théâtre.

Un effort particulier doit être entreprispour la protection des installations fixesou semi-permanentes ; en effet, lesmesures de sauvegarde classique nerépondent plus aux besoins et à l’évolu-tion de la menace car elles ont recours àdes solutions qui n’ont pas évoluédepuis le second conflit mondial. Deplus leur empreinte logistique est deve-nue trop importante.

Il est donc nécessaire de recourir àd’autres matériaux de type cellulaire, àbase de géocomposites comme les bas-tions de type Hesco pour des structuresde protection modulaires dont la valeurde protection anti-balistique serait gra-duelle et pourrait être renforcée par l’uti-lisation de mélanges d’additifs dans lesmatériaux de remplissage, afin de satis-faire aux besoins de protection accrueface aux tirs ALI directs, aux tirs indirectset aux tirs de roquettes.

L’usage de matériaux avancés combinésavec des préformes ou des moules pourla constitution de renforts de protectionou de protection (murs, chicanes, déflec-teurs, barrières anti-véhicules, etc.)quand la physionomie des lieux ne per-met pas de travaux classiques de merlo-nage, est à rechercher.

L’usage de ciments composites et depoudres réactives qui procure desbétons aux caractéristiques supérieurespour des épaisseurs aux bétons clas-

siques, offre des perspectives intéres-santes. Leur emploi peut être combinéavec des structures composites à basede fibres qui offrirait en outre des capa-cités de contrôle des signatures ther-mique ou électromagnétique. Des pan-neaux peuvent être moulés selon desgabarits modulaires préétablis et assem-blés selon des formes qui diminuent leseffets des armes.

Des expérimentations menées aux États-Unis au sein de l’Engineer Research andDevelopement Center (ERDC) ontdémontré le pouvoir de protection detels composants contre les effets defragmentation d’obus de 155 mm parrapport aux solutions classiques.

En zone urbanisée, des solutions devalorisation des structures existantes(murs, planchers, plafond,) existent,basées sur l’application par projectionde couches sur la partie arrière de cesstructures avec des matériaux de typeélastomères thermoplastiques oufeuilles de plastiques (polymères) ren-forcées de fibre qui accroissent la résis-tance aux effets mécaniques de souffleau minimum d‘un facteur 2. Les essaispratiqués ont par ailleurs démontré destemps de séchage compris entre 10minutes et 72 heures, selon les maté-riaux employés, compatibles avec uneutilisation opérationnelle.

Ses solutions ont l’avantage d’offrir unecharge logistique moindre ; il est en effetplus facile de transporter les compo-sants spécifiques qui mélangés auxmatériaux communs empruntés sur lethéâtre seront la base des assemblagesmodulaires réalisés sur place.

Enfin l’utilisation de logiciels d’évalua-tion et d’analyse de la résistance structu-relle d’infrastructure comme le logicielSSA (Simplified Survivability AssessmentSoftware) compléterait les moyens enoffrant une capacité d’analyse et deconception des structures ou desmesures de protection adéquates, in situou à partir du théâtre national.

Ce logiciel est basé sur des modules quipermettent :

- d’établir le dessin et le devis et leniveau de protection estimé selonl’installation envisagée ;

- de déterminer le temps et les moyensrequis pour la réalisation des instal-

lations selon le niveau de protectionrequis par le besoin opérationnel ;

- le développement des solutionstechniques ;

- l’évaluation des effets spécifiques desarmes sur les structures conçues.

Ainsi, afin de maintenir la liberté d’actionet l’intégrité d’une force sur un théâtred’opération, il est désormais impératif deconcevoir un système de protection inté-gré qui combine l’ensemble des moyensindispensables pour assurer le niveau deprotection requis par le commandementen fonction de la menace. Ce systèmedoit être de nature proactive et aisé demise en œuvre, tout en réduisant lescoûts en main-d’œuvre et la charge logis-tique. Une approche modulaire qui com-bine les moyens, qui participe à leurinterconnexion avec les systèmes decommandements tout en autorisant unemise en œuvre graduelle, apparaît envi-sageable grâce aux capacités offertes parl’évolution technologique.

Cela aboutit à un système de systèmesqui couvrirait l’ensemble des domainesconcernés et des fonctions opération-nelles impliquées. L’emploi de briquesdéjà existantes (détection NRBC, radar detrajectographie ou de surveillances, sys-tèmes Moder, etc.) et de systèmes decommunication et de commandementtactiques doit être associé à des élémentsdédiés à la protection. Enfin, le rôle de lafonction AGESTER, par sa maîtrise del’espace de bataille, les compétencesdétenues et les synergies entre ses troiscomposantes, reste primordial.

La prise en compte des aspects liés à laprotection des forces doit par conséquentse traduire par une étude globale dans lesdomaines de la doctrine, de l’organisa-tion, de la formation, de l’équipement etde l’entraînement, afin de fournir à laforce les capacités requises pour agirdans l’environnement actuel et futur.

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La projection d’un détachement dugénie de l’air sur un théâtre d’opérationsextérieures s’inscrit le plus souvent dansle cadre du déploiement d’une forceaérienne multinationale. Le volume dudétachement varie suivant la nature desmissions et l’ampleur des travaux à réaliser. Le rétablissement des surfacesaéronautiques après une attaqueaérienne reste la mission la plus spéci-fique du génie de l’air, son « cœur demétier ». Cependant, lors des opérationsrécentes, où la coalition détient la supériorité aérienne, les capacités du25e régiment du génie de l’air ont surtout été employées à des travauxd’aide au déploiement et de sauvegarde-protection accompagnant le déploiementet l ’ instal lat ion de la composanteaérienne de la coalition.

Après un rappe l des p r inc ipa lesmissions et capacités du génie de l’air,un exemple récent de réalisation seraprésenté. Il peut être considéré commeemblématique de nombreux besoinsactuels sur les théâtres, en ce quel’ouvrage en question répond à la foisaux besoins de sauvegarde-protectionde la force et à l’exigence d’applicationdes normes de sécurité du temps de paixqui caractér isent les opérat ionsactuelles, de basse à moyenne intensité.

RÔLE, MISSIONS ET CAPACITÉS DU

GÉNIE DE L’AIR

Le concept et la doctrine d’emploi desunités d’infrastructure en opération del’armée de l’air (approuvés respective-ment en 2003 et 2004) définissent le rôle

et l’emploi des unités d’infrastructureen opérations. Il s’agit de faciliter ledéploiement d’une composante aériennesur une ou plusieurs bases aériennesprojetées en lui livrant et en maintenanten état l’infrastructure opérationnelle etde soutien nécessaire à l’accomplissementde ses missions. Les deux compagniesd’infrastructure en opérations (CIO) ontvocation à traiter l’infrastructure « verti-cale », le 25 e régiment du génie de l’air(25 e RGA) étant, quant à lui, chargé del’infrastructure « horizontale » (surfacesaéronautiques, dalles, terrassements…).

Pour assurer efficacement ce rôle, il fautsuccessivement :

- préparer l’installation initiale de lacomposante aérienne : à cet effet, lesunités d’infrastructure en opérationdoivent faire impérativement partiedes échelons de reconnaissance etdes éléments précurseurs pour assurerle déploiement rapide des premierséléments dans les meilleures conditions;

- prendre toutes les dispositionsnécessaires en fonction de la situation(environnement, menaces…) envue de préserver la capacité opéra-tionnelle du détachement projeté,y compris dans la durée : suscep-tibles d’être engagées avant le grosde la force, les unités d’infrastructureen opération participent à l’établisse-ment des conditions de vie adaptéesà la durée des opérations, au climatet aux réserves locales. Leur actioncomprend en particulier des travauxde protection, de dépollution, derétablissement ou d’aménagementdes infrastructures.

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Lieutenant-colonel

Laurent

CHAPELLE

Le lieutenant-colonel Laurent CHAPELLEest ingénieur de l’école nationale supé-rieure d’arts et métiers.

Il a servi au 4 e régiment du génie puis au15 e régiment du génie de l’air commecommandant de compagnie.

Engagé dans le cycle de l’enseignementmilitaire supérieur à partir de 1997, il estingénieur SUPELEC depuis 1999 et suitl’enseignement du collège interarméesde défense (7 e promotion), à l’issueduquel il est affecté au service techniquedes bâtiments fortifications et travaux(STBFT).

Il est chef du BOI du 25 e régiment dugénie de l’air depuis août 2004.

LE RÔLE DU GÉNIE DE L’AIRDANS LA SAUVEGARDE-PROTECTION

EN OPÉRATIONS EXTÉRIEURES

Though Rapid Runway Repair is still the core of the missions of the Air force Engineers,

these units are more and more tasked in operations with protection and sustainability

works or with hardening works.

The 25th Air force Engineers Battalion, endowed with a large quantity of various earthmoving

equipment, as well as concrete production means, has a good capacity to perform this kind

of works and it demonstrated this on many theatres of operations in the past few years.

Its most recent experience took place in Abéché (Chad) in 2005, where it built a 1200 m2 ammunition

storage with Bastion-Walls and local made pre-cast concrete beams. The cost of this operation,

about 460 000 A, is low compared with the cost of a classical infrastructure operation, and its

length of life remains coherent with the usual term of settlements on theatres of operations.

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- assurer le désengagement de laforce : les unités d’infrastructure enopération appuient le désengagementen restituant aux autorités locales etnationales les infrastructures occupéespar la force. Dans des circonstancesplus exceptionnelles, elles peuventêtre amenées à neutraliser les infra-structures utilisées.

Le format des unités d’infrastructure enopération découle directement ducontrat opérationnel de l’armée de l’air.Dans le cadre des cinq scénarios du livreblanc, l’armée de l’air, tout en assurantle maintien de la posture permanente desûreté (PPS) et son renforcement éven-tuel, doit être en mesure de s’engagerselon trois hypothèses d’emploi exclu-sives (A pour mission AIR) :

- A1 : Opération multinationale conduitepar l’alliance au titre de la défensecollective,

- A2 : Simultanéité d’une opérationmultinationale et d’une opérationnationale,

- A3 : Simultanéité de plusieurs enga-gements de gestion de crise.

Ainsi la défense collective et les engage-ments multinationaux régionaux (scéna-rios 1 & 2 du livre blanc) peuvent impli-quer l’engagement, limité ou non dansla durée, de la totalité des forcesaériennes sur trois bases aériennes pro-jetées dont au moins une majeure(hypothèse A1 & A2), le déploiement destructure de commandement se faisanten priorité sur une de ces bases. Parailleurs, la simultanéité d’un engagementmultinational de moyenne ampleur etd’engagements nationaux ou multina-tionaux sur d’autres théâtres d’opéra-tions n’est pas exclue (hypothèse A3).Dans ce domaine, la défense de l’inté-grité du territoire hors métropole (scé-nario 3), la mise en œuvre d’un accordde défense (scénario 4) ou des actionsen faveur de la paix et du droit interna-tional (scénario 5) peuvent obliger l’armée de l’air à répartir ses moyenssur un ou deux autres théâtres d’opé-rations éloignés.

Pour répondre le mieux possible à laproblématique de simultanéité des crises,la préparation des forces de l’armée del’air s’articule autour d’une montée enpuissance progressive et modulaire desforces (FRI, FRR, FAT), dont la compositionpourra varier en fonction des objectifsassignés et de la nature de la menace.

Ainsi, l’armée de l’air devra-t-elle êtrecapable de mettre en œuvre, en moins dedeux mois et sur deux théâtres d’opéra-tions au minimum, une centaine d’avionsde combat avec leur soutien opérationnelselon les principes suivants :

- déploiement d’une vingtaine d’avionsde combat et de leur soutien dans undélai d’intervention de 72 heurespour une première mission à J + 3,

- projection de 1500 hommes et de leuréquipement dans les mêmes délais,

- déploiement de 40 avions de combaten moins de 15 jours,

- déploiement d’une centaine d’avionsde combat en moins de 2 mois.

Les forces doivent pouvoir se déployersur 3 bases aériennes projetées, dontune majeure, sur des pistes susceptiblesd’avoir été endommagées du fait de l’en-nemi, sinon du fait d’une action natio-nale ou multinationale. L’absence deproximité de ports n’est pas à exclure.

Lors des projections, le déploiement desstructures de commandement natio-nales, voire alliées lorsque la France estnation-cadre, est prévu sur une de cestrois bases de théâtres, même si leurinstallation sur un autre site ne doit pasêtre exclue.

Pour lui permettre de tenir le rôle qui luiest dévolu dans ce contrat opérationnel,le 25e RGA armé par quelques 900 hommes,est articulé en quatre compagnies opéra-tionnelles aux effectifs de 4/25/128.Chacune de ces compagnies dispose,outre du matériel spécifique nécessaireau rétablissement d’urgence d’uneplate-forme aéronautique, de capacitésimportantes de terrassement, de trans-

port (matériaux et engins), de produc-tion et de mise en œuvre de matériaux.Cette palette assez complète de moyens1

lui permet d’« agir vite et puissamment2 »,et en particulier d’obtenir, en des délaistrès courts, un impact sur le terrain permettant d’accroître significativementla protection des unités appuyées.

Ces capacités reconnues se traduisentdans les faits par un niveau d’engage-ment du régiment en constante augmen-tation3. Le 25e RGA s’est notammentillustré à Sarajevo (Bosnie), Manas(Kirghizstan), Petrovec (Macédoine),Antebbé (Congo), Abéché ou N’Djaména(Tchad). Les missions confiées aux déta-chements du génie de l’air projetés com-portent systématiquement des travauxde sauvegarde-protection, ou, commedans le cas du dépôt de munitionsd’Abéché, de durcissement d’installa-tions sensibles.

LE DÉPÔT DE MUNITIONS D’ABÉCHÉ

(TCHAD) : UN EXEMPLE EMBLÉMA-

TIQUE DES BESOINS ACTUELS EN

OPÉRATIONS

Le dépôt de munitions d’Abéché (Tchad)a été réalisé par une section du 25e régimentdu génie de l’air au printemps 2005. Ils’agissait avant tout de mettre ce dépôten conformité avec les normes desécurité relatives aux établissementspyrotechniques. Cependant, dans unenvironnement plus hostile, une réalisa-tion similaire aurait pu être conçue pourrépondre simultanément aux besoins desauvegarde-protection d’une infrastruc-ture de stockage sensible. En effet, enopération, un dépôt de munitions nemanquerait pas de constituer une cibleprivilégiée. Au-delà du durcissementinhérent à la sécurité pyrotechnique del’ouvrage, il importe donc de le protégerdes tirs et de le concevoir de manière àlimiter les conséquences d’un tir : empê-cher la destruction complète du stoc-kage et la perte de capacité opération-nelle qui en résulterait et limiter le dan-ger pour les troupes et les matérielsmajeurs que représente l’explosion

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1) 24 VBR et VIB dotés d’un canon de 20 mm, 170 engins de terrassement divers (tracto-chargeurs, dont certains sont blindés, tracteurs niveleurs,niveleuses, compacteur, pelles hydrauliques, dont certaines sont blindées), 97 camions-benne de 8, 10 et 20 m3 , 67 attelages porte-engins, deuxcentrales mobiles de production d’enrobé (120 et 220 t/h), 3 finisseurs à enrobé, 2 fraiseuses, deux centrales mobiles de production de béton(60 et 160 m3/h), 3 finisseurs à béton, divers moyens de production de béton (dont 4 auto-bétonnières de 10 m3/h chacune et 10 bétonnières àmoteur thermiques) et de pose manuelle (coffrages, règles vibrantes, pervibrateurs), matériels de topographie, de laboratoire des sols…

2) Devise du 15 e RGA (dissous en 1999).3) 22000 hommes/jours en 2001, 33000 hommes/jours en 2005.

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d’une alvéole de stockage. Les principesà appliquer lors de la conception dudépôt sont identiques à ceux qui visent àla sécurité pyrotechnique en temps depaix. Il s’agit de compartimenter le dépôtpour éviter la transmission de la détona-tion d’une alvéole à l’autre et de proté-ger le personnel contre les effets desouffle et les projections d’éclats.

L’exemple du dépôt de munit ionsd’Abéché démontre que ces objectifspeuvent être atteints sur les théâtresd’opérations dans des délais et à descoûts raisonnables. Ce dépôt situé sur lecamp CROCI à ABÉCHÉ, en plein désertTchadien, a été conçu par la section« infrastructure protégée » du servicetechnique des bâtiments, fortifications ettravaux (STBFT) au profit du commande-ment des éléments français au Tchad.

Destiné au stockage des munitions pré-positionnées (obus de mortier, gre-nades…) ce dépôt ainsi réalisé est géné-rateur de zones de danger d’une trèsfaible étendue. Dans le cas d’un accidentpyrotechnique, la structure arrêterait latotalité des éclats primaires provenantdes munitions. Cette particularité per-met de l’insérer sans danger à proximitédes différentes activités du camp etnotamment au plus près du stationne-ment des troupes.

Il présente une surface au sol d’environ1200 m2. Il est composé de 6 alvéoles permettant le stockage des munitions

ayant des groupes de compatibilité diffé-rents et appartenant aux quatre divisionsde risque. Chacune des alvéoles permet lestockage dans des conditions conformesà la réglementation en vigueur dequelques centaines de kilogrammes dematière active. Il est réalisé en « bastions-walls » (avec comme matière première deremplissage le sable du désert) et en pou-trelles de béton armé préfabriquées parentreprise sur le théâtre.

L’ensemble des travaux a été réalisé parun détachement du 25 e RGA du volumed’une section (1/4/21) disposant de11 engins de terrassement divers (dontcertains sont également aptes au levage),2 arroseuses, 6 camions-bennes, 1 auto-bétonnière (moyen mobile permettant laproduction d’environ 10 m3/h de béton),un lot de pose manuelle de béton (railsde coffrage, règles vibrantes, pervibra-

teurs) et de l’ensemble des moyensnécessaires à la maintenance et la répa-ration des matériels engagés.

Les travaux, qui ont duré deux mois etdemi, n’ont pas présenté de difficultétechnique particulière. Le seul point déli-cat de cette opération concerne les élé-ments préfabriqués par entreprise civilelocale, dont le suivi et l’assurance de laqualité peut obéir à des procédures biendifférentes de celles en vigueur enmétropole. Néanmoins, moyennantquelques précautions lors la mise enœuvre (en particulier surveillance desflèches observées à la mise en charge), ila pu être confirmé que les poutrellesétaient aptes à remplir leur fonction.

Le coût d’une telle réalisation est del’ordre de 460 000 A : environ 300 000 Ade matériaux et fournitures - essentielle-

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Accident pyrotechnique à Doha (Koweit),lors d’un exercice en 1991.

49 blessés, dont deux gravement, 105 véhicules détruits, 15M$ de dégâts.

Dépôt de munitions d'Abéché (mars 2005).Réalisation de dalles en béton hydraulique

Dépôt de munitions d'Abéché. Mise en place de la clôture (mai 2005).

Dépôt de munitions d'Abéché. Mise en place sur bastion walls des poutrelles préfabriquées (avril 2005).

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ment les bastions-walls et les poutrellespréfabriquées, 125 000 A de surcoûtOPEX (soldes), le reste représentant lecoût des billets avions des précurseursqui ont dû emprunter une VAC et le car-burant nécessaire au millier d’heuresd’engins exécutées et aux 4000 km par-courus. Le coût de la projection desengins est réparti sur plusieurs opéra-tions successives réparties sur le théâtre

tchadien. Cette somme est relativementfaible au regard du coût d’une opérationd’infrastructure de même nature lancéesur le territoire métropolitain. La duréede vie de cette installation est évidem-ment plus courte que celle d’un ouvragede construction classique, mais elledemeure tout à fait adaptée à la duréehabituelle de ce type d’engagement.

CONCLUSION

« The large ground organisation of amodern air force is its Achilles heel » 4.Plus généralement, qu’il s’agisse de lacomposante « air » ou de la composante« terre » d’une force projetée, la com-plexité et la vulnérabilité des systèmesdéployés, accrue par la nécessité, dansbien des cas, d’un emploi de la forcelimité à un très bas niveau par nostroupes, rend plus nécessaire que jamaisla mise en œuvre de mesures de sauve-garde-protection. Dès lors qu’ellesconcernent des concentrations de forcesimportantes, des zones logistiques oudes centres de commandement, cesmesures nécessitent l’engagement demoyens de travaux lourds, seuls suscep-tibles de produire une action significa-tive sur le terrain.

Pour être parfaitement optimisée, ladétermination des moyens à engagerdoit résulter de la confrontation d’uneffet à obtenir, exprimé par le comman-dement, et de l’examen du terrain et desressources locales. Le plus souvent,seule l’insertion d’un élément du régi-ment lors des reconnaissances et/ouparmi les éléments précurseurs permetla constitution du détachement le plusadapté.

Dépôt de munitions d'Abéché en cours d'achèvement (mai 2005).

4) « La forte implantation au sol d’une armée de l’air moderne est son talon d’Achille » Captain Sir Basil Liddell Hart, Thoughts on War, 1943.

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La protection est devenue ces dernièresannées l’essentiel des activités - au mêmetitre que les missions relatives à l’aide audéploiement des unités - des bataillons oucompagnies du génie projetés.

Il s’agit ici, à partir de l’expérience passéedes unités du 2e REG, de dresser untableau des actions entreprises pourrenforcer la protection de nos forces surles différents théâtres. Il est manifeste que,dans le cadre de corps expéditionnairesqui cachent leur nom et au mandatbien souvent mal défini dans le temps,nos forces sont entrées dans le cadredésormais familier de la « 3 block war »tel que défini par nos amis britanniques.Celui-ci exige, dans une alchimie biencompliquée, une aptitude à la réversibi-

lité la plus grande possible, une bataillepermanente pour les cœurs et les âmes,et une grande aptitude à basculer dansdes actions de coercition tout en limitantles pertes au plus faible nombre pos-sible. La protection-sauvegarde, depuisl’attentat du poste Drakkar 2, a son mot àdire en la matière.

S’INTÉGRER AU PAYSAGE

C’est en effet le trait prédominant desactions de protection au début duXXIe siècle, gage de la meilleure protec-tion passive. Les sapeurs, chargés decontribuer au déploiement de la force,doivent prendre en compte :

- les infrastructures qui leur sontconfiées par les belligérants ou lesacteurs locaux bienveillants (cas dela RCI) pour déployer les troupesdans la relative sécurité que cesemprises offrent. À ce titre, la pro-tection - passive - passe tout d’abordpar l’intégration au paysage. La forcese veut bienveillante et assumeentièrement son rôle de maintien oud’imposition de la paix avec un profille plus bas possible. S’il n’y a pas làde camp Bondsteel 3, il faut bienadmettre que dans ce cas les incon-

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LE RGBIA DANS LA MISSIONDE PROTÉGER LES FORCES EN 2005

French engineers have resumed operating force survivability since the resuming ofpeace support operations at the end of the seventies.

One of the most important lessons learnt, either in Lebanon, Gulf war, formerYougoslavia or Western Africa, is that it is worthy foreseeing the worst situation.

The current concept of « three block war » is, regarding the current situations encoun-tered on overseas operations, is deemed highly valuable.

Our forces, supported by our combat or heavy engineers, must plan engineering sup-port in matter of survivability as early as possible, including the full spectrum ofthreats ; i.e. terror or large calibre attacks in most the areas of operations.

In such a case, French engineers, especially in combat units, need more accurateequipment, especially for hardening combat positions and deflecting potential blasts.

Generally speaking, our forces must look closely to their initial layouts, including fromthe beginning in the OPP1 such features as force protection, taking in account thosepoints, engineers’ job on the field will be easier and they will spare useful workforce,warranting effective survivability to our forces.

Lieutenant-colonel

Philippe

KIRSCHER

Le lieutenant-colonel Kirscher est chefdu bureau opérations instructions du2 e REG depuis août 2005.

Saint-Cyrien de la promotion 86-89(général CALLIES), il a successivementservi comme chef de section au 25 e RGA,puis comme lieutenant et capitaine au5 e Régiment étranger de 1993 à 1994.

Il a commandé la compagnie d’appui du6 e Régiment étranger de génie de 1995 à1997.

Il a été chef du bureau de préparationopérationnelle de l’état-major de la bri-gade du génie, à l’issue de son passageau CSEM/CID , 9 e promotion.

Le lieutenant-colonel Kirscher est titu-laire d’un diplôme d’études approfon-dies sur le rôle du génie du C.E.F. dansles bases aéroterrestres en Indochine1953-1954, période riche d’enseigne-ment en matière de protection pournotre armée.

Le lieutenant-colonel Kirscher a servicomme « chief engineer » au sein del’ONUCI de décembre 2004 à juin 2005.

1) Operational planning process. MedO2) Le poste Drakkar, immeuble de Beyrouth tenu par la 3e compagnie du 1er RCP, appartenant à la

FMNSB , fut volatilisé par un attentat qui fit plus de 60 morts.3) Camp de déploiement initial de la brigade US au Kosovo, réalisé en 6 mois par la société

Brown and roots en 1999, et qui intégrait des abris 10 hommes dans chaque bâtiment troupedu modèle « Sea huts » (Sea = South East Asia).

Construction d’un dépôt de munitions àMitrovica. Hiver 2005

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vénients s’appellent emplacementtactiquement discutable, espace-ment des bâtiments aléatoires,faibles épaisseurs des couches deprotection, concentration des troupesavec les matériels et les munitions…

- les matériaux de dotation ou locaux :l’équipement du sapeur de 2006 res-semble bien à celui de 1950 enmatière de protection : hormis l’in-troduction des bastion-walls etautres Flexmac™, les matériaux debase les plus disponibles sont toujoursle sac à terre, les ronces et concertina,les tôles cintrées fortes. Les maté-riaux locaux présentent bien souventd’autres inconvénients : ressourcechère car rare ou chèrement mon-nayée par des acteurs trop intéresséssur un théâtre en crise, parfois diffi-cile à acheminer, comme souvent enzone nord de République de Côted’Ivoire (RCI). Ils présentent égale-ment des défauts de qualité propresà des pays au développement moinsavancé et ou la qualité ne se conçoitpas selon les mêmes normes qu’enOccident. Ces paramètres logistiquesfont souvent oublier un trait essentiel :un bon ouvrage est un ouvrage quidure, donc construit avec des maté-riaux d’une durée de vie supérieure àl’année : nos anciens avaient apprisà construire des postes de combat enbéton en Indochine. Certes, leurdémontage est fastidieux : mais cesont ceux-là qui garantissent lameilleure protection et la meilleuredurée face aux intempéries, autres

termites, voire aux coups directs.

- les contraintes imposées par l’inter-armes et les paramètres de l’opéra-tion : à ce titre, l’une des plusgrandes inconnues est la durée.Outre les mandats à 4 mois, qui fontchanger les usagers - et donc l’ex-pression des besoins - très réguliè-rement, la planification initiale del’opération est déterminante pour laqualité de la protection : l’adage« first in, last out » appliqué ausapeur doit rester dans toutes lesmémoires, de façon à trouverles infrastructures présentant lemeilleur compromis et à les amé-nager avant l’arrivée du gros de laforce.

SÉCURISER : L’ESSENTIEL DE LA

MISSION

Autre pan de la sauvegarde, un cran au-dessus de l’indispensable intégration aupaysage de la crise moderne, la mise ensécurité de nos emprises demeure unsouci constant :

- face aux incursions, des plus clas-siques, lesquelles se traduisent pardes pertes de matériels ou uneacquisition parfois insensible derenseignement sur nos emprises ounos capacités. Ainsi, la base de toutdispositif demeure encore le réseaude ronce et de concertina. Mêmerenforcé de mines éclairantes, il pré-sente une efficacité parfois discu-table. Trop sensible à la végétationtropicale, il demande un entretienpermanent pour une efficacité rela-tive surtout lorsque par ailleurs lesunités ont pris l’habitude de faireexécuter une multitude de servicespar de la main-d’œuvre civilelibrement acceptée aux heuresouvrables dans les emprises.Jusqu’à mise en œuvre et autorisa-tion d’emploi du MODER dans saversion non-létale, et même si leschiens de guerre - lorsqu’ils sont dis-ponibles - sont d’une eff icacitécomplémentaire redoutable, aucunesolution plus probante ne paraît êtredisponible.

- face aux intrusions programmées :tout en vivant au mieux au milieudes populations, il s’agit désormaisde pouvoir s’en protéger : passéesles premières opérations de contrôlede foule au Kosovo, les opérations

RCI (Odiénné) Printemps 2005 : avant

RCI (Odiénné) Printemps 2005 : après

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en RCI ont démontré qu’il fallaitdévelopper des solutions plus perti-nentes pour parvenir à dissuader,canaliser, arrêter autant que faire sepeut des populations lancées à l’as-saut des emprises ou des cordons detroupes déployés et ce avant le

contact. Déterminées à user de tousles moyens possibles, du harcèle-ment à pied jusqu’à la voiture ou lecamion-bélier, ces foules représen-tent, à l’heure du « combat camera »,un risque nouveau pour touteenceinte, aussi bien construite soit-elle. Le 2e REG a pu ainsi contribuerau renforcement des emprises du43 e BiMa, après les événements denovembre 2004 à Abidjan. Il en res-sort qu’il faut se montrer toujoursplus imaginatif pour développer dessolutions efficaces à moindre coût.Des miradors ont ainsi été confec-tionnés avec des structures à basede containers seuls capables de sup-porter le poids du niveau de protec-tion balistique requis et d’offrir lahauteur requise.

SE PROTÉGER DES COUPS

L’armée de terre française avait redécou-vert au Liban, longtemps après la fin dela guerre d’Indochine, l’efficacité des tirsd’artillerie ennemis. Elle y a fait aussi laterrible expérience de la confrontationavec le terroriste déterminé et organiséface à un dispositif de maintien de la paixfigé. 20 ans après, sur la terre africaine,elle a subi les frappes aériennes d’uneaviation jugée amie, tout comme elle a

pu essuyer les tirs de mortier de rebellesparfois sous-estimés. La leçon est là : laprotection conçue pour le rétablissementde la paix dans une zone en crise, c’est-à-dire avant tout pour résister à des tirsd’ALI, doit pouvoir encaisser les tirs duplus gros calibre et limiter les effets lesplus dévastateurs du souffle de chargesd’explosif dépassant la tonne, aussi bienen termes d’organisation du terrain quede renforcement des infrastructures. Sile GEN 150 donne des solutions efficaceset rôdées, il s’agit de revoir nos procédésd’élaboration des réseaux d’abris et desrideaux de protection :

- dès la conception, à laquelle le RGBIAdoit être associé, en optant pour desdispositifs les plus aérés possibles,

où les dépôts de munitions sontisolés et suffisamment cloisonnés, etd’autre part en recourant à des solu-tions durables, qui, si elles ont l’in-convénient de figer les dispositifs,occasionneront des économies enmoyens et en main-d’œuvre ; de lasorte seront évitées les réfectionshiver après hiver, saison des pluiesaprès saison des pluies ;

- adapter l’équipement des RGBIA àces nouvelles exigences : il faut peude choses pour disposer d’une capa-cité à couler du béton en coffrage(genre coffrages modulaires), ainsique d’une petite capacité de produc-tion de béton, autre que celle - trèslimitée - de la SAD. La mise sur lemarché d’écrans amovibles en Kevlarest intéressante, de même que lerecours, bien connu, aux vitres blin-dées. Ces capacités pourraient setrouver dans la section appui dechaque compagnie de combat. Lesabris du centre retranché de NA SANont résisté aux tirs de mortier Viet-Minh parce qu’ils étaient ancrés dansdes semelles en béton. Ce n’est plusle cas de nombre de nos ouvragesdepuis longtemps ;

- revoir les concepts contribuant audéploiement de la force, ce qui peutparfois ou devrait être débattu auniveau du D.L. génie, à l’aune desleçons apprises sur la menace terro-riste. L’équivalent d’une Skanderja ou d’un PTT building 4 ne sont plusadmissibles de nos jours. Les unités

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4) Infrastructures de déploiement de la FORPRONU à Sarajevo ayant fréquemment servi de cibles à toutes sortes de projectiles.

RCI (MAN)/ Pas d’enceinte sans ses ribards et son no man’s land. Qui désherbera ?

Ouvrage de protection du DETGEN.Les sacs à terre blancs, de mauvaise qualité, vont se décomposer peu de temps après…

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doivent être installéesdans des bâtiments deplain-pied, le doubleaccès aux emprisessystématique, les mer-lons ou murs anti-blastdoivent être implantése n f o n c t i o n d e l amenace principale et laplus dangereuse si elleest avérée. De mêmedes normes doiventêtre rendues dispo-nibles pour l’élabora-tion des postes de fil-trage, dont on a vu quel’usage le plus courantest de contrôler desmouvements routiniersde militaires et de civilsréputés inoffensifs.

La protection des forces en opérationsen 2006 demeure à la portée des RGBIA.Encore faudrait-il qu’ils se voient accorderquelques moyens supplémentaires etsurtout que les principes d’emploi dugénie, dont l’anticipation, soient appli-qués à la lettre.

Abri en terrain enneigé : une ressource non comptée.

La meilleure des enceintes demeure un mur patrouillé et éclairé.

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Présent sur le théâtre ivoirien depuisavril 2004, le détachement du génie fran-çais, majoritairement armé par le 5 e

Régiment du génie, représente la seuleparticipation française à l’opération desNations-Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Fort de 171 hommes et femmes, le déta-chement, formant corps de 2 e niveau, a pour mission principale, aux côtés dessapeurs pakistanais et bangladais, d’ap-puyer le déploiement et de soutenir lestationnement des forces onusiennes,fortes de 7200 soldats. Mais dans uncontexte politico-militaire instable et àl’avenir incertain, la sauvegarde et laprotection de la force multinationale fontpartie des principales priorités du DET-GEN ONUCI.

Le 3e mandat du détachement du génie aété très souvent confronté à la probléma-tique suivante : réaliser un dispositif pas-sif de sauvegarde et de protection surune infrastructure choisie unilatérale-ment (sans concertation avec les mili-taires) par les fonctionnaires de l’ONUCI,sur des critères économiques et poli-tiques. Leur seul et unique but étant d’at-tribuer rapidement une zone aux diffé-rents bataillons et de dicter les travaux àréaliser sans schéma directeur clair nivision à moyen terme du besoin. Les réa-lisations confiées aux unités de travauxincluaient rarement les ouvrages de sau-vegarde et protection, les matériauxnécessaires à leur réalisation étant parailleurs présents en très faible quantité.

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OPÉRATION CALAO - 3e MANDATLE 5e RÉGIMENT DU GÉNIE

EN RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE :ACTEUR DE LA FONCTION AGESTER OU

SIMPLE PRESTATAIRE DE SERVICE?

Since April 2004, pursuant to Security Council resolution 1528, the 5 th (FR) Engineer

battalion has deployed an engineer detachment composed of one road work company

and one logistic company in Côte d’Ivoire.

It is the only French contribution to UNOCI. After almost 2 years, some lessons-learned

have been identified, among them one is detailed in the two following articles.

The main point is that, to be efficient, force protection requirements have to be consi-

dered as early as possible, i.e. at the beginning of the planning process.

It is not currently the case, political and financial reasons are too often the predomi-

nant ones, and force protection is neglected.

Chef de bataillon

Patrick

ANDRIAMAHOLISON

EMIA promotion Général DABOVAL1990-1992.

DA ESAG 1992-1993.

CDS travaux lourds 72 e RG 1993-1995.

OA c i e travaux 4 e RSMA LA RÉUNION1995 -1998.

CDU 4 e COGA AVORD 1998 - 2000 (opexKosovo).

Adjoint chef de bureau instruction travaux SDGA 2000-2004.

Chef BML 5 e RG depuis septembre 2004.

Chef DETGEN ONUCI avril à octobre2005.

Capitaine

Gilles

MACHELON

ESM promotion CES RAFFALI 1998-2001.

DA ESAG 2001-2002.

CDS Travaux lourds 5 e RG Mourmelon2002-2004.

Dont MCD Polynésie CDS chantier de lapiste traversière de La Papenoo début2003.

OA 5 e RG 12 e CAS 2004-2005.

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Pourtant les expériences passéesauraient dû sensibiliser les autoritésonusiennes quant à l’importance de cetype de travaux. Les derniers événe-ments de janvier 2006 sont là pourmettre en évidence cette probléma-tique. En effet, sur le théâtre ivoirien,trop rares sont les dispositifs onusiensoffrant un dispositif de sûreté satisfai-sante. Les installations aux vues et auxcoups directs du premier venu sontincapables de résister à la moindrepression d’émeutiers : « bastionwalls » en guise de poste de combat etconcertinas pour matérialiser leslimites du camp constituent souvent leseul rempart.

Les émeutes de janvier se sont calméesd’elles-mêmes et tout s’est bien terminépour cette fois. Certes « Le contrôle defoule est un combat d’attitude » commele déclare le lieutenant Edouard, chef desection de combat du Régiment deMarche du Tchad, déployé pour renfor-cer la défense de l’état-major onusien àAbidjan, mais l’existence d’un bon dis-positif passif offrant une bonne assise dedéfense permet d’économiser le poten-tiel humain et renforce l’image volonta-riste de la force. À moins de faire fi desrègles d’engagement.

Ces événements serviront-ils de leçon pourl’avenir? Il est à craindre que non car cette

problématique se répétera encore souventtant que l’on n’admettra pas que le sapeurdoit être intégré dès la phase de concep-tion, dès la première reconnaissance deterrain. De plus, la fonction AGESTER estune fonction qui exige d’énormes moyenstechniques, humains et financiers ainsi queles fameux délais du sapeur. Elle demandeconcertation, réflexion et technicité qui exi-gent la participation de spécialistes dès lagenèse d’une opération. Sur le théâtre, ilest impératif que le sapeur soit en mesurede donner son avis technique et de trans-mettre ses besoins en matériaux, afin queles mêmes erreurs ne se reproduisent pasavant l’arrivée éventuelle des 3000 renfortsdemandés par l’ONUCI.

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Le capitaine MACHELON a été projeté ausein du détachement français du géniede l’ONU en Côte d’Ivoire, en tant queChef de l’équipe de reconnaissance tra-vaux, d’octobre 2005 à avril 2006. Desmissions de sauvegarde et de protectiondes forces ont été confiées à ce détache-ment. Ses réalisations et l’expériencedes événements qui sont survenus surle territoire en janvier 2006 ont montréque le plan de défense des implantationsde la force était un point clé de la sauve-garde et de la protection. Pour être plei-nement efficace, l’action du génie doit sesituer dès l’amont de l’installation destroupes. Les travaux engagés doiventêtre adaptés à la menace et leur impactsur la mission de maintien de la paix estessentiel.

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ANTICIPER

Début 2006, au cours d’une reconnais-sance à Guiglo dans l’ouest de laRépublique de Côte d’Ivoire, l’équipe aconstaté de graves faiblesses dans la

protection de l’emprise. 15 jours plustard le camp est abandonné sous la pres-sion des jeunes patriotes qui perdent5 tués à cette occasion.

Le bataillon concerné occupait une zonede 8 hectares située en centre-ville, atte-nante à une place de marché et longéepar plusieurs axes urbains. Protégée parun rouleau de ribard et quatre postesd’observation, ce dispositif défensif s’estrévélé nettement insuffisant. Suite ànotre reconnaissance, des travaux cor-rectifs avaient été demandés nécessitantde gros moyens sans que pour autantcela change la situation géographiquedéfavorable. Bien sûr, il était délicat etcoûteux de déménager l’emprise vers unlieu plus resserré et plus isolé. Une foisinstallé, il est difficile de déplacer uncamp tant pour des raisons matériellesque politiques. Le choix initial de l’em-prise est donc primordial.

Inversement, amenés ensuite à effectuerune reconnaissance en vue de réaliser ledéploiement du bataillon marocain àSakassou au nord de la zone de

confiance dans la région de Bouaké,nous avons pu intervenir en amont del’installation de la troupe. Le choix dusite a pu donc respecter les impératifsd’une emprise compacte, éloignée ducentre-ville, disposant d’un accès princi-pal et d’un accès secondaire, entouréed’un mur d’enceinte et d’un possible« no man’s land ».

Le souci légitime du bien-être destroupes, ne doit pas prédominer dans lechoix de l’emprise. D’ailleurs les élé-ments de confort ne sont pas intrinsè-quement liés à la situation de la zoned’installation, en revanche la sécuritél’est. L’électricité est en général fourniepar des groupes électrogènes, l’eau eststockée dans des bacs souples et distri-buée par des motopompes, les sani-taires et les logements sont installésdans des structures préfabriquées typeCORIMEC. Anticiper en intégrant lechoix d’un site adapté est donc le maîtremot dans le cadre de la mission de pro-tection des forces.

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S’ADAPTER À LA MENACE ET À LA

MISSION

Une fois l’emprise choisie vient ledeuxième temps de la réflexion : adapterla défense à la mission de maintien de la paix et à la menace identifiée.Reprenons l’exemple de Guiglo précé-demment cité. La région de la MoyenneCavilly - capitale Guiglo - fut le théâtred’affrontements au début du conflit. Lesmilices de jeunes patriotes restentencore actives dans cette zone. Enconséquence, la menace à prendre encompte ne se limite pas au risque de volmais doit inclure le contrôle d’une fouleviolente et hostile qui peut se mobiliserrapidement. Cette absence d’adéquationentre la menace et le plan de défense del’emprise de Guiglo a eu les consé-quences que l’on connaît.

Revenons à l’exemple des travaux envi-sagés à Sakassou : un no man’s land vaêtre créé devant le mur d’enceinte grâceà 3 rouleaux de ribard, des postes d’ob-servat ion et de combat vont êtreconstruits. À l’entrée principale des

chicanes et un poste de sécurité durciseront réalisés. La zone vie, quant à elle,située hors des vues des passants, n’estpas voisine d’un axe de circulation lon-geant le camp. La menace venant demanifestants équipés d’armes légères aété prise en compte et le plan de défensedu camp adapté en conséquence. Lecamp ne sera pas pour autant durcicontre une attaque de plus haute intensité peu probable actuellement.Cependant, le caractère resserré etexcentré du camp permettra si la situa-tion l’exige de renforcer le plan dedéfense. Être en mesure d’adapter sonplan de défense à la menace est donc unprérequis à la réussite de la mission.

Quel impact les mesures de sauvegardeet de protection d’un détachement ont-elles sur sa mission de maintien de lapaix ? Une emprise dotée d’un plan dedéfense adapté et cohérent donne de lacrédibilité et du poids aux forces impar-tiales. En effet, une troupe bien défen-due sait être dissuasive sans être agres-sive vis-à-vis des populations dans lecadre d’une mission de maintien de la

paix. Par ailleurs, un dispositif surpro-tégé au regard de la menace inquiéteraitles populations au lieu de les rassurer. Il importe donc d’adapter ces travauxaux justes besoins de la protection destroupes face à la menace la plus probable.

* **

En conclusion, la sauvegarde et la pro-tection des forces est une nécessité qu’ilfaut anticiper et adapter à la situation età la mission. Cet équilibre est lourd deconséquence et engage la responsabilitédu chef tant à l’égard de la sécurité deses subordonnés qu’à propos de la réus-site de la mission. Cependant, les événe-ments de janvier ont aussi et surtoutprouvé l’importance de l’implication destroupes dans leur défense. En effet, lesSénégalais à San Pedro face à des mani-festations hostiles ont tenu leur position.Enfin, Gengis Khan disait bien à proposde la muraille de Chine : « Le murdépend moins de sa hauteur que de lavaleur des défenseurs ».

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En 1999, un groupe de travail interarmesa donné naissance au concept ISOPEX. Ils’agissait de « définir la conceptiongénérale et la réalisation de l’infrastruc-ture d’un camp pour une force de 1000hommes » afin de répondre à la problé-matique du stationnement longue duréede forces armées engagées dans desopérations de maintien de la paix.

Le souci premier de ce groupe de travailétait de « déployer et d'installer destroupes dans des conditions de vie indispensables à la conservation deseffectifs »1.

Le document publié en novembre 1999n’a jamais été approuvé. Néanmoins leconcept a été appliqué sur plusieursthéâtres et notamment au KOSOVO.Toutes les difficultés techniques ont étérésolues pour obtenir maintenant d’ex-cellents résultats pour le confort destroupes en campagne et parfois mêmel’esthétique des bâtiments.

Curieusement la sauvegarde-protectionqui fait pourtant l’objet d’un sous-dossier complet dans le document n’a vu aucune évolution majeure se dessiner sur le terrain.

Cet article voudrait apporter un éclairagegénie sur quelques points sensibles dela sauvegarde-protection des troupesafin qu’ils soient mieux pris en comptesur les théâtres.

LA PROTECTION DES PERSONNELS

Sur le plan technique et pour le confortdu soldat en opération, l’élaboration duconcept ISOPEX a mis en exergue lesous-équipement de l’armée françaisedans le domaine du stationnement en opération. Ainsi depuis 1999, les programmes d’équipement ont intégrédes marchés variés allant du bungalow d’habitation jusqu’à la station d’épurationen kit, en passant par des cuves deréserve d’eau ou des centrales élec-triques. Tous ces matériels sont achetéset pré-positionnés en métropole pour undépart immédiat à la demande, en casde besoin (c’est notamment le cas degros matériels électriques qui deman-dent des délais de livraison importants).

Curieusement les moyens de protectiondes forces restent classiques et les évo-lutions depuis les « années SARAJEVO »n’ont pas été décisives. Il est vrai quepour les héritiers de Vauban, la BOSNIEa été un formidable laboratoire de laprotection, mais on aurait pu, à justetitre, en attendre des évolutionsmajeures. En bref, nous sommes passésde l’ère du sac à terre à celle du « bastionwall » sans véritable changement despratiques sur le terrain.

La protection recouvre « toutes lesmesures et moyens destinés à minimi-ser la vulnérabilité du personnel ou desinstallations par rapport à toutes les

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CONCEPT ISOPEXET SAUVEGARDE-PROTECTION

In 1999, a combined working group produced the ISOPEX concept, that aimed to stan-

dardize the general conception and the realization of a 1000 men camp in a theatre of

operation. The main target of this working group was to provide facilities enabling the

forces to survive in good conditions in order to operate.

The force protection aspects were concerned by a all chapter of the ISOPEX concept,

but they were never really taken in account, and no major evolution could be observed

in this domain after 6 years of permanent deployment of French forces in operations.

This article deals with some sensitive points in force protection and survivability

during long term operations.

Chef de bataillon

Frédéric

MERCURY

Saint-Cyrien promotion Lieutenant TomMorel (87-90)

A servi au 6 e R.E.G. puis a commandéune compagnie de combat au 2 e R.G.

Titulaire du DT TOI en 2001.

A servi à l’EG de Châlons-en-Champagne.

Actuellement instructeur « conduited’opération » à l’ESAG.

OPEX et MCD : Centrafrique 1992,Cambodge 1993, Bosnie 1994, Gabon2002, Kosovo 2004.

1) Objectifs du mandat :- établir le dossier de définition d'une infrastructure de stationnement en opération extérieure (ISOPEX);- effectuer l'inventaire des études et programmes d'équipement en cours ou programmés;- recenser les moyens existants.

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menaces ». c’est ainsi que le groupe detravail ISOPEX a retenu une liste demenaces applicables à la plupart desthéâtres ; face à ces menaces le maître-mot de la protection réside dans l’utilisa-tion du « bastion wall » dans toutes les configurations possibles. Le dossierdonne un large choix de construction etde protection à base de ce système. Pourautant, on est surpris de la pauvreté denos protections sur certains théâtres etle travail du sapeur nécessite parfois derevoir la mise en œuvre de principes debase. En effet, face à des « immeubles »de bungalows orientés par rapport ausoleil et à la vue panoramique du paysage(cf. camp du BELVÉDÈRE, KOSOVO), le sapeur aura quelques difficultés à persuader le chef interarmes deconstruire des murs de « bastion wall ».Dans le même ordre d’idée, quedeviendrait l’esthétique de la façadevitrée d’un PC protégée par une muraillede sacs à terre…

Le sapeur, conseiller du commande-ment, aura soin de vérifier l’applicationdes mesures élémentaires de protectionautant que l’efficacité et la solidité despostes d’observation et de combat.

Ainsi avant de vouloir tout résoudre àcoup de m3 de « bastion wall », on aurasoin de choisir les emplacements deszones vie (habitations, mess) et deszones de commandement (centre opéra-tion, transmission) afin de les abriter desvues et des coups directs par la végéta-

tion, les bâtiments existants2 ou le relief3.Concernant les tirs indirects, chaquebaraquement ne pouvant être protégéindividuellement, la solution à retenirest celle de l’abri enterré proche d’unensemble de bungalows.

Sans adopter les solutions lourdes àl’américaine, on peut aisément imaginerdes containers enterrés (dans ce cas sesparois devront être renforcées) ou desconstructions en « bastion wall » en surfacecomme préconisées dans le dossierISOPEX.

LA SAUVEGARDE

À la suite des événements de mars 2004 auKOSOVO, le général (GE) KAMMERHOFF,commandant la KFOR, a demandé laconstitution d’un groupe de travail pour

étudier le renforcement de la protectiondu camp de « Film City » abritant le PCde cette force. Ses directives incluaient,non seulement l’étude des points faiblesdu camp, mais aussi la sécurisation desréseaux de distribution d’eau potable etd’électricité. De plus, une étude particu-lière devait aboutir à l’autonomie com-plète du camp en eau et en électricité.

Cet exemple montre bien la préoccupa-tion du commandement par rapport à lavulnérabilité de deux vecteurs vitauxd’une force : l’eau et l’électricité.

L’EAU : L’eau est un fluide sensible car ilpeut devenir facilement un vecteur depropagation d’épidémies ou de sub-stances toxiques utilisées par des terro-ristes. Le sapeur, conseiller du comman-dement, ne doit pas manquer de cher-cher la solution qui permettra d’effectuerle cycle complet de l’eau (forage, traite-ment, stockage, distribution, épurationdes eaux usées) sans avoir recours à uneentreprise ou à un système local. Leschéma préconisé par le groupe de tra-vail ISOPEX admet l’hypothèse d’unearrivée d’eau extérieure. Ce mode defonctionnement ne doit pas devenir lanorme car la dépendance dans ledomaine de l’eau est un facteur de vul-nérabilité.

Camp américain de BONDSTEEL (KOSOVO).Entrée d’un bunker enterré prévu pour 80 hommes

entre deux baraquements logement.Les baraquements en bois ont été achetés en kit en Autriche.

Plan du camp 1000 hommes. Réseau de distribution de l’eau.

PC français à NOVO SELO.La façade vitrée protège une coursive

de plusieurs dizaines de mètres de longcontre les éclats… de rire !

2) C’est le cas du camp de PLANA, KOSOVO où les bungalows ont été construits au milieu de bâtiments existants.3) Sur le camp américain de BONDSTEEL l’ensemble de la zone vie est judicieusement protégé des coups directs par le relief ; il est vrai que la

surface du camp le permet…4) On est parfois surpris de voir le nombre important de personnels locaux qui travaillent dans les camps des forces de maintien de la paix. S’ils sont

une manière de montrer notre intégration dans le tissu social d’un pays ils restent néanmoins une source de renseignement pour les belligérantset une menace potentielle pour nos installations.

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Actuellement le génie peut, avec lesmatériels en dotation, accomplir cettemission. Néanmoins le coût du traite-ment pour un contingent de 1000hommes (150m3/jour) peut s’avérer, sui-vant la qualité de l’eau puisée, extrême-ment élevé. Selon le concept ISOPEX,les Unités Mobile de Traitement de l’Eauet les MATEM sont normalement utilisésuniquement pour les phases de montéeen puissance ou de démantèlement. Enrégime normal, la potabilisation de l’eause fait avec des matériels civils achetés« sur étagère » comme cela a été joué auKosovo ! Il sera alors nécessaire d’éviterle puisage d’eaux superficielles et d’es-sayer, si possible, de rechercher desnappes souterraines suffisamment pro-fondes assurant une qualité minimale ;dans le cas cité plus haut, l’état-major dela KFOR a retenu cette solution et dès lemois de Juin 2004 une équipe d’hydro-géologues du génie allemand5 est venuprospecter sur le camp de « Film City ».

Le reste du cycle, et notamment l’épura-tion des eaux usées, est bien maîtrisépar les sapeurs du service d’infrastructurede la défense qui travaillent naturelle-ment en étroite collaboration avec lesspécialistes de l’infrastructure opéra-tionnelle des unités génie des forces.L’épuration de l’eau apparaît souventcomme une contrainte démesurée dansdes pays détruits qui ne peuvent pasprendre soin de l’environnement. Pourautant, l’image et la réputation d’uneforce se jugent aussi par ce genre d’obli-gations et les médias ne manqueraientpas d’exploiter une faille dans cedomaine.

L’ÉLECTRICITÉ : dans le domaine élec-trique, le principe de l’autonomie com-plète des camps n’est pas remis encause et a été adopté par le groupe detravail ISOPEX.

Même si la possibilité de se fournir enélectricité sur le réseau local est évo-quée en variante n° 2, les forces devrontpouvoir, en toutes circonstances, subve-nir à leurs propres besoins par desgroupes électrogènes. La puissance pré-

conisée pour un camp 1000 hommes estfournie par 8 groupes de 400 kW dont 6fonctionnent en permanence en régimenormal d’où une puissance disponibled’environ 2,4 MW (pour des raisons bud-gétaires les lots génie ne comportentque 6 groupes au lieu de 8 prévus). À noter que l’indépendance électriquen’est pas forcément liée à un environne-ment hostile ; pour exemple, le raccorde-ment électrique du camp de « Film City »sur le réseau local aurait privé de cou-rant plusieurs villages aux alentours. En terme d’image, ce raccordement,inacceptable pour le commandement,n’a jamais été effectué.

Ainsi la variante n° 1 du concept ISOPEXparaît très réaliste et est d’ailleurs, pré-conisée par la plupart des spécialistesélectromécaniciens : une seule centraled’énergie sur un seul site, couplage detous les groupes pour une productionsur une seule boucle (distribution depréférence en haute tension pour dimi-nuer les chutes de tension) ; néanmoins,ce choix concentre les moyens sur unseul site et rend vulnérable la productiond’énergie. Il est cependant possibled’imaginer une production sur plusieurssites mais pour des raisons techniquesde couplage, la boucle sera « comparti-mentée » par des cellules de coupure ;ainsi en cas de défaillance ou d’attaqued’une centrale, la charge électrique mini-male pour le fonctionnement desorganes sensibles sera reprise parl’autre. Ce système peut être doublé pardes groupes de secours répartis sur lespoints névralgiques du camp préservantessentiellement les organes de com-mandement de la force.

Compte tenu des nuisances sonores descentrales, celles-ci sont, en règle géné-rale, placées en périphérie des campsloin de la zone vie. Cette position enaccentue la vulnérabilité. Le sapeurdevra donc apporter une attention touteparticulière à la protection de cet élé-ment vital tout en évitant un confine-ment complet incompatible avec sonsystème de refroidissement par air.Compte tenu du coût des gabions ou des

« bastion wall » on se contente facile-ment de la solution des merlons.

Ces derniers prennent beaucoup deplace et demandent un entretien pério-dique (rechargement et tassement).L’utilisation de murs de béton (mursen « T ») ou de gabions devra être pré-conisée en priorité.

En phase de déploiement, les électromé-caniciens sont capables de gérer la pro-duction et la distribution de l’énergieavec les lots en dotation. En revanche,pour une installation longue durée, lesmatériels de dotation sont remplacéspar des groupes fournis, posés et entre-tenus par des entreprises civiles qui,même s i e l les sont f rançaises ,emploient souvent des autochtones.

Le dossier ISOPEX est une réponse despécialiste à un mandat technique pre-nant en compte des données chiffrées. Lesapeur, en tant que conseiller du com-mandement, doit connaître ce concept etle garder en fil conducteur de son étudegénie. En revanche, il doit impérative-ment l’adapter au terrain et aux menaces.

Mais son souci permanent sera aussid’appeler l’attention du commandementsur les manquements, les défaillancesou les améliorations à apporter à un sys-tème de protection.

Ce n’est pas la technique qui commandemais le terrain; aussi devra-t-il trouver laréponse adaptée à l’environnement tactique.

Selon le principe « la sueur épargne lesang », aucune concession ne peut êtreadmise dans ce domaine.

Centrale électrique de NOVO-SELO(KOSOVO)

5) Le génie français ne possède pas de spécialiste en recherche de nappes souterraines. Néanmoins, il serait illusoire de croire que l'on puisse trou-ver de l'eau sous chaque camp. La solution du forage extérieur sécurisé sera souvent retenue. En outre, la recherche hydrologique demande nonseulement des spécialistes mais aussi du matériel de prospection… En international, les Allemands et les Anglais, voire les Américains avec leursréservistes, ont ce qu'il faut.

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Lors d’une projection, la force est géné-ralement dimensionnée au plus juste. Laprésence en son sein d’un détachementdu génie pose plusieurs problèmes :manque de place, matériels encom-brants, micro-parcs d’engins difficiles àsoutenir… Ce détachement est doncsouvent largement sous-dimensionné etson emploi doit être optimisé et rentabi-lisé. Pour être efficace rapidement, il fautdonc pouvoir s’appuyer sur des maté-riels simples et disponibles, faciles àmonter voire réutilisables.

Le principe d’ouvrages livrés en kit parl’industriel peut alors trouver toute sapertinence.

En 2005, la 3e compagnie du 6e régimentdu génie a mis en œuvre un poste de combatde type HESCO BASTION. Après un rapidedescriptif du matériel livré et des étapes dela mise en œuvre, cet article cherchera àfaire le point des avancées réalisées ainsique du chemin encore à parcourir à traversle bilan proposé par le capitaine GINDRE,commandant la compagnie à l’époque.

MONTAGE D’UN POSTE DE COMBAT

DE TYPE HESCO BASTION

Engineering units have to face two major problems, namely time and equipment.

Particularly when it’s about building a fighting compartment. In 2005, the 3rd company

of the 6th engineer regiment tried to cope with the matter by using a fighting com-

partment HESCO BASTION (ready-to-make). Let us weigh up the pros and cons of the

invention.

Of course there are drawbacks. Soldiers don’t appreciate that firing ports are installed

once and for all and therefore can’t be moved. Moreover, right-handed people will

have difficulties to shoot through two firing ports out of three. And obviously, it’s

quite expensive.

On the other hand, there’s an important benefit of time and people since it takes 3 to 4

hours to build such a fighting compartment with 2 to 5 sappers. The installation is

easy (the direction for use is drawn) and the result is an efficient shelter, easily put

away. Eventually, it’s quite handy as it weighs 600 kg and only needs 20 m3 of material

(earth, sand,…).

In a nutshell, qualities of the fighting compartments HESCO BASTION will be major

advantages in emergency or when units are first in a dangerous place.

Capitaine

Patrick

FOUQUET

Issu de l’EMIA, promotion LTNSCHAFFAR (1995-1997), le capitaineFOUQUET a été chef de section au17e RGP de 1998 à 2001 puis au1er bataillon de l’École SpécialeMilitaire de Saint-Cyr de 2001 à2003. Il a commandé la 1re compa-gnie de combat du 6 e RG de 2003 à2005. Il est depuis officier traitant aubureau opérations toujours àAngers.

Il a participé aux opérationsen République Centrafricaine(MINURCA-1998), Albanie (1999)et Côte d’Ivoire (mandat 7-2004)et à une mission de courte duréeen Martinique (2004).

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PRÉSENTATION DU MATÉRIEL

L’abri est livré sur une palette pesantenviron 600 kilogrammes. Cette palettecomporte :

• les rangées de Bastions-Wall des 1er,2e étages et du toit. Chaque élémentest livré avec une bâche géotextilepour retenir la terre ;

• 4 raidisseurs qui permettent de rigidi-fier le 1er étage lors de la mise enplace du sable ou de la terre ;

• 3 morceaux de tôle ondulée pour letoit ;

• 1 bâche géotextile imperméable pouréviter les infiltrations par le toit ;

• 3 meurtrières en 2 éléments avec lesvis et les boulons ;

• 1 dessus-de-porte en métal ;

• des éléments métalliques permettantde relier le 1er au 2e étage ;

• des éléments de BW pour renforcer laprotection de l’abri contre les tirs deRPG7.

Pour le montage, le groupe désigné abesoin de :

• pelles US ;

• pelles de lot de bord ;

• tournevis ;

• marteaux ;

• clés anglaises ;

• clous ;

• pinces.

Dans l’expérimentation décrite un MPG aété utilisé mais l’emploi d’un EMAD(Engin Multifonctions d’Aide au Déploie-ment) serait peut-être plus judicieux.

MONTAGE DE L’ABRI :

Le montage nécessite une équipe dequatre personnes renforcée d’un enginpendant trois à quatre heures. Schéma-tiquement, le montage comprend troisétapes majeures :

• Construction du 1 er étage : opéra-tion qui consiste en un montage debastion-wall complété par la miseen place de raidisseurs ;

• Mise en place du 2 e étage : opéra-tion qui consiste à mettre en placeune deuxième hauteur de bastion-wall, de disposer les meurtrières,les raidisseurs et les éléments deliaison 1er/2e étage ;

• Mise en place du 3 e étage : opéra-tion qui consiste en la pose d’untoit surmonté d’une bâche en géo-textile puis d’un pourtour en petitséléments de bastion-wall.

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De cette expérimentation, nous pouvonstirer quelques enseignements.

Du point de vue du sapeur, ce type dematériel permet un gain de temps trèsappréciable : un poste de combat habi-tuellement monté en trois jours par unesection est, avec ce procédé, construit enquatre heures par un groupe. Une compa-gnie d’infanterie peut alors être protégéeen un jour. Facile à monter, simple demise en œuvre, le poste de combatHESCO est livré en une palette de 600 kiloscontenant tout le matériel nécessaire àson montage. Ainsi, il n’est pas besoin dedémarcher les fournisseurs locaux, detrouver un financement et de perdre dutemps : le groupe est immédiatement autravail et rapidement utile.

Les délais, souci et contrainte perma-nents du sapeur, sont ainsi maîtrisés.Simplicité, rentabilité, et rapidité de

mise en œuvre sont autant d’avantagesqui prennent tout leur sens en opérationextérieure, notamment dans le cadred’une entrée en premier sur le territoire.

Pourtant, le coût du fardeau (3 000 euros),son relatif encombrement et la fragilitédes matériels sont des paramètresimportants à prendre en compte. Aura-t-on les budgets nécessaires pour mon-ter des postes autant que de besoin ? Y aura-t-il suffisamment de place dansles avions ou dans les bateaux pour dis-poser rapidement des kits ? Pourra-t-onmonter et démonter les postes autant de fois que nécessaire en fonction desévolutions de la situation ? Autant dequestions auxquelles il faudra répondrepour être réellement efficaces.

Enfin, d’un point de vue purement technique, il convient de noter plusieursinconvénients : la mauvaise dispositiondes meurtrières, la difficulté pour lestireurs droitiers d’utiliser leur arme,l’étroitesse du poste. Ces problèmes,mineurs, peuvent être résolus faci-lement.

Au-delà du matériel décrit et expéri-menté ici, il est intéressant d’explorer lapiste de ces kits qui peuvent permettrede rentabiliser et rationaliser l’emploi dugénie. En effet, les délais seraient nota-blement revus à la baisse, le sapeur neserait pas dépendant de la ressourcelocale et de la manne financière dispen-sée avec parcimonie par le G4, enfin leseffets sur le terrain seraient réversibleset évolutifs. Dans le cadre des projec-tions, notamment des entrées en pre-miers sur les territoires, ces avantagesse transformeraient rapidement enatouts maîtres.

Plus qu’une évolution technique envisa-geable, c’est une réflexion sur la placedu génie en opération qui peut ainsi êtreouverte.

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Le 31e Régiment du Génie a engagé àl’automne 2005 une compagnie de combatrenforcée en République de Côted’Ivoire. La mission majeure de cetteunité a été centrée sur des travaux deprotection. S’appuyant sur le retourd’expérience du commandant d’unité,les quelques réflexions qui suiventvisent à présenter des pistes d’améliora-tions applicables aussi dans le domaine« sauvegarde-protection ».

La 2 e CCG du 31e RG a été engagée en RCI du 16 juin au 20 octobre 2005, pendant le mandat 9 de l’opérationLICORNE. Articulée en 3 sections decombat à 4 VAB, 2MPG et une benne, etrenforcée d’une section travaux de la

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CÔTE D’IVOIRE :RETOUR D’EXPÉRIENCE

EN SAUVEGARDE-PROTECTION

The 2nd Eng. Coy part of the 31rd Eng. Bn was committed in Ivory Coast at autumn2005. His lessons learned provides us some topics to deal with force survivability.

In charge of force base camp survivability improvement, this Coy had to solveconcerns as regard C2 relations, materials supply, prevention against intrusions andlocal weather conditions.

The task-organization was rather similar with the engineer concept of maneuver. Thatmeans that the platoons were officially as General Support units, due to the very lowstrength effectiveness of the Eng component in Ivory Coast. In fact, the very importantdistance between the supported unites (up to 300 kmts) imposed them to work asDirect Support, with an Eng. adviser located at the supported unit CP.

Only a few « conventional materials », as depicted in survivability manuals, were avai-lable on place. So, it was necessary to find alternative solutions. As a first step, to seeopponents approaches, a no man’s land was created and enhanced with digs. Then thecombat posts were raised. For building foundations, the most accurate asset was cur-ved iron sheets. Cheap and easily available, they were arc-welded to build a kind oftower. Against burglars or teenagers intrusion, barbed-wire was emplaced on the topof the walls. The sand bags were filled with ground providing a less protection againstshoots but a better stability when wet.

The main conclusion as regard the lessons learned is that the engineer units are notenough tasked on their own capabilities. The sapper skills are various and sophistica-ted. So, it’s impossible to prepare units and soldiers before their commitment on everycase that could occur. The most important is to develop spirit of enterprise, providebasic references to compare with the current situation and equip engineer units with apanel of assets giving them the chance to deal with any problem. For informationbefore their departure, they could visit a demonstration camp, to build using skills andmaterials depicting diverse solutions performed on different theatres, includingcontingency materials.

The current task-organization of our engineer Coy is not perfect but is a good compro-mise answering two opposed concepts : cohesion and modularity. May be more flexi-bility in our employment rules, allowing temporarily a Coy leader to task-organizedepending on the situation and the mission, even under the platoon level, couldsatisfy both supported units and engineers themselves.

Finally, survivability is not a new need due to current fashion or « 0 death » conceptbut a necessity : during offensive operations, mobility provides survivability ; amongdefensive operations, survivability is achieved by field fortification.

Capitaine

Sébastien

GEROUDET

D’origine 15.2, le capitaine GEROUDETeffectue son temps de chef de section au31 e Régiment du génie à Castelsarrasinde 1998 à 2002.

Il rejoint ensuite Pointe-à-Pitre, pour unséjour de deux ans au 2 e Régiment duservice militaire adapté.

Le capitaine GEROUDET commande la2 e compagnie de combat du génie du31 e Régiment du génie depuis août 2004.

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22 e CA, la compagnie assurait l’appuiGénie de la totalité de la force compo-sant de trois GTIA distants de 300 km.Cette organisation sur le territoire pré-sentait immédiatement une ambiguïtédans le commandement des élémentsgénie, théoriquement conservés auxordres du commandant d’unité mais enréalité directement subordonnés auxGTIA appuyés.

La caractéristique de ce mandat tint en lavolonté du nouveau commandant de laforce de renforcer toutes ses emprisesjusqu’alors faiblement protégées. Pourréaliser ces travaux de protection, lacompagnie disposait de matériel « orga-nisation du terrain » acheminé de métro-pole, notamment un large stock de tôlescintrées mais très peu de sacs à terre etde « flex-mac ». En complément de cematériel codifié EMAT, du matériel d’in-frastructure (IPN, madriers…) pouvaitêtre commandé et acheté sur place parla voie « J4- INFRA », mais souscontraintes de délais et de coûts.

Les principales difficultés auxquelles lacompagnie a dû faire face pour mener àbien sa mission de protection de la forcesont le dégagement de vues, la luttecontre les intrusions pédestres et l’adap-tation au climat et aux ressources.

Devant le souci des GTIA de renforcerleurs positions, les sections Géniedurent trouver une première solutionface au problème primordial qui seposait à elles : avoir des vues malgré lavégétation. Celui-ci a été résolu enconjuguant surélévation des postes etcréation d’un « no man’s land ». Ce der-nier présente le double avantage d’offrirdes vues, toutefois limitées, et la symbo-lisation pour les éléments hostiles d’unezone à ne pas franchir sous risque de sevoir considérer comme une cible.Valorisé par scarification et/ou réalisa-tion de fossés, ce compartiment de ter-rain correspondait donc à la premièreétape du processus de protection. Enparallèle, l’élévation des postes de com-bat répondait totalement aux attentes del’interarmes mais nécessitait d’adapterles procédés conventionnels aux res-sources et conditions climatiqueslocales.

Pour la base de l’ouvrage, trois tech-niques étaient envisageables, présentantchacune avantages et inconvénients :matériaux en remblais, coffrage métal-lique et coffrage bois.

Les deux premières furent utilisées audétriment de la troisième, beaucoupplus coûteuse en temps et en argent (les

grumes utilisées pour la force doiventêtre marchandées).

Des remblais en terre furent réalisés :cette technique consentait une surfaceau sol utilisable importante pour lespostes, mais le faible délai imparti auxtravaux et la disponibilité du seul com-pacteur, extrêmement sollicité, ne per-mettait cependant pas d’obtenir unrésultat pérenne dans la durée.

La méthode du coffrage métallique a étépromue sur place par un chef de sectionimaginatif, détournant de sa véritabledestination une ressource abondante :les tôles cintrées. L’assemblage par sou-dure de trois « demi-lunes » en cercleconstitue ainsi un « étage » de soubasse-ment. Le nombre d’étage peut aller aisé-ment jusqu’à quatre. L’ensemble ainsicréé forme une tour qui est remplie deterre. La stabilité de l’ensemble est obte-nue grâce à une semelle en bois, typecalage de plaque d’appui pour pont BAILEY. La surface utile pour le poste decombat est faible, mais la juxtapositiond’une deuxième tour permet de palliercet inconvénient. Les avantages de l’édi-fice sont sa solidité et sa grande facilitéde réalisation. En revanche, les possibili-tés de protection sont réduites en raisondu peu de place disponible.

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Face aux intrusions de personnes(voleurs, adolescents…) à l’intérieur descamps de la force, la parade fut trouvée,en complément du « no-man’s land »créé, par la valorisation des murs d’en-ceinte avec du concertina au sommet età la base. Le concertina était soutenu pardes piquets soudés en forme de V, pla-cés en faîte et renforcés par du fil de ferbarbelé, afin d’empêcher le soulèvementde la base du réseau ou l’affaissementde celui-ci sous le poids d’une plancheposée dessus. La compagnie a dû mettreen œuvre pour ces missions un perfora-teur puissant et des postes à souder.

Enfin, les violentes pluies provoquent unravinement du terrain sur le pourtour etsur les plates-formes, voire dans les sacsà terre eux-mêmes. Cette eau doit doncimpérativement être canalisée et éva-cuée, sous peine de fragiliser grande-ment les postes. Ceci a été réalisé àl’aide d’un système d’écoulement typegouttière, jusqu’au bas de la plate-forme.La création d’avant-toit débordant large-ment protège les sacs à terre, emplis depréférence avec de la terre mouillée,naturellement compactée en séchant ausoleil, qui offre certes une qualitémoindre que le sable - quand celui-cireste sec - mais est beaucoup moins

sensible à l’humidité sous l’aspect de lastabilité.

En résumé, le bon déroulement de lamission a largement reposé sur laconnaissance des techniques par lesplus anciens, soulignant une fois encorela nécessité de projeter les unités Géniedans le cœur de métier pour perpétuer ettransmettre les savoir-faire spécifiques.

L’analyse de ce retour d’expérienceamène plusieurs réflexions.

La première d’entre elles porte surl’organisation du commandement. Le sous-dimensionnement chroniquedes moyens génie projetés au sein d’uneforce conduit à un écartèlement desmoyens incompatible avec un emploitraditionnel, tel qu’il est défini aujour-d’hui en doctrine. Dans le cas de la RCI, ilest matériellement impossible au com-mandant d’unité de commander vérita-blement sa compagnie. La mise en placed’un DL Génie au sein de chaque GTIAs’est avérée capitale, mais sa subordina-tion officielle au capitaine commandantla compagnie n’était qu’apparence. La coordination de l’emploi du génie esten l’occurrence assurée par la cellule 2Ddu PC de la force. Si l’échelon de com-

mandement que représente le capitainereste indispensable, sa localisation enrenforcement de la cellule 2D, semblela mieux adaptée au cas consistant àdétacher toutes les sections.

La seconde porte sur les compétencesdu sapeur. Les projections extérieuresdans le cœur de métier, certes trop rarescomme beaucoup le soulignent, mettenten relief la variété des actions et savoir-faire qui sont l’apanage du sapeur. Lesdifférences entre théâtres, voire au seind’un même théâtre, montrent qu’aucunepréparation en métropole ne peut traiterexhaustivement de tous les cas de figurerencontrés. En revanche, développerl’esprit d’initiative, fournir des réfé-rences permettant de travailler par com-paraison, doter les groupes du génied’un large panel d’outillage et d’équipe-ments permet par la suite de faire face àtous les types de situation. La craintetoutefois est de voir disparaître progres-sivement certains savoir-faire éprouvésmais peu utilisés car la réalisation d’ou-vrages de protection est consommatriced’un temps trop rare à consacrer enmétropole à l’instruction et les moyensassociés sont parfois réservés auxOPEX. La réalisation d’un petit camp« modèle » comprenant les différents

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ouvrages de ce type, empruntant destechniques utilisées sur différentsthéâtres et issues des retours d’expé-riences, pourrait compenser des lacunesd’expérience dans ce domaine : sa visiteau titre de la MCO montrerait aux futursacteurs différentes possibilités de faireface aux difficultés rencontrées, parfoisavec des moyens de fortune, et pourraitutilement devenir une source d’inspira-tion lors de leur mise en situation.

Enfin, l’éternelle question, hélas récur-rente, des différences de structures entreorganique, alerte GUEPARD, unités PRO-TERRE et modules projetés est une foisde plus soulevée. La difficulté à résoudrece problème montre qu’il n’est passimple. Il tient à la fois au principe de la

modularité, destiné à fournir les moyensadaptés à une situation donnée, et àcelui de la cohésion des unités, qui veutqu’elles œuvrent sur des structuresorganiques hors projection. Ces deuxconcepts étant antinomiques et les chan-gements de structures trop fréquentscausant plus de déstabilisation que debénéfice, il semble que la solutionactuelle, centrée sur les compagnies decombat organiques, reste finalement laplus adaptée. Toutefois, nos règlementsd’emploi restent peut-être un peu rigidesquant au niveau considéré commeacceptable pour le détachement. Unesouplesse plus grande, autour de réarti-culations temporaires internes à la com-pagnie, définies selon l’effort et le type

de mission, sans considération exagéréedu niveau que représente la section, per-mettrait peut-être de répondre de façonplus satisfaisante à la fois aux attentesdes unités appuyées et aux aspirationsdes sapeurs eux-mêmes.

En conclusion, d’aucuns pourraient êtretentés de qualifier la protection de « phé-nomène de mode », provoqué par leconcept « zéro mort ». Il s’agit plutôtd’une composante permanente du com-bat dont le mode d’application changeselon le type d’engagement : lameilleure protection dans un combatdynamique est offerte par la mobilité ;celle qui convient dans un combat sta-tique reste indiscutablement l’aménage-ment du terrain.

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ÉquipementsÉquipementset stret structuructureses

SPECTRE - 2006-2007 : années cruciales ...................................................................................................................................... LCL CORNEFERT .................................................. 75

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SPECTRE (Système de Protection desÉléments terrestres) est une opérationd’armement au stade de préparationdont le but est de renforcer la sûretéimmédiate des déploiements terrestres.Initié en 2000 par un objectif d’état-major rédigé par l’état-major de l’arméede terre, il passera au stade de conceptionen 2006 au terme d’études technico-opérationnelles ayant permis d’alimenterla fiche de caractéristiques militairesexploratoire. Ces études ont égalementsouligné les fortes contraintes opéra-tionnelles, techniques et financièresdu projet.

C’est pourquoi il a été décidé de s’armer,pour la conduite du stade de conception,d’un outil efficace et novateur visant àdisposer, dès 2008, de tous les élémentsnécessaires au stade de réalisation.

Plus que la réalisation d’un simpledémonstrateur, le marché notifié par leservice des programmes d’armement

terrestre le 30 décembre 2005 permet à l’équipe de programme intégrée definaliser le besoin militaire en optimisantle fameux triptyque coûts - délais - performances et en identif iant lesrisques de la réalisation.

LA PROBLÉMATIQUE

Les efforts entrepris par l’armée de terreen matière de protection sont nom-breux. Après les engins de combat,d’autres véhicules (EGAME, EGRAP,PVP) mettront d’ici peu leur équipage àl’abri de la ferraille du champ de bataille.Inconnu il y a vingt ans, le port permanentdes éléments de protection balistiqueindividuel est maintenant naturel.Pourtant ces mesures, nécessaires pourlimiter les pertes pendant les engage-ments, ne présentent qu’une efficacitéréduite dès lors qu’une unité met pied àterre et s’installe dans la durée.

La sûreté immédiate, par définition assu-rée à partir des moyens matériels ethumains de l’unité en stationnement,pèse sur son rendement opérationnel.Elle distrait des effectifs de la missionprincipale et, celle-ci demeurant tou-jours prioritaire, contribue à une fatigueprématurée des hommes. Les facteurssont nombreux qui, dans nos opérationsactuelles, aggravent cette situation.

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SPECTRE2006-2007 : ANNÉES CRUCIALES

SPECTRE is a future antipersonnel system designed to protect ground deployments. It

will allow detachments, as from the platoon level, to be warned of any intrusion of

personnel in a 400-meter radius. In addition to an evaluation of intrusion, the system

will provide a capacity of deterrence, neutralisation or destruction of the threat.

In December 2005, the DGA (French defence procurement agency) awarded a demons-

trator contract to THALES. This two-year contract to assist the design phase is based

on studies and tests carried out in operational conditions.

The year 2006 will be devoted to the development of the system architecture while

ensuring the operational, technical and financial criteria are met. Choices will be based

on demonstrations of systems and components (sensors or weapons) carried out by

industry with experts from the DGA and the STAT (French Army technical depart-

ment).

In 2007, THALES will deliver a demonstrator representative of the end system. Its tech-

nical and operational aspects will be successively tested.

After these two crucial years for the project, the French army will have all elements to

proceed with the implementation phase.

Lieutenant-colonel

Olivier

CORNEFERT

Le l ieutenant-colonel Olivier CORNEFERT est officier de pro-gramme au groupement mobilitédéfense nucléaire biologique chimique de la section techniquede l’armée de terre depuis 2003. Il conduit les opérations d’arme-ment des domaines « systèmes decombat du génie » (appui direct aucombat), « aide au déploiement »(eau, énergie, infrastructure opé-rationnelle, travaux) et « sauve-garde » (organisation du terrain,systèmes de protection locale).

Il a auparavant servi comme chefde section et commandant d’unitéau 6 e REG, instructeur aux Écolesde Coëtquidan, officier traitant auCommandement des FormationsMilitaires de la Sécurité Civilepuis, de 2001 à 2003, comme chefdu BOI et commandant en seconddu 1er REG.

Saint-Cyrien de la promotion« Cadets de la France Libre »(1985-1988), il est breveté de l’enseignement militaire supérieur(Cours Supérieur des Systèmesd’Armes Terrestres et 8 e promo-tion du CID).

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Les déploiements des unités sur unthéâtre ne forment pas de dispositifcontinu dont la protection pourrait êtrepartagée. Les détachements, souventengagés en mission d’interposition, doi-vent se prémunir contre des menacesomnidirectionnelles. Ces menaces sontvariées et imprévisibles. Tirs de mortierou de snipers, attaque de véhicule sui-cide, actions terroristes, jets de grenadeet manifestations de foules hostiles nedoivent pas faire oublier les assautsconventionnels, les tentatives de vols dematériels, ni - l’enseignement est dou-loureux - les attaques aériennes. Aprèsde longues périodes de calme, les unitéspeuvent se trouver confrontées à desflambées de violence sans disposer d’unpréavis suffisant pour adapter leur pos-ture de protection.

Le choix des sites de déploiement subitde fortes contraintes opérationnelles(imposées par la mission) ou juridiques(imposées par la nation hôte). Le retourd’expérience montre que les arbitragessont rarement favorables aux critères desûreté immédiate.

Enfin, soucieuses de la maîtrise perma-nente de la force, les armées françaisesrestreignent parfois spontanément l’em-ploi de certaines de leurs armes. Ainsiles mines antipersonnel ont, de facto,disparu de l’arsenal français bien avantla signature de la convention d’OTTAWA.Et d’autres exemples comme parfoiscelui des mines éclairantes peuvent êtreégalement cités.

Dans le même temps, la panoplie desmoyens d’organisation du terrain n’a pasévolué depuis des dizaines d’années à l’ex-

ception notable de l’acquisition des struc-tures multicellulaires de protection plusconnues sous le terme de bastion wall.

LA CONTRIBUTION DE SPECTRE

Dans ce contexte, le but de SPECTRE estde fournir aux unités, dès le niveau section, un dispositif local de protectionantipersonnel. Cet objectif peut paraîtremodeste au premier abord ; il est, aprèsexamen, ambitieux et réaliste.

L’opération d’armement SPECTRE estréaliste parce qu’elle ne se disperse pasà traiter simultanément toutes lesmenaces évoquées ci-dessus par laconception ex nihilo d’un bouclier omni-potent dont la faisabilité technique nerelève pas du moyen terme. En revanche,SPECTRE s’inscrit dans une politiqueinterarmées dont la cohérence est assuréepar le projet fédérateur PROTIS (protectiondes infrastructures et des sites).

Le système SPECTRE est ambitieuxparce qu’il vise : détecter, dissuader,neutraliser et détruire tout intrus ougroupe d’intrus identifiés commemenace dans un rayon de 400 mètresautour d’une unité en stationnement.

L’atteinte de ces performances n’acependant de sens que si elles sontcohérentes avec les ressources finan-cières que l’armée de terre peutconsacrer à cette capacité nouvelleet les contraintes admissibles par lesforces en terme de charge (formation,souplesse d’emploi et de mise enœuvre), de capacité logistique (emportet énergie) et de confiance (fiabilité etdisponibilité).

Basé sur des essais et des évaluationsréalisés en conditions opérationnellessur le terrain, le marché du démonstra-teur doit permettre d’apporter la bonnesolution au problème militaire.

LA DÉMARCHE

Ce marché, notifié à la société THALES,comprend à la fois des études et la miseà disposition pour des évaluationsétatiques d’un démonstrateur qui, sansêtre un prototype, doit être représentatifdes performances du système final.

Les études conjuguent deux approches.La première approche, traditionnelle dansla conduite des opérations d’armement,part du besoin opérationnel en faisantabstraction des solutions technolo-giques. Elle se traduit par la réalisationd’un cahier des charges fonctionnelles,c’est-à-dire par l’inventaire exhaustif etdétaillé des fonctions à remplir par lesystème, leur hiérarchisation et leurcaractérisation selon des critères de performances eux-mêmes hiérarchisés.Ce travail, long et fastidieux mais indis-pensable à la bonne appropriation dubesoin opérationnel, est considérablementraccourci au stade de conception du faitde l’antériorité acquise durant le stadede préparation. Les avis recueillis auprèsde la totalité des écoles d’armes en 2005ont pu ainsi être pleinement exploités.

L’originalité du marché du démonstra-teur vient de la seconde approche del’étude conduite simultanément. Elleconsiste à élaborer des architectures dedispositifs locaux de protection à partirde systèmes et de composants dispo-nibles sur étagère à l’horizon 2010. Ce processus comprend une expertisetechnique et une analyse financière, setraduisant par une estimation fine ducoût global de chaque solution. La perti-nence de ces architectures sera validéetout au long de l’année 2006 par desdémonstrations réalisées par l’industrielsur son site d’expérimentation de LaFerté Saint-Aubin en présence d’expertsde la délégation générale pour l’arme-ment, d’officiers de marque et de sous-officiers expérimentateurs de la sectiontechnique de l’armée de terre. L’expé-rience du personnel de la section protec-tion intrusion du service technique desbâtiments fortifications et travaux seraégalement sollicitée. Au cours du premier semestre de 2006, ce sont des systèmes de protection qui serontévalués, le second semestre étant

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consacré à des démonstrations de com-posants (capteurs ou armes). En vue dustade de réalisation, la délégation géné-rale pour l’armement veillera à ce quecette approche soit menée avec le souciconstant de sélectionner des solutionsouvertes à la concurrence.

Ces deux approches se rejoignent demanière itérative dans une analyse de lavaleur permettant de faire convergerobjectivement les caractéristiques militaires de référence avec une solutiontechniquement mature et d’un coût global maîtrisé. Pour cela, une fois les architectures grossièrement définies, les travaux porteront également sur tous les aspects transverses de l’opération(sûreté de fonctionnement, dossier desécurité, analyse du soutien).

La phase d’essais qui sera conduite en2007 sur le démonstrateur comprenddeux phases. Une première phase dirigée par la délégation générale pourl’armement validera les performancestechniques attendues du système final.Les évaluations technico-opération-nelles, conduites par la STAT avec le ren-fort d’unités désignées par le CFAT, per-mettront de vérifier la qualité du servicerendu par SPECTRE dans son environne-ment opérationnel. Les enseignementsrecueillis au cours de ces deux périodesalimenteront à leur tour et de manièreultime le processus décrit ci-dessus.

CONCLUSION

Le marché du démonstrateur SPECTREn’est pas un marché de délégation demaîtrise d’ouvrage et le lourd investisse-ment des services étatiques au cours deces deux années le prouve aisément.Néanmoins, compte tenu de la com-plexité physico-financière du projet etdes précisions à apporter au besoin mili-taire pour la conception d’un matérielnouveau, la prise en compte anticipéedes contraintes industrielles se révèleindispensable. De manière anecdotique,ce marché se révèle également un outil

efficace de maîtrise des délais étatiquesdu stade de conception par la contraintecontractuelle qu’il impose.

Dans le monde froid des opérations d’armement un projet qui ne se concrétisepas dans les délais escomptés se présented’abord comme une opportunité tentantede relâcher une contrainte budgétairepermanente. Grâce au marché dedémonstrateur, l’équipe de programmeintégrée de SPECTRE veillera en 2008 àproposer l’approbation d’un dossier delancement de réalisation solidementargumenté en vue de la livraison auxforces des premiers matériels en 2012.

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ForFormationmation

La sauvegarde-protection : repenser la formation .................................................................................................................. CNE CASTEL .......................................................... 81

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La sauvegarde-protection regroupe unensemble d’actions multiples et complé-mentaires qui permettent de prévenir etd’atténuer les actes hostiles contre nosforces, nos ressources et nos installa-tions. Elle vise donc à participer à laconservation du potentiel de combat dela force en déniant toute opportunité àl’ennemi de l’amoindrir.

La nécessité de protéger nos personnelset nos infrastructures en opérations n’estpas nouvelle. Quel que soit le scénario(conflit haute intensité, basse intensité,maîtrise de la violence, maintien et réta-blissement de la paix), la sauvegarde etla protection deviennent des tâches deplus en plus difficiles à réaliser.

Or, la sauvegarde-protection est une desmissions permanentes du génie. Eneffet, le génie joue un rôle primordialdans le durcissement des infrastruc-tures, dans la protection contre lesarmes et les forces conventionnelles,contre les forces non conventionnelles,contre la menace terroriste, mais égale-ment contre les menaces asymétriques.

Pour cela, les programmes de formationdoivent évoluer. La direction des étudeset de la prospective (DEP) et la directiongénérale de la formation (DGF) - et toutparticulièrement la division de l’ensei-gnement scientifique (DES) - de l’Écolesupérieure et d’application du Génie(ESAG) doivent ainsi relever le défid’adapter la formation dispensée auxstagiaires aux nécessités des engage-ments opérationnels d’aujourd’hui.

Dans ce domaine, en 2006, l’ESAG apour ambition de mettre à contributionses deux directions afin de :

• définir les besoins en protection faceà ces nouvelles menaces (DEP),

• mettre au point des procédés de réa-lisation de nouveaux types de protec-tion (DGF/DES),

• vérifier l’efficacité de ces ouvrages enliaison avec le Service technique desbâtiments fortifications et travaux(STBFT),

• faire évoluer la formation et la docu-mentation (DGF).

Concrètement, trois grands domainesd’études ont été retenus et sont exposésdans cet article :

1 - la réalisation d’abris à partir d’unKC20 renforcé,

2 - la réalisation de murs de protectionen béton,

3 - la réalisation d’un point de contrôleau standard OPEX.

L’effet à obtenir est de mener des étudeset des essais dans un seul but : testerl’efficacité de ces protections, leur tenuedans le temps et leur fonctionnalité.

ABRI A PARTIR D’UN KC 20

RENFORCÉ

Les KC20 sont une ressource abondantesur un théâtre d’opérations et ils sontfacilement projetables. Ils constituentdonc une bonne base pour réaliser unabri. Pour cela, le conteneur peut êtreenterré, semi-enterré ou en surface. Lechoix de l’une ou l’autre de ces solutionsdépend de la disponibilité en matériaux,de l’existence de moyens de terrasse-ment et des contraintes techniques.

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LA SAUVEGARDE-PROTECTION :REPENSER LA FORMATION

The safeguard and the protection of the french forces which are deployed overseas are

getting more and more difficult to ensure because of the evolution of the conditions of

the commitments, variying from high intensity to low intensity warfare, against symi-

trical or asymmitrical enemy forces, including peace enforcing, peace keeping or even

peace making operations.

As a matter of fact, safeguard and protection are among the missions naturally dedi-

cated to the Corps of the Engineers. But engineer training has to evolve and to be

improved in order to take into account the new threats of modern conflicts. The

French Engineer Military Academy is involved in the reflexions that are led to adapt

the current courses to these new tactical challenges.

Capitaine

Stéphane

CASTEL

Issu de l’École Spéciale Militaire deSaint-Cyr (1993-1996), le capitaine CASTEL a commandé la 971 e compagnieénergie du 2 e régiment du génie à METZ.

Depuis l’été 2005, il est instructeur génie1 er niveau à la direction de la formationopérationnelle (DFO) de l’ESAG.

Il participe au groupe de travail sur lasauvegarde-protection crée à l’ESAGdepuis la rentrée 2005.

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Placé en pleine fouille, le retour d’expé-rience a montré que les résistances ver-ticale et latérale des parois du KC20étaient trop faibles et en tout cas insuffi-santes pour résister dans le temps à laseule poussée de la terre. Il s’agit doncde résoudre cette difficulté en proposantun étaiement judicieux de la structureintérieure du KC20, tout en conservantune excellente protection face aux effetsdes armes.

Pour l’abri en surface, le conteneur peut,par exemple, être protégé par une épais-seur de bastion-walls en périphérie et entoiture. Ces renforcements sont simplesà réaliser car les matériaux sont faciles àtrouver sur un théâtre d’opérations.Néanmoins, dans cette configuration, lapartie supérieure du KC20 présente làencore une résistance faible et il s’agitde trouver une solution de mise enœuvre simple qui permette au toit duconteneur de porter la couverture.

RÉALISATION DE MURS DE PRO-

TECTION EN BÉTON

Des essais vont être réalisés pour mesurerla stabilité, la pérennité et la résistance auximpacts et au souffle de murs de protec-tion. Il existe deux types de murs : murs en« T » et murs en « L ». Le choix de murs en« L » de hauteur 2,7 m et d’épaisseur 30 cma été retenu pour mener des expérimenta-tions. Celles-ci vont être conduites àCaptieux en liaison avec le STBFT. Ellesseront faites sur la base d'agression àl'arme légère (jusque 12,7 mm), à laroquette anti-char et peut-être jusqu’au155 mm. Un des objectifs est également detester la modularité du concept.

Trop lourds pour être projetés depuis laFrance, ces murs de protection peuventen revanche être fabriqués sur lethéâtre. L’épaisseur et le type de béton àutiliser dépendront des menaces et de laressource présente sur place.

Dans le même ordre d’idée, un abri lourdmodulaire en U renversé en béton arméa été expérimenté en Afghanistan. Leprincipe consiste en la réalisation de

modules d’un mètre de largeur et à leurassemblage afin de créer un abri enforme de tunnel. Cet abri lourd offre uneprotection contre tous les types de muni-tions de petits calibres et les éclats pri-maires d’obus de 155 mm explosant à3 m. Toutefois, il convient encore d’étu-dier la résistance à l’effet de souffle pourles mortiers, les munitions d’artillerie etles bombes.

CHECK POINT ISOPEX

L’entrée d’un camp type ISOPEX est unpoint névralgique. Depuis plusieursdécennies, la multiplication des attentatsutilisant des véhicules banalisés ou desbombes humaines contre les check-points doit nous amener à une profonderéflexion. Le check-point doit être conçuet durci en conséquence. Plusieurs don-nées doivent être prises en compte lorsde sa réalisation : voies de circulationséparées pour les piétons et les véhi-cules (civils et militaires), zones defouille piétons et véhicules durcies pourparer à toute tentative d’attentat-suicide(avec murs de protection en béton parexemple), position des postes de com-bat, dispositifs de ralentissement desvéhicules, etc. L’idée consiste à fabriquerun modèle sous forme de maquette,dont chacun pourra s’inspirer, et quipourra être adapté sur le terrain en fonc-tion de la menace et des ressources dis-ponibles. L’objectif est que les militairesqui en assurent la garde en opérationsextérieures soient protégés et qu’ilspuissent réaliser dans les meilleuresconditions de sécurité, le filtrage, lecontrôle et l’identification des véhiculeset personnels civils et militaires.

La mise au point de nouveaux procédéset la réalisation de nouveaux types deprotection nécessitent une profonderéflexion. Il s’agit de recenser et d’analy-ser les réalisations effectuées en Franceet à l’étranger, de sensibiliser l’inter-armes sur le besoin de développerles actions de sauvegarde-protection,

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L’étaiement possible d’un KC20 enterré

Les effets de la poussée de la terresi l’étaiement est insuffisant

KC20 en surface

Exemple de mur en béton armé touché parune roquette de 107 mm

Mur de protection de « T »

Abri terminé

Abri en mode utilisation

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d’augmenter le nombre de réalisationspratiques, etc.

Le TTA 714 « Notice sur la protectiondirecte par l’organisation du terrain » etle TTA 722 « Notice relative au durcisse-ment des infrastructures de stationne-ment en zone d’opérations » proposentdes solutions faciles à mettre en œuvresur le terrain. Mais, il est nécessaire d’y apporter des compléments. Il fautnotamment développer les capacités dusapeur à conseiller l’interarmes dans ledomaine de la sauvegarde-protection. Il s’agit donc d’imaginer et de mettre au point une formation à enseigner auxofficiers du génie afin qu’ils soientmieux armés face à des agressionsmodernes. C’est la réflexion que conduitactuellement l’ESAG. Dès la rentrée2006, les programmes de formation desfuturs commandants d’unité, des futurschefs de section et des jeunes sous-officiers prendront en compte cettedimension. Le chantier semble complexe,mais le sapeur saura une nouvelle foisapporter des solutions concrètes.

Réflexion sur un Check Point durci contre les EEI

Schéma d’un abri lourd modulaire en U renversé

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Le Génie dans l'histoirLe Génie dans l'histoiree

Les uniformes du génie de la Révolution et de l’Empire ...................................................................................................... CDT GARNIER de LABAREYRE .............................. 87

Génération de forces et emploi du génie : Les sapeurs de la Campagne d’Alger .................................................... CNE GIUDICELLI .................................................. 93

Les ingénieurs dans les troupes émigrées .................................................................................................................................. M. FOUGERAY ...................................................... 97

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L’armée n’échappe pas à l’avalanche deréformes qui bouscule la France en cedébut de « Révolution ». Ainsi, l’anciencorps des ingénieurs du roi va dispa-raître pour donner naissance sous leConsulat à une arme structurée avec desofficiers et des troupes directement sousleurs ordres.

LES OFFICIERS DU GÉNIE

La loi du 31 octobre 1790 réduit le corpsdu génie à 310 officiers, y compris lesélèves de l’école de Mézières, à compterdu 1er janvier 1791. L’uniforme reste lemême que celui prescrit en 1775 et 1776avec les quelques changements surve-nus en 1786. Cependant, il semble queles collets, parements et revers aienttoujours été liserés de rouge alors quecela n’est pas spécifié dans le règlementdu 1er octobre 1786. De plus, une loi du 4 octobre 1792 précise que tous les boutons porteraient la mention« République française ». Il n’est pas sûrque cela ait été fait 1.

Le Directoire exécutif, par la loi du 3 jan-vier 1795 (14 ventôse an III) rend les offi-ciers du génie partie intégrante de l’état-major des armées. Un arrêté du 24 avril1797 (5 floréal an V) fixe l’uniforme des officiers du génie. Article 1 : À daterdu 1er prairial prochain, l’uniforme desOff ic iers du Génie sera en toutconforme, tant pour la couleur que pourla coupe, à celui de l’État-Major desarmées, à la réserve des paremens etcollets, qui seront de velours noir, lisérésde rouge, avec pattes blanches aux pare-mens aussi lisérés de rouge, et des bou-tons, qui demeureront tels qu’ils ont été déterminés par l’ordonnance du31 décembre 1776 2. L’article 2 précise ledroit aux épaulettes : ces Officiers conti-

nueront de porter les épaulettes de leursgrades respectifs, et prendront ; savoir :les Officiers supérieurs, les mêmesmarques distinctives aux paremens, col-lets, chapeaux et équipages de cheval,que les Adjudans généraux ; et lesCapitaines, Lieutenans et Sous-lieute-nans celles fixées pour les Adjoints auxadjudans généraux. Ainsi, les officiersdu génie portent l’habit bleu, la veste etla culotte blanches avec le chapeaubicorne sans galon d’or.

Un arrêté des Consuls de la Républiquedu 14 juillet 1800 (24 messidor, an VIII),article IV, prescrit les dispositions sui-vantes : les Officiers du corps du génieconserveront le fond de l’uniforme quileur a été précédemment affecté, maissans galon ni bordure. Leur chapeausera bordé en soie noire, et les bords rat-tachés à la forme par des ganses aussien soie noire.

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LES UNIFORMES DU GÉNIEDE LA RÉVOLUTION ET DE L’EMPIRE

Les textes en italiques sont tirés des lois, décrets et arrêtés. Ils respectent l’orthographe originale.

Commandant

Pierre

GARNIER

de LABAREYRE

Le commandant Pierre GARNIER deLABAREYRE est le conservateur dumusée du génie depuis septembre 2003.

Officier sur titre, ayant choisi l’artillerie,il sert au 3 e régiment d’artillerie puis au93 e régiment d’artillerie de montagne oùil crée et commande la batterie des opé-rations.

Il est titulaire du diplôme d’état-major etdu diplôme technique option scienceshumaines.

Après trois années au centre de sélec-tion et d’orientation de Lyon, il suit unescolarité à l’école du Louvre avant d’êtremuté à Angers.

1) Un bouton avec une cuirasse surmontée d’un bonnet de la liberté avec l’inscription « ingénieurde la république française » est dessiné dans l’ouvrage, le bouton d’uniforme français, L. FALLOU, p 169 ; autre version avec un faisceau de licteur.

2) Voir SAPEUR n° 5, juin 2005, p 113.

Officier du génie vers 1805, aquarelle d’André Marcy, collection Musée du génie

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Une circulaire signée Carnot et datantdu 9 août 1800 (21 thermidor, an VIII)fixe à tous les officiers du génie leuruniforme : habit bleu national, coupe del’infanterie de ligne, doublure rouge,paremens, revers, et collet de veloursnoir, lisérés de rouge ainsi que l’habit ;bouton actuel, veste blanche, pantalonou culotte bleue ; marques distinctivesde leur grade ; armement et équipagedu cheval tels qu’ils sont actuellement ;le chapeau tel qu’il est prescrit dansl’arrêté du 24 messidor. Ils pourrontporter, comme petit uniforme, un fracbleu national avec des boutons et desépaulettes.

L’uniforme des officiers du génie va êtresensiblement le même pendant toute lapériode impériale. Il est fixé par le règle-ment du 20 juin 1803 (1er messidor anXI), chapitre IV 3.

« L’habit… sera de drap bleu national,coupe d’infanterie de ligne (voir figure1), doublure écarlate, collet, revers etparemens de velours noir, liserés derouge ainsi que les pattes de poches, quiseront en travers et à trois pointes. Lespans de l’habit seront agrafés derrière ;les retroussis ornés d’un corset d’armesbrodé en or. La veste et la culotte serontde drap blanc.

L’épaulette et la dragonne seront dumodèle du grade de l’officier.

La redingote est identique à l’habit. Ellese croisera sur la poitrine et le collet serarenversé sur un collet droit de sept à huitcentimètres ; parements et manchesseront coupés en dessous.

Le manteau sera en drap national ; laretonde bordée d’un galon d’or de 4 cen-timètres de largeur, le collet droit develours noir, liseré de rouge, ainsi que larotonde.

Comme dans le règlement de 1776, lacuirasse et le pot-en-tête sont représen-tés sur les boutons. Un dessin, planche 7du règlement, reproduit le modèle. Lesboutons seront de métal doré, fondsablé, et timbrés en relief d’un corsetd’armes et pot en tête. L’emplacementdes boutons est particulièrement détaillé :l’habit sera garni de trois gros boutonsau bas du revers droit, trois sur chaquepoche, un sur chaque hanche, sept petitsà chaque revers, trois à chaque pare-ment, un sur chaque épaule, près la cou-ture du collet, pour fixer les épaulettes.Veste et culotte seront garnies de petitsboutons d’uniforme. Sur la redingote,parements et manches se fermeront partrois petits boutons d’uniforme. De plus,il sera mis sept gros boutons sur chaquedevant, un à chaque hanche, deux sur lapatte de chaque poche, qui sera dans lesplis. Petits boutons pour veste et culotteen drap blanc.

Le chapeau sera uni, sans panache, sansplume ni plumet, bordé d’un galon de

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3) La plupart des auteurs traitant des uniformes mentionnent la date du 1er vendémiaire, an XII. Il semble que celui-ci ait repris les dispositions du 1er messidorqui est consacré exclusivement au génie.

Lettre de L. Carnot sur l’uniforme du génie, collection Musée du génieBouton du génie d’époque 1er Empire,

collection Musée du génie

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poil de chèvre noir de six centimètres delargeur ; ganse en or de dix-huit milli-mètres de largeur ; glands dans lescornes dont les franges seront corres-pondantes au grade. La couleur n’estpas indiquée mais est sous-entenduedorée. La cocarde tricolore dite « natio-nale » est, bien sûr, présente.

Le règlement stipule que le col serablanc en temps de paix, et noir encampagne !

Un petit uniforme est aussi prescrit pourles officiers du génie : habit de drap bleunational, doublure écarlate, sans revers ;les poches seront dans les plis ; le colletet les paremens seront en velours noir,liserés de rouge ; collet droit et pare-mens ouverts sous la manche et ferméspar deux petits boutons. Cet habit bou-tonnera sur la poitrine ; les pans s’agra-feront derrière ; il sera garni de neuf grosboutons sur le devant, un à chaquemanche, deux dans les plis, et de deuxpetits à chaque parement. Il est préciséqu’en petit uniforme, la veste serablanche, la culotte en drap bleu.

En grande tenue, les bottes serontà l’écuyère et en petit uniforme, à

retroussis rabattus en cuir jaune. Leséperons seront plaqués en argent. Lemodèle est proposé en gravure sur laplanche 13 du règlement. Les bouclesdes souliers en argent.

Le ceinturon sera en buffle blanc, de lalargeur de six centimètres deux milli-mètres et la plaque en cuivre doré avecle corset d’armes et pot-en-tête en relief.

L’équipement du cheval est lui aussidécrit minutieusement. La selle sera à lafrançaise, en veau-laque. La housse etles chaperons, en drap bleu national,seront bordés d’un galon d’or de la lar-geur de 5,5 centimètre pour les officierssupérieurs, de 4,5 centimètre pour lescapitaines et de 3,8 centimètre pour leslieutenants (le galon est représenté àl’échelle 1 en gravure, planche 7). Lesbossettes ovales, unies et plaquées enargent, ainsi que toutes les bouclesapparentes ; les étriers noirs, vernis ;tous les cuirs noirs, compris ceux de labride et du bridon.

En campagne, les officiers du géniepourront se servir de la selle à la hus-sarde ; la housse, dite de pied, sera endrap bleu national, bordée du galon

d’or uniforme. Cette housse sera misesous la selle ; les chaperons seront enpeau d’ours.

L’armement n’est pas oublié. L’épée, lesabre et les pistolets seront du modèleaffecté aux officiers de l’état-major desarmées.

Ce même règlement précise les parti-cularités de l’uniforme des gardes dugénie dont nous parlerons ultérieure-ment.

Un décret du 9 novembre 1810 simpli-fie la coiffure. En effet, le cordon dushako est supprimé et remplacé, pourles officiers, par un ou deux galonsd’or (pour les colonels). De même sontsupprimés les plumets sauf pour lesofficiers supérieurs et, pour les autres,remplacés par une houppette en laine.La plaque de shako a la forme d’unlosange. Elle est en cuivre jaune avecgrenade estampée au-dessus dunuméro. Cependant, cette plaque futpeu portée4.

Le long décret du 19 janvier 1812 a pourbut de renforcer l’uniformisation de l’armée tout en essayant d’être plusattentionné au confort du soldat.L’habillement de base est celui de l’in-fanterie (voir figure 2).

Pour le génie : habit bleu avec collet,revers, parements, pattes de parementen velours noirs avec liseré rouge, pas-sepoil rouge figurant les poches à troispointes en long. Les retroussis sontrouges avec passepoil de velours noiravec deux haches en drap bleu et en sau-toir comme ornement. Les boutons sontplats, jaunes avec le trophée d’arme. Lepantalon est bleu et les guêtres pluscourtes, de couleurs noires. Ainsi, l’habitcouvre maintenant le ventre et cache laveste. Les revers sont droits. Lesbasques sont plus courtes 5.

Le shako reste identique à celui prescriten 1810 sauf la plaque qui est en cuivrejaune surmonté d’une aigle couronnéeavec le numéro du bataillon de sapeursou de la compagnie de mineurs.

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4) BLONDIAU, Aigles et shakos du 1er Empire, Paris, 1980.5) Voir l’habit de caporal du génie, modèle 1812, présenté dans le hors série n° 23 de Tradition Magazine, p 66.

Sapeurs sous l’Empire, gravure du XIXe siècle, collection Musée du génie

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Il semble que les haches en sautoir nefurent pas utilisées et que seul la grenadeait continué à être portée 6. De même, lepassepoil de velours noir sur les retrous-sis ne semble pas avoir été exécuté.

LES MINEURS ET SAPEURS

Le 4 mars 1795 (14 Ventôse an III), les sixcompagnies de mineurs sont réunies défi-nitivement au corps du génie. En effet, lesmineurs avaient été rattachés au génie le15 décembre 1792 sans intégration deleurs officiers au corps du génie. Lesmineurs avaient alors pris la dénominationd’« ouvriers militaires du génie 7 ».

Les mineurs vont conserver l’uniformequ’ils avaient lorsqu’ils dépendaient del’artillerie. Le règlement du 15 janvier1792 prescrit des épaulettes à franges àlaine écarlate. Ils les garderont lors deleur passage dans le corps du génie etadopteront aussi les parements noirsliserés de rouge.

Un décret du 15 décembre 1793 (25 fri-maire an II) crée douze bataillons dugénie destinés aux travaux de fortifica-tions et d’aménagement tant en cam-pagne que dans les places. Ce décretpeut être considéré comme l’acte créa-teur de l’arme du génie. Cependant, ilest important de noter que sessapeurs, mis à la disposition des offi-ciers du corps du génie, étaient com-mandés par des officiers dits « offi-ciers de sapeurs » qui n’appartenaientpas à ce corps.

L’uniforme de ces sapeurs est spécifiédans ce décret qui stipule que celui-ciserait le même que celui des compa-gnies de canonniers, sauf les épaulettesqui seront jaunes 8. Ainsi, les collets,parements et revers étaient bleus liserésde rouge. La culotte et la veste sontbleues. Il semble que rapidement, ils pri-rent le velours noir et les épaulettesrouges comme les mineurs. L’extrémitéde chaque retroussis des basques estgarnie d’une pelle et d’une pioche ensautoir 9. Le chapeau est adopté commecoiffure.

Le règlement qui suit la publication dece décret précise, dans son article VI,que le drapeau sera porté par le plusancien sergent-major.

L’arrêté des consuls du 10 octobre 1801(18 vendémiaire an X) unifie l’arme dugénie en homogénéisant les structuresdes six compagnies de mineurs et lesquatre bataillons de sapeurs seulementeffectifs. En complément, le décret du27 décembre 1801 (6 nivôse an X) donneaux officiers de sapeurs le même uni-

forme que les officiers du corps du génie.Ainsi est enfin amalgamé dans unemême entité l’ancien corps des ingé-nieurs du roi, les mineurs et les sapeurs 10.

LES SAPEURS DE LA GARDE IMPÉRIALE

Corps d'élite par excellence, la Gardeimpériale se devait de posséder uneunité du génie. Cependant, ce n'est quevers la fin de l'Empire qu'une compagniedu génie fut créée avec une mission trèsparticulière. Un décret impérial daté du10 juillet 1810 ordonne la création d'unecompagnie de sapeurs au sein de laGarde Impériale dont la mission est leservice des pompes dans les palaisimpériaux. Ainsi, la mission première deses sapeurs est d'être des pompiers !D'un effectif initial de cent trente-neufhommes, celui-ci va régulièrement aug-menter jusqu'à monter à trois centsoixante-seize hommes au printemps1813 dont les deux tiers dans la JeuneGarde. Des pompes patiemment ache-minées vers Moscou serviront à essayerd'arrêter l'incendie de la capitale mosco-vite. Lors des Cent jours, une compagniesera de nouveau reconstituée.

L'uniforme des sapeurs de la Garde esttrès proche de celui des bataillons desapeurs. Seule la coiffure et les boutonssont spécifiques. Il faut aussi rappeler

Sapeur vers 1795, aquarelle d’André Marcy,collection Musée du génie

6) TERRIENNE, op cit.7) TERRIENNE, Notes sur l’organisation et l’uniforme des troupes constituant le génie, titre III, p 54.8) AUGOYAT, Aperçu historique sur les fortifications, les ingénieurs et sur le corps du génie en France, 1864, tome III, page 60. Décret de la convention

nationale du 25 frimaire, an II, section troisième, article 1.9) C’est-à-dire croisé. La couleur devait être bleue.10) TERRIENNE fait débuter l’arme du génie à partir de ce décret ; op cit, titre III, p 72.

Sapeur de la Garde Impériale,L. Rousselot, collection Musée du génie

Bouton du 2e bataillon de sapeurépoque début XIXe siècle

collection Musée du génie

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que les uniformes de la Garde sontgénéralement taillés dans un tissu demeilleure qualité et que l'armement aaussi sa propre spécificité.

Fabriqué en acier et laiton, le casque estsingulier et particulièrement seyant.C'est un casque à bombe avec unevisière et un couvre-nuque en acier poli.Le cimier estampé, le cerclage, le port duplumet, les jugulaires à écailles poséessur un cuir, les rosaces avec une étoileau centre et la plaque sont en laiton. Laplaque représente une aigle éployée trèscaractéristique. Le plumet est écarlate etla chenille du cimier en poils d'oursnoirs. Les sapeurs de la Jeune Gardeportent un shako en feutre noir avec uneplaque en laiton à l'aigle couronnée,deux jugulaires avec écailles et rosacesétoilées en laiton avec un cordon nattéécarlate et un plumet de même. Aubivouac ou en tenue de travail, le port dubonnet de police est autorisé. Celui-ciest en drap bleu avec galon, passepoil etgrenade écarlate pour les sapeurs et orpour les officiers.

Les boutons sont en cuivre jaune voiredorés pour les officiers, timbrés d'uneaigle.

La capote est en drap bleu, croisée sur ledevant avec deux rangées de sept grosboutons ; deux autres gros boutons à lataille, derrière. Les parements sont agré-mentés de trois petits boutons chacun,plus un sur chaque épaulette. En effet,les galons ou les épaulettes se portentaussi sur la capote. En petite tenue et entenue de ville, les officiers portent le cha-peau à ganse noir bordé de soie de lamême couleur et glands dorés dans lescornes avec bouton de la Garde etcocarde nationale.

LE TRAIN DU GÉNIE

Le développement des armées révolu-tionnaires puis impériales va entraîner lacréation du train du génie le 1er octobre1806. Sa mission était de convoyer lesoutils et matériaux nécessaires aux tra-

vaux des mineurs et des sapeurs. Sonorganisation changea plusieurs foisavant de se stabiliser à un bataillon àsept compagnies dont une de dépôt (1er juillet 1811). En général, il y a unecompagnie du train du génie par corpsd'armée. L'uniforme est spécifique bienque la couleur de fond de l'habit soit lamême que celle du train des équipages :habit gris de fer avec collet, revers, pare-ment et pattes de parement noirs vrai-semblablement en panne (et non envelours !) ; poches, doublure et retrous-sis de couleur distincte ; boutons et orne-ment (grenades aux retroussis) blancs.La veste est blanche ; culotte de peauavec surculotte et bottes à la dragonne.La capote, du même type que l'infante-rie, est en drap gris de fer. La scha-braque est en peau de mouton blanc. Leshako est du même type que l'infanterieavec plaque en losange et jugulairesblanches, aigrette rouge. Le décret du 9février 1812 précise que les passepoilsfigurant les poches, la doublure et lesretroussis seront bleus ; les boutons sontplats et blancs (argent) frappés d'unecuirasse surmontée d'un pot en tête.

ÉCLUSIERS, CASERNIERS11, GARDES

ET GARDIENS DES FORTIFICATIONS

Le chapitre XV de l'ordonnance du 1er

octobre 1786 traite de l'uniforme desemployés aux fortifications : les Éclu-siers, Caserniers, Gardiens des fortifica-tions, jetées, digues, fascinages et épis,ainsi que tous autres employés, porte-ront l'habit avec collet renversé ; dou-blure, veste et culotte bleu de roi. Lesboutons des fortifications seront demétal jaune, ornés dans le milieu d'unerosette, avec la légende au pourtour :fortifications.

Par la loi du 10 juillet 1791, tous lesemployés de fortifications seront dési-gnés dorénavant sous les noms degardes des fortifications et d’éclusiersdes fortifications 12. Ils sont au nombrede 200 13 et doivent obligatoirement por-ter l’uniforme qui leur sera affecté. Cette

même loi crée « les archives des fortifi-cations ». Ainsi, un dépôt d’archives spé-cifiques au génie voit-il officiellement lejour. Cette spécificité cessera en 1985.

L'article 4 de la loi du 5 floréal an V stipule que « les Gardes-éclusiers desfortifications porteront l'uniforme desous-officiers de mineurs, avec lesmarques distinctives du grade affecté àla classe de garde dans laquelle ils sontcompris ». Le règlement du 20 juin 1804(1er messidor, l’an XII) dans son article IIdu chapitre IV traite de l’uniforme desgardes du génie. Les gardes du génieporteront l'habit bleu national, doublureécarlate, collet, paremens et revers enpanne noire liserés de rouge, veste etculotte de drap bleu garnies de petitsboutons d’uniformes. Le chapeau serauni, la ganse en galon de laine jauneavec cocarde national, boutons jaunes ettimbré d’un corset d’armes avec lalégende : garde du génie. Les gardes depremière classe portent les épaulettesd'adjudant (fond de soie couleur de feu,traversée dans le milieu de deux cor-dons de tresse d’or), ceux de deuxièmeclasse les galons de sergent-major (deuxgalons en or sur chaque manche, ducôté de l’extérieur de l’avant-bras et prèsdu parement), ceux de troisième classeles galons de sergent (un seul galon enor sur chaque) et ceux de quatrièmeclasse les galons de fourrier (un galonen or sur le dehors de la manche, au-dessus du pli du bras).

LES OUVRIERS DU GÉNIE

Le 12 novembre 1811, les ateliers dudépôt du train du génie de Metz sonttransformés en arsenal du génie. Il estalors créé, dans cet arsenal, une compa-gnie d’ouvriers du génie.

L’uniforme est le même que celui dugénie avec des grenades en drap bleuaux basques et des boutons à cuirasseportant l’inscription : ouvriers du génie.Le shako est celui des mineurs avec unpompon rouge surmonté d’une petiteaigrette en crin noir 14.

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11) Le règlement du 30 thermidor, an II , dans son titre deuxième traite du rôle des caserniers.12) Journal militaire du 11 septembre 1791, numéro 37, p 444 et 445.13) Le chiffre citée est 300 mais, dans cette même loi, un tableau précise et détaille le coût et leur nombre pour 200.14) TERRIENNE, op cit, titre III, p 121.

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LES ADJOINTS AU GÉNIE

Ils sont créés par la loi du 21 février 1793qui traite, dans son titre VII, du génie.L’article II stipule que dans les places qui setrouveraient dépourvues du nombre d’in-génieurs suffisant pour le service, leministre est autorisé à nommer desadjoints en nombre suffisant, sur la pré-sentation des chefs du génie, et à leur attri-buer un traitement analogue à leur genred’utilité 15. La loi du 5 août 1794 (18 thermi-dor an II) limite leur nombre à 200 répartisen deux classes.

Ils portent l’uniforme de sous-lieutenantde sapeur.

Le décret du 5 floréal an V, dans sonarticle III, précise que l’uniforme reste lemême que celui attribué le 22 septembre1796 (1er vendémiaire an V), à l’excep-tion de la doublure, qui sera bleue et lesrevers qui seront supprimés.

Les adjoints furent supprimés par décret du11 octobre 180116 (19 vendémiaire an X).

LES AÉROSTIERS

Dans la tourmente révolutionnaire, lesnouvelles idées foisonnent tant dans ledomaine politique que dans le domainemilitaire. Dans ce dernier domaine, il estcréé, par décret du 2 avril 1794 (13 germi-nal, an II), une compagnie d’aérostiers àMeudon sous les ordres du capitaineCoutelle. Ce décret 17 indique l’uniforme dela nouvelle compagnie dans son article 4.Il consiste en un habit, veste et culottebleus avec passepoil rouge au collet, pare-ments noirs, boutons d’infanterie 18 prévuspar le décret du 4 octobre 1792 (13 vendé-miaire, an III) avec veste de coutil bleupour le travail. L’armement est composéd’un sabre court (vraisemblablement typebriquet) et de deux pistolets 19. Unedeuxième compagnie fut créée le 23 juin(5 messidor, an II) de la même année. La

première compagnie participera à la cam-pagne d’Égypte. Cette situation entraîneraune modification de son uniforme. L’habitest vert foncé avec passepoil rouge au col-let ; le reste, sans changement. Cet habitest encore modifié en Égypte : habit etveste bleue avec collets et parementsverts, retroussis verts, passepoil blanc etboutons en bois recouverts d’étoffe bleue.Les compagnies d’aérostiers furent dis-soutes en 1799 par le Directoire. Cette spé-cialité réapparaîtra dans l’armée françaiselors de la guerre de 1870-1871.

15) AUGOYAT, op cit, tome troisième, p 28.16) TERRIENNE, op cit, titre I, p 5.17) AUGOYAT, op cit, tome troisième, p 37.18) FALLOU, dans son ouvrage, indique un bouton en cuivre particulier avec ballon surmontant une nacelle avec deux hommes portant chacun un

fanion (vers 1796).19) Le musée d’histoire militaire de Fontainebleau possède une paire de pistolets d’aérostier.

Uniforme type d’infanterie 1801-1810,dessin Michel Pétard

Uniforme type d’infanterie 1812,dessin Michel Pétard

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LES RAISONS DU CHOIX

Conséquence du « coup de l’éventail »,de raisons de politique intérieure et deconsidérations financières1, la cam-pagne d’Alger est la première expéditiond’une telle envergure que l’armée fran-çaise ait lancée. Plus que le nombre decombattants, environ 37 000 hommes, ilconvient de considérer le contexte géné-ral : le débarquement de vive force, l’em-ploi combiné de forces terrestres etmaritimes, la minutie de la préparation,le déroulement de l’action.

Il s’agit d’une première.

Les antécédents

Sans remonter aux croisades, il y eut,bien sûr, des précédents : celle deLafayette et celle de Bonaparte, l’unevers les Amériques et l’autre vers l’É-gypte. Ces deux opérations ne sont pasles plus réussies de la marine française.La flotte est malmenée sur la côte estdes Amériques et coulée devantAboukir… Et encore, dans ces deux der-niers cas, pouvait-on compter sur unepartie de la population, sinon acquise,du moins bienveillante. Pour Alger, riende tel. Pire, cette action va se dérouler en« Terra incognita ».

Si « le coup de l’éventail » date de 1827,c’est après deux ans de réflexion etquelques péripéties que la décision estprise. Début 1830, se tient le conseil desministres chargé d’évaluer la faisabilité.Le général Valazé y participe. La résolu-tion adoptée à l’unanimité est présentéeau Roi :

• Débarquement sur la presqu’île deSidi-Ferruch.

• Progression sur l’axe Sidi-FerruchAlger via « Chapelle et Fontaine » et« Fort l’Empereur ».

• Attaque de la ville par la terre.

Comme Napoléon avant lui, Charles Xdésire s’imposer en Afrique pour y limi-ter la présence britannique. Ce qui luifera répondre à l’ambassadeur anglais :« Pour décider d’aller à Alger, je n’aiconsulté que l’honneur de la France,pour décider de ce que j’en ferai, je neconsulterai que ses intérêts ».

À la même époque

Cette année-là, Charles X règne, cahincaha. Marc Seguin invente la chaudièretubulaire. En Angleterre, Georges IVaccède au trône, la première ligne de che-min de fer est ouverte au public. La locomotive « Rocket » atteint les

GÉNÉRATION DE FORCESET EMPLOI DU GÉNIE :

LES SAPEURS DE LA CAMPAGNE D’ALGER24 JUIN – 5 JUILLET 1830

Capitaine (esr)

Bernard

GIUDICELLI

Le Capitaine GIUDICELLI sert au 71e

Régiment du Génie.

Chef de projet Sénior, il collabore à laréalisation de plusieurs applicationspour l’Armée de Terre et la Gendarmerie.

Il commande au 71e RG puis en opéra-tion extérieure avec le BATGEN 1.

Détaché au ministère de l’Intérieur de1997 à 2000, il est aujourd’hui adjoint auconservateur du musée du génie.

1) En 1827, La France traîne une dette de 7.5 millions de francs or. Vieille de 20 ans, elle résulte d'une livraisonde blé réalisée au bénéfice de l'Empire. Le Dey d'Alger a payé les fournisseurs. Il en attend le remboursement.Ceci explique sans doute cela…

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25 km/heure. Beethoven obtient unimmense succès avec la 9e symphonie.Les accords d'Orange sont discutés :bientôt naîtra la Belgique et la France yperdra la Flandre, le Hénault et l'Artois.

L'armée française compte environ270 000 hommes. Cette armée, entière-ment refondue depuis 1816, connaît peud'évolution des matériels. L'artillerieabandonne le système Gribeauval (1780)pour le système Vallet. Le génie est orga-nisé depuis la refonte en régiments. Ilssont 3, à deux bataillons chacun. Unbataillon compte 8 compagnies : 2 com-pagnies de mineurs, 6 compagnies desapeurs. On trouve 4 officiers et150 hommes par compagnie. Ajoutons àcela les compagnies d'équipage duGénie. Les conditions d'emploi sontsimples : 1 compagnie de sapeurs pourune division, soit 8 sapeurs pour600 fantassins. La poussière de « génie »existe déjà.

Comme de nos jours, le capitaine dugénie est l’interlocuteur du général com-mandant la division.

LA RECONNAISSANCE.

Début 1808, Napoléon veut rejoindre l'Égypte afin de limiter, voire couper, laroute anglaise des Indes. Le but étant derejoindre Le Caire par… Tunis et Tripoli, laMéditerranée appartenant à la marineanglaise. L'idée n'est pas si mauvaise,puisque 135 ans plus tard, Rommel et sonAfrika Corps suivront cet itinéraire. Le butde la reconnaissance est donc de repérerun port capable d'abriter la flotte françaisedes éléments naturels d'une part, et desactions de la marine anglaise d'autre part.C’est le Commandant Boutin qui estchargé de cette mission. Il la réalise auprintemps de la même année. Très vite,l’objectif devient clair : « S’emparerd’Alger ». Il convient de noter que la recon-naissance ne se borne pas à la seule dési-gnation du lieu. Boutin oriente la stratégie,les axes d'efforts, les moyens nécessaires.Il fixe le lieu du débarquement, l'itinéraire,les points d'appui à conquérir. Le choixsemble judicieux, les alliés y débarqueronten novembre 1942. Il est donc naturel quela résolution du Conseil des Ministresreprenne point par point toutes les recom-mandations de son mémoire, sauf une…l’époque de l’année.

Encore faut-il être bienveillant. Le calen-drier est serré. Le 8 février, le Roiapprouve la décision du Conseil. Le 11 mai, les troupes commencent l'embarquement. Entre-temps, c'est37 000 hommes qui sont dirigés versToulon. Les sapeurs viennent d'Espagne,de Flandre et de Lorraine. 110 navires dela Marine escorteront les 500 bateaux decommerce. Les arsenaux inventent etréalisent des barges de débarquementcapables de transporter deux pièces d'ar-tillerie. Ces pièces peuvent tirer pendantleur transport. L'intendance n'est pas enreste. Elle rassemble et prépare deuxmois d'avitaillement embarqués à Toulonet deux mois à suivre avec la secondevague. Il est prévu pour chaque hommeun approvisionnement de 5 unités d’alimentation et 6 unités de feux.

LES PRÉPARATIFS

Nous sommes le 31 janvier 1830… Les conclusions du conseil des ministresseront proposées au Roi Charles X lasemaine suivante. Pour des raisons depolitique intérieure, le nom du généralen chef n'est pas arrêté. Mais on connaîtdéjà le nom du général commandant leGénie2. Ce sera le Général Valazé.

Un état-major et un bataillon vont parti-ciper aux opérations. Celui-ci est mis surpied par les 1er, 2e et 3e régiments dugénie. Ces dispositions sont conformesaux règles habituelles. Mais l’effectif estconséquent. Jusqu’à ce jour, aucunedivision n’avait jamais bénéficié d’unappui de cette ampleur.

Pour le 1er RG, sont engagées la 1/m, lesCies 1/1, 1/2, 1/3, 2e RG : les Cies 1/3 et 1/4,3e RG : la 1/m, la Cie 1/4 plus 1/2 Cie dutrain des équipages du génie.

Chaque Cie est à 4 officiers, 150 hommeset 2 chevaux. Au total, 63 officiers et1250 sapeurs.

Les troupes du génie sont concentréesen Arles, car elles viennent en majoritéde Metz et d'Arras, et descendent par voie fluviale. D’autres viendrontd’Espagne. Une partie va être détachéesur Saint-Rémy-de-Provence. Partout,on aura pour but de constituer le mini-mum vital, savoir, rassembler lesmatières premières et réaliser tout cequi peut l’être. Ainsi, 10 blockhausdémontables seront réalisés pendantcette période. Nos anciens maîtrisent leKit bien avant IKEA. Ils auront dans leursbagages, entre-autres…

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4200 palissades2500 fascines3500 gabions carrés16 chevalets de ponts

2 forges de campagne4 sonnettes à bras.12 établis de menuisiers

6500 lances à hérissons2500 piquets pour gabions farcis37 500 piquets de gabions220 000 sacs à terre.

10 tonnes de houille2 tonnes de barres d’acier3 tonnes de barres de fer

300 chevaux de frise (de 3m)8 barrières10 blockhaus25000 outils de parc500 outils de sapeurs.

1500 m3 de bois à scier.

Dans son mémoire, le Cdt Boutin stipule qu'il n'a trouvé que de maigres broussailles,une seule source (Chapelle et Fontaine) et signale que d'une façon générale, les ressources locales sont maigres, parfois inexistantes. Ceci explique les volumes ci-dessus. 25 kilomètres séparent Sidi-Ferruch d'Alger. Boutin prévoit 5 jours demarche d'approche. Ce délais ne laisse pas le temps aux sapeurs de construire surplace. Tout est donc assemblé et construit pendant la concentration en Provence. Puis tout est démonté, transporté vers Toulon et embarqué.

2) La présence à ce niveau de décision d'un « sapeur » est, hélas, trop rare. L'influence du Général Valazé sur la manœuvre « Génie », nature, volume des troupes, antici-pation et conduite de la manœuvre sont indéniables. Pour mémoire, une division dispose d’un bataillon du génie. C'est donc un Commandant qui représente l'Armeauprès d'un État-major de division, un capitaine pour la brigade…

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Les préparat i fs sont minut ieux. Enraison des aléas de la météo, tout ce quipeut être loti est empaqueté dans undouble emballage. Le but est de rendreles colis étanches et flottants. Lescaisses sont donc recouvertes de toile àvoile goudronnée. Point d'inscription.Des codes couleurs sont encollés sur legoudron. Les sapeurs commencent l’em-barquement le 11 mai. Il s’achève le 18mais c’est le 25 que la flotte quitteraToulon. Une relâche à Majorque et fina-lement, le 13 juin au soir, les plages deSidi-Ferruch sont en vue.

LE DÉBARQUEMENT

14 juin : Le débarquement commencedès 2 heures du matin; à 6 h 30, le généralde Bourmont met pied à terre.A 13 h 00, le général Valazé délimitel’emplacement de la ligne bastionnée. Il ne s'agit pas d'une simple tranchée.Il faut réaliser des bastions, des avant-postes, des points de passages. Relierl'ensemble pour en faire un tout homo-gène. En outre, il ne s'agit pas que dedéfense, la ligne doit aussi soustraire lesinstallations aux vues de l'ennemi. À 17 h 00, les outils sont distribués, les sapeurs du génie renforcés de1 500 sapeurs d’infanterie se mettent àl’ouvrage, aux ordres des commandantsChambaud et Vaillant. La protectiondu chantier est assurée par lesbataillons. Cette nuit-là, et les suivantes,les régiments se mettent en carré dedéfense. Le premier rang est couché, lesecond assis, le troisième debout… Lesmineurs creusent3 le premier puits. Ilstrouvent l’eau à 5 m de profondeur.

15 juin : les sapeurs continuent la ligne.Mais ils entament aussi la réalisation du camp et l’aménagement de la plage.Les allées secondaires sont ouvertes,réparties de part et d’autre de deux axesprincipaux. Ceux-ci font six mètres delarge. Les premiers bâtiments réaliséssont les dépôts de l’intendance et l’hôpital.Celui-ci contient 1 000 lits. Le long de la plage, des drapeaux de différentescouleurs sont installés. Les mineurs serépartissent deux tâches : creuser lespuits et construire des fours.

16 Juin : les premiers pains chauds sortent des fours. La tranchée de protec-tion est profonde de 1.60 m. Elle pos-sède un talus de 2 m environ. Elle fait,déployée, 1000 mètres de long, court de part et d’autre de la presqu’île. Despontons armés d’artillerie sont échouésà chaque extrémité. Des ouvrages sontétablis sur les maigres hauteurs domi-nant l’entrée de la presqu’île de Sidi-Ferruch. Les crevasses et talwegs sont,de même, battus par les feux. Si l’ou-vrage est considéré apte à la défense, iln’est pas encore achevé. Les sapeursentament un nouveau chantier : aména-ger les accès. Ils ont devant eux un mau-vais chemin muletier. Ils vont en faireune route, large de 6 mètres, entière-ment carrossable, s’affranchissant icides rochers, là du sable… Les mineurs,quant à eux, continuent de creuser lespuits. Les fours enterrés sont insuffi-sants, mais les fours métalliques de l’in-tendance arrivent enfin. Les mineursvont les assembler.

17 juin : une violente tempête suspendles opérations de débarquement, maisde débarquement seulement. Car lesopérations de ravitaillement, elles, conti-nuent. En effet, en prévision de ces diffi-cultés, tous les colis (environ 80 000)sont insubmersibles, étanches et diffé-renciés par des codes couleurs. Ils sontdonc passés par-dessus bord. Il suffitd’attendre qu’ils rejoignent le littoral,puis de les déposer auprès du drapeaucorrespondant que les mineurs ontdressé sur le bord de la plage. Bien queles 4 000 chevaux ainsi que les1 000 têtes de bétails, ne puissent êtredébarqués, les parcs et les abreuvoirssont aménagés. Les échoppes aussi. Lapremière cantine est établie. Les com-merçants sont prêts à offrir leurs ser-vices. Notons, pour la forme, qu'ils sontinstallés au centre du camp et que lestentes sont établies tout autour. Unetoile de tente4 pour quinze, un fourneaupour huit. Heureusement, les bidons,eux, sont individuels.

Mais la tempête a un effet secondairenon négligeable. Les chevaux5 ne peu-vent toujours pas être débarqués, ce qui

entrave largement la manœuvre. Lescanons sont tirés à bras des plages auxpostes de tirs. Quant aux approvisionne-ments vers la ligne de front, ils ne peu-vent être réalisés.

18 Juin : les travaux continuent, maisles combats commencent. Les sapeursfont le coup de feu. Harcelés et défiés, ilssont surpris par ces cavaliers qui char-gent, debout sur leur monture, mépri-sent la mort, tirent en galopant, puisvirevoltent, rechargent leur arme, etreviennent, toujours au galop. Mais lessapeurs possèdent des fusils de rem-part, et ils savent s’en servir… Un jolicoup est acclamé par les fantassins…

19 juin : Les combats sérieux se dérou-lent sur le plateau de Staouli. Lessapeurs arasent, taillent et dessinentcette route qui permettra l’approvision-nement en continue des unités. Maiscela ne suffit pas. Il faut établir un campintermédiaire sur le plateau. En pleinebataille, les sapeurs s’échinent, creu-sent, aménagent, bastionnent encore…Les convois sont parfois la cible descavaliers. Des casemates sont établiessur l’itinéraire, les blockhaus dressés.Les mineurs ne sont pas en reste. Sousles ordres du lieutenant Lamoricière, ilsont creusé 20 puits, construit 12 fours àpains en fer, et réalisé 8 autres, enbrique.

Les jours suivants, pendant que lescombattants s ’observent , le géniecontinue l’ouvrage.

23 juin : la presque île de Sidi-Ferruchest totalement fortifiée. La ligne dedéfense est désormais équipée de sesgabions et fascines. Le 25, le camp du plateau de Staouli est achevé.Désormais, la route arrive presque jus-qu’au fort de l’Empereur. Un pont dechevalets est lancé. L’ancienne voieromaine, trop étroite, ne permet pasl'acheminement des 250 tonnes journa-lières d'approvisionnement. Elle estdoublée. Maintenant, 7 points d’appuijalonnent cet axe qu’empruntent chaquejour les convois des trains d’équipage.

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3) Ils étayent le puits avec les planches des caisses de munitions, récupérées et reconditionnées.

4) Elles sont montées sur charpente de bois. Petit détail qui donne une idée de l'ouvrage, si on prend le temps de calculer le ratio…

5) 4500 chevaux sont embarqués à Toulon. 500 sont destinés à la cavalerie, les 4000 restant sont pour l'Artillerie, les trains d'équipages et l'État-Major. Leur débarquementcommencera seulement à partir du 23 juin.

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Ils sont constitués d’un ensemble case-mate-blockhaus, de fossés et de talus,renforcés de palissades.

2 juillet : les travaux de sape commen-cent devant le fort de l'Empereur. Legénéral Bourmont n’hésite pas à écrireau Duc d’Orléans : « Je crois qu’après 2heures de feu, nous aurons passé les

défenses de l’ennemi et que la brèchesera ouverte avant 24 heures de sorteque nous serons maîtres du fort le 5juillet au soir ».

Il n'empêche. Les sapeurs vont bastionnerles maisons qui longent la route, les créne-ler. Puis ils établiront la base d'assaut. Untroisième camp est réalisé. Puis les pre-mières parallèles sont ouvertes…

4 juillet : l’ennemi voyant la vitesse de

réalisation des travaux, comprend que

la fin est inéluctable, préfère évacuer

le fort de l'Empereur et fait sauter la pou-

drière.

5 juillet 1830, Le Dey Hussein signe la

reddition, Alger tombe.

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Parmi les très nombreuses études qu’ilreste à mener pour reconstituer l’histoirecomplexe du Génie militaire, celle del’attitude des ingénieurs du roi face à laRévolution française serait très certai-nement l’une des plus intéressantes.En effet, la formation des ingénieurs àl’école de Mézières les destinait à unecarrière toute tracée et entièrementdévouée aux idéaux de la monarchie.

Comme ce fut le cas pour les cadres desautres armes de l’armée royale, les ingé-nieurs, ont dû, en cette fin du XVIII e

siècle se pétrir des idées nouvelles,par t icu l ièrement après la guerred’Indépendance Américaine à laquellenombre d’entre eux ont participé. Lesbibliothèques personnelles de ces offi-ciers ont sans doute compté bonnombre d’ouvrages « subversifs » quiont préparé les esprits à accueillir trèsfavorablement la Révolution de 1789. Lacarrière d’un Lebègue du Portail, futurministre de la guerre d’octobre 1790 àdécembre 1791, en témoigne.

Toutefois, beaucoup d’ingénieurs n’ontpas embrassé les idées de la Révolutionet ont choisi d’émigrer et de mettre leursavoir au service de la Monarchie ens’engageant, surtout à partir de 1793,dans les corps levés par les princes émi-grés ou par les puissances coalisées.

On distingue quatre formations detroupes émigrées :

1 - le service de la Grande-Bretagne etdes Pays-Bas,

2 - l’armée de Condé (service russe),

3 - l’armée des Princes,

4 - l’armée de Bourbon.

LE SERVICE DE LA GRANDE-BRETAGNE

ET DES PAYS-BAS (1793-1802)

Septembre 1793 : le Gouvernement bri-tannique demande officieusement auxPrinces français, de désigner des offi-ciers de l'ancien corps royal du Génie,qui pourraient servir à l'état-major duduc d'York ou participer à des expédi-tions sur les côtes de France. Les Princes

chargent le colonel François EugèneLenglé de Moriencourt (1731-1795),ancien sous-brigadier à Bergues, decette mission. Le chevalier Antoine JeanLouis du Portal, capitaine au corps, luiest adjoint.

Deux détachements d'ingénieurs sontformés. Le premier rejoint le quartiergénéral de l'armée anglaise ; le second,l'armée hollandaise. En décembre, lecolonel de Moriencourt rassemble àOstende, une « brigade d'ingénieurs »,composée, outre de Moriencourt, dumajor du Portal, de 4 capitaines,3 capitaines en second et 4 lieutenants.Ces « conseillers techniques » seront,soit répartis dans les différents états-majors de l'armée anglaise aux Pays-Bas, soit attachés à l'expédition destinéeà débarquer sur les côtes de Bretagne.

LES INGÉNIEURSDANS LES TROUPES ÉMIGRÉES

Monsieur

Alain

FOUGERAY

Alain Fougeray est attaché au ministèrede la Culture et de la Communication,mis à disposition de l’ESAG en qualitéde responsable du Centre de Documen-tation et de Recherches.

Il a précédemment été adjoint du direc-teur régional des affaires culturelles deBretagne (1975-1986), puis chargé demission auprès du préfet de la régionBretagne avant de rejoindre le bureaudes études et recherches de l’IHEDN.

De 1995 à 2003, il était chargé de la communicat ion à la direct ion desArchives de France.

1) Ils feront tous les deux, par la suite, partie de l’état-major de Puisaye.

Service de la Grande-BretagneIngénieur en frac - 1792

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En attendant un emploi, les officiers duGénie, venant d'Ostende, sont placés engarnison dans l'île de Wight et àSouthampton. Le 9 mai 1794, un acte duParlement britannique leur donne uneexistence officielle et fixe la solde jour-nalière : 10 shillings pour le colonel,8 pour le major, 6 pour le capitaine,5 pour le capitaine en second et 3 pour lelieutenant.

En avril 1794, plusieurs officiers avaientrejoint, aux Pays-Bas, le détachementlaissé à l'armée du duc d'York. Les offi-ciers du Génie s’étaient, en effet, particu-lièrement distingués au cours de la cam-pagne de 1793-1794 : le baron deMoncriff au siège de Dunkerque ; le chevalier de Saint-Paul et M. deLenecquesaing de La Prée, à Menin et àNieuport ; M. du Frasnois, tué à la sortiede Menin ; M. de Fulaines-Bergères àOstende, etc.

En 1795, le projet d’une descente enBretagne se précise et le ministèreanglais régularise la situation des offi-ciers du Génie. Une note au comte de

Puisaye signée des capitaines Pioger deSaint-Perreux et Suasse de Kervegan1,lui demande d'intervenir « pour l'organi-sation totale de la brigade des officiersdu Génie commandée par M. de Lenglé…Cette expédition est d'autant plus néces-saire que le traitement provisoire qu'ilsreçoivent est trop peu considérable pourqu'ils puissent faire aucun préparatifpour la campagne ; d'ailleurs, cette bri-gade étant alors payée par l'Ordonnance(direction anglaise de l'artillerie et dumatériel), M. de Puisaye en disposeraplus facilement » (2 juin 1795). La bri-gade est organisée et les brevets datésdu 1er avril 1795. Elle comprend : Lengléde Moriencourt (lieutenant-colonel), duPortal (major), 5 capitaines, 5 capitaineslieutenants, 6 lieutenants. En juin, « labrigade des officiers du Génie devantêtre munie de tous les instrumentsnécessaires à leur métier et dont l'achatexigera une somme assez considérable,MM. de Suasse et de Pioger aurontrecours au besoin à leurs camarades.Quant aux fonds que M. le comte dePuisaye a eu la bonté d'offrir à ses offi-ciers pour le reste de leur armement etde leur équipement, et pour l'équipe-ment de leurs domestiques, ils propor-tionneront leur dépense à ce qu'il vou-dra bien leur accorder ».

La brigade du Génie est embarquéedans l'île de Wight le 12 juin 1795 à borddu Middleton. Le 25, le convoi est enbaie de Quiberon et le débarquementdébute le 29. Le 30, le capitaine d'Ivory(1745-1821) dresse le plan de la pres-qu'île et du fort Penthièvre. Le fort estpris le 3 juillet et le capitaine Testas deFolmont (1748-1795) en est nommémajor. Le colonel de Moriencourt et lesofficiers, remettent le fort en état dedéfense. Sur les indications du major duPortal, l'enceinte palissadée est transfor-mée en redoute et, en avant, il fait établirune demi-lune et deux redans. Toutefois,Lenglé et du Portal n’ont pas mis la cita-delle à l'abri d'une surprise en coupantla falaise par un fossé.

Au combat des lignes de Sainte-Barbe2,le 8 juillet, le colonel de Moriencourtsert comme volontaire à l'artillerie deRotalier, ainsi que le lieutenant de Villazyqui y est tué, et le capitaine-lieutenant deMissy qui est blessé.

Le 9, le colonel de Moriencourt estnommé aide-maréchal général des logisde l'armée.

La presqu'île sera reprise par les troupesde Hoche le 21 juillet et 5 officiersdu Génie sont faits prisonniers. Ilsseront fusillés. Ce sont : le colonelde Moriencourt, le major du Portal, lescapitaines Joseph Pascal du Cheyron deBeaumont et Testas de Folmont, le lieu-tenant Le Mouton de Néhon.

Les officiers du Génie font égalementpartie de l'expédition du comte d'Artoiset du général Doyle à l'île d'Yeu. Le5 octobre, trois chevaux équipés sontfournis chaque jour, alternativement,aux ingénieurs « auxquels ils serontnécessaires pour le service ». Ennovembre, lorsque la brigade desIngénieurs rentre en Angleterre, elle estmise en garnison à Southampton etréorganisée le 1er décembre suivant sousle commandement du chevalier ClaudeJoseph d'Ivory nommé lieutenant-colonel ; Louis François Augustin dePioger est major ; on compte de plus 5 capitaines et 5 capitaines-lieutenants.

Sous les ordres du lieutenant-coloneld’Ivory, les ingénieurs s’embarquent àFalmouth le 15 décembre 1796 pourrejoindre au Portugal l'armée auxiliaireanglaise du général Charles Stuart. Dansun rapport, d'Ivory signale que, dès leurarrivée, les officiers du Génie sontemployés « à reconnaître le pays jus-qu'aux frontières d’Espagne, et à lever lacarte des rives du Tage et des contréesadjacentes, à mettre les places les plusexposées en état de défense. Le généralStewart (sic) forma un petit corps d'ar-mée pour une expédition sur l'île deMinorque et attaquer Mahon et le fortSaint-Philippe ; un détachement ducorps fut employé à cette expédition quieut tout le succès désiré. Quelquestemps après, un autre corps d'arméeenvoyé d'Angleterre, commandé par legénéral Abercromby, se rassembla àLisbonne pour une expédition enÉgypte ; nous fournîmes un détache-ment du corps. A peine fut-il parti que leministre de l'Ordonnance demanda desofficiers du corps pour envoyer à Saint-Domingue, en me confiant que les offi-ciers que je désignerais seraient chargésd'opérations importantes »

2) En face, dans le camp républicain, se trouve un officier du génie du nom de Rouget de Lisle qui, dans un mémoire laisse entendre qu’il a dirigé la construction deredoutes pour empêcher les émigrés de s’avancer à l’intérieur des terres.

3) Mort au Cap de Bonne Espérance en 1795.4) Mort aux Antilles en 1797.

Corps des pionniers françaisPionnier - 1795

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En effet plusieurs officiers sont envoyésaux Antilles : le capitaine-lieutenantcomte de La Chaussée ; le lieutenantchevalier de La Houssaye, passé en qua-lité d’ingénieur dans « La Tour's RoyalForeigners » ; le capitaine de Préval,passé dans « Löwenstein » ; le capitainechevalier Augustin Marie du Fougeray3,et le major Pioger de Saint-Perreux4.

M. d'Ivory dit qu'il lui fut demandé desofficiers de sa brigade pour l'Inde.

Lors de la paix générale (Traité d’Amiens,1802), le Gouvernement portugais pro-posa aux officiers du Génie français derester à son service, mais ils refusèrentpresque tous et, ramenés en Angleterre,furent licenciés en juillet 1802.

LE CORPS DES PIONNIERS FRANÇAIS

Hors des ingénieurs du génie, on relèvel’existence d’une compagnie de sapeursà la solde anglaise, appelée « FrenchCorps of Pioneers ». Cette compagnie estlevée aux Pays-Bas en fin 1794 et atta-chée à l’état-major du duc d’York. Elle estcommandée par le capitaine de Selliard.MM. De Breuil et de Berny sont lieutenantset l’abbé Humblet en est l’aumônier.

La compagnie sera licenciée le 16 janvier1796.

L’ARMÉE DE CONDÉ.

La « divis ion de Condé » (Worms,novembre 1791) compte 7 officiers del'ancien corps royal du Génie (5 capi-taines, 2 lieutenants) commandé par lecapitaine Pecauld du Larderet (1747-1808). En janvier et février 1792 ils nesont plus que 4, pour remonter à 7en avril.

En mars 1792, l’arrivée en émigration dulieutenant-colonel Bidet de Juzancourt(1737-1814), sous-brigadier du Génie àBelle-Isle, puis à Brest, permet au princede Condé d'organiser une brigade d'in-génieurs placée sous les ordres du colo-nel de Moriencourt (29 juin).

Dès le mois d’août, une marche est déci-dée sur Landau. Par l’entremise du lieu-tenant du Génie Sarret de Grozon (1762-1842), Condé prend contact avec lemaréchal de camp de Martignac, com-

mandant la place ; 2 autres officiers del'arme, le capitaine de Bouligney (1749-1846) et le lieutenant de Kayr deBlumenstein (1759-1854), sont envoyésprès du prince de Hohenlohe-Kirchbergpour lui faire part des promesses delivrer la ville aux troupes émigrées. Parsuite de l’inertie autrichienne, l’affaireéchoue (5 août 1792).

Au 1er septembre, la brigade du corpsroyal du Génie comporte : lieutenant-colonel commandant, 8 capitaines,4 lieutenants en 1er, 7 lieutenants en 2d,un sous-lieutenant, un élève, soit 22 officiers.Le 6 novembre, l'effectif est de 23 (uncapitaine de plus). Les lieutenants deMalbois (1761-1836) et du Boys (1763-1844), sont chargés de la reconnaissancedes cantonnements de Villingen pour lecorps de Condé (décembre 1792).

Le 6 janvier 1793, les effectifs comptent17 ingénieurs (dont 3 absents) ; un étatdu 22 février, daté de Villingen, donnel'effectif suivant : lieutenant-colonel,7 capitaines, 4 lieutenants en premier,6 lieutenants en second, un sous-lieute-nant, mais, le 10 mars, l'effectif esttombé à 14.

En avril 1793, le corps de Condé reçoitune formation autrichienne : les officiersdu Génie sont alors placés sous lesordres de M. de Manson, maréchal decamp commandant l'artillerie, malgrél'intervention du commissaire autrichienqui veut les répartir dans l'infanterienoble. L'Empereur admet 25 ingénieursà sa solde, sont payés comme les chas-seurs nobles et jouissant d'une rationd'officier monté. Pendant la campagned'Alsace, ils sont utilisés auprès des

5) colonel, lieutenant-colonel, major, capitaine, 4 lieutenants.6) Il refuse d’entrer au service de la Russie et profitera de l’amnistie de 1802 pour rentrer en France.

Armée de Condé - Ingénieurs - 1794

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troupes pour la mise en place des cam-pements, l'élévation des redoutes etouvrages de campagne, la confectiond'abris, etc. Le lieutenant Masson deFulaines (1760-après 1795) est détachéaux travaux de blocus de Landau.D’autres inégnieurs participent au siègedu Fort-Louis, le 25 octobre. À Berstheim,les officiers du Génie sont « à côté desartilleurs nobles, armés de fusils et pour-vus de pelles et de pioches, prêts à être,selon le besoin, des combattants ou desterrassiers ».

Le 16 août 1794, M. de Juzancourt estnommé colonel : c'est un excellent offi-cier, un bon ingénieur et il s'est distin-gué pendant la guerre de Sept Ans, àl'attaque de Dorsten sur la Lippe. Aucours des campagnes suivantes, les offi-ciers du Génie, qui restent toujours sen-siblement au même effectif (25, le24 décembre 1795 après une augmenta-tion de 15 officiers accordée par leministère anglais), rendent les mêmesservices aux troupes et font égalementl'office d'aides de camp.

Le 3 février 1796, un état des officiers duGénie, « rattachés à l'état-major généralde l'armée », donne un effectif de 17(dont 2 absents) avec 14 chevaux ; le 28,l'effectif est remonté à 25 officiers dont2 détachés. Lors de la campagne, le24 octobre, à Steinenstadt, le lieutenantDumoulin (né en 1770) a la tête fracasséepar un obus : sa cervelle rejaillit sur leprince de Condé et sur les officiers quil’entourent.

Le 5 janvier 1797, le colonel deJuzancourt est promu maréchal de campavec rang du 10 août 1796. Au 5 mars, lecorps compte 3 officiers supérieurs et22 ingénieurs. En octobre, 11 d’entre euxpartiront pour la Pologne. Le corps deCondé passe alors au service de laRussie. Les lieutenants Léry et deKerlero démissionnent le 29 janvier.

Le 7 octobre 1799, les ingénieurs partici-pent à la défense de Constance, où sesignale le lieutenant-colonel vicomteFrançois de Sartiges (1743-1819), encoupant le pont de Petersdorf.

Un rapport du général-major deJuzancourt, en date du 20 octobre 1800,donne sur le corps les précisionssuivantes : « Les officiers du corps duGénie, depuis l'existence du corps deS.A.S., n'y ont encore joui d'aucune for-mation qui, fixant leur nombre et celuides grades de chaque espèce, leur aitdonné la perspective d'un avancementquelconque, tel qu'il existe dans tous lesautres corps. L'espoir du rétablissementprochain de la Monarchie, les motifsd'honneur et de désintéressement quiles animent, leur ont fait supporterpatiemment jusqu'ici une exceptionaussi peu méritée. Mais, voyant leschoses se prolonger, sans qu'il soit pos-sible de prévoir quelle en sera l'issue,humiliés de voir leurs chefs et anciensofficiers, après 40 et même 50 ans deservice, à peine traités comme lemoindre officier des états-majors géné-raux dont le service n'est ni plus actif, niplus méritant que le leur, ils croient nedevoir pas différer de solliciter la restitu-tion du droit dont ils avaient toujoursjoui, d'exister à l'armée sous la forme debrigades.

Cette forme est la seule qui, les plaçant etles faisant traiter suivant leurs grades etancienneté, puisse exciter l'émulation

des jeunes gens, et leur procurer par lasuite l'avancement qui a lieu dans lesautres corps. Elle est la même que cellefixée par les ordonnances du Roi, c'estcelle sous laquelle sont réunis leurscamarades actuellement au service del'Angleterre. Ils se flattent donc que SonAltesse Sérénissime voudra bien agréeret demander au chargé de pouvoirs de SaMajesté britannique leur formation enune brigade composée de 8 officiers5 etdu commandant en chef hors de ligne ».

Au licenciement du 1er mai 1801, l'effectifdes ingénieurs ne comprend plus que M.de Juzancourt, général commandant, levicomte de Sartiges, lieutenant-colonel,François Anne Rapine de Saxy6, major,3 capitaines et 4 lieutenants.

L’ARMÉE DES PRINCES

L’armée des Princes est plus connuesous le nom d’armée de Coblence, lieuprivilégié de résidence des émigrés de lapremière heure.

Le 28 février 1792, une liste des officiersdu Génie du cantonnement de Coblence,fait état de : un capitaine en premier,5 capitaines en second, 9 lieutenants enpremier, 2 lieutenants en second. On ycompte en plus, le vicomte Benoîtd’Argent de Deux-Fontaines (1741-1793),officier retiré du Génie, lieutenant-colo-nel d'infanterie, « commandant provisoi-rement et uniquement par le choix deses camarades » et Jean-Pierre de Fages(1768-1827), lieutenant en premier, quiest « agrégé, pour la campagne, à côtéde Monsieur son père, dans la compa-gnie écossaise des Gardes du corps duRoi, mais peut se rendre à son service,s'il est nécessaire ».

Le 9 avril, le commandement des 4 brigadesdu corps est donné au comte LouisJoseph de Robien (1734-1801), major duGénie, le lieutenant Colin de la Bruneriefaisant fonctions d'aide-major. L’effectifest d’un capitaine en premier, 5 capitainesen second, 6 lieutenants en premier(dont M. de Fages), 2 lieutenants ensecond, et M. de Deux-Fontaines, servantcomme volontaire.

En avril, le vicomte de Damoiseau, capi-taine en second, et quelques autres ingé-nieurs (6 en tout) sont chargés de recon-

7) Paroisse de Jambes, faubourg de Namur.

Armée de CondéIngénieur en capote - 1795

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naissances militaires sur la frontière. Enmai, il y a 38 officiers du Génie émigréset, le 29 juin, 46. Le commandementgénéral est passé au colonel Lenglé deMoriencourt, ancien sous-brigadier àBergues, qui a sous ses ordres le lieute-nant-colonel de Juzancourt, le major deRobien, 15 capitaines et 30 lieutenants.

L'ordre de bataille du 30 juin 1792 faitapparaître que les ingénieurs, placés sousle commandement du colonel Lenglé deMoriencourt, sont rattachés à l'artillerie. Lecorps passe la revue du Roi de Prusse àTrêves le 11 août. Le 24 août, il compte 26officiers répartis en 2 brigades, servantdans l'armée du Centre, les autres ayantété répartis entre les armées de Condé etde Bourbon. Lors du siège de Thionville, ilssont présents au quartier général desPrinces, mais on ignore tout de leur rôledans l'attaque de la place.

Le capitaine d'infanterie de Valdonneaurait été « attaché à la brigade des offi-ciers du Génie français émigrés, parordre du roi de Prusse du 18 août », etaurait coopéré aux prises de Longwy etde Verdun.

Tous les officiers du Génie sont réunis àSaint-Séverin près de Liège et licenciésle 24 novembre 1792.

L’ARMÉE DE BOURBON.

À la date du 10 septembre 1792, au campd'Huy, 14 officiers du corps royal duGénie (4 capitaines, 4 lieutenants en pre-mier, 2 lieutenants en second, un élèvesous-lieutenant, un officier à la suite etun volontaire), choisis parmi les anciensofficiers des places de la frontière duNord, sont affectés au camp d’Huy etlogés au faubourg de Slate. Ils sont com-mandés par le comte de Robien, ancienmajor de l'arme. Ils sont arrivés courantaoût à la division de Bourbon.

Ce détachement se trouve ensuite àMarche-en-Famenne, puis à Geronsart.Le 1e r octobre, il est à Velaine7. Le6 novembre, on le trouve à Fleurus puison perd sa trace.

UNIFORMES

Service de la Grande-Bretagne et

des Pays-Bas.

On ne possède aucun renseignementsur l'uniforme porté par les officiers duGénie au service de l'Angleterre.

Comme au corps de Condé, ils conservè-rent très probablement l’uniforme du

règlement de 1786 : chapeau de feutrenoir, gansé de noir, à cocarde blanche,ganse et bouton dorés, plumet blanc ;habit bleu de roi à longues basques ; col-let, revers et parements de velours noir,souvent passepoilés de rouge ; dou-blure, veste et culotte rouge écarlate ;boutons dorés à cuirasse et pot en tête ;épaulettes et dragonne dorées du grade ;épée à garde dorée, portée à un ceintu-ron de cuir blanc à plaque de cuivredorée. Bottes à l'anglaise de cuir noir àrevers fauves. Redingote et manteaubleu de Roi.

Corps des Pionniers Français

Chapeau en feutre noir retroussé sur lecôté gauche à cocarde, ganse et plumetblanc, avec une tresse cramoisi et blancautour de la coiffe. Habit de coupe autri-chienne écarlate, collet droit échancré,parements ronds, retroussis, pattesd’épaules et culotte bleu outremer ; pas-sepoils, boutonnières du collet (laissantapparaître au centre le fond bleu),piques de la culotte et galons latéraux deculotte blancs. Les boutons sont enmétal blanc. Cravate noire liserée deblanc. Guêtres noires. Équipement decuir blanc. Giberne noire. Sabre-briquetà garde de cuivre, fourreau de cuir noirgarni de cuivre. Fusil garni de cuivre, àbretelle de cuir fauve.

Les officiers ont le même uniforme maisles passepoils, boutons et insignes degrade sont en argent. Ils ont égalementune écharpe cramoisi passée sur l’habit.Ils portent le tricorne à cocarde noire,ganse et bouton argent et plumet blanc.

Armée de Condé. Armée des Princes.

Armée de Bourbon.

De 1791 à 1794, les officiers du Génieportent l'uniforme affecté à leur corps en1786 : chapeau de feutre noir gansé demême, à cocarde blanche, ganse dorée,bouton de même avec corset d'armes etpot-en-tête, houppe rouge à centre noir.Cravate blanche. Habit bleu de roi dou-blé de rouge, les retroussis ornés defleurs de lys d'or, les poches en traversliserées de rouge avec 3 boutons. Colletdroit, parements en botte à 3 boutons etrevers tout de velours noir passepoilé

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Armée des Princes - Ingénieur - 1794

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d'écarlate. Épaulettes et attentes doréessur fond rouge ; en service, hausse-colde cuivre doré avec corset d'armes etpot-en-tête de même métal. Veste etculotte rouge écarlate, boutons dorés àla veste. Bottes noires à revers fauve oubas blancs avec souliers à boucles decuivre doré. Ceinturon de cuir blanc àplaque de cuivre doré avec corsetd'armes et pot-en-tête ; épée à gardedorée, dragonne dorée suivant le grade.Brassard blanc liseré de noir à 3 fleursde lys noires. Manteau de drap bleu deroi avec rotonde bordée de galon d'or.

Équipage de cheval en drap bleu de roibordé d'or.

En 1794, les officiers du Génie semblentavoir pris l'uniforme suivant : chapeaude feutre noir à cocarde blanche, ganse

et bouton doré, plumet blanc. Habit grisde fer, collet de velours noir avec fleursde lys et broderie dorées ; parements develours noir, boutonnières de modèlespécial sur l'habit ; cuirasses brodées enor (sans doute aux retroussis de l'habit) ;veste rouge, culotte de peau jaune ; pan-talon et bottes. Ceinturon de cuir noir,épée à garde et dragonne dorée.

Lors du passage au service de la Russie,les officiers du Génie prennent l’uni-forme du Génie russe, c'est-à-dire celuide l'artillerie (règlement du 24 décembre1798).

En 1800, lors de l'adoption du nouveluniforme, les officiers du Génie auraient« repris le frac bleu avec les distinctionsde velours noir, le chapeau et la cocardeblanche ».

BIBLIOGRAPHIE

Service historique de la défense : Xe 102.

BITTARD DES PORTES (René), Histoirede l'armée de Condé pendant laRévolution française (1791-1801),d'après les archives de l'État, lesmémoires d'émigration et des docu-ments inédits. Paris, E. Dentu, 1896, in-8°, VII-397 p.

BITTARD DES PORTES (René), Les émi-grés à cocarde noire. Paris, Emile-Paul,1908, VI-637 p.

BLANCHARD (Anne), Dictionnaire desingénieurs militaires, 1691-1791.Montpellier, 1981.

GROUVEL (vicomte Robert), Les Corpsde Troupes de l’émigration. Paris, LaSabretache, 3 volumes.