samedi 11 octobre...

28
Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Samedi 11 octobre Beethoven/Debussy Dans le cadre du cycle Beethoven/Debussy Du vendredi 10 octobre au vendredi 17 octobre 2008 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Beethoven/Debussy | Samedi 11 octobre

Upload: others

Post on 19-Feb-2021

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • Roch-Olivier Maistre,

    Président du Conseil d’administration

    Laurent Bayle,

    Directeur général

    Samedi 11 octobreBeethoven/Debussy

    Dans le cadre du cycle Beethoven/Debussy

    Du vendredi 10 octobre au vendredi 17 octobre 2008

    Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,

    à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr

    Be

    eth

    ove

    n/D

    eb

    uss

    y |

    Sam

    edi 1

    1 o

    cto

    bre

  • Deux mondes sonores composés l’un et l’autre à la charnière d’un siècle inissant et d’un autre qui commence. Deux compositeurs témoins des bouleversements qui traversent l’Europe : Beethoven les observe de Vienne où il s’installe en 1792 et meurt en 1827, Debussy de Paris où il vit jusqu’à son décès en 1918. Une Europe en proie aux guerres napoléoniennes qui allaient conduire au déclin de Vienne, brillante capitale culturelle, puis un siècle plus tard, Paris, ville lumière, qui subira le choc de la Première Guerre mondiale. Deux œuvres monumentales dont l’une, celle de Beethoven, s’apparente aux visions architecturales et utopistes d’un Claude-Nicolas Ledoux ou d’un Étienne-Louis Boullée, et l’autre, celle de Debussy, à une série de cathédrales, vibrations sonores et picturales d’un Claude Monet, ou à l’épure japonisante d’un pont sur la Tamise de James McNeill Whistler. Au-delà des mondes qui les séparent, tous deux se servent du passé pour mieux le transcender et aller vers des horizons qui marqueront durablement les artistes qui les suivront.

    En respectant un ordre strictement chronologique, que ce soit pour l’œuvre de Beethoven ou pour celle de Debussy, cette audition intégrale rappelle dans son principe celui des rétrospectives consacrées à l’œuvre d’un peintre ou d’un sculpteur. Il se dégage des deux ensembles une multiplicité d’approches dans l’écoute, renforcées et éclairées par le il ténu d’un dialogue entre deux univers apparemment étrangers, mais dont les spéciicités n’apparaissent que plus clairement à travers leur diférence. Que ce soit les trente-deux sonates de Beethoven, dont la composition s’échelonne de 1793 à 1822, ou les divers recueils pour piano de Debussy, de la Danse bohémienne du jeune Achille (tel qu’il se prénommait en 1880) aux douze Études de 1915 (cycle écrit pendant l’été 1915 alors que la guerre et son cortège de soufrances tourmentaient l’auteur de Pelléas), ces corpus retracent l’évolution, la quête et l’univers chimérique des deux compositeurs. Ils témoignent également des profondes transformations que chacun d’eux insula au répertoire pianistique : à leur manière, ils vont s’employer à outrepasser les limites et les contingences que leur imposait le piano-forte (Beethoven) et les pianos Pleyel, Érard ou Bechstein (Debussy) pour aller vers un univers sonore et poétique dont la nouveauté et l’audace ne cessent

    de nous éblouir. Voici une belle manière d’illustrer ce qui fut la devise favorite du jeune Debussy, « Toujours plus haut », et que Beethoven aurait tout aussi bien pu prendre à son compte.

    Faire entendre une œuvre dans son intégralité,c’est jalonner les diférentes étapes de la penséedu compositeur : les séduisantes pièces de jeunesse, par exemple l’éclat de la Sonate n° 3 de Beethoven,si juvénile et concertante, ou le charme verlainien de la Suite bergamasque de Debussy ; les œuvres de la maturité, celles qui explorent les ressources du Moi romantique et de l’introspection telle la Sonate n° 8 « Pathétique », « manifeste de la modernité », comme l’écrit François-Frédéric Guy, mais aussi La Tempête (n° 17), la Waldstein (n° 21) et l’Appassionata (n° 23) de Beethoven, ou celles qui invitent au voyage dans l’espace et le temps comme les Estampes, les deux cahiers d’Images, et les deux livres de Préludes de Debussy ; enin les ultimes, les cinq dernières sonates, n° 28 à 32, de Beethoven, d’une telle expression spirituelle qu’elles transcendent toute considération de forme, ou les douze Études de Debussy, dont l’abstraction s’apparente aux œuvre d’un Joan Miróou d’un Kandinsky.

    Pour s’atteler à une telle tâche, il faut s’être imprégné des œuvres durant de longues années, fréquentation qui ouvre aussi sur le monde artistique et culturel d’un Beethoven et d’un Debussy. Comme l’explique le pianiste François-Frédéric Guy, qui jouera en neuf concerts les trente-deux sonates de Beethoven, il s’agit « d’un formidable déi artistique et humain : une histoire de l’Humain, de sa conscience, de sa grandeur autant que de sa misère, de ses caractères fondamentaux, énoncés et juxtaposés inlassablement au il de ce grand œuvre ». Quant à Alain Planès, qui donnera en quatre concerts l’intégrale de l’œuvre pianistique de Debussy, il partage avec l’auteur de Pelléas, dont son biographe Louis Laloy écrivait que les meilleures leçons lui étaient venues des peintres et des poètes, ce goût pour les arts plastiques qui enrichissent l’univers sonore. Ainsi trouve-t-il des similitudes entre l’Étude pour les degrés chromatiques et certaines peintures de Joan Miró dont « l’équilibre précaire rappelle l’extrême virtuosité de cette pièce, celle d’un funambule sur une corde raide ».

    Denis Herlin

    Cycle Beethoven/DebussyDU VENDrEDI 10 AU VENDrEDI 17 OCTOBrE

  • VENDREDI 10 OCTOBRE – 20H

    Intégrale Beethoven I

    Ludwig van BeethovenSonates n° 1, 2 et 3

    François-Frédéric Guy, piano

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 11H

    Claude DebussyDanse bohémienneDeux ArabesquesRêverieBallade slaveValse romantiqueNocturneMazurkaDanse (Tarentelle styrienne)Suite bergamasqueImages inéditesPour le piano

    Alain Planès, piano

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 14H30

    Intégrale Beethoven II

    Ludwig van BeethovenSonates n° 5, 6 et 7

    François-Frédéric Guy, piano

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 17H30

    Claude DebussyEstampesD’un cahier d’esquissesMasquesL’Isle joyeuseMorceaux de concoursImages (Livres I et II)Hommage à HaydnLe Petit NègreChildren’s Corner

    Alain Planès, piano

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 20H

    Intégrale Beethoven III

    Ludwig van BeethovenSonates n° 4, 8, 9 et 10

    François-Frédéric Guy, piano

    DIMANCHE 12 OCTOBRE – 11H

    Intégrale Beethoven IV

    Ludwig van BeethovenSonates n° 11, 12, 13 et 14

    François-Frédéric Guy, piano

    DIMANCHE 12 OCTOBRE – 14H30

    Claude DebussyLa plus que lentePréludes (Livres I et II)

    Alain Planès, piano

    DIMANCHE 12 OCTOBRE – 17H30

    Intégrale Beethoven V

    Ludwig van BeethovenSonates n° 16, 17 et 18

    François-Frédéric Guy, piano

    DIMANCHE 12 OCTOBRE – 20H

    Claude DebussyBerceuse héroïquePage d’albumÉtudes (Livres I et II)ÉlégieLes Soirs illuminés par l’ardeur du charbon

    Alain Planès, piano

    MARDI 14 OCTOBRE – 20H

    Intégrale Beethoven VI

    Ludwig van BeethovenSonates n° 15, 19, 20 et 21

    François-Frédéric Guy, piano

    MERCREDI 15 OCTOBRE – 20H

    Intégrale Beethoven VII

    Ludwig van BeethovenSonates n° 22, 23, 24, 25 et 26

    François-Frédéric Guy, piano

    JEUDI 16 OCTOBRE – 20H

    Intégrale Beethoven VIII

    Ludwig van BeethovenSonates n° 27, 28 et 29

    François-Frédéric Guy, piano

    VENDREDI 17 OCTOBRE – 20H

    Intégrale Beethoven IX

    Ludwig van BeethovenSonates n° 30, 31 et 32

    François-Frédéric Guy, piano

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 9HDIMANCHE 12 OCTOBRE – 10H30 CITÉSCOPIE

    Les sonates pour pianode Beethoven

    Un week-end de concertset de conférences.

    VENDREDI 17 OCTOBRE, 18h30ZOOM SUR UNE ŒUVRE

    Ludwig van Beethoven : Sonate n° 32Élisabeth Brisson, musicologue

  • SAMEDI 11 OCTOBRE – 11H

    Amphithéâtre

    Claude Debussy

    Danse bohémienne

    Deux Arabesques

    Rêverie

    Ballade slave

    Valse romantique

    Nocturne

    Mazurka

    Danse (Tarentelle styrienne)

    entracte

    Suite bergamasque

    Images inédites

    Pour le piano

    Alain Planès, piano Bechstein 1920 (collection d’Alain roudier)

    Fin du concert vers 13h.

  • Intégrale de l’œuvre pour piano de Debussy

    Lorsqu’à l’âge de dix ans, en 1872, Achille-Claude Debussy entra au Conservatoire de Paris dans

    la classe d’Antoine Marmontel, il était destiné à la brillante carrière de pianiste virtuose. Mais

    les espoirs familiaux furent rapidement déçus et ses études se soldèrent par une série d’échecs

    aux concours de sortie : un deuxième prix avec le premier mouvement de la Deuxième Sonate

    de Schumann en 1877, puis aucune récompense en 1878 et 1879. Sa vocation pianistique

    s’interrompit brutalement, ce qui l’incita à s’orienter vers l’accompagnement, l’harmonie et la

    composition. Ses camarades notèrent dans leur souvenir qu’en dépit de certaines gaucheries et

    maladresses, il avait une main gauche d’une habileté et d’une capacité d’extension extraordinaire

    et qu’il obtenait par moments des efets étonnants de douceur moelleuse. Ce toucher si

    particulier allait demeurer l’une des caractéristiques du jeu de Debussy. Contraint pour des raisons

    inancières dans les années 1909-191� à se produire en public comme pianiste, uniquement

    pour interpréter ses œuvres (plus volontiers comme accompagnateur que comme soliste),

    il frappa ses contemporains par la beauté de sa sonorité, comme le consigne dans ses écrits son

    éditeur Jacques Durand : « Au piano, qu’il jouât de sa musique ou celle des autres, Debussy était un

    charmeur, au toucher délicat. Élève de Marmontel, il n’avait pas continué à travailler ses doigts. Mais,

    quel ini, néanmoins, dans sa façon d’interpréter ! Quand il abordait Chopin, cela tenait du prodige.

    Il m’a raconté, dans la suite, que son premier maître de clavier avait été une dame dont Chopin fut

    le professeur ; elle en avait recueilli le précieux enseignement, notamment sur le toucher. Debussy

    avait coutume de répéter aux pianistes qui venaient lui demander des conseils sur l’exécution de

    ses œuvres : “Surtout, que j’oublie, en vous écoutant, que le piano a des marteaux”. Leçon utile

    à méditer. » Et lorsque Durand évoqua l’une des pièces du premier cahier des Images, il ne tarit

    pas d’éloges sur son art : « Je me souviendrai toujours de la première audition qu’il me donna de

    son fameux Hommage à rameau. […] Cet admirable morceau me fut ainsi révélé d’une façon

    inoubliable ; le milieu de l’œuvre, d’une mystérieuse poésie, était rendu par Debussy comme jamais

    plus je ne l’ai entendu. Il est vraiment regrettable, pour l’exécution de ses pièces pour piano, qu’il n’ait

    pas voulu les jouer plus souvent en public ; on aurait pu ainsi saisir facilement ses intentions, essayer

    de les reproduire, instaurer une tradition maintenant irrémédiablement perdue. Je sais qu’il aurait été

    possible de recourir à l’enregistrement de son interprétation au moyen d’un piano mécanique. Mais

    n’eût-il pas été nerveux devant l’enregistreur, en pensant que son jeu allait, dans ces conditions, devenir

    un type déinitif ? » Jacques Durand ignorait sans doute que Debussy avait laissé un enregistrement

    de quelques-unes de ses pièces, notamment « Danseuses de Delphes » et Children’s Corner, grâce

    au procédé Welte-Mignon. L’écoute de ces rouleaux permet de saisir l’art de Debussy pianiste :

    beauté du toucher, profondeur du son et conduite de la phrase musicale.

    5

  • Danse bohémienne

    Composition : été 1880.

    Durée : environ 2 minutes.

    Deux Arabesques

    Andantino con moto, en mi majeur

    Allegretto scherzando, en sol majeur

    Composition : 1889-1891.

    Durée : environ 8 minutes.

    Rêverie

    Composition : 1890 ?

    Durée : environ � minutes.

    Ballade slave

    Composition : 1890 ?

    Dédicataire : Madame Philippe Hottinguer.

    Durée : environ 7 minutes.

    Valse romantique

    Composition : 1890 ?

    Dédicataire : Mademoiselle rose Depecker.

    Durée : environ � minutes.

    Nocturne

    Composition : 1891 ?

    Durée : environ 6 minutes.

    Mazurka

    Composition : 1890 ?

    Durée : environ 3 minutes.

    Danse (Tarentelle styrienne)

    Composition : 1890 ?

    Dédicataire : Madame Philippe Hottinguer.

    Durée : environ 5 minutes.

    6

  • Suite bergamasque

    Prélude

    Menuet

    Clair de lune

    Passepied

    Composition : 1890 ; révision : 1905.

    Durée : environ 17 minutes.

    Images inédites

    [Lent (mélancolique et doux)]

    [Dans le mouvement d’une “Sarabande”, c’est-à-dire avec une élégance grave et lente, même un peu vieux portrait,

    souvenir du Louvre, etc.]

    [Quelques aspects de « Nous n’irons plus au bois »… parce qu’il fait un temps insupportable !]

    Composition : 189�.

    Dédicataire : Yvonne Lerolle.

    Durée : environ 13 minutes.

    Pour le piano

    Prélude

    Sarabande

    Toccata

    Composition : 189� (II) et 1901 (I et III).

    Dédicataires : I. Mademoiselle Worms de romilly ; II. Madame Eugène rouart (née Yvonne Lerolle) ;

    III. Nicolas G. Coronio.

    Première audition : Paris, 11 janvier 1902, salle Érard, Société Nationale de Musique, par ricardo Viñes.

    Durée : environ 13 minutes.

    Claude Debussy : de la jeunesse vers la maturité (1880-1901)

    Curieusement, Debussy composa peu pour le piano de 1880 à 1900. La publication en 1901 de

    Pour le piano allait être capitale : elle marquerait le début d’une série de cycles pour le clavier qui

    culminerait avec les deux livres de Préludes et les Études. En analysant les œuvres écrites durant

    ces vingt années, force est de constater que le jeune Debussy s’adonna surtout à l’art de la

    mélodie, stimulé par l’amour qu’il portait à la cantatrice amateur Marie Vasnier, mais également

    à l’orchestre avec le Prélude à l’après-midi d’un faune (1893-189�) et les Nocturnes (1898-1900), à

    la musique de chambre avec le Quatuor (1892-1893) et à l’opéra (Rodrigue et Chimène de 1890 à

    1893, qu’il délaissa pour Pelléas et Mélisande de juillet 1893 à août 1895). Ainsi forge-t-il son style

    7

  • en se détournant du piano peut-être en raison « de son extrême facilité et [de] la rare qualité de ses

    dons [qui] auraient pu lui assurer un succès de compositeur à un âge où bien peu y résistent », comme

    le note raymond Bonheur, l’un de ses proches.

    Hormis la Danse bohémienne qui, vraisemblablement écrite lors d’un séjour à Florence en 1880,

    ne fut jamais éditée du vivant de Debussy et dont le style rappelle celui des pièces d’Emmanuel

    Chabrier qu’il afectionnait, les autres œuvres de jeunesse, que ce soit la Ballade slave, la Valse

    romantique, la Danse, la Mazurka, la Rêverie et la Suite bergamasque furent cédées à Choudens

    de janvier à mars 1891. Quant aux Deux Arabesques, le compositeur les vendit à Durand en avril

    de la même année. Seul le Nocturne it l’objet d’un contrat en 1892 avec l’éditeur Paul Dupont.

    Toutefois, des six pièces qu’acheta Choudens, trois furent publiées en 1891 (Valse romantique,

    Danse et Ballade slave). Les autres le furent bien plus tardivement : Mazurka en 1903 puis en 1905,

    Rêverie et Suite bergamasque en 1905. Si Debussy n’était pas devenu un compositeur célèbre avec

    Pelléas en avril 1902, ces trois dernières pièces n’auraient jamais été éditées. Ce n’est d’ailleurs

    qu’à contrecœur et en raison d’une dette envers son éditeur que l’auteur accepta en avril 1905

    de réviser la Suite bergamasque, tout en le dissuadant de poursuivre dans cette voie : « 1o Vous

    aurez la Suite bergamasque mardi prochain, vous la donner telle qu’elle serait fou et inutile. 2o Vous

    avez tort de faire paraître la rêverie… C’était une chose sans importance faite très vite pour rendre

    service à Hartmann, en deux mots : c’est mauvais ! 3o Quant à la cession de Pour le piano, je ne la

    ferai qu’à la condition de ne plus entendre parler de la Mazurka. Je n’ai vraiment aucun goût pour ce

    genre de morceau en ce moment surtout. » L’origine de ce rejet provient sans doute des raisons

    qui présidèrent à la cession de ces pièces, dont on ignore la date réelle de composition et que le

    jeune Debussy céda pressé par le manque d’argent. Si la Suite bergamasque, qui porte l’empreinte

    verlainienne, trouvait grâce à ses yeux, les Deux Arabesques, si célèbres de nos jours, n’échappaient

    pas à sa vindicte : « Pas ça, c’est trop mauvais », déclarait-il à l’une de ses rares élèves, madame

    Worms de romilly. Quoi qu’il en soit, ces œuvres de jeunesse ont un charme et une fraîcheur

    indéniables. Elles témoignent des multiples inluences que le jeune artiste avait subies et de

    l’étendue de ses connaissances pianistiques : les Français, Chabrier, notamment dans la Valse

    romantique, et Satie, mais surtout les russes tels Borodine ou Balakirev (par exemple certains

    passages du Nocturne de Debussy rappellent la partie médiane de l’Islamey de Balakirev).

    Les Images de 189�, bien que jamais publiées du vivant de l’auteur excepté la deuxième, la

    « Sarabande », réutilisée dans Pour le piano en 1901, marquent un changement important dans le

    style de Debussy. Du point de vue de la forme, cet ensemble ouvre la voie aux autres triptyques

    (Pour le piano, Estampes, première et deuxième séries d’Images). Le compositeur abandonnera

    déinitivement cette structure tripartite en 1909 avec le premier livre de Préludes qui comporte

    douze pièces, nombre qui sera également celui du second livre (1913) et des Études (1915). La

    composition des Images a été étroitement liée aux relations amicales que Debussy entretenait

    avec la famille Lerolle. Henry Lerolle, peintre et violoniste amateur, beau-frère de Chausson,

    soutint moralement et inancièrement Debussy entre 1893 et 1895, au moment même de

    l’écriture de Pelléas. Il fut d’ailleurs l’un des témoins privilégiés de l’achèvement de l’opéra et reçut,

    en guise de remerciement, une série d’esquisses du drame lyrique. Fréquemment invité chez eux

    8

  • à dîner, Debussy put admirer la magniique collection de tableaux de Lerolle où se côtoyaient

    des renoir, Degas, Maurice Denis, Carrière, Manet, Monet, Gauguin ou Bonnard. Il apprécia

    également le charme des deux illes aînées du peintre, Christine et Yvonne, pianistes passionnées,

    que renoir portraitura à l’instrument dans un célèbre tableau. C’est à cette dernière qu’il ofrit

    le manuscrit des Images avec l’envoi suivant : « Que ces Images soient agréées de Mademoiselle

    Yvonne Lerolle avec un peu de la joie que j’ai de lui dédiées [sic]. Ces morceaux craindraient beaucoup

    “les salons brillamment illuminés” où se réunissent habituellement les personnes qui n’aiment pas la

    musique. Ce sont plutôt “Conversations” entre le Piano et Soi, il n’est pas défendu d’ailleurs d’y mettre

    sa petite sensibilité des bons jours de pluie ! » Non sans humour, il ajouta quelques commentaires,

    notamment au début du deuxième morceau (« Dans le mouvement d’une “Sarabande”, c’est-

    à-dire avec une élégance grave et lente, même un peu vieux portrait, souvenir du Louvre, etc. »

    et du troisième (« Quelques aspects de “Nous n’irons plus au bois”… parce qu’il fait un temps

    insupportable ! »), procédé qu’il réemploiera dans « Jardins sous la pluie », dernière des Estampes,

    en utilisant à nouveau cette chanson enfantine. Dans celle-ci, il indique au milieu de la pièce, à la

    mesure 6�, « Ici les harpes imitent à s’y méprendre les paons faisant la roue ; ou les paons imitent les

    harpes (comme il vous plaira !) et le ciel redevient compatissant aux toilettes claires. » et, vers la in, à

    la mesure 133, « Une cloche qui ne garde aucune mesure ».

    Les circonstances de composition de Pour le piano demeurent beaucoup plus mystérieuses.

    Publié en avril 1901, ce cycle porte sur la page de titre uniquement le monogramme de Debussy

    sans que son nom soit mentionné. À bien des égards, ce recueil qui s’ouvre par un « Prélude » et

    se clôt par une « Toccata » parodie les anthologies classiques de piano. Serait-ce une évocation

    sarcastique de l’enseignement du piano ? D’ailleurs, deux des trois pièces sont dédiées aux

    deux seuls élèves connus de Debussy : madame Worms de romilly (pour la première) et Nicolas

    Coronio (pour la troisième). La deuxième est oferte à Yvonne rouart, née Lerolle, la dédicataire

    du manuscrit des Images, sept ans auparavant. Peut-être avait-elle également reçu des leçons de

    Debussy ? Le « Prélude » présente des réminiscences de celui des Prélude et Fugue BWV 5�3 de

    Johann Sebastian Bach, prélude que Debussy avait lu à plusieurs reprises, puisqu’il aimait jouer

    à quatre mains les œuvres d’orgue du cantor de Leipzig avec ses amis Paul Dukas et Ernest Le

    Grand. Quant à la « Toccata », elle rappelle le début de la Partita en mi majeur pour violon seul BWW

    1006. Le triptyque fut exécuté pour la première fois par le pianiste catalan ricardo Viñes, l’un des

    proches de Maurice ravel, le 11 janvier 1902, lors d’un concert de la Société Nationale de Musique.

    Denis Herlin

    9

  • 10

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 14H30

    Amphithéâtre

    Intégrale Beethoven II

    Ludwig van Beethoven

    Sonate pour piano n° 5

    Sonate pour piano n° 6

    Sonate pour piano n° 7

    François-Frédéric Guy, piano

    Fin du concert vers 15h30.

  • 11

    Ludwig van Beethoven (1770-1827)

    Sonate pour piano n° 5 en ut mineur, op. 10 n° 1

    Allegro molto e con brio

    Adagio molto

    Finale. Prestissimo

    Composition : 1795-1797.

    Dédicace : à la comtesse Anna Margarete von Browne.

    Publication : 1798, à Vienne.

    Durée : environ 19 minutes.

    Avec les trois sonates de l’Opus 10, Beethoven semble revenir à la référence aux sonates de Haydn

    et de Mozart, enrichie, il est vrai, par une nouvelle densité. Le thème initial de la Sonate n° 5 sonne

    avec toute la fougue d’un vrai thème « beethovénien », comparable à celui du inale de la Sonate

    « Clair de lune », c’est-à-dire un parcours de l’arpège, ici en ut mineur, galvanisé par une texture

    rythmiquement très eicace (anacrouse et rythme pointé) à quoi succède une réponse contrastante.

    On songe aussi, en écoutant ce beau début, au premier mouvement de la Sonate en ut mineur de

    Mozart, mais dans un cadre ici plus heurté, comme « mis en mouvement ».

    Mozartien encore, le deuxième mouvement en la bémol majeur, dans son allure vocale,

    sa coniguration ornementale, son parcours harmonique et ses décompositions rythmiques,

    tel un « Porgi amor » (première apparition de la Comtesse, au deuxième acte des Noces de Figaro)

    développé à l’extrême…

    Enin, c’est plutôt le souvenir de Haydn qui marque le inale, prestissimo, avec également un art

    du contrepoint tempéré par la simplicité de ton de tout ce mouvement.

    Sonate pour piano n° 6 en fa majeur, op. 10 n° 2

    Allegro

    Allegretto

    Finale. Presto

    Composition : 1796-1797.

    Dédicace : à la comtesse Anna Margarete von Browne.

    Publication : 1798, à Vienne.

    Durée : environ 12 minutes.

    Nettement plus polyphonique que la sonate précédente, la Sonate n° 6 est inspirée bien

    davantage de Haydn que de Mozart, avec d’emblée un thème fantasque, jouant avec humour

    de l’opposition entre le ton péremptoire (bien que noté « piano ») et les pirouettes de la réponse,

  • 12

    avant de s’engager dans un travail de développement « sérieux ». De façon intéressante et

    originale, ce développement se fait à partir du simple motif de conclusion de l’exposition,

    enclenchant toute une séquence brillante.

    Le deuxième mouvement, Allegretto, a plutôt l’allure d’un menuet ou d’un scherzo. La sonate ne

    comportant que trois mouvements, c’est le principe du mouvement lent au cœur de la pièce qui

    est purement et simplement supprimé : encore un trait d’originalité vis-à-vis du modèle classique

    qui fait de cette sonate une sorte d’objet neuf, succession de trois mouvements relativement

    animés, renonçant en partie aux ressources du contraste.

    Le Presto inal recèle un dernier efet d’humour : un thème de sonnerie de chasse et un

    mouvement fugué pour cette miniature parfaite ; et, là encore, un contrepoint sérieux et des

    imitations entre main droite et main gauche, dans le plus pur style « à l’ancienne », pour un inale

    plein d’espièglerie.

    Sonate pour piano n° 7 en ré majeur, op. 10 n° 3

    Presto

    Largo e mesto

    Menuetto. Allegro

    rondo. Allegro

    Composition : 1797-1798.

    Dédicace : à la comtesse Anna Margarete von Browne.

    Publication : 1798, à Vienne.

    Durée : environ 23 minutes.

    Avec cette dernière sonate de l’Opus 10, Beethoven revient à une forme en quatre mouvements.

    Il compose ici une œuvre très étonnante par la charge poétique donnée au deuxième mouvement,

    encadré par trois séquences très diférentes, comme appartenant à un autre univers.

    Le Presto initial (indication peu courante pour un mouvement introductif et qui implique, d’entrée

    de jeu, l’originalité du propos) déroule un thème présenté en deux mouvements contraires

    de noires régulières, qui va jouer de cette opposition en la retournant « dans tous les sens »,

    si l’on ose dire. Plus fondamentalement, le caractère airmé de ce premier mouvement est

    d’ordre orchestral, proposant à l’oreille comme une alternance de pupitres diférents, de timbres

    contrastés, par le jeu des registres et des modes d’attaque du clavier, et alternant entre une riche

    polyphonie (comparable à un tutti d’orchestre) et des soli.

    Le deuxième mouvement, Largo e mesto (« lent et triste »), est sans aucun doute l’un des plus

    extraordinaires composés par Beethoven parmi ses trente-deux sonates, au même titre que

  • 13

    le mouvement lent de la Sonate n° 29 op. 106 « Hammerklavier ». On peut y voir l’exploration

    véritablement supra-humaine d’un monde de ruines et de cendres présenté par le thème

    initial, qui débouche d’emblée sur un deuxième thème (un peu moins funèbre mais tout aussi

    mélancolique) pour générer ensuite une véritable spirale de variations à la fois philosophiques et

    sentimentales. Hors même les champs poétiques qui s’ouvrent ici, qu’aucun commentaire ne peut

    suggérer – ni a fortiori épuiser –, Beethoven déploie ici une richesse de techniques pianistiques

    fascinante : passage soudain du pianissimo d’une séquence rêveuse et poignante au fortissimo

    appliqué à ces mêmes volutes, comme pour en annuler la poésie ; accélération et intensiication

    en démultipliant les valeurs rythmiques, etc.

    Du menuet qui succède à la plongée dans les ténèbres, de nombreux commentateurs ont

    souligné le caractère explicitement bienfaisant (« comme un baume sur une blessure », dit

    Alfred Brendel…). Quant au Rondo inal, il expose un motif interrogatif qui va ponctuer tout le

    mouvement, lui donnant une légèreté et une allure spirituelle, encore fort éloignée des méandres

    pathétiques du mouvement lent.

    Hélène Pierrakos

  • 1�

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 17H30

    Amphithéâtre

    Claude Debussy

    Estampes

    D’un cahier d’esquisses

    Masques

    L’Isle joyeuse

    Morceau de concours

    Images – Livre I

    entracte

    Images – Livre II

    Hommage à Haydn

    Le Little Nigar

    Children’s Corner

    Alain Planès, piano Bechstein 1920 (collection d’Alain roudier)

    Fin du concert vers 19h10.

  • 15

    Estampes

    Pagodes

    La Soirée dans Grenade

    Jardins sous la pluie

    Composition : juillet 1903.

    Dédicataire : Jacques-Émile Blanche.

    Première audition : Paris, 9 janvier 190�, Société Nationale de Musique, salle Érard, par ricardo Viñes.

    Durée : environ 16 minutes.

    D’un cahier d’esquisses

    Composition : in 1903-début 190�.

    Première audition : Paris, 20 avril 1910, Société Musicale Indépendante, par Maurice ravel.

    Durée : environ 5 minutes.

    Masques

    Composition : 1903-juillet 190�.

    Première audition : Paris, 10 février 1905, salle Aeolian, par ricardo Viñes.

    Durée : environ 5 minutes.

    L’Isle joyeuse

    Composition : 1903-août 190�.

    Première audition : Paris, 10 février 1905, salle Aeolian, par ricardo Viñes.

    Durée : environ 6 minutes.

    Morceau de concours

    Composition : 190�, pour un concours de la revue Musica.

    Durée : environ 1 minute.

    Images – Première série

    relets dans l’eau

    Hommage à rameau

    Mouvement

    Composition : 1901-1905.

    Première audition : Paris, 6 février 1906, salle des Agriculteurs, par ricardo Viñes.

    Durée : environ 15 minutes.

  • 16

    Images – Deuxième série

    Cloches à travers les feuilles

    Et la lune descend sur le temple qui fut

    Poissons d’or

    Composition : 1907.

    Dédicataires : I. Alexandre Charpentier ; II. Louis Laloy ; III. ricardo Viñes.

    Première audition : Paris, 21 février 1908, Cercle musical, par ricardo Viñes.

    Durée : environ 15 minutes

    Hommage à Haydn

    Composition : mai 1909.

    Première audition : Paris, 11 mars 1911, Salle Pleyel, Société Nationale de Musique, par Ennemond Trillat.

    Durée : environ 3 minutes.

    The Little Nigar

    Composition : 1909.

    Durée : environ 1 minute.

    Children’s Corner

    Docteur Gradus ad Parnassum

    Jimbo’s Lullaby

    Serenade for the Doll

    The snow is dancing

    The little Shepherd

    Golliwogg’s cake walk.

    Composition : 1906-juillet 1908.

    Dédicataire : Chouchou Debussy.

    Première audition : Paris, 18 décembre 1908, Cercle Musical de Paris, par Harold Bauer.

    Durée : environ 17 minutes.

    Claude Debussy : première maturité (1903-1909)

    Après la publication de Pour le piano, Debussy allait livrer tous les deux ans un triptyque

    pianistique : les Estampes en 1903, les deux séries d’Images (1905 et 1907). Les titres de ces recueils

    évoquent le monde visuel, élégante manière d’illustrer et de suggérer que l’art du compositeur

    doit plus aux peintres et aux poètes qu’aux musiciens. À ces trois ensembles, il convient d’en

    ajouter un autre, informel, composé de trois œuvres majeures (D’un cahier d’esquisses, Masques

    et L’Isle joyeuse), écrites entre 1903 et juillet 190�. Les deux dernières sont liées à un profond

  • 17

    bouleversement dans la vie privée de Debussy. En 1899, il avait épousé une modiste, Lilly Texier,

    et vivait dans un petit deux-pièces de la rue Cardinet. Le succès de la création de Pelléas et

    Mélisande à partir d’avril 1902 le projeta sur le devant de la scène publique. De compositeur

    reconnu d’un certain cénacle, il devint un artiste célèbre et controversé. En 190�, il s’éprend

    d’une femme du monde, Emma Bardac, excellente cantatrice à qui Fauré avait dédié son

    cycle de mélodies La Bonne Chanson. Ainsi, en l’espace de quelques années, passe-t-il de son

    modeste appartement de la rue Cardinet à un hôtel particulier situé avenue du Bois de Boulogne

    (aujourd’hui l’avenue Foch). Si ce changement correspondit à ses goûts esthétiques et lui ofrit

    l’une des grandes joies de son existence, la naissance d’une petite ille, Claude-Emma, surnommée

    Chouchou, dédicataire du Children’s Corner en 1908, ce second mariage allait entraîner de

    nouvelles contraintes : le besoin constant d’argent pour maintenir un train de vie élevé.

    Les titres des pièces des trois triptyques pianistiques (Estampes et Images) présentent plusieurs

    points communs : ils évoquent soit la nature (« Jardin sous la pluie », « relets dans l’eau »), soit des

    mondes proches comme l’Espagne (« La soirée dans Grenade ») ou plus lointains comme l’Orient

    (« Pagodes », « Et la lune descend sur le temple qui fut », « Poissons d’or »). Univers imaginaires

    dont il entrevit la splendeur lors des expositions universelles de 1889 et 1900, car Debussy n’a

    jamais vu ces pays ainsi qu’il l’expliquait plaisamment à André Messager : « Quand on n’a pas les

    moyens de se payer des voyages, il faut y suppléer par l’imagination. »

    Peu de renseignements subsistent sur la genèse des Estampes. Debussy corrigea les épreuves de

    ce recueil à Bichain, dans l’Yonne, durant l’été 1903, tout en travaillant à d’autres projets comme

    la Rapsodie pour orchestre et saxophone, La Mer ou Le Diable dans le befroi, d’après un texte de

    Poe. Ain de restituer en impression sonore ces univers contrastés, Debussy a employé divers

    procédés musicaux : le pentatonisme dans « Pagodes » ; le rythme de habanera dans « La Soirée

    dans Grenade », procédé auquel il avait eu recours dans une œuvre antérieure pour deux pianos

    de 1901, Lindaraja, publiée après sa mort en 1926 ; une chanson populaire, « Nous n’irons plus

    au bois », dans « Jardins sous la pluie », qu’il avait déjà utilisée dans la troisième des Images de

    189�. Le peintre Jacques-Émile Blanche, à qui sont dédiées les Estampes et auquel l’on doit deux

    portraits de Debussy, consigna dans ses souvenirs que « Jardins sous la pluie » aurait été inspiré

    par un après-midi d’orage : « De passage à Auteuil, je brossais en plein air une étude de sa tête.

    Il pleuvait, les arbres verdissaient sa peau mate que la pluie semblait vernir. » Lors de la publication du

    recueil en octobre 1903, Debussy remercia Durand de leur splendeur éditoriale. En efet, l’édition

    de la partition relète son sens du rainement : titre en caractères japonisants et monogramme de

    couleur or, nom du compositeur et titres des pièces en bleu, le tout imprimé sur un papier Ingres.

    L’œuvre fut créée le 9 janvier 190�, de nouveau par ricardo Viñes, dans le cadre des concerts de la

    Société Nationale de Musique.

    À l’époque où Debussy achevait probablement d’écrire les Estampes, Viñes nota dans son journal,

    à la suite d’une visite qu’il lui rendit le 13 juin 1903 : « Il m’a fait entendre deux pièces de la Suite

    bergamasque. Il y en a une, L’Isle joyeuse, qui est une merveille. » Tel était le projet dans lequel

    devaient s’insérer initialement Masques et L’Isle joyeuse, le tout devant être complété par une

    « deuxième sarabande », si l’on en croit une annonce de l’éditeur Fromont de 1903. Mais il ne doit

  • 18

    pas être confondu avec l’autre Suite bergamasque qui, bien que composée en 1890, ne fut publiée

    qu’en 1905. Un mois après (le � juillet 1903), Viñes retourna chez Debussy : « Je suis allé chez Debussy

    qui m’a de nouveau fait entendre ses derniers morceaux de piano dont il m’enverra une copie à la in

    du mois : quel hasard, je lui ai dit que ces pièces me faisaient penser à des tableaux de Turner et il m’a

    répondu que, précisément, avant de les composer, il avait passé un long moment dans la salle des Turner,

    à Londres ! » Efectivement, Debussy avait séjourné à Londres in avril 1903 en compagnie d’André

    Messager et avait visité la National Gallery. Mais Viñes faisait-il allusion aux Estampes, à L’Isle joyeuse

    ou à d’autres pièces ? La question demeure sans réponse. Quoi qu’il en soit, L’Isle joyeuse évoque,

    comme le laissait entendre le titre de Suite bergamasque, plutôt l’univers des Fêtes galantes et de

    Watteau, ainsi que le compositeur le consigna dans une missive de juillet 191� : « Sans tenter aucun

    rapprochement, il me semble que tout de même le titre : L’Isle joyeuse peut donner des indications !

    C’est un peu aussi L’Embarquement pour Cythère avec moins de mélancolie que dans Watteau : on

    y rencontre, des masques de la comédie italienne, des jeunes femmes chantant et dansant ; tout se

    terminant dans la gloire du soleil couchant. » De cette pièce pour piano, l’une des plus développées

    qu’il ait écrites, Debussy airmait que c’était l’une des plus diiciles à jouer. Quant à Masques, cette

    œuvre fut achevée en juillet 190�, au moment même où Debussy se séparait de sa première épouse,

    Lilly. Le caractère âpre et sombre de cette composition – « l’expression tragique de l’existence », aurait-

    il conié à Marguerite Long – contraste avec la virtuosité lamboyante de L’Isle joyeuse, publiée au

    même moment. Masques et L’Isle joyeuse furent également créés par ricardo Viñes le 10 février 1905,

    salle Aeolian, et remportèrent d’emblée un très vif succès. Signalons enin que D’un cahier d’esquisses,

    dont le titre se réfère de nouveau à l’art pictural et qui fut composé en janvier 190�, était l’une des

    œuvres favorites de Maurice ravel. Sa tonalité et son style se marient admirablement avec Masques

    et L’Isle joyeuse, les trois pièces formant un triptyque idéal.

    Un an après la publication de Masques et de L’Isle joyeuse, en octobre 1905, Durand it paraître

    le premier recueil d’Images. Pourtant, la composition de deux d’entre elles remonterait à 1901,

    si l’on en croit le journal de ricardo Viñes du 1� décembre : « [Debussy] m’a ensuite fait connaître

    deux morceaux des douze qu’il veut composer pour le piano, six pour deux mains et six à deux pianos.

    Les deux que nous avons entendus sont relets dans l’eau et Mouvement : merveilleux. » Toutefois,

    comme le prouve une lettre que le compositeur écrivit à Jacques Durand le 19 août 1905, il remania

    complètement la première pièce du recueil : « Le premier morceau relets dans l’eau ne me plaît

    guère, j’ai donc résolu d’en composer un autre sur des données nouvelles et d’après les plus récentes

    découvertes de la chimie harmonique… » En écrivant en guise de deuxième morceau un « Hommage

    à rameau », « dans le style d’une sarabande mais sans rigueur », Debussy salue la mémoire de ce grand

    compositeur français d’opéra, dont Durand publiait depuis plusieurs années l’édition monumentale.

    Cet hommage témoigne également de l’attachement que Debussy vouait à l’art français du XVIIIe

    siècle. Lorsqu’il livra à son éditeur en septembre 1905 le manuscrit déinitif des Images, il lui it cette

    remarque : « Avez-vous joué les Images ? Sans fausse vanité je crois que ces trois morceaux se tiennent

    bien et qu’ils prendront leur place dans la littérature du piano […] à gauche de Schumann ou à droite de

    Chopin… as you like it. » L’ensemble du triptyque fut donné en première audition le 6 février 1906 à

    la Salle des Agriculteurs par ricardo Viñes.

  • 19

    Deux années séparent le premier recueil des Images du second. La source d’inspiration de

    « Cloches à travers les feuilles », que Debussy dédia à son ami le sculpteur Alexandre Charpentier,

    grand amateur de musique, serait la description d’une coutume jurassienne que Louis Laloy,

    proche du compositeur, aurait faite : « le touchant usage du glas qui sonne depuis les vêpres de

    la Toussaint, jusqu’à la messe des Morts, traversant, de village en village, les forêts jaunissantes

    dans le silence du soir ». Quoi qu’il en soit, le titre représente une merveilleuse illustration des

    correspondances au sens symboliste du terme entre les sons et la nature. C’est également Laloy,

    éminent orientaliste, qui est à l’origine du titre de la deuxième des Images : « Et la lune descend

    sur le temple qui fut ». Dédicataire de cette seconde image, ce brillant normalien la décrivit

    comme « un pays de rêve où volontiers [ils allaient] de compagnie ». Quant à la troisième des Images,

    « Poissons d’or », elle fait allusion à un panneau de laque noire rehaussé de nacre et d’or que

    Debussy avait dans son cabinet de travail. La première audition de cette seconde série d’Images

    eut lieu le 21 février 1908 au Cercle Musical avec ricardo Viñes au piano.

    Les six pièces qui composent Children’s Corner évoquent diverses facettes de Debussy : son

    amour pour sa ille Chouchou, dédicataire du recueil ; son goût pour le monde de l’enfance dont

    témoigne le dessin qu’il réalisa pour la couverture de l’édition publiée par Durand en 1908 ; son

    anglophilie qui lui it choisir une nurse anglaise pour sa ille, bien que ne parlant pas l’anglais, et qui

    se manifestait dans le choix de ses lectures (notamment les romans de Dickens et de Kipling) ; son

    sens de l’humour, par exemple la caricature des exercices pour piano de Clémenti dans « Doctor

    gradus ad parnassum » ou l’évocation du cake-walk, ancêtre du ragtime et danse très en vogue à

    l’époque dans « Golliwogg’s Cake-walk ». Lorsqu’il séjourna à Vienne en décembre 1910, il adressa

    à Chouchou plusieurs cartes postales qui constituent un parfait contrepoint au Children’s Corner :

    « Les mémoires d’outre-Croche. Une fois, il y avait un papa qui vivait en exil… et regrettait tous les jours sa

    petite Chouchou. Les habitants de la ville le regardaient passer, et murmuraient : “Pourquoi ce Monsieur

    a-t-il l’air si triste, dans notre ville si belle et si gaie ?” Alors, le papa de Chouchou entra dans une

    boutique tenue par un vieux monsieur, très laid, et sa ille plus laide encore, il retira poliment son chapeau,

    demanda avec des gestes de sourd-muet, les plus belles “post Cards” pour écrire à sa petite ille chérie…

    Le vieux monsieur très laid en fut très ému, quant à sa ille, elle en mourut à l’instant même ! Le même

    papa rentra en son hôtel, écrivit cette histoire qui ferait sangloter les poissons rouges, et mit toute sa

    tendresse dans la signature ci-dessous, qui est son plus beau titre de gloire. Lepapadechouchou »

    Publié en 1909 dans la Méthode élémentaire de piano de Théodore Lack, The Little Nigar présente

    de nombreuses similitudes avec la dernière pièce de Children’s corner, éditée un an auparavant.

    Debussy y emploie de nouveau le rythme si particulier du cake-walk. Quant à l’Hommage à Haydn,

    il fut écrit à la demande de la Société Internationale de Musique pour célébrer le centenaire de la

    mort du grand compositeur viennois.

    Denis Herlin

  • 20

    SAMEDI 11 OCTOBRE – 20H

    Amphithéâtre

    Intégrale Beethoven III

    Ludwig van Beethoven

    Sonate pour piano n° 4

    Sonate pour piano n° 9

    Sonate pour piano n° 10

    entracte

    Sonate pour piano n° 8

    François-Frédéric Guy, piano

    Fin du concert vers 21h45.

  • 2121

    Ludwig van Beethoven (1770-1827)

    Sonate pour piano n° 4 en mi bémol majeur, op. 7

    Allegro molto e con brio

    Largo, con gran espressione

    Allegro

    rondo. Poco allegretto e grazioso

    Composition : 1796-1797.

    Dédicace : à la comtesse Barbara von Keglevics.

    Publication : 1797, à Vienne.

    Durée : environ 30 minutes.

    Au long des trente-deux sonates, Beethoven parcourt des chemins très divers, alternant en

    particulier, de façon bien sûr irrégulière et libre, des sonates de type extrêmement « airmatif »,

    explicites et éloquentes, d’une énergie et d’une vitalité qui semblent prévaloir sur l’énoncé du

    discours thématique, et des sonates beaucoup plus secrètes dans leur propos, plus introspectives

    que dramaturgiques, portées davantage vers la recherche sonore, l’exploration la plus subtile de

    la forme.

    La Sonate n° 4 appartient plutôt à cette seconde catégorie, même si son thème initial, construit

    sur les degrés de l’accord parfait, génère a priori un sentiment de force et de clarté. Plutôt

    qu’un quelconque thématisme conventionnel, le ressort fondamental du mouvement est, plus

    secrètement, le travail sur la succession continue des croches et les développements rythmiques

    qu’elle inspire, jeu sur l’avancée et l’immobilité.

    De façon analogue et comme « en négatif », c’est l’extrême lenteur qui, dans le deuxième

    mouvement, est le point nodal : comment installer le mouvement, dans ce temps mesuré par

    une pulsation presque annulée ? À cela, Beethoven, répond par une exploration des possibilités

    expressives de l’ornement, de la variation, des volutes des lignes, libérées du carcan de l’énergie.

    Pour le troisième mouvement, c’est le trio central qui concentre l’attention, séquence pleine de

    ténèbres dont on découvrira l’écho chez Schubert, dans le Klavierstück D 946 en mi bémol mineur

    en particulier.

    Le inale évite lui aussi les allures prévisibles d’un thème de conclusion bien airmatif en

    proposant un motif qui sonne presque comme… une seconde idée. Tout un monde de subtilité.

  • 2222

    Sonate pour piano n° 9 en mi majeur, op. 14 n° 1

    Allegro

    Allegretto

    rondo. Allegro commodo

    Composition : 1798.

    Publication : 1799, à Vienne.

    Dédicace : à la baronne Joseine von Braun.

    Durée : environ 13 minutes.

    Avec la Sonate op. 14 n° 1, Beethoven revient à une sonate de type « haydnien », après les grandes

    libertés prises dans la Sonate « Pathétique » qui la précède immédiatement : symétrie des charpentes,

    thèmes limpides clairement agencés et succession conventionnelle des mouvements. Si ce n’est

    qu’ici, un Allegretto central fait oice à la fois de scherzo et de mouvement lent. Dans le premier

    mouvement, cependant, on assiste à un très intéressant travail de composition sur les « notes de

    passage » et sur l’étrangeté des modulations, qui met quelque peu en péril le sentiment tonal. Le

    Rondo inal se réfère à Haydn, peut-être surtout par la luidité digitale qu’impliquent ses triolets de

    croches en alternance avec des motifs plus hachés et ses traits jubilants de doubles croches.

    Sonate pour piano n° 10 en sol majeur, op. 14 n° 2

    Allegro

    Andante

    Scherzo. Allegro assai

    Composition : 1799.

    Dédicace : à la baronne Joseine von Braun.

    Publication : 1799, à Vienne.

    Durée : environ 16 minutes.

    Paysage plein de lumière pour ce second volet de l’Opus 14, bien loin de toute plongée

    métaphysique dans les abîmes de la pensée, tels que pouvaient en proposer certaines des sonates

    précédentes. L’Allegro initial donne le ton de la sonate, avec un thème avenant, gracieux, quasi

    galant, à quoi répond un deuxième thème dans le style des ländler. Chacune de ces deux idées

    thématiques enclenche toute une série d’idées secondaires dès l’exposition. Le développement

    bénéicie bien entendu de cette richesse du matériau initial. Beethoven semble ici exploiter au

    maximum toutes ses idées, tout en restant dans un cadre solide.

  • 2323

    L’Andante propose la même simplicité formelle, avec ici un premier thème presque trop

    simple, mais propice à l’élaboration de variations ; elles sont au nombre de trois et d’un type

    « arithmétique », ce qui est assez traditionnel : décalage du thème en contretemps pour la

    première, décomposition en croches puis en doubles croches pour les suivantes, le tout se

    refermant sur la présentation initiale du thème proposé.

    Le Scherzo fait ici oice de inale ; comme souvent, il est très proche de l’esprit des bagatelles de

    Beethoven (traits entrecoupés de silences, esprit d’espièglerie et intermède central d’un chant

    plus calme).

    Sonate pour piano n° 8 en ut mineur, op. 13, « Pathétique »

    Grave – Allegro di molto e con brio

    Andante cantabile

    rondo. Allegro

    Composition : 1797-1798.

    Dédicace : au prince Lichnowsky.

    Publication : 1799, à Vienne.

    Durée : environ 19 minutes.

    Le titre n’est pas de Beethoven et, comme tous les qualitatifs apocryphes, il banalise les

    caractères fondamentaux de l’œuvre. Bien davantage qu’un quelconque « pathos », il s’agit ici de

    déclamation (du moins dans le premier mouvement) et d’un ton grandiose, emphatique, assumé

    comme tel. D’autant que cette introduction grave, en rythmes pointés, comme une ouverture à

    la française venue du baroque et rêvée par le premier des romantiques allemands, fait efet de

    tremplin, véritable ressort pour l’extraordinaire énergie déployée dans l’Allegro qui lui succède

    immédiatement (Allegro di molto e con brio). Beethoven a ici pris ses distances vis-à-vis du style

    classique. Peu lui importe désormais l’art du contraste en tant que tel, tout ce système d’arêtes

    vives, repérables et quasi prévisibles entre le vif et le lent, le mineur et le majeur, le forte et le

    piano… Plus qu’un art du contraste, plus même qu’un art de la dramaturgie, il s’agit de saisir

    ce qui, dans la lenteur extrême, contient en germe la rapidité extrême ; ce qui se joue dans

    l’immobilité lorsqu’elle est suisamment riche de possibles harmoniques. Il s’agit aussi d’explorer

    tout ce que le piano peut déployer en termes de résonances, de prise de possession du clavier

    entier, d’échafaudages mentaux sur le rapport à instaurer entre l’énergie proprement dramatique

    et l’installation dans le temps.

    Concentrant ainsi tout un ensemble de modes nouveaux dans l’écriture pour le piano de

    Beethoven, cette sonate marque un tournant, même si, comme toujours dans l’œuvre du

    musicien, les retours à des styles plus anciens sont possibles, voire nécessaires. Le caractère

  • 2�2�

    inexorable, farouche et comme débridé du premier mouvement est oublié pour l’Adagio

    cantabile, moment de religiosité et de paix, grave dans son registre mais plein de lumière, proche

    de l’Ave verum corpus de Mozart dans le mélange de gravité et de tendresse.

    Le Rondo inal, dans sa simplicité, se déroule presque comme une chanson avec, si l’on ose dire,

    un caractère de… rengaine ! Véritable « tube » dans l’œuvre de Beethoven, massacré par des

    générations d’apprentis pianistes, il en sort pourtant sain et sauf, conservant sa fraîcheur et son

    eicacité : c’est dire…

    Hélène Pierrakos

  • Alain Planès

    De l’Université d’Indiana à Pierre

    Boulez, c’est ainsi que pourraient

    se dessiner, en raccourci, les débuts

    de la carrière d’Alain Planès, devenu

    depuis lors l’un des pianistes les plus

    remarqués de sa génération. Il fait

    ses études à Lyon, où il donne son

    premier concert avec orchestre à

    l’âge de 8 ans, puis au Conservatoire

    de Paris (CNSMDP). Jacques Février

    a été son mentor. Alain Planès part

    ensuite se perfectionner aux États-

    Unis. À Bloomington, il travaille avec

    Menahem Pressler du Beaux Arts

    Trio, János Starker, György Sebök

    et William Primrose. Il devient le

    partenaire de János Starker, avec

    qui il donne de nombreux concerts

    aux États-Unis et en Europe. Pierre

    Boulez lui propose de devenir,

    dès sa création, pianiste soliste de

    l’Ensemble intercontemporain, où il

    restera jusqu’en 1981. Sa carrière de

    soliste le conduit dans les plus grands

    festivals (Festival d’Art Lyrique d’Aix-

    en-Provence, Montreux, La roque-

    d’Anthéron, Folle Journée de Nantes,

    Piano aux Jacobins…). Très proche

    de rudolf Serkin, il est un des jeunes

    « seniors » du prestigieux festival de

    Marlboro. En musique de chambre,

    Alain Planès a été le partenaire de

    Maurice Bourgue, Shlomo Mintz,

    Michel Portal, les quatuors Prazák,

    Talich, Guarneri, etc. Il a joué, entre

    autres, avec l’Orchestre de Paris,

    l’Orchestre National de France, les

    orchestres de l’Opéra de Paris et de

    La Monnaie de Bruxelles. Il a assumé

    la direction musicale du Carnet d’un

    disparu de Janácek, mis en scène

    par Claude régy en 2001, et de La

    Frontière, opéra de chambre de

    Philippe Manoury mis en scène par

    Yoshi Oïda, à l’occasion de sa création

    en 2003. révélé au disque par

    Janácek, Alain Planès a notamment

    gravé pour Harmonia Mundi une

    intégrale des sonates de Schubert qui,

    comme ses récents enregistrements

    consacrés à Chopin, Haydn et Scarlatti

    (sur instruments d’époque), ont été

    salués par la critique internationale.

    Son dernier disque, Debussy –

    Estampes / Images inédites, achève son

    intégrale de l’œuvre pour piano seul

    du compositeur. Cet enregistrement

    a été récompensé notamment par un

    « Choc » du Monde de la musique et

    par la revue allemande Fono-Forum

    (« Étoile du mois »).

    François-Frédéric Guy

    François-Frédéric Guy, l’un des

    pianistes les plus en vue de sa

    génération, est tout particulièrement

    renommé pour sa façon d’aborder

    les grandes œuvres du répertoire

    austro-allemand – en novembre

    2006, son enregistrement de la

    Grande Sonate pour le pianoforte

    op. 106 de Beethoven (Naïve) a

    été présenté dans l’émission de la

    BBC CD Review (radio 3) comme

    la meilleure version actuellement

    disponible. Il est en outre engagé

    dans un projet de plusieurs années

    qui doit le voir jouer l’intégrale

    des sonates et des concertos pour

    piano de Beethoven dans les plus

    grandes salles du monde. François-

    Frédéric Guy s’est produit dans le

    monde entier avec des orchestres

    comme l’Orchestre Symphonique

    de Berlin, l’Orchestre Symphonique

    de la radio de Francfort, le Hallé

    Orchestra, l’Orchestre Philharmonique

    d’Helsinki, l’Orchestre Philharmonique

    du Japon, le London Philharmonic

    Orchestra, l’Orchestre Philharmonique

    de Munich, l’Orchestre de Paris,

    l’Orchestre National de Lyon et

    l’Orchestre Symphonique de San

    Francisco. Pendant l’été 2006, il a

    fait ses débuts aux BBC Proms en

    interprétant le Concerto en sol de

    ravel avec le Philharmonia Orchestra

    dirigé par Esa-Pekka Salonen (royal

    Albert Hall). Il a par ailleurs travaillé

    avec des chefs aussi renommés que

    Bernard Haitink, Daniel Harding,

    Neeme Järvi, Wolfgang Sawallisch et

    Michael Tilson Thomas, et a donné

    des récitals dans des villes comme

    Londres, Milan, Munich, Paris, Vienne,

    Berlin (Philharmonie) ou Washington,

    mais aussi dans des festivals comme

    ceux de La roque-d’Anthéron, de

    Cheltenham, de Yokohama ou de

    la ville de Londres. La discographie

    de François-Frédéric Guy comprend

    les sonates n° 6 et n° 8 de Prokoiev

    (Naïve), les sonates n° 2 et n° 3

    de Brahms (Meridian), et le Concerto

    pour piano n° 2 de Brahms avec le

    London Philharmonic Orchestra

    et Paavo Berglund (Naïve). Parmi

    ses enregistrements de musique

    de chambre, on peut mentionner

    les sonates pour violoncelle de

    Beethoven et de Brahms avec Anne

    Gastinel ainsi que les sonates pour

    clarinette de Brahms avec romain

    Guyot. Dans le cadre de son projet

    autour de Beethoven, il prépare

    actuellement l’enregistrement d’une

    intégrale des concertos pour piano

    avec Philippe Jordan et l’Orchestre

    25

  • 26

    Philharmonique de radio France.

    François-Frédéric Guy a étudié le

    piano avec Dominique Merlet et

    Christian Ivaldi au Conservatoire

    de Paris (CNSMDP), où il a obtenu

    un premier prix. Grand amateur

    de Dostoïevski, il est également

    passionné par les biographies

    et les mémoires de musiciens.

    En plus de son admiration pour

    Beethoven, il reconnaît des ainités

    particulières avec la musique de

    Bartók, Brahms, Liszt et Prokoiev,

    ainsi qu’avec l’œuvre de compositeurs

    contemporains comme Ivan Fedele,

    Marc Monnet, Gérard Pesson et

    Hugues Dufourt (qui lui a récemment

    dédié une importante pièce pour

    piano, Erlkönig).

  • Et aussi…

    Éditeur : Hugues de Saint Simon | rédacteur en chef : Pascal Huynh | rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Maquette : Elza Gibus | Stagiaires : Marie Laviéville et romain Pangaud

    Imp

    rim

    eur V

    INC

    ENT

    | Im

    pri

    meu

    r B

    AF

    | Lic

    ence

    s n

    o 1

    01�8

    �9, 1

    0132

    �8, 1

    0132

    52

    Et aussi…

    > MÉDIATHÈQUE

    En écho à ce concert, nous vous

    proposons…

    … de consulter en ligne dans les

    « Dossiers pédagogiques » :

    Le piano dans les « Instruments du

    Musée » • Le classicisme viennois dans les

    « repères musicologiques »

    … de lire :

    Claude Debussy de François Lesure • Les

    Préludes pour piano de Claude Debussy

    de Joseph Kremer • Les sonates pour

    piano de Beethoven de Charles Rosen •

    Beethoven de Maynard Salomon • Essai

    sur Beethoven d’André Boucourechliev •

    Le Dernier Beethoven de Rémy Stricker

    … de regarder :

    Les Préludes de Claude Debussy par

    Frank Braley (piano), concert enregistré

    à La roque-d’Anthéron en 200� •

    L’intégrale des sonates pour piano

    de Ludwig van Beethoven par Daniel

    Barenboïm, enregistrée à Berlin en 2005

    • La Sonate pour piano n° 32 de Ludwig

    van Beethoven par Richard Goode,

    concert ilmé à la Cité de la musique

    en décembre 1996

    … d’écouter en suivant la partition :

    De Claude Debussy, Les Estampes par

    Vanessa Wagner, concert enregistré à la

    Cité de la musique en novembre 2007 ;

    les Préludes et la Suite bergamasque par

    Jacques Février • Images et L’Isle joyeuse

    par Arturo Benedetti Michelangeli •

    L’œuvre pour piano de Debussy (vol. 1)

    par Werner Haas • De Ludwig van

    Beethoven, l’intégrale des sonates pour

    piano par Michaël Levinas • les Sonates

    n° 23 et 24 par Maurizio Pollini, concert

    enregistré à la Cité de la musique en juin

    2002 • Les Sonates n° 14 et 15 par Jean-

    François Heisser, concert enregistré

    à la Cité de la musique en mai 200� •

    Les Sonates n° 28, 29 et 30 par Jean-

    Elam Bavouzet, concert enregistré

    à la Cité de la musique en septembre

    200�

    > CONCERTS

    JEUDI 30 OCTOBRE, 20H

    Igor Stravinski

    Concerto pour orchestre à cordes

    Béla Bartók

    Sonate pour violon seul

    Arnold Schönberg

    Trio à cordes

    Richard Strauss

    Métamorphoses

    Les Dissonances

    David Grimal, violon

    Ayako Tanaka, violon

    Lise Berthaud, alto

    François Salque, violoncelle

    VENDREDI 31 OCTOBRE, 20H

    Dmitri Chostakovitch

    Quatuor n° 3

    Bohuslav Martinu

    Quatuor n° 2

    Dmitri Chostakovitch

    Quatuor n° 2

    Quatuor Párkányí

    VENDREDI 7 NOVEMBRE, 20H

    Joseph Haydn

    Symphonie n° 97

    Wolfgang Amadeus Mozart

    « Exsultate, jubilate »

    Aria « Ch’io mi scordi di te »

    Symphonie n° 41 « Jupiter »

    Orchestre Philharmonique de Radio

    France

    Ton Koopman, direction

    Sandrine Piau, soprano

    Tini Mathot, pianoforte

    MERCREDI 12 NOVEMBRE, 15H

    Où est passé Mozart ?

    Spectacle musical pour les enfants à

    partir de 8 ans

    L’Anneau Théâtre

    JEUDI 20 NOVEMBRE, 20H

    Igor Stravinski

    Apollon musagète

    Wolfgang Amadeus Mozart

    Concertos pour piano n° 23 et 24

    Chamber Orchestra of Europe

    Mitsuko Uchida, piano, direction

    JEUDI 18 DÉCEMBRE, 20H

    VENDREDI 19 DÉCEMBRE, 20H

    Jean Sibelius

    Rakastava

    Concerto pour violon

    Robert Schumann

    Symphonie n° 2

    Chamber Orchestra of Europe

    Vladimir Ashkenazy, direction

    Valeriy Sokolov, violon

    > MUSÉE

    Visite Musée en famille, tous les

    dimanches de 11h à 12h15

    Du 26 octobre au 28 juin

    > CONCERT ÉDUCATIF

    SAMEDI 15 NOVEMBRE, 11H

    Pulsez !

    De Rameau à Boulez en passant

    par le funk et le groove

    Œuvres de Lully, Rameau, Telemann,

    Boulez, Mantovani…

    Les Siècles • Quartet Ku

    François-Xavier Roth, direction

    Pierre Charvet, présentation

  • FRANÇOIS-FRÉDÉRIC

    GUYBEETHOVEN

    NOUVEAUTÉ

    www.naiveclassique.com

    PHO

    TO: ©

    ÉRI

    CLA

    RRAY

    ADIE

    U/N

    AÏVE