salmonellose mammaire ovine ...m. volmer romain, infectiologie assistants d'enseignement et de...
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ANNEE 2006 THESE : 2006 – TOU 3 – 4099
SALMONELLOSE MAMMAIRE OVINE :
CARACTERISATION CLINIQUE ET
BACTERIOLOGIQUE
_________________
THESE pour obtenir le grade de
DOCTEUR VETERINAIRE
DIPLOME D’ETAT
présentée et soutenue publiquement en 2006 devant l’Université Paul-Sabatier de Toulouse
par
Maxime, Sébastien, Philémon POUGET Né, le 8 juin 1979 à MARVEJOLS (Lozère)
_____________
Directeur de thèse : M. le Docteur Dominique BERGONIER
_____________
JURY
PRESIDENT : M. Henri DABERNAT ASSESSEUR : M. Dominique BERGONIER M. Xavier BERTHELOT
Professeur à l’Université Paul-Sabatier de TOULOUSE Maître de Conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire de TOULOUSE Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire de TOULOUSE
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MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE
ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE TOULOUSE
Directeur : M. A. MILON Directeurs honoraires M. G. VAN HAVERBEKE
M. J. FERNEY M. P. DESNOYERS
Professeurs honoraires M. L. FALIU M. C. LABIE M. C. PAVAUX M. F. LESCURE M. A. RICO M. D. GRIESS M. A. CAZIEUX Mme V. BURGAT M. J. CHANTAL M. J.-F. GUELFI M. M. EECKHOUTTE PROFESSEURS CLASSE EXCEPTIONNELLE
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M. TAMZALI Youssef , Responsable Clinique équine PROFESSEURS CERTIFIES DE L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE
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MAÎTRE DE CONFERENCES HORS CLASSE
M. JOUGLAR Jean-Yves, Pathologie médicale du Bétail et des Animaux de basse-cour MAÎTRES DE CONFERENCES CLASSE NORMALE
M. ASIMUS Erik, Pathologie chirurgicale M. BAILLY Jean-Denis, Hygiène et Industrie des Denrées Alimentaires d'Origine Animale M. BERGONIER Dominique, Pathologie de la Reproduction M. BERTAGNOLI Stéphane, Pathologie infectieuse Mme BOUCRAUT-BARALON Corine, Pathologie infectieuse Mlle BOULLIER Séverine, Immunologie générale et médicale Mme BOURGES-ABELLA Nathalie, Histologie, Anatomie pathologique M. BOUSQUET-MELOU Alain, Physiologie et Thérapeutique Mme BRET-BENNIS Lydie, Physique et Chimie biologiques et médicales M. BRUGERE Hubert, Hygiène et Industrie des Denrées Alimentaires d'Origine Animale Mlle CADIERGUES Marie-Christine , Dermatologie Mme CAMUS-BOUCLAINVILLE Christelle, Biologie cellulaire et moléculaire Mme COLLARD-MEYNAUD Patricia, Pathologie chirurgicale Mlle DIQUELOU Armelle, Pathologie médicale des Equidés et des Carnivores M. DOSSIN Olivier, Pathologie médicale des Equidés et des Carnivores M. FOUCRAS Gilles, Pathologie du bétail Mme GAYRARD-TROY Véronique, Physiologie de la Reproduction, Endocrinologie M. GUERIN Jean-Luc, Elevage et Santé Avicoles et Cunicoles M. JACQUIET Philippe, Parasitologie et Maladies Parasitaires M. JAEG Jean-Philippe, Pharmacie et Toxicologie M. LYAZRHI Faouzi, Statistiques biologiques et Mathématiques M. MATHON Didier, Pathologie chirurgicale M. MEYER Gilles , Pathologie des ruminants Mme MEYNADIER-TROEGELER Annabelle, Alimentation M. MONNEREAU Laurent, Anatomie, Embryologie Mme PRIYMENKO Nathalie, Alimentation Mme RAYMOND-LETRON Isabelle, Anatomie pathologique M. SANS Pierre, Productions animales Mlle TRUMEL Catherine, Pathologie médicale des Equidés et Carnivores M. VERWAERDE Patrick, Anesthésie, Réanimation MAÎTRES DE CONFERENCES CONTRACTUELS
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M. CONCHOU Fabrice, Imagerie médicale M. CORBIERE Fabien, Pathologie des ruminants M. MOGICATO Giovanni, Anatomie, Imagerie médicale Mlle PALIERNE Sophie, Chirurgie des animaux de compagnie M. RABOISSON Didier, Productions animales
5
A notre Président de Thèse,
Monsieur le Professeur Henri DABERNAT,
Professeur des Universités
Praticien hospitalier
Bactériologie-Hygiène
Pour l’honneur qu’il nous a fait d’accepter la présidence de notre jury de thèse.
Hommage très respectueux.
A notre jury de Thèse,
Monsieur le Docteur Dominique BERGONIER,
Maître de conférence de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
Pathologie de la reproduction
Pour la formation qu’il m’a donnée et l’aide précieuse qu’il m’a apportée au
cours de la réalisation de cette thèse.
Qu’il trouve ici l’expression de toute ma reconnaissance pour la bienveillante
disponibilité dont il a toujours fait preuve à mon égard.
Sincères remerciements.
Monsieur le Professeur Xavier Berthelot,
de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
Pathologie de la reproduction
Pour la formation qu’il m’a donnée et pour avoir accepté de faire partie de notre jury
de thèse.
En témoignage de notre gratitude.
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A mon père,
Pour ton soutien constant tout au long de ma scolarité. Trouve ici l’aboutissement de
tous tes efforts et de la confiance que tu m’as toujours témoignée.
Avec tout mon amour.
A ma femme Céline,
Pour ta présence, ton amour et ton réconfort. Que notre amour soit toujours comme aux
premiers temps.
A mes frères et belles sœurs,
Pour vos attentions qui m’ont permis de grandir et de surmonter les obstacles de la vie.
A ma famille et belle famille.
A mes amis.
A mes futurs associés de la Clinique Vétérinaire d’Espalion.
A tous ceux qui m’ont permis de réaliser ce travail, en les remerciant de leur aide précieuse et
de leur gentillesse.
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A Maman
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TABLE DES MATIERES
Pages
Table des illustrations
Introduction
Première partie : étude bibliographique des infections
salmonelliques chez les bovins et les ovins
I. Généralités sur les infections salmonelliques
A. Définition
B. Synonymie
C. Historique
D. Espèces affectées
II. Bactériologie
A. Morphologie bactérienne et coloration
B. Croissance, caractères culturaux et morphologie des colonies
C. Caractères biochimiques
D. Structure de l’enveloppe
E. Caractères antigéniques
F. Schéma de Kauffmann-White
G. Lysotypie
H. Nomenclature des salmonelles
III. Rôle des réservoirs et de l’environnement dans la salmonellose
A. Survie des salmonelles dans l’environnement
B. La contamination des eaux
C. La contamination des pâturages
D. Les aliments contaminés
E. Salmonella et vecteurs animés
IV. Physiopathologie des infections salmonelliques
A. Généralités
B. Doses infectantes et susceptibilité de l’hôte
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1. Facteurs bactériens
2. Facteurs liés à l’hôte
C. Etapes de l’infection
1. Les portes d’entrée
2. Franchissement de la barrière épithéliale
3. Dissémination systémique
V. Etude clinique des infections salmonelliques chez les bovins et les ovins
A. Evolution de la clinique des salmonelloses bovines
1. Avant les années 1970
2. Au cours des années 1970
3. A la fin des années 1980
B. Caractères cliniques des infections salmonelliques bovines
1. Infection inapparente
2. Forme génitale
3. Hyperthermie
4. Forme digestive
5. Septicémie
6. Forme pulmonaire
7. Autres formes plus rares
C. Particularités de la salmonellose ovine par rapport à la salmonellose
bovine
D. Salmonella arizonae : une sous-espèce émergente et adaptée aux ovins ?
VI. Suspicion clinique et lésionnelle, diagnostic bactériologique de salmonellose
A. Suspicion clinique et diagnostic différentiel
1. La forme entéritique
2. La forme abortive
3. La forme respiratoire
B. Suspicion nécropsique
1. Forme septicémique
2. Forme digestive
3. Autres formes des salmonelloses
C. Les prélèvements pour le laboratoire
1. Nature des prélèvements
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2. Précautions de réalisation et d’acheminement
3. Valeur diagnostique des différents prélèvements
D. Diagnostic de laboratoire
1. Isolement bactériologique (direct)
2. Identification des souches de salmonelles
3. Diagnostic sérologique (indirect)
4. Antibiogramme
VII. Traitements et conduite à tenir dans l’élevage
A. Méthodologie de l’intervention
B. L’antibiothérapie
1. Problèmes liés à la physiopathologie des salmonelles
2. Les problèmes liés à l’antibiorésistance
3. Problèmes posés par la législation en médecine vétérinaire
4. Comment procéder en pratique courante
C. Traitements complémentaires
D. Autres mesures médicales sur le troupeau atteint
1. Traitement systématique du troupeau
2. La vaccination en milieu contaminé
E. Conduite à tenir dans l’élevage visant à limiter la diffusion de la maladie
1. Lutte contre la propagation de la salmonellose animale
2. Prévention de la contamination humaine
VIII. Salmonellose et filière laitière : contamination du lait par les bovins laitiers
infectés chroniques
A. Importance et nature de la contamination des laits et produits laitiers par
les salmonelles
B. Les sources de contamination du lait par les salmonelles
1. Fèces des animaux
2. Les liquides génitaux
3. L’excrétion mammaire
C. Le plan de protection breton du lait des tanks.
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Deuxième partie : étude expérimentale de la salmonellose
mammaire ovine : suivi clinique et bactériologique
I. Matériel et méthodes
A. Les animaux
1. Sélection et origine des animaux
2. Conduite des animaux
B. Le suivi des animaux : les séances de prélèvement et d’examens
1. Protocole d’examen clinique
2. Protocole des prélèvements
C. Autopsie des animaux
D. Les techniques analytiques
1. Les comptages de cellules somatiques (CCS)
2. Isolement et identification des salmonelles dans le lait, les
organes et les fèces
3. Dénombrement des salmonelles dans le lait
II. Résultats
A. Caractérisation de l’excrétion des salmonelles dans le lait
1. Isolement et identification des salmonelles
2. Quantification de l’excrétion des salmonelles
B. Symptomatologie
1. Etat général et symptômes extra-mammaires
2. Examen de la mamelle et du lait
3. Conséquences sur la production laitière
4. Conséquences sur les comptages de cellules somatiques (CCS)
C. Résultats nécropsiques
1. Lésions macroscopiques
2. Analyse bactériologique des prélèvements réalisés sur les
brebis autopsiées
III. Discussion
A. Discussion sur le matériel et les méthodes
1. Sélection des animaux
2. Influence des effectifs
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3. Conduite des animaux et explorations cliniques
4. Bactériologie
B. Discussion des résultats
1. Identification des salmonelles et suivi de leur excrétion dans le
lait des brebis
2. Symptomatologie du portage mammaire salmonellique
3. Autopsies des brebis excrétrices de salmonelles dans le lait
4. Perspectives
5. Conséquences pour les filières laitières
Conclusion
Bibliographie
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TABLE DES ILLUSTRATIONS
Pages
FIGURES :
Figure 1. Circulation des salmonelles et contamination du bétail.
Figure 2. Schéma de dissémination des salmonelles chez les bovins et
contamination humaine.
Figure 3. Méthodologie d’intervention pour le diagnostic et le traitement des
salmonelloses.
Figure 4. Plan de protection des élevages à priori indemne.
Figure 5. Plan de protection des élevages contaminés.
Figure 6. Evolution des températures rectales des brebis étudiées.
Figure 7. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 545 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 6.104 UFC/mL de lait)
Figure 8. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 91 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.103 UFC/mL de lait).
Figure 9. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 225 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.105 UFC/mL de lait).
Figure 10. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 206 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 3.103 UFC/mL de lait).
Figure 11. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 137 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 1,6.105 UFC/mL de lait).
Figure 12. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 025 (n’a jamais
excrété de salmonelles à l’ENVT).
Figure 13. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 006 (deux fois
positive à gauche et à droite après enrichissement).
Figure 14. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 114 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 7,5.103 UFC/mL de lait et à droite en moyenne
à 1,8.105 UFC/mL de lait).
Figure 15. Production laitière moyenne. Comparaison des demi-mamelles
excrétrices et non excrétrices.
Figure 16. Coefficients de variation de la production laitière des demi-mamelles
excrétrices et non excrétrices.
Figure 17. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 545 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 6.104 UFC/mL de lait).
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Figure 18. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 091 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.103 UFC/mL de lait)
Figure 19. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 225 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.105 UFC/mL de lait)
Figure 20. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 206 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 3.103 UFC/mL de lait).
Figure 21. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 137 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 1,6.105 UFC/mL de lait).
Figure 22. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 025 (n’a jamais
excrété de salmonelles à l’ENVT).
Figure 23. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 006 (seulement
deux fois positive à gauche et à droite après enrichissement).
Figure 24. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 114 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 7,5.103 UFC/mL de lait et à droite en moyenne
à 1,8.105 UFC/mL de lait).
Figure 25. Comparaison des comptages de cellules somatiques moyens des demi-
mamelles excrétrices et non-excrétrices.
Figure 26. Coefficients de variation des comptages de cellules somatiques moyens
des demi-mamelles excrétrices et non excrétrices
TABLEAUX :
Tableau 1. Caractères biochimiques différentiels des sept sous-espèces de
Salmonella.
Tableau 2. Observations cliniques dans 25 troupeaux infectés de salmonellose
Tableau 3. Infections salmonelliques : trois exemples.
Tableau 4. Principaux sérotypes de Salmonella isolés chez les petits ruminants en
France (d’après le bilan 1988-1989 de l’AFSSA Paris).
Tableau 5. Circonstances d’isolement sur des brebis de S. arizonae 61:k:1,5,7 au
Royaume Uni de 1975 à 1981.
Tableau 6. Prélèvements pour diagnostic de salmonellose.
Tableau 7. Les milieux sélectifs proposés dans le cadre du RESSAB (1997).
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Tableau 8. Les milieux d’enrichissement proposés dans le cadre du RESSAB
(1997).
Tableau 9. Antibiotiques les plus couramment utilisés dans le traitement des
salmonelloses bovines.
Tableau 10. Evolution du nombre de salmonelles isolées des produits laitiers
(d’après le bilan de l’AFSSA Paris).
Tableau 11. Evolution du nombre de souches de salmonelles répertoriées par
l’AFSSA Paris puis par le réseau Salmonella dans les produits laitiers de vache (15).
Tableau 12. Identification biochimique, sérologique et morphologique des
salmonelles excrétées dans le lait des brebis.
Tableau 13. Quantification de l’excrétion salmonellique dans le lait.
Tableau 14. Synthèse de l’examen clinique de la mamelle et du lait des brebis
étudiées.
Tableau 15. Ratio latéro-latéral moyen de production laitière (demi-mamelles
excrétrices / non excrétrices).
Tableau 16 . Productions moyennes des demi-mamelles excrétrices et non
excrétrices.
Tableau 17. Ratio latéro-latéral des comptages de cellules somatiques moyens des
laits (demi-mamelles excrétrices / non excrétrices).
Tableau 18. Evaluation du risque de faux-négatifs lors du dépistage de mammite
subclinique en fonction du seuil de CCS de positivité.
Tableau 19. Principales lésions macroscopiques observées lors de l’autopsie des
brebis N° 545, 0137, 206, 091.
Tableau 20. Principales lésions macroscopiques observées lors de l’autopsie des
brebis N° 006, 225, 114, 025.
Tableau 21. Résultats des analyses bactériologiques réalisées sur les organes
prélevés à l’autopsie (identification par galerie ID32E).
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INTRODUCTION
En France, 35 à 40% des Toxi-Infection Alimentaire Collective (TIAC) déclarées sont
dues à Salmonella spp., qui affectent tous les ans des milliers de personnes, dont plus de 20%
doivent être hospitalisées. Ces infections se manifestent généralement par des diarrhées aiguës
et des fièvres élevées, mais chez les sujets fragiles (jeunes enfants, personnes âgées, sujets
immunodéprimés ou présentant des pathologies sous-jacentes), des complications sévères
peuvent intervenir (déshydratation, septicémie), évoluant parfois fatalement (10, 81).
Majoritairement provoquées par la consommation d’ovoproduits, de volailles ou de
produits carnés contaminés, ces toxi-infections sont plus rarement associées à la
consommation de produits laitiers, notamment au lait cru : moins de 2% de l’ensemble des
foyers à salmonelles ont impliqué des produits laitiers en France entre 1998 et 2003 (10). En
l’absence de pasteurisation, la maîtrise de la sécurité sanitaire de ces produits repose en
grande partie sur la prévention de la contamination dès la production. Chez les bovins, il est
probable que la contamination du lait soit essentiellement d’origine fécale et doive être
recherchée dans l’environnement des animaux (46). Ceci doit conduire au renforcement des
mesures d’hygiène du bâtiment et de la traite, mises en œuvre par les éleveurs en s’inspirant
des principes de l’assurance qualité appliqués à l’élevage. Il est donc important de maîtriser la
contamination des tanks, en raison des risques de zoonose et des conséquences médiatiques
que pourrait avoir une contamination de consommateurs à partir de produits laitiers.
En filière ovine laitière, contrairement à la vache et à la chèvre, aucun cas de TIAC à
Salmonella spp. n’a été à ce jour recensé. Les travaux relatifs aux autres bactéries indésirables
du lait avaient montré la prépondérance de la source de contamination intra-mammaire pour
les laits de tank ovins. Aucune description des mammites salmonelliques de la brebis n’était
disponible dans la littérature.
Dans un premier temps, nous ferons une synthèse des connaissances actuelles sur les
salmonelloses bovines et ovines, tant cliniques qu’asymptomatiques. Dans un second temps,
nous rapporterons le suivi de brebis excrétant de façon spontanée des salmonelles dans leur
lait. Nous essaierons de caractériser ces infections aux niveaux bactériologique et clinique,
avant d’en envisager les conséquences pour la maîtrise du risque salmonellique en filières
laitières.
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PARTIE 1
Etude bibliographique des infections
salmonelliques chez les bovins et les ovins
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I. Généralités sur les infections salmonelliques
A. Définition
La salmonellose est une maladie infectieuse, inoculable, contagieuse, commune à
l’homme et à de nombreuses espèces animales, répandue dans le monde, provoquée par une
bactérie gram négatif de la famille des Enterobacteriaceae (13). Les infections salmonelliques
se manifestent essentiellement par des septicémies, des pneumonies, des entérites et des
avortements (63).
B. Synonymie
Les maladies animales causées par le genre Salmonella ont été dénommées selon la
symptomatologie, avec parfois indication de l’espèce animale atteinte, fièvre typhoïde et
paratyphoïde chez l’homme, paratyphose chez le porc, paratyphoïde ovine, paratyphose
abortive ovine, pullorose chez les volailles (33),… Le terme « salmonellose » doit maintenant
être préféré (63).
C. Historique
La fièvre typhoïde humaine a été individualisée en 1813 sur la base des signes
cliniques et des lésions. La première salmonelle est observée en 1880, le germe est cultivé en
1884. Le groupe bactérien reçoit le nom de Salmonella en 1900, en l’honneur de SMITH et de
SALMON, qui isolèrent en 1885 une bactérie dénommée à tort « Bacillus cholerae-suis », à
partir de porcs atteints de peste porcine (hog cholera) (37). L’usage a prévalu. Depuis lors,
environ 2300 sérovars de Salmonella ont été isolés. Ces serovars sont répertoriés et classés
sous forme de tableau issu de l’application du schéma de KAUFFMANN-WHITE (37).
Le premier cas de salmonellose bovine a été décrit en 1902 aux Etats Unis par MOHLER et
BUCKLER (33). En 1919, FRICKINGER décrit une épidémie de dysenterie salmonellique
sur un lot de 300 moutons ; la viande provenant de l’abattage d’urgence de ces animaux
provoqua la toxi-infection de 1500 personnes (85). Depuis le nombre de cas ne fait que
croître, tant chez les ruminants que dans les autres espèces et ce sur tous les continents.
D. Espèces affectées
La salmonellose est une maladie affectant aussi bien l’homme que l’ensemble des espèces
animales. On note que de nombreux animaux sont des porteurs sains de Salmonella. C’est le
cas notamment des animaux à sang froid ainsi que des invertébrés. Ces animaux constituent
un réservoir bien difficile à détecter (33).
26
II. Bactériologie
Les bactéries du genre Salmonella font partie de la famille des Enterobacteriaceae (car
leur habitat naturel est le tube digestif des vertébrés (43)), et possèdent toutes les
caractéristiques générales associées à cette famille.
A. Morphologie bactérienne et coloration (63)
Les Salmonella sont des bacilles Gram négatifs, sans ramifications ni spores, non
capsulés, de 2 à 3 µm de long sur 0,5 µm de large. Les sérovars rencontrés chez les ovins sont
mobiles, avec une ciliature péritriche, les mutants immobiles étant exceptionnels.
B. Croissance, caractères culturaux et morphologie des colonies (37)
Les Salmonella sont anaérobies facultatifs et prototrophes (non tributaires de facteurs
de croissance) ; les exceptions sont des souches mutantes ou quelques sérovars présentant une
adaptation particulière à une espèce hôte, comme Salmonella Abortusovis. Les salmonelles
peuvent se cultiver sur milieux usuels et donnent en 18 à 24h à 37°C en atmosphère ambiante
des colonies de 2 à 4 mm de diamètre. A l’isolement, les colonies sont lisses, rarement
rugueuses. Des colonies naines correspondent généralement à des mutants à croissance plus
lente, mais de nombreuses souches (sérotypes Abortusovis, Typhisuis…) peuvent présenter
une dissociation de la taille des colonies à l’isolement.
C. Caractères biochimiques
Un ensemble de caractères biochimiques permet de distinguer les Salmonella des
autres genres de la famille et de les classer en 7 sous-espèces (Tableau 1). L’espèce-type est
Salmonella enterica (ou choleraesuis). Les Salmonella isolées à partir des ovins appartiennent
aux sous espèces I et III (groupe des « S. arizonae »).
Les salmonelles des sous-espèces autres que I sont surtout isolées d’animaux à sang froid et
de l’environnement et ne sont qu’exceptionnellement la cause de troubles pathologiques chez
l’homme.
27
Tableau 1. Caractères biochimiques différentiels des sept sous-espèces de Salmonella
(37)
I
(enterica)
II
(salamae)
IIIa
(arizonae)
IIIb
(diarizonae)
IV
(houtenae)
V
(bongori)
VI
(indica)
Test ONPG ─ ─ + + ─ + d (a) Gélatinase ─ + + + + ─ +
Galacturonate ─ + ─ + + + +
Culture sur milieu au ─ ─ ─ ─ + + ─
Malonate ─ + + + ─ ─ ─
Dulcitol + + ─ ─ ─ + d
Mucate + + + d ─ + +
L (+) tartrate (d-tartrate) + ─ ─ ─ ─ ─ ─
γ-glutamyltransférase + (b) + ─ + + + +
β-glucuronidase d d ─ + ─ ─ d
Salicine ─ ─ ─ ─ + ─ ─
Sorbitol + + + + + + ─
Lyse par le phage 01 + + ─ + ─ + +
(b) : caractère variable selon les sérovars
(c) : sérovar Typhimurium : d ; Enteritidis : + ; Dublin : ─
+, ─ : caractère de plus de 90 % des souches ; d : positif pour 10 à 90 % des souches.
D. Structure de l’enveloppe (63)
L’enveloppe des Salmonella comprend une membrane cytoplasmique, une paroi
composée d’une couche de peptidoglycane et d’une membrane externe et, facultativement,
des antigènes superficiels (Vi : de virulence et M : muqueux). Les flagelles traversent
l’enveloppe.
La membrane externe contient des protéines, des lipides et des lipopolysaccharides (LPS ou
endotoxine). Le LPS est constitué de trois régions :
- le lipide A, toxique et pyrogène ;
- le core ou partie basale, composé d’un polysaccharide contenant du glucose,
constant chez les Salmonella cultivant sous forme de colonies lisses
(SMOOTH, S). Chez les souches mutantes rugueuses (ROUGH, R), il est
incomplet ou n’est pas lié aux chaînons suivants ; ces souches sont
autoagglutinables en eau salée iso- ou hypertonique ;
- le polysaccharide est constitué de chaînons identiques sans glucose ; les
mutants semi-rugueux ne possèdent que le premier chaînon.
Sous-espèce Caractères
28
Le LPS permet de résister aux antibiotiques hydrophobes, aux sels biliaires, aux détergents,
aux protéases, aux lipases, aux lysozymes. Les LPS peuvent être partiellement libérés dans le
milieu sous forme d’endotoxine sans dommages pour la bactérie (83) .
Parmi les salmonelles pathogènes pour les ovins, seul Salmonella Dublin possède parfois sur
la face externe de la paroi une fine couche additionnelle polysaccharidique, appelée Vi. Cet
antigène fut appelé Vi car on le tenait pour responsable de la virulence du sérovar Typhi.
Certaines colonies ont un aspect muqueux : elles expriment un autre antigène de surface,
appelé antigène muqueux ou M. Ce dernier, de même que certaines structures protéiques
filamenteuses ou pili, font partie des catégories d’antigènes qui ne sont pas couramment
utilisées pour le diagnostic.
E. Caractères antigéniques (37)
Parmi les constituants antigéniques, trois sont couramment utilisés pour le classement
des Salmonella en sérovars.
- Les antigènes de la paroi : antigènes O et R.
L’antigène O joue un rôle très important du point de vue diagnostique. C’est un complexe
glucido-lipido-protéique qui constitue la toxine entérotrope ou endotoxine de la bactérie. Les
chaînons polysaccharidiques répétitifs du LPS, la nature des sucres et de leurs liaisons sont
responsables de la spécificité O des formes S. Cet antigène résiste au phénol et à l’alcool, il
est thermostable deux heures et demie à 100° C. WHITE et KAUFFMANN ont ainsi pu
définir des groupes chez les salmonelles grâce à l’utilisation de sérums mono-ou polyvalents
dans des réactions d’agglutination de l’antigène O.
Chez les souches R, l’antigène O n’existe pas ; le core ou ce qu’il en reste est responsable des
spécificités sérologiques R, qui sont sans intérêt pour le typage antigénique.
- Les antigènes flagellaires ou H.
Les flagelles sont des polymères de flagelline, protéine ayant une composition constante en
acides aminés pour un type antigénique donné. Les antigènes H sont thermolabiles et détruits
par l’alcool. Ils présentent de plus un caractère biphasique, c’est-à-dire qu’ils peuvent
s’exprimer alternativement sous deux formes différentes chez un même sérotype. On parle
alors de phase 1 ou de phase 2. Les deux phases coexistent généralement dans une même
colonie mais les gênes responsables de l’apparition des phases 1 ou 2 ne s’expriment pas
simultanément pour une même bactérie. Les antigènes de la phase 2 sont plus spécifiques
pour identifier les salmonelles.
29
Deux éventualités existent concernant la spécificité des antigènes H :
- l’une rare : certains sérovars ne peuvent fabriquer que des flagelles d’un seul type H1 car
ils ne possèdent pas ou n’expriment pas d’informations pour une alternative (souche dite
monophasique). C’est le cas de la sous-espèce IIIa (arizonae)
- l’autre fréquente : antigène H biphasique, alternance de phase 1 et 2 (souche dite
diphasique). C’est le cas de la sous-espèce IIIb (diarizonae)
- Deux antigènes de surface : Vi et M.
Ces antigènes de surface présentent chacun une seule spécificité. Ils peuvent masquer les
antigènes O. Le chauffage à 100°C pendant une dizaine de minutes démasque l’antigène O
qui devient alors agglutinable par les sérums anti-O.
F. Schéma de Kauffmann-White (37)
Le schéma de Kauffmann-White est le tableau des formules antigéniques des sérovars
de Salmonella où sont indiqués dans l’ordre les facteurs O, l’antigène Vi éventuellement, les
antigènes H phase 1 et 2. Par exemple, celle du sérovar Abortusovis s’écrit 4, 12, c, 1, 6, ce
qui signifie qu’il possède les facteurs 0 : 4 - majeur - et 12 - accessoire -, qu’il ne possède pas
l’antigène Vi, que l’antigène H1 a la spécificité c et H2 la spécificité 1,6.
G. Lysotypie (33)
La lysotypie consiste à étudier la sensibilité ou la résistance des souches à une série de
bactériophages sélectionnés. Un certains nombres de systèmes de lysotypie ont été mis au
point pour de nombreux sérovars (Typhi, Typhimurium, Montevideo, Virchow…). Cette
méthode n’est utilisée que dans quelques laboratoires très spécialisés.
H. Nomenclature des salmonelles (13)
La nomenclature des salmonelles est particulièrement complexe car elle fait l’objet de
controverses liées, principalement, à un avis de la « Judicial Commission » (la « JC » est une
commission spécialisée du « Comité International de Systématique des Procaryotes »). Afin
d’éviter des difficultés de compréhension, certains aspects ont été simplifiés.
Le genre Salmonella est l’un des genres de la famille des Enterobacteriaceae et les Approved
Lists of Bacterial Names considèrent que cinq espèces ont un statut dans la nomenclature :
Salmonella arizonae, Salmonella choleraesuis, Salmonella enteritidis, Salmonella typhi et
Salmonella typhimurium.
30
Depuis la parution de ces listes, les hybridations ADN-ADN ont démontré que toutes les
souches de salmonelles appartenaient à une seule « genomospecies » appelée Salmonella
choleraesuis. Ce nom d’espèce a été retenu parce que c’est celui de l’espèce-type du genre
Salmonella. Les cinq espèces citées dans les Approved Lists sont donc des représentants de
cette unique genomospecies. Au sein de cette genomospecies, les pourcentages d’homologies
ADN-ADN permettent de reconnaître 7 sous-groupes qui sont également identifiables par
leurs caractères phénotypiques. LE MINOR et al. (1982, 1986) proposent de reconnaître 7
sous espèces au sein de Salmonella choleraesuis : Salmonella choleraesuis subsp. arizonae,
Salmonella choleraesuis subsp. bongori, Salmonella choleraesuis subsp. choleraesuis,
Salmonella choleraesuis subsp. diarizonae, Salmonella choleraesuis subsp. houtenae,
Salmonella choleraesuis subsp. indica et Salmonella choleraesuis subsp. salamae. Tous ces
noms ont fait l’objet d’une publication valide et ont un statut dans la nomenclature.
Suite à ces validations et en accord avec les données scientifiques, le genre Salmonella ne
comprenait donc qu’une unique espèce, Salmonella choleraesuis, elle-même subdivisée en 7
sous-espèces. Les homologies ADN-ADN montrent que Salmonella enteritidis, Salmonella
typhi et Salmonella typhimurium (espèces citées dans les Approved Lists ) appartiennent à la
sous-espèce Salmonella choleraesuis subsp. choleraesuis.
Au sein de chacune des sous-espèces de Salmonella choleraesuis, il est possible de distinguer
des sérovars caractérisés, comme nous l’avons vu précédemment, par leurs antigènes O, H et
éventuellement Vi. En bactériologie, les sérovars d’une espèce ou d’une sous-espèce
bactérienne sont habituellement désignés par leurs formules antigéniques (cf schéma de
Kauffmann-White). Les sérovars de la sous-espèce Salmonella choleraesuis subsp.
choleraesuis font exception à cette règle et ils portent un nom. Les noms des sérovars
indiquent soit un syndrome ou une maladie (typhi, abortusequi, bovismortificans…), soit un
hôte de prédilection (gallinarum …), soit l’origine géographique de la première souche isolée
(panama, london, paris, telelkebir…).
Afin d’éviter toutes confusions entre la dénomination des espèces et celle des sérovars, LE
MINOR et POPOFF (1987) ont proposé d’écrire les sérovars avec une majuscule et sans
utiliser l’italique (par exemple Salmonella choleraesuis subsp. choleraesuis ser. Abortusovis).
Dans la pratique courante, il est également possible de désigner les sérovars sous une forme
abrégée : Salmonella Abortusovis. L’absence de mention de la sous-espèce ne peut pas être
une source de confusion car seuls les sérovars de la sous-espèce Salmonella choleraesuis
subsp. choleraesuis portent un nom.
Afin de respecter la réalité scientifique et pour résoudre une difficulté lié à la terminologie de
choleraesuis (il existe aussi un sérovar Choleraesuis !), LE MINOR et POPOFF soumettent
31
une requête à la Judicial Commission : ils proposent que le genre Salmonella ne comprenne
qu’une seule espèce divisée en 7 sous-espèces et de remplacer le terme choleraesuis par
enterica. Ces propositions sont rejetées par la Judicial Commission. La raison de ce refus est
lié au statut de la bactérie responsable de la fièvre typhoïde qui est une infection grave chez
l’homme. Cette bactérie passerait du rang d’espèce (Salmonella typhi) au rang de serovar de
Salmonella enterica subsp. Enterica, ce qui pourrait entraîner une confusion.
En 1989, REEVES et al. élèvent la sous-espèce Salmonella choleraesuis subsp. bongori au
rang d’espèce, Salmonella bongori. Le genre Salmonella comprend donc deux espèces.
En conclusion et en pratique, trois possibilités sont offertes aux microbiologistes :
- un auteur « légaliste » pourra utiliser les noms des cinq espèces figurant dans
les Approved Lists même si ce n’est pas scientifiquement justifié
- un auteur désirant respecter les règles de nomenclature doit utiliser les noms de
Salmonella bongori et de Salmonella choleraesuis (avec les 6 sous-espèces)
- un auteur qui souhaite s’exprimer comme la majorité des scientifiques suivra
les propositions de LE MINOR et POPOFF et utilisera la nomenclature de
Salmonella bongori et de Salmonella enterica ( avec les 6 sous-espèces).
Nous utilisons dans cette thèse la nomenclature de LE MINOR et POPOFF car elle est
logique et scientifiquement justifiée, même si elle est « illégale » du point de vue des règles
de la nomenclature.
III. Rôle des réservoirs et de l’environnement dans la salmonellose
L’expression clinique d’une salmonellose résulte d’un déséquilibre entre la pression
exercée par l’agent microbien et la résistance de l’organisme visé (33). Elle peut être liée à
une contamination récente brutale ou bien le plus souvent être la conséquence de l’activation
d’une infection latente liée au « stress » comme par exemple le part (57) ou un transport (8).
La fréquence non négligeable avec laquelle des salmonelles sont mises en évidence dans les
différentes composantes de l’environnement, qu’il s‘agisse des milieux extérieurs (sols, eaux,
végétaux) ou des vecteurs animés (animaux sauvages et domestiques), conduit à l’existence
d’un lien épidémiologique entre leur contamination et l’apparition d’épisodes de salmonellose
chez les animaux d’élevage.
32
A. Survie des salmonelles dans l’environnement
Si l’environnement peut tenir une place dans les chaînes contaminantes, c’est que les
salmonelles possèdent l’aptitude à demeurer viables et virulentes en dehors des organismes
vivants qu’elles « parasitent » habituellement. Cet aspect de la biologie des salmonelles a été
abordé par de nombreux auteurs, mais si les conclusions sont positives quant aux possibilités
de survie, elles divergent parfois notablement sur la durée de cette survie. Peut-il d’ailleurs en
aller autrement lorsque tant de paramètres entrent en jeu : conditions climatiques, nature des
supports, nature des sols, composition bactérienne, etc ? Par exemple, selon l’impact de
différents facteurs, la survie des salmonelles dans le sol peut aller de 30 jours à 1 an (32).
C.R. FINDLAY fournit les chiffres suivants pour Salmonella Dublin (14) :
- dans les fèces d’un animal infecté, survie supérieure à 28 semaines ;
- lors d’épandage, la survie au sommet de l’herbe serait de 10 jours contre 14 à
19 jours à la base de l’herbe.
J. GLEDEL fournit de nombreuses informations tirées de ses recherches
bibliographiques (21) :
- inactivation des salmonelles par la chaleur (en bouillon) à 60°C en 1h25 ou à
70°C en 5 mn ;
- inactivation par les rayons solaires : 10 j ;
- survie dans des produits sec : poussières (80 j), déjections sèches (de 90 à 185
j) ;
- survie à 8°C : en eau de rivière (de 20 à 120 j), dans le sol (2 mois), dans la
boue (plus de 3 mois)
- survie sur des revêtements : métal (55 j), terre (43 j), plancher en bois (87 j),
boxes pour aliment (108 j)
- survie dans l’eau : eau de pluie (118j), eau de puits (90 j), eau du robinet (29j).
Il semble aussi que S. Dublin puisse persister 73 jours dans les fèces en hiver et 119 jours en
été, alors que pour certains, cette survie pourrait être plus longue encore : 6 mois dans les
fèces à l’extérieur et 10 mois sur les murs, voire 8 à 36 mois dans les fèces desséchées (86).
Selon PLATZ, les salmonelles pénètrent dans le sol et leur temps de survie dans ce dernier est
double de celui observé à la surface du sol. Les sols lourds assurent une meilleure protection
que les sols sableux (40).
L’ensemble des données rapportées ci-dessus indique bien que les salmonelles possèdent une
aptitude à survivre dans le milieu extérieur pendant des périodes de temps non négligeable en
fonction de nombreux paramètres dont les conditions climatologiques et la nature du sol ou du
support.
33
B. La contamination des eaux
L’eau est responsable de nombreuses infections digestives dont les infections à
Salmonella (36). Ce sont les eaux de ruissellement, les égouts, les ruisseaux et autres cours
qui facilitent la dispersion géographique des germes. Des observations ont montré que les
Salmonella ont été isolées jusqu’à 350 m de la source d’origine (36). Il y a donc lieu de
considérer les évacuations à partir des fermes, les effluents des stations d’épuration, les petits
ruisseaux et les rives des cours d’eau, comme autant de voies par où les salmonelles
s’échappent dans l’environnement.
Comme nous l’avons précédemment vu, la persistance du germe dans l’eau est possible et
durable. Les animaux peuvent absorber des salmonelles directement à partir d’eau polluée ou
indirectement par l’intermédiaire d’herbe ou de fourrage souillé. Ainsi, l’irrigation et
l’épandage peuvent être à l’origine d’un contact Salmonella/animal.
Il est même possible de voir les salmonelles se multiplier dans l’eau dans certaines conditions
(26).
Les épisodes de salmonellose bovine font souvent jouer un rôle de vecteur à l’eau dans la
chaîne de contamination. MORISSE a procédé à la surveillance d’un cours d’eau traversant
une zone où sévissait la salmonellose bovine (57). Cette zone d’une superficie évaluée à 15,5
ha, abrite de nombreux élevages de caractère intensif, de porcs et de volailles principalement,
mais aussi de bovins. Y sont encore installés 2 couvoirs, 1 laiterie et 4 abattoirs. La
surveillance a porté sur une portion de 20 km. Sur le cours d’eau principal, on prit 40
échantillons et sur les affluents (ruisseaux, sources) 72 échantillons. Trente-neuf pour cent des
échantillons d’eau furent positifs avec identification de 14 sérotypes (3 ou 4 seulement de
sérotype commun chez les bovins).
La fréquence des contaminations est différente selon que les prélèvements sont effectués sur
le cours d’eau principal ou sur les affluents : sur le cours principal, 57,5% des prélèvements
contenaient des salmonelles contre 29,2% de ceux provenant des affluents. Cette différence
est logique dans la mesure où le cours d’eau principal se comporte comme un collecteur de
pollutions. Il est plus surprenant de constater le taux élevé de contamination des sources et des
petits ruisseaux, lié sans doute au nombre et à la diversité des élevages de toutes natures
implantés dans la région.
Pour clore ce chapitre, nous pouvons dire que le milieu hydrique constitue un support
favorable à la survie et à la diffusion des salmonelles et qu’il participe de manière
déterminante aux cycles de contamination.
34
C. La contamination des pâturages
Les pâturages sont très souvent contaminés par les Salmonella et ceci de plusieurs
manières :
- par l’excrétion des animaux porteurs présents sur ces pâturages ;
- par des eaux de ruissellement ;
- par l’épandage de lisiers et autres déjections animales sur ces pâturages.
L’utilisation accrue de lisier est un risque important de contamination des pâturages (82).
Le développement des élevages hors sol, qui comporte nécessairement la concentration
d’effectifs d’animaux considérables sur des surfaces réduites, a provoqué l’émergence de
nouveaux problèmes de santé publique d’une ampleur insoupçonnée. Les déjections de ces
animaux, qui ne peuvent plus être traitées selon les procédés traditionnels, constituent un
volume énorme de déchets dont l’élimination reste délicate. Le sol étant considéré comme le
meilleur réceptacle à vocation épurative, c’est vers l’épandage qu’a été recherchée une
solution. Or les surfaces disponibles à proximité de ces grands élevages, souvent concentrés
dans des secteurs géographiques limités, ne sont pas suffisantes pour être utilisées à une telle
fin de manière satisfaisante.
Dans le mois d’apparition de la salmonellose, la contamination atteint des niveaux de 103 à
104 Salmonella/ml de lisier. Une décroissance s’installe entre le 2e et le 5e mois pour aboutir à
102 S./ml (5).
On peut opposer le lisier, liquide, au fumier (largement utilisé en élevage ovin) comportant
beaucoup de paille et dont le stockage pendant une longue période assure la destruction de
nombreux organismes pathogènes. Les salmonelles y disparaîtraient en 37 jours (32).
L’importance de la contamination des animaux par le pâturage a été avancée par WILLIAMS
(82). Il note que l’incidence de la maladie atteint un pic en fin de saison de pâturage et
incrimine donc ce dernier.
D. Les aliments contaminés
Les aliments concentrés d'origine animale (poudre d'os, farine de viande et de poisson)
sont des facteurs de risque de contamination du porc et de la volaille, voire des bovins. Ces
produits sont stérilisés correctement et l’on incrimine plutôt une recontamination, par
l'homme, les rongeurs ou les oiseaux, comme étant la cause de l'apparition des salmonelles
dans ces aliments. L'importation de sérovars étrangers plus ou moins pathogènes peut être
réalisée par ce biais (58).
Certaines recherches tendraient à montrer que ce type de contamination est aussi possible
avec des aliments à base de céréales et de tourteaux. Les fréquences de contamination des
35
matières premières peuvent atteindre 11,9 % pour le tourteau de colza, 10,1 % pour le
tourteau de tournesol et 6,8 % pour le tourteau de soja (5).
En ce qui concerne les fourrages et les ensilages, ils ne semblent pas être une source
importante de contamination (82). En effet, un ensilage correctement préparé a un pH
minimal inférieur à 4 et donc ne permet pas la survie des salmonelles (86).
E. Salmonella et vecteurs animés
Parmi les différents animaux susceptibles d'apporter des salmonelles dans
l'environnement immédiat des bovins et des ovins, il faut faire une mention particulière pour
les vecteurs libres, sauvages : oiseaux, insectes, reptiles, rongeurs, mais aussi signaler le rôle
éventuel des autres animaux domestiques, chevaux, chiens, chats, volailles.
Les rongeurs, volontiers accusés d'être des colporteurs privilégiés d'agents pathogènes pour
l'homme et les animaux, ont la malchance d'avoir donné leur nom au sérovar le plus
ubiquitaire et le plus redouté, Salmonella Typhimurium. De là à considérer que tous les
rongeurs sont porteurs de salmonelles, il n'y a qu'un pas, vite franchi, mais peut-être avec trop
de précipitation. Pour exemple, BILLON procédant à l'examen systématique de 1009 rats
capturés à Paris au cours de plusieurs années n'a mis en évidence que 3 sujets contaminés par
S. Panama (1).
Des enquêtes faites essentiellement par des épidémiologistes et des bactériologistes anglais
ont permis de préciser la grande fréquence de portage de Salmonella par les mouettes. En
effet, des auteurs ont pu rattacher l'évolution de la salmonellose dans un troupeau laitier de
180 vaches dans le nord de l'Ecosse à la contamination du point d'eau servant à alimenter la
ferme par des mouettes (30). D'autres espèces d'oiseaux ont fait l'objet d'investigations de
même nature. Les moineaux, les tourterelles, les pigeons peuvent également héberger des
salmonelles (21).
Des chercheurs ont trouvé des salmonelles dans des fourmis, des mouches et des cafards.
Les serpents se révèlent fréquemment contaminés, mais surtout par S. arizonae.
Des grenouilles, des lézards, des tortues d'aquarium ont également été reconnus porteurs de
salmonelles. Pour les tortues, ce fait a été jugé suffisamment gênant pour que leur commerce
soit réglementé (21).
Les ruminants domestiques peuvent se trouver au contact d'autres animaux domestiques ou
entrer en contact avec des matières contaminantes souillés par ceux ci. Ainsi, la salmonellose
équine avec portage sain n'est pas une rareté.
36
Bien entendu, la possibilité existe de voir des chiens et des chats véhiculer des salmonelles.
On a découvert sur des chats destinés à la recherche pharmaceutique que 15 sur 142 étaient
porteurs de Salmonella spp. (15).
Il y a donc à proximité des bovins et des ovins, et des aliments qui leurs sont destinés, une très
grande variété d'animaux capables de transmettre ou de répandre des salmonelles plus ou
moins pathogènes. Sans doute doit-on ajouter à cette liste l'homme lui-même, maillon robuste
de la chaîne infectante.
Afin de résumer le chapitre III (Rôle des réservoirs et de l'environnement dans la
salmonellose.), la figure 1 présente un schéma de la circulation des salmonelles et les sources
de contamination du bétail.
Figure 1. Circulation des salmonelles et contamination du bétail (21).
IV. Physiopathologie des infections salmonelliques
A. Généralités
Le terme de salmonellose recouvre des tableaux cliniques très variés (entérite,
septicémie, avortement, affections diverses), eux-mêmes potentiellement associés à un très
grand nombre de sérovars de Salmonella. Classiquement, tous les sérovars sont considérés
comme pathogènes (selon l’OMS) pour les animaux ou pour l’homme. Cependant, certains
d’entre eux paraissent strictement spécifiques de leur hôte comme par exemple Salmonella
Typhi chez l’homme ou S. Abortusovis chez les ovins. D’autres sérovars, comme S. Dublin
37
chez les bovins ou S. arizonae chez les ovins, semblent bien adaptés à l’espèce hôte, mais se
révèlent opportunistes pour d’autres espèces animales (69).
Les infections salmonelliques représentent un remarquable modèle d’entéroinvasion. Ainsi, en
pathologie humaine, au cours des entérocolites salmonelliques (non typhoïdiques), les
symptômes diarrhéiques prédominent sur le plan clinique et la translocation bactérienne vers
les nœuds lymphatiques mésentériques reste silencieuse et sans suite. Symétriquement, la
fièvre typhoïde est un modèle de septicémie à point de départ lymphatique (67).
Les facteurs pathogènes impliqués dans l’invasion et la dissémination ont fait l’objet de
développement récents dans le modèle murin. Paradoxalement, les mécanismes d’apparition
des lésions et des symptômes sont encore relativement mal connus.
B. Doses infectantes et susceptibilité de l’hôte
La définition des doses infectantes s’avère difficile et dépend étroitement de facteurs
bactériens et de facteurs liés à l’hôte.
1. Facteurs bactériens
Des inoculums d’une même souche de S. Typhimurium, de 104 à 1011 UFC (Unité
Formant Colonies) administrés per os à des veaux induisent des effets cliniques dont la
gravité et la fréquence sont globalement proportionnelles à la taille de l’inoculum (71).
La dose létale 50 % de S. Typhimurium chez les ovins adultes est selon les expériences de 106
à 1015 UFC par voie orale (4) (85).
Au sein d’un même sérovar, existent des souches à fort pouvoir pathogène (exemple du
lysovar DT 104 pour Typhimurium). Expérimentalement, sur des veaux de 25 jours, les
résultats cliniques et bactériologiques différent selon les souches inoculées de S.
Typhimurium avec la même taille d’inoculum (35). Des différences de pathogénicité existent
donc entre sérovars, en particulier sur le plan qualitatif.
Les infections expérimentales avec S. Abortusovis ont utilisé différentes voies d’inoculation ;
dans de nombreux cas, la maladie n’a pu être reproduite par voie orale. La voie sous-cutanée
semble être plus efficace que la voie intra-gastrique ; l’avortement a lieu environ 20 j. après
(85). Par contre avec S. Montevideo, l’avortement de brebis pleines a pu être reproduit par
voie orale. L’auteur conclut que le syndrome produit par S. Montevideo est semblable à celui
produit par S. Abortusovis (38).
2. Facteurs liés à l’hôte
• Physiologiques
Le jeune âge correspond à une période de plus grande réceptivité des animaux, comme
en témoignent les doses plus faibles permettant d’obtenir l’infection expérimentale (71) et les
38
très grandes fréquences d’excrétion fécale observées au cours des 2ème et 3ème semaines après
l’allotement des veaux. Sur des vaches adultes, l’inoculation intra-ruminale unique de 109
UFC de S. Dublin conduit exceptionnellement à des signes cliniques. Certains paramètres du
milieu ruminal inhibent le développement des salmonelles, en particulier des teneurs élevées
en Acides Gras Volatils (AGV) (69).
Ainsi, une irrégularité des apports alimentaires, le jeûne, pourraient, via une faible production
d’AGV, favoriser la survie des salmonelles dans le rumen.
Dans l’espèce bovine, la période du post partum s’accompagne d’une plus grande fréquence
des cas cliniques et également de l’excrétion fécale (55). L’immunodépression liée à la mise
bas, les changements alimentaires avec les perturbations digestives qui en résultent, sont les
deux explications les plus communément avancées.
• Pathologiques
Les facteurs de stress qui dépriment les défenses naturelles de l’organisme sont
incriminés (47).
L’infestation parasitaire favorise selon certains auteurs l’infection hépatique avec pour
conséquences l’installation d’un état de portage actif prolongé et une expression clinique
aggravée (22).
Tous les facteurs de dysfonctionnement digestif peuvent être incriminés, en particulier les
perturbations de la motricité. Une mention particulière, bien connue dans les espèces aviaires
concerne le rôle protecteur (effet barrière) joué par la microflore intestinale. La microflore
ruminale joue également un rôle important (23).
L’infection virale intercurrente favorise l’expression clinique de la maladie en déprimant par
exemple les défenses immunitaires dans le cas de l’infection par le virus de la maladie des
muqueuses chez les bovins (64).
• Immunologiques
Toutes les causes de déficience de l’immunité humorale et cellulaire entraînent une
plus grande sensibilité à l’infection. Soulignons ici la période particulièrement difficile pour le
veau qui se situe entre la fin de la période d’immunité passive d’origine colostrale et la phase
où l’immunité active développée par le veau devient efficace. Cette phase correspond
justement à celle de plus grande sensibilité aux salmonelloses (47).
Ainsi tous ces facteurs, diversement associés, permettraient d’expliquer l’incohérence entre
les fortes doses nécessaires pour reproduire l’infection et les faibles doses qui sont
probablement à l’origine des cas spontanés.
39
C. Etapes de l’infection
1. Les portes d’entrée
La voie orale est la porte d’entrée la plus classiquement décrite, en cohérence avec une
contamination à partir d’aliments infectés ou par léchage d’un environnement souillé.
Une contamination par voie respiratoire est possible dans les conditions naturelles ou
expérimentales après exposition à des aérosols ou à des poussières infectées (80). MEEHAN
(1994) réussit à inoculer des agneaux par voie nasale avec une culture de Salmonella arizonae
(3). Les résultats de l’expérience ont montré que S. arizonae peut infecter et coloniser le
tractus respiratoire supérieur des agneaux et induire une légère réponse proliférative de la
muqueuse nasale.
Outre les formes pulmonaires de salmonellose, la porte d’entrée respiratoire peut conduire à
une atteinte digestive secondaire après bactériémie.
D’autres voies de contamination, comme la voie conjonctivale, diathélique ou génitale sont
probablement mineures en terme de fréquence.
2. Franchissement de la barrière épithéliale
Lors de contamination par voie orale, l’entrée des salmonelles semble s’effectuer, pour
l’essentiel, au travers de la muqueuse de l’iléon, riche en plaques de Peyer. Les salmonelles
envahissent divers types cellulaires, les entérocytes et en particulier les cellules M,
spécialisées dans la capture des particules intraluminales en rapport avec des macrophages et
des lymphocytes sous-jacents (7).
Pour les entérocytes, l’invasion cellulaire débute par un effacement des microvillosités, la
formation d’une collerette qui englobe la bactérie et un réarrangement du cytosquelette. Après
endocytose, la bactérie migre au sein d’une vacuole phagocytaire au travers de la cellule et
réapparaît sur la face basolatérale. Les mécanismes d’invasion épithéliale sont complexes et
résultent d’un « dialogue » biochimique entre la bactérie et la cellule.
3. Dissémination systémique
Après avoir franchi la barrière épithéliale, les salmonelles sont phagocytées par les
macrophages de la lamina propria ou de la sous-muqueuse. Les bactéries sont ainsi
transportées jusqu’aux nœuds lymphatiques loco-régionaux. Leur dissémination peut s’arrêter
là avec destruction de la bactérie. Inversement, les salmonelles peuvent gagner le foie et la
rate où elles se multiplient. Elles peuvent alors envahir l’ensemble des organes après une
phase bactériémique.
La survie intracellulaire, en particulier dans les phagocytes professionnels, et divers attributs
de virulence expliquent le caractère généralisé de l’infection. La survie et la croissance
possibles des salmonelles dans les cellules épithéliales et macrophagiques sont un des facteurs
40
majeurs de leur pathogénicité. Elles peuvent également se multiplier en position
extracellulaire.
En conclusion, la figure 2 résume comment les salmonelles se disséminent dans
l’organisme chez les ruminants et ensuite contaminent l’espèce humaine.
Figure 2. Schéma de dissémination des salmonelles chez les bovins et contamination
humaine (11).
V. Etude clinique des infections salmonelliques chez les bovins et les ovins
A. Evolution de la clinique des salmonelloses bovines
1. Avant les années 1970
Les salmonelloses étaient apparemment peu fréquentes. Elles se manifestaient
essentiellement par des avortements en fin de gestation, accompagnés ou non d’entérite avec
un très faible taux de mortalité.
La pathologie bovine était dominée par un sérovar spécialisé, S. Dublin. Le caractère
saisonnier (expression clinique à la fin de l’automne et début de l’hiver) et régional (zones
humides) était assez marqué (49).
2. Au cours des années 1970
La multiplication des cas de salmonelloses septicémiques chez le veau jusqu’à l’âge de
deux mois a accompagné le développement de l’élevage intensif du veau de boucherie. Un
41
confinement excessif des veaux favorise la contamination de l’air et donc des animaux qui
vont développer des formes pulmonaires très contagieuses.
Dans ces conditions, les salmonelles simulent les broncho-pneumonies enzootiques d’origine
virale d’autant plus que les souches isolées se révèlent souvent multirésistantes aux
antibiotiques (48).
Au cours de cette période, le sérovar ubiquiste S. Typhimurium a pris progressivement de
l’importance et il occupe une place très largement majoritaire dans les bilans actuels.
3. A la fin des années 1980 (46)
Une nouvelle évolution s’est amorcée avec une recrudescence, chez les bovins adultes,
d’entérites évoluant rapidement vers des formes septicémiques mortelles en l’absence de
traitement anti-infectieux rationnel. Cette évolution ressort très nettement de la comparaison
des bilans du CNEVA Paris.
Le sérovar Dublin, spécifique des bovins, qui arrive en tête des bilans jusqu’en 1987, a été
dépassé depuis par le sérovar ubiquiste Typhimurium qui poursuit sa progression.
B. Caractères cliniques des infections salmonelliques bovines
L’étude physiopathologique nous a montré que, suite à une contamination orale,
plusieurs évolutions sont possibles :
- passage des salmonelles dans le milieu intracellulaire des macrophages avec
soit inactivation totale des bactéries, soit portage latent ;
- multiplication locale dans le tube digestif responsable d’une gastro-entérite ;
- libération d’endotoxines responsables du choc endotoxinique ;
- dissémination dans l’organisme précédant une septicémie ou la localisation
dans différents organes : utérus, mamelle, poumons, articulations,…
1. Infection inapparente (47)
On distingue différents types de portage de Salmonella :
- le portage actif concerne les malades apparents, qui excrètent des salmonelles
de façon massive ;
- le portage passif ne dure que quelques jours et correspond à un simple transit
des salmonelles dans le tube digestif, sans implantation réelle. Pendant cette
période, on peut retrouver le germe dans les excréments, mais l’animal n’est
pas réellement infecté et après un délai maximal de 2 semaines, les salmonelles
ont toutes été éliminées.
- les porteurs latents sont asymptomatiques et n’excrètent pas de salmonelles.
Les bactéries sont en position intracellulaire, en général dans les ganglions
42
mésentériques. Les coprocultures sont négatives, sauf lorsque l’excrétion est
provoquée par un stress. Certains porteurs latents deviennent porteurs actifs, au
même titre que les malades et les convalescents qui excrètent les salmonelles
de façon continue ou intermittente.
Les infectés inapparents, en particulier les porteurs latents, sont difficiles à repérer même par
coproculture. Ils constituent un réservoir de salmonelles potentiellement pathogènes pour
leurs congénères et pour l’homme. Ce portage inapparent sera développé en détail dans les
prochains chapitres.
2. Forme génitale
Elle se traduit chez les bovins par des avortements sporadiques en fin de gestation,
généralement en automne. Ils peuvent être le seul révélateur d’une infection latente du
troupeau.
Lors d’une infection à Salmonella Dublin, l’avortement est le signe majeur (51).
Par contre, l’avortement en cas d’infection par S. Typhimurium ou les autres sérotypes est un
signe moins fréquent, mais pas impossible.
L’avortement salmonellique est précédé de diarrhée dans 10 % des cas ou de fièvre dans
également 10 % des cas (49). La mortalité des mères est pratiquement nulle.
L’avortement survient entre le 6ème et le 8ème mois de gestation, la moitié des cas pendant le
7ème mois. Ni l’âge de la mère, ni la race ne semblent prédisposer l’animal à ce type
d’avortement. La rétention placentaire est rapportée dans 70 % des cas mais il n’y a pas
d’augmentation de l’infertilité ni de l’anœstrus.
Le placenta est massivement contaminé, de l’ordre de 109 à 1010 germes par gramme (47),
alors que l’excrétion fécale reste plus faible (103 à 104 ) (49). Par contre, tous les fœtus ne sont
pas infectés et l’infection transplacentaire systémique n’est pas prouvée (47).
Comme nous l’avons précédemment dit, la forme génitale de salmonellose bovine est en
diminution du fait de la réduction apparente des infections à Salmonella Dublin. Il est
toutefois important de suspecter une salmonellose en cas d’avortement parce que ceux-ci
peuvent être le seul signe d’une infection du troupeau. Par ailleurs, le placenta et les
sécrétions génitales étant fortement contaminantes, il faut isoler la vache qui a avorté.
3. Hyperthermie
L’hyperthermie est le symptôme le plus fréquemment observé lors d’épisode clinique.
Plus de la moitié des vaches dans les troupeaux infectés ont de la fièvre (42). Cette
hyperthermie est importante, de 40 à 42 °C. Elle s’accompagne du syndrome fébrile : tuphos,
anorexie, tarissement de la sécrétion lactée de l’animal atteint et chute de la production de
troupeau.
43
Le syndrome fébrile peut être le seul signe de l’infection salmonellique ou alors précéder de
24 à 48 heures l’apparition des signes digestifs chez les adultes ou les veaux.
4. Forme digestive
Toute entérite chez un bovin, quel que soit son âge, peut être une forme clinique
d’infection salmonellique. Tous les sérovars de salmonelles peuvent théoriquement être
responsables d’une gastro-entérite.
• Chez le veau (42)
La forme néonatale se déclare sur des animaux âgés de 1 à 2 jours, surtout sur les races
allaitantes. Le veau présente un syndrome fébrile accompagné d’une diarrhée hémorragique.
L’évolution se fait soit vers la mort, soit vers des rémissions précédant des rechutes mortelles
suite à une bactériémie, accompagnée d’arthrite ou de pneumonie.
La forme aiguë est typique et fréquente. Elle touche surtout les veaux allotés en élevage
industriel, âgés de 10 à 20 jours. Les symptômes généraux de tuphos et d’hyperthermie (40 à
41 °C) précèdent de 24 heures l’apparition d’une diarrhée nauséabonde, glaireuse, muqueuse,
généralement hémorragique. Parfois, la fibrine peut former un moule interne de la muqueuse
et, plus rarement, des débris de la muqueuse intestinale sont excrétés. Il faut souligner la
grande contagiosité de cette forme de salmonellose. Le veau présente des coliques et des
épreintes. Le choc endotoxinique, les coliques et la déshydratation consécutive à la diarrhée
tuent 90 % des veaux en 1 à 7 jours.
La forme subaiguë à chronique touche les veaux d’un mois, un peu plus résistants. Les
symptômes ne sont pas caractéristiques : l’animal est maigre, prostré, avec une diarrhée
mastic jaunâtre. Le veau souffre souvent de complications articulaires. L’évolution est
également mortelle.
• Chez l’adulte
La forme classique associe une atteinte de l’état général (tuphos, diminution de la
production lactée, inrumination, hyperthermie) à des symptômes digestifs. La vache présente
une diarrhée nauséabonde, hémorragique, des coliques et du ténesme (42).
Elle s’observe surtout chez les vaches laitières hautes productrices, peu après le vêlage. Le
taux de morbidité peut atteindre 25 % des adultes et la mortalité est élevée en l’absence de
traitement (51). En cas de sensibilité extrême de l’animal, quel que soit son âge ou selon le
sérovar responsable de l’infection, en particulier Salmonella Typhimurium, l’animal peut
développer une septicémie avant de présenter des signes d’entérite.
44
5. Septicémie
Elle se développe habituellement chez les veaux jusqu’à 2 mois, dans les élevages
industriels, conséquence du stress de l’allotement et de la sélection des souches de
salmonelles par l’antibiosupplémentation.
La septicémie se rencontre moins fréquemment chez des adultes sauf si leur système
immunitaire est affaibli : animaux âgés ou ayant subi une chirurgie. La salmonellose peut être
une complication grave d’une césarienne ou d’une laparotomie.
La mort peut être brutale, sans prodrome, ou être précédée de signes généraux graves ou
d’entérite.
Lors de phases systémiques, les germes peuvent être disséminés par voie sanguine vers
différents organes : appareil génital, articulations, poumons, mamelle, système nerveux
central (50).
6. Forme pulmonaire
Elle atteint les veaux de boucherie ou les taurillons à l’engrais dans les élevages
intensifs. Elle est liée à une contamination par voie aérienne ou conjonctivale (47), ou fait
suite à une dissémination par voie sanguine (50).
La clinique ressemble aux signes de bronchopneumonie infectieuse enzootique et associe
symptômes généraux (tuphos) et symptômes locaux : la toux est sèche et quinteuse,
accompagnée de jetage séreux puis muqueux et de conjonctivite (44). Une diarrhée discrète
est notée dans 70 % des cas (42).
7. Autres formes plus rares (42)
Après bactériémie, une forme digestive peut se compliquer par des arthrites et un
pseudo-syndrome de Raynaud, avec nécrose sèche des extrémités : oreilles, queue et
membres.
En cas d’atteinte du système nerveux central, l’animal, surtout le veau, développe une
méningo-encéphalite sans caractère particulier, avec des troubles nerveux en hyper :
convulsions, pousser au mur, mouvements anormaux.
Enfin, des péritonites aiguës avec fièvre, tuphos, déshydratation, coliques, essoufflement, sans
diarrhée, ont été décrites chez le veau.
Pour résumer ce chapitre clinique, le tableau 2 présente des observations cliniques effectuées
dans 25 troupeaux laitiers atteints de salmonellose (Tableau 2).
45
Tableau 2. Observations cliniques dans 25 troupeaux infectés par Salmonella (42).
Manifestations cliniques
Avortements Hyperthermie Diarrhée Autres
symptômes Mortalité
Catégories
d’animaux
Nombre
d'animaux
observés n % n % n % n % n %
Vaches 985 26 2,6 503 51,1 466 47,3 211 21,4 44 4,5
Veaux 365 _ _ _ _ 276 75,6 _ _ 102 27,9
Autres
catégories _ _ _ _ _ 98 _
Troubles
respiratoires
6 élevages
6 _
C. Particularités de la salmonellose ovine par rapport à la salmonellose bovine
L’infection salmonellique chez les ovins se manifeste sous différentes formes
cliniques qui sont comparables à celles de la salmonellose bovine, précédemment citées.
Cependant chez les ovins, avec les sérotypes ubiquistes, l’infection inapparente est la règle, la
maladie est relativement rare.
Un sérovar est spécifique aux ovins : Salmonella Abortusovis. Cette bactérie n’est pas
transmissible à l’homme (47).
Le Tableau 3 présente trois sérovars de salmonelles et leurs symptomatologies. Nous voyons
que les infections dues aux sérotypes pathogènes diffèrent selon leurs hôtes d’élection, les
expressions pathologiques et les modalités de répartition des cas dans une population.
Tableau 3. Infections salmonelliques : trois exemples (63).
S. Typhimurium S. Dublin S. Abortusovis
Hôtes
Homme ++ + _
Bovins +++ +++ _
Petits Ruminants ++ ++ +++
Autres ++ + _
Clinique
Adultes Entérites
Avortements
Avortements
Entérite Avortements
46
Jeunes
Entérites
Pneumonies
Septicémies
Entérites
Pneumonies
Septicémies
Pneumonies
Septicémies
Evolution Sporadique Tendance enzootique Enzootique
Si l’on regarde le Tableau 4, malgré les biais potentiels liés au recrutement des souches par
un laboratoire de référence, on constate que globalement les petits ruminants sont moins
fréquemment touchés par les sérovars provoquant des entérites (51). Lorsque la salmonellose
survient chez la brebis, elle est dominée par les avortements à Salmonella Abortusovis. Le
sérotype ubiquiste S. Typhimurium, responsable d’entérite, arrive loin derrière en deuxième
position : la poussée de ce sérotype chez les bovins concerne donc de façon plus discrète les
petits ruminants.
Tableau 4. Principaux sérotypes de Salmonella isolés chez les petits ruminants en France
(d’après le bilan 1988-1989 de l’AFSSA Paris) (51).
Sérotype isolé Nombre de sérotypes isolés
S. Abortusovis 56
S. Typhimurium 19
S. Enteritidis 10
S. Indiana 9
S. Dublin 8
S. Anatum 6
S. Montevideo 4
S. Bredeney 2
S. Virchow 2
S. Newport 1
S. Infantis 1
L’avortement est le principal symptôme de l’infection à S. Abortusovis. La contamination se
fait par la voie digestive essentiellement. La bactériémie qui peut faire suite permet une
colonisation du foie, de la rate, des poumons, mais surtout du placenta avec un passage
transplacentaire vers le fœtus. On parle de cycle fœtal-oral.
Par contre la voie génitale serait exclue car il n’y aurait qu’un portage temporaire local
inférieur à un mois.
47
La contamination du milieu extérieur est réalisée par les avortons et le contenu de l’utérus
d’une femelle ayant avorté. Suite à la contamination digestive, deux cas se présentent : la
femelle gravide est dans un milieu propice à une gestation correcte et ne devient qu’une
simple porteuse avec comme matière virulente les fèces, ou elle est soumise à un stress
quelconque et avorte (changement trop important de température, mauvaise alimentation,
densité élevée…) (62).
L’avortement survient en général dans la deuxième moitié de la gestation ; des avortements
plus précoces, difficilement observables, ne sont pas rares cependant.
Des avortements successifs sur la même brebis sont rares mais possibles avec reprise de
l’excrétion bactérienne. Dans les troupeaux déjà infectés, les avortements concernent surtout
les agnelles et les brebis saines nouvellement introduites.
Les rétentions placentaires avec métrites sont rares mais peuvent être suivies de septicémie
avec excrétion fécale (62).
Les agneaux nés faibles peuvent mourir dans les heures qui suivent la mise bas. Certains
agneaux nés vigoureux meurent dans les trois semaines de septicémie. Des formes
pulmonaires sont parfois observées chez des agneaux de un à trois mois (85).
D. Salmonella arizonae : une sous-espèce (pseudo-)émergente et adaptée aux ovins ?
Comme nous l’avons précédemment vu, les salmonelles des sous-espèces autres que I
sont surtout isolées d’animaux à sang froid (les reptiles) et de l’environnement et ne sont
qu’exceptionnellement la cause de troubles pathologiques chez l’homme et les ruminants. Les
infections chez les animaux à sang chaud par le sous-type III (habituellement rattaché au
groupe S. arizonae) ne sont pas communes (24). Cependant, de 1991 à 1997, au Royaume-
Uni, le groupe arizonae arrive en deuxième position (derrière Typhimurium) des sérovars les
plus isolés sur le mouton (85).
Salmonella arizonae fut pour la première fois identifiée et sérotypée sur la carcasse
d’un agneau mort-né en 1952 aux Etats Unis (66).
EDWARDS, en 1959, observe que S. arizonae anciennement 26:29:30 (ou O61 : K :
1,5,7 (2,3)) est souvent associée au mouton et que ce sérotype a été isolé aux Etats Unis, en
France et en Allemagne (12).
Le première isolement de S. arizonae en Angleterre sur des fèces de brebis fut en
février 1976 dans une ferme de l’Essex (24). Des avortements étaient apparus auparavant dans
le troupeau. Ces souches fermentaient tardivement le lactose, c’est pour cela qu’elles avaient
sur les boîtes de Pétri l’apparence de souches ne fermentant pas le lactose.
48
En 1977 au Canada, Salmonella arizonae fut isolé de 10 avortons de brebis provenant
de 4 fermes différentes de Nouvelle-Ecosse. Les lésions histologiques se caractérisaient par
une placentite et une broncho-pneumonie sur le fœtus. Les mères ayant avorté étaient
porteuses de S. arizonae au niveau génital pendant au maximum 90 jours. De nombreuses
mères étaient porteuses chroniques au niveau intestinal, mais sans entraîner de symptômes ni
de lésions. Les auteurs en ont conclu que Salmonella arizonae est adaptée à la brebis-hôte et
réside fréquemment dans le tractus intestinal de brebis normales. Les auteurs pensent que ce
germe n’est pas un agent significatif de maladies diarrhéiques, mais peut devenir invasif et
pathogène quand l’animal est stressé ou immunodéprimé (39).
Tableau 5. Circonstances d’isolement sur des brebis de S. arizonae 61:k:1,5,7 au
Royaume Uni de 1975 à 1981 (74).
Syndrome clinique Nombre d’incidents Autres agents ou autres
maladies (incidence)
Avortement 9 Avortement enzootique (5)
Campylobacteriose (1)
Toxoplasmose (1)
Pasteurellose (1)
Métrite 1 Infection à Clostridies (1)
Entérite 7 Parasitisme (2)
Coccidiose (1)
Mauvais état général 1 Mauvaise nutrition (1)
Trouvé mort 5 Occlusion intestinale (1)
Infestation par les asticots (1)
Isolement de S. arizonae
considérée comme
accidentelle (3)
Isolement sur des animaux en
apparente bonne santé
7
Total 30
Au Royaume Uni, de 1975 à 1981, sur 353 infections salmonelliques ovines, 30
étaient dus à Salmonella arizonae 61:k:1,5,7 (74). Sur les 30 cas, 9 étaient des avortements ;
cependant dans 8 de ces avortements, d’autres agents abortifs connus furent isolés (cf.
Tableau 5). Salmonella arizonae semble fortement impliquée dans 4 cas d’entérites.
49
Les autres isolements sont des découvertes sur des animaux en bonne santé ou dans des cas où
ce germe est considéré comme secondaire par rapport aux autres agents de maladies isolés.
Salmonella arizonae a été isolée sur des brebis de tous les âges.
En 1980, HARP analyse 545 échantillons de fèces d’agneaux diarrhéiques provenant
de 12 fermes différentes des Etats Unis (27). Salmonella arizonae sérotype 26:30 est isolé
dans 6 fermes sur 12. Des études sur la bactérie montrent qu’elle élabore une entérotoxine ;
l’activité de cette dernière est plus faible pour des isolats réalisés sur des agneaux provenant
de brebis vaccinées contre ce sérotype. Les auteurs n’arrivent pas à reproduire de symptômes
diarrhéiques sur des agneaux inoculés oralement avec des cultures à 1010 UFC de S. arizonae,
à la différence de l’inoculation avec Salmonella Oranienburg. Ils concluent donc que la sous-
espèce arizonae est bien adaptée à l’hôte ovin et n’est pas un agent significatif de maladies
diarrhéiques dans les fermes où elle existe à l’état enzootique.
HANNAM (1986) effectue plusieurs infections expérimentales avec Salmonella
arizonae sur des brebis, compte tenu de la prévalence en augmentation de ce groupe de
salmonelles (25). A 12 semaines de gestation, 8 brebis sont inoculées oralement avec 3,9x109
UFC de ces bactéries. Aucun signe clinique n’est observé et la salmonelle est retrouvée dans
les fèces de toutes les brebis pendant deux semaines. S. arizonae n’est pas isolée sur les
agneaux des brebis inoculées, à la naissance. Durant les deux mois d’allaitement, elle est
isolée sur un seul agneau. Dans une seconde expérience, 10 agneaux sont inoculés avec S.
arizonae avec des doses allant de 2,5x104 à 4,3x108 bactéries. Un agneau qui avait des taux
bas en immunoglobulines est mort après l’inoculation de 106 bactéries. Les autres agneaux ont
excrété dans les fèces le germe pendant au maximum 6 jours. Un agneau à l’autopsie avait
encore des salmonelles dans le gros intestin.
Cette étude montre que S. arizonae ne semble pas être virulent pour les agneaux ou les brebis
pleines, mais les auteurs pensent qu’il est possible que dans des systèmes d’élevage intensif,
cet organisme puisse jouer un rôle dans la pathogénie de maladies.
Au printemps 1989, un avortement ovin de triplets est analysé dans le laboratoire
vétérinaire régional d’Alberta (Canada). Bien que l’avortement semble dû à une toxémie de
gestation, une culture pure de Salmonella arizonae est isolée des tissus fœtaux (65). Aucune
lésion macroscopique ou histologique n’est trouvée sur les avortons. Des analyses sur le
troupeau montrent que 11 brebis sur 40 du lot et 1 bélier sont porteurs chroniques fécal de S.
arizonae. Ces animaux sont tous en bonne santé.
En 1992, MEEHAN isole Salmonella arizonae sur deux brebis atteintes de rhinite
proliférative chronique (52).
50
La première brebis était expérimentalement infectée par le Virus Respiratoire Syncitial Bovin.
Quatre jours après l’inoculation, elle est euthanasiée et la cavité nasale analysée
histologiquement et bactériologiquement. Salmonella arizonae et Mycoplasma spp. sont
isolées des tissus affectés.
La deuxième brebis présentait une dyspnée inspiratoire depuis 6 mois et une rhinite bilatérale
muco-purulente et obstructive. S. arizonae est isolée en culture pure de la cavité nasale. A
l’histologie, des bactéries gram négatifs (non identifiables) sont en position intracellulaire.
Cette étude montre que S. arizonae est un germe pouvant envahir le tractus respiratoire
supérieur des brebis et que la cavité nasale peut être le site d’une colonisation persistante des
brebis porteuses.
En 1994, MEEHAN utilise une culture de Salmonella arizonae isolée précédemment
afin d’inoculer des agneaux par voie nasale (3). La bactérie est isolée de la cavité nasale
pendant toute la période d’étude (6 mois), mais elle n’est jamais trouvée dans les fèces des
agneaux. Les résultats de l’expérience ont montré que S. arizonae peut infecter et coloniser le
tractus respiratoire supérieur des agneaux et induire une légère réponse proliférative de la
muqueuse nasale. Cette bactérie peut donc être un pathogène respiratoire. Les auteurs
découvrent que Salmonella arizonae peut également être isolée du tractus respiratoire
d’animaux sains, ne présentant pas de lésions.
Pour résumer, nous voyons que Salmonella arizonae semble être plus isolée
qu’auparavant dans le placenta et les tissus fœtaux, dans les fèces, dans le tractus respiratoire
supérieur des brebis et des agneaux. Cette augmentation du nombre d’isolement est sans doute
due à l’emploi de milieux partiellement sélectifs et au nombre plus important de tentatives
d’isolement depuis que les descriptions princeps ont été apportées et non à une émergence de
cette sous-espèce. Cette bactérie semble peu pathogène pour l’homme et les animaux. Imputer
à Salmonella arizonae des processus morbides est toujours difficile à démontrer, surtout
lorsque plusieurs sortes de germes sont isolées. Cependant, cette bactérie semble être un agent
causal d’avortement, de gastro-entérite et de rhinite lorsque l’animal est immunodéprimé ou
stressé.
Aucune publication à ce jour ne fait état de portage mammaire ou d’infection mammaire à
Salmonella arizonae chez les ovins.
51
VI. Suspicion clinique et lésionnelle, diagnostic bactériologique de salmonellose
Le diagnostic clinique de salmonellose bovine ou ovine est difficile à réaliser. Il s’agit le
plus souvent d’une suspicion clinique ou nécropsique. Cette suspicion devra être confirmée
par le laboratoire. Quelques éléments épidémiologiques peuvent parfois être d’une grande
aide pour le diagnostic clinique. Nous prendrons l’exemple de la salmonellose bovine.
A. Suspicion clinique et diagnostic différentiel (33)
1. La forme entéritique
Dans les élevages intensifs de veaux, va se développer progressivement l’éventail
symptomatique de la maladie. Elle commence par la mort brutale de veaux, puis dans les
heures suivantes apparaissent des pneumopathies et des entérites. La présence de sang dans
les matières fécales peut évoquer la salmonellose. Le diagnostic différentiel de la forme
entéritique doit être fait avec différentes infections :
- virales : rotavirus et coronavirus, maladie des muqueuses
- bactériennes : colibacilloses, entérotoxémies
- parasitaires : coccidioses, cryptosporidioses.
Chez l’adulte, le diagnostic différentiel doit être effectué avec les affections suivantes :
infestations vermineuses, coccidiose, paratuberculose, babésioses, maladie des muqueuses,
grippes intestinales, déplacement de caillette, acidose, alcalose, intoxication végétale.
La suspicion de salmonellose serait plus facile à faire chez l’adulte que chez le veau.
2. La forme abortive
L’avortement se produit dans plus de 90 % des cas à partir du 5ème mois de gestation
(9). Il est parfois précédé d’une forme entéritique quelques jours auparavant. L’examen
clinique peut dans de rares cas permettre d’identifier d’autres causes d’avortements. Seul le
laboratoire pourra confirmer un avortement dû à Salmonella.
3. La forme respiratoire
Le peu de variété d’expression clinique des pneumopathies rend le diagnostic clinique
et différentiel quasi-impossible.
B. Suspicion nécropsique (6)
Le diagnostic nécropsique n’est pas univoque, mais il constitue une forte orientation
qui sera confirmée par la suite par l’examen bactériologique des prélèvements réalisés. Les
formes cliniques rencontrées conduisent à différents tableaux lésionnels, mais il est possible
52
de rencontrer des situations intermédiaires et la séparation des tableaux n’a qu’un intérêt
didactique.
1. Forme septicémique
Pouvant présenter une évolution suraiguë ou aiguë, elle se traduit par un tableau
classique de septicémie fréquent chez le veau, moins chez les bovins adultes.
On observe une carcasse congestionnée, avec de multiples lésions hémorragiques de
nombreux organes, pétéchies sous-muqueuses et sous-séreuses, ecchymoses sur la plèvre,
l’endocarde, les reins, les méninges, des épanchements dans les grandes cavités, une rate
congestionnée et pulpeuse. Les hémorragies pleurales sont plus fréquentes chez les bovins
adultes. Ces lésions correspondent à un phénomène de Coagulation Intra-Vasculaire
Disséminée (CIVD) provoqué par les toxines salmonelliques, mais elles peuvent être
observées dans la plupart des syndromes toxi-infectieux suraigus et ne sont donc pas
caractéristiques. Le recours à l’examen bactériologique sera indispensable pour en confirmer
l’origine.
2. Forme digestive
Elle évolue de façon aiguë à chronique, ce qui se traduira également par une évolution
des lésions.
• Forme aiguë
Chez le veau comme chez l’adulte où elle est la plus fréquente, on observe une entérite
catarrhale à hémorragique avec hypertrophie et hémorragie des ganglions mésentériques, et
hémorragie des séreuses. L’estomac et l’intestin grêle proximal sont souvent épargnés,
l’inflammation commençant au niveau de l’iléon et du côlon. Le contenu intestinal, fluide et
malodorant, est mélangé à du sang. La muqueuse est épaissie, hémorragique, souvent
couverte par un exsudat rouge, jaune ou gris ; elle présente fréquemment des ulcères et on
note une hypertrophie des plaques de Peyer, également ulcérées.
Le foie, la rate et les reins peuvent présenter des foyers nécrotiques plus caractéristiques,
submiliaires, parfois en profondeur, mais difficile à observer. La vésicule biliaire est
distendue, épaissie, et présente des pétéchies.
• Forme chronique
Elle correspond à l’évolution de la précédente avec une organisation des lésions et une
formation de fibrine à partir des exsudats. On retrouve cette fibrine dans le contenu intestinal
et on peut parfois observer la présence de moules fibrineux intestinaux rejetés par les
animaux. On note la présence de plages nécrotiques sur l’intestin grêle et sur le côlon. On
pourra retrouver également des phénomènes fibrineux localisés sur les séreuses.
53
3. Autres formes des salmonelloses
On observe des formes pulmonaires avec broncho-pneumonie ou pneumonie des lobes
apicaux, cardiaques ou diaphragmatiques, plus ou moins associée à une pleurésie et à de
l’emphysème.
La forme génitale, associée en général à Salmonella Dublin chez les bovins et à Salmonella
Abortusovis chez les ovins, se traduit par des inflammations peu spécifiques du placenta, avec
parfois une nécrose ou des hémorragies des cotylédons et du fœtus (œdème sous-cutané,
congestion, nécrose du foie et des poumons).
Enfin, on relate l’existence d’arthrites avec un liquide synovial jaune foncé et floconneux.
C. Les prélèvements pour le laboratoire
Trois éléments concernant les salmonelloses bovines et ovines rendent le recours au
laboratoire incontournable :
- d’une part, les conséquences économiques de l’infection par la forte morbidité
et la mortalité conduisent le praticien à devoir établir un diagnostic de certitude
le plus rapidement possible ;
- d’autre part la résistance fréquente des salmonelles aux antibiotiques et la
nécessité de prendre des mesures de traitement et de métaphylaxie efficaces au
moindre coût obligent à l’isolement des souches dans des délais relativement
courts et à la réalisation d’un antibiogramme ;
- enfin, les problèmes de santé publique font partie des préoccupations
habituelles des praticiens compte tenu de la possibilité majeure de transmission
des salmonelles par la consommation de lait, de viande, ou par contact direct
avec des matières contaminées.
1. Nature des prélèvements
Ils sont résumés dans le tableau 6.
Tableau 6. Prélèvements pour diagnostic de salmonellose (78).
(Les prélèvements de choix sont indiqués en caractère gras)
Symptômes Sur animal vivant Sur cadavre
Septicémie Sang, urine, fèces, lait Sang, rate, foie,
poumons, os long
Pneumonie Sang, écouvillon nasal Sang, rate,
lésions pulmonaires
54
Entérite Sang, fèces, lait Contenu intestinal du grêle,
ganglions mésentériques et
hépatiques, intestin, foie
Avortement Sang, écouvillon vaginal Idem entérite, utérus,
ganglions rétromammaires,
fœtus et enveloppes
2. Précautions de réalisation et d’acheminement (6)
En cas d’autopsie, le prélèvement réalisé doit être aseptique, avant toute ouverture du
tube digestif, de façon à ne pas souiller celui-ci par la flore intestinale, et rapidement après la
mort pour les mêmes raisons. Les prélèvements seront conditionnés séparément.
L’acheminement au laboratoire sera réalisé dans des flacons stériles à bouchon à vis, jamais
dans un flacon à bouchon à pression, encore moins dans un gant de fouille, car ces deux
conditions sont à l’origine de projections lors de leur ouverture au laboratoire, suite aux
fermentations qui peuvent apparaître.
Les organes sont acheminés sous couvert du froid à 4 °C dans un emballage isotherme. La
congélation diminue la sensibilité de la méthode bactériologique par stress des bactéries qui
perdent la capacité à se remultiplier directement sur les milieux d’isolement, ce qui peut
nécessiter des étapes complémentaires de revivification.
3. Valeur diagnostique des différents prélèvements
Un traitement antibiotique préalable rend le diagnostic bactériologique inefficace dans
la plupart des cas.
Il est nécessaire de garder en mémoire que la mise en évidence de la présence des salmonelles
doit être associée à l’allure clinique de l’affection sur l’animal et sur le troupeau. Il est en effet
possible de mettre en évidence des salmonelles sur des animaux porteurs chroniques.
D. Diagnostic de laboratoire (6)
Le diagnostic de salmonellose peut être direct (bactériologie) utilisant des méthodes
traditionnelles ou rapides, ou bien indirect.
1. Isolement bactériologique (direct)
• Historique
Dans les années 60, les milieux d’isolement proposés pour la recherche de Salmonella
étaient peu ou pas sélectifs. L’ensemble des entérobactéries s’y développaient et souvent les
souches de Proteus envahissaient les milieux. Les géloses lactosées de Drigalski, géloses
lactosées au pourpre de bromocrésol et géloses à l’éosine et au bleu de méthylène étaient
55
couramment utilisées en laboratoire. La gélose Salmonella-Shigella (S.S.) contenant des sels
biliaires était la seule gélose plus sélective permettant l’isolement des Salmonella, mais elle
n’était pas utilisée couramment.
Le seul milieu d’enrichissement des souches de Salmonella proposé était le Müller Kaufman
utilisé pour les examens de coprocultures et les hémocultures.
A partir des années 1980, différents milieux d’enrichissement et d’isolement ont été mis sur le
marché. Plus performants, ils ont facilité les isolements de souches de Salmonella en santé
animale et en hygiène alimentaire (les géloses S. S. et Hektoen, Müller Kaufman et sélénite).
En santé animale, la gélose S. S. était couramment utilisée ainsi que les bouillons
d’enrichissement tétrathionate et sélénite (surtout performant pour les recherches en
pathologie bovine). Dès 1985, la performance reconnue du bouillon Rappaport a permis à
certains laboratoires de l’utiliser en parallèle avec le bouillon sélénite.
Dans les années 90, un nombre important de milieux d’isolement et des bouillons
d’enrichissement ont été proposés. Actuellement, le choix des milieux sélectifs repose sur
l’expérience de l’utilisateur.
Nous allons prendre ici l’exemple des méthodes utilisées au RESSAB (Réseau d’Epidémio-
Surveillance des Salmonelloses Bovines) pour le diagnostic bactériologique de salmonellose.
• Techniques d’isolement des salmonelles dans le cadre du RESSAB
La standardisation de la méthode microbiologique, laissant cependant une certaine
souplesse dans le choix de milieux performants utilisés, permet l’exploitation des résultats
provenant de différents laboratoires d’analyses.
La méthode retenue prévoit un isolement sélectif direct permettant d’évaluer le niveau
d’infection, associé à un enrichissement sélectif très utile dans les cas de prélèvements
présentant une flore normale résidente (matières fécales) ou susceptible d’être fortement
contaminés.
- Milieux d’isolement
Actuellement, une trentaine de milieux gélosés d’isolement sont proposés sur le marché et une
dizaine seulement permettent une culture différentielle de Salmonella. Ces milieux empêchent
l’envahissement de la surface gélosée par des Proteus, limitent le développement de la plupart
des bactéries autres que les Salmonella (63).
Pour le diagnostic bactériologique de salmonellose en santé animale et plus précisément dans
le cadre du RESSAB, les 4 géloses d’isolement sont présentées avec leurs caractéristiques
dans le tableau 7.
56
Tableau 7. Les milieux sélectifs proposés dans le cadre du RESSAB (1997) (6).
Milieux
d’isolement
sélectif
solide
Principe du milieu Utilisation
Aspect des
colonies de
Salmonella
Remarque
Milieu
Salmonella
-Shigella
(S.S.)
- Formation d’acide à partir du lactose
avec révélation du pH acide par virage
du rouge neutre colorant en rouge les
colonies fermentant le lactose.
- La production d’hydrogène sulfuré à
partir de thiosulfate de sodium qui, en
présence de citrate ferrique, produit un
précipité noir.
37 °C de
18 à 24
heures
Colonies beiges à
centre noir pour
les souches H2S +
Certaines colonies de
Proteus et de
Citrobacter ont un
aspect macroscopique
identique.
Milieu de
Rambach
- Formation d’acide à partir du
propylène glycol pour la plupart des
Salmonella
- Révélation de la présence d’une β-
galactosidase par un indicateur coloré
pour les Proteus et les membres de la
famille des Enterobacteriaceae autres
que les Salmonella (couleur incolore,
bleue à violette)
37 °C de
18 à 24
heures
Colonies rouge
fuchsia (certaines
souches de
Salmonella
peuvent apparaître
incolores)
Certaines souches de
Citrobacter freundii
ont des colonies de
couleur fuchsia.
Milieu
SM ID
- Formation d’acide à partir du
glucuronate de sodium pour les
Salmonella.
- Révélation de la présence d’une β-
galactosidase par un indicateur coloré
pour les membres de la famille des
Enterobacteriaceae qui possèdent cette
enzyme.
37 °C de
18 à 24
heures
Colonies roses
(certaines colonies
peuvent apparaître
incolores, bleu
violacé)
Certaines souches
d’E. coli β
galactosidase – du
genre Morganella ou
Shigella peuvent être
de couleur rose.
Milieu
XLT4
- Formation d’acide lors de l’utilisation
des sucres contenus dans le milieu.
- Décarboxylation de la lysine en
cadavérine.
- Production d’hydrogène sulfuré à
partir de thiosulfate de sodium en
présence de citrate ferrique
ammoniacal.
37 °C de
18 à 24
heures
Colonies jaunes
rosées à rouges
avec un centre
noir (sans centre
noir pour les
Salmonella H2S -)
Milieu très sélectif
vis-à-vis des souches
de Salmonella
Certaines souches de
Citrobacter peuvent
avoir le même aspect.
57
- Milieux d’enrichissement sélectifs liquides ou semi-solides
Dix bouillons sont actuellement répertoriés comme milieu d’enrichissement des souches de
Salmonella. Leur composition en antiseptiques sélectifs permet la culture des Salmonella tout
en limitant celle des autres bactéries (63). Dans le cadre du RESSAB, 4 milieux liquides et
semi-solides sont retenus, le choix est laissé aux utilisateurs (cf. Tableau 8.).
Tableau 8. Les milieux d’enrichissement proposés dans le cadre du RESSAB (1997) (6).
Milieux
d’isolement
sélectifs solides
Principe du milieu Utilisation Remarques
Bouillon au
Tétrathionate
Multiplication des Salmonella favorisée.
Nombreux coliformes inhibés.
GRAM positifs inhibés.
Aucune inhibition des Klebsiella, Proteus,
Pseudomonas, E. coli lactose négatif.
37 °C pendant 24 à
48 heures. Une T°C
d’incubation de 43°C
peut être intéressante
dans le cas de
produits très
contaminés
Bouillon au
Sélénite
Le sélénium semble réagir avec les
groupements soufrés de certains composés
cellulaires.
Les Proteus et Pseudomonas semblent
résister à cet effet.
La croissance des Proteus et d’E. coli n’est
pas retardée indéfiniment sur les milieux au
sélénite.
NB : les composants de ce bouillon étant
nocifs, des précautions doivent être prises
pour sa fabrication.
37 °C pendant 12 à
24 heures
Très bons résultats
obtenus avec les
prélèvements d’origine
bovine.
Bouillon
Rappaport-
Vassiliadis
(Bouillon au vert
malachite et
chlorure de
magnésium)
La multiplication sélective des souches de
Salmonella est basée sur :
- forte pression osmotique
- pH bas
- présence d’inhibiteur : vert malachite
- peu d’apport nutritif.
42 °C pendant 24 à
48 heures
Ce bouillon semble
avoir de meilleurs
résultats en isolement
que le bouillon au
Tétrathionate
Milieu semi-
solide de
Rappaport-
Vassiliadis
Très sélectif grâce au chlore de magnésium
et au vert malachite et par addition de
novobiocine.
42 °C pendant au
maximum 24 heures
Peu recommandé pour
les souches de
Salmonella immobiles
58
2. Identification des souches de salmonelles (37)
L’identification bactérienne complète de Salmonella est basée sur l’identification
biochimique et sérologique d’une souche bactérienne pure. La détermination des caractères
biochimiques (cf. chapitre II. C.) peut être effectuée grâce à des galeries en tubes ou des
systèmes d’identification standardisés du type galerie API 20E, ID 32E ou RAPID ID 32E,
avec l’utilisation éventuelle d’un automate de lecture optique des cupules.
L’identification sérologique (cf. chapitre II. E.) repose sur la recherche des antigènes Vi
(somatiques d’enveloppe), O (somatiques) et H (flagellaires) des Salmonella et sur
l’application du schéma de Kauffmann White. Elle est effectuée par des agglutinations sur
lames avec les sérums appropriés à partir de souches bactériennes identifiés comme
appartenant à Salmonella. La présence de deux sérovars différents sur un même prélèvement
n’est pas rare.
3. Diagnostic sérologique (indirect)
Plusieurs méthodes sont évoquées pour la réalisation du diagnostic sérologique des
infections salmonelliques (agglutination rapide sur lame, agglutination lente en tube ou en
microplaque, ELISA). La recherche du sérotype en cause à partir des agglutinines présentes
dans le sérum n’est praticable que par des laboratoires spécialisés disposant d’un assortiment
d’antigènes de référence.
En ce qui concerne les espèces bovines et ovines, l’épreuve de séroagglutination lente est la
méthode à laquelle il est en général fait appel pour la recherche des anticorps spécifiques des
Salmonella (6, 63). Cette méthode consiste à mettre en présence une quantité constante d’une
suspension antigénique avec des dilutions croissantes de l’échantillon sérique à tester puis,
après une incubation déterminée par l’antigène utilisé, à repérer la dernière dilution où
persiste une agglutination significative signant l’existence des complexes immuns recherchés.
La prudence doit toujours être la règle lors de l’interprétation des résultats. Comme pour tout
diagnostic sérologique, un résultat positif ne signifie pas nécessairement une infection en
cours ; de même un animal séronégatif peut être excréteur.
La sérologie « salmonellose » présente par ailleurs d’autres limites réduisant encore les
possibilités d’utilisation des résultats (6). Il s’agit notamment :
- du manque de sensibilité de l’épreuve de séroagglutination lente ;
- de l’existence d’un très grand nombre de sérovars de Salmonella ayant pour
certains d’entre eux des communautés antigéniques à l’origine de réactions
croisées (ex. : sérovar Typhimurium et Enteritidis) ; le manque de spécificité
est également accru par l’existence de réactions croisées entre les Salmonella
et d’autres entérobactéries ;
59
- de la variabilité des résultats entre séries d’épreuves et entre laboratoires
pouvant résulter d’une part de l’absence de suspensions antigéniques
commercialisées pour la plupart des sérovars isolés sur les bovins et sur les
ovins et, d’autres part, de l’absence de sérums témoins de référence.
Tous ces aspects limitent considérablement l’intérêt de l’utilisation de la sérologie pour la
détection des animaux infectés. L’application de la sérologie doit rester exceptionnelle pour le
suivi de cheptels où à été identifiée une infection salmonellique et où notamment a été
pratiquée une antibiothérapie.
Dans la forme abortive, l’examen sérologique doit être mené parallèlement à celui des autres
causes infectieuses abortives. Dans les régions d’enzootie à S. Abortusovis, des séries de tests
sérologiques sont effectués couramment. Dans ce cas, l’agglutination lente en microplaques
avec des antigènes colorés facilite la réalisation du test et sa lecture (63). Pratiqué dans les six
semaines qui suivent l’apparition des avortements et sur un nombre suffisant de brebis
avortées (cinq à dix), ce test peut fournir une forte présomption d’infection à S. Abortusovis à
l’échelle du troupeau.
4. Antibiogramme (33)
La détermination in vitro de la sensibilité des bactéries pathogènes est essentielle pour
détecter les souches résistantes et guider le clinicien dans le choix d’un anti-infectieux. Il a
également un intérêt pour la surveillance de l’antibiorésistance.
La méthode de diffusion en gélose utilisant des disques imprégnés d’antibiotiques est
particulièrement adaptée à la détermination de la sensibilité d’une souche bactérienne à
croissance rapide comme les salmonelles vis-à-vis de plusieurs antibiotiques, en principe une
molécule représentative de chacune des principales familles d’antibiotiques.
VII. Traitements et conduite à tenir dans l’élevage
Nous ne développerons que le traitement des salmonelloses digestives.
A. Méthodologie de l’intervention (11)
Dès la suspicion de salmonellose, le vétérinaire se doit de rappeler à l’éleveur un
certain nombre de mesures (cf. figure 3) :
- mise en place d’une thérapeutique adéquate vis-à-vis de l’animal atteint, cet
aspect sera plus particulièrement développé dans ce chapitre ;
- adoption de mesures vis-à-vis du troupeau pour limiter au maximum la
contamination des autres animaux
60
- adoption de mesure d’hygiène vis-à-vis des risques de contamination humaine
à partir de l’animal ou des animaux atteints et de leurs produits ; en élevage
laitier, interdiction réglementaire de livrer du lait d’une femelle « malade »
- mise en place d’un plan de surveillance des animaux du même lot afin de
détecter le plus précocement possible toute manifestation clinique de
salmonellose.
Figure 3. Méthodologie d’intervention pour le diagnostic et le traitement des
salmonelloses (11).
Le traitement des animaux malades est indispensable pour plusieurs raisons :
- leur élimination vers un abattoir est une faute, vu les risques pour la santé
publique ;
- en l’absence de traitement, la mortalité s’élève à 80 % des animaux atteints,
alors que la mise en place de mesures thérapeutiques adéquates limite cette
mortalité à moins de 10 % ;
- un animal en phase clinique rejette par les fèces ou par le placenta des
quantités considérables de salmonelles (47), ce qui représente un risque de
contamination de l’environnement très important (cependant il est illusoire de
Examen clinique + observations épidémiologiques + prélèvements
Suspicion Laboratoire
Thérapeutique Certitude d’urgence
Mesures d'isolement
Abattage
Traitement spécifique
Mesures générales sur le troupeau : - diagnostic - prévention - traitement - protection
sanitaire - re
61
penser qu’un traitement aussi adapté soit-il puisse éliminer tout risque de
portage latent ou d’excrétion).
Les bases du traitement reposent sur l’antibiothérapie, la lutte contre le choc endotoxinique et
la réhydratation.
B. L’antibiothérapie
L’antibiothérapie est indispensable chez les bovins et les ovins en présence d’une
salmonellose clinique. Le choix des antibiotiques utilisables pose cependant quelques
difficultés liées à la physiopathologie des salmonelloses, aux phénomènes d’antibiorésistance
et à la législation, en particulier chez les animaux laitiers.
1. Problèmes liés à la physiopathologie des salmonelles (45)
Dans la majorité des cas, l’infection se fait par voie orale et la bactérie se multiplie au
niveau de la lumière intestinale. La colonisation intéressant tout l’intestin, l’antibiotique
utilisé devra être actif sur l’ensemble des portions de l’intestin. Cet objectif est facile à
atteindre chez les monogastriques avec des antibiotiques non résorbables, administrés par voie
orale. Il est nettement plus aléatoire chez les polygastriques. En effet, aucune étude à ce jour
ne permet de connaître le devenir de ces antibiotiques dans le tube digestif des bovins adultes
et les résultats rapportés sont contradictoires
Selon les souches et la capacité de défense immunitaire de l’animal contaminé, les bactéries, à
partir de l’intestin, vont disséminer dans l’organisme, le plus souvent par l’intermédiaire des
macrophages, et ce, en position intracellulaire, avant de se retrouver dans les nœuds
lymphatiques puis dans d’autres organes. L’antibiotique utilisé devra donc posséder des
propriétés permettant une bonne diffusion tissulaire associée à une activité intracellulaire afin
de limiter les risques de septicémie et atteindre les salmonelles où elles se sont réfugiées.
2. Les problèmes liés à l’antibiorésistance (2)
Comme beaucoup d’entérobactéries, les salmonelles ont la propriété de présenter des
phénomènes de multirésistances aux antibiotiques, variables en fonction des souches et des
catégories d’animaux exposés. Les souches de S. Typhimurium, les plus fréquemment
rencontrées en pathologie bovine, sont celles qui présentent le plus de multirésistance (54,
81).
Ces souches présentent souvent une résistance simultanée à cinq familles d’antibiotiques :
- les bétalactamines ;
- les phénicolés ;
- la streptomycine et la spectinomycine ;
62
- les sulfamides ;
- les tétracyclines.
Cette pentarésistance est caractéristique de Salmonella Typhimurium de lysotype DT104.
L’hypothèse d’une apparition massive de souches possédant en plus une résistance aux
quinolones ne semblent toujours pas se vérifier.
Cette multirésistance peut dans certains élevages limiter considérablement le choix des
antibiotiques utilisables (3 à 4 dans certains cas).
Récemment, la détection d’une souche du sérotype Newport et de deux souches du type
Agona résistantes aux céphalosporines de 3ème génération appelle à la vigilance (81).
Les mécanismes de résistance aux antibiotiques sont nombreux et variés.
Trois moyens sont principalement développés par la bactérie (54) :
- l'inactivation enzymatique de l’antibiotique
- l’altération ou le remplacement des gènes cibles (mutations, acquisition d’une
voie métabolique alterne)
- la diminution de l’accumulation intracellulaire de l’antibiotique.
3. Problèmes posés par la législation en médecine vétérinaire (68)
Tout d’abord, les antibiotiques mis récemment sur le marché disposent parfois
d’AMM très restrictives (affections respiratoires à Pasteurella), et les doses thérapeutiques
sont déterminées en fonction des CMI vis-à-vis de ces bactéries. Les CMI vis-à-vis des
salmonelles peuvent être proches (enrofloxacine) ou supérieures à celles de la bactérie visée
par l’AMM (par ex. ceftiofur et florfénicol). Pour les ovins, c’est encore pire puisque peu de
molécules utilisées couramment chez les bovins pour traiter la salmonellose ont l’AMM chez
les ovins (à part la fluméquine et la colistine).
Quelle dose devra-t-on utiliser, pour une CMI plusieurs fois supérieure vis-à-vis des
salmonelles, et quelles sont les répercussions sur la toxicité et les délais d’attente de cet
antibiotique ? Le choix devra donc se limiter aux antibiotiques dont les indications, la
destination et la posologie sont clairement précisées pour le traitement des salmonelloses
bovines et ovines (cf. Tableau 9.)
63
Tableau 9. Antibiotiques les plus couramment utilisés dans le traitement des
salmonelloses bovines (11).
Principe actif Posologie Voie
d’administration
Délais d’attente
Viandes Lait
Aminosides :
- Gentamicine
- Apramycine
4 mL/Kg/8h
ou
4000UI/Kg/12h
20 mg/Kg/jour
IM et SC
IM et Orale
60 jours
10 semaines
Non Autorisé
Non Autorisé
Polypeptides :
Colistine
25000 UI/Kg/12h
50000 UI/Kg/12h
SC ou IM
Orale
5 jours
7 jours
3 jours
Non Autorisé
Céphalosporine :
- Céfalexine
- Ceftiofur
- Cefquinome
75 mg/Kg/12h
1 mg/Kg/24h
2 mg/Kg/24h
IM
IM
IM
21 jours
1 jour
5 jours
Non Autorisé
0 jour
12 h
Fluoroquinolones :
- Fluméquine
- Fluméquine per os
- Enrofloxacine
- Danofloxacine
12 mg/Kg/12h
12 mg/Kg/12h
5 mg/Kg/24h
5 mg/Kg/24h
1,25 mg/Kg/24h
IM
Orale
Orale
SC
IM
2 jours
2 jours
11 jours
7 jours
5 jours
2 jours
2 jours
Non Autorisé
3,5 jours
4 jours
TMP Sulfamide 15 à 30mg/Kg/24h IM / IV 12 jours 6 jours
4. Comment procéder en pratique courante (68)
• Les critères de choix :
Antibio-sensibilité : 4 familles présentent une activité régulière vis-à-vis des salmonelles :
- la colistine,
- certaines céphalosporines,
- certains aminosides (gentamicine, apramycine),
- les quinolones.
Critères de diffusion :
- la colistine n’est pas résorbable par voie orale, sa diffusion tissulaire est
inexistante ;
64
- les aminosides ne sont pas résorbables par voie orale, leur diffusion tissulaire
est faible
- les céphalosporines n’ont pas ou peu de diffusion au niveau de la lumière
intestinale par voie générale, leur diffusion tissulaire est faible
- les quinolones ont une bonne diffusion tissulaire et passent à travers la paroi
intestinale. Les fluoroquinolones présentent de plus l’avantage d’avoir une
bonne pénétration intracellulaire.
• Chez le veau et l’agneau (monogastriques)
La voie générale est toujours préférable. Plusieurs possibilités se présentent :
- Fluoroquinolone par voie générale, association possible avec la colistine per
os.
- Céphalosporine ou aminoside par voie générale en association à la colistine ou
à une quinolone par voie orale.
• Chez les ruminants adultes non laitiers :
Le traitement de choix repose sur l’utilisation de fluoroquinolones. Dans certains cas, les
céphalosporines et les aminosides semblent apporter quelques résultats, mais leur faible
activité au niveau du tube digestif devra être compensée par l’administration de colistine,
voire de quinolone per os avec toutes les incertitudes concernant leur activité chez les
polygastriques.
• Chez les ruminants laitiers en lactation :
La difficulté consiste à choisir un traitement efficace en accord avec la législation existante.
Si la survie de l’animal est menacée, le vétérinaire pourra être amené à prescrire des
traitements hors AMM (gentamicine, apramycine, enrofloxacine…). Dans ces conditions, soit
il dispose de données provenant du laboratoire fabricant (AMM étrangères ou informations
publiées) et les délais d’attente proposés pourront être retenus, soit il ne dispose d’aucune
données et la directive européenne doit s’appliquer : les délais d’attente ne peuvent être
inférieurs à 7 jours pour le lait et à 28 jours pour la viande. Enfin, le cas particulier des
associations TMP Sulfamides mérite d’être abordé. En effet, cette association présente tous
les caractères favorables au niveau de la diffusion, et l’activité in vitro est satisfaisante dans
de nombreux cas. Il semble que les résultats cliniques soient très irréguliers (les disques
antibiogrammes utilisés en laboratoire ne correspondent pas tout à fait aux associations
utilisées en médecine vétérinaire, et les doses préconisées ne sont vraisemblablement pas
suffisantes pour les salmonelloses). Leur facilité d’utilisation en production laitière et leur
faible coût sont autant de facteurs justifiant leur prescription mais il faudra veiller à leur
efficacité in vivo, même en présence d’une activité in vitro.
65
Etant donné la fréquence et la variété des antibiorésistances des salmonelles en fonction du
sérovar et de la souche, le sérotypage et l’antibiogramme sont indispensables. Les
informations recueillies permettront d’adapter la prescription pour les autres bovins de
l’élevage éventuellement atteints, dans les meilleures conditions de rapport coût-efficacité.
La durée du traitement ne doit pas être inférieure à 5 jours.
La mesure de l’efficacité d’un traitement antibiotique en matière de salmonellose des animaux
adultes est relativement simple : sur un adulte dont l’état général n’est pas trop perturbé,
l’amélioration est spectaculaire et la guérison clinique est rapide : chute de la température en
24 heures, amélioration de signes digestifs en 48 heures.
Par contre, le traitement antibiotique chez les veaux et les agneaux est souvent décevant du
fait de la fréquence des localisations multifocales et de la moindre résistance de ces animaux
aux toxi-infections.
C. Traitements complémentaires
L’antibiothérapie devra être complétée, en fonction de l’état de l’animal, par
l’administration de médicaments luttant contre les signes de l’inflammation, le choc
endotoxinique et la déshydratation (69).
La prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ayant des propriétés anti-
toxiniques est intéressante et doit toujours être préférée à l’utilisation des anti-inflammatoires
stéroïdiens (AIS). On aura recours à ces derniers seulement dans les situations extrêmes, il
faudra alors utiliser des molécules à demi-vie courte et à forte dose.
Dans les formes graves de salmonellose digestive, la diarrhée et le choc endotoxinique
provoquent une hypovolémie, une acidose métabolique, et des conséquences sur la fonction
rénale sont fréquentes. La mise en œuvre d’une fluidothérapie peut s’avérer indispensable
pour rétablir le volume circulant et lutter contre l’acidose métabolique (70).
L’utilisation de Ringer Lactate, 10 à 20 litres par 24 heures pour une vache adulte, donne de
bons résultats. L’adjonction de sérum salé hypertonique à raison de 2 à 3 mL/Kg peut être
utile en phase d’état. Le Ringer Lactate pourra être remplacé par du sérum salé isotonique
dans les formes les moins sévères.
Les modificateurs du transit intestinal et les antidiarrhéiques sont inutiles.
66
D. Autres mesures médicales sur le troupeau atteint
1. Traitement systématique du troupeau
Cette méthode s’est développée ces dernières années. En effet, devant l’ampleur de
l’évolution de la salmonellose dans certains troupeaux, le vétérinaire cherche à limiter la
catastrophe. La colistine par voie orale à raison de 150 000 UI/Kg et par 24 h a été préconisée.
Bien que la colistine per os ne traverse pas la barrière intestinale, certains vétérinaires ont été
confrontés à des problèmes de résidus dans le lait de collecte. La mise en place d’un
traitement du troupeau devra se faire en avertissant la laiterie, et la collecte sera soumise à la
vérification de l’absence d’inhibiteurs dans le lait de mélange.
En ce qui concerne l’efficacité d’une telle pratique, les opinions sont contradictoires, mais de
nombreuses observations font part d’une persistance des cas cliniques malgré la mise en place
de la métaphylaxie (68).
Cette pratique est donc à réserver aux troupeaux où l’évolution est dramatique.
En élevage allaitant, une métaphylaxie est rarement nécessaire pour les adultes et de toutes
façons les possibilités de traitement sont variées.
Chez les veaux, la métaphylaxie pose moins de problèmes économiques et, du fait du risque
important de mortalité dans ces catégories d’animaux, elle s’avère une mesure à mettre en
œuvre sur tous les veaux du lot contaminé.
2. La vaccination en milieu contaminé
Une vaccination est un acte de prévention et en matière de salmonelloses, l’immunité
n’est acquise que quelques jours après l’injection du rappel. Il est donc inutile d’escompter un
effet bénéfique sur l’évolution clinique avant cette durée.
La vaccination en matière de salmonellose ne confère pas d’immunité croisée entre les
différents sérotypes Typhimurium et Dublin et n’aura d’effet que sur des épidémies liées à
l’un de ces sérotypes, d’où l’intérêt du typage de la souche.
La vaccination avec des vaccins inactivés (la seule possible en France) ne modifie pas les
phénomènes de portage et d’excrétion, elle renforce la protection des animaux contre la
maladie et permet d’espérer une réduction de l’importance des signes cliniques et par
conséquent du niveau d’excrétion.
Compte tenu de ces différents points, la vaccination ne pourra se substituer à des mesures de
prévention sanitaire.
67
E. Conduite à tenir dans l’élevage visant à limiter la diffusion de la maladie
Une fois le diagnostic de certitude établi, et parfois même dès la suspicion clinique,
l’attention du clinicien doit se porter sur les risques sanitaires liés au(x) premier(s) cas et sur
l’ensemble des investigations qu’il convient de réaliser.
Ces investigations induisent des conseils et des mesures visant à limiter la diffusion de la
maladie entre animaux et à prévenir une contamination humaine.
1. Lutte contre la propagation de la salmonellose animale
L’excrétion de Salmonella étant maximale sur les animaux malades, il convient de
détecter, d’isoler et de traiter tout bovin malade.
• Détection des malades
L’observation attentive des animaux révèle l’anorexie, la chute de production laitière et les
modifications de matières fécales. Toutefois, la diarrhée d’un animal en tuphos n’est pas
toujours spontanée et l’exploration rectale s’impose parfois. L’élévation de température
rectale est précoce et précède parfois de plus de 48 h l’apparition de diarrhée chez l’adulte. En
outre, tout comportement anormal (veau mou, vache couchée ou fièvre de lait) doit être
examiné avec beaucoup d’attention (5).
• Isolement
L’isolement doit être objectif (pas une ficelle dans la stabulation), dans un local facile à
nettoyer et à désinfecter et proportionnel au nombre de malades.
• Action en amont
La suppression de l’origine de la contamination paraît en théorie très séduisante.
Compte tenu du portage latent et des nombreuses opportunités de circulation des salmonelles
dans un élevage, l’origine n’est que rarement identifiée et encore moins dès le début de la
maladie. Une analyse bactériologique de l’eau de boisson est souhaitable dans les plus brefs
délais. Les aliments sont également une source potentielle de contamination.
Si une étiologie alimentaire ou environnementale est suspectée, il convient d’y soustraire
rapidement les bovins ou les ovins.
• Action ciblées de désinfection
Les plus grandes concentrations de Salmonella (109 à 1010 germes/gramme) sont observées
dans les fèces, le placenta et dans une moindre mesure sur les avortons et les cadavres (51).
Cette identification des produits contaminants permet de cibler les opérations de nettoyage et
de désinfection, et de mettre en place des pédiluves aux emplacements stratégiques.
GLEDEL (20) recommande pour la désinfection des locaux :
- une solution à 3 % d’hydroxyde de sodium (70-80°C) ou,
- une solution à 2 % de formaldéhyde (25-30°C) ou,
68
- une solution d’hypochlorite de calcium à 2 % de chlore (15-20°C).
• Hygiène alimentaire
La résistance des Salmonella dans le milieu extérieur impose une réflexion sur de nouvelles
contaminations d’origine fécale (5) :
- vidanger et nettoyer les abreuvoirs pour garantir une eau propre ;
- nettoyer « l’assiette » : table d’affouragement, seau d’abreuvement ;
- proscrire l’accès aux mares et prévenir une éventuelle infiltration de puits de
surface ;
- limiter la contamination podale humaine des fourrages : traversée de cornadis,
dessilage manuel du front d’attaque…
• Maîtrise des déjections animales (77)
C’est un problème surtout en élevage bovin utilisant du lisier et non du fumier (cf. partie
III.C.).
La capacité de stockage des lisiers contaminés doit être suffisante et étanche afin d’éviter de
polluer l’environnement ou l’aliment.
Pour l’épandage des lisiers, il convient de respecter les surfaces et les distances (par rapport à
des cours d’eau, des habitations…). L’épandage sera réalisé de préférence sur des parcelles de
labour ; si des apports sur prairies sont inévitables, il est recommandé de réaliser une coupe ou
une fauche ou d’attendre un mois en été et six semaines en hiver avant le pâturage. Les
circonstances d’épandage maîtriseront la dispersion et l’entraînement des salmonelles par
ruissellement. Faute d’enfouissement, il faut éviter le brassage, l’épandage par temps de pluie
et prévenir d’éventuelles stagnations.
L’adjonction de Cyanamide calcique (0,3 % poids/volume) ou d’urée (0,6 % poids/volume)
permet de faire chuter très rapidement la concentration bactérienne de lisiers infectés
expérimentalement.
2. Prévention de la contamination humaine
Chez l’homme, les salmonelles sont à l’origine des fièvres typhoïdes ou salmonelloses
majeures (sérovars adaptés Typhi et Paratyphi A et C) et d’infections entéro-invasives
responsables de toxi-infections alimentaires (sérovars ubiquistes).
L’incubation de ces gastro-entérites est courte : 8 à 24 h et les symptômes principaux sont
vomissements, diarrhée, douleur abdominale et fièvre. L’évolution vers la guérison s’observe
en 2 à 5 jours, mais il y a risque de déshydratation (notamment chez le nourrisson) et de
septicémie (individu immunodéprimé) (41).
69
Trois voies de contamination sont décrites :
- une contamination directe est possible sur toute personne ayant des contacts
avec les produits contaminants expulsés par les animaux infectés et malades.
Cette voie concerne l’éleveur, l’obstétricien, voire l’employé d’abattoir ou
d’équarrissage. La prévention impose une hygiène rigoureuse et régulière des
surfaces exposées (mais, bras, visage) pour prévenir l’infection digestive, mais
également une éventuelle dermatite pustuleuse décrite sur les bras de praticiens
ayant effectué des manœuvres obstétricales lors d’avortement salmonellique
(79).
- L’environnement et notamment une eau issue d’un forage peu profond peut
être infiltrée par des déjections animales (34).
- La contamination des denrées alimentaires est à l’origine de TIAC. La
bactériémie dissémine les salmonelles dans les masses musculaires ; il est
souhaitable d’éviter d’abattre des animaux malades dans un foyer d’expression
clinique et si nécessaire d’utiliser le Certificat Vétérinaire d’Information (CVI)
à bon escient. Enfin, la pasteurisation est un excellent moyen de
décontamination du lait ; faute de quoi, le lait cru et ses dérivés devront être
retirés de la consommation humaine (51).
VIII. Salmonellose et filière laitière : contamination du lait par les bovins laitiers infectés
chroniques
A. Importance et nature de la contamination des laits et produits laitiers par les
salmonelles
Les salmonelles sont la première cause de Toxi-Infections Alimentaires Collectives
(TIAC) bactériennes en France (41). Elles sont aussi à l’origine d’un grand nombre
d’infections individuelles. Ces toxi-infections sont rarement associées à la consommation de
produits laitiers (lait cru). En effet en France, entre 1988 et 2003, seulement 1,8 % des foyers
de TIAC salmonelliques ont impliqué le lait ou les produits laitiers (10). Durant cette période,
neuf épidémies communautaires de salmonellose humaine impliquant des produits laitiers ont
été détectées, provoquant au total 1001 cas dont 9 décès. Toutes ces épidémies ont impliqué
des fromages au lait cru (6 de vaches, 3 de chèvres).
Une surveillance nationale des salmonelles est réalisée par le réseau Salmonella dans les
filières animales, de l’élevage à l’alimentation et dans l’environnement. Elle permet d’y
suivre l’évolution du nombre total de salmonelles isolées et du nombre de sérovars.
70
Le Tableau 10 présente l’évolution du nombre de salmonelles isolées des produits laitiers. On
constate une augmentation globale nette du nombre de souches et de la part relative qu’elles
représentent dans l’ensemble des isolements en Hygiène Alimentaire (H.A.). Cette
augmentation est peut être la conséquence de l’Arrêté du 6 août 1985 qui institue le principe
des autocontrôles réguliers pour la surveillance de la commercialisation du lait cru. De toute
façon, ces données prouvent bien que le lait cru et les produits à base de lait cru, notamment
les fromages, constituent des aliments à risques. En l’absence de pasteurisation, la maîtrise de
la qualité sanitaire de ces produits repose en grande partie sur la prévention de la
contamination du lait dès la production.
Tableau 10. Evolution du nombre de salmonelles isolées des produits laitiers (d’après le
bilan de l’AFSSA Paris) (46)
1986-87
1988-89
1990-91
Lait cru 15 44 134
Lait en poudre 9 10 6
Fromage 1 19 60
Caséine 11 5 5
Autres 4 8 11
Total 40 86 216
% par rapport au
nombres de souches
isolées en H.A
0,9 % 1,3 % 3,2 %
Le Tableau 11 présente l’évolution du nombre des différents sérovars isolés dans les produits
laitiers de vache.
Tableau 11. Evolution du nombre de souches de salmonelles répertoriées par l’AFSSA
Paris puis par le réseau Salmonella dans les produits laitiers de vache (16, 41).
Sérovar Période
2000-2001 1994-1995 1992-1993 1990-1991 1988-1989
Nb % Nb % Nb % Nb % Nb %
Typhimurium 42 15,6 157 35,4 15 8,9 7 3,2 20 18,3
Montevideo 1 0,4 87 19,6 31 18,3 51 23,6 1 0,9
Infantis 14 5,3 18 4,1 10 5,9 4 1,9 8 7,3
Ohio 16 3,6 10 5,9 1 0,5
Période Produit laitier
71
Indiana 15 3,4 3 1,8 4 1,9
Anatum 14 3,2 13 7,7 23 10,6 5 4,6
Enteritidis 43 16 12 2,7 14 8,3 5 2,3 4 3,7
Kottbus 12 2,7 10 5,9 17 7,9
Dublin 94 34,9 11 2,5 2 1,2 1 0,5 9 8,3
Give 11 2,5 5 3
Derby 5 0,7
Autres
sérovars 70 26 90 20,3 56 33,1 103 47,7 90 56,9
Total souches 279 100 443 100 169 100 216 100 137 100
Nous remarquons que le nombre de souches répertoriées et les types de sérovar varient
grandement d’une année sur l’autre. Cependant, d’une manière générale, les sérovars
Typhimurium, Enteritidis, Montevideo et Dublin dominent dans les produits laitiers de vache
(16). Ceci ne peut pas être transposé aux produits laitiers de brebis, pour lesquels ce type
d’information manque.
B. Les sources de contamination du lait par les salmonelles
Nous nous appuierons surtout sur la contamination du lait de vache car pratiquement
aucune publication n’étudie la contamination du lait de brebis par les salmonelles.
Il est difficile d’évaluer l’incidence de la contamination des laits de vache collectés. Au
Canada, une fréquence de 2,9 % a été observée dans une enquête effectuée en 1986 sur un
échantillon de près de 500 exploitations laitières recrutées au hasard dans l’Ontario (28).
A la même époque, une fréquence de 4,7 % est rapportée aux Etats Unis dans le Middle West
(40). Une étude effectuée dans 30 fermes laitières du Tennessee en 2002 évalue à 2,24 % le
nombre d’échantillons de lait de tank positifs en salmonelle (59). La majorité des isolements a
été obtenue entre septembre et décembre, sans réelle explication.
En France, de très nombreux contrôles sont effectués sur les laits collectés par les entreprises
dans le cadre de plans systématiques de surveillance, en particulier dans les zones de
production de fromages au lait cru. Les résultats de ces contrôles sont utilisés pour trier les
laits contaminés par les bactéries pathogènes et les diriger sur les circuits de transformation en
produits pasteurisés. Ils restent le plus souvent confidentiels.
Le lait peut être contaminé par les fèces des animaux, par leurs sécrétions génitales, et, plus
rarement, directement par une excrétion mammaire.
72
1. Fèces des animaux
Au sein d’un élevage, les principales sources de salmonelles sont les fèces des
animaux malades et des porteurs asymptomatiques, fréquents après le traitement de la maladie
ou parmi les vaches n’ayant jamais exprimé de signes cliniques. Les traitements antibiotiques
permettent de limiter ou de guérir les signes cliniques mais n’éliminent généralement pas
l’excrétion (28).
L’excrétion fécale de salmonelles est très élevée chez les bovins en phase clinique : 106 à 108
bactéries /g (47, 86).
Il faut rappeler que, dans les cas de salmonellose aigus, le caractère aqueux et le volume des
excréments sont notablement accrus et jouent donc un rôle de dilution et, simultanément, de
plus grande diffusion de la bactérie.
Le problème est que des vaches excrètent également des salmonelles dans leurs fèces en
grande quantité en dehors des épisodes cliniques aigus.
SOJKA (1974) a montré que certaines vaches pouvaient excréter entre 105 et 106 Salmonella
Dublin par gramme de fèces 30 mois après l’épisode clinique. A l’examen post mortem des
vaches étudiées, la bactérie se localisait principalement dans le tractus intestinal et dans la
vésicule biliaire. Cet auteur estime que l’excrétion totale quotidienne de tels animaux pourrait
atteindre parfois 1010 germes par vache (73).
MORISSE (1983), à l’occasion d’études comparant des troupeaux témoins et des élevages
ayant connu avec certitude un épisode de salmonellose aiguë mais guérie depuis, a précisé des
points d’intérêt pratique sur la dissémination des salmonelles par les bovins laitiers (56) :
- quand une salmonellose clinique apparaît dans un troupeau, tous les sujets
malades ou non doivent être considérés comme des excréteurs de germes. La
comparaison du niveau d’excrétion des animaux malades ou no montre le
même pourcentage de porteurs.
- La répartition de deux sérotypes différents isolés dans l’élevage peut se
modifier considérablement avec le temps.
- Les génisses présentes sur l’élevage quand survient un accident clinique sur les
vaches laitières peuvent excréter des salmonelles lors de leur premier vêlage
avec la même fréquence que les vaches.
- En période peri partum, on assiste à une augmentation spectaculaire du
pourcentage de sujets excréteurs (60 à 90 %). En effet, chez les sujets guéris,
après une phase de réduction lente et progressive, on assiste à une
recrudescence de l’élimination des salmonelles dans les semaines qui
73
précèdent et qui suivent la mise bas. Les auteurs expliquent cela par le
dysfonctionnement hépatique observé autour du vêlage.
L’excrétion de salmonelles dans les bouses à plus ou moins long terme après la maladie est
d’observation courante (87). Peu d’études ont été consacrées à l’excrétion en l’absence de tout
épisode clinique.
MORISSE (1989) trouve que 6,9 % des 145 sujets prélevés en milieu « sain » (sans
antécédents cliniques connus de salmonellose) sont également porteurs de salmonelles (55).
Cette observation, réalisée à partir d’un seul contrôle individuel, permet de suspecter
l’importance du problème de la contamination par les salmonelles dans les effectifs laitiers
sans antécédents cliniques. Dans cette étude, des salmonelles sont isolées sur un ou plusieurs
animaux dans 23,5 % des exploitations.
Globalement, l’ensemble des résultats obtenus suggère que les vecteurs de la propagation des
salmonelles aboutissant à la contamination du lait, hormis l’excrétion mammaire qui sera
discutée par la suite, s’enchaînent selon le schéma général suivant :
- excrétion fécale de salmonelles par les bovins ou les ovins,
- dissémination des bactéries dans l’environnement, directement via la
contamination des litières, des locaux de traite, de l’eau des abreuvoirs…, ou
indirectement via l’épandage des lisiers ou des fumiers,
- contamination de la peau des mamelles, des équipements ou ustensiles
(lavettes) de traite ou de l’eau utilisée pour le nettoyage des trayons,
- passage des salmonelles dans le lait lors de la traite.
2. Les liquides génitaux
Après l’excrétion fécale, la voie placentaire prend une place très importante car elle
détermine la contamination in utero du fœtus, et c’est dans cet organe que l’on note les titres
les plus élevés de salmonelles, de l’ordre de 109 à 1010 germes par gramme (47). Les
écoulements génitaux lors de la période périnatale représentent donc une source abondante de
salmonelles et peuvent facilement contaminer le lait au début de la lactation.
3. L’excrétion mammaire
Nous avons vu que le lait est fréquemment contaminé dans les élevages infectés, mais
il est difficile de préciser s’il s’agit d’une véritable excrétion d’origine intra-mammaire ou
simplement d’une contamination cutanée par les excréments et les liquides génitaux.
L’excrétion mammaire chez les bovins a été décrite dans quelques publications.
74
• Infection intra-mammaires naturelles
GIBSON (1965) montre que l’excrétion de salmonelles dans le lait est commune
durant l’état fébrile de salmonellose et cite des rapports d’infections mammaires causées par
Salmonella Dublin, S. Thompson et S. Newport (17).
OSBORNE (1977), en cherchant les sources de contamination néonatale de veaux par
S. Dublin, découvre que 2 vaches sur 3 ayant un historique d’avortement à S. Dublin ont
excrété cette bactérie dans le lait suite à une césarienne (61). Il pense que ce phénomène est
identique à celui de l’infection brucellique. A l’autopsie, les salmonelles n’étaient localisées
que dans le tissu mammaire et le nœud lymphatique rétro-mammaire.
MORISSE (1983) remarque qu’en période peri partum, le niveau de contamination des
laits est élevé : il peut atteindre 25 à 35 % des échantillons individuels contrôlés chez les
sujets ayant récemment vêlé dans les troupeaux ayant connu un épisode de salmonellose (56).
L’auteur pense que, comme pour une mammite à coliforme, il s’agit vraisemblablement d’une
contamination de la mamelle par voie ascendante.
Au Canada, la contamination de fromages au lait cru par le sérotype 10 de Salmonella
Typhimurium entraîna l’examen bactériologique du lait de 327 bassins refroidisseurs d’autant
de fermes, à l’Ile du Prince Edouard. Un de ces échantillons recelait la salmonelle précitée
qu’on isola aussi du lait d’une des vaches du troupeau suspect. Même si cette vache ne
manifestait aucun signe clinique de maladie, à l’exception d’une mammite staphylococcique
chronique de deux quartiers, elle continua à éliminer la salmonelle dans son lait pendant 36
jours (de façon permanente sur un quartier et intermittente sur un autre). Les échantillons de
fèces étaient tous négatifs pour la présence de salmonelles. L’autopsie révéla seulement une
mammite chronique à staphylocoques. L’auteur n’a pas réussi à isoler la salmonelle du tissu
mammaire et des nœuds lymphatiques rétro-mammaires (60).
Au Royaume Uni, en étudiant un troupeau laitier de 131 vaches ayant régulièrement
des filtres à lait contaminés par Salmonella Typhimurium de 1983 à 1986, une vache a été
trouvée excrétrice de cette bactérie alors qu’elle avait été considérée négative à trois occasions
auparavant (18, 19). La salmonelle n’était pas excrétée dans les fèces. A l’autopsie S.
Typhimurium a été isolée du quartier excréteur et du nœud lymphatique rétro-mammaire.
L’auteur conclut que cette vache a excrété par intermittence pendant 2,5 ans, surtout en
période peri partum (période où les filtres étaient contaminés).
SMITH (1989) effectue le suivi, durant un an, de 7 vaches naturellement excrétrices
de Salmonella Dublin (72). 6 des 7 vaches ont vêlé au cours de cette période. Le portage fécal
était sporadique chez toute les vaches. L’excrétion de salmonelles dans le lait était fréquente
chez 4 vaches, sporadique à absente chez les autres. Le nombre de salmonelles excrétées était
75
compris entre 101 et 105 UFC/ ml de lait. Le pourcentage d’échantillons positifs, sur toute la
période d’étude a été de 46 % pour le lait et de 4 % pour les fèces. Dans les 4 semaines
suivant le vêlage, il a été de 5 % pour les fèces et seulement de 28 % pour le lait. Ceci
contredit les études montrant une augmentation de l’excrétion fécale et mammaire provoquée
par le stress du vêlage. Suite aux analyses bactériologiques post mortem, S. Dublin a été
isolée seulement des quartiers excréteurs et des nœuds lymphatiques rétro-mammaires
correspondants chez les 4 vaches excrétrices permanentes.
Suite à l’isolement de Salmonella Enteritidis lysotype 8 chez des personnes malades
d’une ferme du sud de l’Alberta, consommant le lait cru du tank, cette bactérie a été isolée
dans les filtres à lait, dans le lait de la citerne et dans le lait du quartier arrière droit d’une
vache Holstein de 5 ans (84). L’animal affecté a été retiré du troupeau et gardé dans un
endroit isolé. La vache a continué à produire et disperser S. Enteritidis du même quartier
durant une période de 7 mois sans présenter de signes cliniques. Le lait du quartier affecté
était d’apparence normale macroscopiquement. Après avoir retiré la vache infectée du
troupeau, la culture du lait de la citerne a été négative pour Salmonella spp. durant les 15 mois
suivants.
En France, MARTEL effectue un suivi bactériologique d’un élevage laitier
transformateur suite à la découverte d’un fromage au lait cru contaminé par Salmonella Ohio
(46). Cette dernière est retrouvée dans le lait de mélange de l’exploitation ainsi que dans un
fromage frais. Les coprocultures permettent de détecter 20 vaches infectées sur 56. Le
contrôle des laits prélevés stérilement, quartier par quartier, ne permet de détecter que 2
prélèvements très faiblement contaminés par S. Ohio : respectivement 1 et 2 colonies par ml
de lait ensemencé. Les deux prélèvements correspondent aux deux quartiers postérieurs d’une
même vache âgée de 4 ans. L’auteur pense plutôt à une contamination ascendante du canal du
trayon qu’à une véritable infection mammaire.
MESSADI, lors d’une étude portant sur 337 vaches présentant des symptômes de
mammite clinique, isole Salmonella Typhimurium sur du lait « mammiteux » d’une vache
(53).
Une étude de l’INRA trouve une prévalence de l’excrétion mammaire de salmonelles
de l’ordre de 0,6 % sur un échantillon de 29 élevages ayant livré un lait contaminé (28). Ce
chiffre peu élevé concerne cependant des animaux sans symptômes cliniques et est supérieur
aux résultats précédents de la littérature présentant l’excrétion mammaire comme une source
exceptionnelle de contamination du lait.
L’INRA a également suivi deux vaches excrétrices en station (28). Les deux animaux ont
excrété des salmonelles dans le lait d’un quartier pendant toute la période de suivi, mais de
76
façon très différente : une vache très irrégulièrement avec un faible nombre de salmonelles et
des numérations cellulaires modérées, l’autre régulièrement avec des quantités très
importantes de salmonelles et de cellules. A l’autopsie, les deux animaux se sont révélés
porteurs de salmonelles dans le seul quartier excréteur et dans les ganglions rétro-mammaires
correspondants, de façon beaucoup plus marquée sur la vache fortement excrétrice.
Nous voyons bien que l’excrétion mammaire, en dehors des épisodes cliniques, est
généralement considérée comme rare et a le plus souvent été observée sur un seul individu au
sein de troupeaux avec antécédents de salmonellose extra-mammaire. Cette infection
mammaire a le plus souvent une clinique fruste : aucune modification de l’état général, de la
mamelle et de l’aspect macroscopique du lait. Vu le faible nombre d’animaux excréteurs dans
le troupeau et le faible nombre de quartiers touchés, il semble que ce soit un modèle de
mammite d’environnement.
• Reproduction expérimentale d’infections intra-mammaires
SMITH (72) a inoculé régulièrement 7 vaches par voie orale avec des doses
croissantes de Salmonella Dublin (de 109 à 1011 UFC) puis par voie intra-veineuse. Les vaches
ont excrété dans les fèces après chaque inoculation pendant 7 jours maximum et ont excrété
dans le lait de manière sporadique ; une vache n’a jamais eu d’échantillons de lait positif alors
que son sang était positif. Sans pour autant rejeter l’hypothèse d’une voie systémique, l’auteur
conclue que la voie intra-mammaire doit être la principale voie de contamination de la
mamelle par les salmonelles.
SPIER a induit des infections expérimentales intra-mammaires sur 5 vaches Holstein
en inoculant de faibles nombres (5000 UFC) de Salmonella Dublin via le canal du trayon d’un
quartier (75). Toutes les 12 heures, lors de la traite, l’auteur a contrôlé la température rectale,
la fréquence respiratoire, la production laitière et la qualité du lait en faisant un California
Mastitis Test CMT et un Comptage des Cellules Somatiques (CCS) sur chaque quartier. Tous
les jours, des cultures bactériologiques d’échantillons de fèces et de lait individuels des
quartiers et des Numérations Formules Sanguines (NFS) ont été obtenues.
Toutes les vaches ont excrété de façon intermittente à partir des quartiers inoculés.
L’inoculation n’a provoqué ni symptômes cliniques généraux, ni mammaires, ni de
modification de la NFS. Les CCS des quartiers infectés étaient modérément augmentés alors
que le score du CMT est resté identique. Après l’infection, une injection de dexaméthasone
provoqua des signes cliniques de mammite aiguë et augmenta l’excrétion de salmonelles par
le quartier inoculé ; une vache eut une mammite nécrosante évoluant vers une septicémie à S.
77
Dublin et fut euthanasiée. Certaines vaches ont présenté une excrétion intermittente de
salmonelles par plusieurs quartiers et dans les fèces. A l’autopsie, la salmonelle fut seulement
retrouvée dans le tissu mammaire et le ganglion rétro-mammaire de 3 vaches, les échantillons
de l’autre vache étant négatifs. Sur toutes les vaches, l’examen histopathologique du tissu
mammaire révéla de nombreuses aires multifocales de mammite chronique évolutive.
Nous voyons bien que les études précédentes posent la question du dépistage de tels
animaux, dont l’excrétion peut être intermittente et persister durablement. La technique de
diagnostic bactériologique classiquement employée est lourde, du fait de l’obligation de
réaliser des prélèvements aseptiques de laits de quartier, et coûteuse. De plus, sa fiabilité est
limitée par l’absence éventuelle d’excrétion le jour des prélèvements. Une alternative au
diagnostic bactériologique peut être l’utilisation de techniques sérologiques type ELISA.
Cette technique a d’abord été développée aux USA en 1989 (72) et au Danemark en 1995
(29). L’INRA a ensuite adapté la technique aux conditions des élevages français : les divers
réactifs et leurs concentrations optimales ont été définis après plusieurs essais sur des laits,
des lactosérums ou des sérums sanguins provenant de troupeaux livrant des laits contaminés
ou non par salmonelles de différents sérogroupes (28). La technique a été validée sur le lait de
mélange des quatre quartiers, et en utilisant soit l’antigène de la bactérie isolée dans le lait
d’animaux excréteurs, inactivé par la chaleur, soit des LPS commerciaux. On considère les
animaux comme potentiellement excréteurs s’ils présentent des titres en anticorps très
supérieurs à ceux des autres. Les résultats des différentes techniques ELISA sont
encourageants : cette sérologie permettrait d’éviter plus de 90 % des examens
bactériologiques (28, 76).
C. Le plan breton de protection du lait des tanks (31).
Un plan de protection du lait de tank et des élevages vis-à-vis des salmonelles a été
mis en place en Bretagne de 1999 à 2001 par l’Union Bretonne des GDS. Il avait pour but de
prévenir la contamination des produits laitiers :
- dans les élevages atteints cliniquement ;
- dans les élevages contaminés ;
- dans les élevages indemnes.
L’excrétion fécale et la contamination du tank ont été mesurées en réalisant une recherche de
salmonelles dans les excréments et dans le lait pendant un an (cf. Fig. 4 et 5).
78
Figure 4. Plan de protection des élevages à priori indemne (31).
Figure 5. Plan de protection des élevages contaminés (31).
79
Les pratiques d’élevages ont été évaluées à deux reprises en notant cinq grands postes :
- les introductions, les productions animales et le voisinage ;
- l’hygiène et la qualité de l’alimentation et de l’eau ;
- l’état sanitaire des animaux ;
- l’hygiène générale ;
- l’hygiène de la traite.
Un rapport écrit relève l’ensemble des pratiques à risque et hiérarchise les mesures correctives
proposées.
Au total, 191 élevages ont été suivis. Les pratiques d’élevages se sont globalement améliorées
dans l’ensemble des élevages et dans tous les secteurs. Ceci a permis de diminuer
significativement le nombre d’élevages contaminés.
Ce plan de protection ayant montré son efficacité, il peut se transformer en méthode
d’intervention de type HACCP dans les élevages afin de protéger les tanks vis-à-vis d’un
pathogène majeur (pas seulement Salmonella mais également Listeria, Staphylococcus,
colibacilles…). Cette méthode doit comprendre la description des pratiques générales, la
détection des points critiques et la mise en place de mesures correctives.
80
81
PARTIE 2
Etude expérimentale de la salmonellose
mammaire ovine : suivi clinique et
bactériologique
82
83
Après avoir rappelé les connaissances actuelles sur les infections salmonelliques chez
les bovins et les ovins et constaté que l’atteinte mammaire était peu décrite, nous allons
maintenant nous intéresser au suivi de brebis excrétant de façon spontanée des salmonelles
dans leur lait. En effet, cette excrétion galactophore peut être à l’origine de contaminations
durables et insidieuses de la matière première. Dans les filières au lait cru, en particulier
ovines, ce risque doit être évalué. Le présent suivi fait partie d’un travail plus large, conduit
par différents partenaires professionnels et scientifiques. L’ensemble de l’étude avait pour
objectifs d’évaluer l’incidence de la contamination de la matière première (le lait), d’identifier
les sources animales et environnementales de salmonelles et enfin de préciser les facteurs de
risque en élevage. Cette thèse s’inscrit dans le deuxième objectif et vise principalement à
caractériser l’infection salmonellique mammaire chez la brebis au niveau clinique et
bactériologique. Tout ceci débouche sur un plan de prévention opérationnel en élevage et en
particulier un meilleur dépistage de ces animaux excréteurs.
I. Matériel et méthodes
A. Les animaux
1. Sélection et origine des animaux
Huit brebis naturellement infectées par Salmonella spp. ont été étudiées. Elles ont été
identifiées comme excrétrices de salmonelles dans le lait suite à une recherche exhaustive
intra-élevages sur le lait (analyses bactériologiques individuelles). Ces 8 brebis provenaient de
6 élevages de la même zone (les brebis 091 et 006 d’une part et 025 et 0137 d’autre part
provenaient du même élevage). Dans ces élevages, il y avait une absence présumée de
salmonellose clinique.
La livraison des brebis à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse s’est effectuée de la
manière suivante :
- le 21/02/03, les brebis N° 545 et N° 0137
- le 13/03/03, les brebis N° 006, N° 114, N° 206, N°091
- le 31/03/03, les brebis N° 225 et N° 025
Ces brebis étaient en première (206 et 225), deuxième (114), troisième (0137, 006, 091, 025)
et huitième (545) lactation.
Le stade de lactation des brebis n’était pas connu précisément, mais se situait entre 3 (brebis
545 et 0137) et 4 mois (225 et 025), donc au milieu de la lactation.
2. Conduite des animaux
Les brebis étaient logées ensemble dans un box paillé de 4 x 4 m.
84
Elles étaient nourries avec du foin de prairie ad libitum. Lors de la traite, elles recevaient,
avec démarrage progressif, 500 g de bouchons de luzerne associé à 500 g de concentré de
production (Lacotane ND) par jour.
Les brebis ont été traites manuellement une fois par jour à heure fixe (vers midi).
Le suivi a duré de 14 à 45 jours en fonction des animaux. Les décisions d’euthanasie ont été
prises en fonction de l’intérêt individuel du suivi et des valeurs de dénombrements bactérien
et leucocytaire sur le lait.
B. Le suivi des animaux : les séances de prélèvement et d’examens
1. Protocole d’examen clinique
- Examen général : température rectale, observation du comportement de l’animal
(abattement, anorexie, arrêt de la rumination), présence ou non de diarrhées, de
troubles respiratoires.
- Mamelle : inspection (équilibre du pis) effectuée avant la traite, palpation avec
recherche de signes de mammite aiguë (rougeur, chaleur, tuméfaction) ou de mammite
chronique (foyers d’induration nodulaire, abcès ou sclérose d’une ou des deux
glandes, palpation des nœuds lymphatiques rétro-mammaires).
- Production laitière : aspect du lait (couleur et consistance) et mesure de la production
par brebis et par demi-mamelle (la mamelle est vidangée à fond mais sans repasse).
2. Protocole des prélèvements
- Un prélèvement de lait pour réaliser les comptages de cellules somatiques (CCS) a été
quotidiennement réalisé par demi-mamelle au tout début de la traite (première
fraction). Le lait était conservé à 4°C dans des pots en plastique, fournis par le CIAL
d’Auch, contenant un conservateur : du bronopol.
- Un prélèvement aseptique de lait pour examen bactériologique (désinfection du trayon
à l’alcool et élimination des premiers jets) a été effectué au début pour les deux demi-
mamelles afin d’identifier le(s) côté(s) excréteur(s), puis seulement du côté de la demi-
mamelle excrétrice. La périodicité a été de 2 à 3 fois par semaine.
- Des prises de sang sur tube sec ont également été effectuées en vue de réaliser des
sérologies. Les résultats ne sont pas traités dans cette thèse.
C. Autopsie des animaux
Les huit brebis ont été euthanasiées et autopsiées suivant le protocole suivant :
- N° 0137 et N° 545 le 07/04/03,
- N° 091, N° 006, N° 206 le 11/04/03,
85
- N° 114, N° 025, N° 225 le 14/04/03.
A chaque fois, les organes thoraciques et abdominaux ont été examinés macroscopiquement
afin de vérifier s’il n’y avait pas de lésions.
L’aspect à la coupe des nœuds lymphatiques mésentériques, iliaques et rétro-mammaires a été
noté. Ces derniers ont été également mesurés et pesés.
L’aspect et la palpation du parenchyme mammaire ont été observés et décrits.
Sur les brebis autopsiées, des prélèvements de foie, de rate, de fèces, de nœuds lymphatiques
rétro-mammaires, mésentériques et iliaques ainsi que d’abcès mammaires ont été effectués en
vue d’analyses bactériologiques.
D. Les techniques analytiques
1. Les comptages de cellules somatiques (CCS)
Les prélèvements ont été analysés dans les 48 h au CIAL-SO (Auch) par la méthode
opto-fluoro-électronique (Somacount).
2. Isolement et identification des salmonelles dans le lait, les organes et les
fèces
La recherche a comporté quatre étapes successives : pré-enrichissement,
enrichissement, isolement, identification.
- 1ère étape : pré-enrichissement en milieu non sélectif (revivification et multiplication
de toutes les bactéries vivantes présentes dans le prélèvement) dans de l’eau peptonée
tamponnée (EPT) (BioMérieux) (20% dans l’EPT ramenée à la température du
laboratoire) pendant 24h à 37°C ; cette étape ainsi que les suivantes, a été réalisée pour
les fèces et les pièces d’autopsie.
- 2ème étape : enrichissement dans deux milieux sélectifs en parallèle (basés sur des
principes de sélection différents) :
- bouillon de Rappaport Vassiliadis Soja (RVS) (BioMérieux)
- bouillon de Mueller Kauffman modifié (MKTTn) (BioMérieux).
On a transféré 1 mL de la culture obtenue en EPT dans un tube contenant 10 mL de
bouillon sélectif et on a incubé ces milieux d’enrichissement 24h ou 48h à 37 ± 1°C
pour le MKTTn et à 42 ± 1°C pour le RVS. Après incubation, on a conservé les
milieux d’enrichissement à température ambiante de façon à pouvoir réaliser un
nouvel isolement ou une nouvelle phase d’enrichissement à partir de ces milieux si
nécessaire.
- 3ème étape : isolement sur gélose sélective. Trois milieux ont été choisis parmi les
milieux préconisés :
86
- Milieu SM ID (BioMérieux)
- Milieu ASAP (AES)
- Milieu XLD (BioMérieux).
On a ensemencé à partir de chacun des milieux d’enrichissement une œse de culture
sur au moins un des milieux d’isolement sélectifs. On a incubé les boîtes pendant 24 à
48 h à 37 ± 2°C. Eventuellement, on a renouvelé l’isolement si l’inoculum initial se
révèlait trop riche ou trop pauvre, en ayant recours aux bouillons d’enrichissement
liquides. On pouvait ajouter un isolement sur gélose au sang si nécessaire afin
d’observer d’autres contaminants ou si les milieux sélectifs s’avéraient difficiles à
interpréter. La gélose au sang a également été utilisée pour la recherche dans le lait des
bactéries autres que les salmonelles (agents de mammites non spécifiques)
- 4ème étape : identification biochimique et sérologique.
Pour l’identification biochimique, on a isolé les colonies sur gélose nutritive puis on a
réalisé une galerie API ID32E (BioMérieux). Ce type d’identification a permis la
différenciation présomptive entre S. arizonae et les autres sous-espèces.
L’identification sérologique a été effectuée par l’AFSSA LERQAP (A. Brisabois).
Elle a été systématique sur tous les isolats. La formule antigénique a été déterminée
selon le schéma de Kauffman-White après agglutination sur lames avec des sérums
spécifiques d’antigènes d’enveloppe, somatiques et flagellaires.
3. Dénombrement des salmonelles dans le lait
Les modalités de l’excrétion mammaire (intensité, persistance…) ont été étudiées à
partir de la recherche et du dénombrement des salmonelles sur des prélèvements aseptiques de
laits de chaque demi-mamelle.
A partir d’un lait prélevé dans un flacon à prélèvement stérile, l’échantillon a été homogénéisé
par vortex, puis 1 mL de lait a été dilué dans 9 mL d’EPT. Plusieurs dilutions décimales ont
été réalisées, puis 0,1 mL de chaque dilution a été déposé en double sur gélose sélective. Les
dilutions 0, 1, 2, 3 ont ainsi été ensemencées.
Le nombre de micro-organismes présents dans le lait a été estimé à partir de la moyenne
pondérée de 2 dilutions successives. Parfois, il n’a été possible d’exploiter qu’une seule
dilution, les autres étant trop chargées (>300 colonies) ou pas assez (<10 colonies). Dans ce
cas, le calcul s’est fait à partir de la moyenne arithmétique des boîtes de la dilution exploitable
(normes NF ISO 7218-1996 et NF EN ISO 8261-2001).
87
II. Résultats
A. Caractérisation de l’excrétion des salmonelles dans le lait
1. Isolement et identification des salmonelles
• Caractères culturaux et biochimiques
Des difficultés d’identification présomptive des salmonelles sur géloses sélectives du
commerce sont apparues. En effet, les types de colonies excrétées par 7 des 8 brebis n’ont pas
présenté la morphologie caractéristique sur les géloses sélectives : apparition d’un précipité
noir par formation de thiosulfate à partir de H2S. Au contraire, les colonies étaient
initialement de couleur jaune à 24 h de culture. En revanche, la souche excrétée par la 8ème
brebis (225 droite) a bien présenté dès 24 h de culture une coloration noirâtre (tableau 12).
Tableau 12. Identification biochimique, sérologique et morphologique des salmonelles
excrétées dans le lait des brebis.
G : demi-mamelle gauche. D : demi-mamelle droite.
Demi-
mamelle
excrétant
des
salmonelles
Galerie ID
32 E Sérotype
Morphologie
sur gélose
sang
Morphologie
sur gélose
XLD
Morphologie
sur gélose
XLD après
24h sur la
paillasse
545 D Salmonella
arizonae 99,9%
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Grosses colonies
jaunes, bords
irréguliers
Noircissement
des colonies
0137 G Salmonella
arizonae 99,9%
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Grosses colonies
jaunes, bords
irréguliers
Noircissement
des colonies
206 G
Salmonella
arizonae 90,7%
(mobilité 98%)
Shigella sonnei
8,6% (mobilité
0%)
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Grosses colonies
jaunes, bords
irréguliers, halo
translucide
irrégulier
Ou
Colonies rouges,
brillantes, bords
irréguliers
Noircissement
des colonies
jaunes
ou
Non
noircissement
des colonies
rouges
88
091 D Salmonella
arizonae 99,9%
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Grosses colonies
jaunes, bords
irréguliers
Noircissement
des colonies
114 D Salmonella
arizonae 99,9%
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Grosses colonies
jaunes, bords
irréguliers
Noircissement
des colonies
114 G Salmonella
arizonae 99,9%
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Grosses colonies
jaunes, bords
irréguliers
Noircissement
des colonies
006 D
Après
enrichissement :
Salmonella
arizonae 99,9%
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Non réalisée Non réalisée
006 G
Après
enrichissement :
Salmonella
arizonae 99,9%
Salmonella S. III.
61 : k : 1, 5, 7
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Non réalisée Non réalisée
225 D Salmonella sp. Salmonella Derby
Grosses colonies
bombées grisâtres,
brillantes, bords
réguliers
Colonies noires,
brillantes, bords
irréguliers, halo
translucide
Pas d’évolution
Les résultats des identifications biochimiques ont montré que toutes les demi-mamelles
positives sauf une (225 droite) excrétaient, selon le système API, Salmonella arizonae
(fiabilité revendiquée par le fabricant : 99,9 %). La brebis 225 a excrété une souche non
identifiable par micro-galerie : Salmonella sp..
• Caractères antigéniques
Toutes les brebis, sauf la 225, excrètent dans le lait un même sérotype du sous-type
III : 61:k:1,5,7.
La brebis 225 a excrété une souche du sérotype Derby, correspondant aux seules
colonies noires à 24 h sur géloses sélectives.
• Brebis ne réexcrétant pas à l’ENVT
La brebis 025 n’a jamais excrété de salmonelles de façon spontanée malgré 13 mises en
culture (côtés droit ou gauche) directes ou après enrichissement. La brebis 006 a été positive
deux fois à gauche et à droite après un enrichissement sur 12 mises en culture. Ainsi, au total,
sur 16 hémi-mamelles (8 brebis), 7 ont régulièrement excrété des salmonelles.
89
• Bactériologie non salmonellique
La bactériologie des demi-mamelles contra-latérales aux positives a également été effectuée.
Ces demi-mamelles ne présentaient pas d’infection bactérienne mammaire durable.
2. Quantification de l’excrétion des salmonelles
Tableau 13. Quantification de l’excrétion salmonellique dans le lait.
G : demi-mamelle gauche. D : demi-mamelle droite. Cellules grisées : valeurs extrêmes.
Date
Brebis
(UFC/mL)
545 D
Brebis
(UFC/mL)
0137 G
Brebis
(UFC/mL)
206 G
Brebis
(UFC/mL)
091 D
Brebis
(UFC/mL)
114 G
Brebis
(UFC/mL)
114 D
Brebis
(UFC/mL)
225 D
3-mars 2164 > 105
6-mars 12500 14083
11-mars 2636 92
13-mars 20636 250 180 1220 > 105 > 105
18-mars 4864 191 0 1848 0 50
20-mars 340455 38 660 1429 12762 4714
21-mars 3318 55 2610 2600 > 106 4890
24-mars 192381 464000 15 1010 46818 827
27-mars 2036 0 1075 1782 0 1480000
28-mars 1482 0 2650 1327 0 127273
1-avr 5091 39000 9 1182 0 2573 845
3-avr 182727 64 4455 491 0 176000 14000
4-avr 4727 800000 > 105
7-avr 790909 881818
08-avr 1727 1327 26364 160000
10-avr 20550 2486 0 7182 91
11-avr > 106 145
14-avr 16000
Moyenne
arithm.
arrondie
6.104 1,6.105 3.103 1,5.103 1,1.105 2,4.105 1,5.105
Moyenne
géomét.
arrondie
1.104 - - 1,4.102 - 1,8.104 8,8.103
Ecart- type
arrondi 1,1.105 3.105 6.103 6.102 3,1. 105 4,8.105 3.105
90
Nous pouvons noter :
- une moyenne arithmétique d’excrétion de salmonelles comprise entre 1,5.103 et
2,4.105 UFC/mL
- des valeurs minimales comprises entre 0 et 1482 UFC/mL, et des valeurs maximales
allant de 2,6.103 à 1,4.106 UFC/mL
- une très grande fluctuation (écarts types importants) et irrégularité de l’excrétion avec
parfois selon les jours aucune salmonelle détectée dans le lait. L’écart le plus
important d’un dénombrement sur l’autre est de 4,6.105 UFC/mL (3 jours).
B. Symptomatologie
1. Etat général et symptômes extra-mammaires
Durant tout le suivi des brebis, aucune n’a présenté de symptômes montrant une
atteinte de l’état général : pas d’abattement, d’anorexie, d’arrêt de la rumination,... Les brebis
n’ont jamais présenté de diarrhée, de troubles respiratoires ou d’atteinte clinique quelconque.
Les températures des brebis ont été prises régulièrement (Figure 6).
37
37,5
38
38,5
39
39,5
40
40,5
41
3-m
ars
6-m
ars
13-m
ars
18-m
ars
20-m
ars
24-m
ars
26-m
ars
28-m
ars
30-m
ars
2-av
r4-
avr
9-av
r
11-a
vr
13-a
vr
Date
Tem
péra
ture
(°C
)
Moyenne du lot
Minimum du lot
Maximum du lot
Figure 6. Evolution des températures rectales des brebis étudiées.
La moyenne des températures du lot étudié est de 38,8 °C. L’écart type est de 0,5.
Globalement, nous voyons que la température des brebis évolue peu. Une seule brebis a
présenté un pic de température à 40,5 °C, cette hyperthermie n’a duré qu’un jour.
91
La température des brebis le jour de la livraison par camion était toujours légèrement
supérieure aux jours suivants.
2. Examen de la mamelle et du lait
Les résultats de l’examen clinique de la mamelle ont peu varié au cours de
l’expérimentation. Le tableau 14 présente les résultats synthétiques de l’inspection et de la
palpation de la mamelle ainsi que l’aspect du lait.
Tableau 14. Synthèse de l’examen clinique de la mamelle et du lait des brebis étudiées.
Brebis
(numéro) Côté Déséquilibre Kystes Induration
Nœuds
lymphatiques
Aspect du
lait
Autres
(cutané)
G Normal Aucun Souple Normal Normal
545 D
Très léger
déséquilibre Aucun
Légère
induration
Légèrement
réactionnel Normal
G Normal Aucun Légère
induration Réactionnel Normal
Staphylococcie
cutanée 0137
D Léger
déséquilibre Aucun Souple Normal Normal
Staphylococcie
cutanée
G Normal 4 petits
kystes
Induration
légère en
partie
haute
Réactionnel
Parfois
légèrement
modifié
(jaunâtre)
114
D Très léger
déséquilibre
3 petits
kystes
Induration
légère en
partie
haute
Réactionnel
Parfois
très
modifié,
aqueux
G Très léger
déséquilibre Aucun Souple Normal Normal
006
D Normal Aucun Souple Normal Normal
G Léger
déséquilibre Aucun Souple
Légèrement
réactionnel Normal
206
D Normal Aucun Souple Normal Normal
G Normal 1 petit
kyste Souple
Très
réactionnel
avec fistule
Normal
091
D Fort
déséquilibre Aucun
Induration
diffuse
moyenne
Très
réactionnel Normal
92
G Normal Aucun Souple Normal Normal
225 D
Léger
déséquilibre Aucun
Induration
lègère
partie
haute
Légèrement
réactionnel Normal
G Très léger
déséquilibre Souple
Légèrement
réactionnel Normal
025
D Normal 2 gros
kystes Souple Normal Normal
Les données en gras sont celles des côtés excréteurs. Cases grisées : symptômes extrêmes.
G = côté gauche ; D = côté droit
Les symptômes mammaires de cette forme de salmonellose ovine sont de type :
- mammites « subcliniques » le plus souvent (6 brebis) avec un lait d’aspect normal,
une mamelle légèrement indurée, parfois un léger déséquilibre de la mamelle et une
légère réaction des nœuds lymphatiques rétro-mammaires ;
- mammite clinique chronique chez la brebis 091, avec une induration diffuse du
parenchyme, un fort déséquilibre et des nœuds lymphatiques retro-mammaires très
réactionnels. Il s’agit cependant du même type clinique que le précédent, mais plus
accentué.
- mammite clinique chronique à subaiguë chez la brebis 114, compte tenu de la
modification d’aspect du lait.
3. Conséquences sur la production laitière
La quantité de lait produite par chaque demi-mamelle est mesurée lors de chaque
traite, soit une fois par jour.
Nous devons séparer les brebis en trois groupes en fonction des résultats bactériologiques
précédents (cf chapitre II. A.) :
- brebis excrétant des salmonelles de façon régulière d’un côté ;
- brebis ne réexcrétant pas de salmonelles lors de leur étude à l’ENVT ;
- brebis excrétant des salmonelles des deux côtés de façon régulière.
• Production laitière des brebis n° 545, 91, 225, 206, 137 (excrétant des
salmonelles de façon régulière d’un côté)
93
0
200
400
600
800
1000
1200
3-m
ars
6-m
ars
9-m
ars
12-m
ars
15-m
ars
18-m
ars
21-m
ars
24-m
ars
27-m
ars
30-m
ars
2-av
r5-
avr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio D/G
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 7. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 545 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 6.104 UFC/mL de lait)
Pour la brebis n° 545 (cf. figure 7), nous n’étudions les données de production laitières que du
17 mars au 7 avril car, avant cette période, la brebis n’a pas été traite tous les jours. La
moyenne de production laitière côté gauche est de 527 mL (écart-type 132), celle de droite est
de 332 mL (écart-type 94). Les fluctuations de production sont semblables des deux côtés
(coefficient de variation de 0,25 pour le côté gauche et de 0,28 pour le côté droit).En
moyenne, le côté droit, présentant une infection salmonellique, produit 35 % de lait en moins
que le côté gauche sain. Il n y a que le 18 et le 21 mars que le côté droit a donné plus de lait
que le côté gauche.
Sur la figure 8, nous voyons une très forte différence de production entre le côté droit
présentant une mammite et le côté gauche sain. La moyenne de production laitière de la brebis
091 côté gauche est de 411 mL (écart-type 107, coefficient de variation 0,24), celle de droite
est de 107 mL (écart-type 14, coefficient de variation 0,13). En moyenne, le côté droit,
excrétant des salmonelles, produit 74 % de lait en moins que le côté gauche sain.
94
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
17-m
ars
19-m
ars
21-m
ars
23-m
ars
25-m
ars
27-m
ars
29-m
ars
31-m
ars
2-av
r4-
avr
6-av
r8-
avr
10-a
vr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
0,4
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio D/G
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 8. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 91 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.103 UFC/mL de lait).
0
100
200
300
400
500
600
700
800
31-m
ars
1-av
r2-
avr
3-av
r4-
avr
5-av
r6-
avr
7-av
r8-
avr
9-av
r
10-a
vr
11-a
vr
12-a
vr
13-a
vr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio D/G
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 9. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 225 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.105 UFC/mL de lait).
95
La moyenne de production laitière de la brebis n° 225 côté gauche est de 590 mL (écart-type
147, coefficient de variation 0,25), celle de droite est de 293 mL (écart-type 117, coefficient
de variation 0,40) (cf. figure 9). En moyenne, le côté droit, présentant une mammite à
salmonelles, produit 50 % de lait en moins que le côté gauche sain. Nous remarquons que le
jour de l’arrivée, la brebis n’a pratiquement pas produit de lait du côté gauche et droit.
La moyenne de production laitière de la brebis n° 206 côté gauche est de 152 mL (écart-type
67) avec de très fortes fluctuations de production (coefficient de variation 0,44) (cf. figure
10). La moyenne de production côté droit est de 294 mL (écart-type 55, coefficient de
variation 0,19). Le côté gauche, présentant une infection salmonellique, produit 48 % de lait
en moins que le côté droit sain.
0
50
100
150
200
250
300
350
400
17-m
ars
19-m
ars
21-m
ars
23-m
ars
25-m
ars
27-m
ars
29-m
ars
31-m
ars
02-a
vr
04-a
vr
06-a
vr
08-a
vr
10-a
vr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio G/D
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 10. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 206 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 3.103 UFC/mL de lait).
96
Pour la brebis n° 137 (cf. figure 11), nous n’étudions les données de production laitières que
du 18 mars au 7 avril car avant cette période, la brebis n’a pas été traite tous les jours.
Nous remarquons que le côté droit produit en moyenne moins de lait que le côté gauche
mammiteux. Pourtant, d’après les analyses bactériologiques vues précédemment, le côté droit
ne présente pas d’infection mammaire durable (cf Partie 2. Chap. II. A. 1.).
La moyenne de production laitière (calculée à partir du 18 mars) côté gauche est de 286 mL
(écart-type 50), celle de droite est de 221 mL (écart-type 44). Les fluctuations de production
laitière côté gauche et droit sont semblables et relativement faibles à partir du 18 mars
(coefficient de variation de 0,17 pour le côté gauche et de 0,20 pour le côté droit)
0
100
200
300
400
500
600
700
1-m
ars
4-m
ars
7-m
ars
10-m
ars
13-m
ars
16-m
ars
19-m
ars
22-m
ars
25-m
ars
28-m
ars
31-m
ars
3-av
r6-
avr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio G/D
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 11. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 137 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 1,6.105 UFC/mL de lait).
97
• Production laitière des brebis n° 025 et 006 (brebis ne réexcrétant pas
de salmonelles lors de leur étude à l’école)
Sur la figure 12, nous remarquons que les deux courbes de production laitière gauche et droite
de la brebis 025 suivent sensiblement les mêmes valeurs et les mêmes fluctuations.
La moyenne de production laitière côté gauche est de 379 mL (écart-type 88, coefficient de
variation 0,23), celle de droite est de 368 mL (écart-type 74, coefficient de variation 0,2). Il
n’y a donc pas de différence notable entre les productions des deux côtés, ce qui concorde
avec les données bactériologiques (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.)
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
31-m
ars
1-av
r2-
avr
3-av
r4-
avr
5-av
r6-
avr
7-av
r8-
avr
9-av
r
10-a
vr
11-a
vr
12-a
vr
13-a
vr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio D/G
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 12. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 025 (n’a jamais excrété
de salmonelles à l’école).
Les deux courbes de production laitière gauche et droite de la brebis 006 (cf. figure 13)
suivent aussi sensiblement les mêmes valeurs et les mêmes fluctuations (sauf le 21 mars sans
explication apparente).
La moyenne de production laitière côté gauche est de 689 mL (écart-type 140, coefficient de
variation 0,2), celle de droite est de 683 mL (écart-type 149, coefficient de variation 0,22). Il
n’y a donc pas de différence notable entre les productions des deux côtés, ce qui concorde
avec les données bactériologiques (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.)
98
0
200
400
600
800
1000
1200
17-m
ars
19-m
ars
21-m
ars
23-m
ars
25-m
ars
27-m
ars
29-m
ars
31-m
ars
2-av
r4-
avr
6-av
r8-
avr
10-a
vr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio G/D
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 13. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 006 (deux fois positive à
gauche et à droite après enrichissement).
• Production laitière de la brebis n° 114 (brebis excrétant des
salmonelles des deux côtés de façon régulière)
La moyenne de production laitière côté gauche est de 614 mL (écart-type 132, coefficient de
variation 0,21), celle de droite est de 464 mL (écart-type 93, coefficient de variation 0,2) (cf.
figure 14). En moyenne, le côté droit produit 23 % de lait en moins que le côté gauche. Ceci
est en accord avec le suivi bactériologique qui montre que le côté droit est plus souvent positif
et excrète un plus grand nombre de salmonelles que le côté gauche ( cf. Partie 2. Chap. II. A.
2.)
99
0
200
400
600
800
1000
1200
17-m
ars
19-m
ars
21-m
ars
23-m
ars
25-m
ars
27-m
ars
29-m
ars
31-m
ars
2-av
r4-
avr
6-av
r8-
avr
10-a
vr
12-a
vr
Pro
duct
ion
lait
en m
L
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
Rat
io
Demi-mamelle G Demi-mamelle D Ratio D/G
G = côté gauche ; D = côté droit
Figure 14. Production laitière par demi-mamelle de la brebis n° 114 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 7,5.103 UFC/mL de lait et à droite en moyenne à
1,8.105 UFC/mL de lait).
• Synthèse des résultats de production laitière
0
100
200
300
400
500
600
700
800
545 91 225 206 137 25 6 114
Pro
duct
ion
laiti
ère
en m
L (m
oyen
nes
arith
mét
ique
s)
excréteur non excréteur
Figure 15. Production laitière moyenne. Comparaison des demi-mamelles excrétrices et
non excrétrices.
100
La comparaison des productions entre demi-mamelles excrétrices et non excrétrices a révélé
une diminution de production du côté excréteur, qui peut être importante (brebis 091) (cf.
figure 15 et tableau 15). Si l’on ne prend en compte que les brebis excrétant d’un côté (brebis
545, 091, 225, 206, 137), du côté excréteur, la production moyenne a été de 234 mL, avec un
minimum de 107 mL pour la brebis 091 et un maximum de 332 mL pour la 545. Du côté non
excréteur, la production moyenne a été de 409 mL, avec un minimum de 221 mL pour la
brebis 137 et un maximum de 590 mL pour la 225 (cf. tableau 16).
La brebis 137 était un cas particulier. La demi-mamelle excrétrice produisait plus de lait que
la non excrétrice.
En ne considérant pas cette brebis dans le calcul des moyennes, la production laitière du côté
excréteur est de 221 mL, celle du côté non excréteur est de 455 mL.
Ainsi, en moyenne pour les 4 femelles considérées globalement, la production des côtés
excréteurs a été diminuée de 51 % par rapport au côté non excréteur.
Tableau 15. Ratio latéro-latéral moyen de production laitière (demi-mamelles
excrétrices / non excrétrices).
N° Brebis Ratio de production demi-mamelles
excrétrices / demi-mamelles non excrétrices
545 0,63
091 0,26
225 0,49
206 0,52
137 1,29
Tableau 16 . Productions moyennes des demi-mamelles excrétrices et non excrétrices.
Demi-mamelle
excrétrice
Demi-mamelle
excrétrice (brebis
114 incluse)
Demi-mamelle
non excrétrice
Demi-mamelle
non excrétrice
(brebis 025 et
006 incluses)
Production
laitière
moyenne (mL)
232 320 409 462
Production
moyenne
minimale (mL)
107 107 221 221
101
Production
moyenne
maximale (mL)
332 614 590 689
(Les productions minimales et maximales sont des moyennes géométriques)
La figure 16 présente les coefficients de variation (ou CV : rapport de l’écart-type à la
moyenne) de la production des 2 demi-mamelles. Pour les brebis 025, 006 et 114 (n’excrétant
pas de salmonelles ou alors des deux côtés), le CV a été semblable. Pour les autres, à
l’exception de la brebis 091, le CV a été supérieur lorsque la production laitière était
inférieure.
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0,35
0,4
0,45
0,5
545 91 225 206 137 25 6 114Coe
ffici
ents
de
varia
tion
prod
uctio
n la
itièr
e
excréteur non excréteur
Figure 16. Coefficients de variation de la production laitière des demi-mamelles
excrétrices et non excrétrices.
4. Conséquences sur les comptages de cellules somatiques (CCS)
Pour l’ensemble des courbes de CCS, les points manquants correspondent à des prélèvements
n’ayant pu donner de résultats par la technique opto-fluoro-électronique associée à la
cytométrie de flux : laits modifiés et/ou ayant coagulé après traitement à la chaleur.
• Comptages cellulaires par demi-mamelle : brebis n° 545, 91, 225,
206, 137 (excrétant des salmonelles de façon régulière d’un côté)
102
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
02-m
ars
04-m
ars
06-m
ars
10-m
ars
12-m
ars
16-m
ars
18-m
ars
20-m
ars
22-m
ars
24-m
ars
26-m
ars
28-m
ars
30-m
ars
01-a
vr
03-a
vr
05-a
vr
Date
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/ m
l)545 G 545 D
Figure 17. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 545 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 6.104 UFC/mL de lait).
Sur la figure 17, nous notons que le lait du côté droit, excréteur de salmonelles, a en moyenne
des CCS nettement supérieur au côté gauche, sain. La courbe des CCS du côté atteint (droit)
est de type sinusoïdal avec une périodicité d’environ 4 jours. Selon les jours, on peut avoir des
valeurs très basses de CCS du lait « mammiteux » (minimum de 167 000 cellules/mL le 19
mars).
La moyenne des CCS du côté droit est de 9 948 000 cellules/mL (écart-type très important de
10 918 000) avec un maximum de 32 413 000 cellules/mL le 24 février. Le coefficient de
variation est également important : 1,1
Les résultats de CCS du côté gauche sont en accord avec les résultats bactériologiques ne
montrant pas d’infection mammaire durable (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.) : moyenne de 456
000 cellules /mL (écart-type 825 000 et CV 1,81). Le côté gauche ne présente donc pas de
mammite subclinique.
103
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
12-m
ars
16-m
ars
18-m
ars
20-m
ars
22-m
ars
24-m
ars
26-m
ars
28-m
ars
30-m
ars
01-a
vr
03-a
vr
05-a
vr
07-a
vr
09-a
vr
Date
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/m
l)
O91 G O91 D
Figure 18. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 091 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.103 UFC/mL de lait)
Sur la figure 18, nous remarquons que le côté droit excréteur présente des valeurs de CCS
toujours nettement supérieures à celles du côté gauche. La forme de la courbe 091D est
différente de la précédente (545D) et ne présente pas de « vagues »ou de cyclicité. La
moyenne des CCS du côté droit est de 3 566 000 cellules/mL (écart-type 2 544 000 , CV
0,71, plus faible que précédemment) avec un maximum de 12 515 000 cellules/mL le 17
mars.
Les résultats de CCS du côté gauche montre un pic à 5 650 000 cellules /mL le 18 mars avec
des valeurs basses les autres jours : moyenne de 646 000 cellules /mL (écart-type 1 072 000,
CV 1,66). Ils sont en accord avec les résultats bactériologiques ne montrant pas d’infection
mammaire durable (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.). Le côté gauche ne présente donc pas de
mammite subclinique.
Sur la figure 19, nous notons que le lait du côté droit, excréteur de salmonelles, a en moyenne
des comptages de cellules somatiques nettement supérieurs au côté gauche sain. La courbe
des CCS du côté atteint (droit) présente des fluctuations cycliques (comme avec la courbe
précédente de la brebis 545 côté droit) avec une périodicité d’environ 4 jours. Selon les jours,
on peut avoir des valeurs basses de CCS du côté atteint (minimum de 794 000 cellules /mL le
12 avril).
104
La moyenne des CCS du côté droit est de 10 684 000 cellules/mL (écart-type très important
de 11 139 000 , CV de 1,04) avec un maximum de 28 241 000 cellules/mL le 8 avril.
Les résultats de CCS du côté gauche sont en accord avec les résultats bactériologiques ne
montrant pas d’infection mammaire durable (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.) : moyenne de 269
000 cellules /mL (écart-type 367 000 ,CV 1,36). Le quartier gauche n’a donc pas de mammite
subclinique.
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
31-m
ars
01-a
vr
02-a
vr
03-a
vr
04-a
vr
05-a
vr
06-a
vr
07-a
vr
08-a
vr
09-a
vr
10-a
vr
11-a
vr
12-a
vr
Date
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/m
l)
225 G 225 D
Figure 19. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 225 (excrète des
salmonelles à droite en moyenne à 1,5.105 UFC/mL de lait)
D’après la figure 20, le lait de la brebis 206, côté gauche, excréteur de salmonelles, a en
moyenne des comptages de cellules somatiques nettement supérieurs au côté droit sain. Selon
les jours, on peut avoir des valeurs très basses de CCS du côté excréteur : minimum de 168
000 cellules /mL le 19 mars.
La moyenne des CCS du côté gauche est de 7 635 000 cellules/mL (écart-type important de
10 161 000 et CV de 1,33) avec un maximum de 31 574 000 cellules/mL le 10 avril.
Les résultats de CCS du côté droit sont en accord avec les résultats bactériologiques ne
montrant pas d’infection mammaire durable (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.) : moyenne de 909
000 cellules /mL (écart-type 2 328 000, CV 2,56).
105
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
12-m
ars
16-m
ars
18-m
ars
20-m
ars
22-m
ars
24-m
ars
26-m
ars
28-m
ars
30-m
ars
01-a
vr
03-a
vr
05-a
vr
07-a
vr
09-a
vr
Date
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/m
l) 206 G 206 D
Figure 20. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 206 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 3.103 UFC/mL de lait).
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
40000
02-m
ars
05-m
ars
10-m
ars
14-m
ars
18-m
ars
21-m
ars
24-m
ars
27-m
ars
30-m
ars
02-a
vr
05-a
vr
Date
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/m
l)
O137 G O137 D
Figure 21. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 137 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 1,6.105 UFC/mL de lait).
106
Pour la brebis 0137 (cf. figure 21), nous notons que le lait du côté gauche, excréteur de
salmonelles, a en moyenne des valeurs de comptages de cellules somatiques nettement
supérieurs au côté droit sain. La courbe des CCS du côté atteint (gauche) forme des
« vagues » avec une périodicité d’environ 5 jours. Selon les jours, on peut avoir des valeurs
très basses de CCS (minimum de 393 000 cellules/mL le 23 mars), avec une période plus
longue de valeurs faibles, comparées aux brebis 545 côté droit et 225 côté droit ou alors des
valeurs très élevées ( maximum de 32 713 000 cellules/mL le 24 mars).
La moyenne des CCS du côté gauche est de 8 897 000 cellules/mL (écart-type très important
de 11 071 000 , CV de 1,24).
Les résultats de CCS du côté droit sont en accord avec les résultats bactériologiques ne
montrant pas d’infection mammaire durable (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.) : moyenne de 720
000 cellules /mL (écart-type 901 000, CV 1,25) avec un pic de 4 384 000 cellules/mL 25
février. Le côté droit ne présente donc pas de mammite subclinique.
• Comptages cellulaires par demi-mamelle : brebis n° 025 et 006
(brebis n’excrétant pas de salmonelles ou non spontanément, lors de leur étude
à l’école)
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1600
1800
2000
31-m
ars
01-a
vr
02-a
vr
03-a
vr
04-a
vr
05-a
vr
06-a
vr
07-a
vr
08-a
vr
09-a
vr
10-a
vr
11-a
vr
12-a
vr
Date
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/m
l)
O25 G O25 D
Figure 22. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 025 (n’a jamais
excrété de salmonelles à l’école).
107
Nous remarquons que les valeurs des CCS de la brebis n° 025 sont faibles (cf. figure 22),
comparés aux résultats précédents.
La moyenne des CCS du côté droit est de 394 000 cellules/mL (écart-type 327 000, CV 0,83)
avec un maximum de 1 339 000 cellules/mL le 1er avril.
La moyenne des CCS du côté gauche est de 578 000 cellules/mL (écart-type 508 000, CV
0,88) avec un maximum de 1 726 000 cellules/mL le 1er avril.
Ces résultats de CCS sont en accord avec les analyses bactériologiques qui n’ont pas réussi à
mettre en évidence de salmonelles ou d’autres bactéries dans le lait de cette brebis (cf. Partie
2. Chap. II. A. 1.). Cette brebis ne présente donc pas d’infection mammaire durable.
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1000
12-m
ars
16-m
ars
18-m
ars
20-m
ars
22-m
ars
24-m
ars
26-m
ars
28-m
ars
30-m
ars
01-a
vr
03-a
vr
05-a
vr
07-a
vr
09-a
vr
Date
CC
S (
x 10
00 c
ellu
les/
ml) OO6 G OO6 D
Figure 23. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 006 (seulement deux
fois positive à gauche et à droite après enrichissement).
Nous remarquons que les valeurs des CCS de la brebis n° 006 sont faibles également (cf.
figure 23).
La moyenne des CCS du côté droit est de 139 000 cellules/mL (écart-type 107 000, CV 0,77)
avec un maximum de 643 000 cellules/mL le 18 mars.
108
La moyenne des CCS du côté gauche est de 174 000 cellules/mL (écart-type 171 000, CV
0,98) avec un maximum de 948 000 cellules/mL le 18 mars.
Ces résultats de CCS sont en accord avec les analyses bactériologiques qui n’ont réussi à
mettre en évidence de salmonelles du lait de cette brebis que deux fois et qu’après
enrichissement (cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.).
Cette brebis ne présente donc pas d’infection mammaire durable.
• Comptages cellulaires par demi-mamelle : brebis n° 114 (brebis
excrétant des salmonelles des deux côtés de façon régulière)
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
12-m
ars
16-m
ars
18-m
ars
20-m
ars
22-m
ars
24-m
ars
26-m
ars
28-m
ars
30-m
ars
01-a
vr
03-a
vr
05-a
vr
07-a
vr
09-a
vr
11-a
vr
Date
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/m
l) 114 G 114 D
Figure 24. Comptages cellulaires par demi-mamelle de la brebis n° 114 (excrète des
salmonelles à gauche en moyenne à 7,5.103 UFC/mL de lait et à droite en moyenne à
1,8.105 UFC/mL de lait).
Nous notons que le lait du côté gauche et du côté droit présentent des valeurs de CCS en
moyenne élevées (cf. figure 24). La moyenne des CCS du côté gauche est de 6 077 000
cellules/mL (écart-type important de 7 468 000, CV de 1,23) avec un maximum de 29 339
000 cellules/mL le 4 avril. La moyenne des CCS du côté droit est de 8 449 000 cellules/mL
(écart-type important de 9 966 000, CV 1,18) avec un maximum de 32 552 000 cellules/mL le
2 avril.
109
Les courbe des CCS présente des fluctuations cycliques avec une périodicité d’environ 4-5
jours. Selon les jours, on peut avoir des valeurs très basses de CCS (minimum de 394 000
cellules/mL le 28 mars pour le côté gauche et de 198 000 le 1er avril pour le droit).
Les résultats des CCS sont en accord avec les résultats bactériologiques montrant une
infection mammaire durable du côté gauche et du côté droit (infection plus forte du côté droit)
(cf. Partie 2. Chap. II. A. 1.).
• Synthèse des résultats de comptages de cellules somatiques
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
545 91 225 206 137 25 6 114
Moy
enne
s ar
ithm
étiq
ues
CC
S (
x100
0 ce
llule
s/m
L)
excréteur non excréteur
Figure 25. Comparaison des comptages de cellules somatiques moyens des demi-
mamelles excrétrices et non-excrétrices.
La comparaison des CCS entre demi-mamelles excrétrices et non excrétrices a révélé des
valeurs plus élevées du côté excréteur de salmonelles.
Le ratio CCS demi-mamelles excrétrices/CCS demi-mamelles non excrétrices est très variable
(cf. tableau 17). Le ratio moyen maximum a été enregistré pour la brebis 225 (39,72), le
minimum pour la brebis 091.
Tableau 17. Ratio latéro-latéral des comptages de cellules somatiques moyens des laits
(demi-mamelles excrétrices / non excrétrices).
N° Brebis Ratio des CCS demi-mamelles excrétrices /
demi-mamelles non excrétrices
545 21,82
091 5,52
225 39,72
206 8,40
137 12,36
110
Tableau 18. Evaluation du risque de faux-négatifs lors du dépistage de mammite
subclinique en fonction du seuil de CCS de positivité.
Seuil de dépistage de 5.105
cellules/mL
Seuil de dépistage de 1.106
cellules/mL
Demi-mamelle
excrétrice
Nombre de
données
inférieures au seuil
/ nombre total de
données
Pourcentage de
faux négatifs
Nombre de
données
inférieures au seuil
/ nombre total de
données
Pourcentage de
faux négatifs
545 D 5 / 35 14 % 9 / 35 25,7 %
0137 G 4 / 38 10,5 % 11 / 38 28,9 %
091 D 0 / 27 0 % 0 / 27 0 %
114 G 4 /29 13,8 % 7 / 29 24,1 %
114 D 5 /28 17,9 % 10 /28 35,7 %
206 G 3 /23 13 % 6 / 23 26 %
225 D 0 /13 0 % 1 /13 0,08 %
La figure 26 présente les coefficients de variation des CCS des demi-mamelles excrétrices et
non excrétrices. Si nous étudions les brebis n’excrétant que d’un côté, nous remarquons que le
CV est toujours supérieur du côté non excréteur.
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
545 91 225 206 137 25 6 114
Coe
ffici
ents
de
varia
tion
CC
S
excréteur non excréteur
Figure 26. Coefficients de variation des comptages de cellules somatiques moyens des
demi-mamelles excrétrices et non excrétrices
111
C. Résultats nécropsiques
1. Lésions macroscopiques
Tableau 19. Principales lésions macroscopiques observées lors de l’autopsie des brebis
N° 545, 0137, 206, 091.
Organe Brebis (côté excréteur)
545 (D) 0137 (G) 206 (G) 091 (D)
Organes
thoraciques et
abdominaux
Rate, rein, foie,
poumons : RAS
Rate, rein, foie,
poumons : RAS
Rate, rein, foie,
poumons : RAS
Rate, rein, foie,
poumons : RAS.
Parenchyme
mammaire
Induration
diffuse à droite
Induration diffuse à
gauche, volume
demi-mamelle
droite nettement
inférieur
Normal
Induration diffuse
à droite avec
kystes lactés et
trajets purulents
N. L. rétro
mammaires
- G : 2,32 g,
légèrement
hémorragique.
- D : 4,78 g, très
hémorragique
- G : 5,59 g,
normal à la coupe.
- D : 5,16 g,
corticale
légèrement
hémorragique
- G : 4,33 g,
infiltration
cellulaire
corticale
- D : 2,47 g,
normal à la
coupe
- G : 7,28 g,
légèrement
hémorragique
- D : 12,21 g,
corticale très
hémorragique
N. L. Iliaques
et lombo-
aortiques
3
hémorragiques
2 corticales
hémorragiques 8 hémorragiques 9 hémorragiques
N. L.
mésentériques Normaux
3 corticales
légèrement
hémorragiques
6 hémorragiques Normaux
N .L. : nœud lymphatique D : côté droit G : côté gauche
112
Tableau 20. Principales lésions macroscopiques observées lors de l’autopsie des brebis
N° 006, 225, 114, 025.
Organe Brebis (côté excréteur)
006 (G et D) 225 (D) 114 (G et D) 025
Organes
thoraciques et
abdominaux
Foie : 1 abcès
hépatique calcifié
et 2 petits abcès.
Rate, rein,
poumons : RAS
Rate, rein, foie,
poumons : RAS
Rate, rein, foie,
poumons : RAS
Foie : 1 lésion
blanche fibrosée
superficielle.
Rate, rein,
poumons : RAS
Parenchyme
mammaire
Normal, plus
petit à gauche
Induration en
partie haute à
droite et sclérose
Induration en
partie haute des 2
côtés + kystes
lactés
Normal
N. L. rétro
mammaires
- G : 1,22 g,
normal
- D : 2,14 g,
normal
- G : 3,08 g,
normal
- D : 6,74 g,
normal à la
coupe
- G : 5,77 g,
normal à la
coupe
- D : 8,85 g,
trilobé normal à
la coupe
- G : 4,22 g,
normal
- D : 3,72 g,
normal
N. L. Iliaques et
lombo-aortiques 3 hémorragiques 9 hémorragiques 8 hémorragiques
11
hémorragiques
N. L.
mésentériques Normaux 3 hémorragiques
2 légèrement
hémorragiques 1 hémorragique
N .L. : nœud lymphatique D : côté droit G : côté gauche
Nous pouvons faire la synthèse de ces deux tableaux :
- Organes thoraciques et abdominaux : aucune lésion macroscopique ou sans rapport
avec une salmonellose
- Parenchymes mammaires : généralement indurés du côté excréteur, mais pas d’abcès
- Nœuds lymphatiques rétro-mammaires : adénomégalie fréquente réactionnels du côté
excréteur (augmentation de volume et de poids), lésions macroscopiques à la coupe
inconstantes (hémorragies, infiltration cellulaire)
- Nœuds lymphatiques iliaques et lombo-aortiques (drainant le bassin et, pour certains,
secondairement la mamelle) : plus réactionnels que les mésentériques. Adénomégalie
et hémorragies.
113
- Nœuds lymphatiques mésentériques (drainant l’intestin) : peu réactionnels, certains
sont hémorragiques.
2. Analyse bactériologique des prélèvements réalisés sur les brebis
autopsiées
• Isolement de salmonelles
Tableau 21. Résultats des analyses bactériologiques réalisées sur les organes prélevés à
l’autopsie (identification par galerie ID32E).
Organes
Brebis N. L. rétro-
mammaires
N. L.
iliaques
et lombo-
aortiques
Fécès N. L.
mésentériques Foie Rate Autres
545 - - Salmonella
spp.
Salmonella
spp. - - -
0137 G : S.
arizonae
S.
arizonae S. arizonae S. arizonae - - -
206 - - - - - - -
091 - - - - - - -
006 - - Salmonella
spp. - - - -
225
G et D :
Salmonella
spp.
- - - - - -
114 G : S.
arizonae - - - - -
Abcès
mammaire:
Salmonella
spp.
025 G et D : S.
arizonae - - - - - -
N. L. : Nœud lymphatique ; G = côté gauche ; D = côté droit
Nous voyons que les salmonelles ont été isolées :
114
- principalement dans les nœuds lymphatiques rétro-mammaires (même chez la brebis
025 qui n’a jamais excrété à l’école), parfois dans des nœuds lymphatiques iliaques,
drainant secondairement la mamelle ; chez la brebis 114 dans un abcès du parenchyme
mammaire
- chez certaines brebis dans le tube digestif (fèces et ganglions mésentériques)
• Identification sérologique
Tous les isolats ont été identifiés comme Salmonella arizonae SIII. 61 : k :1, 5, 7, à
l’exception de ceux des nœuds lymphatiques rétro-mammaires de la brebis 225 : Salmonella
Derby.
II. Discussion
A. Discussion sur le matériel et les méthodes
1. Sélection des animaux
Le seul critère d’inclusion à l’étude est que la brebis en lactation ait été identifiée excrétrice
de salmonelles dans le lait. Nous ne pouvons pas avoir de critère plus précis vu la très faible
prévalence de l’excrétion de salmonelles dans le lait par les brebis.
Notons ici un premier biais potentiel dans le recrutement des animaux. Les brebis incluses ne
peuvent pas présenter de mammite clinique car, en pratique, ces cas sont rapidement réformés
et théoriquement le lait n’est pas livré. Il est envisageable que les élevages dans lesquels on a
recruté les animaux aient déjà réformé une ou plusieurs brebis pour mammite clinique, et ce
sans recherche étiologique.
Le stade de lactation précis est inconnu.
Des brebis de tous les âges (ou numéro de lactation) ont été sélectionnées pour cette étude.
Ceci est semblable aux études effectués sur des vaches excrétrices de salmonelles dans le lait.
L’INRA, en 1999, a testé 1280 vaches provenant d’un troupeau ayant livré un lait contaminé
par les salmonelles et a trouvé seulement sept vaches ayant une excrétion mammaire de
salmonelles. Deux de ces dernières ont été suivies avec comme seul critère d’inclusion,
l’excrétion galactophore (28).
2. Influence des effectifs
Le suivi expérimental est effectué sur huit brebis. Le but de l’expérimentation était de
comparer les demi-mamelles afin d’étudier l’influence de l’infection par les salmonelles. Sur
ces huit brebis, deux n’ont jamais, ou pratiquement jamais, excrété de salmonelles (025 et
006), une excrète des deux côtés (114) et une autre a un quartier sain anormalement atrophié
115
modifiant les résultats de production laitière (137). Il ne reste donc que quatre brebis sur
lesquelles nous pouvons comparer les deux demi-mamelles du point de vue de la production
laitière, des CCS et de l’examen clinique mammaire. Cet effectif est trop faible pour avoir une
puissance statistique suffisantes vu le nombre de variables non contrôlables pouvant jouer sur
les éléments de comparaison. Nous ne savons pas si ces brebis avaient, avant l’infection par
les salmonelles, deux demi-mamelles aux caractéristiques identiques. Le suivi aurait dû
s’effectuer sur un nombre plus grand de brebis.
3. Conduite des animaux et explorations cliniques
Les huit brebis sont conduites ensemble en box. La contamination croisée entre brebis
est théoriquement possible dans leur logement et lors de la traite. Une conduite en cases
individuelles aurait permis de diminuer le risque de surcontamination des brebis. Cependant,
vu que les brebis n’excrètent essentiellement que dans le lait, ne présentent pas de diarrhées et
que la traite est effectuée à la main en respectant des mesures d’hygiène, la contamination
croisée a sans douté été évitée.
Les mesures de production laitière sont réalisées tous les jours vers 13 heures, donc
approximativement toutes les 24 heures (sauf au début de l’expérimentation par manque de
personnel). La plupart des études de suivi d’excrétion mammaire décrivent une traite matin et
soir (25, 75). En n’effectuant qu’une traite par 24 heures, l’infection mammaire aurait pu
s’aggraver ou de nouvelles infections auraient pu survenir ; cela n’a pas été le cas. Les
mamelles sont systématiquement vidangées à fond mais sans repasse. Le fait de traire une
seule fois par jour a pu également modifier la périodicité des « vagues » de recrutement
cellulaire mammaire successives, par rapport au rythme de traite habituel biquotidien. L’allure
sinusoïdale des courbes et l’amplitude des variations ne sont en revanche probablement pas
modifiées. Les biais dus à la présence de plusieurs opérateurs lors de la traite sont faibles vu
la technique de traite commune et la mesure objective de la quantité de lait produite.
Afin d’éviter les biais dus à une appréciation subjective des paramètres mesurés lors de
l’examen clinique mammaire (taille des nœuds lymphatiques rétro-mammaires, déséquilibre
du pis, induration, présence de kystes…), un seul opérateur réalise tous les examens.
Nous n’avons pas effectué de CMT (Californian Mastitis Test), car ce test est
beaucoup moins précis que le CCS avec la méthode optofluorométrique.
Nous n’avons pas étudié l’efficacité de traitement antibiotique sur l’excrétion des
salmonelles, car nous pensons que ces brebis doivent être en priorité réformées. SPIER (75) a
traité des vaches inoculées par le canal du trayon avec Salmonella Dublin avec de la
gentamicine par voie générale associée à de la polymyxine B par voie intramammaire. Ce
traitement n’a eu aucune influence sur l’excrétion ; il n’y a que le niveau de production et les
116
CCS qui sont revenus dans des valeurs normales. HEUCHEL a traité une vache avec de la
cloxacilline par voie intramammaire ; l’excrétion a été observée à la reprise de la lactation
(28).
4. Bactériologie
Il convient de rappeler les limites à l’interprétation des données bactériologiques. Tout
d’abord, la possibilité de faux négatifs pour toutes les analyses peu ou pas répétées existe. Ce
biais peut donc concerner toutes nos analyses nécropsiques et les échantillons peuvent ne pas
être représentatifs. Ce n’est pas le cas pour le lait car les dénombrements sont répétés
quotidiennement et, par ailleurs, sont réalisés des concentrations et enrichissements de
volumes importants.
L’obtention de résultats faussement négatifs peut également être due à la méthode
utilisée. Le pré-enrichissement et l’enrichissement se font en milieux insuffisamment
sélectifs : les infections paucimicrobiennes peuvent ne pas être détectées à cause de la
compétition de flore. La flore contaminante du tube digestif (coliformes…) peut aussi gêner la
multiplication des salmonelles des prélèvements fécaux et intestinaux et majorer le risque de
résultat faussement négatif.
En revanche, il ne paraît pas possible d’avoir des faux positifs, puisque toutes les
souches isolées ont fait l’objet d’une double identification, biochimique et sérologique.
B. Discussion des résultats
La présente étude est la première à avoir été effectuée sur des brebis : nous ne pouvons
pas comparer nos résultats à d’autres. Cependant, nous essaierons de les comparer aux suivis
effectués sur des vaches excrétant des salmonelles.
1. Identification des salmonelles et suivi de leur excrétion dans le lait des
brebis
Les milieux de sélection ont surtout été créés pour le sous-type I de Salmonella (le plus
répandu chez les animaux à sang chaud) avec pour caractéristique la production de H2S à
partir de thiosulfate formant un précipité noir ; les sérotypes des sous-espèces autres que I
étant exceptionnels (99,73 % de sous-type I isolés sur 4 ans d’après LE MINOR (37). Le
sous-type III semble difficilement (ou moins rapidement) produire du H2S.
Les salmonelles identifiées dans le lait des brebis sont du sous type III (SIII 61 : k :1,
5, 7 : Salmonella arizonae), sauf une (Salmonella Derby). Nous nous permettons de focaliser
notre étude principalement sur Salmonella arizonae car Salmonella Derby n’a été isolée que
sur une demi-mamelle d’une brebis. C’est la première fois que le portage mammaire de
Salmonella arizonae est décrit.
117
Comme nous l’avons précédemment vu, les salmonelles de sous-espèce III sont surtout
isolées d’animaux à sang froid (les reptiles) et de l’environnement, et ne sont
qu’exceptionnellement la cause de troubles pathologiques chez l’homme et les ruminants (cf.
chapitre V. D.). Les principaux isolements sur des brebis sont des découvertes sur des
animaux en bonne santé, ou correspondent à des cas où ce germe est considéré comme
secondaire par rapport aux autres agents de maladies isolés.
Cependant, cette bactérie semble être un agent causal d’avortement, de gastro-entérite et de
rhinite en particulier lorsque l’animal est immunodéprimé ou stressé.
Cette bactérie n’a jamais été isolée dans le lait de vache. Les salmonelles excrétées sont toutes
du sous-type I : Salmonella Dublin, Salmonella Typhimurium, Salmonella Enteritidis,
Salmonella Ohio (18, 19, 46, 60, 61, 72, 84,…).
La double originalité des résultats apportés par cette étude réside donc dans les éléments
suivants :
- les infections intra-mammaires salmonelliques existent chez les ovins et sont
probablement de fréquence sous-évaluée chez les ruminants, compte tenu de
leur caractère sub-clinique ;
- les sérovars responsables de ces infections sont soit habituellement pathogènes
(Salmonella Derby par exemple), soit exceptionnellement isolés d’animaux à
sang chaud (Salmonella arizonae).
Le suivi de l’excrétion des salmonelles a montré :
- une moyenne d’excrétion de salmonelles comprise entre 103 et 105 UFC/mL de lait
- une très grande fluctuation et une irrégularité de l’excrétion avec parfois aucune
salmonelle détectée dans le lait
- des brebis trouvées excrétrices en amont de notre étude n’ont jamais excrété de
salmonelles, ou parfois faiblement seulement, après enrichissement.
Ces résultats sont comparables à ceux de l’étude INRA de 1999 sur deux vaches (HEUCHEL
28). Ces deux dernières ont excrété pendant toute la période de suivi, mais de façon très
différente : une très irrégulièrement et un faible nombre de salmonelles, parfois détectables
seulement dans un mL de lait, et l’autre régulièrement et en quantité importante (autour de 103
UFC/mL de lait).
SMITH (72) rapporte également une excrétion de Salmonella Dublin très variable, comprise
entre 101 et 105 UFC/mL de lait sur quatre vaches excrétrices .
Les autres suivis de vaches excrétrices publiés n’ont porté que sur l’isolement régulier de
salmonelles et non sur leur dénombrement (cf. VIII. B. 3.). Tous concluent sur la difficulté de
118
trouver ces vaches excrétrices vu l’irrégularité de la positivité des cultures de salmonelles et
donc de l’excrétion de cette bactérie dans le lait.
2. Symptomatologie du portage mammaire salmonellique
• Etat général des brebis
Tout au long du suivi, l’état général des brebis n’a pas été affecté. Le portage
mammaire de Salmonella arizonae chez les brebis ne provoque pas de symptômes généraux.
C’est également le cas pour les vaches avec les salmonelles du sous-type I :
- OGILVIE, avec le cas spontané d’excrétion de Salmonella Typhimurium par une
vache (aucun signe respiratoire, cardiovasculaire, digestif et températures dans des
limites normales …) (60)
- SPIER, avec l’inoculation expérimentale de Salmonella Dublin (aucun signe clinique
général sauf sur les vaches ayant reçu de la dexaméthasone) (75).
• Aspect de la mamelle et du lait
L’étude clinique a montré que :
- 80 % des brebis excrétrices d’un seul côté (4 brebis sur 5) présentent un déséquilibre
du pis du côté de la demi-mamelle excrétrice (de très léger déséquilibre à fort
déséquilibre).
- 86 % des demi-mamelles excrétrices, à la palpation, sont indurées (6 sur 7 demi-
mamelles excrétrices) ; la brebis 091 présente la plus forte induration
- 100 % des demi-mamelles excrétrices ont des nœuds lymphatiques rétro-mammaires
de taille augmentée (de légèrement réactionnel à très réactionnel)
- 71 % des demi-mamelles excrétrices (5 sur 7 demi-mamelles excrétrices) ne voient
pas l’aspect macroscopique de leur lait modifié
- certaines brebis présentent des abcès dans le parenchyme mammaire sans aucun lien
visible avec l’excrétion ou non de salmonelles.
On peut conclure que les symptômes mammaires de cette forme de salmonellose ovine sont
de type subclinique dans la majorité des cas.
Ceci est comparable aux études effectués sur des vaches excrétrices de salmonelles dans le
lait :
- WOODS (84) a étudié pendant 7 mois l’excrétion de Salmonella Enteritidis d’un
quartier d’une vache et n’a jamais observé de modifications macroscopiques de son
lait
- OGILVIE (60) trouve sur une vache que les 2 quartiers excréteurs de Salmonella
Typhimurium sont légèrement hypertrophiés et indurés (un des deux quartiers excrète
en plus Staphylococcus aureus), mais que leur lait n’est pas modifié
119
- SPIER (75), suite à l’inoculation expérimentale de Salmonella Dublin par le canal du
trayon sur 5 vaches, ne provoque pas de modification de l’aspect macroscopique du
lait ni de la consistance à la palpation de la glande mammaire (sauf une hypertrophie
modérée des nœuds lymphatiques rétro-mammaires). Il provoque des signes de
mammite aiguë (rougeur, forte hypertrophie du quartier, modification de l’aspect du
lait) en leur injectant de la dexaméthasone.
• Conséquences sur la production laitière
Nous ne pouvons voir une influence de la contamination par Salmonella arizonae sur
la production laitière qu’en comparant les productions par demi-mamelle. Les brebis n’ayant
pas ou peu excrété à l’école et la brebis 114 excrétant des 2 côtés ne peuvent donc pas être
prises en compte.
Quatre vingt pour cent des brebis (4 sur 5) ont une production laitière inférieure du côté
excréteur par rapport au côté sain controlatéral ; cette différence de production en moins varie,
en moyenne, selon les brebis, de 35 à 73 %. La brebis 0137 est la seule a avoir une production
laitière plus élevée du côté excréteur ; le côté sain semble atrophié sans isolement bactérien
lors du suivi.
Nous pouvons conclure que la contamination mammaire par Salmonella arizonae (et
Salmonella Derby) chez la brebis provoque une hypogalactie du côté excréteur.
Les études effectuées sur les vaches excrétrices n’ont jamais consisté à comparer les
productions laitières entre quartiers sains ou atteints : nous ne pouvons donc pas comparer nos
résultats à d’autres résultats publiés. SPIER a simplement comparé la production totale de lait
des quatre quartiers avant et après inoculation des salmonelles : il n y a pas de différence
significative (75).
• Conséquences sur les comptages de cellules somatiques (CCS)
Les brebis présentent une forte élévation des valeurs de CCS du côté excréteur. La
moyenne est comprise, selon les brebis, entre 3 566 000 et 10 684 000 cellules/mL. La
fluctuation des valeurs de CCS est très grande : les courbes forment dans la majorité des cas
des sinusoïdes avec une périodicité d’environ 4-5 jours. Ce phénomène biologique a été décrit
principalement chez les bovins, en particulier lors d’infection intra-mammaire à S. aureus.
L’évolution des titres bactériens et des CCS révèle un décalage des variations pour les deux
paramètres, avec des périodes du même ordre de grandeur : lorsque l’excrétion est très
fortement positive, les CCS sont bas et inversement, lorsqu’elle est faible, les CCS sont
élevés.
120
Ceci montre bien que la mamelle présente une infection bactérienne chronique et que
l’organisme réagit par une diapédèse durable et cyclique, permettant l’action de phagocytes
professionnels.
Pour la brebis 091, l’absence de fluctuations des CCS pourrait être mise en rapport avec la
forte atteinte fonctionnelle. La moyenne de production laitière est la plus faible (98 mL) et
elle est la seule à ne pas fluctuer dans les excrétrices. Le recrutement leucocytaire régulier,
modéré et constant, ne parvient pas à éliminer l’infection, ni à empêcher une traduction
clinique et/ou fonctionnelle plus importante que pour les autres.
Le caractère sinusoïdal des cinétiques cellulaires pose le problème du dépistage des
mammites subcliniques (en l’occurence à salmonelles). Est-il possible d’utiliser les moyens
de détection classiques des infections mammaires (Californian Mastitis Test, CCS) afin de
détecter ces mammites ? Ces techniques de détection ne peuvent être utilisées seules car elles
ne sont pas spécifiques aux salmonelles mais à toutes les bactéries pouvant contaminer la
mamelle. Nous pouvons également, en partie, répondre à cette question en se basant sur les
seuils de positivité et/ou de détection fixés chez la brebis (cf. tableau 18). Pour un seuil de
dépistage fixé à 5.105 cellules/ mL, le pourcentage de faux négatifs n’est pas négligeable pour
5 demi-mamelles (545D, 0137G, 114G et D, 206G). Si l’on double le seuil de dépistage, le
pourcentage de faux négatifs pour ces demi-mamelles dépasse les 24 %. Par contre, les demi-
mamelles 091D et 225D présentent toujours, quelque soit le seuil, des pourcentages de faux
négatifs nuls ou négligeables.
La mise en évidence d’une augmentation des CCS ne peut être, à elle seule, une méthode de
dépistage spécifique de l’excrétion de salmonelles ; elle peut de plus ne pas être suffisamment
valide pour l’ensemble des infections mammaires donnant lieu à des profils leucocytaires
aussi variables.
Si l’on compare, par les CV respectifs, les fluctuations de la production laitière et des CCS,
nous pouvons penser que les fluctuations du lait ne peuvent à elles seules expliquer celles des
CCS par un effet dilution-concentration. Les CV des CCS sont nettement supérieurs à ceux de
production laitière.
Les côtés n’excrétant pas de bactéries ont des valeurs de CCS faibles (avec quelques
fluctuations) : il n’y a pas d’infection mammaire durable.
Le suivi effectué par l’INRA de 2 vaches (28) pendant deux semaines montre une élévation
faible des CCS pour une vache ayant une excrétion faible et irrégulière de salmonelles et des
valeurs de CCS constamment élevés pour l’autre vache excrétant régulièrement.
OGILVIE (60), sur le suivi de 28 jours d’une vache excrétant des salmonelles de deux
quartiers, trouve des valeurs de CCS variant de 410 000 à 29 880 000 cellules/mL.
121
3. Autopsies des brebis excrétrices de salmonelles dans le lait
Les lésions macroscopiques de cette forme de salmonellose mammaire ovine sont
caractérisées par :
- une absence de lésions visibles des organes thoraciques et abdominaux chez toutes les
brebis (ou alors lésions anciennes dues à d’autres affections)
- une induration de 86 % des demi-mamelles excrétrices (6 sur 7) en accord avec les
examens cliniques ante-mortem
- une réaction des nœuds lymphatiques rétro-mammaires chez 86 % des demi-mamelles
excrétrices (6 sur 7) avec hypertrophie et/ou parenchymes hémorragiques
- parfois une réaction des nœuds lymphatiques iliaques et/ou mésentériques sans
pouvoir imputer définitivement cette réaction à Salmonella ou à d’autres bactéries.
Les analyses bactériologiques viennent confirmer les lésions macroscopiques et permettent de
relier ces dernières à Salmonella arizonae.
La bactérie Salmonella qui était excrétée dans le lait, a également été retrouvée dans :
- seulement 43 % des nœuds lymphatiques rétro-mammaires drainant une demi-
mamelle excrétrice (3 sur 7) ; cette bactérie a également été retrouvée dans des nœuds
lymphatiques de demi-mamelles n’ayant jamais excrété à l’école (225 gauche et droit,
025 gauche et droit)
- un nœud lymphatique iliaque qui devait drainer la mamelle
- les fèces de 3 brebis (dont la 006 n’ayant jamais excrété à l’école) et dans un nœud
lymphatique mésentérique de la brebis 0137.
Nous avons montré que, chez la brebis, Salmonella arizonae a au moins deux types de
localisation et de portage : dans le tractus digestif et dans la glande mammaire.
Si l’on compare ces résultats à la bibliographie, nous retrouvons les mêmes types de lésions
macroscopiques, les mêmes difficultés pour isoler les salmonelles dans des organes pourtant
contaminés et les deux types de localisation mammaire et digestive.
OGILVIE (60) trouve, à l’autopsie d’une vache excrétrice dans le lait de Salmonella
Typhimurium, des lésions confinés aux quartiers excréteurs, aux nœuds lymphatiques iliaques
et inguinaux, mais n’arrive pas à isoler la salmonelle des fèces, du parenchyme mammaire et
des nœuds lymphatiques associés.
WOOD (84) note également, avec Salmonella Enteritidis, une hypertrophie du dernier nœud
lymphatique de la chaîne iliaque et des nœuds lymphatiques rétro-mammaires, une fibrose
circonscrite entourant la citerne mammaire excrétrice. Les seuls tissus positifs à la culture
proviennent du parenchyme mammaire du quartier excréteur : il n y a jamais eu évidence de
contamination et d’excrétion par le tractus intestinal.
122
Les résultats bactériologiques de l’étude de HEUCHEL (28) sont semblables à ceux de
WOODS.
Il est intéressant de souligner les conclusions de GILES (18) pour le suivi de la persistance de
Salmonella Typhimurium dans un troupeau durant 5 ans. Une vache excrétrice chronique dans
le lait n’a jamais excrété dans les fèces, même à la période où la majorité du troupeau
excrétait régulièrement et fortement dans leur fèces. La contamination de la mamelle a dû se
faire à cette période : c’est donc un modèle de mammite d’environnement.
SPIER (75), suite à l’inoculation expérimentale par le canal du trayon de Salmonella Dublin
confirme ces conclusions. L’autopsie (de 13 à 25 semaine post-inoculation) et les examens
histopathologiques révèlent des mammites chroniques évolutives. La bactérie est isolée du
parenchyme et des nœuds lymphatiques rétro-mammaires sauf sur une vache pourtant devenu
excrétrice chronique dans le lait. Certaines vaches ont parfois excrété dans leurs fèces.
L’auteur a attribué cette excrétion intestinale à une phase bactériémique ; l’ingestion de
Salmonella Dublin provenant de l’environnement ne peut cependant être exclue.
4. Perspectives
Cette étude de cas spontanés de salmonellose mammaire dues principalement à
Salmonella arizonae effectuée sur des brebis est une première.
Ce suivi a été complété par une enquête épidémiologique cas-témoins et un plan de
surveillance dans les élevages de provenance de ces brebis positives afin d’identifier les
facteurs de risque de contamination du lait par les salmonelles. Des prélèvements dans
l’environnement ont également été effectués.
Cette étude a été poursuivie avec un plus grand nombre de brebis afin de pouvoir
effectuer des tests statistiques comparant les productions de lait, les CCS et les résultats
nécropsiques entre côtés sain et contaminé, ainsi que pour élargir l’exploration des appareils
ou organes colonisés.
En effet, nous avons montré que ces salmonelles ont un tropisme digestif et
mammaire, mais nous n’avons pas cherché de tropisme respiratoire. MEEHAN a démontré
l’implication de Salmonella arizonae dans des rhinites (53) mais également dans du portage
sain (3).
L’étude nécropsique doit être complétée par des examens histopathologiques afin de
vérifier la concordance avec l’examen macroscopique et de caractériser l’infection mammaire
au niveau microscopique.
Nous n’avons pas étudié l’influence des corticoïdes sur l’excrétion des salmonelles et
la clinique. Il aurait été intéressant de le faire sur les brebis 025 et 006 qui n’ont jamais
123
excrété lors de leur suivi. SPIER a réussi à provoquer des mammites aiguës, voire suraiguës,
en injectant aux vaches excrétrices chroniques des corticoïdes (75).
Le suivi des animaux devra également comporter des analyses sanguines (Numération-
Formule), afin de pouvoir compléter la caractérisation de l’infection par cette salmonelle et
éventuellement l’administration de corticoïdes.
Nous avons démontré seulement le premier postulat de KOCH : « L’agent infectieux doit
pouvoir être isolé dans tous les cas cliniques de maladie naturelle ». Il reste à démontrer les
deux autres postulats : « La maladie doit pouvoir être reproduite expérimentalement en
inoculant l’agent infectieux » et « On doit pouvoir ré-isoler l’agent lors de l’infection
expérimentale ». Il devra donc dans l’avenir être réalisé une inoculation expérimentale de
Salmonella arizonae par le canal du trayon. Nous saurons si cette voie d’inoculation provoque
les mêmes symptômes que ceux observés sur ces cas spontanés. En effectuant l’inoculation
d’une seule demi-mamelle, l’autre côté peut servir de témoin. Nous vérifierons ainsi notre
modèle de contamination de la mamelle par l’environnement.
Enfin, tout ceci devra déboucher sur un meilleur dépistage de tels animaux, dont l’excrétion
peut être intermittente et persister durablement. L’alternative au diagnostic bactériologique,
dont la fiabilité est limitée par l’absence éventuelle d’excrétion le jour des prélèvements, peut
être l’utilisation d’une technique de diagnostic indirect de type ELISA. En effet, avec ces
techniques, les analyses peuvent être effectuées sur des laits prélevés de façon non aseptique.
De plus, l’automatisation de leur réalisation est envisageable, ce qui, sous réserve que des kits
soient développés et commercialisés par des firmes pharmaceutiques, permet d’obtenir une
réponse rapide et laisse espérer un coût unitaire considérablement moins élevé que celui des
analyses bactériologiques. Leur utilisation permettrait d’envisager l’application rapide de
mesures de prévention de la contamination du lait et des produits, soit au niveau de l’élevage,
soit au niveau de la collecte et de la transformation.
5. Conséquences pour les filières laitières
Nous pouvons tirer quelques enseignements de ce travail pour lutter chez la brebis
contre les infections mammaires salmonelliques.
Vu la clinique trop fruste et le problème d’imputabilité d’élévation des CCS
individuels ou de tanks aux salmonelles, le dépistage non bactériologique est impossible. Il
est ainsi difficile de contrôler de telles infections quasi asymptomatiques dans le troupeau.
Les objectifs principaux des actions de maîtrise ou de prévention en élevage devraient
être :
- de limiter la contamination de la litière par des pailles souillés ou par la présence
d’autres animaux que les ovins
124
- de limiter la multiplication des salmonelles dans la litière : réduire l’humidité et la
densité animale (recommandation : 1,5 m2 par brebis), pailler et curer fréquemment.
Les manchons-trayeurs doivent être propres, désinfectés et changés tous les ans
(caoutchouc) ou tous les deux ans (silicone). Les quais de traite doivent être propres et
nettoyés après chaque défécation. L’installation de traite doit être lavée et désinfectée
quotidiennement avec une eau potable selon des protocoles validés. L’antisepsie des trayons
après la traite est souvent jugée trop contraignante par les éleveurs. Cette mesure peut
cependant être mise en œuvre sur une période limitée en cas d’infection du troupeau.
Une méthode, utilisée chez les bovins, consiste à retenir les animaux au cornadis pendant
une heure après la traite afin de laisser au sphincter du trayon le temps de se refermer. Ainsi,
on évite la pénétration des germes par le canal du trayon. Ceci est difficilement applicable aux
ovins.
Enfin, la contamination des pâtures doit être limitée en adaptant les conseils du plan de
protection breton contre les salmonelles. Il est conseillé de respecter un délai entre curage et
épandage de 60 jours au moins et un délai de 30 jours minimum entre épandage et pâturage.
En aval, le transformateur laitier doit analyser systématiquement les cuviers ou les
citernes de ramassage. Si l’on est dans une filière au lait cru, les laits positifs en salmonelles
doivent être obligatoirement détournés pour être utilisés dans des fabrications pasteurisées.
Des études de vieillissement, relatives à l‘évolution de la contamination avec l’acidification
initiale, le salage, la compétition de flores et l’affinage des fromages, pourraient permettre de
mieux caractériser le risque salmonellique en fonction des spécialités fromagères fabriquées.
Ainsi, on connaîtrait mieux les risques spécifiques liés au processus de fabrication des
différents fromages.
Le caractère sporadique et asymptomatique de l’infection mammaire salmonellique rend
difficile la prévention et la maîtrise de ces contaminations. Le programme développé depuis
une quinzaine d’années dans certains bassins laitiers ovins pour le contrôle du risque
homologue lié à Listeria monocytogenes a cependant montré qu’il était possible de conduire
d’efficaces actions diagnostiques et correctives, tout en obtenant à terme une réduction
notable de l’incidence globale des contaminations.
125
CONCLUSION
Le suivi de l’excrétion mammaire de salmonelles par les brebis laitières que nous
venons d’étudier est une première. L’existence de ce type d’excrétion galactophore a rendu
nécessaire le renforcement de la maîtrise des contaminations de tank en raison des risques de
positivité de certains produits (voire des conséquences médiatiques potentielles pour la filière
laitière ovine). Cette éventualité dépend cependant du type de processus de transformation
utilisé, et en particulier de la rapidité de l’acidification initiale, des compétitions entre
microorganismes et de la durée d’affinage.
L’excrétion de différents types de salmonelles dans les laits individuels avait été
ponctuellement décrite chez la vache, mais semble rarissime.
Les principaux points-clés de ce travail peuvent être résumées ainsi :
- une excrétion chez la brebis de différentes salmonelles dont la plus fréquente
appartient au sous-groupe III, le plus souvent isolée d’animaux à sang froid (reptiles)
selon la bibliographie : Salmonella arizonae
- une moyenne d’excrétion de salmonelles comprise entre 103 et 105 UFC/mL de lait,
avec de très grandes fluctuations allant parfois jusqu’à la négativité (excrétion
intermittente)
- des symptômes mammaires de type subclinique dans la majorité des cas
- l’absence de symptômes extra-mammaires
- une diminution de la production laitière du côté excréteur
- une forte élévation des valeurs des comptages de cellules somatiques du côté
excréteur.
- deux types de localisation et de portage de Salmonella arizonae recherchés et
identifiés dans la présente étude : la glande mammaire et tractus digestif.
Des travaux permettant de mieux caractériser l’infection des différents organes (tractus
respiratoire, digestif, mammaire, génital, ainsi que foie et rate) et le schéma
physiopathologique général chez les ovins ont été conduits postérieurement au présent travail.
De même, l’identification des sources en élevage et des principaux facteurs de risque, ainsi
que la validation d’actions diagnostiques ont été conduites. Ces différentes étapes ont
débouché sur le renforcement du plan de prévention et de maîtrise du risque salmonellique en
filières ovines laitières qui, à ce jour, n’ont pas connu d’épisode de TIAC associé à leurs
produits.
126
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Toulouse, 2006
NOM : POUGET PRENOMS : MAXIME, SEBASTIEN, PHILEMON
TITRE : Salmonellose mammaire ovine : caractérisation clinique et bactériologique.
RESUME :
Ce travail expérimental présente une caractérisation clinique et bactériologique de l’infection mammaire
salmonellique chez la brebis.
Après avoir effectué une étude bibliographique des infections salmonelliques chez les bovins et les ovins,
l’auteur présente les résultats du suivi de huit brebis spontanément excrétrices de salmonelles dans le lait.
Ces dernières excrètent majoritairement une salmonelle du sous-groupe III, Salmonella arizonae, de façon
quantitativement irrégulière. Cette infection provoque le plus souvent des mammites subcliniques avec
hypogalactie et élévation des valeurs des comptages de cellules somatiques du côté excréteur. Salmonella
arizonae reconnaît ainsi un portage mammaire, mais également digestif. Aucun symptôme extra-mammaire n’a
cependant été mis en évidence.
Ce travail a permis de mieux caractériser l’une des sources majeures de contamination salmonellique des laits et
de renforcer en conséquence le plan de maîtrise du risque spécifique chez les ovins.
MOTS-CLES : OVINS – MAMMITE - SALMONELLE - PORTAGE
TITLE : Ovine mammary salmonellosis : clinical and bacteriological characterisation.
ABSTRACT :
This experimental study aimed at characterizing clinically and bacteriologically the mammary gland infection by
salmonella in ewe.
After the literature review of salmonella infections in cattle and sheep, the author presents the monitoring of
eight salmonella milk shedders’ ewes.
They excrete Salmonella arizonae, a subgroup III salmonella, with important quantitative variations. This
infection generally provoques subclinical mastitis with hypogalactia and increased somatic cell counts in
infected half-udders. Salmonella arizonae has a mammary and digestive localisation and carriage. No extra-
mammary symptoms were observed.
This work allowed a better characterization of one of the most important salmonella source in dairy ewe and
consequently the optimisation of the on-farm specific risk control plan.
KEYWORDS : SHEEP – MASTITIS – SALMONELLA - CARRIAGE
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