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Mini retraite 6 Août 2015 Saint Maurice et ses compagnons Les combats de la Foi Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected] Page 1 Saint Maurice et ses compagnons Les combats de la Foi Vie de Saint Maurice et de ses compagnons : Ils faisaient partie de la « légion thébaine », expression qui se réfère à Thèbes d’Égypte, terre de vieille chrétienté et ont été envoyés par l’Empereur Maximilien Hercule qui a régné de 286 à 305. C’étaient des chrétiens contemporains d’Antoine le célèbre moine du désert, le père du monachisme, et des grands théologiens d’Alexandrie : Origène, Athanase, Cyrille. Le chef de la légion s’appelait Maurice et avait sous ses ordres pas moins de 6000 hommes d’après certains récits mais c’est certainement moins. Pourquoi ont-ils été massacrés ? Deux raisons sont évoquées : ils ont refusé l’ordre impérial de tuer les chrétiens de la région parce qu’eux-mêmes étaient chrétiens et ont affirmé leur foi chrétienne pour expliquer leur refus… Et ils ont refusé de faire des sacrifices aux dieux païens pour attirer leur faveur et leur protection sur la route des Alpes. Leur souvenir a été à l’origine de la fondation de l’Abbaye de Saint Maurice d’Agaune le 22 Septembre 515 en Valais Suisse. Ce monastère occupé par les chanoines réguliers de Saint Augustin est le plus ancien monastère de l’Occident chrétien qui n’a jamais connu d’interruption. Deux récits sont à la base de ce que nous pouvons dire de Maurice et de ses compagnons : la Passion Anonyme (PA) et la Passion d’Eucher, Évêque de Lyon mort en 449.

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Mini retraite 6 Août 2015 – Saint Maurice et ses compagnons – Les combats de la Foi Père René PICHON 414 rue de l’église 73490 LA RAVOIRE – mail : [email protected] Page 1

Saint Maurice et ses compagnons

Les combats de la Foi

Vie de Saint Maurice et de ses compagnons : Ils faisaient partie de la « légion thébaine », expression qui se réfère à Thèbes d’Égypte, terre de vieille chrétienté et ont été envoyés par l’Empereur Maximilien Hercule qui a régné de 286 à 305. C’étaient des chrétiens contemporains d’Antoine le célèbre moine du désert, le père du monachisme, et des grands théologiens d’Alexandrie : Origène, Athanase, Cyrille. Le chef de la légion s’appelait Maurice et avait sous ses ordres pas moins de 6000 hommes d’après certains récits mais c’est certainement moins. Pourquoi ont-ils été massacrés ? Deux raisons sont évoquées : ils ont refusé l’ordre impérial de tuer les chrétiens de la région parce qu’eux-mêmes étaient chrétiens et ont affirmé leur foi chrétienne pour expliquer leur refus… Et ils ont refusé de faire des sacrifices aux dieux païens pour attirer leur faveur et leur protection sur la route des Alpes. Leur souvenir a été à l’origine de la fondation de l’Abbaye de Saint Maurice d’Agaune le 22 Septembre 515 en Valais Suisse. Ce monastère occupé par les chanoines réguliers de Saint Augustin est le plus ancien monastère de l’Occident chrétien qui n’a jamais connu d’interruption. Deux récits sont à la base de ce que nous pouvons dire de Maurice et de ses compagnons : la Passion Anonyme (PA) et la Passion d’Eucher, Évêque de Lyon mort en 449.

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SPIRITUALITÉ DE SAINT MAURICE ET SES COMPAGNONS

1. Les combats intérieurs : les conflits de devoirs

Conflits entre devoirs humains de citoyens, de professionnels, de parents, d’époux… et le devoir de servir Dieu avant tout : « Qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ! » dit Jésus. « Nous sommes tes soldats, ô empereur, mais nous sommes avant tout des serviteurs de Dieu, nous le confessons librement. Nous te devons l’obéissance militaire, nous lui devons l’innocence. Nous recevons de toi la paie de notre labeur, de lui nous avons reçu la vie. Nous ne pouvons avec toi, empereur, aller jusqu’à nier Dieu notre Créateur et ton Créateur aussi, que tu le veuilles ou que tu ne le veuilles pas. Si nous ne sommes pas contraints à accomplir des actes assez coupables pour l’offenser nous t’obéirons encore, comme nous l’avons toujours fait ; s’il en est autrement, nous lui obéirons plutôt qu’à toi. » Parfois l’harmonie est possible entre devoir humain et devoir chrétien le rappelle la Passion d’Eucher : « habiles dans l’art de la guerre, distingués par leur courage et plus encore par leur foi, également zélés pour servir l’empereur par leur bravoure, et Jésus-Christ par leur piété, ils se souvenaient du précepte de l’Évangile, et rendaient à Dieu ce qui est à Dieu, à César ce qui est à César. » Quand l’harmonie n’est pas possible, privilégier Dieu mais surtout obéir à sa conscience… « Le chrétien résout ses crises en regardant plus haut. La prière l’aide » quand c’est le moment du discernement Ap 13.18. « En convoquant à l’aide le Créateur de nos âmes

troublées et de nos esprits tourmentés, nous pouvons avancer le cœur finalement libre »

dit le Père guy Luisier rédacteur de « Prier 15 jours avec Maurice et ses compagnons. » Quels sont nos autres combats intérieurs ? « Je ne fais pas le bien que je voudrais faire et fais le mal que je ne voudrais pas faire. » dit Saint Paul pour expliquer le déchirement intérieur de tout homme, le fossé existant entre notre volonté et nos actes. Autre grand combat : le combat contre les tentations que Jésus a connu lui-même. Exercice spirituel : regarder en face nos plus grands conflits de devoirs et

accepter en nous une tension entre l’humain et Dieu sans exclure l’un ou

l’autre autant que faire se peut comme Maurice…

2. Le combat entre la méthode forte et la méthode douce

« Dans cette unité, le princier s’appelait Maurice, le porte-enseigne Exupère, le

sénateur Candide. Ils exerçaient leur commandement sur leurs compagnons en donnant leurs ordres plutôt avec amour de l’équité qu’en usant de la terreur militaire… »

Maurice emploie avec ses subordonnés la méthode douce, « Lamour de l’équité » plutôt que la méthode forte, violente de la terreur militaire. Comment exerçons-nous notre autorité ? Il y a une manière évangélique d’être papa, maman, patron, enseignant, président d’un club, d’une

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association, responsable d’une communauté religieuse. Voilà le commentaire du Père Luisier : « Maurice et ses compagnons sont eux dans un cercle vertueux. Pour qu’une armée soit un

corps de personnes « respectées et respectantes », il faut qu’un « bon esprit » l’anime. Le

texte de la Passion Anonyme parle d’ « amour de l’équité ». Sans doute est-ce l’amour tout

court, l’amour agapè, la tendresse de l’Évangile qui se décline dans les

béatitudes : « Heureux les doux, ceux qui ont faim et soif de justice, les cœurs purs, ceux

qui font œuvre de paix » (cf Mt 5,3-11)

Ceci n’est-il pas transposable à d’autres corps constitués : nos familles, nos groupes de

relations professionnelles, culturelles, sportives, amicales, nos communautés

ecclésiales ?... Quelle « âme » les dynamise ? Est-ce un esprit évangélique ou un esprit de

domination, de terreur ?

La terreur militaire n’est certes pas immédiatement transposable à nos relations

communes. Mais la terreur peut prendre des atours gentillets, des habits « comme il

faut ». On peut écraser brutalement l’autre, dans une atmosphère ouatée, sous couvert de

compétence, d’expérience, de préséance et d’autres mots très civilisés ! Lorsque le sens

de la justice, l’amour de l’équité, le respect du plus faible et du plus fragile n’animent plus

la relation, à l’intérieur comme vers l’extérieur du groupe constitué, c’est le règne de la

terreur, même si l’on continue à se sourire et à se parler poliment. » Exercer une autorité de manière évangélique c’est donc donner une âme à son groupe, à sa communauté : fixer une ligne directrice, préciser où l’on va ; créer une ambiance, une qualité de relations, mettre de l’amour. Donner à chacun sa place : être équitable. Jésus dit : « Je suis le chemin… Viens suis-moi. Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis. » Il appelle chaque apôtre par son prénom et lui donne un rôle précis. Exercice spirituel : Dans nos responsabilités, allier fermeté et douceur

pour donner une âme aux groupes dont on a la charge :

une ligne directrice, dire où on va

Soigner le relationnel

Veiller à ce que chacun ait sa place !

3. Le combat entre la bonté et la vérité

« Alors les chefs thébains répondirent avec douceur qu’ils avaient dépassé

Octodure (aujourd’hui Martigny en Valais - Suisse) parce que la rumeur déjà leur avait annoncé les cérémonies de sacrifice : il leur avait semblé juste que des chrétiens détournent leurs regards des autels des démons. Leur intention est d’honorer le dieu vivant, de conserver jusqu’à leur dernier jour la foi qui leur avait été transmise dans la tradition orientale : ils sont prêts à affronter avec courage les combats, mais ils refusent de se rendre à Octodure pour y commettre des sacrilèges, comme César l’a ordonné.» (PA 101).

Commentaire du Père Luisier : « Être vrai et agir en conséquence. C’est un combat.

Pour les soldats thébains, « vivre en vérité » ce fut un martyre avant le martyre. Ce

devrait être le combat et le martyre de tout être humain, chrétien ou non, à quelque

époque que ce soit.

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Beaucoup –hier ou aujourd’hui, par réalisme ou par paresse– y ont renoncé devant

la difficulté du défi. En notre temps on revendique une authenticité molle et souriante.

La pensée dominante valorise les consensus lâches (au double sens de l’expression). On

se contente d’être bon, d’être sympathique, sincère, on rabote les angles, lime les

arêtes aigües des relations et des convictions. C’est plus facile, et le long fleuve de la

vie coule tranquille…

Pourtant, s’il fait un effort de lucidité, chacun se rend compte qu’ « être sympa »

ne suffit pas à « être », laisse un goût d’insatisfaction au bord de la bouche.

Il y a quelques temps, un titre d’ouvrage (avec son petit arrière-fond new age et

sa touche « développement personnel ») lançait carrément : « Cessez d’être gentil…

Soyez vrai. ». Ce fut un succès, car tout le monde comprend confusément que bon et

vrai doivent se décliner ensemble. »

Exercice spirituel : chercher dans quel secteur de notre vie en vis-à-

vis de quelles personnes être plus « vrais » quitte à être moins gentils,

moins arrangeants…

4. Le combat de l’engagement

« Je me souviens qu’autrefois nous nous sommes engagés solennellement à

défendre l’État au mépris de la vie et de ses espérances ; alors déjà j’engageai le peu d’importance que j’accordais à mon corps et je promis une telle loyauté à des généraux alors qu’aucun, à ce moment là, ne me promettait le Royaume des Cieux. Si nous avons pu prendre de tels engagements par respect de la discipline militaire, que devons-nous faire maintenant que le Christ s’engage envers nous ?

« Nous avons toujours combattu pour la justice, pour la piété, pour le salut des innocents : ce fut là pour nous la récompense de nos dangers. Nous avons combattu avec fidélité sous tes drapeaux mais cette fidélité, comment te la conserverons-nous, si nous la refusons à notre Dieu ; nous avons ensuite prêté serment à l’empereur. Sache bien que notre second serment est illusoire, si nous violons le premier… »

« Ces hommes avaient reçu la foi chrétienne, dans la tradition orientale, et, pour eux leur engagement sacré était plus important que la bravoure et tous les exploits guerriers. » (PA 97)

Maurice a la notion de l’engagement humain, militaire où l’on fait passer l’État avant soi et sa vie en promettant loyauté et fidélité, en faisant le serment de combattre jusqu’au bout pour de belles valeurs (justice, piété, salut des innocents, etc…) Il transpose cette dynamique de l’engagement humain sur le plan de la Foi vue comme un engagement au service du Christ en réponse à son engagement envers nous, comme le serment de combattre jusqu’au bout pour lui, jusqu’au Royaume. Cet engagement de la Foi passe avant tous les autres.

Regardons nos engagements humains ou religieux : les voyons-nous comme le serment, la promesse solennelle et sacrée de combattre jusqu’au bout pour arriver au but fixé (mariage, vocation religieuse, sacerdotale…) en faisant passer Dieu avant nous, l’autre et les autres, avant nous ? La crise actuelle des engagements n’est-elle pas un manque de combativité et la conséquence du moi-roi, du moi d’abord ?

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Exercice spirituel : faire le point sur tous nos engagements et voir

comment ne pas nous contenter de les gérer en leur redonnant de la

combativité !

5. Le combat de la Foi

« Tu vois ici, en nous, des hommes qui confessent Dieu le Père, créateur de toutes

choses ; nous croyons en son Fils Jésus Christ, Dieu… » La Foi est un combat en ce sens qu’elle doit s’affirmer d’une manière explicite

sans chercher à s’imposer par la force mais en cherchant à se proposer par le témoignage.

Nous insistons beaucoup aujourd’hui sur l’annonce explicite de la Foi mais attention : pour quelle soit une proposition qui interpelle et intéresse, elle ne doit pas être une provocation, une agression qui agace, elle doit être un témoignage qui montre comment la Foi construit, ce quelle apporte pour nous construire, comment elle répond à ce que nous attendons tous au fond de nous-mêmes !

6. Le Christ : modèle et moteur du combat chrétien

« L’exemple du Christ se présentait à moi, lui qui, de sa propre voix, a ordonné à

l’Apôtre de remettre l’épée au fourreau, l’épée qu’il avait dégainée, montrant que l’assurance de la foi au Christ est plus forte que toutes les armes. Ici même, c’est le Christ qui a retenu vos élans et vos mains de peur que quelqu’un, de ses mains de mortel, ne fasse obstacle au projet divin… »

Le Christ a été un combattant et non un doux rêveur ou un gentil prédicateur. Sa parole a été un glaive tranchant, un aiguillon… et son combat contre les religieux en place a été permanent et virulent. Il a lutté avec acharnement pour une religion de vérité et d’amour à la place de la religion hypocrite et formelle des scribes et des pharisiens qu’il traite de « sépulcres blanchis », « d’engeance de vipères »… « d’hypocrites » etc… Il a chassé les vendeurs du Temple… traité Pierre de Satan, pleuré sur Jérusalem… « promené son regard de colère » « sur cette génération mauvaise et adultère »… combattu contre Satan et contre ceux qui voulaient faire de lui un roi… Mais le Christ n’a jamais utilisé la violence des armes ni la violence physique, sa seule force, c’était sa Foi, son Amour du Père, sa relation au Père : « Remets ton épée au fourreau ! »

Donc imitons le Christ en étant des combattants dont la seule force est « la Foi plus forte que toutes les armes » et laissons le Christ nous habiter et nous donner la force de son esprit pour nous empêcher de faire ce qu’il ne faut pas faire et nous faire faire ce qu’il faut faire… Quand on est fatigué et qu’on n’en peut plus dans nos combats humains ou spirituels, abandonnons-nous dans la confiance au Christ qui nous dit : « Ma grâce te suffit. Ma puissance donne toute sa mesure dans ta faiblesse. » Le Christ est le modèle et le moteur de notre combat chrétien.

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7. La liberté intérieure du combattant

« Nous avons appris que tu avais décidé de forcer des chrétiens à se souiller en

participant aux sacrifices, ou de les livrer à la mort. Ne va pas chercher plus longtemps des gens qui se dérobent, sache que nous sommes tous chrétiens. Le corps de chacun sera totalement en ton pouvoir mais tu n’auras pas la moindre prise sur nos âmes tournées vers le Christ qui leur donne sa force. »

Peu importe ce qu’on peut nous obliger à faire en faisant pression ou violence sur nos corps, nos âmes, notre intériorité, notre pensée, notre cœur, notre volonté, restent libres de penser et de croire ce qu’elles veulent et surtout libres de s’ouvrir à Dieu et de trouver en lui la force intérieure, « la force d’âme », la force désarmée qui désarme l’ennemi !

« Apprends César, que la volonté de notre légion est invincible ; nous jetons nos javelots : tes gens trouveront donc nos mains désarmées mais nos cœurs fortifiés par la foi catholique. »

Exercice spirituel : Cultiver notre liberté intérieure quelles que

soient les pressions extérieures. Rester soi-même envers et contre tous,

envers et contre tout !

8. L’encouragement mutuel au cœur de tous nos combats

« On tire au sort un homme sur dix et il est exécuté. Mais le reste de la troupe

s’encourageait à persister dans une aussi belle attitude. Cependant, celui qui fut le plus actif à encourager la foi fut Saint Maurice, le chef de la légion ; avec ses officiers Exupère et Candide, il excitait la ferveur de chacun par ses exhortations et ses avertissements. »

A nous d’encourager les autres, de les exhorter, d’exciter leur ferveur… pour qu’ils tiennent bon dans tous leurs combats et d’écouter nous-mêmes les encouragements des autres, nos « supporters » dont on a besoin comme les sportifs dans leurs matches.

« Encouragez-vous les uns les autres et travaillez à vous construire mutuellement comme vous le faites déjà ! » dit Saint Paul en 1 Thessaloniciens 5.11.

Plus c’est dur, plus on doit encourager les autres et accepter d’être encouragés nous-mêmes.

Exercice spirituel : Reconnaître ceux qui savent nous encourager et

savoir les remercier.

Encourager autour de nous ceux qui vont mal en sachant leur faire

voir ce qu’ils font de bien, en les félicitant quand ils font des efforts, en

leur donnant confiance en eux.

Nous encourager dans nos communautés à tenir bon dans la Foi, car

la Foi est un combat dur à mener actuellement.

Encourager tous ceux qui font quelque chose et tous ceux qui osent

aujourd’hui des initiatives nouvelles !

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9. Des exemples et des modèles de combattants

« Jusqu’à présent la lecture des livres saints nous fournissait des exemples : désormais les hommes nous ont donné un exemple que nous devons suivre. Voici, je suis entouré des corps de mes compagnons que les suppôts de malheur ont arrachés à mon côté, je suis couvert de sang répandu de ces saints et j’emporte les reliques sacrées sur mes propres vêtements et moi, hésiterai-je à les suivre dans la mort, eux qui nous ont donné un exemple que j’admire avec reconnaissance ? » (PA 103)

Commentaire du Père Luisier : « L’homme se modèle sur des modèles, il se forme

par des exemples… La foi chrétienne s’inscrit dans cette perspective. La Bible nous

propose en exemple de beaux exemples de croyants. L’Église déploie aussi devant nos

yeux et nos cœurs des modèles de saintetés obscures ou lumineuses. Ces figures se

lisent dans des livres saints, se contemplent dans les œuvres de l’art chrétien : les

visages éclairent les vitraux de nos petites églises jusqu’aux portiques des cathédrales,

les reliquaires de l’orfèvrerie médiévale (comme le trésor de l’Abbaye de Saint-

Maurice) jusqu’aux couleurs de la peinture moderne (Rouault, Chagall…).

Mais les modèles ne se trouvent pas seulement dans les livres et dans l’art. Ils

sont aussi autour de nous. Sans le vouloir peut-être, les saintetés ordinaires

contaminent et fécondent nos jours de fête comme nos jours de platitude.

Le passage du discours de Maurice, oriente notre prière sur ce thème

fondamental de la construction de notre être spirituel à partir d’exemples et de

modèles. »

Exercice spirituel : Faire mémoire

Quels modèles de vie et de Foi nous ont le plus structurés ?,

motivés ? , influencés ?

Quels modèles cherchons-nous à être ?

Relisons notre histoire en prenant conscience des modèles qui nous

ont aidés à nous construire dans les grandes étapes de notre vie et du

modèle que nous avons cherché à être avec plus ou moins de réussite !

10. Le combat entre la lumière et les ténèbres de la vie

« A l’âge où vous me voyez, j’ai acquis une longue expérience de la vie. Tout ce

qui arrive dans ce monde est ou bien créé par la passion des hommes ou bien mené par l’inconstance du monde ou bien corrompu par le hasard toujours changeant : quoi que nous voulions, souhaitions, sachions ou désirions, le monde entier est enfoui dans les ténèbres qui l’entourent, à moins que le Christ nous ait montré le chemin ou éclairé de sa lumière. (PA 109)

Victor (un membre de la légion thébaine) a une vision très pessimiste et très négative de la vie et de l’histoire qui le rend un peu désabusé mais il puise son espérance dans la lumière du Christ. A nous aussi d’éclairer la vie et l’histoire avec la lumière du Christ, de tout regarder avec les yeux de la Foi pour garder confiance dans tous nos combats.

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Exercice spirituel : Apprendre à voir deux ou trois choses positives

chaque jour en nous, autour de nous, dans le monde et même à voir un ou

deux signes de Dieu dans ces choses positives pour garder le moral et

continuer à nous battre avec confiance pour faire ce qu’on croit

important !

11. L’Espérance de la Victoire Finale, moteur de tous nos combats

« Déjà je les vois debout devant le tribunal du Christ ceux qui, tantôt, ont été

mis à mort par les suppôts du tyran : ils connaissent la vraie gloire qui, au prix de la brièveté de cette vie, procure la vie éternelle. » (PA 103-104)

L’Espérance de la résurrection et de la Victoire Finale du Christ doit sans cesse nous relancer dans tous nos combats.

Exercice spirituel : Entretenir en nous la flamme de l’espérance en

nous centrant sur le Christ qui nous redit : « Confiance, j’ai vaincu le

monde » et comme Abraham « espérer contre toute espérance », espérer

même quand il n’y a plus de raisons d’espérer en lâchant prise, en

remettant tout entre les mains de Dieu. Ne pas dire : « Je n’ai plus envie

de me battre, je lâche tout, j’abandonne » mais « J’ai fait le maximum, à

Dieu, au Christ de faire le reste ! »

12. Le combat de Jacob : la lutte avec et contre Dieu (Genèse 32, 23-32) « Cette nuit-là, Jacob se leva, il prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et passa le gué du Yabboq. Il leur fit passer le torrent et fit aussi passer ce qui lui appartenait. Jacob resta seul. Or, quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore. L’homme, voyant qu’il ne pouvait rien contre lui, le frappa au creux de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat. L’homme dit : « Lâche-moi, car l’aurore s’est levée. » Jacob répondit : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis. » L’homme demanda : « Quel est ton nom ? » Il répondit : « Jacob. » Il reprit : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël (c’est-à-dire : Dieu lutte), parce que tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu l’as emporté. » Jacob demanda : « Fais-moi connaître ton nom, je t’en prie. » Mais il répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et là il le bénit. Jacob appela ce lieu Penouël (c’est-à-dire : Face de Dieu), « car, disait-il, j’ai vu Dieu face à face, et j’ai eu la vie sauve. » Au lever du soleil, il passa le torrent à Penouël. Il resta boiteux de la hanche. »

Exercice spirituel : ne pas avoir une vision idyllique et béate de la relation

avec Dieu mais accepter que notre relation avec Dieu soit parfois un

combat nous contre lui, lui contre nous, une épreuve « sportive », une

compétition et un combat nous contre les hommes et les hommes contre

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nous ! Vivre toutes nos épreuves avec cette mentalité combative, positive

et non comme un malheur et une punition !

13. Conclusion

« Toi la combativité, la joyeuse combativité, tu ne supportes pas la paresse qui ne bouge pas, la passivité qui subit tout, l’ennui qui anesthésie et endort ; tu es l’élan qui fait réagir et remet debout, la vitalité qui jaillit, l’énergie qui déborde et relance sans cesse vers un nouvel avenir.

Tu n’aimes pas la mollesse qui laisse tout traîner, la tranquillité béate qui ne veut pas être bousculée, la facilité qui pousse à abandonner dès que c’est dur ; tu es cette voix intérieure exigeante qui nous répète : « Ne démissionne pas, ne baisse pas les bras, ne te laisse pas aller, recommence, repars et tu y arriveras, tu gagneras… »

Tu n’acceptes pas qu’on se berce d’illusions en se forçant à dire que la vie est facile alors qu’elle est une lutte permanente ; tu es la lucidité courageuse qui regarde la vie en face et qui apprend à l’affronter au lieu de faire croire qu’elle est un long fleuve tranquille et qu’on aura tout sans trop de peine.

Tu n’es pas l’orgueil qui ne s’avoue jamais vaincu même quand il a tout perdu mais tu l’honneur, la dignité, la fierté de ne céder que face à plus fort que soi.

Tu ne te contentes pas de contre-attaquer quand on vient te contrecarrer, mais tu attaques toi-même, tu piques, tu aiguillonnes, tu lances des défis, tu cherches la difficulté, l’opposition, l’adversité, et quand tu les trouves tu en redemandes car c’est la loi de la vie, de la progression, du jaillissement d’un surplus de vie.

Tu attaques et contre-attaques sans cesse non par orgueil, jalousie, haine ou méchanceté mais pour jouer, pour le plaisir du jeu, pour la joie de la compétition, pour le bonheur de la concurrence loyale, pour goûter la sensation sublime et divine du combat de Jacob, corps à corps avec l’adversaire, qu’il soit un homme ou qu’il soit Dieu en personne !

Tu veux toujours gagner, tu crois qu’on peut toujours gagner et s’il t’arrive de perdre, humblement tu digères l’échec et la défaite, tu en retires des leçons, tu t’en nourris pour repartir à l’attaque plus décidée et plus motivée que jamais. Quoi qu’il arrive, tu te consoles toujours en disant : « Je n’ai peut-être pas gagné, j’ai même perdu, c’est un fait, mais j’ai fait gagner les autres et fait gagner la vie, je suis donc satisfait. »

Tu n’es pas l’instinct guerrier qui aime blesser, détruire, saccager, donner la mort, mais notre réaction spontanée face au mal, notre réflexe naturel pour nous opposer à ce qui veut nous détruire, notre refus instinctif de ce qui veut faire mourir, ou plus simplement ce qui freine la vie.

Tu n’es pas une simple valeur humaine mais une valeur religieuse car si la vie est un combat, la Foi l’est encore plus, et la vie spirituelle tout autant. C’est Saint Paul qui exprime le mieux ce qu’est le combat chrétien dans sa lettre aux Éphésiens, chapitre 6, versets 10 à 17 : « Puisez votre énergie dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force. Revêtez l’équipement de Dieu pour le combat… car nous ne luttons pas contre les hommes, mais contre les forces invisibles, les puissances des ténèbres qui dominent le monde, les esprits du mal qui sont au-dessus de nous. Pour cela, prenez l’équipement de Dieu pour le combat, ainsi quand viendra le jour du malheur, vous pourrez tout mettre en œuvre pour résister et tenir debout. Tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse et la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de

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la foi qui vous permettra d’arrêter toutes les flèches du Mauvais. Prenez le casque du salut et l’épée de l’Esprit… »

Le langage combatif c’est le langage de toute la Bible et j’ai donc du mal à comprendre comment on a pu transformer le message d’amour de l’Évangile et de toutes les spiritualités en un message mièvre de gentillesse sans nerf et sans consistance, alors que c’est un message d’amour fort, énergique, combatif, sportif pourrions-nous dire ! Ainsi les psaumes, les prières de la Bible, sont régulièrement des cris de guerre, de déclaration de guerre. Si on leur enlève leur violence, ils deviennent des prières combatives et sportives comme je les aime. Ainsi le psaume 17 s’écrie à partir du verset 32 : « Qui est Dieu, hormis le Seigneur, le Rocher, sinon notre Dieu ? C’est le Dieu qui m’emplit de vaillance et m’indique un chemin sans reproche. Il me donne l’agilité du chamois, il me tient debout sur les hauteurs. Il exerce mes mains à combattre et mon bras, à tendre l’arc. Par ton bouclier, tu m’assures la victoire, ta droite me soutien, ta patience m’élève. C’est toi qui allonges ma foulée sans que faiblissent mes chevilles. Pour le combat, tu m’emplis de vaillance, devant moi tu fais plier mes agresseurs. Tu me délivres de tous mes ennemis, tu me fais triompher de l’agresseur, tu m’arraches à la violence de l’homme… »

Le psaume 139 fait cette prière combative et sans violence : « Délivre-moi Seigneur de l’homme mauvais, contre l’homme violent défends-moi, contre ceux qui préméditent le mal et tout le jour entretiennent la guerre… Garde-moi, Seigneur, de la main des impies, contre l’homme violent, défends-moi… Tu es la force qui me sauve… Au jour du combat, tu protèges ma tête… » Le psaume 143 adresse à Dieu cette louange : « Béni soit le Seigneur, mon rocher. Il exerce mes mains pour le combat, il m’entraîne à la bataille. Il est mon allié, ma citadelle, ma forteresse, celui qui me libère… »

Puisque de nombreux psaumes et de nombreux passages de la Bible ont cette tonalité combative et parfois guerrière, toi la joyeuse combativité, tu n’es donc pas seulement sportive mais divine !

Apprends-nous la combativité spirituelle, la joie de lutter contre tout ce qui nous empêche de nous élever vers le ciel, la joie de lutter pour défendre et promouvoir les plus belles valeurs qui nous font grandir corps et âme jusqu’à l’infini ! Alors, la conscience en paix et le bonheur dans le cœur, nous pourrons dire comme Paul à la fin de notre vie, à la fin de tous nos combats : « Le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur. » (2

Timothée 4, 6-8) Extrait de « l’Âme du sport et le sport de l’Âme » !