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S15 Les jouets Lecture À MA PETITE-FILLE ELISABETH FRESNEAU Chère enfant, tu me dis souvent : « Oh ! grand-mère, que je vous aime ! vous êtes si bonne ! » Grand-mère n'a pas toujours été bonne, et il y a bien des enfants qui ont été méchants comme elle et qui se sont corrigés comme elle. Voici des histoires vraies d'une petite fille que grand-mère a beaucoup connue dans son enfance ; elle était colère, elle est devenue douce ; elle était gourmande, elle est devenue sobre; elle était menteuse, elle est devenue sincère ; elle était voleuse, elle est devenue honnête ; enfin, elle était méchante, elle est devenue bonne. Grand-mère a tâché de faire de même. Faites comme elle, mes chers petits enfants ; cela vous sera facile, à vous qui n'avez pas tous les défauts de Sophie. COMTESSE DE SÉGUR, née Rostopchine. La poupée de cire 1 -- « Ma bonne, ma bonne, dit un jour Sophie en accourant dans sa chambre, venez vite ouvrir une caisse que papa m'a envoyée de Paris ; je crois que c'est une poupée de cire, car il m'en a promis une. LA BONNE. — Où est la caisse ? SOPHIE. — Dans l'antichambre : venez vite, ma bonne, je vous en supplie. » La bonne posa son ouvrage et suivit Sophie à l'antichambre. Une caisse de bois blanc était posée sur une chaise ; la bonne l'ouvrit. Sophie aperçut la tête blonde et frisée d'une jolie poupée de cire ; elle poussa un cri de joie et voulut saisir la poupée, qui était encore couverte d'un papier d'emballage. LA BONNE. — Prenez garde ! ne tirez pas encore ; vous allez tout casser. La poupée tient par des cordons. SOPHIE. — Cassez-les, arrachez-les ; vite, ma bonne, que j'aie ma poupée. La bonne, au lieu de tirer et d'arracher, prit ses ciseaux, coupa les cordons, enleva les papiers, et Sophie put prendre la plus jolie poupée qu'elle eût jamais vue. Les joues étaient rosés avec de petites fossettes ; les yeux bleus et brillants ; le cou, la poitrine, les bras en cire, charmants et potelés. La toilette était très simple : une robe de percale festonnée, une ceinture bleue, des bas de coton et des brodequins noirs en peau vernie. Sophie l'embrassa plus de vingt fois, et, la tenant dans ses bras, elle se mit à sauter et à danser. Son cousin Paul, qui avait cinq ans, et qui était en visite chez Sophie, accourut aux cris de joie qu'elle poussait. 2 -- « Paul, regarde quelle jolie poupée m'a envoyée papa ! s'écria Sophie. PAUL. — Donne-la-moi, que je la voie mieux. SOPHIE. — Non, tu la casserais. PAUL. — Je t'assure que j'y prendrai bien garde ; je te la rendrai tout de suite. » Sophie donna la poupée à son cousin, en lui recommandant encore de prendre bien garde de la faire tomber. Paul la retourna, la regarda de tous les côtés, puis la remit à Sophie en secouant la tête. SOPHIE. — Pourquoi secoues-tu la tête ? PAUL. — Parce que cette poupée n'est pas solide ; je crains que tu ne la casses. SOPHIE. — Oh ! sois tranquille, je vais la soigner tant, tant que je ne la casserai jamais. Je vais demander à maman d'inviter Camille et Madeleine à déjeuner avec nous, pour leur faire voir ma jolie poupée. PAUL. — Elles te la casseront. SOPHIE. — Non, elles sont trop bonnes pour me faire de la peine en cassant ma pauvre poupée. » Le lendemain, Sophie peigna et habilla sa poupée, parce que ses amies devaient venir. En l'habillant, elle la trouva pâle. « Peut-être, dit-elle, a-t-elle froid, ses pieds sont glacés. Je vais la mettre un peu au soleil pour que mes amies voient que j'en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement. » Sophie alla porter la poupée au soleil sur la fenêtre du salon. 3 -- « Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman. SOPHIE. — Je veux réchauffer ma poupée, maman ; elle a très froid. LA MAMAN. — Prends garde, tu vas la faire fondre. SOPHIE. — Oh, non ! maman, il n'y a pas de danger : elle est dure comme du bois. LA MAMAN. — Mais la chaleur la rendra molle ; il lui arrivera quelque malheur, je t'en préviens. » Sophie ne voulut pas croire sa maman, elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant. Au même instant elle entendit le bruit d'une voiture : c'étaient ses amies qui arrivaient. Elle courut au-devant d'elles ; Paul les avait attendues sur le perron ; elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur LEC.MLB- Français CM p. 96 3 ème période

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S15 Les jouetsLecture

À MA PETITE-FILLE ELISABETH FRESNEAUChère enfant, tu me dis souvent : « Oh ! grand-mère, que je vous aime ! vous êtes si bonne ! » Grand-mère n'a pas toujours été bonne, et il y a bien des enfants qui

ont été méchants comme elle et qui se sont corrigés comme elle. Voici des histoires vraies d'une petite fille que grand-mère a beaucoup connue dans son

enfance ; elle était colère, elle est devenue douce ; elle était gourmande, elle est devenue sobre; elle était menteuse, elle est devenue sincère ; elle était voleuse,

elle est devenue honnête ; enfin, elle était méchante, elle est devenue bonne. Grand-mère a tâché de faire de même. Faites comme elle, mes chers petits

enfants ; cela vous sera facile, à vous qui n'avez pas tous les défauts de Sophie.COMTESSE DE SÉGUR,

née Rostopchine.

La poupée de cire1 -- « Ma bonne, ma bonne, dit un jour Sophie en accourant dans sa chambre, venez vite ouvrir une caisse que papa m'a envoyée de Paris ; je crois que c'est une poupée de cire, car il m'en a promis une.LA BONNE. — Où est la caisse ?SOPHIE. — Dans l'antichambre : venez vite, ma bonne, je vous en supplie. »La bonne posa son ouvrage et suivit Sophie à l'antichambre. Une caisse de bois blanc était posée sur une chaise ; la bonne l'ouvrit. Sophie aperçut la tête blonde et frisée d'une jolie poupée de cire ; elle poussa un cri de joie et voulut saisir la poupée, qui était encore couverte d'un papier d'emballage.LA BONNE. — Prenez garde ! ne tirez pas encore ; vous allez tout casser. La poupée tient par des cordons.SOPHIE. — Cassez-les, arrachez-les ; vite, ma bonne, que j'aie ma poupée.La bonne, au lieu de tirer et d'arracher, prit ses ciseaux, coupa les cordons, enleva les papiers, et Sophie put prendre la plus jolie poupée qu'elle eût jamais vue. Les joues étaient rosés avec de petites fossettes ; les yeux bleus et brillants ; le cou, la poitrine, les bras en cire, charmants et potelés. La toilette était très simple : une robe de percale festonnée, une ceinture bleue, des bas de coton et des brodequins noirs en peau vernie.Sophie l'embrassa plus de vingt fois, et, la tenant dans ses bras, elle se mit à sauter et à danser. Son cousin Paul, qui avait cinq ans, et qui était en visite chez Sophie, accourut aux cris de joie qu'elle poussait.

2 -- « Paul, regarde quelle jolie poupée m'a envoyée papa ! s'écria Sophie.PAUL. — Donne-la-moi, que je la voie mieux.SOPHIE. — Non, tu la casserais.PAUL. — Je t'assure que j'y prendrai bien garde ; je te la rendrai tout de suite. »Sophie donna la poupée à son cousin, en lui recommandant encore de prendre bien garde de la faire tomber. Paul la retourna, la regarda de tous les côtés, puis la remit à Sophie en secouant la tête.SOPHIE. — Pourquoi secoues-tu la tête ?PAUL. — Parce que cette poupée n'est pas solide ; je crains que tu ne la casses.SOPHIE. — Oh ! sois tranquille, je vais la soigner tant, tant que je ne la casserai jamais. Je vais demander à maman d'inviter Camille et Madeleine à déjeuner avec nous, pour leur faire voir ma jolie poupée.PAUL. — Elles te la casseront.SOPHIE. — Non, elles sont trop bonnes pour me faire de la peine en cassant ma pauvre poupée. »Le lendemain, Sophie peigna et habilla sa poupée, parce que ses amies devaient venir. En l'habillant, elle la trouva pâle. « Peut-être, dit-elle, a-t-elle froid, ses pieds sont glacés. Je vais la mettre un peu au soleil pour que mes amies voient que j'en ai bien soin et que je la tiens bien chaudement. » Sophie alla porter la poupée au soleil sur la fenêtre du salon.

3 -- « Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman.SOPHIE. — Je veux réchauffer ma poupée, maman ; elle a très froid.LA MAMAN. — Prends garde, tu vas la faire fondre.SOPHIE. — Oh, non ! maman, il n'y a pas de danger : elle est dure comme du bois.LA MAMAN. — Mais la chaleur la rendra molle ; il lui arrivera quelque malheur, je t'en préviens. »Sophie ne voulut pas croire sa maman, elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant.Au même instant elle entendit le bruit d'une voiture : c'étaient ses amies qui arrivaient. Elle courut au-devant d'elles ; Paul les avait attendues sur le perron ; elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur

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impatience de voir la poupée, elles commencèrent par dire bonjour à Mme de Réan, maman de Sophie ; elles allèrent ensuite à Sophie, qui tenait sa poupée et la regardait d'un air consterné.MADELEINE (regardant la poupée). — La poupée est aveugle, elle n'a pas d'yeux.CAMILLE. — Quel dommage ! Comme elle est jolie !MADELEINE. — Mais comment est-elle devenue aveugle ! Elle devait avoir des yeux.Sophie ne disait rien ; elle regardait la poupée et pleurait.MME DE RÉAN — Je t'avais dit, Sophie, qu'il arriverait un malheur à ta poupée si tu t'obstinais à la mettre au soleil. Heureusement que la figure et les bras n'ont pas eu le temps de fondre. Voyons, ne pleure pas ; je suis très habile médecin, je pourrai peut-être lui rendre ses yeux.SOPHIE (pleurant). — C'est impossible, maman, ils n'y sont plus.Mme de Réan prit la poupée en souriant et la secoua un peu ; on entendit comme quelque chose qui roulait dans la tête. « Ce sont les yeux qui font le bruit que tu entends, dit Mme de Réan ; la cire a fondu autour des yeux, et ils sont tombés. Mais je tâcherai de les ravoir. Déshabillez la poupée, mes enfants, pendant que je préparerai mes instruments. »Aussitôt Paul et les trois petites filles se précipitèrent sur la poupée pour la déshabiller. Sophie ne pleurait plus ; elle attendait avec impatience ce qui allait arriver.

4 -- La maman revint, prit ses ciseaux, détacha le corps cousu à la poitrine ; les yeux, qui étaient dans la tête, tom-bèrent sur ses genoux ; elle les prit avec des pinces, les replaça où ils devaient être, et, pour les empêcher de tomber encore, elle coula dans la tête, et sur la place où étaient les yeux, de la cire fondue qu'elle avait apportée dans une petite casserole ; elle attendit quelques instants que la cire fût refroidie, et puis elle recousit le corps à la tête.Les petites n'avaient pas bougé. Sophie regardait avec crainte toutes ces opérations. Elle avait peur que ce ne fût pas bien ; mais, quand elle vit sa poupée raccommodée et aussi jolie qu'auparavant, elle sauta au cou de sa maman et l'embrassa dix fois.« Merci, ma chère maman, disait-elle, merci : une autre fois je vous écouterai, bien sûr. »On rhabilla bien vite la poupée, on l'assit sur un petit fauteuil et on l'emmena promener en triomphe en chantant :

Vive maman !De baisers je la mange.

Vive maman !Elle est notre bon ange.

5 -- La poupée vécut très longtemps bien soignée, bien aimée ; mais petit à petit elle perdit ses charmes, voici comment.Un jour, Sophie pensa qu'il était bon de laver les poupées, puisqu'on lavait les enfants ; elle prit de l'eau, une éponge, du savon, et se mit à débarbouiller sa poupée ; elle la débarbouilla si bien, qu'elle lui enleva toutes ses couleurs : les joues et les lèvres devinrent pâles comme si elle était malade, et restèrent toujours sans couleur. Sophie pleura, mais la poupée resta pâle.Un autre jour, Sophie pensa qu'il fallait lui friser les cheveux ; elle lui mit donc des papillotes : elle les passa au fer chaud, pour que les cheveux fussent mieux frisés. Quand elle lui ôta ses papillotes, les cheveux restèrent dedans ; le fer était trop chaud, Sophie avait brûlé les cheveux de sa poupée, qui était chauve. Sophie pleura, mais la poupée resta chauve.Un autre jour encore, Sophie, qui s'occupait beaucoup de l'éducation de sa poupée, voulut lui apprendre à faire des tours de force. Elle la suspendit par les bras à une ficelle ; la poupée, qui ne tenait pas bien, tomba et se cassa un bras. La maman essaya de la raccommoder ; mais, comme il manquait des morceaux, il fallut chauffer beaucoup la cire, et le bras resta plus court que l'autre. Sophie pleura, mais le bras resta plus court.Une autre fois, Sophie songea qu'un bain de pieds serait très utile à sa poupée, puisque les grandes personnes en prenaient. Elle versa de l'eau bouillante dans un petit seau, y plongea les pieds de la poupée, et, quand elle la retira, les pieds s'étaient fondus, et étaient dans le seau. Sophie pleura, mais la poupée resta sans jambes.Depuis tous ces malheurs, Sophie n'aimait plus sa poupée, qui était devenue affreuse, et dont ses amies se moquaient ; enfin, un dernier jour, Sophie voulut lui apprendre à grimper aux arbres ; elle la fit monter sur une branche, la fit asseoir ; mais la poupée, qui ne tenait pas bien, tomba : sa tête frappa contre des pierres et se cassa en cent morceaux. Sophie ne pleura pas, mais elle invita ses amies à venir enterrer sa poupée.

Expliquer les mots :

Préciser les idées : D'où vient la poupée. De quelle matière est-elle ? Est-ce que Sophie est sage ? Gentille ? Méchante ? Qui est donc la bonne ?

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GrammaireLes conjonctions de coordination

Sophie ne disait rien ; elle regardait la poupée et pleurait. On l'assit sur un petit fauteuil et on l'emmena promener en triomphe.

Sophie pleura, mais la poupée resta chauve.

Explications : Combien de propositions dans chaque phrase ? Par quoi sont-elles séparées

Des propositions indépendantes peuvent être séparées par un signe de ponctuation ( , ; : ). Elles sont juxtaposées.

Leçon

• Des propositions indépendantes peuvent être reliées par une conjonction de coordination : mais – ou – et – donc – or – ni – car.

• Elles sont coordonnées.

Remarque : Les conjonctions de coordination peuvent aussi relier :– deux adjectifs qualificatifs : « bête et méchant », « ni beau ni laid », « sérieux mais paresseux ».– deux noms : « des pommes et des poires », « à Paris ou à Lyon »

Orthographe : la conjonction de coordination « ou », qui signifie « ou bien » n'a pas d'accent. C'est le « où » de lieu qui a un accent.

AnalyseOn analyse les conjonctions de coordination en disant les mots qu'elles relient.Ex : Sophie pleura, mais la poupée resta chauve. Sophie était jeune et jolie.mais : conjonction de coordination, invariable, relie les deux propositions indépendantes.et : conjonction de coordination, invariable, relie les deux adjectifs qualificatifs « jeune » et « jolie »

Exercices

1) Coordonner ces propositions indépendantes juxtaposées :Sophie pleura ; la poupée resta pâle. Nous partîmes à cinq cents ; nous arrivâmes à cinq mille.Je suis mouillé, il pleut. Les quatre angles sont droits ; ce quadrilatère est un rectangle.

2) Souligner les conjonctions de coordination de ce texte Depuis tous ces malheurs, Sophie n'aimait plus sa poupée, qui était devenue affreuse, et dont ses amies se moquaient ; enfin, un dernier jour, Sophie voulut lui apprendre à grimper aux arbres ; elle la fit monter sur une branche, la fit asseoir ; mais la poupée, qui ne tenait pas bien, tomba : sa tête frappa contre des pierres et se cassa en cent morceaux. Sophie ne pleura pas, mais elle invita ses amies à venir enterrer sa poupée.

3) Analysez-les :

4) Séparer les propositions indépendantes. Si elles sont coordonnées, entourer la conjonction de coordination qui les relie

Elle la suspendit par les bras à une ficelle ; la poupée tomba et se cassa un bras.La maman essaya de la raccommoder mais il fallut chauffer beaucoup la cire, et le bras resta plus court que l'autre.Sophie pleura, mais le bras resta plus court.

5) Révisions : Analyser les mots soulignésLa maman revint, prit ses ciseaux, détacha le corps cousu à la poitrine ; les yeux, qui étaient dans la tête, tombèrent sur ses genoux ; elle les prit avec des pinces, les replaça où ils devaient être, et, pour les empêcher de tomber encore, elle coula dans la tête, et sur la place où étaient les yeux, de la cire fondue qu'elle avait apportée dans une petite casserole ;

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ConjugaisonL'impératif présent

LA BONNE. — Prenez garde ! ne tirez pas encore ; vous allez tout casser. La poupée tient par des cordons.SOPHIE. — Cassez-les, arrachez-les ; vite, ma bonne !

Explications : « Tirez ! Ne tirez pas ! Cassez ! Arrachez-les ! » La bonne donne des conseils. Sophie, impatiente donne des ordres assez impératifs.« La poupée tient par des cordons. ». La bonne indique à Sophie des faits. Elle dit ce qui est.

Leçon

• Le mode impératif sert à donner des conseils ou des ordres

Remarque : Le mode Indicatif sert à indiquer des faits.

Remarque : Trouver le sujet de « Prenez ! » ... de « tirez ! » ... de «Cassez ! » ....

Remarque : On ne se donne pas d'ordre à soi même, ni à quelqu'un qui n'est pas là : on donne des ordre à celui (ou ceux) qu'on regarde, à toi ou à vous ; ou bien au groupe dans lequel on est (nous) :

• Le mode impératif n'a pas de sujet, et n'a que trois personnes (tu, nous, vous)

Conjugaison du mode Impératif

1er groupe 2ème groupe 3ème groupe Avoir Êtrechante finis pars aie soischantons finissons partons ayons soyonschantez finissez partez ayez soyez

Exercices oraux ou écrits

6) Conjuguer à l'impératif présent-manger sa soupe -être correct -bien se tenir finir ses devoirs

7) Trouver le mode et le temps des verbes de ce texte (sauf qu'il arriverait)

MME DE RÉAN — Je t'avais dit, Sophie, qu'il arriverait un malheur à ta poupée si tu t'obstinais à la mettre au soleil. Heureusement que la figure et les bras n'ont pas eu le temps de fondre. Voyons, ne pleure pas ; je suis très habile médecin, je pourrai peut-être lui rendre ses yeux.SOPHIE (pleurant). — C'est impossible, maman, ils n'y sont plus.Mme de Réan prit la poupée en souriant et la secoua un peu ; on entendit comme quelque chose qui roulait dans la tête. « Ce sont les yeux qui font le bruit que tu entends, dit Mme de Réan ; la cire a fondu autour des yeux, et ils sont tombés. Mais je tâcherai de les ravoir. Déshabillez la poupée, mes enfants, pendant que je préparerai mes instruments. »

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Vocabulaire – RédactionLes étrennes.

1. — Dès la fin de novembre, nous avions coutume, ma sœur Lucette et moi, d'afficher chacun la liste des choses qui nous faisaient envie; dans nos deux familles, tout le monde nous préparait des surprises, et le mystère qui entourait ces cadeaux était mon grand amusement des derniers jours de l'année. Entre parents, grand-mères et tantes, commençaient, pour m'intriguer davantage, de continuelles conversations à mots couverts, des chuchotements qu'on faisait mine d'étouffer dès que je paraissais ...

2. — Entre Lucette et moi, cela devenait même un vrai jeu de devinettes. Comme pour les « mots à double sens », on avait le droit de poser certaines questions déterminées, par exemple la très saugrenue que voici : « Ça a-t-il des poils de bête? »Et les réponses étaient de ce genre :— Ce que ton père te donne (un nécessaire de toilette en peau) en a eu, mais n'en a plus; cependant, à quelques parties de l'intérieur (les brosses), on a cru devoir en ajouter de postiches. Ce que ta mère te donne (une fourrure avec un manchon) en a quelques-uns encore....

3. —• Par les crépuscules de décembre, entre chien et loup, quand on était assis sur les petits tabourets bas, devant les feux de bois de chêne, on poursuivait la série de ces questions de jour en jour plus palpitantes, jusqu'au 31, jusqu'au grand soudes mystères dévoilés....

4. —. Ce soir-là, les cadeaux des deux familles, enveloppés, ficelés, étiquetés, étaient réunis sur des tables dans une salle dont l'entrée nous avait été interdite depuis la veille. A huit heures on ouvrait les portes et tout le monde pénétrait en cortège, les aïeules les premières, chacun venant chercher son lot dans ce fouillis de paquets blancs attachés de faveurs. Pour moi, entrer là était un moment de joie telle que, jusqu'à douze ou treize ans, je n'ai jamais pu me tenir de faire des sauts de cabri, en manière de salut, avant de franchir le seuil.On faisait ensuite un souper à onze heures, et quand la pendule de la salle à manger sonnait minuit tranquillement de son même timbre impassible, on se séparait aux premières minutes d'une de ces années d'autrefois, enfouies à présent sous la cendre de tant d'autres.

5. — Je me couchais ce jour-là avec toutes mes étrennes dans ma chambre auprès de moi, gardant même sur mon lit les préférées. Je m'éveillais ensuite de meilleure heure que de coutume pour les revoir ; elles enchantaient ce matin d'hiver, premier de l'année nouvelle.

P. LOTI. — Le roman d'un enfant (Calmann-Lévy, édit.).

Expliquer les mots : Intriguer : exciter vivement la curiosité. — A mots couverts : en termes qui voilent la pensée, mais la laissent parfois deviner. — Saugrenu : d'une bizarrerie ridicule. — Postiche : artificiel. Ajouté, posé après coup. — Entre chien et loup : à la nuit tombante. — Plus palpitantes : éveillaient en nous des émotions de plus en plus vives. — Sauts de cabri : bonds joyeux et légers comparables aux sauts capricieux et amusants d'un chevreau. — Impassible : qui ne souffre pas, qui n'est pas accessible à l'émotion. Pour la pendule, toutes les heures se ressemblent ; elle les sonne toutes de la même manière, même celles qui nous semblent solennelles.

Préciser les idées. — 1. Quels sont les mots qui, dans le premier paragraphe, montrent qu'il s'agit de préparer des surprises? — 2. Les deux enfants parlent-ils beaucoup de leurs étrennes? — 3. Qu'est-ce que cela prouve?— 4. Montrez que la distribution des cadeaux est, pour toute la famille, un véritable événement. — 5. Comment attendait-on la nouvelle année? — 6. L'auteur était enchanté de ses étrennes ; quels sont les mots qui le disent? — 7. Donnez un titre à chacune des parties de la lecture. — 8. Quand avait lieu la distribution de cadeaux à cette époque, dans cette famille ? Ce sont les étrennes.

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VocabulaireDes pommes, des poires et des scoubidous.

• Dans une liste, on n'utilise qu'une fois la conjonction de coordination et, pour le dernier mot.

8) Ecrivez la liste de vos cadeaux de Noël avec un verbe conjugué pour que cela fasse un phrase. Ex: J'ai déballé ..., ..., ..., et ! Mon petit frère a aligné ses cadeaux : ..., ..., ... et ....

9) Reprenez cette liste et ajoutez un adjectif qualificatif pour chaque jouet. -pensez à la couleur, à la forme, à la taille, au prix ...

10) Mêmes exercices avec la liste des plats du repas de réveillon.(Nos avons mangé // Maman nous a préparé // Après le huîtres, les parents ont ingurgité ..., ... //)

Rédaction

Dans votre famille, quand ouvre-t-on les cadeaux ?Étiez-vous impatients ?Qu'avez-vous fait pendant l'attente ? Où étiez-vous ? Avec qui ?Qu'avez-vous eu à Noël ?

SujetLa fête de Noël.

Ne décrivez qu'un (ou deux) jouet(s) : celui que vous avez préféré, celui que vous avez cité à la fin de la liste juste après la conjonction de coordination « et »; faites-nous comprendre pourquoi c'est votre jouet préféré.

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Orthographe

• Rappel : la fumée – la purée // la clarté – la volonté – l'amitié // la vie – la mie

• Il faut toujours trouver le nom qualifié par un adjectif qualificatif -ou par un participe passé employé comme adjectif- afin de l'accorder.

Lecture supplémentaireDe son côté le voyageur avait déposé dans un coin son bâton et son paquet. L'hôte parti, il s'assit sur un fauteuil et resta quelque temps pensif. Puis il ôta ses souliers, prit une des deux bougies, souffla l'autre, poussa la porte et sortit de la chambre, regardant autour de lui comme quelqu'un qui cherche. Il traversa un corridor et parvint à l'escalier. Là il entendit un petit bruit très doux qui ressemblait à une respiration d'enfant. Il se laissa conduire par ce bruit et arriva à une espèce d'enfoncement triangulaire pratiqué sous l'escalier ou pour mieux dire formé par l'escalier même. Cet enfoncement n'était autre chose que le dessous des marches. Là, parmi toutes sortes de vieux paniers et de vieux tessons, dans la poussière et dans les toiles d'araignées, il y avait un lit; si l'on peut appeler lit une paillasse trouée jusqu'à montrer la paille et une couverture trouée jusqu'à laisser voir la paillasse. Point de draps. Cela était posé à terre sur le carreau. Dans ce lit Cosette dormait. L'homme s'approcha, et la considéra. Cosette dormait profondément. Elle était toute habillée. L'hiver elle ne se déshabillait pas pour avoir moins froid. Elle tenait serrée contre elle la poupée dont les grands yeux ouverts brillaient dans l'obscurité. De temps en temps elle poussait un grand soupir comme si elle allait se réveiller, et elle étreignait la poupée dans ses bras presque convulsivement. Il n'y avait à côté de son lit qu'un de ses sabots. Une porte ouverte près du galetas de Cosette laissait voir une assez grande chambre sombre. L'étranger y pénétra. Au fond, à travers une porte vitrée, on apercevait deux petits lits jumeaux très blancs. C'étaient ceux d'Azelma et d'Eponine. Derrière ces lits disparaissait à demi un berceau d'osier sans rideaux où dormait le petit garçon qui avait crié toute la soirée. L'étranger conjectura que cette chambre communiquait avec celle des époux Thénardier. Il allait se retirer quand son regard rencontra la cheminée; une de ces vastes cheminées d'auberge où il y a toujours un si petit feu, quand il y a du feu, et qui sont si froides à voir. Dans celle-là il n'y avait pas de feu, il n'y avait pas même de cendre; ce qui y était attira pourtant l'attention du voyageur. C'étaient deux petits souliers d'enfant de forme coquette et de grandeur inégale; le voyageur se rappela la gracieuse et immémoriale coutume des enfants qui déposent leur chaussure dans la cheminée le jour de Noël pour y attendre dans les ténèbres quelque étincelant cadeau de leur bonne fée. Eponine et Azelma n'avaient eu garde d'y manquer, et elles avaient mis chacune un de leurs souliers dans la cheminée. Le voyageur se pencha. La fée, c'est-à-dire la mère, avait déjà fait sa visite, et l'on voyait reluire dans chaque soulier une belle pièce de dix sous toute neuve. L'homme se relevait et allait s'en aller lorsqu'il aperçut au fond, à l'écart, dans le coin le plus obscur de l'âtre, un autre objet. Il regarda, et reconnut un sabot, un affreux sabot du bois le plus grossier, à demi brisé, et tout couvert de cendre et de boue desséchée. C'était le sabot de Cosette. Cosette, avec cette touchante confiance des enfants qui peut être trompée toujours sans se décourager jamais, avait mis, elle aussi, son sabot dans la cheminée. C'est une chose sublime et douce que l'espérance dans un enfant qui n'a jamais connu que le désespoir. Il n'y avait rien dans ce sabot. L'étranger fouilla dans son gilet, se courba, et mit dans le sabot de Cosette un louis d'or. Puis il regagna sa chambre à pas de loup.

Victor Hugo – Les Misérables

LEC.MLB- Français CM p. 102 3ème période

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S16 L'hiverLecture

La piste de la viande

1. -- De chaque côté du fleuve glacé, l'immense forêt de sapins s'allongeait, sombre et comme menaçante. Les ar-bres, débarrassés par un vent récent de leur blanc manteau de givre, semblaient s'accouder les uns sur les autres, noirs et fatidiques dans le jour qui pâlissait. La terre n'était qu'une désolation infinie et sans vie, où rien ne bougeait, et elle était si froide, si abandonnée que la pensée s'enfuyait, devant elle, au-delà même de la tristesse. Une sorte d'envie de rire s'emparait de l'esprit, rire tragique comme celui du Sphinx, rire transi et sans joie, quelque chose comme le sarcasme de l'Eternité devant la futilité de l'existence et les vains efforts de notre être. C'était le Wild, Le Wild farouche, glacé jusqu'au cœur, de la terre du Nord 1.Sur la glace du fleuve et comme un défi au néant du Wild, peinait un attelage de chiens-loups. Leur fourrure, hérissée, s'alourdissait de neige. A peine sorti de leur bouche, leur souffle se condensait en vapeur pour geler presque aussitôt et retomber sur eux en cristaux transparents, comme s'ils avaient écumé des glaçons.Des courroies de cuir sanglaient les chiens et des harnais les attachaient à un traîneau qui suivait, assez loin derrière eux, tout cahoté. Le traîneau, sans patins, était formé d'écorces de bouleau solidement liées entre elles, et reposait sur la neige de toute sa surface. Son avant était recourbé en forme de rouleau afin qu'il rejetât sous lui, sans s'y enfoncer, l'amas de neige molle qui accumulait ses vagues moutonnantes. Sur le traîneau était fortement attachée une grande boîte, étroite et oblongue, qui prenait presque toute la place. A côté d'elle se tassaient divers autres ob-jets : des couvertures, une hache, une cafetière et une poêle à frire.

2. -- Devant les chiens, sur de larges raquettes, peinait un homme et, derrière le traîneau, un autre homme. Dans la boîte qui était sur le traîneau, en gisait un troisième dont le souci était fini. Celui-là, le Wild l'avait abattu, et si bien qu'il ne connaîtrait jamais plus le mouvement et la lutte. Le mouvement répugne au Wild et la vie lui est une offense. Il congèle l'eau pour l'empêcher de courir à la mer; il glace la sève sous l'écorce puissante des arbres jusqu'à ce qu'ils en meurent et, plus férocement encore, plus implacablement, il s'acharne sur l'homme pour le soumettre à lui et l'écraser. Car l'homme est le plus agité de tous les êtres, jamais en repos et jamais las, et le Wild hait le mouvement.Cependant, en avant et en arrière du traîneau, indomptables et sans perdre courage, trimaient les deux hommes qui n'étaient pas encore morts. Ils étaient vêtus de fourrures et de cuir souple, tanné. Leur haleine, en se gelant comme celle des chiens, avait recouvert de cristallisations glacées leurs paupières, leurs joues, leurs lèvres, toute leur figure, si bien qu'il eût été impossible de les distinguer l'un de l'autre. On eût dit des croque-morts masqués conduisant, en un monde surnaturel, les funérailles de quelque fantôme. Mais sous ce masque, il y avait des hommes qui avançaient malgré tout sur cette terre désolée, méprisants de sa railleuse ironie et dressés, quelque chétifs qu'ils fussent, contre la puissance d'un monde qui leur était aussi étranger, aussi hostile et impassible que l'abîme infini de l'espace.Ils avançaient, les muscles tendus, évitant tout effort inutile et ménageant jusqu'à leur souffle. Partout autour d'eux était le silence, le silence qui les écrasait de son poids lourd, comme pèse l'eau sur le corps du plongeur au fur et à mesure qu'il s'enfonce plus avant aux profondeurs de l'Océan.

3. -- Une heure passa, puis une deuxième heure. La blême lumière du jour, lumière sans soleil, était près de s'éteindre quand un cri s'éleva soudain, faible et lointain, dans l'air tranquille. Ce cri se mit à grandir par saccades jusqu'à ce qu'il eût atteint sa note culminante. Il persista alors durant quelque temps, puis il cessa. Sans la sauvagerie farouche dont il était empreint, on aurait pu le prendre pour l'appel d'une âme errante. C'était une clameur ardente et bestiale, une clameur affamée et qui requérait une proie.L'homme qui était devant tourna la tête jusqu'à ce que son regard se croisât avec celui de l'homme qui était derrière. Par-dessus la boîte oblongue que portait le traîneau, tous deux se firent un signe.Un second cri perça le silence. Les deux hommes en situèrent le son. C'était en arrière d'eux, quelque part en la neigeuse étendue qu'ils venaient de traverser. Un troisième cri répondit aux deux autres. Il venait aussi de l'arrière et s'élevait vers la gauche du second cri.« Ils sont après nous, Bill », dit l'homme qui était devant.Sa voix résonnait rude et comme irréelle, et il semblait avoir fait un effort pour parler.« La viande est rare, repartit son camarade. Je n'ai pas, depuis plusieurs jours, vu seulement la trace d'un lièvre. »Ils se turent ensuite. Mais leur oreille demeurait tendue vers la clameur de chasse qui continuait à monter derrière eux.

4. -- Lorsque la nuit fut tout à fait tombée, ils dételèrent les chiens et les parquèrent, au bord du fleuve, dans un boqueteau de sapins. Puis, à quelque distance des bêtes, ils installèrent le campement. Près du feu, le cercueil servit

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à la fois de siège et de table. Les chiens-loups grondaient et se querellaient entre eux, mais sans chercher à fuir et à se sauver dans les ténèbres. ,« II me semble, Henry, qu'ils demeurent singulièrement fidèles à notre compagnie », observa Bill.Henry, penché sur le feu et occupé à faire fondre un peu de glace pour préparer le café, approuva d'un signe. S'étant ensuite assis sur le cercueil et ayant commencé à manger :« Ils savent, dit-il, que près de nous leurs peaux sont sauves, et ils préfèrent manger qu'être mangés. Ces chiens ne manquent pas d'esprit. »Bill secoua la tête :« Oh ! je n'en sais rien ! »Son camarade le regarda avec étonnement.« C'est la première fois, Bill, que je t'entends suspecter l'intelligence des chiens.— As-tu remarqué, reprit l'autre en mâchant des fèves avec énergie, comme ils se sont agités quand je leur ai apporté leur dîner. Combien as-tu de chiens, Henry ?— Six.— Bien, Henry. »

5. -- Bill s'arrêta un instant, comme pour donner plus de poids à ses paroles :« Nous disions que nous avions six chiens. J'ai pris six poissons dans le sac et j'en ai donné un à chaque chien. Eh bien, je me suis trouvé à court d'un poisson.— Tu as mal compté.— Nous possédons six chiens, poursuivit Bill avec calme. J'ai pris six poissons et N'a-qu'une-Oreille n'en a pas eu. Alors je suis revenu au sac et j'y ai pris un septième poisson, que je lui ai donné.— Nous n'avons que six chiens, répliqua Henry.— Je n'ai pas dit qu'il n'y avait là que des chiens, mais qu'ils étaient sept convives à qui j'ai donné du poisson. »Henry s'arrêta de manger et, par-dessus le feu, compta de loin les bêtes.« En tout cas, observa-t-il, ils ne sont que six à présent.— J'ai vu le septième convive s'enfuir à travers la neige. »Henry regarda Bill d'un air de pitié, puis déclara :« Je serai fort satisfait quand ce voyage aura pris fin.— Qu'entends-tu par là?— J'entends que l'excès de nos peines influe durement sur tes nerfs et que tu commences à voir des choses...— C'est ce que je me suis dit tout d'abord, riposta Bill avec gravité. Mais les traces laissées derrière lui par le

septième animal sont encore marquées sur la neige. Je te les montrerai si tu le désires. »Jack London « Croc-Blanc »

1. Le Wild est un terme générique, intraduisible, qui, comme le Causse, le Maquis, la Brousse, la Pampa, la Steppe, la Jungle, désigne une région particulière et l'ensemble des éléments types qui la constituent. Le Wild comprend, dans l'Amérique du Nord, la région traversée par le Cercle Arctique et celle qui l'avoisine, qui ne sont plus la terre normalement habitable sans être encore la glace éternelle et la région morte du Pôle. L'Alaska presque entier en fait partie. Les forêts, alternées de prairies, sont nombreuses et le sol, très accidenté, enferme divers gisements minéraux, dont la houille et l'or. Durant la plus grande partie de l'année, l'hiver sévit et la neige recouvre uniformément la terre. Elle fond et la glace se brise vers le mois de juin. Mais le sol ne dégèle jamais qu'à une faible profondeur. Un court été fait croître rapidement une végétation hâtive et luxuriante. Puis l'hiver reparaît bientôt, sans plus de transition, et le linceul funèbre s'étend à nouveau.

Expliquer les mots : fatidique : inévitable comme le destin. Tragiques : effroyable, désastreux. Sarcasme : moquerie. Futilité : inutilité. Vain : inutile

Préciser les idées : Que transporte le traîneau ? Qu'est-ce qui hurle dans la neige ? Combien ont-ils de chiens ?

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GrammaireProposition principale – proposition subordonnée

Un troisième homme gisait dans la boîte qui était sur le traîneau.

Explications : Combien de propositions dans cette phrase ? La proposition « Un troisième homme gisait dans la boîte » pourrait constituer un phrase à elle toute seule, ou bien un proposition indépendante. C'est la proposition principale. L'autre proposition « qui était sur le traîneau » complète, précise le nom « boîte », elle est une proposition subordonnée.

La blême lumière du jour était près de s'éteindre quand un cri s'éleva soudain, faible et lointain

Explications : Combien de propositions dans cette phrase ? La proposition « La blême lumière du jour était près de s'éteindre » pourrait constituer un phrase à elle toute seule, ou bien un proposition indépendante. C'est la proposition principale. L'autre proposition « quand un cri s'éleva soudain, faible et lointain » complète, précise la proposition principale, elle est une proposition subordonnée.

Leçon

• Une proposition subordonnée est une proposition qui complète une autre proposition ou un mot d'une autre proposition.

• Une proposition principale est une proposition complétée par une subordonnée.

Remarque : Lorsqu'une phrase contient deux propositions, on a - soit : « proposition indépendante - proposition indépendante »- soit « proposition principale - proposition subordonnée. »

Vocabulaire : Le mot subordonné est composé du préfixe 'sub' avec le radical 'ordonné'. Un subordonné est quelqu'un qui est sous les ordres d'un autre. Le soldat est le subordonné du colonel.

Exercices

1) Séparer les propositions. Écrire dessous si elles sont « indépendante - indépendante » ou « principale - subordonnée ». (La « subordonnée peut-être avant la principale : « subordonnée - principale »

Les chiens du traîneau sont épuisés et ils ne veulent plus le traîner.Bill arrête l'expédition dans la vallée qui lui paraît bien protégée.Les deux aventuriers nourrissent leurs chiens de poissons qu'ils ont pêchés avant le départ.Ils surveillent les alentours car ils sont inquiets. Ils repartiront lorsqu'ils seront reposés.Les chiens sont agités mais ils restent ensembles. Quand Henry a nourri les chiens, ils étaient sept.Bill pense que le septième chien n'est pas un chien. Les deux hommes ont décidé qu'ils monteraient la garde cette nuit, à tour de rôle.Henry a trouvé les traces du chien supplémentaire qui a mangé un poisson.

2) Même exerciceC'est la première fois que je t'entends suspecter l'intelligence des chiens.Les chiens se sont agités quand je leur ai apporté leur dîner. Je crois que tu commences à voir des choses.Le cri venait aussi de l'arrière et s'élevait vers la gauche du second cri.Sur le traîneau était fortement attachée une grande boîte, étroite et oblongue, qui prenait presque toute la place.

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ConjugaisonLe futur antérieur

Elle pourra jouer quand elle aura fini cette paire de bas ?

Explications : Dans une phrase au futur, il arrive que quelque chose se passe avant le verbe au futur. Le temps composé du futur, le futur antérieur sert à écrire cela.

Leçon

• Dans un texte au futur le futur antérieur sert à raconter ce qui s'est passé avant.

Conjugaison du futur antérieur

Manger Finir Prendre PartirJ' aurai mangé J' aurai fini J' aurai pris Je serai partiTu auras mangé Tu auras fini Tu auras pris Tu seras partiIl aura mangé Il aura fini Il aura pris Il sera partiElle aura mangé Elle aura fini Elle aura pris Elle sera partieNous aurons mangé Nous aurons fini Nous aurons pris Nous serons partisVous aurez mangé Vous aurez fini Vous aurez pris Vous serez partisIls auront mangé Ils auront fini Ils auront pris Ils seront partisElles auront mangé Elles auront fini Elles auront pris Elles seront parties

• Le futur antérieur se construit avec - l'auxiliaire avoir ou être au futur - le participe passé du verbe- le futur antérieur est le temps composé du futur simple.

Remarque : Dans les temps composés, le participe passé s'accorde au sujet avec l'auxiliaire être. Exercices

3) Conjuguer au futur antérieur – recevoir des nouvelles – préparer son sac à dos – vieillir -

4) Dans chaque phrase, un verbe est au futur simple ou à l'imparfait, l'autre est au futur antérieur pour dire ce qui s'est passé avant.

Lorsque j' (recevoir) de vos nouvelles, je (partir) à mon tour.Nous ne (manger) que les petits plats que nous (préparer) nous mêmes.Quand les alpinistes (préparer) leur expédition, ils (attendront) le beau temps.Tu ne (manger) ce gâteau que quand tu (laver) tes mains.Après son anniversaire, la petite fille (jouer) avec la poupée que son parrain lui (offrir).

5) Souligner les verbes conjugués, et dire à quel temps ils sont.Ils passèrent devant la boulangerie; mais Cosette ne songea pas au pain qu'elle devait rapporter. L'homme avait cessé de lui faire des questions et gardait maintenant un silence morne. Quand ils eurent laissé l'église derrière eux, l'homme, voyant toutes ces boutiques en plein vent, demanda à Cosette: - C'est donc la foire ici? La Thénardier parut une chandelle à la main. - Ah! c'est toi, petite gueuse! Dieu merci, tu y as mis le temps! elle se sera amusée, la drôlesse!

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Vocabulaire – RédactionPremière journée d'hiver

1. Un matin, en m'éveillant, je vis que l'hiver était venu. Sa blanche lumière remplissait ma petite chambre; de gros flocons de neige descendaient du ciel par myriades1 et tourbillonnaient contre mes vitres.

2. Dehors régnait le silence; pas une âme ne courait dans la rue; tout le monde avait tiré sa porte. Les poules se taisaient, les chiens regardaient du fond de leurs niches, et, dans les buissons voisins, les pauvres verdiers2, grelottant sous leurs plumes ébouriffées, jetaient ce cri plaintif de la misère qui ne finit qu'au printemps.

3. Moi, le coude sur l'oreiller, les yeux éblouis3, regardant la neige s'amonceler au bord des petites fenêtres, je me figurais tout cela, et je revoyais aussi les hivers passés : la lueur de notre grand fourneau s'avançant et reculant le soir sur le plancher, l'oncle Jacob et ses amis autour, le dos courbé, fumant leur pipe et causant de choses indifférentes.J'entendais le rouet de la vieille servante bourdonner dans le silence, comme les ailes cotonneuses d'un papillon de nuit, et son pied marquer la mesure de la complainte4 que chante la bûche verte au milieu du foyer.Puis, dehors, je me représentais les glissades sur la rivière, les parties de traîneau, la bataille à pelotes de neige, les éclats de rire, la vitre cassée qui tombe, la vieille grand-mère qui crie du fond de l'allée, tandis que la bande se disperse5, les talons aux épaules.

4. Tout cela, dans une seconde, me revint à l'esprit, et, moitié triste, moitié content, je me dis : « C'est l'hiver ! »

ERCKMANN-CHATRIAN (Madame Thérèse, Hachette, édit.),

Expliquer les mots : 1. Myriades : (proprement des dizaines de milliers) ; en quantité innombrable. 2. Verdiers : oiseaux ressemblant aux moineaux, et dont le plumage est vert. 3. Éblouis : frappés par une lumière très vive. 4. Complainte : chanson triste; une plainte. 5. Se disperser : se répandre, s'enfuir de côté et d'autre ( épars, éparpiller).Comprendre les idées : Une description vivante de l'hiver, aux traits qui peignent.

1. A quoi l'enfant reconnaît-il que l'hiver est venu ?2. Quels traits nous montrent que la rue est déserte et silencieuse ?3. Étudiez les trois longues phrases dont les traits expressifs évoquent les joies de l'hiver; je revois nos soirées

auprès du feu... et j'entends... (voyez ce tableau de bonheur calme), je me représente au dehors... (ici, un tableau animé et amusant : la bataille, la vitre cassée, la bande....

4. Pourquoi l'enfant est-il moitié triste, moitié content?

La rue est silencieuse et déserte.«Dehors régnait le silence; pas une âme..., les poules ..., les chiens..., à peine entendait-on... » Faites à votre tour le tableau : de la rue silencieuse, de la campagne silencieuse en hiver, de la classe silencieuse, de la veillée silencieuse, etc...

Exemple : Sous le pesant soleil de midi, la forêt s'est assoupie, les oiseaux eux-mêmes se taisent ; on n'entend que la cime des arbres qui frémit doucement, et, près de nous, le vol léger d'une ronde de moucherons.

Je revois l'hiver passé... «Le coude sur l'oreiller, je revois l'hiver passé... j'entends... dehors je me représente les glissades, la bataille... »A votre tour, évoquez les joies de l'hiver passé, ou de cet hiver (Je me représente..., je me rappelle..., je revois..., j'entends...)

SujetC'est l'hiver !

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Orthographe

• Le son 'eu' s'écrit 'ue' après un 'c' : accueil, cercueil, recueil

• Les verbes en -tre : le 'i' prend un accent ciconflexe 'î' lorsqu'il est avant le 't'.

Lecture supplémentaire

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S17 Les adultesLecture

Le docteur et ses amis

1. -- Nous vivions dans une paix profonde au village d'Anstatt, au milieu des Vosges allemandes, mon oncle le Dr Jacob Wagner, sa vieille servante Lisbeth et moi. Depuis la mort de sa sœur Christine, l'oncle Jacob m'avait recueilli chez lui. J'approchais de mes dix ans ; j'étais blond, rose et frais comme un chérubin. J'avais un bonnet de coton, une petite veste de velours brun, provenant d'une ancienne culotte de mon oncle, des pantalons de toile grise et des sabots garnis au-dessus d'un flocon de laine. On m'appelait le petit Fritzel au village, et chaque soir, en rentrant de ses courses, l'oncle Jacob me faisait asseoir sur ses genoux pour m'apprendre à lire en français dans l'Histoire naturelle de M. de Buffon. Il me semble encore être dans notre chambre basse, le plafond rayé de poutres enfumées. Je vois, à gauche, la petite porte de l'allée et l'armoire de chêne ; à droite, l'alcôve fermée d'un rideau de serge verte ; au fond, l'entrée de la cuisine, près du poêle de fonte aux grosses moulures représentant les douze mois de l'année, le Cerf, les Poissons, le Capricorne, le Verseau, la Gerbe, etc., – et, du côté de la rue, les deux petites fenêtres qui regardent à travers les feuilles de vigne sur la place de la Fontaine.

2. -- Je vois aussi l'oncle Jacob, élancé, le front haut, surmonté de sa belle chevelure blonde dessinant ses larges tempes avec grâce, le nez légèrement aquilin, les yeux bleus, le menton arrondi, les lèvres tendres et bonnes. Il est en culotte de ratine noire, habit bleu de ciel à boutons de cuivre, et bottes molles à retroussis jaune clair, devant lesquelles pend un gland de soie. Assis dans son fauteuil de cuir, les bras sur la table, il lit, et le soleil fait trembloter l'ombre des feuilles de vigne sur sa figure un peu longue et hâlée par le grand air. C'était un homme sentimental, amateur de la paix ; il approchait de la quarantaine et passait pour être le meilleur médecin du pays. J'ai su depuis qu'il se plaisait à faire des théories sur la fraternité universelle, et que les paquets de livres que lui apportait de temps en temps le messager Fritz concernaient cet objet important.

3. -- [...] Tous les jours, vers la fin du souper, au moment où la nuit grisâtre commençait à s'étendre dans la salle, un pas lourd traversait l'allée, la porte s'ouvrait, et sur le seuil apparaissait un homme trapu, carré, large des épaules, coiffé d'un grand feutre, et qui disait : – Bonsoir, monsieur le docteur. – Asseyez-vous, mauser, répondait l'oncle. Lisbeth ouvre la cuisine. Lisbeth poussait la porte, et la flamme rouge, dansant sur l'âtre, nous montrait le taupier en face de notre table, regardant de ses petits yeux gris ce que nous mangions. C'était une véritable mine de rat des champs : le nez long, la bouche petite, le menton rentrant, les oreilles droites, quatre poils de moustache jaunes ébouriffés. Sa souquenille de toile grise lui descendait à peine au bas de l'échine ; son grand gilet rouge, aux poches profondes, ballottait sur ses cuisses, et ses énormes souliers, tout jaunes de glèbe, avaient de gros clous qui luisaient sur le devant, en forme de griffes, jusqu'au haut des épaisses semelles. Le mauser pouvait avoir cinquante ans ; ses cheveux grisonnaient, de grosses rides sillonnaient son front rougeâtre, et des sourcils blancs à reflets d'or lui tombaient jusque sur le globe de l'œil. On le voyait toujours aux champs en train de poser ses attrapes, ou bien à la porte de son rucher à mi-côte, dans les bruyères du Birkenwald, avec son masque de fil de fer, ses grosses moufles de toile et sa grande cuiller tranchante pour dénicher le miel des ruches. À la fin de l'automne, durant un mois, il quittait le village, son bissac en travers du dos, d'un côté le grand pot à miel, de l'autre la cire jaune en briques, qu'il allait vendre aux curés des environs pour faire des cierges. Tel était le mauser. 4. -- Après avoir bien regardé sur la table, il disait : – Ça, c'est du fromage... ça, ce sont des noisettes. – Oui, répondait l'oncle ; à votre service.

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– Merci ; j'aime mieux fumer une pipe maintenant. Alors il tirait de sa poche une pipe noire, garnie d'un couvercle de cuivre à petite chaînette. II la bourrait avec soin, continuant de regarder, puis il entrait dans la cuisine, prenait une braise dans le creux de sa main calleuse et la plaçait sur le tabac. Je crois encore le voir, avec sa mine de rat, le nez en l'air, tirer de grosses bouffées en face de l'âtre pourpre, puis rentrer et s'asseoir dans l'ombre, au coin du fourneau, les jambes repliées. En dehors des taupes et des abeilles, du miel et de la cire, le mauser avait encore une autre occupation grave : il prédisait l'avenir moyennant le passage des oiseaux, l'abondance des sauterelles et des chenilles, et certaines traditions inscrites dans un gros livre à couvercle de bois, qu'il avait hérité d'une vieille tante de Héming, et qui l'éclairait sur les choses futures.

5. -- Mais pour entamer le chapitre de ses prédictions, il lui fallait la présence de son ami Koffel, le menuisier, le tourneur, l'horloger, le tondeur de chiens, le guérisseur de bêtes, bref, le plus beau génie d'Anstatt et des environs. Koffel faisait de tout : il rafistolait la vaisselle fêlée avec du fil de fer, il étamait les casseroles, il réparait les vieux meubles détraqués, il remettait l'orgue en bon état quand les flûtes ou les soufflets étaient dérangés ; l'oncle Jacob avait même dû lui défendre de redresser les jambes et les bras cassés, car il se sentait aussi du talent pour la médecine. Le mauser l'admirait beaucoup et disait quelquefois : – Quel dommage que Koffel n'ait pas étudié !... quel dommage ! Et toutes les commères du pays le regardaient comme un être universel. Mais tout cela ne faisait pas bouillir sa marmite, et le plus clair de ses ressources était encore d'aller couper de la choucroute en automne, son tiroir à rabots sur le dos en forme de hotte, criant de porte en porte : – Pas de choux ? pas de choux ?Voilà pourtant comment les grands esprits sont récompensés.

6. -- Koffel, petit, maigre, noir de barbe et de cheveux, le nez effilé, descendant tout droit en pointe comme le bec d'une sarcelle, ne tardait pas à paraître, les poings dans les poches de sa petite veste ronde, le bonnet de coton sur la nuque, la pointe entre les épaules, sa culotte et ses gros bas bleus, tachés de colle-forte, flottant sur ses jambes minces comme des fils d'archal, et ses savates découpées en plusieurs endroits pour faire place à ses oignons. Il entrait quelques instants après le mauser et, s'avançant à petits pas, il disait d'un air grave : – Bon appétit, monsieur le docteur.– Si le cœur vous en dit ? répondait l'oncle.– Bien des remerciements ; nous avons mangé ce soir de la salade ; c'est ce que j'aime le mieux. Après ces paroles, Koffel allait s'asseoir derrière le fourneau et ne bougeait pas jusqu'au moment où l'oncle disait : – Allons, Lisbeth, allume la chandelle et lève la nappe. Alors, à son tour, l'oncle bourrait sa pipe et se rapprochait du fourneau. On se mettait à causer de la pluie et du beau temps, des récoltes, etc.

« Madame Thérèse » – Erckman-Chatrian

Expliquer les mots : un chérubin : un de ces bébés roses et potelés, souvent avec des ailes d'ange, que l'on voit sur certaines peintures. Une alcôve : un enfoncement dans le mur, avec un lit. De la serge verte : un tissu vert. Le nez aquilin : en bec d'aigle, recourbé. La ratine est un tissu. La souquenille est une sorte de veste. L'échine : le dos. La glèbe : la terre. Un bissac : un sac qu'on porte sur le dos. Rafistoler : réparer. Etamer : rajouter de l'étain sur un autre métal. Une sarcelle : un petit canard. Des fils d'archal : des fils de laiton. Les tempes : touchez vos tempes.

Préciser les idées : Comment s'appelle le narrateur -celui qui nous raconte l'histoire ? Quel âge a-t-il ?Qui l'élève ? Qu'est-ce que le métier de taupier ? Comment dit-on taupier en allemand ?Que veut dire l'expression faire « bouillir la marmite » ? Le docteur a combien d'amis ? Qui ? Que font-ils ?

LEC.MLB- Français CM p. 110 3ème période

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GrammaireL'analyse des mots d'une proposition - Les prépositions.

Je vois, à gauche, la petite porte de l'allée et l'armoire de chêne ;

Explications : – Dans la proposition, trouver d'abord le verbe conjugué et son sujet.

Je vois, à gauche, la petite porte de l'allée et l'armoire de chêne ;– Reconnaître alors les noms et les adjectifs qualificatifs.

Je vois, à gauche, la petite porte de l'allée et l'armoire de chêne ;– Chacun d'eux précise ou complète quel autre mot de la proposition ? (tracer des petites flèches)

Je vois, à gauche, la petite porte de l'allée et l'armoire de chêne ;– Cela forme des groupes de mots.

Je vois, à gauche, la petite porte de l'allée et l'armoire de chêne ;– On voit alors qu'il y a un seul complément de verbe par groupe : les compléments du verbe sont les

compléments importants dans la proposition. Ils peuvent être- soit complément d'objet -(le seul que nous conaissions pour l'instant : direct)- soit complément circonstanciel -de temps,- de lieu, -de manière -et il y en a d'autres.

– On reconnaît les articles (ici la, l' et l') qui « déterminent » ou « accompagnent » les noms.– Et il reste les petits mots invariables à, de et de, qui servent à attacher les noms, soit le complément

circonstanciel au verbe, soit le complément du nom au nom : les prépositionsLeçon

• Les prépositions servent à relier un complément au mot complété.

• à, de, par, pour, sur, dans, avec, après, avant, chez, contre, depuis, devant, derrière, en, entre, jusque, malgré, parmi, pendant, sans, sous, vers ...

• à travers, quant à, jusqu'à, d'après, près de, en dehors de, ... (formées avec des prépositions simples : à, en, de ...)

Remarque : Ne pas confondre pr é position (petit mot pour attacher les noms) et les pr o positions (principale indépendante ou subordonnée)Analyse de la préposition : On analyse les prépositions en disant les mots qu'elles relient.à : préposition, invariable, relie le complément circonstanciel 'gauche' au verbe 'vois'.de : préposition, invariable, relie le complément du nom 'chêne' au nom 'armoire'.

Exercices1) Analyser la proposition suivante en suivant les étapes décrites.• Dans la proposition, trouver d'abord le verbe conjugué et son sujet.• Reconnaître alors les noms et les adjectifs qualificatifs.• Chacun d'eux précise ou complète quel autre mot de la proposition ? (tracer des petites flèches)• Cela forme des groupes de mots.• On voit alors qu'il y a un seul complément de verbe par groupe : les compléments du verbe sont les

compléments importants dans la proposition. Ils peuvent être- soit complément d'objet -(le seul que nous conaissions pour l'instant : direct)- soit complément circonstanciel -de temps,- de lieu, -de manière -et il y en a d'autres.

LEC.MLB- Français CM p. 111 3ème période

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Nous vivions dans une paix profonde dans le village d'Anstatt.2) Analyser les mots soulignés.

Nous vivions dans une paix profonde dans le village d'Anstatt.J'étais blond.

3) Analyser la proposition suivante en suivant les étapes décrites.• Dans la proposition, trouver d'abord le verbe conjugué et son sujet.• Reconnaître alors les noms et les adjectifs qualificatifs.• Chacun d'eux précise ou complète quel autre mot de la proposition ? (tracer des petites flèches)• Cela forme des groupes de mots.• On voit alors qu'il y a un seul complément de verbe par groupe : les compléments du verbe sont les

compléments importants dans la proposition. Ils peuvent être- soit complément d'objet -(le seul que nous conaissions pour l'instant : direct)- soit complément circonstanciel -de temps,- de lieu, -de manière -et il y en a d'autres.

J'avais un bonnet de coton, une petite veste de velours brun.

4) Analyser les mots soulignés

J'avais un bonnet de coton, une petite veste de velours brun.

5) Analyser les propositions suivantes comme au dessus.

L'ombre des feuilles de vigne tremblote sur sa figure longue.

L'oncle Jacob était un homme sentimental ;

6) Découper la phrase en propositions, puis analyser séparément chaque proposition

Tous les jours, vers la fin du souper, un pas lourd traversait l'allée, la porte s'ouvrait, et sur le seuil apparaissait un homme trapu, carré, large des épaules.

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ConjugaisonLa forme interrogative

Comment s'appelle le narrateur ? Quel âge a-t-il ?.

Explications : Lorsque Koffel fait sa tournée de choucroute, il crie : « Pas de choux ? pas de choux ? ». Lorsqu'on pose une question à un copain dans la cour de l'école, on le fait en levant le ton en fin de phrase, d'une manière assez particulière. « Tu me donnes un bonbon ? ». Souvent aussi, on utilise la locution (une locution est un ensemble de mots souvent rassemblés) « Est-ce que ». « Est-ce que tu as un bonbon ? »Dans un texte écrit, mais aussi dans la langue parlée précise, on inverse le sujet. Ou bien on le reprend par un pronom personnel supplémentaire.

Comment le narrateur s'appelle-t-il ?

Leçon

• Pour conjuguer la forme interrogative, on inverse le sujet.

Remarque : Pour les temps composés, on passe le pronom sujet derrière l'auxiliaire.

Conjugaison interrogative

Présent Imparfait Passé composé chantai – je ? prenais - je ? suis - je parti ?chantes – tu ? prenais - tu ? es - tu parti ? chante -t- il ? Prenait - il ? est - il parti ? chantons - nous ? prenions - nous ? sommes - nous partis ? chantez - vous ? preniez - vous ? êtes - vous partis ? chantent - ils ? prenaient - ils ? sont - elles parties ?

Remarque : « Chantai-je » ne se dit pas beaucoup. On dira plutôt « Est-ce que je chante ? ». Mais en général, on ne se pose pas de question sur ce qu'on fait soi-même ...

Remarque : Avec « il, ils, elle, ou elles », il est quelquefois nécessaire de rajouter « -t- » pour faire la liaison. « A-t-il pris son pull ? ». Pour « Avait-il pris son pull ? », le « t » est déjà là.

Exercices oraux ou écrits

7) Conjuguer à la forme interrogative, le verbe « manger » à tous les temps connus. N'oubliez-pas l'impératif présent.

8) Mettez ces phrases à la forme interrogative :Cette fois, nous avons mérité une récompense.Les poules ont des dents.Vous prendrez quelques petits gâteaux, Madame Duthé.Le train est parti à l'heure.Le facteur a pris de longues vacances.

9) Remettez ces phrases à une forme interrogative plus correcte :Les fruits à pépins tombent en automne ou en hiver ?Tu partiras quand ?Tu aimerais monter à cheval ?Le train est parti quand ?Le mauser gagne sa vie comment ?

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Vocabulaire – RédactionLe portrait

Je vois aussi l'oncle Jacob, élancé, le front haut, surmonté de sa belle chevelure blonde dessinant ses larges tempes avec grâce, le nez légèrement aquilin, les yeux bleus, le menton arrondi, les lèvres tendres et bonnes. Il est en culotte de ratine noire, habit bleu de ciel à boutons de cuivre, et bottes molles à retroussis jaune clair, devant lesquelles pend un gland de soie. Assis dans son fauteuil de cuir, les bras sur la table, il lit, et le soleil fait trembloter l'ombre des feuilles de vigne sur sa figure un peu longue et hâlée par le grand air. C'était un homme sentimental, amateur de la paix ; il approchait de la quarantaine et passait pour être le meilleur médecin du pays. J'ai su depuis qu'il se plaisait à faire des théories sur la fraternité universelle, et que les paquets de livres que lui apportait de temps en temps le messager Fritz concernaient cet objet important.

Expliquer les mots : La ratine est un tissu. aquilin – une théorie -Préciser les idées : Quel est le principal sujet d'intérêt de l'oncle Jacob.

VocabulaireFrère - fraternel - la fraternité - une fratrie

Trousser – un trousseau – une trousse – un retroussis -détrousserL'univers – universel – université – l'universalisme

Cheveux – chevelure – capillaire – chevelu – écheveléTrembler – trembloter – tremblement

• Nos mots viennent souvent d'un mot ancien -latin, ou grec ou autre ...-

• Ils ont une racine commune ; ils forment une famille de mots de sens voisin

Exemple : Le mot latin 'Capillus' a évolué petit à petit en 'cheveu', mot usuel. Il a donné aussi 'capillaire' mot plus savant.

10) Trouver des mots de la famille du mot latin « corpus » ;11) Même exercice avec le mot latin « tempus »12) Chercher des mots de la famille de « eau » -Dictionnaire ...13) Chercher des mots de la famille de «cent» -Dictionnaire.14) Chercher des mots de la famille de «sang» -Dictionnaire .15) Trouvez vous-même une famille de mots – la plus nombreuse possible ? Dictionnaire ...

Rédaction

Pour décrire l'oncle Jacob, Erckman et Chatrian décrivent d'abord son allure : le portrait physique. Il y a de l'ordre dans ce portrait : quel est-il ? Le visage du front au menton. Les vêtements, qui représentent le corps, en une seule phrase. Puis, ils nous décrivent une de ses positions favorites, éclairé par le soleil de la fenêtre.Ensuite, ils décrivent ce qu'il aime, ses qualités, comment il est, comment il se comporte : le portrait moral.

16) Complétez ces phrases par une description ...La lueur livide du ciel éclairait ....Les premiers rayons de ce clair matin brillaient sur ...Le franc soleil de midi ...L'unique ampoule électrique ...

SujetFaites le portrait d'un adulte de votre entourage.– portrait physique de la tête aux pieds ...– portrait moral

LEC.MLB- Français CM p. 114 3ème période

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Orthographe

• Beaucoup d'adjectifs qualificatifs doublent leur consonne pour le féminin :- ancien/ancienne – naturel/naturelle – moyen/moyenne - cruel/cruelle...

• Mais : brun/brune – certain/certaine - gris/grise – fin/fine - ...

• Ses : adjectif possessif (grammaire semaine prochaine) -> mes, tes ses chaussures. Accompagne un nom -ou bien détermine un nom -

• C'est : « Cela est » -> C'est le verbe être au présent. On peut dire « C'était .... »

• S'est : encore le verbe être, mais avec un sujet : « Il s'est fait mal ... » (à lui-même)

Lecture supplémentaire

LEC.MLB- Français CM p. 115 3ème période

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S18 La rivièreLecture

L'enfant et la rivière

Le père de Pascalet lui interdit d'approcher de la rivière où il y a des « trous morts où l'on se noie, des serpents parmi les roseaux et des Bohémiens sur les rives ». Quand il y pensait, la peur lui soufflait dans le dos ... mais il avait un désir violent de la connaître.

1. -- L'hiver, passe encore : il fait froid, le vent hurle, la neige tombe, courir la campagne est folie. On se sent bien devant le feu, et on s'y tient. Mais au printemps le vent est doux, le temps léger. On a besoin d'air et de mouvement. Ce besoin me prenait comme il prend tout le monde. Et c'était un désir si vif de m 'échapper que j'en tremblais de peur.Je risquais toujours d'y céder, un beau matin et de partir à l'aventure. Il ne manquait que l'occasion. Elle se présenta. Et voici comment.Mes parents durent s'absenter pendant quelques jours. En leur absence ce fut, comme de juste, tante Martine qui régna sur la maison. [...]« Va t'amuser dans le jardin, me dit-elle, il faut que je range des fripes. » [...]

2. -- Je partis à travers les champs. Ah! Le coeur me battait ! Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur. Et quand je poussai le portail donnant sur la prairie, mille parfums d'herbes, d'arbres, d'écorce fraîche me sautèrent au visage. Je courus sans me retourner jusqu'à un boqueteau. Des abeilles y dansaient. Tout l'air, où flottaient les pollens, vibrait du frémissement de leurs ailes. Plus loin un verger d'amandiers n'était qu'une neige de fleurs où roucoulaient les premières palombes de l'année nouvelle. J'étais enivré.Les petits chemins m'attiraient sournoisement. « Viens ! que t'importent quelques pas de plus ? Le premier tournant n'est pas loin. Tu t'arrêteras devant l'aubépine. » Ces appels me faisaient perdre la tête. Une fois lancé sur ces sentes qui serpentent entre deux haies chargées d'oiseaux et de baies bleues, pouvais-je m'arrêter ?Plus j'allais et plus j'étais pris par la puissance du chemin. A mesure que j'avançais, il devenait sauvage.Les cultures disparaissaient, le terrain se faisait plus gras, et ça et là poussaient de longues herbes grises ou de petits saules. L'air, par bouffées, sentait la vase humide.

3. -- Tout à coup devant moi se leva une digue. C'était un haut remblai de terre couronné de peupliers. Je le gravis et je découvris la rivière.Elle était large et coulait vers l'ouest. Gonflées par la fonte des neiges, ses eaux puissantes descendaient en entraînant des arbres. Elles étaient lourdes et grises et parfois sans raison de grands tourbillons s'y for-maient qui engloutissaient une épave, arrachée en amont. Quand elles rencontraient un obstacle à leur course, elles grondaient. Sur cinq cents mètres de largeur, leur masse énorme, d'un seul bloc, s'avançait vers la rive. Au milieu, un courant plus sauvage glissait, visible à une crête sombre qui tranchait le limon des eaux. Et il me parut si terrible que je frissonnai.En aval, divisant le flot, s'élevait une île. Des berges abruptes couvertes de saulaies épaisses en rendaient l'approche difficile. C'était une île vaste où poussaient en abondance des bouleaux et des peupliers. A sa pointe venaient s'échouer les troncs d'arbres que la rivière charriait.Quand je ramenai mes regards vers le rivage, je m'aperçus que, juste à mes pieds, sous la digue, une petite anse abritait une plage de sable fin. Là les eaux s'apaisaient. C'était un point mort. J'y descendis. Des troènes, des osiers géants et des aulnes glauques formaient une voûte au-dessus de ce refuge.Dans la pénombre mille insectes bourdonnaient.

4. -- Sur le sable on voyait des traces de pieds nus. Elles s'en allaient de l'eau vers la digue.Les empreintes étaient larges, puissantes. Elles avaient une allure animale. J'eus peur. Le lieu était solitaire, sauvage. On entendait gronder les eaux. Qui hantait cette anse cachée, cette plage secrète ?En face, l'île restait silencieuse. Son aspect cependant me parut menaçant. Je me sentais seul, faible, exposé. Mais je ne pouvais pas partir. Une force mystérieuse me retenait dans cette solitude. Je cherchai un buisson où me dissimuler. Ne m'épiait-on pas ? Je me glissai sous un fourré épineux, à l'abri. Le sol doux y

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était couvert d'une mousse souple et moelleuse. Là, invisible, j'attendis, tout en surveillant l'île.D'abord je ne vis rien. Sur moi s'étendait l'ombre des feuillages ; les insectes dansaient toujours ; parfois s'envolait un oiseau ; l'eau coulait, ralentie par la sinuosité de la plage ; le temps passait, monotone, et l'air devenait tiède. Je m'assoupis.

5. -- Longtemps je dus rester dans le sommeil.Comment fus-je éveillé ? Je ne sais. Quand j'ouvris les yeux, étonné de me retrouver sous ce buisson, le soleil était bas, et l'après-midi touchait à sa fin. Rien ne semblait changé autour de moi. Et cependant je restais immobile, au fond de ma cachette, dans l'attente de quelque événement.Tout à coup, au milieu de l'île, entre le feuillage des arbres, s'éleva un fil de fumée, pur, bleu. L'île était habitée. Mon cœur battit. J'observai avec attention le rivage opposé, mais vainement. Personne n'apparut. Au bout d'un moment la fumée diminua ; elle semblait se retirer peu à peu dans les bouquets d'arbres, comme si la terre invisible l'eût absorbée. Il n'en resta rien.Le soir tombait. Je sortis de ma retraite et revins à la plage.Ce que je découvris m'épouvanta. A côté des premières traces que j'avais relevées sur le sable, d'autres, encore fraîches, marquaient le sol. Ainsi pendant que je dormais quelqu'un était passé près de mon refuge. M'avait-on vu ?La nuit arrivait maintenant derrière les roseaux. Un oiseau s'envola brusquement du milieu des joncs. Il poussa un cri, et, de l'île, lui répondit un douloureux gémissement.Je m'enfuis.

6. -- Je n'arrivai à la maison qu'à la nuit close. Je laisse à penser de quelle façon me reçut Tante Martine.— Vagabond ! Pied-noir ! Gratte-chemin !Elle me renifla :— Tu sens la vase.— Ah ! tu as de jolis cheveux !Ils étaient barbelés de feuilles et d'épines.— Va te peigner !J'y allai, penaud, sans répondre. Je connaissais Tante Martine. Des colères, des cris. Mais cela n'allait pas plus loin.— Tu n'as pas honte ?Naturellement j'avais honte, mais qui a honte se tient coi, et je me tus.— Si je disais tout à ton père, hé ! Pascalet (Pascalet est mon nom), tu vois d'ici ce qu'il ferait, ton père !...Je le voyais parfaitement, mais je voyais aussi Tante Martine : et tout en elle me disait : « Chenapan ! tu as de la chance que Tante Martine soit faible pour ce petit gredin de Pascalet ! Après tout, dans son temps, ton père en a fait bien d'autres !... »Sous son air menaçant, Tante Martine s'attendrissait.— Et tu as faim sans doute ?... J'avais faim et je l'avouai.— Parbleu ! grommelait-elle, en préparant sa poêle à frire. Depuis sept heures du matin !... Malheureux !

je parie que la tête te tourne...Je mentis :— Oui, Tante Martine, cette fois la tête me tourne, mais pas trop vite.— Et moi, qui n'ai qu'un peu de soupe à te donner... Et deux tomates... Et de la saucisse...

7. -- On entendit un pas. Bargabot entra dans la cuisine.Jamais il ne m'avait paru si grand. Il avait son air sauvage. Tante Martine de saisissement faillit laisser tomber sa poêle. Mais lui ne s'en aperçut pas.II dit :— Je vous apporte des gardons. Faites-les cuire. Vous ne me refuserez pas un verre de vin.Et il s'attabla.Tante Martine prit le panier de poissons. On l'entendit qui raclait les écailles. Dans la poêle, l'huile fuma. Nous invitâmes Bargabot. Tante Martine apporta la cruche de vin, le pain bis, du vinaigre.Bargabot tira de sa poche un long couteau. Il se tailla une énorme miche de pain, y plaça deux poissons et traça une croix avec sa lame au-dessus de la nourriture. Puis il mangea.

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Nous le regardions. Il ne disait mot. De son corps s'exhalait l'odeur du fleuve.Nous ne pensions pas à manger. Il s'en aperçut. Nos yeux se rencontrèrent :— Il faut manger, fiston, murmura-t-il. J'ai péché ce poisson pour vous. Il vient de la rivière... tu sais bien, la rivière ?... Avec son île et ses buissons, où l'on peut se cacher ?...Je pâlis. Tante Martine m'observait. Mais Bargabot prit dans le plat le poisson le plus beau, et il le mit dans mon assiette. Avec une délicatesse inattendue, il l'ouvrit, détacha les arêtes, versa deux gouttes d'huile sur la chair et un fil de vinaigre.— Il n'y manque plus rien, dit-il. Tu peux y mordre.Tante Martine boudait un peu. Le repas s'acheva dans le silence.

Henri Bosco « L'enfant et la rivière »Folio Junior (Gallimard 1953)

Expliquer les mots : Préciser les idées : Qu'est-ce qu'une digue ? A votre avis, qui est Barbagot ? Quelles sont ces traces nouvelles, sur le sable ?

GrammaireLes adjectifs possessifs

Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur. Tout l'air, où volaient les abeilles, vibrait du frémissement de leurs ailes.

Explications : Vous avez déjà dû le remarquer. Il n'y a pas que les articles qui 'accompagnent' le nom, qui 'déterminent' le nom. Repérez les petits mots qui accompagnent les noms dans le texte cité.

Leçonsa splendeur. leurs ailes

La splendeur de qui ? Les ailes de qui ? Qui possède cette splendeur ? Qui possède ces ailes ?• Les adjectifs possessifs indiquent qui possède le nom

• Nous dirons que l'adjectif possessif 'détermine' le nom (sa détermine le nom splendeur)

Remarque : On dit aussi « déterminant possessif » ; le nom traditionnel est « adjectif possessif ». Il a le même rôle que l'article, mais, comme l'adjectif qualificatif, il apporte des précisions ...

Personne : 1ère pers. 2ème pers. 3ème pers. 1ère pers. 2ème pers. 3ème pers.du singulier du pluriel

Masculin / singulier mon ton son notre votre leurFéminin / singulier ma ta sa notre votre leur

Masculin & féminin / pluriel mes tes ses nos vos leurs

Remarque : ma, ta et sa deviennent mon, ton et son devant un nom qui commence par une voyelle. Mon amie / ton imageAnalyse : l'adjectif possessif, comme les articles, 'détermine' toujours un nom. On doit seulement dire en plus quelle est sa personne. Leurs : adjectif possessif, 3ème personne du pluriel, féminin, pluriel, détermine le nom 'ailes'

Exercices1) Voici une liste de noms. Certains sont au masculin, d'autres au féminin ; certains sont au singulier, d'autres au

pluriel. Pour chaque cas (a, b, c, d ..) écris-les avec l'adjectif possessif qui convient. pommes – parents – voiture – chien – chats – amis – meilleure copine – voisin – soeur -a) Ils m'appartiennent // b) ils t'appartiennent // c) ils appartiennent à Jean // d) ils nous appartiennent. // e) Ils vous appartiennent. // f) Ils appartiennent à des étrangers, des gens que nous ne connaissons pas !

2) Analyser les mots soulignés :Mes parents durent s'absenter pendant quelques jours. En leur absence ce fut, ma tante Martine qui régna sur notre maison.

3) Révisions : analyse de la proposition (avec les flèches) puis analyse des mots soulignés.Le printemps rayonnait dans toute sa splendeur.

LEC.MLB- Français CM p. 118 3ème période

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ConjugaisonLe conditionnel présent

— Si je disais tout à ton père, hé ! Pascalet, tu vois d'ici ce qu'il ferait, ton père !....

Explications : Si je gagnais au loto, je partirais à la Guadeloupe en voyage. Et vous ...

Leçon

• Le conditionnel présent sert à dire ce qui arriverait si .... à condition que ...

Remarque : Le conditionnel présent ressemble au futur de l'indicatif, mais avec la terminaison de l'imparfait.

Conjugaison du conditionnel présent

• Le conditionnel présent se construit avec le verbe à l'infinitif et la terminaison ais, ais, ait, ions, iez, aient

1er gr. : tomber 2ème gr.: bondir 3ème gr: prendre avoir êtreJe tomber ais Je bondir ais Je prendr ais J' aur ais Je ser aisTu tomber ais Tu bondir ais Tu prendr ais Tu aur ais Tu ser aisIl tomber ait Il bondir ait Il prendr ait Il aur ait Il ser aitNous tomber ions Nous bondir ions Nous prendr ions Nous aur ions Nous serionsVous tomber iez Vous bondir iez Vous prendr iez Vous aur iez Vous seriezIls tomber aient Ils bondir aient Ils prendr aient Ils aur aient Ils ser aient

Exercices oraux ou écrits

4) Relever tous les verbes ; dire leur mode et leur temps.Azelma écoutait Eponine avec admiration.« Vois-tu, ma soeur, jouons avec. Ce serait ma petite fille. Je serais une dame. Je viendrais te voir et tu la regarderais. Peu à peu tu verrais ses moustaches, et cela t'étonnerait. Et puis tu verrais ses oreilles, et puis tu verrais sa queue, et cela t'étonnerait. Et tu me dirais: Ah! mon Dieu! et je te dirais: Oui, madame, c'est une petite fille que j'ai comme ça. Les petites filles sont comme ça à présent. »

5) Conjuguer 'être' à l'imparfait, et au 'épouser' au conditionnel présentSi j'étais un prince, j'épouserais une princesse.

6) Recopier et écrire les verbes aux bons temps et modes.Si je (savoir) danser, je (participer) au concours international.S'il (faire) beau cet hiver, les primevères (être) déjà là.Si nous (être) plus vieux de huit ans, nous (avoir) le droit de conduire.

7) Que feriez-vous si vous étiez riches ?

8) Mettre le premier verbe à l'imparfait et bien conjuguer l'autre ...Ton frère raconte partout que vous irez au Portugal cet été. Le maître dit que nous réussirons dans la vie.Ma mère pense que tu deviendras un grand garçon sage. Elle dit que tu seras sage.

LEC.MLB- Français CM p. 119 3ème période

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Vocabulaire – RédactionRecherche

Landry recherche son frère jumeau Sylvinet qui a disparu depuis le matin avec le chien Finot.Toute la rive droite était gazonnée, et mêmement, dans tout le fond de la coupure, le jonc et la prêle avaient poussé si dru dans le sable, qu'on ne pouvait voir un coin grand comme le pied pour y chercher une empreinte. Cependant, à force de tourner et de retourner, Landry trouva dans un fond la piste du chien, et même un endroit d'herbes foulées, comme si Finot ou tout autre chien de sa taille s'y fût couché en rond.Cela lui donna bien à penser, et il alla encore examiner la berge de l'eau. Il s'imagina trouver une déchirure toute fraîche, comme si une personne l'avait faite avec son pied en sautant, ou en se laissant glisser, et quoique la chose ne fût point claire, car ce pouvait tout aussi bien être l'ouvrage d'un de ces gros rats d'eau qui fourragent, creusent et rongent en pareils endroits, il se mit si fort en peine, que ses jambes lui manquaient, et qu'il se jeta sur ses genoux, comme pour se recommander à Dieu.Il resta comme cela un peu de temps, n'ayant ni force ni courage pour aller dire à quelqu'un ce dont il était si fort angoissé, et regardant la rivière avec des yeux tout gros de larmes comme s'il voulait lui demander compte de ce qu'elle avait fait de son frère.Et, pendant ce temps-là, la rivière coulait bien tranquillement, frétillant sur les branches qui pendaient et trempaient le long des rives, et s'en allant dans les terres, avec un petit bruit, comme quelqu'un qui rit et se moque à la sourdine. Expliquer les mots : dru : en rangs serrés, et bien droits (comme mes cheveux :-). La berge de la rivère.Préciser les idées : Qui a fait cette déchirure de la berge ? Que craint Landry

George Sand, « La petite Fadette »

Vocabulaire

Des berges abruptes couvertes de saulaies épaisses .

• Le suffixe -aie après un nom d'arbre indique une surface plantée de ces arbres

Remarque : pour les sapins et les pins on dit 'la pinède'. Pour les arbres fruitiers, on dit un 'verger' (ex : « un verger d'amandiers »)

9) Trouver les noms de petites étendues plantées de : (utiliser le dictionnaire)Rosiers – Bambous – Chênes – Hêtres – Châtaigniers -

A force de tourner et de retourner ...

10) Expliquer le sens de 'retourner'. Trouver d'autres mots de la famille de 'tourner'.

Rédaction

Lorsque George Sans décrit la recherche de Landry, elle décrit un petit endroit ; puis elle nous dit ce que Landry fait, ses actions. Elle décrit alors un détail dont il s'occupe, un morceau de la berge, un arbre ; puis elle redit ce qu'il fait.

Il avance ; on décrit l'endroit ; il avance ; on décrit un autre endroit ...

SujetVous cherchez quelqu'un lors d'un jeu de cache-cache, dans la maison, dans le jardin, le long du ruisseau ... Faites-nous vivre votre recherche.

LEC.MLB- Français CM p. 120 3ème période

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Orthographe

• Un adjectif s'accorde toujours avec un nom : il faut le trouver.

• Le verbe s'accorde toujours avec son sujet : il faut le trouver.

Lecture supplémentaire

LEC.MLB- Français CM p. 121 3ème période

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S19 Les robotsLecture

Des hommes et des robots...1. -- [L'inspecteur] Lije Baley venait d'atteindre son bureau quand il se rendit compte que R. Sammy l'observait, et que, manifestement, il l'avait attendu. Les traits austères de son visage allongé se durcirent. – Qu'est-ce que tu veux ? fit-il. – Le patron vous demande, Lije. Tout de suite. Dès votre arrivée. – Entendu ! R. Sammy demeura planté à sa place. – J'ai dit : entendu ! répéta Baley. Fous le camp ! R. Sammy pivota sur les talons, et s'en fut vaquer à ses occupations ; et Baley, fort irrité, se demanda, une fois de plus, pourquoi ces occupations-là ne pouvaient pas être confiées à un homme. Pendant un instant, il examina avec soin le contenu de sa blague à tabac, et fit un petit calcul mental : à raison de deux pipes par jour, il atteindrait tout juste la date de la prochaine distribution.

2. -- Il sortit alors de derrière sa balustrade (depuis deux ans, il avait droit à un bureau d'angle, entouré de balustrades) et traversa dans toute sa longueur l'immense salle. Comme il passait devant Simpson, celui-ci interrompit un instant les observations auxquelles il se livrait, sur une enregistreuse automatique au mercure, et lui dit : – Le patron te demande, Lije. – Je sais. R. Sammy m'a prévenu. Un ruban couvert d'inscriptions serrées en langage chiffré sortait sans arrêt des organes vitaux de l'enregistreuse ; ce petit appareil recherchait et analysait ses "souvenirs", afin de fournir le renseignement demandé, qui était obtenu grâce à d'infinies vibrations produites sur la brillante surface du mercure. – Moi, reprit Simpson, je flanquerais mon pied au derrière de R. Sammy, si je n'avais pas peur de me casser une jambe ! Tu sais, l'autre soir, j'ai rencontré Vince Barrett... – Ah oui ?... – Il cherche à récupérer son job, ou n'importe quelle autre place dans le Service. Pauvre gosse ! Il est désespéré ! Mais que voulais-tu que, moi, je lui dise ?... R. Sammy l'a remplacé, et fait exactement son boulot : un point, c'est tout ! Et pendant ce temps-là, Vince fait marcher un tapis roulant dans une des fermes productrices de levure. Pourtant, c'était un gosse brillant, ce petit-là, et tout le monde l'aimait bien ! Baley haussa les épaules et répliqua, plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu : – Oh ! tu sais, nous en sommes tous là, plus ou moins.

3. -- Le patron avait droit à un bureau privé. Sur la porte en verre dépoli, on pouvait lire : JULIUS ENDERBY. C'était écrit en jolies lettres, gravées avec soin dans le verre ; et, juste en dessous, luisait l'inscription : COMMISSAIRE PRINCIPAL DE POLICE DE NEW YORK. Baley entra et dit : – Vous m'avez fait demander, monsieur le commissaire ? Enderby leva la tête vers son visiteur. Il portait des lunettes, car il avait les yeux trop sensibles pour que l'on pût y adapter des lentilles normales adhérant à la pupille. Il fallait d'abord s'habituer à voir ces lunettes, pour pouvoir, ensuite, apprécier exactement le visage de l'homme – lequel manquait tout à fait de distinction. Baley, pour sa part, inclinait fort à penser que le commissaire tenait à ses lunettes parce qu'elles conféraient à sa physionomie plus de caractère ; quant aux pupilles de son chef, il les soupçonnait sérieusement de ne pas être aussi sensibles qu'on le prétendait. Le commissaire avait l'air extrêmement nerveux. Il tira sur ses poignets de chemise, s'adossa à son fauteuil, et dit, trop cordialement : – Asseyez-vous, Lije. Asseyez-vous ! Lije s'exécuta, très raide, et attendit. – Et comment va Jessie ? dit Enderby. Et votre fils ? – Bien, répondit Baley sans chaleur, tout à fait bien. Et votre famille ? – Bien, fit Enderby, comme un écho, tout à fait bien.

4. -- "C'est un faux départ, se dit Baley ; il y a quelque chose d'anormal dans son visage !" Et, tout haut, il ajouta :

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– Monsieur le commissaire, je vous serais reconnaissant de ne pas m'envoyer chercher par R. Sammy. – Mon Dieu, Lije, vous savez bien ce que je pense à ce sujet ! Mais on me l'a imposé : il faut donc que je l'utilise pour certaines besognes. – C'est fort désagréable, monsieur le commissaire ! Ainsi, il vient de m'avertir que vous me demandiez, et puis il est resté debout, planté là ; vous savez ce que c'est. Et il a fallu que je lui dise de s'en aller, sans quoi il n'aurait pas bougé ! – Oh ! c'est ma faute, Lije ! Je lui ai donné l'ordre de vous transmettre un message, mais j'ai oublié de lui préciser qu'aussitôt sa mission remplie il devrait revenir à sa place. [Acceptez-vous une mission très difficile au cosmoport de Spacetown : un meurtre y a été commis. Il me faut un inspecteur qui supportera les Spaciens sans dire un mot ... mais qui trouvera le coupable !]– Entendu monsieur le commissaire. J'accepte [la mission].

5. -- Baley se leva à moitié, mais quelque chose dans la physionomie d'Enderby lui montra que tout n'était pas dit. – Y a-t-il d'autres conditions ? demandait-il en se rasseyant. – Oui, fit Enderby en baissant lentement la tête. Il s'agit du nom de votre associé. – Oh ! peu importe ! dit Baley. Que ce soit Pierre, Jacques, ou Paul... – C'est-à-dire... murmura le commissaire. Enfin... les Spaciens font... ils ont de drôles d'idées, Lije. En fait, l'associé qu'ils vous destinent n'est pas... n'est pas... Baley écarquilla les yeux et s'écria : – Un instant, je vous prie !... Vous ne prétendez pas ?... – Si, Lije !... C'est bien ça !... Il le faut, Lije !... Il le faut absolument !... Il n'y a pas d'autre moyen de nous en tirer ! – Et vous avez la prétention que je mette dans mon appartement un... une chose pareille ? – Je vous le demande, comme à un ami, Lije. – Non !... Non !

.6 -- – Ecoutez-moi, Lije. Vous savez bien que, pour une affaire pareille, je ne peux faire confiance à personne. Ai-je besoin d'entrer dans tous les détails ? Nous sommes absolument contraints de travailler, la main dans la main, avec les Spaciens, dans cette enquête. Il faut que nous réussissions, si nous voulons empêcher les flottes aériennes des Mondes Extérieurs de venir réclamer au Monde Terrestre de nouvelles indemnités. Mais nous ne pouvons réussir par le seul jeu de nos vieilles méthodes. On va donc vous associer à un de leurs R. Si c'est lui qui trouve la solution de l'énigme, nous sommes fichus, – j'entends : nous, services de police. Vous comprenez ce que je veux dire, n'est-ce pas ? Vous voyez donc combien votre tâche va être délicate : il faut que vous travailliez avec lui, en plein accord, mais que vous veilliez à ce que ce soit vous et non lui qui trouviez la solution du problème qui vous est posé. Est-ce bien clair ? – En d'autres termes, je dois coopérer cent pour cent avec lui, ou lui couper le cou. De la main droite je lui taperai dans le dos, et de la gauche je me tiendrai prêt à le poignarder. C'est bien ça ? – Que pouvons-nous faire d'autre ? Il n'y a pas d'autre solution. – Je ne sais pas du tout comment Jessie va prendre la chose, fit Baley, indécis. – Je lui parlerai, si vous le désirez. – Non, monsieur le commissaire. Inutile !... Et, ajouta-t-il en poussant un profond soupir, comment s'appelle mon associé ? – R. Daneel Olivaw. – Oh ! fit tristement Baley. Ce n'est plus la peine, désormais, d'user d'euphémismes, monsieur le commissaire ! J'accepte la corvée. Alors, allons-y carrément, et appelons les choses par leur nom ! Je suis donc associé à Robot Daneel Olivaw !

Isaac Asimov, Les cavernes d'acier, 1, Entretien avec un commissaire

Expliquer les mots : austère : adj. Qual. Sévère, qui ne rit pas, sérieux. vaquer à ses occupations : faire son travail. Récupérer son job : retrouver le travail qu'il a perdu. Cordialement : avec sympathie, gentiment. Les spaciens : les habitants de l'espace dans ce livre d'Asimov. Un euphémisme : une formule pour dire un mot sans le dire ; une périphrase.Préciser les idées : 1- Comment voit-on que L. Baley n'aime pas beaucoup R. Sammy ? 2 – Simpson n'a pas non plus l'air d'aimer beaucoup R. Sammy. Pourquoi donc ? Que lui ferait-il bien, s'il n'avait peur de se casser la jambe ? 3 – Pourquoi le commissaire est-il si cordial, trop cordial même ? 4 – Quel reproche poli Baley adresse-t-il à son commissaire ? Ce R.Sammy a un comportement bizarre ... qu'a-t-il donc de particulier ? 5/6 – Baley doit donc faire une enquête difficile au l'aéroport de l'espace ; mais ce n'est pas cela le pire ... Qu'est-ce donc que le pire ? Que veut dire le R. de R.Sammy ? Est-ce que les terriens aiment les robots ?

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GrammaireLes adjectifs démonstratifs, les adjectifs numéraux

R. Sammy pivota sur ses talons ;et Baley se demanda pourquoi ces occupations-là ne pouvaient pas être confiées à un homme.

Explications : Ses talons : ses talons à lui – ses : adjectifs possessif, détermine le nom talons.Ces occupations-là : les occupations que Baley montre presque du doigt ; il ajoute même le petit mot '-là' pour bien montrer de quelles occupations il s'agit.

Leçon

• Ce (cet) – cette – ces sont des adjectifs démonstratifs. Ils montrent le nom.

Remarque : Au féminin, on écrit 'cette' : « cette fille ». Au masculin, lorsque le nom qui suit 'ce' commence par une voyelle, on écrit 'cet' : « cet avion – cet oignon - ... »Analyse : nous dirons que l'adjectif démonstratif détermine le nom.

Depuis deux ans, .il avait droit à un bureau d'angle ... Le deuxième robot vient de l'espace.

Explications : Quel petit mot accompagne, détermine le nom ans ? Le nom tournant ? Le nom pas ?Leçon

• Deux (pommes), trois (canards) ... quatre, dix ... sont des adjectifs numérauxils donnent la quantité ; on les appelle cardinaux.

• Le premier (tournant), le troisième (cercle) sont aussi des adjectifs numérauxils donnent l'ordre ; on les appelles ordinaux.

Remarque : L'adjectif numéral cardinal ne s'accorde jamais au nom : « Les quatre mousquetaires ». Vingt et cent prennent un 's', lorsqu'ils y en a plusieurs paquets « quatre-vingts / trois cents », et qu'ils sont le denier mot du nombre « quatre-vingt-treize » « trois-cent-trente-six »Mille est invariable. Milliers, millions, milliards prennent des 's' quand il y en a plusieurs.Analyse : nous dirons que l'adjectif numéral détermine le nom.

Exercices

1) Compléter par l'adjectif démonstratif qui convient -attention : cette (féminin) et cet (masculin)

_________ pommes - _________ gâteau - __________ bonne soupe - ________ chevaux - _______ oie -

_________ oiseau - _________ sauvage - _________ avion - ________ automobile - ________ trains -

________ jolis yeux - _______ belle fille - _________ ami - ________ autre choix - _________ image

________ grands garçons - _________ âne - __________ ânerie - _________ arrivée au sommet.

2) AnalyseCe matin, mon frère n'a pas trouvé ses chaussures. Il a passé au moins dix minutes à les chercher. Il a retrouvé trois vieilles chaussettes, mais seulement sa première chaussure.

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ConjugaisonLa voix passive

Les robots sont imposés par la direction.Les renseignements étaient obtenus par d'infimes vibrations à la surface du mercure.

Ce problème est posé par les Spaciens.

Explications : Trouver le verbe de la première phrase. Le sujet du verbe de la première phrase. Dans cette phrase, quelle est l'action ? Qui agit vraiment ?

Le directeur impose les robots.

Verbe ? Sujet du verbe ? Fonction du nom robots ? Ces deux phrases disent la même action. Avec la même personne qui agit (le directeur) et les mêmes qui subissent l'action (les robots). Il y a donc deux façons d'exprimer la même action :

● la voix active : celui qui agit est sujet du verbe ; celui qui subit l'action est COD● la voix passive : celui qui subit l'action est complément ; l'ancien COD est sujet.

Les Spaciens posent un problème.

Ce problème est posé par les Spaciens.

Leçon

• A la voix passive, le verbe se conjugue avec le verbe être et le participe passé

Remarque : Avec l'auxiliaire être, le participe passé s'accorde au sujet.

Conjugaison passive

Présent Imparfait Futur Passé simpleje suis mangé J' étais mangé Je serai mangé Je fus mangétu es mangé Tu étais mangé Tu seras mangé Tu fus mangéil est mangé Elle était mangé e Il sera mangé Elle fut mangéeNous sommes mangés Nous étions mangés Nous serons mangés Nous fûmes mangésvous êtes mangés Vous étiez mangés Vous serez mangés Vous fûtes mangésils sont mangés Ils étaient mangés Elles seront mangées Elles furent mangées

Exercices oraux ou écrits

3) (Oralement) Inventer une phrase Sujet – verbe – Complément d'objet direct au présent.4) (Oralement) Mettre cette phrase à la voix passive.5) (Oralement) Retrouver la phrase active. La mettre au futur simple. Mettre la phrase obtenue à la

voix passive.6) Même exercice à l'imparfait – Même exercice au passé simple.7) Conjuguer à la voix passive : prendre au présent – regarder au futur – finir à l'imparfait.8) Mettre à la voix passive : Les clous percent les pneus. - Les radars détectent les avions. – Les

garçons du CM2 rangeront les tables. - Tous les étés, le jardinier tond les pelouses de l'école -

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Vocabulaire – RédactionNorby

Debout, Norby, le robot fêlé, attendait son tour. Ses jambes télescopiques en pleine extension, il croisait ses mains à double paume sur son corps en forme de baril. Ses yeux avant et ses yeux arrière étaient grands ouverts sous le rebord de son chapeau en forme de dôme. Il chantait à tue-tête, et faux de surcroît:

«C'est moi le plus courageux des robots !Je peux si je veux sauver votre peau !Je pourchasse le crime et punis les méchantsA travers l'espace et le tempsEt pourtant, je suis aussi doux qu'un a... »

La chanson fut brusquement interrompue car Norby avait ponctué son dernier vers d'un geste si théâtral, qu'il perdit l'équilibre et se mit à tituber. Il poussa un grand cri métallique et finit par se rétablir en pressant sur son bouton antigrav qui le fît s'élever jusqu'au plafond.Alors Fargo reprit le dernier vers de Norby en le modifiant légèrement :

«Et pourtant, tu n'es qu'un affreux cabot !»Janet et Isaac Asimov, Norby et les envahisseurs, (Hachette - 19991)

(Norby and the invaders – Walker & Cy -1985)

Expliquer les mots : un baril – un dôme – de surcroît : de plus ..; et en plus ... - tituber – un cabot

Préciser les idées : ses mains à double paume – combien Norby a-t-il d'yeux ? – chanter à tue-tête – que peut bien être l'antigrav ?

VocabulaireSes jambes téléscopiques et son système antigravité

Le téléscope sert à voir loin. 'Scope' -> examiner en grec ; 'télé' : du grec aussi, loin. Les téléscopes sont construits de deux ou trois tubes qui se rangent en rentrant l'un dans l'autre. Téléscopique signifie désormais : qui se replie comme un téléscope ...

• Le préfixe 'télé' signifie lointain, éloigné -

• Le préfixe 'anti' signifie « opposé à », « contre »

9) Trouver des mots qui contiennent le préfixe 'télé' – expliquer la formation de ces mots.

10) Expliquer : télésiège – télémètre – télépathe – téléspectateur -

11) Trouver des mots construits à l'aide du préfixe 'anti'.

12) Expliquer : une thèse / une antithèse - constitutionnel / anticonstitutionnel - poison / antidote -

sympathique / antipathique - les antipodes (podes signifie 'pieds') / ...

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RédactionPour décrire la forme de quelque chose ou de quelqu'un, certain auteurs utilisent la comparaison avec des objets

13) Trouver des objets à forme particulière comme un baril, un dôme, un oeuf ...

14) Trouver l'adjectif qualificatif issu d'un nom de forme :Un oeuf -> ovoïdeun rectangle -> une forme ___________ // un triangle : une forme ________________un carré -> une forme ______________ // un rond : une forme _______________un cercle -> une forme ______________ // un trapèze : une forme _____________________un ovale : une forme _______________ // un ressort : une forme ______________________une ligne : une silhouette ____________ // ...

Dans la littérature moderne, les écrivains ne décrivent plus pour le plaisir de décrire : ils racontent une action, une petite histoire, et décrivent le personnage grâce à cette action.

SujetNous dessinons un robot de notre invention, avec des formes précises.Nous choisissons l'action qu'il doit faire -un travail, un jeu, un sport, ...il peut même se montrer maladroitNous racontons ce qu'il fait, point par point (une phrase par action ...avec un verbe bien sûr)Et nous insérons les éléments de description de notre robot au fur et à mesure de ce récit : s'il saisit une brosse, il la saisit de sa main métallique à trois doigts ; il tourne sa tête ovoïde de plastique transparent, puis ouvre sa bouche haut parleur ...

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Orthographe

• ces : adjectif démonstratif -> ces yeux électroniques (ceux qu'on montre du doigt)

• ses : adjectif possessif -> ses mains à double paume (les siennes)

• Les verbes pouvoir et vouloir prennent un x avec je et tu- je veux – je peux // tu veux – tu peux // il veut – il peut

• à est une préposition invariable. « Je pense à toi. »

• a est le verbe avoir au présent : « Il a faim » -On peut le conjuguer « Il avait faim. »

Lecture supplémentaire

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S20 Les devoirsLecture

1. -- Cependant, je passais aussi de longues heures, hélas! à faire soi-disant mes devoirs.Töpffer, qui a été le seul véritable poète des écoliers, en général si incompris, les divisait en trois groupes : 1° ceux qui sont dans les collèges; 2° ceux qui travaillent chez eux, leur fenêtre donnant sur quelque fond de cour sombre avec un vieux figuier triste; 3° ceux qui, travaillant aussi au logis, ont une petite chambre claire, sur la rue.J'appartenais à cette dernière catégorie, que Töpffer considère comme privilégiée et devant fournir plus tard les hommes les plus gais. Ma chambre d'enfant était au premier sur la rue : rideaux blancs, tapisserie verte serrée de bouquets de rosés blanches ; près de la fenêtre, mon bureau de travail, et, au-dessus, ma bibliothèque toujours très délaissée.

2. --Tant que duraient les beaux jours, cette fenêtre était ouverte, — les persiennes demi-closes, pour me permettre d'être constamment à regarder dehors sans que mes flâneries fussent remarquées ni dénoncées par quelque voisin malencontreux. Du matin au soir, je contemplais donc ce bout de rue tranquille, ensoleillé entre ces blanches maisonnettes de province et s'en allant finir là-bas aux vieux arbres du rempart ; les rares passants, bientôt tous connus de visage ; les différents chats du quartier, rôdant aux portes ou sur les toits; les martinets tourbillonnant dans l'air chaud, et les hirondelles rasant la poussière du pavé... Oh! que de temps j'ai passé à cette fenêtre, l'esprit en vague rêverie de moineau prisonnier, tandis que mon cahier taché d'encre restait ouvert aux premiers mots d'un thème qui n'aboutissait pas, d'une narration qui ne voulait pas sortir...

3. -- L'époque des niches aux passants ne tarda pas à survenir; c'était du reste la conséquence fatale de ce désœuvrement ennuyé et souvent traversé de remords. Ces niches, je dois avouer que Lucette, ma grande amie, y trempait quelquefois très volontiers. Déjà jeune fille, de seize ou dix-sept ans, elle redevenait aussi enfant que moi-même à certaines heures. « Tu sais, tu ne le diras pas au moins! » me recommandait-elle, avec un clignement impayable de ses yeux si fins (et je le dis à présent que les années ont passé, que l'herbe d'une vingtaine d'étés a fleuri sur sa tombe).Cela consista d'abord à préparer de gentils paquets, bien enveloppés de papier blanc et bien attachés de faveurs rosés ; dedans, on mettait des queues de cerises, des noyaux de prunes, de petites vilenies quelconques; on jetait le tout sur le pavé et on se postait derrière les persiennes pour voir qui le ramasserait.Ensuite, cela devint des lettres, — des lettres absolument saugrenues et incohérentes, avec dessins à l'appui intercalés dans le texte, — qu'on adressait aux habitants les plus drolatiques du voisinage et qu'on déposait sournoisement sur le trottoir à l'aide d'un fil, aux heures où ils avaient coutume de passer...

4. -- Oh! les fous rires que nous avions, en composant ces pièces de style! — D'ailleurs, depuis Lucette, je n'ai jamais rencontré quelqu'un avec qui j'aie pu rire d'aussi bon cœur, — et presque toujours à propos de choses dont la drôlerie à peine saisissable n'eût déridé aucun autre que nous-mêmes. En plus de notre bonne amitié de petit frère à grande sœur, il y avait cela entre nous : un même tour de moquerie légère, un accord complet dans notre sentiment de l'incohérence et du ridicule. Aussi lui trouvais-je plus d'esprit qu'à personne, et, sur un seul mot échangé, nous riions souvent ensemble, aux dépens de notre prochain ou de nous-mêmes, en fusée subite, jusqu'à en être pâmés, jusqu'à nous en jeter par terre.

5 . -- Après mes neuf ans révolus, on parla un instant de me mettre au collège, afin de m'habituer aux misères de ce monde, et, tandis que cette question s'agitait en famille, je vécus quelques jours dans la terreur de cette prison-là, dont je connaissais de vue les murs et les fenêtres garnies de treillage de fer.Mais on trouva, après réflexion, que j'étais une petite plante trop délicate et trop rare pour subir le contact de ces autres enfants, qui pouvaient avoir des jeux grossiers, de vilaines manières ; on conclut donc à me garder encore.Cependant je fus délivré de M. Ratin. Un bon vieux professeur, à figure ronde, lui succéda, — qui me déplaisait moins, mais avec lequel je ne travaillais pas davantage. L'après-midi, quand approchait l'heure de son arrivée, ayant bâclé mes devoirs à la hâte, j'étais toujours posté à ma fenêtre, pour le guetter derrière mes persiennes, avec mon livre de leçons ouvert au passage qu'il fallait apprendre ; dès que je le voyais poindre, à un tournant, tout au bout de la rue là-bas, je commençais à étudier ... Et en général, quand il entrait, je savais assez pour mériter au moins la note « assez bien » qui ne me faisait pas gronder.J'avais aussi mon professeur d'anglais qui venait tous les matins, — et que j'appelais Aristogiton (je n'ai jamais su

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pourquoi). D'après la méthode Robertson, il me faisait paraphraser l'histoire du sultan Mahmoud. C'était du reste le seul qui vît clair dans la situation ; sa conviction intime était que je ne faisais rien, rien, moins que rien; mais il montrait le bon goût de ne pas se plaindre, et je lui en avais une reconnaissance qui devint bientôt affectueuse.

6. -- L'été, pendant les très chaudes journées, c'était dans la cour que je faisais mine de travailler; j'encombrais, de mes cahiers et de mes livres tachés d'encre, une table verte abritée sous un berceau de lierre, de vigne et de chèvrefeuille. Et comme on était bien là, pour flâner dans une sécurité absolue : à travers les treillages et les branches vertes, sans être vu, on voyait de si loin venir les dangers... J'avais toujours soin d'emporter avec moi, dans cette retraite, une provision de cerises, ou de raisins, suivant la saison, et vraiment j'aurais passé là des heures de rêverie tout à fait délicieuse, — sans ces remords obstinés qui me revenaient à chaque instant, ces remords de ne pas faire mes devoirs..;Entre les feuillages retombants, j'apercevais, de tout près, ce frais bassin, entouré de grottes lilliputiennes, pour lequel j'avais un culte depuis le départ de mon frère. Sur sa petite surface réfléchissante, remuée par le jet d'eau, dansaient des rayons de soleil, — qui remontaient ensuite obliquement et venaient mourir à ma voûte de verdure, à l'envers des branches, sous forme de moires lumineuses sans cesse agitées.

7. -- Ce berceau était un petit recoin d'ombre tranquille, où je me faisais des illusions de vraie campagne; pardessus les vieux murs bas j'écoutais chanter les oiseaux exotiques dans les volières de la maman d'Antoinette, et aussi les oiseaux libres, les hirondelles au rebord des toits, ou les plus simples moineaux, dans les arbres des jardins.Quelquefois je m'étendais de tout mon long, sur les bancs verts qui étaient là, pour regarder, par les trous du chèvrefeuille, les nuages blancs passer sur le ciel bleu. Je m'initiais aux mœurs intimes des moustiques, qui toute la journée tremblotent sur leurs longues pattes, posés à l'envers des feuilles. Ou bien je concentrais mon attention captivée sur le vieux mur du fond où se passaient, entre insectes, des drames terribles : des araignées sournoises, brusquement sorties de leur trou, attrapaient de pauvres petites bestioles étourdies, — que je délivrais presque toujours, en intervenant avec un brin de paille.

8. -- J'avais aussi, j'oubliais de le dire, la compagnie d'un vieux chat, tendrement aimé, que j'appelais la Suprématie, et qui fut le compagnon fidèle de mon enfance.La Suprématie, sachant les heures où je me tenais là, arrivait discrètement sur la pointe de ses pattes de velours, mais ne sautait sur moi qu'après m'avoir interrogé d'un long regard.Il était très laid, le pauvre, taché bizarrement sur une seule moitié de la figure; de plus, un accident cruel lui avait laissé la queue de travers, cassée à angle droit. Aussi devint-il bientôt un sujet de continuelle moquerie pour Lucette, chez qui au contraire d'adorables chattes angora se succédaient en dynastie. Quand j'allais la voir, après s'être informée de toutes les personnes de ma famille, elle manquait rarement d'ajouter, avec une impayable condescen-dance qui suffisait à me donner le fou rire : « Et... ton horreur de chat... est-il en bonne santé, mon enfant? »

Pierre Loti « Le roman d'un enfant »

Expliquer les mots : privilégiée : qui a des privilèges, des avantages que les autres n'ont pas. Flânerie : nom féminin formé à partit du verbe flâner, se promener au hasard, tranquillement. Thème : traduire un texte français en langue étrangère -ici le latin, sans doute; exercice inverse de la version : traduire un texte étranger en français. Narration : récit, rédaction d'un récit. Niches : des farces, des blagues. Faveurs : ici des rubans pour cadeau. Vilenies : des choses vilaines, des méchancetés. Saugrenues : bizarre, anormal, pas à sa place. L'incohérence : cohérent veut dire logique, qui se tient. Pâmés : se pâmer tomber presque évanoui. Une dynastie : (?)

Préciser les idées : 1) Que signifie « une bibliothèque délaissée » ? Le jeune Pierre travaille-t-il son programme scolaire ? Qui s'en rend compte ? A quoi passe-t-il son temps au lieu de faire ses devoirs ? Qui lui tient compagnie ?

LEC.MLB- Français CM p. 130 3ème période

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GrammaireLes adverbes

J'avais toujours soin d'emporter avec moi de gentils paquets, bien enveloppés de papier blanc,

des lettres absolument saugrenues qu'on déposait très sournoisement sur le trottoir

Explications : Quelle est la nature des mots soulignés ? Que 'fait' 'toujours' au sens du verbe 'avait' ? Que 'fait' 'bien' au sens du participe passé 'enveloppés' ? Que 'fait' 'absolument' au sens de l'adjectif qualificatif 'saugrenues' ? Que 'fait' 'sournoisement' au sens du verbe 'déposait ?« toujours, bien, absolument, sournoisement » sont des mots invariables. Ce sont des adverbes. Ils 'modifient' le sens d'un verbe ou d'un adjectif qualificatif.

on déposait très sournoisement

Explications : Quelle est la nature du mot 'sournoisement' ? Que 'fait' 'très' au sens de l'adverbe 'sournoisement' ? L'adverbe 'très' modifie le sens de l'adverbe 'sournoisement'.

Leçon

• L' adverbe est un mot invariable qui modifie et précise le sens

+ d'un verbe : 'on déposait sournoisement'+ d'un adjectif (ou d'un participe) : 'bien enveloppés'+ d'un autre adverbe : 'très sournoisement'

Le sens des adverbes : 'Sournoisement' est une sorte de complément circonstanciel de manière du verbe 'déposait'. On dit que les adverbes ont un sens :

• de lieu : ici, là, ailleurs, loin, dessous, dedans, devant, dehors, derrière, partout ...• de temps : aujourd'hui, demain, hier, tôt, tard, bientôt, toujours, jamais, quelquefois, maintenant, longtemps ...• de quantité : assez, beaucoup, peu, plus, moins, guère, davantage, encore, très, presque.• de négation : non, ne ... pas, ne ... guère, ne ... jamais, ne ... plus ....• d'affirmation : oui, vraiment, certainement ...• de doute : peut-être, sans doute, probablement ...• de manière : bien, mal, mieux, ensemble, plutôt ... et tous les adverbes qui finissent par '-ment' :

gentiment, bêtement, proprement ...

Attention : On utilise quelquefois des adjectifs qualificatifs comme des adverbes. Ils sont alors invariables.« Je t'aime fort. Les cigarettes nuisent grave à la santé. Les fleurs sentent bon. »

Analyse : on dira son sens (manière, lieu ...) et quel mot il modifie. Ex :toujours : adverbe de temps, invariable, modifie le sens du verbe 'avait'absolument : adverbe de manière, invariable, modifie le sens de l'adjectif qualificatif 'saugrenues'.

Exercices

1) Oralement, trouver des adverbes dans le texte de Loti. Attention, tous les mots qui finissent par -ment ne sont pas forcément des adverbes : 'un arrangement' est un nom -il a un article. 'Méchamment' est un adverbe invariable.

2) Analyser les adverbes soulignés: Trouver oralement les adverbes du texte. Il faudra bien écrire leur fonction. N'oubliez pas de souligner soigneusement le mot à analyser. Je pense souvent à toi. Je pense très souvent à toi. Vraiment très souvent.

3) Analyser les mots soulignés : Nous riions souvent ensemble, et vraiment j'aurais passé là des heures de rêve rie tout à fait délicieuse, sans ces remords obstinés qui me revenaient toujours. Sur la petite surface de l'eau, dansaient des rayons de soleil qui remontaient ensuite obliquement.

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ConjugaisonLa voix passive -temps composés-

Mettez à la voix passive.Lucette ouvrait la fenêtre.

Les voisins ont dénoncé nos plaisanteries.

Explications : Il faut respecter le temps de la voix active :

La fenêtre était ouverte par Lucette.Nos plaisanteries ont été dénoncées par les voisins.

Leçon

• Les verbes aux temps composés à la voix passive ont trois mots :- comme l'auxiliaire être est au temps composé, il se conjugue avec 2 mots

Remarque : Avec l'auxiliaire être, le participe passé s'accorde au sujet.

Conjugaison passive

Passé composé Plus que parfait Futur antérieur Passé antérieurje ai été mangé J' avais été mangé J' aurai été mangé Je eus été mangétu as été mangé Tu avais été mangé Tu auras été mangé Tu eus été mangéil a été mangé Elle avait été mangé e Il aura été mangé Elle eut été mangéeNous avons été mangés Nous avions été mangés Nous aurons été mangés Nous eûmes été mangésvous avez été mangés Vous aviez été mangés Vous aurez été mangés Vous eûtes été mangésils ont été mangés Ils avaient été mangés Elles auront été mangées Elles eurent été mangées

Exercices oraux ou écrits

15) (Oralement) Inventer une phrase Sujet – verbe – Complément d'objet direct au présent.16) (Oralement) Mettre cette phrase à la voix passive.17) (Oralement) Retrouver la phrase active. La mettre au passé composé. Mettre la phrase obtenue à la

voix passive.18) Même exercice au futur antérieur – Même exercice au plus que parfait.19) Conjuguer à la voix passive : prendre au futur antérieur – regarder au passé antérieur – finir au plus

que parfait.20) Mettre à la voix passive : Les clous avaient percé les pneus. - Les radars ont détecté les avions. –

Les garçons du CM2 auront rangé les tables. - Avant notre arrivée, le jardinier avait tondu les pelouses de l'école -

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Vocabulaire – RédactionDevoirs d'été

L'été, pendant les très chaudes journées, c'était dans la cour que je faisais mine de travailler; j'en combrais , de mes cahiers et de mes livres tachés d'encre, une table verte abritée sous un berceau de lierre, de vigne et de chèvrefeuille. Et comme on était bien là, pour flâner dans une sécurité absolue : à travers les treillages et les branches vertes, sans être vu, on voyait de si loin venir les dangers... J'avais toujours soin d'emporter avec moi, dans cette retraite, une provision de cerises, ou de raisins, suivant la saison, et vraiment j'aurais passé là des heures de rêverie tout à fait délicieuse, — sans ces remords obstinés qui me revenaient à chaque instant, ces remords de ne pas faire mes devoirs..;Entre les feuillages retombants, j'apercevais, de tout près, ce frais bassin, entouré de grottes lilliputiennes, pour lequel j'avais un culte depuis le départ de mon frère. Sur sa petite surface réfléchissante, remuée par le jet d'eau, dansaient des rayons de soleil, — qui remontaient ensuite obliquement et venaient mourir à ma voûte de verdure, à l'envers des branches, sous forme de moires lumineuses sans cesse agitées.

Vocabulaire

Des rayons de soleil, remontaient ensuite obliquement.

Adj. Qual.: oblique / adverbe -> obliquement. Adj. Qual.: gentil / adverbe -> gentiment

• Le suffixe -ment transforme un adjectif qualificatif en adverbeAttention : méchant (avec un a) donne méchamment (avec un a) / violent (avec un e) donne violemment ...

4) Fabriquez un adverbe à partir de ces adjectifs qualificatifs : gai / triste / vert / ferme / décent / anticonstitutionnel / apparent / clair / savant / Joyeux / heureux / riche / pauvre / sale / propre / correct / poli / soigneux / courageux / actif / cher / joli / beau / affectueux ...

5) Trouver 5 adjectifs qualificatifs, et essayez de construire leurs adverbes.Rédaction

Expliquer : A quel temps sont les verbes conjugués de ce texte ? Sauf un, ils sont tous au même temps. C'est un temps du passé. L'auteur raconte la passé. Relisez le texte en mettant tous ces verbes au présent. Quelle impression cela donne ?Relisez le texte en mettant tous ces verbes au passé composé. Quelle impression cela donne ?

• On choisit un temps pour un texte, et on vérifie, en le relisant, qu'on a respecté son choix. Un texte : + tout au présent : raconte comment cela se passe en général, d'habitude. + tout à l'imparfait : ... comment cela se passait avant, mais c'est fini. + tout au passé composé : ... une histoire qui est arrivée une fois, et qui est finie.

• Remarque : on peut utiliser l'imparfait dans un texte au passé composé, pour dire les actions qui durent longtemps, ou qui se répètent ...

Préciser les idées : L'enfant travaille-t-il ? Fait-il vraiment ses devoirs ? ... Non, pas vraiment. Mais il nous raconte tout ce qu'il fait. Que fait-il ? Et vous, vous aimez faire vos devoirs ? Comment cela se passe-t-il habituellement ? Que faites-vous ? Quelqu'un vient vous aider ? Vérifier ? Gronder un peu ... Pourquoi ?

SujetComment je fais mes devoirs

Vous avez le choix de raconter :– Ce que vous avez fait une fois, un jour, au moment de vos devoirs.– Ce que vous faites toujours– Ce que vous faisiez tous les soirs, avant, l'année dernière, quand vous n'étiez pas très

sérieux, mais c'est fini, maintenant, vous ne le faite plus !!!Choisissez alors LE temps de votre texte.

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Orthographe

• Un verbe ayant « je » pour sujet ne prend jamais de « t » _ soit 'e', soit 's', soit 'ai'jamais rien d'autre

• un berceau de lierre - une provision de cerises

• Pour savoir si un nom est au pluriel dans certaine expressions, on réfléchit pour savoir : - s'il faut DU lierre ou DES lierres pour protéger le berceau ...

- s'il faut UNE ou PLUSIEURS cerises pour faire une provision ....

• Les adjectifs en -A donnent des adverbes en -A : méchant -> méchamment

• Les adjectifs en -E donnent des adverbes en -E : violent -> violemment

• Les adverbes en -E ont toujours deux M, pour faire le son [a]

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